LE JOURNAL avril-juillet 2013 Le fait stu péfi fia ant – l e s e u l f a i t ré e l – que les choses existent, que quelque chose existe, qu’il y a de l’être, est ce qui inspire tous les ar ts. Fernando Pessoa 2 • ÉDITO Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 L’IMAGINAIRE EN ACTION Cette saison aura été marquée par votre fidélité sans cesse renouvelée : abonnés ou non, votre présence régulière a fait de cette année une des plus importantes en terme de fréquentation de ce théâtre. Curiosité, goût, désir pour les spectacles de théâtre, de musique et de danse – comme pour ceux qui entrelacent ces champs artistiques – intérêt aussi pour les initiatives nouvelles que nous continuons à développer : le Parcours Enfance & Jeunesse réunissant plusieurs théâtres de Paris, le théâtre en langue étrangère, le temps fort Chantiers d’Europe… C’est bien à l’ensemble de ces propositions que vous avez répondu, témoignant autant de fidélité aux grands maîtres que de curiosité pour les artistes à découvrir et pour les formes les plus novatrices. Nous venons de lancer une étude auprès des spectateurs du Théâtre de la Ville, et je tiens à remercier personnellement les milliers de personnes qui ont bien voulu répondre à nos questions. Nous y mesurons combien le public est absolument représentatif du « Grand Paris », qu’il vient de bien au-delà des vingt arrondissements et qu’il se renouvelle constamment : chaque année, 20 à 25 % des abonnés sont de nouveaux venus. C’est aussi un public très diversifié en termes d’âge et de niveaux de revenus. Il semble ainsi que la grande pluralité des esthétiques proposées donne naissance, presque naturellement, même s’il faut y travailler quotidiennement, à un public très mélangé, dont les choix peuvent être au départ orientés vers tel artiste ou telle discipline, mais que la curiosité poussera aussi à la découverte. Nous continuerons à regrouper vos réponses jusqu’à cet été, afin de vous tenir informés de l’ensemble des conclusions et mettre en œuvre les améliorations qu’elles suggèrent. Cette saison, toute l’équipe et les artistes, en premier lieu ceux de la troupe qui m’accompagne, auront été particulièrement impliqués dans le travail en direction des plus jeunes, dans des actions d’éducation artistique reliées à des projets inventés pour l’occasion : notre « laboratoire » Ionesco suite, présenté dans les lycées et universités de Paris et sa région et Les Cygnes sauvages, petite forme portée par Philippe Demarle sur le conte d’Andersen et jouée exclusivement dans les écoles élémentaires. À ceux-là s’ajoutent les spectacles de notre Parcours Enfance & Jeunesse, dont nous pourrons découvrir prochainement les marionnettes de Sobre la cuerda floja dont la douce mélancolie vient du Chili, les métamorphoses de Nos amours bêtes de Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore ou, au Monfort et au Centquatre, la rêverie du monde portée par les êtres flottants de Phia Ménard. Nous souhaitons surtout ne jamais perdre de vue ceci : faire passer le théâtre, qui existe depuis toujours, aux générations futures. L’audace des formes, la beauté des langues, la recherche d’un équilibre entre présent et passé, entre artistes reconnus ou en passe de l’être. Ce qui nous anime surtout, dans une société traversée par ses contradictions, c’est de préserver l’acte artistique, en nous aventurant sur des terrains nouveaux, dans tous les domaines. En théâtre comme en danse, nous retrouverons en cette fin de saison les nouvelles créations de plusieurs grands artistes de la scène internationale, de Romeo Castellucci à Jan Fabre, Sankai Juku, James Thiérrée ou Josef Nadj et aurons également le privilège de continuer à partager la vivacité du répertoire de Pina Bausch et d’Anne Teresa De Keersmaeker. Toujours attentifs aux nouvelles générations, nous découvrirons l’humour satirique du jeune collectif chilien La Resentida ou la diabolique machination de Contractions de Mike Bartlett orchestrée par Mélanie Leray. La quatrième édition de Chantiers d’Europe sera entièrement consacrée au Portugal et à ses artistes. Elle réunira plus de dix jeunes compagnies et une trentaine d’artistes de tous les domaines artistiques. Nous remercions vivement la mairie de Lisbonne pour son soutien ainsi que les partenaires parisiens qui se sont associés à cette aventure : Le Centquatre, Le Palais de Tokyo, Le Monfort, la Maison de la poésie, France Culture et la Maison de la Radio, la Fondation Gulbenkian, l’Institut Camões… La fonction du Théâtre de la Ville peut être aussi de travailler aux liens avec les autres équipements culturels, pour affirmer un esprit commun d’ouverture, initier une dynamique artistique créative et favoriser la circulation des publics. À une époque où l’on pourrait craindre le futur, où règne l’idée dominante que tout a déjà été inventé, et que les utopies seraient stériles, notre idée du partage et nos désirs artistiques marquent notre refus de cet « air du temps ». Emmanuel Demarcy-Mota GRAND ANGLE • 3 Kontakthof création en 1978 © GUY DELAHAYE avril-juillet 2013 NANCY, PINA & LES AUTRES Du Festival mondial du théâtre de Nancy, dont elle a suivi pour Le Monde toutes les embardées, aux artistes indisciplinaires de la scène contemporaine, Colette Godard reprend toute une archéologie de filiations et de transmissions parfois souterraines. 4 • GRAND ANGLE Festival mondial du théâtre de Nancy, 1977. Pour la première fois en France, Pina Bausch présente, sur la musique de Stravinski, Le Sacre du printemps. Et même si la « danse-théâtre » existe avant elle, elle l’emmène ailleurs. Aujourd’hui on le sait, son art nous appartient. En 1977, on découvre quelque chose de jamais vu encore. Dans la conception même, et non pas tellement dans la technique. En tout cas pour les spectateurs formés par le théâtre. L’essentiel est là : il y a la beauté d’un spectacle à la scénographie épurée, il y a la grâce des images, des visages souriants ou attentifs, des mouvements, des corps tellement vivants dans leurs costumes presque normaux… Au-delà, ce qui nous subjugue, nous bouleverse, c’est ce groupe humain dans lequel chacun existe. Cet ensemble harmonieux et divers d’hommes et de femmes, qui marchent comme ils dansent, dansent comme si c’était la moindre des choses, qui nous entraînent dans un univers chaleureux, rude, totalement étranger et en même temps proche, comme le souvenir d’un rêve oublié. Danse, théâtre ? Théâtre dansé ? Peu importe, Pina Bausch et sa famille sont parfaitement à leur place dans ce festival qui, prioritairement, accueille les formes multiples d’un art en perpétuelle métamorphose. Un festival à l’affût d’un théâtre ancré dans son temps, qui le regarde en face, en exprime les doutes, les inquiétudes, la mauvaise conscience, sans oublier les espoirs. DES NOUVELLES DU MONDE Créé en 1963 par Jack Lang, le Festival mondial du théâtre de Nancy se consacre d’abord aux troupes universitaires venues du monde entier. En France, en sont issus, entre autres, le Théâtre du Soleil, la Compagnie Vincent–Chéreau, présente à Nancy en 1965, en tant que Groupe théâtral du lycée Louis-leGrand avec L’Héritier de village de Marivaux. Dans les dictatures de l’Est et d’Amérique latine, le Théâtre universitaire est alors le refuge d’un travail, dangereux pour les participants, dans la mesure où il va au-delà des formes et des discours admis. Dans ces pays, ainsi qu’en Europe, il est le révélateur de compagnies, tel le Teatro a Comuna de Lisbonne, invité à plusieurs reprises dans les années 1970 à Nancy, et dont chaque spectacle, en détournant le répertoire, brave la censure, l’interdiction, voire la prison. Sans jamais verser dans le didactisme prôné par Brecht. Tout au moins par les adeptes orthodoxes du brechtisme, encore actifs en ce temps-là. Et nombreuses sont les troupes qui, engendrées par ce mouvement, apportent d’année en année à Nancy des nouvelles du monde. La Grèce fait ainsi irruption en 1973 avec le Théâtre d’Ombre de Karaghiozos de Mihopoulos Panayotis, qui présente Alexandre Le Grand et le serpent maudit et Œdipe le Tyran. L’an passé, le Théâtre de la Ville retrouvait la création grecque à travers le projet Chantiers d’Europe, où s’invite le Portugal en 2013. Aujourd’hui, quelle forme de censure doit-on braver ? La question sera traitée au cours d’un débat. En tout cas, une chose est certaine, la dictature dénoncée par les uns et les autres, est aujourd’hui celle de l’argent. Omniprésence de la dette… MARGE FLORISSANTE Ouvert à toutes les démarches, le Théâtre universitaire annonce la « marge », florissante dans les années 1960 et 1970, et qui, aux États-Unis, se bat contre la guerre du Vietnam, la société de consommation, les injustices sociales et raciales. La plupart de ces groupes adoptent, de près ou de loin, les codes de l’« agitprop » : refus des salles de théâtre conventionnelles et de leur « quatrième mur » pour aller vers le public, se mêler à lui. Simplification assumée du « message », remaniement des formes traditionnelles. Ainsi les Campesinos, venus du Pérou avant de se réfugier à New York, jouent les marionnettes à gros cigares, peintes aux couleurs du drapeau américain pour en dénoncer l’impérialisme. Et surtout le Bread and Puppet Theater de Peter Schumann, longilignes pantins désarticulés que les comédiens portent comme des costumes, apparus à Nancy en 1968 (année où le festival se tient du 19 au 28 avril !). En des lieux différents, en plein air ou dans des salles, ils enchaînent un hommage aux « cinq Américains s’immolant par le feu pour protester contre la guerre du Vietnam ». La compagnie deviendra une familière du festival, des rues et lieux à Paris, en France, un peu partout. Mais le principal « objet non identifié » en provenance de New York sera, en 1971, Le Regard du sourd de Robert Wilson. Ceux qui demeurent aujourd’hui fascinés par la somptueuse splendeur de son style auront du mal à imaginer ses images d’alors, d’un extraordinaire raffinement dans la simplicité, mêlant la nuit, le jour, les animaux fabuleux, les humains quotidiens, déroulant en musique et sans un mot, la lente régularité d’un Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 rythme qui abolit toute notion de temps… Combien d’heures ? On ne sait pas, on ne compte pas, c’est hors sujet. La beauté, l’émotion emportent tout. Depuis, d’autres se sont essayés à cet exercice, sans toujours faire preuve d’un même don de poésie magique. L’année suivante, pour son inauguration, le Festival d’Automne à Paris – né alors que le Théâtre des Nations vit ses dernières heures, par la volonté et sous la direction de Michel Guy, amoureux de la danse américaine – invite Le Regard du sourd. Robert Wilson y devient un habitué, et c’est en partenariat que le Théâtre de la Ville accueille en 1983 Civil Wars, l’un de ses opéras conçus avec Philip Glass, puis en 2010 L’Opéra de quat’sous de Brecht et Kurt Weill, en 2012 Lulu de Wedekind et Lou Reed avec le Berliner Ensemble, dont le directeur Claus Peymann vient (pour la première fois depuis vingt ans) avec Richard II, puis Simplement compliqué, de son auteur-frère Thomas Bernhard. Un moment de trouble, d’impitoyable lucidité qui apporte à Kantor triomphe, notoriété, disciples plus ou moins heureux, plus ou moins éphémères, car il meurt trop tôt, en 1990, et personne ne l’a remplacé. Si certains ont pu trouver chez Christoph Marthaler quelque parenté avec son regard acéré et son humour décalé, c’est dans leur propre mémoire que s’établit la filiation, car les deux metteurs en scène, tous deux uniques en leur genre, ne se sont jamais connus. En 1975 le Festival d’Automne fait également découvrir Peter Zadek, alors directeur du Schauspielhaus de Bochum, dans ce qui est encore la RFA, autrement dit l’Allemagne de l’Ouest. Avec sous chapiteau un inoubliable Roi Lear, homme dans la force de l’âge, roi sans terre, sans plus de repères, perdu, éperdu, trébuchant sous le poids du corps nu de sa fille morte, sous le poids de l’exil. Blessure jamais cicatrisée chez Zadek, né à Berlin, et qui, à sept ans doit fuir Hitler en Angleterre. Son Quand la beauté, l’émotion, emportent tout. UN CLIMAT DE DINGUERIE Apparu lui aussi à Nancy en 1971, le Polonais Tadeusz Kantor marque les mémoires et l’histoire du théâtre avec La Poule d’eau de Witkiewicz. Sa façon à lui de braver la censure, c’est d’installer d’emblée un climat de dinguerie où trouvent leur place toutes les audaces. Ou presque. Là, il n’est plus question de faire oublier le temps, mais d’envelopper le spectateur dans une ambiance ironico-morbide, de le plonger dans l’incertitude, entre rire et angoisse. Et si les comédiens parlent, – en cette époque où les surtitres ne sont pas encore utilisés – ils se font comprendre principalement à travers leurs attitudes, leurs hésitations, par des variations vocales pas forcément adaptées à la situation. Suit, en 1975, La Classe morte, étrange réunion derrière des pupitres d’écoliers, de seniors à la mémoire hésitante, tentant de reconstituer leur jeunesse à l’aide de poupées. Lear déchire chaque spectateur, y compris Jean-Jacques Gautier, redouté critique du Figaro qui se faisait un plaisir et un devoir de démolir tout ce qui sortait des normes, sachant très bien que sa virulence pouvait devenir un atout pour le spectacle. Mais là, il doit se rendre à l’évidence. « Pour une fois, reconnaît-il en souriant, nous serons du même avis… » En fait, c’est Peter Zadek – dont le directeur artistique Lew Bogdan succède à Jack Lang, appelé à la direction du Théâtre national de Chaillot – qui fait sortir en premier Pina Bausch de Wuppertal, l’invitant dans son théâtre de Bochum en 1976 avec Il la prend par la main et la conduit au château, les autres suivent, composition inspirée de Macbeth. Si le rapport à Shakespeare n’est pas tout de suite évident, les années n’effacent pas la surprise, l’émotion ressentie devant le calme impitoyable, la redoutable intensité de ce spectacle, relativement bref, inquiétant et d’une étonnante rigueur. GRAND ANGLE • 5 avril-juillet 2013 Cette même année 1976, Gérard Violette – encore administrateur général du Théâtre de la Ville, que dirige Jean Mercure – entend parler de cette femme bizarre qui opère à Wuppertal, et s’en va voir sur place. Il en revient galvanisé, décidé coûte que coûte à l’emmener à Paris, chez lui. Il lui faudra batailler près de deux ans pour convaincre les autorités municipales et régionales (dont dépend l’institution) de laisser partir la troupe entière du Ballet de Wuppertal, l’Opéra étant alors privé de son programme de danse. Depuis, le Théâtre de la Ville est devenu la seconde maison de Pina Bausch et de sa famille, qui y revient régulièrement, y compris depuis qu’elle n’est plus là, et le plus souvent pour terminer la saison en beauté. Les anciens, les nouveaux, tout le monde connaît tout le monde, chacun arrivant avec ses affaires personnelles, y compris ses enfants, parfois même ses animaux domestiques. Chacun s’y retrouve chez soi, y retrouve sa place, sa loge, ses habitudes, ses amis, ses proches. Autant avec les équipes techniques qu’administratives, ils se connaissent, se reconnaissent. L’histoire commence en 1979, lorsque, pour la première fois, la troupe arrive avec deux spectacles : d’abord Les Sept Péchés capitaux de Brecht et Kurt Weill, qui met en jeu sans fioriture, la sensualité et la rivalité, le jeu du pouvoir, de la séduction et de la domination dans les rapports masculins–féminins. Les intégristes brechtiens sont pour le moins désorientés. Mais pas autant qu’en 1973, à Nancy, lorsque la compagnie brésilienne, Pao e Circo, présente sa version de La Noce chez les petits bourgeois. Là, ce n’est plus du désarroi, on touche à l’affolement absolu ! Grand expert de Brecht, Bernard Dort ne sait plus où donner de la tête. Il faut dire que si le point de départ demeure la préparation d’un mariage fondé sur le mensonge, rapidement les Brésiliens s’emparent de la scène, de la salle, y conduisent un carnaval effréné, complètement disjoncté, dont on ne sait plus à quelle heure il s’est terminé. En tout cas après deux heures du matin. Rien à voir avec le travail très maîtrisé de Pina Bausch, qui est pourtant loin d’être immédiatement apprécié ; en particulier Le Château de Barbe Bleue d’après Béla Bartók, pour lequel se joue dans un espace clos, avec brutalité, avec une douloureuse cruauté mentale, sentimentale, physique, l’impossibilité d’aimer, de vivre ensemble. À quelques exceptions près, notamment Pierre Combescot, critique au Canard Enchaîné, et Pierre Lartigue à L’Humanité, c’est la curée. Les articles sont durs, voire venimeux. Les salles sont pleines, tout au moins au début des représentations, puis elles se vident en même temps qu’enfle la bronca, tandis que, par opposition, se constitue un noyau de fans résolus. Connaissant son public et la presse, Gérard Violette a prévu ce refus, prévenu son équipe, et a décidé de braver l’opinion jusqu’à ce qu’elle change. Et sans trop attendre, il gagne. L’INVITATION FAITE AU BUTÔ En 1983, Bandonéon est encore souvent désigné comme un modèle d’ennui et de stupidité ; mais deux ans plus tard, les partisans de Café Müller sont largement majoritaires. Le spectacle a été donné en 1980 au Festival de Nancy, en plein air, sur la Place Stanislas, devant une brasserie. Ce spectacle, c’est un peu l’histoire de Pina, son enfance à Solingen où ses parents tenaient un café. Et, raconte-t-elle, elle aimait se cacher sous une table de bistrot pour observer les gens. Ils sont là, les gens, qui vont et viennent, se rencontrent, se regardent, s’enlacent, se croisent, s’évitent, parfois ridicules, toujours émouvants, dans une ambiance inhabituelle de tendresse nostalgique. À Nancy, sur les bancs de bois, humides parce qu’il a plu dans la journée, plus encore que spectateur, on se sent partie prenante de ces instants mélancoliques qui racontent la vie, tout simplement. Quoi qu’il en soit, en 1980, Pina Bausch n’est pas seule à Nancy. Le festival, qui suit depuis plusieurs années l’évolution du théâtre traditionnel et contemporain au Japon, invite, pour la première fois en Europe, des danseurs de butô. Dont leur maître, leur père à tous, co-inventeur avec Tatsumi Hijikata de cet art né après Hiroshima. Inoubliable apparition d’une silhouette fragile dans une longue robe. Sous un large chapeau orné de fleurs, un visage aigu fardé de blanc, sourire rêveur, regard voilé fixé sur un univers indéfini que l’on est appelé à imaginer. Kazuo Ohno. Septuagénaire sans âge, il livre sa passion pour La Argentina, danseuse espagnole mondialement célèbre entre les deux guerres, vue à Tokyo lorsqu’il était jeune homme, et qu’il n’a cessé d’admirer. Évidemment rien d’andalou chez lui. Ni de féminin. Au-delà du féminin comme du masculin, ainsi apparaissent les « onnagata », personnages du théâtre traditionnel, où les actrices n’ont pas droit de cité. Kazuo Ohno dégage une humanité qui dépasse les genres. Du moindre de ses gestes émane une étrange douceur. Des gestes qui semblent à peine esquissés, mais d’une infinie précision et qui entraînent le corps en des mouvements souples, comme flottants, débarrassés de toute pesanteur. Et puis il y a l’attention de son visage immobile, tranquillement mystérieux. On se trouve devant lui comme audedans d’une féérie. Kazuo Ohno vient au Théâtre de la Ville en 1986. Il y est de nouveau invité en 1989, au théâtre des Abbesses, mais son âge et sa santé l’obligent à annuler. Il meurt en 2009, à 103 ans. Douceur, fragilité, mystère, c’est ce que l’on retient de lui, sur scène ou au dehors, quand on le rencontrait, si mince dans son complet noir, demandant de sa voix grêle « Où est mon fils ? » Son fils qui l’accompagnait dans son travail, et dans la vie. [suite p. 7] © CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE / WIKISPECTACLE LA SECONDE MAISON DE PINA BAUSCH ROMEO CASTELLUCCI I THE FOUR SEASONS RESTAURANT → THÉÂTRE DE LA VILLE I B L’OBSESSION DU REGARD DU 17 AU 27 AVRIL 20 H 30 I DIM. 21 AVR. 15 H ROMEO CASTELLUCCI La splendeur picturale contre l’impérialisme de l’image, la solitude de l’artiste : thèmes familiers à Romeo Castellucci emportés dans la fureur du ciel. SOCÌETAS RAFFAELLO SANZIO Elles surgissent du néant, de ce fragment d’espace indéfini, indéfinissable et tonitruant que les experts nomment « point noir ». Elles sont dix, blanches et belles, gracieuses, comme rêvées par Botticelli. Tout en charmeuse délicatesse, elles se mutilent, des chiens se gavent. Et puis ensemble, elles traduisent silencieusement le poème de Hölderlin, La Mort d’Empédocle. Cet homme de science et philosophe qui d’abord vénéré, se vit rejeté, considéré comme hérétique, accusé de blasphème, et finit par se jeter dans le feu de l’Etna. En lui, Romeo Castellucci reconnaît le destin, la solitude de l’artiste, écartelé entre ses exigences et les malentendus qu’il provoque. D’où le titre du spectacle : The Four Seasons Restaurant. Luxueux restaurant new yorkais qui, pour orner ses murs, avait commandé une série de tableaux au peintre Mark Rothko. Né en Lituanie en 1903, lui aussi s’est suicidé, à New York en 1970. Et plutôt que de livrer son œuvre, son âme, aux regards de clients venus là pour consommer, se nourrir, il a préféré enlever ses tableaux, laisser les murs vides. En lui, en son histoire, Romeo Castellucci rencontre sa propre obsession du regard, son propre refus de se laisser utiliser par l’image. Plutôt le vide, plutôt la mort. Mais que devient un monde sans art ? Alors l’espace de la scène se transforme par l’effet de rideaux, qui vont et viennent, dévoilent un cheval couché, un homme blessé, un visage féminin aux yeux fermés, projeté en gros plan… Rien ne dure, l’espace se défait, s’engloutit dans une apocalypse de cauchemar, dans le tourbillon terrifiant d’une fureur céleste, assourdissante. Le noir, le bruit fracassant, le rien. La splendeur picturale pour se défaire de l’ordinaire. Difficile de ne pas être atteint. C. G. The Four Seasons Restaurant DU CYCLE LE VOILE NOIR DU PASTEUR CRÉATION MISE EN SCÈNE, DÉCOR & COSTUMES Romeo Castellucci MUSIQUE Scott Gibbons Chiara Causa, Silvia Costa, Laura Dondoli, Irene Petris AVEC ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Silvia Costa COLLABORATION À LA DRAMATURGIE Piersandra Di Matteo PRODUCTION EXÉCUTIVE Societas Raffaello Sanzio Theater der Welt 2010 – Théâtre national de Bretagne, Rennes – deSingel international arts campus, Anvers – The National Theatre, Oslo Norvège – Barbican London et SPILL Festival of Performance – Chekhov International Theatre Festival, Moscou – Holland Festival, Amsterdam – Athens Festival GREC 2011 – Festival de Barcelone – Festival d’Avignon – International Theatre Festival DIALOG Wroclaw, Pologne – BITEF (Belgrade International Theatre Festival) – Foreign Affairs I Berliner Festspiele 2011 – Théâtre de la Ville-Paris – Romaeuropa Festival 2011 – Theatre festival SPIELART Munich (Spielmotor München e.V.) – Le Maillon, Théâtre de Strasbourg, Scène Européenne – TAP Théâtre Auditorium de Poitiers, scène nationale – Peak Performances @ Montclair State-USA Socìetas Raffaello Sanzio est subventionnée par Ministero per i Beni e le Attività Culturali ; Regione Emilia Romagna; Comune di Cesena. COPRODUCTION 6 • GRAND ANGLE Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 EMPREINTES D’UN TEMPS ENFOUI Pour Ushio Amagatsu, chorégraphe de Sankai Juku, « La danse commence dans le processus qui précède la naissance, dans la répétition d’une évolution qui prit des centaines de millions d’années. » → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 2 AU 11 MAI 20 H 30 I DIMANCHE 5 MAI 15 H USHIO AMAGATSU I SANKAI JUKU UMUSUNA CRÉATION 2012 Mémoires d’avant l’Histoire Un environnement de sable, omniprésent, où le geste se fait minéral, diaphane, dans un flux que seul le sablier du corps sait écouler. UMUSUNA, qui donne son nom à la dernière création d’Ushio Amagatsu et de sa compagnie Sankai Juku, est un mot venu du Japon archaïque. « Umusu » signifie naître, commencer sa vie, venir au monde. Une expression qui comporte aussi la notion double du tout et du rien, de l’existence et du néant. L’idéogramme « Na » évoque quant à lui la terre, le sol, le pays. Les titres des spectacles de Sankai Juku sont déjà, lorsqu’on entre dans leur polysémie, une forme de méditation poétique. Ces « mémoires d’avant l’Histoire », que les corps déchiffrent lentement comme autant de hiéroglyphes, sont les empreintes d’un temps enfoui dans les origines, une langue perdue, qui continue pourtant de parler en secret dans la chair et ses entrailles. « Je veux penser que la danse commence dans le processus qui précède la naissance, et même plus avant, dans la répétition d’une évolution qui prit des centaines de millions d’années », écrit Ushio Amagatsu*. Tous les spectacles de Sankai Juku peuvent être vus comme autant de rituels contemporains venant célébrer le cycle du vivant, en sa patiente et infinie renaissance. Issu du mouvement Butô, cette « danse des ténèbres » née dans le Japon des années 1960 où allait sourdre « la révolte de la chair », Ushio Amagatsu s’est progressivement éloigné de cette fièvre radicale et protestataire pour faire émerger un art plus cosmogonique : offrandes, psaumes d’humanité, quête d’un équilibre entre les mystères de l’univers et la métaphysique d’une présence au monde. « Le corps, enveloppé dans les forces de la Terre, abrite un esprit » : entre corps et conscience, Amagatsu calligraphie de fascinants tableaux mouvants en perpétuelles oscillations. J.-M. A. CHORÉGRAPHIE, CONCEPT, DIRECTION Ushio Amagatsu MUSIQUES Takashi Kako, Yas-Kaz, Yoichiro Yoshikawa RÉGIE GÉNÉRALE Kazuhiko Nakahara LUMIÈRES Genta Iwamura SON Akira Aikawa Ushio Amagatsu, Semimaru, Sho Takeuchi, Toru Iwashita, Akihito Ichihara, Ichiro Hasegawa, Dai Matsuoka, Norihito Ishii AVEC COPRODUCTION Biennale de la danse / Opéra National de Lyon – Théâtre de la Ville-Paris – Kitakyushu Performing Arts Center, Fukuoka Pref. Japon – Sankai Juku, Tokyo, Japon AVEC LE SOUTIEN DE Shiseido * Ushio Amagatsu, Dialogue avec la gravité, éd. Actes Sud, 2000. © GUY DELAHAYE EXPOSITIONS AU THÉÂTRE DE LA VILLE DU 16 AVRIL AU 12 MAI USHIO AMAGATSU I SANKAI JUKU photos Guy Delahaye UN ARTISANAT DE GESTES Une gravure de Dürer et la poésie de Paul Celan sont à l’établi du théâtre miniature que crée Josef Nadj pour que « le rêve fraie ». © SÉVERINE CHARRIER Josef Nadj est un artisan du corps et de ses gestes, du plateau et de ses ombres, de l’imaginaire et de ses tiroirs. Cette pâte, sans cesse retriturée, forme la constante transformation d’une poétique éprise de matière : un atelier où la mémoire et le rêve se matérialisent. Endroit d’une lutte physique où, pour figurer sa présence au monde, l’homme de chair retourne et malaxe les surfaces, creuse son empreinte, se bat pour laisser une trace, fragile, peut-être éphémère, dans le vivant. Dans ses dessins/peintures, Josef Nadj convoque d’autres ombres – minérales, végétales, animales –, qui deviennent la chair graphique d’un espace mental. Entre la scène et l’empreinte, une même continuité calligraphique ? C’est en scrutateur des lignes et de leur respiration que Josef Nadj a conçu la création d’ATEM le souffle, mêlant dans une même inspiration, une gravure sur cuivre de Dürer (Melencolia 1) et les mots de Paul Celan, l’un des plus déchirants (et déchiré, par le nazisme) poètes allemands. Un entre-deux où, comme le disait Celan, « le rêve fraie ». Cet entre-deux que Josef Nadj, accompagné d’Anne-Sophie Lancelin, des nappes musicales d’Alain Mahé et des contrebasses de Pascal Seixas, réalise dans l’écrin d’un théâtre miniature, castelet où des corps jouent toute une pantomime de « petits signes ». Tout un artisanat de gestes laisse le spectateur entrer comme par effraction à l’intérieur du tableau en train de se peindre, atelier de l’artiste à même son corps, scène réduite mais douée de perspectives, où l’écoulement inexorable du temps semble s’opposer au désir d’éternité. Cette quête inassouvie, comme une broderie sans cesse rejouée et recommencée, crée une béance. Celle-là même où habite Josef Nadj, en chair et en ombres. J.-M. A. → CENTQUATRE I A DU 3 AU 28 AVRIL HORAIRES VOIR CAL. P. 38 JOSEF NADJ CCN D’ORLÉANS ATEM le souffle CRÉATION Josef Nadj, Anne-Sophie Lancelin MUSIQUE ORIGINALE Alain Mahé ASSISTÉ DE Pascal Seixas MUSICIENS Alain Mahé OU Pascal Seixas COSTUMES Aleksandra Pešić ACCESSOIRES László Dobó CHORÉGRAPHIE AVEC Anne-Sophie Lancelin, Josef Nadj Centre chorégraphique national d’Orléans, Jel - Színház Festival d’Avignon - Théâtre de la Ville-Paris – Le CENTQUATRE-Paris – Governo do Portugal / secrétariat d’État à la culture – Teatro Nacional de São JoãoPorto AIDES À LA CRÉATION DRAC Centre, la région Centre, la ville d’Orléans AVEC LE SOUTIEN DE la Société Générale Le Centre chorégraphique national d’Orléans est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication - DGCA - DRAC Centre, la région Centre, la ville d’Orléans, le département du Loiret. Le Centre chorégraphique national d’Orléans – direction Josef Nadj est membre de l’Association des Centres chorégraphiques nationaux (ACCN). PRODUCTION COPRODUCTION GRAND ANGLE • 7 avril-juillet 2013 BOUSCULER LES CODES ET LES HABITUDES C’est à l’opposé absolu de cette douceur que se situe Ushio Amagatsu, avec sa compagnie Sankai Juku, uniquement composée d’hommes, qui participe également à l’édition 1980 du Festival de Nancy. Des hommes plutôt athlétiques, corps nus et visages entièrement peints en blanc, gestes brusques, quasi géométriques, traçant une sorte de fresque palpitante et brutale, avec des moments qui touchent à l’acrobatie. Que veulentils communiquer ? Peu importe. L’ensemble est impressionnant, déroutant, et l’on voit Gilles Sandier, professeur, essayiste, collaborateur de Jack Lang pour le Festival, se levant, se déplaçant, tout contre le plateau, de jardin à cour, de cour à jardin, comme envoûté par ces hiéroglyphes charnels, sans pouvoir les quitter des yeux. Dès 1982, Sankai Juku est régulièrement invité au Théâtre de la Ville. Ce n’est pourtant pas à Nancy que Gérard Violette les a découverts, mais à Paris, au Forum des Halles, où ils se produisaient dans une sorte de performance. Qui les y a invités ? Chaque responsable d’un lieu de spectacle, d’un festival, se trouve en contact plus ou moins permanent avec des voyageurs du influence générale sur la danse, la scénographie, le théâtre, est tout simplement une évidence. Il en va de même pour Robert Wilson, en dehors même de la durée possible d’une représentation. Sans ces étoiles lointaines mais toujours éclairantes, Josef Nadj aurait-il pu mener loin son travail sur la situation, l’expression du corps dans le décor ? Jan Fabre aurait-il pu façonner le corps en tant qu’image, et inversement ? Nadj et Fabre, tous deux plasticiens, comme Kantor et Wilson. Sans eux, sans Pina, auraient-ils rencontré les publics susceptibles d’entrer dans leurs recherches ? Et lorsque l’on voit comment le théâtre intègre aujourd’hui l’image, en partenariat avec les corps, avec les sons, au gré des évolutions techniques, apparaît clairement la filiation avec ces années-là. Des années somptueusement diverses, dont a bénéficié Nancy, entre autres festivals en France (il faudrait aussi citer Sigma à Bordeaux, sous la houlette de Roger Lafosse), mais pas seulement. Ainsi à Spolète, en Italie, où Patrice Chéreau – alors successeur de Georgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan – monte, en 1971, La Finta serva ( La Fausse suivante de Marivaux). C’est là aussi qu’est créé, en 1969, le fameux Orlando Furioso de Luca Avec des artistes qui ont fait valser les catégories, nous avons appris à regarder autrement. monde, qui ont leurs entrées partout où il se passe quelque chose, dans la plus officielle des institutions, comme dans l’arrière-cour d’un garage squattée par des marginaux. L’un de ces « ambassadeurs » s’appelle Thomas Erdos. Hongrois polyglotte et d’une curiosité illimitée, jusqu’à sa mort, en 2004, il voyage entre autres pour le Théâtre de la Ville. Le grand mérite du Festival de Nancy, est avant tout d’avoir su et pu attirer des artistes, inimitables dans la mesure où, à chaque seconde, chacun de leur spectacle reflète leur singularité. Des artistes qui ont fait valser les catégories, ont bousculé les codes et les habitudes. Ils n’ont pas à proprement parler de disciples, ils ont seulement effacé les frontières entre les disciplines, les normes. Ils ont ouvert des portes par lesquelles d’autres se sont engouffrés, sans forcément savoir où ils iraient. Et avec eux, nous, spectateurs, avons appris à regarder autrement. Parmi les metteurs en scène, Georges Lavaudant s’est ainsi tout de suite réclamé de Pina Bausch, sans tenter de l’imiter. Aujourd’hui, son Ronconi. Le théâtre italien est riche, tout au moins en artistes, qui, à l’exception de Strehler, refusent les institutions, dont ils contestent la situation de dépendance vis-à-vis de l’État. Ils viennent de Naples, de Parme, de Milan, ou de Rome comme « la Maschera » d’Attilio Bertolucci faisant voyager Othello dans un univers glorieusement pictural. Ils fouillent les cultures régionales pour y trouver des histoires de toujours, ou s’appuient sur Sade pour dire la domination des élites (le Beat 72), chantent et bien entendu racontent des histoires. Raconter, c’est leur génie depuis toujours. En 1976, sous l’intitulé de la « comédie populaire », Michelle Kokosowski invite le plus grand des conteurs, Dario Fo, généralement en butte à l’hostilité des municipalités italiennes, encensé par un public immense. En France non plus il n’est pas un inconnu. D’ailleurs, en 1971, le Théâtre de la Ville programme (avec une distribution française) Isabelle, trois caravelles et un charlatan, pamphlet sur Christophe Colomb et les horreurs du colonialisme européen, thème alors en vogue. Le spectacle est créé à Avignon, dans la Cour d’Honneur, l’acteur principal s’est blessé, Dario Fo est là, explique le problème. Seul dans l’immensité de la scène, en deux mots il conquiert les deux mille spectateurs, les fait rire, les tient en haleine, il aurait pu continuer toute la nuit. Dans la lignée, se rencontre Ascanio Celestini, dont Charles Tordjman présentera La Fabbrica, aux Abbesses. En 2010, on le voit en personne, au Théâtre de la Ville, raconter, mimer, développer une critique ironico-acerbe de la corruption généralisée. DANS LA LIGNÉE DE CARMELO BENE Dans les années 1960 et 1970, à l’extrême opposé de Dario Fo par le style et le propos, proche d’Antonin Artaud, tout aussi extravagant, tout aussi attaché à sa liberté de dire et de faire : Carmelo Bene. « Homme opéra » invité à plusieurs reprises par le Festival d’Automne, capable lui aussi de clouer les spectateurs sur leurs fauteuils, les entraînant dans ses mondes, lyriques et généreux. C’est de lui que se réclame Romeo Castellucci, lorsqu’il apparaît en France en 1993, au Festival théâtre en mai de Dijon. Depuis, il est devenu un habitué d’Avignon, travaille régulièrement au Théâtre national de Bretagne, à Rennes. Au Théâtre de la Ville, son spectacle Sur le concept du visage du fils de Dieu offre à l’extrême-droite catholique intégriste un prétexte à des manifestations, des insultes, de vraies violences. Lui aussi plasticien, il compose son travail à partir d’images dont le raffinement peut conduire à l’épouvante. Son but : affûter le regard, le laver des tromperies publicitaires et télévisuelles. Préoccupation commune à bien des artistes italiens. Déjà en 1973, pour la dernière année du Théâtre des Nations, Luca Ronconi, adepte de la « déconstruction » chère à Jacques Derrida monte à l’Odéon, XX, qui en trimbalant les spectateurs par groupes de vingt, démontre comment, en dispersant leur attention sur de faux événements, la télévision les distrait de la réalité : un coup d’état. Castellucci ne l’a pas vu, n’en a certainement pas entendu parler, mais l’aurait apprécié, lui qui a vécu et combattu l’Italie berlusconienne. En 1983, puisque tout a une fin, le Festival de Nancy, qui depuis longtemps déjà se bat pour son financement, vit sa dernière édition. Les années 1980 ne sont plus vraiment celles de l’aventure. Bien que Jack Lang soit alors ministre de la culture, il n’y a pas de miracle. La dernière édition bat de l’aile, sous la direction de Mira Trailović, femme d’expérience, puisqu’en 1967, dans la Yougoslavie du maréchal Tito, elle a fondé avec Jovan Cirilov le BITEF, Festival de théâtre de Belgrade, dans le but de réunir les artistes de l’Est et de l’Ouest. De Grotowski à Roger Planchon, du Living Theatre à Lev Dodine, tous les grands y ont trouvé leur place. À Nancy, Mira Trailović, pour la première fois parvient à faire venir une institution de Berlin Est : le Deutsches Theater. Voisin d’en face du Berliner Ensemble, il est alors dirigé par Alexander Lang, qui présente une Mort de Danton, où Danton et Robespierre sont interprétés par un même acteur. Deux ennemis en un même homme, deux Allemagnes. L’Allemagne est unifiée, le rideau de fer s’est envolé, les frontières géographiques et autres se sont assouplies, par voie de conséquence, dans les lieux de spectacle également. Le Festival mondial du Théâtre de Nancy n’est plus, la vie continue. Quant au Théâtre de la Ville, il continue d’accueillir les institutions et les autres : aux Abbesses, nous découvrons les She She Pop, un collectif féminin, qui travaille entre Hambourg et Berlin, n’a peur de rien et, vu son professionnalisme, peut se permettre beaucoup. À côté, le Berliner Ensemble, avec le Festival d’Automne, nous fait retrouver le fabuleux Martin Wuttke, le Arturo Ui de Brecht, dans une mise en scène de Heiner Müller, qui date de 1995, et n’a rien perdu, au contraire, de sa virulence, de sa redoutable actualité. E la nave va, comme le dit le titre d’un film de Federico Fellini, où apparaît une certaine… Pina Bausch. Colette Godard L’ÂME D’UN SPECTATEUR Jacques Spector était un spectateur parmi d’autres, sauf pour ceux qui l’ont connu. Passionné, curieux, rien d’important, en danse comme en théâtre, ne lui échappait. Certains artistes étaient devenus des amis, et pour d’autres il aura été une mémoire vive, un passeur attentionné. Du Festival de Nancy au Théâtre de la Ville, dont il était un fidèle parmi les fidèles, combien d’heures de spectacles aura-t-il vues ? En février, il a fermé les yeux pour de bon. Faut-il lui rendre hommage ? Il n’aurait guère aimé. Mais le saluer une dernière fois, oui, et lui dire que son regard de spectateur-amateur manque déjà. J-M. A. 8 • GRAND ANGLE Théâtre de la Ville PARIS © JEROEN MANTEL avril-juillet 2013 JAN FABRE I TRAGEDY OF A FRIENDSHIP → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 29 MAI AU 3 JUIN 20 H 30 I DIMANCHE 2 JUIN 15 H HÉRÉTIQUE, AU JOUR LE JOUR THÉÂTRE I DANSE JAN FABRE CRÉATION 2013 CONCEPT & MISE EN SCÈNE Jan Fabre Moritz Eggert Stefan Hertmans DIRECTION MUSICALE Moritz Eggert DRAMATURGIE Miet Martens, Luc Joosten DÉCOR Jan Fabre ASSISTANT SCÉNOGRAPHIE Bert Heytens COSTUMES Jan Fabre, Andrea Kränzlin LUMIÈRES Jan Dekeyser, Jan Fabre SON Tom Buys COMPOSITION Nietzsche, Wagner, et… Jan Fabre. L’artiste anversois poursuit une ligne de faille sur laquelle, depuis les années 1980, il construit son esthétique. LIBRETTO Début 1982. Jan Fabre, 24 ans, est loin d’être l’artiste international qu’il est aujourd’hui devenu. Mais il est à New York, où il a déjà séjourné en 1980 et 1981. Y fait quelques performances, rend visite à la Factory d’Andy Warhol, se fait agresser au milieu d’une rue, etc. Et le 23 mai 1982 : « J’ai rencontré Hugo de Greef, le directeur du Kaitheaterfestival à Bruxelles. Nous avons conclu un excellent marché. Je lui ai donné mon script de C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir et en échange, il m’a donné une cartouche de cigarettes Belga. Entre nous, le courant passait. Nous verrons ce que nous réserve l’avenir. Aura-t-il le cran nécessaire pour présenter mon œuvre dans ce petit pays de cons conservateurs ? ». Cinq mois plus tard, la « pièce », d’une durée de huit heures, voit le jour à Anvers. Et lancera la réputation de Jan Fabre sur les scènes internationales. Dans le journal* qu’il a tenu, sans discontinuer, de 1978 à 1984, Jan Fabre narre six années de genèse, dans l’antichambre des créations (« Répéter consiste à supprimer les valeurs esthétiques et morales »), entre considérations intempestives (cette première note, de 1978 : « La beauté : le vaudou qui guérit le corps et l’empoisonne ») et archives du corps (« Je suis l’incarnation d’une gloire passée »). Un Journal de nuit écorché, récalcitrant, hérétique, visionnaire, comme l’est Jan Fabre. Avec une dizaine d’interprètes, il se lance aujourd’hui dans la création de Tragedy of a Friendship, méditation sur la relation entre le philosophe Nietzsche et le compositeur Wagner. Fouillant ses intimes dualités, Jan Fabre creuse les déchirements qui traversent tout créateur, tiraillé entre l’aspiration à la transcendance et la tentation du profane, entre l’attrait pour la réflexion spéculative et les appels de l’intuition. Une ligne de faille qui n’a cessé de travailler au corps, depuis les années 1980, toute l’œuvre de Jan Fabre. J.-M. A. * Jan Fabre, Journal de nuit, L’Arche éditeur, 2012, 238 pages, 22 €. TROUBLEYN Tragedy of a Friendship AVEC Gustav Koenings, Nikolaus Barton, Annabelle Chambon, Cédric Charron, Ivana Jozic, Kurt Vandendriessche (EN COURS) VOIX, CHANT Hans Peter Janssens, Lies Vandeweghe Vlaamse opera – Wagner Genèva Festival – Opéra de Lille – Holland Festival – Théâtre de la Ville-Paris – Concertgebouw Brugge COPRODUCTION avril-juillet 2013 GRAND ANGLE • 9 → THÉÂTRE DE LA VILLE I E DU 11 AU 21 JUIN 19 H 30 I DIMANCHE 16 JUIN 17 H TANZTHEATER WUPPERTAL I PINA BAUSCH Kontakthof AVEC LES DANSEURS DU TANZTHEATER WUPPERTAL MISE EN SCÈNE & CHORÉGRAPHIE Pina Bausch & COSTUMES Rolf Borzik Rolf Borzik, Marion Cito, Hans Pop SCÉNOGRAPHIE COLLABORATION ARTISTIQUE Bénédicte Billiet, Dominique Mercy DIRECTION DES RÉPÉTITIONS AVEC Kontakthof version 1978 © GUY DELAHAYE Pablo Aran Gimeno, Rainer Behr, Andrey Berezin, Damiano Ottavio Bigi, Aleš Čuček, Clémentine Deluy/Thusnelda Mercy, Silvia Farias Heredia, Scott Jennings, Ditta Miranda Jasjfi/Aida Vainieri, Barbara Kaufmann, Nayoung Kim, Daphnis Kokkinos, Eddie Martinez, Cristiana Morganti, Nazareth Panadero, Helena Pikon, Jorge Puerta Armenta, Franko Schmidt, Azusa Seyama, Julie Shanahan, Julie Anne Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels Mendoza, Anna Wehsarg, Paul White Juan Llossas, Jean Sibelius Lebensraum in Gefahr DE Theo Kubiak MUSIQUE L’EXTRAIT DU FILM EST DIFFUSÉ AVEC L’AUTORISATION DE L’AUTEUR DE RADIO BREMEN PREMIÈRE 9 déc. 1978 Wuppertal L’Arche Éditeur DROITS DE REPRÉSENTATION TANZTHEATER WUPPERTAL I KONTAKTHOF PINA BAUSCH : MOUVOIR, ÉMOUVOIR EXPOSITIONS AU THÉÂTRE DE LA VILLE DU 17 JUIN AU 8 JUILLET PINA BAUSCH Autour du spectacle Kontakthof photos Guy Delahaye Pièce de légende, Kontakthof n’a pas d’âge. Une œuvre qui traverse les générations et que le Tanztheater Wuppertal à l’approche de ses 40 ans vient offrir au Théâtre de la Ville. Wuppertal, mars 2011. Ultimes répétitions, par la compagnie de Pina Bausch, de la reprise de Kontakthof, une pièce créée en 1978. Son décor grisonnant de salle de bal. Son cortège de chaises. La danse des déhanchements. Et la litanie des accouplements, je te mords l’oreille, je te pince les fesses, je cherche la tendresse et j’offre la cruauté, entre les hommes et les femmes, ça n’a jamais été simple. Cheveux gominés, robes de soie, chorus-line des séductions maladroites, de l’inconfort et du malaise. Musiques rétro. Kontakthof n’a pas d’âge. C’est une pièce qui traverse les générations. Pina Bausch, avec le concours de Joséphine-Ann Endicott et de Bénédicte Billiet, l’a successivement offerte à des « dames et messieurs de plus de 65 ans » et à des adolescents de 14 à 18 ans (Rêves dansants, épatant documentaire d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann). Senior, junior ou tout simplement Tanztheater Wuppertal, Kontakthof reste Kontakthof. Une légende. À l’approche des 40 ans du Tanztheater Wuppertal et avec les danseurs qui le composent aujourd’hui, la compagnie offre au Théâtre de la Ville, sa seconde maison, une reprise de cette pièce majeure. À plusieurs occasions, Pina Bausch a confié que le « moteur » de son travail de chorégraphe, c’était « ce qui touche les gens, comment on trouve des mouvements. » Peu avant sa mort, elle nous confiait * : « Lorsque j’ai dit cette chose, je ne pensais pas aux mouvements, mais à la façon d’être mis en mouvement, mu, ému intérieurement. En allemand, bewegt, c’est le même mot, mu, ému. Mais indépendamment de cela, le mouvement, la danse, la poésie, c’est un monde qui joue un grand rôle et qui ne devrait pas rester figé… » J.-M. A. * Guy Delahaye, Jean-Marc Adolphe, Michel Bataillon, Pina Bausch, Acte Sud, 2009. 318 pages, 49,70 € 10 • ANNE TERESA DE KEERSMAEKER Théâtre de la Ville PARIS Elena’s Aria © HERMAN SORGELOOS avril-juillet 2013 LA FRACTURE D’UNE ŒUVRE-CHARNIÈRE Un événement. Aux côtés de Drumming Live, Anne Teresa De Keersmaeker reprend Elena’s Aria, une de ses premières pièces, largement décriée à sa création, en 1984. Près de trente ans plus tard, il apparaît plus clairement que la chorégraphe de Rosas traçait là une ligne de force. La répétition, c’est l’œuvre ; et l’œuvre, la répétition. Anne Teresa De Keersmaeker, à propos d’Elena’s Aria in Carnets d’une chorégraphe, par Anne Teresa De Keersmaeker et Bojana Cvejić Paysage avec cinq femmes… Sur leurs talons hauts, dans leur robe moulante, elles errent apparemment sans but dans un dédale de chaises. Au lointain, de temps à autre, quelques bribes d’opéra. L’une des danseuses s’éloigne pour lire le bref passage d’un livre. À quoi rêvent-elles ? À un amour absent ou contrarié ? À l’innocence évanouie de la jeunesse ? À un avenir où tout sera justifié ? Lors de sa création, en 1984, Elena’s Aria avait reçu un accueil nettement plus frais que les spectacles précédents. Anne Teresa De Keersmaeker, semblait-il, s’y livrait à un auto-sabotage après l’assurance souveraine de Fase et Rosas danst Rosas, où s’était dévoilé un style aussi neuf que fascinant. L’insolence des jeunes danseuses, le minimalisme compact, la synergie entre chorégraphie et musique, cèdent soudain la place à un assem- blage de filles errantes, un vide habité de lambeaux de musique, de texte, de séquences de films, de mouvements luttant péniblement pour se soustraire à l’immobilité. Privé de l’impulsion musicale, entravé par les robes étriquées et les hauts talons, comme contaminé par la passivité qui sourd des chaises omniprésentes, le mouvement semble chercher sa source en luimême. La gestuelle du spectacle est lente et bégayante, elle se débat avec le silence, la pesanteur et l’inertie des rangées de sièges – s’asseoir, se lever, se retourner, se rasseoir. Les trajets combinent lignes ou cercles en un équilibre difficile. Chacune des interprètes, dirait-on, ne peut désormais se fier qu’à elle-même. Les évolutions d’ensemble, dans plus de la moitié du spectacle, sont contrariées par l’une ou l’autre qui se dérobe, attend sur une chaise ou se réfugie dans l’univers confiné du coin-lecture. Les moments de stase et d’observation nous deviendront bientôt familiers dans les travaux postérieurs de Rosas, mais ils fonctionnent ici comme un exceptionnel facteur de tension entre chaque jeune fille et ses paires. Les nombreux moments de danse à l’unisson sont brouillés par toutes sortes de petites déviations, d’ajouts, de ralentissements qui ANNE TERESA DE KEERSMAEKER • 11 avril-juillet 2013 fonctionnent comme un « bruit » parasite, lequel échoue généralement à faire advenir un grand geste collectif, complexe et homogène. Dans Fase et Rosas danst Rosas, le matériau gestuel se donnait dans la familiarité du mouvement quotidien, en même temps qu’il était formalisé dans une combinatoire de signes, ordonnés par la répétition et la variation. Dans Elena’s Aria, tout est différent : le geste quotidien ne se voile d’une qualité abstraite que dans la mesure où aucun régime de présence stable ne lui est accordé, aucune narration, aucune expression univoque. Danse, musique, texte, image : rien n’est synchrone. Au contraire, les matériaux ne se renforcent ou ne se déforcent qu’au gré de leurs entrecroisements. Mais malgré sa composition fragmentaire, qui rappelle le collage, la pièce cache une structure réglée et contraignante. Deux motifs principaux : un trio sur une rangée de chaises, à l’arrière de la scène ; un solo au centre de l’espace. Plusieurs sections sont profilées selon la même coupe : un solo d’abord, suivi d’une variation sur le motif-chaises, d’une reprise du solo par plusieurs interprètes, et enfin d’une seconde variation reprenant les éléments des deux motifs. Dans l’avant-dernière partie du spectacle, s’opère une sorte de bascule où tout se retourne : un film et un discours de Che Guevara font s’engouffrer le monde extérieur, les danseuses ôtent leurs chaussures et, dans les dernières chorégraphies de groupe (y compris la « coda » ultime) toutes les interprètes, enfin, dansent ensemble. Elena’s Aria semble décidément occuper une place très singulière parmi les œuvres de jeunesse d’Anne Teresa De Keersmaeker. La pièce suivante, Bartók/Aantekeningen (1986), exploitera de nouveau pleinement les rapports de connivence entre danse et musique et remettra en scène l’image agile de la « jeune femme ». On se tromperait, pourtant, à ne voir dans ce troisième spectacle qu’une anomalie. Davantage qu’une rupture, il convient de voir en Elena’s Aria une inversion systématique des principes des premières œuvres, qui en altèrent remarquablement le ton et la couleur. Elena’s Aria est construit comme une symphonie à partir d’une brassée de gestes féminins, familiers et quotidiens, fortement chargés affectivement, sans jamais se laisser circonscrire par une situation précise ou un récit régulier. Les passages de groupe, il faut le noter, possèdent pourtant cette compacité caractéristique qui signe les premières œuvres de De Keersmaeker. Le tempo lent, les longs silences n’étaient pas inconnus des spectateurs de Rosas danst Rosas (le premier mouvement), et on les reverra fréquemment dans les pièces ultérieures. Vingt-cinq ans après la création, il apparaît plus clairement qu’Anne Teresa De Keersmaeker traçait là une ligne de force qui restera longtemps souterraine, travaillant dans l’ombre, mais qui trouvera son terrain d’application dans le travail récent de la chorégraphe. L’hésitation, l’égarement, la fragmentation, l’attente d’une impulsion et la musicalité intérieure du mouvement sont devenus principes récurrents dans ses spectacles récents comme Keeping Still, The Song, En Atendant et Cesena. La chorégraphe cherche une nouvelle échappée au spectaculaire, elle recalibre ses principes chorégraphiques et fait quasiment retour à un « degré zéro » – avec d’autres moyens qu’autrefois, il est vrai, en usant de mouvements moins connotés et tissés dans une polyphonie plus riche. Si la mélancolie d’Elena’s Aria hante encore ses spectacles, elle semble plus domestiquée et ne dissout pas toute possibilité d’une communauté. La conception du monde d’Elena’s Aria affirmait un romantisme plus brûlant et plus pur, qui isolait l’individu, et ne lui révélait le geste collectif qu’à l’issue d’un processus par ailleurs parfaitement ambigu. En 1984, c’est avec une certaine violence qu’on avait pris la mesure de cette fracture dans une jeune carrière prometteuse. La pièce, jamais reprise depuis, s’était entourée d’une aura presque mythique qui amplifiait ce sentiment d’hors-série. Aujourd’hui, c’est l’heure de mieux discerner les points de continuité ; Elena’s Aria nous apparaît bien plus qu’une curiosité historique, ou que l’œuvre de jeunesse d’une chorégraphe temporairement capturée par le désespoir. La distribution de cette reprise associe plusieurs générations de membres de Rosas : cela nous rappelle tout ce que cette œuvre doit à son époque, mais aussi bien tout ce qu’elle continue d’adresser à la nôtre. Steven De Belder Traduction Martine Bom (rév. Jean-Luc Plouvier) → THÉÂTRE DE LA VILLE I B DU 14 AU 18 MAI 20 H 30 I DIMANCHE 19 MAI 15 H 1er PROG ANNE TERESA DE KEERSMAEKER ROSAS Elena’s Aria Anne Teresa De Keersmaeker Anne Teresa De Keersmaeker COSTUMES 1984 Rosas, Annette De Wilde REPRISES Anne-Catherine Kunz DIRECTION DES RÉPÉTITIONS Muriel Hérault, Fumiyo Ikeda, Nadine Ganase ASSISTANTE À LA DIRECTION ARTISTIQUE Anne Van Aerschot CRÉÉ EN 1984 AVEC Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle Anne De Mey, Nadine Ganase, Roxane Huilmand, Fumiyo Ikeda MUSIQUE E. Di Capua : Vieni sul mar, O sole mio, Santa Lucia ; G. Bizet : Les Pêcheurs de perles ; G. Donizetti : Lucia di Lammermoor ; W. A. Mozart : Sonate c-dur KV 545 facile/andante (ENREGISTRÉ PAR Friedrich Gulda) CHORÉGRAPHIE LUMIÈRES Anne Teresa De Keersmaeker, Tale Dolven, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Samantha Van Wissen DANSÉ PAR PRODUCTION 1984 Rosas, Schaamte vzw, Bruxelles – Klapstuk, Louvain le Festival van Vlaanderen Sadler’s Wells, Londres – Les Théâtres de la Ville de Luxembourg EN COLLABORATION AVEC COPRODUCTION → THÉÂTRE DE LA VILLE I E DU 21 AU 25 MAI 20 H 30 I DIMANCHE 26 MAI 15 H 2e PROG ANNE TERESA DE KEERSMAEKER ROSAS & ICTUS Drumming Live 2 e prog. Anne Teresa De Keersmaeker SCÉNOGRAPHIE & LUMIÈRES Jan Versweyveld COSTUMES Dries Van Noten ASSISTANTES REPRISE Anne-Catherine Kunz, Aouatif Boulaich ASSISTANT CHORÉGRAPHIE 2012 Roberto Oliván de la Iglesia DIRECTION DES RÉPÉTITIONS Muriel Hérault ASSISTANTE À LA DIRECTION ARTISTIQUE Anne Van Aerschot SON Alexandre Fostier CRÉÉ EN 1998 AVEC Iris Bouche, Bruce Campbell, Marta Coronado, Alix Eynaudi, Fumiyo Ikeda, Martin Kilvády, Oliver Koch, Cynthia Loemij, Roberto Oliván de la Iglesia, Ursula Robb, Taka Shamoto, Rosalba Torres CHORÉGRAPHIE Bostjan Antoncic, Linda Blomqvist, Marta Coronado, Tale Dolven, Carlos Garbin, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Valentina Nelissen, Sandra Ortega, Elizaveta Penkóva, Igor Shyshko, Marco Torrice, Jakub Truszkowsky, Samantha Van Wissen, Sue-Yeon Youn DANSÉ PAR Steve Reich Drumming Georges-Elie Octors ICTUS : PERCUSSIONS Georges-Elie Octors, Gerrit Nulens, Géry Cambier, Miquel Bernat, Tom De Cock, Michael Weilacher, Jessica Ryckewaert, Frank Van Eycken, Alexis Bourdon ; FLÛTES Michael Schmid ; VOIX Soetkin Baptist, Lore Binon MUSIQUE DIRECTION MUSICALE 1998 Rosas, De Munt / La Monnaie, Bruxelles – La Bâtie, Festival de Genève 2012 De Munt / La Monnaie, Bruxelles – Sadler’s Wells, Londres – Les Théâtres de la Ville de Luxembourg PRODUCTION Drumming Live © HERMAN SORGELOOS COPRODUCTION EXPOSITION AU THÉÂTRE DE LA VILLE DU 14 AU 26 MAI ANNE-TERESA DE KEERSMAEKER photos Herman Sorgeloos INSTALLATION VIDÉO À L’ESPACE LIBRAIRIE L’INFINI POSSIBLE DES RYTHMES Avec Steve Reich, une extraordinaire symbiose de structure et de liberté. DU 14 AU 26 MAI Le public pourra feuilleter le livre Les Carnets d’une chorégraphe : Fase, Rosas danst Rosas, Elena’s Aria, Bartók et visionner les DVDs, démonstrations dansées d’Anne Teresa De Keersmaeker, ainsi que des extraits des spectacles. Ce que l’œil écoute. À l’établi des corps conducteurs, la ligne de cœur musicale que fraie Anne Teresa De Keersmaeker tout au long de son œuvre, n’a de cesse d’élaborer des logiques rigoureuses de composition de formes afin que s’y écoule le ruissellement électrique de la vie, dans l’infini possible des rythmes. Steve Reich, compagnon des premiers pas de Fase, en 1982, était encore au menu de Just before, quinze ans plus tard, puis revient avec Drumming en 1998. Se superposant au caractère percussif de la musique de Reich, Anne Teresa De Keersmaeker crée là un contre-espace, où la multiplicité de trajets fait vivre un ensemble moléculaire, dans un glissement permanent des parcours individuels, et leur reprise incessante par le groupe. Perméabilité du tout et du singulier. Il y a quelque chose de frais et de quotidien dans ces trajets qui se fondent et se dispersent. Dans ce fourmillement de vie, toute la chorégraphie semble cependant parcourue par une vitalité apaisée. Une extraordinaire symbiose de structure et de liberté, qu’amplifie la version live, aujourd’hui interprétée par les musiciens de l’ensemble Ictus. J.-M. A. 12 • FABRICE MELQUIOT I AMBRA SENATORE Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 JOUER À RACONTER © JEANNE ROUALET Avec Nos amours bêtes, cosigné par Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore, on circule librement entre conditions humaine et animale. Il était une fois. La plupart des contes commencent ainsi. La Peau de la phoque ne fait pas exception. Il était une fois, donc, dans le Myrdalur, en lointaine Islande, un homme qui marchait le long des rochers au bord de la mer, un matin de bonne heure, avant que les gens ne se lèvent. En arrivant à l’entrée d’une grotte, il entendit qu’on dansait à l’intérieur, et, dehors, il aperçut quantité de peaux de phoques. Il en prit une, l’emporta chez lui et la mit dans un coffre qu’il ferma à clé. Plus tard dans la journée, il repassa devant l’entrée de la grotte ; une jolie jeune fille y était assise, toute nue, et elle pleurait beaucoup. C’était le phoque à qui appartenait la peau que l’homme avait emportée. Il donna des habits à la jeune fille, la consola et l’emmena à la maison. Au bout de quelque temps, l’homme l’épousa, et ils s’aimèrent et eurent des enfants. Le paysan gardait toujours la peau enfermée dans un coffre et portait la clé sur lui, où qu’il aille. Un jour, bien des années plus tard, il alla en mer en oubliant la clé sous son oreiller. Lorsqu’il rentra, le coffre était ouvert, et sa femme et la peau avaient disparu. Elle avait pris la clé, ouvert le coffre par curiosité et trouvé la peau ; alors elle n’avait pas pu résister à la tentation, avait pris congé de ses enfants, enfilé la peau et plongé dans la mer. On dit que l’homme en fut très affligé. Par la suite, lorsqu’il allait à la pêche, un phoque tournait souvent autour de sa barque et on aurait dit que des larmes coulaient de ses yeux. 1 Dans toutes les cultures, des fables, comme La Belle et la Bête, mettent en scène la figure du fiancé animal pour nous parler de nos liens, de nos attachements, de nos appartenances, du corset de notre apparence aussi. Qu’est-ce qui est beau, qu’est-ce qui fait qu’on aime ? L’infirme, le laid, le monstrueux, le disgracieux, quand je le regarde avec les yeux, est-il chez les bêtes ou chez les hommes ? Comment le voir jusqu’à l’aimer, par-delà son apparence ? Comment voir en deçà ? L’écrivain Fabrice Melquiot et la chorégraphe Ambra Senatore se sont inspirés, pour Nos Amours bêtes du conte islandais évoqué ci-dessus… Avec ses jeux de rôle, ses confrontations impromptues et son regard oblique sur nos attitudes et postures, Ambra Senatore élabore avec finesse une danse espiègle, pleine d’humour et de légèreté, mais qui sait aussi préserver des instants de pure grâce, ou de tendre étrangeté. Il s’agit de sa première collaboration sur scène avec un écrivain 2, un défi qu’elle relève pour le plus grand bonheur du spectateur. Une danse qui s’adresse à tous, nourrie de théâtralité, d’actions et de gestes du quotidien ; semée d’indices dont le sens se dévoile petit à petit, en lien avec les mots de l’écrivain. « Par-delà le dialogue entre danse et théâtre, rayonne dans Nos amours bêtes une puissance conciliatrice, écrit Fabrice Melquiot, celle du jeu, du jeu d’enfant, du jeu d’enfant détourné par les grands, ce jeu qui impose les règles à respecter, les défis à lancer, qui régit les échanges et bouscule les corps, parfois jusqu’au combat, parfois jusqu’à l’harmonie. Ici, on ne joue pour gagner qu’à condition que la victoire produise encore du jeu, nourriture frénétique de l’artiste et de l’enfant. Jouons ! C’est comme un appel au secours, une dernière volonté. Oui, il faut jouer ! Jouer à raconter, jouer à construire une pyramide avec quatre corps humains, jouer à faire chanter des galets, jouer à imiter les bêtes qu’on aime, jouer à s’aimer comme pour la vie entière pendant cinquante minutes. Jouons ! Comme on dirait : sauvons-nous, regardons-nous, prenons l’air, cherchons des mystères, et coupons la tête à quelques questions. Jouons ! » Dans La Peau de la phoque, il est question de peaux et d’amours, c’est-à-dire de cloisons et de leur possible abattement. En partageant la mise en scène de Nos Amours bêtes avec Ambra Senatore, « Fabrice Melquiot conjugue le brouillage des disciplines artistiques à celui des catégories épistémologiques », écrivait Katia Berger, à la création du spectacle, sur la scène du Théâtre Am Stram Gram à Genève. « Sur le plateau, des galets disséminés entre lesquels s’ébroue un groupe de cinq comédiens-danseurs, corps d’adultes, âmes d’enfants. Entrecoupé de jeux de toutes sortes, de rires, de grimaces, de gages et d’imitations, leur récit fera fi de toute vraisemblance comme de toute linéarité. D’ellipses en parenthèses, de chaussettes en chansons, il s’interrompra pour mieux se répéter, se trouera pour mieux se déployer, sautera du coq à l’âne sans perdre ni queue ni tête. Le fil rouge de cette narration à la fois éclatée et cohérente – les minots de 6 ans n’ont aucune peine à la suivre – est assuré par une fausse peau de bête. Une combinaison que les acteurs enfilent à tour de rôle afin d’incarner sur scène les dauphins, guépards ou perroquets que commande tel spectateur sollicité parmi le public. Histoire de montrer avec espièglerie que “chaque animal est la moitié d’un être humain caché”, et vice versa. Autrement dit, de montrer que l’altérité nous habite tous. […] Et pour faire tomber les barrières, quel meilleur subterfuge que le jeu ? Jeu d’enfant, jeu théâtral, peu importe, puisque ses règles permettent par définition de sortir de soi et devenir autre ! 3 » J.-M. A. DANS LE CADRE DU En partenariat avec le Théâtre Am Stram Gram de Genève, dirigé par Fabrice Melquiot. → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 6 AU 13 AVRIL HORAIRES VOIR CAL. P. 38 DANSE I THÉÂTRE TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS FABRICE MELQUIOT I AMBRA SENATORE Nos amours bêtes CÉATION CHORÉGRAPHIE & MISE EN SCÈNE Ambra Senatore TEXTE & DRAMATURGIE Fabrice Melquiot D’APRÈS LE CONTE POPULAIRE ISLANDAIS La Peau de la phoque CRÉATION MUSICALE & SONORE Nicolas Lespagnol-Rizzi LUMIÈRES Joël L’Hopitalier ASSISTANTES À LA MISE EN SCÈNE Caterina Basso, Elisa Ferrari COSTUMES Cécile Choumiloff ASSISTÉE DE Chloé de Senarclens AVEC Aline Braz Da Silva, Antonio Buil, Arnaud Huguenin, Madeleine Piguet Raykov, Barbara Schlittler Une création du Théâtre Am Stram Gram en coproduction avec le Théâtre de la Ville -Paris. Le Théâtre Am Stram Gram est subventionné par la ville de Genève et par la République et canton de Genève. → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 26 MARS AU 3 AVRIL 20 H 30 AMBRA SENATORE A Posto (En place) CRÉATION 2011 1 Tiré du recueil Des Belles et des Bêtes. Anthologie de fiancés animaux, éd. José Corti 2003 (édition établie par Fabienne Raphoz). 2 Voir précédent numéro du Journal du Théâtre de la Ville. 3 Katia Berger, La Scène en peau de phoque, dans La Tribune de Genève, 26 février 2013. JAMES THIÉRRÉE • 13 © MARIO DEL CURTO avril-juillet 2013 RÉUNION NOCTURNE Un bal, dansé par des fourmis, mais sans orchestre et sans répit. Un organisme multicellulaire à particules humanoïdes. → THÉÂTRE DE LA VILLE I E DU 25 JUIN AU 8 JUILLET 20 H 30 I DIMANCHES 30 JUIN & 7 JUILLET 17 H TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 10 ANS JAMES THIÉRRÉE Tabac rouge CRÉATION & CHORÉGRAPHIE James Thiérrée Victoria Thiérrée ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Sidonie Pigeon ASSISTANTES À LA CHORÉGRAPHIE Kaori Ito, Marion Lévy COMBUSTIONS SONIQUES Matthieu Chédid SON Thomas Delot LUMIÈRES Bastien Courthieu CONSTRUCTION Anthony Nicolas, Fabrice Henches, Gerd Walter, Thomas Delot & les Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne CONFECTIONS & FABRICATIONS Monika Schwarzl, Victoria Thiérrée, Marie Rossetti, Sabine Schlemmer, Danièle Gagliardo & Laura Léonard MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE COSTUMES Carlo Brandt, Anna Calsina Forrellad, Noémie Ettlin, Namkyung Kim, Matina Kokolaki, Valérie Doucet, Piergiorgio Milano, Thi Mai Nguyen, Ioulia Plotnikova, Manuel Rodriguez INTERPRÉTÉ PAR Des silhouettes se faufilent, hors du temps présent, dans un lieu presque secret. Il faut prendre cette petite porte derrière la scène du théâtre. Ce théâtre dans lequel nous jouerons notre pièce, située à l’arrière de la scène… du théâtre que nous imaginons. Là, se tient une trame. Chaque soir. Un terrible désir de mouvement. Elle accomplira notre pièce. Sans l’achever. Secrète société. Cette trame est un bal. Dansé par des fourmis, mais sans orchestre, et sans lustre, et sans répit et régi par une implacable hiérarchie. Un système. Il semblerait, oui. Ou une machine plutôt une machinerie, disons : un organisme multicellulaire à particules humanoïdes… et mouvantes. Voilà. Royaume. Ces particules obéissent à une seule loi. Celle du monarque. Celle du vieux, le croulant, celui qui dirige tout. Celui que tout dirige. Car il contemple la vie à rebours, ou plutôt au travers… le rétroviseur. Nous dirons : à l’endroit de son passé. Et ceux qui le servent le savent, les travaux ne cesseront pas. Révolution. La cour travaille dur. La cour aime son roi. Mais la cour gronde. Il faut conclure, finir l’ouvrage. Il faut en finir. Il y a toujours une destination et comme le disait si bien feu Raoul en prise avec lui-même : « La tyrannie n’arrive pas d’en haut. Elle est en face, dans la vitrine. » Combustion. James Thiérrée Compagnie du Hanneton - Junebug. Théâtre Vidy Lausanne – Théâtre de la Ville-Paris – Le Printemps des Comédiens Montpellier – Théâtre royal de Namur – La Coursive, Scène nationale de La Rochelle – Sadler’s Wells Theatre Londres en collaboration avec Crying Out Loud – Festival Tchekhov Moscou – Le Cado Orléans – Maison de la Culture de Nevers – Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison – Espace Jacques Prévert, Aulnay sous Bois – Adelaïde Festival – Le Carré Saint Médard en Jalles – L’Arc, Scène nationale du Creusot AVEC LE SOUTIEN du ministère de la Culture et de la Communication – D.G.C.A et de l’Adami La compagnie du Hanneton est conventionnée par le ministère de la Culture D.G.C.A et soutenue par la Fondation BNP Paribas. PRODUCTION DÉLÉGUÉE COPRODUCTION Un enfant se regarde dans un miroir Son œil rit noir Mécontent, il regarde le revers pour voir Si cette Forme est un corps Mais il ne voit qu’un mur lisse Ou la toile d’une araignée méchante Sombre, il regarde de nouveau sa Forme Dans le miroir, une lueur sur le verre Pier Paolo Pasolini 14 • MIKE BARTLETT I MÉLANIE LERAY Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 21 MAI AU 1er JUIN 20 H 30 MIKE BARTLETT I MÉLANIE LERAY Contractions Mike Bartlett Kelly Rivière MISE EN SCÈNE Mélanie Leray SCÉNOGRAPHIE David Bersanetti VIDÉO David Bersanetti, Cyrille Leclercq LUMIÈRES Ronan Cabon, Christian Dubet SON Jérôme Leray COSTUMES Laure Maheo DRAMATURGIE Pascale Breton DE TRADUCTION ASSISTANTE MISE EN SCENE Rozenn Tregoat CONSTRUCTION DÉCOR Vincent Gadras, Yann Chollet AVEC Marie Denarnaud, Elina Löwensohn Théâtre National de Bretagne, Rennes Théâtre de la Ville-Paris – La Maison de la Culture de Bourges – La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois AVEC LE SOUTIEN du Théâtre des Lucioles La création de la pièce Contractions a eu lieu au Royal Court Theatre à Londres en mai 2008. La pièce Contractions de Mike Bartlett est publiée aux éditions A & C Black © 2008 ; et en français chez Actes Sud-Papiers (novembre 2012). La pièce Contractions de Mike Bartlett est représentée dans les pays de langue française par l’agence Drama-Suzanne Sarquier www.dramaparis.com en accord avec The Agency à Londres. PRODUCTION DÉLÉGUÉE © CHRISTIAN BERTHELOT COPRODUCTION FEMME FEMMES Elles sont deux. Celle qui commande, celle qui doit obéir. Deux prisonnières d’un monde où la performance commerciale devient question de vie ou de mort. Le monde de l’entreprise. L’histoire se découpe en quatorze entretiens entre deux femmes. Emma, cadre dans une entreprise importante. L’autre n’a pas de nom. Elle est désignée comme « la Responsable », et d’abord se montre prévenante, veut savoir si tout se passe bien. Elle manie un vocabulaire convenu, trop lisse pour être sincère. En fait elle veut savoir s’il est vrai que son employée entretient une liaison avec un homme, lui aussi cadre de l’entreprise. Ce qui, par contrat, est interdit. Rien ne doit détourner l’attention de l’essentiel : les ventes. Progressivement, le vocabulaire prend des accents juridiques, les relations tournent au harcèlement. Emma doit rompre ou partir et alors elle sera poursuivie pour rupture de contrat. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un clair reproche, mais le piège est sans issue. Pour Mélanie Leray, metteur en scène, c’est « comme dans un polar, dont on sait la fin inévitable, dont on suit les épisodes sans pouvoir s’en détacher ». Elle est fortement frappée par l’écriture de Mike Bartlett, auteur de Contractions, par sa précision, sa trompeuse banalité, et par ce qu’elle dit, par tout ce qu’elle laisse entendre. Le monde du travail, les rapports hiérarchiques la taraudent, surtout depuis qu’elle a lu Le Quai de Ouistreham où Florence Aubenas raconte son expérience de femme de ménage. Elle pense même l’adapter pour la scène, et à ce moment, on lui parle de Contractions, encore inédit en français, qu’elle lit en anglais et dont elle demande immédiatement la traduction à Kelly Rivière. Naturellement, le choix des comédiennes est essentiel. « Pour la Responsable, j’avais envie d’une femme avec un accent. Rien de reconnaissable, juste quelque chose qui marque une différence. Et puis je ne voulais surtout pas d’une vieille mégère frustrée. Il se trouve qu’Elina Löwensohn est jeune, belle, et d’origine roumaine. Elle est passée par les États-Unis, vit depuis longtemps en France, mais quelque chose lui reste, y compris de savoir ce que veut dire “dictature”. Pour Emma, je voyais une femme très sensuelle, sexuelle. Un corps, un caractère, que j’ai donc trouvés chez Marie Denarnaud ». À l’origine, la pièce était destinée à la radio (sous le titre Love Contract, Contrat d’amour). Mike Bartlett, lui-même, l’a adaptée pour le Royal Court où elle a été donnée sous le titre Contractions, dans un décor parfaitement réaliste, ce qui n’est pas du tout le cas ici, où, dans un espace élégant, dépouillé, les deux femmes sont en quelque sorte poursuivies par l’Image. Entre images mentales et vidéos de surveillance, des gros plans, des fragments de scènes muettes, façon pour Mélanie Leray de « regarder à la loupe » la vérité du non-dit, ce que l’on se cache à soi-même. Car le spectacle entraîne de multiples questions, de celles que l’on a peur de se poser chaque jour. Pourquoi, au risque de tout perdre, Emma se soumet-elle ? Et la Responsable elle-même ? Que craint-elle si elle ne mène pas les choses jusqu’au bout ? Perdre son travail serait-ce perdre toute identité? « Comment existent-elles ? Emma se retrouve dans une solitude totale, sans le moindre syndicat pour l’aider. La Responsable n’est que la voix du groupe de l’Entreprise. Toutes deux obéissent à des lois dictées voilà des siècles par “l’Homme Blanc”, et toujours valables dans un monde de moins en moins blanc, où les femmes commencent à trouver leur place. Tout au moins, en principe. Pour garder la sienne, la Responsable se conduit comme l’Homme. Après tout les femmes en sont capables si l’on en croit la gouailleuse ironie de Ken Loach dans It’s a Free World, où l’on voit deux Anglaises se tirer d’affaire en exploitant des immigrés. » Colette Godard La pièce Contractions a été produite pour la 1re fois en France par France Culture et le Théâtre de la Ville, au cours du Chantiers d’Europe 2011 (lecture par Judith Henry et Nathalie Richard). LA RESENTIDA • 15 © FRANCISCO JORQUERA avril-juillet 2013 DU CHILI, UN PASSÉ QUI NE PASSE PAS Convaincus de la portée politique de l’acte théâtral, les acteurs de La Resentida sont emblématiques d’une génération qui affronte les fantômes d’une histoire récente. Celle du Chili de Pinochet. Depuis quelques années, la scène chilienne est en pleine effervescence, secouée par la nécessité de regarder l’histoire dans le blanc des yeux. Cette manière inédite de prendre position est particulièrement aiguë chez la jeune génération, et une compagnie comme La Resentida est, à cet égard, emblématique. En même temps que d’autres artistes chiliens (Manuela Infante, Cristian Plana, Compaña La Maria, Millaray Lobos…), ce collectif est convaincu de la portée et de la responsabilité politiques de l’acte théâtral. Fondée en 2007 par d’anciens élèves de l’école de théâtre de Valparaiso (« la matriz ») et de l’université Arcis, la compagnie définit son travail artistique sous forme de manifeste : « Le théâtre ainsi entendu doit être subversif, tant au niveau du plateau qu’en tant qu’idéologie questionnant l’ordre hégémonique en crise. » Il faut dire que la dictature du général Pinochet n’en finit pas de produire des effets indirects, pour le meilleur et pour le pire. Pendant dix ans, le peuple chilien est resté comme hébété, stupéfait, pétrifié par le silence d’après l’horreur, et il a fallu beaucoup d’énergie, de force et de courage pour faire surgir une mémoire collective, un paysage commun qui ose affronter les démons qui ont dévoré le pays pendant près de vingt ans. En 2008, La Resentida avait commencé très fort avec Simulacro, un spectacle prenant prétexte des commémorations du bicentenaire de l’indépendance du Chili pour s’enfoncer dans les zones d’ombres d’une identité nationale empoisonnée par l’image d’un peuple triomphant. Loin du conte de fée économique qui se répand dans les médias, le spectacle affrontait toutes les faiblesses d’un pays traumatisé, et refusant de le reconnaître. Même frontalité, même désir d’en découdre dans leur dernière création, dont le titre est déjà tout un programme, à suivre le plus littérale- ment possible : Tratando de hacer una obra que cambie el mundo (En essayant de faire une œuvre qui puisse changer le monde). Pour mettre le programme à exécution, les acteurs de La Resentida s’enferment dans un souterrain: l’occasion idéale pour affronter le passé, ses fantômes, et ses impasses, pour déboulonner les idoles et se regarder en face, avec quelques questions simples, mais bien senties: « Le théâtre est-il un outil pour la transformation sociale ? Et le théâtre politique ? Et le théâtre aujourd’hui, est-il nécessaire ? Est-il utile ? Sommes-nous utiles ? » Ils appartiennent à ces descendants d’une génération qui ont des comptes à régler avec leur passé, les « artivistes » de La Resentida posent des questions qui dérangent. Elles n’en sont que plus salutaires. Bruno Tackels → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 17 AU 22 JUIN 20 H 30 EN ESPAGNOL SURTITRÉ EN FRANÇAIS CIE LA RESENTIDA Tratando de hacer una obra que cambie el mundo (el delirio final de los últimos románticos) PREMIÈRE FOIS EN FRANCE Marco Layera compagnie La Resentida DÉCOR Pablo de la Fuente MISE EN SCÈNE DRAMATURGIE Carolina Palacios, Pedro Muñoz, Benjamín Westfall, Nicolás Herrera, Ignacio Yovane AVEC La tournée organisée en collaboration avec la Fondation Teatro a Mil et le soutien du ministère des Affaires étrangères du Chili. 16 • PARCOURS { enfance & jeunesse } Théâtre de la Ville PARIS © ALEJANDRO HOPPE avril-juillet 2013 LE MIROIR DES MARIONNETTES → THÉÂTRE DES ABBESSES I C DU 13 AU 18 MAI HORAIRES VOIR CAL. P. 39 Pour Aline Kuppenheim, fondatrice, au Chili, du Teatro Milagros, la marionnette « a un incroyable pouvoir de pénétration, qui déclenche des émotions archaïques et violentes ». TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 8 ANS EN FRANÇAIS & EN ESPAGNOL MIKE KENNY I TEATRO MILAGROS Sobre la cuerda floja AUTEUR Mike Kenny & DÉCOR Aline Kuppenheim Paola Giannini SON Benjamín Ortíz & Tomás Arias LUMIÈRES José Rojas & Rodrigo Barnao DIRECTION ARTISTIQUE DIRECTION THÉÂTRALE Comme de nombreux acteurs au Chili, Aline Kuppenheim passe avec un bonheur égal de la scène à l’écran, assumant clairement que l’on ne peut pas vivre du seul théâtre, surtout s’il s’agit de le concevoir comme un art, ou un espace de recherches… Il est vrai que le cinéma lui a offert des rôles éblouissants, tout particulièrement dans les films d’Alexandre Wood. On se souvient de la figure incandescente de María Luisa Infante, dans Machuca. En dehors des plateaux, elle cultive un jardin plus intime, dessine des livres pour les enfants. En 2005, elle rencontre Paola Giannini, qui lui fait lire Le Manteau de Gogol. Elles ont l’intuition que seule une poupée pourra rendre toute la mystérieuse fragilité du personnage. Et la voilà plongée dans le monde de la marionnette. Le Teatro Milagros était né : « J’ai découvert que la marionnette a un incroyable pouvoir de pénétration, qui déclenche des émotions archaïques et violentes. » Le spectacle tournera dans le monde entier, accueilli notamment par Pina Bausch, à Wuppertal. Aline Kuppenheim a continué à explorer ce « théâtre avec les marionnettes » à partir d’un texte de l’écrivain anglais Mike Kenny, Sur la corde raide, une fable toute simple qui s’adresse à tous : comment dire la mort aux enfants ? À la fin des vacances, une petite fille rend visite à son grand-père qui vient de perdre sa femme. Comment dire, comment dissimuler ? En projetant sur des corps animés cette question délicate, le spectacle fonctionne comme un pur miroir. D’où vient cette force de la marionnette ? « Dans un monde où le langage est en crise et défaille de partout, la marionnette vient prendre la place de ce langage défaillant », constate Aline Kuppenheim. On l’aura compris, le Teatro Milagros n’est pas seulement fait pour les enfants. Paola Giannini, Aline Kuppenheim, Loreto Moya, Paula García, Santiago Tobar VOIX Nelson Brodt, Almendra Swinburn MANIPULATION PRODUCTION Teatro Milagros. Sobre la cuerda floja est une coproduction de la Fondation Teatro a Mil (Chili) et Teatro Milagros. Tournée organisée en collaboration avec la Fondation Teatro a Mil et le soutien du ministère des Affaires étrangères du Chili. B. T. CORPS DE BALLET Sur les Variations de Debussy, Phia Ménard donne vie à une myriade d’étonnantes créatures faites de sacs plastique. → LE MONFORT I C DU 21 MAI AU 8 JUIN → LE CENTQUATRE I C DU 11 AU 15 JUIN HORAIRES VOIR CAL. P. 39 I TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS PHIA MÉNARD I COMPAGNIE NON NOVA © JEAN-LUC BEAUJAULT L’Après-midi d’un foehn Déclinaison jeune public de Vortex (voir page 26), L’Après-midi d’un foehn en reprend le dispositif scénique : sur le plateau, des ventilateurs recréent artificiellement une tempête de cinq mètres de diamètre. En son cœur, la marionnettiste Cécile Briand, frêle démiurge, va user de ce vent pour donner vie à une myriade d’étonnantes créatures faites de sacs plastique : par la grâce d’un coup de ciseaux et de quelques morceaux d’adhésif, c’est un enchanteur corps de ballet qui prend vie autour d’elle. Sur les Variations de Debussy, la sarabande colorée se plie aux caprices de l’insaisissable élément aérien, ce foehn éponyme (vent chaud et sec des montagnes) : « Animées par une tornade à la fois douce et sauvage, ces formes extrêmement vivantes nourrissent tous nos désirs, dans la plus grande liberté : s’extraire du sol, revenir, danser, patiner, se cacher… » (Phia Ménard). Peu à peu, la grâce virevoltante se mue en spirale infernale. Prise à son propre jeu, dépossédée de son pouvoir d’ordonnatrice, la marionnettiste doit affronter ce vent indomptable et ces effrontées créatures qui prennent leur autonomie tout en lui volant la vedette… Étourdissante chorégraphie d’objets mettant en jeu les luttes de pouvoir, L’Après-midi d’un foehn se présente comme un conte envoûtant, d’une farouche beauté, où l’angélisme côtoie l’exorcisation des peurs archaïques. Julie Bordenave & SCÉNOGRAPHIE Phia Ménard & DIFFUSION DES BANDES SONORES Ivan Roussel DIRECTION ARTISTIQUE, CHORÉGRAPHIE COMPOSITION D’APRÈS L’ŒUVRE DE Claude Debussy RÉGIE GÉNÉRALE, DE PLATEAU CRÉATION LUMIÈRES & RÉGIE DU VENT Pierre Blanchet Alice Ruest Phia Ménard Philippe Ragot ASSISTÉ DE Rodolphe Thibaud & Samuel Danilo COSTUMES & ACCESSOIRES Fabrice Ilia Leroy CONCEPTION DE LA SCÉNOGRAPHIE CONSTRUCTION DE LA SCÉNOGRAPHIE INTERPRÉTATION Cécile Briand Centre dramatique national de Normandie – La Brèche, Centre des arts du cirque de Basse-Normandie, Cherbourg – Festival Polo Circo, Buenos Aires (avec le soutien de l’Institut Français). COPRODUCTION EPCC-Le Quai – Angers et le réseau européen IMAGINE 2020, Art et Changement Climatique – Scènes du Jura – scène conventionnée « multi-sites » – La Halle aux Grains, scène nationale de Blois ; Cirque Jules Verne, pôle régional des Arts du Cirque, Amiens – le Grand T, scène conventionnée Loire-Atlantique, Nantes – Théâtre Universitaire, Nantes – l’arc, scène conventionnée de Rezé, EPPGHV — Parc de la Villette, Paris – La Verrerie d’Alès en Cévennes/pôle national des Arts du Cirque Languedoc-Roussillon Résidence Les Subsistances 2010/2011, Lyon. AVEC LE SOUTIEN du Théâtre de Thouars, scène conventionnée ; en collaboration avec le Service culturel de Montreuil-Bellay – le Grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon et Le Fanal, scène nationale de Saint-Nazaire. La Compagnie Non Nova est conventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication-DRAC des Pays de la Loire ; le conseil régional des Pays de la Loire, le conseil général de Loire-Atlantique et la ville de Nantes. Elle reçoit le soutien de l’Institut français et de la Fondation BNP Paribas. COPRODUCTION ET RÉSIDENCE BOMBA SUICIDA Guintche © JOÃO FIGUEIRA avantprogramme FOCUS SUR LA JEUNE CRÉATION PORTUGAISE THÉÂTRE • DANSE • MUSIQUE • CINÉMA • ARTS VISUELS 30 propositions chantiersd’europe Lisbonne-Paris JUIN 2013 • 4e ÉDITION CHANTIERS D’EUROPE 2013 Théâtre de la Ville PARIS TEATRO PRAGA Discotheater © ALIPIO PADILHA chantiers d’europe 2013 CHANTIERS D’EUROPE 4e ÉDITION LISBONNE I PARIS Après l’Italie, la Grande-Bretagne et la Grèce, nous avons choisi de dédier cette nouvelle édition de Chantiers d’Europe aux artistes portugais, afin de rendre compte d’un dynamisme créatif aussi important – dans tous les domaines – que largement occulté par le regard presqu’exclusivement économique porté sur ce pays depuis quelques années. Car si le Portugal est effectivement violemment touché par la crise, dans des proportions difficiles à concevoir pour nous aujourd’hui, la résistance des artistes donne naissance à une scène foisonnante, un « laboratoire » pour les compagnies émergentes, qui portent un vrai regard sur l’impact social et politique de leurs créations, une scène dont l’indépendance fait la force. Ces mouvements de la création d’aujourd’hui, réunissant des artistes de toutes les disciplines (théâtre, danse, cinéma, musique et arts plastiques) fondent notre Chantiers d’Europe Portugal : imaginer un instantané, forcément non exhaustif, de la jeune création lisboète en 2013, un temps ouvert aux découvertes, aux rencontres neuves avec des artistes et des parcours singuliers. Un temps qui se construit en cours d’année, s’invente au gré des « navigations », dans un espace libéré des contraintes de calendrier, avec la nécessité de l’instant. Chantiers d’Europe ne pourrait exister sans le nécessaire soutien de partenaires, et nous tenons cette année à remercier particulièrement la Mairie de Lisbonne et l’Egeac, ainsi que la Fondation Gulbenkian, l’Institut Camões, la Mairie de Paris et l’Institut français pour leur soutien, leurs conseils et leur participation au montage de ce temps fort. Merci aussi à Tiago Bartolomeo Costa, qui a su être un guide actif pour la constitution du programme. Durant ces quinze jours, et même un peu au-delà, nous aurons ainsi la chance de découvrir près de soixante artistes portugais de toutes disciplines, présentés dans tous les espaces du Théâtre de la Ville, dont certains seront réinventés pour l’occasion, et dans les établissements partenaires du Festival : le Centquatre, mais aussi le Théâtre Monfort, la Maison de la poésie, le Palais de Tokyo… De même que les éditions précédentes avaient permis d’inviter, pour la première fois en France, les compagnies 1927 (Grande-Bretagne 2011), le Blitz Theater group (Grèce 2012) et bien d’autres, nous découvrirons cette année des artistes, des compagnies, des collectifs, qui feront de Paris, durant quelques semaines, une autre capitale portugaise. Lisbonne, bienvenue à Paris. Emmanuel Demarcy-Mota « L’art portugais sera celui où l’Europe verra son reflet et se reconnaîtra en oubliant le miroir. » Fernando Pessoa LISBONNE I PARIS Théâtre de la Ville PARIS juin 2013 FERNANDO PESSOA RÉPOND À NOS QUESTIONS Pour Chantiers d’Europe I Lisbonne-Paris, le Théâtre de la Ville est allé interviewer Fernando Pessoa (1888-1935). Ou plus exactement, nous sommes allés exhumer un entretien, publié à Lisbonne en 1923, que l’auteur du Livre de l’intranquillité et d’une œuvre vertigineuse s’est accordé à lui-même. Quatre-vingt-dix ans plus tard, tout juste, les propos de Pessoa n’ont rien perdu de leur extraordinaire acuité, bien au contraire… Que pensez-vous de notre crise ? De ses différents aspects – politique, moral et intellectuel ? Notre crise provient essentiellement de l’excès de civilisation des incivilisables. Cette phrase, comme toutes celles qui comportent une contradiction, n’en comporte aucune. Je m’explique. Tout peuple se compose d’une aristocratie, et de lui-même. Comme le peuple est un, cette aristocratie et ce lui-même sont identiques quant à leur substance ; mais ils se manifestent de façon différente. L’aristocratie se manifeste en tant qu’individus, y compris quelques individus amateurs ; le peuple, lui, se révèle tout entier comme un seul individu. Ce n’est que collectivement que le peuple n’est pas collectif. Le peuple portugais est essentiellement cosmopolite. Jamais un vrai Portugais n’a été portugais : il a toujours été tout. Or chez un individu, être tout, c’est être tout ; dans une collectivité, être tout c’est, pour chacun des individus, n’être rien. Quand l’atmosphère de la civilisation est cosmopolite, comme pendant la Renaissance, le Portugais peut être portugais, il peut donc être un individu, il peut donc avoir une aristocratie. Quand l’atmosphère de la civilisation n’est pas cosmopolite – comme dans le temps qui sépare la fin de la Renaissance du début, où nous sommes actuellement, d’une nouvelle Renaissance –, le Portugais cesse de pouvoir respirer individuellement. Il n’est plus que des Portugais. Il en vient à ne plus avoir d’aristocratie. Il en vient à ne plus devenir. (Je vous garantis que ces phrases ont une mathématique interne.) […] Nos crises particulières procèdent de cette crise générale. Notre crise politique tient à ce que nous sommes gouvernés par une majorité inexistante. Notre crise morale à ce que, depuis 1580 – fin de la Renaissance en nous et de nous dans la Renaissance –, il a cessé d’y avoir des individus au Portugal, n’y restant que des Portugais. C’est alors que commença le Portugais à l’ancienne, qui est plus moderne que le Portugais, et le produit de l’interruption des Portugais. Notre crise intellectuelle consiste simplement en ce que nous n’en avons pas conscience. Je crois avoir répondu à votre question. Si vous réfléchissez à ce que je vous ai dit, vous verrez que cela a un sens. Lequel ? Ce n’est pas à moi de le dire. […] Nous trouvons-nous en face d’une Renaissance spirituelle ? Nous sommes si dénationalisés que nous devons être en train de renaître. Pour les autres peuples, qui sont en totalité eux-mêmes, se dénationaliser, c’est se perdre. Pour nous, qui ne sommes pas nationaux, se dénationaliser, c’est se trouver. Malgré les grands obstacles à notre régénération – toutes les doctrines de régénération –, nous sommes près de recommencer à exister. Nous sommes arrivés à un point, où collectivement nous en avons assez et individuellement nous en avons assez d’en avoir assez. Nous nous sommes tellement égarés, que nous devons être dans le bon chemin. Les signes de notre résurrection prochaine sont manifestes pour ceux qui ne voient pas le visible. […] Quoi qu’il en soit, avançons avec confiance. Tous les chemins mènent au pont quand la rivière n’en a aucun. Que faut-il entendre par « art portugais »? Êtes-vous d’accord avec l’expression ? Y a-t-il un art vraiment portugais ? tout, de toutes les façons, car la vérité n’est pas, s’il manque encore quelque chose ! Créons ainsi le Paganisme supérieur, le Polythéisme suprême ! Dans l’éternel mensonge de tous les dieux, seuls les dieux tous ensemble sont la vérité. » L’écrivain Fernando Pessoa nous expose ses idées sur les différents aspects de l’art et de la littérature au Portugal, in Revista Portuguesa, n° 23-24, Lisbonne, 13 octobre 1923. Publié en français in Œuvres complètes de Fernando Pessoa, sous la direction de Joaquim Vital, tome 1, Proses, publiées du vivant de l’auteur, Éditions de la Différence, Paris, 1988. Par art portugais, il faut entendre un art du Portugal, qui n’ait rien de portugais, car il n’imiterait même pas l’art étranger. Être portugais, au sens décent du mot, c’est être européen sans l’impolitesse de la nationalité. L’art portugais sera celui où l’Europe – j’entends par là principalement la Grèce antique et l’univers tout entier – verra son reflet et se reconnaîtra en oubliant le miroir. Seules deux nations – la Grèce d’autrefois et le Portugal de demain – ont reçu des dieux le don d’être non seulement elles-mêmes, mais aussi toutes les autres. […] Le régionalisme en littérature et en peinture ? Le régionalisme est une dégénérescence graisseuse du nationalisme, et le nationalisme aussi. Et comme le nationalisme est anti-portugais (il n’est bon, ici dans le Sud, que pour les peuples latins et ibériques), le régionalisme au Portugal est une maladie de ce qui n’est pas. Aimer notre pays, ce n’est pas aimer notre jardin. Et on peut épiloguer sur cette notion de jardin. À Lisbonne, mon jardin est en même temps à Lisbonne, au Portugal et en Europe. Le bon régionalisme, c’est l’aimer parce qu’il est en Europe. […] Comment voyez-vous l’avenir de la race portugaise ? Le Cinquième Empire. L’avenir du Portugal – que je n’imagine pas, que je sais – est déjà écrit, pour qui sait le lire, dans les strophes de Bandarra, et aussi dans les quatrains de Nostradamus. Notre avenir est d’être tout. Qui, étant portugais, peut vivre à l’étroit dans une seule personnalité, une seule nation, une seule foi ? Quel vrai Portugais peut, par exemple, vivre dans l’étroitesse stérile du catholicisme, quand il y a, en plus, à vivre tous les protestantismes, tous les credos orientaux, tous les paganismes morts et vivants, en les fondant tous, à la façon portugaise, en un Paganisme Supérieur ? Ne souffrons pas qu’il reste un seul dieu hors de nous ! Absorbons tous les dieux ! Nous avons déjà conquis la Mer, il nous reste à conquérir le Ciel, laissant la Terre aux Autres, aux éternellement Autres, aux Autres de naissance, aux Européens qui ne sont pas européens, parce qu’ils ne sont pas portugais. Être « Le peuple portugais est essentiellement cosmopolite. Jamais un vrai Portugais n’a été portugais : il a toujours été tout. » Fernando Pessoa CHANTIERS D’EUROPE 2013 Théâtre de la Ville PARIS chantiers d’europe 2013 LA CRÉATION PORTUGAISE, IDENTITÉ EN MOUVEMENT. Chantiers d’Europe part à la rencontre d’une scène diverse et singulière, qui survit malgré la « crise » et reste entièrement reliée aux questionnements esthétiques et politiques qui traversent le continent européen. On ne saurait envisager la création contemporaine au Portugal sans rappeler que la démocratie y a moins de 40 ans et que le pays de Vasco de Gama et de Luís de Camões, du fado et de la saudade, de Fernando Pessoa et de Manoel de Oliveira, a vécu la moitié du XXe siècle sous le joug de la dictature militaire de Salazar, qui n’a pris fin qu’en 1974, avec la révolution des Œillets. Avant cette date, la censure, la situation économique et l’isolement du pays ne permettaient pas au théâtre, à la danse, à la musique, aux arts plastiques, au cinéma et à la littérature de respirer librement, malgré quelques tentatives – souvent réussies et tenues aujourd’hui pour des références. Les compagnies de théâtre indépendantes qui ont mis fin à cette nuit noire n’existent donc que depuis quatre décennies, une vingtaine d’années ont passé depuis l’émergence de la danse portugaise, révélée notamment lors du Festival Europalia en 1991, et le Portugal ne s’est doté que depuis quinze ans d’un ministère de la Culture, d’ailleurs récemment réduit à un simple secrétariat d’État, avec un budget inférieur à 200 millions d’euros. Deux interventions du FMI plus tard, avec une « crise » et un régime d’austérité qui demeurent en toile de fond, la scène contemporaine portugaise n’a pas sombré. À de rares exceptions près, elle s’est pourtant élaborée en marge des grands circuits internationaux. Pour Chantiers d’Europe, il importait d’en montrer la diversité et la singularité, autant que la vitalité. Venant après une génération de metteurs en scène, de chorégraphes, de plasticiens, de musiciens et de cinéastes qui, au sortir du salazarisme (où seule la Fondation Gulbenkian parvenait tant bien que mal à contourner la dictature), ont été les artisans d’une liberté de création retrouvée, les spectacles de Tiago Rodrigues, de Mónica Calle, de Sofia Dias et Vítor Roriz, des collectifs Teatro Praga, Bomba Suicida et Mala Voadora, de Joana Providência avec Gémeo Luís prolongent et actualisent un paysage scénique pleinement inscrit dans son époque. Loin des crispations identitaires et populistes dont l’actuel « état de crise » est le redoutable ferment. « Il faut se marier à l’infini », dit le grand cinéaste Manoel de Oliveira. Cette exigence poétique ne saurait évidemment être fondue dans l’uniformité d’une « mondialisation » sans saveur. La jeune création portugaise appartient à cette « Europe des marges » qui a donné corps à la modernité littéraire, de Pessoa à Kafka, de Joyce à Beckett. Gardant de ce fait une position particulière, excentrée, elle offre des réponses singulières aux questionnements esthétiques et politiques qui traversent toute création contemporaine. La programmation de ces Chantiers d’Europe est alors, tout autant une invitation à voir et à découvrir des artistes, qu’à mieux percevoir et comprendre, à travers le prisme de leurs créations, un pays et une époque, loin des clichés, mais dans l’allant d’une identité en mouvement. Jean-Marc Adolphe, Tiago Bartolomeu Costa d’après une traduction de Marie-Amélie Robilliard On l’a vu, l’histoire de la dictature est encore toute récente. Dans les archives nationales du Portugal, le metteur en scène Tiago Rodrigues – fidèle collaborateur de la Compagnie TG Stan et professeur invité de P.A.R.T.S. à Bruxelles – a trouvé une incroyable somme de documents sur le théâtre sous le régime salazariste, qui a tenu le pays durant quarante-huit ans. Aux côtés de milliers de textes dramatiques, ont été trouvés les « rapports » rédigés par les inspecteurs interdisant tel spectacle ou imposant des coupes à tel autre. Construit à partir de ces rapports, Tres dedos abaixo do joelho (Trois doigts sous le genou) élève avec une brillante ironie les censeurs au rang d’auteurs, utilisant leurs écrits comme matériau d’une représentation qui devient une sorte de « machine à censurer » absurde et poétique. L’héritage de ceux qui ont brimé la liberté de création devient ainsi l’outil de démonstration de la force éternellement subversive du théâtre. Aujourd’hui encore. Trois narrateurs, une girafe, et un cactus. Et une question : « Qu’est-ce qu’un fait ? » What I heard about the world raconte des histoires vraies sur des événements inventés. Fruit de la rencontre entre la compagnie portugaise Mala Vaodora, fondée à Lisbonne en 2003 par Jorge Andrade et José Capela, et le collectif anglais Third Angel, qui croise les champs du théâtre, du « live art », de la vidéo et de la photographie, le spectacle s’ingénie à déplacer les frontières entre fiction et réalité, désignant le théâtre comme seul moyen de définir le vraisemblable. Construites sur des interprétations libres et des manipulations assumées de la réalité, les histoires racontées dans What I heard about the world semblent transmises par des bulletins d’information ou échafaudées par un esprit à l’imagination fertile. Joué en anglais et en portugais, s’amusant à matérialiser les images produites par les mots, c’est aussi un exercice qui, dans la droite ligne du travail de la compagnie Mala Voadora, réinvente les principes d’un théâtre d’intervention. → THÉÂTRE DE LA VILLE I LA COUPOLE MARDI 4 JUIN 20 H 30 I MERCREDI 5 JUIN 19 H SPECTACLE EN PORTUGAIS & ANGLAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS WHAT I HEARD ABOUT THE WORLD THIRD ANGEL I MALA VOADORA → THÉÂTRE DES ABBESSES MARDI 11 JUIN I 20 H 30 SPECTACLE EN PORTUGAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS TROIS DOIGTS SOUS LE GENOU TIAGO RODRIGUES I MUNDO PERFEITO MISE EN SCÈNE Tiago Rodrigues // TEXTE Tiago Rodrigues D’APRÈS LES ARCHIVES DE LA CENSURE PENDANT LA DICTATURE // RECHERCHE & ASSISTANCE DRAMATURGIQUE Joana Frazão // LUMIÈRES André Calado // VIDÉO Tiago Guedes & Rita Barbosa // CONCEPTION DES COSTUMES Magda Bizarro & Tiago Rodrigues À PARTIR DE LA COLLECTION DU TEATRO NACIONAL D. MARIA II. // SCÉNARIO Magda Bizarro, Rita Barbosa & Tiago Rodrigues // TRADUCTION FRANÇAISE Didier Sarnago // AVEC Isabel Abreu & Gonçalo Waddington Mundo Perfeito // COPRODUCTION Festival Alkantara et Teatro Nacional D. Maria II-Lisbonne – Stage Theatre Festival-Helsinki – De Internationale Keuze - Rotterdam – Kunstenfestivaldesarts-Bruxelles // PROJET COPRODUIT PAR le NXSTP, AVEC LE SOUTIEN du Programme Culture de l’Union européenne PRODUCTION © MAGDA BIZARRO CONCEPTION & INTERPRÉTATION Alexander Kelly, Chris Thorpe & Jorge Andrade // COLLABORATION José Capela & Rachael Walton // LUMIÈRES João d’Almeida COPRODUCTION Mala Voadora – Third Angel, Maria Matos Teatro Municipal – Sheffield Theatres – Pazz, Performing Arts Festival // AVEC LE SOUTIEN de LuxFrágil, Fundação Calouste Gulbenkian, Jardins na Linha © JOSÉ CARLOS DUARTE LISBONNE I PARIS Théâtre de la Ville PARIS juin 2013 BOMBA SUICIDA Certaines de ces connexions passent par des stratégies artistiques coopératives. Né en 1997, le collectif Bomba Suicida regroupe des artistes qui tiennent à garder leur propre personnalité, tout en partageant un esprit commun où se manifeste le désir profond de rompre avec une tradition de l’abstraction et de renouer avec une certaine forme d’expressivité. Programmés dans le cadre de Chantiers d’Europe, Luís Guerra, Marlene Monteiro Freitas et Tânia Carvalho inventent une relation intense entre un corps en perdition et un mouvement qui tente de le délivrer. THÉÂTRE & DANSE Sofia Dias et Vítor Roriz ont démarré leur collaboration en 2006. Tous deux chorégraphes et interprètes de leurs spectacles, ils explorent avec A Gesture that is Nothing But a Threat les rapports entre les mots et le mouvement. Comme l’écrit Paul Auster, « Le monde n’est pas que la somme des choses qui sont en lui, mais le réseau infiniment complexe des connexions qui s’établissent entre elles. » S’appuyant autant sur le sens des mots que sur la plasticité des sons, la relation à la voix, au souffle, au rythme et à la musicalité du langage, Sofia Dias et Vítor Roriz créent des rencontres insolites entre la parole, le geste et l’image, où la poétique de l’acte d’énonciation semble finalement se suffire à elle-même. Naissent alors de nouvelles constellations de sens qui reflètent la complexité de l’expérience humaine, avec une certaine incongruité comique. Luís Guerra signe, en 2008, sa première pièce au sein de Bomba Suicida. Avec Laocoi, il introduit l’idée d’un pays imaginaire où il tente de révéler les chants, les danses et coutumes caractéristiques d’un personnage (peuple) fictif. Créés en 2010 et 2012 dans le cadre des « Jeudis de lecture » du Teatro do Campo Alegre à Porto, 3 interludes et le galop du nez et La Première Danse d’Urizen sont deux pièces courtes. La première prend appui sur la musique de Dimitri Chostakovitch, et la seconde se nourrit de dessins et figurines dont Luís Guerra est également l’auteur. → THÉÂTRE DES ABBESSES 1er PROG. notamment à plusieurs reprises aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis et à la Biennale de la danse de Lyon, en 2011. Avec Síncopa, créé peu avant Chantiers d’Europe, elle revient à la forme solo, en une introspection où la peau, les organes et les os sont mis à contribution. Et The Recoil of Words, qu’elle danse en compagnie de Luís Guerra et Marlene Monteiro Freitas, s’appuie sur une composition de Julia Wolfe : LAD, pièce pour cornemuse écrite d’un souffle. « Je pense par le prisme du mouvement, des intensités du corps, des rythmes, des pauses, des silhouettes, des atmosphères, dit Tânia Carvalho. « J’aime l’idée que le mouvement est un langage en tant que tel. » VENDREDI 14 JUIN 20 H 30 & INTERPRÉTATION Marlene Monteiro Freitas // LUMIÈRES Yannick Fouassier // MUSIQUE Johannes Krieger CORNETA, “Rotcha Scribida” de Amandio Cabral, LUÍS GUERRA Cookie BATTERIE, Otomo Yoshihide (EXTRAIT D’UN SOLODE GUITARE), Anatol Waschke SOLOS AVEC ESTILHAÇOS, Calções Catarina Varatojo PRODUCTION Bomba Suicida, Lisboa // COPRODUCTION ZDB-Negócio, Lisboa PRODUCTION THE RECOIL OF WORDS CRÉATION 2013 TÂNIA CARVALHO DIRECTION & CHORÉGRAPHIE Tânia Carvalho // MUSIQUE Julia Wolf (LAD, SOLO BAGPIPE AND AUDIO PLAYBACK) // MUSICIEN Jean Blanchard // SON Régis Estreich // LUMIÈRES Zeca Iglésias // COSTUMES Aleksandar Protic // INTERPRÉTATION Tânia Carvalho, Luís Guerra, Marlene Monteiro Freitas COPRODUCTION Les Subistances (Lyon) et Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape → THÉÂTRE DE LA VILLE I LA COUPOLE VENDREDI 14 JUIN 19 H 30 I SAMEDI 15 JUIN 18 H30 SPECTACLE EN ANGLAIS SURTITRÉ EN FRANÇAIS A GESTURE THAT IS NOTHING BUT A THREAT SOFIA DIAS I VÍTOR RORIZ DIRECTION ARTISTIQUE, TEXTE & INTERPRÉTATION Sofia Dias & Vítor Roriz // COLLABORATION ARTISTIQUE Catarina Dias (IMAGES SUR SCÈNE) // COSTUMES Lara Torres // CONCEPTION LUMIÈRES Nuno Borda de Água Le spectacle a remporté le « European dance award Prix Jardin d’Europe 2011 » COPRODUCTION Box Nova/CCB – O Espaço do Tempo - CDCE // SOUTIEN alkantara, ACCCA, O Rumo do Fumo, Negócio/ZDB, Bains Connective // GESTION SUMO Associação de Difusão Cultural // DIFFUSION Materiais Diversos // FINANCÉ PAR Governo de Portugal/ Secretário de Estado da Cultura – DG Artes © LUCIAN RENITSA / Direction Yuval Pick (Lyon) // AVEC LE SOUTIEN DE alkantara (Lisboa), Centro Cultural de Belém (Lisboa), Instituto Politécnico de Viana do Castelo – Escola Superior de Educação et Museu do Traje de Viana do Castelo // Bomba Suicida reçoit le soutien du Governo de Portugal, du Secretaria de Estado da Cultura e pela Direcção Geral das Artes. PHOTO CI-DESSUS The Recoil of words © ROMAIN ETIENNE/ITEM 2e PROG. • 3 INTERLUDES ET LE GALOP DU NEZ • LA PREMIÈRE DANSE D’URIZE SOLOS SOLO M A R L E N E M O N T E I R O F R E I TA S CONCEPTION Tânia Carvalho a, elle aussi, déjà été présentée en France, → THÉÂTRE DES ABBESSES JEUDI 13 JUIN 19 H 30 GUINTCHE Marlene Monteiro Freitas n’est pas inconnue en France. Diplômée de P.A.R.T.S. à Bruxelles, elle travaille régulièrement avec Emmanuelle Huynn, Loïc Touzé, Boris Charmatz, François Chaignaud et Cecilia Bengolea. Dans Guintche, elle se souvient d’un concert et fantasme un personnage. De bout en bout de ce solo, de cette samba sans repos, une pulsation tourmente la danseuse, la fait vibrer sur des airs cap-verdiens endiablés. Luís Guerra // MUSIQUE Dimitri Chostakovitch Bomba Suicida – Andreia Carneiro AVEC LE SOUTIEN Teatro do Campo Alegre (Porto) PHOTO CI-DESSUS 3 interludes et le galop du nez © SARA MOUTINHO SÍNCOPA CRÉATION MAI 2013 I PREMIÈRE EN FRANCE TÂNIA CARVALHO CHORÉGRAPHIE, INTERPRETATION COSTUMES & MUSIQUE Tânia Carvalho // TEXTE Valter Hugo Mãe // Aleksandar Protic // LUMIÈRES Zeca Iglésias Bomba Suicida // COPRODUCTION O Espaço do Tempo (Montemor-o-Novo) // AVEC LE SOUTIEN DE alkantara (Lisbonne) PRODUCTION CHANTIERS D’EUROPE 2013 Théâtre de la Ville PARIS chantiers d’europe 2013 THÉÂTRE & DANSE Dirigée par Ana Figueira, la Companhia Instavel propose, de son côté, depuis près de quinze ans, un cadre original pour soutenir la création portugaise, selon un principe de « permanence instable » : chaque année engage un projet et des artistes différents. Créé en 2012, CATABRISA réunit la chorégraphe Joana Providência (une des figures de proue de la nouvelle danse portugaise), l’auteur Eugénio Roda et l’illustrateur, « montreur d’ombres », Gémeo Luís. Il est question, dans ce spectacle jeune public, d’un petit garçon comme tous les autres, animé par la curiosité et le désir de grandes aventures, et qui aimerait avoir des jambes assez longues pour grimper sur les nuages et rentrer à temps pour dîner. Un univers qui fait la part belle aux sensations, que suggèrent la délicatesse du mouvement et la finesse des animations. → THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS LUNDI 3 JUIN 14 H 30 I MARDI 4 JUIN 10 H // 14 H 30 // 18 H 30 I MERCREDI 5 JUIN 10 H & 15 H TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 6 ANS CATABRISA JOANA PROVIDÊNCIA I GÉMEO LUÍS I EUGÉNIO RODA TEXTE Eugénio Roda (À PARTIR DU LIVRE CATAVENTO, ÉDITIONS ETEROGÉMEAS, DE GÉMEO LUÍS ET EUGÉNIO RODA) DRAMATURGIE // CONCEPTION & CHORÉGRAPHIE, MISE EN SCÈNE Joana Providência // Eugénio Roda (EMÍLIO REMELHE) // CRÉATION, SCÉNOGRAPHIE & COSTUME Gémeo Luís // INTERPRÉTATION Filipe Caldeira // MUSIQUE Manel Cruz Companhia Instável // UNE COMMANDE DE Maria Matos Teatro Municipal // COPRODUCTION Centro Cultural Vila Flor – Cine-teatro Joaquim D’Almeida – Comédias do Minho – Companhia Instável – Fundação Lapa do Lobo – Fundação Casa da Música and Maria Matos Teatro Municipal PRODUCTION ÉXÉCUTIVE © COMÉDIAS DO MINHO Si la fiction est parfois rêveuse, elle sait aussi se faire ironique et décapante. Le « fakisme » est un néologisme forgé à partir de l’anglais « fake » (contrefaçon, simulation) par le Teatro Praga. En d’autres termes : « Qui a besoin de réalisme quand on peut avoir son contraire ? » Fondé en 1995 à Lisbonne, ce collectif d’artistes revendique l’absence de metteur en scène désigné et la pratique d’un « théâtre in-représentable, en perpétuelle métamorphose et dont les individus seraient sujets à d’imprévisibles variations d’eux-mêmes ». Leurs spectacles sont des « happenings » qui, s’ils conservent la forme physique du théâtre (fiction), cherchent à échapper à la relation acteur/spectateur et tentent de trouver un esprit communautaire au cœur de ce chaos imaginaire. Pour Chantiers d’Europe, ils s’installent durant trois jours au café des Œillets pour un ensemble de performances, rencontres, lectures et représentations de deux spectacles, Eurovision et Discotheater, construits sur un même principe, celui d’interroger la manière dont le poids des références peut faire obstacle à la construction d’un univers autonome. D’un côté, l’Europe (Eurovision), de l’autre, l’art (Discotheater), deux éléments fondamentaux dans le travail d’une compagnie qui n’a cessé, au fil des années, d’insister sur le moyen de penser et de pratiquer le théâtre, avec pour objectif clair d’en bousculer les règles. Dans Eurovision, monologue à deux voix sur l’identité de l’Europe basé sur le concours de l’Eurovision, les dimensions politiques et philosophiques et la trame théâtrale interfèrent, au point de figurer l’idée même de l’Europe comme un concept théâtral. Dans Discotheater, ils poussent plus loin cette idée en créant des petites scènes transdisciplinaires qui manipulent la perception du spectateur et cherchent à bousculer l’essence même de l’action théâtrale. Ce qui fait de la « scène », dans son essence même, un chantier d’Europes. « Mónica Calle a créé quelques-uns des spectacles portugais les plus intéressants de ces dix dernières années », écrit, dans le journal L’Expresso, Joao Carneiro. Personnalité à part dans le paysage artistique portugais, franc-tireuse et libre, Mónica Calle a fondé son propre théâtre dans un ancien bar de Cais de Sudre, quartier chaud de Lisbonne aux activités nocturnes explicites. Pour inaugurer cet espace, elle a imaginé un « striptease théâtral en sessions continues ». La Vierge folle de Rimbaud est le spectacle manifeste d’un théâtre qui met l’âme à nu presqu’autant que le corps. Dans un espace au plus proche des spectateurs, l’actrice y incarne les mots de Rimbaud, en plusieurs cycles successifs, dans une sorte de transe que chacun accompagne, le temps qui lui convient. → THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS PLUSIEURS LANGUES, SURTITRAGE EN ANGLAIS TEATRO PRAGA VENDREDI 7 JUIN 19 H & DIMANCHE 9 JUIN 17 H EUROVISION CONCEPTION AVEC Pedro Penim, André e. Teodósio & Martim Pedroso // Pedro Penim & André e. Teodósio Filipa Rolaça // COLLABORATION Rogério Nuno Costa // COPRODUCTION ZDB/ Transforma AC // AVEC LE SOUTIEN DE l’Instituto Camões PRODUCTION SAMEDI 8 JUIN 19 H 30 DISCOTHEATER CRÉATION → MAISON DE LA POÉSIE MERCREDI 12 JUIN 20 H 30 SPECTACLE-PERFORMANCE EN PORTUGAIS ET FRANÇAIS A VIRGEM DOIDA MÓNICA CALLE Performance de 45 mn présentée en continu. MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE, LUMIÈRES PHOTOGRAPHIE & INTERPRÉTATION André e. Teodósio, Cláudia Jardim, Diogo Bento, Patrícia da Silva, Pedro Penim & Vasco Araújo // LUMIÈRES Daniel d’Assumpção Worm (sous réserve) La Vierge folle extrait d’Une saison en enfer de Rimbaud PRODUCTION & INTERPÉTATION Mónica Calle // Bruno Simão // ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Mónica Garnel Casa Conveniente Filipa Rolaça // ENREGISTREMENT VIDEO André Godinho // COLLABORATION Isabelle Schad // AVEC LE SOUTIEN DE O Espaço do Tempo // COPRODUCTION Festival Alkantara PRODUCTION PHOTO CI-DESSUS © ALIPIO PADILHA & AUSSI CARTE BLANCHE À TEATRO PRAGA voir Arts Plastiques & lectures textes de présentations des spectacles : Jean-Marc Adolphe, Tiago Bartolomeu Costa traduction de M.-A. R. LISBONNE I PARIS Théâtre de la Ville PARIS juin 2013 CONCERTS LECTURES → THÉÂTRE DE LA VILLE Pour la quatrième année consécutive, France Culture s’associe à Chantiers d’Europe pour faire découvrir des textes inédits en France, enregistrés en studio ou en public et diffusés sur les ondes. (programme en cours) MERCREDI 5 JUIN 20 H 30 FADO CARMINHO → THÉÂTRE DES ABBESSES ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION JEUDI 6 JUIN 20H30 © ISABEL PINTO Considérée comme une des voix les plus innovantes de sa génération, la chanteuse de fado Carminho, de son vrai nom Maria do Carmo Carvalho Rebelo de Andrade, a déjà été entendue – et remarquée – lors de la grande soirée Fados qui avait réuni les plus grandes voix portugaises sur le plateau du Théâtre de la Ville au cours des Chantiers d’Europe 2011. De ses débuts, adolescente à la taverna do Embuçado de Lisbonne, à la consécration – disque de platine – de son premier album, le parcours de cette jeune artiste aura été aussi fulgurant que mérité. Elle revient sur le plateau du Théâtre de la Ville pour un concert exceptionnel. SOIRÉE ANTONIO LOBO ANTUNES LECTURE MISE EN ESPACE PAR Georges Lavaudant → THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION SAMEDI 8 JUIN 17 H → LE MONFORT 3e ÂGE LUNDI 10 JUIN 20H30 JOSÉ VIEIRA MENDES AVEC LES ACTEURS DU LUL A PENA → THÉÂTRE DE LA VILLE I CAFÉ DES ŒILLETS ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION © CLAUDIA VARÊJAO Comptant Caetano Veloso parmi ses premiers fans, Lula Pena possède une des voix les plus singulières de la scène contemporaine portugaise « quelque part entre Tom Waits et Leonard Cohen, en version féminine ». Accompagnée de sa seule guitare, elle chante un fado aussi exquis que personnel, qui étire les barrières de cet art particulier jusqu’aux frontières de la folk universelle. À découvrir d’urgence. Teatro Praga & DES ACTEURS FRANÇAIS MERCREDI 12 JUIN 19 H 30 EMPIRE ANDRÉ MURRAÇAS → MAIRIE DU 4e ARRONDISSEMENT DE PARIS → EN DIRECT & EN PUBLIC À LA MAISON DE LA RADIO ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION ENTRÉE LIBRE SUR RÉSERVATION JOUR & HORAIRE À PRÉCISER DIMANCHE 16 JUIN 20 H 30 MISIA LA SAINTE FAMILLE JACINTO LUCAS PIRES Dans le cadre de sa saison culturelle, et en lien avec Chantiers d’Europe Lisbonne-Paris, la mairie du 4e arrondissement de Paris accueillera Misia pour un concert exceptionnel. → PARC MONTSOURIS I ENTRÉE LIBRE SAMEDI 29 JUIN GRANDE JOURNÉE LUSOPHONE La mairie du 14e arrondissement, en partenariat avec le Théâtre de la Ville, organisera une grande journée portugaise le 29 juin : concerts, films en plein air et bien d’autres surprises. (programme en cours). ARTS VISUELS → LE PALAIS DE TOKYO DATES À PRÉCISER PERFORMANCES & INSTALLATIONS (en cours) Programme d’artistes portugais en partenariat avec la Fondation Gulbenkian. → THÉÂTRE DE LA VILLE CINÉMA → LE CENTQUATRE VENDREDI 7 JUIN 21 H I SAMEDI 8 & DIMANCHE 9 JUIN 15 H OLD SCHOOL TEATRO PRAGA DIMANCHE 9 JUIN DE 12 H 30 À 22 H Performances d’artistes appartenant à la « Constellation » du collectif Teatro Praga (Vasco Araújo…) dans différents espaces du Théâtre de la Ville. (Programme en cours) « FOCUS PORTUGAL : LE CINÉMA DE L’INTRANQUILLITÉ » → THÉÂTRE DE LA VILLE AVEC LA COMPLICITÉ DU CENTQUATRE 12 H 30 → BRUNCH accompagné d’un programme d’installations et de courts métrages dans le Café Caché et dans le restaurant Les Grandes Tables. 14 H - 22 H → PROJECTIONS & DÉBAT João Botelho, Filme do desassossego, 2010 et Arena (court métrage) ; Marco Martins, Alice, 2005 et Rafa ; Miguel Gomez, Ce fameux mois d’août, 2008. DU 1er AU 15 JUIN FUSO Une sélection des meilleurs films du Festival international de film d’Art de Lisbonne (FUSO) sur le thème du travail, faite par Antonio Camera/ Association Duplacena, réunit nouvelles générations et artistes confirmés. (durée totale 1 heure) Helena Almeida, A experiência do lugar II, 2004 ; João Tabarra, Atelier et Tornado, 2007 ; João Onofre, Untitled (Vulture in the studio), 2002 ; Rui Calçada Bastos, All that glitters, 2010 ; Bruno Ramos, Factory, 2012 ; Nuno Lacerda, Percursos, 2011 ; Fábio Caldeira, Diogo Monteiro, Dinis Carvalho, Anime ITV, 2011 ; José Maçãs de Carvalho, Video killed the painting stars (Newton), 2007. 3 INSTALLATIONS DE JOÃO ONOFRE Les œuvres de l’artiste lisboète, João Onofre, ont été présentées au Moma, à la 49e Biennale de Venise, au Palais de Tokyo… Sont réunies ici trois œuvres vidéos : Untitled (N’en finit plus) d’une durée de 3 minutes trois secondes présenté en boucle, et dans un autre espace, deux films, Ghost et Untitled-Sun 2500. CHANTIERS D’EUROPE 2013 Théâtre de la Ville PARIS chantiers d’europe 2013 CHANTIERS D’EUROPE LISBONNE I PARIS S’ASSOCIE MAIRIE DE PARIS I MAIRIE DE LISBONNE AU CENTRE CULTUREL CAMÕES/AMBASSADE DU PORTUGAL & À LA MAISON DU PORTUGAL-ANDRÉ DE GOUVEIA & PROPOSE DURANT TOUT LE MOIS DE JUIN UN ENSEMBLE DE MANIFESTATIONS AUTOUR DE LA CULTURE PORTUGAISE. LISBONNE I PARIS : 15 ANS D’AMITIÉ Les deux capitales célèbrent cette année leurs 15 ans d’amitié au travers de nombreux événements culturels. PREMIERS RENDE Z-VOUS → MAISON DU PORTUGAL-ANDRÉ DE GOUVEIA/CIUP I ENTRÉE LIBRE DU 18 MAI AU 8 JUIN EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE RAÚL DA COSTA CAMELO samedi 18 mai de 18 H à 24 H → VERNISSAGE, dans le cadre de la Nuit européenne des musées Lectures-performance à partir de textes de l’auteur. 19H → concert de piano de PEDRO GOMES lauréat du Concours Santa Cecília. 8 juin → FIN DE L’EXPOSITION 19H → concert de piano de TERESA PALMA PEREIRA. JEUDI 13 JUIN DE 17 H À 22 H LECTURES-PERFORMANCES DE TEXTES DE FERNANDO PESSOA Dans le cadre des 125 ans de la naissance du poète, à Lisbonne le 13 juin 1888. → CINÉMA MK2 BEAUBOURG REGARDS SUR LE CINÉMA LUSOPHONE FILMS & DÉBATS AVEC LE PUBLIC samedi 1er juin 11 H → Tabu de Miguel Gomes EN PRÉSENCE D’un acteur (SOUS RÉSERVE) // INTERVENANT Graça Dos Santos samedi 8 juin 11 H → Gebo et l’Ombre de Manoel de Oliveira DÉBAT AVEC António Preto (SPÉCIALISTE DE L’ŒUVRE DE MANOEL DE OLIVEIRA) // INTERVENANT José Manuel Esteves samedi 15 juin 11 H → La dernière fois que j’ai vu Macao de João Pedro Rodrigues EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS EN PARTENARIAT AVEC Les 9 et 10 mai, Lisbonne sera l’invitée d’honneur du village européen installé sur le parvis de l’Hôtel de Ville, lors de l’événement « Faites l’Europe ». Au programme de ces journées : un concert, un stand culinaire de spécialités lisboètes et des animations autour de la capitale portugaise… La célébration des 15 ans d’amitié entre les deux villes sera aussi l’occasion d’organiser un concours d’affiches entre deux écoles d’art, l’une à Paris, l’École EPSAA (École professionnelle d’Arts graphiques et d’Architecture) et l’autre à Lisbonne, à l’image du concours organisé dans le cadre du Tandem Paris-Berlin en 2012. Dans chacune des deux capitales, un jury sélectionnera les meilleures affiches et les résultats de cette compétition seront exposés au Théâtre de la Ville. Alors que Paris termine le réaménagement des Berges de Seine, la capitale française accueillera l’exposition Lisbonne au bord du Tage, réalisée par les Archives photographiques de Lisbonne. Images du passé et images du présent se juxtaposent faisant de cette exposition un témoignage unique et historique sur la relation que la capitale portugaise a entretenue avec son fleuve au fil du temps. AVEC LE SOUTIEN DE João Pedro Rodrigues & João Rui Guerra (SOUS RÉSERVE) // INTERVENANT Fernando Curopos Organisé par le Centre culturel Camões/Ambassade du Portugal, Chaire Lindley Cintra-université Paris Ouest Nanterre et rectorat portugais, université Paris 8 en partenariat avec la 7e édition Parfums de Lisbonne : Festival d’urbanités croisées entre Lisbonne et Paris et le cinéma MK2 Beaubourg. INFORMATIONS PRATIQUES (programmation en cours) CENTQUATRE // CALENDRIER // JUIN // OUVERTURE DE LA LOCATION LUNDI 25 MARS 2013 THÉÂTRE DE LA VILLE GRANDE SALLE SA 1 DI 2 LU 3 THÉÂTRE DES ABBESSES CAFÉ DES ŒILLETS www.lemonfort.fr ME 5 Carminho 20 H 30 CONCERT Catabrisa 10 H & 15 H What I heard… 19 H 7 SA 8 DI 9 MAISON DE LA POÉSIE // 157 RUE SAINT-MARTIN, PARIS 3 Soirée Lobo Antunes 20 H 30 LECT. Eurovision 19 H * e } 3 Âge 17 H LECTURE Discotheater 19 H 30 Eurovision 17 H www.maisondelapoesieparis.com Gebo et l’Ombre 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg Teatro Praga Focus Portugal FILMS 12 H 30-22 H www.franceculture.fr // L E C E N T Q UAT R E www.radiofrance.fr Lula Pena 20 H 30 L e M o n fo r t MA 11 Trois doigts sous le genou 20 H 30 Empire 19 H 30 LECTURE Bomba Suicida 1er prog. 19 H 30 JE 13 VE 14 A Gesture… 19 H 30 SA 15 A Gesture… 18 H 30 MK2 BEAUBOURG // A virgem Doida 20 H 30 M a i s o n d e l a p o é s i e 50 RUE RAMBUTEAU, PARIS 4 Fernando Pessoa LECT. 17 H M a i s o n d u Po r t u g a l www.mk2.com/salle/beaubourg Bomba Suicida 2e prog. 20 H 30 La dernière fois… 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg DI 16 Sacrada… 20 H 30 SA 29 Journée Lusophone Pa rc M o n t s o u r i s *& FRANCE CULTURE // RADIO FRANCE 116 AVENUE DU PRÉS. KENNEDY, PARIS 16 LU 10 ME 12 LE MONFORT // 106 RUE BRANCION, PARIS 15 What I heard… 20 H 30 VE Tabu 11 H FILM M K 2 B e a u b o u rg Catabrisa 14 H 30 Cata… 10 H & 14 H 30 & 18 H 30 6 www.104.fr LA COUPOLE MA 4 JE 104 RUE D’AUBERVILLIERS, PARIS 19 LIEUX EXTÉRIEURS LECT. Maison de la radio AUSSI OLD SCHOOL, PERFORMANCES, DANS PLUSIEURS ESPACES DU THÉÂTRE DE LA VILLE. MAIRIE DU 4e // 2 PLACE BAUDOYER, PARIS 4 www.mairie4.paris.fr MAISON DU PORTUGAL ANDRÉ DE GOUVEIA // CIUP 7 P BOULEVARD JOURDAN, PARIS 14 www.ciup.fr/les_maisons/residence_andre_de_gouveia TARIFS COMMENT RÉSERVER TARIFS PLEIN TARIF -30 ANS -12 ANS TARIF 1 SEULE CATÉGORIE 15 € // 20 €* 10 € // 15 €* 5 € ** GROUPE JEUNE // SCOLAIRE 9€ JEUNE -30 ANS (justificatif obligatoire) // GROUPE (10 places minimum) * Carminho CONCERT // ** Catabrisa PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com PAR TÉLÉPHONE 01 42 74 22 77 du lundi au samedi de 11 H à 19 H AUX CAISSES THÉÂTRE DE LA VILLE // 2 PLACE DU CHÂTELET, PARIS 4 // du mardi au samedi de 11 H à 20 H (lundi de 11H à 19 H) THÉÂTRE DES ABBESSES // 31 RUE DES ABBESSES, PARIS 18 // du mardi au samedi de 17 H à 20 H www.theatredelaville-paris.com PALAIS DE TOKYO // 13 AV. DU PRÉS. WILSON, PARIS 16 www.palaisdetokyo.com PARC MONTSOURIS // BOULEVARD JOURDAN, PARIS 14 equipement.paris.fr/parc-montsouris & LA PARTICIPATION DE GREGORY MAQOMA • 25 © JOHN HOGG avril-juillet 2013 LES CHEMINS DE LA MÉMOIRE Dans un voyage initiatique, le chorégraphe sud-africain, Gregory Maqoma, explore la mémoire de son lointain ancêtre, chef rebelle de l’ethnie Xhosa. Si chacun est dépositaire d’une lignée de souvenirs et d’histoires, certains corps, plus que d’autres, en gardent trace. Avec Exit/Exist, qu’il a conçu sous la direction de James Ngcobo, le chorégraphe sud-africain Gregory Maqoma le prouve d’abondance. Un travail à couper le souffle, associé à une remarquable composition musicale de Simphiwe Dana, tiré de l’histoire de Jongum-Sobomvu Maqoma, l’un des plus renommés chefs Xhosa, né en 1798, arrêté alors qu’il sommait les colons anglais de libérer les terres Xhosa et mort en prison en 1873. Maqoma est considéré comme un « facteur de transformation historique ». Mais plutôt qu’une leçon d’histoire, au strict sens du terme, le spectacle de Gregory Maqoma est un voyage sensible, en exploration de la mémoire. Dos au public, vêtu d’un costume soyeux, dansant sur la base lancinante et grave du guitariste Giuliano Modarelli, Gregory Maqoma semble laisser surgir de lui-même la mélodie, qui devient progressivement un rythme corporel. Chaque pensée devient alors un mouvement incarné, clair et précis, ciselé dans l’espace. Les épaules, les hanches, les mains ou les jambes deviennent les instruments d’un corps-orchestre qui invente sa propre partition. Lorsqu’arrivent sur scène les chanteurs, Bubele Mgele, Linda Motha, Happy Motha et Bonginkosi Zulu, Gregory Maqoma épouse progressivement des lignes rythmiques plus traditionnelles. Maqoma, le danseur contemporain, devient alors Maqoma, l’ancestral chef Xhosa. Extraordinaire glissement d’identité qui remonte le fleuve de l’Histoire. Dans la métamorphose, il sait se faire animal, jeune taureau dont les attributs évoquent la virilité du chef guerrier, autant que l’importance du bétail dans la vie pastorale des Xhosa. En occupant leurs terres, comme en sacrifiant inutilement le bétail, la puissance coloniale d’alors détruisait les bases mêmes de la nation Xhosa. La transe traduit d’une façon extrêmement évocatrice cette « perte » de pouvoir autant que d’identité. L’image finale du chef vaincu et brisé, fer aux pieds, exilé de sa terre natale, est particulièrement éloquente. Et lorsque se termine la pièce sur cette lancinante question, « où est le troupeau ? », on ne sait pas s’il s’agit d’animaux ou d’êtres humains. Cet hommage vibrant aux ancêtres, par une reconnaissance de leur lutte qui n’aura pas été vaine, devient alors, ô combien, une leçon d’histoire au sens noble du terme. Robyn Winlock → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 23 AVRIL AU 4 MAI 20 H 30 GREGORY MAQOMA VUYANI DANCE THEATRE Exit/Exist CRÉATION 2012 CHORÉGRAPHIE & PERFORMANCE Gregory Maqoma & ARRANGEMENT Simphiwe Dana COMPOSITION MUSICALE DIRECTION James Ngcobo Mileta Postic ANIMATION VIDÉO ACCOMPAGNEMENT GUITARE & COMPOSITION Giuliano Modarelli INTERPRÉTATION MUSICALE Complete Quartet : Happy Motha, Bubele Mgele, Bonginkosi Zulu, Linda Motha DIRECTRICE DES RÉPÉTITIONS Shanell Winlock VOIX DU TEXTE ENREGISTRÉ Sbulele Gcilitshana CRÉATION SON Andile Mpahlwa COSTUME David Tlale CRÉATION LUMIÈRES Ralf Nonn CRÉATION DÉCOR Oliver Hauser Théâtre de la Ville-Paris – Koninklijke Vlaamse Schouwburg (Belgique) – Dance Umbrella (Afrique du Sud) – Vuyani Dance Theatre COPRODUCTION 26 • SETH/MONTLLÓ I PHIA MÉNARD CHERCHE PLACE DANS LE MONDE Après un premier spectacle en 2011, Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna retrouvent l’écriture de Robert Walser, d’une apparente légèreté déconcertante. Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 → LE MONFORT I A DU 9 AU 20 AVRIL 20 H 30 DANSE I THÉÂTRE ROSER MONTLLÓ GUBERNA I BRIGITTE SETH Change or die CRÉATION 2013 MISE EN SCÈNE & CHORÉGRAPHIE Roser Montlló Guberna & Brigitte Seth & LES ENFANTS TANNER TEXTES RÊVERIES ET AUTRES PETITES PROSES Robert Walser (EXTRAITS) MUSIQUE Antisten & Jean-Pierre Drouet LUMIÈRES Dominique Mabileau VIDÉO Antisten SCÉNOGRAPHIE Emmanuelle Bischoff COSTUMES Sylvette Dequest ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Jessica Fouché DE Le titre de la nouvelle pièce de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna sonne comme un cri de guerre. Inspirées par l’œuvre de l’écrivain Robert Walser, ces deux femmes de tempérament – l’une plus théâtrale, l’autre très chorégraphique – construisent la figure de Wenzel, chercheur d’emploi dans une société où il se sent résolument inadéquat. Après Avant-propos, un récit dansé, créé en juillet 2011, Change or die est le deuxième volet du diptyque que vous consacrez à l’univers de Robert Walser. En quoi cet auteur vous attire-t-il ? BRIGITTE SETH & ROSER MONTLLÓ GUBERNA : Tiraillé entre petits boulots alimentaires et création poétique, Robert Walser pose les questions fondamentales, existentielles, avec une apparente légèreté déconcertante. L’universalité des propos, des situations nourrit un vivier bouillonnant d’expressions pour la scène, pour la danse et le théâtre. Dans le premier spectacle, la dramaturgie, la danse, la musique s’appuyaient sur la figure de Helbling, personnage dont la maladresse comique et l’angoisse exténuante l’apparentent à une sorte de « clown noir ». Pour Change or die, nous mettons en scène des textes rédigés entre 1906 (Les Enfants Tanner) et 1920 (Rêveries et autres petites proses). Le personnage de Wenzel, en particulier, nous trouble et questionne notre époque. Wenzel qui adresse son étonnante demande d’emploi aux directeurs d’entreprises, Wenzel qui cherche une place dans un monde auquel il ne semble pourtant pas tellement vouloir/pouvoir participer. Magali Caillet, Antoine Ferron, Roser Montlló Guberna, Brigitte Seth, Gérald Weingand MUSICIEN Jean-Pierre Drouet DANSEURS/ACTEURS COPRODUCTION Centre de Développement Chorégraphique, Biennale nationale de danse du Val-de-Marne – Théâtre Jean Vilar de Vitry – Centre chorégraphique national d’Orléans (accueil studio) – Ballet de l’Opéra national du Rhin, Centre chorégraphique national de Mulhouse (accueil studio) – Centre chorégraphique national du Havre (accueil studio) – Théâtre Ici & Là de Mancieulles ( résidence de création ) – Théâtre Château Rouge d’Annemasse (résidence de création) Ce projet a bénéficié du soutien de l’ADAMI, l’association Beaumarchais-SACD, la mairie de Paris. La compagnie est subventionnée par la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France / ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’Aide aux compagnies chorégraphiques. BRIGITTE SETH & ROSER MONTLLÓ GUBERNA : Nous ferons « voir » et entendre ces mots dans des langues distinctes, celles des voyageurs forcés de chercher, ailleurs, « une place ». Comment celui ou celle qui ne parle pas anglais, allemand ou français, par exemple, doit le plus vite possible s’exprimer dans cette langue ? Les voix des interprètes mettront en relief la musicalité des accents, un sous-titrage sera mis en scène, intégré à la scénographie. La danse traduira cette situation : sauver sa peau. Elle donnera le corps à ces mots-là. UN TOURBILLON DE CHIMÈRES © JEAN-LUC BEAUJAULT © E .BISCHOFF Comment transposer sur scène un texte littéraire comme celui de Robert Walser ? Avec Vortex, Phia Ménard s’attelle à manipuler l’impalpable : le vent. Le vortex, c’est l’œil du cyclone, cette zone d’accalmie illusoire où le moindre faux pas peut coûter la vie. Seule en scène, Phia Ménard évolue dans cet entre-deux précaire : encerclée par des turbines recréant une tornade artificielle, l’artiste affronte un tourbillon peuplé de chimères – sacs plastique en suspension, ou encore ses propres mues qui lui échappent… « Le jonglage est une utopie destinée à s’autodétruire aussi vite qu’elle naît. Il faut échapper à la complaisance de la virtuosité, derrière laquelle il est si simple de se croire à l’abri. » Durant son parcours de jongleuse, Phia Ménard s’est souvent emparée des objets les plus retors (pneus, cactus…). Entamé en 2008, le projet ICE (Injonglabilité Complémentaire des Éléments) l’a menée à jongler avec des boules de glace (PPP, 2008). Pour Vortex, elle s’attelle à manipuler l’impalpable : le vent. Un âpre face-à-face qui gomme peu à peu les frontières entre sujet et objet, le combat contre les éléments se muant en parabole sociale : faut-il préférer la suspension à la chute, quitte à évoluer dans un environnement saturé des bribes de son passé ? Combien de couches doit-on accepter de laisser s’envoler, avant de dévoiler la part la plus intime de son identité ? Saisi dans ses sensations physiques, projeté dans cet espace de tourmente d’une fulgurante beauté, le public assiste, médusé, à l’émergence d’une nouvelle entité, dans un environnement qui contraint autant qu’il libère. J. B. → LE MONFORT I A DU 21 MAI AU 8 JUIN 20 H 30 → LE CENTQUATRE I A DU 11 AU 15 JUIN 20 H 30 PHIA MÉNARD I CIE NON NOVA Vortex DRAMATURGIE Jean-Luc Beaujault DIRECTION ARTISTIQUE, CHORÉGRAPHIE & SCÉNOGRAPHIE Phia Ménard COMPOSITION & DIFFUSION DES BANDES Ivan Roussel Claude Debussy CRÉATION LUMIÈRES Alice Ruest SONORES D’APRÈS L’ŒUVRE DE CONCEPTION DE LA SCÉNOGRAPHIE Phia Ménard CONSTRUCTION DE LA SCÉNOGRAPHIE Philippe Ragot ASSISTÉ DE Rodolphe Thibaud & Samuel Danilo COSTUMES & ACCESSOIRES Fabrice Ilia Leroy INTERPRÉTATION Phia Ménard COPRODUCTION voir page 16. EMANUEL GAT I MATHILDE MONNIER • 27 avril-juillet 2013 VIVACITÉ DES ÉCOUTES © MARC COUDRAIS Pièce pour neuf danseurs, Brilliant Corners manifeste une vibration follement mobile de la relation dans l’instant. © EMANUEL GAT DANCE RUMEURS DU MONDE La danse ? Une « protestation muette » où les corps s’affrontent à l’épuisement. Emanuel Gat compte dans les circuits internationaux de la danse, où les ballets de répertoire, notamment, l’appellent régulièrement. Son écriture a connu une évolution profonde et exigeante, jusqu’à la scintillante conjonction d’une maîtrise absolue de la composition, et pour autant une vibration follement mobile de la relation dans l’instant, qu’il se refuse à déterminer de manière préalable. Cela irradie une pièce telle que Brilliant Corners. Emanuel Gat, passionné par les principes de la composition musicale, est lui-même auteur de la musique (le titre de Brilliant Corners étant, lui, un emprunt, en forme d’hommage, à un album du jazzman Thelonious Monk). Dans les sons, comme dans le mouvement des corps en relation, Emanuel Gat agence ses pièces à la façon de mécanismes à éléments infiniment multiples, toujours interdépendants, proliférant dans la vivacité des écoutes réciproques, selon les principes du contrepoint. Emanuel Gat installait sa propre compagnie dans le Midi de la France voici six ans. Il créait alors plusieurs pièces à partir de « grandes musiques » (Sacre du Printemps, Requiem de Mozart), de sorte qu’on l’a un peu vite rangé dans le style des grandes formes, soulignant la figure. Or Emanuel Gat, d’origine israélienne, venu tard à la danse (à 23 ans), n’a jamais eu de pratique de danse classique ou néoclassique. Il a tôt pris sa totale autonomie, après une courte collaboration au sein de la compagnie iconoclaste de Liat Dror et Nir Ben Gal. Aujourd’hui, ce chorégraphe inspire une méditation enlevée par la vibration générale des liens animant le monde. Dans Twin paradox, la scène est un îlot de réception aux rumeurs du monde. « Un espace neutre, sans patrie, hors de la géographie, mais plus encore hors du temps. » Bien qu’il ait, dans sa simplicité géométrique, la configuration de ce territoire d’Utopie, espace élu par la Renaissance, il en est l’exact contraire. Comme dans plusieurs de ses chorégraphies depuis 2000, Mathilde Monnier opère ici un déplacement fondamental : la scène, c’est précisément là qu’est l’atelier du chorégraphe. Là que s’expose, ne serait-ce que sous la forme du fragment, un état de sa présence au monde. La danse, conçue sous la forme du duo, en produit une vision équilibrée à dix interprètes. Son déroulement invite à la considérer comme « un outil de résistance, une protestation muette » : les corps s’y affrontent à l’épuisement, de la même façon que l’ont vécu les partenaires de hasard lors des danses marathons des années 1920 aux États-Unis. Une cohabitation duelle – véritable « twin paradox » – où la volonté d’aller au-delà de ses limites rencontre immanquablement l’acte héroïque, son dépassement et un sentiment qui finit par avoisiner la fraternité, sinon l’humanité. Autres temps, mœurs qui convergent dans un semblable point de tension, que la crise aiguise en creux. En contrepoint de sa déferlante fixe, qui instrumentalise les corps, les compositions musicales de Luc Ferrari, dont le vital Presque rien n°1, édité en Yougoslavie, instruisent une dramaturgie du verbe et du temps qui passe, comme d’étonnantes peintures sonores. Tout se dit alors dans la perturbation des sens, convenus pour fissurer leur stérile clôture, et rouvrir le champ de la danse. Gérard Mayen Lise Ott → THÉÂTRE DE LA VILLE I A DU 2 AU 6 AVRIL 20 H 30 EMANUEL GAT EMANUEL GAT DANCE → THÉÂTRE DE LA VILLE I A DU 9 AU 13 AVRIL 20 H 30 Brilliant Corners MATHILDE MONNIER PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE Twin paradox CRÉATION 2012 & LUMIÈRES Emanuel Gat Franz Schubert, NACHT UND TRÄUME, D. 827 VOIX Gérard Souzay CHORÉGRAPHIE, MUSIQUE MUSIQUE ADDITIONNELLE Hervé Chaussard, Amala Dianor, Andrea Hackl, Michael Löhr, Pansun Kim, Philippe Mesia, Geneviève Osborne, François Przybylski, Rindra Rasoaveloson AVEC Brilliant Corners est une commande de Dance Umbrella (Londres), La Biennale di Venezia (Venise) and Dansens Hus (Stockholm) au sein du réseau ENPARTS - European Network of Performing Arts, avec le soutien de la Commission européenne. COPRODUCTION Festival Montpellier Danse 2011, Sadler’s Wells, deSingel. AVEC LE SOUTIEN DE la Fondation BNP Paribas, de la Régie Scènes et Cinés-Théâtre de l’Olivier, du Conseil général des Bouches-du-Rhône - Domaine de l’Étang des Aulnes. Emanuel Gat Dance reçoit le soutien du SAN Ouest Provence, de la DRAC PACA, du Conseil général des Bouches-du-Rhône – Domaine départemental de l’Étang des Aulnes, de la Régie culturelle Scènes et Cinés et de la Fondation BNP Paribas. CCN DE MONTPELLIER LANGUEDOC-ROUSSILLON Mathilde Monnier Luc Ferrari SCÉNOGRAPHE, ASSISTANTE ARTISTIQUE Annie Tolleter LUMIÈRES Éric Wurtz RÉALISATION SONORE Olivier Renouf COSTUMES Laurence Alquier CHORÉGRAPHE MUSIQUE Cédric Andrieux, Marion Ballester, Sylvain Cassou, Julia Cima, Sonia Darbois, Jung-Ae Kim, Thibault Lac, I-Fang Lin, Felix Mathias Ott, Jonathan Pranlas AVEC COPRODUCTION Festival Montpellier danse 2012 – Théâtre de la Ville-Paris – Triennale de la ruhr 2012-2014 – Charleroi Danses, centre chorégraphique de la fédération wallonie bruxelles – Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon 28 • MICHAEL KEEGAN-DOLAN I LIAM Ó MAONLAÍ Théâtre de la Ville PARIS © ROS KAVANAGH avril-juillet 2013 EMPREINTE IRLANDAISE Le rapport fusionnel des danseurs et des musiciens de Rian fond, dans un même mouvement jubilatoire, la musique traditionnelle irlandaise et la danse contemporaine. Né en 1969 à Dublin, Michael Keegan-Dolan a fondé la compagnie Fabulous Beast, en 1997. Il a créé une dizaine de pièces dont Giselle (2003), The Bull (2005), James Son of James (2007) et Le Sacre du printemps (2009). Liam Ó Maonlaí, né en 1964 à Monkstone, est musicien, chanteur et compositeur. Son travail est reconnu en particulier grâce au groupe de folk-rock Hothouse Flowers qu’il a formé en 1985 avec Fiachna Ó Braonáin. Récemment, il ajoute une corde à son arc et œuvre, à sa manière, à la reconnaissance et la renaissance des musiques patrimoniales irlandaises : il publie l’album Rian en 2005. Le rapport extrêmement fusionnel des danseurs et des musiciens de Rian fond, dans un même mouvement jubilatoire, la musique traditionnelle irlandaise et la danse contemporaine. « Rian » signifie « empreinte », en irlandais. Michael Keegan-Dolan, réputé outre-Manche pour son art d’unir danse et théâtre dans des ballets contemporains ou à l’opéra, renoue ici avec le cours de ses origines en puisant à la source des traditions irlandaises, en compagnie du compositeur Liam Ó Maonlaí et de ses musiciens. Michael Keegan-Dolan invente avec ses danseurs une danse totalement originale, inspirée et irriguée par ces musiques. Portés par les sonorités des tambours, flûtes, violons, mandolines, harpes, clavecins, l’incontourna- ble cornemuse et le caractéristique frappé de pieds, les artistes de Rian libèrent une énergie et un plaisir irrésistibles, dans un formidable concert de musique et de danse, décomplexé et dynamique. Comment est né ce désir de collaborer avec Liam Ó Maonlaí ? Quand j’ai écouté sa musique et sa voix pour la première fois, j’ai été très impressionné par cette contradiction : j’ai eu l’impression d’entendre au même moment quelque chose de très ancien et quelque chose de tout à fait contemporain. C’est comme s’il avait un pied dans une ère vieille de 3 000 ans et l’autre dans le centre de Manhattan, Dublin ou Londres aujourd’hui au XXe siècle. Il a chanté et joué au Mali, il a joué avec des musiciens traditionnels en Inde ou encore avec des Aborigènes en Australie, et ces expériences ne l’ont jamais éloigné de sa culture et de ses racines irlandaises. Au contraire, toutes ces influences s’enrichissent mutuellement et lui permettent de créer une musique libre, vivante. MICHAEL KEEGAN-DOLAN : Comment s’est déroulée la création du spectacle ? M. K.-D.: Liam a été très généreux et il s’est beau- coup impliqué dans la création. Il a tenu à travailler tous les jours avec nous dans le studio de répétition. Dix heures par jour, six jours sur sept. Il jouait pour les danseurs du piano, de la harpe… Quand il donnait un concert le samedi soir, nous allions tous l’écouter ! Une complicité et une émulation artistique extraordinaires se sont tissées entre lui et les danseurs. Le titre du spectacle, Rian, qui est également le titre d’un album de Liam, signifie en irlandais « empreinte » ou « trace ». Pourquoi avoir choisi ce titre ? M. K.-D. : Je suis très intéressé par la notion d’« empreinte » culturelle et la manière dont cela affecte notre perception de la réalité. On devrait plus réfléchir et analyser sa propre empreinte culturelle, découvrir qui l’on est réellement et tout ce dont on a hérité. Seulement alors il deviendrait possible de passer à l’étape supérieure et d’accéder à une certaine forme de libération : on réaliserait qu’en fin de compte, malgré toutes nos différences, de beaucoup de façons nous sommes tous les mêmes, égaux. Africains, Nord-Américains, Australiens, unis par des cultures individuelles et universelles à la fois. Extraits d’une interview réalisée par Debra Craine pour le Sadler’s Wells, Londres → THÉÂTRE DES ABBESSES I B DU 16 AU 19 AVRIL 20 H 30 I SAMEDI 20 AVRIL 15 H & 20 H 30 FABULOUS BEAST MICHAEL KEEGAN-DOLAN I LIAM Ó MAONLAÍ Rian PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE Michael Keegan-Dolan Liam Ó Maonlaí LUMIÈRES Adam Silverman DÉCOR Sabine Dargent COSTUMES Doey Lüthi SON Denis Clohessy ASSISTANT DIRECTION MUSICALE Philip Feeney DIRECTION ET CHORÉGRAPHIE DIRECTION MUSICALE Cormac Ó’Beaglaoich, Peter O’Toole, Eithne Ní Chatháin, Maitiú Ó Casaide, Liam Ó Maonlaí DANSEURS Saju Hari, Anna Kaszuba, Saku Koistinen, Louise Mochia, Emmanuel Obeya, Keir Patrick, Ino Riga, Louise Tanoto MUSICIENS COPRODUCTION Fabulous Beast & Sadler’s Wells, Londres MARÍA MUÑOZ • 29 © JORDI BOVER avril-juillet 2013 PRÉSENCE VIBRATILE Intensité et sincérité. Entre les notes du Clavier bien tempéré de Bach, María Muñoz laisse infuser l’essence du mouvement. A Tsudenon. C’est un petit film, en noir et blanc, d’une dizaine de minutes. Rares sont celles et ceux qui l’ont vu. L’original, en super 8, dort quelque part à Barcelone. Il ne figure dans aucun catalogue et sa réalisatrice, Montse Llabres, est aujourd’hui secrétaire (dans une compagnie de danse, quand même). C’est pourtant une pièce maîtresse. A Tsudenon a été tourné dans un terrain vague de Mallorca, au début des années 1980. Franco vient alors de rendre l’âme, si on peut parler d’âme… Une démocratie balbutiante s’invente en Espagne, tout particulièrement en Catalogne. A Tsudenon montre cela, dans des corps encore enfantins livrés à eux-mêmes, en un jeu de danse tout empreint de sauvagerie. Barcelone est encore un terrain vague, ville dessinée au cordeau, mais où tout se vit de travers. Le Barrio chino est ce quartier interlope et malfamé, que les Jeux olympiques (1992) transformeront plus tard en l’un de ces « vivants quartiers où il est agréable de se promener », comme dit Le Guide du routard. Et c’est là qu’au milieu des années 1980, les premiers bourgeons de danse contemporaine poussent à même le pavé catalan. Certains, comme Angels Margarit et Cesc Gelabert, reviennent de New York. María Muñoz, pour sa part, est allée travailler aux Pays-Bas, au sein du Shushaku & Dormu Dance Theater, une curieuse compagnie semi-japonaise de théâtre visuel. À Barcelone, il n’y a pas le moindre studio de danse : les répétitions sont dans la rue, ou sur le sol en ciment de clubs de sardane. En 1988, dans un minuscule théâtre du quartier de Gràcia, María Muñoz crée son premier solo, Cuarto Trestero, dédié à la figure de son père qui vient de mourir. Bouleversant. Avec Pep Ramis, elle crée la compagnie Mal Pelo. De mauvais poil, forcément. Mais avec une telle générosité, une telle énergie dans les élans… Sur, Perros del Sur, est invité à la Biennale de Lyon en 1992, Dol, au Jacob’s Pillow Dance Festival en 1994, La calle del imaginero, au Festival de Hambourg en 1996. Mais en Espagne même, les tournées sont rares. Même devenu « socialiste », le pays n’a pas su faire confiance à la culture, ni à ses artistes les plus talentueux. Quittant l’agitation touristique barcelonaise, María Muñoz et Pep Ramis par- tent s’installer près de Girone, et construisent à l’huile de coude un centre de résidences et de recherche, L’Animal a l’esquena. Un lieu qui fait hospitalité à d’autres, accueille Steve Paxton, inventeur du contact-improvisation, autant que l’écrivain John Berger. Un lieu de patience, aussi, où des gestes peuvent éclore sans précipitation. C’est là que María Muñoz laisse infuser le solo Bach, qu’elle crée en 2004. Dans un recueillement tout entier investi dans l’essence du mouvement, elle dégage une intensité et une sincérité qui fascinent. Les harmonies musicales du Clavier bien tempéré y deviennent vibrations, ciselées à même les envolées du corps, et lorsque s’immisce la fatigue, María Muñoz ne la refuse pas et l’accueille le temps d’une pause, d’une pensée fugace qui laisse le public en suspens avant de reprendre le fil des variations musicales. Une présence magnifique, éloquente, présence prodigieusement présente. J.-M. A. → THÉÂTRE DES ABBESSES I A DU 4 AU 8 JUIN 20 H 30 I DIM. 9 JUIN 15 H MARÍA MUÑOZ MAL PELO Bach (solo) PREMIÈRE FOIS AU THÉÂTRE DE LA VILLE & INTERPRÉTATION María Muñoz Le Clavier bien tempéré, Johan Sebastian Bach JOUÉ PAR Glenn Gould AIDE À LA DIRECTION Cristina Cervià ASISTANTE RÉPÉTITIONS Leo Castro RÉALISATION VIDÉO Núria Font ILLUMINATIONS August Viladomat CRÉATION MUSIQUE PRODUCTION Mal Pelo EN COLLABORATION AVEC Teatro Real (Madrid) et Teatre Lliure (Barcelone) 30 • SUR LA ROUTE DES STEPPES Théâtre de la Ville PARIS WEEK-END ROUTE DE GENGIS KHAN avril-juillet 2013 Kazakhstan, Bachkortostan, Turkménistan et Mongolie sont à l’honneur cette année pour représenter quelques facettes musicales, rencontrées sur l’ancienne route de Gengis Khan. Une promenade dans un autre espace-temps. Un voyage musical dans une histoire marquée par les croisements culturels, emprunts d’animisme, embruns de vent, entre montagnes et vastes steppes. avril-juillet 2013 SUR LA ROUTE DES STEPPES • 31 → THÉÂTRE DES ABBESSES I D SAMEDI 25 MAI 17 H & DIMANCHE 26 MAI 17 H CONCERT « SUR LA ROUTE DE GENGIS KHAN » Mongols Byambajargal Gombodorj CHANT Tsogtgerel Tserendavaa CHANT DIPHONIQUE, VIÈLE MORIN KHUUR Kazakhs Zhanghaly Zhuzbaev DOMBRA (LUTH) Raushan Orazbaeva VIÈLE KOBYZ Turkmène Oghlan Bakhshi DOTÂR Bashkir Ishmurat Il’bakov KURAÏ (FLÛTE) & AUSSI Rencontres et documentaires, ateliers de musique pour les enfants… Programme en cours. PAGE 30 DE HAUT EN BAS : Yourtes à Touva, région de Bayan-Ölgii Mongolie – Mont Jargalant dans l’Altai Chandman © J. CURTET 31 DE GAUCHE À DROITE : Tsogtgerel Tserendavaa au morin khuur (Mongolie) © KAMROUZ Byambajargal Gombodorj, chanteuse Mongole © KAMROUZ Le Turkmène, Oghlan Bakhshi, au dotâr © DR PAGE Si les routes de la soie et du thé en Asie ont été le lieu d’échanges et de rencontres entre les peuples, l’Empire fondé par Gengis Khan et ses successeurs à partir du XIIIe siècle a aussi facilité les croisements culturels. C’est au cours de cette période que la Haute Asie et l’Asie centrale connaissent une unification partant d’un épicentre mongol, sous le contrôle des grands Khan, nommés dans chaque province soumise à la conquête. Plutôt que d’uniformiser les peuples, Gengis Khan propose, dans les limites du respect de son autorité, l’échange et la diversité. Ainsi à Karakorum, capitale impériale située dans le centre de la Mongolie, toutes les religions de l’Empire sont représentées avec leur lieu de culte. De même de nombreux voyageurs y séjournent. Les croisements culturels ont bon ton et il est fréquent de trouver en dehors des musiciens attitrés à la cour, des bardes venus de tout l’Empire. Si l’animisme et le chamanisme sont des croyances communes à la plupart des peuples turco- mongols, des frontières culturelles se sont progressivement affirmées avec le temps et les changements sociaux, jusqu’à instaurer des syncrétismes, donnant à entendre des interprétations musicales traversées par l’islam pour les Kazakhs, les Turkmènes et les Bachkirs, ou le bouddhisme pour les Mongols. Au cours du XXe siècle, Gengis Khan cristallise un regain d’intérêt pour les cultures de ce passé. Il est aussi le lieu d’une réinvention des traditions, manipulées principalement par le monde politique, relayées par les médias, le tourisme et la quête d’exotisme des étrangers. Au-delà du « culte », les musiques qui seront portées à nos oreilles vont bien plus loin dans le passé, dans un fondement culturel réunissant les peuples au plus proche de leurs liens avec la nature. Les musiciens présents aux Abbesses, les 25 et 26 mai 2013, montreront à la fois ces traces musicales du passé et des distinctions stylistiques majeures, qui se remarquent dans leurs singularités culturelles. Le concert proposera en alternance deux facettes, instrumentale et vocale. La musique instrumentale des Kazakhes tourne autour de la forme kuï qui définit une mélodie mais aussi un état, à travers l’exploration d’une image musicale. L’art de jouer un kuï réside dans la recherche virtuose et méditative de la perfection (Hallez 2005, p.5, cf. discographie). Le jeu de la vièle kobuz, interprété par Raushan Orazbaeva, évoque le monde des esprits. Le luth dombra, quant à lui, nous rappelle la vie pastorale des nomades. Zhanghaly Zhuzbaev, professeur à l’Académie musicale d’Astana, est héritier du style de jeu shertpe, caractérisé par un timbre mélodieux, une liberté d’exécution, la présence d’improvisation et employant une frappe des doigts claquant sur la table du dombra (ibid. p.6 et 13). Un luth voisin, le dotâr, répandu en Asie centrale, représentera les Turkmènes. Le jeune Mohammadgeldi Geldinejad a appris le chant et le dotâr avec son père Abdolghaffar. Reconnu pour son talent à travers de nombreux concours et par toute la communauté des musiciens de sa région, on le surnomme désormais Oghlan Bakhshi (Le fils qui atteint un niveau de maître). Venu des Monts Oural, Ishmurat Il’bakov est l’un des rares maîtres Bachkiri de la flûte kuraï. Le timbre de cet instrument de pasteur se caractérise par la présence du souffle et d’un bourdon vocal guttural ponctuel, non loin de rappeler un lien commun avec la technique du chant diphonique. Les pasteurs mongols ont surtout développé l’art du chant, décliné à travers de nombreuses techniques vocales. Deux d’entre elles, parmi les plus représentatives, sont le chant long urtyn duu et le chant diphonique khöömij. Élève de la diva N. Norovbanzad, Byambajargal Gombodorj maîtrise à merveille les inflexions, mélismes et ornements subtils de la poésie des chants, comme les glissandi, la trémulation laryngée, ou encore le passage rapide d’une voix de poitrine à une voix de fausset. Tsogtgerel Tserendavaa, fils du maître D. Tserendavaa, représente la nouvelle génération de musiciens professionnels. Après avoir appris le khöömij avec son père dans l’Altaï, il a poursuivi son apprentissage avec B. Odsuren à l’université d’Art et de Culture d’Oulan Bator. Il fait partie de la première promotion à avoir obtenu un diplôme de chanteur de chant diphonique professionnel. Il combine parfaitement le style familial rural et la pratique académique. Accompagné de sa vièle cheval le morin khuur, il retrace les allures des animaux et soutient son chant diphonique pour battre au rythme du cheval les chants de louanges magtaal. Johanni Curtet DISCOGRAPHIE • Akku. Raushan Orazbaeva, vièle à pique, 1 CD fy8076 Felmay, 2005. • Le Kuï shertpe de Karatau. Dombra du Kazakhstan, 1 CD 3017266 Buda Musique, notes du livret de Xavier Hallez, 2005. • Tserendavaa & Tsogtgerel, Chants diphoniques de l’Altaï Mongol, 1 CD et DVD 3017742 Buda Musique, 2008. • Mongolie. Chants et Morin Khuur, 1 CD C560224 Ocora Radio France, 2009. • Asie Centrale. Les maîtres du dotâr. Ouzbékistan-Tadjikistan-IranTurkménistan, 1 CD AIMP XXVI, AIMP & VDE-GALLO, 1993. • Turkménistan : La musique des bakhshy, 1 CD AIMP XXII, VDE-GALLO, 1991. • Ural : Traditional music of Bashkortostan, 1 CD PAN2018, Pan Records, 1995. • Uzlyau : Guttural singing of the people of the Sayan, Altai, and Ural mountains, 1 CD PAN2019, Pan Records, 1993. 32 • MUSIQUES DU MONDE Théâtre de la Ville PARIS © KAMROUZ © DR NOMA OMRAN UNE SYRIE EN TOUTE LIBERTÉ Entre opéra et chant syriaque, entre Orient et Occident, la voix de Noma Omran se rit des frontières. Jeune chanteuse qui reflète une brillante génération de musiciens syriens aujourd’hui disséminés de par le monde, Noma Omran navigue en liberté dans celui de la musique. Sa voix au registre exceptionnel lui permet de tenter toutes les expériences. Diplômée en chant lyrique (opéra) de l’Institut supérieur de musique de Damas, Noma Omran y a aussi étudié la théorie de la musique arabe. Formée au chant syriaque par le maître Nouri Iskandar, elle se distingue par sa personnalité unique, et sa maîtrise des mélodies syriaques lui permet de créer des atmosphères qui vont à merveille avec sa stature de tragédienne. Entre opéra et chant syriaque, entre Orient et Occident, la voix de Noma Omran se rit des frontières. Aventureuse et curieuse, elle explore plusieurs voies, créant ainsi le rôle de Zénobie dans un opéra d’Albinoni, chantant dans une création musicale de Stomu Yamash’ta, interprétant des maqâm-s arabes classiques accompagnée par Muhammad Qadri Dalal, ou encore intervenant dans une création chorégraphique de Bernardo Montet. À l’issue d’un stage avec Ariane Mnouchkine, en compagnie d’autres jeunes comédiens syriens, elle travaille encore sur la création de Gilgamesh, chantier de fouilles, pour laquelle elle compose aussi la musique. Noma Omran incarne une Syrie multiple, à la fois ouverte au monde et à sa propre diversité, naviguant vers l’avenir sur le navire d’un patrimoine culturel millénaire. Psaumes ougaritiques, chants syriaques, répertoire classique arabe et, en point d’orgue, des improvisations : le programme qu’elle présentera au Théâtre des Abbesses semble répondre à ces mots précieux du poète Adonis : « L’identité est une continuelle création, elle vient du futur. » © MAISON DES CULTURES DU MONDE / M.N. ROBERT avril-juillet 2013 HOMAYOUN SHADJARIAN SOHRAB POURNAZERI & HOMAYOUN NASIRI LE MUQAM DES DOLAN UNITÉ D’ÉLITE Aux confins du désert du Taklamakan (Chine), l’étonnante tradition de la musique ouïgoure frappe par sa liberté et sa vigueur. UNE MUSIQUE DE RÉJOUISSANCE Aux sommets du répertoire persan, trois éminents virtuoses. Voilà, pour tous les amoureux du répertoire persan, un rendez-vous incontournable, une nouvelle démonstration de force par trois éminents virtuoses. Un éclat historique en la personne d’Homayoun Shadjarian, un musicien des sphères mystiques, en Sohrab Pournazeri, et Homayoun Nasiri, un habitué des grandes scènes internationales. Tous les trois jouent en symbiose pour exprimer sur scène ce qu’ils ont de plus cher : leur culture musicale millénaire en héritage. Une exposition haute en maturité, qui reflète la complexité d’un répertoire musical riche en émotions. Homayoun et Sohrab sont deux musiciens pluri-instrumentistes. Maîtrisant aussi bien le târ, le setâr, le tanbur, le tombak, ou le daf, c’est au chant et au kamentché que leurs chemins se sont croisés pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Homayoun Nasiri, est, lui, le garant de la trame rythmique ancestrale de l’École de Sooreh à Téhéran. Cet événement est, en outre, un « hommage » aux maîtres qui ont façonné cette musique, par essence poétique et extatique, et qui ont assuré, au fil des siècles sa transmission. Et tout particulièrement à leurs pères, Mohammad Reza Shadjarian et Keykhosro Pournazeri, qui ont joué un rôle majeur dans l’évolution et le renouvellement de cette musique, tant sur le plan technique qu’esthétique. Pour la première fois, ces trois prodiges aux styles complémentaires, vont s’asseoir et jouer ensemble pour nous emmener par-delà le sens caché des mots, des notes, au cœur d’une tradition renouvelée. Jérôme Louis Le Xinjiang, ancien Turkestan oriental, est un immense territoire du Nord-Ouest de la Chine. Cet impressionnant paysage de déserts, de rivières et de glaciers, est le berceau d’une ancienne civilisation issue des Huns, les Ouïgours, dont les riches traditions musicales sont attestées dans des fresques et d’anciens textes chinois. Sous les Tang (IXe siècle), des musiciens ouïgours jouent à la cour impériale et leurs pièces sont incluses dans le Shibu ji (Les dix genres de musique). Mais c’est cinq siècles plus tard, sous l’influence de la culture islamique et persane, que commencent à fleurir dans les cités de Kashgar, Yarkand et Tourfan les suites poétiques et musicales du muqam, cependant que des formes de muqam rural et populaire voient le jour à Kumul au Nord-Est et chez les Dolan au Sud. Agriculteurs et éleveurs de moutons, les Dolan vivent dans les oasis qui bordent le Sud et l’Ouest du désert du Taklamakan, la « mer de la mort ». Ils parlent un dialecte particulier et jouent un répertoire de courtes suites vocales et instrumentales, les muqam dolan ou bayawan (désert), bien différents du muqam classique ouïgour. Une musique qui frappe par sa liberté et sa vigueur. Chaque interprète joue ou chante à sa façon la mélodie commune dans une véritable recherche d’épaisseur sonore, en y mettant une ardeur que les voix des chanteurs et les frappes puissantes de leurs tambourins portent au paroxysme. Certains musicologues locaux la décrivent comme un jazz ou un rock ouïgour. Mais c’est que le muqam dolan est avant tout une musique de réjouissance, conçue pour les mëshrëp, ces grandes fêtes où des centaines de personnes jouent, festoient et dansent, à l’occasion d’un mariage, d’une naissance, d’une visite, d’un retour. L’ensemble comprend deux ou trois chanteurs, les muqamqi, qui battent le rythme sur leurs tambourins dap, un luth rawap dolan dont les cordes sympathiques créent une réverbération naturelle, une viole ghijak dolan à une corde en crin de cheval et une cithare qalun. Chaque suite, il y en a neuf en tout, comprend quatre ou cinq parties qui s’enchaînent sur des rythmes à quatre, cinq ou six temps allant s’accélérant jusqu’à la frénésie. Les poèmes ont pour thème principal l’amour dans toutes ses phases : séduction, déclaration, jalousie, séparation. Lancés par le chanteur soliste comme une improvisation, ces textes se fabriquent spontanément en agglutinant autour du thème principal de petits fragments piochés dans le fond de poésie orale dolan. Le muqam dolan est un peu comme un jeu de Lego, chaque interprète connaît si bien les règles que l’impulsion du meneur de jeu suffit pour que chaque muqam se construise devant nous : toujours semblable, jamais identique. Et c’est cela finalement qui appelle une vraie comparaison avec le jazz. Le chanteur Huseyin Yaya est originaire du village de Yantak, dans l’oasis de Mäkit. En 2005, il est sorti pour la première fois de Chine, pour donner plusieurs concerts à la Maison des Cultures du Monde avec son frère Hasan et d’autres musiciens de son village. De retour chez eux, auréolés du prestige d’une tournée à l’étranger et de l’enregistrement d’un CD, ils se sont employés à revivifier cette tradition et à la transmettre aux jeunes générations, ce qui a valu à Huseyin d’être inscrit sur les listes régionale et nationale du patrimoine vivant. Depuis, les plus âgés sont morts et c’est avec un groupe rajeuni qu’il revient témoigner d’une tradition musicale des plus étonnantes. Pierre Bois Arwad Esber À écouter : Turkestan chinois. Le Muqam des Dolan. Un CD INÉDIT/Maison des Cultures du Monde → THÉÂTRE DES ABBESSES I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D LUNDI 8 AVRIL 20 H 30 SAMEDI 13 AVRIL 17 H LUNDI 22 AVRIL 20 H 30 NOMA OMRAN HOMAYOUN SHADJARIAN CHANT SOHRAB POURNAZERI KAMANTCHÉ HOMAYOUN NASIRI TOMBAK LE MUQAM DES DOLAN CHANT Keyvan Chemirani ZARB-DAF Jasser haj Youssef VIOLA D’AMORE Syrie Noma Omram et ses musiciens seront, les 4, 5 et 6 avril, en résidence à la Fondation Royaumont pour la préparation de ce concert. Iran AVEC Huseyin Yaya CHANT & PERCUSSION & les musiciens du village de Yantak Anwar Osman CHANT & DANSE Ahat Tohti RAWAP/LUTH Amir Imer QALUN/CITHARE Osman Siddiq GHIJAK/VIÈLE Amir Huseyin CHANT, PERCUSSION & DANSE Mutallip Mahmad CHANT, PERCUSSION & DANSE Patigül Rehman DANSE Turkestan chinois MUSIQUE OUÏGOURE DU XINJIANG (CHINE) Un spectacle produit par la Maison des Cultures du Monde en collaboration avec le Théâtre de la Ville. DEBAPRIYA ADHYKARY & SAMANWAYA SARKAR VOIX BORÉALES MILLE ET UNE RUMBAS Sur les ailes de la mémoire, les sept chanteuses de Saucējas incarnent les traditions héritées des diverses régions de Lettonie. La transmission orale s’est interrompue et la tradition s’est éteinte. C’est un patrimoine musical hérité des jours anciens que ressuscite l’Ensemble Saucējas de l’Académie de la culture de Lettonie. Pour mettre au jour les trésors enfouis qui le composent et en restituer la splendeur, les femmes de l’Ensemble, fondé en 2003, ont plongé au cœur des archives sonores et audiovisuelles. Quand ne subsistaient que des traces écrites, elles ont entrepris de reconstruire la tradition en sollicitant les mémoires encore vives… Fonctionnels, ces chants jalonnent le cycle des saisons et accompagnent la vie quotidienne : éclosion du printemps, célébration de l’été, avènement de Noël et travaux collectifs, appel du berger à son troupeau, besognes du meunier, départ du soldat et encore, endormissement de l’enfant, mariage et funérailles… Au-delà du divertissement, ils scandent les jours et les nuits, les heurs et malheurs d’une population alors majoritairement rurale. Sur scène, les sept femmes de Saucējas incarnent les traditions héritées des diverses régions de Lettonie. Elles profèrent à pleine voix ces chants de plein air expressifs et sonores : ceux que chantaient en chœur les jeunes filles pour célébrer les beautés de la nature, lors de l’arrivée du printemps (rotasana) ou le déclin de l’été. Ensemble, elles reprennent ceux qui stimulaient l’effort à l’occasion des travaux collectifs. En solo, retentit l’appel du berger à son troupeau (gavilesana), émaillé de cris divers. Un vaste répertoire de chants oubliés, dont certains, archaïques, manigancent d’étonnantes polyphonies à bourdon. Puissantes et belles, les voix dévoilent ce patrimoine boréal méconnu : une curiosité à découvrir ! © DR © DAVID RUANO © DR LA TROBA KUNG-FÚ SAUCĒJAS Un phare de la musique catalane, épicée de sonorités et de rythmes venus d’ailleurs. Les Catalans sont de retour ! Créateur fécond, Joan Garriga fut, au cours des années 1990, l’âme et l’incarnation de Dusminguet, illustre groupe pop influent et provocateur. En 2005, au terme d’une parenthèse de quelques années, il réunit, comme disent d’aucuns, une dream team de musiciens talentueux ; il invente ainsi la Troba Kung-Fú, l’ensemble phare de la musique catalane. Les cinq compagnons qui l’escortent au Théâtre de la Ville sont, pour la plupart, les fidèles compères de cette première heure. Dès ses débuts, la Troba connaît le succès et sa renommée se joue des frontières : en 2006, le premier disque, intitulé Clavell Morenet, suscite une tournée internationale. En 2010, le deuxième, A la panxa del bou, séduit également le public. Au fil du temps, Joan Garriga, moderne troubadour, développe un style original d’écriture et de composition. Il s’empare de la rumba, celle des Gitans de Catalogne, puise l’énergie du rock, décline les musiques latines, emprunte à l’Afrique du Nord ou à la Jamaïque… Un grand voyage au cœur des musiques du vaste monde ! Ainsi, dans le creuset de son imagination naît une musique urbaine singulière, épicée de sonorités et de rythmes venus d’ailleurs. Polyglotte, il chante en castillan et en anglais comme en catalan. Parfois à la lisière du surréalisme, les paroles évoquent Barcelone, la rumba ou bien un regard. La voix éclate et, sauvage, l’accordéon souffle, les guitares sonnent, les percussions résonnent… Une vitalité qui distille la joie ! Mille et une rumbas pour ensoleiller l’âme ! J. E. © BOKKIE VINK MUSIQUES DU MONDE • 33 avril-juillet 2013 AMSTERDAM KLEZMER BAND LYRISME ARDENT VERVE EUPHORIQUE ET COLORÉ Voix et sitar, un duo original et rare, auquel Debapriya Adhykary et Samanwaya Sarkar offrent leur fine sensibilité. La forme du duo mélodique (Jugalbandi) accompagné d’une percussion est d’origine récente. Des maîtres légendaires tels Bismillah Khan (shanai) et Vilayat Khan (sitar) ont été les premiers à la populariser au début des années 1960, tandis que les disques gravés par le duo Ali Akbar Khan (sarod) et Ravi Shankar (sitar) ont fait le tour du monde. L’art du Jugalbandi implique l’effacement de l’ego et une écoute attentive du partenaire qui peut relancer son complice dans une direction inattendue. D’où le suspense qui caractérise ce genre et la richesse musicale qui en découle. Debapriya Adhykary et Samanwaya Sarkar, nés en 1983 et 1981, présentent, avec un succès grandissant, un duo original et rare entre la voix et le sitar. La présence de la voix est ici emblématique, le chant étant le fondement de la musique. Ces musiciens considèrent leur Jugalbandi comme une conversation voguant à la confluence de deux âmes et de deux esprits amenés à servir la musique seule. À l’enseignement complet que les duettistes ont reçu auprès de grands maîtres – Manilal Nag, le subtil sitariste, Girija Devi, la grande prêtresse du chant – viennent se joindre leur fine sensibilité, une longue amitié enrichie de toutes les connivences qui préludent à un développement mélodieux et empathique. Leur esthétique porte à la méditation, à l’éveil des sens et à l’harmonie universelle. Leur fraîcheur d’âme opère un charme accru. Ce Jugalbandi au lyrisme ardent et coloré a, sans nul doute, un bel avenir devant lui. Dans un large spectre de sensibilités, la joie contagieuse des musiques populaires balkaniques et tziganes. La musique de l’Amsterdam Klezmer Band – plus souvent nommé AKB – a largement contribué à la renaissance du klezmer, cette tradition musicale itinérante des juifs askhénazes d’Europe centrale et de l’Est. Depuis sa fondation en 1996, sous l’impulsion du saxophoniste alto et vocaliste Job Chajes, l’AKB a rapidement évolué en transcendant les classiques du répertoire folklorique, centré sur les cuivres d’une énergique fanfare, avec des compositions originales éclectiques, mix savoureux de jazz et de hip-hop. Depuis près de dix-sept ans, « les sept magnifiques » enivrent un public sans cesse grandissant et toutes générations confondues de leurs performances débridées. Autour du chanteur ukrainien, natif d’Odessa, Alec Kopyt, le groupe s’est acquis l’enthousiasme d’un auditoire international, dès la parution du facétieux Limonchiki (sorti en 2001 sous le label new-yorkais Knitting Factory), enflammant salles et festivals par la verve euphorique de leur jeu. Depuis, AKB s’est emparé avec une joie contagieuse de multiples registres populaires balkaniques et tziganes et fédère un large spectre de sensibilités musicales. Si chacun de leurs albums est un véritable plaisir d’écoute, la virtuosité de leur groove est encore plus appréciable en sessions live, portées sans hiérarchie définie, avec de remarquables échappées en solo de Theo van Tol à l’accordéon, Janfie van Strien à la clarinette, Joop van der Linden au trombone et aux percussions, Gijs Levelt à la trompette, ou encore Jasper de Beer à la contrebasse. Valérie Cadet Christian Ledoux Jacques Erwan → THÉÂTRE DES ABBESSES I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D → THÉÂTRE DES ABBESSES I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D SAMEDI 27 AVRIL 17 H JEUDI 16 MAI 20 H 30 SAMEDI 1er JUIN 17 H MARDI 18 JUIN 20 H 30 SAUCĒJAS LA TROBA KUNG-FÚ Joan Garriga ACCORDÉON, VOIX Mariano Roch GUITARE BASSE Miguel Serviole / Muchacho GUITARE Pep Terricabras BATTERIE Luís Arcos GUITARE ÉLECTRIQUE Flor Inza PERCUSSIONS DEBAPRIYA ADHYKARY CHANT KHYAL SAMANWAYA SARKAR SITAR AMSTERDAM KLEZMER BAND Iveta Tale, Vija Veinberga, Signe Pujate, Kristine Jansone, Indra Metra, Marianna Auliciema, Janta Meza CHANT Lettonie Avec l’aide du Valsts Kultürskapitala Fonds. Catalogne I Espagne Avec la collaboration de l’Institut Ramon Llull. Jugalbandi Madhurjya Barthakur TABLA Inde du Nord Job Chajes ALTO SAX, RAPS Jasper de Beer CONTREBASSE Alec Kopyt VOIX, PERCUSSION Gijs Levelt TROMPETTE Joop van der Linden TROMBONE, PERCUSSIONS Janfie van Strien CLARINETTE Theo van Tol ACCORDÉON Pays-Bas Avec la collaboration du Festival des Cultures juives. 34 • FABIO BIONDI Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 → THÉÂTRE DE LA VILLE I D SAMEDI 6 AVRIL 17 H EUROPA GALANTE FABIO BIONDI DIRECTION Fabio Biondi & Andrea Rognoni VIOLON Alessandro Andriani VIOLONCELLE Giangiacomo Pinardi THÉORBE Paola Poncet CLAVECIN Corelli e l’Arcadia A. CORELLI Sonate op.1 N°1 en la mineur pour deux violons et basse continue ; Sonate op.5 N°5 en sol mineur pour violon et basse continue ; Sonate op.1 N°10 en sol mineur pour deux violons et basse continue GIUSEPPE VALENTINI Sonate op.5 N°7 en mi bémol pour deux violons et basse continue « La Corelli » ; Sonate op.5 N°8 en sol mineur pour deux violons et basse continue « La Montanari » A. SCARLATTI 29 Partite sopra l’aria della Folia BERNARDO PASQUINI Toccata per cembalo ALESSANDRO MARCELLO © ANA DE LABRA Sonate N°8 en mi mineur pour violon (manoscritto di Dresda) « LA MUSIQUE N’EST PAS UN MARCHÉ AUX POISSONS » Entretien avec Fabio Biondi, qui offre avec son ensemble Europa Galante tout un programme consacré à l’esprit de l’Arcadia, une société musicale née à Rome au début du XVIIIe siècle, qui s’est élevée contre une certaine décadence dans l’art. Une leçon qui reste contemporaine. Qu’est-ce que l’Arcadia, et pourquoi lui consacrez-vous un programme ? Alessandro Marcello n’était-il pas vénitien ? C’est la grande société romaine du violon du début du XVIIIe siècle, influente pour l’Europe, pour le monde entier. Il ne faut pas oublier que c’est le moment où Haendel est à Rome. C’est l’explosion de l’heure musicale de la ville spectacle, de la ville la plus visitée par les compositeurs. L’Arcadia était l’endroit où les gens cultivés se retrouvaient pour parler de peinture, de sculpture, de littérature, de musique et pour réfléchir sur la mission des artistes. Disons que c’était un endroit qui résistait à une certaine décadence dans l’art, celle que l’on voyait de temps en temps dans l’opéra ou ailleurs. Il était très difficile d’y entrer et très peu de compositeurs ont été acceptés. J’ai souhaité raconter l’histoire de cette Arcadia qui n’a pas duré longtemps mais a influencé la vie culturelle du centre de l’Italie. À l’époque de Corelli, il y avait ce désir de se retrouver pour écouter le véritable « haut langage » : l’idée est donc de tenter de reproduire l’Arcadia au Théâtre de la Ville pour dire au public d’aujourd’hui que l’art a encore du pouvoir, et qu’au-delà du « marketing », la musique triomphe dans sa pureté. Comme la littérature, l’architecture, et bien d’autres disciplines artistiques, elle est l’étendard de quelque chose de vrai, de sain et d’important pour la société. F. B. : Si, et c’est important de le dire car l’Arcadia était une société romaine. Or à cette époque, il existait de grandes différences entre les villes d’Italie. Mais Alessandro et Benedetto Marcello (ils étaient frères) ont représenté à Venise ce désir de pureté musicale, l’esprit de l’Arcadia que l’on retrouve dans le livre de Benedetto Teatro alla Moda, un pamphlet contre le mauvais goût dans l’opéra. Tous deux étaient profondément hostiles à certaines facilités, ils avaient un désir de « moraliser » la musique à Venise. Les Romains, qui le savaient très bien, ont invité Alessandro Marcello dont ils connaissaient le combat. C’est – l’histoire est intéressante – avec une lettre de recommandation de Marcello que Vivaldi est venu à Rome, où il a donné son opéra en 1723, ce qui prouve son respect pour Marcello dont il a demandé le soutien. Le fait est notoire dans une Italie qui est toujours un peu considérée comme le symbole d’un grand folklore de la musique : le lieu de tous les excès, où la musique était faite par de grands virtuoses parfois un peu trop débordants et où il y avait moins de « classe » et de rigueur qu’en France ou en Allemagne. Eh bien, une société musicale italienne pleine de rigueur a existé. Dans la musique vocale d’ailleurs, on le découvre constamment, quand on s’approche de certains compositeurs comme Alessandro Scarlatti, Antonio Caldara ou d’autres qui ne font pas partie de l’Arcadia mais partagent l’idée d’une musique de haute qualité, écrite pour mettre la poésie en valeur. Extravagance et rigueur peuvent coexister en Italie. La musique de ce programme reste lumineuse mais, au-delà de la joie de la virtuosité, elle a des objectifs que la soirée va révéler. C’est cela qu’il faut faire connaître au public. Le problème aujourd’hui dans la culture, c’est une certaine tendance à la globalisation, une passivité dans la programmation, consistant à mettre ensemble certains éléments avec un seul objectif : remplir les salles de concert et vendre les billets. Ce n’est que pur marketing. Il ne faut jamais oublier que nous sommes ici pour cultiver, informer, et la musique n’est pas un marché aux poissons. Il est indispensable de continuer la recherche et de présenter au public des informations raffinées car le public est raffiné, il n’est pas idiot… Aujourd’hui, à mon avis, on lui donne de la mauvaise nourriture. C’est pour cette raison que je fais de la recherche et les bibliothèques sont pleines de musiques à découvrir. FABIO BIONDI : Quels compositeurs de l’Arcadia avez-vous choisis ? F. B. : J’ai une affection particulière pour Alessandro Scarlatti, qui est un des meilleurs compositeurs italiens. J’ai dû faire une transcription de sa Folia pour clavecin. Cette transcription, qui convient bien à l’écriture instrumentale pour deux violons et basse continue, va être, je pense, une belle découverte. Bernardo Pasquini fut un grand claveciniste. Et puis Corelli évidemment, la référence musicale de l’Arcadia. Il y aura en outre deux musiciens un peu moins connus : Giuseppe Valentini, grand violoniste lui aussi et compositeur éclectique, et Alessandro Marcello, dont on entend parler comme écrivain, mathématicien et philosophe mais dont on joue rarement la musique ; c’est donc l’occasion de le faire. Propos recueillis par Anne-Marie Bigorne MUSIQUE CLASSIQUE • 35 VADIM GLUZMAN & ANGELA YOFFE MOZART PIANO QUARTET VIOLONISSIMO VERVE & IMAGINATION RHAPSODIES BOHÈMES Avec son épouse, la pianiste Angela Yoffe, l’immense violoniste Vadim Gluzman livre la flamboyance de sa sonorité, en filiation directe avec les plus grands virtuoses des deux siècles passés. Immense violoniste que Vadim Gluzman. Né en Ukraine en 1973, il débuta l’étude du violon à Riga, puis entra à Novossibirsk dans la classe de Zakhar Bron (maître de Repin et de Vengerov). Il émigre en Israël, puis reçoit les précieux conseils de Dorothy Delay à New York, et remporte, en 1994, le Prix de la Fondation Henryk Szeryng, coup d’envoi d’une carrière internationale sagement bâtie. Ce qui séduit chez lui, c’est sa sensibilité à fleur de peau, sa liberté de ton et sa spontanéité qui révèlent une personnalité particulièrement attachante. Par sa variété de timbres, sa technique ciselée ou son vibrato généreux, son jeu rappelle en effet celui des grands virtuoses russes du début du XXe siècle. Son sens naturel de la pulsation comme de la couleur fait qu’il chante plus qu’il ne joue, avec un panache et une force de conviction qui forcent l’admiration. Son répertoire très étendu fait une large place aux compositeurs de son temps, tels Giya Kancheli, Peteris Vasks, Lera Auerbach ou Sofia Gubaidulina. Et c’est sur un Stradivarius de 1690, qui appartint autrefois au légendaire Léopold Auer, fondateur de l’École russe, qu’il livre la flamboyance de sa sonorité, comme pour nous rappeler sa filiation directe avec les plus grands virtuoses des deux siècles passés. Pour sa première apparition au Théâtre de la Ville, avec son épouse, la pianiste d’origine lettone Angela Yoffe, Vadim Gluzman a choisi un programme aussi éclectique que raffiné, idéal pour mesurer le talent de l’un des duos violonpiano les plus exaltants du moment. Jean-Michel Molkhou Le Mozart Piano Quartet, l’un des meilleurs au monde, regroupe quatre amis, solistes reconnus, et chambristes particulièrement engagés. Malgré la richesse et la beauté de leur littérature, rares sont les quatuors avec piano. Fondé en 2000, le Mozart Piano Quartet, l’un des meilleurs au monde, garde la même formation depuis 2004 : quatre amis, solistes reconnus, et chambristes particulièrement engagés : « Le fait de jouer dans un seul ensemble a tendance à figer un musicien dans l’harmonie qui est propre à cet ensemble. Devoir être flexible signifie au contraire ouvrir ses sens dans plusieurs directions et cela est très enrichissant pour chacun de nous », explique Mark Gothoni, le premier violon finlandais, qui a fondé l’Orpheus Quartet. Ses trois partenaires allemands jouent également dans d’autres ensembles : l’altiste Hartmut Rohde est membre du Trio Stravinsky, le violoncelliste Peter Hörr du Quatuor Joachim et le pianiste Paul Rivinius du Clemente Trio. Le désir de transmettre fait de ces interprètes d’éminents professeurs : « Partager notre expérience avec les jeunes générations est un désir très naturel », dit Mark Gothoni qui éprouve aussi celui d’aller jouer dans les prisons. Cette richesse humaine irrigue l’engagement musical des quatre interprètes, au zénith dans leur superbe programme : « Schubert était un grand admirateur de Beethoven et ces deux compositeurs forment toujours un magnifique duo. Les deux œuvres choisies sont pleines de jeunesse. Celle de Brahms est plus tardive et cela crée un beau contraste. » Beau et déchirant: véhémence, douleur, fièvre, tendresse absolue, tous les états de la passion griffent l’opus 60 de Brahms. Sublime. FERENC VIZI ENSEMBLE TZIGANE CIFRA © ALIX LAVEAU © ARHUR FORJONEL © JOSEP MOLINA © MARCO BORGGREVE avril-juillet 2013 QUATUOR ZAÏDE ARCHETS VIENNOIS Ferenc Vizi et l’Ensemble de musique traditionnelle hongrois Cifra poursuivent le dialogue entamé par Franz Liszt avec les musiques tziganes. C’est une étonnante mise en abyme à laquelle nous convient Ferenc Vizi et l’ensemble de musique traditionnelle hongrois Cifra avec ce programme Rhapsodies-Liszt et les Tziganes. Car ils font dialoguer la musique tzigane hongroise et quelques-unes des plus célèbres Rhapsodies éponymes pour piano (à commencer par la légendaire 2e, dont même le dessin animé – Bugs Bunny, puis Tom et Jerry – s’est emparé), écrites par Franz Liszt après la grande tournée qu’il entreprit à la fin de l’année 1839, dans l’Est de l’Europe. Rapprocher les Rhapsodies hongroises (les 9e, 10e et 12e seront jouées dans leur version originale pour piano) et la musique tzigane qui les a plus ou moins inspirées est une façon de multiplier les allers-retours ; proposer les 2e, 11e, et 14e, (une des rares qui repose sur une authentique chanson populaire hongroise) dans une version pour piano et ensemble ajoute une nouvelle couche à cette complexe archéologie. Tout en demeurant fidèle à l’esprit du compositeur : assisté de son élève Franz Doppler, Liszt luimême réalisa des versions luxuriantes pour orchestre de six d’entre elles. Mais en changeant certains numéros, en altérant les tonalités, en modifiant, voire supprimant, les passages trop spécifiquement pianistiques. Rien n’est simple, décidément ! Avec le voyage qu’ils nous proposent, Ferenc Vizi et l’Ensemble Cifra apportent ainsi leur propre pierre à l’édifice de ce work in progress permanent. Rémy Louis Anne-Marie Bigorne Les quatre musiciennes du Quatuor Zaïde épatent par la diversité de leurs phrasés. Zaïde. Comme l’opéra inachevé de Mozart ? Oui. Pas parce qu’il reste méconnu ni qu’il annonce, par son sujet « turc », L’Enlèvement au sérail. Non. « Parce que le nom nous plaisait et que c’est un prénom féminin », se souvient Pauline Fritsch, second violon. Voilà pour l’identité. En concert, on pourra apprécier leur perfection instrumentale, l’intensité de leur jeu et la diversité de leurs phrasés. Et une disposition peu ordinaire des pupitres. À la traditionnelle déclinaison par taille, façon Dalton, de gauche à droite, les membres du Quatuor Zaïde préfèrent mettre en regard le premier et le second violon entre lesquels s’intercalent l’alto et le violoncelle, comme dans certains orchestres allemands ou russes. « Cela n’a rien d’une lubie mais se réfère à la disposition originale du quatuor comme en témoignent les dessins et gravures d’époque. Nous avions par ailleurs très vite ressenti le besoin de séparer les deux violons. Cela permet de clarifier les lignes de la polyphonie sans nuire à l’homogénéité de l’ensemble. » Comme l’héroïne mozartienne à qui elles ont emprunté le prénom, ces musiciennes sont éprises de liberté et ont foi en leurs idées. Pour son concert du Théâtre des Abbesses, le Quatuor Zaïde pointe ses archets, telle l’aiguille d’une boussole musicale, vers Vienne. Entre deux monuments imposants (le Quatuor en fa mineur, op. 20 n° 5 de Haydn, et le Quatuor à cordes en sol majeur n°15, D. 887 de Schubert), se glisse comme un rayon de soleil la Sérénade italienne d’Hugo Wolf. Compositeur prolixe de Lieder comme Schubert, ce contemporain et ami de Mahler, y fait entendre quelque sept minutes insouciantes et bondissantes, quasi rustiques. « Nous avons un immense plaisir à jouer cette musique, toujours pétillante d’esprit et inattendue », confie la violoniste Pauline Fritsch. Philippe Venturini → THÉÂTRE DE LA VILLE I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D → THÉÂTRE DE LA VILLE I D → THÉÂTRE DES ABBESSES I D SAMEDI 20 AVRIL 17 H SAMEDI 27 AVRIL 17 H SAMEDI 1er JUIN 17 H SAMEDI 8 JUIN 17 H VADIM GLUZMAN VIOLON ANGELA YOFFE PIANO MOZART PIANO QUARTET FERENC VIZI PIANO ENSEMBLE TZIGANE CIFRA QUATUOR ZAÏDE MOZART Sonate en mi mineur, K. 304 PROKOFIEV Sonate n° 1, en fa mineur, op. 80 STRAVINSKI Suite Italienne BLOCH Nigun RAVEL Tzigane majeur, D 487 SCHUBERT Adagio et Rondo concertant en fa BEETHOVEN Quatuor en mi bémol majeur, op. 16 (transcription de Beethoven de son Quintette op. 16) BRAHMS Quatuor en ut mineur, op. 60 Rhapsodies Liszt et les Tziganes HAYDN Quatuor à cordes en fa mineur, op. 20 n°5 WOLF Sérénade italienne en sol majeur SCHUBERT Quatuor à cordes n°15 en sol majeur, D. 887 36 • CRÉATIONS & TOURNÉES 2012-2013 Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 LES CYGNES SAUVAGES RHINOCÉROS IONESCO SUITE Un beau voyage dans lequel Philippe Demarle emmène les écoliers… Durant toute la saison, le Rhinocéros aura traversé l’Atlantique, la Manche, les frontières… fait suffisamment rare pour une troupe de théâtre en langue française pour être signalé. Une forme de « laboratoire » où la troupe jongle avec Ionesco, remonte aux origines des textes qui ont ouvert les routes de l’Absurde, dans un dispositif au plus proche du spectateur. DANS LA PRESSE ANGLAISE La distribution est excellente d’un bout à l’autre. Le spectacle est un rappel à la fois brillant et dérangeant de la fragilité de l’humanité. Daily Telegraph L’ensemble précisément chorégraphié est fort, emmené par les superbes interprétations de Serge Maggiani (Bérenger) et Hugues Quester (Jean). La transformation de Quester en rhinocéros est énorme : terriblement pénétrante. The Financial Times UN ACTEUR, UNE VALISE Nous avons souhaité, avec la troupe d’acteurs, bâtir un répertoire de « petites formes » que chacun s’engagerait à aller jouer dans les écoles, à la rencontre des enfants. À l’image de ce que nous avions réalisé dans les lycées, à la naissance de Ionesco Suite. Les Cygnes sauvages, avec Philippe Demarle, est le premier chapitre de cette aventure. Ce projet s’inscrit dansla même démarche que notre Parcours {enfance & jeunesse } : favoriser la rencontre entre les œuvres et les jeunes spectateurs, développer les liens entre des équipes artistiques et des enseignants, découvrir et partager des moments de théâtre inventés pour l’occasion, dans le plaisir et l’exigence. L’équipe du Théâtre de la Ville La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota est si bonne que je ne peux en imaginer de meilleure… S’il existe une meilleure mise en scène de ce drame, je mange mon chapeau. Vents Un chef-d’œuvre d’abstraction allégorique. La version du Théâtre de la Ville de Paris, exprime pour la première fois le côté onirique et la convulsion physique de la pièce… whatsonstage. com Les Cygnes sauvages CRÉATION D’APRÈS LE CONTE D’ANDERSEN UNE PROPOSITION ORIGINALE DU Théâtre de la Ville Philippe Demarle d’Emmanuel Demarcy-Mota COSTUME Sonia Ancilotti ACCESSOIRES Clémentine Aguettant Le Nouvel Observateur, Odile Quirot C’est un Ionesco en grande forme, qui ressort de cette lecture fragmentée-compilée de son œuvre théâtrale. Sept comédiens tendus comme un arc dévorent ce « mix » rageur […] Un savant triangle d’humour, de violence et de concision. Les Échos, Philippe Chevilley Revivifiés. Après ce voyage dans le monde absurde et grotesque de Ionesco, on reste Télérama, Fabienne Pascaud bouche bée. A Civilian’s Guide to The Theatre Un fauteuil pour l’orchestre, Anna Grahm TOURNÉE 2012-2013 TOURNÉE 2012-2013 DU 27 AU 29 SEPTEMBRE New York, BAM DU 4 AU 6 OCTOBRE Ann Arbor, université du Michigan DU 11 AU 13 OCTOBRE Londres, Barbican DU 14 AU 16 FÉVRIER Forum de Blanc-Mesnil DU 21 AU 23 MAI MC2 : Grenoble DU 26 MAI AU 1ER JUIN Moscou, Festival international Tchekhov LES 15 & 16 JUIN Barcelone, Grec Festival Barcelona DU 12 AU 14 JUILLET AVEC SOUS LE REGARD Un cauchemar joyeux mitonné par les membres de la troupe d’Emmanuel Demarcy-Mota, sept as de la composition sans bavure et déjantée. Ionesco ainsi mis en pièces en ressort tout ragaillardi. Nous aussi. Deux comédiennes – immenses – et cinq comédiens montés sur ressorts, incarnent ces fragments de pièces, avec une énergie et une générosité truculente. Los Angeles, UCLA LES 21 & 22 SEPTEMBRE San Francisco-Berkeley, CAL performances EUGÈNE IONESCO I EMMANUEL DEMARCY-MOTA Rhinocéros REPRISE Serge Maggiani, Hugues Quester, Céline Carrère, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Jauris Casanova, Pascal Vuillemot, Gérald Maillet, Stephane Krähenbühl, Charles Roger Bour, Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Sarah Karbasnikoff, Walter N’Guyen AVEC La reprise du spectacle créé la saison passée aura été l’occasion pour toute la troupe de continuer à expérimenter, à creuser les thèmes de cette pièce à la fantaisie subversive. Le Monde, Brigitte Salino Une soirée de théâtre qui réussit à procurer le plus rare des mélanges, une pièce exquise qui rencontre un spectacle exceptionnel. Au cours des cinq dernières années, je ne peux citer que deux autres spectacles d’un tel calibre… TOURNÉE 2013 (EN COURS) École élémentaire Paris 4 LUNDI 25 FÉVRIER École polyvalente Paris 13 MARDI 26 FÉVRIER École primaire Paris 18 JEUDI 28 FÉVRIER École primaire Paris 9 VENDREDI 1ER MARS Un résultat réjouissant : Ionesco quitte ses habits de maître de l’absurde, pour devenir le révélateur de peurs et de fantasmes. […] les sept excellents comédiens travaillent au corps ce qui les intéresse chez Ionesco : le monde des adultes tel qu’il peut apparaître dans les cauchemars éveillés des enfants. VICTOR OU LES ENFANTS AU POUVOIR Théâtre de la Ville-Les Abbesses DU 10 AU 31 JAN. Théâtre de Maisons-Alfort DU 5 AU 7 FÉVRIER Théâtre de Clichy-sous-Bois LE 19 FÉVRIER L’Onde, IUT de Vélizy-Villacoublay LES 27 & 28 FÉV. © JEAN-LOUIS FERNANDEZ Il était une fois un roi, ses onze fils, sa fille. Et l’inévitable Méchante Reine, qui, par jalousie, exile la princesse, métamorphose les princes en cygnes sauvages. […] Par amour pour Andersen, et en souvenir d’un grand-oncle, lui aussi voyageur et conteur, Philippe Demarle – depuis longtemps comédien avec Emmanuel Demarcy-Mota – a choisi, pour inaugurer le cycle « un acteur, une valise », de donner à cette fable sa réalité. Le voilà donc en route, avec ses longues chaussures de clown, son manteau qui se déploie comme des ailes, avec sa table munie de lampes-cygnes, sa valise noire de magicien, d’où surgissent grottes, châteaux et cimetières, musiques et lumières. C. G. © AGATHE POUPENEY © AGATHE POUPENEY © PASCAL GELY © JEAN-LOUIS FERNANDEZ UNE SAISON AVEC LA TROUPE TOURNÉE 2013 Théâtre de la Ville, Paris DU 18 AU 29 MARS Théâtre national de Bretagne, Rennes DU 4 AU 13 AVRIL Grand Théâtre de Luxembourg, Luxembourg LES 18 & 19 AVRIL L’Apostrophe, Scène nat. de Cergy-Pontoise LES 25 & 26 AVRIL La Comédie de Reims, CDN DU 30 AVRIL AU 4 MAI EUGÈNE IONESCO I EMMANUEL DEMARCY-MOTA I AVEC L’ENSEMBLE ARTISTIQUE Ionesco Suite CRÉATION Charles Roger Bour, Céline Carrère, Jauris Casanova, Sandra Faure, Stéphane Krähenbühl, Olivier Le Borgne, Gérald Maillet AVEC PRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris. ROGER VITRAC I EMMANUEL DEMARCY-MOTA Victor ou les Enfants au pouvoir REPRISE Élodie Bouchez, Céline Carrère, Valérie Dashwood, Thomas Durand, Philippe Demarle, Anne Kaempf, Sarah Karbasnikoff, Stéphane Krähenbühl, Serge Maggiani, Hugues Quester AVEC PRODUCTION Théâtre de la Ville-Paris Grand Théâtre de Luxembourg COPRODUCTION E X P O S I T I O N S SANKAI JUKU DU 16 AVRIL AU 12 MAI ANNE TERESA DE KEERSMAEKER DU 14 AU 26 MAI PINA BAUSCH DU 17 JUIN AU 8 JUILLET © Guy Delahaye © Herman Sorgeloos © Guy Delahaye RENCONTRES & CONFÉRENCES RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS) « LES VOYAGES DU COMÉDIEN » PAR GEORGES BANU, essayiste & critique, connaisseur © CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE de la scène européenne, de ses metteurs en scène & acteurs « LES LUNDIS DE LIBÉRATION » TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE • PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) • OU AUX CAISSES Après les rencontres avec Stéphane Hessel, Michel Rocard, Serge Haroche et les deux reporters de guerre, Patricia Allémonière et Jean-Pierre Perrin, le partenariat entre le Théâtre de la Ville et Libération se poursuit. LUNDI 6 MAI 18 H Programme à suivre sur le site internet du Théâtre de la Ville. JEUDI 18 AVRIL 19 H I MARCEL BOZONNET I AU CAFÉ DES ŒILLETS OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 AVRIL • TARIF UNIQUE 5 € Après Angela Winkler, Yoshi Oïda, Hugues Quester, Laurent Poitrenaux, Nada Strancar et André Wilms… le Théâtre de la Ville accueille Marcel Bozonnet qui y a joué Gregers Werle dans Le Canard sauvage, mis en scène par Lucian Pintilié en 1981. Après avoir dirigé le Conservatoire national d’Art dramatique de 1993 à 2001, il a notamment été administrateur de la Comédie-Française de 2001 à 2006. JEUDI 30 MAI 19 H I GEORGES BANU & « L’ACTEUR INSOUMIS » I AU CAFÉ DES ŒILLETS IDEA 2013 LE THÉÂTRE DE LA VILLE S’ASSOCIE AU 8e CONGRÈS INTERNATIONAL ARTS DE LA SCÈNE – ÉDUCATION Du 8 au 13 juillet 2013, se déroulera à Paris le 8e Congrès international Arts de la scène - Éducation, destiné à mettre en valeur et repenser le rôle des arts de la scène dans l’éducation artistique. Événement politique de grande ampleur, ce congrès rassemblera des artistes, des enseignants, des chercheurs, des praticiens, des élus et des représentants de structures culturelles du monde entier. RENSEIGNEMENTS : www.idea-paris-2013.org © DR OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 2 AVRIL • TARIF UNIQUE 5 € Georges Banu dresse un bilan de ces voyages et présente des vidéos et des photos de quelques grands acteurs insoumis de la scène européenne. Lecture des extraits du livre Les Voyages du comédien (éd. Gallimard). « CYCLE DE CONFÉRENCES SUR L’HISTOIRE DE LA DANSE » 4e SAISON LA DANSE À LA RENCONTRE DES AUTRES ARTS TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE • PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) OU AUX CAISSES Par Sonia Schoonejans, historienne, journaliste, réalisatrice de documentaires. DANSE ET CINÉMA DIMANCHE 21 AVRIL 2013 À 11 H I AU CAFÉ DES ŒILLETS Si la danse n’a cessé d’inspirer les cinéastes, que ce soit dans la comédie musicale ou dans les films à teneur plus dramatique – les grandes machines que sont Hollywood et Bollywood, pour ne prendre que ces deux exemples, continuent d’alimenter une partie de leur production par la danse sous ses formes les plus variées –, le cinéma a beaucoup apporté à la danse, ne fût-ce que du point de vue de la mémoire et de la popularité. Aujourd’hui, intégrer non seulement l’image dans les pièces chorégraphiques mais les concevoir selon des méthodes cinématographiques comme le montage en séquences, est devenu une pratique courante. Nous nous poserons la question de ce qui différencie le corps vivant sur scène de son image. PARTENARIAT BACK TO BACK AU PARC DE LA VILLETTE DU 10 AU 13 AVRIL I MER., VEN., SAM. À 20 H 30 I JEUDI À 19 H 30 PARC DE LA VILLETTE I 211, AVENUE JEAN JAURÈS 75019 PARIS I M° PORTE DE PANTIN I www.villette.com I 01 40 03 75 75 Le svastika, symbole hindouiste, a été détourné par l’idéologie hitlérienne pour devenir le symbole du nazisme. Back to Back, compagnie australienne, met en scène Ganesh (divinité indienne à tête d’éléphant) qui traverse l’Allemagne nazie afin de le récupérer. C’est alors que l’équipée d’un Dieu tout de sagesse et d’opiniâtreté croise une pièce de théâtre en cours de conception. Les interprètes, pour certains en situation de handicap, ont la légèreté d’un Charlot, les coquetteries d’un Hardy et les répliques des Marx Brothers. OFFRE PRIVILÉGIÉE POUR LES LECTEURS DU JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE 12 € AU LIEU DE 16 € Offre limitée à 2 billets par spectacle et par personne, dans la limite des places disponibles & sur présentation de cette offre. Réservation indispensable au 01 40 03 75 75. Code à donner lors de la réservation : 212833 © KAMROUZ RENCONTRES I CONFÉRENCES • 37 avril-juillet 2013 PRIX FRANCE MUSIQUE MUSIQUES DU MONDE 2013 Le chanteur iranien Mohammad Motamedi, qui a donné plusieurs concerts au Théâtre de la Ville et qui participe au week-end Norouz le 24 mars, a reçu le prix France Musique Musiques du monde 2013. Ce prix lui est remis le 21 mars au festival Babel Med Music à Marseille. 38 • CALENDRIER I LIBRAIRIE Théâtre de la Ville PARIS avril-juillet 2013 AVRIL 2013 THÉÂTRES PARTENAIRES THÉÂTRE DE LA VILLE 20 H 30 THÉÂTRE DES ABBESSES 20 H 30 MA 2 Emanuel Gat Ambra Senatore ME 3 Emanuel Gat Ambra Senatore JE 4 Emanuel Gat VE 5 Emanuel Gat SA 6 Fabio Biondi I Europa Galante 17 H Emanuel Gat DI LU LU LE CENTQUATRE 20 H 30 LE MONFORT 20 H 30 1 Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) Nos amours bêtes 15 H & 19 H 30 Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) 7 Nos amours bêtes 15 H Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) 8 Noma Omran I Syrie MA 9 Mathilde Monnier Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30 Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth ME 10 Mathilde Monnier Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30 Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth JE 11 Mathilde Monnier Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30 Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth VE 12 Mathilde Monnier Nos amours bêtes 14 H 30 & 19 H 30 Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth SA 13 Homayoun Shadjarian 17 H Mathilde Monnier Nos amours bêtes 15 H & 19 H 30 Josef Nadj 15 H (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth DI 14 Josef Nadj 20 H 30 (H. abo.) LU 15 © JEAN-LOUIS FERNANDEZ MA 16 Michael Keegan-Dolan R. Montlló Guberna I B. Seth ME 17 The Four Seasons Restaurant Michael Keegan-Dolan Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth JE 18 The Four Seasons Restaurant Michael Keegan-Dolan Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth VE 19 The Four Seasons Restaurant Michael Keegan-Dolan Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth SA 20 V. Gluzman I A. Yoffe 17 H The Four Seasons Restaurant Michael Keegan-Dolan 15 H & 20 H 30 Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) R. Montlló Guberna I B. Seth DI 21 The Four Seasons Restaurant 15 H Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) LU 22 Le Muqam des Dolan I Chine MA 23 The Four Seasons Restaurant Gregory Maqoma ME 24 The Four Seasons Restaurant Gregory Maqoma Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) JE 25 The Four Seasons Restaurant Gregory Maqoma Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) VE 26 The Four Seasons Restaurant Gregory Maqoma Josef Nadj 18 H 30 & 21 H 30 (H. abo.) SA 27 Mozart Piano Quartet 17 H The Four Seasons Restaurant Saucējas I Lettonie 17 H Gregory Maqoma Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) DI 28 Josef Nadj 15 H & 20 H 30 (H. abo.) LU 29 Gregory Maqoma MA 30 Gregory Maqoma LES MOTS ONT PERDU UN ORFÈVRE Correcteur infatigable, Philippe Bloch s’est éteint le 2 février dernier à l’aube de ses 99 ans. Ses deux maisons auxquelles il était si dévoué, La Comédie-Française et le Théâtre de la Ville, ont pu compter sur son immense culture pendant des décennies. Né à la veille de la Grande Guerre, ce Parisien dans l’âme n’était jamais à court d’un mot d’esprit qui faisait les délices de tous ceux qui l’approchaient. Sous l’humeur toujours joviale et enjouée, on trouvait facilement le mélomane enthousiaste, de son cher Bach à la chanson populaire, le cruciverbiste spirituel, mais aussi le poète et chansonnier à ses heures. Avec son amour de la langue française, il a tracé un arc-en-ciel protecteur qui nous manquera tout autant que sa présence chaleureuse et son regard malicieux. A. V. LIBRAIRIE DU THÉÂTRE DE LA VILLE QUELQUES RÉFÉRENCES POUR UN PARCOURS DE SPECTATEURS Avant et après les spectacles, la librairie du Théâtre de la Ville offre un large éventail de beaux livres, essais, pièces de théâtre et revues consacrés aux arts de la scène. De plus, certains spectacles font l’objet d’une sélection bibliographique qui permet à chacun de prolonger « l’art d’être spectateur ». MATHILDE MONNIER TWIN PARADOX DU 9 AU 13 AVRIL Paru fin mars 2013 : Mathilde Danse ! de Mathilde Monnier et François Olislaeger (Denoël Graphic). NOUVEAUX CDS • Abduvali Abdurashidov, Chants et musiques classiques, Tadjikistan C 560254 Ocora Radio France - distribution Harmonia Mundi. Le chanteur tadjik, Abduvali Abdurashidov, prix France Musique musiques du monde 2012, qui a déjà donné plusieurs concerts au Théâtre de la Ville sort son premier CD en France lors du week-end Norouz, les 23 et 24 mars 2013. • Björnlert (fiddle), Hedin (nyckelharpa), Pekkari (accordéon), en concert à Paris, Buda Musique, collection The Boréales dirigée par Jacques Erwan, enregistrement lors de leur concert au Théâtre des Abbesses en 2011. ROMEO CASTELLUCCI THE FOUR SEASONS RESTAURANT DU 17 AU 27 AVRIL Europe, le regard des Artistes, Guy Cassiers, Romeo Castellucci (Éd. Universitaires Avignon). USHIO AMAGATSU I SANKAI JUKU UMUSUNA DU 2 AU 11 MAI Nouveauté chez Actes Sud Ushio Amagatsu, des rivages d’enfance au bûto de Sankai Juku, propos recueillis par Kyoko Iwaki, traduit du japonais par Anne-Renaud Wildenstein. ANNE TERESA DE KEERSMAEKER ELENA’S ARIA I DRUMMING LIVE DU 14 AU 25 MAI Carnets d’une chorégraphe : Fase, Rosas danst Rosas…, Livre + 4 DVD (Fonds Mercator). JAN FABRE TRAGEDY OF A FRIENDSHIP DU 29 MAI AU 3 JUIN Drugs kept me alive, Jan Fabre (L’Arche Éditeur) ; Simon, gangster de l’art, Jan Fabre (L’Arche Éditeur) ; Journal de Nuit, Années 1978-1984, Jan Fabre (L’Arche Éditeur) . PINA BAUSCH KONTAKTHOF DU 11 AU 21 JUIN 2013 Kontakthof, livre-DVD (L’Arche Éditeur) ; Kontakthof, album photos (Comédie de ClermontFerrand). Printemps 2013 : Bandonéon : à quoi bon danser le tango ? Raymund Hoghe ; Une répétition du Sacre…, Pina Bausch et la danseuse, coffret livre + DVD (L’Arche Éditeur) ; pina-The Film and The Dancers, Donata & Wim Wenders (Schirmer/Mosel) EN VENTE À LA LIBRAIRIE I THÉÂTRE DE LA VILLE, MARQUE À PART Cartes postales (10 pièces de Pina Bausch au Théâtre de la Ville), 11 € Affichettes 40x60 Akram Khan, Pina Bausch, 8 € Stylos (3 modèles), 3 € // Badges (2 modèles), 2 € // Carnets (2 modèles), 4 € Sacs coton Théâtre de la Ville, 5 € // Tee-Shirts, 10 € // Casquettes, 10 € CALENDRIER • 39 avril-juillet 2013 MAI 2013 THÉÂTRES PARTENAIRES THÉÂTRE DE LA VILLE 20 H 30 THÉÂTRE DES ABBESSES 20 H 30 ME 1 JE 2 Sankai Juku Gregory Maqoma VE 3 Sankai Juku Gregory Maqoma SA 4 Sankai Juku Gregory Maqoma DI 5 Sankai Juku 15 H LU 6 Sankai Juku MA 7 Sankai Juku ME 8 JE 9 Sankai Juku VE 10 Sankai Juku SA 11 Sankai Juku LE MONFORT 20 H 30 Sobre la cuerda floja 19 H 30 MA 14 A. T. De Keersmaeker 1er prog. Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30 ME 15 A. T. De Keersmaeker 1er prog. Sobre la cuerda floja 10 H & 14 H 30 JE 16 Troba Kung-Fú I Catalogne Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30 VE 17 A. T. De Keersmaeker 1 prog. Sobre la cuerda floja 14 H 30 & 19 H 30 SA 18 A. T. De Keersmaeker 1er prog. Sobre la cuerda floja 15 H & 19 H 30 DI 19 A. T. De Keersmaeker 1er prog. 15 H er LU 20 MA 21 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 ME 22 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 JE 23 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 VE 24 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 SA 25 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. Week-End route de Gengis Khan 17 H Contractions L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30 DI 26 A. T. De Keersmaeker 2 e prog. 15 H Week-End route de Gengis Khan 17 H LU 27 Contractions MA 28 Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 ME 29 Jan Fabre Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 JE 30 Jan Fabre Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 VE 31 Jan Fabre Contractions …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 JUIN 2013 THÉÂTRES PARTENAIRES THÉÂTRE DES ABBESSES 20 H 30 Debapriya & Samanwaya 17 H Contractions L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30 MA 4 María Muñoz …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 ME 5 María Muñoz JE 6 VE 7 María Muñoz SA 8 Quatuor Zaïde 17 H María Muñoz DI 9 María Muñoz 15 H 1 Liszt & les Tziganes 17 H Jan Fabre DI 2 Jan Fabre 15 H LU 3 Jan Fabre ME 12 Pina Bausch 19 H 30 JE 13 Pina Bausch 19 H 30 EV P RO S IER EU D’ NT C IER DR EN L CA VE 14 Pina Bausch 19 H 30 DI 16 Pina Bausch 17 H LU 17 Pina Bausch 19 H 30 Tratando de hacer una obra… MA 18 Amsterdam Klezmer Band Tratando de hacer una obra… ME 19 Pina Bausch 19 H 30 Tratando de hacer una obra… JE 20 Pina Bausch 19 H 30 Tratando de hacer una obra… VE 21 Pina Bausch 19 H 30 Tratando de hacer una obra… SA 22 LU 24 MA 25 Tabac rouge I James Thiérrée ME 26 Tabac rouge I James Thiérrée JE 27 Tabac rouge I James Thiérrée VE 28 Tabac rouge I James Thiérrée SA 29 Tabac rouge I James Thiérrée 17 H JUILLET 2013 THÉÂTRE DE LA VILLE 20 H 30 1 Tabac rouge I James Thiérrée MA 2 Tabac rouge I James Thiérrée ME 3 Tabac rouge I James Thiérrée JE 4 VE 5 Tabac rouge I James Thiérrée SA 6 Tabac rouge I James Thiérrée DI 7 Tabac rouge I James Thiérrée 17 H LU 8 Tabac rouge I James Thiérrée € € € TARIF B THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES TARIF PLEIN JEUNE 1re Cat. 30 € 2e Cat. 25 € 1re et 2e catégories .................17 € TARIF C THÉÂTRE € € € TARIF D MUSIQUE I MUSIQUES DU MONDE TARIF PLEIN JEUNE 1 seule catégorie .................. 1 seule catégorie .................. 20 € 15 € TARIF E THÉÂTRE I DANSE TARIF PLEIN JEUNE 1re Cat. 35 € 2e Cat. 30 1re et 2e catégories ............... 26 € € JEUNE : MOINS DE 30 ANS (JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE) *accompagnant un adulte pour Nos amours bêtes, Sobre la cuerda floja, L’Après-midi d’un foehn (max. 4 enfants). LOCATION COMMENT RÉSERVER PAR TÉLÉPHONE 01 42 74 22 77 LE MONFORT 20 H 30 …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 AUX CAISSES Théâtre de la Ville I 2 place du Châtelet, Paris 4 du mardi au samedi de 11 h à 20 h (lundi de 11 h à 19 h) Les Abbesses I 31 rue des Abbesses, Paris 18 du mardi au samedi de 17 h à 20 h PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com …d’un foehn 10 H & 14 H 30 // Vortex 20 H 30 L’A.-midi d’un foehn 15 H // Vortex 20 H 30 QUAND RÉSERVER …d’un foehn 11 H & 15 H // Vortex 20 H 30 21 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné. …d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30 CONSULTEZ NOTRE SITE INTERNET POUR CONNAÎTRE : …d’un foehn 11 H & 15 H // Vortex 20 H 30 Tratando de hacer una obra… DI 23 1re Cat. 26 € 2e Cat. 20 TARIF PLEIN re e JEUNE 1 et 2 catégories ................ 15 JEUNE -12 ANS * toutes catégories ................... 9 OUVERTURE DE LA BILLETTERIE …d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30 …d’un foehn 10 H 30 & 15 H // Vortex 20 H 30 SA 15 LU 4 P.2 HA Pina Bausch 19 H 30 DI 30 LE CENTQUATRE 20 H 30 R OI LU 10 MA 11 THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUE du lundi au samedi de 11 h à 19 h THÉÂTRE DE LA VILLE 20 H 30 SA TARIF A 1 seule catégorie .................. 16 TARIF PLEIN JEUNE 1 seule catégorie ................. 12 JEUNE -12 ANS * 1 seule catégorie ................... 9 DI 12 LU 13 PRIX DES PLACES → Les rencontres du Théâtre de la Ville, organisées dans les deux théâtres et en partenariat avec les bibliothèques, les arrondissements, des associations ou des librairies. → Les surprises programmées par le Théâtre de la Ville au fil de la saison : ateliers, bals littéraires, cycle de conférences sur l’histoire de la danse du XXe siècle,expositions, émissions de radio, projections de films, rencontres exceptionnelles avec les auteurs associés et l’Ensemble Artistique du Théâtre de la Ville. JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE direction, administration : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04 Tél. : 01 48 87 54 42 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & DE LA RÉDACTION : Emmanuel Demarcy-Mota COORDINATION ÉDITORIALE: Jean-Marc Adolphe CONSEIL ÉDITORIAL: Anne-Marie Bigorne, Colette Godard, François Regnault, Christophe Lemaire CONCEPTION GRAPHIQUE : Émilie Paillot graphiste ASSISTANTE : Marie-Pierre Lasne CORRECTRICE : Hayet Kechit IMPRESSION : BLG Toul - 54200 TOUL I ISSN 0248-8248 I tirage à 34 000 ex. 4e COUVERTURE : Tabac rouge, James Thiérrée © M. DEL CURTO // Le Muqam des Dolan © MAISON DES CULTURES DU MONDE // Fabio Biondi © A. DE LABRA //Rian, Fabulous Beast © R. CAVANAGH // Tratando de hacer una obra que cambie el mundo, La Resentida © F. JORQUERA // ATEM le souffle, Josef Nadj © M. VAN DINTHER // L’Après-midi d’un foehn © J.-L. BEAUJAULT // Week-end route de Gengis Khan © KAMROUZ PRÉSENTATION DE LA SAISON 2013 I 2014 SAMEDI 25 MAI À 11 H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE PRÉSENTATION AU PUBLIC DE LA PROCHAINE SAISON THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES 2013-2014 par Emmanuel Demarcy-Mota en présence d’artistes. PROGRAMMES & FORMULAIRES DE LA SAISON 2013-2014 : • Envoi à domicile aux abonnés et titulaires de cartes de la saison 2012-2013 du Théâtre de la Ville (LA DATE DE RÉCEPTION DÉPEND DE LA POSTE). • À disposition dans le hall du Théâtre de la Ville aux heures d’ouverture de la location à partir du samedi 25 mai après-midi. RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRE PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS) www.theatredelaville-paris.com 2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4