Rapport de séjour Université Charles (Prague)

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Rapport de séjour
Université Charles (Prague)
2015-2016
Cosmin Barna
Département de Area Studies
Cosmin Barna
Université Charles
Prague, République Tchéque 2015 - 2016
Sommaire
Trois couleurs – bleu, blanc, rouge ......................................................................................................... 3
Une Odyssée Erasmus ............................................................................................................................. 4
Univerzita Karlova v Praze .................................................................................................................. 4
La liberté du choix des cours............................................................................................................... 5
Fenêtre sur cour - une vision comparative de mon séjour ................................................................... 10
Paris – Prague – Bucarest.................................................................................................................. 10
L’Université Charles vs. SciencesPo – une comparaison déséquilibrée............................................ 12
Prague, ou comment j’ai appris à aimer la ville .................................................................................... 13
L’Université Charles comme une expérience académique alternative ............................................ 13
Prague comme ville alternative ........................................................................................................ 14
A bout de souffle, la conclusion ............................................................................................................ 15
Annexes – les 400 coups ....................................................................................................................... 16
Préparation avant le départ .............................................................................................................. 16
Informations pratiques ..................................................................................................................... 16
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Cosmin Barna
Université Charles
Prague, République Tchéque 2015 - 2016
Trois couleurs – bleu, blanc, rouge
“Prague, cette pierre précieuse enchâssée dans la couronne de la terre… » (J. W. Goethe)
Pourquoi Prague ? Décider de passer mon année d’ouverture à Prague fut plus qu’un
choix mais plutôt un appel que j’ai senti avant même d’intégrer SciencesPo au sein du
Campus de Dijon qui est centré sur l’Europe Centrale et Orientale. Ce petit pays enclavé en
plein cœur de l’Europe était un réel mystère qui me fascinait tant par son histoire (la Bohême
et la Moravie, le Printemps de Prague, sa culture) que par sa capacité à garder son unicité au
sein d’une Europe qui s’uniformise. Un pont entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest et moimême étant de nationalité roumaine et ayant vécu de nombreuses années en France et
Belgique, je voyais Prague comme la ville ou je pouvais au mieux m’épanouir. En un mot,
c’est le style de vie tchèque que je voulais en avoir l’expérience, un style de vie à la fois
nouveau et familier.
Je me suis lancé dans ce projet avec comme objectif de premièrement clarifier mon
choix de master afin de m’assurer que l’économie est le domaine que je veux poursuivre
académiquement ainsi que professionnellement. Je savais qu’on nous donnait une grande
liberté de choix dans les matières à suivre donc pouvoir passer une année à l’Université
Charles , la plus vieille (1348) et prestigieuse université d’Europe Centrale, me paru le choix
le plus évident et qui me tenait le plus à cœur. La diversité des partenariats avec la VŠE (la
Haute école d’économie) étant assez limitée et connaissant la réputation assez faible de la
Metropolitan University de ma professeur de tchèque et de mes collègues, le choix de
l’Université Charles était clair. En plus de mes objectifs académiques, je sentais le besoin
après deux années passées dans l’agréable et calme ville de Dijon, de m’immerger dans une
des grandes capitales européennes.
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Une Odyssée Erasmus
Univerzita Karlova v Praze
Comme déjà mentionné, l’Université Charles propose un vaste choix de cours, parmi
une dizaine de départements, de journalisme à l’économie passant par la sociologie, au sein
de la Faculté de Sciences Sociales (FSV ou Fakulta sociálních věd UK). C’est précisément
dans cette faculté que j’ai été intégré par SciencesPo, dans le département de Area Studies.
Ne vous méfiez pas si vous ne trouvez pas ce département sur le site de l’Université ou dans
la liste des départements « officiels ». Ce que Area Studies veut dire est le fait qu’on à la
liberté de choisir n’importe quels cours parmi tous le département proposés par la Faculté de
Sciences Sociales. De plus, on peut également choisir des cours dans d’autres facultés,
comme la Faculté d’Arts par exemple, faisant attention toutefois au quota de 50% de cours
obligatoires dans la FSV. Il est intéressant à noter qu’on peut suivre des cours de niveau
bachelor mais aussi des cours spécifiques aux étudiants en master. Un détail très utile du
système éducatif tchèque est qu’on a le droit à deux semaines « d’essai » en début de chaque
semestre ou l’on peut assister à des cours sans toutefois avoir l’obligation d’y rester pour la
totalité du semestre. Cela motive ainsi à essayer des cours qu’on n’aurait pas forcément
choisi par méfiance à cause d’un sujet trop pointu ou d’une difficulté qui paraissait trop
élevée.
L’Université Charles a également la spécificité d’avoir ses bâtiments répandus dans
toute la ville. De cette façon, au cours des deux semestres on a l’occasion de découvrir à
chaque fois de nouveaux endroits, chacun plus intéressant que l’autre. Les cours de la Faculté
d’Arts sont par exemple dans un vieil bâtiment imposant à côté de l’Opéra avec une vue
parfaite du Château de Prague et de la rivière Vltava. Ceux du département d’économie sont
dans une ruelle à côté de la Vaclavske Namesti, le « Champs Élysées » praguois alors que la
majorité des cours avec des intervenants extérieurs ainsi que ceux en lien avec l’Union
Européenne sont à deux pas de Staroměstské náměstí (la Place de la Vieille Ville). Le
bâtiment le plus difficile d’accès reste Jinonice, une petite « ville » au bord de Prague
facilement accessible en métro, qui est l’endroit ou la majorité des cours ont lieu si vous
choisissez des cours en lien avec les sciences politiques. Cette diversité des bâtiments fait que
vous découvrirez Prague de façon totalement nouvelle chaque semestre ce qui donne à
chaque journée la possibilité de voir quelque chose de nouveau.
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Pour ce qui est des langues, les cours de tchèque sont malheureusement payants (150
euros environ par semestre) et occupent une grande plage horaire chaque semaine donc j’ai
préféré continuer mon apprentissage du tchèque commencé à Dijon par moi-même, en
m’intégrant dans la ville et ses zones moins touristiques. C’est pourquoi après de nombreux
essais échoués de trouver un stage ou une activité de bénévolat qui ne nécessite pas une
connaissance parfaite du tchèque, j’ai décidé de faire de mon temps libre une véritable
découverte de la ville et de tous ses quartiers. J’ai dès le début décidé de ne consulter aucun
guide sur Internet ou chercher des recommandations de visite afin de garder un peu du
mystère et du plaisir de la découverte personnelle de cette magnifique ville. C’est également
la meilleure façon de développer des connaissances linguistiques dans une ville ou,
contrairement à de nombreux autres rapports de séjour, j’ai remarqué que l’anglais est assez
peu répandu. Il suffit de s’éloigner un ou deux kilomètres du centre, vers les nord de Prague
ou vers l’Est dans les quartiers de Vinohrady et Vrsovice, les zones résidentielles ou habitent
la majorité des praguois, pour s’en apercevoir.
La liberté du choix des cours
Durant le premier semestre, sans avoir une idée précise de ce que je voulais faire, j’ai
décidé de prendre une grande variété de cours, afin de tester mes connaissance acquises
durant les deux années passées à Dijon et de les approfondir mais aussi par envie d’avoir un
cursus aussi intéressant et divers qu’à SciencesPo. Je précise que tous les cours sont en
anglais.
Voici les cours choisis durant le premier semestre :
Surrealism and Eastern and Central European Cinema (6 crédits)
Passionné de cinéma, je ne pouvais rater ce cours proposé par d’anciens étudiants, qui
permet d’offrir une vision très approfondie de ce qu’est le surréalisme et de sa forme
cinématographique. Ce cours demande une forte implication puisque il se divise en deux
temps, un jour de la semaine il y a la projection d’un film puis deux jours après il y a la
conférence ou on discute du film, des liens entre le film et les textes à lire etc. J’ai
découvert la richesse du cinéma d’Europe Centrale qui s’avère être au cœur du mouvement
surréaliste, chose que je n’aurais jamais pu découvrir avant par moi même du à l’obscurité de
certains réalisateurs. Je recommande donc fortement ce cours à toute personne qui aime le
cinéma et qui veut mieux connaitre une partie intéressante et méconnue de l’histoire
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culturelle tchèque et de plus, le professeur est très sympathique et actif en classe, toujours
prêt a démarrer de très intéressantes discussion. La notation est composée de deux travaux :
une présentation sur un film en classe et un essai à envoyer en fin de semestre sur un sujet au
choix.
Ames sensibles s’abstenir de ce cours puisque la majorité des films surréalistes
présentés sont destinés à choquer !
Central European Culture from the 19th Century to 1945 (6 crédits)
Un de mes cours préférés ce semestre du à son contenu qui mélange l’histoire du
19eme siècle avec l’histoire de l’art (cinéma, littérature, architecture et même le sport) ce qui
permet de mieux expliquer le contexte de certains évènements historiques, comme les deux
guerres mondiales mais aussi de découvrir l’impact et la vision que l’art a eu envers ces
évènements. C’est une très bonne introduction à l’histoire de l’Europe Centrale,
principalement l’Allemagne, l’Autriche, la République Tchèque et leurs capitales, et des
différents mouvements artistiques qui sont nés (l’art moderne, la culture de masse, les genres
cinématographiques etc.). Le professeur insiste sur la lecture attentive des textes à lire pour
chaque séance (qui sont d’ailleurs intéressants) et il réussit à faire de ce cours une discussion
passionnante entre lui et nous (souvent d’autres Erasmus venant du monde entier) en offrant
constamment la parole aux élèves et lançant des débats.
Les travaux à réaliser pour ce cours sont une présentation orale en classe, un essai
destine à approfondir le thème de la présentation puis un examen oral base sur l'essai. Une
petite anecdote : j’ai découvert lors de l’examen oral que le professeur parle parfaitement
français et j’ai donc passé l’examen oral en français, ce qui fut une très bonne surprise.
Economy and Politics in the 20th Century Eastern Europe (6 crédits)
Un cours de type similaire au précédent puisque il mélange deux domaines, cette foisci l’économie et la politique durant la période communiste et les quelques années après sa fin.
Plutôt que de se concentrer sur de la pure théorie économique, ce que ce cours offre est une
vision complète du pourquoi et du comment de l’économie communiste, de son inévitable
échec et des raisonnements politiques qui se cachaient derrière. Remplissant le cours
d’anecdotes et d’explication claires et concises sur les rouages de la machine communiste, ce
cours complète parfaitement avec une vision économique les cours sur le communisme et son
histoire desservis à SciencesPo. La notation se base sur une présentation orale, un mémoire
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final à faire en 24 heures ainsi qu’un court examen écrit avec une quinzaine de questions
concises.
European Integration Sphere the French, British and Italian Perspectives (6 crédits)
Ce séminaire est composé de trois conférences éparpillées durant le semestre
présentées chacune par un invite spécial, des académiques de haut niveau dans leur domaine.
On traite des différents débats qui existent de nos jours sur le sujet de l’Union Européenne du
point de vue de trois nations différentes. Les trois conférences sont très disparates et c’est ce
qui fait la richesse du cours : la perspective française étant un aperçu de la politique étrangère
de l’Union Européenne, celle anglaise étant une réflexion sur les partis britanniques et
l’Europe et celle italienne sur le futur de l’Italie dans l’UE à travers un prisme économique et
social. Le travail final porte sur un essai sur un sujet au choix en fonction de quelle
conférence nous a plus intéressés. Ce cours est immanquable pour tout étudiant qui
s’intéresse de prés ou de loin à la question européenne.
Electoral, Market, Media and Social Research: Paul Lazarsfeld's Methodology (9 crédits)
Le cours le plus décevant de ce semestre du à la façon dont le professeur conduit son
cours. Certes expert dans la sociologie de Paul Lazarsfeld et de ses méthodes de recherche, ce
professeur (assez âgé) parle un anglais très approximatif et malheureusement n’intervient que
très peu durant les cours, préférant laisser place à environ 5 exposés d’élèves par séance que
souvent personne n’écoute du à leur qualité moyenne et leur trop grand nombre. Mes
espérances en choisissant ce cours étaient d’approfondir un sujet seulement brièvement
touché à SciencesPo et d’un point de vue du contenu, mes attentes ont été satisfaites avec un
grand nombre de détails donnés sur les méthodes quantitatives et qualitatives ainsi que sur la
carrière de Lazarsfeld. C’est la façon dont le cours est organisé qui m’a fortement déçu. La
notation consiste dans une présentation orale et un essai écrit ou l’on doit répondre à deux
questions au choix parmi trois.
Après un premier semestre très diversifié, j’ai décidé de me concentrer sur des
matières dans le domaine de l’économie. Comme j’allais découvrir, l’Université Charles a un
des meilleurs départements d’économie d’Europe centrale. Si vous avez une affinité pour
l’économie, je recommande de passer en revue les cours offerts par l’IES (Institute of
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Economic Studies) ou les conférences réalisées par CERGE-EI (Center for Economic
Research and Graduate Education – Economics Institute) car elles sont d’un excellent niveau.
Voici les cours choisis durant le deuxième semestre :
International Finance (5 crédits)
A ma grande surprise, le professeur de ce cours est Mr. Vilem Semerak, professeur
invité à SciencesPo Dijon dans le cadre du cours de spécialisation en économie en deuxième
année. Principalement axé sur une approche macro-économique (balance commerciale et
modèle IS-LM, AA-DD etc.) c’est également une très bonne introduction au marché
d’échange (FOREX). C’est avec ce cours que je me suis rendu compte qu’à SciencesPo,
durant les deux premières années, nous n’avons fait qu’effleurer la macro-économie. Assez
poussé dans ses explications et modèles présentés, ce cours demande d’avoir certain acquis
préalables en économie sans lesquels il serait impossible de suivre le cours. La notation est
également exigeante avec un midterm, un examen final, des devoirs maison ainsi qu’un essai
à rédiger en fin de semestre.
Game Theory (6 crédits)
De loin le cours le plus complexe de mon année à Prague, composé principalement
d’élèves en master d’économie avec un fort niveau en mathématiques. En dépit de la
difficulté excessive (du moins pour le niveau que nous avons après deux années à
SciencesPo) de ce cours centré sur la théorie des jeux et ses nombreuses variations (jeux
imparfaits, Bayesiens ou infinis, équilibre de Nash etc.), ce fut un plaisir de participer à ce
cours ou le professeur prenait une réelle satisfaction à enseigner ce qui le passionne. Le cours
est séparé en deux temps, une conférence réalisée par le professeur principal qui explique la
théorie derrière les jeux suivi d’une conférence réalisée par son assistante qui explique
l’application pratique (et très mathématique) de la théorie. Pour valider ce cours il faut
amasser 50 points ou plus : parmi les 4 dates d’examen proposées durant le semestre ou
chaque examen peut apporter jusqu'à 50 points, les deux meilleures notes sont additionnées.
Independent American Cinema (5 crédits)
Cinéphile convaincu, je ne pouvais rater la chance de prendre un autre cours de
cinéma pour ce semestre également. Plus terre à terre que le cours sur le surréalisme du
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semestre précédent, il est néanmoins tout aussi intéressant. Plus académique, il est basé sur
des textes clés de la littérature cinématographique en lien avec le mouvement « indé », sans
toutefois tomber dans l’excessif puisque le professeur fait un parfait travail de synthétisation
et d’explication. Une fois toutes les deux semaines, chaque séance demande des textes à lire
et un film à voir a la maison. Au fil des séances, on commence à avoir une idée très précise
de la sensibilité du mouvement indépendant américain. A tous ceux qui veulent développer
un sens critique et un nouvel œil pour mieux apprécier et critiquer des œuvres
cinématographiques ainsi qu’aux fans de réalisateurs comme Q. Tarantino, D.Lynch ou W.
Anderson, ce cours est idéal. La notation repose sur 3 essais à faire à la maison durant le
semestre.
Comparative Capitalisms of Western Europe (6 crédits)
L’intitulé de ce cours m’a attrapé l’œil lors du début du semestre et s’est avéré être un
de cours les plus riches en termes de débats et de connaissance acquises. Il combine à la fois
des éléments d’économie, de sociologie et de sciences politiques pour essayer d’expliquer les
raisons institutionnelles et culturelles qui font que l’Europe de l’Ouest à autant de modèles de
capitalisme que de pays. Plutôt que de chercher à trouver une réponse définitive a pourquoi le
capitalisme coordonné allemand diffère du modèle capitaliste de libre-marché des pays
anglophones, le professeur mène d’excellents débats en proposant des textes à lire qui
apportent chacun un bout d’explication qui pour certains est culturelle, pour d’autres
économique etc. Avec seulement un exposé à réaliser et pour chaque cours la rédaction d’une
synthèse des textes à lire, la notation est très légère.
British Liberalism in a European context (6 crédits)
Un cours réalise en deux grains blocs durant le semestre et enseigné par un professeur
invité de l’Université de Bath en Angleterre. C’est une explication très détaillée de l’histoire
du mouvement libéral que le professeur mène au fil des séances, allant de la naissance des
idées libérales et progressistes de Adam Smith ou de Lord Beveridge ainsi que la naissance
du parti libéral jusqu'à la situation du parti des Liberal Democrats aujourd’hui suite à la
coalition avec les conservateurs entre 2010 et 2015. Le professeur étant très impliqué dans le
parti des LibDems, nous avons eu l’occasion à travers de nombreuses questions posées
d’avoir un aperçu de ce que veut dire réellement intégrer un groupe politique ainsi que des
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innombrables problèmes et débats qui existent au sein même de son parti . Le seul travail à
réaliser est un essai en fin de semestre.
Economic Warfare (4 crédits)
Un cours très récent inauguré à l’Université Charles, il comporte sur l’analyse des
différentes armes économiques utilisées au cours de l’histoire (l’embargo sur l’Irak par les
États-Unis et l’ONU, la destruction de l’industrie nazie par voie aérienne etc.) ainsi que leur
utilité et leur motivation souvent politique. Le cours manque cependant de dynamisme
puisqu’il n’y a que 5 séances par semestre et le professeur a encore du mal à bien délimiter
son cours du à sa nouveauté. Cependant, ce mélange du domaine militaire et économique
rend les thématiques discutées très enrichissantes. Le travail à faire est un essai à rendre en
fin de semestre ou on doit analyser l’efficacité d’une tactique de guerre économique.
Fenêtre sur cour - une vision comparative de mon séjour
Paris – Prague – Bucarest
La première chose que j’ai ressenti une fois arrivé, ce n’est pas un choc culturel mais
plutôt l’étrange familiarité de la ville. L’architecture fait écho aux façades haussmanniennes
parisiennes, à l’art nouveau omniprésent à Vienne ou au style baroque des villes roumaines
comme Cluj. C’est par ce prisme, de ville caméléon que j’ai vécu mon séjour à Prague. Tout
d’abord, plus que tout, Prague est une ville historique avec ses châteaux, parmi lesquels le
fameux Château de Prague (Pražský hrad) qui est le plus grand château du monde et le moins
connu mais plus ancien Château de Vyšehrad mais aussi les multiples places du centre ancien
de la ville. De ce point de vue, cette omniprésence de l’histoire fascine à chaque sortie, même
en passant chaque jour par le bord de la Vltava et apercevant le château de Prague qui s’élevé
à distance, on ne s’en lasse pas.
C’est au fil de mon séjour que les différences ont commencé à ressortir,
principalement une fois m’être familiarisé avec le contexte socioculturel de la ville et de ses
habitants. Maintenant que mon année touche à sa fin, je réalise que mon intuition initiale de
Prague comme un pont entre deux pays qui me sont familiers, la Roumanie et la France, est
vraie. Socialement, les tchèques sont encore dans ce cercle vicieux d’un passé communiste
qui divise le pays et sa population. D’un coté il y a les jeunes, les intellectuels et la classe
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moyenne supérieure qui soutiennent les idéaux européens de liberté et refusent tout
compromis avec les tchèques souvent plus vieux et partisans d’une classe politique
corrompue, héritiers des temps communistes de la Tchécoslovaquie. Cette division de la
société peut être aperçue tout d’abord dans les médias qui dans la majorité sont contrôlés par
une seule personne, un des hommes d’affaires les plus riches de la Tchéquie et actuel homme
politique. De l’autre coté il y a les jeunes qui demandent des médias plus ouverts et qui sont
très critiques de leur gouvernement, comme j’ai pu le remarquer durant de nombreuses
discussions avec mes collègues tchèques. Un évènement a marqué mon année à Prague qui je
pense, résume très bien la situation socioculturelle de la République Tchèque. La visite
officielle du président chinois a crée une onde de choc puisque un accord a été signe entre
Prague et Pékin pour accroitre les investissements chinois. De dures réactions des jeunes
praguois ont eu lieu, avec l’affichage de drapeaux tibétains dans toute la ville puisque ce
nouveau pacte rompt l’amitié que l’ancien président Vaclav Havel avait établi avec le Dalaïlama, en marquant un rapprochement de la République Tchèque avec la Chine. De
nombreuses critiques écrites pour protester contre cette décision du gouvernement sont
apparues ainsi que des protestations massives dans la ville. La société tchèque est donc
encore quelque peu hantée par son passé communiste et les scandales de corruption mais une
partie de sa population essaye de se créer un chemin pour tendre vers le modèle des
démocraties de l’Ouest.
Il est quand même important de préciser qu’au delà de cette société fracturée, parmi
les gens que j’ai rencontrés, il existe une réelle volonté d’être ensemble et cela se fait d’une
manière très « tchèque ». Il me parait impossible d’évoquer Prague sans parler de ce qui est
un de traits marquants de ce pays, la bière. Une réelle culture du pub existe à Prague, avec
des centaines de bars ou la bière se trouve à un prix qui parait infime comparé à la France.
Tout bar avec une pinte de bière tchèque a plus de 40 couronnes (un peu plus d’un euro) est
signe que c’est bar un bar pour touristes, donc à éviter car l’ambiance est souvent décevante.
Lors de mes premières sorties en ville, je n’oublierai jamais l’étonnement que j’ai eu en
rentrant dans un cinéma et en voyant la quasi-totalité des personnes, jeunes et vieux, femmes
et hommes avec une bière à la main, dans la salle de cinéma bien sûr. Plus qu’un liquide bu
dans une quantité moyenne de 160 litres par personne par année, c’est une partie de la culture
de la Tchéquie qui existe dans cette fameuse « pivo » (bière en tchèque) et les dizaines de
marques, chaque ville de la République Tchèque prétend faire la meilleure bière. La ville de
Pilsen est la plus connue peut être mais la compétition est acerbe avec la ville de Budvar par
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exemple ou la ville du sud de la Bohême Humpolec qui fabrique la bière Bernard. Amateur
de bière avant même d’arriver à Prague, j’ai exploré plus que les bières classiques et ainsi
pris gout aux innombrables microbrasseries tchèques comme la marque Kocour par exemple.
Plus qu’à Paris et à Bucarest, à Prague les gens ont une toute autre manière de se rassembler,
de façon plus décontractée et plus gaie.
L’Université Charles vs. SciencesPo – une comparaison déséquilibrée
Dès les premières semaines, un étrange sentiment m’a envahi, comme si quelque
chose manquait dans ma routine, quelque chose qui jusque la faisait partie de moi. Ce
quelque chose, comme j’allais le découvrir était le manque de pression dans mon travail
académique. A l’Université Charles ou je n’ai pris que des cours dispensés en anglais, donc je
ne connais pas les exigences des cours en tchèque, les attentes des professeurs vis-à-vis du
travail des élèves et de leur participation sont moyens vers faibles. Loin de faire une critique
négative du système tchèque, c’est tout de même un constat qui est devenu une évidence
après deux semestres passés ici. Pour valider un cours, aucune exigence méthodologique
stricte n’existe pour l’essai ou les exposés, ce sont plutôt des exercices ou chacun est libre de
s’exprimer de la façon dont il considère la plus adaptée. Cela fait que souvent un travail
médiocre et bâclé mais avec une problématique qui le distingue du travail des autres peut
aboutir à de bonnes notes. Cette liberté est déboussolante au début notamment lorsque par
instinct j’utilisais la méthodologie apprise à SciencesPo (introduction, problématique, deux
parties-deux sous parties puis conclusion). Personnellement, j’ai abordé ce niveau faible
d’exigences comme une opportunité pour exceller dans les travaux écrits et oraux, les
professeurs ayant un tout autre regard sur vous lorsque le travail fourni est au dessus de la
moyenne. Cette liberté que le système tchèque offre donne donc la possibilité à chacun de
s’investir autant qu’il veut et c’est pour cela qu’il est important de choisir des cours avec des
thématiques qui nous intéressent afin de pouvoir s’épanouir complètement en faisant avec
plaisir le travail demandé. Plusieurs fois il m’est arrivé de lire des textes supplémentaires
pour satisfaire ma curiosité pour un certain sujet, chose qui m’était impossible à SciencesPo
en raison du manque de temps. Un point positif des méthodes pédagogiques de la majorité de
mes professeurs est leur volonté à porter une discussion avec les élèves ce qui nous offre à
nous, étudiants, la possibilité de porter un réel dialogue avec l’enseignant et nos collègues de
classe. Etre libre de participer durant la quasi-totalité des cours fut une des caractéristiques de
mon expérience ici ce qui m’a rendu beaucoup plus à l’aise à l’oral, surtout en anglais.
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Parler d’une comparaison entre le système éducatif de l’Université Charles et
SciencesPo est donc quasiment impossible du à leurs différences fondamentales. Les cours
pris à l’Université Charles sont pour la plupart soit des cours de master spécialisés soit des
cours pour étudiants Erasmus, il est donc normal que les attentes différent. Il est à nous de
s’adapter pour tirer au mieux profit des cours choisis.
Prague, ou comment j’ai appris à aimer la ville
L’Université Charles comme une expérience académique alternative
Mon
séjour
à Prague m’a indéniablement
enrichi
à tous
les niveaux.
Académiquement, j’ai eu à Prague la possibilité de voir l’économie et l’histoire de manière
totalement nouvelle. La différence d’exigence des cours ainsi que les sujets hétéroclites que
j’ai choisis mélangeant cinéma, sciences politiques et économie ont éveillé quelque chose que
je n’avais pas forcément avant, ma curiosité. J’ai par exemple réalisé le grand nombre
d’utilités qu’une information financière peut avoir : elle peut être à la fois utilisée pour faire
du profit ou pour contourner un système, pour protéger ou nuire à un autre État et peut même
avoir des implications militaires. C’est exactement cet élargissement de mes horizons que je
souhaitais acquérir et je considère que ce fut un succès. L’éclairage que cette année m’a
apporté pour mon orientation l’année prochaine en master est peut être le point clé de mon
séjour car je suis désormais sur de vouloir poursuivre une carrière dans le domaine de la
finance et de l’économie. Cet intérêt pour tout ce qui touche à l’économie était depuis
longtemps imprégné mais ces expériences académiques assez inédites dans ce domaine à
l’Université Charles ont cristallisé mon choix pour le rendre définitif.
Cette liberté dans le travail et l’importance de la participation dans les cours ont fait
que mes compétences d’expression en anglais et plus généralement d’aisance à l’oral ont
accru. Le gain d’expérience au niveau linguistique est un des atouts de cette année en
Erasmus puisque j’ai eu l’opportunité de perfectionner mon anglais en le parlant chaque jour
avec les professeurs et mes amis. Puisque la communauté Erasmus est si grande (des milliers
d’élèves), on est face à tous les accents anglais imaginables dont celui australien, anglais, un
grand nombre d’accent américains de toutes les régions etc. J’ai pris un réel plaisir à parler en
anglais, chose que je voulais absolument acquérir durant mon séjour. La langue tchèque de
son coté fut une épreuve beaucoup plus difficile à relever, tout d’abord à cause de la difficulté
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de la langue et de la rapidité avec laquelle les tchèques s’expriment. Cela ne m’a tout de
même pas empêché d’essayer tant bien que mal à parler le plus possible en tchèque dans
toutes mes activités quotidiennes pour finalement arriver à me sentir compétent.
Prague comme ville alternative
Prague est une ville qui voit un plein essor de la scène alternative artistique et
culturelle. Prague comme ville touristique avec son histoire et ses édifices est une merveille à
parcourir dans les premières semaines ici mais une fois cette phase passée, j’ai
personnellement senti le besoin de découvrir Prague dans sa totalité, avec ce qu’il y a en
dehors des sentiers battus. Ce que j’ai découvert est une scène artistique rayonnante,
d’innombrables cafés et restaurant locaux insolites ainsi que ce qui m’a le plus fasciné, les
cinémas. Depuis des années intéressé par tout ce qui touche au cinéma, je n’ai que ici pris
l’habitude de voir les films en salle, attiré par l’atypicité et la diversité des cinémas praguois.
Dispersés dans toute la ville, il y a les cinémas « modernes » (Bio Oko, Kino Aero) avec des
projections inédites, de nouveaux films mais aussi des projections nocturnes des cultes
« midnight movies ». A cela s’ajoute les classiques Kino Svetozor et le Lucerna, en plein
centre ville, avec leur architecture art-nouveau. Finalement, il y a l’endroit qui est pour moi le
petit bijou caché de Prague, la cinémathèque aussi appelé le cinéma d’art de Prague, le
Ponrepo. Le Ponrepo est l’archive nationale du cinéma fondée dans les années 1940,
possédant plus de 150 millions de mètres de films de tous les pays et dans toutes les langues.
Malheureusement, toutes les projections sont sous-titrées en tchèque donc je n’ai pu aller
qu’à des projections de films dont la langue est l’anglais ou le français, ratant malheureuses
quelques films rarement diffusés au cinéma comme certains films italiens des années 60’ ou
japonais de la même période. A mon grand plaisir, j’ai pu me délecter avec de nombreux
films de la Nouvelle Vague française qui semble être la spécialité de ce cinéma d’art. Le
cinéma a donc été mon coup de cœur culturel à Prague, le prix de chaque séance étant
dérisoire, ce qui rend ce plaisir accessible et enrichissant culturellement à chaque séance.
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A bout de souffle, la conclusion
Ces dix mois passées a Prague ont été pour moi la possibilité de m’épanouir
complètement, académiquement en choisissant des cours proches de mes centres d’intérêt et
culturellement en profitant le plus possible de la ville et de ce qu’elle a à offrir à n’importe
qui est curieux de la découvrir. Les cours ne sont finalement qu’une partie de ce séjour
puisque on ne manque pas de temps libre ou l’on peut décompresser et accumuler de
l’énergie pour la prochaine aventure, le master à Paris.
Mon regret est de ne pas avoir visité la Pologne, pays que je voulais absolument voir
mais c’est un petit prix à payer puisque j’ai accompli mon principal objectif, celui de sentir
Prague dans son authenticité et de s’intégrer dans un pays ou la barrière linguistique n’est pas
négligeable. Plus que cela, c’est l’endroit qui est devenu mon « chez moi » pendant un an. Je
quitte donc Prague avec le même sourire que j’ai eu en arrivant, convaincu que je sors de
cette expérience plus mûri et surtout plus curieux.
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Cosmin Barna
Université Charles
Prague, République Tchéque 2015 - 2016
Annexes – les 400 coups
Préparation avant le départ
Peu de démarches administratives sont nécessaires, principalement parce que la
République Tchèque est dans l’espace Schengen, donc aucun besoin de VISA ou de
documents particuliers de voyage. Une fois sur place il est toute de même conseillé de
s’enregistrer au département de Police.
Avant l’arrivée, le responsable des étudiants étrangers de l’Université Charles vous
contactera pour confirmer votre situation d’élève en échange Erasmus puis vous donnera la
possibilité de vous inscrire sur une liste pour avoir accès aux logements universitaires. Je ne
recommande pas ce type de logement, principalement car les campus universitaires sont
souvent au bord de la ville et leur confort et hygiène sont très moyens. Avec la facilité de
trouver une colocation sur les nombreuses pages Facebook destinées à ceci et même à trouver
un studio pour soi même proche du centre-ville, les résidences universitaires ne sont pas la
meilleure idée. Personnellement, j’ai trouvé un studio dans une maison moderne d’étudiants
dans Prague 10, idéalement située à la limite entre le quartier branché et alternatif de
Vinohrady et le quartier résidentiel de Vrsovice, à 10-15 minutes en tramway du centre-ville.
Informations pratiques
Sur ce qui tient de l’Université, un grand nombre de services et d’activités sont
proposées sur le campus, principalement par le IC-CUNI (International Club Charles
University) qui s’occupe de la semaine d’intégration ainsi que de nombreux voyages et
randonnées durant l’année. Pour les sportifs, les activités sont encore une fois nombreuses
mais le système d’inscription est très flou donc il est plus simple de se trouver des amis et
pratiquer le sport voulu de manière indépendante. De nombreuses équipes se forment de cette
façon, il suffit juste de demander sur la page Facebook des Erasmus de votre faculté qui est
intéressé pour réaliser tel ou tel sport. De mon coté, j’ai préféré la natation cette année, un
sport pas très populaire en République Tchèque. D’après mes connaissance, il n’y a qu’une
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Cosmin Barna
Université Charles
Prague, République Tchéque 2015 - 2016
seule piscine de 50m et qui est celle que j’ai fréquente, dans le complexe sportif Podolic ou
les conditions sont assez bonnes.
La République Tchèque est probablement une des meilleures destinations d’un point
de vue financier même si, il ne faut pas sous-estimer le prix du loyer, qui n’est pas si peu cher
que l’on peut croire. Voici un petit tableau qui résume les principales dépenses (en euros)
mensuelles nécessaires pour mener un train de vie légèrement supérieur à celui en France,
donc avec plus de sorties en ville et une nourriture plus diversifiée et de meilleure qualité. Le
cout d’un repas copieux ou d’une soirée type barathon ne devrait pas excéder plus que 15
euros sachant que les prix sont très bas partout sauf dans les lieux très touristiques qui sont à
éviter. Un conseil : Namesti Miru et ses alentours est un endroit à l’ abri des vagues de
touristes et proche du centre, rempli de bonnes adresses gastronomiques et de bars.
Loyer (dont utilités inclues)
entre 200 et 400 euros
Nourriture
120 – 150 euros
Loisirs (musés, concerts, sorties)
30-50 euros
Transports en commun
35 euros pour 3 mois tout compris
Voyages
20 euros en moyenne aller-retour en
bus dans et autour de la République
Tchèque
Durant mon séjour, j’ai effectué quelques voyages en République Tchèque,
principalement dans des réservations naturelles qui sont idéales pour une randonnée lors d’un
jour ensoleille. J’ai surtout préféré découvrir Prague de long en large. Je recommande donc la
marche à pied lors de vos déplacements, surtout au début et à la fin du séjour lorsque le temps
le permet, car il n’y a pas un meilleur moyen d’apprécier la beauté d’une ville, qui de plus est
à taille humaine.
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