L'objectif de ce cours est double: - d'une part vous apporter les éléments nécessaires pour comprendre le fonctionnement des photodétecteurs les plus courants. De nombreux appareils mettent en oeuvre ces composants, citons par exemple: Applications à la mesure: mesure de vitesse (vélocimètre laser Doppler...) mesure de distance (télémètre laser, stéréoscopie...) mesure d'angle (codeur optique...) mesure de concentration (analyseur de gaz, opacimètre, granulomètre...) Application à la transmission d'information: photocoupleur, fibre optique barrière optique, code barre, photocopie disque optique (audio, vidéo, numérique), vision de nuit, thermographie, etc. - d'autre part, dans un but directement utilitaire, vous permettre de mieux utiliser les détecteurs existants au laboratoire, en fonction de leurs performances et du but recherché. Les montages concernés sont en premier lieu les montages d'optique, mais l'utilisation de composants optiques dans d'autres montages (mécanique, électronique, ...) n'a pour limite que votre imagination ! A. GALAIS juin 2003 1 1. INTRODUCTION L'essentiel du cours portera sur les capteurs optiques qui fournissent un signal électrique; ceci exclut par exemple les récepteurs tels que l'émulsion photographique, les photothermoplastes, et je ne parlerai que brièvement de l'oeil. Le principe de base des photorécepteurs étudiés sera donc une conversion énergie lumineuse Ö énergie électrique. C'est le principe même de cette conversion qui différencie le plus les photodétecteurs et qui conditionne leurs caractéristiques métrologiques. 1.1. Quelques rappels de RADIOMETRIE-PHOTOMETRIE Que mesure un photodétecteur ? La lumière est une onde électromagnétique dont le domaine de fréquence est extrêmement large: Sur l'ensemble du domaine des ondes électromagnétiques, il existe une continuité dans la description des phénomènes physiques: interférence, diffraction, polarisation... Toutefois, pour les processus de détection du rayonnement, il existe une frontière technologique qui distingue deux modes de détection: - domaine radio: on mesure l'amplitude E du champ électromagnétique, les détecteurs étant suffisamment rapides. - domaine lumineux: on mesure la valeur efficace du champ <E²(t)>, moyennée sur le temps de réponse du détecteur (détection quadratique). La zone de recouvrement entre les deux modes, déterminée par les limites en temps de réponse des détecteurs, se situe dans l'IR lointain (ondes millimétriques, fréquence 10 GHz). C'est donc le mode de détection quadratique qui nous intéresse et le photodétecteur mesure une énergie. A. GALAIS juin 2003 2 1.1.1. Grandeurs énergétiques (ou radiométriques) Symbole Φ Définition Unité Flux lumineux (d'un faisceau) C'est la puissance transportée par le rayonnement: elle est définie en calculant le flux du vecteur de Poynting 1 r r r Φ= ∫ E ∧ H ds Watt S anglais: radiant, luminous flux Energie (d'un faisceau) Joule Q = ∫ Φdt Q anglais: radiant, luminous energy E I Densité spatiale de flux lumineux: reçu par une surface = éclairement. anglais: irradiance, illuminance émis par une surface = émittance. anglais: exitance Une surface S recevant (émettant) le flux lumineux Φ reçoit Φ un éclairement (a une émittance) E = S Intensité (d'une source). Densité spatiale de flux émis (plus rarement reçue) W.m-2 W.sr-1 anglais: intensity Une source (considérée comme ponctuelle) émettant un flux Φ dans un angle solide Ω a une intensité définie par I = L Φ Ω Luminance (d'un faisceau, d'une source). Densité spatiale de flux. anglais: radiance, luminance W.m-2.sr-1 Un faisceau d'étendue géométrique U émettant un flux Φ a une luminance définie par Φ U Parallèlement à ces grandeurs physiques, il existe aussi des grandeurs liées à la photométrie visuelle. Elles sont exprimées à l'aide de plusieurs unités: 1L'équation de Poynting, dérivée des équations de Maxwell, s'écrit: : r ∂W + WJoule = 0 divP + ∂t Elle exprime la conservation de la densité de puissance. En l'absence de dissipation par effet Joule, cette relation exprime donc simplement que la densité d'énergie rayonnée (ou apportée) par le faisceau par unité de temps est égale à la variation de densité d'énergie émise par la source (absorbée par le récepteur). La puissance contenue dans un faisceau délimité par la surface S est donc: r r r Φ = ∫ divPdτ = ∫ Pds . V A. GALAIS S juin 2003 3 - le lumen (lm): unité visuelle de puissance lumineuse, qui mesure donc l'impression subjective produite sur l'oeil. -le lux (lx): unité d'éclairement.1 lux=1 lm/m2 -la candela (cd): unité d'intensité visuelle (anciennement appelée bougie nouvelle Â1948). 1 candela = 1 lm/sr Pour passer d'un système d'unité à l'autre, on utilise les courbes d'efficacité lumineuse spectrale de "l'oeil standard". On établit donc deux courbes, l'une V(λ) pour la vision diurne (vision photopique) et l'autre V'(λ) pour la vision nocturne (vision scotopique) (figure 1). Figure 1- Courbes de sensibilité spectrale de l'oeil Ce sont des courbes de sensibilité spectrale relatives. La valeur du facteur de conversion est liée d'une part aux "traditions" des éclairagistes qui ont fixé la valeur de la candela, unité de base du Système International et d'autre part à la loi de rayonnement du corps noir et bien evidemment à la sensibilité spectrale de l'œil moyen. Les facteurs de conversion sont: K =683 lm/W,au maximum de sensibilité de l'oeil (λ = 555nm) pour la vision diurne K' =1703 lm/W,au maximum, décalé vers le bleu (λ = 507nm) pour la vision nocturne. La candela est définie dans le système SI comme l'intensité lumineuse émise dans une direction donnée, d'une source qui émet un rayonnement monochromatique de fréquence 540 1012 Hz (555 nm) et dont l'intensité énergétique dans cette direction est 1/683 Watt par stéradian. La valeur de la candela fixe en fait le coefficient de la courbe d'efficacité spectrale photopique et permet alors d'exprimer des grandeurs de photométrie visuelles à l'aide des unités dérivées (lumen et lux) pour des rayonnements non monochromatiques. A. GALAIS juin 2003 4 1.1.2. Application: Calcul de flux et d'éclairement pour une lanterne. Une ampoule quartz-iode de 100 W (celle qui équipe les lanternes utilisées en TP) a un filament de tungstène de longueur l=40 mm, de diamètre d=0.15 mm. On suppose que 70% de l'énergie électrique fournie est dissipée sous forme de rayonnement (ε = 0.7). Exprimer le flux total émis par le filament. Calculer la température du filament ? La luminance spectrale du corps noir est donnée par la loi de Planck: c1 L(λ) = W.m-2.sr-1.nm-1 c2 c1=3.741 1020 W.m-2.nm4 5 λT πλ e - 1 c2=1.439 107 K.nm λ exprimé en nm Le flux total émis par un élément de corps noir de surface dS dans un angle solide dΩ centré autour de la direction θ (voir figure 2) s'écrit: ∞ dΦ = ∫ L(λ ).dScosθ.dΩ.dλ λ =0 le terme en cosθ prenant en compte la projection de la surface sur la direction d'observation. En intégrant l'angle solide par couronnes circulaires centrées sur la normale, dΩ = 2πsinθdθ donc ∞ dΦ = S. ∫ λ =0 Figure 2 π /2 ∞ θ =0 λ =0 L( λ )dλ ∫ .2 πsinθcosθ.dθ = π.S. ∫ L(λ )dλ On assimile le filament à un corps noir et l'on suppose que 70 % de la puissance électrique est rayonnée (i.e. on estime à 30 % les pertes par conduction et convection). ∞ ε.Pél = π.S. ∫ L( λ )dλ λ =0 ∞ La quantité π ∫ L( λ )dλ représente l'énergie surfacique émise (grandeur réciproque λ =0 à l'éclairement) et s'appelle l'émittance du corps noir. Elle ne dépend que de la température absolue de celui-ci (loi de Stefan-Boltzmann). ∞ π ∫ L( λ )dλ = σT4 λ =0 A. GALAIS avec σ = 2π 5 k 4 = 5.67 10 -8 W.m -2 .K -4 3 2 15h c juin 2003 5 Finalement, ε.Pél = S.σT 4 , d'où l'on tire la valeur T = 2845 K . Exprimer le flux émis dans le visible, en unités énergétiques et visuelles. Calculer l'efficacité visuelle de la lampe (rapport du flux visuel à la puissance électrique consommée )? 800 nm Flux (dans le visible) en unités énergétiques Φ 1 = π.S. ∫ L(λ)dλ = 8.1 W 400 nm 800 nm Flux en unités visuelles Φ 1 visuel = π.S.K. ∫ L(λ )V(λ)dλ = 1130 lm 400 nm L'efficacité visuelle de la source est donc de 11.3 lumen par Watt . A quelle distance de cette lampe faut il placer un écran pour obtenir un éclairement de 100 lux ? Le flux lumineux visible de la lampe, considérée comme ponctuelle, produit à la Φ 1 visuel distance d'un éclairement E = . Il faut donc se placer à d = 0.95 m de la 4πd 2 lampe. Quelle est la puissance reçue par un détecteur de surface sensible carré (côté 2 mm) placé a cette distance: Puissance lumineuse reçue par une surface SD à la distance d: SσT 4 P= .S D = 24 µW 4πd 2 1.1.3. Quelques ordres de grandeur : Eclairement lux 105 Lumière du jour (plein soleil) W.m-2 1.5 à 555 nm (∆λ = 1nm) -3 Ciel étoilé 10 Pleine lune 0.2 2.3 10-6 à 507 nm (∆λ = 1nm) Laser HeNe (1 mW, waist de 2 mm) 1.2 105 1. 103 à 633 nm On peut remarquer sur ces exemples la grande dynamique de l'oeil, qui fonctionne par nuit sans lune comme en plein soleil, avec une dynamique supérieure à 108. A. GALAIS juin 2003 6 1.2. Un détecteur particulier: l'oeil 1.2.1. Caractéristiques géométriques La constitution et la dimension caractéristique d'un oeil sont présentées sur la figure 3. La cornée, le cristallin et le liquide (d'indice égal à 4/3 environ ) baignant l'oeil participent à la formation des images sur la rétine. Le cristallin, par déformation de sa courbure, donne à l'oeil son pouvoir d'accommodation. Figure 3 On peut réduire l'oeil standard, sans accommodation (vision à l'infini) à ses éléments cardinaux (voir figure 4). Figure 4 La puissance moyenne de l'oeil est de 60 dioptries, variant de 8 dioptries par l'accommodation. L'acuité visuelle est habituellement exprimée (en France tout du moins) à l'aide de la notation Monoyer, sous la forme x 10ème. Ce chiffre représente une estimation A. GALAIS juin 2003 7 du pouvoir séparateur, exprimé en unité angulaire: une acuité de x 10ème correspond à résoudre des objets de dimension α=10/x minute d'arc. Une personne qui perçoit des détails de 1 mm sur un objet situé à 4 m possède donc une acuité de 11.6 dixièmes. Cette puissance optique conduit, sur le fond de l'œil, à une tache de 4.8 µm pour une minute d'angle. 1.2.2. Sensibilité La rétine (figure 5), qui tapisse le fond du globe oculaire, constitue un récepteur d'image structuré en différentes couches (figure 6). Deux types de cellules assurent la vision, c.a.d. convertissent les photons absorbés en influx nerveux, mettant en œuvre des mécanismes photochimiques très complexes: • Les cônes, qui fonctionnent en présence de luminances élevées (vision diurne, L > 10 cd/m2), permettent la vision en couleur. Trois sortes de cônes, S, M et L permettent une vision des trois couleurs de base, rouge, verte et bleue. La répartition des cônes sur la rétine n'est pas uniforme, avec un maximum de densité autour de la fovéa, située au voisinage de l'axe optique. • Les bâtonnets, 20 fois plus nombreux que les cônes, fonctionnent en luminance faible et assurent la vision de nuit, sans couleurs. Absent de la fovéa, ils sont répartis en périphérie. Figure 5 Figure 6 La différence de sensibilité spectrale des sites photosensibles de la rétine (figure 7) explique donc les deux courbes d'efficacité visuelle présentées précédemment. La limite de sensibilité aux faibles flux est difficile à établir, les conditions d'observation et d'adaptation à l'obscurité jouant un rôle important. La dilatation de l'iris à son diamètre maximum est un phénomène relativement rapide (quelques dizaines de seconde), l'adaptation à l'obscurité met en jeu des transformations chimiques qui peuvent être Figure 7 lentes (30 mn à une heure). On admet qu'après une adaptation parfaite à l'obscurité, 54 à 148 A. GALAIS juin 2003 8 photons (λ=507 nm) constitue le seuil de sensibilité. Compte tenu des pertes par réflexion et absorption et de l'efficacité quantique d'un bâtonnet, seul 10% des photons sont effectivement absorbés. On en conclut donc qu'il faut exciter simultanément de 5 à 14 cellules pour que le cerveau interprète l'événement. 1.2.3. Temps de réponse Le temps de rémanence de la perception rétinienne dépend du contraste de la modulation temporelle comme de la luminance moyenne. La fréquence critique de papillotement, pour une variation sinusoïdale du contraste égale à 10 %, varie de 42 Hz à 4 Hz en fonction de la luminance moyenne pour un rapport des luminances de 26000. 1.2.4. Contraste minimum décelable Deux plages de luminance uniforme sont distinguées si l'écart relatif des luminances est supérieur à 0.5 %. Cet ordre de grandeur est atteint en vision diurne, pour des luminances supérieures à 1 cd/m2. 1.2.5. Pouvoir séparateur On l'évalue à l'aide de mires de Foucault (barres alternativement sombres et claires) de période et de contraste variable. La courbe 8 présente la limite de résolution angulaire en fonction de la luminance moyenne et du contraste des mires. On retiendra qu'une résolution angulaire d'une minute d'angle n'est atteinte que sur des Courbe 8 mires de contraste élevé. Pour des objets différents, la limite de résolution angulaire peut être abaissée: dans le cas d'un fil noir sur fond clair, la résolution atteint 1 à 2 seconde d'angle. A. GALAIS juin 2003 9 2. CLASSIFICATION DES DETECTEURS TERMINOLOGIE On classe habituellement les détecteurs en deux catégories, les détecteurs quantiques et les détecteurs thermiques selon la nature des phénomènes mis en jeu. 2.1. Détecteurs thermiques L'interaction du rayonnement lumineux avec le détecteur peut être décrite comme une simple absorption de l'énergie lumineuse. Le modèle est celui d'un "thermomètre chauffé par le rayonnement". L'augmentation de la température du matériau induit une modification des propriétés électriques de ce dernier. Les méthodes de conversion échauffement--signal électrique les plus répandues sont les suivantes: bolomètre (variation de résistance) thermopile (thermocouple) (effet thermoélectrique) détecteur pyroélectrique (variation de capacité) Dans tous les cas, la nature quantique de la lumière n'intervient pas, on tient compte seulement de l'apport d'énergie par le rayonnement; les effets thermiques sont en général peu dépendant de la longueur d'onde. Le temps de réponse de ces détecteurs est gouverné par les processus de thermalisation, ce sont donc des détecteurs lents. 2.2. Détecteurs quantiques L'effet pris en compte est dans ce cas l'interaction directe d'un photon et d'un électron ou atome présent dans le matériau. On distingue les effets internes et externes selon que la particule photoexcitée est ou non extraite du matériau. • effets internes - photoconduction (extrinsèque ou intrinsèque dans les SC,...) - effet photovoltaïque (jonction PN, PIN, avalanche,...) - effet photoélectromagnétique • effet externe - photoémission (cellule à vide, photomultiplicateur, convertisseur,...) A. GALAIS juin 2003 10 L'aspect quantique du rayonnement est fondamental dans tous ces mécanismes, avec deux conséquences importantes: • l'existence d'une longueur d'onde de seuil, au-delà de laquelle le quantum d'énergie du photon est insuffisant pour provoquer une transition. • la forte dépendance de la réponse énergétique du détecteur avec la longueur d'onde. D'autre part le temps de réponse de ces détecteurs est lié au temps de vie ou de migration des porteurs de charges, donc beaucoup plus rapide que dans le cas des détecteurs thermiques. A. GALAIS juin 2003 11 3. PERFORMANCES - CARACTERISTIQUES METROLOGIQUES Pour adapter le choix d'un détecteur au type d'application envisagée, nous avons besoin de mesurer les performances des détecteurs. Elles peuvent être analysées et comparées selon un petit nombre de critères (caractéristiques métrologiques) que nous décrivons ici. Ces grandeurs sont celles que l'on trouve sur les documents techniques fournis par les constructeurs. Les caractéristiques générales des capteurs seront présentées, puis l'on s'attardera sur une caractéristique plus spécifique au détecteurs optiques, le flux équivalent au bruit. 3.1. Etendue de mesure C'est la différence de mesure algébrique entre les valeurs extrêmes pouvant être prise par la grandeur à mesurer pour laquelle les indications du capteur, obtenues à l'intérieur du domaine d'emploi, ne sont pas entachés d'une erreur supérieure à celle maximale tolérée. Les valeurs limites de la gandeur à mesurer sont appelées portées. Ces notions sont peu souvent utilisées pour les capteurs optiques, pour lesquels l'étalonage est une opération délicate, les étalons de flux lumineux restant du domaine du laboratoire de métrologie. 3.2. Réponse 3.2.1. Réponse ou Sensibilité Elle est définie comme le rapport de la variation du signal de sortie à la variation correspondante de la grandeur d'entrée. Pour un capteur optique, elle s'exprimedonc par: Signal électrique (courant ou tension) A ou V R= = W Flux lumineux Il n'est pas toujours clair dans les notices s'il s'agit d'une sensibilité moyenne sur l'étendue de mesure, d'une valeur en un point précis. La linéarité de la courbe d'étalonage permet parfois de lever le doute. Cette grandeur dépend non seulement du type de détecteur employé, mais aussi de ses conditions d'exploitation (surface du détecteur, amplification A. GALAIS juin 2003 12 incorporée, ...). Elle permet souvent de choisir entre plusieurs détecteurs en fonction des possibilités d'association entre le détecteur et l'appareil de mesure électrique. exemple d'association détecteur- appareil de mesure: On veut mesurer le flux lumineux issu d'un laser HeNe d'environ 1/2 mW de puissance. Avec une thermopile dont la sensibilité annoncée est de 0.1 V/W, le signal attendu n'excédera pas 50 µV. Il faudra donc réaliser un montage soigneusement blindé et utiliser un voltmètre sensible ! 3.2.2. Réponse spectrale Pour les détecteurs quantiques, il existe une longueur d'onde de seuil au-delà de laquelle la réponse est nulle. Pour les longueurs d'ondes plus courtes, la réponse est proportionnelle au nombre de photo-électrons produits2 : R = 0 pour λ > λ seuil P .λ R ∝ N photons = lumineuse donc hc R ∝ λ pour λ < λ seuil La réponse varie alors fortement avec la longueur d'onde (voir figure 9). Le détecteur est caractérisé par sa sensibilité maximale et par une courbe de réponse spectrale relative qui permet d'estimer la réponse à un rayonnement quasi monochromatique de longueur d'onde connue. Pour un détecteur thermique, seule la puissance lumineuse de rayonnement absorbée intervient. La courbe de réponse spectrale est déterminée par le coefficient d'absorption du matériau. Pour rendre la réponse la plus plate possible, on dépose une couche absorbante noire (noir de platine, suie d'or, ...). La sensibilité constante sur un large domaine spectral constitue l'un des avantages des détecteurs thermiques. Figure 9 - Comparaison des réponses spectrales (détecteur thermique et quantique) Dans les deux cas, il faut tenir compte (si cela n'est pas inclus dans la courbe de réponse spectrale) de la transmission de la fenêtre placée devant la surface sensible, qui ne peut que limiter le domaine spectral d'usage du détecteur. 2 On suppose en effet que le rendement quantique est indépendant de la longueur d’onde A. GALAIS juin 2003 13 3.3. Précision La précision d'un capteur caractérise son aptitude à fournir une indication proche de la valeur vraie de la grandeur mesurée. L'erreur de précision peut se décomposer en erreur de justesse et erreur de fidélité. La précision est souvent exprimée en pourcentage de l'étendue de mesure. Là encore,pour les capteurs optiques, la difficulté d'utilisation d'étalon de flux lumineux rendent ces caractéristiques très rares dans les notices. Concrètement, la calibration (et la certification) d'une photodiode capable de renseigner sur sa précision est une opération rare et coûteuse. 3.4. Hystérésis L'hystérésis mesure l'écart d'indication du capteur lorsqu'on atteint une même valeur de la grandeur mesurée par variation croissante continue ou décroissante continue. Elle est exprimée aussi en pourcentage de l'étendue de mesure. La plupart des capteurs optiques sont exempt de cette erreur. 3.5. Finesse Elle caractérise l'aptitude du capteur à fournir la valeur de la grandeur mesurée sans modifier celle-ci. Si cette notion reste importante pour les capteurs de température, elle n'est pas employé pour les détecteurs optiques. 3.6. Rapidité On aborde içi les caractéristiques dynamiques des capteurs. On caractérise en général la réponse à un échelon de la grandeur à mesurer Le temps de montée (resp. descente) est exprimée comme l'écart de temps séparant le passage de l'indication du capteur par les valeurs correspondant à 10% et 90% de l'échelon . 3.7. MESURE ET BRUIT Le signal électrique lié au flux lumineux est souvent très faible, ce qui pose d'une part le problème de connaître les sources de bruit intrinsèques au détecteur, d'autre part celui d'extraire le signal recherché du bruit de fond. A. GALAIS juin 2003 14 3.7.1. Seuil de détection La première question que l'on se pose est donc la suivante: quel est le signal lumineux minimum que l'on puisse détecter ? Le terme "détecter" signifie ici pouvoir décider d'après une mesure du signal électrique si le détecteur est dans l'obscurité ou non. 3.7.2. Signal d'obscurité Le terme signal d'obscurité désigne le courant ou la tension observée en l'absence du flux lumineux que l'on veut étudier (attention, cela n'implique pas l'absence de tout rayonnement). Si ce signal était parfaitement déterministe, pas de problème, il suffirait de le mesurer (étalonnage) puis de le soustraire à la mesure. Ce n'est généralement pas le cas et le signal d'obscurité est décrit comme une fonction aléatoire x(t) (x = V ou I) possédant les propriétés suivantes: - x(t) est une fonction aléatoire stationnaire du second ordre, c'est à dire que la valeur moyenne et l'écart-type ne dépendent pas de l'instant t choisi. - x(t) est une fonction ergodique, c'est à dire que les moyennes d'ensemble de la fonction sont égales aux moyennes temporelles calculées sur une réalisation de la fonction. Une description complète du bruit est parfois possible, par exemple lorsque celui-ci suit une loi de distribution normale. Dans le cas général (si la densité de probabilité n'a pas d'expression analytique par exemple), on s'intéressera uniquement à la densité spectrale de puissance (DSP) du bruit Sx(f), reliée à la fonction d'auto-corrélation du bruit par le théorème de Wiener-Khintchine3: +∞ Sx(f) = ∫ x(t)x(t - τ)e − 2iπfτ dτ −∞ On peut distinguer deux types de bruit, d'origine interne ou externe au dispositif. origine interne: Une cause fondamentale de bruit dans les circuits électriques est le bruit d'origine thermique. Pour une population de porteurs de charges à la température kT hc thermodynamique T, l'énergie thermique est 2 , à comparer à l'énergie d'un photon . λ Si l'on impose un rapport 10 entre ces deux énergies, ceci montre qu'un détecteur quantique à la température ambiante (T = 300K) ne peut servir à mesurer un flux lumineux de 3 Rappel : pour une fonction déterministe x(t), de transformée de Fourier X(f) = +∞ ∫ x(t)e -2iπft dt , on définit la densité spectrale de -∞ puissance par Sx(f) = X(f).X*(f) A. GALAIS juin 2003 15 2.hc longueur d'onde supérieure à λ = 10.kT = 9.6 µm. La solution pour dépasser cette limite est de réduire l'importance du bruit thermique en maintenant le détecteur à basse température. origine externe: La surface sensible du détecteur est soumise non seulement au flux lumineux que l'on désire mesurer, mais aussi au rayonnement d'origine thermique émis par tout ce qui l'entoure, y compris le boîtier du détecteur. Comparons par exemple pour un rayonnement de longueur d'onde voisine de 8 µm le flux ΦB provenant d'un fond à température ambiante à celui ΦS d'un corps noir à 3000 K (voir figure 10). c 1 . δλ .S . Ω ΦB = λcT2 d B 5 πλ e B - 1 avec TB=300 K, ΩB = 2π sr ΦS = c 1 . δλ πλ e 5 c2 λTS TS = 3000K . S d . Ω S avec Ω S = 2 π(1- cosθ S ) - 1 Figure 10 le rapport des deux flux est: ΦS ΦB λcT2 e B - 1 θ S2 1 cos = . − θ ≈ 490. ( ) S 2 λcT2 S e - 1 Il faut que le flux émis par la source soit supérieur aux fluctuations du flux provenant du rayonnement thermique ambiant que l'on ne maîtrise pas: ΦS » 1 ⇒ θS » 3° ou alors ΩB « 2π sr ΦB On voit donc sur cet exemple simple qu'il existe une limite inférieure au flux minimum détectable, imposée par l'environnement du capteur, particulièrement importante pour les mesures dans l'Infrarouge. La solution est de limiter l'angle solide sous lequel la surface sensible voit l'environnement "chaud" en l'entourant d'une enveloppe refroidie. Lorsque le capteur est limité par le rayonnement ambiant avant d'être limité par des sources de bruit internes, les anglo-saxons utilisent le terme de "BLIP" (Background Limited Infrared Photodetection). A. GALAIS juin 2003 16 Nous allons maintenant passer rapidement en revue les sources principales de bruit et donner l'expression de leur densité spectrale de puissance. 3.8. LES SOURCES DE BRUIT 3.8.1. Bruit thermique (JOHNSON noise) C'est un bruit présent dans tous les circuits résistifs et dont l'origine est l'interaction du "gaz d'électrons libres" assurant la conduction avec le réseau cristallin. Prenons l'exemple du circuit simple de la figure 11, comportant une résistance R et une capacité C. L'ensemble du circuit est à la température T. Les porteurs de charges (les électrons libres du métal par exemple) sont soumis à l'agitation thermique et les fluctuations de leur répartition se Figure 11 traduisent, au niveau des armatures du condensateur, par une charge aléatoire q(t). On modélise donc la source de bruit thermique comme un générateur de tension e(t). e(t) est une fonction aléatoire ergodique stationnaire. On suppose de plus que des échantillons de tension pris aux instants t et t+τ sont statistiquement indépendants, quelle que soit la valeur de τ. Cette dernière hypothèse de non-corrélation du bruit se traduit par une fonction d'autocorrélation en forme de pic de Dirac, ou ce qui est équivalent, par une densité spectrale de puissance uniforme (voir figure 12). Un tel bruit est dit "blanc". Figure 12 - Bruit "blanc" Calculons la valeur e02 de la densité spectrale du bruit. L'énergie moyenne stockée dans le circuit peut se calculer au niveau du condensateur par exemple. Elle est égale, d'après le principe de l'équipartition de l'énergie, à celle d'un degré de liberté (on fait l'hypothèse que la population d'électrons libres est à l'équilibre thermique à la température T): 1 〈q 2 〉 1 ⋅ = ⋅ kT 2 C 2 A. GALAIS juin 2003 17 où 〈 〉 représente une moyenne sur les échantillons4. L'hypothèse d'ergodicité du bruit permet de remplacer cette valeur moyenne par une moyenne temporelle sur q2(t). Une analyse de Fourier du circuit fournit l'équation électrique suivante pour la composante de fréquence f: q e f = f + 2 jπfRq f C C2 ⋅ e f 2 d'où q f = 1 + R 2 C 2 (2 πf ) 2 2 Le calcul de l'énergie s'effectue alors en sommant la contribution de toutes les pulsations: f =∞ f =∞ q2 C ⋅ e 20 1 q2 1 1 1 e 20 = ⋅ ∫ f df = ⋅ ∫ df = ⋅ ⋅ 2 C 2 f =0 C 2 f =0 1+ R 2 C 2 (2 πf) 2 2 4R = 1 ⋅ kT 2 Finalement on obtient pour la densité spectrale de puissance de bruit: e 20 = 4kTR ou la formulation équivalente de NYQUIST, donnant la puissance de bruit pour une bande de fréquence ∆f: e 2 = 4kTR∆f Ce résultat se généralise en remplaçant la résistance par la partie réelle de l'impédance de tout circuit électrique. f2 e 2 = ∫ 4kTRe[Z(f)]df f1 A titre d'exemple numérique, le bruit thermique pour une résistance de 10 MΩ à température ambiante, mesuré dans un circuit dont la bande passante est de 1 MHz crée une tension de bruit dont la valeur efficace est de 0.4 mV. 3.8.2. Bruit de grenaille (shot noise) C'est un bruit présent dans tout circuit où le transfert d'énergie est décrit par des phénomènes quantiques, la grandeur observée s'écrit alors comme une somme d'événements individuels (nombre de particules qui changent d'état). Citons par exemple le courant dans une cellule à vide (photoémission), le courant traversant une barrière de 4Ce résultat s'obtient par exemple en écrivant que la charge du condensateur suit une distribution de Maxwell/Boltzmann i.e. P ( q ) A. GALAIS = q2 2 exp − 2C πCkT kT ∞ puis en exprimant q 2 = ∫ P(q )q 2 dq 0 juin 2003 18 potentiel (jonction PN d'une diode, jonction SCHOTTKY...) ou le flux lumineux (transition entre niveaux). L'équation générale est donc : ti désignant les instants aléatoires des transitions (événements Y(t)= F(t) ⊗ ∑ δ(t - t i ) indépendants, flux de Poisson) i F(t) caractérisant la décroissance temporelle du signal dû à une transition. Le théorème de Carson permet alors d'exprimer la densité spectrale de puissance du bruit: ~ 2 SY(f) = 2n F(f) % ) de la fonction F(t) et le Celle ci ne fait donc intervenir que la transformée de Fourier F(f taux moyen des transitions n . Si de plus on fait l'hypothèse que le bruit est blanc, ce qui est équivalent ici à confondre F(t) avec un pic de Dirac δ(t) (en toute rigueur, un retard est permis), on est conduit à la formule de Schottky: SY(f) = 2nF2 où F représente un simple facteur de conversion Un exemple du cas général est fourni par la création d'un électron de conduction avec une durée de vie τ dans une jonction semi-conductrice. Le courant a alors pour expression: t−t − i e i = ∑e τ τ i 2 t e − e ~ 2 avec F( t ) = e τ . Alors F(f) = 2 et la densité spectrale de puissance de bruit τ 1 + ( 2πfτ ) du courant a pour expression Si (f) = 2 ne2 2 . La valeur efficace du courant de bruit 1 + ( 2 πfτ ) dans une bande ∆f autour de la fréquence f s’exprime à partir de la densité spectrale : 1 2 1 1 2 2 2 ne 2 πτ∆f i 2b = ∫ Si ( f ) ⋅ df = atan 2 2 2 1 + ( 2 πτ) ( f − ∆f ) πτ f - ∆f 2 ∆f f+ 2 Appliquons maintenant la formule de Schottky aux exemples précédents: 3.8.2.1. Courant dans une diode: Le courant est décrit par le passage électron par électron à travers la jonction Si(f) = 2 n e 2 = 2e I avec I = ne valeur moyenne du courant d'où l'écart-type du courant i 2b = 2eI∆f A. GALAIS juin 2003 19 3.8.2.2. Bruit de photons: Le flux lumineux émis par une source ordinaire est décrit comme somme d'émissions indépendantes de photons, avec un débit moyen N et un flux moyen Φ = Nhν . La densité spectrale du bruit affectant le flux est alors: SΦ(f) = 2 N( hν ) 2 = 2hνΦ et l'écart quadratique moyen du flux est Φ 2 = 2hυΦ ∆f 3.8.3. Bruits divers 3.8.3.1. Bruit en 1/f C'est un bruit dont l'origine n'est pas définitivement établie, et qui se manifeste par une densité spectrale variant en 1 , d'où le nom (pratiquement, n varie de 0.8 à 2). fn Il n'intervient qu'aux basses fréquences, et l'on considère souvent qu'il est possible de le rendre négligeable en utilisant les techniques de modulation. 3.8.3.2. Bruit de Géneration-Recombinaison Une étude plus fine du fonctionnement d'une jonction PN oblige à prendre en compte dans l'équation d'évolution du courant les deux mécanismes antagonistes de création de porteurs et de recombinaison (plus les piégeages si l'on veut affiner encore le modèle). Tous ces mécanismes introduisent des bruits de type Schottky associés aux différentes classes de porteurs de charges. Par exemple, dans le cas d'un semi-conducteur très faiblement dopé (quasiment intrinsèque), c.a.d où la densité moyenne en trou p est voisine de celle des électrons de conduction n, la valeur efficace du courant de bruit a pour expression : 2 τ b +1 NP i 2b = 4I 2 ⋅ ⋅ ∆f ⋅ ⋅ bN + P N + P 1+ (2 πfτ) 2 µn le rapport des mobilités, τ le temps de vie des paires électrons-trous, µp N (P) le nombre total d’électrons de conduction (de trous) dans le dispositif. On reconnaît donc une expression de la densité spectrale de bruit de type bruit de grenaille, avec la proportionnalité au taux moyen d'événement. Dans le cas cité, le bruit considéré n'est plus "blanc", car l'on tient compte de l'effet de filtrage introduit par la durée de vie finie d'un événement. avec b = On peut raffiner à loisir l'étude et l'expression des différents bruits; pour notre usage, nous retiendrons que dans la majorité des cas, les différents bruits pourront être considérés A. GALAIS juin 2003 20 comme "blanc" et statistiquement indépendants. Sous ces hypothèses, les densités spectrales de puissance de bruit s'ajoutent, d'où la valeur efficace du bruit: iB = ∑i 2 b = i 0 ⋅ ∆f sources de bruit Toutes les sources de bruits ne sont pas nécessairement connues, et les photodétecteurs sont caractérisés, en terme de bruit, de manière globale par leur flux équivalent au bruit et leur détectivité. 3.8.4. Flux équivalent au bruit - Détectivité 3.8.4.1. FEB Le flux équivalent au bruit d'un photodétecteur (Noise Equivalent Power, pour les anglophones) est défini comme la puissance efficace de flux lumineux ( flux reçu par le détecteur) qui double la valeur efficace du signal d'obscurité. Examinons le montage de la figure 13 comportant un détecteur de réponse R (en courant) et un circuit de mesure de bande passante ∆f, centrée autour de f0. Figure 13. Mesure du flux équivalent au bruit En l'absence de flux lumineux, on mesure un courant efficace i B = i 0 ⋅ ∆f . En présence du flux lumineux Φ modulé à la fréquence f0, le courant s'écrit comme somme du signal et du bruit: i = iΦ + iB avec iΦ = R⋅Φ Le FEB est atteint lorsque le flux lumineux est tel que iΦ = iB. On peut alors définir le flux équivalent au bruit par : Φ FEB = iΦ iB En faisant intervenir la sensibilité du détecteur, soit R⋅FEB = iB, on obtient l'expression : i FEB = B unité: le Watt (lumineux) R A. GALAIS juin 2003 21 On voit donc sur cet exemple que le flux équivalent au bruit est une estimation du plus petit signal lumineux mesurable, avec un critère de rapport signal sur bruit égal à 1. Sa valeur est directement liée à la puissance de bruit du détecteur et à sa sensibilité. D'autre part, le FEB dépend des conditions de mesures employées: fréquence de modulation analysée, bande passante du système de mesure, longueur d'onde ou composition spectrale du rayonnement, conditions de fonctionnement électriques et thermiques du détecteur. Le constructeur fournit souvent la valeur minimale, obtenue au pic de réponse spectrale du détecteur (R maximum) et à une fréquence choisie ni trop basse (pour minimiser le bruit, sinon on risque de récupérer du bruit en 1/f) ni trop haute (le temps de réponse limité introduit une atténuation de la sensibilité). On trouve dans certaines documentations de fabricants (voir par exemple en annexe les caractéristiques de la photodiode UDT PIN10) un FEB exprimé en W⋅Hz-½. Il s'agit dans ce cas d'une valeur exprimée à partir de la densité spectrale de puissance de bruit i 20 par la i relation 0 . Il est usuel de parler encore dans ce cas de flux équivalent au bruit, bien qu'en R toute rigueur il s'agisse de la racine d'une densité spectrale de puissance de flux lumineux. 3.8.4.2. Détectivité spécifique La détectivité D est simplement définie comme l'inverse du FEB. 1 D= unité:W-1 FEB Pour pouvoir comparer plus facilement des détecteurs différents, on tient compte de la dépendance du FEB avec la surface S du détecteur et avec la bande passante de mesure ∆f. La puissance de bruit interne varie le plus souvent linéairement avec la surface S du détecteur. (dans le cas du bruit de grenaille, i 2B ∝ I et I ∝ S donc i B ∝ S ). Le FEB FEB spécifique est donc défini par le rapport et la détectivité spécifique, notée D*, S⋅ ∆ f par son inverse: S ∆ f D* = unité: cm⋅H½⋅W-1 FEB Pour ces grandeurs, les conditions de mesures sont souvent indiquées sous la forme: λ pour un rayonnement monochromatique D * ou , fréquence f 0 , bande passante de mesure T pour un rayonnement de corps noir Pour un photoconducteur au PbS de surface sensible 6x6 mm(RTC 62SV) on trouve: D*(2µm,800,1) = 6 1010 cm.Hz½.W-1 dont on peut déduire le FEB =10 pW. A. GALAIS juin 2003 22 3.9. Efficacité quantique Pour certains types de détecteurs comme les photomultiplicateurs, le bruit interne du détecteur est négligeable devant le bruit de grenaille du flux lumineux; on ne peut donc estimer la valeur du flux lumineux minimum décelable en prenant un critère de rapport signal (lumineux) sur bruit (interne au détecteur) comme précédemment. Dans le cas où le bruit de photons est prépondérant, le rapport signal sur bruit croît comme φ, et bien souvent les photons peuvent être comptés un à un. La caractéristique la plus utile pour décrire la qualité du détecteur est dans ce cas son efficacité quantique η, définie par: η = A. GALAIS nombre moyen d'électrons émis nombre moyen de photons incidents juin 2003 23 4. Exemple de mesure en spectrophotométrie Après avoir défini et examiné les caractéristiques des photodétecteurs usuels, un exemple de mesure et de traitement de signal permet d'illustrer l'utilisation de ces grandeurs. Nous prendrons pour exemple le cas pratique de l'enregistrement d'un spectre d'absorption dans le visible, au voisinage de λ=0.5 µm. 4.1. Montage optique Le montage utilisé est celui de la figure 14. Le monochromateur est éclairé par une lampe quartz-iode (assimilée à un corps noir à 2850K). Figure 14 - Schéma du montage optique Monochromateur H10 JOBIN-YVON Les caractéristiques du monochroma- Focale équivalente teur sont indiquées ci-contre: 100 mm Ouverture relative f/3.5 Dispersion réciproque 80 Å/mm Efficacité du réseau à 0.5 µm (ζ) 40 % Hauteur des fentes (h) 8 mm On souhaite enregistrer le spectre avec une résolution de 10 Å. Calculons un ordre de grandeur du signal lumineux à la sortie du monochromateur: A. GALAIS juin 2003 24 Choix des fentes. La largeur des fentes doit être inférieure à 10/80 mm; la valeur la plus proche disponible dans le jeu de fentes est l=0.1 mm . La bande passante sera donc de 8 Å . Luminance dans le plan de la fente d'entrée du monochromateur. On forme l'image du filament sur la fente d'entrée avec un système optique. Pour un système répondant aux conditions de Gauss, la luminance de l’image est la même que celle de la source (à un facteur de transmission près). Le système optique est donc choisi tel que la totalité de la fente soit éclairée avec une ouverture supérieure ou égale à celle du monochromateur. Dans ces conditions, la luminance dans le plan de la fente d’entrée, pour le domaine spectral analysé s’écrit : λ =5008 Å L= ∫ L(λ )dλ L'intégration fournit L=127 Wm-2sr-1 λ = 5000 Å Etendue de faisceau admise par le monochromateur. La surface de la fente d'entrée est connue. Calculons l'angle solide Ω sous lequel le réseau est vu depuis la fente d'entrée. On fait l'hypothèse que les faisceaux sont de sections circulaires (en fait le réseau est de section carrée). 1 Ω = 2π(1-cosθ) avec θ = Arctg 2.Ouverture relative Finalement U = Sfente.Ω = h.l.Ω = 5.0 10-8 m2.sr Puissance lumineuse dans la fente de sortie. Si la taille de la fente de sortie est égale à celle de l'image de la fente d'entrée (ce que l'on suppose), la puissance lumineuse à la sortie du spectromètre vaut: Φlumineux = L.U.ζ = 2.5 10-6 W Dans la pratique, deux questions se posent: 1 - trouver un détecteur (et un appareil de mesure associé) capable de mesurer correctement ce flux. Le signal électrique produit doit en premier lieu être bien supérieur au bruit propre du photodétecteur et à celui de la chaîne d'amplification associée. 2 - estimer la précision de cette mesure: si l'on fait des mesures d'absorption de flux lumineux, il faut pouvoir fixer une limite à la plus petite absorption décelable. A. GALAIS juin 2003 25 4.2. Montage électrique Nous prendrons l'exemple de l'utilisation d'une photodiode silicium (UDT PIN 10), dont les caractéristiques sont fournies en annexe. On utilise la photodiode en mode "photoconducteur", c.a.d polarisée en inverse (cf schéma 15). L'avantage de ce mode est la linéarité du signal en fonction du flux lumineux, important pour des mesures d'absorption. La photodiode est alimentée par un générateur de tension E, et l'on Schéma 15 - Branchement mesure la tension V aux bornes de la résistance de électrique. charge RC. Seuil de mesure Le seuil de mesure est fixé en utilisant les critères suivants: La tension mesurée V(t) fluctue autour de la valeur moyenne V = R C I . Les sources de bruits étant nombreuses et décorrélées, la loi de distribution des mesures de tension Vi est une loi normale, centrée en V et d'écart-type σV (Figure 16). Figure 16- Distribution des mesures de V et intervalle de confiance Cette distribution nous permet de calculer la probabilité pour qu'une mesure unique soit à l'intérieur d'un intervalle donné, appelé intervalle de confiance. Usuellement, l'intervalle de confiance retenu est [V - 3σ v , V + 3σ v ] , et la probabilité qu'une mesure soit à l'intérieur de cet intervalle est donnée par: Prob[V - 3σ V ≤ V ≤ V + 3σ V ]= 1 - V+3σ v ∫ V-3σ v 1 σv (V - V) 2 dV exp 2σ v 2π = 0.9973 Si l'on applique ce raisonnement à une mesure faite dans l'obscurité on obtient un intervalle de confiance centré autour de Vobsc. . Une mesure faite en présence du flux lumineux Φ fournit un deuxième intervalle de confiance centré autour de VΦ ; le seuil de mesure peut alors être défini comme le flux lumineux minimum tel que A. GALAIS juin 2003 26 l'intervalle de confiance en présence du flux lumineux soit disjoint de l'intervalle de confiance associé au signal d'obscurité (figure 17). Figure 17 - Détermination du seuil de mesure Si l'on néglige la variation de l'écart-type σ entre la mesure dans l'obscurité et celle en présence du flux lumineux (i.e. on néglige le bruit associé au signal lumineux devant les bruits internes du photodétecteur), le seuil minimum de mesure de flux lumineux est tel que le niveau moyen de signal s'établisse à 6σ au-dessus du signal d'obscurité. D'après la définition du flux équivalent au bruit et en utilisant l'hypothèse d'ergodicité du bruit (moyenne temporelle = moyenne statistique), on peut exprimer simplement le flux lumineux minimum mesurable: Φ seuil = 6. FEB Pour la photodiode considérée, le constructeur fournit la densité spectrale de puissance équivalente au bruit suivante: NEP(0.97 µm) = 3.9 10-12 W.Hz-½ : Il nous faut déterminer le FEB à la longueur d'onde de 0.5 µm. La courbe de réponse spectrale nous donne: R( λ = 0.85 µm) 30 = = 1.76 R( λ = 0.5 µm) 17 Le FEB à 0.5 µm est donc: FEB = 12.10-14 ⋅ ∆f Watt et le seuil de mesure Φseuil=72⋅10-14 ⋅ ∆f Watt Bande passante de mesure Le seuil de mesure dépendant de la bande passante du circuit électrique de mesure, on peut calculer la valeur maximale permise pour pouvoir mesurer le flux lumineux émergent du monochromateur, soit: Φseuil << Φlumineux =2.5 µW ⇔ ∆f << 1.2 1012 Hz La bande passante n'est donc pas limitée par la densité spectrale de bruit du détecteur dans le cas étudié. Le seuil de mesure (caractéristique intrinsèque de la photodiode utilisée) est donc bien inférieur au flux lumineux à mesurer. A. GALAIS juin 2003 27 Il faut s'assurer maintenant que les autres sources de bruit du circuit de mesure ne sont pas prépondérantes. Choix de la résistance de charge La réponse pour λ=0.5 µm est de 0.21 AW-1, le courant moyen dû au flux lumineux est donc de 525 nA 5. La tension à mesurer est donnée par : V= Rc⋅i On choisira donc la valeur maximale possible de la résistance de charge, afin d'obtenir des variations de tension importantes. Une limite supérieure évidente est l'impédance d'entrée du voltmètre. Concrètement, la valeur maximale de Rc est de l'ordre de quelques MΩ, ce qui conduit à des tensions facilement mesurables (≈ 1V). Une autre limitation provient du bruit thermique introduit par la résistance de charge. Celle-ci donne lieu à un bruit thermique dont la valeur efficace est: 4kT ⋅ ∆f ⋅ R c vTh = Cette tension efficace de bruit est à comparer à celle produite aux bornes de la résistance de charge par les fluctuations de courant dans la photodiode, de valeur efficace iPD : iPD = NEP⋅R⋅ ∆f vTh << vPD Rc >> ⇒ ⇒ vPD = Rc⋅NEP⋅R⋅ ∆f 4kT ⋅ ∆f ⋅ R c << Rc⋅NEP⋅R⋅ ∆f soit 4kT 4 x 1.38 10-23 x 300 = = 184 kΩ NEP 2 ⋅ R 2 10-24 x 0.09 On voit donc qu'une valeur de quelques MΩ est un bon choix pour la résistance de charge, sous deux conditions: • pouvoir utiliser un voltmètre d'impédance d'entrée suffisante (>> 10 MΩ). • ne pas avoir un signal rapidement variable à mesurer. En effet, l'emploi d'une résistance de charge de valeur élevée limite la bande passante du circuit électrique. La photodiode a une capacité de jonction de 350 pF. Avec Rc = 2 MΩ, la constante de temps du circuit est de 0.7 ms. On ne pourra donc observer ni signaux rapides (f > 1kHz), ni transitoires. En pratique, c'est souvent l'exigence d'un temps de réponse faible qui impose le choix de la résistance et interdit d'utiliser les détecteurs performants d'une manière 5Il est intéressant de remarquer que cette valeur est inférieure au courant moyen d'obscurité ! A. GALAIS juin 2003 28 optimale du point de vue du bruit. Le bruit thermique de la résistance ne peut alors plus être négligé. Nous allons maintenant examiner la deuxième question, à savoir évaluer la précision obtenue sur la mesure d'un flux lumineux Φ. Précision de mesure sur le flux La grandeur électrique mesurée est la tension aux bornes de la résistance de charge V: V = Rc⋅I = Rc⋅(I0 + IΦ) = Rc⋅(I0 + R⋅Φ) = V0 + Rc⋅R⋅Φ l'équation précédente représentant des valeurs moyennes (I0 courant moyen d'obscurité, IΦ photocourant moyen), auxquelles il faut ajouter l'expression des tensions ou intensités de bruit. V0 représente donc le signal moyen d'obscurité, dont on suppose pouvoir obtenir une estimation aussi précise que nécessaire (on l'obtient concrètement en y accordant un temps de mesure suffisamment long). La mesure est constituée par la valeur Vmes = V - V0 = Rc⋅R⋅Φ. Il faut tout d'abord remarquer qu'il n'est question ici que de précision relative sur le flux lumineux, la valeur précise de la sensibilité R du photodétecteur ne pouvant être connue que par un étalonnage; les étalons de flux lumineux ne sont pas des appareils de laboratoires courants, aussi dans la grande majorité des cas les détecteurs ne sont pas étalonnés. Une seconde remarque est que pour faire des mesures de spectrophotométrie d'absorption(exemple choisi ici), seules des mesures relatives de flux sont nécessaires, car l'on mesure des transmissions. Si l'on s'accorde un intervalle de confiance à ±3σ, l'incertitude relative est: 6σ ε=V V mes Pour estimer σV, on suppose que les conditions de mesures sont telles que le bruit du photodétecteur est prédominant. Il est facile de vérifier (d'après les données du constructeur) que la contribution majeure à la FEB provient du bruit de grenaille de la photodiode. σV = Rc⋅σI = Rc⋅ 2e ⋅ (I 0 + I Φ ) ⋅ ∆f Prenons Rc = 2 MΩ, et supposons que seule la capacité de jonction du photodétecteur et Rc limitent la bande passante à ∆f = 1 kHz. Il vient alors: ε = 6R c ⋅ 2e ⋅ (I 0 + I Φ ) ⋅ ∆f Rc ⋅ IΦ ε A. GALAIS = 6 2e ⋅ (I 0 + I Φ ) ⋅ ∆f IΦ = 7.6 10-6⋅ ∆f = 2.4 10-4 juin 2003 29 Cette précision est à comparer bien sûr à la stabilité du flux Φ mesuré (stabilité de la source, stabilité en transmission du montage optique, etc...). Si nécessaire, l'expression précédente indique deux méthodes pour améliorer cette précision: 1 - soit augmenter IΦ en augmentant Φ, ε variant comme pour les grandes IΦ valeurs du photocourant (IΦ >> I0); - soit diminuer la valeur du bruit en diminuant la bande passante de mesure ∆f. Ceci s'obtient en pratique en modulant le flux lumineux et en effectuant une démodulation synchrone du signal électrique. A. GALAIS juin 2003 30 5. DETECTEURS QUANTIQUES Rappel L'effet pris en compte est dans ce cas l'interaction directe d'un photon et d'un électron ou un atome du matériau. On sépare effet interne ou externe selon que l'électron photo-excité est ou non extrait du matériau. 5.1. Effets internes: photoconduction et effet photovoltaïque. Le mécanisme initial est la création de porteur de charges "libres". L'énergie du photon doit donc être supérieure au gap du matériau (cf diagrammes d'énergie figure 18): 1.24 hc λ<< W soit avec les unités usuelles λ seuil (µm) = . W(eV) Dans le cas d'un semi-conducteur intrinsèque, le photon crée une paire électron-trou. Pour un SC extrinsèque, la présence des niveaux intermédiaires dus aux dopants réduit le gap et le mécanisme est la création d'une paire électron libre-trou lié(pour un dopage N). Figure 18. Niveaux d'énergie dans un semi-conducteur Quelques exemples: Semi-conducteur Si Ge Hg0.8Cd0.2Te Ge:Au A. GALAIS Gap (eV) T=295K T=77K 1.12 0.67 0.1 0.15 juin 2003 Longueur d'onde de seuil (µm) 1.1 1.8 12.0 8.3 31 Pour pouvoir mesurer cette création de porteurs, il faut maintenant éviter la recombinaison des paires en drainant les photo-électrons vers l'extérieur de la zone d'interaction: on distingue alors deux modes de fonctionnement; · mode photovoltaïque: la séparation est produite par l'existence d'une différence de potentiel interne au dispositif, créée par une jonction (jonction PN ou PIN par exemple). Le photodétecteur fonctionne comme un générateur sans polarisation externe. · mode photoconducteur: les porteurs de charges sont séparés par un champ électrique d'origine externe, appliqué au matériau (cas de la photorésistance ou d'une photodiode polarisée en inverse). 5.1.1. Cellule photoconductrice (photo-résistance) Nous étudions l'effet photoconducteur sur un échantillon de semi-conducteur dopé N (densité de sites donneurs d'électrons ND) de volume V, représenté figure 19. Nous supposerons que l'essentiel de la conduction est de nature extrinsèque, c'est à dire que le transport du courant est assuré uniquement par les électrons libres de la bande de Figure 19 . Photo-résistance conduction (porteurs majoritaires). La densité moyenne de ces porteurs de mobilité µ est n. 5.1.1.1. Courant d'obscurité Estimons la densité des porteurs dans l'obscurité nobsc, en écrivant l'égalité du taux de création volumique d'électrons libres par agitation thermique θC avec le taux de recombinaison θR. Le taux de création est proportionnel à la densité de sites donneurs disponibles: − eWl θC = a(Nd − nobsc) avec a ∝ e kT Le taux de recombinaison est proportionnel d'une part à la densité de porteurs libres, d'autre part au nombre de trous disponibles: θR = r.nobsc.nobsc Donc, en régime stationnaire, θC = θR , d'où l'on tire la valeur de nobsc: a a2 ND n obsc = − + + 2 2r 4r r Le courant d'obscurité traversant la photo-résistance s'exprime par la relation: A. GALAIS juin 2003 32 I obsc = U R = Uσ obsc V L2 = Uqµ V n obsc L2 5.1.1.2. Photocourant - Réponse En présence du flux lumineux Φ, le taux volumique de création d'électrons libres par les λ 1 ⋅ en supposant que l'interaction entre les photons et le photons s'écrit:θ Φ = η ⋅ Φ ⋅ hc V semi-conducteur se produit de manière homogène dans tout le volume ( η efficacité quantique du semi-conducteur). Le bilan des électrons présent dans la bande de conduction s'écrit, en régime stationnaire: θΦ + θC = θR L'effet du flux lumineux est d'augmenter le nombre de porteurs libres, donc de diminuer la résistance du matériau. Si l'on suppose que l'on éclaire suffisamment l'échantillon, la contribution de l'agitation thermique à la création d'électrons libres peut être négligée. θC(avec flux) < θC(obscurité) << θΦ Le bilan devient θΦ = θR et la densité dans la bande de conduction s'écrit: λ 1 n = η× Φ × × hc r × V On en déduit immédiatement la valeur du photocourant IΦ: V 1 λ 1 IΦ = U⋅q⋅µ⋅n⋅L2 = U⋅q⋅µ⋅L2⋅ η × Φ × × × V hc r La réponse d'une photo-résistance n'est donc pas linéaire en fonction du flux lumineux. Dans la pratique, le modèle simplifié ne rend pas compte de tous les phénomènes et la réponse est du type IΦ ∝ Φα avec ½ < α < 1. 5.1.1.3. Gain On définit le gain G comme le rapport du nombre d'électrons collectés dans le circuit extérieur à l'échantillon au nombre de porteurs photo-excités à l'intérieur. G= La quantité IΦ U n = µL2 ⋅ qθΦV θΦ n , homogène à un temps, représente le temps de vie d'un photo-évènement. θΦ Le temps de montée, qui correspond au mécanisme de libération par un atome donneur d'un électron est beaucoup plus court que le temps de descente, gouverné par les processus de recombinaison. On écrira donc: n ≈ τR θΦ La quantité A. GALAIS L2 représente aussi un temps caractéristique: µ U juin 2003 33 L2 µ U L µ E = = L v él = τ transit E représente le champ électrique régnant dans l'échantillon, vél la vitesse moyenne des porteurs majoritaires. Le temps considéré est donc le temps moyen de transit des porteurs à travers le semi-conducteur. Finalement, l'expression du gain devient: G = τR τ transit Augmenter le temps de recombinaison (temps de vie d'un trou) présente l'inconvénient d'allonger le temps de réponse du détecteur (augmentation du temps de descente). On cherchera donc plutôt à raccourcir le temps de transit par diminution de L2, ce qui conduit à donner à la zone photosensible une forme de ruban (voir figure 20) et à utiliser un champ électrique élevé (limité par le claquage du matériau). Il y a donc pour les photoconducteurs un compromis à assurer entre la sensibilité et la rapidité. Figure 20 Photo-résistance en "ruban" 5.1.1.4. EN PRATIQUE... Utilisation d'une photo-résistance RTC 61SV Les caractéristiques de cette photo-résistance au sulfure de plomb, sensible dans le proche infrarouge sont les suivantes: Domaine spectral 0.3 -- 3 µm 2.2 µm λmaximum Robscurité 1.5 MΩ Sensibilité (à 2 µm) 8. 104 V.W-1 D* (2,800,1) 4.1010 cm⋅Hz½⋅W-1 Surface photosensible 6 mm x6 mm Temps de réponse 100 µs Valeurs limites Tension Intensité 250 V 0.5 mA Le schéma électrique du montage de base est celui de la figure 21. A. GALAIS juin 2003 34 La tension VS mesurée aux bornes de la résistance de charge s'écrit: RC ⋅ E VS = RD + RC Toute variation de flux lumineux induit une variation ∆RD de la résistance du détecteur, accompagnée d'une variation ∆VS du signal: RC ⋅ E ∆VS = − ⋅ ∆R (R D + R C )2 D Figure 21 . Schéma électrique Cette variation peut être rendue maximale par le choix de la résistance de charge. E ⋅ (R C − R D ) d ∆VS ) = 0 ⇔ ⋅ ∆R D = 0 ⇔ R C = R D ( dR C (R D + R C )3 On prendra donc comme résistance de charge la valeur de la résistance du photoconducteur à son point de fonctionnement (obscurité ou éclairage moyen). Pour la PbS et de faibles flux, une valeur de 1 MΩ est donc convenable. La tension d'alimentation E est choisie pour des raisons de sécurité inférieure ou égale à la tension maximale admissible aux bornes de la photo-résistance, soit E < 250 V. D'autre part, on vérifie qu'une valeur de résistance de charge supérieure à 500 kΩ assure la protection de la photo-résistance contre toute surintensité. Le temps de réponse du détecteur limite la fréquence , donc la bande passante, à 10 kHz. Dans ces conditions, sans filtrage supplémentaire introduit par les appareils de mesure, le flux équivalent au bruit au maximum de réponse spectrale est de 1 nW, soit un seuil de mesure fixé à 6 nW. Le signal attendu dans ces conditions est alors de 480 µV. On choisira donc pour le voltmètre un appareil d'impédance d'entrée suffisante ( ≈ 10 MΩ ) et de bonne sensibilité (calibre 1mV). Enfin, on se souviendra que les photo-résistances ne donnent pas un signal de sortie linéaire en fonction du flux lumineux ! 5.1.2. Photodiode C'est le photorécepteur le plus produit et utilisé, notamment sous les formes phototransistor et opto-coupleur. A l'origine, il s'agit d'une simple diode que l'on n'a pas encapsulé à l'abri du rayonnement lumineux. Le fonctionnement est basé sur les mécanismes de conduction dans une jonction PN 5.1.2.1. La jonction P-N Une jonction P-N est réalisée (symboliquement !) par la mise en contact de deux échantillons d'un semi-conducteur, l'un dopé N par des impuretés donnant des électrons, A. GALAIS juin 2003 35 de densité ND, l'autre dopé P par des impuretés acceptant les électrons (densité NA ). La figure 22 représente le diagramme énergétique des deux échantillons avant et après la mise en contact. Figure 22 . Diagrammes d'énergie pour une jonction P-N L'équilibre thermodynamique du matériau impose une énergie de Fermi commune pour les deux échantillons, qui est obtenu par abaissement des niveaux des bandes de valence et de conduction dans le matériau N et élévation dans le matériau P, conduisant à l'apparition d'une différence de potentiel à la jonction (figure 23). Ce réarrangement à lieu par diffusion des porteurs majoritaires d'un échantillon vers l'autre zone, où ils sont minoritaires. A l'équilibre, la répartition des impuretés, des porteurs majoritaires et de la charge d'espace Figure 23. Champ et potentiel de jonction prend l'aspect suivant (figure 24): on constate qu'il apparaît une zone de transition autour de la jonction, appauvrie en porteurs majoritaires, appelée zone de déplétion. A. GALAIS juin 2003 36 Figure 24. Déplétion des porteurs de charges Cet équilibre de la jonction est le bilan de deux courants traversant la jonction, de sens et de nature différents. Le premier courant est dû aux porteurs majoritaires qui, par agitation thermique, arrivent à franchir la barrière de potentiel de la jonction (électron "sautant" de N vers P) . Ce sont des charges qui transitent à travers la zone de déplétion. Le second courant a pour origine la création par agitation thermique de paires électron-trou à l'intérieur de la zone de déplétion. Ces paires sont alors séparées par le champ interne de la jonction et produisent donc un courant de sens opposé au précédent, équivalent au transfert de porteurs minoritaires à travers la jonction (électron passant de P vers N). 5.1.2.1.1. Caractéristique d'une diode La caractéristique courant-tension d'une diode reflète cette dualité dans l'origine des courants. A. GALAIS juin 2003 37 Branchement dans le sens direct . Branchement en inverse. La différence de potentiel externe réduit la barrière de potentiel interne de la jonction. L'extension de la zone de déplétion devient très faible et le courant de porteurs majoritaires de la zone N vers la zone P est largement favorisé. La diode présente une très faible résistance dans le sens direct. La tension externe appliquée augmente la barrière de potentiel. Le courant des porteurs majoritaires est quasiment nul. La zone de déplétion s'étend de part et d'autre de la jonction. Le courant de porteurs minoritaires est prédominant dans ce mode. La résistance est élevée. Le courant traversant la diode s'écrit : eV i = i s ⋅ exp D − 1 kT Le deuxième terme, iS, représente le courant de saturation de la diode alimentée en inverse. Il correspond aux courant des porteurs minoritaires et dépend fortement de la température de la jonction (doublement tous les 7 °C). Le premier terme représente le courant des porteurs majoritaires. Il présente la même dépendance en température. La caractéristique a donc l'allure de la figure 25. Figure 25. Caractéristique typique d'une diode 5.1.2.1.2. Caractéristique d'une photodiode Que se passe t'il de nouveau lorsque l'on éclaire la diode étudiée précédemment ? Les photons absorbés dans les zones dopées P et N, de part et d'autre de la jonction donnent A. GALAIS juin 2003 38 lieu à un effet photoconducteur de même nature que celui observé dans une photorésistance et, s'il ne règne pas dans ces zones un champ électrique (appliqué de l'extérieur), la photo-création de porteurs libres est suivie d'une recombinaison dans la même zone et l'on observe rien de nouveau. Pour les photons absorbés dans la zone de déplétion, les paires électron-trou créées sont par contre immédiatement séparées par le champ interne, et une différence de potentiel apparaît aux bornes de la photodiode: c'est l'effet photovoltaïque. La photo-diode peut alors être utilisée comme un générateur de courant ou de tension dans un circuit électrique, d'où l'appellation de photopiles données à certains dispositifs. L'effet photo-voltaïque se résume donc à l'augmentation du courant des porteurs minoritaires. Le courant total traversant la photo-diode s'écrit alors: eV i = is ⋅ exp D − 1 − i p kT où iP représente le photo-courant, proportionnel au flux de photons et de même signe que Φ λ ⋅e . le courant de porteurs minoritaires:i P = η ⋅ hc La caractéristique de la photo-diode est donc celle de la figure 26. Figure 26. Caractéristique typique d'une photodiode 5.1.2.2. Technologie L'absorption du rayonnement par le silicium suit une loi de Beer-Lambert et s'écrit, à la distance x de la surface du matériau: Φ(x) = Φ ⋅exp (− a( λ )x ) 0 Au voisinage du maximum d'absorption (environ λ = 1 µm pour le silicium), αmax ≈ 102 cm-1 Donc 99% de la lumière est absorbée sur une épaisseur très faible, de l'ordre du micromètre. Si cette absorption se produit dans une zone dopée, nous avons vu qu'elle était A. GALAIS juin 2003 39 inefficace du point de vue de l'effet photovoltaïque. Il est au contraire nécessaire que le maximum de photons soit absorbé dans la zone de déplétion. Les fabricants s'efforcent donc de réaliser une diode dont la zone supérieure, soumise à l'éclairement, soit très mince. D'autre part , l'extension de la zone de déplétion est proportionnelle à la résistivité du matériau. Elle s'étendra donc plus dans une zone non dopée que dans une zone fortement dopée. On aboutit donc au sandwich de la photodiode P-I-N présenté en annexe; une zone mince très fortement dopé P+, une zone intrinsèque de forte résistivité puis un substrat dopé N. 5.1.2.3. EN PRATIQUE... 5.1.2.3.1. Mode "photoconducteur" La photodiode est alimentée en inverse, selon le schéma de la figure 27. L'équation électrique du circuit s'écrit: E + VD + RiD = 0. Le point de fonctionnement M de la diode est donc situé à l'intersection de la caractéristique et de la droite de charge -(E + VD ) iD = R (figure 28). Figure 27. Montage électrique Figure 28. Fonctionnement en mode "photoconducteur". Tant que la tension reste négative ou quasi-nulle aux bornes de la diode ( i.e. eVD << 0 kT soit VD << 26 mV à 300 K), la caractéristique de la diode s'écrit: Φλ iD = - (iS+ iP) ou encore i D = − iS + η e hc A. GALAIS juin 2003 40 La réponse de la photodiode est donc linéaire en fonction du flux lumineux. On veillera donc pour garantir ce fonctionnement à choisir une résistance suffisamment faible pour que la tension aux bornes de la diode reste largement négative, même aux forts éclairements (le point de fonctionnement M doit rester dans le quadrant III). La figure 29 présente le schéma équivalent de la photodiode. La résistance en série est celle des connecteurs et des couches dopées P+ et N, elle reste faible: quelques Ω. La résistance RD correspond à la zone de déplétion, elle est donc très grande, de l'ordre de 1010 Ω. Une résistance de Figure 29. Schéma équivalent charge de quelques 104 Ω constitue un bon ordre de grandeur pour les photodiodes usuelles. Quant à la capacité de la zone déplétée, elle dépend bien évidemment de la surface du détecteur, mais aussi de la tension inverse appliquée. L'épaisseur de la zone de déplétion augmentant avec la tension appliquée, la capacité diminue donc. Les photodiodes rapides seront donc de petite surface et utilisées en mode "photoconducteur", sous forte tension inverse. 5.1.2.3.2. Mode photovoltaïque Dans ce mode, la photodiode fonctionne en générateur (E=0). La résistance de charge du circuit est celle de l'appareil de mesure utilisé. Le point de fonctionnement est à l'intersection de la droite iD = VD − R et de la caractéristique, dans le quadrant IV (figure 30). On peut donc mesurer soit la tension, soit le courant. Figure 30. Fonctionnement en mode photovoltaïque. 5.1.2.3.2.1. Mesure de la tension en circuit ouvert On utilise un voltmètre de très forte impédance d'entrée (à comparer à 1010 Ω). Le courant dans la diode est pratiquement nul, d'où: eV i s ⋅ exp D − 1 − i p ≈0 kT kT i P soit VD = ln1 + e i S La réponse dans ce mode n'est plus linéaire en flux. Le courant traversant la diode étant très faible (les deux courants opposés minoritaire/majoritaire sont de même intensité), ceci minimise le bruit de grenaille de la jonction. Seul subsiste dans le circuit le bruit thermique. A. GALAIS juin 2003 41 5.1.2.3.2.2. Mesure de l'intensité en court-circuit On utilise un ampèremètre de faible résistance d'entrée. La tension VD est donc quasiment nulle et le courant circulant à l'extérieur de la photodiode est uniquement dû au photocourant. iD ≈ −ιP La réponse est linéaire, et le courant d'obscurité reste faible, limitant là encore le bruit de grenaille. C'est donc un mode de fonctionnement intéressant pour les mesures à grande dynamique à partir de l'obscurité. 5.1.2.4. Quelques ordres de grandeurs (Photodiode UDT PIN 10) Sensibilité: 0.4 A.W-1 Courant d'obscurité (à 23 °C): 0.5 µA FEB (pour 1 Hz de BP): 10-12 W Surface: 1 cm2 Estimons l'importance du bruit de grenaille associé au courant d'obscurité indiqué. La DSP Sgren. = 2 e Iobs. = I2obsc. de bruit du courant s'écrit i En faisant l'hypothèse que le bruit de . grenaille est la source principale de bruit, on calcule un FEB théorique (pour 1 Hz de BP). 2 I obsc . 2 ⋅1.6 10 −19 ⋅ 0.5 10 −6 =1 10-12 W. Sensibilité 0.4 La valeur théorique est très proche de ce qui est mesuré par le fabricant, ce qui valide l'hypothèse du bruit de grenaille prédominant. Calculons maintenant la valeur de la résistance du circuit de mesure Rm qui fournit un bruit thermique (à 300K) de même DSP que le bruit de grenaille: S 4kT V = Rm I ⇒ S itherm = V2 = 4kT = 62 kΩ Rm Sitherm ≤ Sigren. ⇒Rm ≥ Rm 2 ( FEB ⋅ Sensibilité ) 2 gren. = (FEB ⋅ Sensibilité ) Si FEBthéorique = = Nous voyons donc apparaître encore une fois un compromis entre une détectivité optimale, qui conduit à utiliser une résistance élevée, et une rapidité optimale, qui impose un RmCjonction le plus faible possible. Pour l'usage courant au laboratoire, il est utile de calculer l'écart-type de la tension de bruit mesurée aux bornes de la résistance Rm avec un voltmètre de BP 20 kHz (Phillips PM2525 par exemple): v = Rm ⋅ I 2obsc. = R m ⋅ FEB ⋅ Sensibilité ⋅ BP = 4.4 µV On conçoit donc qu'il est illusoire de vouloir travailler à la limite de détectivité de la photodiode avec un montage câblé "en l'air". Les sources de bruit principales seront donc les parasites secteurs (100 Hz, ce n'est pas à proprement parler un bruit!), l'ondulation A. GALAIS juin 2003 42 résiduelle du générateur de tension utilisé pour polariser la photodiode (intérêt des piles) et le facteur de bruit du voltmètre. Un blindage efficace du circuit de mesure primaire (générateur de tension, photodiode, résistance de mesure, préampli) est toujours nécessaire. A. GALAIS juin 2003 43 5.2. Effet externe: photoémission. Le mécanisme de base est toujours quantique, avec l'interaction directe d'un photon et d'un électron, mais conduit içi à l'extraction hors du matériau du photo-électron. C'est la mise en oeuvre de l'effet photoélectrique, expliqué par Einstein en 1916. De nombreux détecteurs utilisent cet effet: cellule photoélectrique, tube photomultiplicateur, intensificateur et convertisseur d'image à galette de micro-canaux, ... Tous comportent une électrode d'où sont arrachés les électrons, la photocathode. 5.2.1. Photocathode L'effet de seuil particulier à tout détecteur quantique prend naissance dans la photocathode, l'énergie du photon incident devant être supérieure au travail d'extraction d'un électron. Pour mesurer ce travail, on définit l'affinité électronique (AE) d'un solide comme la différence entre l'énergie de l'électron au repos dans le vide et l'énergie moyenne des électrons dans le solide. Cas d'une photocathode métallique Pour un métal, L'AE est de quelques eV(≈ 5eV). A température ambiante, il n'y a donc pas d'émission d'électron par agitation thermique (l'émission thermoélectronique apparaît à température élevée). Un électron libre du métal doit donc absorber un photon d'énergie suffisante et conserver ce surplus d'énergie pendant sa diffusion vers la surface pour sortir du matériau. Or dans un métal, l'électron transfère rapidement son surplus d'énergie à ses voisins, phénomène régi par la distance de thermalisation (quelques mailles cristallines). La zone photoactive est donc limitée à une couche de surface d'épaisseur très faible, de l'ordre de quelques nm. En pratique, les couches actives des photocathodes ne sont donc jamais de simples couches métalliques. Cas d'un matériau semiconducteur L'apport d'énergie doit tout d'abord couvrir le gap entre bande de conduction et bande de valence. On bénéficie, dans le cas du semiconducteur, de la durée de vie de la paire électron-trou, qui se traduit par une grande longueur de diffusion (de l'ordre de quelques micromètres). On cherche alors, en utilisant des traitements de surface (d'épaisseur très faible) par des métaux alcalins lourds, à obtenir une AE très faible, voire négative. Un bon exemple est représenté par les photocathodes sensibles dans le proche infrarouge (λ < 0.93 µm). La photocathode est réalisée en AsGa dopé P et un traitement de surface à base de césium induit une forte courbure des bandes d'énergie au voisinage de la surface (cf diagramme 31). Ainsi, tout électron promu dans la bande de conduction et à portée de diffusion de la surface de la photocathode quitte facilement celle-ci. Pour les photocathodes sensibles dans l'UV-visible (λ < 0.65 µm), le choix classique est une photocathode en Sb traitée au Cs. A. GALAIS juin 2003 44 31 . Diagramme énergétique d'une photocathode avec traitement de surface On retiendra qu'il est quasiment impossible de fabriquer des photocathodes sensibles dans l'IR , car à température ambiante, l'émission thermoélectronique deviendrait un phénomène concurrent de la photodétection. Les détecteurs photoémissifs sont donc cantonnés au domaine X-UV-Visible. 5.2.2. Cellule photoélectrique 5.2.2.1. Montage. La cellule à vide comprend une photocathode de grande surface, courbe, en face de laquelle est placée l'anode. La pression résiduelle dans l'ampoule est d'environ 10-6 à 10-8 torr. Les cellules sont repérées par un code du genre 90AV ou FZ9011V, qui se lit ainsi: tension d'alimentation: maximum 90 Volts nature de la cathode: repérée par une lettre, Antimoine (Sb) sensible dans le bleu, Césium sensible dans le rouge ou par un type S11(Sb-Cs), S1 (Ag-O-Cs). cellule à Vide (par opposition aux cellules contenant du Gaz) A. GALAIS juin 2003 45 Des supports blindés permettent de connecter la cellule selon le schéma ci-dessous. Certains supports incluent la résistance de mesure Rm. Ils sont vivement recommandés! La figure 32 présente l'allure des caractéristiques de la cellule. On veillera lors de E − VAK l'utilisation à appliquer une tension E suffisante pour que la droite de charge I = Rm coupe toujours le réseau de caractéristiques dans la zone de saturation. Figure 32. Réseau de caractéristiques d'une cellule à vide Quelques ordres de grandeurs Courant d'obscurité:10-8 à 10-13 A(à T ambiante) Sensibilité: 45 µA/lm, mesurée avec un corps noir à 2850K, 320 lm/W, soit S≈14mA/W. C'est la très faible sensibilité de la cellule à vide qui rend son emploi inadapté à la mesure des faibles flux lumineux; le bruit thermique de la résistance de mesure et/ou le bruit propre de l'amplificateur sont alors supérieurs au bruit de grenaille associé au courant d'obscurité. Le courant moyen d'obscurité a pour origine le courant de fuite entre les électrodes, qui dépend de la conductivité du verre utilisé pour l'enveloppe et de sa propreté (humidité, traces...), auquel s'ajoute l'émission thermoélectronique de la photocathode. A. GALAIS juin 2003 46 5.2.3. Photomultiplicateur 5.2.3.1. Principe Un tube photomultiplicateur est constitué d'une photocathode, d'un multiplicateur d'électrons et d'une anode, le tout enfermé dans un tube sous vide (Figure 33). L'arrivée des photons sur la photocathode permet l'extraction de photoélectrons; convenablement accélérés et focalisés, ceux-ci atteignent la première électrode, appelée dynode, du multiplicateur. Le bombardement de la dynode par ces électrons énergétiques déclenche un phénomène d'émission secondaire, avec un coefficient d'émission secondaire δ supérieur à 1 (2 < δ < 10). Ce mécanisme de multiplication se répète sur chacune des dynodes, et le courant est finalement recueilli sur l'anode. Le photomultiplicateur se comporte donc comme une cellule à vide avec un amplificateur intégré. Figure 33. Tube photomultiplicateur à photocathode fonctionnant par réflexion Le nombre n de dynodes (et donc d'étages d'amplification) est compris usuellement entre 5 et 15, il permet d'atteindre un gain en courant G élevé: courant anodique = δ n , des valeurs de 105 à 107 sont courantes. G= photocourant cathodique 5.2.3.2. Montage électrique Le coefficient δ dépend de facteurs géométriques qui règlent l'efficacité de transfert des électrons secondaires d'un étage à l'autre, mais aussi de la tension appliquée entre les dynodes. Le schéma classique d'alimentation est celui de la figure 34. Les tensions d'accélération entre dynodes (50 à 100 V) sont obtenues à l'aide d'un pont diviseur alimenté par une source de haute tension continue (0.5 à 2 kV). Pour chaque étage, le coefficient d'émission secondaire δ est proportionnel à la tension accélératrice, donc à la tension totale A. GALAIS juin 2003 47 n VHT délivrée par l'alimentation. Le gain en courant varie alors comme VHT . On en conclut donc qu'une grande stabilité est requise pour l'alimentation. Figure 34. Pont diviseur de tension Le courant anodique est mesuré aux bornes de la résistance de mesure Rm. Pour éviter les problèmes de raccordement aux appareils de mesure, la borne positive de l'alimentation est reliée à la terre, le signal est donc une faible tension négative (qques V). La trajectoire des électrons entre les différents étages peut aussi être modifiée sous l'effet d'un champ magnétique externe. En présence de fortes fluctuations du champ magnétique, il faut donc protéger le tube photomultiplicateur par un blindage en mu-métal. Enfin, les couches superficielles des dynodes, soumises aux bombardement des électrons, sont fragiles: ceci impose une limitation au courant anodique, sous peine de destruction des derniers étages. Certaines alimentations pour photomultiplicateur comportent donc un dispositif de sécurité "anti-éblouissement" qui coupe la tension d'alimentation lorsque le courant anodique devient trop important. Si ce n'est pas le cas, on veillera à respecter le courant anodique maximum en limitant la tension d'alimentation et/ou le flux lumineux. 5.2.3.3. Quelques ordres de grandeurs (Photomultiplicateur HAMAMATSU 1P28) Le photomultiplicateur 1P28 est un tube à fenêtre latérale, avec une photocathode opaque de type S5 (Sb-Cs) et une enveloppe en verre transparent aux UV. Le tube est fixé sur un culot qui renferme le pont diviseur de tension et un convertisseur continu-continu qui fournit, à partir d'une source BT 0-15V la HT nécessaire (400-900 V). Le tube comprend 9 étages, et le courant anodique maximum est limité à 100 µA. Réponse spectrale 185 - 650 nm, pic de sensibilité à 340 nm. Efficacité quantique maximale, 20% à 270 nm. A. GALAIS juin 2003 48 Sensibilité La sensibilité de la photocathode est comparable à celle d'une cellule à vide, mais à l'anode on bénéficie du gain en courant. Sensibilité de la photocathode: 30 µA/lm, mesurée avec un corps noir à 2850K, 36mA/W à 340 nm. Gain en courant: 5 106 pour VHT=1000 V Sensibilité globale (à l'anode): 1.8 105 A/W à 340 nm Courant d'obscurité: 1 à 100 nA (à T ambiante) Détectivité La source de bruit primaire est le bruit de grenaille de la photocathode i 2cathode = 2 e i cathode ∆f Il faut ajouter à ce bruit les fluctuations de l'émission secondaire, dont l'importance est prise en compte par un coefficient d'excès de bruit m (usuellement 1.1 < m < 1.5) défini par: i 2anode = m ⋅ G ⋅ 2 i cathode La densité spectrale de flux équivalent au bruit s'écrit alors: 2 e ⋅ m2 ⋅ G ⋅ i anode ⋅ ∆f FEB = S avec les caractéristiques ci-dessus FEB ≈ 3.3 10-15 W.Hz-½. Les notions de détectivité et de FEB n'ont d'ailleurs plus d'utilité pour ce type de détecteur, qui peut détecter l'arrivée d'un photon unique. On parle alors de technique de comptage de photons, et la grandeur primordiale devient alors le rendement quantique de la photocathode. Temps de réponse On distingue deux temps caractéristiques, le temps de montée (temps mis par le signal pour passer de 10 à 90 % du signal maximum en réponse à un échelon d'excitation lumineuse) et le temps moyen de transit des électrons de la photocathode à l'anode. tmontée 2.2 ns ttransit 22 ns Le tube photomultiplicateur est donc aussi un détecteur rapide. Le choix de la résistance Rm ne conduit pas ici à un compromis détectivité-rapidité, la tension de bruit thermique apportée par la résistance étant toujours négligeable devant le bruit propre du PM. A. GALAIS juin 2003 49 6. DETECTEURS THERMIQUES Rappel: les photodétecteurs thermiques sont en fait des thermomètres soumis à un transfert de chaleur radiatif. Herschel découvrit le rayonnement infrarouge en 1800 en utilisant un thermomètre à dilatation de liquide. Dans le monde animal, certains serpents (crotale, serpent à sonette, boa….) sont dotés de récepteurs infrarouges de nature thermique. Pour l'usage quotidien, la grande majorité des systèmes de détection (alarme, ouverture de porte automatique, allumageautomatique) sont basés sur une détection du flux infrarouge rayonné par le corps humain et utilisent un capteur pyroélectrique. 6.1.Caractéristiques thermiques Un détecteur thermique est convenablement modélisé par un corps d'épreuve de capacité calorifique K et de conductance thermique G (conductance entre le corps d'épreuve et l'enveloppe extérieure du capteur). Les pertes par convection interne au capteur sont en général rendu négligeables. Le processus d'échauffement du capteur soumis à un flux lumineux Φ répond alors à l'équation: dT K = αΦ − G(T − Ta ) dt α représentant la fraction du flux absorbé. En régime permanent sinusoïdal, la variation de température s'écrit alors αΦ ~ T~ = 1 2 2 2 G 1+ ω τ ( T ) K représentant la constante de temps thermique du capteur. On cherchera donc G toujours à réduire la conductance thermique au maximum, ainsi que la capacité thermique pour améliorer les performances des capteurs. τT = 6.2. Capteur pyroélectrique 6.2.1.Principe Le capteur utilise un matériau cristallin non centro-symétrique présentant une polarisation spontanée variant fortement avec la température. Cet effet pyroélectrique est particulièrement important dans LiNb03 ou LiTa03: A. GALAIS juin 2003 50 Coefficient pyroélectrique p = - 4.5x10-5 C/(K m2) pour LiNb03. En présence d'un échelon lumineux, l'effet pyroélectrique, transitoire, dépasse largement l'effet photovoltaïque comme le montre la figure 35, représentant le courant traversant le cristal. Figure 35. Courant traversant un cristal de niobate (tantalate) de lithium La réponse à un échelon de température se traduit donc par une variation de la charge surfacique, avec un temps caractéristique de l'effet pyroélectrique, suivi par la diffusion de ces charges dans le circuit extérieur, avec un second temps caractéristique, conduisant à une réponse illustrée par la figure 36. Figure 36. Réponse à un échelon de température On retiendra qu'un détecteur pyroélectrique n'est sensible qu'au changement de température, donc la nécessité de moduler le flux lumineux. A. GALAIS juin 2003 51 6.2.2. Montage électrique Le détecteur se comporte comme une charge capacitive pure. Un transistor à effet de champ intégré au détecteur assure l'adaptation d'impédance à la sortie. Une alimentation externe est donc nécessaire(figure 37). Figure 37. Montage et circuit électrique équivalent 6.2.3. Quelques ordres de grandeurs Voici les caractéristiques du pyroélectrique HAMAMATSU P2613-07. Le boîtier comporte un détecteur thermique (LiTaO3) muni d'un transistor à effet de champ, encapsulés dans un boîtier de transistor TO-5. Réponse spectrale La fenêtre devant la partie sensible est réalisée en fluorine (CaF2). L'ensemble constitue un photorécepteur infrarouge de réponse uniforme dans le domaine spectral 0.4 - 7 µm (figure 38). Figure 38. Réponse spectrale relative Temps de réponse N'oubliez pasqu'il faut moduler le flux lumineux à faible fréquence! Le temps de montée (0-63%) est de 80 ms. La fréquence de modulation optimale est autour de 1 Hz, la sensibilité décroit rapidement ensuite (figure 39). A. GALAIS juin 2003 52 Figure 39. Réponse fréquentielle relative Branchement (figure 40) La sortie du signal est prise en parallèle sur une résistance de charge de 22 kΩ. Le FET est alimenté en continu (15V maximum). Figure 40. Branchement électrique A. GALAIS juin 2003 53 TABLE DES MATIERES 1. INTRODUCTION ............................................................................................... 2 1.1. QUELQUES RAPPELS DE RADIOMETRIE-PHOTOMETRIE ............................. 2 1.1.1. Grandeurs énergétiques (ou radiométriques) 3 1.1.2. Application: Calcul de flux et d'éclairement pour une lanterne. 5 1.1.3. Quelques ordres de grandeur 6 : 1.2. UN DÉTECTEUR PARTICULIER: L'OEIL ............................................................. 7 1.2.1. Caractéristiques géométriques 7 1.2.2. Sensibilité 8 1.2.3. Temps de réponse 9 1.2.4. Contraste minimum décelable 9 1.2.5. Pouvoir séparateur 9 2. CLASSIFICATION DES DETECTEURS TERMINOLOGIE.................... 10 2.1. DÉTECTEURS THERMIQUES............................................................................... 10 2.2. DÉTECTEURS QUANTIQUES............................................................................... 10 3. PERFORMANCES - CARACTERISTIQUES METROLOGIQUES ........ 12 3.1. ETENDUE DE MESURE......................................................................................... 12 3.2. RÉPONSE ................................................................................................................. 12 3.2.1. Réponse ou Sensibilité 12 3.2.2. Réponse spectrale 13 3.3. PRÉCISION .............................................................................................................. 14 3.4. HYSTÉRÉSIS ........................................................................................................... 14 3.5. FINESSE ................................................................................................................... 14 3.6. RAPIDITÉ................................................................................................................. 14 3.7. MESURE ET BRUIT................................................................................................ 14 3.7.1. Seuil de détection 15 3.7.2. Signal d'obscurité 15 origine interne: 15 origine externe: 16 3.8. LES SOURCES DE BRUIT ...................................................................................... 17 3.8.1. Bruit thermique (JOHNSON noise) A. GALAIS juin 2003 17 54 3.8.2. Bruit de grenaille (shot noise) 18 3.8.2.1. Courant dans une diode: 19 3.8.2.2. Bruit de photons: 20 3.8.3. Bruits divers 20 3.8.3.1. Bruit en 1/f 20 3.8.3.2. Bruit de Géneration-Recombinaison 20 3.8.4. Flux équivalent au bruit - Détectivité 21 3.8.4.1. FEB 21 3.8.4.2. Détectivité spécifique 22 3.9. EFFICACITÉ QUANTIQUE.................................................................................... 23 4. EXEMPLE DE MESURE EN SPECTROPHOTOMÉTRIE ....................... 24 4.1. MONTAGE OPTIQUE............................................................................................. 24 4.2. MONTAGE ÉLECTRIQUE ..................................................................................... 26 5. DETECTEURS QUANTIQUES...................................................................... 31 5.1. EFFETS INTERNES: PHOTOCONDUCTION ET EFFET PHOTOVOLTAÏQUE.31 5.1.1. Cellule photoconductrice (photo-résistance) 32 5.1.1.1. Courant d'obscurité 32 5.1.1.2. Photocourant - Réponse 33 5.1.1.3. Gain 33 5.1.1.4. EN PRATIQUE... Utilisation d'une photo-résistance RTC 61SV 34 5.1.2. Photodiode 35 5.1.2.1. La jonction P-N 35 5.1.2.1.1. Caractéristique d'une diode 37 5.1.2.1.2. Caractéristique d'une photodiode 38 5.1.2.2. Technologie 39 5.1.2.3. EN PRATIQUE... 40 5.1.2.3.1. Mode "photoconducteur" 40 5.1.2.3.2. Mode photovoltaïque 41 5.1.2.3.2.1. Mesure de la tension en circuit ouvert 41 5.1.2.3.2.2. Mesure de l'intensité en court-circuit 42 5.1.2.4. Quelques ordres de grandeurs (Photodiode UDT PIN 10) 42 5.2. EFFET EXTERNE: PHOTOÉMISSION.................................................................. 44 5.2.1. Photocathode 44 5.2.2. Cellule photoélectrique 45 5.2.2.1. Montage. 45 5.2.3. Photomultiplicateur A. GALAIS 47 juin 2003 55 5.2.3.1. Principe 47 5.2.3.2. Montage électrique 47 5.2.3.3. Quelques ordres de grandeurs (Photomultiplicateur HAMAMATSU 1P28) 48 6. DETECTEURS THERMIQUES ..................................................................... 50 6.1. CARACTÉRISTIQUES THERMIQUES .................................................................. 50 6.2. CAPTEUR PYROÉLECTRIQUE ............................................................................ 50 A. GALAIS 6.2.1. Principe 50 6.2.2. Montage électrique 52 6.2.3. Quelques ordres de grandeurs 52 juin 2003 56 Bibliographie Rayonnements optiques. Radiométrie - Photométrie F. DESVIGNES MASSON 1991 Détection et détecteurs de rayonnements optiques F. DESVIGNES MASSON 1987 Méthodes et techniques de Traitement du Signal et applications aux mesures physiques. Tome 1: Principes généraux et méthodes classiques. J. MAX MASSON 1985 Optical and Infrared Detectors Topics in Applied Physics, Vol. 19 R.J. KEYES SPRINGER VERLAG 1977 Noise: Sources, Characterization, Measurement A. van der ZIEL PRENTICE-HALL 1970 Noise Limitations in Solid State Photodetectors R.M. van VLIET Applied Optics, 6, 7, 1145-1169, July 1967 A tutorial approach to the thermal noise in metals A.J. DEKKER, H. HICKMAN and T.M. CHEN Am. J. Phys., 59, 7, 609-614, July 1991 Physique des Semi-conducteurs B. SAPOVAL, C. HERMANN Ellipses, 1991 Vision Encyclopaedia Universalis, vol. 18, p 942 Lumière et couleurs Y. LE GRAND MASSON, 1972 Site Web sur la vision http://webvision.med.utah.edu/ A. GALAIS juin 2003 57