Discours de présentation des vœux de M. Guillaume LAMBERT, Préfet de la Lozère, à Mende le 19 janvier 2015. (Seul le prononcé fait foi) Monsieur le Président du Conseil général, Monsieur le Sénateur et maire de Mende, Monsieur le Député, Mesdames, Messieurs, Je tiens tout d’abord à vous remercier d’avoir répondu présents à ce rendez-vous annuel qui rassemble les « forces vives » du département. La cérémonie des vœux revêt cette année un caractère bien particulier, puisque cette cérémonie intervient dans des circonstances exceptionnelles. I. La France est encore aujourd’hui sous le choc des attentats perpétrés sur son sol. La fin de l’année 2014 et la première quinzaine du mois de janvier 2015 ont en effet été marquées par des événements inqualifiables, des actes terroristes, visant l’autorité de l’État et les valeurs mêmes de la République, au premier rang desquelles la liberté et la fraternité. En décembre, la barbarie a d’abord frappé à Joué-les-Tours, où trois fonctionnaires de police ont été blessés à l’arme blanche. Le 7 janvier, c’est au siège de Charlie Hebdo que la folie terroriste a emporté 12 personnes : des journalistes, des dessinateurs et deux fonctionnaires de police. L’assassinat le 8 janvier d’une jeune policière stagiaire de la police municipale de Montrouge, puis celui de quatre personnes de confession juive le 9 janvier porte de Vincennes, complètent le scénario d’horreur qui vient de se dérouler sous nos yeux. Alors que nous sommes tous encore sous le choc, je voudrais m’incliner devant la mémoire de ces 17 victimes. Mais face à la barbarie, nous avons su faire bloc autour de nos valeurs. Nous avons su faire la démonstration par nos rassemblements, en Lozère comme partout en France, que la République ne tomberait pas dans le piège de la peur. Nous pouvons être fiers de constater que, par-delà nos différences, il existe un attachement indéfectible aux idéaux qui nous unissent. 1 1. Les Français ont pris pleinement conscience du fait que la sécurité, corollaire de leurs libertés, était une lutte de tous les instants. Contre le fanatisme qui frappe aveuglément. Contre la terreur que certains extrémistes veulent imposer. Pour la démocratie et ceux qui la défendent. C’est pourquoi je tenais à rompre quelque peu avec la tradition en saluant en premier lieu devant vous l’action de tous ceux qui œuvrent tous les jours pour garantir notre sécurité. Ici en Lozère, comme partout en France, le plan Vigipirate y est rigoureusement appliqué, car notre département, comme l’ensemble du territoire national, n’est pas à l’abri d’événements graves. Je tiens ainsi à souligner le travail remarquable des forces de la Gendarmerie et de la Police Nationale. Mon Colonel, Commandant, je salue les efforts et l’engagement de vos personnels mobilisés en permanence à travers tout le département. Si le département de la Lozère est l’un des plus sûrs de France, c’est grâce à l’action au quotidien des forces de l’ordre et de l’ensemble des services de l’État en matière de prévention et de lutte contre la délinquance. C’est aussi grâce au partenariat étroit que nous entretenons avec l’autorité judiciaire. 2. Les événements terribles de ce début d’année m’amènent aussi à former un premier vœu, celui de l’unité. Unité autour de nos valeurs républicaines. Unité comme ferment du vivre ensemble. Unité au service de notre beau territoire de Lozère. Cette unité que nous avons vécu en ce début d’année, souhaitons qu’elle perdure, car c’est une force qui permet à la France d’être un grand pays, capable de surmonter toutes les difficultés. Ce souffle est aussi l’expression incarnée de notre démocratie. Deux grands rendez-vous électoraux nous attendent cette année, avec les élections départementales des 22 et 29 mars et les élections régionales en fin d’année. Ces événements sont essentiels pour notre démocratie. 2 Nous aurons naturellement à cœur que ces élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, notamment suite aux réformes qui en ont profondément modifié le déroulement : Pour les élections départementales, avec le redécoupage des cantons et le passage d’un scrutin uninominal à un scrutin binominal paritaire ; Pour les élections régionales, avec la perspective de la fusion des deux régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. J’y reviendrai. II. Cette cérémonie des vœux nous permet de dresser un bilan de l’année 2014 : une année qui aura été riche en initiatives, riche en réalisations, et ce malgré un contexte économique toujours difficile. 1. En effet, même si 2014 n’a pas été l’année de la relance espérée, les premiers signes d’une sortie de crise nous incitent à redoubler nos efforts. Le chiffre d’affaires des entreprises lozériennes a progressé de 0,9% et s’établit à un peu plus de 2 milliards d’euros. Certes, cette quasi-stagnation est décevante au vu des objectifs affichés fin 2013, mais nous nous en sortons mieux que le reste du territoire national, où le chiffre d’affaires des entreprises marque un recul de 1,3%. Certains secteurs de notre économie restent toutefois particulièrement touchés par cette crise qui dure. Je pense notamment au secteur du bâtiment et des travaux publics. Un chiffre pour illustrer ces difficultés : sur les 187 licenciements pour motif économique prononcés en 2014 en Lozère, 27% concernaient le BTP. L’État a pourtant accru son soutien à ce secteur. En Lozère, près de 3 millions d’euros ont été investis par l’État en 2014 pour la construction et la rénovation de logements, au titre notamment des crédits de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) et du Fonds d’aide à la rénovation thermique (FART). Ces investissements ont généré 5,1 millions d’euros de travaux. À ce montant s’ajoutent les 4,3 millions d’euros de prêts mobilisés par l’État en 2014 au profit de la construction de logements sociaux. 3 Le gouvernement est pleinement conscient des grandes difficultés auxquelles font face les professionnels du bâtiment. C’est pour cela qu’il a annoncé un nombre important de mesures dans le cadre du plan national de relance pour le logement et du projet de loi de transition énergétique : je pense notamment à l’assouplissement et l’élargissement du Prêt à Taux Zéro (PTZ), aux exonérations fiscales sur les plus-values de cession pour libérer le foncier privé, ou encore à la création du crédit d’impôt de transition énergétique (CITE). Mais force est de constater que le retour de la croissance dans ce secteur nécessite une mécanique d’ensemble – une démographie dynamique, une demande privée soutenue – qui va au-delà du seul investissement public. En revanche, et c’est une bonne nouvelle pour l’économie lozérienne, les entreprises de nombreuses communes du département sont à présent éligibles aux aides à finalité régionale (AFR), dont la carte a été définie pour la période 2014-2020. L’entrée de la Lozère dans ce dispositif est une victoire arrachée de haute lutte, qui va permettre à nos entreprises de bénéficier de dispositifs de soutien à l’investissement propices à leur développement. Par ailleurs, l’économie lozérienne commence à bénéficier des premiers effets des politiques de renforcement de la compétitivité de nos entreprises mises en œuvre par le Gouvernement. Je pense notamment au Pacte de responsabilité et de solidarité, avec en particulier la montée en puissance du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi. Plus de 750 entreprises lozériennes ont bénéficié de ce dispositif en 2014, pour un montant total de 4,2 millions d’euros. Un montant qui est d’ailleurs amené à augmenter encore cette année, puisque le taux de subvention passe de 4 % à 6 % des rémunérations versées au titre de l’exercice 2014 pour les salaires inférieurs à 2,5 SMIC. Je pense également aux mesures issues du choc de simplification, qui témoigne de la volonté permanente du gouvernement de simplifier la vie des entreprises. D’ailleurs, le climat des affaires s’améliore, même si la croissance n’est pas encore suffisamment forte pour que le chômage baisse dans la durée. En revanche, point positif, les emplois d’avenir ont été, cette année encore, utilisés à leur maximum, grâce en particulier à la forte mobilisation des partenaires du service public de l’emploi et des employeurs publics. Nous avons eu en 2014 150 nouvelles embauches en emplois d’avenir, et ce sont au total 325 jeunes qui ont trouvé un emploi depuis le lancement de ce dispositif en novembre 2012, avec une très forte représentation des contrats de longue durée. 4 Je salue l’implication de la Mission locale et de Pôle Emploi dans cette réussite, et plus généralement, je me félicite du dynamisme du service public de l’emploi dans son ensemble, mobilisé autour de thématiques primordiales pour notre département, comme le tourisme, les groupements d’employeurs ou encore la clause d’insertion sociale dans les marchés publics. 2014 aura donc été une année porteuse de signes encourageants pour l’économie de notre département. Tout au long de l’année, l’État et les collectivités ont redoublé leurs efforts : pour favoriser l’emploi local, pour réarmorcer le cercle vertueux du développement économique, pour consolider l’offre de services sur notre territoire. Une nouvelle dynamique a été enclenchée avec le renouvellement en mars dernier des équipes communales et communautaires. Ces élections ont d’ailleurs été marquées par une participation très importante en Lozère, atteignant 78%, soit 16 points de plus que la moyenne nationale. Cette mobilisation sans cesse renouvelée est une grande force. C’est un signe de cohésion, d’implication et d’attachement profond au territoire. Cela témoigne aussi du lien de confiance qui unit les lozériens et leurs élus, la reconnaissance du travail qui est accompli chaque jour sur le terrain. 2. Avec les communes, avec les communautés de communes, avec le Conseil général, nous avons réussi à mener à bien tout au long de l’année des projets particulièrement importants pour notre territoire. Je pense à la pérennisation de la Caisse Commune de Sécurité Sociale (CCSS) dans sa forme actuelle, c’est-à-dire en tant qu’organisme à trois branches. Je pense à la fusion du Centre Hospitalier de Mende, de l’hôpital local de Marvejols et de la clinique mutualiste du Gévaudan, donnant naissance à l’« hôpital Lozère », qui doit déployer une offre de soins cohérente entre Mende et Marvejols. Aucun de ces dossiers n’était gagné d’avance, et ce n’est que grâce à une coordination efficace et à l’abnégation des acteurs du territoire que nous avons pu les conduire à leur terme. En 2014, le niveau des crédits accordés par l’État pour soutenir les investissements des collectivités a augmenté. Nous aurons bientôt les chiffres consolidés, mais je peux d’ores-et-déjà vous signaler que les subventions attribuées dans le cadre de la Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux (DETR) marquent une hausse de 1,2% par rapport à 2013, à près de 7,2 millions d’euros, permettant de générer plus de 20 millions d’euros de travaux dans le département. 5 2014 a également été une année importante pour la gestion du bien UNESCO, 3 ans après son inscription au patrimoine mondial. Des réalisations concrètes ont permis sa montée en puissance, en particulier la création d’un site internet, l’adoption d’un plan de gestion définissant pour les années à venir les orientations de valorisation du bien des Causses et des Cévennes et de soutien à l’agropastoralisme. Un dossier de candidature à un contrat de destination Causses et Cévennes a également été déposé, pour mieux valoriser le riche patrimoine touristique de ce territoire. Je tiens à saluer le travail colossal réalisé, qui contribue à accroître l’attractivité de notre département dans son ensemble. Consolider l’agropastoralisme passe aussi par une protection efficace des troupeaux contre les prédations du loup. Je sais que c’est un sujet qui préoccupe très fortement les représentants agricoles du département. En 2014, dans un souci d’améliorer la protection des élevages, j’ai été amené à prendre deux arrêtés de tirs de prélèvement, dont l’un autorisant le prélèvement à l’occasion de battues au grand gibier. Par ailleurs, avec le Président du Parc National des Cévennes, nous avons saisi la Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie pour que nous puissions disposer d’outils supplémentaires pour protéger davantage les troupeaux situés au cœur du Parc. Nous avons été entendus, puisque les tirs d’effarouchement sont désormais autorisés, et les tirs de défense sont aujourd’hui à l’étude. Nous devons à présent continuer à travailler pour utiliser ces nouveaux outils de la façon la plus efficace possible. Dans un tout autre domaine, celui de la prévention des risques, des avancées importantes ont également été obtenues. Après de nombreuses années de concertations, nous avons approuvé les plans de prévention des risques inondations du Tarn, de la Jonte, de l’Allier et du Chassezac, ainsi qu’un plan de prévention des risques chutes de blocs dans les gorges du Tarn et de la Jonte. Certains de ces dossiers étaient engagés depuis très longtemps : il était fondamental de les finaliser. En effet, les épisodes cévenols qui ont sévèrement touché notre département au cours de l’automne 2014 nous ont rappelé l’importance de ce volet de prévention et d’anticipation des risques, volet sur lequel nous devons nous mobiliser encore davantage. 6 Le département sort meurtri de ces événements qui ont occasionnés de nombreux dégâts et coûté la vie à l’un des conseillers municipaux de Pied-deBorne. Mais le bilan aurait pu s’alourdir si la gestion de ces crises n’avait pas été aussi efficace. À chaque occurrence, nous nous sommes efforcés de venir en aide aux communes et à leurs habitants. L’état de catastrophe naturelle a été demandé très rapidement pour les communes les plus sévèrement touchées, et ce sont ainsi une vingtaine de communes qui ont été reconnues, au titre des épisodes de septembre, d’octobre et/ou de novembre. En parallèle, une mission interministérielle d’inspection générale a été diligentée en urgence pour mettre en œuvre le fonds « calamité publique », qui permettra à l’État de prendre en charge une partie des dommages causés aux biens publics non assurables, dommages estimés à plus de 7 millions d’euros. Le montant attribué à la Lozère devrait être connu dans le courant du premier trimestre 2015. Cette gestion efficace de la crise, nous la devons également à l’action coordonnée de l’État et des collectivités. À cet égard, j’ai d’ailleurs annoncé le 7 janvier, lors de la visite à Pied-de-Borne du Président ALARY, la mise en place d’un guichet unique au sein de l’État pour l’instruction des demandes d’aides financières au titre du Fonds Régional de Solidarité « Risques naturels ». Mesdames et Messieurs, comme vous pouvez le constater, 2014 aura été en Lozère une année particulièrement intense : une année d’effort, une année de mobilisation, une année de réalisations. III. Forts de ce bilan, et conscients des défis qui nous attendent, je forme le vœu que 2015 soit une année de transformation, car la crise doit nous inciter à nous interroger sur nous-mêmes et à repenser notre modèle. Comme l’a rappelé le Président de la République, nous devons faire preuve d’audace pour réformer nos institutions, pour refuser le statu quo, pour lutter contre le pessimisme ambiant qui parfois nous empêche d’avancer. 1. Du courage, de l’audace, il en faut d’abord pour redresser nos finances publiques et relancer notre économie. 7 Dans un contexte européen de stagnation économique, notre dette publique est en passe de franchir le cap des 100 % du PIB, une année entière de production nationale. Aucun budget n’a été à l’équilibre depuis 1976. Le montant de la dépense publique dépasse les 57% du PIB, contre à peine 42% en Allemagne. Les Français attendent donc de leurs administrations de la clarté et de l’efficacité dans la gestion des deniers publics. Un effort d’une ampleur inédite est demandé, à hauteur de 50 milliards d’euros d’économies en trois ans, dont 21 milliards pour la seule année 2015. Plus du tiers de cet effort sera supporté par l’État et ses opérateurs, et notamment les chambres consulaires. Je salue ici les présidents des différentes chambres de Lozère, la Chambre d’agriculture, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat et la Chambre de Commerce et d’industrie. Comme vous le savez, je suis pleinement conscient des difficultés auxquelles vous faites face et je reste personnellement mobilisé pour m’assurer que les dispositifs de péréquation soient renforcés dès cette année. L’État lui aussi doit se transformer, s’adapter aux enjeux de demain. Pour que l’Administration, moins pesante, se montre encore plus efficace. L’État a donc engagé des réflexions pour faire évoluer les missions de l’administration déconcentrée. Ces réflexions devraient aboutir à la définition d’une nouvelle charte de la déconcentration. Cette transformation passe par l’émergence et le développement de l’administration numérique : la dématérialisation des démarches et des procédures, le développement de visio-guichets, une présence accrue sur les réseaux sociaux. C’est ce que nous demandent les usagers : une information fiable et immédiate, disponible à tout moment et à moindre frais. Notre site Internet des services de l’État, par exemple, a doublé ses connexions en un an, atteignant 144 000 connexions en 2014, soit deux fois la population de la Lozère. Cela répond à un souci d’accessibilité ; à un souci de simplification aussi ; et bien entendu, à un souci de maîtrise de la dépense publique. C’est l’effort qui nous est demandé. À cet effort s’ajoutent celui de la Sécurité Sociale, qui contribue pour plus de 40% de l’effort total, et celui des collectivités locales, pour un peu moins d’un quart des économies à réaliser. 8 Là encore, une mise en perspective est nécessaire : certaines ressources, notamment de fonctionnement, diminuent, mais les financements restent à des niveaux élevés. La dotation générale de fonctionnement, par exemple, a augmenté chaque année jusqu’en 2013. En 2014, elle a baissé pour la première fois, et encore uniquement de 1,56%. Ce qui est en jeu au travers de cette baisse des dépenses publiques, c’est de dégager la possibilité de diminuer la pression des prélèvements obligatoires, ressentie par beaucoup comme excessive. L’effort budgétaire qui est demandé à tous les acteurs publics est donc nécessaire pour relancer la croissance de notre pays, et pour cela il nous faut réformer un modèle encore trop dépendant de la dépense publique. 2. Cette volonté de transformation concernera aussi cette année les collectivités, avec la mise en œuvre de la réforme territoriale. Des mutations profondes doivent être anticipées. Face à un monde qui apparaît de plus en plus « métropolisé », de nouveaux outils doivent être forgés en faveur de la ruralité. Parce que nous ne pouvons plus défendre nos territoires avec les instruments du passé. Le Parlement a adopté à la fin de l’année la nouvelle carte régionale, portant de 22 à 13 le nombre de régions. Pour la Lozère, la fusion du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées doit être perçue comme une opportunité de mettre en avant nos problématiques propres à l’hyper-ruralité et aux territoires de montagne, problématiques que partagent d’autres départements du nouvel ensemble, tels que l’Ariège, les Hautes-Pyrénées, le Gers ou l’Aveyron. C’est aussi une chance pour la Lozère d’appartenir à une région forte de 5,6 millions d’habitants, plus vaste que 13 pays de l’Union européenne, et qui se classe au 2 ème rang des régions les plus dynamiques sur le plan démographique. Par ailleurs, une montée en puissance des intercommunalités est nécessaire, parce qu’il s’agit d’un échelon d’avenir. Pour cela, les mutualisations doivent se poursuivre, et nous conduisons ce travail en Lozère, où l’émiettement intercommunal reste encore très fort. 9 La Lozère doit indéniablement rationaliser sa carte intercommunale pour bénéficier pleinement des effets des rapprochements. La fusion entre la Communauté de Communes du Pays de Florac et du Haut Tarn et la Communauté de Communes Cévenoles Tarnon Mimente, effective depuis le premier janvier, montre en ce sens la voie d’intercommunalités élargies capables de projets d’envergure. Essayons de construire ensemble ce nouveau paysage intercommunal. De la même manière, les Pôles d’Équilibre Territoriaux et Ruraux (les PETR), créés par la loi de modernisation de l’action publique (loi MAPTAM), peuvent être des outils à saisir dans les champs du développement économique, de l’aménagement et de la transition écologique. Il est évident que les besoins de la population évoluent, et s’articulent davantage aujourd’hui autour de bassins de vie élargis. Se pose alors la question de l’accès aux services : quel accès, et pour quels services ? Nous sommes en train de conduire cette réflexion, par le biais notamment de l’élaboration, en partenariat avec le Conseil général, d’un schéma d’amélioration de l’accessibilité des services au public, qui devrait permettre la mise en œuvre d’un plan d’actions dès la fin de l’année. L’accès aux services numériques est bien sûr au cœur de cette réflexion. Nous devons naturellement approfondir le travail de fond entrepris avec Orange sur l’indispensable mise à niveau du réseau téléphonique, notamment dans le sud du département. Mais nous devons aussi investir dans de nouvelles infrastructures. À ce sujet, l’État va investir près de 15 millions d’euros par le biais du Fonds pour la Société Numérique (FSN) pour le développement du très haut débit en Lozère. Nous continuerons ainsi de soutenir l’action du Conseil général, programmée dans son schéma directeur d’aménagement numérique. 3. L’année 2015 doit également être une année d’ambition pour le développement de notre territoire au travers de son activité économique, agricole et touristique. Se pose ainsi la question de la pérennité et du développement de nos filières agricoles. La Lozère est, et doit rester, un département à forte vocation agricole. Plus que jamais, l’agriculture lozérienne doit s’adapter aux nouveaux enjeux de la profession. 10 La nouvelle PAC, réorientée vers le soutien à l’élevage, est de ce point de vue une chance. Elle est porteuse de nombreux changements : une convergence du niveau d’aide au sein de l’agriculture française, un accroissement de la part des aides couplées, mais aussi la fin des quotas laitiers. Autant de raisons qui justifient que la volonté de transformation que j’appelle de mes vœux s’applique aussi à l’agriculture lozérienne, afin qu’elle tire le meilleur parti de cette nouvelle PAC. Le développement économique passera aussi par notre capacité à actionner l’ensemble des leviers d’investissements disponibles. Les différents fonds, d’abord, et notamment les fonds européens FEDER et FEADER, qui entrent cette année dans un nouveau cycle de programmation. La contractualisation État-région, ensuite, qu’il s’agisse du Contrat de Plan Interrégional (CPIER) ou du Contrat de Plan État-Région (CPER), dont le protocole d’accord a été signé le 22 décembre. L’inscription de plusieurs projets structurants pour le département est une satisfaction : La rocade ouest de Mende dont les travaux pourront débuter prochainement pour 30 millions d’euros ; La déviation de Langogne, à hauteur de 4 millions d’euros, avec pour objectif de mener rapidement les études, les concertations et les acquisitions foncières ; Enfin, l’échangeur de Saint-Chély d'Apcher est également inscrit même s’il faudra trouver des financements pour compléter l’apport d’un million d’euros par l’État. Nous proposerons par ailleurs d’inscrire au sein volet territorial du CPER la création d’un Fonds d’intervention pour la modernisation des infrastructures touristiques, pour leur mise aux normes, mais aussi pour leur montée en gamme. Car le développement économique de la Lozère passe également par son développement touristique. Autre levier, celui des dotations. En particulier, l’outil DETR va augmenter d’un tiers en 2015, soit 200 millions d’euros supplémentaires qui vont être injectés partout en France pour soutenir l’investissement des collectivités rurales. 2015 verra également le lancement et la poursuite de nombreux appels à projets lancés par l’État. 11 À nous de nous montrer réactifs et de saisir ces opportunités, à l’instar de la ville de Marvejols récemment retenue parmi les 50 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt lancé par l’État pour la revitalisation des centres-bourgs. L’État sera aux côtés des collectivités pour leur fournir un appui technique et faciliter l’émergence de nouveaux projets. La création récente d’un « pôle projets », qui mobilise l’ensemble des services de l’État, doit nous permettre de faire avancer plus vite certains dossiers qui représentent un fort enjeu pour le territoire, comme le Pôle Régional d’Activités Économiques (PRAE) Chaptal à Mende, ou la Zone d’Activités Économiques (ZAE) des Choisinets à Langogne. Le partenariat qui s’est instauré entre l’État et les collectivités dans le cadre du « pôle projets » va permettre de renforcer la qualité et d’accélérer la réalisation de ces projets. ***** Mesdames, Messieurs, Les initiatives que nous avons mené à bien en 2014 et celles que nous poursuivront en 2015 n’auraient pu, et ne sauraient se faire, sans la mobilisation, l’énergie et l’implication collective de tous les acteurs du territoire. Après une année et demie passée parmi vous, je me montre optimiste pour l’avenir de notre département. L’engagement sans faille des élus, le dévouement des agents des services de l’État et des collectivités, le dynamisme des entreprises, des associations et de l’ensemble des habitants me rendent confiant pour cette année à venir. Confiant en notre désir d’unité autour des valeurs de la République et au service de tous les lozériens. Confiant en notre volonté et notre capacité de transformation pour surmonter ensemble les obstacles et lever les barrières qui se présentent à nous. Antoine de Saint-Exupéry écrivait : « on ne comprend que le passé. On ne « comprend » pas l’avenir, on le fonde ». En 2015, sachons croire en un futur meilleur. Sachons imaginer et fonder l’avenir avec confiance. Très belle et très heureuse année à toutes et à tous. Je vous remercie. 12