journal - Theatre de la Ville

publicité
LE
JOURNAL
avril-juillet 2013
Le fait stu péfi
fia
ant
– l e s e u l f a i t ré e l –
que les choses
existent, que
quelque chose
existe, qu’il y a
de l’être, est ce
qui inspire tous
les ar ts.
Fernando Pessoa
2 • ÉDITO
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
L’IMAGINAIRE
EN ACTION
Cette saison aura été marquée par votre fidélité sans cesse renouvelée : abonnés ou non, votre
présence régulière a fait de cette année une des plus importantes en terme de fréquentation de
ce théâtre. Curiosité, goût, désir pour les spectacles de théâtre, de musique et de danse – comme
pour ceux qui entrelacent ces champs artistiques – intérêt aussi pour les initiatives nouvelles que
nous continuons à développer : le Parcours Enfance & Jeunesse réunissant plusieurs théâtres de
Paris, le théâtre en langue étrangère, le temps fort Chantiers d’Europe… C’est bien à l’ensemble de
ces propositions que vous avez répondu, témoignant autant de fidélité aux grands maîtres que
de curiosité pour les artistes à découvrir et pour les formes les plus novatrices.
Nous venons de lancer une étude auprès des spectateurs du Théâtre de la Ville, et je tiens à remercier personnellement les milliers de personnes qui ont bien voulu répondre à nos questions.
Nous y mesurons combien le public est absolument représentatif du « Grand Paris », qu’il vient
de bien au-delà des vingt arrondissements et qu’il se renouvelle constamment : chaque année, 20
à 25 % des abonnés sont de nouveaux venus. C’est aussi un public très diversifié en termes d’âge
et de niveaux de revenus. Il semble ainsi que la grande pluralité des esthétiques proposées donne
naissance, presque naturellement, même s’il faut y travailler quotidiennement, à un public très
mélangé, dont les choix peuvent être au départ orientés vers tel artiste ou telle discipline, mais
que la curiosité poussera aussi à la découverte. Nous continuerons à regrouper vos réponses
jusqu’à cet été, afin de vous tenir informés de l’ensemble des conclusions et mettre en œuvre les
améliorations qu’elles suggèrent.
Cette saison, toute l’équipe et les artistes, en premier lieu ceux de la troupe qui m’accompagne,
auront été particulièrement impliqués dans le travail en direction des plus jeunes, dans des
actions d’éducation artistique reliées à des projets inventés pour l’occasion : notre « laboratoire »
Ionesco suite, présenté dans les lycées et universités de Paris et sa région et Les Cygnes sauvages,
petite forme portée par Philippe Demarle sur le conte d’Andersen et jouée exclusivement dans les
écoles élémentaires. À ceux-là s’ajoutent les spectacles de notre Parcours Enfance & Jeunesse,
dont nous pourrons découvrir prochainement les marionnettes de Sobre la cuerda floja dont la
douce mélancolie vient du Chili, les métamorphoses de Nos amours bêtes de Fabrice Melquiot et
la chorégraphe Ambra Senatore ou, au Monfort et au Centquatre, la rêverie du monde portée par
les êtres flottants de Phia Ménard. Nous souhaitons surtout ne jamais perdre de vue ceci : faire
passer le théâtre, qui existe depuis toujours, aux générations futures.
L’audace des formes, la beauté des langues, la recherche d’un équilibre entre présent et passé,
entre artistes reconnus ou en passe de l’être. Ce qui nous anime surtout, dans une société traversée
par ses contradictions, c’est de préserver l’acte artistique, en nous aventurant sur des terrains
nouveaux, dans tous les domaines. En théâtre comme en danse, nous retrouverons en cette fin de
saison les nouvelles créations de plusieurs grands artistes de la scène internationale, de Romeo
Castellucci à Jan Fabre, Sankai Juku, James Thiérrée ou Josef Nadj et aurons également le privilège
de continuer à partager la vivacité du répertoire de Pina Bausch et d’Anne Teresa De Keersmaeker.
Toujours attentifs aux nouvelles générations, nous découvrirons l’humour satirique du jeune collectif chilien La Resentida ou la diabolique machination de Contractions de Mike Bartlett orchestrée
par Mélanie Leray.
La quatrième édition de Chantiers d’Europe sera entièrement consacrée au Portugal et à ses
artistes. Elle réunira plus de dix jeunes compagnies et une trentaine d’artistes de tous les domaines
artistiques. Nous remercions vivement la mairie de Lisbonne pour son soutien ainsi que les partenaires parisiens qui se sont associés à cette aventure : Le Centquatre, Le Palais de Tokyo, Le
Monfort, la Maison de la poésie, France Culture et la Maison de la Radio, la Fondation Gulbenkian,
l’Institut Camões… La fonction du Théâtre de la Ville peut être aussi de travailler aux liens avec
les autres équipements culturels, pour affirmer un esprit commun d’ouverture, initier une dynamique artistique créative et favoriser la circulation des publics.
À une époque où l’on pourrait craindre le futur, où règne l’idée dominante que tout a déjà été
inventé, et que les utopies seraient stériles, notre idée du partage et nos désirs artistiques marquent
notre refus de cet « air du temps ».
Emmanuel Demarcy-Mota
GRAND ANGLE • 3
Kontakthof création en 1978 © GUY DELAHAYE
avril-juillet 2013
NANCY, PINA
& LES AUTRES
Du Festival mondial du théâtre de Nancy, dont elle a suivi pour Le Monde toutes les embardées, aux artistes
indisciplinaires de la scène contemporaine, Colette Godard reprend toute une archéologie de filiations
et de transmissions parfois souterraines.
4 • GRAND ANGLE
Festival mondial du théâtre de Nancy, 1977. Pour la première
fois en France, Pina Bausch présente, sur la musique de Stravinski, Le Sacre du printemps. Et même si la « danse-théâtre »
existe avant elle, elle l’emmène ailleurs. Aujourd’hui on le sait,
son art nous appartient. En 1977, on découvre quelque chose de
jamais vu encore. Dans la conception même, et non pas tellement dans la technique. En tout cas pour les spectateurs formés par le théâtre. L’essentiel est là : il y a la beauté d’un spectacle à la scénographie épurée, il y a la grâce des images, des
visages souriants ou attentifs, des mouvements, des corps tellement vivants dans leurs costumes presque normaux… Au-delà,
ce qui nous subjugue, nous bouleverse, c’est ce groupe humain
dans lequel chacun existe. Cet ensemble harmonieux et divers
d’hommes et de femmes, qui marchent comme ils dansent, dansent comme si c’était la moindre des choses, qui nous entraînent
dans un univers chaleureux, rude, totalement étranger et en
même temps proche, comme le souvenir d’un rêve oublié.
Danse, théâtre ? Théâtre dansé ? Peu importe, Pina Bausch et sa
famille sont parfaitement à leur place dans ce festival qui, prioritairement, accueille les formes multiples d’un art en perpétuelle métamorphose. Un festival à l’affût d’un théâtre ancré
dans son temps, qui le regarde en face, en exprime les doutes, les
inquiétudes, la mauvaise conscience, sans oublier les espoirs.
DES NOUVELLES DU MONDE
Créé en 1963 par Jack Lang, le Festival mondial du théâtre de
Nancy se consacre d’abord aux troupes universitaires venues
du monde entier. En France, en sont issus, entre autres, le
Théâtre du Soleil, la Compagnie Vincent–Chéreau, présente à
Nancy en 1965, en tant que Groupe théâtral du lycée Louis-leGrand avec L’Héritier de village de Marivaux. Dans les dictatures de l’Est et d’Amérique latine, le Théâtre universitaire est
alors le refuge d’un travail, dangereux pour les participants,
dans la mesure où il va au-delà des formes et des discours
admis. Dans ces pays, ainsi qu’en Europe, il est le révélateur de
compagnies, tel le Teatro a Comuna de Lisbonne, invité à plusieurs reprises dans les années 1970 à Nancy, et dont chaque
spectacle, en détournant le répertoire, brave la censure, l’interdiction, voire la prison. Sans jamais verser dans le didactisme
prôné par Brecht. Tout au moins par les adeptes orthodoxes du
brechtisme, encore actifs en ce temps-là. Et nombreuses sont
les troupes qui, engendrées par ce mouvement, apportent d’année en année à Nancy des nouvelles du monde. La Grèce fait
ainsi irruption en 1973 avec le Théâtre d’Ombre de Karaghiozos
de Mihopoulos Panayotis, qui présente Alexandre Le Grand et le
serpent maudit et Œdipe le Tyran. L’an passé, le Théâtre de la
Ville retrouvait la création grecque à travers le projet Chantiers
d’Europe, où s’invite le Portugal en 2013. Aujourd’hui, quelle
forme de censure doit-on braver ? La question sera traitée au
cours d’un débat. En tout cas, une chose est certaine, la dictature dénoncée par les uns et les autres, est aujourd’hui celle de
l’argent. Omniprésence de la dette…
MARGE FLORISSANTE
Ouvert à toutes les démarches, le Théâtre universitaire annonce
la « marge », florissante dans les années 1960 et 1970, et qui,
aux États-Unis, se bat contre la guerre du Vietnam, la société de
consommation, les injustices sociales et raciales. La plupart de
ces groupes adoptent, de près ou de loin, les codes de l’« agitprop » : refus des salles de théâtre conventionnelles et de leur
« quatrième mur » pour aller vers le public, se mêler à lui. Simplification assumée du « message », remaniement des formes
traditionnelles. Ainsi les Campesinos, venus du Pérou avant de
se réfugier à New York, jouent les marionnettes à gros cigares,
peintes aux couleurs du drapeau américain pour en dénoncer
l’impérialisme. Et surtout le Bread and Puppet Theater de Peter
Schumann, longilignes pantins désarticulés que les comédiens
portent comme des costumes, apparus à Nancy en 1968 (année
où le festival se tient du 19 au 28 avril !). En des lieux différents,
en plein air ou dans des salles, ils enchaînent un hommage aux
« cinq Américains s’immolant par le feu pour protester contre
la guerre du Vietnam ». La compagnie deviendra une familière
du festival, des rues et lieux à Paris, en France, un peu partout.
Mais le principal « objet non identifié » en provenance de New
York sera, en 1971, Le Regard du sourd de Robert Wilson. Ceux
qui demeurent aujourd’hui fascinés par la somptueuse splendeur de son style auront du mal à imaginer ses images d’alors,
d’un extraordinaire raffinement dans la simplicité, mêlant la
nuit, le jour, les animaux fabuleux, les humains quotidiens,
déroulant en musique et sans un mot, la lente régularité d’un
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
rythme qui abolit toute notion de temps… Combien d’heures ?
On ne sait pas, on ne compte pas, c’est hors sujet. La beauté,
l’émotion emportent tout. Depuis, d’autres se sont essayés à cet
exercice, sans toujours faire preuve d’un même don de poésie
magique.
L’année suivante, pour son inauguration, le Festival d’Automne
à Paris – né alors que le Théâtre des Nations vit ses dernières
heures, par la volonté et sous la direction de Michel Guy, amoureux de la danse américaine – invite Le Regard du sourd. Robert
Wilson y devient un habitué, et c’est en partenariat que le Théâtre
de la Ville accueille en 1983 Civil Wars, l’un de ses opéras conçus
avec Philip Glass, puis en 2010 L’Opéra de quat’sous de Brecht
et Kurt Weill, en 2012 Lulu de Wedekind et Lou Reed avec le
Berliner Ensemble, dont le directeur Claus Peymann vient
(pour la première fois depuis vingt ans) avec Richard II, puis
Simplement compliqué, de son auteur-frère Thomas Bernhard.
Un moment de trouble, d’impitoyable lucidité qui apporte à
Kantor triomphe, notoriété, disciples plus ou moins heureux,
plus ou moins éphémères, car il meurt trop tôt, en 1990, et personne ne l’a remplacé. Si certains ont pu trouver chez Christoph Marthaler quelque parenté avec son regard acéré et son
humour décalé, c’est dans leur propre mémoire que s’établit la
filiation, car les deux metteurs en scène, tous deux uniques en
leur genre, ne se sont jamais connus.
En 1975 le Festival d’Automne fait également découvrir Peter
Zadek, alors directeur du Schauspielhaus de Bochum, dans ce
qui est encore la RFA, autrement dit l’Allemagne de l’Ouest.
Avec sous chapiteau un inoubliable Roi Lear, homme dans la
force de l’âge, roi sans terre, sans plus de repères, perdu,
éperdu, trébuchant sous le poids du corps nu de sa fille morte,
sous le poids de l’exil. Blessure jamais cicatrisée chez Zadek, né
à Berlin, et qui, à sept ans doit fuir Hitler en Angleterre. Son
Quand
la beauté,
l’émotion,
emportent
tout.
UN CLIMAT DE DINGUERIE
Apparu lui aussi à Nancy en 1971, le Polonais Tadeusz Kantor
marque les mémoires et l’histoire du théâtre avec La Poule
d’eau de Witkiewicz. Sa façon à lui de braver la censure, c’est
d’installer d’emblée un climat de dinguerie où trouvent leur
place toutes les audaces. Ou presque. Là, il n’est plus question
de faire oublier le temps, mais d’envelopper le spectateur dans
une ambiance ironico-morbide, de le plonger dans l’incertitude, entre rire et angoisse. Et si les comédiens parlent, – en
cette époque où les surtitres ne sont pas encore utilisés – ils se
font comprendre principalement à travers leurs attitudes, leurs
hésitations, par des variations vocales pas forcément adaptées
à la situation. Suit, en 1975, La Classe morte, étrange réunion
derrière des pupitres d’écoliers, de seniors à la mémoire hésitante, tentant de reconstituer leur jeunesse à l’aide de poupées.
Lear déchire chaque spectateur, y compris Jean-Jacques Gautier, redouté critique du Figaro qui se faisait un plaisir et un
devoir de démolir tout ce qui sortait des normes, sachant très
bien que sa virulence pouvait devenir un atout pour le spectacle. Mais là, il doit se rendre à l’évidence. « Pour une fois, reconnaît-il en souriant, nous serons du même avis… »
En fait, c’est Peter Zadek – dont le directeur artistique Lew
Bogdan succède à Jack Lang, appelé à la direction du Théâtre
national de Chaillot – qui fait sortir en premier Pina Bausch de
Wuppertal, l’invitant dans son théâtre de Bochum en 1976 avec
Il la prend par la main et la conduit au château, les autres suivent,
composition inspirée de Macbeth. Si le rapport à Shakespeare
n’est pas tout de suite évident, les années n’effacent pas la surprise, l’émotion ressentie devant le calme impitoyable, la redoutable intensité de ce spectacle, relativement bref, inquiétant et
d’une étonnante rigueur.
GRAND ANGLE • 5
avril-juillet 2013
Cette même année 1976, Gérard Violette – encore administrateur général du Théâtre de la Ville, que dirige Jean Mercure –
entend parler de cette femme bizarre qui opère à Wuppertal, et
s’en va voir sur place. Il en revient galvanisé, décidé coûte que
coûte à l’emmener à Paris, chez lui. Il lui faudra batailler près
de deux ans pour convaincre les autorités municipales et régionales (dont dépend l’institution) de laisser partir la troupe
entière du Ballet de Wuppertal, l’Opéra étant alors privé de son
programme de danse. Depuis, le Théâtre de la Ville est devenu
la seconde maison de Pina Bausch et de sa famille, qui y revient
régulièrement, y compris depuis qu’elle n’est plus là, et le plus
souvent pour terminer la saison en beauté. Les anciens, les nouveaux, tout le monde connaît tout le monde, chacun arrivant
avec ses affaires personnelles, y compris ses enfants, parfois
même ses animaux domestiques. Chacun s’y retrouve chez soi,
y retrouve sa place, sa loge, ses habitudes, ses amis, ses proches.
Autant avec les équipes techniques qu’administratives, ils se
connaissent, se reconnaissent.
L’histoire commence en 1979, lorsque, pour la première fois, la
troupe arrive avec deux spectacles : d’abord Les Sept Péchés
capitaux de Brecht et Kurt Weill, qui met en jeu sans fioriture,
la sensualité et la rivalité, le jeu du pouvoir, de la séduction et
de la domination dans les rapports masculins–féminins. Les
intégristes brechtiens sont pour le moins désorientés. Mais pas
autant qu’en 1973, à Nancy, lorsque la compagnie brésilienne,
Pao e Circo, présente sa version de La Noce chez les petits bourgeois. Là, ce n’est plus du désarroi, on touche à l’affolement
absolu ! Grand expert de Brecht, Bernard Dort ne sait plus où
donner de la tête. Il faut dire que si le point de départ demeure
la préparation d’un mariage fondé sur le mensonge, rapidement
les Brésiliens s’emparent de la scène, de la salle, y conduisent
un carnaval effréné, complètement disjoncté, dont on ne sait
plus à quelle heure il s’est terminé. En tout cas après deux heures
du matin.
Rien à voir avec le travail très maîtrisé de Pina Bausch, qui est
pourtant loin d’être immédiatement apprécié ; en particulier
Le Château de Barbe Bleue d’après Béla Bartók, pour lequel se
joue dans un espace clos, avec brutalité, avec une douloureuse
cruauté mentale, sentimentale, physique, l’impossibilité d’aimer, de vivre ensemble. À quelques exceptions près, notamment Pierre Combescot, critique au Canard Enchaîné, et Pierre
Lartigue à L’Humanité, c’est la curée. Les articles sont durs,
voire venimeux. Les salles sont pleines, tout au moins au début
des représentations, puis elles se vident en même temps qu’enfle
la bronca, tandis que, par opposition, se constitue un noyau de
fans résolus. Connaissant son public et la presse, Gérard Violette
a prévu ce refus, prévenu son équipe, et a décidé de braver l’opinion jusqu’à ce qu’elle change. Et sans trop attendre, il gagne.
L’INVITATION FAITE AU BUTÔ
En 1983, Bandonéon est encore souvent désigné comme un
modèle d’ennui et de stupidité ; mais deux ans plus tard, les
partisans de Café Müller sont largement majoritaires. Le spectacle a été donné en 1980 au Festival de Nancy, en plein air, sur
la Place Stanislas, devant une brasserie. Ce spectacle, c’est un
peu l’histoire de Pina, son enfance à Solingen où ses parents
tenaient un café. Et, raconte-t-elle, elle aimait se cacher sous
une table de bistrot pour observer les gens. Ils sont là, les gens,
qui vont et viennent, se rencontrent, se regardent, s’enlacent, se
croisent, s’évitent, parfois ridicules, toujours émouvants, dans
une ambiance inhabituelle de tendresse nostalgique. À Nancy,
sur les bancs de bois, humides parce qu’il a plu dans la journée,
plus encore que spectateur, on se sent partie prenante de ces
instants mélancoliques qui racontent la vie, tout simplement.
Quoi qu’il en soit, en 1980, Pina Bausch n’est pas seule à Nancy.
Le festival, qui suit depuis plusieurs années l’évolution du théâtre traditionnel et contemporain au Japon, invite, pour la première fois en Europe, des danseurs de butô. Dont leur maître,
leur père à tous, co-inventeur avec Tatsumi Hijikata de cet art
né après Hiroshima. Inoubliable apparition d’une silhouette
fragile dans une longue robe. Sous un large chapeau orné de
fleurs, un visage aigu fardé de blanc, sourire rêveur, regard
voilé fixé sur un univers indéfini que l’on est appelé à imaginer.
Kazuo Ohno. Septuagénaire sans âge, il livre sa passion pour
La Argentina, danseuse espagnole mondialement célèbre entre
les deux guerres, vue à Tokyo lorsqu’il était jeune homme, et
qu’il n’a cessé d’admirer. Évidemment rien d’andalou chez lui. Ni
de féminin. Au-delà du féminin comme du masculin, ainsi apparaissent les « onnagata », personnages du théâtre traditionnel,
où les actrices n’ont pas droit de cité. Kazuo Ohno dégage une
humanité qui dépasse les genres. Du moindre de ses gestes
émane une étrange douceur. Des gestes qui semblent à peine
esquissés, mais d’une infinie précision et qui entraînent le corps
en des mouvements souples, comme flottants, débarrassés de
toute pesanteur. Et puis il y a l’attention de son visage immobile,
tranquillement mystérieux. On se trouve devant lui comme audedans d’une féérie. Kazuo Ohno vient au Théâtre de la Ville en
1986. Il y est de nouveau invité en 1989, au théâtre des Abbesses,
mais son âge et sa santé l’obligent à annuler. Il meurt en 2009,
à 103 ans. Douceur, fragilité, mystère, c’est ce que l’on retient de
lui, sur scène ou au dehors, quand on le rencontrait, si mince
dans son complet noir, demandant de sa voix grêle « Où est
mon fils ? » Son fils qui l’accompagnait dans son travail, et
dans la vie.
[suite p. 7]
© CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE / WIKISPECTACLE
LA SECONDE MAISON DE PINA BAUSCH
ROMEO CASTELLUCCI I THE FOUR SEASONS RESTAURANT
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
L’OBSESSION DU REGARD
DU 17 AU 27 AVRIL 20 H 30 I
DIM. 21 AVR. 15 H
ROMEO CASTELLUCCI
La splendeur picturale contre l’impérialisme de l’image,
la solitude de l’artiste : thèmes familiers
à Romeo Castellucci emportés dans la fureur du ciel.
SOCÌETAS RAFFAELLO SANZIO
Elles surgissent du néant, de ce fragment d’espace indéfini, indéfinissable et tonitruant
que les experts nomment « point noir ». Elles sont dix, blanches et belles, gracieuses,
comme rêvées par Botticelli. Tout en charmeuse délicatesse, elles se mutilent, des chiens
se gavent. Et puis ensemble, elles traduisent silencieusement le poème de Hölderlin,
La Mort d’Empédocle. Cet homme de science et philosophe qui d’abord vénéré, se vit
rejeté, considéré comme hérétique, accusé de blasphème, et finit par se jeter dans le feu
de l’Etna. En lui, Romeo Castellucci reconnaît le destin, la solitude de l’artiste, écartelé
entre ses exigences et les malentendus qu’il provoque.
D’où le titre du spectacle : The Four Seasons Restaurant. Luxueux restaurant new yorkais qui,
pour orner ses murs, avait commandé une série de tableaux au peintre Mark Rothko.
Né en Lituanie en 1903, lui aussi s’est suicidé, à New York en 1970. Et plutôt que de livrer
son œuvre, son âme, aux regards de clients venus là pour consommer, se nourrir,
il a préféré enlever ses tableaux, laisser les murs vides.
En lui, en son histoire, Romeo Castellucci rencontre sa propre obsession du regard,
son propre refus de se laisser utiliser par l’image. Plutôt le vide, plutôt la mort.
Mais que devient un monde sans art ?
Alors l’espace de la scène se transforme par l’effet de rideaux, qui vont et viennent, dévoilent
un cheval couché, un homme blessé, un visage féminin aux yeux fermés, projeté en gros
plan… Rien ne dure, l’espace se défait, s’engloutit dans une apocalypse de cauchemar,
dans le tourbillon terrifiant d’une fureur céleste, assourdissante.
Le noir, le bruit fracassant, le rien. La splendeur picturale pour se défaire de l’ordinaire.
Difficile de ne pas être atteint.
C. G.
The Four
Seasons
Restaurant
DU CYCLE
LE VOILE NOIR DU PASTEUR
CRÉATION
MISE EN SCÈNE, DÉCOR
& COSTUMES
Romeo Castellucci
MUSIQUE Scott Gibbons
Chiara Causa, Silvia Costa,
Laura Dondoli, Irene Petris
AVEC
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE
Silvia Costa
COLLABORATION À LA DRAMATURGIE
Piersandra Di Matteo
PRODUCTION EXÉCUTIVE Societas Raffaello Sanzio
Theater der Welt 2010 – Théâtre
national de Bretagne, Rennes – deSingel
international arts campus, Anvers – The
National Theatre, Oslo Norvège – Barbican
London et SPILL Festival of Performance –
Chekhov International Theatre Festival,
Moscou – Holland Festival, Amsterdam –
Athens Festival GREC 2011 – Festival de
Barcelone – Festival d’Avignon – International
Theatre Festival DIALOG Wroclaw, Pologne
– BITEF (Belgrade International Theatre
Festival) – Foreign Affairs I Berliner Festspiele
2011 – Théâtre de la Ville-Paris – Romaeuropa Festival 2011 – Theatre festival SPIELART Munich (Spielmotor München e.V.) –
Le Maillon, Théâtre de Strasbourg, Scène
Européenne – TAP Théâtre Auditorium de
Poitiers, scène nationale – Peak Performances
@ Montclair State-USA
Socìetas Raffaello Sanzio est subventionnée
par Ministero per i Beni e le Attività Culturali ;
Regione Emilia Romagna; Comune di Cesena.
COPRODUCTION
6 • GRAND ANGLE
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
EMPREINTES D’UN TEMPS ENFOUI
Pour Ushio Amagatsu, chorégraphe de Sankai Juku,
« La danse commence dans le processus qui précède
la naissance, dans la répétition d’une évolution qui prit
des centaines de millions d’années. »
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 2 AU 11 MAI 20 H 30 I
DIMANCHE 5 MAI 15 H
USHIO AMAGATSU I
SANKAI JUKU
UMUSUNA
CRÉATION 2012
Mémoires d’avant l’Histoire
Un environnement de sable, omniprésent, où le geste se fait minéral, diaphane, dans un flux
que seul le sablier du corps sait écouler. UMUSUNA, qui donne son nom à la dernière création
d’Ushio Amagatsu et de sa compagnie Sankai Juku, est un mot venu du Japon archaïque.
« Umusu » signifie naître, commencer sa vie, venir au monde. Une expression qui comporte
aussi la notion double du tout et du rien, de l’existence et du néant. L’idéogramme « Na »
évoque quant à lui la terre, le sol, le pays. Les titres des spectacles de Sankai Juku sont
déjà, lorsqu’on entre dans leur polysémie, une forme de méditation poétique.
Ces « mémoires d’avant l’Histoire », que les corps déchiffrent lentement comme autant de
hiéroglyphes, sont les empreintes d’un temps enfoui dans les origines, une langue perdue,
qui continue pourtant de parler en secret dans la chair et ses entrailles. « Je veux penser
que la danse commence dans le processus qui précède la naissance, et même plus avant,
dans la répétition d’une évolution qui prit des centaines de millions d’années », écrit Ushio
Amagatsu*. Tous les spectacles de Sankai Juku peuvent être vus comme autant de rituels
contemporains venant célébrer le cycle du vivant, en sa patiente et infinie renaissance. Issu
du mouvement Butô, cette « danse des ténèbres » née dans le Japon des années 1960 où
allait sourdre « la révolte de la chair », Ushio Amagatsu s’est progressivement éloigné de
cette fièvre radicale et protestataire pour faire émerger un art plus cosmogonique : offrandes,
psaumes d’humanité, quête d’un équilibre entre les mystères de l’univers et la métaphysique
d’une présence au monde. « Le corps, enveloppé dans les forces de la Terre, abrite un
esprit » : entre corps et conscience, Amagatsu calligraphie de fascinants tableaux mouvants
en perpétuelles oscillations.
J.-M. A.
CHORÉGRAPHIE, CONCEPT, DIRECTION
Ushio Amagatsu
MUSIQUES Takashi Kako, Yas-Kaz,
Yoichiro Yoshikawa
RÉGIE GÉNÉRALE
Kazuhiko Nakahara
LUMIÈRES Genta Iwamura
SON Akira Aikawa
Ushio Amagatsu, Semimaru,
Sho Takeuchi, Toru Iwashita,
Akihito Ichihara, Ichiro
Hasegawa, Dai Matsuoka,
Norihito Ishii
AVEC
COPRODUCTION Biennale de la danse / Opéra
National de Lyon – Théâtre de la Ville-Paris –
Kitakyushu Performing Arts Center, Fukuoka
Pref. Japon – Sankai Juku, Tokyo, Japon
AVEC LE SOUTIEN DE Shiseido
* Ushio Amagatsu, Dialogue avec la gravité, éd. Actes Sud, 2000.
© GUY DELAHAYE
EXPOSITIONS AU THÉÂTRE DE LA VILLE
DU 16 AVRIL AU 12 MAI
USHIO AMAGATSU I SANKAI JUKU
photos Guy Delahaye
UN ARTISANAT
DE GESTES
Une gravure de Dürer et la poésie
de Paul Celan sont à l’établi du théâtre
miniature que crée Josef Nadj
pour que « le rêve fraie ».
© SÉVERINE CHARRIER
Josef Nadj est un artisan du corps et de ses gestes, du plateau
et de ses ombres, de l’imaginaire et de ses tiroirs. Cette pâte,
sans cesse retriturée, forme la constante transformation
d’une poétique éprise de matière : un atelier où la mémoire
et le rêve se matérialisent. Endroit d’une lutte physique où,
pour figurer sa présence au monde, l’homme de chair retourne
et malaxe les surfaces, creuse son empreinte, se bat pour
laisser une trace, fragile, peut-être éphémère, dans le vivant.
Dans ses dessins/peintures, Josef Nadj convoque d’autres
ombres – minérales, végétales, animales –, qui deviennent
la chair graphique d’un espace mental. Entre la scène
et l’empreinte, une même continuité calligraphique ?
C’est en scrutateur des lignes et de leur respiration que
Josef Nadj a conçu la création d’ATEM le souffle, mêlant dans
une même inspiration, une gravure sur cuivre de Dürer
(Melencolia 1) et les mots de Paul Celan, l’un des plus
déchirants (et déchiré, par le nazisme) poètes allemands.
Un entre-deux où, comme le disait Celan, « le rêve fraie ».
Cet entre-deux que Josef Nadj, accompagné d’Anne-Sophie
Lancelin, des nappes musicales d’Alain Mahé et des contrebasses de Pascal Seixas, réalise dans l’écrin d’un théâtre
miniature, castelet où des corps jouent toute une pantomime
de « petits signes ». Tout un artisanat de gestes laisse
le spectateur entrer comme par effraction à l’intérieur du
tableau en train de se peindre, atelier de l’artiste à même
son corps, scène réduite mais douée de perspectives,
où l’écoulement inexorable du temps semble s’opposer
au désir d’éternité. Cette quête inassouvie, comme une
broderie sans cesse rejouée et recommencée, crée une
béance. Celle-là même où habite Josef Nadj, en chair
et en ombres.
J.-M. A.
→ CENTQUATRE I A
DU 3 AU 28 AVRIL
HORAIRES VOIR CAL. P. 38
JOSEF NADJ
CCN D’ORLÉANS
ATEM le souffle
CRÉATION
Josef Nadj,
Anne-Sophie Lancelin
MUSIQUE ORIGINALE Alain Mahé
ASSISTÉ DE Pascal Seixas
MUSICIENS Alain Mahé
OU Pascal Seixas
COSTUMES Aleksandra Pešić
ACCESSOIRES László Dobó
CHORÉGRAPHIE
AVEC
Anne-Sophie Lancelin,
Josef Nadj
Centre chorégraphique national
d’Orléans, Jel - Színház
Festival d’Avignon - Théâtre
de la Ville-Paris – Le CENTQUATRE-Paris –
Governo do Portugal / secrétariat d’État
à la culture – Teatro Nacional de São JoãoPorto
AIDES À LA CRÉATION DRAC Centre, la région
Centre, la ville d’Orléans
AVEC LE SOUTIEN DE la Société Générale
Le Centre chorégraphique national d’Orléans est subventionné par le ministère de
la Culture et de la Communication - DGCA
- DRAC Centre, la région Centre, la ville
d’Orléans, le département du Loiret. Le
Centre chorégraphique national d’Orléans
– direction Josef Nadj est membre de
l’Association des Centres chorégraphiques
nationaux (ACCN).
PRODUCTION
COPRODUCTION
GRAND ANGLE • 7
avril-juillet 2013
BOUSCULER LES CODES ET LES HABITUDES
C’est à l’opposé absolu de cette douceur que se situe Ushio
Amagatsu, avec sa compagnie Sankai Juku, uniquement composée d’hommes, qui participe également à l’édition 1980 du
Festival de Nancy. Des hommes plutôt athlétiques, corps nus et
visages entièrement peints en blanc, gestes brusques, quasi
géométriques, traçant une sorte de fresque palpitante et brutale, avec des moments qui touchent à l’acrobatie. Que veulentils communiquer ? Peu importe. L’ensemble est impressionnant,
déroutant, et l’on voit Gilles Sandier, professeur, essayiste, collaborateur de Jack Lang pour le Festival, se levant, se déplaçant,
tout contre le plateau, de jardin à cour, de cour à jardin, comme
envoûté par ces hiéroglyphes charnels, sans pouvoir les quitter
des yeux.
Dès 1982, Sankai Juku est régulièrement invité au Théâtre de la
Ville. Ce n’est pourtant pas à Nancy que Gérard Violette les a
découverts, mais à Paris, au Forum des Halles, où ils se produisaient dans une sorte de performance. Qui les y a invités ?
Chaque responsable d’un lieu de spectacle, d’un festival, se trouve
en contact plus ou moins permanent avec des voyageurs du
influence générale sur la danse, la scénographie, le théâtre, est
tout simplement une évidence. Il en va de même pour Robert Wilson, en dehors même de la durée possible d’une représentation.
Sans ces étoiles lointaines mais toujours éclairantes, Josef Nadj
aurait-il pu mener loin son travail sur la situation, l’expression
du corps dans le décor ? Jan Fabre aurait-il pu façonner le corps
en tant qu’image, et inversement ? Nadj et Fabre, tous deux
plasticiens, comme Kantor et Wilson. Sans eux, sans Pina,
auraient-ils rencontré les publics susceptibles d’entrer dans
leurs recherches ? Et lorsque l’on voit comment le théâtre intègre aujourd’hui l’image, en partenariat avec les corps, avec les
sons, au gré des évolutions techniques, apparaît clairement la
filiation avec ces années-là.
Des années somptueusement diverses, dont a bénéficié Nancy,
entre autres festivals en France (il faudrait aussi citer Sigma à
Bordeaux, sous la houlette de Roger Lafosse), mais pas seulement. Ainsi à Spolète, en Italie, où Patrice Chéreau – alors successeur de Georgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan – monte,
en 1971, La Finta serva ( La Fausse suivante de Marivaux). C’est
là aussi qu’est créé, en 1969, le fameux Orlando Furioso de Luca
Avec des artistes
qui ont fait valser
les catégories,
nous avons appris
à regarder
autrement.
monde, qui ont leurs entrées partout où il se passe quelque
chose, dans la plus officielle des institutions, comme dans l’arrière-cour d’un garage squattée par des marginaux. L’un de ces
« ambassadeurs » s’appelle Thomas Erdos. Hongrois polyglotte
et d’une curiosité illimitée, jusqu’à sa mort, en 2004, il voyage
entre autres pour le Théâtre de la Ville.
Le grand mérite du Festival de Nancy, est avant tout d’avoir su et
pu attirer des artistes, inimitables dans la mesure où, à chaque
seconde, chacun de leur spectacle reflète leur singularité. Des
artistes qui ont fait valser les catégories, ont bousculé les codes
et les habitudes. Ils n’ont pas à proprement parler de disciples,
ils ont seulement effacé les frontières entre les disciplines, les
normes. Ils ont ouvert des portes par lesquelles d’autres se sont
engouffrés, sans forcément savoir où ils iraient. Et avec eux,
nous, spectateurs, avons appris à regarder autrement. Parmi les
metteurs en scène, Georges Lavaudant s’est ainsi tout de suite
réclamé de Pina Bausch, sans tenter de l’imiter. Aujourd’hui, son
Ronconi. Le théâtre italien est riche, tout au moins en artistes,
qui, à l’exception de Strehler, refusent les institutions, dont ils
contestent la situation de dépendance vis-à-vis de l’État. Ils
viennent de Naples, de Parme, de Milan, ou de Rome comme
« la Maschera » d’Attilio Bertolucci faisant voyager Othello dans
un univers glorieusement pictural. Ils fouillent les cultures
régionales pour y trouver des histoires de toujours, ou s’appuient sur Sade pour dire la domination des élites (le Beat 72),
chantent et bien entendu racontent des histoires. Raconter,
c’est leur génie depuis toujours. En 1976, sous l’intitulé de la
« comédie populaire », Michelle Kokosowski invite le plus
grand des conteurs, Dario Fo, généralement en butte à l’hostilité
des municipalités italiennes, encensé par un public immense.
En France non plus il n’est pas un inconnu. D’ailleurs, en 1971,
le Théâtre de la Ville programme (avec une distribution française) Isabelle, trois caravelles et un charlatan, pamphlet sur
Christophe Colomb et les horreurs du colonialisme européen,
thème alors en vogue. Le spectacle est créé à Avignon, dans la
Cour d’Honneur, l’acteur principal s’est blessé, Dario Fo est là,
explique le problème. Seul dans l’immensité de la scène, en
deux mots il conquiert les deux mille spectateurs, les fait rire,
les tient en haleine, il aurait pu continuer toute la nuit. Dans la
lignée, se rencontre Ascanio Celestini, dont Charles Tordjman
présentera La Fabbrica, aux Abbesses. En 2010, on le voit en
personne, au Théâtre de la Ville, raconter, mimer, développer
une critique ironico-acerbe de la corruption généralisée.
DANS LA LIGNÉE DE CARMELO BENE
Dans les années 1960 et 1970, à l’extrême opposé de Dario Fo
par le style et le propos, proche d’Antonin Artaud, tout aussi
extravagant, tout aussi attaché à sa liberté de dire et de faire :
Carmelo Bene. « Homme opéra » invité à plusieurs reprises
par le Festival d’Automne, capable lui aussi de clouer les spectateurs sur leurs fauteuils, les entraînant dans ses mondes,
lyriques et généreux. C’est de lui que se réclame Romeo Castellucci, lorsqu’il apparaît en France en 1993, au Festival théâtre
en mai de Dijon. Depuis, il est devenu un habitué d’Avignon,
travaille régulièrement au Théâtre national de Bretagne, à
Rennes. Au Théâtre de la Ville, son spectacle Sur le concept du
visage du fils de Dieu offre à l’extrême-droite catholique intégriste un prétexte à des manifestations, des insultes, de vraies
violences. Lui aussi plasticien, il compose son travail à partir
d’images dont le raffinement peut conduire à l’épouvante. Son
but : affûter le regard, le laver des tromperies publicitaires et
télévisuelles. Préoccupation commune à bien des artistes italiens. Déjà en 1973, pour la dernière année du Théâtre des
Nations, Luca Ronconi, adepte de la « déconstruction » chère à
Jacques Derrida monte à l’Odéon, XX, qui en trimbalant les
spectateurs par groupes de vingt, démontre comment, en dispersant leur attention sur de faux événements, la télévision les
distrait de la réalité : un coup d’état. Castellucci ne l’a pas vu,
n’en a certainement pas entendu parler, mais l’aurait apprécié,
lui qui a vécu et combattu l’Italie berlusconienne.
En 1983, puisque tout a une fin, le Festival de Nancy, qui depuis
longtemps déjà se bat pour son financement, vit sa dernière
édition. Les années 1980 ne sont plus vraiment celles de l’aventure. Bien que Jack Lang soit alors ministre de la culture, il n’y
a pas de miracle. La dernière édition bat de l’aile, sous la direction de Mira Trailović, femme d’expérience, puisqu’en 1967,
dans la Yougoslavie du maréchal Tito, elle a fondé avec Jovan
Cirilov le BITEF, Festival de théâtre de Belgrade, dans le but de
réunir les artistes de l’Est et de l’Ouest. De Grotowski à Roger
Planchon, du Living Theatre à Lev Dodine, tous les grands y
ont trouvé leur place. À Nancy, Mira Trailović, pour la première
fois parvient à faire venir une institution de Berlin Est : le Deutsches Theater. Voisin d’en face du Berliner Ensemble, il est
alors dirigé par Alexander Lang, qui présente une Mort de Danton, où Danton et Robespierre sont interprétés par un même
acteur. Deux ennemis en un même homme, deux Allemagnes.
L’Allemagne est unifiée, le rideau de fer s’est envolé, les frontières géographiques et autres se sont assouplies, par voie de
conséquence, dans les lieux de spectacle également. Le Festival
mondial du Théâtre de Nancy n’est plus, la vie continue. Quant
au Théâtre de la Ville, il continue d’accueillir les institutions et les
autres : aux Abbesses, nous découvrons les She She Pop, un collectif féminin, qui travaille entre Hambourg et Berlin, n’a peur
de rien et, vu son professionnalisme, peut se permettre beaucoup. À côté, le Berliner Ensemble, avec le Festival d’Automne,
nous fait retrouver le fabuleux Martin Wuttke, le Arturo Ui de
Brecht, dans une mise en scène de Heiner Müller, qui date de
1995, et n’a rien perdu, au contraire, de sa virulence, de sa
redoutable actualité. E la nave va, comme le dit le titre d’un film
de Federico Fellini, où apparaît une certaine… Pina Bausch.
Colette Godard
L’ÂME D’UN SPECTATEUR
Jacques Spector était un spectateur parmi d’autres, sauf pour
ceux qui l’ont connu. Passionné, curieux, rien d’important, en
danse comme en théâtre, ne lui échappait. Certains artistes
étaient devenus des amis, et pour d’autres il aura été une
mémoire vive, un passeur attentionné. Du Festival de Nancy au
Théâtre de la Ville, dont il était un fidèle parmi les fidèles, combien d’heures de spectacles aura-t-il vues ? En février, il a fermé
les yeux pour de bon. Faut-il lui rendre hommage ? Il n’aurait
guère aimé. Mais le saluer une dernière fois, oui, et lui dire que
son regard de spectateur-amateur manque déjà.
J-M. A.
8 • GRAND ANGLE
Théâtre de la Ville PARIS
© JEROEN MANTEL
avril-juillet 2013
JAN FABRE I TRAGEDY OF A FRIENDSHIP
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 29 MAI AU 3 JUIN 20 H 30
I DIMANCHE 2 JUIN 15 H
HÉRÉTIQUE,
AU JOUR LE JOUR
THÉÂTRE I DANSE
JAN FABRE
CRÉATION 2013
CONCEPT
& MISE EN SCÈNE Jan Fabre
Moritz Eggert
Stefan Hertmans
DIRECTION MUSICALE Moritz Eggert
DRAMATURGIE Miet Martens,
Luc Joosten
DÉCOR Jan Fabre
ASSISTANT SCÉNOGRAPHIE Bert Heytens
COSTUMES Jan Fabre,
Andrea Kränzlin
LUMIÈRES Jan Dekeyser, Jan Fabre
SON Tom Buys
COMPOSITION
Nietzsche, Wagner, et… Jan Fabre. L’artiste anversois poursuit une ligne de faille sur laquelle,
depuis les années 1980, il construit son esthétique.
LIBRETTO
Début 1982. Jan Fabre, 24 ans, est loin d’être l’artiste international qu’il est aujourd’hui devenu. Mais il est à New York, où il a déjà séjourné en 1980 et 1981.
Y fait quelques performances, rend visite à la Factory d’Andy Warhol, se fait agresser au milieu d’une rue, etc. Et le 23 mai 1982 : « J’ai rencontré Hugo
de Greef, le directeur du Kaitheaterfestival à Bruxelles. Nous avons conclu un excellent marché. Je lui ai donné mon script de C’est du théâtre comme
c’était à espérer et à prévoir et en échange, il m’a donné une cartouche de cigarettes Belga. Entre nous, le courant passait. Nous verrons ce que nous
réserve l’avenir. Aura-t-il le cran nécessaire pour présenter mon œuvre dans ce petit pays de cons conservateurs ? ». Cinq mois plus tard, la « pièce »,
d’une durée de huit heures, voit le jour à Anvers. Et lancera la réputation de Jan Fabre sur les scènes internationales.
Dans le journal* qu’il a tenu, sans discontinuer, de 1978 à 1984, Jan Fabre narre six années de genèse, dans l’antichambre des créations (« Répéter
consiste à supprimer les valeurs esthétiques et morales »), entre considérations intempestives (cette première note, de 1978 : « La beauté : le vaudou
qui guérit le corps et l’empoisonne ») et archives du corps (« Je suis l’incarnation d’une gloire passée »). Un Journal de nuit écorché, récalcitrant,
hérétique, visionnaire, comme l’est Jan Fabre.
Avec une dizaine d’interprètes, il se lance aujourd’hui dans la création de Tragedy of a Friendship, méditation sur la relation entre le philosophe Nietzsche
et le compositeur Wagner. Fouillant ses intimes dualités, Jan Fabre creuse les déchirements qui traversent tout créateur, tiraillé entre l’aspiration
à la transcendance et la tentation du profane, entre l’attrait pour la réflexion spéculative et les appels de l’intuition. Une ligne de faille qui n’a cessé
de travailler au corps, depuis les années 1980, toute l’œuvre de Jan Fabre.
J.-M. A.
* Jan Fabre, Journal de nuit, L’Arche éditeur, 2012, 238 pages, 22 €.
TROUBLEYN
Tragedy of
a Friendship
AVEC Gustav Koenings, Nikolaus
Barton, Annabelle Chambon,
Cédric Charron, Ivana Jozic,
Kurt Vandendriessche (EN COURS)
VOIX, CHANT Hans Peter Janssens,
Lies Vandeweghe
Vlaamse opera – Wagner
Genèva Festival – Opéra de Lille –
Holland Festival – Théâtre de la Ville-Paris –
Concertgebouw Brugge
COPRODUCTION
avril-juillet 2013
GRAND ANGLE • 9
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I E
DU 11 AU 21 JUIN 19 H 30 I
DIMANCHE 16 JUIN 17 H
TANZTHEATER
WUPPERTAL I
PINA BAUSCH
Kontakthof
AVEC LES DANSEURS
DU TANZTHEATER WUPPERTAL
MISE EN SCÈNE
& CHORÉGRAPHIE
Pina Bausch
& COSTUMES Rolf Borzik
Rolf Borzik,
Marion Cito, Hans Pop
SCÉNOGRAPHIE
COLLABORATION ARTISTIQUE
Bénédicte
Billiet, Dominique Mercy
DIRECTION DES RÉPÉTITIONS
AVEC
Kontakthof version 1978 © GUY DELAHAYE
Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr,
Andrey Berezin, Damiano Ottavio
Bigi, Aleš Čuček, Clémentine
Deluy/Thusnelda Mercy, Silvia
Farias Heredia, Scott Jennings,
Ditta Miranda Jasjfi/Aida Vainieri,
Barbara Kaufmann, Nayoung
Kim, Daphnis Kokkinos, Eddie
Martinez, Cristiana Morganti,
Nazareth Panadero, Helena Pikon,
Jorge Puerta Armenta, Franko
Schmidt, Azusa Seyama, Julie
Shanahan, Julie Anne Stanzak,
Michael Strecker, Fernando Suels
Mendoza, Anna Wehsarg,
Paul White
Juan Llossas, Jean Sibelius
Lebensraum
in Gefahr DE Theo Kubiak
MUSIQUE
L’EXTRAIT DU FILM
EST DIFFUSÉ AVEC L’AUTORISATION DE L’AUTEUR
DE RADIO BREMEN
PREMIÈRE
9 déc. 1978 Wuppertal
L’Arche Éditeur
DROITS DE REPRÉSENTATION
TANZTHEATER WUPPERTAL I KONTAKTHOF
PINA BAUSCH :
MOUVOIR, ÉMOUVOIR
EXPOSITIONS AU THÉÂTRE
DE LA VILLE
DU 17 JUIN AU 8 JUILLET
PINA BAUSCH
Autour du spectacle
Kontakthof
photos Guy Delahaye
Pièce de légende, Kontakthof n’a pas d’âge. Une œuvre qui traverse les générations
et que le Tanztheater Wuppertal à l’approche de ses 40 ans vient offrir au Théâtre de la Ville.
Wuppertal, mars 2011. Ultimes répétitions, par la compagnie de Pina Bausch, de la reprise de Kontakthof, une pièce créée en 1978. Son décor grisonnant
de salle de bal. Son cortège de chaises. La danse des déhanchements.
Et la litanie des accouplements, je te mords l’oreille, je te pince les fesses, je cherche la tendresse et j’offre la cruauté, entre les hommes et les femmes,
ça n’a jamais été simple. Cheveux gominés, robes de soie, chorus-line des séductions maladroites, de l’inconfort et du malaise. Musiques rétro.
Kontakthof n’a pas d’âge. C’est une pièce qui traverse les générations. Pina Bausch, avec le concours de Joséphine-Ann Endicott et de Bénédicte Billiet,
l’a successivement offerte à des « dames et messieurs de plus de 65 ans » et à des adolescents de 14 à 18 ans (Rêves dansants, épatant documentaire
d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann). Senior, junior ou tout simplement Tanztheater Wuppertal, Kontakthof reste Kontakthof.
Une légende.
À l’approche des 40 ans du Tanztheater Wuppertal et avec les danseurs qui le composent aujourd’hui, la compagnie offre au Théâtre de la Ville,
sa seconde maison, une reprise de cette pièce majeure. À plusieurs occasions, Pina Bausch a confié que le « moteur » de son travail de chorégraphe,
c’était « ce qui touche les gens, comment on trouve des mouvements. » Peu avant sa mort, elle nous confiait * : « Lorsque j’ai dit cette chose, je ne pensais
pas aux mouvements, mais à la façon d’être mis en mouvement, mu, ému intérieurement. En allemand, bewegt, c’est le même mot, mu, ému.
Mais indépendamment de cela, le mouvement, la danse, la poésie, c’est un monde qui joue un grand rôle et qui ne devrait pas rester figé… »
J.-M. A.
* Guy Delahaye, Jean-Marc Adolphe, Michel Bataillon, Pina Bausch, Acte Sud, 2009. 318 pages, 49,70 €
10 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
Théâtre de la Ville PARIS
Elena’s Aria © HERMAN SORGELOOS
avril-juillet 2013
LA FRACTURE
D’UNE ŒUVRE-CHARNIÈRE
Un événement. Aux côtés de Drumming Live, Anne Teresa De Keersmaeker reprend Elena’s Aria,
une de ses premières pièces, largement décriée à sa création, en 1984. Près de trente ans plus tard,
il apparaît plus clairement que la chorégraphe de Rosas traçait là une ligne de force.
La répétition, c’est l’œuvre ;
et l’œuvre, la répétition.
Anne Teresa De Keersmaeker, à propos d’Elena’s Aria
in Carnets d’une chorégraphe, par Anne Teresa De Keersmaeker et Bojana Cvejić
Paysage avec cinq femmes… Sur leurs talons hauts, dans leur
robe moulante, elles errent apparemment sans but dans un
dédale de chaises. Au lointain, de temps à autre, quelques
bribes d’opéra. L’une des danseuses s’éloigne pour lire le bref
passage d’un livre. À quoi rêvent-elles ? À un amour absent ou
contrarié ? À l’innocence évanouie de la jeunesse ? À un avenir
où tout sera justifié ?
Lors de sa création, en 1984, Elena’s Aria avait reçu un accueil
nettement plus frais que les spectacles précédents. Anne Teresa
De Keersmaeker, semblait-il, s’y livrait à un auto-sabotage
après l’assurance souveraine de Fase et Rosas danst Rosas, où
s’était dévoilé un style aussi neuf que fascinant. L’insolence des
jeunes danseuses, le minimalisme compact, la synergie entre
chorégraphie et musique, cèdent soudain la place à un assem-
blage de filles errantes, un vide habité de lambeaux de musique,
de texte, de séquences de films, de mouvements luttant péniblement pour se soustraire à l’immobilité. Privé de l’impulsion
musicale, entravé par les robes étriquées et les hauts talons,
comme contaminé par la passivité qui sourd des chaises omniprésentes, le mouvement semble chercher sa source en luimême. La gestuelle du spectacle est lente et bégayante, elle se
débat avec le silence, la pesanteur et l’inertie des rangées de
sièges – s’asseoir, se lever, se retourner, se rasseoir. Les trajets
combinent lignes ou cercles en un équilibre difficile.
Chacune des interprètes, dirait-on, ne peut désormais se fier
qu’à elle-même. Les évolutions d’ensemble, dans plus de la
moitié du spectacle, sont contrariées par l’une ou l’autre qui se
dérobe, attend sur une chaise ou se réfugie dans l’univers
confiné du coin-lecture. Les moments de stase et d’observation
nous deviendront bientôt familiers dans les travaux postérieurs
de Rosas, mais ils fonctionnent ici comme un exceptionnel facteur de tension entre chaque jeune fille et ses paires. Les nombreux moments de danse à l’unisson sont brouillés par toutes
sortes de petites déviations, d’ajouts, de ralentissements qui
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER • 11
avril-juillet 2013
fonctionnent comme un « bruit » parasite, lequel échoue généralement à faire advenir un grand geste collectif, complexe et
homogène.
Dans Fase et Rosas danst Rosas, le matériau gestuel se donnait
dans la familiarité du mouvement quotidien, en même temps
qu’il était formalisé dans une combinatoire de signes, ordonnés
par la répétition et la variation. Dans Elena’s Aria, tout est différent : le geste quotidien ne se voile d’une qualité abstraite que
dans la mesure où aucun régime de présence stable ne lui est
accordé, aucune narration, aucune expression univoque. Danse,
musique, texte, image : rien n’est synchrone. Au contraire, les
matériaux ne se renforcent ou ne se déforcent qu’au gré de
leurs entrecroisements.
Mais malgré sa composition fragmentaire, qui rappelle le collage, la pièce cache une structure réglée et contraignante. Deux
motifs principaux : un trio sur une rangée de chaises, à l’arrière
de la scène ; un solo au centre de l’espace. Plusieurs sections
sont profilées selon la même coupe : un solo d’abord, suivi d’une
variation sur le motif-chaises, d’une reprise du solo par plusieurs interprètes, et enfin d’une seconde variation reprenant
les éléments des deux motifs. Dans l’avant-dernière partie du
spectacle, s’opère une sorte de bascule où tout se retourne : un
film et un discours de Che Guevara font s’engouffrer le monde
extérieur, les danseuses ôtent leurs chaussures et, dans les dernières chorégraphies de groupe (y compris la « coda » ultime)
toutes les interprètes, enfin, dansent ensemble.
Elena’s Aria semble décidément occuper une place très singulière
parmi les œuvres de jeunesse d’Anne Teresa De Keersmaeker.
La pièce suivante, Bartók/Aantekeningen (1986), exploitera de
nouveau pleinement les rapports de connivence entre danse et
musique et remettra en scène l’image agile de la « jeune femme ».
On se tromperait, pourtant, à ne voir dans ce troisième spectacle qu’une anomalie. Davantage qu’une rupture, il convient de
voir en Elena’s Aria une inversion systématique des principes
des premières œuvres, qui en altèrent remarquablement le ton
et la couleur. Elena’s Aria est construit comme une symphonie
à partir d’une brassée de gestes féminins, familiers et quotidiens, fortement chargés affectivement, sans jamais se laisser
circonscrire par une situation précise ou un récit régulier. Les
passages de groupe, il faut le noter, possèdent pourtant cette
compacité caractéristique qui signe les premières œuvres de De
Keersmaeker. Le tempo lent, les longs silences n’étaient pas
inconnus des spectateurs de Rosas danst Rosas (le premier mouvement), et on les reverra fréquemment dans les pièces ultérieures.
Vingt-cinq ans après la création, il apparaît plus clairement
qu’Anne Teresa De Keersmaeker traçait là une ligne de force qui
restera longtemps souterraine, travaillant dans l’ombre, mais
qui trouvera son terrain d’application dans le travail récent de la
chorégraphe. L’hésitation, l’égarement, la fragmentation, l’attente d’une impulsion et la musicalité intérieure du mouvement
sont devenus principes récurrents dans ses spectacles récents
comme Keeping Still, The Song, En Atendant et Cesena. La chorégraphe cherche une nouvelle échappée au spectaculaire, elle
recalibre ses principes chorégraphiques et fait quasiment
retour à un « degré zéro » – avec d’autres moyens qu’autrefois,
il est vrai, en usant de mouvements moins connotés et tissés
dans une polyphonie plus riche. Si la mélancolie d’Elena’s Aria
hante encore ses spectacles, elle semble plus domestiquée et ne
dissout pas toute possibilité d’une communauté. La conception
du monde d’Elena’s Aria affirmait un romantisme plus brûlant
et plus pur, qui isolait l’individu, et ne lui révélait le geste collectif qu’à l’issue d’un processus par ailleurs parfaitement
ambigu.
En 1984, c’est avec une certaine violence qu’on avait pris la
mesure de cette fracture dans une jeune carrière prometteuse. La
pièce, jamais reprise depuis, s’était entourée d’une aura presque
mythique qui amplifiait ce sentiment d’hors-série. Aujourd’hui,
c’est l’heure de mieux discerner les points de continuité ; Elena’s
Aria nous apparaît bien plus qu’une curiosité historique, ou
que l’œuvre de jeunesse d’une chorégraphe temporairement
capturée par le désespoir. La distribution de cette reprise associe
plusieurs générations de membres de Rosas : cela nous rappelle tout ce que cette œuvre doit à son époque, mais aussi bien
tout ce qu’elle continue d’adresser à la nôtre.
Steven De Belder
Traduction Martine Bom (rév. Jean-Luc Plouvier)
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 14 AU 18 MAI 20 H 30 I
DIMANCHE 19 MAI 15 H
1er PROG
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
ROSAS
Elena’s Aria
Anne Teresa De Keersmaeker
Anne Teresa De Keersmaeker
COSTUMES 1984 Rosas, Annette De Wilde
REPRISES Anne-Catherine Kunz
DIRECTION DES RÉPÉTITIONS Muriel Hérault, Fumiyo Ikeda, Nadine Ganase
ASSISTANTE À LA DIRECTION ARTISTIQUE Anne Van Aerschot
CRÉÉ EN 1984 AVEC Anne Teresa De Keersmaeker,
Michèle Anne De Mey, Nadine Ganase,
Roxane Huilmand, Fumiyo Ikeda
MUSIQUE E. Di Capua : Vieni sul mar, O sole mio,
Santa Lucia ; G. Bizet : Les Pêcheurs de perles ;
G. Donizetti : Lucia di Lammermoor ;
W. A. Mozart : Sonate c-dur KV 545 facile/andante
(ENREGISTRÉ PAR Friedrich Gulda)
CHORÉGRAPHIE
LUMIÈRES
Anne Teresa De Keersmaeker, Tale Dolven, Fumiyo Ikeda,
Cynthia Loemij, Samantha Van Wissen
DANSÉ PAR
PRODUCTION
1984 Rosas, Schaamte vzw, Bruxelles – Klapstuk, Louvain
le Festival van Vlaanderen
Sadler’s Wells, Londres – Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
EN COLLABORATION AVEC
COPRODUCTION
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I E
DU 21 AU 25 MAI 20 H 30 I
DIMANCHE 26 MAI 15 H
2e PROG
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
ROSAS & ICTUS
Drumming Live 2
e
prog.
Anne Teresa De Keersmaeker
SCÉNOGRAPHIE & LUMIÈRES Jan Versweyveld
COSTUMES Dries Van Noten
ASSISTANTES REPRISE Anne-Catherine Kunz, Aouatif Boulaich
ASSISTANT CHORÉGRAPHIE 2012 Roberto Oliván de la Iglesia
DIRECTION DES RÉPÉTITIONS Muriel Hérault
ASSISTANTE À LA DIRECTION ARTISTIQUE Anne Van Aerschot
SON Alexandre Fostier
CRÉÉ EN 1998 AVEC Iris Bouche, Bruce Campbell, Marta Coronado,
Alix Eynaudi, Fumiyo Ikeda, Martin Kilvády, Oliver Koch, Cynthia
Loemij, Roberto Oliván de la Iglesia, Ursula Robb, Taka Shamoto,
Rosalba Torres
CHORÉGRAPHIE
Bostjan Antoncic, Linda Blomqvist, Marta Coronado, Tale Dolven,
Carlos Garbin, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Valentina Nelissen,
Sandra Ortega, Elizaveta Penkóva, Igor Shyshko, Marco Torrice,
Jakub Truszkowsky, Samantha Van Wissen, Sue-Yeon Youn
DANSÉ PAR
Steve Reich Drumming
Georges-Elie Octors
ICTUS : PERCUSSIONS Georges-Elie Octors, Gerrit Nulens, Géry Cambier,
Miquel Bernat, Tom De Cock, Michael Weilacher, Jessica Ryckewaert,
Frank Van Eycken, Alexis Bourdon ; FLÛTES Michael Schmid ; VOIX Soetkin
Baptist, Lore Binon
MUSIQUE
DIRECTION MUSICALE
1998 Rosas, De Munt / La Monnaie, Bruxelles – La Bâtie, Festival de Genève
2012 De Munt / La Monnaie, Bruxelles – Sadler’s Wells, Londres – Les Théâtres
de la Ville de Luxembourg
PRODUCTION
Drumming Live © HERMAN SORGELOOS
COPRODUCTION
EXPOSITION AU THÉÂTRE DE LA VILLE
DU 14 AU 26 MAI
ANNE-TERESA DE KEERSMAEKER
photos Herman Sorgeloos
INSTALLATION VIDÉO À L’ESPACE LIBRAIRIE
L’INFINI POSSIBLE DES RYTHMES
Avec Steve Reich, une extraordinaire symbiose de structure et de liberté.
DU 14 AU 26 MAI
Le public pourra feuilleter le livre Les Carnets d’une chorégraphe : Fase, Rosas danst Rosas, Elena’s Aria, Bartók et
visionner les DVDs, démonstrations dansées d’Anne Teresa
De Keersmaeker, ainsi que des extraits des spectacles.
Ce que l’œil écoute. À l’établi des corps conducteurs, la ligne de cœur musicale que fraie Anne Teresa De Keersmaeker tout au long
de son œuvre, n’a de cesse d’élaborer des logiques rigoureuses de composition de formes afin que s’y écoule le ruissellement électrique de la vie, dans l’infini possible des rythmes. Steve Reich, compagnon des premiers pas de Fase, en 1982, était encore au
menu de Just before, quinze ans plus tard, puis revient avec Drumming en 1998. Se superposant au caractère percussif de la
musique de Reich, Anne Teresa De Keersmaeker crée là un contre-espace, où la multiplicité de trajets fait vivre un ensemble moléculaire, dans un glissement permanent des parcours individuels, et leur reprise incessante par le groupe. Perméabilité du tout et
du singulier. Il y a quelque chose de frais et de quotidien dans ces trajets qui se fondent et se dispersent. Dans ce fourmillement
de vie, toute la chorégraphie semble cependant parcourue par une vitalité apaisée. Une extraordinaire symbiose de structure et de
liberté, qu’amplifie la version live, aujourd’hui interprétée par les musiciens de l’ensemble Ictus.
J.-M. A.
12 • FABRICE MELQUIOT I AMBRA SENATORE
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
JOUER À RACONTER
© JEANNE ROUALET
Avec Nos amours bêtes, cosigné par Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore,
on circule librement entre conditions humaine et animale.
Il était une fois. La plupart des contes commencent
ainsi. La Peau de la phoque ne fait pas exception.
Il était une fois, donc, dans le Myrdalur, en lointaine
Islande, un homme qui marchait le long des rochers
au bord de la mer, un matin de bonne heure, avant
que les gens ne se lèvent. En arrivant à l’entrée
d’une grotte, il entendit qu’on dansait à l’intérieur,
et, dehors, il aperçut quantité de peaux de phoques.
Il en prit une, l’emporta chez lui et la mit dans un
coffre qu’il ferma à clé. Plus tard dans la journée, il
repassa devant l’entrée de la grotte ; une jolie jeune
fille y était assise, toute nue, et elle pleurait beaucoup. C’était le phoque à qui appartenait la peau que
l’homme avait emportée.
Il donna des habits à la jeune fille, la consola et l’emmena à la maison. Au bout de quelque temps, l’homme
l’épousa, et ils s’aimèrent et eurent des enfants. Le
paysan gardait toujours la peau enfermée dans un
coffre et portait la clé sur lui, où qu’il aille. Un jour,
bien des années plus tard, il alla en mer en oubliant
la clé sous son oreiller. Lorsqu’il rentra, le coffre était
ouvert, et sa femme et la peau avaient disparu. Elle
avait pris la clé, ouvert le coffre par curiosité et trouvé
la peau ; alors elle n’avait pas pu résister à la tentation, avait pris congé de ses enfants, enfilé la peau et
plongé dans la mer. On dit que l’homme en fut très
affligé. Par la suite, lorsqu’il allait à la pêche, un
phoque tournait souvent autour de sa barque et on
aurait dit que des larmes coulaient de ses yeux. 1
Dans toutes les cultures, des fables, comme La Belle
et la Bête, mettent en scène la figure du fiancé animal pour nous parler de nos liens, de nos attachements, de nos appartenances, du corset de notre
apparence aussi. Qu’est-ce qui est beau, qu’est-ce
qui fait qu’on aime ? L’infirme, le laid, le monstrueux,
le disgracieux, quand je le regarde avec les yeux, est-il
chez les bêtes ou chez les hommes ? Comment le voir
jusqu’à l’aimer, par-delà son apparence ? Comment
voir en deçà ? L’écrivain Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore se sont inspirés, pour Nos
Amours bêtes du conte islandais évoqué ci-dessus…
Avec ses jeux de rôle, ses confrontations impromptues et son regard oblique sur nos attitudes et postures, Ambra Senatore élabore avec finesse une danse
espiègle, pleine d’humour et de légèreté, mais qui
sait aussi préserver des instants de pure grâce, ou de
tendre étrangeté. Il s’agit de sa première collaboration sur scène avec un écrivain 2, un défi qu’elle relève
pour le plus grand bonheur du spectateur. Une
danse qui s’adresse à tous, nourrie de théâtralité,
d’actions et de gestes du quotidien ; semée d’indices
dont le sens se dévoile petit à petit, en lien avec les
mots de l’écrivain.
« Par-delà le dialogue entre danse et théâtre, rayonne
dans Nos amours bêtes une puissance conciliatrice,
écrit Fabrice Melquiot, celle du jeu, du jeu d’enfant,
du jeu d’enfant détourné par les grands, ce jeu qui
impose les règles à respecter, les défis à lancer, qui régit
les échanges et bouscule les corps, parfois jusqu’au
combat, parfois jusqu’à l’harmonie. Ici, on ne joue pour
gagner qu’à condition que la victoire produise encore
du jeu, nourriture frénétique de l’artiste et de l’enfant.
Jouons ! C’est comme un appel au secours, une dernière
volonté. Oui, il faut jouer ! Jouer à raconter, jouer à
construire une pyramide avec quatre corps humains,
jouer à faire chanter des galets, jouer à imiter les bêtes
qu’on aime, jouer à s’aimer comme pour la vie entière
pendant cinquante minutes. Jouons ! Comme on dirait :
sauvons-nous, regardons-nous, prenons l’air, cherchons
des mystères, et coupons la tête à quelques questions.
Jouons ! »
Dans La Peau de la phoque, il est question de peaux
et d’amours, c’est-à-dire de cloisons et de leur possible abattement. En partageant la mise en scène de
Nos Amours bêtes avec Ambra Senatore, « Fabrice
Melquiot conjugue le brouillage des disciplines artistiques à celui des catégories épistémologiques », écrivait Katia Berger, à la création du spectacle, sur la
scène du Théâtre Am Stram Gram à Genève. « Sur le
plateau, des galets disséminés entre lesquels s’ébroue
un groupe de cinq comédiens-danseurs, corps d’adultes,
âmes d’enfants. Entrecoupé de jeux de toutes sortes, de
rires, de grimaces, de gages et d’imitations, leur récit
fera fi de toute vraisemblance comme de toute linéarité. D’ellipses en parenthèses, de chaussettes en chansons, il s’interrompra pour mieux se répéter, se trouera
pour mieux se déployer, sautera du coq à l’âne sans
perdre ni queue ni tête. Le fil rouge de cette narration à
la fois éclatée et cohérente – les minots de 6 ans n’ont
aucune peine à la suivre – est assuré par une fausse
peau de bête. Une combinaison que les acteurs enfilent
à tour de rôle afin d’incarner sur scène les dauphins,
guépards ou perroquets que commande tel spectateur
sollicité parmi le public. Histoire de montrer avec espièglerie que “chaque animal est la moitié d’un être
humain caché”, et vice versa. Autrement dit, de montrer
que l’altérité nous habite tous. […] Et pour faire tomber
les barrières, quel meilleur subterfuge que le jeu ? Jeu
d’enfant, jeu théâtral, peu importe, puisque ses règles
permettent par définition de sortir de soi et devenir
autre ! 3 »
J.-M. A.
DANS LE CADRE DU
En partenariat avec le Théâtre
Am Stram Gram de Genève,
dirigé par Fabrice Melquiot.
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 6 AU 13 AVRIL
HORAIRES VOIR CAL. P. 38
DANSE I THÉÂTRE
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS
FABRICE MELQUIOT I
AMBRA SENATORE
Nos amours
bêtes CÉATION
CHORÉGRAPHIE
& MISE EN SCÈNE
Ambra Senatore
TEXTE
& DRAMATURGIE
Fabrice Melquiot
D’APRÈS LE CONTE POPULAIRE ISLANDAIS
La Peau de la phoque
CRÉATION MUSICALE
& SONORE
Nicolas Lespagnol-Rizzi
LUMIÈRES
Joël L’Hopitalier
ASSISTANTES À LA MISE EN SCÈNE
Caterina Basso, Elisa Ferrari
COSTUMES
Cécile Choumiloff
ASSISTÉE DE
Chloé de Senarclens
AVEC
Aline Braz Da Silva, Antonio Buil,
Arnaud Huguenin, Madeleine
Piguet Raykov, Barbara Schlittler
Une création du Théâtre Am Stram Gram
en coproduction avec le Théâtre de la Ville
-Paris.
Le Théâtre Am Stram Gram est subventionné
par la ville de Genève et par la République
et canton de Genève.
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 26 MARS AU 3 AVRIL
20 H 30
AMBRA SENATORE
A Posto (En place)
CRÉATION 2011
1 Tiré du recueil Des Belles et
des Bêtes. Anthologie de fiancés
animaux, éd. José Corti 2003
(édition établie par Fabienne
Raphoz).
2 Voir précédent numéro
du Journal du Théâtre de la Ville.
3 Katia Berger, La Scène en peau
de phoque, dans La Tribune
de Genève, 26 février 2013.
JAMES THIÉRRÉE • 13
© MARIO DEL CURTO
avril-juillet 2013
RÉUNION
NOCTURNE
Un bal, dansé par des fourmis, mais sans orchestre et sans répit. Un organisme
multicellulaire à particules humanoïdes.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I E
DU 25 JUIN AU 8 JUILLET 20 H 30 I
DIMANCHES 30 JUIN & 7 JUILLET 17 H
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 10 ANS
JAMES THIÉRRÉE
Tabac rouge CRÉATION
& CHORÉGRAPHIE James Thiérrée
Victoria Thiérrée
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Sidonie Pigeon
ASSISTANTES À LA CHORÉGRAPHIE Kaori Ito, Marion Lévy
COMBUSTIONS SONIQUES Matthieu Chédid
SON Thomas Delot
LUMIÈRES Bastien Courthieu
CONSTRUCTION Anthony Nicolas, Fabrice Henches,
Gerd Walter, Thomas Delot & les Ateliers du Théâtre
Vidy-Lausanne
CONFECTIONS & FABRICATIONS Monika Schwarzl,
Victoria Thiérrée, Marie Rossetti, Sabine Schlemmer,
Danièle Gagliardo & Laura Léonard
MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE
COSTUMES
Carlo Brandt, Anna Calsina Forrellad,
Noémie Ettlin, Namkyung Kim, Matina Kokolaki,
Valérie Doucet, Piergiorgio Milano,
Thi Mai Nguyen, Ioulia Plotnikova,
Manuel Rodriguez
INTERPRÉTÉ PAR
Des silhouettes se faufilent, hors du temps présent, dans un lieu presque secret. Il faut prendre cette petite porte derrière la scène du théâtre. Ce théâtre dans lequel nous jouerons notre
pièce, située à l’arrière de la scène… du théâtre
que nous imaginons. Là, se tient une trame.
Chaque soir. Un terrible désir de mouvement.
Elle accomplira notre pièce. Sans l’achever.
Secrète société.
Cette trame est un bal. Dansé par des fourmis,
mais sans orchestre, et sans lustre, et sans
répit et régi par une implacable hiérarchie. Un
système. Il semblerait, oui. Ou une machine
plutôt une machinerie, disons : un organisme
multicellulaire à particules humanoïdes… et
mouvantes. Voilà.
Royaume.
Ces particules obéissent à une seule loi. Celle
du monarque. Celle du vieux, le croulant, celui
qui dirige tout. Celui que tout dirige. Car il
contemple la vie à rebours, ou plutôt au travers… le rétroviseur. Nous dirons : à l’endroit
de son passé. Et ceux qui le servent le savent,
les travaux ne cesseront pas.
Révolution.
La cour travaille dur. La cour aime son roi. Mais
la cour gronde. Il faut conclure, finir l’ouvrage.
Il faut en finir. Il y a toujours une destination
et comme le disait si bien feu Raoul en prise
avec lui-même : « La tyrannie n’arrive pas d’en
haut. Elle est en face, dans la vitrine. »
Combustion.
James Thiérrée
Compagnie du Hanneton - Junebug.
Théâtre Vidy Lausanne – Théâtre de la Ville-Paris –
Le Printemps des Comédiens Montpellier – Théâtre royal de Namur –
La Coursive, Scène nationale de La Rochelle – Sadler’s Wells
Theatre Londres en collaboration avec Crying Out Loud – Festival
Tchekhov Moscou – Le Cado Orléans – Maison de la Culture
de Nevers – Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison – Espace
Jacques Prévert, Aulnay sous Bois – Adelaïde Festival – Le Carré
Saint Médard en Jalles – L’Arc, Scène nationale du Creusot
AVEC LE SOUTIEN du ministère de la Culture et de la Communication –
D.G.C.A et de l’Adami
La compagnie du Hanneton est conventionnée par le ministère
de la Culture D.G.C.A et soutenue par la Fondation BNP Paribas.
PRODUCTION DÉLÉGUÉE
COPRODUCTION
Un enfant se regarde dans un miroir
Son œil rit noir
Mécontent, il regarde le revers pour voir
Si cette Forme est un corps
Mais il ne voit qu’un mur lisse
Ou la toile d’une araignée méchante
Sombre, il regarde de nouveau sa Forme
Dans le miroir, une lueur sur le verre
Pier Paolo Pasolini
14 • MIKE BARTLETT I MÉLANIE LERAY
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 21 MAI AU 1er JUIN 20 H 30
MIKE BARTLETT I
MÉLANIE LERAY
Contractions
Mike Bartlett
Kelly Rivière
MISE EN SCÈNE Mélanie Leray
SCÉNOGRAPHIE David Bersanetti
VIDÉO David Bersanetti,
Cyrille Leclercq
LUMIÈRES Ronan Cabon,
Christian Dubet
SON Jérôme Leray
COSTUMES Laure Maheo
DRAMATURGIE Pascale Breton
DE
TRADUCTION
ASSISTANTE MISE EN SCENE
Rozenn Tregoat
CONSTRUCTION DÉCOR
Vincent Gadras, Yann Chollet
AVEC
Marie Denarnaud,
Elina Löwensohn
Théâtre National
de Bretagne, Rennes
Théâtre de la Ville-Paris –
La Maison de la Culture de Bourges –
La Halle aux Grains, Scène nationale
de Blois
AVEC LE SOUTIEN du Théâtre des Lucioles
La création de la pièce Contractions
a eu lieu au Royal Court Theatre à Londres
en mai 2008.
La pièce Contractions de Mike Bartlett
est publiée aux éditions A & C Black © 2008 ;
et en français chez Actes Sud-Papiers
(novembre 2012).
La pièce Contractions de Mike Bartlett
est représentée dans les pays de langue
française par l’agence Drama-Suzanne
Sarquier www.dramaparis.com en accord
avec The Agency à Londres.
PRODUCTION DÉLÉGUÉE
© CHRISTIAN BERTHELOT
COPRODUCTION
FEMME
FEMMES
Elles sont deux. Celle qui commande,
celle qui doit obéir. Deux prisonnières
d’un monde où la performance
commerciale devient question de vie
ou de mort. Le monde de l’entreprise.
L’histoire se découpe en quatorze entretiens entre deux femmes.
Emma, cadre dans une entreprise importante. L’autre n’a pas de
nom. Elle est désignée comme « la Responsable », et d’abord se
montre prévenante, veut savoir si tout se passe bien. Elle manie
un vocabulaire convenu, trop lisse pour être sincère. En fait elle
veut savoir s’il est vrai que son employée entretient une liaison
avec un homme, lui aussi cadre de l’entreprise. Ce qui, par contrat,
est interdit. Rien ne doit détourner l’attention de l’essentiel : les
ventes. Progressivement, le vocabulaire prend des accents juridiques, les relations tournent au harcèlement. Emma doit rompre ou partir et alors elle sera poursuivie pour rupture de contrat.
Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un clair reproche,
mais le piège est sans issue.
Pour Mélanie Leray, metteur en scène, c’est « comme dans un
polar, dont on sait la fin inévitable, dont on suit les épisodes sans
pouvoir s’en détacher ».
Elle est fortement frappée par l’écriture de Mike Bartlett, auteur
de Contractions, par sa précision, sa trompeuse banalité, et par
ce qu’elle dit, par tout ce qu’elle laisse entendre. Le monde du
travail, les rapports hiérarchiques la taraudent, surtout depuis
qu’elle a lu Le Quai de Ouistreham où Florence Aubenas raconte
son expérience de femme de ménage. Elle pense même l’adapter
pour la scène, et à ce moment, on lui parle de Contractions,
encore inédit en français, qu’elle lit en anglais et dont elle
demande immédiatement la traduction à Kelly Rivière. Naturellement, le choix des comédiennes est essentiel.
« Pour la Responsable, j’avais envie d’une femme avec un accent.
Rien de reconnaissable, juste quelque chose qui marque une différence. Et puis je ne voulais surtout pas d’une vieille mégère frustrée. Il se trouve qu’Elina Löwensohn est jeune, belle, et d’origine
roumaine. Elle est passée par les États-Unis, vit depuis longtemps
en France, mais quelque chose lui reste, y compris de savoir ce que
veut dire “dictature”. Pour Emma, je voyais une femme très sensuelle, sexuelle. Un corps, un caractère, que j’ai donc trouvés chez
Marie Denarnaud ».
À l’origine, la pièce était destinée à la radio (sous le titre Love
Contract, Contrat d’amour). Mike Bartlett, lui-même, l’a adaptée
pour le Royal Court où elle a été donnée sous le titre Contractions, dans un décor parfaitement réaliste, ce qui n’est pas du
tout le cas ici, où, dans un espace élégant, dépouillé, les deux
femmes sont en quelque sorte poursuivies par l’Image. Entre
images mentales et vidéos de surveillance, des gros plans, des
fragments de scènes muettes, façon pour Mélanie Leray de
« regarder à la loupe » la vérité du non-dit, ce que l’on se cache
à soi-même. Car le spectacle entraîne de multiples questions,
de celles que l’on a peur de se poser chaque jour. Pourquoi, au
risque de tout perdre, Emma se soumet-elle ? Et la Responsable
elle-même ? Que craint-elle si elle ne mène pas les choses
jusqu’au bout ? Perdre son travail serait-ce perdre toute identité?
« Comment existent-elles ? Emma se retrouve dans une solitude
totale, sans le moindre syndicat pour l’aider. La Responsable n’est
que la voix du groupe de l’Entreprise. Toutes deux obéissent à des
lois dictées voilà des siècles par “l’Homme Blanc”, et toujours valables dans un monde de moins en moins blanc, où les femmes commencent à trouver leur place. Tout au moins, en principe. Pour garder la sienne, la Responsable se conduit comme l’Homme. Après
tout les femmes en sont capables si l’on en croit la gouailleuse ironie
de Ken Loach dans It’s a Free World, où l’on voit deux Anglaises se
tirer d’affaire en exploitant des immigrés. »
Colette Godard
La pièce Contractions a été produite pour la 1re fois en France
par France Culture et le Théâtre de la Ville, au cours du Chantiers
d’Europe 2011 (lecture par Judith Henry et Nathalie Richard).
LA RESENTIDA • 15
© FRANCISCO JORQUERA
avril-juillet 2013
DU CHILI, UN PASSÉ
QUI NE PASSE PAS
Convaincus de la portée politique de l’acte théâtral, les acteurs de La Resentida sont emblématiques d’une génération
qui affronte les fantômes d’une histoire récente. Celle du Chili de Pinochet.
Depuis quelques années, la scène chilienne est
en pleine effervescence, secouée par la nécessité de regarder l’histoire dans le blanc des yeux.
Cette manière inédite de prendre position est
particulièrement aiguë chez la jeune génération, et une compagnie comme La Resentida
est, à cet égard, emblématique. En même temps
que d’autres artistes chiliens (Manuela Infante,
Cristian Plana, Compaña La Maria, Millaray
Lobos…), ce collectif est convaincu de la portée
et de la responsabilité politiques de l’acte théâtral. Fondée en 2007 par d’anciens élèves de
l’école de théâtre de Valparaiso (« la matriz »)
et de l’université Arcis, la compagnie définit
son travail artistique sous forme de manifeste :
« Le théâtre ainsi entendu doit être subversif,
tant au niveau du plateau qu’en tant qu’idéologie
questionnant l’ordre hégémonique en crise. »
Il faut dire que la dictature du général Pinochet
n’en finit pas de produire des effets indirects,
pour le meilleur et pour le pire. Pendant dix ans,
le peuple chilien est resté comme hébété, stupéfait, pétrifié par le silence d’après l’horreur,
et il a fallu beaucoup d’énergie, de force et de
courage pour faire surgir une mémoire collective, un paysage commun qui ose affronter les
démons qui ont dévoré le pays pendant près
de vingt ans.
En 2008, La Resentida avait commencé très
fort avec Simulacro, un spectacle prenant prétexte des commémorations du bicentenaire de
l’indépendance du Chili pour s’enfoncer dans
les zones d’ombres d’une identité nationale
empoisonnée par l’image d’un peuple triomphant. Loin du conte de fée économique qui se
répand dans les médias, le spectacle affrontait
toutes les faiblesses d’un pays traumatisé, et
refusant de le reconnaître.
Même frontalité, même désir d’en découdre
dans leur dernière création, dont le titre est déjà
tout un programme, à suivre le plus littérale-
ment possible : Tratando de hacer una obra
que cambie el mundo (En essayant de faire une
œuvre qui puisse changer le monde). Pour mettre
le programme à exécution, les acteurs de La
Resentida s’enferment dans un souterrain: l’occasion idéale pour affronter le passé, ses fantômes, et ses impasses, pour déboulonner les
idoles et se regarder en face, avec quelques
questions simples, mais bien senties: « Le théâtre est-il un outil pour la transformation sociale ?
Et le théâtre politique ? Et le théâtre aujourd’hui,
est-il nécessaire ? Est-il utile ? Sommes-nous
utiles ? » Ils appartiennent à ces descendants
d’une génération qui ont des comptes à régler
avec leur passé, les « artivistes » de La Resentida posent des questions qui dérangent. Elles
n’en sont que plus salutaires.
Bruno Tackels
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 17 AU 22 JUIN 20 H 30
EN ESPAGNOL SURTITRÉ EN FRANÇAIS
CIE LA RESENTIDA
Tratando de hacer
una obra que cambie
el mundo
(el delirio final de los últimos románticos)
PREMIÈRE FOIS EN FRANCE
Marco Layera
compagnie La Resentida
DÉCOR Pablo de la Fuente
MISE EN SCÈNE
DRAMATURGIE
Carolina Palacios, Pedro Muñoz,
Benjamín Westfall, Nicolás Herrera, Ignacio Yovane
AVEC
La tournée organisée en collaboration avec la Fondation Teatro
a Mil et le soutien du ministère des Affaires étrangères du Chili.
16 • PARCOURS { enfance & jeunesse }
Théâtre de la Ville PARIS
© ALEJANDRO HOPPE
avril-juillet 2013
LE MIROIR DES MARIONNETTES
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I C
DU 13 AU 18 MAI HORAIRES VOIR CAL. P. 39
Pour Aline Kuppenheim, fondatrice, au Chili, du Teatro Milagros, la marionnette
« a un incroyable pouvoir de pénétration, qui déclenche des émotions
archaïques et violentes ».
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 8 ANS
EN FRANÇAIS & EN ESPAGNOL
MIKE KENNY I TEATRO MILAGROS
Sobre la cuerda floja
AUTEUR
Mike Kenny
& DÉCOR Aline Kuppenheim
Paola Giannini
SON Benjamín Ortíz & Tomás Arias
LUMIÈRES José Rojas & Rodrigo Barnao
DIRECTION ARTISTIQUE
DIRECTION THÉÂTRALE
Comme de nombreux acteurs au Chili, Aline Kuppenheim passe avec un bonheur égal de la scène à l’écran, assumant clairement
que l’on ne peut pas vivre du seul théâtre, surtout s’il s’agit de le concevoir comme un art, ou un espace de recherches… Il est vrai
que le cinéma lui a offert des rôles éblouissants, tout particulièrement dans les films d’Alexandre Wood. On se souvient de la figure
incandescente de María Luisa Infante, dans Machuca.
En dehors des plateaux, elle cultive un jardin plus intime, dessine des livres pour les enfants. En 2005, elle rencontre Paola Giannini, qui lui fait lire Le Manteau de Gogol. Elles ont l’intuition que seule une poupée pourra rendre toute la mystérieuse fragilité
du personnage. Et la voilà plongée dans le monde de la marionnette. Le Teatro Milagros était né : « J’ai découvert que la marionnette
a un incroyable pouvoir de pénétration, qui déclenche des émotions archaïques et violentes. » Le spectacle tournera dans le monde
entier, accueilli notamment par Pina Bausch, à Wuppertal.
Aline Kuppenheim a continué à explorer ce « théâtre avec les marionnettes » à partir d’un texte de l’écrivain anglais Mike Kenny,
Sur la corde raide, une fable toute simple qui s’adresse à tous : comment dire la mort aux enfants ? À la fin des vacances, une petite
fille rend visite à son grand-père qui vient de perdre sa femme. Comment dire, comment dissimuler ? En projetant sur des corps
animés cette question délicate, le spectacle fonctionne comme un pur miroir. D’où vient cette force de la marionnette ? « Dans un
monde où le langage est en crise et défaille de partout, la marionnette vient prendre la place de ce langage défaillant », constate Aline
Kuppenheim. On l’aura compris, le Teatro Milagros n’est pas seulement fait pour les enfants.
Paola Giannini, Aline Kuppenheim,
Loreto Moya, Paula García, Santiago Tobar
VOIX Nelson Brodt, Almendra Swinburn
MANIPULATION
PRODUCTION Teatro Milagros.
Sobre la cuerda floja est une coproduction de la Fondation Teatro a Mil (Chili) et Teatro
Milagros. Tournée organisée en collaboration avec la Fondation Teatro a Mil et le soutien
du ministère des Affaires étrangères du Chili.
B. T.
CORPS DE BALLET
Sur les Variations de Debussy, Phia Ménard
donne vie à une myriade d’étonnantes
créatures faites de sacs plastique.
→ LE MONFORT I C
DU 21 MAI AU 8 JUIN
→ LE CENTQUATRE I C
DU 11 AU 15 JUIN
HORAIRES VOIR CAL. P. 39 I TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS
PHIA MÉNARD I COMPAGNIE NON NOVA
© JEAN-LUC BEAUJAULT
L’Après-midi d’un foehn
Déclinaison jeune public de Vortex (voir page 26), L’Après-midi d’un foehn en
reprend le dispositif scénique : sur le plateau, des ventilateurs recréent artificiellement une tempête de cinq mètres de diamètre. En son cœur, la marionnettiste
Cécile Briand, frêle démiurge, va user de ce vent pour donner vie à une myriade
d’étonnantes créatures faites de sacs plastique : par la grâce d’un coup de ciseaux
et de quelques morceaux d’adhésif, c’est un enchanteur corps de ballet qui prend
vie autour d’elle. Sur les Variations de Debussy, la sarabande colorée se plie aux
caprices de l’insaisissable élément aérien, ce foehn éponyme (vent chaud et sec
des montagnes) : « Animées par une tornade à la fois douce et sauvage, ces formes
extrêmement vivantes nourrissent tous nos désirs, dans la plus grande liberté : s’extraire du sol, revenir, danser, patiner, se cacher… » (Phia Ménard). Peu à peu, la grâce
virevoltante se mue en spirale infernale. Prise à son propre jeu, dépossédée de
son pouvoir d’ordonnatrice, la marionnettiste doit affronter ce vent indomptable
et ces effrontées créatures qui prennent leur autonomie tout en lui volant la
vedette… Étourdissante chorégraphie d’objets mettant en jeu les luttes de pouvoir, L’Après-midi d’un foehn se présente comme un conte envoûtant, d’une
farouche beauté, où l’angélisme côtoie l’exorcisation des peurs archaïques.
Julie Bordenave
& SCÉNOGRAPHIE Phia Ménard
& DIFFUSION DES BANDES SONORES Ivan Roussel
DIRECTION ARTISTIQUE, CHORÉGRAPHIE
COMPOSITION
D’APRÈS L’ŒUVRE DE
Claude Debussy
RÉGIE GÉNÉRALE, DE PLATEAU
CRÉATION LUMIÈRES
& RÉGIE DU VENT Pierre Blanchet
Alice Ruest
Phia Ménard
Philippe Ragot
ASSISTÉ DE Rodolphe Thibaud & Samuel Danilo
COSTUMES & ACCESSOIRES Fabrice Ilia Leroy
CONCEPTION DE LA SCÉNOGRAPHIE
CONSTRUCTION DE LA SCÉNOGRAPHIE
INTERPRÉTATION
Cécile Briand
Centre dramatique national de Normandie – La Brèche, Centre
des arts du cirque de Basse-Normandie, Cherbourg – Festival Polo Circo, Buenos Aires
(avec le soutien de l’Institut Français).
COPRODUCTION EPCC-Le Quai – Angers et le réseau européen IMAGINE 2020, Art et Changement
Climatique – Scènes du Jura – scène conventionnée « multi-sites » – La Halle aux Grains,
scène nationale de Blois ; Cirque Jules Verne, pôle régional des Arts du Cirque, Amiens –
le Grand T, scène conventionnée Loire-Atlantique, Nantes – Théâtre Universitaire, Nantes –
l’arc, scène conventionnée de Rezé, EPPGHV — Parc de la Villette, Paris – La Verrerie
d’Alès en Cévennes/pôle national des Arts du Cirque Languedoc-Roussillon Résidence
Les Subsistances 2010/2011, Lyon.
AVEC LE SOUTIEN du Théâtre de Thouars, scène conventionnée ; en collaboration avec
le Service culturel de Montreuil-Bellay – le Grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon
et Le Fanal, scène nationale de Saint-Nazaire.
La Compagnie Non Nova est conventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication-DRAC des Pays de la Loire ; le conseil régional des Pays de la Loire, le conseil
général de Loire-Atlantique et la ville de Nantes. Elle reçoit le soutien de l’Institut français
et de la Fondation BNP Paribas.
COPRODUCTION ET RÉSIDENCE
BOMBA SUICIDA Guintche © JOÃO FIGUEIRA
avantprogramme
FOCUS SUR LA JEUNE CRÉATION PORTUGAISE
THÉÂTRE • DANSE • MUSIQUE • CINÉMA • ARTS VISUELS
30 propositions
chantiersd’europe
Lisbonne-Paris
JUIN 2013 • 4e ÉDITION
CHANTIERS D’EUROPE 2013
Théâtre de la Ville PARIS
TEATRO PRAGA Discotheater © ALIPIO PADILHA
chantiers d’europe 2013
CHANTIERS D’EUROPE
4e ÉDITION
LISBONNE I PARIS
Après l’Italie, la Grande-Bretagne et la Grèce, nous avons choisi de dédier cette nouvelle édition de Chantiers d’Europe
aux artistes portugais, afin de rendre compte d’un dynamisme créatif aussi important – dans tous les domaines –
que largement occulté par le regard presqu’exclusivement économique porté sur ce pays depuis quelques années.
Car si le Portugal est effectivement violemment touché par la crise, dans des proportions difficiles à concevoir pour nous
aujourd’hui, la résistance des artistes donne naissance à une scène foisonnante, un « laboratoire » pour les compagnies
émergentes, qui portent un vrai regard sur l’impact social et politique de leurs créations, une scène dont l’indépendance
fait la force.
Ces mouvements de la création d’aujourd’hui, réunissant des artistes de toutes les disciplines (théâtre, danse, cinéma,
musique et arts plastiques) fondent notre Chantiers d’Europe Portugal : imaginer un instantané, forcément non exhaustif,
de la jeune création lisboète en 2013, un temps ouvert aux découvertes, aux rencontres neuves avec des artistes et
des parcours singuliers. Un temps qui se construit en cours d’année, s’invente au gré des « navigations », dans un espace
libéré des contraintes de calendrier, avec la nécessité de l’instant.
Chantiers d’Europe ne pourrait exister sans le nécessaire soutien de partenaires, et nous tenons cette année à remercier
particulièrement la Mairie de Lisbonne et l’Egeac, ainsi que la Fondation Gulbenkian, l’Institut Camões, la Mairie de Paris
et l’Institut français pour leur soutien, leurs conseils et leur participation au montage de ce temps fort. Merci aussi à Tiago
Bartolomeo Costa, qui a su être un guide actif pour la constitution du programme.
Durant ces quinze jours, et même un peu au-delà, nous aurons ainsi la chance de découvrir près de soixante artistes
portugais de toutes disciplines, présentés dans tous les espaces du Théâtre de la Ville, dont certains seront réinventés
pour l’occasion, et dans les établissements partenaires du Festival : le Centquatre, mais aussi le Théâtre Monfort, la Maison
de la poésie, le Palais de Tokyo…
De même que les éditions précédentes avaient permis d’inviter, pour la première fois en France, les compagnies 1927
(Grande-Bretagne 2011), le Blitz Theater group (Grèce 2012) et bien d’autres, nous découvrirons cette année des artistes,
des compagnies, des collectifs, qui feront de Paris, durant quelques semaines, une autre capitale portugaise.
Lisbonne, bienvenue à Paris.
Emmanuel Demarcy-Mota
« L’art portugais sera celui où l’Europe verra
son reflet et se reconnaîtra en oubliant le miroir. »
Fernando Pessoa
LISBONNE I PARIS
Théâtre de la Ville PARIS
juin 2013
FERNANDO PESSOA
RÉPOND À NOS QUESTIONS
Pour Chantiers d’Europe I Lisbonne-Paris, le Théâtre de la Ville est allé interviewer Fernando Pessoa (1888-1935).
Ou plus exactement, nous sommes allés exhumer un entretien, publié à Lisbonne en 1923, que l’auteur du Livre
de l’intranquillité et d’une œuvre vertigineuse s’est accordé à lui-même. Quatre-vingt-dix ans plus tard, tout juste,
les propos de Pessoa n’ont rien perdu de leur extraordinaire acuité, bien au contraire…
Que pensez-vous de notre crise ? De ses différents aspects –
politique, moral et intellectuel ?
Notre crise provient essentiellement de
l’excès de civilisation des incivilisables. Cette phrase, comme
toutes celles qui comportent une contradiction, n’en comporte
aucune. Je m’explique.
Tout peuple se compose d’une aristocratie, et de lui-même.
Comme le peuple est un, cette aristocratie et ce lui-même sont
identiques quant à leur substance ; mais ils se manifestent de
façon différente. L’aristocratie se manifeste en tant qu’individus, y compris quelques individus amateurs ; le peuple, lui, se
révèle tout entier comme un seul individu. Ce n’est que collectivement que le peuple n’est pas collectif.
Le peuple portugais est essentiellement cosmopolite. Jamais
un vrai Portugais n’a été portugais : il a toujours été tout. Or
chez un individu, être tout, c’est être tout ; dans une collectivité, être tout c’est, pour chacun des individus, n’être rien.
Quand l’atmosphère de la civilisation est cosmopolite, comme
pendant la Renaissance, le Portugais peut être portugais, il
peut donc être un individu, il peut donc avoir une aristocratie.
Quand l’atmosphère de la civilisation n’est pas cosmopolite –
comme dans le temps qui sépare la fin de la Renaissance du
début, où nous sommes actuellement, d’une nouvelle Renaissance –, le Portugais cesse de pouvoir respirer individuellement. Il n’est plus que des Portugais. Il en vient à ne plus avoir
d’aristocratie. Il en vient à ne plus devenir. (Je vous garantis
que ces phrases ont une mathématique interne.)
[…]
Nos crises particulières procèdent de cette crise générale. Notre
crise politique tient à ce que nous sommes gouvernés par une
majorité inexistante. Notre crise morale à ce que, depuis 1580 –
fin de la Renaissance en nous et de nous dans la Renaissance –,
il a cessé d’y avoir des individus au Portugal, n’y restant que des
Portugais. C’est alors que commença le Portugais à l’ancienne,
qui est plus moderne que le Portugais, et le produit de l’interruption des Portugais. Notre crise intellectuelle consiste simplement en ce que nous n’en avons pas conscience.
Je crois avoir répondu à votre question. Si vous réfléchissez à
ce que je vous ai dit, vous verrez que cela a un sens. Lequel ? Ce
n’est pas à moi de le dire.
[…]
Nous trouvons-nous en face d’une Renaissance spirituelle ?
Nous sommes si dénationalisés que nous devons être en
train de renaître. Pour les autres peuples, qui sont en totalité
eux-mêmes, se dénationaliser, c’est se perdre. Pour nous, qui
ne sommes pas nationaux, se dénationaliser, c’est se trouver.
Malgré les grands obstacles à notre régénération – toutes les
doctrines de régénération –, nous sommes près de recommencer à exister. Nous sommes arrivés à un point, où collectivement nous en avons assez et individuellement nous en avons
assez d’en avoir assez. Nous nous sommes tellement égarés,
que nous devons être dans le bon chemin. Les signes de notre
résurrection prochaine sont manifestes pour ceux qui ne voient
pas le visible. […] Quoi qu’il en soit, avançons avec confiance.
Tous les chemins mènent au pont quand la rivière n’en a
aucun.
Que faut-il entendre par « art portugais »? Êtes-vous d’accord
avec l’expression ? Y a-t-il un art vraiment portugais ?
tout, de toutes les façons, car la vérité n’est pas, s’il manque
encore quelque chose ! Créons ainsi le Paganisme supérieur, le
Polythéisme suprême ! Dans l’éternel mensonge de tous les
dieux, seuls les dieux tous ensemble sont la vérité. »
L’écrivain Fernando Pessoa nous expose ses idées sur les différents
aspects de l’art et de la littérature au Portugal, in Revista Portuguesa,
n° 23-24, Lisbonne, 13 octobre 1923. Publié en français in Œuvres
complètes de Fernando Pessoa, sous la direction de Joaquim Vital,
tome 1, Proses, publiées du vivant de l’auteur, Éditions de la Différence,
Paris, 1988.
Par art portugais, il faut entendre un art du Portugal, qui
n’ait rien de portugais, car il n’imiterait même pas l’art étranger. Être portugais, au sens décent du mot, c’est être européen
sans l’impolitesse de la nationalité. L’art portugais sera celui
où l’Europe – j’entends par là principalement la Grèce antique
et l’univers tout entier – verra son reflet et se reconnaîtra en
oubliant le miroir. Seules deux nations – la Grèce d’autrefois et
le Portugal de demain – ont reçu des dieux le don d’être non
seulement elles-mêmes, mais aussi toutes les autres. […]
Le régionalisme en littérature et en peinture ?
Le régionalisme est une dégénérescence graisseuse du
nationalisme, et le nationalisme aussi. Et comme le nationalisme est anti-portugais (il n’est bon, ici dans le Sud, que pour
les peuples latins et ibériques), le régionalisme au Portugal est
une maladie de ce qui n’est pas. Aimer notre pays, ce n’est pas
aimer notre jardin. Et on peut épiloguer sur cette notion de
jardin. À Lisbonne, mon jardin est en même temps à Lisbonne,
au Portugal et en Europe. Le bon régionalisme, c’est l’aimer
parce qu’il est en Europe. […]
Comment voyez-vous l’avenir de la race portugaise ?
Le Cinquième Empire. L’avenir du Portugal – que je
n’imagine pas, que je sais – est déjà écrit, pour qui sait le lire,
dans les strophes de Bandarra, et aussi dans les quatrains de
Nostradamus. Notre avenir est d’être tout. Qui, étant portugais, peut vivre à l’étroit dans une seule personnalité, une seule
nation, une seule foi ? Quel vrai Portugais peut, par exemple,
vivre dans l’étroitesse stérile du catholicisme, quand il y a, en
plus, à vivre tous les protestantismes, tous les credos orientaux, tous les paganismes morts et vivants, en les fondant tous,
à la façon portugaise, en un Paganisme Supérieur ? Ne souffrons pas qu’il reste un seul dieu hors de nous ! Absorbons
tous les dieux ! Nous avons déjà conquis la Mer, il nous reste à
conquérir le Ciel, laissant la Terre aux Autres, aux éternellement Autres, aux Autres de naissance, aux Européens qui ne
sont pas européens, parce qu’ils ne sont pas portugais. Être
« Le peuple
portugais est
essentiellement
cosmopolite.
Jamais un vrai
Portugais
n’a été
portugais :
il a toujours
été tout. »
Fernando Pessoa
CHANTIERS D’EUROPE 2013
Théâtre de la Ville PARIS
chantiers d’europe 2013
LA CRÉATION PORTUGAISE,
IDENTITÉ EN MOUVEMENT.
Chantiers d’Europe part à la rencontre d’une scène diverse et singulière, qui survit malgré la « crise » et reste
entièrement reliée aux questionnements esthétiques et politiques qui traversent le continent européen.
On ne saurait envisager la création contemporaine au Portugal sans rappeler que la démocratie y a moins de 40 ans et
que le pays de Vasco de Gama et de Luís de Camões, du fado
et de la saudade, de Fernando Pessoa et de Manoel de Oliveira, a vécu la moitié du XXe siècle sous le joug de la dictature militaire de Salazar, qui n’a pris fin qu’en 1974, avec la
révolution des Œillets. Avant cette date, la censure, la situation économique et l’isolement du pays ne permettaient pas
au théâtre, à la danse, à la musique, aux arts plastiques, au
cinéma et à la littérature de respirer librement, malgré
quelques tentatives – souvent réussies et tenues aujourd’hui
pour des références.
Les compagnies de théâtre indépendantes qui ont mis fin à
cette nuit noire n’existent donc que depuis quatre décennies,
une vingtaine d’années ont passé depuis l’émergence de la
danse portugaise, révélée notamment lors du Festival Europalia en 1991, et le Portugal ne s’est doté que depuis quinze
ans d’un ministère de la Culture, d’ailleurs récemment réduit
à un simple secrétariat d’État, avec un budget inférieur à
200 millions d’euros. Deux interventions du FMI plus tard,
avec une « crise » et un régime d’austérité qui demeurent en
toile de fond, la scène contemporaine portugaise n’a pas sombré. À de rares exceptions près, elle s’est pourtant élaborée
en marge des grands circuits internationaux.
Pour Chantiers d’Europe, il importait d’en montrer la diversité et la singularité, autant que la vitalité.
Venant après une génération de metteurs en scène, de chorégraphes, de plasticiens, de musiciens et de cinéastes qui,
au sortir du salazarisme (où seule la Fondation Gulbenkian
parvenait tant bien que mal à contourner la dictature), ont
été les artisans d’une liberté de création retrouvée, les spectacles de Tiago Rodrigues, de Mónica Calle, de Sofia Dias et
Vítor Roriz, des collectifs Teatro Praga, Bomba Suicida et
Mala Voadora, de Joana Providência avec Gémeo Luís prolongent et actualisent un paysage scénique pleinement inscrit dans son époque. Loin des crispations identitaires et
populistes dont l’actuel « état de crise » est le redoutable ferment.
« Il faut se marier à l’infini », dit le grand cinéaste Manoel
de Oliveira. Cette exigence poétique ne saurait évidemment
être fondue dans l’uniformité d’une « mondialisation » sans
saveur. La jeune création portugaise appartient à cette
« Europe des marges » qui a donné corps à la modernité littéraire, de Pessoa à Kafka, de Joyce à Beckett. Gardant de ce
fait une position particulière, excentrée, elle offre des réponses
singulières aux questionnements esthétiques et politiques
qui traversent toute création contemporaine. La programmation de ces Chantiers d’Europe est alors, tout autant une
invitation à voir et à découvrir des artistes, qu’à mieux percevoir et comprendre, à travers le prisme de leurs créations, un
pays et une époque, loin des clichés, mais dans l’allant d’une
identité en mouvement.
Jean-Marc Adolphe, Tiago Bartolomeu Costa
d’après une traduction de Marie-Amélie Robilliard
On l’a vu, l’histoire de la dictature est encore toute récente.
Dans les archives nationales du Portugal, le metteur
en scène Tiago Rodrigues – fidèle collaborateur de la
Compagnie TG Stan et professeur invité de P.A.R.T.S.
à Bruxelles – a trouvé une incroyable somme de documents
sur le théâtre sous le régime salazariste, qui a tenu
le pays durant quarante-huit ans. Aux côtés de milliers
de textes dramatiques, ont été trouvés les « rapports »
rédigés par les inspecteurs interdisant tel spectacle
ou imposant des coupes à tel autre. Construit à partir
de ces rapports, Tres dedos abaixo do joelho (Trois doigts
sous le genou) élève avec une brillante ironie les censeurs
au rang d’auteurs, utilisant leurs écrits comme matériau
d’une représentation qui devient une sorte de « machine
à censurer » absurde et poétique. L’héritage de ceux
qui ont brimé la liberté de création devient ainsi l’outil
de démonstration de la force éternellement subversive
du théâtre. Aujourd’hui encore.
Trois narrateurs, une girafe, et un cactus. Et une question :
« Qu’est-ce qu’un fait ? » What I heard about the world
raconte des histoires vraies sur des événements inventés.
Fruit de la rencontre entre la compagnie portugaise Mala
Vaodora, fondée à Lisbonne en 2003 par Jorge Andrade
et José Capela, et le collectif anglais Third Angel, qui
croise les champs du théâtre, du « live art », de la vidéo
et de la photographie, le spectacle s’ingénie à déplacer
les frontières entre fiction et réalité, désignant le théâtre
comme seul moyen de définir le vraisemblable.
Construites sur des interprétations libres et des manipulations assumées de la réalité, les histoires racontées
dans What I heard about the world semblent transmises
par des bulletins d’information ou échafaudées par
un esprit à l’imagination fertile. Joué en anglais et en
portugais, s’amusant à matérialiser les images produites
par les mots, c’est aussi un exercice qui, dans la droite
ligne du travail de la compagnie Mala Voadora, réinvente
les principes d’un théâtre d’intervention.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I LA COUPOLE
MARDI 4 JUIN 20 H 30 I MERCREDI 5 JUIN 19 H
SPECTACLE EN PORTUGAIS & ANGLAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS
WHAT I HEARD ABOUT THE WORLD
THIRD ANGEL I MALA VOADORA
→ THÉÂTRE DES ABBESSES
MARDI 11 JUIN I 20 H 30
SPECTACLE EN PORTUGAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS
TROIS DOIGTS SOUS LE GENOU
TIAGO RODRIGUES I MUNDO PERFEITO
MISE EN SCÈNE
Tiago Rodrigues // TEXTE Tiago Rodrigues D’APRÈS LES ARCHIVES DE LA CENSURE
PENDANT LA DICTATURE
// RECHERCHE & ASSISTANCE DRAMATURGIQUE Joana Frazão // LUMIÈRES
André Calado // VIDÉO Tiago Guedes & Rita Barbosa // CONCEPTION DES COSTUMES
Magda Bizarro & Tiago Rodrigues À PARTIR DE LA COLLECTION DU TEATRO NACIONAL D.
MARIA
II. // SCÉNARIO Magda Bizarro, Rita Barbosa & Tiago Rodrigues // TRADUCTION
FRANÇAISE
Didier Sarnago // AVEC Isabel Abreu & Gonçalo Waddington
Mundo Perfeito // COPRODUCTION Festival Alkantara et Teatro Nacional D.
Maria II-Lisbonne – Stage Theatre Festival-Helsinki – De Internationale Keuze - Rotterdam
– Kunstenfestivaldesarts-Bruxelles // PROJET COPRODUIT PAR le NXSTP, AVEC LE SOUTIEN
du Programme Culture de l’Union européenne
PRODUCTION
© MAGDA BIZARRO
CONCEPTION
& INTERPRÉTATION Alexander Kelly, Chris Thorpe & Jorge Andrade //
COLLABORATION
José Capela & Rachael Walton // LUMIÈRES João d’Almeida
COPRODUCTION Mala Voadora – Third Angel, Maria Matos Teatro Municipal – Sheffield
Theatres – Pazz, Performing Arts Festival // AVEC LE SOUTIEN de LuxFrágil, Fundação
Calouste Gulbenkian, Jardins na Linha
© JOSÉ CARLOS DUARTE
LISBONNE I PARIS
Théâtre de la Ville PARIS
juin 2013
BOMBA SUICIDA
Certaines de ces connexions passent par des stratégies
artistiques coopératives. Né en 1997, le collectif Bomba
Suicida regroupe des artistes qui tiennent à garder leur
propre personnalité, tout en partageant un esprit commun
où se manifeste le désir profond de rompre avec une
tradition de l’abstraction et de renouer avec une certaine
forme d’expressivité. Programmés dans le cadre de
Chantiers d’Europe, Luís Guerra, Marlene Monteiro Freitas
et Tânia Carvalho inventent une relation intense entre un
corps en perdition et un mouvement qui tente de le délivrer.
THÉÂTRE
& DANSE
Sofia Dias et Vítor Roriz ont démarré leur collaboration
en 2006. Tous deux chorégraphes et interprètes de leurs
spectacles, ils explorent avec A Gesture that is Nothing
But a Threat les rapports entre les mots et le mouvement.
Comme l’écrit Paul Auster, « Le monde n’est pas que
la somme des choses qui sont en lui, mais le réseau
infiniment complexe des connexions qui s’établissent
entre elles. » S’appuyant autant sur le sens des mots que
sur la plasticité des sons, la relation à la voix, au souffle,
au rythme et à la musicalité du langage, Sofia Dias et
Vítor Roriz créent des rencontres insolites entre la parole,
le geste et l’image, où la poétique de l’acte d’énonciation
semble finalement se suffire à elle-même. Naissent
alors de nouvelles constellations de sens qui reflètent la
complexité de l’expérience humaine, avec une certaine
incongruité comique.
Luís Guerra signe, en 2008, sa première pièce au sein de
Bomba Suicida. Avec Laocoi, il introduit l’idée d’un pays
imaginaire où il tente de révéler les chants, les danses et
coutumes caractéristiques d’un personnage (peuple) fictif.
Créés en 2010 et 2012 dans le cadre des « Jeudis de
lecture » du Teatro do Campo Alegre à Porto, 3 interludes
et le galop du nez et La Première Danse d’Urizen sont deux
pièces courtes. La première prend appui sur la musique
de Dimitri Chostakovitch, et la seconde se nourrit de dessins
et figurines dont Luís Guerra est également l’auteur.
→ THÉÂTRE DES ABBESSES
1er PROG.
notamment à plusieurs reprises aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et à la Biennale
de la danse de Lyon, en 2011. Avec Síncopa, créé peu
avant Chantiers d’Europe, elle revient à la forme solo,
en une introspection où la peau, les organes et les os sont
mis à contribution. Et The Recoil of Words, qu’elle danse
en compagnie de Luís Guerra et Marlene Monteiro Freitas,
s’appuie sur une composition de Julia Wolfe : LAD, pièce
pour cornemuse écrite d’un souffle. « Je pense par le prisme
du mouvement, des intensités du corps, des rythmes, des pauses,
des silhouettes, des atmosphères, dit Tânia Carvalho. « J’aime
l’idée que le mouvement est un langage en tant que tel. »
VENDREDI 14 JUIN 20 H 30
& INTERPRÉTATION Marlene Monteiro Freitas // LUMIÈRES Yannick Fouassier
// MUSIQUE Johannes Krieger CORNETA, “Rotcha Scribida” de Amandio Cabral,
LUÍS GUERRA
Cookie BATTERIE, Otomo Yoshihide (EXTRAIT D’UN SOLODE GUITARE), Anatol Waschke
SOLOS AVEC
ESTILHAÇOS,
Calções Catarina Varatojo
PRODUCTION
Bomba Suicida, Lisboa // COPRODUCTION ZDB-Negócio, Lisboa
PRODUCTION
THE RECOIL OF WORDS
CRÉATION 2013
TÂNIA CARVALHO
DIRECTION
& CHORÉGRAPHIE Tânia Carvalho // MUSIQUE Julia Wolf (LAD, SOLO BAGPIPE
AND AUDIO PLAYBACK)
// MUSICIEN Jean Blanchard // SON Régis Estreich // LUMIÈRES
Zeca Iglésias // COSTUMES Aleksandar Protic // INTERPRÉTATION Tânia Carvalho,
Luís Guerra, Marlene Monteiro Freitas
COPRODUCTION Les Subistances (Lyon) et Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I LA COUPOLE
VENDREDI 14 JUIN 19 H 30 I SAMEDI 15 JUIN 18 H30
SPECTACLE EN ANGLAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS
A GESTURE THAT IS NOTHING
BUT A THREAT
SOFIA DIAS I VÍTOR RORIZ
DIRECTION ARTISTIQUE, TEXTE
& INTERPRÉTATION Sofia Dias & Vítor Roriz //
COLLABORATION ARTISTIQUE
Catarina Dias (IMAGES SUR SCÈNE) // COSTUMES Lara Torres //
CONCEPTION LUMIÈRES
Nuno Borda de Água
Le spectacle a remporté le « European dance award Prix Jardin d’Europe 2011 »
COPRODUCTION Box Nova/CCB – O Espaço do Tempo - CDCE // SOUTIEN alkantara, ACCCA,
O Rumo do Fumo, Negócio/ZDB, Bains Connective // GESTION SUMO Associação de
Difusão Cultural // DIFFUSION Materiais Diversos // FINANCÉ PAR Governo de Portugal/
Secretário de Estado da Cultura – DG Artes
© LUCIAN RENITSA
/ Direction Yuval Pick (Lyon) // AVEC LE SOUTIEN DE alkantara (Lisboa), Centro Cultural de
Belém (Lisboa), Instituto Politécnico de Viana do Castelo – Escola Superior de Educação
et Museu do Traje de Viana do Castelo // Bomba Suicida reçoit le soutien du Governo
de Portugal, du Secretaria de Estado da Cultura e pela Direcção Geral das Artes.
PHOTO CI-DESSUS
The Recoil of words © ROMAIN ETIENNE/ITEM
2e PROG.
• 3 INTERLUDES ET LE GALOP DU NEZ
• LA PREMIÈRE DANSE D’URIZE SOLOS
SOLO
M A R L E N E M O N T E I R O F R E I TA S
CONCEPTION
Tânia Carvalho a, elle aussi, déjà été présentée en France,
→ THÉÂTRE DES ABBESSES
JEUDI 13 JUIN 19 H 30
GUINTCHE
Marlene Monteiro Freitas n’est pas inconnue en France.
Diplômée de P.A.R.T.S. à Bruxelles, elle travaille régulièrement
avec Emmanuelle Huynn, Loïc Touzé, Boris Charmatz,
François Chaignaud et Cecilia Bengolea. Dans Guintche,
elle se souvient d’un concert et fantasme un personnage.
De bout en bout de ce solo, de cette samba sans repos,
une pulsation tourmente la danseuse, la fait vibrer sur des
airs cap-verdiens endiablés.
Luís Guerra // MUSIQUE Dimitri Chostakovitch
Bomba Suicida – Andreia Carneiro AVEC LE SOUTIEN Teatro do Campo Alegre
(Porto)
PHOTO CI-DESSUS
3 interludes et le galop du nez © SARA MOUTINHO
SÍNCOPA
CRÉATION MAI 2013 I PREMIÈRE EN FRANCE
TÂNIA CARVALHO
CHORÉGRAPHIE, INTERPRETATION
COSTUMES
& MUSIQUE Tânia Carvalho // TEXTE Valter Hugo Mãe //
Aleksandar Protic // LUMIÈRES Zeca Iglésias
Bomba Suicida // COPRODUCTION O Espaço do Tempo (Montemor-o-Novo)
// AVEC LE SOUTIEN DE alkantara (Lisbonne)
PRODUCTION
CHANTIERS D’EUROPE 2013
Théâtre de la Ville PARIS
chantiers d’europe 2013
THÉÂTRE
& DANSE
Dirigée par Ana Figueira, la Companhia Instavel propose,
de son côté, depuis près de quinze ans, un cadre original
pour soutenir la création portugaise, selon un principe
de « permanence instable » : chaque année engage un
projet et des artistes différents. Créé en 2012, CATABRISA
réunit la chorégraphe Joana Providência (une des figures
de proue de la nouvelle danse portugaise), l’auteur
Eugénio Roda et l’illustrateur, « montreur d’ombres »,
Gémeo Luís. Il est question, dans ce spectacle jeune
public, d’un petit garçon comme tous les autres, animé
par la curiosité et le désir de grandes aventures, et qui
aimerait avoir des jambes assez longues pour grimper
sur les nuages et rentrer à temps pour dîner. Un univers
qui fait la part belle aux sensations, que suggèrent la
délicatesse du mouvement et la finesse des animations.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS
LUNDI 3 JUIN 14 H 30 I
MARDI 4 JUIN 10 H // 14 H 30 // 18 H 30 I
MERCREDI 5 JUIN 10 H & 15 H
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS
CATABRISA
JOANA PROVIDÊNCIA I GÉMEO LUÍS I
EUGÉNIO RODA
TEXTE
Eugénio Roda (À PARTIR DU LIVRE CATAVENTO, ÉDITIONS ETEROGÉMEAS, DE GÉMEO LUÍS
ET EUGÉNIO RODA)
DRAMATURGIE
// CONCEPTION & CHORÉGRAPHIE, MISE EN SCÈNE Joana Providência //
Eugénio Roda (EMÍLIO REMELHE) // CRÉATION, SCÉNOGRAPHIE & COSTUME
Gémeo Luís // INTERPRÉTATION Filipe Caldeira // MUSIQUE Manel Cruz
Companhia Instável // UNE COMMANDE DE Maria Matos Teatro
Municipal // COPRODUCTION Centro Cultural Vila Flor – Cine-teatro Joaquim D’Almeida –
Comédias do Minho – Companhia Instável – Fundação Lapa do Lobo – Fundação
Casa da Música and Maria Matos Teatro Municipal
PRODUCTION ÉXÉCUTIVE
© COMÉDIAS DO MINHO
Si la fiction est parfois rêveuse, elle sait aussi se faire
ironique et décapante. Le « fakisme » est un néologisme
forgé à partir de l’anglais « fake » (contrefaçon, simulation)
par le Teatro Praga. En d’autres termes : « Qui a besoin
de réalisme quand on peut avoir son contraire ? » Fondé
en 1995 à Lisbonne, ce collectif d’artistes revendique
l’absence de metteur en scène désigné et la pratique
d’un « théâtre in-représentable, en perpétuelle métamorphose
et dont les individus seraient sujets à d’imprévisibles variations
d’eux-mêmes ». Leurs spectacles sont des « happenings »
qui, s’ils conservent la forme physique du théâtre (fiction),
cherchent à échapper à la relation acteur/spectateur
et tentent de trouver un esprit communautaire au cœur
de ce chaos imaginaire. Pour Chantiers d’Europe, ils
s’installent durant trois jours au café des Œillets pour
un ensemble de performances, rencontres, lectures et
représentations de deux spectacles, Eurovision et Discotheater, construits sur un même principe, celui d’interroger
la manière dont le poids des références peut faire obstacle
à la construction d’un univers autonome. D’un côté,
l’Europe (Eurovision), de l’autre, l’art (Discotheater), deux
éléments fondamentaux dans le travail d’une compagnie
qui n’a cessé, au fil des années, d’insister sur le moyen
de penser et de pratiquer le théâtre, avec pour objectif
clair d’en bousculer les règles.
Dans Eurovision, monologue à deux voix sur l’identité
de l’Europe basé sur le concours de l’Eurovision,
les dimensions politiques et philosophiques et la trame
théâtrale interfèrent, au point de figurer l’idée même de
l’Europe comme un concept théâtral. Dans Discotheater,
ils poussent plus loin cette idée en créant des petites
scènes transdisciplinaires qui manipulent la perception
du spectateur et cherchent à bousculer l’essence
même de l’action théâtrale. Ce qui fait de la « scène »,
dans son essence même, un chantier d’Europes.
« Mónica Calle a créé quelques-uns des spectacles portugais
les plus intéressants de ces dix dernières années », écrit, dans
le journal L’Expresso, Joao Carneiro. Personnalité à part
dans le paysage artistique portugais, franc-tireuse et libre,
Mónica Calle a fondé son propre théâtre dans un ancien
bar de Cais de Sudre, quartier chaud de Lisbonne aux
activités nocturnes explicites. Pour inaugurer cet espace,
elle a imaginé un « striptease théâtral en sessions
continues ». La Vierge folle de Rimbaud est le spectacle
manifeste d’un théâtre qui met l’âme à nu presqu’autant
que le corps. Dans un espace au plus proche des
spectateurs, l’actrice y incarne les mots de Rimbaud,
en plusieurs cycles successifs, dans une sorte de transe
que chacun accompagne, le temps qui lui convient.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS
PLUSIEURS LANGUES, SURTITRAGE EN ANGLAIS
TEATRO PRAGA
VENDREDI 7 JUIN 19 H & DIMANCHE 9 JUIN 17 H
EUROVISION
CONCEPTION
AVEC
Pedro Penim, André e. Teodósio & Martim Pedroso //
Pedro Penim & André e. Teodósio
Filipa Rolaça // COLLABORATION Rogério Nuno Costa // COPRODUCTION ZDB/
Transforma AC // AVEC LE SOUTIEN DE l’Instituto Camões
PRODUCTION
SAMEDI 8 JUIN 19 H 30
DISCOTHEATER
CRÉATION
→ MAISON DE LA POÉSIE
MERCREDI 12 JUIN 20 H 30
SPECTACLE-PERFORMANCE EN PORTUGAIS ET FRANÇAIS
A VIRGEM DOIDA
MÓNICA CALLE
Performance de 45 mn présentée en continu.
MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE, LUMIÈRES
PHOTOGRAPHIE
& INTERPRÉTATION André e. Teodósio, Cláudia Jardim, Diogo Bento, Patrícia
da Silva, Pedro Penim & Vasco Araújo // LUMIÈRES Daniel d’Assumpção Worm
(sous réserve)
La Vierge folle extrait d’Une saison en enfer de Rimbaud
PRODUCTION
& INTERPÉTATION Mónica Calle //
Bruno Simão // ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Mónica Garnel
Casa Conveniente
Filipa Rolaça // ENREGISTREMENT VIDEO André Godinho // COLLABORATION Isabelle
Schad // AVEC LE SOUTIEN DE O Espaço do Tempo // COPRODUCTION Festival Alkantara
PRODUCTION
PHOTO CI-DESSUS
© ALIPIO PADILHA
& AUSSI CARTE BLANCHE À TEATRO PRAGA
voir Arts Plastiques & lectures
textes de présentations des spectacles :
Jean-Marc Adolphe, Tiago Bartolomeu Costa
traduction de M.-A. R.
LISBONNE I PARIS
Théâtre de la Ville PARIS
juin 2013
CONCERTS
LECTURES
→ THÉÂTRE DE LA VILLE
Pour la quatrième année consécutive, France Culture
s’associe à Chantiers d’Europe pour faire découvrir des
textes inédits en France, enregistrés en studio ou en
public et diffusés sur les ondes. (programme en cours)
MERCREDI 5 JUIN 20 H 30
FADO
CARMINHO
→ THÉÂTRE DES ABBESSES
ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION
JEUDI 6 JUIN 20H30
© ISABEL PINTO
Considérée comme une des voix les plus innovantes
de sa génération, la chanteuse de fado Carminho, de son
vrai nom Maria do Carmo Carvalho Rebelo de Andrade,
a déjà été entendue – et remarquée – lors de la grande soirée
Fados qui avait réuni les plus grandes voix portugaises sur
le plateau du Théâtre de la Ville au cours des Chantiers d’Europe 2011. De ses débuts,
adolescente à la taverna do Embuçado de Lisbonne, à la consécration – disque de platine
– de son premier album, le parcours de cette jeune artiste aura été aussi fulgurant
que mérité. Elle revient sur le plateau du Théâtre de la Ville pour un concert exceptionnel.
SOIRÉE ANTONIO LOBO ANTUNES
LECTURE MISE EN ESPACE PAR
Georges Lavaudant
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS
ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION
SAMEDI 8 JUIN 17 H
→ LE MONFORT
3e ÂGE
LUNDI 10 JUIN 20H30
JOSÉ VIEIRA MENDES
AVEC LES ACTEURS DU
LUL A PENA
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS
ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION
© CLAUDIA VARÊJAO
Comptant Caetano Veloso parmi ses premiers fans, Lula Pena
possède une des voix les plus singulières de la scène
contemporaine portugaise « quelque part entre Tom Waits et
Leonard Cohen, en version féminine ». Accompagnée de sa
seule guitare, elle chante un fado aussi exquis que personnel,
qui étire les barrières de cet art particulier jusqu’aux frontières
de la folk universelle. À découvrir d’urgence.
Teatro Praga & DES ACTEURS FRANÇAIS
MERCREDI 12 JUIN 19 H 30
EMPIRE
ANDRÉ MURRAÇAS
→ MAIRIE DU 4e ARRONDISSEMENT DE PARIS
→ EN DIRECT & EN PUBLIC À LA MAISON DE LA RADIO
ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION
ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION
JOUR & HORAIRE À PRÉCISER
DIMANCHE 16 JUIN 20 H 30
MISIA
LA SAINTE FAMILLE
JACINTO LUCAS PIRES
Dans le cadre de sa saison culturelle, et en lien avec Chantiers d’Europe Lisbonne-Paris,
la mairie du 4e arrondissement de Paris accueillera Misia pour un concert exceptionnel.
→ PARC MONTSOURIS I ENTRÉE LIBRE
SAMEDI 29 JUIN
GRANDE JOURNÉE LUSOPHONE
La mairie du 14e arrondissement, en partenariat avec le Théâtre de la Ville, organisera
une grande journée portugaise le 29 juin : concerts, films en plein air et bien d’autres
surprises. (programme en cours).
ARTS VISUELS
→ LE PALAIS DE TOKYO
DATES À PRÉCISER
PERFORMANCES & INSTALLATIONS (en cours)
Programme d’artistes portugais en partenariat avec la Fondation Gulbenkian.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE
CINÉMA
→ LE CENTQUATRE
VENDREDI 7 JUIN 21 H I SAMEDI 8 & DIMANCHE 9 JUIN 15 H
OLD SCHOOL
TEATRO PRAGA
DIMANCHE 9 JUIN DE 12 H 30 À 22 H
Performances d’artistes appartenant à la « Constellation » du collectif Teatro Praga
(Vasco Araújo…) dans différents espaces du Théâtre de la Ville. (Programme en cours)
« FOCUS PORTUGAL : LE CINÉMA DE L’INTRANQUILLITÉ »
→ THÉÂTRE DE LA VILLE AVEC LA COMPLICITÉ DU CENTQUATRE
12 H 30 → BRUNCH
accompagné d’un programme d’installations et de courts métrages dans le Café Caché
et dans le restaurant Les Grandes Tables.
14 H - 22 H → PROJECTIONS & DÉBAT
João Botelho, Filme do desassossego, 2010 et Arena (court métrage) ;
Marco Martins, Alice, 2005 et Rafa ; Miguel Gomez, Ce fameux mois d’août, 2008.
DU 1er AU 15 JUIN
FUSO
Une sélection des meilleurs films du Festival international de film d’Art de Lisbonne (FUSO)
sur le thème du travail, faite par Antonio Camera/ Association Duplacena, réunit nouvelles
générations et artistes confirmés. (durée totale 1 heure)
Helena Almeida, A experiência do lugar II, 2004 ; João Tabarra, Atelier et Tornado, 2007 ;
João Onofre, Untitled (Vulture in the studio), 2002 ; Rui Calçada Bastos, All that glitters,
2010 ; Bruno Ramos, Factory, 2012 ; Nuno Lacerda, Percursos, 2011 ; Fábio Caldeira,
Diogo Monteiro, Dinis Carvalho, Anime ITV, 2011 ; José Maçãs de Carvalho, Video killed
the painting stars (Newton), 2007.
3 INSTALLATIONS DE JOÃO ONOFRE
Les œuvres de l’artiste lisboète, João Onofre, ont été présentées au Moma, à la 49e Biennale
de Venise, au Palais de Tokyo… Sont réunies ici trois œuvres vidéos : Untitled (N’en finit plus)
d’une durée de 3 minutes trois secondes présenté en boucle, et dans un autre espace,
deux films, Ghost et Untitled-Sun 2500.
CHANTIERS D’EUROPE 2013
Théâtre de la Ville PARIS
chantiers d’europe 2013
CHANTIERS D’EUROPE LISBONNE I PARIS
S’ASSOCIE
MAIRIE DE PARIS I
MAIRIE DE LISBONNE
AU CENTRE CULTUREL CAMÕES/AMBASSADE DU PORTUGAL
& À LA MAISON DU PORTUGAL-ANDRÉ DE GOUVEIA
& PROPOSE DURANT TOUT LE MOIS DE JUIN UN ENSEMBLE
DE MANIFESTATIONS AUTOUR DE LA CULTURE PORTUGAISE.
LISBONNE I PARIS :
15 ANS D’AMITIÉ
Les deux capitales célèbrent cette année
leurs 15 ans d’amitié au travers de nombreux
événements culturels.
PREMIERS RENDE Z-VOUS
→ MAISON DU PORTUGAL-ANDRÉ DE GOUVEIA/CIUP I ENTRÉE LIBRE
DU 18 MAI AU 8 JUIN
EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE RAÚL DA COSTA CAMELO
samedi 18 mai de 18 H à 24 H → VERNISSAGE, dans le cadre de la Nuit européenne des musées
Lectures-performance à partir de textes de l’auteur.
19H → concert de piano de PEDRO GOMES lauréat du Concours Santa Cecília.
8 juin → FIN DE L’EXPOSITION
19H → concert de piano de TERESA PALMA PEREIRA.
JEUDI 13 JUIN DE 17 H À 22 H
LECTURES-PERFORMANCES DE TEXTES DE FERNANDO PESSOA
Dans le cadre des 125 ans de la naissance du poète, à Lisbonne le 13 juin 1888.
→ CINÉMA MK2 BEAUBOURG
REGARDS SUR LE CINÉMA LUSOPHONE FILMS & DÉBATS AVEC LE PUBLIC
samedi 1er juin 11 H → Tabu de Miguel Gomes
EN PRÉSENCE D’un
acteur (SOUS RÉSERVE) // INTERVENANT Graça Dos Santos
samedi 8 juin 11 H → Gebo et l’Ombre de Manoel de Oliveira
DÉBAT AVEC
António Preto (SPÉCIALISTE DE L’ŒUVRE DE MANOEL DE OLIVEIRA) // INTERVENANT José Manuel Esteves
samedi 15 juin 11 H → La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues
EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS
EN PARTENARIAT AVEC
Les 9 et 10 mai, Lisbonne sera l’invitée d’honneur du village
européen installé sur le parvis de l’Hôtel de Ville, lors de
l’événement « Faites l’Europe ».
Au programme de ces journées : un concert, un stand
culinaire de spécialités lisboètes et des animations autour
de la capitale portugaise…
La célébration des 15 ans d’amitié entre les deux villes
sera aussi l’occasion d’organiser un concours d’affiches
entre deux écoles d’art, l’une à Paris, l’École EPSAA
(École professionnelle d’Arts graphiques et d’Architecture)
et l’autre à Lisbonne, à l’image du concours organisé
dans le cadre du Tandem Paris-Berlin en 2012.
Dans chacune des deux capitales, un jury sélectionnera
les meilleures affiches et les résultats de cette compétition
seront exposés au Théâtre de la Ville.
Alors que Paris termine le réaménagement des Berges de
Seine, la capitale française accueillera l’exposition Lisbonne
au bord du Tage, réalisée par les Archives photographiques
de Lisbonne. Images du passé et images du présent
se juxtaposent faisant de cette exposition un témoignage
unique et historique sur la relation que la capitale portugaise
a entretenue avec son fleuve au fil du temps.
AVEC LE SOUTIEN DE
João Pedro Rodrigues & João Rui Guerra (SOUS RÉSERVE) // INTERVENANT Fernando Curopos
Organisé par le Centre culturel Camões/Ambassade du Portugal, Chaire Lindley Cintra-université Paris
Ouest Nanterre et rectorat portugais, université Paris 8 en partenariat avec la 7e édition Parfums de Lisbonne :
Festival d’urbanités croisées entre Lisbonne et Paris et le cinéma MK2 Beaubourg.
INFORMATIONS PRATIQUES
(programmation en cours)
CENTQUATRE //
CALENDRIER // JUIN // OUVERTURE DE LA LOCATION LUNDI 25 MARS 2013
THÉÂTRE DE LA VILLE
GRANDE SALLE
SA
1
DI
2
LU
3
THÉÂTRE DES ABBESSES
CAFÉ DES ŒILLETS
www.lemonfort.fr
ME 5 Carminho 20 H 30 CONCERT
Catabrisa 10 H & 15 H
What I heard… 19 H
7
SA
8
DI
9
MAISON DE LA POÉSIE //
157 RUE SAINT-MARTIN, PARIS 3
Soirée Lobo Antunes 20 H 30 LECT.
Eurovision 19 H *
e
}
3 Âge 17 H LECTURE
Discotheater 19 H 30
Eurovision 17 H
www.maisondelapoesieparis.com
Gebo et l’Ombre 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg
Teatro
Praga
Focus Portugal FILMS 12 H 30-22 H
www.franceculture.fr //
L E C E N T Q UAT R E
www.radiofrance.fr
Lula Pena 20 H 30 L e M o n fo r t
MA 11
Trois doigts sous le genou 20 H 30
Empire 19 H 30 LECTURE
Bomba Suicida 1er prog. 19 H 30
JE 13
VE 14
A Gesture… 19 H 30
SA 15
A Gesture… 18 H 30
MK2 BEAUBOURG //
A virgem Doida 20 H 30 M a i s o n d e l a p o é s i e
50 RUE RAMBUTEAU, PARIS 4
Fernando Pessoa LECT. 17 H M a i s o n d u Po r t u g a l
www.mk2.com/salle/beaubourg
Bomba Suicida 2e prog. 20 H 30
La dernière fois… 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg
DI 16
Sacrada… 20 H 30
SA 29
Journée Lusophone Pa rc M o n t s o u r i s
*&
FRANCE CULTURE // RADIO FRANCE
116 AVENUE DU PRÉS. KENNEDY, PARIS 16
LU 10
ME 12
LE MONFORT //
106 RUE BRANCION, PARIS 15
What I heard… 20 H 30
VE
Tabu 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg
Catabrisa 14 H 30
Cata… 10 H & 14 H 30 & 18 H 30
6
www.104.fr
LA COUPOLE
MA 4
JE
104 RUE D’AUBERVILLIERS, PARIS 19
LIEUX EXTÉRIEURS
LECT.
Maison de la radio
AUSSI OLD SCHOOL, PERFORMANCES, DANS PLUSIEURS ESPACES DU THÉÂTRE DE LA VILLE.
MAIRIE DU 4e //
2 PLACE BAUDOYER, PARIS 4
www.mairie4.paris.fr
MAISON DU PORTUGAL ANDRÉ DE GOUVEIA // CIUP
7 P BOULEVARD JOURDAN, PARIS 14
www.ciup.fr/les_maisons/residence_andre_de_gouveia
TARIFS
COMMENT RÉSERVER
TARIFS
PLEIN TARIF
-30 ANS
-12 ANS
TARIF 1 SEULE CATÉGORIE
15 € // 20 €*
10 € // 15 €*
5 € **
GROUPE JEUNE // SCOLAIRE
9€
JEUNE -30 ANS (justificatif obligatoire) // GROUPE (10 places minimum)
* Carminho CONCERT // ** Catabrisa
PAR INTERNET
www.theatredelaville-paris.com
PAR TÉLÉPHONE
01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11 H à 19 H
AUX CAISSES
THÉÂTRE DE LA VILLE // 2 PLACE DU CHÂTELET, PARIS 4 //
du mardi au samedi de 11 H à 20 H (lundi de 11H à 19 H)
THÉÂTRE DES ABBESSES // 31 RUE DES ABBESSES, PARIS 18 //
du mardi au samedi de 17 H à 20 H
www.theatredelaville-paris.com
PALAIS DE TOKYO //
13 AV. DU PRÉS. WILSON, PARIS 16
www.palaisdetokyo.com
PARC MONTSOURIS //
BOULEVARD JOURDAN, PARIS
14
equipement.paris.fr/parc-montsouris
& LA PARTICIPATION DE
GREGORY MAQOMA • 25
© JOHN HOGG
avril-juillet 2013
LES CHEMINS
DE LA MÉMOIRE
Dans un voyage initiatique, le chorégraphe sud-africain, Gregory Maqoma, explore
la mémoire de son lointain ancêtre, chef rebelle de l’ethnie Xhosa.
Si chacun est dépositaire d’une lignée de souvenirs et d’histoires, certains corps, plus que d’autres, en gardent trace. Avec Exit/Exist, qu’il a
conçu sous la direction de James Ngcobo, le chorégraphe sud-africain
Gregory Maqoma le prouve d’abondance. Un travail à couper le souffle,
associé à une remarquable composition musicale de Simphiwe Dana,
tiré de l’histoire de Jongum-Sobomvu Maqoma, l’un des plus renommés
chefs Xhosa, né en 1798, arrêté alors qu’il sommait les colons anglais de
libérer les terres Xhosa et mort en prison en 1873. Maqoma est considéré comme un « facteur de transformation historique ». Mais plutôt
qu’une leçon d’histoire, au strict sens du terme, le spectacle de Gregory
Maqoma est un voyage sensible, en exploration de la mémoire.
Dos au public, vêtu d’un costume soyeux, dansant sur la base lancinante
et grave du guitariste Giuliano Modarelli, Gregory Maqoma semble laisser surgir de lui-même la mélodie, qui devient progressivement un
rythme corporel. Chaque pensée devient alors un mouvement incarné,
clair et précis, ciselé dans l’espace. Les épaules, les hanches, les mains ou
les jambes deviennent les instruments d’un corps-orchestre qui invente
sa propre partition.
Lorsqu’arrivent sur scène les chanteurs, Bubele Mgele, Linda Motha,
Happy Motha et Bonginkosi Zulu, Gregory Maqoma épouse progressivement des lignes rythmiques plus traditionnelles. Maqoma, le danseur
contemporain, devient alors Maqoma, l’ancestral chef Xhosa. Extraordinaire glissement d’identité qui remonte le fleuve de l’Histoire. Dans la
métamorphose, il sait se faire animal, jeune taureau dont les attributs
évoquent la virilité du chef guerrier, autant que l’importance du bétail
dans la vie pastorale des Xhosa. En occupant leurs terres, comme en
sacrifiant inutilement le bétail, la puissance coloniale d’alors détruisait
les bases mêmes de la nation Xhosa. La transe traduit d’une façon extrêmement évocatrice cette « perte » de pouvoir autant que d’identité.
L’image finale du chef vaincu et brisé, fer aux pieds, exilé de sa terre
natale, est particulièrement éloquente. Et lorsque se termine la pièce
sur cette lancinante question, « où est le troupeau ? », on ne sait pas s’il
s’agit d’animaux ou d’êtres humains.
Cet hommage vibrant aux ancêtres, par une reconnaissance de leur
lutte qui n’aura pas été vaine, devient alors, ô combien, une leçon d’histoire au sens noble du terme.
Robyn Winlock
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 23 AVRIL AU 4 MAI 20 H 30
GREGORY MAQOMA
VUYANI DANCE THEATRE
Exit/Exist CRÉATION 2012
CHORÉGRAPHIE
& PERFORMANCE Gregory Maqoma
& ARRANGEMENT Simphiwe Dana
COMPOSITION MUSICALE
DIRECTION
James Ngcobo
Mileta Postic
ANIMATION VIDÉO
ACCOMPAGNEMENT GUITARE
& COMPOSITION
Giuliano Modarelli
INTERPRÉTATION MUSICALE Complete Quartet :
Happy Motha, Bubele Mgele, Bonginkosi Zulu,
Linda Motha
DIRECTRICE DES RÉPÉTITIONS Shanell Winlock
VOIX DU TEXTE ENREGISTRÉ Sbulele Gcilitshana
CRÉATION SON Andile Mpahlwa
COSTUME David Tlale
CRÉATION LUMIÈRES Ralf Nonn
CRÉATION DÉCOR Oliver Hauser
Théâtre de la Ville-Paris – Koninklijke Vlaamse
Schouwburg (Belgique) – Dance Umbrella (Afrique du Sud) –
Vuyani Dance Theatre
COPRODUCTION
26 • SETH/MONTLLÓ I PHIA MÉNARD
CHERCHE PLACE
DANS LE MONDE
Après un premier spectacle en 2011, Brigitte Seth et Roser
Montlló Guberna retrouvent l’écriture de Robert Walser,
d’une apparente légèreté déconcertante.
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
→ LE MONFORT I A
DU 9 AU 20 AVRIL 20 H 30
DANSE I THÉÂTRE
ROSER MONTLLÓ GUBERNA I
BRIGITTE SETH
Change or die CRÉATION 2013
MISE EN SCÈNE
& CHORÉGRAPHIE
Roser Montlló Guberna & Brigitte Seth
& LES ENFANTS TANNER
TEXTES RÊVERIES ET AUTRES PETITES PROSES
Robert Walser (EXTRAITS)
MUSIQUE Antisten & Jean-Pierre Drouet
LUMIÈRES Dominique Mabileau
VIDÉO Antisten
SCÉNOGRAPHIE Emmanuelle Bischoff
COSTUMES Sylvette Dequest
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Jessica Fouché
DE
Le titre de la nouvelle pièce de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna sonne comme un cri de
guerre. Inspirées par l’œuvre de l’écrivain Robert Walser, ces deux femmes de tempérament –
l’une plus théâtrale, l’autre très chorégraphique – construisent la figure de Wenzel, chercheur
d’emploi dans une société où il se sent résolument inadéquat.
Après Avant-propos, un récit dansé, créé en juillet 2011, Change or die est le deuxième
volet du diptyque que vous consacrez à l’univers de Robert Walser. En quoi cet auteur
vous attire-t-il ?
BRIGITTE SETH & ROSER MONTLLÓ GUBERNA : Tiraillé entre petits boulots alimentaires et création
poétique, Robert Walser pose les questions fondamentales, existentielles, avec une apparente
légèreté déconcertante. L’universalité des propos, des situations nourrit un vivier bouillonnant
d’expressions pour la scène, pour la danse et le théâtre. Dans le premier spectacle, la dramaturgie, la danse, la musique s’appuyaient sur la figure de Helbling, personnage dont la maladresse
comique et l’angoisse exténuante l’apparentent à une sorte de « clown noir ». Pour Change or die,
nous mettons en scène des textes rédigés entre 1906 (Les Enfants Tanner) et 1920 (Rêveries et
autres petites proses). Le personnage de Wenzel, en particulier, nous trouble et questionne notre
époque. Wenzel qui adresse son étonnante demande d’emploi aux directeurs d’entreprises, Wenzel
qui cherche une place dans un monde auquel il ne semble pourtant pas tellement vouloir/pouvoir participer.
Magali Caillet, Antoine Ferron,
Roser Montlló Guberna, Brigitte Seth,
Gérald Weingand
MUSICIEN Jean-Pierre Drouet
DANSEURS/ACTEURS
COPRODUCTION Centre de Développement Chorégraphique, Biennale
nationale de danse du Val-de-Marne – Théâtre Jean Vilar de Vitry –
Centre chorégraphique national d’Orléans (accueil studio) –
Ballet de l’Opéra national du Rhin, Centre chorégraphique national
de Mulhouse (accueil studio) – Centre chorégraphique national du
Havre (accueil studio) – Théâtre Ici & Là de Mancieulles ( résidence
de création ) – Théâtre Château Rouge d’Annemasse (résidence
de création)
Ce projet a bénéficié du soutien de l’ADAMI, l’association
Beaumarchais-SACD, la mairie de Paris.
La compagnie est subventionnée par la direction régionale
des Affaires culturelles d’Île-de-France / ministère de la Culture
et de la Communication au titre de l’Aide aux compagnies
chorégraphiques.
BRIGITTE SETH & ROSER MONTLLÓ GUBERNA : Nous ferons « voir » et entendre ces mots dans des
langues distinctes, celles des voyageurs forcés de chercher, ailleurs, « une place ». Comment
celui ou celle qui ne parle pas anglais, allemand ou français, par exemple, doit le plus vite possible s’exprimer dans cette langue ? Les voix des interprètes mettront en relief la musicalité des
accents, un sous-titrage sera mis en scène, intégré à la scénographie. La danse traduira cette
situation : sauver sa peau. Elle donnera le corps à ces mots-là.
UN TOURBILLON
DE CHIMÈRES
© JEAN-LUC BEAUJAULT
© E .BISCHOFF
Comment transposer sur scène un texte littéraire comme celui de Robert Walser ?
Avec Vortex, Phia Ménard s’attelle
à manipuler l’impalpable : le vent.
Le vortex, c’est l’œil du cyclone, cette zone d’accalmie illusoire
où le moindre faux pas peut coûter la vie. Seule en scène, Phia
Ménard évolue dans cet entre-deux précaire : encerclée par des
turbines recréant une tornade artificielle, l’artiste affronte un
tourbillon peuplé de chimères – sacs plastique en suspension,
ou encore ses propres mues qui lui échappent… « Le jonglage
est une utopie destinée à s’autodétruire aussi vite qu’elle naît. Il
faut échapper à la complaisance de la virtuosité, derrière laquelle
il est si simple de se croire à l’abri. » Durant son parcours de jongleuse, Phia Ménard s’est souvent emparée des objets les plus
retors (pneus, cactus…). Entamé en 2008, le projet ICE (Injonglabilité Complémentaire des Éléments) l’a menée à jongler avec
des boules de glace (PPP, 2008). Pour Vortex, elle s’attelle à
manipuler l’impalpable : le vent. Un âpre face-à-face qui gomme
peu à peu les frontières entre sujet et objet, le combat contre les
éléments se muant en parabole sociale : faut-il préférer la suspension à la chute, quitte à évoluer dans un environnement
saturé des bribes de son passé ? Combien de couches doit-on
accepter de laisser s’envoler, avant de dévoiler la part la plus
intime de son identité ? Saisi dans ses sensations physiques,
projeté dans cet espace de tourmente d’une fulgurante beauté,
le public assiste, médusé, à l’émergence d’une nouvelle entité,
dans un environnement qui contraint autant qu’il libère.
J. B.
→ LE MONFORT I A
DU 21 MAI AU 8 JUIN 20 H 30
→ LE CENTQUATRE I A
DU 11 AU 15 JUIN 20 H 30
PHIA MÉNARD I
CIE NON NOVA
Vortex
DRAMATURGIE
Jean-Luc Beaujault
DIRECTION ARTISTIQUE, CHORÉGRAPHIE
& SCÉNOGRAPHIE Phia Ménard
COMPOSITION & DIFFUSION DES BANDES
Ivan Roussel
Claude Debussy
CRÉATION LUMIÈRES Alice Ruest
SONORES
D’APRÈS L’ŒUVRE DE
CONCEPTION DE LA SCÉNOGRAPHIE
Phia Ménard
CONSTRUCTION DE LA SCÉNOGRAPHIE
Philippe Ragot
ASSISTÉ DE Rodolphe Thibaud
& Samuel Danilo
COSTUMES
& ACCESSOIRES
Fabrice Ilia Leroy
INTERPRÉTATION
Phia Ménard
COPRODUCTION
voir page 16.
EMANUEL GAT I MATHILDE MONNIER • 27
avril-juillet 2013
VIVACITÉ
DES ÉCOUTES
© MARC COUDRAIS
Pièce pour neuf danseurs, Brilliant Corners manifeste
une vibration follement mobile de la relation dans l’instant.
© EMANUEL GAT DANCE
RUMEURS
DU MONDE
La danse ? Une « protestation muette » où les corps
s’affrontent à l’épuisement.
Emanuel Gat compte dans les circuits internationaux de la danse, où les ballets de répertoire,
notamment, l’appellent régulièrement. Son écriture a connu une évolution profonde et exigeante, jusqu’à la scintillante conjonction d’une maîtrise absolue de la composition, et pour
autant une vibration follement mobile de la relation dans l’instant, qu’il se refuse à déterminer
de manière préalable.
Cela irradie une pièce telle que Brilliant Corners. Emanuel Gat, passionné par les principes de la
composition musicale, est lui-même auteur de la musique (le titre de Brilliant Corners étant, lui,
un emprunt, en forme d’hommage, à un album du jazzman Thelonious Monk). Dans les sons,
comme dans le mouvement des corps en relation, Emanuel Gat agence ses pièces à la façon de
mécanismes à éléments infiniment multiples, toujours interdépendants, proliférant dans la vivacité des écoutes réciproques, selon les principes du contrepoint.
Emanuel Gat installait sa propre compagnie dans le Midi de la France voici six ans. Il créait alors
plusieurs pièces à partir de « grandes musiques » (Sacre du Printemps, Requiem de Mozart), de
sorte qu’on l’a un peu vite rangé dans le style des grandes formes, soulignant la figure. Or Emanuel Gat, d’origine israélienne, venu tard à la danse (à 23 ans), n’a jamais eu de pratique de danse
classique ou néoclassique. Il a tôt pris sa totale autonomie, après une courte collaboration au sein
de la compagnie iconoclaste de Liat Dror et Nir Ben Gal. Aujourd’hui, ce chorégraphe inspire
une méditation enlevée par la vibration générale des liens animant le monde.
Dans Twin paradox, la scène est un îlot de réception aux rumeurs du monde. « Un espace neutre,
sans patrie, hors de la géographie, mais plus encore hors du temps. » Bien qu’il ait, dans sa simplicité géométrique, la configuration de ce territoire d’Utopie, espace élu par la Renaissance, il en
est l’exact contraire. Comme dans plusieurs de ses chorégraphies depuis 2000, Mathilde Monnier
opère ici un déplacement fondamental : la scène, c’est précisément là qu’est l’atelier du chorégraphe. Là que s’expose, ne serait-ce que sous la forme du fragment, un état de sa présence au
monde. La danse, conçue sous la forme du duo, en produit une vision équilibrée à dix interprètes.
Son déroulement invite à la considérer comme « un outil de résistance, une protestation muette » :
les corps s’y affrontent à l’épuisement, de la même façon que l’ont vécu les partenaires de hasard
lors des danses marathons des années 1920 aux États-Unis. Une cohabitation duelle – véritable
« twin paradox » – où la volonté d’aller au-delà de ses limites rencontre immanquablement
l’acte héroïque, son dépassement et un sentiment qui finit par avoisiner la fraternité, sinon l’humanité. Autres temps, mœurs qui convergent dans un semblable point de tension, que la crise
aiguise en creux. En contrepoint de sa déferlante fixe, qui instrumentalise les corps, les compositions musicales de Luc Ferrari, dont le vital Presque rien n°1, édité en Yougoslavie, instruisent
une dramaturgie du verbe et du temps qui passe, comme d’étonnantes peintures sonores. Tout se
dit alors dans la perturbation des sens, convenus pour fissurer leur stérile clôture, et rouvrir le
champ de la danse.
Gérard Mayen
Lise Ott
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I A
DU 2 AU 6 AVRIL 20 H 30
EMANUEL GAT
EMANUEL GAT DANCE
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I A
DU 9 AU 13 AVRIL 20 H 30
Brilliant Corners
MATHILDE MONNIER
PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE
Twin paradox CRÉATION 2012
& LUMIÈRES Emanuel Gat
Franz Schubert, NACHT UND TRÄUME, D. 827
VOIX Gérard Souzay
CHORÉGRAPHIE, MUSIQUE
MUSIQUE ADDITIONNELLE
Hervé Chaussard, Amala Dianor, Andrea Hackl,
Michael Löhr, Pansun Kim, Philippe Mesia, Geneviève
Osborne, François Przybylski, Rindra Rasoaveloson
AVEC
Brilliant Corners est une commande de Dance Umbrella (Londres),
La Biennale di Venezia (Venise) and Dansens Hus (Stockholm)
au sein du réseau ENPARTS - European Network of Performing Arts,
avec le soutien de la Commission européenne.
COPRODUCTION Festival Montpellier Danse 2011, Sadler’s Wells, deSingel.
AVEC LE SOUTIEN DE la Fondation BNP Paribas, de la Régie Scènes et
Cinés-Théâtre de l’Olivier, du Conseil général des Bouches-du-Rhône
- Domaine de l’Étang des Aulnes.
Emanuel Gat Dance reçoit le soutien du SAN Ouest Provence, de la
DRAC PACA, du Conseil général des Bouches-du-Rhône – Domaine
départemental de l’Étang des Aulnes, de la Régie culturelle Scènes
et Cinés et de la Fondation BNP Paribas.
CCN DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON
Mathilde Monnier
Luc Ferrari
SCÉNOGRAPHE, ASSISTANTE ARTISTIQUE Annie Tolleter
LUMIÈRES Éric Wurtz
RÉALISATION SONORE Olivier Renouf
COSTUMES Laurence Alquier
CHORÉGRAPHE
MUSIQUE
Cédric Andrieux, Marion Ballester, Sylvain Cassou, Julia Cima,
Sonia Darbois, Jung-Ae Kim, Thibault Lac, I-Fang Lin, Felix Mathias Ott,
Jonathan Pranlas
AVEC
COPRODUCTION Festival Montpellier danse 2012 – Théâtre de la Ville-Paris – Triennale de la ruhr
2012-2014 – Charleroi Danses, centre chorégraphique de la fédération wallonie bruxelles –
Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon
28 • MICHAEL KEEGAN-DOLAN I LIAM Ó MAONLAÍ
Théâtre de la Ville PARIS
© ROS KAVANAGH
avril-juillet 2013
EMPREINTE IRLANDAISE
Le rapport fusionnel des danseurs et des musiciens de Rian fond, dans un même mouvement
jubilatoire, la musique traditionnelle irlandaise et la danse contemporaine.
Né en 1969 à Dublin, Michael Keegan-Dolan a
fondé la compagnie Fabulous Beast, en 1997. Il
a créé une dizaine de pièces dont Giselle (2003),
The Bull (2005), James Son of James (2007) et
Le Sacre du printemps (2009).
Liam Ó Maonlaí, né en 1964 à Monkstone, est
musicien, chanteur et compositeur. Son travail
est reconnu en particulier grâce au groupe de
folk-rock Hothouse Flowers qu’il a formé en
1985 avec Fiachna Ó Braonáin. Récemment, il
ajoute une corde à son arc et œuvre, à sa
manière, à la reconnaissance et la renaissance
des musiques patrimoniales irlandaises : il
publie l’album Rian en 2005.
Le rapport extrêmement fusionnel des danseurs
et des musiciens de Rian fond, dans un même
mouvement jubilatoire, la musique traditionnelle irlandaise et la danse contemporaine.
« Rian » signifie « empreinte », en irlandais.
Michael Keegan-Dolan, réputé outre-Manche
pour son art d’unir danse et théâtre dans des
ballets contemporains ou à l’opéra, renoue ici
avec le cours de ses origines en puisant à la
source des traditions irlandaises, en compagnie du compositeur Liam Ó Maonlaí et de ses
musiciens. Michael Keegan-Dolan invente avec
ses danseurs une danse totalement originale,
inspirée et irriguée par ces musiques. Portés
par les sonorités des tambours, flûtes, violons,
mandolines, harpes, clavecins, l’incontourna-
ble cornemuse et le caractéristique frappé de
pieds, les artistes de Rian libèrent une énergie
et un plaisir irrésistibles, dans un formidable
concert de musique et de danse, décomplexé et
dynamique.
Comment est né ce désir de collaborer avec
Liam Ó Maonlaí ?
Quand j’ai écouté sa
musique et sa voix pour la première fois, j’ai
été très impressionné par cette contradiction :
j’ai eu l’impression d’entendre au même moment
quelque chose de très ancien et quelque chose
de tout à fait contemporain. C’est comme s’il
avait un pied dans une ère vieille de 3 000 ans
et l’autre dans le centre de Manhattan, Dublin
ou Londres aujourd’hui au XXe siècle. Il a chanté
et joué au Mali, il a joué avec des musiciens
traditionnels en Inde ou encore avec des Aborigènes en Australie, et ces expériences ne l’ont
jamais éloigné de sa culture et de ses racines
irlandaises. Au contraire, toutes ces influences
s’enrichissent mutuellement et lui permettent
de créer une musique libre, vivante.
MICHAEL KEEGAN-DOLAN :
Comment s’est déroulée la création du spectacle ?
M. K.-D.: Liam a été très généreux et il s’est beau-
coup impliqué dans la création. Il a tenu à travailler tous les jours avec nous dans le studio
de répétition. Dix heures par jour, six jours sur
sept. Il jouait pour les danseurs du piano, de la
harpe… Quand il donnait un concert le samedi
soir, nous allions tous l’écouter ! Une complicité et une émulation artistique extraordinaires
se sont tissées entre lui et les danseurs.
Le titre du spectacle, Rian, qui est également
le titre d’un album de Liam, signifie en irlandais « empreinte » ou « trace ». Pourquoi avoir
choisi ce titre ?
M. K.-D. : Je suis très intéressé par la notion
d’« empreinte » culturelle et la manière dont
cela affecte notre perception de la réalité. On
devrait plus réfléchir et analyser sa propre
empreinte culturelle, découvrir qui l’on est
réellement et tout ce dont on a hérité. Seulement alors il deviendrait possible de passer à
l’étape supérieure et d’accéder à une certaine
forme de libération : on réaliserait qu’en fin de
compte, malgré toutes nos différences, de beaucoup de façons nous sommes tous les mêmes,
égaux. Africains, Nord-Américains, Australiens,
unis par des cultures individuelles et universelles à la fois.
Extraits d’une interview réalisée par Debra Craine
pour le Sadler’s Wells, Londres
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I B
DU 16 AU 19 AVRIL 20 H 30 I
SAMEDI 20 AVRIL 15 H & 20 H 30
FABULOUS BEAST
MICHAEL KEEGAN-DOLAN I
LIAM Ó MAONLAÍ
Rian
PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE
Michael Keegan-Dolan
Liam Ó Maonlaí
LUMIÈRES Adam Silverman
DÉCOR Sabine Dargent
COSTUMES Doey Lüthi
SON Denis Clohessy
ASSISTANT DIRECTION MUSICALE Philip Feeney
DIRECTION ET CHORÉGRAPHIE
DIRECTION MUSICALE
Cormac Ó’Beaglaoich, Peter O’Toole,
Eithne Ní Chatháin, Maitiú Ó Casaide,
Liam Ó Maonlaí
DANSEURS Saju Hari, Anna Kaszuba, Saku Koistinen,
Louise Mochia, Emmanuel Obeya, Keir Patrick,
Ino Riga, Louise Tanoto
MUSICIENS
COPRODUCTION
Fabulous Beast & Sadler’s Wells, Londres
MARÍA MUÑOZ • 29
© JORDI BOVER
avril-juillet 2013
PRÉSENCE VIBRATILE
Intensité et sincérité. Entre les notes du Clavier bien tempéré de Bach, María Muñoz laisse infuser l’essence du mouvement.
A Tsudenon. C’est un petit film, en noir et blanc,
d’une dizaine de minutes. Rares sont celles et
ceux qui l’ont vu. L’original, en super 8, dort
quelque part à Barcelone. Il ne figure dans
aucun catalogue et sa réalisatrice, Montse Llabres, est aujourd’hui secrétaire (dans une compagnie de danse, quand même). C’est pourtant
une pièce maîtresse. A Tsudenon a été tourné
dans un terrain vague de Mallorca, au début
des années 1980. Franco vient alors de rendre
l’âme, si on peut parler d’âme… Une démocratie balbutiante s’invente en Espagne, tout particulièrement en Catalogne. A Tsudenon montre cela, dans des corps encore enfantins livrés
à eux-mêmes, en un jeu de danse tout empreint
de sauvagerie. Barcelone est encore un terrain
vague, ville dessinée au cordeau, mais où tout
se vit de travers. Le Barrio chino est ce quartier
interlope et malfamé, que les Jeux olympiques
(1992) transformeront plus tard en l’un de ces
« vivants quartiers où il est agréable de se promener », comme dit Le Guide du routard. Et c’est
là qu’au milieu des années 1980, les premiers
bourgeons de danse contemporaine poussent à
même le pavé catalan. Certains, comme Angels
Margarit et Cesc Gelabert, reviennent de New
York. María Muñoz, pour sa part, est allée travailler aux Pays-Bas, au sein du Shushaku &
Dormu Dance Theater, une curieuse compagnie semi-japonaise de théâtre visuel. À Barcelone, il n’y a pas le moindre studio de danse :
les répétitions sont dans la rue, ou sur le sol en
ciment de clubs de sardane. En 1988, dans un
minuscule théâtre du quartier de Gràcia, María
Muñoz crée son premier solo, Cuarto Trestero,
dédié à la figure de son père qui vient de mourir. Bouleversant. Avec Pep Ramis, elle crée la
compagnie Mal Pelo. De mauvais poil, forcément. Mais avec une telle générosité, une telle
énergie dans les élans… Sur, Perros del Sur, est
invité à la Biennale de Lyon en 1992, Dol, au
Jacob’s Pillow Dance Festival en 1994, La calle
del imaginero, au Festival de Hambourg en 1996.
Mais en Espagne même, les tournées sont rares.
Même devenu « socialiste », le pays n’a pas su
faire confiance à la culture, ni à ses artistes les
plus talentueux. Quittant l’agitation touristique
barcelonaise, María Muñoz et Pep Ramis par-
tent s’installer près de Girone, et construisent
à l’huile de coude un centre de résidences et de
recherche, L’Animal a l’esquena. Un lieu qui fait
hospitalité à d’autres, accueille Steve Paxton,
inventeur du contact-improvisation, autant
que l’écrivain John Berger. Un lieu de patience,
aussi, où des gestes peuvent éclore sans précipitation. C’est là que María Muñoz laisse infuser le solo Bach, qu’elle crée en 2004. Dans un
recueillement tout entier investi dans l’essence
du mouvement, elle dégage une intensité et une
sincérité qui fascinent. Les harmonies musicales du Clavier bien tempéré y deviennent
vibrations, ciselées à même les envolées du
corps, et lorsque s’immisce la fatigue, María
Muñoz ne la refuse pas et l’accueille le temps
d’une pause, d’une pensée fugace qui laisse le
public en suspens avant de reprendre le fil des
variations musicales. Une présence magnifique,
éloquente, présence prodigieusement présente.
J.-M. A.
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 4 AU 8 JUIN 20 H 30 I DIM. 9 JUIN 15 H
MARÍA MUÑOZ
MAL PELO
Bach (solo)
PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE
& INTERPRÉTATION María Muñoz
Le Clavier bien tempéré, Johan Sebastian
Bach JOUÉ PAR Glenn Gould
AIDE À LA DIRECTION Cristina Cervià
ASISTANTE RÉPÉTITIONS Leo Castro
RÉALISATION VIDÉO Núria Font
ILLUMINATIONS August Viladomat
CRÉATION
MUSIQUE
PRODUCTION Mal Pelo EN COLLABORATION AVEC Teatro Real (Madrid)
et Teatre Lliure (Barcelone)
30 • SUR LA ROUTE DES STEPPES
Théâtre de la Ville PARIS
WEEK-END ROUTE
DE GENGIS KHAN
avril-juillet 2013
Kazakhstan, Bachkortostan, Turkménistan et Mongolie sont à l’honneur cette année pour représenter quelques facettes
musicales, rencontrées sur l’ancienne route de Gengis Khan. Une promenade dans un autre espace-temps. Un voyage
musical dans une histoire marquée par les croisements culturels, emprunts d’animisme, embruns de vent, entre montagnes
et vastes steppes.
avril-juillet 2013
SUR LA ROUTE DES STEPPES • 31
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
SAMEDI 25 MAI 17 H & DIMANCHE 26 MAI 17 H
CONCERT « SUR LA ROUTE DE GENGIS KHAN »
Mongols
Byambajargal Gombodorj CHANT
Tsogtgerel Tserendavaa CHANT DIPHONIQUE, VIÈLE MORIN KHUUR
Kazakhs
Zhanghaly Zhuzbaev DOMBRA (LUTH)
Raushan Orazbaeva VIÈLE KOBYZ
Turkmène
Oghlan Bakhshi DOTÂR
Bashkir
Ishmurat Il’bakov KURAÏ (FLÛTE)
& AUSSI
Rencontres et documentaires, ateliers de musique
pour les enfants…
Programme en cours.
PAGE 30 DE HAUT EN BAS :
Yourtes à Touva, région de Bayan-Ölgii
Mongolie – Mont Jargalant dans l’Altai Chandman © J. CURTET
31 DE GAUCHE À DROITE :
Tsogtgerel Tserendavaa au morin khuur (Mongolie) © KAMROUZ
Byambajargal Gombodorj, chanteuse Mongole © KAMROUZ
Le Turkmène, Oghlan Bakhshi, au dotâr © DR
PAGE
Si les routes de la soie et du thé en Asie ont été le lieu d’échanges
et de rencontres entre les peuples, l’Empire fondé par Gengis
Khan et ses successeurs à partir du XIIIe siècle a aussi facilité les
croisements culturels. C’est au cours de cette période que la
Haute Asie et l’Asie centrale connaissent une unification partant d’un épicentre mongol, sous le contrôle des grands Khan,
nommés dans chaque province soumise à la conquête. Plutôt
que d’uniformiser les peuples, Gengis Khan propose, dans les
limites du respect de son autorité, l’échange et la diversité.
Ainsi à Karakorum, capitale impériale située dans le centre de
la Mongolie, toutes les religions de l’Empire sont représentées
avec leur lieu de culte. De même de nombreux voyageurs y
séjournent. Les croisements culturels ont bon ton et il est fréquent de trouver en dehors des musiciens attitrés à la cour, des
bardes venus de tout l’Empire. Si l’animisme et le chamanisme
sont des croyances communes à la plupart des peuples turco-
mongols, des frontières culturelles se sont progressivement
affirmées avec le temps et les changements sociaux, jusqu’à
instaurer des syncrétismes, donnant à entendre des interprétations musicales traversées par l’islam pour les Kazakhs, les
Turkmènes et les Bachkirs, ou le bouddhisme pour les Mongols. Au cours du XXe siècle, Gengis Khan cristallise un regain
d’intérêt pour les cultures de ce passé. Il est aussi le lieu d’une
réinvention des traditions, manipulées principalement par le
monde politique, relayées par les médias, le tourisme et la
quête d’exotisme des étrangers. Au-delà du « culte », les
musiques qui seront portées à nos oreilles vont bien plus loin
dans le passé, dans un fondement culturel réunissant les peuples au plus proche de leurs liens avec la nature. Les musiciens
présents aux Abbesses, les 25 et 26 mai 2013, montreront à la
fois ces traces musicales du passé et des distinctions stylistiques majeures, qui se remarquent dans leurs singularités culturelles. Le concert proposera en alternance deux facettes, instrumentale et vocale.
La musique instrumentale des Kazakhes tourne autour de la
forme kuï qui définit une mélodie mais aussi un état, à travers
l’exploration d’une image musicale. L’art de jouer un kuï réside
dans la recherche virtuose et méditative de la perfection (Hallez 2005, p.5, cf. discographie). Le jeu de la vièle kobuz, interprété par Raushan Orazbaeva, évoque le monde des esprits. Le
luth dombra, quant à lui, nous rappelle la vie pastorale des
nomades. Zhanghaly Zhuzbaev, professeur à l’Académie musicale d’Astana, est héritier du style de jeu shertpe, caractérisé par
un timbre mélodieux, une liberté d’exécution, la présence d’improvisation et employant une frappe des doigts claquant sur la
table du dombra (ibid. p.6 et 13).
Un luth voisin, le dotâr, répandu en Asie centrale, représentera
les Turkmènes. Le jeune Mohammadgeldi Geldinejad a appris
le chant et le dotâr avec son père Abdolghaffar. Reconnu pour
son talent à travers de nombreux concours et par toute la communauté des musiciens de sa région, on le surnomme désormais Oghlan Bakhshi (Le fils qui atteint un niveau de maître).
Venu des Monts Oural, Ishmurat Il’bakov est l’un des rares maîtres Bachkiri de la flûte kuraï. Le timbre de cet instrument de
pasteur se caractérise par la présence du souffle et d’un bourdon
vocal guttural ponctuel, non loin de rappeler un lien commun
avec la technique du chant diphonique.
Les pasteurs mongols ont surtout développé l’art du chant,
décliné à travers de nombreuses techniques vocales. Deux d’entre elles, parmi les plus représentatives, sont le chant long urtyn
duu et le chant diphonique khöömij. Élève de la diva N. Norovbanzad, Byambajargal Gombodorj maîtrise à merveille les
inflexions, mélismes et ornements subtils de la poésie des
chants, comme les glissandi, la trémulation laryngée, ou encore
le passage rapide d’une voix de poitrine à une voix de fausset.
Tsogtgerel Tserendavaa, fils du maître D. Tserendavaa, représente la nouvelle génération de musiciens professionnels.
Après avoir appris le khöömij avec son père dans l’Altaï, il a
poursuivi son apprentissage avec B. Odsuren à l’université
d’Art et de Culture d’Oulan Bator. Il fait partie de la première
promotion à avoir obtenu un diplôme de chanteur de chant
diphonique professionnel. Il combine parfaitement le style
familial rural et la pratique académique. Accompagné de sa
vièle cheval le morin khuur, il retrace les allures des animaux et
soutient son chant diphonique pour battre au rythme du cheval
les chants de louanges magtaal.
Johanni Curtet
DISCOGRAPHIE
• Akku. Raushan Orazbaeva, vièle à pique, 1 CD fy8076 Felmay, 2005.
• Le Kuï shertpe de Karatau. Dombra du Kazakhstan, 1 CD 3017266
Buda Musique, notes du livret de Xavier Hallez, 2005.
• Tserendavaa & Tsogtgerel, Chants diphoniques de l’Altaï Mongol,
1 CD et DVD 3017742 Buda Musique, 2008.
• Mongolie. Chants et Morin Khuur, 1 CD C560224 Ocora Radio France,
2009.
• Asie Centrale. Les maîtres du dotâr. Ouzbékistan-Tadjikistan-IranTurkménistan, 1 CD AIMP XXVI, AIMP & VDE-GALLO, 1993.
• Turkménistan : La musique des bakhshy, 1 CD AIMP XXII, VDE-GALLO,
1991.
• Ural : Traditional music of Bashkortostan, 1 CD PAN2018, Pan Records,
1995.
• Uzlyau : Guttural singing of the people of the Sayan, Altai, and Ural
mountains, 1 CD PAN2019, Pan Records, 1993.
32 • MUSIQUES DU MONDE
Théâtre de la Ville PARIS
© KAMROUZ
© DR
NOMA OMRAN
UNE SYRIE EN
TOUTE LIBERTÉ
Entre opéra et chant syriaque, entre Orient
et Occident, la voix de Noma Omran se rit
des frontières.
Jeune chanteuse qui reflète une brillante génération de musiciens syriens aujourd’hui disséminés de par le monde, Noma Omran navigue
en liberté dans celui de la musique. Sa voix au
registre exceptionnel lui permet de tenter toutes
les expériences. Diplômée en chant lyrique
(opéra) de l’Institut supérieur de musique de
Damas, Noma Omran y a aussi étudié la théorie de la musique arabe. Formée au chant
syriaque par le maître Nouri Iskandar, elle se
distingue par sa personnalité unique, et sa
maîtrise des mélodies syriaques lui permet de
créer des atmosphères qui vont à merveille
avec sa stature de tragédienne. Entre opéra et
chant syriaque, entre Orient et Occident, la voix
de Noma Omran se rit des frontières.
Aventureuse et curieuse, elle explore plusieurs
voies, créant ainsi le rôle de Zénobie dans un
opéra d’Albinoni, chantant dans une création
musicale de Stomu Yamash’ta, interprétant
des maqâm-s arabes classiques accompagnée
par Muhammad Qadri Dalal, ou encore intervenant dans une création chorégraphique de
Bernardo Montet. À l’issue d’un stage avec
Ariane Mnouchkine, en compagnie d’autres
jeunes comédiens syriens, elle travaille encore
sur la création de Gilgamesh, chantier de fouilles,
pour laquelle elle compose aussi la musique.
Noma Omran incarne une Syrie multiple, à la
fois ouverte au monde et à sa propre diversité,
naviguant vers l’avenir sur le navire d’un patrimoine culturel millénaire. Psaumes ougaritiques, chants syriaques, répertoire classique
arabe et, en point d’orgue, des improvisations :
le programme qu’elle présentera au Théâtre
des Abbesses semble répondre à ces mots précieux du poète Adonis : « L’identité est une
continuelle création, elle vient du futur. »
© MAISON DES CULTURES DU MONDE / M.N. ROBERT
avril-juillet 2013
HOMAYOUN SHADJARIAN
SOHRAB POURNAZERI
& HOMAYOUN NASIRI
LE MUQAM DES DOLAN
UNITÉ D’ÉLITE
Aux confins du désert du Taklamakan (Chine), l’étonnante tradition de la musique ouïgoure
frappe par sa liberté et sa vigueur.
UNE MUSIQUE DE RÉJOUISSANCE
Aux sommets du répertoire persan,
trois éminents virtuoses.
Voilà, pour tous les amoureux du répertoire
persan, un rendez-vous incontournable, une
nouvelle démonstration de force par trois éminents virtuoses. Un éclat historique en la personne d’Homayoun Shadjarian, un musicien
des sphères mystiques, en Sohrab Pournazeri,
et Homayoun Nasiri, un habitué des grandes
scènes internationales. Tous les trois jouent en
symbiose pour exprimer sur scène ce qu’ils ont
de plus cher : leur culture musicale millénaire
en héritage.
Une exposition haute en maturité, qui reflète
la complexité d’un répertoire musical riche en
émotions. Homayoun et Sohrab sont deux
musiciens pluri-instrumentistes. Maîtrisant
aussi bien le târ, le setâr, le tanbur, le tombak,
ou le daf, c’est au chant et au kamentché que
leurs chemins se sont croisés pour donner le
meilleur d’eux-mêmes. Homayoun Nasiri, est,
lui, le garant de la trame rythmique ancestrale
de l’École de Sooreh à Téhéran. Cet événement
est, en outre, un « hommage » aux maîtres qui
ont façonné cette musique, par essence poétique et extatique, et qui ont assuré, au fil des
siècles sa transmission. Et tout particulièrement à leurs pères, Mohammad Reza Shadjarian et Keykhosro Pournazeri, qui ont joué un
rôle majeur dans l’évolution et le renouvellement de cette musique, tant sur le plan technique qu’esthétique. Pour la première fois, ces
trois prodiges aux styles complémentaires, vont
s’asseoir et jouer ensemble pour nous emmener par-delà le sens caché des mots, des notes,
au cœur d’une tradition renouvelée.
Jérôme Louis
Le Xinjiang, ancien Turkestan oriental, est un immense territoire du Nord-Ouest de la Chine. Cet
impressionnant paysage de déserts, de rivières et de glaciers, est le berceau d’une ancienne civilisation issue des Huns, les Ouïgours, dont les riches traditions musicales sont attestées dans des
fresques et d’anciens textes chinois. Sous les Tang (IXe siècle), des musiciens ouïgours jouent à la
cour impériale et leurs pièces sont incluses dans le Shibu ji (Les dix genres de musique). Mais c’est
cinq siècles plus tard, sous l’influence de la culture islamique et persane, que commencent à fleurir dans les cités de Kashgar, Yarkand et Tourfan les suites poétiques et musicales du muqam,
cependant que des formes de muqam rural et populaire voient le jour à Kumul au Nord-Est et
chez les Dolan au Sud.
Agriculteurs et éleveurs de moutons, les Dolan vivent dans les oasis qui bordent le Sud et l’Ouest
du désert du Taklamakan, la « mer de la mort ». Ils parlent un dialecte particulier et jouent un
répertoire de courtes suites vocales et instrumentales, les muqam dolan ou bayawan (désert),
bien différents du muqam classique ouïgour. Une musique qui frappe par sa liberté et sa vigueur.
Chaque interprète joue ou chante à sa façon la mélodie commune dans une véritable recherche
d’épaisseur sonore, en y mettant une ardeur que les voix des chanteurs et les frappes puissantes
de leurs tambourins portent au paroxysme. Certains musicologues locaux la décrivent comme
un jazz ou un rock ouïgour. Mais c’est que le muqam dolan est avant tout une musique de réjouissance, conçue pour les mëshrëp, ces grandes fêtes où des centaines de personnes jouent, festoient
et dansent, à l’occasion d’un mariage, d’une naissance, d’une visite, d’un retour.
L’ensemble comprend deux ou trois chanteurs, les muqamqi, qui battent le rythme sur leurs tambourins dap, un luth rawap dolan dont les cordes sympathiques créent une réverbération naturelle, une viole ghijak dolan à une corde en crin de cheval et une cithare qalun. Chaque suite, il y
en a neuf en tout, comprend quatre ou cinq parties qui s’enchaînent sur des rythmes à quatre,
cinq ou six temps allant s’accélérant jusqu’à la frénésie. Les poèmes ont pour thème principal
l’amour dans toutes ses phases : séduction, déclaration, jalousie, séparation. Lancés par le chanteur soliste comme une improvisation, ces textes se fabriquent spontanément en agglutinant
autour du thème principal de petits fragments piochés dans le fond de poésie orale dolan. Le
muqam dolan est un peu comme un jeu de Lego, chaque interprète connaît si bien les règles que
l’impulsion du meneur de jeu suffit pour que chaque muqam se construise devant nous : toujours semblable, jamais identique. Et c’est cela finalement qui appelle une vraie comparaison
avec le jazz.
Le chanteur Huseyin Yaya est originaire du village de Yantak, dans l’oasis de Mäkit. En 2005, il
est sorti pour la première fois de Chine, pour donner plusieurs concerts à la Maison des Cultures
du Monde avec son frère Hasan et d’autres musiciens de son village. De retour chez eux, auréolés
du prestige d’une tournée à l’étranger et de l’enregistrement d’un CD, ils se sont employés à revivifier cette tradition et à la transmettre aux jeunes générations, ce qui a valu à Huseyin d’être inscrit sur les listes régionale et nationale du patrimoine vivant. Depuis, les plus âgés sont morts et
c’est avec un groupe rajeuni qu’il revient témoigner d’une tradition musicale des plus étonnantes.
Pierre Bois
Arwad Esber
À écouter :
Turkestan chinois. Le Muqam des Dolan. Un CD INÉDIT/Maison des Cultures du Monde
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
LUNDI 8 AVRIL 20 H 30
SAMEDI 13 AVRIL 17 H
LUNDI 22 AVRIL 20 H 30
NOMA OMRAN
HOMAYOUN SHADJARIAN CHANT
SOHRAB POURNAZERI KAMANTCHÉ
HOMAYOUN NASIRI TOMBAK
LE MUQAM DES DOLAN
CHANT
Keyvan Chemirani ZARB-DAF
Jasser haj Youssef VIOLA D’AMORE
Syrie
Noma Omram et ses musiciens seront,
les 4, 5 et 6 avril, en résidence à la Fondation
Royaumont pour la préparation de ce concert.
Iran
AVEC Huseyin Yaya CHANT & PERCUSSION & les musiciens du village de Yantak
Anwar Osman CHANT & DANSE
Ahat Tohti RAWAP/LUTH
Amir Imer QALUN/CITHARE
Osman Siddiq GHIJAK/VIÈLE
Amir Huseyin CHANT, PERCUSSION & DANSE
Mutallip Mahmad CHANT, PERCUSSION & DANSE
Patigül Rehman DANSE
Turkestan chinois
MUSIQUE OUÏGOURE DU XINJIANG (CHINE)
Un spectacle produit par la Maison des Cultures du Monde en collaboration avec le Théâtre de la Ville.
DEBAPRIYA ADHYKARY
& SAMANWAYA SARKAR
VOIX BORÉALES MILLE ET UNE
RUMBAS
Sur les ailes de la mémoire, les sept chanteuses de Saucējas incarnent les traditions
héritées des diverses régions de Lettonie.
La transmission orale s’est interrompue et la
tradition s’est éteinte. C’est un patrimoine
musical hérité des jours anciens que ressuscite
l’Ensemble Saucējas de l’Académie de la culture
de Lettonie. Pour mettre au jour les trésors
enfouis qui le composent et en restituer la
splendeur, les femmes de l’Ensemble, fondé en
2003, ont plongé au cœur des archives sonores
et audiovisuelles. Quand ne subsistaient que
des traces écrites, elles ont entrepris de reconstruire la tradition en sollicitant les mémoires
encore vives… Fonctionnels, ces chants jalonnent le cycle des saisons et accompagnent la
vie quotidienne : éclosion du printemps, célébration de l’été, avènement de Noël et travaux
collectifs, appel du berger à son troupeau,
besognes du meunier, départ du soldat et
encore, endormissement de l’enfant, mariage
et funérailles… Au-delà du divertissement, ils
scandent les jours et les nuits, les heurs et malheurs d’une population alors majoritairement
rurale.
Sur scène, les sept femmes de Saucējas incarnent les traditions héritées des diverses régions
de Lettonie. Elles profèrent à pleine voix ces
chants de plein air expressifs et sonores : ceux
que chantaient en chœur les jeunes filles pour
célébrer les beautés de la nature, lors de l’arrivée du printemps (rotasana) ou le déclin de
l’été. Ensemble, elles reprennent ceux qui stimulaient l’effort à l’occasion des travaux collectifs. En solo, retentit l’appel du berger à son
troupeau (gavilesana), émaillé de cris divers.
Un vaste répertoire de chants oubliés, dont certains, archaïques, manigancent d’étonnantes
polyphonies à bourdon. Puissantes et belles, les
voix dévoilent ce patrimoine boréal méconnu :
une curiosité à découvrir !
© DR
© DAVID RUANO
© DR
LA TROBA KUNG-FÚ
SAUCĒJAS
Un phare de la musique catalane, épicée
de sonorités et de rythmes venus d’ailleurs.
Les Catalans sont de retour ! Créateur fécond,
Joan Garriga fut, au cours des années 1990,
l’âme et l’incarnation de Dusminguet, illustre
groupe pop influent et provocateur. En 2005,
au terme d’une parenthèse de quelques années,
il réunit, comme disent d’aucuns, une dream
team de musiciens talentueux ; il invente ainsi
la Troba Kung-Fú, l’ensemble phare de la
musique catalane. Les cinq compagnons qui
l’escortent au Théâtre de la Ville sont, pour la
plupart, les fidèles compères de cette première
heure. Dès ses débuts, la Troba connaît le succès et sa renommée se joue des frontières : en
2006, le premier disque, intitulé Clavell Morenet, suscite une tournée internationale. En
2010, le deuxième, A la panxa del bou, séduit
également le public.
Au fil du temps, Joan Garriga, moderne troubadour, développe un style original d’écriture
et de composition. Il s’empare de la rumba,
celle des Gitans de Catalogne, puise l’énergie
du rock, décline les musiques latines, emprunte
à l’Afrique du Nord ou à la Jamaïque… Un
grand voyage au cœur des musiques du vaste
monde ! Ainsi, dans le creuset de son imagination naît une musique urbaine singulière, épicée de sonorités et de rythmes venus d’ailleurs.
Polyglotte, il chante en castillan et en anglais
comme en catalan. Parfois à la lisière du surréalisme, les paroles évoquent Barcelone, la
rumba ou bien un regard. La voix éclate et,
sauvage, l’accordéon souffle, les guitares sonnent, les percussions résonnent… Une vitalité
qui distille la joie ! Mille et une rumbas pour
ensoleiller l’âme !
J. E.
© BOKKIE VINK
MUSIQUES DU MONDE • 33
avril-juillet 2013
AMSTERDAM KLEZMER BAND
LYRISME ARDENT VERVE
EUPHORIQUE
ET COLORÉ
Voix et sitar, un duo original et rare, auquel
Debapriya Adhykary et Samanwaya Sarkar
offrent leur fine sensibilité.
La forme du duo mélodique (Jugalbandi) accompagné d’une percussion est d’origine récente.
Des maîtres légendaires tels Bismillah Khan
(shanai) et Vilayat Khan (sitar) ont été les premiers à la populariser au début des années
1960, tandis que les disques gravés par le duo
Ali Akbar Khan (sarod) et Ravi Shankar (sitar)
ont fait le tour du monde. L’art du Jugalbandi
implique l’effacement de l’ego et une écoute
attentive du partenaire qui peut relancer son
complice dans une direction inattendue. D’où le
suspense qui caractérise ce genre et la richesse
musicale qui en découle.
Debapriya Adhykary et Samanwaya Sarkar,
nés en 1983 et 1981, présentent, avec un succès
grandissant, un duo original et rare entre la
voix et le sitar. La présence de la voix est ici
emblématique, le chant étant le fondement de
la musique. Ces musiciens considèrent leur
Jugalbandi comme une conversation voguant
à la confluence de deux âmes et de deux esprits
amenés à servir la musique seule.
À l’enseignement complet que les duettistes
ont reçu auprès de grands maîtres – Manilal
Nag, le subtil sitariste, Girija Devi, la grande
prêtresse du chant – viennent se joindre leur
fine sensibilité, une longue amitié enrichie de
toutes les connivences qui préludent à un développement mélodieux et empathique. Leur
esthétique porte à la méditation, à l’éveil des
sens et à l’harmonie universelle. Leur fraîcheur
d’âme opère un charme accru. Ce Jugalbandi
au lyrisme ardent et coloré a, sans nul doute,
un bel avenir devant lui.
Dans un large spectre de sensibilités,
la joie contagieuse des musiques
populaires balkaniques et tziganes.
La musique de l’Amsterdam Klezmer Band –
plus souvent nommé AKB – a largement contribué à la renaissance du klezmer, cette tradition
musicale itinérante des juifs askhénazes d’Europe centrale et de l’Est. Depuis sa fondation en
1996, sous l’impulsion du saxophoniste alto et
vocaliste Job Chajes, l’AKB a rapidement évolué en transcendant les classiques du répertoire folklorique, centré sur les cuivres d’une
énergique fanfare, avec des compositions originales éclectiques, mix savoureux de jazz et
de hip-hop.
Depuis près de dix-sept ans, « les sept magnifiques » enivrent un public sans cesse grandissant et toutes générations confondues de leurs
performances débridées. Autour du chanteur
ukrainien, natif d’Odessa, Alec Kopyt, le groupe
s’est acquis l’enthousiasme d’un auditoire international, dès la parution du facétieux Limonchiki (sorti en 2001 sous le label new-yorkais
Knitting Factory), enflammant salles et festivals
par la verve euphorique de leur jeu. Depuis,
AKB s’est emparé avec une joie contagieuse de
multiples registres populaires balkaniques et
tziganes et fédère un large spectre de sensibilités musicales. Si chacun de leurs albums est
un véritable plaisir d’écoute, la virtuosité de
leur groove est encore plus appréciable en sessions live, portées sans hiérarchie définie, avec
de remarquables échappées en solo de Theo
van Tol à l’accordéon, Janfie van Strien à la clarinette, Joop van der Linden au trombone et
aux percussions, Gijs Levelt à la trompette, ou
encore Jasper de Beer à la contrebasse.
Valérie Cadet
Christian Ledoux
Jacques Erwan
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
SAMEDI 27 AVRIL 17 H
JEUDI 16 MAI 20 H 30
SAMEDI 1er JUIN 17 H
MARDI 18 JUIN 20 H 30
SAUCĒJAS
LA TROBA KUNG-FÚ
Joan Garriga ACCORDÉON, VOIX
Mariano Roch GUITARE BASSE
Miguel Serviole / Muchacho GUITARE
Pep Terricabras BATTERIE
Luís Arcos GUITARE ÉLECTRIQUE
Flor Inza PERCUSSIONS
DEBAPRIYA ADHYKARY CHANT KHYAL
SAMANWAYA SARKAR SITAR
AMSTERDAM KLEZMER BAND
Iveta Tale, Vija Veinberga, Signe Pujate,
Kristine Jansone, Indra Metra,
Marianna Auliciema, Janta Meza CHANT
Lettonie
Avec l’aide du Valsts Kultürskapitala Fonds.
Catalogne I Espagne
Avec la collaboration de l’Institut Ramon Llull.
Jugalbandi
Madhurjya Barthakur TABLA
Inde du Nord
Job Chajes ALTO SAX, RAPS
Jasper de Beer CONTREBASSE
Alec Kopyt VOIX, PERCUSSION
Gijs Levelt TROMPETTE
Joop van der Linden TROMBONE, PERCUSSIONS
Janfie van Strien CLARINETTE
Theo van Tol ACCORDÉON
Pays-Bas
Avec la collaboration du Festival des Cultures juives.
34 • FABIO BIONDI
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
SAMEDI 6 AVRIL 17 H
EUROPA GALANTE
FABIO BIONDI DIRECTION
Fabio Biondi & Andrea Rognoni VIOLON
Alessandro Andriani VIOLONCELLE
Giangiacomo Pinardi THÉORBE
Paola Poncet CLAVECIN
Corelli e l’Arcadia
A. CORELLI
Sonate op.1 N°1 en la mineur pour deux violons et
basse continue ; Sonate op.5 N°5 en sol mineur pour
violon et basse continue ; Sonate op.1 N°10 en sol
mineur pour deux violons et basse continue
GIUSEPPE VALENTINI
Sonate op.5 N°7 en mi bémol pour deux violons
et basse continue « La Corelli » ; Sonate op.5 N°8
en sol mineur pour deux violons et basse continue
« La Montanari »
A. SCARLATTI
29 Partite sopra l’aria della Folia
BERNARDO PASQUINI
Toccata per cembalo
ALESSANDRO MARCELLO
© ANA DE LABRA
Sonate N°8 en mi mineur pour violon
(manoscritto di Dresda)
« LA MUSIQUE N’EST PAS
UN MARCHÉ AUX POISSONS »
Entretien avec Fabio Biondi, qui offre avec son ensemble Europa Galante tout un programme consacré à l’esprit
de l’Arcadia, une société musicale née à Rome au début du XVIIIe siècle, qui s’est élevée contre une certaine décadence dans l’art. Une leçon qui reste contemporaine.
Qu’est-ce que l’Arcadia, et pourquoi lui consacrez-vous un programme ?
Alessandro Marcello n’était-il pas vénitien ?
C’est la grande société romaine du violon du début du XVIIIe siècle, influente pour
l’Europe, pour le monde entier. Il ne faut pas oublier que c’est le moment où Haendel est à Rome.
C’est l’explosion de l’heure musicale de la ville spectacle, de la ville la plus visitée par les compositeurs. L’Arcadia était l’endroit où les gens cultivés se retrouvaient pour parler de peinture, de
sculpture, de littérature, de musique et pour réfléchir sur la mission des artistes. Disons que
c’était un endroit qui résistait à une certaine décadence dans l’art, celle que l’on voyait de temps
en temps dans l’opéra ou ailleurs. Il était très difficile d’y entrer et très peu de compositeurs ont
été acceptés.
J’ai souhaité raconter l’histoire de cette Arcadia qui n’a pas duré longtemps mais a influencé la
vie culturelle du centre de l’Italie. À l’époque de Corelli, il y avait ce désir de se retrouver pour
écouter le véritable « haut langage » : l’idée est donc de tenter de reproduire l’Arcadia au Théâtre
de la Ville pour dire au public d’aujourd’hui que l’art a encore du pouvoir, et qu’au-delà du « marketing », la musique triomphe dans sa pureté. Comme la littérature, l’architecture, et bien d’autres
disciplines artistiques, elle est l’étendard de quelque chose de vrai, de sain et d’important pour la
société.
F. B. : Si, et c’est important de le dire car l’Arcadia était une société romaine. Or à cette époque, il
existait de grandes différences entre les villes d’Italie. Mais Alessandro et Benedetto Marcello (ils
étaient frères) ont représenté à Venise ce désir de pureté musicale, l’esprit de l’Arcadia que l’on
retrouve dans le livre de Benedetto Teatro alla Moda, un pamphlet contre le mauvais goût dans
l’opéra. Tous deux étaient profondément hostiles à certaines facilités, ils avaient un désir de
« moraliser » la musique à Venise. Les Romains, qui le savaient très bien, ont invité Alessandro
Marcello dont ils connaissaient le combat. C’est – l’histoire est intéressante – avec une lettre de
recommandation de Marcello que Vivaldi est venu à Rome, où il a donné son opéra en 1723, ce
qui prouve son respect pour Marcello dont il a demandé le soutien. Le fait est notoire dans une
Italie qui est toujours un peu considérée comme le symbole d’un grand folklore de la musique :
le lieu de tous les excès, où la musique était faite par de grands virtuoses parfois un peu trop
débordants et où il y avait moins de « classe » et de rigueur qu’en France ou en Allemagne. Eh
bien, une société musicale italienne pleine de rigueur a existé. Dans la musique vocale d’ailleurs,
on le découvre constamment, quand on s’approche de certains compositeurs comme Alessandro
Scarlatti, Antonio Caldara ou d’autres qui ne font pas partie de l’Arcadia mais partagent l’idée
d’une musique de haute qualité, écrite pour mettre la poésie en valeur. Extravagance et rigueur
peuvent coexister en Italie. La musique de ce programme reste lumineuse mais, au-delà de la joie
de la virtuosité, elle a des objectifs que la soirée va révéler.
C’est cela qu’il faut faire connaître au public. Le problème aujourd’hui dans la culture, c’est une
certaine tendance à la globalisation, une passivité dans la programmation, consistant à mettre
ensemble certains éléments avec un seul objectif : remplir les salles de concert et vendre les billets. Ce n’est que pur marketing. Il ne faut jamais oublier que nous sommes ici pour cultiver,
informer, et la musique n’est pas un marché aux poissons. Il est indispensable de continuer la
recherche et de présenter au public des informations raffinées car le public est raffiné, il n’est pas
idiot… Aujourd’hui, à mon avis, on lui donne de la mauvaise nourriture. C’est pour cette raison
que je fais de la recherche et les bibliothèques sont pleines de musiques à découvrir.
FABIO BIONDI :
Quels compositeurs de l’Arcadia avez-vous choisis ?
F. B. : J’ai une affection particulière pour Alessandro Scarlatti, qui est un des meilleurs compositeurs italiens. J’ai dû faire une transcription de sa Folia pour clavecin. Cette transcription, qui
convient bien à l’écriture instrumentale pour deux violons et basse continue, va être, je pense,
une belle découverte. Bernardo Pasquini fut un grand claveciniste. Et puis Corelli évidemment, la
référence musicale de l’Arcadia. Il y aura en outre deux musiciens un peu moins connus : Giuseppe Valentini, grand violoniste lui aussi et compositeur éclectique, et Alessandro Marcello,
dont on entend parler comme écrivain, mathématicien et philosophe mais dont on joue rarement la musique ; c’est donc l’occasion de le faire.
Propos recueillis par Anne-Marie Bigorne
MUSIQUE CLASSIQUE • 35
VADIM GLUZMAN & ANGELA YOFFE
MOZART PIANO QUARTET
VIOLONISSIMO
VERVE
& IMAGINATION RHAPSODIES
BOHÈMES
Avec son épouse, la pianiste Angela Yoffe,
l’immense violoniste Vadim Gluzman livre
la flamboyance de sa sonorité, en filiation
directe avec les plus grands virtuoses
des deux siècles passés.
Immense violoniste que Vadim Gluzman. Né
en Ukraine en 1973, il débuta l’étude du violon
à Riga, puis entra à Novossibirsk dans la classe
de Zakhar Bron (maître de Repin et de Vengerov). Il émigre en Israël, puis reçoit les précieux conseils de Dorothy Delay à New York, et
remporte, en 1994, le Prix de la Fondation
Henryk Szeryng, coup d’envoi d’une carrière
internationale sagement bâtie. Ce qui séduit
chez lui, c’est sa sensibilité à fleur de peau, sa
liberté de ton et sa spontanéité qui révèlent
une personnalité particulièrement attachante.
Par sa variété de timbres, sa technique ciselée
ou son vibrato généreux, son jeu rappelle en
effet celui des grands virtuoses russes du
début du XXe siècle. Son sens naturel de la pulsation comme de la couleur fait qu’il chante
plus qu’il ne joue, avec un panache et une
force de conviction qui forcent l’admiration.
Son répertoire très étendu fait une large place
aux compositeurs de son temps, tels Giya Kancheli, Peteris Vasks, Lera Auerbach ou Sofia
Gubaidulina. Et c’est sur un Stradivarius de
1690, qui appartint autrefois au légendaire
Léopold Auer, fondateur de l’École russe, qu’il
livre la flamboyance de sa sonorité, comme
pour nous rappeler sa filiation directe avec les
plus grands virtuoses des deux siècles passés.
Pour sa première apparition au Théâtre de la
Ville, avec son épouse, la pianiste d’origine lettone Angela Yoffe, Vadim Gluzman a choisi un
programme aussi éclectique que raffiné, idéal
pour mesurer le talent de l’un des duos violonpiano les plus exaltants du moment.
Jean-Michel Molkhou
Le Mozart Piano Quartet, l’un des meilleurs
au monde, regroupe quatre amis, solistes
reconnus, et chambristes particulièrement
engagés.
Malgré la richesse et la beauté de leur littérature, rares sont les quatuors avec piano. Fondé
en 2000, le Mozart Piano Quartet, l’un des meilleurs au monde, garde la même formation
depuis 2004 : quatre amis, solistes reconnus,
et chambristes particulièrement engagés : « Le
fait de jouer dans un seul ensemble a tendance à
figer un musicien dans l’harmonie qui est propre
à cet ensemble. Devoir être flexible signifie au
contraire ouvrir ses sens dans plusieurs directions
et cela est très enrichissant pour chacun de nous »,
explique Mark Gothoni, le premier violon finlandais, qui a fondé l’Orpheus Quartet. Ses trois
partenaires allemands jouent également dans
d’autres ensembles : l’altiste Hartmut Rohde est
membre du Trio Stravinsky, le violoncelliste
Peter Hörr du Quatuor Joachim et le pianiste
Paul Rivinius du Clemente Trio. Le désir de
transmettre fait de ces interprètes d’éminents
professeurs : « Partager notre expérience avec les
jeunes générations est un désir très naturel », dit
Mark Gothoni qui éprouve aussi celui d’aller
jouer dans les prisons.
Cette richesse humaine irrigue l’engagement
musical des quatre interprètes, au zénith dans
leur superbe programme : « Schubert était un
grand admirateur de Beethoven et ces deux compositeurs forment toujours un magnifique duo.
Les deux œuvres choisies sont pleines de jeunesse.
Celle de Brahms est plus tardive et cela crée un
beau contraste. » Beau et déchirant: véhémence,
douleur, fièvre, tendresse absolue, tous les états
de la passion griffent l’opus 60 de Brahms.
Sublime.
FERENC VIZI
ENSEMBLE TZIGANE CIFRA
© ALIX LAVEAU
© ARHUR FORJONEL
© JOSEP MOLINA
© MARCO BORGGREVE
avril-juillet 2013
QUATUOR ZAÏDE
ARCHETS
VIENNOIS
Ferenc Vizi et l’Ensemble de musique
traditionnelle hongrois Cifra poursuivent
le dialogue entamé par Franz Liszt avec
les musiques tziganes.
C’est une étonnante mise en abyme à laquelle
nous convient Ferenc Vizi et l’ensemble de
musique traditionnelle hongrois Cifra avec ce
programme Rhapsodies-Liszt et les Tziganes.
Car ils font dialoguer la musique tzigane hongroise et quelques-unes des plus célèbres Rhapsodies éponymes pour piano (à commencer
par la légendaire 2e, dont même le dessin animé
– Bugs Bunny, puis Tom et Jerry – s’est emparé),
écrites par Franz Liszt après la grande tournée
qu’il entreprit à la fin de l’année 1839, dans
l’Est de l’Europe.
Rapprocher les Rhapsodies hongroises (les 9e,
10e et 12e seront jouées dans leur version originale pour piano) et la musique tzigane qui les a
plus ou moins inspirées est une façon de multiplier les allers-retours ; proposer les 2e, 11e, et
14e, (une des rares qui repose sur une authentique chanson populaire hongroise) dans une
version pour piano et ensemble ajoute une nouvelle couche à cette complexe archéologie. Tout
en demeurant fidèle à l’esprit du compositeur :
assisté de son élève Franz Doppler, Liszt luimême réalisa des versions luxuriantes pour
orchestre de six d’entre elles. Mais en changeant
certains numéros, en altérant les tonalités, en
modifiant, voire supprimant, les passages trop
spécifiquement pianistiques. Rien n’est simple,
décidément ! Avec le voyage qu’ils nous proposent, Ferenc Vizi et l’Ensemble Cifra apportent
ainsi leur propre pierre à l’édifice de ce work in
progress permanent.
Rémy Louis
Anne-Marie Bigorne
Les quatre musiciennes du Quatuor Zaïde
épatent par la diversité de leurs phrasés.
Zaïde. Comme l’opéra inachevé de Mozart ?
Oui. Pas parce qu’il reste méconnu ni qu’il
annonce, par son sujet « turc », L’Enlèvement
au sérail. Non. « Parce que le nom nous plaisait
et que c’est un prénom féminin », se souvient
Pauline Fritsch, second violon. Voilà pour l’identité. En concert, on pourra apprécier leur perfection instrumentale, l’intensité de leur jeu et
la diversité de leurs phrasés. Et une disposition
peu ordinaire des pupitres. À la traditionnelle
déclinaison par taille, façon Dalton, de gauche
à droite, les membres du Quatuor Zaïde préfèrent mettre en regard le premier et le second
violon entre lesquels s’intercalent l’alto et le
violoncelle, comme dans certains orchestres
allemands ou russes. « Cela n’a rien d’une lubie
mais se réfère à la disposition originale du quatuor comme en témoignent les dessins et gravures
d’époque. Nous avions par ailleurs très vite ressenti le besoin de séparer les deux violons. Cela
permet de clarifier les lignes de la polyphonie
sans nuire à l’homogénéité de l’ensemble. »
Comme l’héroïne mozartienne à qui elles ont
emprunté le prénom, ces musiciennes sont
éprises de liberté et ont foi en leurs idées.
Pour son concert du Théâtre des Abbesses, le
Quatuor Zaïde pointe ses archets, telle l’aiguille
d’une boussole musicale, vers Vienne. Entre
deux monuments imposants (le Quatuor en fa
mineur, op. 20 n° 5 de Haydn, et le Quatuor à
cordes en sol majeur n°15, D. 887 de Schubert),
se glisse comme un rayon de soleil la Sérénade
italienne d’Hugo Wolf. Compositeur prolixe de
Lieder comme Schubert, ce contemporain et ami
de Mahler, y fait entendre quelque sept minutes
insouciantes et bondissantes, quasi rustiques.
« Nous avons un immense plaisir à jouer cette
musique, toujours pétillante d’esprit et inattendue », confie la violoniste Pauline Fritsch.
Philippe Venturini
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
SAMEDI 20 AVRIL 17 H
SAMEDI 27 AVRIL 17 H
SAMEDI 1er JUIN 17 H
SAMEDI 8 JUIN 17 H
VADIM GLUZMAN VIOLON
ANGELA YOFFE PIANO
MOZART PIANO QUARTET
FERENC VIZI PIANO
ENSEMBLE TZIGANE CIFRA
QUATUOR ZAÏDE
MOZART Sonate en mi mineur, K. 304
PROKOFIEV Sonate n° 1, en fa mineur, op. 80
STRAVINSKI Suite Italienne
BLOCH Nigun
RAVEL Tzigane
majeur, D 487
SCHUBERT Adagio et Rondo concertant en fa
BEETHOVEN Quatuor en mi bémol majeur, op. 16
(transcription de Beethoven de son Quintette op. 16)
BRAHMS Quatuor en ut mineur, op. 60
Rhapsodies Liszt et les Tziganes
HAYDN Quatuor à cordes en fa mineur, op. 20 n°5
WOLF Sérénade italienne en sol majeur
SCHUBERT
Quatuor à cordes n°15 en sol majeur, D. 887
36 • CRÉATIONS & TOURNÉES 2012-2013
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
LES CYGNES SAUVAGES
RHINOCÉROS
IONESCO SUITE
Un beau voyage dans lequel Philippe
Demarle emmène les écoliers…
Durant toute la saison, le Rhinocéros aura
traversé l’Atlantique, la Manche, les
frontières… fait suffisamment rare pour
une troupe de théâtre en langue française
pour être signalé.
Une forme de « laboratoire » où la troupe
jongle avec Ionesco, remonte aux origines
des textes qui ont ouvert les routes de
l’Absurde, dans un dispositif au plus proche
du spectateur.
DANS LA PRESSE ANGLAISE
La distribution est excellente d’un bout à l’autre.
Le spectacle est un rappel à la fois brillant et
dérangeant de la fragilité de l’humanité.
Daily Telegraph
L’ensemble précisément chorégraphié est fort,
emmené par les superbes interprétations de
Serge Maggiani (Bérenger) et Hugues Quester
(Jean). La transformation de Quester en rhinocéros est énorme : terriblement pénétrante.
The Financial Times
UN ACTEUR, UNE VALISE
Nous avons souhaité, avec la troupe d’acteurs,
bâtir un répertoire de « petites formes » que
chacun s’engagerait à aller jouer dans les écoles,
à la rencontre des enfants. À l’image de ce que
nous avions réalisé dans les lycées, à la naissance de Ionesco Suite.
Les Cygnes sauvages, avec Philippe Demarle,
est le premier chapitre de cette aventure.
Ce projet s’inscrit dansla même démarche que
notre Parcours {enfance & jeunesse } : favoriser
la rencontre entre les œuvres et les jeunes spectateurs, développer les liens entre des équipes
artistiques et des enseignants, découvrir et
partager des moments de théâtre inventés pour
l’occasion, dans le plaisir et l’exigence.
L’équipe du Théâtre de la Ville
La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota
est si bonne que je ne peux en imaginer de
meilleure… S’il existe une meilleure mise en
scène de ce drame, je mange mon chapeau.
Vents
Un chef-d’œuvre d’abstraction allégorique. La
version du Théâtre de la Ville de Paris, exprime
pour la première fois le côté onirique et la
convulsion physique de la pièce…
whatsonstage. com
Les Cygnes sauvages
CRÉATION
D’APRÈS LE CONTE D’ANDERSEN
UNE PROPOSITION ORIGINALE DU
Théâtre de la Ville
Philippe Demarle
d’Emmanuel Demarcy-Mota
COSTUME Sonia Ancilotti
ACCESSOIRES Clémentine Aguettant
Le Nouvel Observateur, Odile Quirot
C’est un Ionesco en grande forme, qui ressort de
cette lecture fragmentée-compilée de son œuvre
théâtrale. Sept comédiens tendus comme un
arc dévorent ce « mix » rageur […] Un savant
triangle d’humour, de violence et de concision.
Les Échos, Philippe Chevilley
Revivifiés. Après ce voyage dans le monde
absurde et grotesque de Ionesco, on reste
Télérama, Fabienne Pascaud
bouche bée.
A Civilian’s Guide to The Theatre
Un fauteuil pour l’orchestre, Anna Grahm
TOURNÉE 2012-2013
TOURNÉE 2012-2013
DU
27 AU 29 SEPTEMBRE
New York, BAM DU 4 AU 6 OCTOBRE
Ann Arbor, université du Michigan DU 11 AU 13 OCTOBRE
Londres, Barbican DU 14 AU 16 FÉVRIER
Forum de Blanc-Mesnil DU 21 AU 23 MAI
MC2 : Grenoble DU 26 MAI AU 1ER JUIN
Moscou, Festival international Tchekhov
LES
15 & 16 JUIN
Barcelone, Grec Festival Barcelona DU 12 AU 14 JUILLET
AVEC
SOUS LE REGARD
Un cauchemar joyeux mitonné par les membres de la troupe d’Emmanuel Demarcy-Mota,
sept as de la composition sans bavure et déjantée. Ionesco ainsi mis en pièces en ressort tout
ragaillardi. Nous aussi.
Deux comédiennes – immenses – et cinq comédiens montés sur ressorts, incarnent ces fragments de pièces, avec une énergie et une générosité truculente.
Los Angeles, UCLA LES 21 & 22 SEPTEMBRE
San Francisco-Berkeley, CAL performances
EUGÈNE IONESCO I
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
Rhinocéros REPRISE
Serge Maggiani, Hugues Quester,
Céline Carrère, Valérie Dashwood, Philippe
Demarle, Jauris Casanova, Pascal Vuillemot,
Gérald Maillet, Stephane Krähenbühl,
Charles Roger Bour, Sandra Faure, Gaëlle Guillou,
Sarah Karbasnikoff, Walter N’Guyen
AVEC
La reprise du spectacle créé la saison
passée aura été l’occasion pour toute
la troupe de continuer à expérimenter,
à creuser les thèmes de cette pièce
à la fantaisie subversive.
Le Monde, Brigitte Salino
Une soirée de théâtre qui réussit à procurer le
plus rare des mélanges, une pièce exquise qui
rencontre un spectacle exceptionnel. Au cours
des cinq dernières années, je ne peux citer que
deux autres spectacles d’un tel calibre…
TOURNÉE 2013 (EN COURS)
École élémentaire Paris 4 LUNDI 25 FÉVRIER
École polyvalente Paris 13 MARDI 26 FÉVRIER
École primaire Paris 18 JEUDI 28 FÉVRIER
École primaire Paris 9 VENDREDI 1ER MARS
Un résultat réjouissant : Ionesco quitte ses
habits de maître de l’absurde, pour devenir le
révélateur de peurs et de fantasmes. […] les
sept excellents comédiens travaillent au corps
ce qui les intéresse chez Ionesco : le monde des
adultes tel qu’il peut apparaître dans les cauchemars éveillés des enfants.
VICTOR OU LES ENFANTS
AU POUVOIR
Théâtre de la Ville-Les Abbesses DU 10 AU 31 JAN.
Théâtre de Maisons-Alfort DU 5 AU 7 FÉVRIER
Théâtre de Clichy-sous-Bois LE 19 FÉVRIER
L’Onde, IUT de Vélizy-Villacoublay LES 27 & 28 FÉV.
© JEAN-LOUIS FERNANDEZ
Il était une fois un roi, ses onze fils, sa fille. Et
l’inévitable Méchante Reine, qui, par jalousie,
exile la princesse, métamorphose les princes
en cygnes sauvages. […]
Par amour pour Andersen, et en souvenir d’un
grand-oncle, lui aussi voyageur et conteur,
Philippe Demarle – depuis longtemps comédien
avec Emmanuel Demarcy-Mota – a choisi, pour
inaugurer le cycle « un acteur, une valise », de
donner à cette fable sa réalité. Le voilà donc en
route, avec ses longues chaussures de clown,
son manteau qui se déploie comme des ailes,
avec sa table munie de lampes-cygnes, sa valise
noire de magicien, d’où surgissent grottes, châteaux et cimetières, musiques et lumières. C. G.
© AGATHE POUPENEY
© AGATHE POUPENEY
© PASCAL GELY
© JEAN-LOUIS FERNANDEZ
UNE SAISON AVEC LA TROUPE
TOURNÉE 2013
Théâtre de la Ville, Paris DU 18 AU 29 MARS
Théâtre national de Bretagne, Rennes DU 4 AU 13 AVRIL
Grand Théâtre de Luxembourg, Luxembourg
LES
18 & 19 AVRIL
L’Apostrophe, Scène nat. de Cergy-Pontoise
LES
25 & 26 AVRIL
La Comédie de Reims, CDN DU 30 AVRIL AU 4 MAI
EUGÈNE IONESCO I
EMMANUEL DEMARCY-MOTA I
AVEC L’ENSEMBLE ARTISTIQUE
Ionesco Suite CRÉATION
Charles Roger Bour, Céline Carrère,
Jauris Casanova, Sandra Faure,
Stéphane Krähenbühl, Olivier Le Borgne,
Gérald Maillet
AVEC
PRODUCTION
Théâtre de la Ville-Paris.
ROGER VITRAC I
EMMANUEL DEMARCY-MOTA
Victor ou les Enfants
au pouvoir REPRISE
Élodie Bouchez, Céline Carrère,
Valérie Dashwood, Thomas Durand,
Philippe Demarle, Anne Kaempf,
Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl,
Serge Maggiani, Hugues Quester
AVEC
PRODUCTION
Théâtre de la Ville-Paris
Grand Théâtre de Luxembourg
COPRODUCTION
E
X
P
O
S
I
T
I
O
N
S
SANKAI JUKU
DU 16 AVRIL AU 12 MAI
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER
DU 14 AU 26 MAI
PINA BAUSCH
DU 17 JUIN AU 8 JUILLET
© Guy Delahaye
© Herman Sorgeloos
© Guy Delahaye
RENCONTRES & CONFÉRENCES
RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com
(RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS)
« LES VOYAGES DU COMÉDIEN »
PAR GEORGES BANU, essayiste & critique, connaisseur
© CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE
de la scène européenne, de ses metteurs en scène & acteurs
« LES LUNDIS DE LIBÉRATION »
TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE • PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com
(RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) • OU AUX CAISSES
Après les rencontres avec Stéphane Hessel, Michel Rocard, Serge Haroche et
les deux reporters de guerre, Patricia Allémonière et Jean-Pierre Perrin, le partenariat entre le Théâtre de la Ville et Libération se poursuit.
LUNDI 6 MAI 18 H Programme à suivre sur le site internet du Théâtre de la Ville.
JEUDI 18 AVRIL 19 H I MARCEL BOZONNET I
AU CAFÉ DES ŒILLETS
OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 AVRIL • TARIF UNIQUE 5 €
Après Angela Winkler, Yoshi Oïda, Hugues Quester, Laurent
Poitrenaux, Nada Strancar et André Wilms… le Théâtre
de la Ville accueille Marcel Bozonnet qui y a joué Gregers
Werle dans Le Canard sauvage, mis en scène par Lucian
Pintilié en 1981. Après avoir dirigé le Conservatoire national d’Art dramatique de 1993 à 2001, il a notamment été administrateur de la
Comédie-Française de 2001 à 2006.
JEUDI 30 MAI 19 H I GEORGES BANU & « L’ACTEUR
INSOUMIS » I AU CAFÉ DES ŒILLETS
IDEA 2013
LE THÉÂTRE DE LA VILLE S’ASSOCIE AU 8e CONGRÈS
INTERNATIONAL ARTS DE LA SCÈNE – ÉDUCATION
Du 8 au 13 juillet 2013, se déroulera à Paris le 8e Congrès international Arts de
la scène - Éducation, destiné à mettre en valeur et repenser le rôle des arts de
la scène dans l’éducation artistique. Événement politique de grande ampleur,
ce congrès rassemblera des artistes, des enseignants, des chercheurs, des
praticiens, des élus et des représentants de structures culturelles du monde
entier.
RENSEIGNEMENTS : www.idea-paris-2013.org
© DR
OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 AVRIL • TARIF UNIQUE 5 €
Georges Banu dresse un bilan de ces voyages et présente des vidéos et des photos de quelques grands
acteurs insoumis de la scène européenne. Lecture des
extraits du livre Les Voyages du comédien (éd. Gallimard).
« CYCLE DE CONFÉRENCES SUR
L’HISTOIRE DE LA DANSE » 4e SAISON
LA DANSE À LA RENCONTRE DES AUTRES ARTS
TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE • PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com
(RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) OU AUX CAISSES
Par Sonia Schoonejans, historienne, journaliste, réalisatrice de documentaires.
DANSE ET CINÉMA
DIMANCHE 21 AVRIL 2013 À 11 H I AU CAFÉ DES ŒILLETS
Si la danse n’a cessé d’inspirer les cinéastes, que ce soit dans la comédie
musicale ou dans les films à teneur plus dramatique – les grandes machines
que sont Hollywood et Bollywood, pour ne prendre que ces deux exemples,
continuent d’alimenter une partie de leur production par la danse sous ses
formes les plus variées –, le cinéma a beaucoup apporté à la danse, ne fût-ce
que du point de vue de la mémoire et de la popularité. Aujourd’hui, intégrer
non seulement l’image dans les pièces chorégraphiques mais les concevoir
selon des méthodes cinématographiques comme le montage en séquences,
est devenu une pratique courante. Nous nous poserons la question de ce qui
différencie le corps vivant sur scène de son image.
PARTENARIAT
BACK TO BACK
AU PARC DE LA VILLETTE
DU 10 AU 13 AVRIL I MER., VEN., SAM. À 20 H 30 I JEUDI À 19 H 30
PARC DE LA VILLETTE I 211, AVENUE JEAN JAURÈS 75019 PARIS I
M° PORTE DE PANTIN I www.villette.com I 01 40 03 75 75
Le svastika, symbole hindouiste, a été détourné par l’idéologie hitlérienne pour
devenir le symbole du nazisme. Back to Back, compagnie australienne, met
en scène Ganesh (divinité indienne à tête d’éléphant) qui traverse l’Allemagne
nazie afin de le récupérer. C’est alors que l’équipée d’un Dieu tout de sagesse
et d’opiniâtreté croise une pièce de théâtre en cours de conception. Les interprètes, pour certains en situation de handicap, ont la légèreté d’un Charlot, les
coquetteries d’un Hardy et les répliques des Marx Brothers.
OFFRE PRIVILÉGIÉE
POUR LES LECTEURS DU JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE
12 € AU LIEU DE 16 €
Offre limitée à 2 billets par spectacle et par personne, dans la limite des places disponibles
& sur présentation de cette offre.
Réservation indispensable au 01 40 03 75 75.
Code à donner lors de la réservation : 212833
© KAMROUZ
RENCONTRES I CONFÉRENCES • 37
avril-juillet 2013
PRIX FRANCE MUSIQUE
MUSIQUES DU MONDE
2013
Le chanteur iranien Mohammad
Motamedi, qui a donné plusieurs
concerts au Théâtre de la Ville et
qui participe au week-end Norouz
le 24 mars, a reçu le prix France
Musique Musiques du monde
2013. Ce prix lui est remis
le 21 mars au festival Babel Med
Music à Marseille.
38 • CALENDRIER I LIBRAIRIE
Théâtre de la Ville PARIS
avril-juillet 2013
AVRIL 2013
THÉÂTRES PARTENAIRES
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
THÉÂTRE DES ABBESSES
20 H 30
MA 2
Emanuel Gat
Ambra Senatore
ME
3
Emanuel Gat
Ambra Senatore
JE
4
Emanuel Gat
VE
5
Emanuel Gat
SA
6
Fabio Biondi I Europa Galante 17 H
Emanuel Gat
DI
LU
LU
LE CENTQUATRE
20 H 30
LE MONFORT
20 H 30
1
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
Nos amours bêtes 15 H & 19 H 30
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
7
Nos amours bêtes 15 H
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
8
Noma Omran I Syrie
MA 9
Mathilde Monnier
Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
ME 10
Mathilde Monnier
Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
JE 11
Mathilde Monnier
Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
VE 12
Mathilde Monnier
Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
SA 13
Homayoun Shadjarian 17 H
Mathilde Monnier
Nos amours bêtes 15 H & 19 H 30
Josef Nadj 15 H (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
DI 14
Josef Nadj 20 H 30 (H. abo.)
LU 15
© JEAN-LOUIS FERNANDEZ
MA 16
Michael Keegan-Dolan
R. Montlló Guberna I B. Seth
ME 17
The Four Seasons Restaurant
Michael Keegan-Dolan
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
JE 18
The Four Seasons Restaurant
Michael Keegan-Dolan
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
VE 19
The Four Seasons Restaurant
Michael Keegan-Dolan
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
SA 20
V. Gluzman I A. Yoffe 17 H
The Four Seasons Restaurant
Michael Keegan-Dolan 15 H & 20 H 30
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
R. Montlló Guberna I B. Seth
DI 21
The Four Seasons Restaurant 15 H
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
LU 22
Le Muqam des Dolan I Chine
MA 23
The Four Seasons Restaurant
Gregory Maqoma
ME 24
The Four Seasons Restaurant
Gregory Maqoma
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
JE 25
The Four Seasons Restaurant
Gregory Maqoma
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
VE 26
The Four Seasons Restaurant
Gregory Maqoma
Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.)
SA 27
Mozart Piano Quartet 17 H
The Four Seasons Restaurant
Saucējas I Lettonie 17 H
Gregory Maqoma
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
DI 28
Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.)
LU 29
Gregory Maqoma
MA 30
Gregory Maqoma
LES MOTS ONT PERDU UN ORFÈVRE
Correcteur infatigable, Philippe Bloch s’est éteint le 2 février dernier à l’aube de ses 99 ans. Ses deux maisons auxquelles il était si dévoué,
La Comédie-Française et le Théâtre de la Ville, ont pu compter sur son immense culture pendant des décennies. Né à la veille de la Grande
Guerre, ce Parisien dans l’âme n’était jamais à court d’un mot d’esprit qui faisait les délices de tous ceux qui l’approchaient. Sous l’humeur
toujours joviale et enjouée, on trouvait facilement le mélomane enthousiaste, de son cher Bach à la chanson populaire, le cruciverbiste
spirituel, mais aussi le poète et chansonnier à ses heures. Avec son amour de la langue française, il a tracé un arc-en-ciel protecteur qui
nous manquera tout autant que sa présence chaleureuse et son regard malicieux.
A. V.
LIBRAIRIE DU THÉÂTRE DE LA VILLE
QUELQUES RÉFÉRENCES POUR UN PARCOURS DE SPECTATEURS
Avant et après les spectacles, la librairie du Théâtre de la Ville offre un large
éventail de beaux livres, essais, pièces de théâtre et revues consacrés
aux arts de la scène. De plus, certains spectacles font l’objet d’une sélection
bibliographique qui permet à chacun de prolonger « l’art d’être spectateur ».
MATHILDE MONNIER TWIN PARADOX DU 9 AU 13 AVRIL
Paru fin mars 2013 : Mathilde Danse ! de Mathilde Monnier et François Olislaeger (Denoël
Graphic).
NOUVEAUX CDS
• Abduvali Abdurashidov, Chants et musiques classiques, Tadjikistan
C 560254 Ocora Radio France - distribution Harmonia Mundi.
Le chanteur tadjik, Abduvali Abdurashidov, prix France Musique musiques
du monde 2012, qui a déjà donné plusieurs concerts au Théâtre de la Ville
sort son premier CD en France lors du week-end Norouz, les 23 et 24 mars
2013.
• Björnlert (fiddle), Hedin (nyckelharpa), Pekkari (accordéon), en concert à
Paris, Buda Musique, collection The Boréales dirigée par Jacques Erwan,
enregistrement lors de leur concert au Théâtre des Abbesses en 2011.
ROMEO CASTELLUCCI THE FOUR SEASONS RESTAURANT DU 17 AU 27 AVRIL
Europe, le regard des Artistes, Guy Cassiers, Romeo Castellucci (Éd. Universitaires Avignon).
USHIO AMAGATSU I SANKAI JUKU UMUSUNA DU 2 AU 11 MAI
Nouveauté chez Actes Sud Ushio Amagatsu, des rivages d’enfance au bûto de Sankai
Juku, propos recueillis par Kyoko Iwaki, traduit du japonais par Anne-Renaud Wildenstein.
ANNE TERESA DE KEERSMAEKER ELENA’S ARIA I DRUMMING LIVE DU 14 AU 25 MAI
Carnets d’une chorégraphe : Fase, Rosas danst Rosas…, Livre + 4 DVD (Fonds Mercator).
JAN FABRE TRAGEDY OF A FRIENDSHIP DU 29 MAI AU 3 JUIN
Drugs kept me alive, Jan Fabre (L’Arche Éditeur) ; Simon, gangster de l’art, Jan Fabre
(L’Arche Éditeur) ; Journal de Nuit, Années 1978-1984, Jan Fabre (L’Arche Éditeur) .
PINA BAUSCH KONTAKTHOF DU 11 AU 21 JUIN 2013
Kontakthof, livre-DVD (L’Arche Éditeur) ; Kontakthof, album photos (Comédie de ClermontFerrand). Printemps 2013 : Bandonéon : à quoi bon danser le tango ? Raymund Hoghe ;
Une répétition du Sacre…, Pina Bausch et la danseuse, coffret livre + DVD (L’Arche Éditeur) ;
pina-The Film and The Dancers, Donata & Wim Wenders (Schirmer/Mosel)
EN VENTE À LA LIBRAIRIE I THÉÂTRE DE LA VILLE, MARQUE À PART
Cartes postales (10 pièces de Pina Bausch au Théâtre de la Ville), 11 €
Affichettes 40x60 Akram Khan, Pina Bausch, 8 €
Stylos (3 modèles), 3 € // Badges (2 modèles), 2 € // Carnets (2 modèles), 4 €
Sacs coton Théâtre de la Ville, 5 € // Tee-Shirts, 10 € // Casquettes, 10 €
CALENDRIER • 39
avril-juillet 2013
MAI 2013
THÉÂTRES PARTENAIRES
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
THÉÂTRE DES ABBESSES
20 H 30
ME
1
JE
2
Sankai Juku
Gregory Maqoma
VE
3
Sankai Juku
Gregory Maqoma
SA
4
Sankai Juku
Gregory Maqoma
DI
5
Sankai Juku 15 H
LU
6
Sankai Juku
MA 7
Sankai Juku
ME
8
JE
9
Sankai Juku
VE 10
Sankai Juku
SA 11
Sankai Juku
LE MONFORT
20 H 30
Sobre la cuerda floja 19 H 30
MA 14
A. T. De Keersmaeker 1er prog.
Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30
ME 15
A. T. De Keersmaeker 1er prog.
Sobre la cuerda floja 10 H & 14 H 30
JE 16
Troba Kung-Fú I Catalogne
Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30
VE 17
A. T. De Keersmaeker 1 prog.
Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30
SA 18
A. T. De Keersmaeker 1er prog.
Sobre la cuerda floja 15 H & 19 H 30
DI 19
A. T. De Keersmaeker 1er prog. 15 H
er
LU 20
MA 21
A. T. De Keersmaeker 2 e prog.
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
ME 22
A. T. De Keersmaeker 2 e prog.
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
JE 23
A. T. De Keersmaeker 2 e prog.
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
VE 24
A. T. De Keersmaeker 2 e prog.
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
SA 25
A. T. De Keersmaeker 2 e prog.
Week-End route de Gengis Khan 17 H
Contractions
L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30
DI 26
A. T. De Keersmaeker 2 e prog. 15 H
Week-End route de Gengis Khan 17 H
LU 27
Contractions
MA 28
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
ME 29
Jan Fabre
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
JE 30
Jan Fabre
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
VE 31
Jan Fabre
Contractions
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
JUIN 2013
THÉÂTRES PARTENAIRES
THÉÂTRE DES ABBESSES
20 H 30
Debapriya & Samanwaya 17 H
Contractions
L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30
MA 4
María Muñoz
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
ME
5
María Muñoz
JE
6
VE
7
María Muñoz
SA
8
Quatuor Zaïde 17 H
María Muñoz
DI
9
María Muñoz 15 H
1
Liszt & les Tziganes 17 H
Jan Fabre
DI
2
Jan Fabre 15 H
LU
3
Jan Fabre
ME 12
Pina Bausch 19 H 30
JE 13
Pina Bausch 19 H 30
EV
P
RO
S
IER
EU
D’
NT
C
IER
DR
EN
L
CA
VE 14
Pina Bausch 19 H 30
DI 16
Pina Bausch 17 H
LU 17
Pina Bausch 19 H 30
Tratando de hacer una obra…
MA 18
Amsterdam Klezmer Band
Tratando de hacer una obra…
ME 19
Pina Bausch 19 H 30
Tratando de hacer una obra…
JE 20
Pina Bausch 19 H 30
Tratando de hacer una obra…
VE 21
Pina Bausch 19 H 30
Tratando de hacer una obra…
SA 22
LU 24
MA 25
Tabac rouge I James Thiérrée
ME 26
Tabac rouge I James Thiérrée
JE 27
Tabac rouge I James Thiérrée
VE 28
Tabac rouge I James Thiérrée
SA 29
Tabac rouge I James Thiérrée 17 H
JUILLET 2013
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
1
Tabac rouge I James Thiérrée
MA 2
Tabac rouge I James Thiérrée
ME
3
Tabac rouge I James Thiérrée
JE
4
VE
5
Tabac rouge I James Thiérrée
SA
6
Tabac rouge I James Thiérrée
DI
7
Tabac rouge I James Thiérrée 17 H
LU
8
Tabac rouge I James Thiérrée
€
€
€
TARIF B
THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES
TARIF PLEIN
JEUNE
1re Cat. 30 €
2e Cat. 25 €
1re et 2e catégories .................17 €
TARIF C
THÉÂTRE
€
€
€
TARIF D
MUSIQUE I MUSIQUES DU MONDE
TARIF PLEIN
JEUNE
1 seule catégorie ..................
1 seule catégorie ..................
20 €
15 €
TARIF E
THÉÂTRE I DANSE
TARIF PLEIN
JEUNE
1re Cat. 35 €
2e Cat. 30
1re et 2e catégories ............... 26
€
€
JEUNE : MOINS DE 30 ANS (JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE)
*accompagnant un adulte pour Nos amours bêtes, Sobre la cuerda
floja, L’Après-midi d’un foehn (max. 4 enfants).
LOCATION
COMMENT RÉSERVER
PAR TÉLÉPHONE
01 42 74 22 77
LE MONFORT
20 H 30
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
AUX CAISSES
Théâtre de la Ville I 2 place du Châtelet, Paris 4
du mardi au samedi de 11 h à 20 h (lundi de 11 h à 19 h)
Les Abbesses I 31 rue des Abbesses, Paris 18
du mardi au samedi de 17 h à 20 h
PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com
…d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30
L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30
QUAND RÉSERVER
…d’un foehn 11 H & 15 H // Vortex 20 H 30
21 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.
…d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30
CONSULTEZ NOTRE SITE INTERNET POUR CONNAÎTRE :
…d’un foehn 11 H & 15 H // Vortex 20 H 30
Tratando de hacer una obra…
DI 23
1re Cat. 26 €
2e Cat. 20
TARIF PLEIN
re
e
JEUNE
1 et 2 catégories ................ 15
JEUNE -12 ANS * toutes catégories ................... 9
OUVERTURE DE LA BILLETTERIE
…d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30
…d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30
SA 15
LU
4
P.2
HA
Pina Bausch 19 H 30
DI 30
LE CENTQUATRE
20 H 30
R
OI
LU 10
MA 11
THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUE
du lundi au samedi de 11 h à 19 h
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
SA
TARIF A
1 seule catégorie .................. 16
TARIF PLEIN
JEUNE
1 seule catégorie ................. 12
JEUNE -12 ANS * 1 seule catégorie ................... 9
DI 12
LU 13
PRIX DES PLACES
→ Les rencontres du Théâtre de la Ville, organisées dans
les deux théâtres et en partenariat avec les bibliothèques,
les arrondissements, des associations ou des librairies.
→ Les surprises programmées par le Théâtre de la Ville au fil
de la saison : ateliers, bals littéraires, cycle de conférences
sur l’histoire de la danse du XXe siècle,expositions, émissions
de radio, projections de films, rencontres exceptionnelles
avec les auteurs associés et l’Ensemble Artistique du Théâtre
de la Ville.
JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE
direction, administration : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04 Tél. : 01 48 87 54 42
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & DE LA RÉDACTION :
Emmanuel Demarcy-Mota
COORDINATION ÉDITORIALE:
Jean-Marc Adolphe
CONSEIL ÉDITORIAL:
Anne-Marie Bigorne, Colette Godard, François Regnault, Christophe Lemaire
CONCEPTION GRAPHIQUE :
Émilie Paillot graphiste
ASSISTANTE :
Marie-Pierre Lasne
CORRECTRICE :
Hayet Kechit
IMPRESSION :
BLG Toul - 54200 TOUL I ISSN 0248-8248 I tirage à 34 000 ex.
4e COUVERTURE :
Tabac rouge, James Thiérrée © M. DEL CURTO // Le Muqam des Dolan © MAISON DES CULTURES
DU MONDE // Fabio Biondi © A. DE LABRA //Rian, Fabulous Beast © R. CAVANAGH // Tratando
de hacer una obra que cambie el mundo, La Resentida © F. JORQUERA // ATEM le souffle,
Josef Nadj © M. VAN DINTHER // L’Après-midi d’un foehn © J.-L. BEAUJAULT // Week-end route
de Gengis Khan © KAMROUZ
PRÉSENTATION DE LA SAISON 2013 I 2014
SAMEDI 25 MAI À 11 H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE
PRÉSENTATION AU PUBLIC DE LA PROCHAINE SAISON THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES 2013-2014
par Emmanuel Demarcy-Mota en présence d’artistes.
PROGRAMMES & FORMULAIRES DE LA SAISON 2013-2014 :
• Envoi à domicile aux abonnés et titulaires de cartes de la saison 2012-2013 du Théâtre de la Ville
(LA DATE DE RÉCEPTION DÉPEND DE LA POSTE).
• À disposition dans le hall du Théâtre de la Ville aux heures d’ouverture de la location
à partir du samedi 25 mai après-midi.
RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET
www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRE PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS)
www.theatredelaville-paris.com
2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4
Téléchargement