IMMOBILIER JEUDI 20 MARS 2003 Qu’il s’agisse des logements de la capitale, de l’Ile-de-France ou des grandes villes de France, la hausse des prix ne connaît pas de répit depuis 1997. Le succès des maisons ne se dément pas p. II et III DIAGNOSTICS CONSTRUIRE SA MAISON Après l’amiante, les termites, le plomb, les vendeurs vont devoir informer sur l’état des conduites de gaz et les risques p. VI naturels CONJONCTURE FORTE HAUSSE Indice des prix des logements en province 160 153,6 Maisons 140 Appartements 120 125 100 80 94 98 02 Ceux qui font bâtir s’adressent surtout aux constructeurs. Faire appel à un architecte reste le fait d’une minorité FINANCER ET INVESTIR Les crédits bon marché encouragent les acquéreurs à s’endetter de plus en plus et incitent les épargnants à acheter un logement destiné à la location p. X et XI p. IX Source : Perval/banque de données des notaires L’étonnante vitalité du marché du logement fait encore monter les prix En dépit d’une croissance déclinante, l’ascension des prix immobiliers ne connaît pas de répit. Au contraire, elle s’est accélérée au deuxième semestre 2002 et s’étend aux quartiers les plus modestes. En 2003, cette spirale devrait s’interrompre avec la montée du chômage. A lors que les analystes les plus optimistes prédisaient, pour 2002, un arrêt de la hausse des prix, débutée en 1998, et une stabilité de l'activité, on ne peut que constater le phénomène inverse : 626 000 logements anciens se seront vendus en 2002, ce qui constitue un record, à des prix qui n'ont toujours pas cessé de monter. On s'attendait à atteindre un pic à la fin du premier semestre 2002, lorsque la situation économique donnait ses premiers signes de dégradation, mais il n'en a rien été puisque la hausse s'est, au contraire, emballée dans cette période. L'année 2002 s'achève, à Paris, avec une progression des prix de 10 % en un an, contre 9,2 % en 2001, 12,9 % en 2000, 11,4 % en 1999 et 0,53 % en 1998 : en cinq ans, les prix parisiens se sont donc appréciés de plus de 50 %. Le fait nouveau, par rapport à la hausse précédente des années 1988 à 1990, c'est que l’augmentation actuelle touche sérieusement la province : entre 1997 et 2002, les prix des appartements y ont grimpé de 40,4 % et ceux des maisons de 50 %, selon l'indice de la Fédération nationale des agents immobiliers (Fnaim). La tendance semble se poursuivre en ce début 2003 : « Nos agences connaissent une activité soutenue, malgré les menaces de guerre en Irak qui paraissent, au contraire, doper les achats », s'étonne Bernard Grech, président du réseau d’agences d'Orpi. La résistance et la vitalité de l'immobilier sont d'abord dues à la faiblesse des taux d'intérêt des prêts bancaires, en baisse permanente depuis trois ans et qui ont, eux aussi, atteint leur record historique vers le bas : on peut, aujourd'hui, emprunter à moins de 4 %, en taux révisable. Cela permet aux accédants à la propriété de s'endetter plus et plus longtemps. « La durée moyenne des prêts s'est allongée de quatre ans, entre 1994 et 2002, et atteint désormais 16,3 années », expliquait Michel Mouillart, professeur d'économie de l'immobilier à l’université Paris-X Nanterre, lors du point de conjoncture présenté par la Fnaim les 23 janvier : « Le nombre d'emprunteurs à plus de 20 ans a doublé, puisqu'ils étaient 4 % en 1997 et 8 % en 2002. » La grave pénurie de biens à louer pousse, en outre, les candidats au logement à se tourner vers l'accession tandis que les investisseurs disposant d'une épargne choisissent d’acquérir un logement en vue de le louer. Démarrée en mars 2000, la déconfiture boursière dont on ne prédit pas encore la fin, fait d'ailleurs réfléchir beaucoup d'épargnants qui voient dans l'immobilier d'habitation un moyen bienvenu de diversification et de sécurisation de leur patrimoine. La demande de grands logements, maisons et appartements familiaux, est bien supérieure à ce que le marché peut offrir et entretient, elle aussi, le mouvement de hausse. « Ce dynamisme des prix est dû aussi à l’amélioration du revenu disponible de plus de 2 % dont ont, malgré tout, bénéficié les ménages, en 2002, grâce aux allègements fiscaux », explique Geneviève Lhomme, spécialiste de l'immobilier au Crédit agricole. Le net déplacement de populations vers les villes du sud de la Fran- ce y renforce la demande de logements et l'inflation des prix. Les zones frontalières subissent la pression des voisins suisses ou allemands, voire italiens, sur la Côte d'Azur. Il n'y a pas que les grandes villes qui soient touchées : dans les campagnes et les zones touristiques, l'engouement pour les résidences secondaires fait enfler les prix des villas et des propriétés. Secondaires, elles le sont de moins en moins, car, grâce au télétravail, au TGV et aux 35 heures, elles deviennent des résidences principales ou alternées pour des citadins avides de nature et de tranquillité. Les cam- pagnes voient aussi s'installer des citoyens venus de toute l'Europe, anglais en Aquitaine et en Normandie ou européens du Nord en MidiPyrénées et sur la côte landaise. Leur pouvoir d'achat et leurs références en matière de prix des logements engendrent, localement, une surenchère. ’ La hausse des prix des logements entraîne une redistribution entre régions et, dans les villes, entre les quartiers. Au palmarès des villes chères, l'attractivité économique fait gagner des places à des cités comme SUPPLÉMENT AU « MONDE » DU JEUDI 20 MARS 2003, NO 18087. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT Dijon, passée du 13e au 10e rang, en 2002, et Metz, dont les valeurs immobilières surpassent celles de Nancy. On assiste à un rattrapage des prix dans des villes jusqu'ici bon marché, comme Lyon, Bordeaux ou Marseille. La tendance au desserrement urbain, qui voit des familles quitter les centres-villes pour disposer de plus d'espace en périphérie, se poursuit dans toutes les grandes agglomérations. La valorisation des maisons, dont les prix progressent jusqu'à deux fois plus vite que ceux des appartements, témoigne de ce besoin d'espace et de verdure. L'éloignement peut même aller jusqu'à 20 ou 30 kilomètres de la ville-centre, là où les terrains sont encore abordables et les règles d'urbanisme plus légères, parce que non inclus dans les périmètres de schémas de cohérence territoriale (SCOT) : des constructeurs de maisons et des lotisseurs disent, ainsi, travailler de plus en plus « hors SCOT ». Grâce à une politique volontariste des villes qui s'équipent de transports et requalifient leurs anciens sites industriels délaissés, des quartiers entiers sortent de terre, se valorisent et s'apprêtent à accueillir les classes moyennes et aisées, chassées de leurs quartiers habituels où les prix sont devenus inaccessibles. Des programmes neufs originaux, qui prévoient de généreux volumes, des terrasses et des jardinets, connaissent un étonnant succès commercial. La hausse des prix des logements est un phénomène européen en raison, sans doute, de la convergence des économies, notamment en matière de taux d'intérêt des crédits. Au Royaume-Uni, selon la banque Halifax, l’augmentation atteint 23 % en 2002. A Londres, le mètre carré est trois fois plus cher qu'à Paris. En Espagne, les logements neufs ont renchéri de 58 % entre 1996 et 2001. Cette progression, apparemment inexorable, endette les ménages parfois au-delà du raisonnable et rend les villes inaccessibles à une majorité de la population. La remontée du chômage, en particulier en France, pourrait enrayer cette spirale en 2003. Isabelle Rey-Lefebvre II/LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003 CONJONCTURE Le marché de l’immobilier parisien affiche une santé insolente En 2002, les prix ont encore progressé de plus de 10 %, même si les signes d’un prochain ralentissement apparaissent. Après un net fléchissement en 2001, le nombre des transactions s’est stabilisé, signe que la demande de logements reste forte L'AUGMENTATION NE CONNAÎT PAS DE RÉPIT Prix courants par m 2 , en euro Nombre de transactions 3 422 € 3 424 € 1 500 31 979 24 774 26 543 42 898 42 000 34 500 27 353 2 000 32 000 2 500 30 000 3 000 42 575 3 500 1 000 500 1980 37 000 en euro (chiffre du 3e trimestre) 40 433 Prix courants par m 2 , 1 194 € 82 84 86 88 90 92 Source : Chambre interdépartementale des notaires de Paris 94 96 98 00 02* * chiffres provisoires Prix au m2 des appartements anciens (en %) (valorisation indices notaires-Insee Paris, chiffres provisoires, fin 3e trimestre 2002) inférieur à 3 000 € de 3 001 € à 4 000 € de 4 001 à 5000 € supérieur à 5 001 € • Ier 4 404 € (+ 12,2 %) • IIe 3 462 € (+ 9,5 %) • IIIe 3 884 € (+ 10,8 %) • IVe 4 485 € (+ 11 %) XVIe 4 413 € XVIIIe 2 520 € XVIIe 3 461 € IXe Xe 3 300 € 2 594 € VIIIe 4 289 € VIIe 5 348 € e (+ 6,7 %) XVe 3 734 € III IVe VIe 5 473 € Ve (+ 8,0 %) 4 538 € 3 054 € XIVe 3 663 € (+ 8,6 %) XXe 2 556 € (+ 9,8 %) (+ 9,6 %) (+ 7,6 %) (+ 8,4 %) (+ 9,1 %) (+ 9,2 %) (+ 11,1 %) IIe XIe Ier e (+ 11,8 %) (+ 7,2 %) XIXe 2 428 € (+ 11,7 %) (+ 11,8 %) in Même surprise sur le front du nombre des transactions : la hausse des prix n’a pas découragé les acheteurs. Le volume des transactions est resté quasiment stable en 2002 avec 37 000 ventes annuelles (environ 1 % de baisse, mais les chiffres définitifs seront fournis par la Chambre des notaires de Paris à la mi-avril). Rien à voir avec le début des années 1990 où, au plus haut de la période d’euphorie immobilière, on avait assisté à une forte baisse des transactions (qui étaient passées de 44 000 par an en 1989 à 24 000 en 1991). De même, le brutal décrochage de l’année 2001 – où le début de l’éclatement de la bulle boursière s’était traduit sur le marché immobilier par un recul de 7,7 % des transactions – ne semble lui aussi plus qu’un mauvais souvenir. LA HAUSSE SE POURSUIT À UN RYTHME SOUTENU Se 37 000 2002 Tous ces indicateurs paraissent indiquer que les fondements du marché immobilier restent solides. Plusieurs phénomènes semblent expliquer ce contexte inédit. La pénurie de logements locatifs s’est aggravée. Et les dispositifs fiscaux qui incitaient les particuliers à investir dans le logement locatif ont disparu : le dispositif Besson, qui encadre les loyers et instaure un plafond de revenu pour les locataires, ne fonctionne pas à Paris, compte tenu du prix des appartements, contrairement au dispositif Périssol. Beaucoup de particuliers à la recherche d’un appartement à louer se découragent face à la rareté de l’offre et choisissent de franchir le pas et d’accéder à la propriété. Parallèlement, beaucoup de locataires sont incités à acheter leur propre appartement par leurs propriétaires, des investisseurs institutionnels comme les assureurs ou les banques qui profitent du niveau élevé des prix pour réaliser des plus-values sur leur portefeuille immobilier. Le niveau exceptionnellement bas des taux d’intérêt invite à troquer son statut de locataire pour celui de propriétaire. Les taux fixes, compris entre 4,5 et 5 % et les taux variables, inférieurs à 4 %, augmentent considérablement le potentiel d’endettement de l’acheteur. Les particuliers découvrent – souvent avec étonnement – que leurs banquiers sont prêts à leur accorder des montants inespérés, ce qui soutient les prix élevés. L’allongement de la durée des emprunts (jusqu’à 25 ans) amplifie encore ce phénomène. L’investissement locatif est donc devenu une dépense courante pour les particuliers qui occupent les appartements qu’ils achètent. En vedette à Paris, les 6e, 7e, au-dessus de 5 000 euros, et les 5e, 16e, 4e et 8e, tous au-dessus des 4 000 euros. Depuis la crise de 1997, les quartiers du centre de Paris (du 1er au 7e) sont ceux qui ont le plus progressé, avec des hausses de prix d’environ 50 %. Aux quartiers bour- La S sait à 3 424 euros. Pour la première fois, ce prix moyen du troisième trimestre se hisse, en euros courants, au niveau de la « bulle immobilière » de 1991. En euros constants, ce prix est toutefois encore inférieur de 15 % à ce record du début des années 1990 (1 542 euros contre 1 825 euros). ur le front de l’immobilier parisien, l’année 2002 aura déjoué tous les pronostics. Dans une période d’incertitude et de fort ralentissement économique, on attendait au moins une pause dans l’envolée des prix des logements. Les plus optimistes pariaient sur une parenthèse, avant un rebond qui accompagnerait la reprise économique. Les plus pessimistes pronostiquaient une stabilisation des prix à un niveau plafond, prélude à un « assainissement » du marché et le retour à des prix plus raisonnables. Il n’en a rien été… Selon les chiffres provisoires de la Chambre des notaires de Paris, la hausse des prix intra-muros a même renoué avec un nombre à deux chiffres, avec plus de 10 % de hausse… En 2001, la progression avait été légèrement inférieure à ce chiffre (9,2 %). Paradoxe, la seconde moitié de l’année a été meilleure que la première. A la phase d’attentisme des premiers mois (0,5 % de hausse des prix seulement au premier trimestre), a succédé une vive reprise sur la fin de l’année (4 % au troisième trimestre, un peu moins de 3 % au quatrième). A la fin septembre 2002, le prix moyen par mètre carré s’établis- XIIIe 3 185 € XIIe 3 154 € (+ 8,9 %) (+ 10,6 %) Moyenne globale : 3 424 €/m2 (+ 9,24 %) Source : Chambre des notaires de Paris geois traditionnels sont venus s’ajouter de nouveaux quartiers « branchés ». L’effet « bo-bo » (« bourgeois bohème ») a ainsi joué sur l’Est parisien, où certains quartiers considérés auparavant comme populaires ont été pris d’assaut. Le 9e arrondissement enregistre ainsi l’une des plus fortes progressions (+ 61 %). L’attention s’est aussi portée sur certains secteurs des 10e et 11e, où le canal Saint-Martin, Bastille et Oberkampf ont enregistré des hausses de 40 % à 50 %. En queue de peloton, pour la progression des prix en cinq ans (1997-2002), on trouve tous les derniers arrondissements de Paris (du 16e au 20e), ainsi que curieusement le 8e, mais avec de fortes disparités par microquartiers dans ce dernier. Certains secteurs du 8e semblent souffrir de la désertion des habitants au profit des bureaux. Phénomène significatif des dernières années de hausse, les quartiers les plus recherchés ont encore plus profité de la flambée du marché : alors que le rapport entre les quartiers les plus chers et les moins chers s’établit aux alentours de 2 en période de crise (1985 et 1997), il monte jusqu’à près de 2,5 en période d’euphorie (1991 et 2002). Le niveau atteint par les prix intramuros commence cependant à décourager les particuliers, qui reportent leurs investissements à la périphérie et dans les communes de la petite couronne. Conséquence, le rythme de la hausse des prix se stabilise à Paris, alors qui s’accélère au-delà du périphérique. Selon les notaires, la hausse est passée de 9 % à 10 % à Paris, mais de 6 % à 9 % dans la première couronne… Autre phénomène, le marché des biens chers et exceptionnels ralentit beaucoup plus vite. Les notaires sont convaincus qu’on a atteint sur certains produits un « prix plafond ». « On sent une résistance », explique l’un d’eux. Même sentiment, mais cette fois-ci sur l’ensemble du marché, pour Grégoire Berthou, directeur de la communication de De particulier à particulier. « Les vendeurs, gourmands, ont augmenté les prix en 2002 dans leurs annonces, mais le prix réel des transactions est, en fait, resté très proche des niveaux de l’an dernier », fait-il remarquer. De nouveau en ce début de l’année 2003, les professionnels s’interrogent sur l’orientation des prix. Pour M. Berthou, il ne fait pas de doute que la période de hausse est terminée. Son journal, qui affirme qu’environ un quart des transactions sur Paris transite dans ses pages, a enregistré un net ralentissement de la hausse sur l’année 2002 (4,7 % environ) et une baisse des prix a même été relevée sur les deux derniers trimestres, avec un recul de respectivement 1 % et 0,19 % du prix moyen au mètre carré. Six arrondissements (le 1er, le 2e, le 12e, le 13e, le 14e et le 19e) affichent même des évolutions négatives sur l’ensemble de l’année. M. Berthou explique ce décalage avec les chiffres des notaires par le fait que le journal d’annonces enregistre le montant des promesses, et non celui des ventes, et décèlerait les grandes tendances du marché avec trois mois d’avance. Difficile donc de faire des pronostics. Officieusement, certains notaires estiment qu’une baisse des prix dans les prochains mois « serait normale et n’aurait rien d’exceptionnel. » Mais au début de l’année 2003, De particulier à particulier a constaté que les prix étaient repartis à la hausse, avec une progression de 2,20 % entre le 1er janvier et le 14 mars. Depuis un an, la hausse est de 1,96 %, compte tenu de la faiblesse des deux derniers trimestres 2002. S’acheminerait-on au moins vers une relative stabilité des prix ? Christophe Jakubyszyn La frontière entre Paris intra-muros et la petite couronne s’estompe En termes de prix, la différence entre certains arrondissements de Paris et les communes limitrophes ou les villes résidentielles bien desservies par les transports s’atténue. Pour trouver des prix abordables, il faut s’éloigner, ce qui profite à la grande couronne L es mêmes causes produisent les mêmes effets. En 2002, comme en 2001, le niveau élevé des prix de l’immobilier à Paris intramuros, la pénurie d’appartements ou de maisons à louer et des conditions de crédit très avantageuses ont poussé les prix des logements à la hausse dans la petite couronne (les trois départements limitrophes de Paris : Hauts-de-Seine, SeineSaint-Denis et Val-de-Marne) et, par extension, dans la grande couronne (les départements limitrophes de la petite couronne : Yvelines, Val-d’Oise, Seine-et-Marne et Essonne). « Le phénomène d’escargot continue, explique Me Catherine Carely, notaire à Nogent-sur-Marne. L’immobilier dans le centre et l’ouest de Paris devenant inabordable pour beaucoup, l’intérêt se déplace vers l’Est parisien, puis vers la petite couronne, et va maintenant vers la grande couronne. » La distinction Paris-banlieue – la barrière du périphérique – n’a pas complètement disparu, mais en termes de prix au mètre carré, elle s’atténue. Les prix à Neuilly ou LevalloisPerret tutoient ceux des 16e et 17e arrondissements de Paris. Vincennes et Saint-Mandé approchent, voire dépassent, les prix du 12e arrondissement. Saint-Cloud, Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Meudon, mais aussi La Garenne-Colombes, Courbevoie, Rueil-Malmaison, sont plus chers que les arrondissements du nord-est de Paris. Les communes limitrophes de Paris abordables sont de plus en plus rares : Montrouge n’est pas loin des prix de la capitale, et Montreuil ou Pantin, qui restent encore décalées, attirent une nouvelle clientèle parisienne. Saint-Denis commence aussi à le faire, avec timidité, l’intérêt commençant à se porter sur la Plaine-Saint-Denis mais encore assez peu sur le reste de la commune. L’intérêt de s’éloigner de Paris est clair. Selon les statistiques calculées par les spécialistes de Particulier à particulier, la surface moyenne vendue lors des transactions immobilières à Paris intra-muros est de 44,49 mètres carrés pour un prix moyen de 152 763 euros. En Ile-deFrance, hors Paris, la surface moyenne des appartements vendus monte à 62 mètres carrés pour un prix moyen de 128 477 euros. Les acheteurs peuvent surtout y trouver les maisons dont ils rêvent. Mais il faut aller de plus en plus loin. Résultat, le marché de la grande couronne a été le plus actif en 2002, avec une progression des ventes, sur les seuls trois premiers trimestres de l’année, de 10,2 %, contre 3,6 % pour la petite couronne, selon les chiffres de la Chambre interdépartementale des notaires de Paris. « Dans le Valde-Marne, dans des villes comme Saint-Maur-des-Fossés ou Nogent, on ne trouve plus de maison pour un budget de 150 000 euros. Les candidats à l’achat vont donc vers la Seine-etMarne », explique Me Carely. « Tous les départements sont au vert, sauf l’Essonne », commente un notaire. La Seine-Saint-Denis a aussi du mal à confirmer son décollage. Si les transactions y ont augmenté de 1,8 % sur les trois premiers trimestres de 2002, elles auraient reculé au quatrième trimestre, alors que la plupart des autres départements connaissaient une hausse sensible. Au sein de chacun, et souvent à l’intérieur d’une même commune, les marchés sont très contrastés, en fonction de la desserte par les transports en commun et de l’aménagement des quartiers. Ce dynamisme bouleverse aussi les hiérarchies dans les hausses de prix. Traditionnellement, quand les tarifs de l’immobilier montent, c’est à Paris que les progressions sont les PEU DE COMMUNES EN BAISSE Variation sur un an (3 e trim. 2002/ 3 e trim. 2001) Prix en Euros/m 2 Variation sur un an Prix en Euros/m 2 (3 e trim. 2002/ 3 e trim. 2001) (Appart. anciens vendus libres) Les Lilas + 12,2 1 951 3 459 Le Bourget + 11,8 1 432 + 19,8 2 424 Le Raincy + 11,5 1 750 + 15,7 2 732 Livry Gargan + 11,2 1 523 Colombes + 15,3 1 678 Bagnolet + 10,9 1 539 Levallois-Perret + 14,9 3 227 Bobigny + 9,4 1 152 Bois-Colombes + 13,4 2 079 Montreuil + 7,1 1 545 Rueil-Malmaison + 12,8 2 604 Pantin + 3,6 1 468 Nanterre + 12,8 1 942 Saint-Denis + 0,7 1 169 Saint-Cloud + 10,7 3 045 Suresnes + 10,3 2 150 BoulogneBillancourt - 3,7 794 + 8,6 3 162 Meudon + 7,2 2 588 Montrouge + 6,7 2 235 Créteil + 19,3 1 728 Antony + 5,8 2 219 Vincennes + 13,0 2 870 Charenton-le-Pont + 12,2 2 769 + 11,2 2 259 (Appart. anciens vendus libres) HAUTS-DE-SEINE En hausse Sceaux La GarenneColombes Issy-lesMoulineaux + 29,5 En baisse Vaucresson - 7,3 2 458 Bagneux - 4,3 1 642 Bourg-la-Reine -2,8 2 282 SEINE-SAINT-DENIS En hausse Aulnay-sous-Bois + 22,2 1 299 Source : Chambre interdépartementale des notaires de Paris En baisse Clichy-sous-Bois VAL-DE-MARNE En hausse Saint-Maur-desFossés Le Perreux sur Marne + 10,3 2 150 Maisons-Alfort + 7,5 1 908 Nogent sur Marne + 6,6 2 385 En baisse Villeneuve SaintGeorges - 4,7 1 180 plus fortes, puis dans les Hauts-deSeine. Actuellement, constatent les notaires, l’inflation des prix dans les départements limitrophes est au moins aussi forte. Les données des notaires montrent par exemple que les prix au mètre carré pour des appartements anciens ont grimpé de 9,2 % à Paris entre le troisième trimestre 2001 et le troisième trimestre 2002, pour une hausse de 9,4 % dans les Hauts-de-Seine, 9,7 % dans le Valde-Marne et 9,5 % pour l’ensemble de la petite couronne. Est-ce le signe avant-coureur d’un retournement du marché ? Les professionnels refusent de s’y résoudre. Pour deux raisons. La première est que, selon eux, il n’y a pas de bulle spéculative. Le marché est tiré par la demande finale : « Les gens achètent des logements pour y habiter, ce ne sont pas les marchands de biens qui tirent le marché », constate un professionnel. « On remarque en particulier deux catégories d’acheteurs, confirme Me Carely : les primo-accédants à la propriété, qui, faute d’offre locative, se décident à acheter leur logement, et ceux dont la famille s’agrandit, qui revendent leur bien pour acheter plus grand, en empruntant pour faire le joint. » Dans les deux cas, ils tirent les prix à la hausse. Ce n’est pas tant lié à l’amélioration de leurs revenus ou de leur cagnotte qu’au niveau très faible des taux d’intérêt. Grâce à ceux-ci et au fait que les banques acceptent de prêter sur des durées plus longues, tout en se montrant parfois moins exigeantes sur la proportion d’apport personnel, ils ont davantage de moyens. « Avant que le marché parte à la baisse, il y a forcément un palier. on ne l’a pas encore vu », conclut Me Carely. Un autre notaire prévient toutefois qu’il ne faut plus s’attendre à des progressions fortes. Sophie Fay LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003/III CONJONCTURE La province touchée par la flambée des prix Dans les principales villes de France, entre 1997 et 2002, les appartements ont augmenté de 30 % et les maisons de 39,7 %. A Marseille, Nantes, Metz ou encore Toulon, la hausse est spectaculaire. La rénovation des quartiers délaissés explique en partie ce phénomène L '« » Dans certaines villes, la hausse est spectaculaire : à Marseille, l'augmentation annuelle, entre 2001 et 2002, dépasse 15 % et 53 % sur la période 1998-2002 ; à Nantes, la dynamique des prix est similaire, avec une progression annuelle de près 10 % et de 44,5 % en cinq ans ; les prix des logements d'Aix-en-Provence, Nice et Grenoble ont augmenté de près de 40 % depuis 1998. Des villes moins importantes connaissent aussi des progressions étonnantes, comme Metz, avec 7 % sur un an et 39 % sur COMMENT en cours d’installation à Bordeaux, prévu à Marseille et Rouen, et en cours d’extension à Montpellier, Toulouse ou Nantes. ors du précédent cycle immobilier, de 1987 à 1992, le phénomène de hausse puis de baisse des prix s’était quasiment cantonné à la région parisienne et n’avait pas atteint les autres régions. La hausse, repartie avec 1997 et 1998, touche cette fois avec vigueur les principales villes de France : l’indice des notaires, issu de leur base de données Perval, a, entre 1997 et 2002, pour la province, progressé de 30 %, pour les appartements et de 39,7 % pour les maisons. Les ventes de maisons représentent 70 % du nombre total de transactions, ce qui conduit à une hausse d’ensemble, tous biens confondus, de 36 %, proche des records parisiens. La première tranche du programme M5 Les Docks, à Marseille, s'est vendue en un week-end de juin 2002, au prix de lancement de 2 100 euros le mètre carré, passé aujourd'hui à 2 250 euros. cinq ans, qui surpasse désormais sa rivale Nancy ; Toulon a enregistré 15,7 % de hausse en un an, et 37,6 % en cinq ans. Toulouse et Montpellier paraissent presque raisonnables, avec une hausse moyenne respective de 24,8 % et 27,8 % en cinq ans, mais les prix des maisons y battent toutefois des records d'inflation : le budget moyen d'un pavillon à Balma ou Cugnaux, dans la banlieue de Toulouse, s'est alourdi de 20 % en une seule année, entre 2001 et 2002. Les rai- CONNAÎTRE LES PRIX ? Les notaires ont mis à la disposition du public leur banque de données de prix, dans toutes les villes de France et leurs quartiers, qu’il s’agisse de neuf ou d’ancien, sur le site immoprix.com. Les magazines Challenge et Le Nouvel Observateur ont également leur banque de données sur les prix dans 500 villes de France, avec un service « calculette » d’évaluation du montant d’un appartement dont l’internaute communique les caractéristiques, sur le site immobs.com. De particulier à particulier concentre ses données sur la région parisienne et propose également une évaluation du prix d’un appartement, à la rubrique Expertimmo, sur son site Pap.fr. La revue propose aussi des évaluations personnalisées et payantes, par correspondance ou en prenant rendez-vous. sons de ces hausses sont multiples : une attractivité économique trouvée ou retrouvée pour ces villes, un afflux de population dû à l'« effet Sud » ou encore une pression des frontaliers sur les villes d’Alsace ou du pays genevois, comme, par exemple, Annemasse et, dans le pays de Gex, Divonne et Ferney-Voltaire. Ces dernières voient s’envoler les prix depuis que des accords bilatéraux franco-suisses permettent aux citoyens helvètes de résider en France. Les communes de la rive gauche du lac Léman, à quelques kilomètres de l’aéroport de Cointrin, des sièges d’organisations internationales ou du Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern) attirent ingénieurs et hauts fonctionnaires à fort pouvoir d’achat. Le mètre carré de logement neuf atteint 3 000 euros, contre 2 400 euros, en 2000. La hausse des prix est aussi liée aux investissements des municipalités pour s’équiper de moyens de transport modernes, comme le tramway, Les villes entreprennent à marche forcée la requalification de leurs quartiers délaissés, des friches industrielles ou des zones portuaires, qui peuvent séduire une nouvelle clientèle de cadres moyens et d’investisseurs en locatif. « Avec la poussée des prix, nous observons un vrai changement de la composition sociale de certains quartiers, où s’installent des catégories de populations aisées ou moyennes qui ne peuvent plus accéder aux secteurs les plus cotés », analyse Bernard Grech, président du réseau d’agences immobilières ORPI. Bordeaux est ainsi partie à la reconquête des quartiers des Chartrons et de la rive droite de la Gironde, avec la zone d’aménagement concerté (ZAC) Bastide. Lille a réussi la création de son quartier d’affaires Euralille et requalifie les quartiers autrefois ouvriers de Wazemes, Fives et Saint-Maurice, au nord-est. Nantes ouvre trois nouvelles ZAC sur l’Ile de Nantes et au sud de la Loire et prolonge ses lignes de tramway. Rennes s’attaque à l’énorme chantier d’une friche industrielle de 62 hectares coincée entre la Vilaine et le chemin de fer, à l’est de la ville, qui devrait, à terme, accueillir 8 000 habitants dans 3 500 logements. Lyon a mis en route son projet Confluence de centre commercial et de loisirs prévu, à l’horizon 2007, sur la presqu’île, au-delà des voûtes, derrière la gare de Perrache, sur un terrain bien placé mais jusque-là délaissé parce qu’il accueillait entrepôts et prison. Le promoteur MAB, la foncière hollandaise Corio et l’architecte Jean-Paul Viguier ont été retenus. L’exemple le plus spectaculaire de reconquête est sans doute Euromé- COÛT DU M 2 DANS LES MÉTROPOLES Prix des appartements, en euros par m 2 villes anciens 2002 au 30/06/2002 Evolution sur un an Evolution sur cinq ans en pourcentage en pourcentage Aix-en-Provence 1 850 12,7 41,4 Nice 1 770 13,6 39,8 Lyon 1 420 8,9 32,2 Rennes 1 370 8,4 27,5 Strasbourg 1 320 3,3 12,5 Nantes 1 320 9,9 44,5 Grenoble 1 320 11,1 38,4 Marseille 1 320 15,3 53,4 Reims 1 270 5,5 15,9 Lille 1 260 6,7 26,2 Metz 1 180 7,1 38,9 Dijon 1 170 3,0 11,9 Bordeaux 1 160 11,6 31,4 Montpellier 1 140 13,9 27,8 Toulouse 1 140 5,3 24,8 Toulon 1 120 15,7 37,6 Rouen 1 110 0,3 6,6 Nancy 1 060 4,3 13,7 Saint-Etienne 700 2,8 14,4 Source : Perval/Chambre des notaires diterranée, à Marseille. Cette opération d’intérêt national, lancée en 1995 par l’Etat, s’étend sur 310 hectares dans les quartiers centraux autour de la gare Saint-Charles, sur la friche de la Belle de Mai et la zone portuaire. La ville a enrayé son déclin démographique et attire désormais les entreprises. Son objectif est de compter 10 000 nouveaux habitants par an, de construire 4 000 logements neufs et de réhabiliter 6 000 logements anciens. Cela passe par la rénovation des immeubles de la rue de la République, qui accueille- ra un tramway. Dans le quartier de la Joliette, derrière les docks, les grands promoteurs se bousculent : Kaufmann & Broad va édifier 250 logements ; George V Apollonia, avec le concours des architectes Roland Castro, Yves Lion et Sophie Denissof, vient de livrer le premier programme d’habitat d’Euroméditerranée, une opération originale de 350 lofts, maisons de ville et duplex installés dans d’anciens hangars, vendus en un temps record. I. R.-L. (Publicité) (Publicité) VI/LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003 EXPERTISER La panoplie des diagnostics s’élargit Outre les multiples documents à fournir concernant l’absence d’amiante, de plomb ou de termites, ou encore l’indication de la surface habitable, de nouvelles obligations viennent renforcer la protection des acheteurs lors de la vente d’un bien immobilier TARIFS MOYENS (deux et quatre-pièces) BCTI (Bureau de contrôle technique immobilier), tél. : 01-40-02-95-00. b Amiante : 140 ¤ et 160 ¤ (en cas d'analyse ajouter 35 à 70 ¤). b Plomb : 190 ¤ et 300 ¤. b Termites : 150 ¤ et 170 ¤. b Loi Carrez : 130 ¤ et 180 ¤. b Les 4 diagnostics : 400 ¤ et 520 ¤. les matériaux de construction, en particulier les revêtements de sol et murs, les conduits (air, eau et autres) et pas seulement les calorifugeages, les flocages et les faux plafonds. En cas d’absence d’amiante, le diagnostic est valable définitivement. Si des matériaux sont susceptibles de contenir de l’amiante, un prélèvement est effectué et transmis à un laboratoire pour analyse. Le diagnostic doit être effectué par un expert certifié et joint à l’acte de vente. Depuis le 1er janvier 2003, une attestation de compétence est obligatoire. Elle est délivrée par des organismes accrédités par le ministère de la santé et du logement (1). f Plomb Tous les propriétaires d’immeubles, affectés en tout ou partie à l’habitation, construits avant le 1er janvier 1948 et situés dans une zone à risque définie par le préfet, sont tenus, lors de la vente d’un bien immobilier, de faire établir un état des risques d’accessibilité au plomb, au terme de la loi n˚ 98-657 du 29 juin 1998 et des arrêtés du 12 juillet 1999. L’expertise consiste à identifier les revêtements de sols ou de murs contenant du plomb et à décrire leur état de conservation. Si l’on constate une présence de plomb et si le revêtement est dégradé, le propriétaire devra faire parvenir le dossier à la préfecture qui déterminera les mesures à prendre. La recherche de présence de plomb doit être réalisée par un expert, contrôleur technique agréé ou technicien de la construction qualifié, ayant contracté une assurance professionnelle pour ce type de mission. L’expert ne doit pas faire d’activité d’entretien ou de réparation du bien concerné. L’état des risques d’accessibilité au plomb doit être réalisé avant la promesse de vente et doit avoir moins d’un an au moment où il est annexé à la promesse de vente et à l’acte de vente. En cas de non-respect de cette obligation, le vendeur ne pourra pas être exonéré de la garantie des vices cachés. f Termites Face à la gravité des nuisances occasionnées par les insectes xylophages, et les termites en particulier, les pouvoirs publics ont adopté un dispositif législatif et réglementaire tendant à protéger les acquéreurs et propriétaires d’immeubles. La loi du 8 juin 1999, le décret d’application du 3 juillet 2000 et l’arrêté du 10 août 2000 obligent tout habitant ou occupant d’un bien immobilier bâti ou non bâti de déclarer en mairie la présence de termites dès qu’il en a connaissance (une amende pouvant atteindre 457,35 euros sanctionne ce refus de déclaration). Ainsi, le préfet classe par un arrêté les zones contaminées ou susceptibles de l’être. En cas de transaction immobilière dans une de ces zones, un état parasitaire datant de moins de trois mois doit être annexé à l’acte de vente. A défaut, la vente ne sera pas nulle, mais si la présence de termites devait se confirmer, le vendeur serait tenu responsable. L’acheteur pourra alors demander l’annulation de la vente ou une réduction du prix. L’état parasitaire, conformément à la loi, doit être fait par un expert indépendant de toute activité de lutte contre les termites ou reconnu par une organisation professionnelle. Les termites sont signalés dans 56 départements français, selon le Centre technique du bois et de l’ameublement (2). En tête des zones les plus touchées, le départe- DE PLUS EN PLUS DE DÉPARTEMENTS CONCERNÉS E P Arrêté préfectoral définissant une zone à risque Démarche de zonage en cours Aucune démarche initiée Sur l'ensemble du département Arrêté en prévision Sur une partie seulement Aucune prévision. Mise à jour d'octobre 2002 Situation au 31 décembre 2002 ILE DE FRANCE ILE DE FRANCE GUADELOUPE GUADELOUPE GUYANE GUYANE MARTINIQUE MARTINIQUE RÉUNION RÉUNION 52 départements sont classés zone à risque au plomb. Une démarche d'évaluation est en cours dans 34 autres Dans 56 départements, des foyers de termites ont été repérés. Des arrêtés préfectoraux existent dans 35 départements Source : DGS, Drass, Ddass Source : CTBA ment des Landes, le Lot-et-Garonne, la Gironde et la Charente-Maritime, puis les régions du nord et de l’est de la France. Un arrêté préfectoral est imminent après l’avis du Conseil de Paris du 24 février 2003. Plus de 1 550 bâtiments ont fait l’objet d’un diagnostic positif, dans quinze des vingt arrondissements parisiens, notamment dans les 17e, 13e, 16e, 5e, et plus faiblement les 6e, 8e, 15e, 18e, 19e. f Loi Carrez Depuis le 19 juin 1997 (loi du 18 décembre 1996 et décret du 23 mai 1997), le vendeur d’un lot de copropriété est dans l’obligation de fournir, lors de la promesse de vente ou au moment de la vente, la surface habitable du bien. En cas d’absence de ce document, l’acquéreur peut invoquer la nullité de la vente dans le mois qui suit la signature de l’acte définitif. On entend par surface habitable ou privative, la superficie des locaux clos et ouverts après déduction des surfaces occupées par les murs, les cloisons, les marches et les cages d’escalier, les gaines, les embrasures et les portes. Ne sont pas pris en compte les locaux d’une hauteur sous plafond de moins de 1,80 mètre, ni des biens d’une surface inférieure à 8 m². Sont aussi exclus du calcul les caves, garages et places de stationnement. Si la surface mentionnée sur le document est inférieure d’au moins 5 % à la surface réelle, l’acquéreur dispose d’un an à compter de l’acte de vente pour obtenir une diminution de prix proportionnelle. f Les installations intérieures de gaz naturel : la loi du 3 janvier 2003 relative aux marchés du gaz et de l’électricité impose, en cas de vente d’un logement comportant une telle installation, un diagnostic de moins d’un an annexé à l’acte authentique. A défaut, aucune clause d’exonération de la garantie des vices cachés ne peut être stipulée à ce titre dans l’acte de vente. Cette mesure est soumise à la publication du décret, pas encore paru à ce jour. Martine Picouet (1) http://www.sante.gouv.fr (2) CTBA : 01-40-19-49-19, http://www.termite.com.fr Construire en zone inondable Dans certains secteurs à risque, le plancher du rez-de-chaussée doit être placé sur pilotis, à 1,20 m du sol A Nîmes en 1988, à Vaison-la-Romaine en 1992, dans l’Aude en 1999, en Bretagne en 2000, dans la Somme en 2001 et dans le Gard en 2002, les crues se suivent et ne se ressemblent pas, sauf par leur violence. La France a subi, depuis 1982, seize catastrophes naturelles qui ont occasionné, chacune, des dégâts matériels pour plus de 100 millions d’euros, sans oublier les morts et les blessés. D’importants efforts ont été consentis pour réparer et indemniser, au détriment des mesures préventives. Roselyne Bachelot, ministre de l’écologie, a présenté, en janvier, un projet de loi sur la prévention des catastrophes industrielles ou naturelles qui préconise une vigilance accrue, une meilleure information des habitants et insiste sur l’importance d’entretenir la mémoire collective des catastrophes précédentes. Son projet prévoit que, dans les zones exposées, le maire, avec l’assistance des services de l’Etat, établit les repères correspondant aux crues historiques, aux nouvelles crues exceptionnelles, les matérialise, entretient et protège ces repères. Dans les communes dotées d’un plan de prévention des risques naturels, le maire informe la population au moins une fois tous les deux ans sur les caractéristiques du ou des risques naturels connus dans la commune, les mesures de prévention, l’organisation des secours. Mme Bachelot propose également de rendre obligatoire, à l’occasion de la vente d’un bien immobilier ou de la signature d’un contrat pour sa location, la communication à l’acheteur ou au locataire des informations sur les risques naturels. Dans un rapport sur les inondations de la Somme, Pierre Hubert, chercheur à l’Ecole des mines, écrivait : « On voit à travers ces deux exemples (Abbeville et Amiens) combien il est important d’entretenir la P réalablement à la vente d’un bien immobilier, la réglementation impose de réaliser plusieurs diagnostics techniques : amiante, plomb, termites et le mesurage de la surface. Plusieurs labels sont récemment apparus visant à vérifier les compétences des professionnels. Les notaires se sont lancés dans une démarche de certification de services et un référentiel a été publié au Journal officiel du 24 août 2002. Le Centre expérimental de recherches et d’études du bâtiment et des travaux publics (CEBTP) a mis en place le label APTE et l’ordre des géomètres-experts travaille sur un projet de certification de métier de l’expertise technique. f Amiante Le décret du 13 septembre 2001 et celui du 3 mai 2002 ont modifié et renforcé les obligations prévues par le décret du 7 février 1996 relatif à la recherche d’amiante dans les immeubles bâtis. Tous les propriétaires des immeubles bâtis construits avant le 1er juillet 1997, y compris les pavillons, doivent faire procéder à une recherche étendue de présence d’amiante. L’absence de diagnostic est sanctionnée par une amende pénale, sans compter la mise en jeu de sa responsabilité par des occupants ou des intervenants. Depuis le 1er septembre 2002, le diagnostic concerne tous Inondation dans le Gard, vue du pont Saint-Nicolas, entre Nîmes et Uzès, le 19 septembre 2002. mémoire des événements que constituent les crues, tout simplement parce qu’avec le temps la notion de risque par inondation s’estompe au profit d’autres urgences. » Les propositions de Mme Bachelot viendront compléter une réglementation déjà fournie. La loi dite Barnier, du 2 février 1995, a, en effet, créé les plans de prévention des risques naturels (– PPR –, qui faisaient suite aux PER, plans d’exposition aux risques, créés par une loi de juillet 1982, peu appliquée), qui doivent être annexés aux plans d’occupation des sols ou, aujourd’hui, aux plans locaux d’urbanisme. L’objet d’un plan de prévention des risques est, sous l’autorité du préfet, d’analyser les précédentes catastrophes, de cartographier les zones soumises au risque naturel et d’y définir les règles d’urbanisme, de construction et de gestion adéquates. Dans la pratique, le PPR distingue les zones rouges, très exposées, où toute nouvelle construction est interdite et où certaines mesures peuvent même contraindre les constructions existantes, des zones bleues, moyennement exposées, où la construction est possible avec des précautions, par exemple que le plancher du rez-de- chaussée soit placé sur pilotis, à 1,20 mètre du sol, ou des obligations d’entretien comme le curage régulier des lits de rivière ; et des zones blanches, sans risque. Le PPR peut prévoir des emplacements réservés pour l’expansion des eaux et des expropriations des zones à risque, contre indemnisation. Les permis de construire doivent respecter les prescriptions du PPR et du plan local d’urbanisme, faute de quoi la responsabilité du maire pourrait être recherchée. Même en l’absence de PPR, le service instructeur du permis de construire doit informer le propriétaire des risques dont il a connaissance. De nombreuses communes ont, malheureusement, négligé de se doter de ces plans de prévention : on estime qu’entre 10 000 et 12 000 communes ont subi des catastrophes naturelles et elles n’étaient pourtant, au 1er septembre 2002, que 3 370 à avoir un plan et 5 200 à en avoir engagé l’élaboration. Le site internet www.prim.net recense, pour chaque commune, les risques industriels et naturels, avec un historique des arrêtés de catastrophes naturelles. M. P. (Publicité) VIII/LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003 CONSTRUIRE A qui confier son chantier: architecte ou constructeur ? Les particuliers font peu appel aux hommes de l’art pour concevoir la bâtisse de leurs rêves, au profit des solutions clés en main. 182 700 maisons ont été édifiées en 2002 B Construire reste un acte artisanal et l’importance de la société de construction n’est pas synonyme de meilleure qualité des produits ni de solidité financière, comme en ont témoigné les faillites de Cocoon, le 13 décembre 2001, du « pavillonneur » de l’ouest de la France, Sonkad, en octobre 2002, et de Cofidim, avec la marque Pavillon français, en partie repris par Cegeris. « Nous constatons cependant une nette baisse des faillites, car les cinq années de bonne santé du secteur, entre 1998 et 2002, ont conforté les constructeurs régionaux », rassure Christian-Louis Victor, président de l’Union nationale des constructeurs de maisons individuelles (UNCMI) et PDG de la CEGI, premier garant financier du secteur. La force de ces professionnels est de proposer un service complet dans un cadre juridique rassurant, le contrat de construction de maison individuelle (loi du 19 décembre 1990, que l’on retrouve aux articles L-230 et L-231 du code de la construction). Avant de percevoir la moindre som- de New’s Madatan Securis. Le constructeur doit, en tout état de cause, fournir une attestation nominative de caution, mentionnant l’adresse du chantier. me, l’entrepreneur élabore le projet dans le détail, fournit une notice descriptive des prestations et des travaux, s’engage sur un prix ferme et définitif et sur des délais. A compter de l’ouverture du chantier, la construction d’une maison prend, en moyenne, 33 semaines, après 18 semaines de démarches administratives, dont l’obtention du permis de construire. La loi prévoit des pénalités en cas de retard de plus de 30 jours, équivalentes à 1 % du prix convenu par mois de retard. Le constructeur souscrit également, pour le compte du client, une assurance dommages-ouvrage qui jouera, pendant dix ans, en cas de malfaçons graves constatées après la réception du bâtiment. Enfin, point essentiel du contrat, un organisme extérieur au constructeur fournit une garantie financière qui, en cas de faillite ou d’abandon de chantier, l’engage à financer l’achèvement de la maison dans les prix et délais convenus. Le système paraît impeccable sur le papier, mais il a connu de sérieux ratés, en particulier lors de la faillite de plusieurs garants, comme la société Mutua Equipement ou, récemment, de l’assureur ICD Vie. A chaque faillite de ces organismes-cautions, plusieurs centaines de chantiers sont restés en plan et leurs propriétaires sans recours. Les victimes de l’affaire Mutua Equipement ont, finalement, été très tardivement et partiellement indemnisées, grâce à la création d’un fonds de garantie pour les établissements bancaires défaillants. Ce fonds ne peut, hélas, jouer dans le cas d’ICD Vie, société qui relève du régime de l’assurance et non de la banque. La future loi sur la sécurité financière, en cours de discussion, devrait remédier à cette faille, mais elle risque de ne pas avoir d’effet rétroactif, et donc ne pas venir au secours des sinistrés ICD. Il ne reste donc, aujourd’hui, qu’une poignée de garants spécialisés, Le plus important est la société CEGI, filiale d’Eulia (Caisse d’épargne-Caisse des dépôts et consignations), qui délivre quelque 20 000 garanties par an. Les Mutuelles du Mans viennent en deuxième position, avec Le Mans Caution, qui a garanti quelque 10 000 chantiers, en 2002. Viennent ensuite la CGI Bat, compagnie d’assurances, filiale de la Mutuelle du bâtiment, puis la Gefim, issue de la Mutuelle des architectes de France et de la MAAF. Les banques délivrent aussi ce type de garantie. L’acheteur d’une maison à construire a intérêt à vérifier non seulement la réalité de la garantie financière du constructeur, mais aussi l’agrément dudit garant, délivré par la Commission de contrôle des assurances, s’il s’agit d’une assurance, par le Comité des établissements de crédit et entreprises d’investissement, s’il s’agit d’une banque. Certains organismes agissent, en effet, sans agrément, comme ce fut le cas de l’italienne Compagnia Finanziaria Internationale, de l’anglaise Corsa Finances ou I. R.-L. Adresses utiles Architecteurs, 150 architectes qui proposent un contrat clés en main : 47, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris, tél. : 01-55-37-17-00, et www.architecteurs.fr b Rénov, architectes qui s’engagent sur les prix et délais : 75, rue des Plantes, 75014 Paris, tél. : 01-40-44-00-69 et www.renov.com. Organise, chaque année, les Journées de la maison contemporaine : 350 maisons à visiter, du 6 au 15 juin 2003. b Ordre des architectes, pour vérifier l'inscription d'un architecte : 9, rue Borromée, 75015 Paris, tél. : 01-56-58-67-00 et www.architectes.org b Syndicat national des aménageurs-lotisseurs, 179, boulevard Haussmann, 75008 Paris, tél. : 01-44-20-09-10 et www.snal.fr b Fédération nationale des conseils d'architecture d'urbanisme et d'environnement (CAUE) : elle donne des conseils architecturaux gratuits au public : 20-22, rue du Commandeur, 75014 Paris, tél. : 01-43-22-07-82 et www.fncaue.asso.fr b Union nationale des constructeurs de maisons individuelles : elle regroupe la moitié des constructeurs dont les plus importants : 3, avenue du Président-Wilson, 75116 Paris, tél. : 01-47-20-82-08 et www.uncmi.com b Agence Qualité Construction : elle publie un guide technique de la maison individuelle, 9, boulevard Malesherbes 75008 Paris, tél. : 01-44-51-03-51 et site Internet www.qualiteconstruction.com b Association des garants immobiliers, 7, rue Lapérouse, 75007 Paris, tél. : 01-47-20-45-45. b Pour vérifier l'agrément des garants financiers de constructeurs : – Direction des établissements de crédit, tél. : 01-42-92-36-08. – Direction du Trésor, commission de contrôle des assurances, 54, rue de Châteaudun, 75436 Paris Cedex 09, tél. : 01-55-07-41-41. b En deux ans, les coûts du foncier ont grimpé de 30 % en France, voire de 100 % en cinq ans dans plusieurs régions. La pénurie de parcelles constructibles fait acceptre de plus en plus de contraintes aux acheteurs L ble de retenir l’humidité, excavation –, nous en informons l’acquéreur, et en tenons compte pour fixer le prix de sa parcelle. Mais cela n’exonère pas l’architecte ou le constructeur de procéder à leurs propres investigations, orientées en fonction de l’implantation de la maison, de son architecture, de la présence d’un soussol. » Les magistrats se montrent sévères sur la responsabilité des vendeurs professionnels de terrains et des constructeurs, censés connaître et garantir les vices cachés, même s’ils n’en ont pas eu connaissance (arrêt de la 3e chambre civile de la Cour de cassation du 28 mai 1979). Ils doivent ainsi signaler « l’instabilité et l’humidité excessives du soussol » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 17 janvier 1990), « la présence d’importantes excavations » (Cour de cassation, 3e chambre civile, 10 juin 1980), « la présence, à 3 mètres de profondeur, d’une nappe d’eau qui rend nécessaires des travaux supplémentaires de fondation représentant plus de 20 % du prix de vente du terrain » (cour d’appel de Lyon, 2e chambre, 23 septembre 1997). Les études de sols et les fondations spéciales posent de redoutables problèmes aux constructeurs, qui doivent chiffrer le coût définitif de la maison, alors qu’ils ignorent les contraintes effectives du sous-sol. Un constructeur sérieux ne peut donc faire signer un contrat de construc- tion à son client sans une étude préalable : c’est d’ailleurs un des critères pour repérer sa compétence. L’accessibilité des réseaux, qui prodiguent les indispensables commodités modernes, eau, électricité, téléphone et, surtout, assainissement, est un facteur déterminant dans le choix du terrain. Les règles d’urbanisme posent comme principe qu’un terrain est considéré constructible, sauf exceptions limitées, s’il est desservi par les réseaux d’eau, d’assainissement, et par les voiries. La loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) renforce la prohibition de construire dans les zones non desservies : les anciennes zones dites NB, c’est-à-dire naturelles agricoles, où l’habitat est très dispersé et la construction très limitée, devraient devenir totalement inconstructibles dans les nouveaux plans locaux d’urbanisme qui vont succèder aux plans d’occupation des sols. La loi SRU restreint les possibilités de construire en l’absence d’un réseau collectif d’assainissement, c’est-à-dire le tout-à-l’égout, et veut limiter l’usage des réseaux individuels, donc des fosses septiques. Les critères de qualité technique PRIX DES TERRAINS À CONSTRUIRE Prix de la parcelle, ville ou région en milliers d'euros* Prix de la parcelle, ville ou région en milliers d'euros* Strasbourg 61 à 140 Nancy 50 à 73 Poitiers 27 à 47 Marseille 106 Lyon et périphérie 68 à 166 Saint-Raphaël 128 à 139 Bordeaux 42 à 69 Nantes 106 Dijon 45 à 84 Nantes périphérie 63 Rouen 28 à 66 Toulouse 45 à 90 Lille 58 à 76 Normandie 38 à 53 Lille périphérie 44 à 61 Valence 37 à 53 * Les fourchettes de prix concernent les communes de première et deuxième couronnes, pour une superficie moyenne de 450 à 500 m 2 en Ile-de-France et 700 m 2 en province. Source : Syndicat national des aménageurs lotisseurs du sol, de configuration de la parcelle, de desserte plus ou moins commode par les réseaux, n’influencent guère le prix des terrains, qui grimpe inexorablement. Le Syndicat national des aménageurs-lotisseurs estime qu’en deux ans, entre 1999 et 2002, les prix du foncier se sont envolés de 30 %, sur toute la France, et même 100 %, en cinq ans, dans de nombreuses régions comme l’Ile-deFrance, l’Alsace, Provence-Côte d’Azur, autour de Nantes ou Toulouse. « Sur le littoral ouest, près de La Rochelle, un lot que je vendais 80 francs, soit 12,20 euros, en 1996, vaut, aujourd’hui, le double », raconte Dominique de Lavenère, également président de la société Aménagement terre et littoral. Au vu de ces prix, la clientèle change. Les acquéreurs les plus aisés préfèrent parfois abandonner leur projet plutôt que de réduire leurs ambitions ou de s’éloigner de leurs quartiers de prédilection. Les plus modestes ne renoncent pas à leur rêve de maison et préfèrent partir loin et simplifier la construction pour faire rentrer le tout dans leur budget. Les lotisseurs et les constructeurs travaillent d’ailleurs de plus en plus souvent hors des périmètres des schémas de cohérence territoriale (SCOT), en cours d’élaboration, comme à Bordeaux, Toulouse et Lyon, soit à plus de 30 kilomètres des centres, pour échapper aux règles d’urbanisme trop contraignantes. I. R.-L. D. R. La loi de 1990 est si stricte et contraignante que bien des constructeurs ou des maîtres d'œuvre cherchent à la contourner en proposant des contrats de maîtrise d’œuvre, n’impliquant aucune obligation pour eux. Cependant, dès lors qu’ils proposent une prestation complète et perçoivent eux-mêmes le prix des travaux, ils sont obligés de conclure un contrat de construction de maison individuelle. On les appelle « les faux constructeurs », mais ils bâtissent 20 % à 30 % des maisons. Les constructeurs ont la réputation de produire des maisons assez standardisées et bas de gamme. La moyenne des prix est de 100 000 euros pour 107 mètres carrés, hors terrain. Les architectes ont, eux, une image d’artistes, concevant des maisons sur mesure, belles et plus coûteuses. En fait, certains constructeurs sont capables de produire des maisons personnalisées ; un quart seulement de leur production s’inspire des modèles répétitifs des catalogues. De leur côté, certains architectes, notamment ceux des réseaux Rénov et les Architecteurs, s’engagent sur des prix et des délais fermes. L’important est de choisir un professionnel avec qui le dialogue est possible. Il doit aussi être expérimenté. Une visite de ses réalisations antérieures s’impose. La valeur des terrains s’envole a première difficulté, pour faire construire, est de trouver un terrain constructible à tout point de vue, juridique et technique. Les meilleurs terrains sont occupés depuis longtemps et il ne reste souvent que des parcelles à handicaps, pentues, étroites, humides ou inondables. Il peut aussi s’agir de terrains remblayés, après enfouissement d’une décharge. Ces handicaps n’empêchent pas de construire mais requièrent des fondations spéciales, profondes donc coûteuses, pour que la maison s’appuie sur un sous-sol stable. Avant d’acheter, il est donc indispensable de se faire communiquer un certificat d’urbanisme indiquant le nombre de mètres carrés constructibles et de faire réaliser une étude de sol par un spécialiste, ce qu’aucune obligation légale ou réglementaire n’impose. Une bataille oppose, depuis des années, constructeurs et lotisseurs, chacun estimant que c’est à l’autre de fournir un telle étude, qui coûte entre 1 000 et 3 000 euros : « Dans les lotissements que nous réalisons, nous sommes amenés à faire une étude de sol assez profonde pour installer les voiries et enterrer les réseaux. Nous nous engageons à les communiquer aux acquéreurs de nos parcelles », indique Dominique de Lavenère, président du Syndicat national des aménageurs-lotisseurs. « Si nous avons connaissance d’un vice quelconque ou d’une difficulté – remblaiement, sol argileux suscepti- C-L V, 'U (UNCMI) , 50 % âtir sa maison à son goût et à ses mesures présente le double avantage d’imprimer sa marque à l’édifice et de se tailler son petit coin de verdure. La plupart des Français confient pourtant leur projet à des constructeurs qui proposent un contrat clés en main, laissant peu d’initiative à l’acquéreur. Ces 1 200 professionnels ont, en 2002, vendu 182 700 unités. Ils sont, dans l’indifférence totale, les premiers producteurs de logements neufs, en France, loin devant les promoteurs (82 500 logements, en 2002) et les organismes HLM (56 000 logements). Quant aux architectes, ils sont peu présents dans ce secteur, avec 5 % à 7 % des chantiers, soit moins de 10 000 maisons par an. La profession de constructeur est assez atomisée, si l’on excepte quelques sociétés d’envergure nationale, comme MI S.A. (6 300 maisons livrées en 2002), Maison France Confort (3 000 maisons vendues en 2001), Maisons d’en France, qui réunit trente constructeurs régionaux (2 200 maisons en 2002) et, enfin, la Compagnie générale immobilière et sa marque, Demeures de province. Viennent ensuite des entreprises de taille régionale, qui bâtissent entre 100 et 150 maisons par an. Trois questions à 1 Selon une étude de l’Institut français de l’environnement, l’habitat individuel dévore l’espace naturel. Qu’en pensez-vous ? Je ne conteste pas cette étude sérieuse, mais son interprétation. Les maisons s’installent, c’est vrai, à la périphérie des villes, par cercles concentriques, suivant un processus ancestral de formation des villes. C’est d’ailleurs l’origine du mot « banlieue » : au ban du lieu, c’est-à-dire à l’extérieur de la ville. Il faut relativiser les chiffres : si l’ensemble des 13,8 millions de ménages français résidaient dans une maison, sur un terrain de 1 500 mètres carrés, cela représenterait à peine 4 % du territoire. L’étalement urbain a été, en France, mieux contenu que dans d’autres pays, notamment anglo-saxons. Une maison avec une pelouse ou un jardin offre une qualité environnementale, un paysage, et ne participe pas, à mon avis, à cette « glaciation » des sols que l’étude dénonce. L’étalement urbain est-il un choix des habitants ou la conséquence d’une contrainte économique ? 2 Les études sociologiques montrent avec constance que nos compatriotes veulent habiter une maison avec un jardin, mais la rareté et la cherté des terrains les poussent aux franges des agglomérations : en 1999, 50 % des maisons étaient construites hors lotissement, sur des terrains isolés. En 2002, cette proportion a grimpé à 79 %. Or il est tout à fait possible de construire des maisons en zone urbaine, dans une forme d’urbanisme dense, à condition que les élus locaux libèrent des terrains constructibles en ville. Ces formules connaissent d’ailleurs un indéniable succès commercial. La maison est un fait de société et le premier habitat social de France : près de 8 millions de maisons ont été construites, en France, depuis les années 1960, et 56 % des Français y habitent. 3 Comment évoluent les aspirations des habitants ? Nos clients mettent en avant trois critères : le confort, le confort et le confort ! Il ne s’agit pas seulement de disposer d’équipements dernier cri, mais aussi d’un environnement agréable, sûr et calme. Ils souhaitent un contact avec la nature, même s’il se résume à un bout de jardin avec quelques fleurs, comme en témoigne le succès des jardineries. L’aspect architectural passe après. Il leur faut aussi de l’espace : la surface moyenne des maisons progresse d’année en année et atteint 108 mètres carrés, contre 105 en 1996. Dans le même temps, la taille moyenne des appartements a baissé de 66 à 65 mètres carrés. Quant au mode de construction, les Français restent très attachés aux matériaux traditionnels, parpaings, briques, alors qu’à l’intérieur de la maison, la filière sèche se développe, c’est-à-dire l’utilisation de cloisons prêtes à l’emploi. Propos recueillis par Isabelle Rey-Lefebvre LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003/IX ACHETER L'envie de maison fait monter les prix en ville comme à la campagne 56,6 % des Français préfèrent l’habitat individuel et les autres en rêvent. Les maisons offrent une surface moyenne de 108 mètres carrés, contre 65 pour un appartement. Les citadins français, mais aussi leurs voisins européens, se précipitent sur les résidences secondaires L es Français veulent habiter des maisons, comme le confirment, avec constance, toutes les études. Selon l’Insee et son enquête logement 2002, publiée en février 2003, 56,6 % des Français habitent déjà une maison et 42 % des personnes résidant en appartement voudraient bien faire de même, ce qui constitue une énorme réserve de marché de 2,4 millions de ménages. La maison est un phénomène de société d’ailleurs mal pris en compte par nombre d’urbanistes, d’architectes et même d’élus, qui raisonnent toujours sur un modèle d’habitat collectif et vertical. Vivre dans une maison signifie, d’abord, disposer de plus d’espace dedans et dehors. Leur superficie moyenne est, aujourd’hui, de 108 mètres carrés, contre 105 mètres carrés en 1996, tandis que celle des appartements plafonne à 65 mètres carrés, contre 66 mètres carrés en 1996, toujours selon l’Insee. Ce type d’habitat correspond aussi à une envie de maîtriser son environnement, de ne pas dépendre du voisin ou d’une copropriété aux règles contraignantes. Il offre une plus grande liberté de moduler son espace et de s’agrandir au gré des besoins sans demander la permission aux voisins. Les sociologues du Centre de communication avancée ont analysé les nouveaux courants dans le domaine du logement. Ils distinguent cinq tendances : la « maison miroir » raconte le statut social et la personnalité de son propriétaire plutôt aisé, intellectuel, pour qui la notion de patrimoine est importante. La « maison caméléon » est désirée par une population jeune, moderniste et également aisée, pour laquelle le lieu de vie est le LES DISPARITÉS RÉGIONALES DU PRIX DES MAISONS Prix moyens observés en euros au m2, en 2002 moins de 1000 1 377 (+ 9 %) HAUTENORMANDIE BASSE1 308 NORMANDIE (+ 6,5 %) 1 149 1 293 (+ 7,1 %) (+ 7,3 %) PAYS-LADE-LOIRE (+ 6,1 %) PICARDIE 1 245 (+ 4,8 %) Î-D-F CHAMPAGNEARDENNE LORRAINE 1 944 1 038 1 212 (+ 4,2 %) (+ 4,4 %) (+ 5,4 %) ALSACE 1 522 1 331 (+ 8,7 %) CENTRE (+ 6,1 %) FRANCE : 1 410 €/m2 de 1500 à 2400 NORD-PASDE-CALAIS moyen entre 1995 et 2002 BRETAGNE de 1300 à 1500 de 1000 à 1300 (+ ? % ) Taux de variation annuelle 1 212 BOURGOGNE 1 011 (+ 7,1 %) (+ 3,3 %) 1 148 (+ 1,2 %) 1 224 FRANCHECOMTÉ (+ 4,9 %) LIMOUSIN POITOUCHARENTES 908 (+ 3,9 %) (+ 5,6 %) RHÔNE-ALPES 1 111 AUVERGNE AQUITAINE (+ 9,3 %) 1 341 (+ 7,4 %) MIDIPYRÉNÉES 1 230 (+ 6,8 %) 1 500 (+ 3,9 %) 2 348 PROVENCEALPESCÔTE D'AZUR 1 446 LANGUEDOCROUSSILLON (+ 6,8 %) 1 902 CORSE (+ 9,8 %) Source : FNAIM reflet de son originalité, qui s’exprime dans un logement transformable et très personnalisé, voire sur mesure. La « maison outil » s’adresse, elle, à une population rurale, seniors retraités aux revenus modestes pour qui l’habitat est d’abord fonctionnel. La « maison trophée » est l’aboutissement d’un rêve et d’une vie d’économies de ménages modestes. La « maison bulle » devient le refuge des couples de 25 à 50 ans avec de jeunes enfants, aux professions intermédiaires ou employés, plutôt provinciaux, pour qui le foyer est un lieu d’épanouissement de la famille, protecteur et convivial. L’engouement pour ce type d’ha- bitat se traduit dans les prix, qui, depuis 1995, se sont appréciés plus vite que ceux des appartements, et sans jamais faiblir. Selon l’indice des notaires, les prix des maisons ont augmenté de 51,2 % entre fin 1994 et 2002, ceux des appartements de 20 % seulement. L’indice Fnaim des prix, avec une base 100 en 1995, affiche, pour les maisons, 152,9, en 2002, soit une progression de près de 7 % par an, contre 140,8 pour les appartements. Plusieurs facteurs expliquent cette poussée des prix. L’Insee note qu’entre les recensements de 1990 et 1999, le dynamisme démographique a permis une urbanisation rapide des régions de l’Ouest, Bretagne, pays de Loire, Aquitaine, Midi-Pyrénées et LanguedocRoussillon. Les plus grandes villes y ont bénéficié d’une forte croissance et gagné 1,5 % d’habitants par an. Les départements littoraux, notamment bretons, ont, ainsi, attiré de nouveaux résidents : 9 % de plus dans le Morbihan, le Finistère et la Haute-Corse, 8 % dans les Côtes d’Armor et 6 % dans les Pyrénées-Atlantiques. Cet afflux de population a donc poussé les prix à la hausse, comme en témoignent les statistiques, région par région, de la Fnaim. En Bretagne, la valeur des maisons a augmenté de 7 % par an entre 1995 et 2002 ; dans le Languedoc-Roussillon et en Midi-Pyrénées, de 6,8 %. Les années 2000 voient aussi partir en retraite les classes nombreuses de l’après-guerre, à la recherche de soleil et d’un cadre de vie agréable, pas trop loin des centres névralgiques, qu’ils trouvent autour de villes comme Avignon, Montpellier, Toulouse, et sur la Côte d’Azur. Certaines villes sont devenues très attirantes, donc plus chères : l’agglomération de Marseille, avec 1,35 million d’habitants si on lui agrège les communes de Martigues et Aix-en-Provence, est désormais la deuxième unité urbaine de France, juste devant Lyon et après Paris. Nice et son agglomération, qui englobe Grasse, Antibes et Cannes, rassemble 890 000 habitants et se situe au cinquième rang. Dans la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, les prix des maisons ont gagné 9,3 % par an, en moyenne, depuis 1995. On assiste également, dans certaines villes, à un desserrement urbain, c’est-à-dire des déménagements de familles qui quittent le centre- ville au profit de la périphérie pour, bien souvent, s’installer dans des maisons. Les zones frontalières avec l’Allemagne et la Suisse subissent aussi une forte pression immobilière : entre 1975 et 1999, le nombre d’habitants du pays genevois français a augmenté de 47 %, la zone autour d’Annecy, de 41 %, selon l’Insee. L’envolée des prix ne concerne pas que les zones urbaines. Les campagnes sont l’objet de l’engouement pour les résidences secondaires non seulement des citadins français, mais aussi de leurs voisins européens. « Dans certaines régions, on assiste au même phénomène que celui observé en Espagne dans les années 1970. Des Anglais et des Européens du Nord, disposant d’un fort pouvoir d’achat ou habitués à des prix très élevés, font monter la cote des maisons à un tel niveau que les locaux ne parviennent plus à se loger », souligne Bernard Grech, président du réseau d’agences immobilières Orpi. C’est le cas du Languedoc- Roussillon, du Midi-Pyrénées, de l’Aquitaine, de la Dordogne, mais aussi de la Normandie. La distinction entre résidence secondaire et résidence principale s’estompe et l’on parle plus souvent de résidence alternée, par exemple pour des retraités partageant leur temps entre ville et campagne ou, au contraire, des résidences secondaires qui deviennent principales par la grâce du télétravail, du TGV et des 35 heures. Les Français, en particulier les seniors, redoutent les grandes villes et leurs contraintes de pollution et de bruit, souhaitent un peu de nature, mais veulent rester près du centre pour bénéficier des services et commodités de la ville. Acheter une maison bien desservie par les transports en commun, pour l’Ile-de-France, ou à quelques minutes en voiture de la ville la plus proche répond à ces attentes et est aussi un investissement qui a toutes les chances de se valoriser. I. R.-L. UNE AUGMENTATION DEUX FOIS PLUS RAPIDE Indice des prix des logements en province, base 100 au 4 e trimestre 1994 Maisons - Province Appartements - Province 160 153,6 140 131,8 120 109,5 125 100 108,5 98,5 80 Trimestre 4e année 94 2e 4e 95 95 2e 96 4e 96 2e 97 4e 97 Source : Perval/banque de données des notaires 2e 98 4e 98 2e 99 4e 2e 99 00 4e 2e 00 01 4e 01 2e 02 X/LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003 FINANCER Des crédits immobiliers historiquement peu chers En raison de la conjoncture économique et boursière, les taux des prêts immobiliers sont au plus bas depuis douze ans. Tous les clients n’ont cependant pas accès à des conditions de financement attractives. Il est indispensable de faire jouer la concurrence C ’est une véritable aubaine pour les candidats à l’acquisition d’un bien immobilier : les taux des crédits sont historiquement peu chers. « A l’exception d’une période de quelques mois à la fin 1998 et au début 1999, ils n’ont jamais été aussi bas depuis douze ans », note Christophe Cremer, le président de Meilleurtaux.com, un site spécialisé dans l’analyse de prêts immobiliers. La chute des Bourses, la mauvaise conjoncture économique ont fait tomber les taux d’intérêt à des niveaux rarement atteints dans l’histoire récente. Le rendement d’une obligation du Trésor français (OAT) émise à dix ans, qui sert de référence au calcul du coût d’un crédit immobilier à taux fixe, évolue autour de 3,9 %. Quant au niveau de l’Euribor 3 mois, qui permet de fixer le taux d’un crédit à taux variable, il se situe à 2,5 %. La décision, le 6 mars, de la Banque centrale européenne de ramener ses taux directeurs à 2,5 % contribue au mouvement de baisse des taux. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les prochains mois ; les autorités monétaires européennes pourraient encore diminuer le loyer de l’argent, si la conjoncture économique continue à se dégrader ou si les tensions internationales ne se dissipent pas, un scénario redouté par beaucoup. Déjà bas, le coût des crédits immobiliers pourrait encore diminuer. « Les taux des crédits immobiliers sont orientés à la baisse depuis novembre 2002. Ils ont diminué de 0,45 % environ. Dans le contexte actuel, les taux devraient continuer de fléchir légèrement au cours des prochaines semaines puis se stabiliser jusqu’à la fin du troisième trimestre 2003 », estime M. Cremer. Abbey National 5,70 ND 3,50 6,10 ND 3,50 BNP Paribas 4,70 3,60 ND 4,60 3,70 ND Bred-Banque populaire 4,60 3,74 ND 5,25 ND ND par Meilleurtaux.com à partir des taux réellement pratiqués par les banques et non à partir de ceux qu’elles communiquent. Actuellement, un taux de 4,20 % pour un prêt à taux fixe de 15 ans est jugé excellent et un taux de 4,45 % pour le même prêt est qualifié de moyen. On est loin des conditions affichées par les établissements qui préfèrent engager les discussions avec les clients à partir de données moins favorables. Caisse d'éparg. d'Ile-de-Fr. 4,85 3,75 3,45 5,05 3,90 3,60 Caixa Bank 5,00 4,10 3,55 ND ND 3,95** Reste qu’il n’est pas aisé d’obtenir un bon taux, même si l’on fait le tour de la concurrence. Si on peut regretter que les banques françaises n’analysent pratiquement pas la qualité du bien immobilier qu’elles vont financer, comme c’est souvent le cas à l’étranger, le profil du client est déterminant dans la fixation du coût du crédit. Ses caractéristiques financières tout d’abord : plus l’apport personnel est important et la durée du prêt est courte, plus le client a des chances d’obtenir un bon taux. Mais le profil socioprofessionnel est loin d’être négligeable. « Une banque sera plus encline à accorder des conditions intéressantes à un client jeune, entre 30 et 35 ans, cadre avec une perspective de carrière évolutive, ayant fait la preuve d’une capacité d’épargne au cours des cinq dernières années, marié avec un ou deux enfants. Les établissements estiment que ce type de client a de fortes chances de développer ses relations avec sa banque au cours des années, qui lui vendra donc d’autres produits financiers », analyse M. Cremer. Comme l’indiquent plusieurs études, les marges sur les crédits immobiliers n’ont cessé de se détériorer au cours de la dernière décennie. La marge apparente (différence entre le taux moyen des crédits immobiliers à taux fixe et l’OAT) a chuté de 2 % début 2001, à moins de 1 % en 2002. Les banques cherchent donc à compenser cette baisse en vendant d’autres produits. DES TAUX ATTRACTIFS Prêt avec 30 % d'apport personnel sur 15 ans (en %) à taux fixe* Etablissements Selon les données fournies par les quatorze établissements interrogés par Le Monde, il est possible d’obtenir un prêt à taux fixe de 4,20 % sur 15 ans avec un apport personnel représentant 30 % du montant de l’investissement. Ce chiffre descend à 3,20 % la première année lorsque l’on opte pour un prêt à taux révisable. Mais le candidat à l’achat est loin d’être certain d’obtenir de telles conditions. Quelques-uns auront la bonne surprise de se voir proposer des taux encore plus attractifs. La banque San Paolo proposait ainsi, à taux révisable capé* Prêt avec 10 % d'apport personnel sur 20 ans (en %) à taux révisable* à taux fixe* à taux révisable capé* à taux révisable* CIC 4,55 3,70 0,048 3,90 ND Crédit agricole Ile-de-Fr. 4,20 à 4,75 3,70 à 4,25 ND 4,40 à 4,95 3,70 à 4,25 ND Crédit Commercial de Fr. 4,70 3,65 3,30 4,95 3,85 3,50 Crédit du Nord 4,50 3,70 à 5,10 ND 4,80 3,85 à 5,85 ND Crédit foncier 4,55 3,75 3,20 4,75 3,95 3,40 3,20 Crédit lyonnais 4,20 4,10 ND 4,50 4,20 ND Crédit mutuel Nord 4,95 4,82 3,51 5,15 5,47 4,11 Société générale 4,75 3,40 ND 5,25 3,60 ND UCB 4,30 3,85 3,40 4,65 3,95 3,50 Source : Etablissements * La première année, **Pendant cinq ans, ND : non disponible jusqu’à récemment, un crédit immobilier sur 15 ans au taux imbattable de 4,11 %. Mais il est peu probable qu’un banquier propose spontanément un tel prix. « Quand un client vient demander un crédit à son banquier, il se trouve dans une position de faiblesse et le conseiller de clientèle va d’abord essayer de lui faire souscrire un prêt à un coût qui n’est pas toujours compétitif », observe M. Cremer. Il ne faut donc pas hésiter à négocier et à faire jouer la concurrence. « Je conseille à un demandeur de prêt d’aller voir trois établissements avant de s’engager », indique M. Cremer. « Un établissement généraliste comme la Société générale, BNP Paribas ou le Crédit Lyonnais, une banque régionale ou mutualiste, et un spécialiste du crédit immobilier » précise-t-il. Pour jauger les offres qui lui sont proposées, le demandeur de crédit peut consulter le baromètre établi Joël Morio Quel prêt choisir ? La simplicité est souvent payante A u cours de ces dernières années, les établissements bancaires ont développé leur gamme de prêts immobiliers. Au côté des traditionnels prêts à taux fixes sont apparus les crédits à taux variable puis ceux à taux révisable plafonné dit « capé ». Des formules plus ou moins complexes qui peuvent dérouter les candidats emprunteurs et qui ne se justifient pas toujours. La faiblesse actuelle des taux fixes rend peu attrayants les crédits à taux variable. Il est possible d’emprunter sur 15 ans à partir de 3,40 %. Mais ce taux n’est valable que la première année. Pendant la vie du prêt, le coût du crédit est révisable trimestriellement ou annuellement. Il dépend généralement du taux du marché monétaire majoré d’une marge qui peut atteindre 1,50 %. Les promoteurs de ce type de crédit font valoir que les taux du marché monétaire sont généralement inférieurs aux taux obligataires qui servent de référence pour les taux fixes. C’est souvent vrai, mais l’histoire récente montre que les taux du marché monétaire peuvent s’apprécier fortement. Fin 2000, ils ont dépassé le niveau des 5 %. Le coût d’un crédit immobilier révisable pouvait donc atteindre 6,50 %, soit largement plus que ce que pouvait obtenir un emprunteur à taux fixe à la fin des années 1990. Pour limiter les effets d’une hausse des taux du marché monétaire, les établissements bancaires proposent des prêts à taux variable capé. il s’agit de limiter à 2, voire 3 %, la hausse future du taux du crédit. Ce qui porte toutefois, aux conditions actuelles, à plus de 5,5 % le coût du crédit, soit nettement plus que ce que peut espérer un emprunteur à taux fixe. La CaixaBank propose une variante du prêt capé avec une formule originale et compétitive où le taux est bloqué à 3,95 % pendant les cinq premières années du prêt. Mais l’incertitude quant au coût du prêt demeure la même au-delà de cette période. Faut-il pour autant se détourner actuellement des taux variables, capés ou non ? Pas nécessairement. Il peut être judicieux de s’intéresser à ces formules si on envisage de vendre rapidement le bien financé par ce biais. Cela limitera les effets d’une hausse du coût du crédit en cas de renchérissement des taux d’intérêt. Par ailleurs, il faut savoir que recourir à des taux variable permet d’emprunter plus d’argent. Pour calculer le niveau d’endettement de l’emprunteur, les banques utilisent le taux du crédit appliqué la première année du prêt. Or celuici est sensiblement inférieur aux taux fixes actuellement pratiqués. Toutefois, pour éviter de se trouver dans une situation délicate, mieux vaut profiter de cette astuce uniquement lorsque l’on est certain que ses revenus augmenteront pendant la durée de remboursement du prêt. La hausse des ressources viendra compenser une augmentation des mensualités du prêt si les taux progressent fortement. Dans l’immense majorité des cas, il vaut mieux jouer la simplicité et préférer les prêts à taux fixe. A condition cependant qu’ils autorisent une certaine souplesse. Un bon crédit immobilier doit permettre notamment d’augmenter ses mensualités ou d’effectuer un remboursement anticipé partiel ou total, sans pénalité. J. Mo. LE MONDE/JEUDI 20 MARS 2003/XI INVESTIR Acheter un logement pour le louer Une grave pénurie locative sévit dans toutes les grandes villes de France. La faiblesse des taux d’intérêt des crédits et la crise boursière incitent nombre d’épargnants à investir une partie de leurs économies dans un placement sûr T out concourt, aujourd’hui, à pousser les particuliers à l’achat d’un logement en vue de le louer. Une grave pénurie locative sévit dans les grandes villes de France et accrédite l’idée que le logement trouvera toujours preneur, à un bon prix. L’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) a, à partir des données de son observatoire, en août 2002, chiffré la hausse moyenne des loyers entre deux locataires à 5,3 %, avec des différences notables selon le type de logement, 2,8 % seulement pour un studio contre 6,7 % pour un trois-pièces et 7,4 % pour un quatre-pièces. Certaines régions connaissent une inflation encore plus forte, comme Provence-Côte d’Azur, avec une progression moyenne de 6,5 %, MidiPyrénées, 7,3 % et la Franche-Comté, 8,4 %. La faiblesse des taux d’intérêt des crédits, inférieurs aux rendements locatifs, c’est-à-dire le revenu annuel sur le prix d’achat, permet de financer le logement à bon compte : il est possible de souscrire un crédit à 4,5 % ou 5 % tandis que le bien immobilier rapportera environ 5 % en revenu locatif brut, non comprise l’éventuelle plus-value, lors de la revente. Enfin, la crise boursière, qui a démarré le 10 mars 2000, entame sa quatrième année. L’indice CAC 40 flirtait, en septembre 2000, avec les 7 000 points. Il se traîne, aujourd’hui, entre 2 500 et 3 000 points. Cette chute fait réfléchir… L’enthousiasme pour le placement immobilier doit toutefois être tempéré. Le marché de l’habitation connaît des cycles, comme l’ont montré les années 1990, et même si les prix des logements continuent de s’apprécier, en ce début 2003, le sommet est atteint ou sur le point de l’être. La hausse des prix a, par ailleurs, fait mécaniquement chuter les rendements locatifs qui, en 1999, atteignaient, pour un bien neuf, 7 % à 8 %, et plafonnent désormais à 5 %. On ne peut guère tabler, en LES MINISTRES DU LOGEMENT SE SUCCÈDENT, LES RÉGIMES AUSSI Régime fiscal Méhaignerie Périssol Besson neuf Besson ancien Liennemann Résidence de tourisme Logement neuf destiné à être loué nu en résidence principale Logement neuf destiné à être loué nu en résidence principale Logement neuf destiné à être loué nu en résidence principale ou secondaire Logement neuf destiné à être loué nu en résidence principale Location d'un logement loué nu à titre de résidence principale Logement neuf ou ancien destiné à être loué nu à des personnes défavorisées Achat d'une résidence de tourisme classée et située en zone de revitalisation rurale ou en zone rurale défavorisée Date de l'achat du logement Du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1997 Du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1997 Du 1 er janvier 1996 au 31 août 1999 avec achèvement de l'immeuble avant le 1 er juillet 2001 À compter du 1 er janvier 1999 Baux conclus à compter du 1 er janvier 1999 Baux conclus à compter du 1 er janvier 2002 Entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2006 Avantage fiscal à l'achat Réduction d'impôt de 10 % du prix d'achat, plafonnée à 30 000 F, étalée sur 2 ans (1) Réduction d'impôt de 15 % du prix d'achat, plafonnée à 60 000 F, étalée sur 4 ans (1) Type d'investissement ou de location Amortissement de 10 % du prix d'achat les 4 premières années de location puis 2 % les 20 années suivantes, soit en tout 80 % sur 24 ans Amortissement de 8 % du prix d'achat les 5 premières années de location, puis 2,5 % les 4 années suivantes, renouvelable 2 fois 3 ans, soit 50 % sur 9 ans, 57,5 % sur 12 ans, 65 % sur 15 ans 6% 6% Déduction 25 % pendant 10 ans 25 % pendant 10 ans forfaitaire (2) Imputation du déficit foncier sur le revenu global Oui, dans la limite de 10 700 € par an Oui, dans la limite de 10 700 € par an Oui, dans la limite de 15 300 € par an Aucun à l'achat Aucun à l'achat 25 % portés à 40 % à compter du 1-01-2003 Oui, dans la limite de 10 700 € par an Oui, dans la limite de 10 700 € par an 60 % Oui, dans la limite de 10 700 € par an Réduction d'impôt de 15 % du prix d'achat plafonnée à 6 860 € sur 4 ans (1) 6% Oui, dans la limite de 10 700 € par an 9 ans avec possibilité d'occupation temporaire par le propriétaire Engagement de location (3) 6 ans Loyers à respecter en 2003 en euros par m2 et par mois Aucun 11,83 € en Ile-de-France et 8,50 € en province Aucun 12,90 € en zone 1 bis, 11,40 € en zone 1, 8,80 € en zone 2 et 8,30 € en zone 3 (6) Oui , dans la limite de 10.700 € par an 8,30 € en zone 1 bis, 6,70 € en zone 1, 4,70 € en zone 2 et 4,2 € en zone 3 (6) Aucun Revenus annuels des locataires par pers. (4) Aucun oui, 26 190 € en Ile-de-France et 20 210 € en province Aucun Oui (cf. tableau annexe) Oui (cf. tableau annexe) Oui (cf. tableau annexe) Aucun Possibilité de louer aux ascendants ou enfants (5) Oui Oui Oui, pour les achats réalisés à compter du 9 octobre 2002 6 ans Oui 9 ans 9 ans 6 ans 3 ans Non Non Non (1) les réductions d'impôt sont doublées pour un couple marié. (2) cet abattement s'applique aux recettes locatives pour aboutir, après déduction des charges, au revenu foncier imposable. (3) à ne pas confondre avec la durée des baux qui reste de 3 ans pour les propriétaires personnes physiques. (4) revenu imposable, après abattements de 10% et 20% de l'année précédant la location. (5) à condition que l'enfant ait un foyer fiscal distinct. (6) zone 1 bis : Paris et communes limitrophes, zone 1 : les autres communes de l'agglomération parisienne, zone 2 : agglomérations de plus de 100 000 habitants et zone 3 : autres communes Source : Le Monde outre, sur une progression des loyers aussi spectaculaire que celle des prix des logements,. Ensuite, le rôle de bailleur n’est pas de tout repos : même s’il délègue la gestion à un professionnel, il doit prendre des décisions concernant le choix du locataire, engager des travaux, PLAFOND DE RESSOURCES DES LOCATAIRES Composition du foyer locataire Quilès Besson neuf et ancien Liennemann en Ile-de Fr. en province en Ile-de Fr. en province personne seule 19 516 € 16 293 € 9 758 € 8 147 € couple marié 32 073 € 24 947 € 16 037 € 12 474 € personne seule ou en couple avec : 1 personne à charge 38 523 € 9 867 € 19 262 € 14 934 € 2 personnes à charge 45 988 € 36 146 € 22 994 € 18 074 € 3 personnes à charge 54 474 € 42 425 € 27 238 € 21 213 € 4 personnes à charge 61 260 € 47 856 € 30 630 € 23 928 € majoration par pers. à charge à partir de la cinquième 6 960 € 5 433 € 3 480 € 2 717 € Source : instruction fiscale du 8 janvier 2003 régler les litiges de voisinage, participer à la vie de la copropriété et, parfois, engager des actions en justice. Enfin, la fiscalité des revenus locatifs, soumis au barème de l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux de 10 %, est parfois dissuasive, notamment pour les contribuables les plus imposés qui reverseront à l’Etat la moitié de ce qu’ils perçoivent. « L’épargnant doit sélectionner le logement dans lequel il souhaite investir selon ses objectifs, qui peuvent être de se procurer un revenu complémentaire, de revendre rapidement ou non, et de sa situation fiscale », conseille Stéphane Desquartiers, fondateur de la Maison de l’investisseur, réseau d’agences conseil : « Le contribuable peu imposé à la recherche d’un rendement a intérêt à acheter un appartement ancien, tel qu’on en trouve en première couronne parisienne et dans certaines villes comme Lille ou Marseille, offrant 8 % à 10 % de rendement. Celui dont la capacité d’endettement est limitée, par exemple parce qu’il continue de rembourser un prêt pour sa résidence principale, peut opter COMMENT BIEN UTILISER LE DISPOSITIF BESSON f Avant d’acheter un logement à construire, aller voir le chantier pour visualiser l’environnement : l’idéal est de visiter pendant le délai de rétractation de sept jours après la signature du contrat de réservation. f Faire jouer la concurrence entre différents programmes immobiliers : les logements neufs sont souvent situés dans des quartiers en devenir, qui accueillent plusieurs programmes de promoteurs variés. Les sites Internet de logements neufs, comme Explorimmo Neuf ou Vivolio, permettent de comparer l’offre. Le site Liins, spécialiste du Besson, attribue des notes aux ensembles référencés. f Eplucher la notice descriptive du constructeur : opter pour des matériaux solides et faciles d’entretien, comme le carrelage au sol, des salles de bains généreusement carrelées, des placards équipés… f Décortiquer les « offres packagées » : la plupart des promoteurs proposent un prix de vente incluant le logement, une assurance de loyers impayés durant le premier bail, des frais de première mise en location, voire une garantie de revenu locatif pendant un, deux ou trois ans. Ces à-côtés ne sont pas gratuits et ils majorent le prix d’achat. f Valider les simulations financières proposées par les vendeurs : elles récapitulent, sur la durée du prêt (15 ou 20 ans) les recettes, c’est-à-dire les loyers, les économies d’impôt et le prix de revente, et les dépenses : prix d’achat, charges et remboursements de crédits. Plusieurs astuces permettent aux vendeurs d’enjoliver le résultat. Ils estiment le prix de revente en revalorisant le prix initial à l’aide d’un coefficient annuel censé représenter l’érosion monétaire. Or, on peut prévoir qu’un logement neuf perd de sa valeur pendant les 8 à 10 premières années. f Vérifier la prévision des frais restant à la charge du propriétaire : il devra acquitter la taxe foncière (80 % à 110 % d’un loyer mensuel) et les grosses réparations (environ 5 % du loyer annuel), le fonds de roulement de la copropriété, les honoraires de gestion (d’environ 7 % de la quittance, soit environ 8 % du loyer), et les assurances-impayés (entre 1,5 % et 2 % de la quittance). f Vérifier que les mensualités du prêt incluent bien les frais d’assurance et de dossier. f Prévoir des périodes d’inoccupation du logement, entre deux locataires, et des frais de remise en location. Selon l’UNPI, un studio connaît, en douze ans de location, quatre à cinq locataires successifs, entraînant une perte de 10 mois de loyer, soit 7 % des recettes. Pour un trois-pièces, la vacance se chiffrera à 4 % des loyers. Un grand appartement ne changera, dans le même temps, qu’une ou deux fois d’occupant. I. R.-L. pour un deux-pièces avec travaux (nous déconseillons les studios), moins cher à l’achat. Le bailleur plus lourdement imposé préférera l’achat d’un logement neuf loué dans le régime Besson. Il trouvera, grâce au crédit et à l’amortissement autorisé, le déficit foncier et les économies d’impôt qu’il recherche. Et ce, en se contentant d’un rendement brut de 5 % et en patientant au moins dix ans avant de revendre, sans réelle plus-value. » Les logements neufs sont, en effet, plus chers à l’achat et ne retrouvent leur prix qu’après huit à dix ans. Le manque cruel d’appartements familiaux à louer doit inciter ceux qui peuvent emprunter beaucoup à acheter de grandes surfaces, T3, T4 et même villas qu’ils n’auront aucun mal à louer ni à revendre. La production de maisons locatives ne dépasse pas 4 500 unités par an, ce qui est très loin de combler les besoins. Les gouvernements ont, depuis vingt ans, souhaité encourager l’investissement locatif et compenser sa médiocre rentabilité et sa forte fiscalisation par des avantages baptisés du nom du ministre du logement du moment : la réduction d’impôt Méhaignerie ou Quilès, l’amortissement Périssol, le conventionnement Besson, le dispositif Liennemann et, bientôt, le régime de Robien. L’actuel ministre a annoncé, pour l’automne 2003, son propre système de sou- La construction de maisons locatives ne dépasse pas 4 500 unités par an, ce qui est très loin de combler les besoins tien à l’investissement locatif, avec un mécanisme probablement proche du dispositif Besson, dont il a déjà élargi les possibilités de location aux ascendants et descendants. Dans le système Besson, le propriétaire qui achète un logement neuf peut soustraire de ses revenus fonciers l’équivalent de 8 % du prix d’acquisition, frais inclus, pendant cinq ans, puis 2,5 %, pendant quatre ans, puis encore trois ou six ans. Cela revient à amortir 50 % de l’investissement initial en neuf ans, 57,5 % en douze ans ou 65 % en quinze ans. En échange de cet avantage, la déduction forfaitaire sur les revenus fonciers, d’ordinaire de 14 %, est réduite à 6 % et, surtout, le propriétaire s’engage à louer pendant au moins neuf ans, à un loyer plafonné et à des locataires dont les ressources sont inférieures à un barème. La contrainte de loyer rend souvent ce dispositif dissuasif : l’écart entre les loyers pratiqués et le tarif imposé est de 25 % à 30 % dans le cœur des grandes villes : « Il faudrait que le zonage soit plus fin », plaide Xavier Chausson, directeur d’Omnium, société de promotion et de commercialisation d’appartements. « Mais il faut conserver un loyer plafond, car il a un effet régulateur sur les prix d’achat », estime-t-il. Le dispositif Besson trouve d’ailleurs, depuis sa création, en 1999, sa vitesse de croisière, puisque sur les 85 400 logements neufs vendus en 2002, 35 000 ont été cédés à des investisseurs dont 30 000 pour être loués dans ce cadre. I. R.-L.