Département Éducation - Groupe Science - Juin 2012 – Remarques à propos de l’épreuve anticipée du baccalauréat général enseignement scientifique séries L et ES – Sujet N°2 3ème partie Thème : Masculin Féminin La publication du sujet zéro de SVT pour le baccalauréat général ayant suscité quelques réactions, le groupe science, dans sa mission de veille et d’expertise, livre ci-après quelques réflexions et commentaires : Concernant la situation problème proposée, le groupe constate que la problématique soulevée dans le corrigé est correcte : lien entre pilule du lendemain et IVG (cohérent avec le message « je me suis faite avorter). La situation de départ exposée a parfois heurté des sensibilités. Elle est tout à fait caractéristique des situations problèmes du cours de SVT : elle est ancrée sur le réel, permet l’émergence des représentations, provoque un questionnement où la réponse n’est pas immédiate et nécessite un travail d’investigation. Elle offre également dans le cadre d’un travail pluridisciplinaire de réflexion sur la sexualité humaine, un support pour déclencher une réflexion sur la position du garçon : « Pour lui, c'est juste le rattrapage d'un accident ». Les saisies d’informations, proposées dans le corrigé, dans le document 1 et dans le document 2 sont correctes par rapport au texte du devoir. Mais une information donnée dans le document 1 pose problème : « Norlevo n’agit pas si la grossesse a déjà démarré ». Au niveau de l’apport de connaissances : « le pic de LH déclenche l’ovulation et une grossesse correspond à une implantation de l’embryon dans l’utérus ». Pas de problème pour le pic de LH, mais la première phrase sur l’action du Norlevo est problématique car elle renvoie à la définition de la grossesse. Où commence la grossesse : lors de la fécondation ? Ou lors de la nidation ? Si on regarde la définition dans le Garnier Delamare Dictionnaire des termes de médecine chez Maloine, la grossesse est définie comme : « Etat de la femme enceinte commençant avec la fécondation et se terminant avec l’accouchement ». De ce point de vue l’apport de connaissances proposé dans le corrigé est discutable : « Une grossesse correspond à une implantation de l’embryon dans l’utérus », ainsi que la phrase sur l’action du Norvelo dans le sujet car elle renvoie à cette définition de la grossesse. Entre la fécondation et la nidation il y a environ 7 jours où le jeune embryon s’implante dans la muqueuse utérine (stade morula puis blastocyste). La mise en relation des informations et des connaissances comporte deux ambiguïtés : - Si la prise du Norlevo a lieu avant l'ovulation, dans ce cas, l’exercice proposé est exact, la molécule agit en inhibant l'ovulation (premier « verrou »). Le problème, c’est que le graphique montrant les variations de la concentration de LH au cours du temps chez une femme sans traitement et chez une femme après un traitement au lévonorgestrel est un 1 - graphique général et ne correspond pas au cas particulier de la jeune fille qui ne sait donc pas quand sa prise de la pilule du lendemain est intervenue par rapport à son ovulation. Si la prise du Norvelo se réalise après l'ovulation et que le rapport sexuel a permis une fécondation, le mode d’action de cette pilule du lendemain est différent : Le lévonorgestrel agit de sorte que la muqueuse de l’utérus se rétrécisse et réduise le col de l’utérus. Les spermatozoïdes auront plus de difficultés à pénétrer dans l’utérus, mais ce deuxième « verrou »ne semble pas absolu et donc la fécondation peut avoir lieu. Si la fécondation a lieu, la molécule agit sur un troisième « verrou », l’embryon ne pourra pas s’accrocher aux parois de l’utérus. C’est l’effet contragestif et non contraceptif. La jeune fille est alors fondée à se poser la question initiale » Ce sujet permet d’apporter les clarifications de concepts sur : Distinction effet contraceptif (empêche la fécondation) / effet contragestif (empêche la nidation), effet abortif (agit après la nidation, ce qui est le cas du RU486 et non du lévonorgestrel). Le programme classe le Norvelo dans la contraception d’urgence. Le problème posé par la pilule du lendemain en terme de réflexion est également le même avec le stérilet qui est classé aussi dans les contraceptifs. Comme la jeune fille ne peut pas savoir à quel moment de son cycle elle a pris le Norvelo, sans cette information on ne peut pas répondre à la question posée. La question dans sa formulation présuppose que la pilule du lendemain n’est uniquement qu’un contraceptif. Le sujet est donc très intéressant. C’est un bon support pour clarifier les concepts, base nécessaire à une vraie réflexion éthique, à condition qu’il ne soit pas posé en situation d’examen. 2