Contamination, colonisation, infection et nosocomialité Dr. Stéphane GAYET – Antenne régionale d’hygiène - Strasbourg Les déplacements des populations microbiennes et leurs conséquences (1) • La contamination microbienne – transfert et son résultat – phénomène physique et microscopique, peu détectable • La colonisation – multiplication et adhésion sur un support – phénomène microbiologique et non visible ; détectable • L’infection – envahissement d ’un tissu vivant avec destruction – phénomène physiopathologique, souvent perceptible Schémas d’infection cutanée et digestive Infection des parties molles Les déplacements des populations microbiennes et leurs conséquences (2) aggravation portage contamination neutralisation colonisation infection neutralisation guérison L’infection est donc précédée par deux étapes Les modes de contamination Voie environnementale Voie par contact (C) voie respiratoire (G ou A) Contamination croisée : vecteur Voie endogène La poignée de mains ! La chaîne de transmission des MO Réservoir principal ou primaire (habitat) de MO Réservoir accessoire ou secondaire (habitat) de MO Récepteur de MO Vecteur ou transmetteur de MO De l’individu sain à l’individu infecté La rupture de l’équilibre physiologique Lésions tissulaires Agressions microbiennes Corps étranger Insuffisances organiques Traitement ATB inapproprié Troubles médicamenteux Réactions diminuées Barrières locales Défenses immunitaires Traitement ATB adapté La physiopathogénie de l’infection : le déterminisme Inoculum Facteurs de pathogénicité : virulence et toxinogénèse COLONISATION Cause (agent infectieux) TRANSMISSION CONTAMINATION Porte d’entrée AGRESSION INVASION Défenses locales, régionales et générales Infection (maladie) Les déplacements des populations microbiennes et leurs conséquences (3) • Contamination : instantanée, peu détectable • Colonisation / portage : jours, mois, années – cas des bactéries multi-résistantes (BMR) : SARM, EBLSE (Enterobacter, Klebsiella), ERV… – phénomène assez facilement détectable – incubation = forme particulière de la colonisation • Infection : jours ou mois ; deux variantes – symptomatique : signes cliniques et biologiques – asymptomatique : signes biologiques, pas cliniques Définitions 2007 : modes d’acquisition d’une infection Prise en charge sanitaire (soins au sens large) Exemples : Bactériurie asymptomatique Autres muqueuses Plaie , escarre Cathéter, sonde vésicale Peau Ni infecté, ni colonisé *N = nosocomial Pas d’infection Pas de colonisation Colonisation Pas d’infection = Infection d’acquisition nosocomiale (patient, personnel, visiteur) Infection non associée aux soins (INAS) Ex : perfusion de CCI à domicile et infection urinaire sans lien avec elle Exemples : Bactériurie asymptomatique Autres muqueuses Plaie , escarre Cathéter, sonde vésicale Peau Ni infecté, ni colonisé *ES = établissement de santé (ou sanitaire) Terrain de l’individu (IAT) INAS (non associée aux soins) Environnement de l’individu (IAE) Colonisation Acte de soin (IAAS) = ILS Acte de soin (IAAS) = ILS Circonstances de la vie Pas de colonisation Environnement des soins (IAES) Environnement des soins (IAES) patient personnel Infection d’acquisition C* Terrain du soigné (IATS) IAS Pas de prise en charge sanitaire Pas d’infection personnel Colonisation patient Terrain du soigné (IATS) Pas de colonisation Infection associée aux soins (IAS) Pas d’hospitalisation en ES* (EHPAD, EHPA, EMS, EMP, cabinet, domicile…) Infection d’acquisition C* Infection d’acquisition N* Hospitalisation (en ES* ou HAD) Exemples : Muqueuses Plaie , escarre Peau Ni infecté, ni colonisé *C = communautaire Exemples d’infections nosocomiales • IN d’allure communautaire – pneumonie à pneumocoque – infection urinaire en l’absence de sondage • IN de type « hospitalisme infectieux » – infection bronchique à bacille pyocyanique – infection (cutanée, digestive) à bactérie multirésistante • IN iatrogéniques (iatrogènes) – infection liée à un cathéter veineux périphérique – infection de site opératoire précoce (dans les 8 jours) Caractère évitable des IN • IN d’allure communautaire – microorganisme banal (Hæmophilus influenzæ) – évitabilité variable • IN de type « hospitalisme infectieux » – microorganisme hospitalier (Acinetobacter baumanii) – évitabilité souvent difficile • IN iatrogéniques (iatrogènes) + – geste invasif récent (endoscopie, pose d’un cathéter) – évitabilité fréquente et parfois facile Les risques encourus • Pour le médecin : poursuites et sanctions – deux types de motif • soit un préjudice (réel) lié à une faute • soit une « mise en danger » (préjudice potentiel) – trois types de poursuite pour l’activité libérale (correspondant aux trois types de « responsabilité ») • pénales : sanction d’une infraction – Amende – emprisonnement • disciplinaires : sanction d’un manquement professionnel grave – restriction ou interdiction d’exercice • civiles : indemnisation de la victime – cas habituel de l’activité libérale – cas moins fréquent pour l’activité salariée dans le cadre du service public hospitalier : nécessite une faute détachable du service public Il faut lutter contre les IN • La lutte contre les infections nosocomiales : – formation – prévention – surveillance – traitement • Le comité de lutte contre les IN : – décret du 6 mai 1988 + circulaire (abrogés) – circulaire du 19 avril 1995 (abrogée) – décret du 6 décembre 1999 + circulaire du 29 décembre 2000 (remplacent les textes de 88 et 95) Conclusion • Contamination, colonisation, infection • Voie de contact et voie respiratoire • Nosocomialité et communautarité • Evitabilité et non évitabilité des infections • Lutte contre les infections nosocomiales