Le Renouveau des Musées Deux jeunes stylistes Niçoises sortent

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MUSÉES///ART CULINAIRE///FESTIVALS///MODE///ARCHITECTURE///PHOTOgraphie
Dossier de rentrée
Le Renouveau
des Musées
Mode
Deux jeunes stylistes
Niçoises sortent
leurs Griffes !
Atelier d’artiste
Bernard Pagès
Le Mariage des contraires
Littérature
Mouans-Sartoux
Une ville à la page
SAG'ART : La Galerie Ferrero
Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes
Jean Ferrero,
Curieux de Tout
Making of
MERCI !
Ardoise et autres histoires (Petits contes aléatoires d’arts et d’hommes)
Art Côte d’Azur
Supplément culturel des
Petites Affiches des Alpes
Maritimes Numéro 3418
du 12 au 18 septembre 2008
Bimestriel.
ISSN 1962- 3569
Place du Palais
17 rue Alexandre Mari
06300 NICE
Ont collaboré à ce
supplément culturel :
Rédacteurs
Florence Canarelli
Olivier Marro
Direction Artistique
François- Xavier Ciais
Création Graphique
Maïa Beyrouti
Photographe
Jean-Charles Dusanter
Photo de Couverture
Courtesy de l’artiste photographe
Hugues Lagarde
« On my way »
Nice, La Réserve
Décembre 2007
Contacter la Rédaction :
Valérie Noriega
Tél : 04 92 47 21 81
Fax : 04 93 80 73 00
[email protected]
www.artcotedazur.fr
Art Côte d’Azur est imprimé
par les Ets Ciais Imprimeurs/
Créateurs labellisés
« Imprimeur Vert », sur
un papier répondant aux
normes FSC, PEFC et 100%
recyclé.
La rédaction décline toute
responsabilité quant aux opinions
formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur.
Tous droits de reproduction et de
traductions réservées pour tous
supports et tous pays.
Saison solaire, l’été finissant
proclame la rentrée.
Pas question pour autant de
cesser de cligner des yeux
devant les aplats de sable fin, les
accumulations hasardeuses de
galets, les ondulations marines
et montagneuses de notre
département ! Car c’est souvent
de ces beautés éclectiques et
mouvantes que naît l’inspiration
fugace. Les artistes d’ici l’ont
bien compris - eux qui toujours
lèvent le nez et regardent ailleurs que dans leurs listes de
fournitures de rentrée – pour
trouver aux détours de chemins
inattendus leurs sources inépuisables de créations, de questionnements. Suivons leurs pas,
osons inviter l’art à envahir notre
quotidien, notre ville, détournons
les traditions et les objets de leur
fonction usuelle, pour cultiver
les connivences, appréhender et
apprivoiser le rare : comme Ema
tricopathe, jeune styliste, qui
dans les embouteillages choisit
de tricoter les feux rouges en
attendant qu’ils passent au vert,
ou Bernard Pagès, artiste immense, qui transfigure la nature
en œuvres d’art déterminées
en lui associant des éléments
industriels contraires.
Faisons appel à la créativité
de ces artistes réfléchis et un
brin farfelus pour créer une vie
multidimensionnelle qui déborde
de ses contingences et abreuve
notre soif d’apprentissages
inédits : Alain Llorca, Chef étoilé
du Moulin, s’affranchit d’une
certaine tradition culinaire et
invite l’art et le design à revisiter
sa gastronomie, le Festival Sept
Off à Nice devient In, l’Avocat
Jean-Jacques Ninon revêt sa robe
d’artiste-plasticien et « croque »
avec jubilation les ardoises pour
régler son compte à la surconsommation, le photographe Hugues Lagarde change d’objectif
et zoome de l’architecture baroque au nu le plus épuré, Daniel
Benoin, Directeur du Théâtre
National de Nice s’enflamme
pour le cinéma, Emmanuelle
Esther et Alexandra Ferrarini
détournent la mode en mode
de vie et Guy Rottier réinvente
l’habitat en créant une maison en
carton qu’on brûle après usage…
Saison sous influence, l’automne
débutant annonce les vendanges.
Ces histoires et d’autres vous
attendent au coin du bois, au
coin de la rue, au bout de ces
pages ! Vous l’avez compris aux
grains de raisins nous préférons
les grains de folies artistiques et
nos récoltes culturelles seront
millésimées « engagées et
inspirées » !
VN
LE SITE INTERNET EST ARRIVÉ : www.artcotedazur.fr
Toute l’équipe est heureuse de vous annoncer
officiellement la mise en ligne du site
www.artcotedazur.fr !
Le magazine papier et
le site web se répondent mutuellement en
nourrissant un rapport
proche avec les artistes,
acteurs culturels locaux
et habitants du Département, tout en œuvrant
pour une ouverture
internationale de l'art
azuréen!
Vous retrouverez bien
sûr les articles du magazine papier enrichis
de photos inédites, un
agenda culturel mis à
jour quotidiennement,
une newsletter : bref le
véritable panorama des
pratiques
artistiques
et des artistes qui font
notre région !
Ensemble, nous nous
donnons l’ambition de
promouvoir l’art à destination du plus grand
nombre, de soutenir le meilleur de la création
de la région et de vous présenter des artistes ou
mouvements qui ne vous sont pas encore familiers, mais dont le positionnement
s’affirme
déjà comme décisif !
Au-delà de cette fonction initiale de diffusion et d’informations
artistiques et culturelles, nous souhaitons
également que ce site
devienne grâce à vous un
lieu d’expérimentation à
part entière : des espaces
de présentations librement modulables sont à
votre disposition (galeries virtuelles) pour proposer de nouvelles ouvertures dans le champ
des
questionnements
sur l’art, et offrir aux
amateurs des œuvres
(performances)
fortes
de sens et de qualité
plastique !
Venez nous rejoindre
sans attendre et agrandir la communauté
« Art Côte d’Azur » !
En Ville
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MONACO
Vers un Musée National
d’envergure internationale
© J-C Dusanter
Grasse
Un Parfum de Renouveau
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Antibes
Picasso Revient à Antibes
© Le Moulin de Mougins
Mougins
Une Affaire de Goût
Nice
Un « Sept Off » devenu « In »
Cannes
Frédéric Ballester,
Excessivement Passionné
© Robert Matthey
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FOCUS
Mouans-Sartoux
Une Ville à la Page !
© M.I.P.
La Vie des Arts
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Ninon « Une Erreur d’Aiguillage »
Artiste
En Ville 5
© H. Lagarde
Guy Rottier, L’Enfance de l’ArTchitecture
Architecture
Hugues Lagarde, Le Plus Simple Appareil
Dans l’Objectif
Filles à Fil : Alexandra Ferrarini
& Emmanuelle Esther
Sortent leurs Griffes
© F. Elalouf
MODE
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SAG’ART : La Galerie Ferrero (partie 1)
Jean Ferrero, un curieux personnage
Figure de l’Art
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36
Bernard Pagès, le mariage des contraires
Atelier d’Artiste
© J-C Dusanter
Daniel Benoin
Quand le TNN Sort de ses Gonds
EN SCène
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Cinémix : Danse avec les loops
En Musique
© J-C Dusanter
En Ville 
M O NA C O
N o u v e a u M u s é e N at i o n a l d e M o n a c o
Vers un Musée
National d’envergure
internationale
Initié par le Prince Rainier III, le projet du Nouveau Musée
National de Monaco (NMNM) monopolise depuis 2003 l’Etat
et les instances culturelles. L’enjeu est de taille : faire de la
Principauté une nouvelle grande destination culturelle.
D
© J-Ch Dusanter
Dessus et ci-contre :
Jean-Michel Bouhours
Conservateur du NMNM
ans son discours d’avènement, S.A.S le Prince
Albert II avait confirmé que la
création du Musée National serait inscrite aux grands travaux
de son nouveau règne. Est-ce le
brillant parcours du Forum Grimaldi qui depuis 2001, au travers de ses événements estivaux
connaît une fréquentation expo-
nentielle, qui aurait réveillé cette
soif de reconnaissance culturelle
amorcée par l’Opéra et Les Ballets de Monte-Carlo ? Il est vrai
que l’exposition « Les Années
Grace Kelly » sous le Commissariat de Frédéric Mitterrand y
a pulvérisé en 2007 son record
d’affluence (135 000 visiteurs) et
fut accueillie encore en juin der-
nier en grandes pompes à Paris !
Toujours est-il que ce projet ambitieux qui devrait conférer à la
Principauté la grande institution
qui lui fait défaut depuis la fermeture en 1958 du Musée des
Beaux-Arts, est entré dans sa
phase active en 2004.
Jacques Monory Opéra glacé n°7
(erotico Gustave Moreau)
1975, Huile sur toile, 195 x 388 cm
Collection du Nouveau Musée National,
n°2003.9.1
Crédits photo : Marcel Loli

6
De Van Dongen à Rebecca Horn
Trois objectifs ont été définis : l’élaboration d’un
projet culturel, la mise en place d’une politique
d’acquisitions et l’organisation d’expositions de
préfigurations. Afin de coordonner ces différentes
missions qui devraient permettre de voir poindre
à l’horizon 2015 ce navire amiral aux ambitions
internationales, Jean-Michel Bouhours a été nommé en 2003 Conservateur du NMNM. Un mandat
qui devrait s’achever pour lui à l’automne prochain. Dès sa prise de poste, l’ex-Conservateur
du Centre Georges Pompidou à Paris, a du mettre
en place une stratégie cohérente ! En héritant du
fond de l’ancien Musée des Beaux-Arts, d’une collection de 4500 costumes des Ballets de MonteCarlo et de prestigieuses pièces contemporaines
(Picasso, Mathieu, Monory, Villeglé) Jean-Michel
Bouhours a dégagé un fil d’Ariane : les arts et le
spectacle devraient servir d’axe thématique au futur Musée. Depuis 2004 il a également initié une
importante politique d’acquisitions soutenue par
les collectionneurs et les d’amateurs d’art résidant sur le rocher, qu’une telle annonce n’a pas
laissé insensibles. Les mises en dépôts d’œuvres
contemporaines, les donations ont ainsi élargi un
spectre reposant initialement sur l’Ecole néo-classique, les tableaux lumineux du XIXème, un fond
de peintures néo-impressionnistes ainsi que celui
des Ballets russes. « Un ensemble unique d’œuvres «fauves» de Kees Van Dongen qui résida à
Monaco (1949-68) s’en dégage aujourd’hui, qui
devrait permettre de faire du NMNM le plus beau
musée Van Dongen ayant jamais existé ». Une
vingtaine d’œuvres ont été acquises dans ce sens
dont 7 toiles comme les rarissimes « Lutteuses de
Tabarin ». Les autres acquisitions réalisées grâce aux dotations de l’Etat (près de 3,5 millions
d’euros de 2006 à 2008) ont servi à combler une
lacune dans le registre contemporain. Le fond
s’est ainsi enrichi d’œuvres d’Alberto Magnelli,
Valerio Adami, d’Ange Leccia, de Rebecca Horn
ou plus récemment de Gabriel Basilico.
« Une politique d’acquisitions qui a permis de
multiplier par 20 depuis 2004 la valeur de la collection » précise Jean-Michel Bouhours.
M O NA C O
 En Ville 7

Kees Van Dongen Dame au Lévrier Bleu, 1919
Collection Palais Ruspoli Romes

Rebecca Horn Weisser – körperfacher 1, 1972
Photographie noir et blanc – tirage argentique (2000), 80 x 60 cm
Collection du Nouveau Musée National, n°2003.11.2
Crédits photo : Rebecca Horn
Un Musée Phare sur le Larvotto ?
© J-Ch Dusanter
Le flou n’étant pas, pour une fois, artistique la
collection en attendant de trouver ses murs se
présente au public à travers des expositions temporaires qui permettent 4 fois par an de dévoiler
ses enrichissements, ses champs d’activité et de
réflexion. Ainsi le dernier accrochage au Quai Saint
Antoine donnait à découvrir cet été toute l’étendue
du talent de Kees Van Dongen. Toujours dans le
cadre de ses missions de préfiguration, le NMNM
investira en 2009 la Villa Paloma, « 600 m2 sur 4
niveaux », la Villa Sauber continuant, elle, d’abriter de plus petites expositions comme « la Scène
Moderne » qui dévoilait en 2007 les acquisitions
faites depuis 3 ans. « Il s’agit de lieux transitoires,
de marchepieds vers la phase d’édification du futur
Musée ! », tient à souligner Jean-Michel Bouhours
au moment où l’on planche encore sur le choix définitif de l’implantation du NMNM.
« L’édifice requiert une surface de 12 000 m² pour
abriter les espaces d’expositions et toute la logistique. Sur le Rocher, cela ne se décrète pas du jour
au lendemain ! ». Début 2008 une commission a
été mise en place afin de départager les sites pressentis avant de pouvoir lancer le concours d’architecte. La future extension du Larvotto sur la mer
semble réunir aujourd’hui tous les suffrages. L’endroit s’avérant particulièrement propice à recevoir
cet édifice ainsi qu’une grande bibliothèque comme cela a pu être évoqué, créant en bout de jetée le
grand phare culturel dont rêve la Principauté ! « Construire un Musée, c’est transmettre la plus
haute idée de l’homme » disait Malraux, pas une
mince affaire pour Monaco où l’on est pourtant
rompu à l’art de poser les premières pierres. Et si
l’on prend son temps, c’est que le challenge est
d’importance y compris au niveau des retombées
économiques : «Une grande métropole d’affaire se
doit d’être aussi une grande métropole culturelle.
La Principauté qui en a pris conscience s’apprête à
franchir un nouveau cap, voire à redéfinir une identité qui s’est nourrie jusqu’ici de ses casinos et de
son aura glamour ».
Un virage à négocier aussi délicat pour Monaco que
ceux qui jalonnent son célèbre Grand Prix automobile ? Pour son conservateur tout l’enjeu est là : « la
Principauté est aujourd’hui au pied du mur. Ce nouveau Musée, c’est l’étape décisive si elle souhaite
rivaliser avec le Gotha des destinations culturelles
que sont Barcelone, New-York ou Paris ! »
 www.nmnm.mc
OM
8
En Ville 
G R ASS E
Musée
un parfum de renouveau
Passé de la ganterie à l’artisanat,
puis à l’industrie aromatique, le
parfum sera-t-il spirituel au XXIème
siècle ? La renaissance du Musée
International de la Parfumerie (M.I.P)
devrait y concourir dès le 18 octobre.
M
© J-Ch Dusanter
Marie-Christine Grasse
arie-Christine Grasse est le
Conservateur en charge de ce
défi. Bien que née à Paris, il lui était
difficile avec un tel patronyme de ne
pas postuler dans le berceau historique de la parfumerie. C’est ce qu’elle
fit avec succès en 1990. En parallèle
de son cursus elle a suivi les BeauxArts, et même opté pour une spécialisation dans le verre. Mais le parfum
ne se réduisant pas au flaconnage
et fédérant une cinquantaine de métiers autour d’une filière grassoise qui
réalise prés de 10% de la production
mondiale, le Conservateur en chef
Le nouveau M.I.P semble
être dans l’air du temps
et s’émanciper du poids
de l’héritage que Grasse
représente en matière de
parfum ?
Dès le départ le cahier des charges était de renforcer le rayonnement international du Musée.
La collection avait le potentiel, il
suffisait de changer le discours,
de décloisonner. En 2008 on a le
droit de s’amuser dans un musée
tout en apprenant !
Tous les publics y trouveront leurs
marques y compris les moins de
10 ans pour lesquels ont été prévus une garderie, un audio book
et des ateliers. Désormais au lieu
de parler de l’antiquité on y par-
Ce nouveau lieu polysensoriel ouvert
sur le vivant, via les nouvelles
technologies et l’art actuel a pour
mission de sortir le parfum de son
flacon, pour en diffuser plus largement toute sa magie…
des musées de Grasse a décidé de
placer le nouveau M.I.P au centre de
la profession et de l’ouvrir à l’international en utilisant tous les moyens
de la muséologie actuelle. Aussi la
réalisation d’un nouvel écrin de 3400
m2 a-t-elle été confiée à l’architecte
Frédéric Jung qui, en quatre ans, a
doublé la surface de l’ancien Musée
inauguré en 1989, en annexant trois
bâtiments historiques reliés par une
grande nef de verre. Coût total de
l’opération 14 millions d’euros. Un
parfum de folie flotte sur Grasse,
mais quelle en est la composition ?
lera des antiquités et au lieu du
XXème siècle on parlera de tous
les XXème siècles. Comment se
parfume-t-on au Mali, à Tunis
ou à New York ?
Ce nouvel outil adapté à son siècle et à l’ère de la mondialisation
a séduit d’emblée les industriels
et partenaires.
Comment avez-vous
réussi à concilier la partie
« conservatoire » avec ce
souci d’ouverture ?
Le M.I.P se devait d’être le témoin
de notre société car derrière la
parfumerie il y a l’hygiène, la thérapeutique, la beauté, le désir de
plaire, de communiquer. La muséographie s’est dégagée d’une
chronologique scolastique en
créant des passerelles entre les
périodes. A chaque âge est rattachée une thématique intemporelle. Le jardin des simples (plantes
médicinales) par exemple est à la
base de l’aromathérapie actuelle,
l’élégance permet de présenter
certaines fragrances de Chanel,
l’antique Kouros ou la préciosité
du XVIIIème siècle des créations
de Lolita Lempika. La cerise tient
parce qu’il y le gâteau dessous,
mais on n’est pas forcer de le
déguster couches par couches !
L’autre intention était d’aborder
la discipline à travers tous les modes d’expression : les arts décoratifs, le design, l’industrie et de
tracer un circuit d’art contempoVue exterieure du M.I.P
G R ASS E
rain qui donne la chance à des artistes vivants d’enrichir le Musée.
N’oublions pas que sur la Côte,
il y a une forte tradition dans ce
domaine de la Fondation Maeght,
à l’Espace de l’Art Concret via le
MAMAC ou la Villa Arson.
Comment l’art contemporain entrera-t-il dans ce
nouveau parcours ?
Un musée n’est pas un lieu de
culte, mais de culture, il doit poser des questions. Nous avons
commencé par faire des acquisitions dont une installation picturale de Peter Downsbrough. Nous
avons confié à Gérard Collin-Thiebaut le soin de créer à partir d’un
lot d’étiquettes de parfumeurs
un faux papier-peint qui sera présenté dans la partie XIVème siècle
dédiée à la mécanisation et à la
réclame. Jean-Michel Othoniel,
qui a participé à l’accompagnement artistique du
Tramway à Nice, réalisera
une fontaine bijou en
verre soufflé blanc et
rouge sur le thème de
la frivolité, au sein du
jardin des XVIII et XIXème siècles (jardin où
est exposé le coffret
de voyage de Marie
Antoinette). Dominique Thévenin dont
une œuvre habille
le parvis du MAMAC
a travaillé lui sur la récupération
des cuves de l’industrie de la parfumerie. L’artiste niçoise Brigitte
Nahon sur des structures en verre olfactif. Le M.I.P pourra donc
se visiter en dehors de son fond
patrimonial ou scientifique avec
les artistes contemporains tout
comme avec les odeurs créées
par l’école des parfumeurs (SIPCA). Plusieurs niveaux de lecture
seront proposés, le but étant de
revenir plusieurs fois.
Des animations viendrontelles ponctuellement
enrichir cet écrin ultramoderne ?
Le M.I.P. ne sera pas seulement
un musée olfactif et interactif
équipé d’un auditorium, d’écrans
vidéo, d’audio-guides en quatre
langues, il sera en prise directe
avec notre époque. Dans cet esprit des expositions temporaires
seront organisées permettant à
des créateurs tels Michel Blazy,
Pierre & Gilles ou Bettina Rheims
de confronter leurs univers avec
celui du parfum. Les parfumeurs
étant encore bien vivants, nous
accueillerons des colloques,
des conférences, permettant de
mieux cerner qui sont ces personnes qui font vivre cette formidable industrie économique et
culturelle.
 En Ville 9

Le Musée présente une belle
collection de flacons et de
vaporisateurs de multiples
périodes historiques.
Le M.I.P, un nouveau tournant pour l’avenir de Grasse?
En effet et si le discours évolue,
le M.I.P demeure le seul musée
de la parfumerie existant sur la
planète.
Grasse au cœur du Pole PASS* ne
peut pas rater ce virage pour
lequel nous avons obtenu le
soutien de nombreux partenaires comme les syndicats, les industriels et
des marques aussi prestigieuses que Guerlain,
Hermès, Chanel, Dior
ou Yves Saint Laurent.
Nous avions 50 000 visiteurs par an, nous en
attendons au moins
le double avec toutes
les retombées que
cela induit !
Rendez-vous le 18
octobre prochain pour
48 heures d’inauguration festives qui
permettront au public
d’entrer de plain pied
dans la nouvelle ère
du Musée International de la Parfumerie.
* Le Pole de Compétitivité
Parfums, Arômes, Senteurs
et Saveurs réunit toute la
filière et siège à Grasse
depuis sa labellisation en
1995.
 www.museesdegrasse.com
OM
10
En Ville 
ANTIB E S
Musée
Picasso revient à Antibes
Le château-musée Grimaldi
est devenu le symbole du
Vieil Antibes. Un site
magique et tellement
méditerranéen … Pas
étonnant que Picasso ait pu
s’y sentir comme chez lui.
Il serait heureux aujourd’hui
de voir le magnifique espace
que l’on vient d’inaugurer
pour lui au deuxième étage.
Visite guidée.
C
(Détail) Picasso assis sur un
matelas à côté du Centaure et
le navire, 1946.
Photographie noir et blanc
17,9 x 24,3 cm, Musée Picasso, Antibes
Photo © Michel Sima / Rue des Archives
© Succession Picasso, 2008.
© imageArt, Antibes, Claude Germain
Picasso devant sa table chargée de bouteilles, 1946. Photographie noir et blanc 18 x 24,4 cm
Musée Picasso, Antibes. Photo © Michel Sima / Rue des Archives © Succession Picasso, 2008
’est une énorme bâtisse carrée en pierres de
taille surmontée d’une tour médiévale devenue le symbole du Vieil Antibes. De la terrasse qui
domine les remparts, la vue est éblouissante sur la
mer. Un site magique et tellement méditerranéen…
Sur lequel fut élevée dans l’Antiquité une acropole
grecque, puis un castrum romain. Avant de devenir
la résidence des évêques durant près de dix siècles, puis d’être achetée par une branche génoise
de la famille Grimaldi en 1385. A cette date, Luc et
Marc de Grimaldi, capitaines d’arbalétriers, étaient
au service de la Reine Jeanne. Trois siècles plus
tard, c’est le Roi Henri IV qui en fait la demeure du
gouverneur de la ville, jusqu’à la Révolution où le
« château Grimaldi » se transforme en hôtel de ville.
Pour finir en caserne à l’époque (1820) où Antibes
était une ville frontière fortifiée italienne, avant son
rattachement à la France en 1860.
Ensuite, le château est laissé à l’abandon… jusqu’à
ce qu’un professeur de français, Romuald Dor de
la Souchère ne s’y intéresse. Nous sommes dans
les années 1920, il est féru d’histoire antique, et
convainc la ville de le racheter pour en faire un
musée d’archéologie, allant jusqu’à lancer une
souscription pour trouver les fonds.
En 1925, le château devient le Musée Grimaldi avec
pour premier Conservateur… juste récompense,
Romuald Dor de la Souchère ! Trois ans plus tard,
le bâtiment est classé monument historique.
Et Picasso entra au château …
Le 17 septembre 1946, le Maître entre au château
Grimaldi, reçu par le Conservateur. Il est venu pour
une petite visite en voisin, depuis la villa qu’il loue
à Golfe-Juan avec sa jeune compagne Françoise
Gilot. Voyant que le lieu l’enchante, Dor de la Souchère propose de mettre à sa disposition une salle
du deuxième étage. Aussitôt, Picasso enthousiaste se met au travail, commençant par dessiner sur
les murs trois têtes de faunes qu’il intitule « Les
Clés d’Antibes ».
« Je ne vais pas seulement peindre pour moi ici. Je
vais vous décorer le musée ».
Le 10 novembre, il repart pour Paris : l’aventure
aura duré deux mois à peine, pendant lesquels
le génie du XXème siècle a réalisé 23 peintures et
44 dessins qu’il laisse en dépôt, parmi lesquels
son chef d’œuvre « La Joie de vivre », gigantesque
bacchanale au bord de la mer. Citons parmi les
autres peintures les plus célèbres, le Nu assis sur
fond vert, Satyre, Faune et Centaure au trident, La
Femme aux oursins, Nature morte à la chouette et
aux trois oursins, La Chèvre… Picasso revient un
an plus tard peindre « Ulysse et les sirènes », juste
ANTIB E S
 En Ville 11
© O. Marro
Vues Exterieures et plans par niveau du Musée Picasso
© Musée Picasso Antibes 2008
avant l’inauguration officielle de la salle Picasso
au premier étage. Peu après, Picasso lègue au musée 78 céramiques, pièces originales qu’il vient de
réaliser dans l’atelier Madoura de Vallauris : Taureau debout, Chouette ovoïde, Échassier, Condor,
Cabri couché…
Le 27 décembre 1966, le château Grimaldi devient officiellement le Musée Picasso. A ce
jour, le musée conserve 275
œuvres de l’artiste.
Aujourd’hui, il retrouve
son atelier
Béton brut et bois blond pour
les matériaux, séparation du
circuit d’entrée et de sortie,
climatisation flambant neuve,
réfection de l’accueil, vestiaires, sanitaires, librairie, mobilier, éclairage…
Fermé depuis mars 2006, le Musée Picasso ouvre
à nouveau ses portes, après une profonde rénovation. Dans ce lieu qui n’était pas destiné à être un
musée, et qui reçoit quelques 200.000 visiteurs
par an, il a fallu repenser la muséographie, explique Jean Louis Andral, son Conservateur depuis
2001.
D’où l’idée de réserver les deux salles voûtées du
rez-de-chaussée à la donation récente de la Fondation Hartung, le premier étage aux expositions temporaires ainsi qu’à l’importante collection Nicolas
de Staël et le second étage à Picasso.
Trente ans après sa disparition, Picasso retrouve son atelier, dans la grande salle toute
blanche qui a retrouvé ses dimensions d’origine. Un espace
idéal pour accueillir les grands
formats, comme le triptyque
intitulé « Ulysse et les sirènes »
(360cm de long).
Le musée possède également
une collection d’art moderne,
commencée en 1951 par Dor
de La Souchère et poursuivie
par les conservateurs qui lui
ont succédé, Danièle Giraudy et Maurice Fréchuret : Modigliani, Calder, Miro ou Picabia ainsi que
les Nouveaux Réalistes et le groupe Supports/Surfaces… Sans oublier Nicolas de Staël, dont les oeuvres
témoignent de son séjour à Antibes en 1954-55. Picasso au Château Grimaldi, un monument de l’histoire de l’art dans un monument historique : une
visite s’impose !
FC
Travaux pratiques
Les travaux de rénovation
ont été supervisés par
Pierre-Antoine Gatier, l’architecte des monuments
historiques, avec Lætitia
Morand, architecte.
Coût : 2,60 M€ pour l’intérieur du château, 4 M€
pour l’ensemble du projet.
Christine Albanel, Ministre
de la Culture et de la Communication, a inauguré le
nouveau Musée Picasso
à Antibes, le samedi 19
juillet 2008.
Visites
château Grimaldi
06600 Antibes
Tél : 04 92 90 54 20
www.antibes-juanlespins.com

Taureau debout, 1947/1948
Terre de faïence blanche
37 x 40 x 30 cm, Musée Picasso, Antibes
© Succession Picasso, 2008.
© imageArt, Antibes, Claude Germain
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En Ville 
M O UGINS
Art Culinaire
une affaire de goût !
Cannes brille par ses étoiles du grand écran, Mougins par
ses étoilés des grandes tables. Et ce n’est pas le fruit du
hasard si le village anobli par Roger Vergé dans les années
60 est pris d’assaut depuis trois ans par une armée blanche
dont la seule langue commune est celle du palais !
M
© Moulin de Mougins
© Moulin de Mougins
ougins, c’est ce petit village au sud de la Gaule qui fait encore de la résistance. Résistance à
la mal bouffe, résistance au mauvais goût ! Mais sur ces hauteurs l’envahisseur n’est pas romain mais bien cosmopolite ! Quant à sa potion magique, après que Roger Vergé l’eut servi
avec un succès exponentiel pendant plus de trente ans en son célèbre Moulin, c’est au tour d’Alain
Llorca de jouer depuis 2004 les druides inspirés dans l’antre sacrée. Cette potion magique qui a donné
des ailes à Mougins, c’est bien sûr la gastronomie avec un grand G. Et, non content de rassembler
dans sa campagne parfumée le fleuron des chefs au point d’avoir fait briller en 1992 sept étoiles à
son firmament, la ville de Mougins a initié depuis 2006 son Festival International de la Gastronomie
et de l’Art de vivre. Avec plus de 10.000 visiteurs et 120 chefs réunis en 2007, ce festival « Les Étoiles
de Mougins » est devenu l’événement majeur de la gastronomie française et étrangère. La troisième
édition s’ouvrira du 19 au 22 septembre. Ouvrez vos papilles, vos yeux et tous vos sens, le spectacle
gourmand descend dans la rue !
© Moulin de Mougins
investira les ruelles du vieux village par espaces
thématiques. « Le stade des pianos » remportant
tous les suffrages : une arène où les chefs se livrent aux fourneaux à des démonstrations face
à un public de fans digne d’un concert live (Voir
photos ci-contre). Parmi eux des étoilés installés
en Riviera, d’autres venus de Rio ou New York
comme, cette année, une brigade de chefs venus
tout spécialement d’Amérique du Nord mais aussi
tous ceux qui redorent le blason de nos terroirs.
Sans oublier les fous cuisinant de « Génération
C ». Cette relève qui fait feu de tout bois dans les
médias, afin de dévoiler les nouvelles tendances
qui habilleront nos papilles : des mets déstructurés revalorisant les légumes oubliés ou bio et
fusionnant des saveurs aux antipodes qui se partagent la cuisson à la plancha, au wok, à la vapeur
ou à l’azote liquide. Le collectif « Génération C »
comme Cuisine, Communication et Culture, qui
rassemble une centaine de chefs, sera d’ailleurs
au cœur de l’exposition du Musée de la Photographie André Villers. Quant au concours des « Es-
© Moulin de Mougins
Le goût des autres
Mougins a toujours noué des liens étroits avec
l’Art. En 1924, Francis Picabia, peintre surréaliste
décide de s’y établir attirant dans son sillage sulfureux les plus grands de ce monde. Parmi eux,
Pablo Picasso qui y passera les quinze dernières
années de sa vie. Un séjour immortalisé par André
Villers qui a donné son nom au Musée de la Photographie de Mougins.
Depuis son baptême par Roger Vergé en 2006,
« Les Etoiles de Mougins » a drainé dans la nouvelle capitale du goût plusieurs milliers de visiteurs
venus de tous horizons afin de découvrir dans la
partie tendre de l’été une centaine de toques toutes générations, styles ou nationalités confondus.
Cette 3ème édition - parrainée par Alain Llorca et
Serge Gouloumès, un autre étoilé qui officie au
Mas Candille -, accueillera comme invité d’honneur Marc Veyrat : « D’un coup de fourchette magique, notre village à l’accent méditerranéen se
métamorphose durant quatre jours en un vaste
théâtre à ciel ouvert » commente Richard Galy,
Maire de Mougins. Ainsi ce troisième millésime
© Moulin de Mougins
© Moulin de Mougins
M O UGINS
© Moulin de Mougins
© Moulin de Mougins
© Moulin de Mougins
poirs de la gastronomie », il tient lieu de bouquet
final à la manifestation au Moulin de Mougins qui
abritera une fois de plus le dîner de gala orchestré
par les chefs « Relais et Châteaux » américains et
azuréens sous l’égide d’Alain Llorca.
Llorca succède à Vergé
De son premier macaron au Haut de Cagnes, à
son deuxième au Negresco, où il imposa à la vénérable institution sa ronde de tapas, jusqu’à sa
reprise du Moulin en 2004, l’ascension de Llorca
fut irrésistible. L’ex-fief de Vergé, indétrônable
bastion des gourmets de la jet-set a pris sous son
impulsion un véritable bain de lumière : de sa table prolongée dans le jardin par une verrière à ses
restanques plantées de bambous et de sculptures
signées Louis Cane ou Sosno, Llorca aime bousculer, Llorca aime l’Art.
Celui qui a fait dessiner sa propre demeure par le
regretté Yves Bayard est le premier à marier avec
autant d’audace les plaisirs de la table avec ceux
de l’art plastique. Sa cuisine nourrie de « sudismes » et d’avant-gardisme et sa créativité irradient
tout le moulin jusqu’au 11 chambres relookées
dans l’esprit « art & tech » : le chef d’origine ibérique convie ainsi au fil des saisons un artiste à revisiter sa propre collection culinaire via une œuvre
créée sur mesure. C’est le designer Peter Larsen
qui ouvrit le ban au printemps avec le « BarreOmètre », une subtile rythmique de bandes colorées
sublimant le « Loup de Méditerranée en compression de légumes ». Cet été Henri Olivier, sur un
concept 100% nature, a effectué un travail sur le
bois dans les jardins. « Pour cet hiver j’ai même
demandé à Sosno de travailler sur une oblitération
de bûche ! » avoue l’étoilé en quête perpétuelle
© J-Ch Dusanter
Alain Llorca devant le « BarreOmètre » du designer Peter Larsen
d’ailleurs comme en témoigne sa sensuelle alchimie des saveurs.
Et la griffe Llorca qui a vu éclore à Vallauris, face
au « Mouton » de Picasso, un Café Llorca dessiné
par Jean-Michel Wilmotte et décoré de verreries artisanales et de clichés vintage d’André Villers n’en
est qu’à ses prémices : « Il y aura d’autres bébés,
l’idée est de recentrer la table du Moulin sur une
gastronomie d’excellence avec seulement 40 à 50
couverts et de développer les Cafés en France et à
l’étranger » commente le chef qui poursuit - aux
cotés de son frère, chef pâtissier et avec plus de
90 employés - la voie étoilée ouverte par le père
spirituel de la « Mougins attitude ».
 www.lesetoilesdemougins.com
 www.moulindemougins.com
OM
 En Ville 13
14
En Ville 
NI C E
Fe s t i va l P h oto g r a p h i q ue
Un « Sept off » devenu « in »
Donner un panorama de la photographie régionale - faite par des professionnels
ou des amateurs de bon niveau, graphistes, plasticiens voire fonctionnaires
urssaf - susciter des rencontres en exposant dans des lieux vivants, fréquentés
par un large public … C’est l’objectif du « Sept Off », qui fête cette année ses
dix ans.
U
n beau jour de l’été 1999, trois photographes indépendants - Robert Matthey,
Jean-Claude Fraicher, et Laurent Colonna
- se retrouvent dans un bar niçois. L’un d’eux
revient du Festival de la photo de Perpignan,
où est organisé parallèlement un « Visa off ».
L’idée fait tilt et quinze jours après, le premier
festival « Sept off » était monté, l’association
créée sous la présidence de Robert Matthey,
les bénévoles recrutés et les exposants choisis
grâce aux carnets d’adresses des trois associés.
Un premier festival très niçois, où les trois amis
exposent avec leurs copains (Alain Legendre,
Frank Follet ou Jean-Marc Pharisien entre autres),
entre le Bar des Oiseaux, la Galerie Art 7, le Manoir
Café, le Forum Fnac ou le restaurant le Vendôme.
Et même au Château Valrose, passé en quelques
jours du statut de débarras à celui de superbe
salle d’expo, grâce à la réactivité de Geneviève
Gourdet, la présidente de l’université de l’époque.
Ensuite, le festival décolle : 70 photographes en
2001, d’abord régionaux puis « méditerranéens »
(2004), qui s’étend au département puis à la Ligurie, dans des lieux somptueux comme le vieux
monastère Santa Maria di Castello de Gênes. Avec
désormais une thématique pour chaque édition :
les « carnets de voyage », « identité méditerranéen Hopital Mopti
éleves CAMM/ENSAD
 Marco Corongi
La Défense
Collectif Terzo Occhio
NI C E
ne »…Il faut dire qu’entre-temps, le « Sept Off » a obtenu le soutien de la Caisse d’Epargne Côte d’Azur, qui remet depuis 2000
un prix « Coup de cœur » de 1500 euros. Sans oublier l’aide
du Conseil Général, et même du Conseil Régional cette année.
Au final, sur dix ans, cinq cents expositions, plus de trois
cents photographes, dix catalogues, quelques 40.000 visiteurs par an. Cette année, le thème choisi, « De la chambre
au téléphone » permet de faire le point sur les bouleverse-
Robert Matthey
 61 ans
 Photographe humaniste
Né à Nice en 1947 avec un père
d’origine suisse, Robert Matthey est venu à la photo par des
voies détournées. Après des
études scientifiques et un diplôme en « signaux et systèmes »
à la Faculté de Valrose, il est
d’abord prospecteur de pétrole dans le Sahara durant deux
ans. De retour à Nice, il se met
à la vidéo - c’était le début de
la vidéo dite « légère » … pour
l’époque (50kg !) - et travaille à
la commande pour diverses entreprises, à Paris et dans la région. Bientôt formateur multimedia, il se met aussi à la photo
d’auteur en noir et blanc - armé
d’un petit Nikon FM2 discret, argentique et entièrement manuel
bien sûr - admiratif qu’il est
des Cartier-Bresson, Salgado, et
autre Depardon. En 1996, rencontre déterminante avec JeanClaude Fraicher, infographiste
et photographe indépendant. Et
trois ans plus tard, création du
« Sept Off de la Photographie ».
Robert Matthey aime le travail
de fond, sur la durée, qui nécessite un contact avec les gens et a
une prédilection pour les sujets
« identitaires » : le Nice de son
enfance, qu’il retrouve aussi en
Ligurie, entre traditions d’hier
et d’aujourd’hui, dans une série
intitulée « les rivages méditerranéens » (2002). Ou encore, les
« Pénitents de France et d’Italie »
(2001), ces laïcs animés par une
 En Ville 15
ments intervenus en dix ans : comme le souligne Robert Matthey, « en dix ans, tous les grands labos de photo ont fermé
à Nice, ne restent que quelques « tireurs » individuels. Et
presque tous les photographes sont passés au numérique ».
Tous, sauf une minorité restée au « noir et blanc argentique
tiré sur papier baryté » à l’image de Robert Matthey, qui a signé
quelques superbes séries de clichés « à l’ancienne » dignes des
plus grands.
foi quelque peu anachronique
et qu’il suit durant dix ans, de
rassemblements en pèlerinages,
« pour l’intérêt visuel surtout »,
n’étant lui-même « ni croyant
ni pénitent ». Sans oublier ses
premiers travaux personnels,
qui furent exposés lors du premier « Sept Off » en 1997 : des
« portraits de rue », pris sur le
vif lorsqu’il sortait la nuit dans
les rues niçoises avec Méde-
cins du Monde. Le Ministère
de l’intégration vient d’ailleurs
de lui passer commande d’une
série sur les « Gitans du camp
des chênes blancs, à l’Ariane »,
dans le but de faire connaître
les cultures minoritaires. Même
s’il travaille désormais en couleurs et en numérique, parions
que ses photographies sauront
rendre leur vérité humaine à
cette communauté méconnue.
Dix ans de « Sept Off »
10 septembre - 5 novembre
www.sept-off.org
 Robert Matthey, Menton -
©R. Matthey
 Robert Matthey Portrait de rue -
©R. Matthey
Au programme cette
année : une cinquantaine
d’expos, pour le même
nombre de photographes, disséminées entre
Marseille et la Ligurie (dans
un monastère de Taggia
par exemple) - entre autres
au Fort Napoléon de La
Seyne, au théâtre Toursky
de Marseille, au Museaav
de Nice …
Une rue de l’image à
Vence, dans la vieille ville,
avec projection rétrospective sur les murs de la cathédrale, accompagnée
en musique par Serge
Pesce. Et un marathon
photographique de 12 heures organisé à Nice : 200
concurrents sont attendus.
Vernissage le mardi
23 septembre, L’Avant
Scène, faculté de saint Jean
d’Angely, avec exposition
rétrospective.
FC
16
En Ville 
C ANN E S
Centre d'Art l a Malmaison
Frédéric Ballester,
excessivement passionné
© J-Ch Dusanter
© J-Ch Dusanter
Excessif mais ne supportant pas les
extrémismes, démocrate virulent et
profondément croyant, fanatique de la
chaine Arte mais détestant les romans…
Entre un père catalan et une mère suisse,
Frédéric Ballester ne pouvait être que
compliqué, tiraillé entre deux mondes.
Un bonheur pour le portraitiste.
J
e suis un démocrate virulent, aime à dire Frédéric Ballester. « Mon père m’a légué sa virulence catalane. Comme lui, je suis républicain, sa
profondeur révolutionnaire est toujours en moi ».
Originaire de Gerone, en Catalogne, et issu d’une
famille bourgeoise, le père de Frédéric Ballester, de son vrai nom Delgado Ballester, était
destiné à être prélat... il choisit le commerce et
s’engagera bientôt dans le camp des républicains durant la guerre d’Espagne, quittant le
pays en 1939 lors de la victoire des nationalistes
pour se réfugier en France. Farouchement engagé pour la liberté, il est aussitôt récupéré par
le réseau Frédéric Joliot Curie (d’où le prénom
donné plus tard à son fils) et devient résistant.
C’est ainsi que naît Frédéric Ballester, à Paris dans
le XIème en 1950, d’une mère d’origine suisse, elle
aussi issue d’une « famille bourgeoise révolutionnaire ». Bientôt, ses parents s’installent dans la région de Toulon : son père monte une affaire dans
l’électroménager, gagne beaucoup d’argent, fait
Frédéric Ballester
 58 ans
 Directeur de la Malmaison
 Se définit comme un montreur d’images
construire une maison et - on ne se refait pas - se
lance dans la politique, jusqu’à sa mort en 1962.
Drame, sa mère se retrouvant seule avec 5 enfants,
Frédéric est mis en pension : il y restera jusqu’à
18 ans. Déjà, il aime l’art mais, pour se montrer
sérieux, il commence par un bac technique dans
le but de devenir ingénieur en céramique. Avant
de choisir finalement de faire les Beaux-Arts de
Paris : un premier cycle en architecture, suivi
d’un diplôme national, avant d’étudier droit et
histoire de l’art à la faculté d’Aix en Provence.
De fil en aiguille, il est devenu expert en œuvres
d’art contemporain auprès de la Cour d’Appel.
Avec sa première femme, danseuse, il s’installe
à Sanary, dans un vieux moulin à huile, un bel
endroit où il reçoit des enfants pour des « cours
d’expression libre », alors à la mode dans les
années 70 : ça marche si bien qu’il est un jour
filmé par FR3… Ce qui lui permet de se faire remarquer par Danièle Giraudy - c’est elle qui a inventé la pédagogie dans les musées - qui le convoque et lui propose un poste au Musée Cantini de
Marseille. Nous sommes en 1973 : c’est là que
commence vraiment sa carrière, il est chargé de
mission au service pédagogique. Il y restera neuf
ans, à « travailler comme une bête à la scénographie d’exposition ». En 1983, il arrive à Cannes,
© J-Ch Dusanter
appelé par Jean-Roger Soubiran, pour créer les
Salons de la Malmaison, d’où il est expulsé quatre ans plus tard par un changement politique.
Il se fait alors Commissaire d’expositions à son
compte, monte de nombreuses expositions à Paris, Berlin ou en Corée, travaille comme expert
auprès de la Cour Européenne, et crée (en 1989)
la première Biennale de la jeune peinture, regroupant 150 artistes, sur le thème « humour et révolution ». Bientôt, il ouvre sa propre galerie, qu’il
fermera en 1996 à la mort de son fils Mathieu,
un drame intime dont il ne s’est jamais remis.
En 2000, la ville de Cannes lui commande l’exposition « d’un rivage à l’autre » : à cette occasion, il
rencontre David Lisnard, alors adjoint à la culture
qui l’embauche comme Directeur du Centre d’art
de la Malmaison... ce qu’il est toujours aujourd’hui.
« Je ne suis pas un mec facile »
Frédéric Ballester se définit comme un montreur
d’images, qui aime « donner du plaisir ou des
questionnements » : « Je ne suis pas un extrémiste en art contemporain ». A la Malmaison, où il
a carte blanche, il a exposé des artistes connus,
reconnus, et (relativement) grand-public : Miro
et Picasso, Masson le surréaliste ou Combas...
« J’aime les créateurs, sans doute par masochisme. Moi-même, je ne suis pas un mec facile,
mais je crois être généreux dans mon métier ».
Car Frédéric Ballester est un « gros bosseur », qui
a derrière lui 150 expositions montées, et pas un
jour de vacances ces sept dernières années.
Dans son bureau de la Malmaison (devenu sa
deuxième maison !), il a besoin d’être entouré
de ses gris-gris, pour soigner sa « passion,
sa maladie de la collection », voire son « fétichisme de l’objet ». Même si ses goûts sont
extrêmement éclectiques, depuis la
gravure du XVIIème jusqu’aux masques de Cote d’Ivoire en passant
par une Marionnette Moya ou un
dragon chinois. Eclectique autant que
passionné, « combattant au quotidien,
excessif, méditerranéen », capable de
courir 24 kilomètres dans une journée
car il en a « besoin », Frédéric Ballester
ne fait pas les choses à moitié. Il adore
ou déteste avec la même force : il a la
passion du livre, qu’il pioche parmi les
30.000 que contient sa bibliothèque, est
un fanatique d’Arte mais déteste lire des romans, même s’il a en ce moment « envie d’écrire un roman pour démystifier ses mensonges ».
Sa grande passion actuelle va au surréalisme, André
Breton et Paul Eluard, son champ de lecture de 1900
à 1940 : c’est ça, précisément, et pas autre chose.
Mais qu’est-ce donc qui pousse Frédéric Ballester ?
Qu’est-ce qui le motive pour déplacer des montagnes ? La foi bien sûr : conscient de la brièveté
de la vie, il en apprécie d’autant plus la « chance
de vivre ». Profondément croyant, très mystique,
intéressé par toutes les religions et proche du
bouddhisme, il se dit « attiré par la force que véhiculent les hommes qui croient » : « Dieu créateur,
le mystère de l’univers, j’y crois. Dieu me ramène
à ma petite existence. Je crois à l’esprit. Même
quand je marche, je prie, je remercie la nature de
me donner la vie… Ma religion, c’est Dieu ». Mais
qu’on ne s’y méprenne pas : Frédéric Ballester ne
supporte pas les extrémismes.
Passionné… mais réfléchi !
FC
 En Ville 17
© J-C
h Du
sante
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C ANN E S
A. Saint Sylvestre
Marie Antoinette avec Collier
A voir
« Le monde est fou,
j’adore ! », Antonio Saint
Silvestre, jusqu’au 30
novembre 2008,
La Malmaison
T : 04 97 06 44 90
18
En Ville 
F O C US

M O UANS SA R T O U X
Fe s t i va l d u L i v r e
Marie-Louise Gourdon
engagée volontairE
Engagement et citoyenneté sont les deux « amours » de
Marie-Louise Gourdon. Portrait d’une idéaliste active.
«M
on premier militantisme, fut d’enseigner et mettre en valeur la langue
occitane ». Née à Nice dans une famille niçoise
parlant le niçois, Marie-Louise Gourdon a toujours
été « curieuse de cette langue », au point de l’étudier à la faculté. Doctorat de lettres occitanes et
françaises en poche, elle choisit l’enseignement
pour « être au service des autres, apporter son savoir », ce qui lui donne « de vraies satisfactions ».
Militante dans l’âme, elle crée en 1977, avec son
mari Michel alors employé dans le socio-culturel,
le premier festival de langue d’Oc… à MouansSartoux déjà, où elle ne connaît personne !
Devant le succès rencontré, suite à un « travail de pédagogie fait avec les habitants du village », ils décident de rester et de chercher
un appartement : ils n’en repartiront plus.
En même temps que son métier de professeur,
Marie-Louise Gourdon mène une carrière politique : en 1983, elle est élue au Conseil Municipal,
sous le mandat d’André Aschieri, et déléguée à la
culture. Un titre qu’elle a encore aujourd’hui. Le
Festival du livre est son premier « bébé », né en
1988. D’abord régional puis national, il se veut
« engagé dans le monde contemporain avec l’objectif de mettre le livre à la portée de tous et de
défendre des idées ». Car Marie-Louise Gourdon
est avant tout une femme engagée. C’est elle
qui décide du thème de chaque manifestation :
l’avenir de la planète, les discriminations et inégalités, le rôle des médias… Ou, comme cette année, « les résistances »… à la mondialisation, par
exemple. Sans oublier son combat féministe de
toujours : les droits des femmes dans le monde la
concernent, elle lance des pétitions pour appeler
à la vigilance, et veille à ce que le festival respecte
l’égalité des sexes, en nommant un président et une présidente.
La médiathèque, son plus beau bébé
Mais au final, le bébé dont elle est la plus fière,
dont elle préparait la naissance depuis 1995,
c’est la médiathèque regroupant salle
de cinéma et bibliothèque, qui, depuis son ouverture en 2001, connaît « une réussite au delà de ses rêves ».
Financée essentiellement par l’Etat et
la Région, la médiathèque a coûté très
peu à la commune, tout en répondant
aux besoins de lecture nés du Festival
du livre. De même que, depuis lors, le
festival a pu s’ouvrir à l’écriture cinématographique grâce aux projections
faites dans sa superbe salle de 300
places. Et ce, malgré un cahier des
charges - fixé par elle - ambitieux,
qui demandait à la société exploitante une participation financière à
la construction, une programmation
sérieuse, éclectique et de qualité, et
des tarifs attractifs pour les jeunes
ou les familles nombreuses. Une association de cinéphiles s’est créée
- 6000 adhérents pour une population de 10.000 personnes ! - et les
familles viennent volontiers dans ce
bel espace ouvert, transparent (entièrement vitré), de plain pied dans
la ville, que ce soit pour lire ou
écouter des concerts retransmis en
direct depuis la Cité de la Musique
de Paris. Toujours professeur de
français à Grasse, Marie-Louise
Gourdon trouve encore le temps
de pratiquer la randonnée… et
d’écrire des livres sur la vie des
bergers ou le patrimoine des vallées du Mercantour. Exigeante
envers elle même mais consciente de ses « devoirs envers les
autres », elle nous livre ici le
secret d’une pédagogie bien
comprise : « donner envie ! ».
© Vladimir Melnikov
M O UANS SA R T O U X

F O C US
 En Ville 19
Marie-Louise Gourdon
 Femme engagée et citoyenne
 Conseillère Générale du canton de Mougins
 Sa pédagogie : donner l'envie !
 Créatrice du Festival du Livre
© J-Ch Dusanter
20
En Ville 
F O C US

M O UANS SA R T O U X
Une ville
à la page !
Pour tout savoir sur le Festival du
livre de Mouans-Sartoux, suivez
notre guide de A à Z !
Ados
Un espace Bande DessinéeAdos-Mangas destiné aux 1216 ans existe depuis 2006.
Chiffres
 50 000 visiteurs… pour 10.000 habitants
 8 500 mètres carrés d’espace d’exposition
 350 auteurs
 200 éditeurs et libraires
 22 éditeurs et 50 auteurs jeunesse
 14 dessinateurs/auteurs BD
 8 500 élèves accueillis de la maternelle au lycée
 3 salles de cinéma et de conférences
 50 débats et conférences
 100 entretiens aux cafés littéraires
 240 bénévoles
Cinéma
Hommage à Tati ou rétrospective Mocky … Dans sa salle de
cinéma « La Strada » classée Art
et Essais, des projections de
films et documentaires liés au
thème de la manifestation, sont
suivis de débats : les invités
cinéma ont en commun leur
« engagement et leur citoyenneté appliqués à leur art » et
s’entretiennent sur leur travail
Mondialisation, écologie,
citoyenneté et cyberculture,
bioéthique et liberté, blessures
de la colonisation, liberté
des femmes… Les thèmes
abordés lors de ce rendezvous littéraire et cinéma­
tographique sont ouvertement
« engagés ». But : réfléchir sur
notre société.
d’écriture cinématographique.
Parmi les personnalités invitées,
retenons Bernard Giraudeau
(2001), Jean-Pierre Mocky (2002),
Bertrand Tavernier (2004), Amos
Gitai (2005) Georges Lautner,
Robert Guédiguian, Serge Moati
(2006), Serge Toubiana, Jeanne
Labrune (2007).
Concert
Chaque année depuis 2006, un
concert littéraire est offert au
public dans le parc du château.
La musique et les textes lus par
les auteurs sont choisis en fonction du thème. Avec l’Orchestre
Régional de Cannes ProvenceAlpes-Côte d’Azur et ses 43
musiciens, sous la direction de
Philippe Bender.
Forum
Ce sont des débats, publics
et gratuits, où se côtoient des
dizaines d’auteurs de toutes disciplines - philosophes,
sociologues, historiens, scientifiques, écrivains du texte et de
l’image - dans le but d’avoir une
« réflexion en profondeur sur le
monde tel qu’il vit aujourd’hui ».
Imprimerie
Depuis plusieurs années, les
Ets Ciais Imprimeurs/Créa-
teurs installent une imprimerie
numérique sur leur stand, où
ils impriment des livres à la
demande, ainsi que le journal
du Festival réalisé par des étudiants de l’IUT de journalisme.
Sans oublier, l’impression en direct, devant les enfants, du livre
qui a remporté le prix spécial
des écoles.
Inédit
Le « Prix de l’Inédit » met en lumière de nouvelles plumes. Les
éditions Actes Sud publient un
roman inédit, choisi par un jury
sur concours d’écriture ouvert à
tous. Cette année, ce sera « En
espérant la guerre » de Dominique Conil.
Invités de marque
Parmi les invités de marque
venus à Mouans-Sartoux depuis
20 ans, citons au hasard Fadela
Amara, Guy Bedos, José Bové,
Michel Butor, Boris Cyrulnik,
Max Gallo, Benoîte Groult,
Gisèle Halimi, Nancy Huston,
Albert Jacquard, Axel Kahn,
Jean-François Kahn, Marc Levy,
Danielle Mitterrand, Edgar
Morin, Taslima Nasreen, Amélie
Nothomb, Erik Orsenna, Ernest
Pignon-Ernest, Alain Touraine,
Didier Van Cauwelaert, Jacques
Ferrandez, Georges Wolinski …
M O UANS SA R T O U X
Cette année les présidents
sont : Maïssa Bey et John
Berger. Citons également de
grands invités : Pierre Michon,
Patrick Chamoiseau, pour le
cinéma : Jean-Claude Carrière,
Coline Serreau, Pierre Carles...
Jeunesse
Des ateliers d’animation sont
offerts aux élèves de la ville :
contes, illustration, calligraphie, marbrure, poésie, cinéma,
rencontres avec des auteurs et
des éditeurs
Organisation
A la tête d’une équipe de 300
bénévoles passionnés et dévoués, Michel Gourdon !
Pitchoun
Le « Prix des Pitchouns », récompense un ouvrage imaginé,
écrit et illustré par des enfants
pour des enfants.
Publication
Chaque année, le texte d’une
des conférences est édité à
35.000 exemplaires, aux éditions de l’Aube - qui l’imprime
à prix coûtant - et en partenariat avec Télérama qui le diffuse
à ses abonnés du sud-est. Le
texte de 2008 sera militant
pour les droits des femmes :
« Est-ce ainsi que les femmes
vivent ? ».
Questionnements
Mondialisation, écologie,
citoyenneté et cyberculture.
Les grandes crises technologiques, humanitaires et sociales
qui bouleversent notre monde.
Progressons-nous ou l’être

F O C US
humain est-il au fond toujours
le même ? Les hommes et les
femmes qui résistent pour
changer la marche des choses .
Bioéthique et liberté, blessures
de la colonisation, liberté des
femmes, quête des libertés,
libertés sous contrôle. Le Festival a-t-il permis concrètement
ou symboliquement d’ébranler quelques murs, ceux qui
entravent Liberté, Solidarité et
Humanité ?
Une des conférences données
au Festival est publiée dans la
collection Voix libres, grâce à
un partenariat avec les éditions
de l’Aube, le Conseil Régional
et Télérama : Être humain ?,
Albert Jacquard, 2005; La Part
du colibri, Pierre Rabhi, 2006;
Toujours la vie invente, Gilles
Clément, 2007.
Résistances
XXIème édition
C’est le thème de la XXIème édition du Festival : les résistances
d’aujourd’hui portent-elles les
germes du monde de demain ?
Résistances « face aux accommodements, aux renoncements, à la défaite de la pensée, au triomphe des égoïsmes
dans l’économie mondialisée ».
Maisons d’édition invitées
d’honneur : L’Olivier, Un éditeur
à contre-courant
Editeur BD invité d’honneur : 6
Pieds sous Terre
Editeurs jeunesse invités d’honneur : Autrement et JEDI PACA
Au programme par exemple :
les films « Le monde selon Monsanto » de Marie-Monique Robin et «Freedom from fear» de
Milena Kaneva, suivi du débat
sur L’évolution des résistances
bouddhistes, avec Vaclav Havel,
Info Birmanie, le Vénérable U
Uttara, Jean-Claude Carrière…
Une rencontre littéraire avec
Olivier Cohen, le fondateur de
la maison d’édition L’Olivie.
Une conférence de Jean-François Kahn sur « Hugo, Zola,
De Gaulle : 3 résistants », des
débats sur « La Résistance
allemande » avec Nella Bielski, « Le rire de résistance », avec
Christophe Alévêque, Xavier
Gorce, Fellag; ou encore « Les
Femmes dans le Droit » avec
Gisèle Halimi.
Sponsors et soutiens
L’Etat et la Région, et aussi
des sponsors privés comme la
Caisse d’Epargne Côte d’Azur
ou l’imprimerie CIAIS, ainsi que
de nombreux médias locaux et
nationaux.
Thèmes
Toujours des thèmes engagés
socialement et culturellement :
L’illettrisme (1996), Le livre en
République (97), Littératures du
sud (98), Les défis du deuxième
sexe (99), Jeunes écritures,
rap, tag, slam (2000), Moi et
les autres (2001), Visionnaires,
vos papiers (2002), Le monde,
parlons-en (2003), Qui a éteint
les Lumières ? (2004), Penser la
Terre, décrocher la lune (2005),
Hommes, femmes en quête de
libertés (2006), Au-delà des
murs, l’humanité (2007)
Voix libres
Les 3, 4 et 5 octobre 2008
Programme complet sur : www.lefestivaldulivre.fr
FC
 En Ville 21
22
La Vie des Arts 
A R TIST E
Jean-Jacques Ninon
 63 ans
 Avocat et artiste plasticien
 Publivore et biker
Ninon
Le fusil à tirer dans les coins pour faire couler la peinture, c’est le credo de
Jean-Jacques Ninon. D’abord enseignant, puis avocat et artiste plasticien,
il aurait été, bien sûr, le candidat idéal pour une partie de… ni oui, Ninon.
Que nenni, même un portrait suffit à peine à cerner les multiples
facettes de ce personnage atypique.
© J-Ch Dusanter
L
e cas Ninon : dès le début un vrai casse-tête pour conseillers d’orientation ?
Car c’est à la suite d’une succession de
chassés-croisés que seule une cartomancienne aurait pu anticiper, que Jean-Jacques
Ninon partage aujourd’hui sa vie à Nice entre son atelier et le Palais de justice.
Jean-Jacques Ninon est né à Madagascar
en 1945. « J’étais adolescent quand mes
parents, comme beaucoup de familles
expatriées, ont regagné la Côte d’azur
après la décolonisation ». S’il change
d’horizon le dessin lui n’a plus quitté
son paysage quotidien depuis les bancs
de l’école où il croquait dans la marge
de ses cahiers. Contre la volonté de ses
géniteurs qui n’envisagent pas vraiment
pour lui une carrière d’artiste, il intègre les Beaux-Arts à Paris mais dans la
section architecture ! « On était à milles
lieues de ce que je m’imaginais, les cours
étaient très axés sur les mathématiques
et le bâtiment industriel, un registre pour
lequel je n’étais pas franchement doué »
Faux départ ? Il embrasse alors la carrière d’enseignant et passe avec brio un
doctorat d’histoire qui l’amène à professer un temps au Gabon. Mais une fois de
plus l’aventure tourne court. Il quitte le
giron de l’Education Nationale qu’il juge
trop sclérosant pour celui de la justice et
devient avocat à Nice : « Max Gallo fut à
Nice l’un de mes professeurs, je l’ai retrouvé beaucoup plus tard quand je suis
devenu son assistant parlementaire. »
Signaux indiens et écrans de fumée
Rendez-vous manqués, contretemps…
Jean-Jacques Ninon n’a pas pour autant
abandonné ses premières amours. Et
c’est dans la marge des « Clairefontaine » que son avenir semble avoir été
tout tracé ! Dès la fin des années 1970 il
commence à s’adonner à l’acrylique sur
toile puis utilise l’ardoise. Quoi de plus
26
La Vie des Arts 
D ANS L ’ O BJ E C TI F
Hugues Lagarde
 49 ans
 Né à Monaco par accident
 Objectifs : le nu et l'architecture
Photographe
Hugues Lagarde
le plus simple appareil !
Tombé sous le charme de Nice, Hugues Lagarde s’y est
établi voilà 13 ans. Après avoir abordé la photographie sous
tous les angles, il braque son objectif sur l’architecture
et les nus féminins, histoire de garder la ligne tout en
changeant de peau !
H
© Hugues Lagarde
© Hugues Lagarde
ugues Lagarde aime à
dire qu’il est né par accident à Monaco suite
à la déficience des amortisseurs
de la 4 CV de son père qui a
contraint sa mère à accoucher
d’urgence à l’hôpital Princesse
Grace : « Pour l’anecdote, je
naquis le jour où le Shah d’Iran
offrit deux lions à Grace Kelly ».
A 13 ans, au grand dam de ses
parents, il préfère s’acheter un
appareil photo au lieu d’une mobylette. C’est le drame ! Trois
ans plus tard, le mal empire, il
gagne les Beaux-arts de Nantes
puis l’ESRA à Paris. Les coulisses
du rêve il les pénètrera d’abord
en tant que photographe de plateau, puis comme assistant de
photographes de mode au sein
de deux grands studios parisiens
« Pin Up » et « Clic-Clac » - tout
un programme ! A son tour, il
embrasse la carrière en intégrant
à 27 ans « Figaro Madame » où
il œuvrera à un rythme d’enfer
pendant 4 ans. Pas son meilleur
souvenir ! C’est sur l’entremise
d’un ami de son père qui est architecte qu’il contractera le virus
qui le poursuivra au fil de ses pérégrinations.
« Le seul projecteur, c’est
le soleil ! »
© Hugues Lagarde
Quelques doubles pages dans
Vogue, la récompense suprême, ça se mérite ! C’est à Nice
que Hugues se pose en 1995 un
peu lassé du nomadisme imposé
par la photo de presse et de publicité qu’il pratique intensément
de 1990 à 2003. Comme beaucoup il est séduit par la lumière
du sud et cite volontiers Jean-Lou
Sieff : « le seul projecteur c’est
le soleil ! ». Les sunlight rangés
aux placards, pour ce grand voyageur, collectionneur d’éphémère,
il est plus que temps de revenir à
Ithaque : « La lumière est ici bien
particulière. Après toutes ces
années, j’ai enfin compris pourquoi. Le soleil ne se couche pas
dans la mer, mais derrière. Exactement comme à Marrakech. De
plus, Nice m’inspire en boucle.
On peut se sentir ici au Maroc,
aux Etats-Unis, parfois même en
Autriche, en Australie ou en Afrique. Cette ville semble vraiment
douée d’ubiquité ! ».
Parmi les lieux qui l’ont marqué :
« la Réserve » qu’il a immortalisée
non sans avoir fréquenté assidument son plongeoir-restaurant.
« Un vrai vivier que cette ancienne réserve à poissons où j’ai
rencontré des gens merveilleux
comme le dessinateur Jean-Marc
Eusébi et parfois de jolies méduses qui ne vivent pas que dans
l’eau ! ». Hugues a également
participé à la résurrection du Palais de la Méditerranée, une autre
figure de proue de la Baie des Anges « La réalisation des photos
pour la communication du Palace fut un vrai Paris-Dakar dont
je garde un excellent souvenir ».
Quant aux galets et au ressac bedonnant qui anime son rivage il
leur a dédié une série de clichés.
Tout en continuant à honorer des
commandes parisiennes, il aime
attarder son regard sur Nice qui
même en pleine mutation ne se
coupe jamais de ses racines.
Le nu, pour se débarrasser
du reste ?
A l’approche de la cinquantaine,
Hugues sent le besoin de faire
le point et d’explorer désormais
autant le fond que la forme. La
série de portraits de célébrités,
commandée par France 2 et parue
dans Libération, lui aurait-elle redonné le goût du face à face avec
ses contemporains ? Sur les 365
portraits publiés par le journal, il
en réalise à lui seul 180, dont Isabella Rossellini, Alberto Moriava,
Philippe Stark, Gérard Depardieu,
Andrée Puttman etc. Sur cette lancée, il vient d’immortaliser à Nice
Matali Crasset, l’architecte du Hi
Hôtel, et la designer Stéphanie
Marin à l’origine des emblématiques coussins-galets.
Mais chassez l’architecture, elle
revient au galop : « Je veux la
traiter cette fois sous un angle
plus affiné, y mettre de l’émotion, des sentiments » affirme
celui qui a glissé de l’univers de
la décoration pour se rapprocher
des architectes, et cela dès 2005,
via une commande pour la Fon-
D ANS L ’ O BJ E C TI F
© Hugues Lagarde
 La Vie des Arts 27
© Hugues Lagarde
 Betty Bop
Collection Hiver 2008/2009
Page de gauche :
 Domaine des Andéols
 David Halliday et Philippe Stark vus
par Hugues Lagarde
 et  Hugues Lagarde
 Papillon de Nuit Travail personnel
 Nu Féminin, 2008
© Hugues Lagarde
dation Le Corbusier. « Un nouveau projet doit m’amener l’an
prochain à explorer la symbiose
entre culture islamique, africaine
et développement durable ».
Parallèlement, l’art du nu s’impose à lui. Il se sent prêt cette fois à
s’investir dans cet exercice qu’il
avait déjà abordé mais sans en
cerner vraiment toutes les contingences : « J’ai commencé le yoga
en même temps, par hasard. Il
faut apprendre à contrôler ses
émotions, ne pas se laisser envahir par l’instinct. Seulement dans
ces conditions on peut capturer
la quintessence des sentiments
que le corps peut dévoiler ». Rien
ne vaut la peau ? Elle habille en
tous cas l’âme comme la pierre
abrite la vie des hommes. Une
sorte d’épure où les lignes, et les
courbes féminines, qui évoquent
au passage les rondeurs chères
à Matisse, en disent plus qu’un
long discours.
Et si Hugues Lagarde voit en Nice
une muse et « parfois une garce
au grand cœur », il ne peut s’empêcher de regretter que le potentiel de la cinquième Ville de France ne soit pas plus exploité : « Il
y a ici un nombre impressionnant
de photographes talentueux,
presque autant qu’à Paris ! Je
rêve d’un événement autour de
la photo qui fédère vraiment toutes ces individualités ». Si l’an
dernier ses photographies sur le
Maroc ont été exposées à la Note
Bleue à Monaco, il souhaite réaliser son prochain accrochage à
Nice : une quinzaine de nus en
noir et blanc qui s’émancipent du
diktat de la chair à l’image d’un
artiste qui semble se débarrasser
aujourd’hui de tout ce qui a accompagné le premier chapitre de
sa carrière..
 www.hugueslagarde.com
OM
28
© J-Ch Dusanter
Filles à fil
Deux jeunes stylistes niçoises ont sorti
leurs griffes. Alexandra Ferrarini et
Emmanuelle Esther n’ont pas encore
30 ans et font naître dans un cocon de
soie ou de laine les lolitas du nouveau
millénaire. Deux parcours qui se croisent
comme des mailles, deux filles, nées en
même temps que la génération punk,
qui puisent aujourd’hui avec un zeste de
provocation et beaucoup de gourmandise,
dans la matière brute toute leur fantaisie
couturière !
Alexandra Ferrarini et Emmanuelle Esther sont
nées à Nice à deux jours d’intervalle - l’une le 11,
l’autre le 13 juin 1979 - au moment où l’Angleterre
montait sa nourrice en épingle et où les crêtes hérissées narguaient le traditionnel melon gris-muraille. Si leurs cursus sont différents, l’ombre d’une
grand-mère rivée à la machine à coudre plane encore dans leurs bagages de stylistes. L’une tricote,
l’autre coud. Emmanuelle n’a pu résister à l’appel
de la laine, Alexandra au cri de la soie ! Et comme
si cela ne suffisait pas, nos deux modélistes « mono-matière» dont les créations sont suivies à Nice
par la boutique « Les Fées de la création » quittent
parfois leurs ateliers, l’une pour le « Street art »
l’autre pour l’illustration…
Filature de deux petites mains décidément
insaisissables !
26
La Vie des Arts 
D ANS L ’ O BJ E C TI F
Hugues Lagarde
 49 ans
 Né à Monaco par accident
 Objectifs : le nu et l'architecture
Photographe
Hugues Lagarde
le plus simple appareil !
Tombé sous le charme de Nice, Hugues Lagarde s’y est
établi voilà 13 ans. Après avoir abordé la photographie sous
tous les angles, il braque son objectif sur l’architecture
et les nus féminins, histoire de garder la ligne tout en
changeant de peau !
H
© Hugues Lagarde
© Hugues Lagarde
ugues Lagarde aime à
dire qu’il est né par accident à Monaco suite
à la déficience des amortisseurs
de la 4 CV de son père qui a
contraint sa mère à accoucher
d’urgence à l’hôpital Princesse
Grace : « Pour l’anecdote, je
naquis le jour où le Shah d’Iran
offrit deux lions à Grace Kelly ».
A 13 ans, au grand dam de ses
parents, il préfère s’acheter un
appareil photo au lieu d’une mobylette. C’est le drame ! Trois
ans plus tard, le mal empire, il
gagne les Beaux-arts de Nantes
puis l’ESRA à Paris. Les coulisses
du rêve il les pénètrera d’abord
en tant que photographe de plateau, puis comme assistant de
photographes de mode au sein
de deux grands studios parisiens
« Pin Up » et « Clic-Clac » - tout
un programme ! A son tour, il
embrasse la carrière en intégrant
à 27 ans « Figaro Madame » où
il œuvrera à un rythme d’enfer
pendant 4 ans. Pas son meilleur
souvenir ! C’est sur l’entremise
d’un ami de son père qui est architecte qu’il contractera le virus
qui le poursuivra au fil de ses pérégrinations.
« Le seul projecteur, c’est
le soleil ! »
© Hugues Lagarde
Quelques doubles pages dans
Vogue, la récompense suprême, ça se mérite ! C’est à Nice
que Hugues se pose en 1995 un
peu lassé du nomadisme imposé
par la photo de presse et de publicité qu’il pratique intensément
de 1990 à 2003. Comme beaucoup il est séduit par la lumière
du sud et cite volontiers Jean-Lou
Sieff : « le seul projecteur c’est
le soleil ! ». Les sunlight rangés
aux placards, pour ce grand voyageur, collectionneur d’éphémère,
il est plus que temps de revenir à
Ithaque : « La lumière est ici bien
particulière. Après toutes ces
années, j’ai enfin compris pourquoi. Le soleil ne se couche pas
dans la mer, mais derrière. Exactement comme à Marrakech. De
plus, Nice m’inspire en boucle.
On peut se sentir ici au Maroc,
aux Etats-Unis, parfois même en
Autriche, en Australie ou en Afrique. Cette ville semble vraiment
douée d’ubiquité ! ».
Parmi les lieux qui l’ont marqué :
« la Réserve » qu’il a immortalisée
non sans avoir fréquenté assidument son plongeoir-restaurant.
« Un vrai vivier que cette ancienne réserve à poissons où j’ai
rencontré des gens merveilleux
comme le dessinateur Jean-Marc
Eusébi et parfois de jolies méduses qui ne vivent pas que dans
l’eau ! ». Hugues a également
participé à la résurrection du Palais de la Méditerranée, une autre
figure de proue de la Baie des Anges « La réalisation des photos
pour la communication du Palace fut un vrai Paris-Dakar dont
je garde un excellent souvenir ».
Quant aux galets et au ressac bedonnant qui anime son rivage il
leur a dédié une série de clichés.
Tout en continuant à honorer des
commandes parisiennes, il aime
attarder son regard sur Nice qui
même en pleine mutation ne se
coupe jamais de ses racines.
Le nu, pour se débarrasser
du reste ?
A l’approche de la cinquantaine,
Hugues sent le besoin de faire
le point et d’explorer désormais
autant le fond que la forme. La
série de portraits de célébrités,
commandée par France 2 et parue
dans Libération, lui aurait-elle redonné le goût du face à face avec
ses contemporains ? Sur les 365
portraits publiés par le journal, il
en réalise à lui seul 180, dont Isabella Rossellini, Alberto Moriava,
Philippe Stark, Gérard Depardieu,
Andrée Puttman etc. Sur cette lancée, il vient d’immortaliser à Nice
Matali Crasset, l’architecte du Hi
Hôtel, et la designer Stéphanie
Marin à l’origine des emblématiques coussins-galets.
Mais chassez l’architecture, elle
revient au galop : « Je veux la
traiter cette fois sous un angle
plus affiné, y mettre de l’émotion, des sentiments » affirme
celui qui a glissé de l’univers de
la décoration pour se rapprocher
des architectes, et cela dès 2005,
via une commande pour la Fon-
D ANS L ’ O BJ E C TI F
© Hugues Lagarde
 La Vie des Arts 27
© Hugues Lagarde
 Betty Bop
Collection Hiver 2008/2009
Page de gauche :
 Domaine des Andéols
 David Halliday et Philippe Stark vus
par Hugues Lagarde
 et  Hugues Lagarde
 Papillon de Nuit Travail personnel
 Nu Féminin, 2008
© Hugues Lagarde
dation Le Corbusier. « Un nouveau projet doit m’amener l’an
prochain à explorer la symbiose
entre culture islamique, africaine
et développement durable ».
Parallèlement, l’art du nu s’impose à lui. Il se sent prêt cette fois à
s’investir dans cet exercice qu’il
avait déjà abordé mais sans en
cerner vraiment toutes les contingences : « J’ai commencé le yoga
en même temps, par hasard. Il
faut apprendre à contrôler ses
émotions, ne pas se laisser envahir par l’instinct. Seulement dans
ces conditions on peut capturer
la quintessence des sentiments
que le corps peut dévoiler ». Rien
ne vaut la peau ? Elle habille en
tous cas l’âme comme la pierre
abrite la vie des hommes. Une
sorte d’épure où les lignes, et les
courbes féminines, qui évoquent
au passage les rondeurs chères
à Matisse, en disent plus qu’un
long discours.
Et si Hugues Lagarde voit en Nice
une muse et « parfois une garce
au grand cœur », il ne peut s’empêcher de regretter que le potentiel de la cinquième Ville de France ne soit pas plus exploité : « Il
y a ici un nombre impressionnant
de photographes talentueux,
presque autant qu’à Paris ! Je
rêve d’un événement autour de
la photo qui fédère vraiment toutes ces individualités ». Si l’an
dernier ses photographies sur le
Maroc ont été exposées à la Note
Bleue à Monaco, il souhaite réaliser son prochain accrochage à
Nice : une quinzaine de nus en
noir et blanc qui s’émancipent du
diktat de la chair à l’image d’un
artiste qui semble se débarrasser
aujourd’hui de tout ce qui a accompagné le premier chapitre de
sa carrière..
 www.hugueslagarde.com
OM
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© J-Ch Dusanter
Filles à fil
Deux jeunes stylistes niçoises ont sorti
leurs griffes. Alexandra Ferrarini et
Emmanuelle Esther n’ont pas encore
30 ans et font naître dans un cocon de
soie ou de laine les lolitas du nouveau
millénaire. Deux parcours qui se croisent
comme des mailles, deux filles, nées en
même temps que la génération punk,
qui puisent aujourd’hui avec un zeste de
provocation et beaucoup de gourmandise,
dans la matière brute toute leur fantaisie
couturière !
Alexandra Ferrarini et Emmanuelle Esther sont
nées à Nice à deux jours d’intervalle - l’une le 11,
l’autre le 13 juin 1979 - au moment où l’Angleterre
montait sa nourrice en épingle et où les crêtes hérissées narguaient le traditionnel melon gris-muraille. Si leurs cursus sont différents, l’ombre d’une
grand-mère rivée à la machine à coudre plane encore dans leurs bagages de stylistes. L’une tricote,
l’autre coud. Emmanuelle n’a pu résister à l’appel
de la laine, Alexandra au cri de la soie ! Et comme
si cela ne suffisait pas, nos deux modélistes « mono-matière» dont les créations sont suivies à Nice
par la boutique « Les Fées de la création » quittent
parfois leurs ateliers, l’une pour le « Street art »
l’autre pour l’illustration…
Filature de deux petites mains décidément
insaisissables !
MODE
 La Vie des Arts 29
D’Emmanuelle Esther
à E m a T r i c opat h e
© J-Ch Dusanter
Pelotes, aiguilles à tricoter, dés à coudre, on croyait ces biens paraphernaux définitivement tombés pour la France avec la révolution sexuelle… Pas si vite ! Emmanuelle Esther dépoussière la
quenouille pour redonner à la laine une seconde jeunesse. Contre sa fonction vitale, elle joue
l’esthétique et la dérision. A tout prix se rendre inutile…et si, en 2008, le superflu était devenu
plus que jamais l’essentiel ?
C
’est grâce à un père tapissier décorateur et
une mère diplômée en couture qu’Emmanuelle Esther découvre dès le plus jeune âge les
mystères de la Singer. Au sortir d’une école de
couture, elle crée une collection de sacs à mains
avant de céder à l’appel de la laine. C’est dans
une grande mercerie niçoise franchisée « La Droguerie » où elle travaille, qu’elle redécouvre toute
la magie de ce monde fait de pelotes girondes et
moelleuses et d’écheveaux de mohairs entrelacés. Une obsession héritée de sa grand-mère. Et
comme envoutée par cette matière à rêver qu’elle
aime toucher comme on caresse un chat, elle se
met à l’ouvrage ! Point mousse ou jersey, elle signe d’abord « Emmanuelle Esther » des vêtements
à taille unique. Puis des plastrons, ceintures, des
robes dos nus pour des petites filles modèles
qui sont souvent ses propres copines, des accessoires décalés pour « chat beauté », des nœuds
papillons pour gentleman « border line », qui se
changent en mini-bagues douillettes ou en gros
nœuds à cheveux malicieux pour quelques Alice
égarées entre le pays des Merveilles et un épisode
de « Sex in the city ».
Mais plutôt que d’ouvrir une boutique et de subir
les contraintes financières et créatives, elle décide
d’installer sa vitrine sur « My Space » : « L’univers
du tricot, ce n’est pas très commercial, mais en
vendant mes pièces uniques sur commande et en
ligne et certains accessoires chez Les Fées de la
création, ça marche. En tous cas je partage avec
Alexandra le fait que l’argent ne soit pas une priorité, nous ne sommes pas des working girls cousues d’or ! ». Et pourtant les demandes affluent
sur le net en même temps que le cercle de ses
fans s’élargit…
Dans le même temps Emmanuelle va se changer
en Ema Tricopathe en découvrant, via une bande
de jeunes américaines énervées, le mouvement
« Knitta Please ». L’idée est simple. Ces dernières
s’emparent de l’espace public en tricotant clandestinement son mobilier urbain : « Bergère de France
© E. Esther
© E. Esther
© E. Esther
 Collection Hiver 2008/2009
FIL DE
PAS DI
30
La Vie des Arts 
MODE
les avait invitées pour une performance à Paris ».
L’appel de la rue est le plus fort ! Ema Tricopathe
ne peut y résister. A ce jour elle a maillé plus d’une
centaine de spots en ville avec une préférence
pour les feux tricolores : « C’est ce que l’on voit le
plus ! ». Pour ces commandos laineux, elle devient
Tricopathe après les douze coups de minuit. Ce
n’est pas du vandalisme lui a confirmé à potronminet un employé municipal : « Vous n’abîmez
rien et ça s’enlève d’un coup de cutter !». Trop vite
à son goût « la plupart ne tiennent pas plus d’une
semaine voire trois jours, regrette-t-elle, mais c’est
la règle du jeu !». Ema Tricopathe a-t-elle inventé
le nouveau tag urbain ? C’est en tous cas un tag de
nanas tout en douceur qui vient de naitre avec succès à Nice, au point même que certains « graffers »
lui aient demandé de revêtir de laine leurs bombes
de peinture !
www.emmanuelle-esther.com
et myspace.com/emmanuelleesther
La route de la soie
© J-Ch Dusanter
d’Alexandra Ferrarini
C’est à partir de tissus vintages des seventies ou de l’Inde traditionnelle qu’Alexandra Ferrarini
renouvelle le « sex appeal » des jeunes filles modernes. Revival ? Pas vraiment car sa ligne de
vêtements O+ wear se contente de sampler ce patrimoine culturel comme n’importe quel Dj,
l’esprit est ailleurs !
«E
st à la mode que ce qui a été oublié ! »
disait Marie-Antoinette, cette maxime
Alexandra l’a faite sienne pour insuffler un zeste
de subculture dans une mode qui ressuscite la lolita en version sexy, zen et minimale.
« Ma grand-mère confectionnait tous mes vêtements et je l’aidais. Dès l’âge de 21 ans j’ai été
rattrapée par la couture, mais je voulais réaliser
mes vêtements de A à Z, ne pas être techniquement dépendante ». Alors à 19 ans la jeune niçoise s’offre une échappée belle dans la Capitale.
Sept ans plus tard elle revient au bercail pour y
lancer sa propre griffe : « Quand je suis partie de
Nice, je maudissais cette ville. Aujourd’hui je la
redécouvre, les choses ont évolué ici et puis il y a
cette lumière qui inonde mon atelier. Même à l’intérieur, j’ai l’impression d’être à l’extérieur, c’est
l’idéal pour travailler, loin des pollutions parisianistes de la mode ».
Mais de la furie de « Panam » elle ramène une formation de modéliste et un séjour chez la styliste
« Vanessa Bruno ». Un savoir-faire qui, grâce à une
bourse et un parrainage - qu’elle obtient en décrochant en 2006 le « défi jeune » - lui permet de
lancer le concept O+ wear.
Une première collection est présentée en mars
2007 au « Volume » à Nice, lors d’un défilé- concert
qu’elle organise avec Emmanuelle Esther alors en
MODE
stage dans son atelier. Les deux stylistes niçoises
partagent en commun l’amour de la matière : « Je
puise l’inspiration de mes modèles à partir de tissus chinés. En ce moment je travaille sur de longs
saris ramenés des Indes. Comme ils font 7 mètres
sur 1, 60 mètre je ne peux pas couper n’importe
où. Là encore, c’est le tissu qui dicte sa loi ! ».
Jersey poids plume, voiles de coton, tissus éponge
façon lichen lui inspirent des vêtements à géométrie variable aussi près du corps que faciles à vivre.
Quant aux imprimés fleuris ou psychédéliques, ils
sont utilisés en contrepoint ou en léger patchwork
« juste pour donner du rythme aux lignes épurées
 La Vie des Arts 31
 Les illustrations
d'Alexandra s'inspirent
souvent du Japon, un pays
qui la fascine depuis sa
plus tendre enfance.
qui plaisent aujourd’hui ». La ligne, tirée en édition
limitée, reste évolutive et se décline ainsi sur une
dizaine de thèmes grâce à des accessoires amovibles : capuches, cols ou manches.
Côté influences, Alexandra qui a goûté à ses débuts
aux planches du théâtre (de L’Alphabet à l’Actor’s
Studio à Paris) parle volontiers de littérature, d’art
plastique ou de cinéma et avoue être incapable de
coudre sans écouter de la musique.
Passionnée par le dessin, elle enseigne également
la technologie du textile et de l’infographie à l’école
Pro Artigraph à Nice où Emmanuelle fut d’ailleurs
l’une de ses élèves.
Sa passion du dessin l’a amenée à concevoir également des pochettes pour des albums rock. Et puis
il y a le Japon ! Un pays qui la fascine depuis sa plus
tendre enfance : « J’ai étudié la langue à 19 ans,
et me suis immergée dans cette culture pleine de
paradoxes via ses mangas et sa littérature ». Sa collection puise d’ailleurs toute son essence spirituelle
dans le Nanga : « Un mouvement pictural nippon
du XVIIème siècle qui vise à s’affranchir des écoles
pour privilégier l’interprétation libre de la nature » explique-t-elle.
Et c’est libre comme l’air que la ligne
O+ wear a investi depuis deux ans
des boutiques à Londres, Paris, la
Hongrie, et Nice. Mais Alexandra
garde la tête froide, elle veut continuer à réaliser son travail ici, tout
en continuant à tisser des liens
au plan national ou international.
Parallèlement à ses créations, elle
vient de développer pour une
autre marque une ligne de vêtements fabriqués au Népal à partir
de tissus autochtones.
[email protected]
http://s94.photobucket.com/
albums/l114/alexandraferrarini/
oplus/
OM
 Quelques pièces de
la collection été 2008 O+
wear.
 Le Collier de Perles,
illustration d'Alexandra.
32
La Vie des Arts 
F IGU R E D E L ’ A R T
S A G ’ A RT : L A G A L E R I E F E R R E RO ( pa rt i e 1 )
Jean Ferrero,
un curieux personnage
Voix haut perchée teintée d’accent du sud et moustache virile, faconde
méditerranéenne et curiosité intellectuelle toujours en éveil. Rusé et
manipulateur pour les uns, attachant et désopilant pour les autres.
Parlant sans relâche de son passé sans être passéiste, un ancien pauvre
devenu riche et qui s’en moque … Jean Ferrero est un personnage unique,
inimitable. Totalement atypique dans le monde de l’art contemporain.
Q
uand il reçoit chez lui dans
son « bric-à-brac », il joue
le modeste : « Je n’ai rien ici ! ».
Rien, juste quelques broutilles,
un petit Basquiat, un grand Arman, un vieux César : le personnage est tout entier dans ce
contraste. Sa vie est-elle vraiment un roman, ou est-ce lui qui
en est le romancier imaginatif ?
En tout cas, comme il est extrêmement bavard, nul besoin de
lui tirer les vers du nez : « j’ai
une mémoire photographique,
je n’ai qu’à ouvrir le livre, ça
sort… ».
© J-Ch Dusanter
Jean Ferrero tient dans ses mains
la palette de Marc Chagall,
artiste qu'il a portraituré au milieu
des années 50.
Le romancier imaginatif de
sa propre vie
Une mère « très grande » originaire de Clans, un père de petite
taille, immigré italien de fraiche
date, un frère « très grand » et
lui tenant de son père… C’est,
si on l’en croit, cette équation qui a forgé sa personnalité et sans doute son destin.
Né à Antibes en 1931 dans une
chambre meublée, au hasard
des pérégrinations de son père
« boxeur, puis larbin pour finir
maitre d’hôtel », Jean Ferrero
a connu une enfance difficile
où il ne mangeait pas toujours
à sa faim : « ma mère faisait
des ménages, mon père était
Jean Ferrero
 77 ans
 Brocanteur de l’art
 Voudrait initier un large
public à l’art contemporain
joueur, amateur de femmes,
il n’avait jamais un rond… ».
Réfugié à Clans pendant la
guerre, il a 14 ans à la Libération : « c’était très dur mais on
s’amusait, on était libres. On ramassait tout ce qu’on trouvait,
par exemple le cuivre des robinets volés dans les villas, qu’on
échangeait contre des tickets de
pain… C’est là que j’ai appris
à me démerder. Je suis devenu
riche ensuite mais je peux vivre avec un quignon de pain ».
De cette époque datent ses
débuts en tant que collectionneur ou plutôt « accumulateur de n’importe quoi ».
En parfait autodidacte - il a juste
le certificat d’études - il dévore
tous les livres qui lui tombent
sous la main : « je lisais Gide
ou Saint Simon en gardant les
moutons … J’ai tellement lu que
je serais bientôt aveugle ! ».
Car Jean Ferrero a une énorme
qualité : la curiosité. Curieux
de tout, du « pourquoi des
choses », il lit, rêve en lisant,
se saoule de mots, se construisant au fil des ans une biblio-
thèque énorme, depuis la BD
d’avant-guerre (Bibi Fricotin, les Pieds Nickelés, Pim Pam
Poum, Pipo) jusqu’aux périodiques comme Science et Avenir
ou Connaissance des Arts auxquels il est abonné aujourd’hui.
Par ailleurs, sans doute pour
compenser sa petite taille, il
devient un fervent adepte de
la boxe et de l’haltérophilie.
C’est là que lui vient l’idée de
« photographier ses copains
musclés » mais - riche inspiration de sa part - nus en pleine
nature, au milieu des pins. C’est
nouveau, totalement inédit : il
met quelques publicités dans
la presse … Et aussitôt, le succès est immense, en particulier
auprès de la communauté gay.
Il en vient à vendre en Europe
puis dans le monde entier par
correspondance : « moi, je suis
amateur de femmes mais ça ne
se vendait pas » !
Anecdote croustillante : Jean
Ferrero eut même un temps
un assistant chargé de « gouacher » les sexes sur les photos
destinées aux États-Unis. Un
peu d’eau et les attributs virils
cachés aux yeux des douaniers
réapparaissaient comme par miracle à ceux de l’acheteur !
F IGU R E D E L ’ A R T
Avec son 6x6, il se déplace dans
toute l’Europe en camping-car
pour suivre les concours du
style Monsieur Univers, accumulant en 15 ans plus de 50.000
négatifs. En 1954, il est photographe indépendant avec une
carte de presse, travaille pour
les quotidiens la Stampa et NiceMatin, et commence à recevoir
des amis artistes à son studio-domicile de l’avenue Sainte Agathe
dans le quartier de Riquier à Nice.
Car il a entre-temps rencontré
pour les portraiturer les grands artistes de l’époque - Chagall, Miro,
Fontana, Moore - et quelques débutants comme César, Arman,
Farhi, Gilli ou Venet… dont il acquiert les oeuvres, difficilement
monnayables à cette époque.
Mais c’est grâce à ses photos de
nu masculin qu’il gagne beaucoup d’argent, s’achète des maisons, des voitures de sport … et
ses premiers tableaux : « d’abord
du figuratif… je marche à l’instinct, au coup de cœur, j’aime le
beau, la couleur, ce que l’homme
fait avec ses mains et son esprit ».
En 1970, il ouvre sa première
vraie galerie, dans le grand appartement qu’il loue juste à côté de
l’église du port. Bien que située
au 4ème étage, les expositions qu’il
y organise connaissent un grand
 La Vie des Arts 33
© J-Ch Dusanter
succès : « Je voulais en faire un
show-room comme en Amérique ». Bosseur, « marié avec le travail », il fait de sa galerie - qui se
déplacera ensuite rue de France
puis rue du Congrès - un lieu célèbre : César et Arman viennent y
travailler, tandis que lui les filme.
Puis s’y succédèrent Ben, Venet, Gilli, le groupe Supports/
Surfaces, plus tard Moya… Mais
bizarrement, cette époque n’est
pas son meilleur souvenir, même
s’il se rappelle quand même
ce collectionneur monégasque
qui acheta pour 700 millions de
francs en une heure : « j’aurais
jamais dû ouvrir une galerie : c’était la fin de ma jeunesse… ».
D’ailleurs, au mot de galeriste,
il préfère celui de « brocanteur
d’art » ou même de « mauvais
marchand », rongé par le virus de
la « collectionnite ». Car l’art n’est
pas son seul domaine de prédilection : il collectionne également les poupées chinoises et les plaques émaillées, les vieilles caméras et les personnages de Walt
Disney entre mille autres choses…
Volontaire, un brin teigneux,
il se force, à 77 ans, à faire
ses exercices de musculation dès qu’il ne peut « plus
voir ses plaques de chocolat ».
Ce qui ne l’a pas empêché
d’être objecteur de conscience
dans sa jeunesse, et qui lui
avait valu « six mois de taule
à Bordeaux Pessac » : « Je ne
veux pas porter d’armes, je
suis citoyen du monde - J’aime
l’art car il est sans frontières ».
Sous des dehors hyper-virils, Ferrero serait-il un tendre ? Ce qui
est sûr, c’est qu’il a « vécu intensément » et ne regrette rien.
Aujourd’hui, il lui reste son projet de fondation, actuellement
en pourparlers : « c’est mon plus
cher désir, cette fondation. Je
n’ai pas envie de m’embêter à la
construire, je cherche un lieu de
plusieurs milliers de mètres carrés. L’idéal serait une construction
légère, comme une usine, avec un
éclairage au nord, des cloisons
sans fenêtres. J’y réserverais une
aile pour Arman, une aile pour
César…Elle servirait à initier les
gens, un large public, même les
gosses, à l’art contemporain ».
Merci à Christophe CysDebeir pour ses précieuses
et précises informations
www.galerieferrero.com
FC
34
La Vie des Arts 
AT E LI E R D ’ A R TIST E
Bernard Pagès
© J-Ch Dusanter
le mariage des
contraires
© J-Ch Dusanter
Des avant-bras noueux de travailleur
de force mais le regard concentré
du penseur, une moustache
gauloise d’origine paysanne mais
le cheveu mi-long du marginal des
seventies… tel apparait Bernard
Pagès à qui tente de percer son
mystère. Car ne comptez pas sur
lui pour se confier ni faire de
l’introspection : l’homme est dans
l’action, seul le travail l’intéresse.
Et d’ailleurs, son oeuvre parle
d’elle-même, toute seule, et au
plus grand nombre. Bravo l’artiste.
L
’acier industriel associé à la paille campagnarde, le tronc
d’arbre créé par la Nature au plexiglas issu de mélanges chimiques, le mélèze de nos montagnes au grillage
de nos clôtures, le métal rouillé et tordu au galet poli par le
temps … Entre ville et campagne, nature et culture, bon grain
et ivraie, Pagès ne choisit pas : il oppose, confronte, fait dialoguer des éléments contraires, incompatibles. Et le miracle se
produit : entre ces éléments contradictoires, un équilibre se
fait malgré tout, fragile, émouvant, poétique … artistique. Bien
sûr, on se prend à se demander si Bernard Pagès fonctionne
ainsi dans sa vie, forcé de cohabiter avec son contraire - selon
le principe des pôles opposés qui s’attirent - ou si c’est juste
© J-Ch Dusanter
une méthode créative, une logique interne à son oeuvre ? Mais
l’homme est discret, secret, sans états d’âme. Fidèle au lieu
en bon terrien qu’il est, il vit depuis plus de 35 ans au même
endroit, dans la même modeste maison du côté de la Pointe
de Contes. Et travaille sous le même hangar ouvert à tous les
vents, confrontant ses oeuvres au même paysage tourmenté de
pins parasols. Apparemment peu soucieux de confort matériel,
on l’imagine affrontant avec délectation le soleil cuisant aussi
bien que le froid mordant. Et c’est quand il parle, avec son
accent légèrement rocailleux, que se dessine le parcours d’un
artiste qui réfléchit et qui sait où il va !
Trois ans de gestation silencieuse
Bernard Pagès est né en 1940 dans une ferme des bords du
Lot dans le Quercy. Une origine paysanne relative car, même si
ses grands-parents cultivaient la terre, son père fut inspecteur
pour les assurances et voyageait beaucoup. C’est cependant
dans cette ferme qu’il vécut durant sept ans, entouré de ses
trois frères et sœurs. Une vie campagnarde mais une sensibi-
AT E LI E R D ’ A R TIST E
 La Vie des Arts 35
Bernard Pagès
 68 ans
 Sculpteur
 Transfigure la laideur
en beauté
© J-Ch Dusanter
© J-Ch Dusanter
lité à la chose artistique, qui le poussera vers la Capitale, avec
l’idée de se perfectionner en peinture. Mais, sans doute pas
assez « beau parleur », il se fait recaler à l’oral aux Beaux-Arts
de Paris… et « trouve refuge dans l’atelier d’art sacré, place
Furstenberg, où enseigna auparavant Maurice Denis, et où un
prof enthousiaste lui ouvre des horizons ». C’est donc par la
peinture qu’il commence sa vie d’artiste, avant de se marier
à 24 ans, et de venir s’installer dans le Midi, la région natale
de sa femme. D’abord dans le petit village perché de Coaraze,
où, comme il a de l’espace, il peut démarrer la sculpture. Car
entretemps, il a découvert Brancusi, ou du moins son atelier
parisien reconstitué après sa mort : une sculpture « faite dans
la matière » qui lui parle, lui semble moins conventionnelle et plus accessible.
Et surtout car il a reçu, dès son arrivée sur la Côte, le choc
des Nouveaux Réalistes, lors d’une exposition aux Ponchettes à Nice fin 1966. Et s’il juge les accumulations d’Arman un
peu « scandaleuses », c’est Martial Raysse qui l’éblouit et le
réconcilie avec la Côte d’Azur. Et surtout Yves Klein, avec sa
façon si novatrice d’utiliser les éléments de la nature, l’air, le
feu … Bien lui en a pris de s’établir à Coaraze, car c’est là
qu’il rencontre le critique d’art Jacques Lepage puis, tous les
grands noms du mouvement Supports/Surfaces (Saytour, Viallat, Dezeuze, Dolla…), avant de participer à l’historique exposition de 1969 dans le village. Bientôt, il quitte Coaraze pour
La Pointe de Contes, « un endroit plus commode d’accès pour
les semi-remorques » et où il est encore aujourd’hui. S’ensuivent trois années de travail acharné et d’expérimentations à
l’abri des regards : période féconde où il collecte des matériaux, tente des expériences, expérimente des combinaisons,
des séries, des classifications, des agencements… Par exemple,
il récolte des morceaux de fils de fer puis les nomenclature selon les différents types de ruptures, de jonctions, de ligatures.
Ou encore combine des éléments « identiques en quantités,
formats et volumes mais faits de matériaux opposés ». Bref,
il s’impose des « règles indispensables » qui lui serviront ensuite de « canevas de travail ». Toute son oeuvre en découle,
même si ces principes se sont par la suite assouplis. Lors de
l’été 1975, et après avoir fait beaucoup de petits boulots pour
vivre, il décide de « ne plus jamais travailler pour quelqu’un ».
C’est de cette année que date sa première exposition personnelle importante à Paris, qui sera suivie de beaucoup d’autres.
Parmi les plus mémorables, celle de Beaubourg (hiver 1982-83),
celle du CAPC de Bordeaux (1984-85), puis du MAMAC tout récemment, qui lui a demandé pas moins de deux ans de travail.
Dès 1976, il se fait remarquer par la critique : Pierre Gaudibert
dans Art Cahiers, puis Lamarche-Vadel, Yves Michaud, Xavier
Girard … Grâce à la loi Lang du milieu des années 80, les commandes publiques affluent : université de droit d’Aix, lycée de
Menton ou de Vence, palais de justice d’Epinal, BMVR de Marseille … sans oublier, en avril 2007, « Vent debout », rond-point
des Baraques sur la commune de Nice …
Un atelier à la campagne
Aujourd’hui, ses convictions esthétiques n’ont pas varié.
Son oeuvre reste « hantée par la mémoire du monde rural », selon la belle expression de Xavier Girard. Mais avec
une ligne directrice, une « épine dorsale » forte, à l’image
de cette oeuvre gigantesque réalisée par l’artiste en 1984
et pièce maitresse de la rétrospective du MAMAC en 2007.
Car Bernard Pagès ne laisse rien au hasard, aime l’ordre.
Si ses outils sont « rudimentaires », il les veut bien rangés, alignés, faciles d’accès, à l’abri de la pluie. Même s’il
est aujourd’hui aidé par un assistant, et qu’il s’agit souvent de restaurer des pièces anciennes (dévisser, démonter, remonter), le travail reste pénible, difficile, physique.
On l’imagine passant toutes ses journées sous son hangar en
plein air, dimanches compris, à scier, forger, meuler, percer,
poncer, tordre, enduire de peinture … Sans oublier de « réfléchir, trouver des solutions » car « c’est un travail qui se régénère constamment, qui n’est pas entaché par l’usure ou l’ennui ».
D’autant plus que, se fiant à la logique des matériaux - des matériaux bruts, prélevés dans notre environnement naturel ou industriel - il improvise, sans savoir à l’avance comment la sculpture va finir. De même, le titre de l’œuvre ne vient qu’après
coup : les trois Grâces, la Torse, L’échalier, l’Echappée, la Matrone, les Cariatides, l’Acrobate, les Houppes, les Fléaux, les
Surgeons et les Flamberges, le Dévers, le Pal …
Entre références à la figuration ou à la ruralité, Bernard Pagès
transfigure la laideur en beauté, le plomb en or. Comme un
alchimiste… Existe-t-il une plus belle définition de l’artiste ?
http://www.documentsdartistes.org/artistes/pages/repro.html
FC
La Vie des Arts 
Quand le TNN 36
en scène
Daniel Benoin
sort de ses gonds !
Daniel Benoin est metteur en scène, auteur, comédien et depuis le 1er janvier 2002 directeur
du Théâtre de Nice. Il est à l’origine de la création de la Convention Théâtrale Européenne et
du Centre Européen de la Jeune Mise en Scène,
Vice-Président de l’ACID (Agence pour la Création
et l’Innovation dans la Décentralisation dramatique). Il a fondé l’Ecole Nationale d’Acteur de la
Comédie de Saint-Etienne et plus récemment le
Forum du Théâtre Européen. Un parcours aussi
brillant qu’atypique pour celui qui est venu tardi-
Vous êtes depuis 6 ans à la tête du
TNN. Avez-vous atteint les objectifs que
vous vous étiez fixés ?
Nous sommes passés de 2700 abonnés
à 12 000, de 110 représentations à 350,
de 16 spectacles à 70 et enfin de 1 à 7
créations par an. Cette révolution quantitative et qualitative participent au rayonnement du TNN à Paris ou ailleurs. De
plus en venant ici je voulais combattre
l’ostracisme dont est victime Nice, une
ville étonnante qui mérite que l’on ait
pour elle des ambitions internationales !
Théâtre, cinéma, télévision, écriture,
comment expliquez-vous votre
parcours ?
En fait je n’ai jamais suivi aucun cours
artistique, sauf en musique classique, où
j’étais nullissime, et la peinture que j’ai
abandonnée à 16 ans. Je suis arrivé au
théâtre en désespoir de cause. N’ayant
pas eu de formation spécifique, je me
suis ouvert rapidement à tout, étant très
visuel et onirique cela a influencé mon
approche du théâtre qui repose sur l’interpénétration des formes artistiques.
Les nouvelles technologies n’ont-elles
pas creusé l’écart avec le monde du
théâtre ?
J’étais résolument contre la présence
d’images vidéo ou d’un micro sur scène.
Aujourd’hui, l’envahissement est tel que
l’on doit s’en servir si l’on veut rendre
compte du monde. Pendant vingt ans, je
trouvais que le théâtre ne devait géné-
Daniel Benoin
 Homme de théâtre
passionné de cinéma
 Rock-star contrariée
vement au théâtre. Quand il quitte la direction de
la Comédie à Saint-Etienne, sa soif de découvrir
le Sud de l’Europe le fait d’abord hésiter entre la
Cité phocéenne et la Baie des Anges. En optant
contre toute attente pour le TNN il crée la surprise. Une décision qui repose selon lui sur un
constat très simple : « le potentiel de développement à Nice était énorme, celui de Marseille quasi
nul, et l’avenir m’a donné raison, la Criée est en
régression et le TNN est devenu depuis 2004 le
premier théâtre de France ».
rer que des images frontales, désormais
c’est un rapport plus subtil entre le spectateur et l’acteur qui m’intéresse. Tout
ça a commencé avec mon adaptation du
film Festen…
A ce propos vous avez adapté à la
scène de nombreux films. D’où vient
cette envie ?
Je trouve que le cinéma qui est un art du
réel suscite des sujets ou des prises de
positions plus engagés qu’au théâtre.
Que le 7ème Art m’inspire aujourd’hui
ce n’est qu’un juste retour des choses,
car pendant longtemps il s’est inspiré
lui même du théâtre que ce soit avec
Carné, Guitry ou Renoir. Depuis la nouvelle vague le phénomène s’est inversé.
Le déclic est venu lorsque l’on m’a proposé d’adapter « Autant en emporte le
vent » au théâtre Marigny avec Alain Decaux qui a travaillé sur les spectacles de
Robert Hossein. L’adaptation ne m’a pas
emballé mais en relisant le roman j’ai accepté et repris mot à mot les dialogues
du film. Ce ne fut pas un succès international mais cela a fonctionné.
Comment passe-t-on de l’un à l’autre
tout en respectant l’intégrité de
l’œuvre ?
Il n’y a pas de recettes. « Faces » était
au départ une pièce écrite par Cassavetes mais elle était moins intéressante
que le film dont je suis parti pour faire
mon adaptation. Dans ce même esprit je
vais confier à des réalisateurs le soin de
monter à Nice leur première pièce, Christophe Baratier réalisateur des Choristes
ouvre le ban cette saison, c’est un ami
de longue date, je joue un rôle dans son
prochain film Faubourg 36.
Y a-t-il des œuvres cinématographiques
qui vous séduisent particulièrement ?
J’ai revu récemment « Lost Hightway » de
David Lynch, on ne peut pas faire plus
cinématographique, mais cela ne m’a
pas empêché de penser que cela ferait
une belle pièce. Je voulais m’attaquer
à une œuvre de Kaurismäki il y a quelques années mais mon travail n’était pas
abouti. « Reservoir Dogs » eût été plus
facile mais ce qui m’intéresse dans cet
exercice, c’est aussi le challenge…
La mise en scène cinématographique,
ça vous tente ?
J’ai déjà fait un film, j’adore ça mais le
problème c’est que ça m’a pris deux
ans et qu’il vaut mieux faire ça à 28 ans
qu’après 55 ans. Mais il n’est pas exclu
en scène
 La Vie des Arts 37
Nous accueillons ainsi une quarantaine
de spectacles qui vont du plus populaire comme celui avec Fabrice Luchini au
plus pointu tel Kliniken ou Marie Stuart.
Et puis il a des spectacles non théâtraux.
Je mets moi-même en scène de l’opéra
et des chanteurs de rock depuis longtemps.
© J-Ch Dusanter
que je m’y remette, j’ai un scénario sous
le coude. En fait je rêve depuis toujours
de mener de front théâtre et cinéma, mais
pour cela il faudra certainement attendre
que je ne sois plus directeur de théâtre !
Quel est la différence entre le
théâtre et le cinéma ?
Le cinéma est un art du réel, le théâtre
celui de la transposition. Alors que le cinéma est moderne et multiple, le théâtre
est lui unique, archaïque et éphémère,
c’est pourquoi il est vital de trouver des
formes de modernité pour ne pas être
enfermé par ces contraintes.
Comment attirer la nouvelle
génération vers le théâtre ?
Pour la nouvelle génération le théâtre,
c’est quasiment de l’exotisme. Moi qui
n’aime pas les publics univoques, j’ai accepté de créer des séances l’après-midi
pour les lycéens. Et ça marche sur dix
élèves ont en convainc un, mais trente
ans plus tard il revient ! C’est un antidote
au tsunami d’images dont les premières
victimes sont les plus jeunes. J’ai compris qu’il y avait urgence quand mon fils
de 4 ans qui est un fan de PlayStation,
m’a demandé un jour que nous étions en
voiture, en troisième position dans une
file, à quel niveau du jeu j’en étais ?…
Aujourd’hui vous lancez le Forum du
Théâtre Européen, vous hébergez
Le Festival d’Art russe depuis huit
éditions, collaborez avec L’Opéra, Le
Printemps des Arts, le Festival Manca,
accueillez même des concerts de rock,
vous semblez vouloir repousser les murs
du théâtre ?
Un Centre Dramatique National tel que
celui de Nice est un formidable outil de
culture. Il faut fédérer de toutes parts.
Le rock dans un Théâtre National ce
n’est quand même pas banal ?
C’est ma génération, d’ailleurs, rock-star
ça m’aurait bien tenté aussi ! C’est ce que
je me suis dit en montant « Cache ta joie »,
un spectacle sur le rock que j’avais commandé à Jean-Patrick Manchette. Cette
saison j’ai la chance de monter « Rock’n
roll » d’après Tom Stopard qui raconte
la chute du communisme en Europe de
1968 à 1990 et en parallèle l’évolution
de cette musique sur la même période.
On la jouera trente fois dans la salle puis
ensuite au Théâtre du Rond-Point à Paris.
Cette pièce fait partie de nos sept créations actuelles avec L’Iliade, Macbeth et
les 3 pièces inspirées par des auteurs niçois, un nouveau concept inauguré cette
saison. C’est ce type de production 100%
made in Nice, qui valorise le TNN au-delà
de son territoire.
L’avenir du TNN ?
Faire de Nice une plateforme du théâtre en Europe. Dans ce sens nous avons
décidé avec la ville de créer le Forum du
Théâtre Européen. Il y aura des intervenants prestigieux comme Umberto Eco,
la venue de nombreux critiques internationaux. Je pense que d’ici quatre ou cinq
ans on aura réussi ce pari. Alors peut-être
qu’à ce moment là, je pourrais faire mon
film (rires) !
Programmation 2009 du TNN :
www.tnn.fr
OM
38
La Vie des Arts 
E N M USIQU E
Cinémix Danse avec les loops
:
Godard, Truffaut, Tati, Oury réunis au même générique,
Fantômas, Rabbi Jacob, Monsieur Hulot et Pierrot le fou
invités à la même « party » ! C’est le pari lancé par un
jeune niçois, Frédéric Elalouf à la ville, Vj Oof à la scène,
Monsieur Cinémix pour tout le monde !
Frédéric Elalouf est Dj (Disc jockey) comme
son frère, David, fondateur du Festival Nuziq dont la cinquième édition s’est déroulée en juin dernier au Théâtre de Verdure
et à la Villa Arson. Dans la Capitale, où il
débarque il y a quelques années, Frédéric
s’occupe de la promotion de labels pour
l’association Ping-Pong lorsqu’Universal
Jazz lui propose en 2004 de superviser la
production d’un album d’un genre particulier. Mission : revisiter avec les meilleurs
performers électro du moment la collection « Ecoutez le cinéma » : 40 Bandes Originales de films français des années 196070 inscrites au prestigieux catalogue de
la maison.
Le boum de la B.O.F
Après avoir été séquestrée dans les bacs
spécialisés des disquaires, la musique de
film sous l’impulsion des disques de « trip
hop » dont ceux de Portishead a brisé ses
chaînes pour devenir un genre avec pignon
sur rue. Ironie du sort, c’est grâce à ce saucissonnage savant que les originaux ont
fini par prendre le pas sur leurs samples et
que le génie de compositeurs tels qu’Ennio Morricone, John Barry ou Nino Rota
a pu venir à la rencontre du plus grand
nombre et sensibiliser toute une génération pour qui Pierre Tchernia ou Frédéric
Mitterrand ne sont que d’aimables dinosaures. Universal qui a flairé le filon décide alors de mettre au régime cinématique
ces grands compositeurs français qui ont
su marier l’écriture pop aux contingences
de la dramaturgie fictionnelle. Michel Magne, Serge Gainsbourg, Charles Dumont,
François de Roubaix, dont le thème de
« Dernier domicile connu » a déjà été samplé par Robbie Williams, n’échappent pas
à la cure de jouvence.
Un coup de jeune qu’une dizaine de compositeurs de la scène électro convoqués
par Frédéric Elalouf (dont Sporto Kantes,
Troublemaker, Rubin Steiner ou les Sofa
Surfer) donneront aux Bandes Originales
de Films de Pierrot le fou, de Trafic, de La
folie des grandeurs ou de Fantômas. Mais
une autre surprise l’attend ! Lors de la soirée de lancement de l’album, il réalise un
remix en live des extraits de ces films sur
leurs B.O.F revisitées. Et là, ô Miracle ! : le
cocktail images & sons, passé au tout numérique, accouche d’une nouvelle mixture aussi rafraîchissante que revigorante :
le Cinémix !!!
«Disco-Cinérama »
De directeur de production, Frédéric Elalouf devient alors l’artiste de «Ciné Oof-Cinémix « une sorte de « ciné-rave party » de
90 minutes projetée parfois sur 3 écrans
simultanément et avec laquelle il taille la
route de clubs en salles obscures : Berlin, Paris, Belfast, Copenhague, New York,
Mexico, la Chine, la Thaïlande, le Japon. «
La musique, n’occupait alors que 10% du
film, au Cinémix elle passe à 50 %, ce n’est
plus du papier peint, c’est de la sculpture !
». Sur le même concept le Dj devenu Vj
(Vidéo jockey) creuse le sillon en créant
une quinzaine de « cinéclips ». Des bandes annonce traitées « Found Footage » et
synchronisées comme une comédie musicale sous acide sur leurs B.O.F revitalisées. Belmondo et Omar Sharif dans « Le
casse », Louis de Funès en homme orchestre, Lino Ventura dans « Dernier domicile
connu » retrouvent tout leur punch…De
quoi ébranler la cinémathèque de papa
tout en jetant une passerelle entre les générations. Car Vj Oof vient d’offrir sur un
plateau aux enfants du web un patrimoine
réservé jusqu’alors aux « baby boomer ».
Alerté par cette résurrection providentielle, le 7ème Art lui fait les yeux doux. Il est
contacté par les enfants de Robert Enrico,
de José Giovanni, la famille de François
de Roubaix lui demande de réaliser un
« cinéclip » pour le 30ème anniversaire de
la disparition du compositeur. Puis l’Office National du Film Canadien lui donne
carte blanche afin de remixer l’œuvre de
Norman Mac Laren (1914-1987), l’un des
pionniers de l’animation. Une sorte de
Méliès américain couronné d’un oscar en
1952 : « Le cinéma sans caméra, c’est lui !
Il peignait sur les rushes, grattait les bandes son, ce qui produisait des blancs et
des effets électro avant l’heure ».
Pendant quatre mois, reclus dans son laboratoire tel le Dr Frankenstein, Frédéric
découpe, monte, remixe avec des samples d’Aphex Twin, Wagon Christ ou Noze
pour accoucher du nouveau monstre : 14
« cinéclips » qui depuis 2007 tournent
de l’Australie à la Nouvelle Zélande via le
Canada, du Centre Pompidou au Festival
Nemo en passant par ici : Le Hi hôtel, le
Théâtre de Verdure et le Short Film Corner
du Festival de Cannes
L’accueil est tel pour ce « Disco cinérama » qui se joue des frontières linguistiques, que, son géniteur a fait depuis 5 ans
plus de 300 dates aux antipodes, soit 1
par semaine ! « A Roskilde nous avons fait
danser 150 000 danois de 7 à 77 ans ! Cet
été j’étais en Serbie, au Mexique et en Israël. En septembre au Château de Fontainebleau en partenariat avec le Palais de
Tokyo ».
Le secret de Vj Oof ? Le cinéma avait une
tête, il lui a donné des jambes !
Se renseigner sur les dates de « CinéOof-Cinémix » en contactant l’association
49, Rue de Rochechouart 75009 PARIS
Tel 01 48 78 12 79
www.myspace.com/cinemix
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de « Mon livre d’école »
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un outil pédagogique simple pour la
fabrication d’un livre avec les élèves
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Qu’est-ce que le concept
« Mon livre d’école » ? :
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15/03/06
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cg06.fr
Depuis 3 ans, “C’est pas classique ! “, organisé par le Conseil général des Alpes-Maritimes,
offre pendant 3 jours à Nice Acropolis une programmation gratuite de concerts,
ateliers et spectacles sur le thème de la musique classique.
Quand
Quand les
les
musiques actuelles
s’invitent
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“C’est pas classique !”
Pour cette 4e édition, le Conseil général propose un concours ouvert à tous les DJ et musiciens.
L’objectif : créer 20’ de mix original à partir d’une matière première musicale issue de 30 œuvres classiques.
Les candidats devront intégrer à leur mix au moins 5 extraits d’œuvres différentes de cette liste. L’utilisation et la longueur de
ces extraits sont libres. Pour participer à ce concours, il vous suffit d’entrer en contact dès à présent avec la mission des musiques actuelles de l’ADEM 06 qui vous fournira les 30 morceaux classiques utilisés pour cette manifestation. Le dépôt des
projets se fera au plus tard le 24 octobre 2008 et un jury se réunira le 27 octobre afin de sélectionner jusqu’à 4 projets qui seront
présentés dans le cadre de “C’est Pas Classique !”. Les lauréats retenus recevront une somme de 750 euros TTC.
Contact : ADEM 06 Mission Musiques Actuelles
455, Promenade des Anglais
Immeuble Arénice - 06299 Nice cedex 3
Tél : 04 93 72 47 60 - Fax : 04 93 72 31 95
[email protected]
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