mesopotamie

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« Ce sont les évènements qui commandent
aux hommes et non les hommes aux
évènements »
HERODOTE
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Le stylo immobile devant la page blanche, j’étais
bloquée. Incapable de trouver comment présenter ces
« Chroniques d’Antan »
Et puis, soudain, l’évidence m’est apparue. Il
suffisait de les classer par siècles et de commencer
par… le commencement : l’Antiquité.
Certes, cette découverte n’était pas aussi
révolutionnaire que la théorie de Newton, mais j’étais
toutefois tentée de crier, à l’instar d’Archimède :
« Eurêka ».
Sans avoir l’outrecuidance de me prendre pour
une disciple d’Hérodote ; en toute humilité, je m’en
suis inspirée. Ce « père de l’Histoire » comme le
surnommait Cicéron, n’est-il pas l’initiateur d’un
genre nouveau : le reportage ?
En présentant au public ses « Histoires » (ou
« Enquêtes »), Hérodote d’Halicarnasse « préserve
de l’oubli les actions des Hommes ».
Tout au long des pages qui vont suivre, je vous
invite donc à une balade dans 40 siècles d’histoire.
Un personnage, une date, un événement raconté. En
un mot, une Chronique…
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ANTIQUITE
(-> 1er Siècle de notre ère)
L’ANTIQUITE. Quel voyage extraordinaire ! Se
promener dans les siècles qui ont précédé notre ère
est une aventure troublante et riche de découvertes.
Et s’il est vrai que nous ne disposons que de bien
peu de documents authentiques, que les dates ne sont
pas précises encore moins rigoureusement exactes et
que les trop rares témoignages sont souvent
contradictoires ; cela reste une balade merveilleuse,
essaimée de mots magiques : Mésopotamie, Assur,
Sumer, Egypte, Israël… Et plus près de nous, la
Grèce et Rome…
Les grands empires que furent l’Egypte
et la Mésopotamie
Représentent les premières tentatives de
l’humanité pour organiser la vie de communautés
d’agriculteurs.
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Ils réussissent principalement à faire vivre des
foules humaines au service des Dieux et des Rois.
Si l’Egypte, figée par son organisation dans un
monde aux structures sociales et intellectuelles
étonnamment stables est entravée par son système
d’écriture limité à la Vallée du Nil ; la Mésopotamie
est au contraire plus ouverte sur un monde extérieur.
Elle connaît la multiplicité des centres politiques. Ses
Rois vont codifier les lois, le commerce et les
rapports sociaux.
Une langue « officielle » est parlée dans toute la
Mésopotamie : l’akkadien. Mais, vers le VIIIème siècle
av. J.C., l’araméen va la supplanter et devenir la
langue de l’éducation et du commerce avant d’être,
dès le VIème siècle, la langue administrative de
l’Empire perse.
ROME
Selon Tite-Live, la fondation de Rome date de 753
av. J.C. Cette date est officiellement retenue par les
historiens.
Mais, loin de la légende de Romulus et Remus,
admirablement contée par l’historien romain,
l’archéologie nous indique que le site de Rome est
déjà occupé au Xème siècle avant notre ère par un
ensemble de villages répartis sur les collines
environnantes.
Bien avant d’être la plus grande ville du Latium,
Rome, semblable à de nombreuses cités, est une petite
forteresse protégée par l’escarpement de ses collines,
les marais et le Tibre. Cependant, sa capacité à
assimiler, à refaçonner et à faire siennes les coutumes
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venant de cultures étrangères sont autant d’éléments
qui, très, vite, vont contribuer à son épanouissement.
Avec les premiers rois étrusques, Rome recueille
un héritage matériel et moral considérable. Ses
institutions politiques et religieuses, son architecture
s’inspirent du génie étrusque. Et, même les vêtements
sont calqués sur la mode de ce peuple de Toscane.
En quelques siècles, Rome s’impose aux dépens
des autres peuples de la péninsule, une région d’une
extrême bigarrure ethnique, culturelle et linguistique.
Elle prend le contrôle de la « Ligue Latine ». Puis,
après avoir triomphé des invasions gauloises, elle la
dissout et intègre les cités membres à la République.
Rome peut alors commencer sa politique
d’expansion. La République et, plus tard, l’Empire,
vont transformer la Méditerranée en un immense lac
romain et grignoter presque tout l’Occident.
ET PUIS, IL Y EUT L’EMPIRE,
Au lendemain de la Bataille d’Actium (31 av. J.C.)
Octave met fin à la dernière guerre civile qui déchire
Rome depuis près d’un siècle. Il dirige seul
désormais.
Il lui incombe, maintenant, d’édifier un nouvel état
politique, d’instaurer un ordre nouveau.
En 27 av. J.C., le Sénat lui décerne le titre
d’Auguste. Octave devient Imperator Caesar
Augustus. L’Empire est né. Il survivra à son créateur
plus de quatre siècles.
La « Pax Romana » va s’étendre à tous les
territoires conquis ou associés. Ce sera la plus longue
période de paix et de stabilité qu’ait connue l’Europe
jusqu'à aujourd’hui.
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La Rome Impériale, une ville à la population
considérable dont la grandeur architecturale et la
beauté marmoréenne de ses édifices publics
contrastent
avec
l’entassement
anarchique
d’immeubles abritant la plèbe urbaine, la masse
anonyme d’un prolétariat.
Dès lors, comment concilier la haute tenue morale
des penseurs avec les applaudissements inhumains et
la frénésie qui saluent dans l’arène, la mise à mort du
vaincu ou le martyr d’un supplicié.
« Panem et Circenses » une expression qui
exprime une réalité de l’organisation impériale. En
effet, depuis Néron « le peuple romain est absorbé
par deux choses : son ravitaillement et ses
divertissements », et l’Empereur se doit d’en assurer
le bon fonctionnement. Le pain quotidien est garanti
par la distribution mensuelle du « Portique de
Minucius » tandis que les distractions sont réglées par
un calendrier rigoureux.
Une chose est évidente : l’Empire romain va
dominer les premiers siècles de l’ère chrétienne.
Le premier siècle de l’ère chrétienne, le ton est
donné. Jésus mort sur la croix sous le règne de Tibère,
le christianisme va se propager grâce aux apôtres.
Que Pline le Jeune ne fasse aucune allusion à son
existence, que Tacite ou Suétone n’en parle que par
ouï-dire, il n’en demeure pas moins que parti de
Jérusalem, le christianisme est déjà présent à Rome
dès le règne de Claude (41->54).
Un peu plus de trois siècles plus tard,
Constantin Ier en fera une religion d’Etat.
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MESOPOTAMIE
– 3 souverains, 3 « Codes »,
– 689 av. J.C., Babylone est détruite,
– 539 av. J.C., Cyrus II le Grand
– Le Cylindre de Cyrus.
ROME :
– 640 av. J.C. : Ancus Marcius est élu Roi,
– 56 av. J.C. : Et l’Armorique devint romaine,
– 29 av. J.C. : Virgile commence « l’Eneide »,
– 9 av. J.C. : Tite-Live arrête son Histoire de
Rome,
– 19 ap. J.C. : Tibère fait déporter 4000 Juifs,
– 29 ap. J.C. : la mort du Baptiste
– 73 ap. J.C. : la chute de Massada,
– 79 ap. J.C. : le Vésuve détruit Pompéi,
Herculanum et Stabies.
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MESOPOTAMIE
3 SOUVERAINS, 3 « CODES »
En 7 siècles, trois souverains mésopotamiens
vont promulguer 3 « Codes » juridiques,
jetant ainsi les bases d’une législation plus
équitable.
TROIS DATES : 2350 av. J.C., 2100 ou 2050 av.
J.C., 1750 av. J.C.
TROIS SOUVERAINS : URUKAGINA, URNAMMU et le plus célèbre : HAMMOURABI.
TROIS ETATS : LAGASH, UR et BABYLONE.
Ces trois Codes juridiques, les plus anciens connus
aujourd’hui,
nous
dévoilent
l’évolution
et
l’organisation de la société mésopotamienne du IIIème
et du IIème millénaire avant Jésus Christ.
L’appellation « Code » en Mésopotamie, désigne
des œuvres à caractère législatif comprenant trois
parties :
– 1 prologue exaltant l’autorité et la légitimité du
législateur,
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– 1 corpus représentatif des décisions de justice,
– 1 épilogue traduisant la sagesse et l’expérience
du monarque et devant inciter ses successeurs à
utiliser son Code.
– 2350 av. J.C. : le 1er Code de Justice Sociale
Près de 600 ans avant le célèbre Code
d’Hammourabi, URUKAGINA, Roi de Lagash, CitéEtat du pays de Sumer, établit le 1er Code connu de
Justice sociale. Ce Code est parvenu jusqu'’à nous
grâce à la grande quantité d’archives cunéiformes
découvertes sur le site de l’antique cité de Girsu
(actuelle Tello dans le sud-ouest de l’Irak).
URUKAGINA,
Roi
de
LAGASH,
est
généralement considéré comme un usurpateur, car on
suppose qu’il n’appartenait pas à la dynastie royale.
Lorsqu’il monte sur le trône de Lagash, la cité est
secouée par de grands troubles sociaux. Il s’attache
aussitôt à rétablir la paix sociale en éliminant
l’iniquité qui règne dans la cité.
Six documents, découverts sur le site
archéologique de Tello, nous enseignent la manière
dont il a réglé tous les abus en révoquant notamment
une partie des percepteurs d’impôts, en diminuant les
taxes sur les funérailles que percevaient les prêtres et
en interdisant l’oppression des pauvres par les riches.
Une tablette nous décrit la terrible défaite infligée
par Umma, une cité voisine, à Lagash. C’est un fait
unique dans l’histoire de la Mésopotamie, où l’on ne
relate, en général, que les victoires.
Suite à cette défaite et à la victoire de Sargon
d’Akkad sur Umma, Lagash perd son indépendance et
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devient la capitale d’une province de l’Empire
d’Akkad. Le règne d’Urukagina s’achève.
Urukagina s’est-il rallié à Sargon d’Akkad ? C’est
possible, car on retrouve son nom sur l’obélisque de
Manishtusu.
On peut voir au Musée du Louvre, à Paris, un
fragment de cône d’argile mentionnant le creusement
d’un canal par Urukagina.
LAGASH, cette Cité-Etat est la mieux
connue de Basse-Mésopotamie (actuel Irak)
pour la seconde moitié du IIIème Millénaire
avant Jésus Christ. Située sur le fleuve
Euphrate, elle possède un débouché à la mer
sur le Golfe Persique. Grâce à ce fleuve qui
sert de source pour un important réseau
d’irrigation, Lagash est une des plus riches
régions agricoles de Sumer.
Nous connaissons peu la vie sociale des cités
sumériennes. Il semble toutefois que la femme
y fut particulièrement libre et l’égale de
l’homme. Elle pouvait exercer une fonction
importante, acheter et vendre maison et
jardin attenant et posséder des esclaves.
Les archives retrouvées témoignent de la
prospérité de Lagash et de Girsu (capitale
religieuse).
AKKAD, en annexant un ensemble de microEtats et notamment Sumer, SARGON
d’AKKAD fonde un vaste empire qui va
dominer la Mésopotamie dès la fin du
XXIVème siècle av. J.C. Pour la première fois,
apparaît une grande construction étatique
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qui s’étend du golfe persique à la
Méditerranée.
Il s’impose comme conquérant et
administrateur.
Ses successeurs vont régner sur ce vaste
territoire durant près de deux siècles grâce à
une organisation politique souple, centralisée
à Akkad, et appuyée par un personnel
administratif et une armée performante.
5000 tablettes en caractères cunéiformes et
rédigées en akkadien provenant de plusieurs
sites dispersés géographiquement, nous
documentent sur cet empire.
2100 ou 2050 av. J. C. : le CODE d’UR-NAMMU.
Le Code d’UR-NAMMU est le plus ancien
Code juridique qui nous soit parvenu dans sa
quasi intégralité. Il est rédigé en sumérien.
Bien que le prologue attribue les lois au Roi
Ur-Nammu, certains historiens estiment qu’il
pourrait s’agir de l’œuvre de son fils
SHULGI. En effet, Ur-Nammu serait mort
en 2094 av. J.C. et une datation précise des
tablettes, à 50 ans près, est impossible.
Si les deux premiers fragments découverts à Nippur
en 1952 et traduits par l’assyriologue Samuel Kramer
ne permirent d’en connaître que le prologue ; en 1965,
à Ur, des tablettes furent trouvées contenant 40 des 57
lois soit presque l’intégralité de ce Code qui précède
d’environ trois siècles le Code d’Hammourabi.
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Les Lois y sont exprimées sous la forme
casuistiques et les arrêts sont dépersonnalisés ;
Exemple : – « Si un homme commet un meurtre,
cet homme doit être tué. »
Crime, vol, enlèvement, viol, divorce ou
sorcellerie sont envisagés dans ce Code qui s’appuie
sur un système où les témoins déposent sous serment
devant des juges professionnels.
Ur-Nammu, soucieux de justice, institue
également une forme de compensation financière en
cas d’atteinte physique. Toutefois, le meurtre, le vol,
l’adultère et le viol restent punis par la peine capitale.
La protection de la veuve, de l’orphelin et du pauvre
est également prévue.
Enfin, en instituant ce Code, le souverain décrète
« l’équité dans tout le pays », non seulement par les
lois édictées mais aussi en standardisant les poids et
mesures et en créant l’étalon monétaire (argent).
UR-NAMMU,
Au milieu du XXIIème siècle av. J.C., l’Empire
d’Akkad est détruit par les Gutis, peuple barbare qui
domine le pays de Sumer et d’Akkad. Mais les
Sumériens vont réagir à cette domination.
Un homme : Ur-Nammu, va les libérer et fonder la
3ème DYNASTIE d’UR. Il se fait couronner Roi
d’UR, de SUMER et d’AKKAD. Son but : réunir
toutes les puissantes cités du sud de la Mésopotamie
dans un grand Empire Sumérien. Il se présente en
continuateur du puissant Royaume d’Akkad. Son
autorité est fermement établie.
Durant son règne de 18 ans, Ur-Nammu va
consacrer son énergie à la remise en état du réseau de
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canaux d’irrigation sans lequel aucun développement
économique n’est possible. Il développe l’agriculture,
fait drainer des marais pour y planter des dattiers.
Pour faciliter le transport des marchandises et ainsi
augmenter les échanges commerciaux, il lance un
grand programme de réaménagement des routes. Ur
retrouve sa richesse de grand port commercial. Il
instaure également le cadastre.
Si Ur-Nammu est principalement connu pour son
Code de lois, il ne faut pas oublier son rôle de
bâtisseur, les grandes cités sont restaurées et
agrandies. Leurs fortifications relevées.
A sa mort, son fils SHULGI lui succède.
3ème DYNASTIE D’UR,
Ur est une des plus anciennes villes de
Mésopotamie. Située sur l’Euphrate et
proche du Golfe Persique, c’est une ville
sumérienne
très
puissante
en
ce
ème
III millénaire av. J.C.
Dans l’Ancien Testament, Ur est la ville
d’origine d’Abraham.
La période de la 3ème Dynastie d’Ur est
remarquable
par
la
quantité
de
documentation écrite qui nous est parvenue et
qui nous renseigne sur le fonctionnement du
royaume, son économie et certains aspects de
sa société. Les souverains ont essentiellement
fait usage du sumérien qui reste la langue
dominante.
A la mort d’UR-NAMMU, son fils SHULGI
hérite d’un état bien organisé, servi par des
fonctionnaires efficaces.
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Tout en poursuivant l’œuvre de son père,
Shulgi se lance dans une politique
expansionniste, notamment vers le nord de la
Mésopotamie et Elam.
Après 48 ans de règne, Shulgi meurt. AmarSîn lui succède, il s’empare d’Assur. Ses
victoires assurent le calme dans le royaume.
Ces trois souverains ont fait d’Ur une ville qui
s’est grandement enrichie par le commerce
international. Ce sont également de grands
bâtisseurs, sous leurs règnes sont apparues les
premières grandes ziggurats dans les
principales villes religieuses. Ils ont posé les
bases des grands royaumes qui vont succéder.
1750 av. J.C. : LE CODE D’HAMMOURABI
En 1901, l’archéologue français Jacques de
Morgan, découvre à Suse (Iran), une stèle de
2,5 m. de haut surmontée d’une sculpture
représentant Hammourabi debout devant
Shamash, Dieu du Soleil mésopotamien.
En dessous un long texte est écrit en
caractères cunéiformes akkadiens : le CODE
d’HAMMOURABI.
Comparé aux Codes d’Urukagina et d’UrNammu, ce code constitue, grâce à son
étonnante conservation, le document le plus
complet de l’abondante production juridique
des Cités-Royaumes de Mésopotamie.
On peut admirer cette stèle au Musée du
Louvre à Paris. Une copie est également
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exposée au
Téhéran.
Musée
Archéologique
de
Le texte est plus légal que juridique. L’écriture y
est simplifiée, utilisant un nombre restreint de signes,
afin d’être comprise par tous.
Tous les articles sont construits sur le même
schéma grammatical : une phrase au conditionnel
suivie d’une réponse annonçant la sanction.
Il est à noter que ce style casuistique servit de
modèle aux scribes durant plus de 1000 ans.
Après une apologie du Roi vantant ses grandes
qualités et les motivations qui l’ont poussé à mettre en
place ce Code afin que « le fort n’opprime plus le
faible », viennent les différents articles qui détaillent
non seulement les crimes et délits et leurs sanctions, les
droits de la famille, les conditions d’exercice de
certaines professions, l’esclavage et le traitement des
prisonniers de guerre ; mais, également, la
responsabilité professionnelle, la gestion du domaine
agricole, l’irrigation, le creusement et l’entretien des
canaux.
Hammourabi fit graver ce Code dans plusieurs
ville « afin de proclamer la justice en ce pays, de
régler les disputes et réparer les torts ».
– « Si quelqu’un a assez de discernement pour se
trouver capable de tenir en ordre ce pays, qu’il
prenne garde aux paroles que j’ai marquées sur la
présente stèle. Celles-ci lui montreront la marche et
la conduite à tenir. »
Ainsi se conclut le Code d’Hammourabi.
Enfin, le Code d’Hammourabi est une source
exceptionnelle de connaissance de la société, de la
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