ECONOMIE AMPHI Chapitre 1 : Echange international et

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ECONOMIE AMPHI
Chapitre 1 : Echange international et développement économique
§1 : Les fondements communs des théories classiques
Ces fondements sont d’une part l’idée de Smith, d’autre part d’un certain nombre de précisions et
d’hypothèses apportées par ses successeurs qui permettront de préciser cette théorie de Smith.
A. Adam Smith : la division internationale du travail et le coût absolu ou
avantage absolu
Il s’agit chez A. Smith à peine d’une théorie mais plutôt d’une idée forte qu’il applique au commerce
international.
L’idée de division du travail est une idée clé chez Smith.
La division du travail est un facteur de production de masse qui provoque donc une élévation
considérable de la production et de la productivité donc un abaissement des coûts et un enrichissement
général.
Smith applique cette idée et écrit dans la richesse des nations « la maxime de tout chef de famille prudent
et de ne jamais faire chez soi la chose qui coûtera moins cher à acheter qu’à faire. Si un pays étranger
peut fournir un article moins cher que nous ne pouvons le faire il vaut mieux l’acheter avec une partie de
notre industrie propre. »
L’échange est avantageux dès qu’il permet des importations dont le coût est inférieur au coût domestique.
Pour A. Smith il doit donc s’établir une division du travail non seulement nationale mais internationale et
cette division amènera chaque pays à se spécialiser dans la production pour laquelle il est le plus apte
c’est-à-dire pour laquelle il produit à des coûts inférieurs.
Pour A.Smith l’échange international repose sur des différences absolues de coûts et le pays qui achète a
un coût inférieur au coût qu’il aurait subi lui-même si il avait fabriqué ce produit, ce pays bénéficie d’un
avantage absolu.
B. Les hypothèses de base des théories ultérieures
Les auteurs ultérieurs (Ricardo, Mill) apportent des précisions. Leur réflexion s’attache à préciser les
obstacles qui empêchent le commerce international de ressembler totalement à l’échange interne.
Ces obstacles sont de deux ordres :
- obstacles artificiels donc superficiels
- obstacles naturels donc plus profonds
1. Les obstacles artificiels
Leur disparition doit amener des ressemblances entre l’échange interne et l’échange international.
Ce sont des obstacles d’ordre institutionnel c’est-à-dire créés par les hommes. Il s’agit des droits de
douane, des manipulations monétaires, des normes techniques…
Ces obstacles doivent disparaître quand les états auront compris les avantages du libre échange.
On peut raisonner sur l’hypothèse de la parfaite mobilité des produits et sur l’hypothèse de la concurrence
parfaite sur le plan international.
Du point de vue des produits l’échange international peut être assimilé à l’échange interne.
2. Les obstacles naturels
Leur durée, leur permanence entraînera des différences essentielles entre l’échange international et
l’échange interne.
Ces obstacles tiennent aux différences de langue, de mœurs, de religion, de race, de climat…
Il en résultera un fait important : la mobilité imparfaite des facteurs de production sur le plan
international.
Alors que les classiques raisonnent sur une parfaite mobilité des produits au niveau international, ils
raisonnent sur une immobilité des facteurs.
La nation est un périmètre économique caractérisée par l’immobilité de ses facteurs.
Un homme ne transporte pas sa personne et ses capitaux dans un pays lointain sans avoir pour cela des
motifs puissants.
Cette immobilité des facteurs de production fera qu’aux yeux des classiques certaines de leurs lois
valables à l’intérieur ne seront plus valable sur le plan international.
Ce défaut de mobilité de facteurs va avoir 3 conséquences :
A. La disparition du coût de production comme régulateur de la valeur
courante des marchandises sur le plan international
Sur le plan interne les classiques pensaient que la valeur courante des marchandises tendait à se fixer en
régime de concurrence sur la base du coût de production.
Si le prix actuel dépasse le coût de production, les profits s’élèvent, attirent de nouveaux entrepreneurs,
l’offre augmente et alors les prix se rabaissent au niveau du coût de production.
Le fonctionnement de ces mécanismes suppose que les facteurs de production puissent se déplacer sans
obstacle d’un secteur à un autre.
Puisque dans le domaine international les facteurs de production sont atteints d’une quasi immobilité le
coût de production ne peut pas être le régulateur du prix courant sur le marché international.
B. La persistance de l’inégalité des salaires, des profits et d’intérêts entre les
nations
Pour les même raisons alors que sur le plan interne la mobilité des facteurs tendait à niveler les taux de
salaire des même catégories et les intérêts et profits, au contraire entre les nations les taux de
rémunération des services producteurs peuvent rester différents d’une manière permanente.
Les salires resteront durablement plus élevés dans les pays riches en dotation de facteurs.
C. La persistance de l’échange même sans avantage absolu vis à vis d’aucun
produit
Par suite de l’inégalité en dotation de facteur il y aura une inégalité durable de la richesse entre les pays.
Alors il est possible que certains pays possèdent un avantage absolu par rapport aux autres sur tous les
produits et qu’au contraire d’autres pays soient désavantagés sur tous les points.
Ces derniers pays seront-ils alors exclus du commerce international ?
En vertu de la théorie d’Adam Smith il faudrait répondre « oui » mais à cela les successeurs de Smith
feront 2 réponses :
 Si un pays est pauvre en facteurs, sa productivité sera donc faible et les travailleurs seront peu
rémunérés. C’est cette faiblesse des rémunérations qui pourra leur permettre de rester concurrentiel vis
à vis de certains produits par rapport à des pays à productivité plus forte dont les salariés seront plus
fortement rémunérés.
 Le coût absolu et l’avantage absolu dans le domaine international n’ont pas grand sens étant donné
l’immobilité des facteurs. Chaque pays, même si ce pays n’a pas d’avantage absolu peut avoir accès au
commerce international en se spécialisant dans la production où il seulement un avantage relatif. C’est
la théorie de Ricardo des coûts relatifs ou comparatifs.
§ 2 : La théorie de Ricardo des coûts comparatifs
A. L’exposé du principe de Ricardo
La théorie des coûts comparatifs a été formulée d’abord par James Mill puis Ricardo. C’est enfin Cairnes
qui en a donné l’énoncé plus traditionnel.
A la condition nécessaire et suffisante qu’il existe une différence entre les coûts comparatifs constatés en
divers pays, chacun de ces pays trouve avantage à se spécialiser dans la production pour laquelle il est le
plus avantagé ou le moins désavantagé.
Qu’est-ce que le coût comparatif et en quoi se diffère t-il du coût absolu de production ?
Dans la théorie d’Adam Smith le vendeur vendra au coût de production et l’échange aura lieu si le coût de
production de la marchandise est moins élevée pour le vendeur qu’il ne le serait pour l’acheteur si
l’acheteur achetait le produit.
La comparaison porte donc sur le coût absolu de la même marchandise pour les 2 échangistes.
En matière de commerce international ce que l’on doit comparer c’est le rapport entre le coût de 2
produits respectivement dans chacun des 2 pays considérés.
Prenons l’exemple de J.Mill, l’exemple du commerce ente l’île de Jersey et l’Angleterre :
Le territoire de Jersey paraît plus propice que celui de l’Angleterre à la culture du blé et cependant Jersey
importe son blé d’Angleterre et se consacre uniquement à la production de fruits et légumes parce que
l’avantage que possède Jersey à cet égard est plus grand encore que celui qu’i détient en matière de blé.
Sans doute l’île de Jersey paiera –t-elle le blé plus cher que si elle le produisait elle-même mais la perte
qu’elle éprouvera de ce fait sera plus que compensée par l’avantage résultant de sa spécialisation dans la
production où sa supériorité est la plus marquée.
L’Angleterre qui est désavantagée à la fois sur le blé et les fruits et légumes participera toutefois à
l’échange international à cause de l’avantage qu’a Jersey de se spécialiser dans les fruits et légumes et de
lui abandonner le blé.
 Même un pays qui n’a aucun avantage absolu vis à vis d’un autre pays peut néanmoins participer à
l’échange international et en tirer des bénéfices.
B. L’exemple de Ricardo lui-même
Ricardo prend l’exemple de l’échange entre la Grande Bretagne et le Portugal. Celui-ci étant supposé
avoir une supériorité pour les 2 marchandises échangées : drap et vin.
Le coût absolu de ces produits dans chaque pays est lié au travail dont il a été l’occasion.
Dans l’exemple de Ricardo ces coûts absolus sont les suivants : au Portugal tant de bouteilles de vin ont
un coût de 80H de travail, tant de mètre de drap ont un coût de 90H de travail.
En Grande Bretagne le même nombre de bouteilles a un coût de 120H de travail, le même métrage de
drap un coût de 100H de travail.
A partir de ces chiffres il y a 2 formules possibles des coûts comparatifs :
1ère formule
On placera au numérateur les coûts en Grande Bretagne et au dénominateur les coûts au Portugal pour
chacun des 2 produits. On obtient les rapports suivants :
Vin = 120 = 150  la supériorité du ¨Portugal est de 50%
80 100
drap = 100 = 111  la supériorité du Portugal est de 11%
90 100
 Le Portugal a un avantage comparatif plus important pour la production du vin que pour la production
du drap. De ce fait le Portugal tendra à se spécialiser dans la production de vin tandis que l’Angleterre se
spécialisera dans la production de drap pour laquelle son infériorité est la plus faible.
2ème formule
C’est la comparaison des coûts des deux marchandises dans chacun des pays.
On comparera le rapport vin/drap au Portugal et le rapport vin/drap en Grande Bretagne
Le rapport vin/drap au Portugal = 80 = 0.88 contre 120 = 1,2 en Grande Bretagne
90
100
Pour commenter cette 2ème formule supposons qu’il n’y ait aucun commerce entre les deux pays.
Etant donné les coûts internes une unité de vin s’échangera en Grande Bretagne contre 1,2 unité de drap.
Au Portugal, une unité de vin s’échangera contre 0.88 unité de drap.
Supposons qu’il y ait échange international, le Portugal a un intérêt suffisant à s’engager dans la voir du
commerce international si une unité de vin lui permet d’obtenir par le commerce un peu plus de 0.88 unité
de drap c’est-à-dire un peu plus que le rapport domestique.
Il lui sera donc avantageux de vendre son vin en Angleterre où une unité de vin vaut 1,2 unité de drap.
De la même façon la Grande Bretagne a intérêt à s’engager dans le commerce international si pour moins
d’1,2 unité de drap elle peut obtenir une unité de vin ce qui provient du rapport d’échange domestique.
 N’importe quel taux d’échange compris entre 0.88 et 1,2 unité de drap contre une unité de vin
représente un gain pour les 2 pays.
Supposons encore que ce soit le taux d’une unité de drap contre ne unité de vin qui s’établisse. Cela
signifie que pour 100 unités de travail que la Grande Bretagne envoie au Portugal sous forme de drap elle
reçoit une unité de vin qui lui aurait coûté 120 unités de travail si elle l’avait produite.
De son côté le Portugal obtient contre 80 unités de travail sous forme de vin qu’il exporte une unité de
drap qui aurait exigé 90unités de travail si le Portugal avait été lui-même producteur.
C. L’extension des hypothèses ricardiennes
Dans l’exemple de Ricardo il y a un certain nombre d’hypothèses qui conditionnent la valeur de cet
exemple.
L’ensemble des hypothèse classiques d’abord mais aussi le fait 2 pays et 2 marchandises. Les frais de
transport et d’assurance sont supposés nuls. Le rendement des industries dont les produits sont échangés
sont supposés proportionnels c’est-à-dire qu’il n’y a pas de modification de coût de production en
fonction des modifications des quantités produites.
Après Ricardo de nombreux économistes se sont efforcés de montrer que ce principe des coûts
comparatifs restait valable si on se rapprochait de la réalité.
E n compliquant ces hypothèses très simples et en les remplaçant par des hypothèses un peu plus
compliquées ces auteurs ont montré que l’existence de plusieurs pays prenant part au commerce
international ne change rien à l’affaire, de même que le nombre de produits échangés.
Ils ont montré que l’existence de frais de transport limitent un peu le principe et ne permet pas de pousser
aussi loin la spécialisation internationale.
Enfin ils ont montré que si les coûts dont il est question au lieu d’être proportionnels sont décroissants
comme il est naturel de penser qu’ils le sont jusqu’à un certain point, le principe s’applique encore mieux.
On a fait remarquer que si ce principe est valable dans le cadre des relations internationales n’est pas
spécifique dans sa portée de l’échange international, il peut être aussi appliqué à l’échange interne.
Samuelson prend l’exemple du meilleur avocat de la ville qui est champion de dactylo. Sa supériorité
relative est moindre en dactylo parce que les bons dactylographes sont moins rares, moins chers que les
bons avocats.
D. L’appréciation critique de la théorie de Ricardo
1. Les imprécisions de la théorie de Ricardo
La théorie n’indique rien sur le taux d’échange et sur le partage du gain du taux de l’échange.
Cette théorie des coûts comparatifs nous permet de savoir à quelle condition l’échange international aura
lieu c’est-à-dire lorsque les coûts comparatifs seront différents dans les pays. Mais cette théorie ne nous
dit pas selon quel taux l’échange se fera, seul sont précisés les limites entre lesquelles se fera l’échange.
Le taux d’échange se fixera entre les limites comprises entre 0.88 et 1,2 unité de drap pour 1 unité de vin
c’est-à-dire qu’il se fixera entre les limites du coût comparatif vin/drap au Portugal et du coût comparatif
vin/drap en Grande Bretagne. Rien n’indique quel sera le gain de l’échange.
2. La valeur de cette théorie en tant que loi fondamentale
On peut dire dans une première approximation que malgré les inégalités de toute sorte et sans que le
commerce international fasse disparaître ces inégalités, un système d’échange est possible et profitable
entre partenaires inégaux. Ce principe des coûts comparatifs qui avait été établi en vue de démonter les
avantages du libre échange reste une norme permettant des confrontation indispensables même dans le
cas de pays échappant au jeu libéral.
Dans ces pays une comparaison des avantages relatifs peut être la clé d’une conduite économique
rationnelle. C’est pourquoi la théorie des coûts comparatifs est un principe d’économie fondamental,
valable partout et auquel aucune économie ne peu échapper.
§ 3 : La théorie des valeurs internationales de Stuart Mill
S. Mille va s’efforcer de perfectionner la théorie de Ricardo dans une théorie appelée la théorie des
valeurs internationales.
A. Exposé de la théorie des valeurs internationales
1. Les idées essentielles de cette théorie
L’objet de cette théorie chez S.Mill est d’expliquer pourquoi l’échange s’opère entre les coûts comparatifs
à tel taux plutôt qu’à tel autre.
Le problème consiste à indiquer les causes qui déterminent la proportion suivant laquelle les draps de
Grande Bretagne s’échangeront contre les toiles d’Allemagne.
Pour résoudre ce problème S.Mill fait appel à la loi de l’offre et de la demande mais en raisonnant sur des
prix non plus exprimés en monnaie mais sur des prix exprimés en marchandises.
L’idée de S.Mill est de faire intervenir l’intensité des besoins, des désirs des consommateurs c’est-à-dire
l’intensité de la demande.
Plus vifs seront les coûts des consommateurs et des importateurs à l’égard des marchandises importées
plus ils consentiront à donner une grande quantité des marchandises qu’ils fabriquent eux même.
Jusqu’ici le schéma classique n’accueillait que les coûts, désormais S.Mill fait place au besoin dont
l’urgence comparée déterminera la valeur internationale des biens échangés et le rapport d’échange réel.
2. La détermination du taux d’échange
Le taux d’échange ou rapport d’échange dépendra de la demande réciproque des 2 pays.
Normalement le taux d’échange aura tendance à se fixer de façon à ce que l’équilibre soit atteint entre les
valeurs offertes et les valeurs demandées.
Supposons que le prix sur le marché international se fixe de la façon suivante : 10 m de drap anglais
valent 17 m de toile allemande. A ce taux la demande allemande de draps anglais sera par exemple de
10 000 m et la demande anglaise de toile allemande sera de 17 000 m.
Pourquoi ce taux d’échange se fixe t-il plutôt qu’un autre ?
La réponse de Ricardo est : à cause de la comparaison des coûts de production liés au temps de travail
nécessaire à cette production.
La réponse de S.Mill sera : le prix d’échange et les quantités échangées dépendront d’une combinaison
des éléments suivants :
D’abord ils dépendront des coûts de production des marchandises offertes à l’exportation par les 2
produits.
Ensuite ils dépendront de l’intensité plus ou moins forte du besoin c’est-à-dire de la demande pour le pays
importateur.
Enfin ils dépendront de la réaction de la demande au prix d’offre c’est-à-dire que ce que nous appelons
élasticité de la demande par rapport au prix d’offre.
A. Le taux d’échange dépend de l’intensité des besoins
S.Mill part du prix international qu’il a fixé arbitrairement et qui est le prix de 10 m de drap anglais contre
17 m de toile allemande.
A ce prix le rapport d’équilibre est celui de 10 000 m de drap contre 17 000 m de toile.
Supposons alors que la demande anglaise se réduise pour des questions de goût et supposons que les
anglais fixent leur demande à 13 600 m de toile allemande.
Au taux de 10 contre 17 les allemands ne pourront alors se procurer que 8 000 m de drap anglais (10/17 *
13 600) en vendant 13 600 m de toile .
Mais par définitions ils désignent 10 000 m de drap anglais, il veulent donc se procurer 2 000 m
supplémentaires. Ils vont donc proposer aux anglais un taux plus avantageux et offriront 18 m de toile
allemande contre 10 m de drap anglais.
A ce taux d’échange plus avantageux pour les anglais on peut penser que ces derniers élèveront leur
demande à 16 200 m de toile allemande ce qui au nouveau taux de 10 contre 18 permettra aux allemands
d’acheter 9000 m de drap.
Alors un nouveau rapport d’équilibre s’établira qui sera de 9 000 m de drap contre 16 200 m de toile.
Il résulte de cet exemple que l’abaissement de l’intensité de la demande anglaise et le maintien d’une
égale intensité de la demande allemande a entraîné une variation du taux d’échange défavorable à
l’Allemagne et favorable à la Grande Bretagne.
Il y a donc un nouveau rapport dans les quantités échangées.
Dorénavant on devra considérer comme constatée la valeur respective d’échange de marchandises
s’adapte aux goûts et besoins des consommateurs dans l’un et dans l’autre pays.
B. Le taux d’échange dépend de la réaction de la demande au prix c’est-àdire de l’élasticité de la demande
Supposons que les termes d’échange d’équilibre soient de nouveau de 10 contre 17 et supposons qu’un
perfectionnement mécanique de la production de toile allemande permette un progrès de 50% c’est-à-dire
permette d’obtenir avec la même quantité de travail 30 m de toile au lieu de 20.
Si l’on suivait les idées de Ricardo qui ne considère le coût de production que de façon statique on devrait
aboutir à l’idée que 10 m de draps anglais s’échangeront contre 50% de plus de toile c’est-à-dire non pas
contre 17 m mais contre 25.5 m de toile. Mais tout dépendra en réalité de la nouvelle demande anglaise de
toile compte tenu de son prix plus bas.
On peut alors faire les hypothèses suivantes :
1ère hypothèse : si la demande anglaise a une élasticité > 1 à ce moment là elle augmente plus que
proportionnellement à la baisse du coût et les termes de l’échange seront moins de 25.5 m de toile contre
10 m de drap  la Grande Bretagne exportera plus pour obtenir la même quantité de toile.
2ème hypothèse : si au contraire l’élasticité de la demande anglaise est < 1 la demande anglaise
augmentera moins que proportionnellement à la baisse du coût. Devant la faiblesse relative de cette
demande les termes de l’échange seront de plus de 25..5 m de toile contre 10 m de drap  la Grande
Bretagne exportera moins pour obtenir la même quantité de toile.
Il ressort de cette hypothèse que le progrès technique en Allemagne et le fait que la demande étrangère
n’ait pas suivi amèneront une dégradation des terme de l’échange allemands.
Les allemands devront malgré le progrès technique dépenser plus de travail à fabriquer la toile s’ils
veulent obtenir la même quantité de draps  les termes de l’échange sont liés à l’intensité de la demande
étrangère et aux réactions de cette demande devant les mouvements de prix internes c’est-à-dire qu’ils
sont liés à l’élasticité de la demande étrangère d’exploitation nationale par rapport aux prix.
3. Le partage du gain naît de l’échange international
A. Le principe
En matière du partage du gain, celui qui gagne le plus dans l’échange international c’est celui dont les
produits sont demandés avec le plus d’intensité par l’étranger et qui demande lui-même le moins
intensément les produits étrangers.
Les conditions d’intensité réciproque sont telles qu’elles amènent le taux d’échange à se rapprocher des
coûts comparatifs limites d’un pays X et à s’éloigner des coûts comparatifs limites d’un pays Y.
Or plus les termes de l’échange se rapprochent des coûts comparatifs limites d’un pays X plus ce pays se
trouve désavantagé par le partage bien qu’il demeure encore gagnant dans l’échange et qu’il n’ait pas
intérêt à s’isoler.
Mais son profit spécifique de spécialisation baisse dans la mesure ou s’accroît celui de son partenaire.
B. La démonstration élémentaire
Au Portugal telle quantité de vin demande 80H de travail et telle quantité de drap 90H.. Le coût comparé
vin/drap est de 0.88.
En Grande Bretagne la même quantité de vin vaut 120H de travail et la même quantité de drap 100H de
travail, le coût comparatif interne est de 1,2.
N’importe quel taux d’échange compris entre 0.88 et 1,2 unité de drap contre 1 unité de vin représente un
gain pour les 2 parties.
Supposons que le taux d’échange se fixe d’abord à 1 contre 1.
A cet taux au Portugal 1 unité de vin soit 80H de travail permettra d’obtenir 1 unité de drap anglais qui
aurait coûté à fabriquer au Portugal 90H, le gain de spécialisation est donc de 10.
En Grande Bretagne 1 unité de drap anglais soit 100H permettra d’obtenir 1 unité de vin qui aurait coût à
produire en Grande Bretagne 120H, le gain est donc de 20.
Supposons maintenant que par suite de l’intensité réciproque des 2 demandes les taux d’échange se
modifient. Admettons que le vin portugais soit moins demandé en Grande Bretagne, ce qui veut dire que
le taux d’échange se dévalorise pour le Portugal.
Ce taux d’échange dévalorisé se fixe par exemple à 1 unité de vin portugais pour 0.90 unité de drap
anglais soit une baisse de 10%.
A ce moment là 1 unité de vin portugais soit 80H n’obtient plus que 0.90 unité de drap qui aurait coûté au
Portugal 81H (0.9*90/1). Le gain de spécialisation au Portugal tombe à 1.
Toujours à ce même taux, 0.90 unité de drap anglais soit 90H de travail obtient 1 unité de vin qui aurait
coûté à produire en Grande Bretagne 120H. Le gain de spécialisation monte à 30  le partage du gain
dans le commerce international provient du rapport d’échange qui se fixe selon l’intensité des besoins.
S.Mill part de l’hypothèse que les pays pauvres gagneraient davantage à l’échange international que les
pays riches parce que les petits pays pauvres une plus faible intensité de la demande tandis que les pays
riches auraient une forte intensité de la demande.
On trouve un autre argument, la spécialisation des petits pays peut être plus complète que celle des
grands.
En effet, la spécialisation des grands pays pourra n’être que partielle. Cette hypothèse est une hypothèse
statique. On constate actuellement que l’intensité des demandes des pays sous-développés en biens
manufacturés et en biens d’équipement est beaucoup plus forte que l’intensité des demandes des pays
développés en biens primaires.
B. La portée de la théorie des valeurs internationales
Le résultat de cette théorie c’est qu’il n’existe pas de prix international précis et unique. Il n’existe pas de
valeur internationale de référence.
Les coûts internationaux ne peuvent pas se fonder comme les prix internes sur la base des coûts de
production parce que les coûts de production sont profondément différents pour un même produit selon
les pays.
L’intérêt de la question est aujourd’hui les rapports entre les pays développés et les pays sous-développés.
Certains auteurs ont développé la thèse de la paupérisation progressive des pays sous développés. Elle
s’accompagne d’ailleurs fréquemment de la théorie de la restitution incomplète dans les pays.
Cette exploitation a pu se produire et peut se produire encore. Les pays sous-développés peuvent se
trouver devant un monopole de vente ou un monopole d’achat. Les produits des pays développés peuvent
concurrencer les produits des pays sous-développés du fait de certaines subventions.
Mais il faut abandonner l’idée de mesurer l’exploitation de certains pays sous-développés par la
dégradation des termes de l’échange.
On peut mesurer les pertes que subissent ces pays du fait de cette dégradation mais il n’y a pas de valeur
internationale qui puisse être appelée normale et qui serait telle qu’au dessous de cette valeur il y aurait
exploitation et qu’au dessus il y aurait super bénéfices.
Actuellement les pays primaires sont concurrencés dans leur demande de biens industriels par les pays
riches à pouvoir d’achat élevé, ce qui fait que les prix industriels peuvent se maintenir ou s’élever tandis
que les pays primaires se font concurrence entre eux pour vendre les produits primaires à faible élasticité
de la demande par rapport au prix et au revenu.
La dégradation des termes de l’échange est le signal que certains produits sont trop offerts et peu
demandés et que d’autres ne sont pas assez offerts et très demandés.
C’est donc le signal qu’une nouvelle spécialisation internationale devrait s’établir. La spécialisation
actuelle des pays sous développés étant due à leurs aptitudes naturelles et aux besoins des produits des
pays industriels souvent colonisateurs.
Cette spécialisation doit évoluer dans le sens de l’industrialisation légère ou même lourde des pays sous
développés s’ils parviennent à trouver des marchés suffisamment larges.
Si cette industrialisation partielle se réalise on assistera à un processus général de dévalorisation des biens
secondaires par l’extension des lieux de production.
Le maintien des produits primaires à des prix artificiellement élevés peut aider à court terme les pays sous
développés mais peut leur nuire à long terme en ne stimulant pas les modifications souhaitables.
Chapitre 2 : L’influence des inspirations doctrinales
Section 1 : La thèse libre échangiste
Cette thèse libre échangiste s’est développée depuis la fin du XVIIIème siècle et ses raguments n’ont pas
changé depuis lors. Elle se décompose en 2 parties :
- l’apologie du libre échange
- la critique du protectionnisme
§1 : l’apologie du libre échange
a) le libre échange permet la spécialisation internationale. Cette dernière est un facteur
d’élargissement des marchés. Elle permet des économies d’échelle et des baisses des coûts qui
peuvent être considérables.
b) Le libre échange permet la concurrence sur le plan international. La concurrence est la condition
du progrès technique et de la baisse des coûts. L’apologie du libre échange se base sur une logique
implacable. Pour les libre échangistes la 1ère condition pour obtenir l’enrichissement c’est de
permettre l’initiative individuelle, ce qui implique la liberté c’est-à-dire le libre échange, ce qui
implique la concurrence  nécessité d’être concurrentiel  application du progrès technique 
baisse des coûts de production  élévation du pouvoir d’achat des consommateurs c’est-à-dire de
leur revenu réel  hausse de la demande de consommation  élargissement des débouchés de
l’entreprise  hausse de l’offre  hausse de la production  augmentation de l’investissement et
la création de nouveaux emplois  distribution de nouveau revenus  augmentation de la
demande de consommation  etc…
Cette logique fait apparaître automatiquement le développement économique, elle débouche sur le
cercle vertueux du développement économique. C’est sur cette logique que se basent les
défenseurs du libre échange.
§ 2 : La critique du protectionnisme
4 séries d’arguments :
A. Protectionnisme et réduction des courants d’échange
Le protectionnisme si il est en soi peut pousser, peut conduire à une compartimentation des relations
internationales c’est-à-dire au bilatéralisme dans les relations et le bilatéralisme conduit au rétrécissement
des échanges.
B. Protectionnisme et enchérissement des produits
L’institution d’une taxe douanière entraîne normalement une augmentation du prix de vente des produits
dans les pays protégés. Les consommateurs sont les victimes de cette augmentation.
Cette hausse des prix des produits importés peut se répercuter sur des coûts et sur des autres produits de
telle façon qu’une zone protectionniste est une zone de haut prix. ;
Cette hausse des prix sera variable et ne sera pas nécessairement égale au tarif au lui-même, cela
dépendra de l’élasticité de la demande nationale par rapport à la variation du prix et de l’élasticité de
l’offre étrangère et nationale par rapport à la variation du prix.
Mais le coût de la protection pour le consommateur peut provenir non seulement de l’existence d’un tarif
mais aussi de toutes les irrationalités économique que la protection peut introduire dans l’économie.
C. Protectionnisme et irrationalité économique
La protection peut aboutir à faire produire dans le pays protégé des biens qui sont obtenus à un prix > à
ceux que pourrait fournir le marché international compte tenu des coûts de transport. L’existence de ces
coûts très élevés est la grande contre-partie aux 2 avantages de la protection à savoir l’implantation
d’industries nouvelles et la création d’emploi.
Il est très difficile de faire la balance de ce désavantage de coût par rapport à cet avantage de création
d’entreprise ou d’emploi car ce sont 2 phénomènes qui ne sont absolument pas homogènes et qui ne
peuvent donc pas entrer dans des modèles cohérents.
Si l’on se place sur un plan statique lorsque la protection crée des rentabilités qui n’existeraient pas sans
elle on peut dire que c’est le consommateur qui est sacrifié mais qu’il y a des mécanismes de transferts
internes de revenu dus au protectionnisme.
Les compensations partielles sont les suivantes :
L’état touche des revenus supplémentaires et il y a des distributions de rente à diverses catégories. Du
phénomène de la rente on passe très vite à la psychologie de rentier. La protection est un élément
d’assouplissement de l’économie, c’est un élément de routine. Elle retarde l’introduction du progrès
technique et scientifique.
En outre la protection en créant des privilèges se traduit par le fait que ces privilèges demandent toujours
à être partagés pour beaucoup de raisons (justice sociale, intérêts nationaux complémentaires). La
protection appelle la protection. Elle peut être à l’origine d’une structure économique irrationnelle qu’il
est très difficile de modifier sans de très grandes résistances.
D. Protection et conflits entre les nations
Pour les libéraux la protection compromet les liens d’interdépendance entre les nations. La protection
substitue une atmosphère de conflit économique à l’atmosphère de réciprocité c’est-à-dire d’intérêts
complémentaires.
La protection serait donc un facteur des nationalismes.
Section 2 : La théorie du protectionnisme
Il y a d’abord des arguments que l’on peut classer assez facilement. Ce sont les arguments d’ordre
structurel montrant que la protection est indispensable au développement économique.
Ensuite des arguments d’ordre conjoncturel montrant que la protection est nécessaire pour l’obtention de
l’équilibre.
Enfin il y a des arguments de défense sociale ou politique difficiles à classer.
§ 1 : Les arguments d’ordre structurel : protection et développement
3 catégories d’arguments :
- argument des industries naissantes
- argument de l’appel au capital extérieur
- argument de l’effet de discrimination
A. L’argument de l’industrie naissante
Il convient de favoriser les industries naissantes car à l’origine elles ne peuvent pas lutter à armes égales
avec des concurrents déjà installés dont les coûts de production sont beaucoup plus bas.
Au fur et à mesure que ces industries deviennent viables la protection doit leur être enlevée.
Les mesures de protection doivent être limitées et provisoires. Le but doit être de soutenir la concurrence
dans l’avenir.
Dans les pays sous-développés de nos jours les principales difficultés qui peuvent justifier une protection
sont les suivantes :
1) l’inexistence de main d’œuvre qualifiée
2) l’insuffisance des économies internes d’échelle dans les 1ers stades du développement
économique
3) l’insuffisance des économies externes d’échelle dans la mesure où il s’agira de firmes isolées qui
ne font pas partie d’un pôle de développement actif et de ce fait le marché sera plus restreint, les
infrastructures plus mauvaises…
4) les habitudes de consommation de produits importés prises par les consommateurs nationaux et de
la nécessité de créer pour l’industrie nationale nouvelle un marché national en transformant les
habitudes et en refoulant les marchandises étrangères.
Il n’est justifiable d’accorder une protection aux industries naissantes que si elles ont des chances
dans l’avenir d’atteindre une certaine dimension c’est-à-dire d’arriver à produire à des coûts ne
dépassant pas ceux du marché international.
B. L’argument de l’appel au capital extérieur
a) le tarif douanier permet à certaines activités nationales d’être rentables à l’intérieur des frontières,
activités qui ne seraient pas rentables sans le tarif. Or il est possible que l’épargne nationale ne soit
pas suffisante pour fournir des capitaux à ces activités qui sont rendues rentables par la protection.
Dans ce cas les capitaux étrangers pourront être attirés par ces rentabilités créées par le tarif et ils
pourront chercher à prendre place dans les secteurs considérés.
b) Lorsque le marché national est fourni par tel ou tel produit par des firmes étrangères il arrive que
celles-ci lorsqu’elles se trouvent coupées de leur clientèle par des droits de douane ou leur
contingentement décident d’établir des filiales dans leur pays.
Il y a alors création d’une usine créée par le tarif et certains pays ont ainsi le tarif douanier ou leur
contingentement pour obliger les firmes étrangères à investir sur leur territoire. Cela a été la raison
des investissements massifs américains en Europe dans les années 60. Cela a été aussi la raison de
la création des très importantes raffineries en France financées par les compagnies internationales.
Suite à la taxation très forte de l’essence, le pétrole brut n’étant pas taxé.
c) cependant l’entrée de capitaux étrangers ne représente pas un apport net pour l’économie du pays.
Il faudra comptabiliser les sorties de rémunération de capital et il faudra aussi apprécier un certain
effet de dépendance économique et politique. En outre la protection en avantageant des
implantations nouvelles peut nuire par les déplacements de main d’œuvre ou des capitaux au
secteur traditionnel.
Il faut s’assurer que les productions nouvelles seront aussi viables que les productions anciennes.
C. L’argument de l’effet de discrimination
La protection peut permettre de discriminer des échanges suivant les produits et suivant les pays.
1. Suivant les produits
Par exemple l’importation de produits de luxe sera soit interdite, soit limitée, soit défavorisée par des
droits de douane.
Par contre l’importation de biens d’équipement pourra être favorisée. Cette discrimination suivant les
produits est spécialement utile dans les pays en voie de développement pour lutter contre l’effet
d’imitation des types de consommation américains et européens.
2. Suivant les pays
La protection surtout pour les pays en voie de développement peut être une arme de négociation
commerciale et politique.
On laissera entrer à la suite de traités commerciaux les marchandises des pays qui consentent à acheter les
exportations du pays national ou bien on laissera entrer les marchandises des pays qui consentent à faire
des prêts au pays national autrement dit j’achète à qui m’achète et j’achète à qui me prête.
§ 2 : Les arguments d’ordre conjoncturels : protection et équilibre
A. Protection et équilibre extérieur
Il s’agit d’un très vieil argument mercantiliste. L’application d’un tarif doit permettre d’assurer l’équilibre
de la balance commerciale en réduisant l’importation.
Il faut faire 3 observations :
 L’équilibre de la balance commerciale ne doit pas être recherché systématiquement et dans tous les cas.
A divers stades du développement correspond assez naturellement des positions actives ou passives de
la balance commerciale. Une balance commerciale négative permet à l’économie de recevoir des
disponibilités, ce qui peut être utile pour la croissance économique ou pour lutter contre l’inflation.
 a) il faut considérer les réactions que l’établissement d’un tarif susciteront à l’étranger et il faut
considérer les réactions à cette réaction c’est-à-dire l’effet réflexe de cette mesure sur l’économie
nationale. En effet, l’établissement d’un tarif se traduira par une perte infligée à l’étranger dans la
mesure où les exportations de l’étranger seront réduites et dans la mesure où l’étranger pourra en
souffrir. Cette mesure pourra se traduire par des représailles c’est-à-dire par l’établissement d’un tarif
étranger et ceci pourra aboutir à la réaction de courants d’échange.
c) En outre même si une telle politique ne se traduit pas par des représailles de l’étranger, 2 effets
pourront venir minimiser les résultats escomptés :
dans un 1er lieu la réduction du revenu de l’étranger se traduira par une réduction induite des
exportations nationales.
- dans un second lieu l’élévation des prix internes due à l’établissement du tarif douanier pourra
créer une zone protectionniste de prix élevé et donc élever le prix des exportations et donc
contribuer à réduire ces exportations.
Ces deux effets de réduction des exportations par les revenus et par les prix pourront partiellement
compenser la réduction d’importations obtenues par le tarif.
 Cette politique peut être remplacée par une autre qui peut apparaître comme moins mauvaise. En effet,
un résultat similaire de rééquilibre de la balance pourra être atteint disent les libéraux par une
dépréciation du change c’est-à-dire une dévaluation. C’est une politique moins mauvaise parce qu’en
abaissant le prix des exportations elle suscite le développement des exportations et non pas seulement la
réduction des importations qui peut provenir des effets induits du tarif protecteur.
B. Protection et niveau de l’équilibre intérieur
C’est l’argument de l’emploi, argument très ancien défendu par les mercantilistes et rajeuni et refondu par
Keynes.
Les mercantilistes ont toujours utiliser un argument selon lequel l’établissement de tarifs devait permettre
l’implantation de secteurs industriels et donc d’empois à l’intérieur du pays protégé. Les libéraux ont
toujours lutter contre cet argument de l’emploi.
Cet argument a été repris sous une forme nouvelle de Keynes dans son traité sur la monnaie mais Keynes
recommande une politique d’expansion interne par le développement de la consommation ou de
l’investissement.
§ 3 : Les arguments de défense sociale ou politique
A. Les arguments allant dans le sens de la défense d’une structure économique
pour des motifs extra-économiques
Le protectionnisme exprime souvent une préférence nationale de structure. Une nation peut préférer une
structure même si le produit obtenu avec celle-ci est inférieur à ce qu’il serait en modifiant cette structure
et en s’ouvrant au commerce international.
2 types de préférences :
- préférences de structure nationale
- préférences de structure pour des motifs de politique extérieure
B. La défense d’une politique sociale
Si un pays adopte une politique sociale progressiste les charges sociales ou fiscales liées à cette politique
pourront peser sur les prix de revient des entreprises et les entrepreneurs nationaux s’estimant alors
défavorisés par rapport à leurs concurrents étrangers pourront réclamer de ce fait des tarifs
compensateurs.
C. La défense de niveaux de vie élevés
L’argument est le suivant : lorsque le pays a atteint un niveau de vie et des salaires élevés la protection
doit sauvegarder ce niveau de vie de la concurrence internationale provenant de pays dont les salaires sont
plus bas et dont les niveaux de vie sont beaucoup plus bas.
Conclusion générale sur le libre échange et le protectionnisme
Il existe une supériorité générale indiscutable du libre échange sur la très longue période et sur le plan de
l’économie mondiale.
Selon l’expression de Keynes les avantages de la division internationale du travail sont réelles et
substantielles.
Sur le plan de chaque pays un certain niveau d’échange est toujours supérieur à l’isolement. Cependant un
protectionnisme structurel peut se justifier par les besoins de développement d’un pays et un
protectionnisme de circonstance peut se justifier dans certaines conjonctures pour lutter contre ce sous
emploi par un certain nombre de mesures.
La théorie du protectionnisme n’a pas été faite jusqu ‘à présent de façon très satisfaisante. On s’aperçoit
que le protectionnisme est souvent le fait d’économies qui ont des marges importantes de croissance à
exploiter dans le cadre de leur marché et dont la croissance peut être vigoureuse mais dès que les marges
intérieures de croissance deviennent moins faciles à exploiter l’économie ne peut continuer à obtenir une
croissance convenable que par l’extension de son espace et donc que par le développement de ses
échanges.
A ce moment-là l’économie est obligée de réduire ses protections et de se tourner vers une politique plus
libérale.
La politique de passage du protectionnisme au libre échange est conditionnée par les dimensions de
l’économie et par la diversification de ses ressources.
Une économie très diversifiée pourra très longtemps se contenter d’exploiter ses marges internes et donc
pourra plus longtemps rester protectionniste.
Une économie de petite dimension est obligée de s’ouvrir beaucoup plus fortement aux échanges
extérieurs.
Par ailleurs il y a des périodes structurelles qui semblent être des périodes de libre échange international
et des périodes structurelles de resserrement où tout le monde devient protectionniste.
L’interprétation est la suivante : il y a des périodes où la mise en contact des économies c’est-à-dire des
développements des échanges est un facteur de croissance mais comme l’univers économique n’est pas
parfaitement fluide il est possible que ces mouvements de libéralisme international connaissent des
limites.
Il est certain que la concurrence internationale peut aboutir à des phénomènes déflationnistes néfastes
notamment du point de vue de l’emploi  on ne peut pas traiter le débat libre échange / protectionnisme
dans l’abstrait, il doit être envisagé pays par pays et période structurelle par période structurelle.
La théorie classique aboutit à des schémas normatifs et universels dont on ne peut se passer car ce sont les
seuls.
La théorie classique est une sorte de modèle d’économie fondamentale qui est le seul terme de référence
d’une généralité suffisante.
Il s’agit là d’un modèle ou d’une théorie très abstraite mais l’abstraction de cette théorie permet sa
généralité.
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