L’es ir à reten sentiel des re ndatio comma onnes ns de b édiatr es en p pratiqu ie volume 1 Index des mots clés Gale 39 Gale commune 39 Gale profuse 39 Gastrite 41 Gastroentérite 42 Allergie alimentaire 6 Anaphylaxie 6 Angine 8 Asthme 21 Asthme aigu grave 21 Autisme 28 Helicobacter pylori 41 HRB (hyperréactivité bronchique) 21 Bandelette urinaire 19 Biberon (préparation, conservation) 30 Blépharite 17 Bordetella pertussis 36 Kératite 17 Calendrier vaccinal 32 Carie dentaire 34 Chalazion 17 Coqueluche 36 Conjonctivite 17 Dacryocystite 17 Dermatite atopique 24 Déshydratation aiguë 42 Diarrhée aiguë 42 ECBU (examen, cytobactériologique des urines) 19 Fluor 34 Fluorose dentaire 34 Folliculite superficielle 13 Furoncles 13 Impétigo 13 Infection cutanée 13, 39 Infection urinaire 19 Intertrigo 13 Lait maternel (conservation) 30 Œil rouge 17 Orgelet 17 Otite externe 15 Otite moyenne aiguë 10 Otorrhée 15 Otorrhée sur aérateur transtympanique 15 Perforation tympanique 15 Plaie cutanée 13 Pyélonéphrite aiguë 19 Reflux vésico-urétéral 19 Réhydratation orale 42 Rhinopharyngite 10 Scorad (scoring of atopic dermatitis) 24 Sinusite 8 Stérilisation des biberons 30 Troubles envahissants du développement 28 Troubles de la communication 28 Ulcère duodénal 41 Vaccins 32 Xérose 24 Sommaire 6 10 Allergies alimentaires 13 Antibiothérapie locale dans les infections cutanées bactériennes 15 Antibiothérapie locale en ORL 17 Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles Antibiothérapie par voie générale dans les infections respiratoires hautes 19 Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires 21 Asthme : suivi médical 24 Prise en charge de la dermatite atopique 28 Autisme : dépistage et diagnostic 30 Préparation et conservation des biberons au domicile 32 34 Calendrier vaccinal 2007 36 Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche 39 Conduite à tenir devant un cas de gale 41 Eradication d’Helicobacter pylori 42 Gastroentérites : utilisation des solutés de réhydratation orale Fluor et prévention de la carie dentaire Direction scientifique et rédaction : Guy Dutau, Christian Copin, Robert Cohen, Olivier Mouterde. Conseils à la rédaction : Marc Koskas, Jérôme Valleteau de Moulliac. Le contenu rédactionnel de cette publication est indépendant de Sanofi Pasteur MSD. Les articles sont publiés sous la seule responsabilité de la revue Médecine et enfance et des auteurs. Médecine et enfance est répertoriée dans la banque de données CNRS/PASCAL de l’INIST et dans le CISMEF du CHU de Rouen (www.cismef.org). A paraître dans le volume 2 Direction scientifique : C. Copin, R. Cohen, F. Corrard, G. Dutau, E. Fournier-Charrière, J. Lechevallier, O. Mouterde Asthme et allergie Douleur Fièvre Infections respiratoires basses Maladie de Lyme Maladies à déclaration obligatoire Migraine, céphalées Mort subite du nourrisson Obésité Pédiculose Pieds : déformations congénitales isolées des pieds Plomb : intoxication dépistage et prise en charge Purpura fulminans Tuberculose Traitement de l’acné Urticaire chronique Médecine & enfance Au cours des vingt dernières années, la « médecine basée sur les preuves » (1) est devenue indispensable à la conduite du diagnostic et du traitement des maladies. Pour Sackett et al. (2), c’est « l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures preuves ou données scientifiques actuelles dans la prise en charge personnalisée des patients ». Cette nouvelle façon de penser et d’agir se veut, en particulier, plus précise et plus économe. Elle fait table rase des recettes empiriques, même si l’expérience médicale collective n’est pas à ranger aux oubliettes. Les conférences de consensus et les recommandations se nourrissent des avis d’experts et, surtout, des méta-analyses, un concept dont Archie Cochrane fut l’initiateur (3). Toutefois, les recommandations publiées par les instances publiques et/ou par les sociétés scientifiques ne sont connues que d’un petit nombre de médecins et, pour l’instant, ne sont pas toujours accessibles au praticien dans son exercice quotidien. Il nous a donc paru utile de tirer la quintessence de ces textes officiels dans un but d’information didactique, sans nous substituer aux textes, et en donnant au début de chaque article les liens avec le texte originel. Le lecteur remarquera que certaines recommandations datent déjà de quelques années (aucune d’elles n’est antérieure à 2002). Elles ne sont pas pour autant obsolètes, jusqu’à ce que l’évolution de la matière rende indispensable la formulation de nouvelles recommandations. Ce premier volume sera suivi d’un deuxième et, peut-être, d’autres encore. D’ores et déjà nous remercions le laboratoire Sanofi Pasteur MSD de nous avoir soutenu dans cette entreprise. (1) C’est l’evidence based medicine (EBM) des auteurs anglo-saxons. Le terme de «médecine basée sur les niveaux de preuve» est préférable. (2) «Evidence based medicine : what it is and what it isn’t», Brit. Med. J., 1996; 13: 71-2. (3) On lira avec profit le superbe ouvrage de F. Xavier Bosch : Archie Cochrane. Back to the Front, Thau SL, Barcelona, 2003. janvier 2008 page 5 Médecine & enfance Allergies alimentaires « Allergies alimentaires. Connaissances, clinique et prévention », AFSSA, 2002 http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/nutrition/actions42_allergies.pdf 1. Les allergies alimentaires (AA) sont devenues des affections si fréquentes (1) qu’elles posent un problème important de santé publique. Elles peuvent être graves (anaphylaxie, asthme aigu grave), voire mortelles. L’augmentation de leur prévalence est due aux profonds changements des modes de vie et des habitudes alimentaires : exposition précoce des nourrissons à des allergènes de plus en plus variés ; désaffection croissante vis-à-vis de l’allaitement maternel ; aseptisation de l’environnement de l’enfant ; internationalisation des repas et de l’économie mettant à disposition des aliments naguère difficiles à obtenir (sésame, fruits exotiques, etc.). Les technologies de l’industrie agro-alimentaire augmentent le risque allergique. Ainsi, des hydrolysats de caséine et de blé sont utilisés comme des arômes, certaines protéines végétales servent d’agents liants (soja, lupin), etc. Il en résulte une augmentation du nombre des allergènes masqués. 2. Alors qu’une nouvelle classification des AA a été proposée (2), ce rapport continue à bien distinguer les AA vraies (dues à des mécanismes immunopathologiques) et les pseudo-AA (sans rapport avec l’immunopathologie). C’est l’interrogatoire, la tenue d’un journal alimentaire et les tests cutanés d’allergie ou prick-tests (PT) qui permettent de les distinguer : au cours de l’AA, l’hypersensibilité de type I (IgE-dépendante) est de très loin la plus fréquente. Toutefois, au cours de l’allergie aux protéines du lait de vache, des réactions de type I et IV peuvent se succéder ou coexister ; les mécanismes des pseudo-AA sont disparates : intolérance au lactose par janvier 2008 page 6 Médecine & enfance déficit en lactase ; intolérance aux amines biogènes contenues dans des aliments riches en histamine (choucroute, fromages fermentés, thon, maquereau) ; intolérance aux aliments riches en histamine (chocolat) ; ingestion d’aliments histamino-libérateurs (fraises, tomates, blanc d’œuf, crustacés). Ce dernier mécanisme est assez fréquent chez les jeunes enfants, dont les capacités d’histaminopexie sont limitées. 3. Il faut bien comprendre ce qu’est un allergène alimentaire. L’allergénicité est liée aux séquences en acides aminés de la molécule, mais aussi à sa conformation spatiale. Les épitopes sont les parties de l’allergène alimentaire qui sont surtout responsables de son allergénicité. Ils sont caractérisés par leur résistance ou non à la chaleur : les protéines du lait de vache, les allergènes du poisson, l’arachide sont thermostables. Le chauffage au-delà de 100 °C peut démasquer de nouveaux épitopes ou créer des nouveaux allergènes. 4. On ne répétera jamais assez qu’il faut bien distinguer « allergie » et « sensibilisation ». Après le premier contact de l’allergène avec l’organisme, le système immunitaire produit des anticorps (IgE) qui, par voie sanguine, vont s’attacher à des « cellules cibles », lesquelles sont soit fixes, situées dans la peau et les muqueuses (les mastocytes), soit mobiles dans le sang circulant (les polynucléaires basophiles). Lors des contacts ultérieurs avec l’allergène, les IgE sériques spécifiques (IgEs) fixées sur les mastocytes et les polynucléaires basophiles activent ces cellules, ce qui entraîne la libération de médiateurs chimiques (principalement l’histamine) responsable de l’inflammation allergique. C’est à partir de ce deuxième contact que l’allergique déclenche des réactions d’intensité variable selon les individus. La « sensibilisation » est le fait de fabriquer des IgE sans pour autant présenter des symptômes cliniques : les PT sont positifs, les dosages d’IgEs le sont aussi, mais le sujet peut ingérer l’aliment sans pour autant développer des symptômes. La sensibilisation est donc un phénomène uniquement « biologique ». Le praticien ne doit pas confondre un phénomène purement biologique et l’allergie, réalité clinique. 5. La liste des allergènes alimentaires est longue : allergènes d’origine animale (lait de vache, œufs, poisson, crustacés et mollusques) ; allergènes d’origine végétale (arachide, noix, sésame, soja, céréales, fruits et légumes) ; additifs alimentaires (certains colorants, sulfites) ; organismes génétiquement modifiés (OGM). Toutefois, le rôle des additifs et des colorants a été largement surévalué, puisque janvier 2008 page 7 Médecine & enfance leur implication au cours de l’AA reste très faible (0,03 à 0,15 %). Quant aux OGM, la question de leur allergénicité est conflictuelle. Les allergènes responsables d’AA ne sont pas les mêmes chez l’enfant et chez l’adulte. Le premier allergène auquel l’enfant est exposé est le lait de vache, suivi de l’œuf de poule lorsque l’alimentation se diversifie et, rapidement de l’arachide, premier allergène avec les fruits secs à coque (noisette, amande, pistache, noix exotiques, etc.). Chez l’adulte, le nombre des allergènes en cause est très varié, avec cependant une prépondérance des aliments d’origine végétale. peut permettre de déterminer la dose minimale d’allergène auquel le patient est sensible. Souvent proposés aux médecins pour la détection de l’AA, les tests multi-allergéniques (TMA) ne sont pas recommandés, car coûteux et source d’erreurs. 7. Après l’identification du (ou des) allergènes en cause, la seule mesure efficace est l’éviction alimentaire. Important : un régime d’éviction relève d’une prescription médicale, et sa surveillance réclame l’aide d’une diététicienne. Très important : il ne faut jamais proposer une éviction alimentaire « pour voir ». 6. Le diagnostic d’AA repose d’abord sur les données cliniques : interrogatoire minutieux et précis, examen clinique, enquête alimentaire, prick-tests. 8. Le traitement symptomatique de l’AA repose sur des médicaments connus : antihistaminiques H1 (en cas de symptômes légers), corticoïdes, bêta-2-mimétiques (en cas de bronchospasme), adrénaline Le premier outil diagnostique est le PT : son rapport coût-efficacité est excellent. Les éléments de confirmation sont du domaine du spécialiste allergologue (en particulier hospitalier) : dosage unitaire des IgEs et tests de provocation par voie orale (TPO). Toutefois, lorsque le diagnostic est cliniquement évident (anaphylaxie, bronchospasme aigu) et l’allergène cliniquement bien identifié, le TPO est contre-indiqué. Le TPO en double ou plus souvent en simple aveugle, étalon or du diagnostic, (traitement de choix du choc anaphylactique). L’adrénaline est injectée par la voie IM, qui est supérieure à la voie souscutanée : 0,15 mg/0,3 ml au-dessous de 20 kg et 0,30 mg/0,3 ml au-dessus de 20 kg. Les stylos auto-injecteurs d’adrénaline sont les plus utilisés en raison de leur manipulation facile et de leur longue durée de conservation (à température ambiante). L’admission en milieu hospitalier est nécessaire. Les bronchodilatateurs bêta-2-adréner- janvier 2008 page 8 Médecine & enfance giques en spray par chambre d’inhalation sont indispensables s’il existe un bronchospasme. Des corticoïdes et des antihistaminiques per os ou par voie IV sont le plus souvent associés. 9. Pour éviter les récidives, le patient et son entourage doivent connaître les facteurs de gravité de l’AA. Ce sont : les anté- cédents d’anaphylaxie ; l’asthme instable ou mal contrôlé ; la notion d’allergie à l’arachide ou aux fruits secs à coque. Il faut apprendre aux patients et à leur famille à savoir lire les étiquettes des produits alimentaires pour détecter la présence d’allergènes masqués. L’éducation de l’enfant allergique alimentaire et de ses parents est capitale. L’établissement d’un projet d’accueil individualisé (PAI) est indispensable pour la plupart des AA dont le diagnostic a été établi avec certitude. Les mesures de prévention primaire sont actuellement en cours de révision. Il faut retenir l’importance d’un allaitement maternel d’au moins trois mois et la suppression de tout tabagisme pendant la grossesse et après l’accouchement. (1) Prévalence de l’AA : 3-4 % dans la population générale, 8 % chez les enfants. (2) Johansson S.G. et al. : « A revised nomenclature for allergy. An EAACI position statement for the EAACI nomenclature task force », Allergy, 2001 ; 56 : 813-24. Johansson S.G. et al. : « Revised nomenclature for global use : Report of the Nomenclature Committee on the World Allergy Organization, October 2003 », J. Allergy Clin. Immunol., 2004 ; 113 : 832-6. janvier 2008 page 9 Médecine & enfance Antibiothérapie par voie générale dans les infections respiratoires hautes « Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections respiratoires hautes de l’adulte et de l’enfant », AFSSAPS, 2005 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/irh_reco.pdf ANGINES 1. La prise en charge des angines a considérablement évolué ces dernières années. En effet, du fait de l’évolution de la résistance aux antibiotiques, l’attitude qui consistait à traiter systématiquement les angines par antibiotique afin de prévenir un hypothétique rhumatisme articulaire aigu ne pouvait plus se pérenniser. 2. La distinction entre angine due à un streptocoque du groupe A (SGA) et angine non streptococcique (le plus souvent vira- le) ne peut être établie de façon fiable par la clinique, même en utilisant des scores. 3. La mise à disposition gratuite pour les médecins de tests de diagnostic rapide sensibles (> 90 %) et spécifiques (> 95 %) du SGA (TDR-SGA) simplifie la conduite à tenir : une angine dont le test est positif doit être traitée par antibiotique ; une angine dont le test est négatif ne doit pas donner lieu à ce type de traitement. 4. Ces tests permettent de réduire la consommation des antibiotiques dans l’angine de deux tiers, tout en maintenant les bénéfices de l’antibiothérapie (amélioration des signes cliniques, réduction de la contagiosité et des complications) pour les patients qui en ont besoin. 5. Du fait de la résistance du SGA aux macrolides et de l’absence de résistance aux bêtalactamines, c’est une molécule de cette dernière famille qu’il faut prescrire et pour une durée de traitement courte : amoxicilline (50 mg/kg/j en 2 prises pendant 6 jours), cefpodoxime-proxétil (8 mg/kg/j en 2 prises pendant 5 jours), céfuroxime-axétil (30 mg/kg/j en 2 prises pendant 4 jours). 6. Si les échecs de traitement sont exceptionnels, les récidives sont fréquentes, imposant d’autres schémas thérapeutiques. OTITES 1. Complication la plus fréquente des rhinopharyngites de l’enfant, l’otite moyenne aiguë (OMA) est la première infection bactérienne tous âges confondus et une des premières causes de prescription d’antibiotiques. 2. Le diagnostic d’OMA purulente repose sur une triade : des signes fonctionnels (otalgies) et généraux (fièvre) d’appari- janvier 2008 page 10 Médecine & enfance tion récente ; un épanchement rétrotympanique ; une inflammation tympanique. 3. La grande majorité des OMA, même quand une bactérie est impliquée, guérissent spontanément. 4. Ne traiter par antibiotiques (amoxicilline-acide clavulanique ou cefpodoximeproxétil) que les otites moyennes aiguës purulentes diagnostiquées de façon certaine, systématiquement chez l’enfant de moins de deux ans, uniquement pour les formes les plus symptomatiques après cet âge. 5. Se servir de l’anamnèse et des corrélations bactériocliniques pour choisir l’antibiotique : si l’otite est associée à une conjonctivite, penser à H. influenzae et prescrire préférentiellement le cefpodoxime ; si l’otite est fébrile (> 38,5 °C), penser au pneumocoque et prescrire préférentiellement l’association amoxicilline-acide clavulanique. Commentaires de la rédaction Chez les enfants correctement vaccinés par le vaccin pneumococcique conjugué, le pneumocoque n’est plus le germe prédominant et les souches hautement résistantes (celles qui posaient des problèmes thérapeutiques) ont diminué de plus de trois quarts. H. influenzae non typable est devenu la bactérie le plus souvent responsable d’OMA ; des souches résistantes aux bêtalactamines par modifications des protéines de liaison de la pénicilline émergent en France. Possibilité d’émergence dans les prochains mois ou années de nouveaux sérotypes de pneumocoque hautement résistants. RHINOPHARYNGITES 1. Essentiellement d’origine virale, la rhinopharyngite est la maladie infectieuse la plus fréquente de l’enfant. 2. Elle se traduit par l’association, à des degrés variables, de rhinorrhée, d’obstruction nasale, de toux et de fièvre. 3. C’est une pathologie bénigne, d’évolution spontanément favorable en sept à dix jours. 4. Le traitement antibiotique n’est pas justifié dans la rhinopharyngite aiguë non compliquée. Son efficacité n’est démontrée ni sur la durée des symptômes, ni pour la prévention des complications (sinusites et OMA purulente), même en présence de facteurs de risque. 5. Le caractère puriforme de la rhinorrhée et l’existence d’une fièvre (dans les délais normaux d’évolution de la rhinopharyngite) ne sont pas synonymes d’infection ou de surinfection bactérienne et ne sont pas des facteurs de risque de complications. 6. Une otite moyenne congestive est fré- janvier 2008 page 11 Médecine & enfance quente au cours d’une rhinopharyngite ; elle n’est pas une indication de l’antibiothérapie. SINUSITES 1. La sinusite maxillaire de l’enfant est la seconde complication, en terme de fréquence, des rhinopharyngites de l’enfant. 2. Si les otites surviennent le plus souvent avant deux ans, les sinusites se voient surtout après cet âge. 3. Au cours des premiers jours d’évolution de la rhinopharyngite, une rhinorrhée purulente associée à une inflammation sinusienne est banale et ne relève pas d’un traitement antibiotique. 4. Le diagnostic de sinusite repose d’abord et avant tout sur l’anamnèse. Le plus sou- vent, il s’agit d’un tableau de rhinopharyngite (rhinorrhée, toux, obstruction nasale, fièvre modérée ou absente) qui se prolonge au-delà de dix jours, sans tendance à l’amélioration, forme dite « subaiguë ». Plus rarement (forme dite « aiguë sévère »), les signes présentés sont ceux d’une rhinopharyngite sévère avec fièvre supérieure à 39 °C, céphalées, sécrétions purulentes, œdème périorbital. 5. Le plus souvent, aucun examen (notamment radiologique) n’est nécessaire pour le diagnostic. 6. La grande majorité des sinusites, même quand une bactérie est impliquée, guérissent spontanément. 7. Il ne faut traiter par antibiotiques que les sinusites sévères ou les formes traînantes qui résistent aux traitements symptomatiques ou qui surviennent sur des terrains particuliers (asthme, cardiopathie, drépanocytose). 8. Les bactéries impliquées étant les mêmes que celles de l’otite, les options recommandées sont identiques : association amoxicilline-acide clavulanique ou cefpodoxime-proxétil. janvier 2008 page 12 Médecine & enfance Antibiothérapie locale dans les infections cutanées bactériennes « Prescription des antibiotiques par voie locale dans les infections cutanées bactériennes primitives et secondaires », AFSSAPS, 2004 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/dermreco.pdf 1. Des antibiotiques locaux prescrits inutilement exercent une pression de sélection superflue. Ils ne doivent donc être l’objet 4. Les soins de toilette à l’eau et au savon s’imposent préalablement à l’application des antibiotiques locaux. En diminuant d’une prescription médicale que dans des situations où ils ont démontré leur efficacité. 2. L’antibiothérapie locale, quand elle est prescrite à la place d’une antibiothérapie par voie générale (parce qu’elle n’a pas démontré d’infériorité par rapport à cette dernière) a probablement moins d’impact écologique car elle ne s’adresse le plus souvent qu’à un seul site, un seul écosystème. 3. Les concentrations obtenues in situ par une antibiothérapie locale sont généralement très élevées et s’avèrent actives sur des germes modérément sensibles, voire parfois résistants (exemple acide fucidique et streptocoque du groupe A dans les impétigos). les populations microbiennes, en éliminant les corps étrangers, les tissus nécrosés et les débris, le lavage potentialise les effets de l’antibiothérapie. 5. Dans les indications où l’antibiothérapie a fait la preuve de son efficacité, les antiseptiques locaux, par contre, ne sont ni un complément ni une alternative à l’antibiothérapie locale. 6. Les deux bactéries le plus souvent impliquées dans les infections cutanées sont S. aureus et le streptocoque du groupe A (S. pyogenes). 7. L’indication où l’antibiothérapie exclusivement locale est indiscutable est l’impétigo peu sévère, croûteux, concernant une surface cutanée atteinte inférieure à 2 % de la surface corporelle totale (1 % cor- janvier 2008 page 13 Médecine & enfance respond à la surface de la paume d’une main), comportant au plus cinq sites lésionnels actifs et ne présentant pas d’extension rapide. Une méta-analyse a été récemment publiée : les antibiotiques locaux étaient plus efficaces que le placebo (OR : 2,69 ; IC à 95 % : 1,49-4,86) ; ils avaient une discrète supériorité (OR : 0,48 ; IC à 95 % : 0,23-1) sur les antibiotiques oraux (essentiellement l’érythromycine) ; il n’existait pas de différence significative entre mupirocine et acide fusidique (OR : 1,76 ; IC à 95 % : 0,77-4,03) ; Ces deux antibiotiques locaux doivent être appliqués 2 à 3 fois par jour pour une durée de 5 à 10 jours. 8. L’éradication du portage de Staphylococcus aureus dans le cadre de la prévention des infections staphylococciques récidivantes (furonculose, impétigo) est la deuxième indication retenue chez les malades présentant des prélèvements positifs au niveau des narines et, plus rarement, dans d’autres sites cutanés. Dans les cas les plus réfractaires, cette application peut être étendue au proche entourage dont les prélèvements narinaires seraient également positifs pour Staphylococcus aureus. La mupirocine en pommade nasale est réservée à la décontamination narinaire. L’acide fusidique et la chlortétracycline peuvent être utilisés dans les narines et sur les autres sites cutanéomuqueux (intertrigo interfessier par exemple). L’antibiothérapie locale doit être utilisée de façon séquentielle, par cure de 5 à 7 jours tous les mois, à raison de 2 applications par jour. 9. Folliculite superficielle, furoncle. Des soins d’hygiène sont nécessaires. L’intérêt d’une antibiothérapie locale dans ces situations n’a pas été démontré. 10. Dans les plaies cutanées récentes ou chroniques, la varicelle, le zona et l’herpès, il n’y a pas de place pour l’antibiothérapie, sauf surinfections avérées. 11. Certaines dermatoses rares (érythrasma, intertrigo des orteils à bacilles à gram négatif, kératolyse ponctuée plantaire, trichobactériose axillaire) peuvent justifier une antibiothérapie par voie locale mais n’ont pas été abordées dans ces recommandations. janvier 2008 page 14 Médecine & enfance Antibiothérapie locale en ORL « Antibiothérapie locale en ORL », AFSSAPS, 2004 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/orlreco.pdf 1. Des antibiotiques locaux prescrits inutilement exercent une pression de sélection superflue. Ils ne doivent donc être l’objet d’une prescription médicale que dans des situations où ils ont démontré leur efficacité. 2. Dans le cadre des infections ORL, les antibiotiques locaux n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans les formes suivantes : gouttes et pulvérisations nasales ; pastilles, comprimés à sucer, collutoires, solutions pour bain de bouche ; aérosols ; instillations endosinusiennes. Ces présentations ont donc été retirées du marché, et seules demeurent les gouttes auriculaires, avec trois indications : l’otite externe ; l’otorrhée sur aérateurs transtympaniques ; l’otorrhée sur otite chronique à tympans ouverts. Les OMA et les perforations tympaniques traumatiques ne sont pas des indications des gouttes auriculaires contenant des antibiotiques. 3. L’épidémiologie bactérienne dans ces trois indications est dominée par le pyocyanique (Pseudomonas aeruginosa) et Staphylococcus aureus. Les germes clas- siques de l’OMA, comme le pneumocoque ou Haemophilus influenzae, ne jouent un rôle que dans l’otorrhée sur aérateurs transtympaniques. 4. Les concentrations obtenues in situ par une antibiothérapie locale sont généralement très élevées et s’avèrent actives sur des germes modérément sensibles, voire parfois résistants à l’antibiotique prescrit (exemple ofloxacine et pyocyanique). 5. Dans les indications où l’antibiothérapie a fait la preuve de son efficacité, les antiseptiques locaux, par contre, ne sont ni un complément ni une alternative aux antibiotiques locaux. 6. Parmi les antibiotiques administrables en gouttes auriculaires, seules les quinolones (seule l’ofloxacine est disponible en France) et la rifampicine (activité médiocre sur le pyocyanique) ne sont pas ototoxiques. Les autres gouttes contiennent des mélanges d’antibiotiques (aminosides, polypeptides…), d’anti-inflammatoires et/ou d’antalgiques, et sont donc contre-indiquées en cas de perforation tympanique ; elles sont, par contre, tout à fait indiquées dans l’otite externe. 7. Le traitement de base de l’otite externe est le traitement antibiotique local. L’anti- biothérapie par voie générale n’est pas indiquée, sauf exception. En raison de la rareté des perforations tympaniques au cours des otites externes, l’utilisation de préparations contenant des aminosides est licite, hormis chez les patients ayant une perforation connue ou des antécé- janvier 2008 page 15 Médecine & enfance dents évocateurs de perforation. Dans ce cas, les fluoroquinolones sont efficaces et bien tolérées. La durée du traitement est habituellement de 7 jours, avec une fréquence de 2 à 4 instillations par jour. Le traitement local comporte aussi un anesthésique, voire des corticoïdes, car il s’agit d’une pathologie douloureuse. 8. Lorsque l’otorrhée sur aérateurs transtympaniques est isolée, sans signes géné- raux associés, l’antibiothérapie locale (ofloxacine), après nettoyage du conduit auditif externe, est le traitement de première intention. L’antibiothérapie par voie générale est indiquée s’il existe des signes généraux évocateurs d’une otite moyenne aiguë. 8. L’antibiothérapie locale (ofloxacine), associée au nettoyage du conduit auditif externe, constitue la base du traitement des otorrhées sur otite chronique à tym pans ouverts. janvier 2008 page 16 Médecine & enfance Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles « Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles », AFSSAPS, 2004 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/ophtreco.pdf 1. Des antibiotiques locaux prescrits inutilement exercent une pression de sélection superflue. Ils ne doivent donc être l’objet d’une prescription médicale que dans des situations où ils ont démontré leur efficacité. 2. Les traitements topiques ophtalmologiques comprennent des collyres, des pommades et des gels. Ces deux dernières formes sont reconnues pour leur rémanence. 3. Les concentrations obtenues in situ par une antibiothérapie locale sont généralement très élevées et s’avèrent actives sur des germes modérément sensibles, voire parfois résistants. Dans les infections oculaires superficielles, l’antibiothérapie topique offre une biodisponibilité égale ou supérieure à celle de l’antibiothérapie générale et permet de traiter la plupart des infections graves de la surface oculaire. Les dacryocystites et les endophtalmies bactériennes ne relèvent pas d’un traitement par collyre. 4. La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive sans atteinte cornéenne. Sa présentation la plus fréquente est un œil rouge, larmoyant. Les étiologies les plus fréquentes sont virales, allergiques ou liées à un syndrome sec. Le diagnostic de conjonctivite bactérienne est porté sur la présence de sécrétions purulentes. Le trai- tement des conjonctivites bactériennes doit comprendre avant tout un lavage oculaire au sérum physiologique associé à un antiseptique, le traitement antibiotique étant réservé aux formes graves. Les critères de gravité d’une conjonctivite bactérienne sont des sécrétions purulentes importantes, un chémosis (œdème de la conjonctive) ou un œdème palpébral, un larmoiement important, une photophobie, une baisse de l’acuité visuelle, même modérée. Les bactéries impliquées sont essentiellement des bactéries de la flore rhinopharyngée : H. influenzae, pneumocoque, M. catarrhalis… La rifamycine est active sur l’ensemble de ces bactéries. En cas de conjonctivite réci- divante, il faut rechercher une imperforation des voies lacrymales et demander un avis ophtalmologique. 5. La kératite bactérienne est une infection cornéenne diffuse ou localisée. Elle doit être immédiatement traitée car elle met directement en jeu le pronostic visuel, surtout si elle est située dans l’axe optique. Tout patient photophobe dont l’œil est rouge, douloureux, larmoyant et la vision abaissée doit bénéficier d’un examen ophtalmologique en urgence et d’un traitement antibiotique local. En présence de critères de gravité ou en cas d’échec après vingt-quatre heures de traitement, un prélèvement pour analyse microbiologique doit être effectué. Il convient de suivre attentivement et, si besoin, d’hospitaliser le patient pour un traitement à janvier 2008 page 17 Médecine & enfance fortes doses sous surveillance. Il faut adapter le traitement aux germes présumés. Le traitement peut comporter une double antibiothérapie, associant par exemple fluoroquinolone et aminoside. Les tétracyclines, la rifamycine, la polymyxine B ou la bacitracine peuvent également être utilisées. 6. L’orgelet est une infection d’une glande sébacée, le plus souvent par des staphylocoques. Dans les formes récidivantes ou chez des sujets à risque, il peut être envisagé d’appliquer un antibiotique antistaphylococcique local, comme l’acide fucidique, les tétracyclines, les aminosides ou la rifamycine sous forme de gel ou pommade pendant huit jours. 7. La blépharite est une inflammation chronique liée à un dysfonctionnement du meibum et peut être traitée par des soins de paupières sans antibiotique. L’antibiothérapie locale (gel ou pommade) permet de réduire la flore bactérienne, mais son efficacité à huit jours n’est pas supérieure à celle des anti-inflammatoires locaux ou des soins de paupières. Elle est utile en cas de surinfection associée. Dans ce cas, l’acide fucidique, les tétracyclines, les aminosides et la rifamycine sont recommandés. 8. Le chalazion est une inflammation secondaire à l’occlusion d’une glande de Meibomius. Il se traite d’abord par des soins de paupières (expliqués aux patients par le praticien) et dans les cas graves, par pommade corticoïde. L’intérêt d’une antibiothérapie n’est pas démontré. janvier 2008 page 18 Médecine & enfance Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires « Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires du nourrisson et de l’enfant », AFSSAPS, 2007 http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/antibiotherapie-infections-urinaire-nourisson-reco.pdf 1. Les bandelettes urinaires (leucocytes + nitrites) sont des outils de dépistage utiles qui devraient précéder tout examen bactériologique des urines, en dehors de la période néonatale et éventuellement des patients âgés de un à trois mois. Une bandelette négative rend très improbable le diagnostic d’infection urinaire. 2. L’ECBU prélevé par poche est un examen peu fiable. Certes, une culture négative permet le plus souvent d’exclure le diagnostic d’infection urinaire, mais positive (même > 105 UFC/ml) elle doit être interprétée avec prudence. En effet, on doit tenir compte des conditions de prélèvement, de la durée entre la miction et l’analyse de l’échantillon, de la présence d’une leucocyturie significative, du contexte clinique… En cas de doute et avant de débuter une antibiothérapie qui viendra fausser les examens ultérieurs, il faut obtenir un examen des urines de qualité (permictionnel, cathétérisme ou ponction sus-pubienne). 3. La très grande majorité des enfants présentant une pyélonéphrite aiguë peuvent être traités en ambulatoire. Seuls les nourrissons de moins de trois mois, les sujets présentant un syndrome septique ou ceux présentant une uropathie sévère doivent être hospitalisés. 4. Il n’y a pas de place pour une antibiothé- janvier 2008 page 19 Médecine & enfance rapie orale initiale, et ce quel que soit l’âge des enfants. 7. Il n’y a pas lieu de contrôler l’ECBU en cas d’évolution clinique favorable, ni pen- En effet, le céfixime, qui avait été proposé en traitement oral de première intention, n’offre aucune sécurité pour les patients : la sensibilité des bactéries responsables d’infections urinaires est d’une part légèrement moindre pour cet antibiotique que pour la ceftriaxone et d’autre part ne peut être extrapolée à partir de celle des C3G injectables ; les paramètres pharmacocinétiques et pharmacodynamiques prédictifs d’efficacité clinique sont, même quand la souche est sensible, très inférieurs à ceux de la ceftriaxone ou de la gentamicine ; le céfixime ne dispose pas d’une AMM dans cette indication. dant le traitement ni au décours. 5. Le traitement de première intention, avant le résultat de l’antibiogramme repose donc essentiellement sur la ceftriaxone par voie IV ou IM pendant 2 à 4 jours. Le traitement de relais oral peut être, en fonction de l’antibiogramme, le cotrimoxazole ou le céfixime. En effet, ni l’amoxicilline, ni l’amoxicilline-acide clavulanique ne sont des alternatives acceptables pour les E. coli, même s’ils apparaissent comme sensibles sur l’antibiogramme. 6. En cas d’allergie ou de résistance à la ceftriaxone, la gentamicine en monothé- rapie et en une injection journalière est l’alternative parentérale recommandée. 8. L’antibioprophylaxie doit être réduite aux reflux de grades élevés et aux uropathies les plus sévères en raison de ses ef- fets indésirables, du peu de preuves de son efficacité clinique et de son impact écologique. Commentaires de la rédaction Il est grand temps que la sécurité sociale rembourse les bandelettes pour réduire le flot des ECBU superflus, coûteux et sources d’explorations et de traitements inutiles. Un point crucial, à savoir l’imagerie à programmer après le premier épisode d’infection urinaire, n’a pas été abordé dans ces recommandations, probablement parce que la littérature et les avis sont contradictoires. Nous pensons qu’il faut éviter de demander systématiquement des cystographies rétrogrades. En effet, le caractère invasif, douloureux et irradiant de la technique est sans rapport avec la thérapeutique qui en découle, puisque, dans l’immense majorité des cas, l’antibioprophylaxie n’est plus considérée comme utile. Une surveillance rapprochée, avec notamment des examens bactériologiques demandés précocement en cas d’épisode fébrile, ne fait pas plus courir de risque à ces patients. janvier 2008 page 20 Médecine & enfance Asthme : suivi médical « Recommandations pour le suivi médical des patients asthmatiques adultes et adolescents », ANAESAFSSAPS, 2004 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/asm_rap.pdf 1. Le contrôle de l’asthme évalue l’activité de la maladie pendant quelques semaines (une semaine à trois mois). L’importance de ce contrôle est confirmée dans la dernière actualisation du GINA (2006) par le remplacement de la classification en quatre stades de sévérité croissante par une classification en trois grades selon la qualité du contrôle (1) : inacceptable, acceptable, optimal. Un contrôle acceptable (c’est le minimum à rechercher) est défini par des seuils à ne pas dépasser : symptômes diurnes < 4 jours/semaine ; symptômes nocturnes < 1 nuit/semaine ; activité physique normale ; exacerbations légères et peu fréquentes ; aucun absentéisme professionnel ou scolaire ; bêta-2-mimétiques d’action rapide < 4 doses/semaine ; VEMS ou DEP > 85 % de la meilleure valeur personnelle ; variations nycthémérales du DEP < 15 %. Un contrôle inacceptable nécessite une adaptation du traitement de fond. Chez un enfant, il faut toujours essayer d’obtenir un contrôle optimal (normalité de tous les critères), mais cela n’est pas toujours possible car il existe des asthmes difficiles à traiter ou à équilibrer. Ce sont des asthmes sévères (2), mais, pour porter ce diagnostic, il faut avoir éliminé, d’une part, les asthmes de moindre sévérité où l’adhésion au traitement n’est pas bonne et, d’autre part, les asthmes dont les facteurs aggravants n’ont pas été pris en compte (par exemple une allergie alimentaire méconnue). 2. En dehors de l’interrogatoire et de l’examen clinique, des examens complémentaires sont indispensables pour suivre l’évolution d’un asthme. Ce sont surtout le débit expiratoire de pointe (DEP), les données de l’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) et la radiographie thoracique (RT). Le DEP (peak flow), outil de meilleure compréhension de l’asthme, est indispensable. Il est exprimé par le pourcentage de la valeur observée avec la meilleure valeur obtenue par le patient. Lorsque le contrôle n’est pas acceptable, la mesure du DEP au domicile sert à apprécier l’efficacité des modifications du traitement de fond, mais il n’explore que l’obstruction des bronches proximales (et non celle des petites bronches). Le DEP est également nécessaire à l’autoévaluation des patients à risque d’asthme aigu grave (AAG) ou de mort par asthme et de ceux qui perçoivent mal leur obstruction bronchique (absence de corrélation entre l’intensité des symptômes et l’importance de l’obstruction bronchique mesurée par les EFR). janvier 2008 page 21 Médecine & enfance Les EFR sont plus précises que le DEP. Il ne faut pas interrompre le traitement de fond avant de les réaliser. Les paramètres utiles sont le VEMS (volume expiratoire maximal par seconde), qui, comme le DEP, apprécie (mais plus exactement) les débits expiratoires proximaux. Il faut mesurer le VEMS avant et après l’inhalation d’un bêta-2-mimétique d’action rapide et courte (test de réversibilité de l’obstruction bronchique). Il faut également mesurer le volume résiduel et apprécier la morphologie générale de la courbe débit-volume. L’évaluation de l’hyperréactivité bronchique (HRB), la mesure des gaz du sang, celle du NO exhalé, uniquement réalisées dans des laboratoires d’EFR spécialisés, ne sont pas adaptées à la pratique ambulatoire. Contrairement à une opinion assez répandue, la détermination de l’éosinophilie sanguine n’a aucun intérêt pour surveiller l’évolution d’un l’asthme. L’éosinophilie de l’expectoration induite est intéressante en recherche clinique, mais elle est irréalisable en pratique quotidienne. En dehors du diagnostic initial d’asthme, la réalisation d’une RT n’est pas recommandée pour le suivi de l’asthme (3) , mais elle est indiquée au cours des exacerbations graves où l’on doit rechercher un pneumothorax, un pneumomédiastin ou une pneumopathie. 3. La tolérance des traitements de fond de l’asthme est bonne, qu’il s’agisse des bronchodilatateurs bêta-adrénergiques ou des corticoïdes inhalés (CI). Les bronchodilatateurs ne nécessitent pas de surveillance particulière. Avec les CI, il faut : recommander de se rincer la bouche après chaque prise en raison du risque d’effets secondaires locaux (candidose buccopharyngée) ; demander une consultation ophtalmologique en cas de cataracte ou de glaucome ; surveiller la croissance staturale de l’enfant par une mesure de la taille et du poids à chaque consultation de suivi. Important : contrairement à certaines recommandations non officielles, il est inutile de surveiller les effets osseux des CI pour des posologies faibles ou moyennes (4) et pour des traitements de moins de cinq ans. La théophylline retard n’est plus guère utilisée. Quand elle l’est, en raison de la marge étroite entre les posologies efficaces et toxiques, le dosage de la théophyllinémie est nécessaire, en particulier dans les circonstances suivantes : jeune enfant, obésité, antécédents de convulsions, fièvre > 38° depuis plus de vingtquatre heures… 4. L’obtention d’un contrôle au moins acceptable, sinon optimal, nécessite une janvier 2008 page 22 Médecine & enfance stratégie d’adaptation thérapeutique en fonction de deux éléments principaux : le degré de contrôle de l’asthme et le traitement de fond en cours par les CI (voir (4)). En cas d’aggravation de l’asthme, les options thérapeutiques sont : aucun CI auparavant : – option 1 : CI à dose moyenne, – ou option 2 : CI à dose moyenne + traitement additionnel (TA) de type bêta-2mimétique d’action retardée, ou antileucotriènes, ou théophylline retard ; CI à dose faible ou moyenne : – option 1 : ajouter un TA, – ou option 2 : augmenter la dose de CI avec éventuellement un TA ; CI à dose forte dose : ajouter un TA. Une fois que le contrôle de l’asthme est obtenu, il faut rechercher le traitement minimal efficace pour maintenir, au minimum, un contrôle acceptable. La durée des paliers thérapeutiques est empiriquement de trois mois. La diminution des doses peut se faire par paliers de 25 à 50 %. 5. Les recommandations de la SPLF ont le grand intérêt de donner des intervalles de temps pour les consultations de suivi en se fondant sur la « lourdeur » du traitement de fond, estimé en fonction de la dose de CI (revoir (4)). Si la dose de CI est forte, la consultation de suivi doit se faire au bout de trois mois et l’EFR au bout de trois à six mois. Si elle est moyenne ou faible, le délai est de six mois pour la consultation et de six à douze mois pour l’EFR. Si l’enfant ne prend aucun CI, la consultation et l’EFR sont à prévoir tous les douze mois (ou plus pour l’EFR). Au cours de ce suivi, le médecin s’efforce de préciser l’observance du traitement, surtout si l’amélioration escomptée n’a pas été obtenue. 6. Les facteurs de risque d’AAG, de décès par asthme ou d’asthme difficile à équilibrer sont très nombreux : antécédents de crises graves, admissions non programmées en consultation ou hospitalisation, admission en réanimation, adolescence, etc. Ces patients doivent bénéficier d’une surveillance renforcée, avec consultation programmée après une hospitalisation, entrée dans une école de l’asthme (éducation), visite du domicile par un conseiller en environnement intérieur. (1) L’ancien classement en quatre stades de sévérité croissante auxquels correspondaient quatre paliers thérapeutiques n’était pas facile à suivre même pour les pédiatres spécialistes de l’asthme. Global Initiative for Asthma (GINA) : « Global strategy for asthma management and prevention », http:///www.ginasthma.com. (2) Le terme « gravité » s’applique à l’asthme en cours de crise et celui de « sévérité » à l’historique des symptômes de la maladie sur une période de six à douze mois. (3) Il est indispensable d’avoir réalisé une RT au moins une fois chez un enfant asthmatique (diagnostic différentiel des faux asthmes). (4) Le GINA 2006 donne le tableau actuel, modifié par rapport à l’édition précédente, des posologies faibles, moyennes ou fortes en fonction de la molécule de CI. Par exemple, pour le dipropionate de béclométhasone, la définition des doses en microgrammes est la suivante : faible : 100-200, moyenne : > 200-400, forte : > 400. janvier 2008 page 23 Médecine & enfance Prise en charge de la dermatite atopique « Prise en charge de la dermatite atopique de l’enfant », Société française de dermatologie, 2004 http://www.sfdermato.org/pdf/Conf-cons-2dec.pdf 1. Les aspects cliniques de la dermatite atopique (DA) varient selon l’âge. Chez le nourrisson, l’atteinte est symétrique au niveau des convexités du visage et des membres. Chez l’enfant après deux ans, les lésions sont localisées aux extrémités et aux plis du cou, des coudes, des genoux, avec épaississement de la peau et prurit. Chez l’adolescent, la disparition de la DA est fréquente, mais, si elle persiste, la xérose est fréquente avec atteinte du visage et du cou. Les symptômes souvent associés à la DA sont l’allergie alimentaire avant trois ans, l’asthme (un tiers des cas) et la rhinite allergique. Les DA graves peuvent se compliquer d’un retard de croissance. 2. L’importance de la DA est appréciée par des scores de gravité : le plus utilisé est le Scorad (scoring of atopic dermatitis), qui tient compte de l’intensité des signes cliniques, de l’extension de la DA et des signes fonctionnels (prurit, insomnie). Le Scorad permet de suivre l’évolution de la DA, mais il représente seulement un instantané de la maladie, dont la sévérité au long cours est mieux appréciée par l’estimation de la qualité de vie (QDV) grâce à des échelles adaptées. 3. La plupart des études montrent une augmentation de la prévalence depuis vingt ans, surtout liée à une diminution de l’exposition aux agents infectieux dans les populations au niveau de vie élevé (théorie hygiéniste). En 1999, selon l’étude ISAAC, la prévalence de la DA était en France de 8,8 % chez les enfants de six-sept ans et de 10 % chez ceux de treize-quatorze ans. En Europe, elle varie de 7 à 28 % dans janvier 2008 page 24 Médecine & enfance les études par questionnaire et de 6 à 16 % dans les études comportant un examen médical. Les mécanismes de la DA sont complexes, mettant en jeu : des facteurs génétiques polygéniques (50 à 70 % des individus atteints de DA ont un ou des parents ayant une DA, un asthme ou une rhinite allergique au sein de la famille nucléaire) ; des facteurs immunologiques cutanés (fixation des IgE à la surface des cellules présentatrices d’antigènes, mise en évidence de lymphocytes T spécifiques des allergènes, tests épicutanés positifs aux allergènes) ; une altération de la fonction barrière de la peau. 4. Le diagnostic de la DA est uniquement clinique et, de l’avis des dermatologues, il n’est pas nécessaire de faire des examens complémentaires pour prendre en charge une DA. Toutefois, certains allergènes peuvent entraîner la persistance de lésions, ce qui conduit souvent le médecin à demander des explorations allergologiques : tests d’hypersensibilité immédiate (prick-tests, dosage des IgE sériques spécifiques, TPO) et tests d’hypersensibilité retardée (tests épicutanés aux allergènes de contact – patch tests –, aux pneumallergènes et aux trophallergènes – atopy patch tests). Les régimes d’éviction alimentaire à titre diagnostique (pour voir si la DA est améliorée par telle éviction alimentaire ou telle autre) sont inutiles et dangereux. L’exploration allergologique est indiquée dans trois situations : DA grave résistant à un traitement bien conduit ; DA avec stagnation ou cassure staturopondérale ; DA associée à des symptômes évocateurs d’allergie alimentaire ou d’allergie respiratoire (asthme, rhinite, conjonctivite), ou à des signes d’allergie de contact : lésions de DA dans des zones inhabituelles comme le siège, la paume des mains, la plante des pieds. L’exploration allergologique est discutée en présence de manifestations digestives (RGO, coliques), d’antécédents familiaux d’allergie sévère, de précocité de la DA (avant l’âge de trois mois). 5. La demande d’une exploration allergologique vise à obtenir une amélioration de la DA à court terme. Toutefois, en cas d’allergie confirmée, si l’éviction du ou des allergènes incriminés est conseillée, les dermatologues sont dubitatifs sur les résultats obtenus, variables en fonction du contexte clinique et des allergènes. 6. Le traitement des DA de l’enfant est désormais bien codifié, fondé sur le traitement des poussées et la prévention des récidives, ce qui implique une prise en charge janvier 2008 page 25 Médecine & enfance au long cours. Les traitements de la DA sont les suivants : dermocorticoïdes, inhibiteurs de la calcineurine, émollients, antihistaminiques H1, anti-infectieux, photothérapie. Les dermocorticoïdes (DC) sont efficaces en phase aiguë. Les DC de forte puissance agissent plus rapidement, mais les DC de niveau inférieur sont également efficaces même si leur délai d’action est plus long. Il n’existe pas de consensus sur la quantité maximale de DC à utiliser. La plupart des experts utilisent les DC pendant une courte durée, puis des émollients jusqu’à la rechute suivante. En pratique, il faut utiliser les DC une fois par jour, sous forme de crème sur les lésions suintantes et les plis, de pommade sur les lésions sèches, jusqu’à disparition des lésions. Il est indispensable de les reprendre en cas de nouvelle poussée. Si les poussées se répètent, il faut reprendre l’interrogatoire de la famille à la recherche de facteurs déclenchants passés inaperçus. Il faut s’assurer de la guérison de la poussée au cours de la consultation de suivi. Toutes les consultations sont l’occasion de lutter contre un obstacle important du traitement : la corticophobie. Les effets secondaires locaux des DC sont rares. Leurs effets secondaires systémiques sont plus théoriques que réels, ne justifiant pas, en tout cas, la réalisation systématique d’explorations de l’axe cor- ticotrope. Par contre, la surveillance de la croissance staturopondérale est indispensable. Les inhibiteurs de la calcineurine (IC) topiques, tacrolimus (disponible en Fran- ce) et pimecrolimus, sont efficaces au cours des poussées dès la première semaine de traitement et au cours de toutes les formes de DA. Leurs effets secondaires locaux les plus fréquents sont une sensation de brûlure et de prurit au site d’application, mais le plus souvent modérée et disparaissant en quelques jours. Le risque potentiel à long terme de carcinogenèse cutanée humaine en raison des effets immunosuppresseurs des IC ne pourra être levé que lorsque l’on disposera d’un recul suffisant. Le tacrolimus à 0,03 % est indiqué au cours de la DA modérée à sévère de l’enfant âgé de plus de deux ans à raison de deux applications par jour sur toute la surface à traiter jusqu’à disparition des lésions. La prescription sur ordonnance pour médicaments d’exception est réservée aux dermatologues et aux pédiatres. Les précautions à prendre pour l’utilisation des IC sont : antibiothérapie préalable en cas d’infection cutanée ; pas de photothérapie ni d’exposition au soleil (risque de photocarcinogenèse) ; contreindication transitoire en cas d’infection herpétique. janvier 2008 page 26 Médecine & enfance Les émollients permettent de restaurer la fonction barrière de la peau en dehors des poussées, entre les cures de DC. L’antibiothérapie locale ou par voie générale n’est pas indiquée, en dehors d’une surinfection bactérienne patente. La photothérapie n’est pas indiquée à la phase aiguë de la DA. 7. La question des traitements adjuvants et de prévention des poussées de DA est également très conflictuelle, mais on assiste, fort heureusement, à une clarification des propositions. Les prises en charge validées sont : les émollients (restauration de la fonction barrière de la peau) ; l’hygiène corporelle (bain court ou douche quotidienne) ; les mesures vestimentaires (privilégier le coton, éviter la laine) ; la prise en charge psychologique (pour les patients et les familles dont la QDV est altérée). Les antihistaminiques H1, les cures thermales, les médecines alternatives, en particulier l’acupuncture, les probiotiques, les herbes chinoises, les acides gras essentiels ne sont pas validés. Il faut résister aux publicités tapageuses et les éviter. L’éducation thérapeutique facilite la confiance entre les partenaires : elle fait partie intégrante de la pratique professionnelle de chaque médecin. Les régimes d’exclusion alimentaire n’ont pas d’indication dermatologique en prévention primaire (femme enceinte, nouveau-né) ni en prévention secondaire ou tertiaire L’éviction des pneumallergènes (en particulier celle des acariens) n’a pas d’intérêt au cours de la prévention primaire, secondaire et tertiaire. Important : contrairement à une idée reçue, les vaccinations ne déclenchent pas de poussées de DA. Par conséquent, le calendrier vaccinal de l’enfant atteint de DA est le même que celui de l’enfant normal. 8. Avant de considérer une DA comme « sévère », il faut s’assurer que le traitement prescrit est correct et bien suivi. Le caractère sévère de la DA doit être confirmé par un avis pris dans une unité de dermato-pédiatrie hospitalière. Parmi les différentes mesures théoriquement possibles (photothérapies UVAUVB ou UVB spectre étroit, antileucotriènes, ciclosporine, azathioprime, autres immunosuppresseurs, immunoglobulines polyvalentes, interféron gamma), seules la photothérapie et la ciclosporine sont utilisables. janvier 2008 page 27 Médecine & enfance Autisme : dépistage et diagnostic « Recommandations pour la pratique professionnelle du diagnostic de l’autisme », Fédération française de psychiatrie et HAS, 2005 http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/autisme_rap.pdf 1. L’autisme est une affection caractérisée par des perturbations dans les interactions sociales, la communication et le comportement. Actuellement, le diagnostic d’autisme et des troubles envahissants du développement (TED) est uniquement clinique. Il est fait le plus souvent à partir de l’âge de deux ans. Pour l’établir, il nécessite la collaboration étroite de la famille. Si un professionnel de santé suspecte un TED, il doit adresser l’enfant à une équipe spécialisée. Il est recommandé que l’évaluation de la communication sociale soit l’objet d’une surveillance systématique au cours des trois premières années de vie, dans le cadre des examens de santé réglementaires. A l’âge scolaire (maternelle et primaire), les enfants ayant des difficultés dans le domaine de la socialisation et des apprentissages, même sans retard mental, doivent également être pris en compte. 2. Il existe des « signes d’alerte » qui devraient permettre, sinon un dépistage, du moins un diagnostic précoce de l’autisme. Le médecin doit rechercher les symptômes en se fondant sur l’interrogatoire des parents, l’examen clinique de l’enfant et une surveillance à intervalles réguliers. En cas de doute, il faut adresser l’enfant à un pédopsychiatre ou à un pédiatre neurologue. Les principaux signes d’alerte sont les suivants : inquiétude des parents qui signalent un trouble du développement ; avant l’âge de trois ans, difficulté de l’accrochage visuel : passivité, faible réactivité (l’enfant ne se retourne pas quand on l’appelle par son nom), manque d’intérêt pour autrui, intérêts inhabituels et activités répétitives avec certains objets… quel que soit l’âge : régression dans le développement du langage et/ou les relations sociales ; antécédents de TED dans la fratrie. D’autres symptômes pourraient permettre une détection plus précoce, comme l’absence de babillage, de pointage ou d’autres gestes sociaux à douze mois, l’absence de mots à dix-huit mois, une perte de langage et de compétences sociales. 3. Le diagnostic de certitude ne peut être porté que par des professionnels expérimentés et formés à l’établissement de ce diagnostic. Le diagnostic d’autisme nécessite l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire en relation avec plusieurs intervenants : consultants de neurologie et de génétique. Il est capital de donner aux parents et aux médecins, qui ne savent pas toujours où et à qui s’adresser, une localisation des équipes pluridisciplinaires compé- janvier 2008 page 28 Médecine & enfance tentes, d’autant que leur localisation est très variable selon les villes et les régions : CAMPS, CMPP, cabinets de praticiens libéraux, services de psychiatrie infanto-juvénile, unités d’évaluations ou centres de ressources pour l’autisme, etc. 4. Il faut prendre beaucoup de précautions lors des entretiens avec les parents, toujours très anxieux, en particulier avant l’établissement du diagnostic. Il ne faut pas annoncer un diagnostic avant les résultats de l’évaluation pluridisciplinaire de référence. Il est recommandé de ne pas utiliser les termes d’autisme ou de TED avec les parents d’un enfant de moins de deux ans. Il faut indiquer que le trouble du développement reste à préciser. janvier 2008 page 29 Médecine & enfance Préparation et conservation des biberons au domicile « Recommandations d’hygiène pour la préparation et la conservation des biberons », DGS, 2003 http://www.afssa.fr/Documents/MIC-Ra-BIB.pdf RECUEIL, CONSERVATION ET TRANSPORT DU LAIT MATERNEL (DESTINÉ À SON PROPRE ENFANT) 1. En cas d’impossibilité d’allaitement direct au sein, le lait peut être tiré par expression manuelle ou au tire-lait. Le lavage des mains au préalable, le lavage des seins quotidien et le lavage soigneux du tire-lait, de la téterelle et du flacon de recueil entre chaque usage sont indispensables. 2. Si le volume est recueilli en une fois, le biberon est fermé et placé au réfrigérateur (< 4 °C). S’il est recueilli en plusieurs fois, un biberon de recueil différent doit être utilisé à chaque fois et doit être refroidi avant que son contenu soit ajouté au biberon de conservation. 3. Noter l’heure du premier recueil et le nom de l’enfant sur le biberon. La conservation est possible pendant quarante-huit heures après cette heure. 4. Si le délai de quarante-huit heures risque d’être dépassé, il est possible de congeler (au congélateur et non dans le bac à glaçons) le lait maternel. Cela doit être fait le plus tôt possible. Le lait maternel congelé peut être conservé quatre mois au maximum. Le biberon ne doit pas être rempli totalement. Il ne devra jamais être recongelé après décongélation ni mélangé avec du lait fraîchement tiré. Son transport éventuel est assuré sans rupture de la chaîne du froid (glacière avec packs congelés). 5. Le réchauffement ou la décongélation se font au bain-marie ou au chauffe-biberon (nettoyés et eau renouvelée) selon les modalités indiquées page suivante. L’EAU DES BIBERONS A défaut d’allaitement maternel, l’eau utilisée pour reconstituer les biberons au domicile peut être l’eau du robinet, avec les conseils et limites suivants : laisser couler l’eau quelques secondes avant de la recueillir ; ne jamais utiliser d’eau chaude du robinet ou de mélange eau chaude-eau froide, ne pas utiliser de l’eau filtrée ou adoucie ; vérifier l’absence de canalisations en plomb dans les logements anciens ; janvier 2008 page 30 Médecine & enfance le robinet doit être régulièrement entretenu (nettoyage, détartrage) ; le plan de travail et les accessoires doivent être propres ; la composition de l’eau doit être compatible avec les critères de qualité préconisés par l’AFSSA (2 décembre 2003) pour les eaux embouteillées destinées à la consommation des nourrissons. A défaut, utiliser des eaux embouteillées conformes aux recommandations de l’AFSSA. Eviter d’utiliser une bouteille ouverte réfrigérée durant plus de vingtquatre heures. PRÉPARATION DES BIBERONS 1. Il n’y a pas lieu de stériliser les bibe- rons. Un biberon utilisé est rincé à l’eau, lavé au lave-vaisselle ou à l’eau additionnée de liquide vaisselle et rincé. 2. Préparer le biberon directement si le lait est vendu liquide. Pour le lait en poudre, remplir le biberon d’eau avec « n » x 30 ml d’eau. Mettre « n » cuillères mesures (en utilisant toujours celle fournie avec la boîte) arasées de poudre. 3. Refermer soigneusement la boîte. CONSOMMATION ET CONSERVATION DES BIBERONS 1. Le biberon ne doit pas être consommé s’il a été conservé à température ambiante plus de une heure après sa préparation ou le début de sa consommation ; ce délai tombe à trente minutes s’il a été réchauffé. 2. Il est préférable de consommer le biberon immédiatement ; à défaut, il peut être conservé au réfrigérateur à une température inférieure ou égale à 4 °C pendant trente heures au maximum après sa préparation, puis consommé dans l’heure qui suit sa sortie du réfrigérateur. Le réfrigérateur utilisé doit être propre, lavé et rincé à l’eau javellisée au moins tous les mois. 3. L’utilisation du four à micro-ondes est interdite. Le biberon peut être proposé à température ambiante. Il peut être réchauffé (si le biberon ou l’eau sortent du réfrigérateur) au bain-marie ou au chauffe-biberon (nettoyés et eau renouvelée). La température est contrôlée après avoir agité le biberon, en faisant couler quelques gouttes sur l’avant-bras d’un adulte. janvier 2008 page 31 Médecine & enfance Calendrier vaccinal 2007 « Calendrier vaccinal 2007, tableau synoptique » http://www.invs.sante.fr/beh/2007/31_32/beh_31_32_2007.pdf Naissance Grippe Papilloma virus humain Rougeole Oreillons Rubéole Pneumocoque Hépatite B Hib Coqueluche Poliomyélite (1) Diphtérie Tétanos Age BCG Vaccins Hep B (3) BCG (2) 2 mois DT Polio Ca (4) Hib 3 mois DT Polio Ca (4) Hib 4 mois DT Polio Ca (4) Hib Hep B (5) Pn7 (6) Pn7 (6) Hep B (5) Pn7 (6) Rougeole oreillons rubéole (7) 9 mois Pn7 (6) 12 mois Rougeole oreillons rubéole (8) BCG (2) 16-18 mois DT Polio Ca (4) Hib Rougeole oreillons rubéole (8) Hep B (5) Grippe (9) 24 mois Pn7 (17) < 5 ans 6 ans 11-13 ans DT (10) Polio DT Polio Rattrapage (12) Ca (4) Rattrapage (11) HPV (21) 14 ans Hep B (23) 16-18 ans dT (14) Pn23 (20) Polio Rattrapage (13) Rattrapage (22) Lorsqu’un retard est intervenu dans la réalisation du calendrier de vaccinations indiqué, il n’est pas nécessaire de recommencer tout le programme des vaccinations imposant des injections répétées. Il suffit de reprendre ce programme au stade où il a été interrompu et de compléter la vaccination en réalisant le nombre d’injections requis en fonction de l’âge. janvier 2008 page 32 Médecine & enfance LEGENDE DU TABLEAU Les vaccins indiqués sur fond bleu existent sous forme combinée : – diphtérie (titrage adulte), tétanos, polio ; – diphtérie, tétanos, polio, coquelucheux acellulaire ; – diphtérie, tétanos, polio, plus coquelucheux acellulaire, Hib ; – diphtérie, tétanos, polio, plus coquelucheux acellulaire, Hib, Hépatite B. Les vaccins indiqués en italique ne sont proposés que pour des risques spécifiques. NOTES 1. Le vaccin poliomyélitique inactivé est le seul utilisé pour les primovaccinations et les rappels. 2. La vaccination BCG par voie intradermique est fortement recommandée chez les enfants à risque élevé de tuberculose, au plus tôt et si possible à la naissance ou au cours du premier mois de vie. Chez les enfants à risque non vaccinés, la vaccination peut être réalisée jusqu’à l’âge de 15 ans. 3. A la naissance pour les enfants nés de mère Ag HBs positif : vaccination dans les 24 heures qui suivent la naissance avec un vaccin autre que HBVAX Pro 5 µg, et immunoglobulines anti-HBs administrées simultanément en des points différents. Deuxième et troisième doses respectivement à 1 et 6 mois d’âge. L’efficacité de cette prévention doit être évaluée à partir de l’âge de 9 mois par une recherche d antigène et anticorps anti-HBs, au mieux un à quatre mois après la dernière dose vaccinale. 4. La vaccination est pratiquée avec le vaccin acellulaire (Ca), seul vaccin coquelucheux disponible en France. 5. La vaccination contre l’hépatite B est recommandée pour tous les enfants avant l’âge de 13 ans, en privilégiant la vaccination du nourrisson, avec un schéma complet en trois injections, les deux premières à un mois d’intervalle, la troisième cinq à douze mois après la date de la deuxième injection. 6. La vaccination par le vaccin pneumococcique heptavalent conjugué (Pn7) est recommandée à partir de l’âge de 2 mois pour tous les enfants. Le rappel a lieu entre l’âge de 12 et 15 mois. 7. Vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Pour les nourrissons entrant en collectivité avant 12 mois, il est recommandé d’administrer dès l’âge de 9 mois le vaccin contre la rougeole-oreillons-rubéole. Dans ce cas, la deuxième dose est recommandée entre 12 et 15 mois d’âge et suffit. Si le vaccin monovalent rougeoleux a été utilisé entre 6 et 8 mois, l’enfant devra recevoir deux injections de vaccin trivalent à au moins un mois d’intervalle à partir de l’âge de 12 mois. 8. La vaccination complète comprend deux doses, première dose à l’âge de 12 mois, deuxième dose au moins un mois après la première, si possible avant l’âge de 24 mois. 9. Pour les enfants à partir de l’âge de 6 mois, les adolescents et les adultes, s’ils sont atteints de pathologies spécifiques (voir détails Recommandations particulières) ou dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé par l’acide acétylsalicylique (essentiellement pour syndrome de Kawasaki compliqué et arthrite chronique juvénile), ainsi que pour les personnes séjournant dans un établissement de santé de moyen ou long séjour, quel que soit leur âge. 10. En cas de pénurie de DT Polio, le vaccin contenant une dose réduite d’anatoxine diphtérique (dTPolio) peut être utilisé à partir de l’âge de 6 ans. 11. Si la vaccination contre l’hépatite B n’a pas été pratiquée dans l’enfance : un schéma complet en trois injections, les deux premières à un mois d’intervalle, la troisième cinq à douze mois après la date de la deuxième injection. 12. Deux doses de vaccin triple associé rougeole, oreillons, rubéole à au moins un mois d’intervalle sont recommandées pour tous les enfants entre 24 mois et 15 ans en 2007 (nés entre 1992 et 2005) n’en ayant pas bénéficié, quels que soient leurs antécédents vis-à-vis des trois maladies. 13. Une dose de vaccin trivalent pour les personnes âgées de 16 à 27 ans en 2007 (nées entre 1980 et 1991) n’ayant pas été vaccinées. 14. A partir de l’âge de 16 ans, on utilise le vaccin diphtérique contenant une dose réduite d’anatoxine diphtérique (dTPolio). 17. Pour les enfants à risque de 24 à 59 mois d’âge, la vaccination pneumococcique est recommandée selon le schéma suivant : 2 doses de vaccin conjugué à 2 mois d’intervalle suivies d’une dose de vaccin polyosidique 23 valent au moins 2 mois après la 2e dose de vaccin conjugué. 20. Chez l’enfant à partir de l’âge de 5 ans et l’adulte, la vaccination antipneumococcique avec le vaccin polyosidique 23 valent (Pn 23) est recommandée, tous les cinq ans, pour les personnes à risque élevé d’infection à pneumocoque : asplénie fonctionnelle ou splénectomie, drépanocytose homozygote, syndrome néphrotique, insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque, patients alcooliques avec hépatopathie chronique, personnes ayant des antécédents d’infection pulmonaire ou invasive à pneumocoque. Cette vaccination doit être proposée lors de leur admission dans des structures de soins ou d’hébergement aux personnes ci-dessus qui n’en auraient pas encore bénéficié. 21. La vaccination contre les infections à papillomavirus 6, 11, 16, 18 est désormais recommandée à toutes les jeunes filles de 14 ans, afin de les protéger avant qu’elles ne soient exposées au risque d’infection à HPV. 22. Une mesure de rattrapage est prévue et le vaccin est également proposé aux jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n’ont pas eu de rapports sexuels ou au cours de l’année qui suit le début de leur vie sexuelle. Cette mesure de rattrapage pourrait être proposée à l’occasion d’une primo-prescription de contraception, d’un recours à une pilule du lendemain, ou lors d’une consultation pour tout autre motif. 23. Selon un schéma en trois doses pour les personnes à risque (cf. recommandations particulières). NOTES DE LA RÉDACTION Le Décret n° 2007-1111 du 17 juillet relatif à l’obligation vaccinale par le vaccin antituberculeux BCG lève l’obligation de vaccination avec le BCG chez les enfants et les adolescents. Le HCSP ne recommande pas la vaccination généralisée contre la varicelle des enfants à partir de l’âge de 12 mois. Le BEH 2007 préconise dorénavant, en plus des recommandations émises en mars 2004, la vaccination varicelle avec un schéma en 2 doses : – des adolescents de 12 à 18 ans n’ayant pas d’antécédent clinique de varicelle et dont l’histoire est douteuse ; un contrôle sérologique préalable peut être pratiqué dans ce cas ; – des femmes en âge de procréer, notamment celles ayant un projet de grossesse, et sans antécédent clinique de varicelle ; un contrôle sérologique préalable peut être pratiqué dans ce cas ; – des femmes n’ayant pas d’antécédent clinique de varicelle dans les suites d’une première grossesse, sous couvert d’une contraception efficace. janvier 2008 page 33 Médecine & enfance Fluor et prévention de la carie dentaire « Mise au point sur le fluor et la prévention de la carie dentaire », AFSSAPS, 2002 http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/fluor/fluor.pdf et http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filcoprs/020801.htm 1. Alors que la carie dentaire est classée troisième fléau mondial par l’OMS et que, grâce au brossage régulier des dents et à l’utilisation de fluorures, une diminution significative de sa prévalence a été observée depuis quarante ans, la supplémentation en fluor a été remise en question. En effet, les recommandations nordaméricaines ne la préconisent qu’à partir de six mois en raison d’un risque de fluorose dentaire. L’avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) conduit à la conclusion que cette supplémentation reste indispensable en France. 2. Les sources d’apport en fluor sont au nombre de quatre : le sel fluoré, les eaux de distribution, les eaux minérales naturelles embouteillées, les médicaments. Le sel fluoré constitue l’apport alimentaire de fluor le plus important : 250 mg/kg de fluorures de potassium. L’étiquetage doit mentionner « sel fluoré ». Dans la mesure où il consomme peu de sel avant l’âge de deux ans, l’enfant est privé de cet apport. Après l’âge de deux ans, on estime qu’il est d’environ 0,25 mg par jour. Dans les eaux de distribution, la teneur maximale autorisée est de 1,5 mg/l selon la CEE. Toutefois, 85 % de la population française vit dans des communes où la teneur en fluor de l’eau du robinet est inférieure ou égale à 0,30 mg/l et seuls 3 % des Français disposent d’une eau dont la teneur est supérieure ou égale à 0,70 mg/l. Le contenu en fluor des eaux minérales embouteillées est très variable, de 0,10 à 9 mg/l. Les médicaments se présentent sous forme de comprimés, de gouttes, de dentifrices, de gels ou de vernis fluorés. 3. La fluorose est due à un surdosage en fluor, pendant plusieurs mois ou années (plus de 1,5 mg/j chez l’enfant et plus de 0,1 mg/kg chez le nourrisson), concomitant de la période de minéralisation des dents, qui débute au troisième mois de vie intra-utérine et se termine à l’âge de douze ans. La fluorose se manifeste par un aspect tacheté de l’émail dentaire. Un nourrisson ne risque pas de développer une fluorose dentaire s’il ne reçoit que la supplémentation médicamenteuse recommandée. Au Canada et aux Etats-Unis, on a observé une augmentation de la fréquence des formes légères de fluorose en rapport avec une surcharge d’apports fluorés. En effet, 53 % de la population américaine vit dans des régions où la teneur en fluor de l’eau distribuée est supérieure à 0,70 mg/l, situation qui est tout à fait différente de celle de la France, où le taux de fluorose dentaire est faible (2,75 %) et stable depuis dix ans. janvier 2008 page 34 Médecine & enfance 4. L’argument en faveur d’une supplémentation différée (à partir de six mois) est fondé sur le fait que l’action du fluor serait avant tout topique. Or le fluor agit aussi de façon systémique, intervenant pendant toute la durée de minéralisation des couronnes : dès la naissance pour la premiè- re molaire et à partir du cinquième ou sixième mois pour les incisives. Il faut redire que la carie dentaire reste un problème de santé publique alors que, à l’inverse, le risque de fluorose dentaire est faible. Par conséquent, la supplémentation en fluor doit intervenir de façon précoce. 5. En pratique, dans les régions où l’eau de distribution contient plus de 0,30 mg/l de fluor (15 % des régions françaises), les comprimés ou gouttes de fluor ne doivent pas être prescrits. Dans les autres régions (85 % du territoire), une supplémentation fluorée reste indispensable de la naissance à douze ans. Pour éviter le cumul des apports, avant toute prescription de fluor, le médecin doit évaluer les apports journaliers en fluor en fonction des données ci-dessus concernant le sel fluoré, les eaux de distribution et les eaux minérales naturelles embouteillées. Dans les régions où la teneur en fluor de l’eau du robinet est inférieure à 0,30 mg/l, la dose prophylactique optimale est de 0,05 mg/kg/j sans dépasser 1 mg/j tous apports fluorés confondus. Nourrissons de la naissance à deux ans : la prescription de fluor sous forme de gouttes ou de comprimés est systématique ; la teneur en fluor de l’eau de préparation des biberons sera nulle ou inférieure ou égale à 0,30 mg/l. Enfants de deux à six ans : adapter la prescription aux autres apports ; utiliser des dentifrices dont la teneur en fluor est inférieure ou égale à 50 mg/100 g (500 ppm/100 g) (1). Enfants de six à douze ans : le fluor est apporté par le sel et l’eau fluorée ; utiliser des dentifrices dont la teneur en fluor est de 100 à 150 mg/100 g (1 0001 500 ppm/100 g) ou plus. Enfants de plus de douze ans : la minéralisation dentaire est terminée, mais l’utilisation de dentifrices fluorés reste recommandée. Femme enceinte : l’intérêt de la supplémentation pré- et postnatale en fluor n’est pas démontré. (1) ppm signifie partie par million. janvier 2008 page 35 Médecine & enfance Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche « Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche » (actualisation de la version du 1er septembre 2005), CSHPF, 2006 http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/r_mt_220906_catcoqueluche.pdf 1. L’épidémiologie de la coqueluche a beaucoup changé dans de nombreuses régions du monde. La circulation de la bactérie chez les adolescents ou les adultes jeunes a été confirmée dans plusieurs pays. Dans une étude réalisée en France dans trente unités de réanimation pédiatrique, c’est la première cause de décès par infection bactérienne communautaire chez le nourrisson âgé de dix jours à deux mois. Entre 1997 et 2000, aux Etats-Unis, les cas de coqueluche concernaient 29 % des nourrissons de moins de un an, 22 % des enfants entre un et neuf ans, 29 % des enfants ou des adolescents entre dix et dix-neuf ans et 20 % des adultes de plus de vingt ans. En région parisienne, 32 % des adultes suivis pour une toux persistant depuis plus de sept jours avaient une coqueluche bactériologiquement confir- mée, soit une incidence de 884 cas pour 100 000. Près de 1 600 nourrissons ont été hospitalisés entre 1996 et 2005, dont 17 % en réanimation. 2. La transmission de la coqueluche se fait au contact d’un malade par la toux, à l’intérieur des familles ou des collectivités d’enfants. Une enquête est indispensable autour du malade pour détecter les sujets contacts. La contagiosité, maximale pendant la phase de début (catarrhale), diminue progressivement. Elle est nulle après cinq jours d’une antibiothérapie adaptée. 3. On distingue trois formes cliniques : forme classique de l’enfant non vacciné ; forme du nourrisson de moins de six mois non vacciné ; forme de l’enfant anciennement vacciné et de l’adulte. Dans l’étude effectuée en Ile-de-France, janvier 2008 page 36 Médecine & enfance sur les 32 % de patients qui toussaient et pour lesquels un diagnostic de coqueluche avait été confirmé, 60 % avaient été vaccinés. Le diagnostic clinique repose sur le déroulement de la maladie, les caractéristiques de la toux, l’identification des contaminateurs. Le diagnostic biologique, indispensable pour les populations vaccinées, est fondé sur : la culture (sur milieu de Bordet-Gengou ou de Regan Lowe) ; la détection de l’ADN bactérien ou PCR (polymerase chain reaction) en temps réel, dont la spécificité est variable selon les techniques et les centres (55 à 95 %) ; la sérologie ELISA (IgG antitoxine de Bordetella pertussis), dont, en France, seul le CNR (Institut Pasteur) pratique la technique de référence. Le diagnostic par PCR est le diagnostic de référence pour les sujets toussant depuis moins de trois semaines. Pour les nouveau-nés et nourrissons hospitalisés, la culture et la PCR (bien que celle-ci ne soit pas remboursée) doivent être effectuées en parallèle. 4. Le traitement est fondé sur l’hospitalisation (jeunes nourrissons) et l’antibiothérapie : l’érythromycine (macrolide « historique » de référence) et la josamycine (macrolide le plus utilisé en pédiatrie) (1) doivent être remplacées par la clarithromycine et l’azithromycine (simplification de la po- sologie (2) par réduction du nombre de prises et de la durée du traitement, meilleure tolérance, mais coût plus élevé). En cas d’intolérance aux macrolides, le cotrimoxazole est indiqué. Les fluoroquinolones n’ont pas été évaluées. Les bêtalactamines sont inefficaces et ne peuvent être recommandées. L’antibiothérapie adaptée permet d’autoriser le retour en collectivité après cinq jours de traitement (trois jours en cas de traitement par azithromycine). 5. La prévention est fondée sur la vaccination (des enfants et des adultes) et l’éviction de l’enfant. La vaccination comporte trois injections à réaliser à partir de deux mois et à un mois d’intervalle, avec un premier rappel entre seize et dix-huit mois et un second rappel à onze-treize ans. La vaccination de l’adulte est recommandée chez les professionnels de santé en contact avec des nourrissons trop jeunes pour avoir reçu les trois doses de vaccin coqueluche DTPCaHiB et les futurs parents lors d’un seul rappel décennal dTP (vaccination dTCaP possible deux ans après un rappel dTP lors de la survenue d’un ou plusieurs cas de coqueluche). L’éviction est fondée sur l’arrêté du 3 mai 1989, mais celui-ci est en cours de révision en raison de l’évolution des données épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques. janvier 2008 page 37 Médecine & enfance 6. La conduite à tenir devant un cas de coqueluche varie selon que l’enfant est âgé de moins ou de plus de trois mois. Sont recommandés : une hospitalisation en chambre individuelle est conseillée dans tous les cas avant l’âge de trois mois et selon la tolérance clinique après cet âge ; si l’enfant n’est pas hospitalisé, une éviction de la collectivité et un isolement respiratoire à la maison. Dans l’entourage familial, social ou professionnel, il faut : prescrire une antibioprophylaxie aux sujets à haut risque (3) ; prescrire une antibioprophylaxie dans l’entourage proche et, a fortiori, familial du malade si les personnes n’ont pas été vaccinées ou si leur dernière vaccination coquelucheuse date de plus de cinq ans ; mettre à jour le calendrier vaccinal (pour les adultes à jour de leur DTP, un délai minimum de deux ans est requis pour administrer le vaccin quadrivalent adulte contenant la valence coquelucheuse acellulaire) ; demander au patient ou aux parents d’aviser les personnes de leur entourage familial, social et professionnel pour qu’elles consultent en cas d’apparition de toux dans les vingt et un jours suivant le dernier contact et alerter le médecin du travail du malade. 7. Les cas groupés sont définis comme au moins deux cas de coqueluche contemporains ou successifs, séparés par une période d’incubation compatible de dix jours (sept à vingt et un jours) et survenant dans une même unité géographique. Le médecin doit alors contacter les autorités sanitaires (médecin inspecteur de la santé publique de la DDASS), qui organiseront la prévention à l’intérieur de la collectivité. L’augmentation des cas de coqueluche dans un secteur géographique déterminé entraîne des procédures pour confirmer l’épisode épidémique et avertir l’ensemble des professionnels de santé publics et privés. (1) Pendant 14 jours pour ces deux molécules. (2) Clarithromycine : 15 mg/kg/j en 2 prises pendant 7 jours, sans dépasser 500 mg x 2 chez l’enfant et 500 à 1000 mg chez l’adulte. Azithromycine : 20 mg/kg/j en une seule prise pendant 3 jours sans dépasser la posologie adulte (500 mg/j). (3) Nourrissons non ou incomplètement vaccinés, femmes enceintes, individus atteints d’affections respiratoires chroniques (asthme), parents de nourrissons non encore vaccinés… janvier 2008 page 38 Médecine & enfance Conduite à tenir devant un cas de gale « Conduite à tenir devant un cas de gale », CSHPF, 2003 http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/cshpf/a_mt_270603_gale.pdf 1. La gale est une maladie contagieuse due à un parasite, Sarcoptes scabei hominis, qui frappe toutes les couches de la population et tous les milieux. Elle se transmet par contact interhumain, d’un individu parasité à un autre. Le risque de transmission est d’autant plus grand que la promiscuité est plus importante et qu’elle concerne un grand nombre d’individus. 2. L’affection se présente sous deux formes : la gale commune et la gale profuse. Dans la forme profuse, une transmission indirecte (en particulier par les vêtements et les linges) est possible lorsque les lésions sont importantes. Les symptômes apparaissent quatre à six semaines après le contage : démangeaisons importantes, lésions cutanées situées entre les doigts des mains (face dorsale), aux fesses, aux coudes, aux aisselles, etc. Le dos et le visage sont classiquement épargnés dans la gale commune. Chez le nourrisson, les lésions sont moins typiques, souvent impétigénisées. Il faut rechercher une notion de contage et de prurit dans l’entourage. L’examen clinique dermatologique et l’examen parasitologique sont indispensables au diagnostic, surtout si le prurit est absent. 3. Le traitement est indispensable car la guérison spontanée est impossible. Il utili- se la voie orale (ivermectine 3 mg (1)) ou locale, en traitant toute la surface du corps (benzoate de benzyle-sulfiram, esdépalléthrine-butoxyde de pipéronyle, lindane-amyléine). En raison des précautions d’emploi et des contre-indications, un avis dermatologique peut être nécessaire. 4. Il faut traiter simultanément tous les sujets atteints et les individus qui ont été en contact intime avec un malade. Dans la gale commune, le traitement est effectué à domicile, soit avec un traitement local, soit avec un traitement oral. La voie orale n’est pas supérieure à la voie locale, mais elle est plus commode, surtout s’il y a plusieurs individus à traiter. Dans la gale profuse, le traitement associe : isolement (hospitalisation), traitement oral et local, antibiothérapie en cas de surinfection cutanée. 5. Il faut traiter à nouveau les patients qui ont des signes cutanés et/ou chez lesquels le parasite est à nouveau détecté au bout de huit à quinze jours. Une seconde sé- quence thérapeutique est souvent indispensable en cas de forme profuse. 6. Il faut désinfecter tous les éléments de l’environnement des patients : habits, ser- viettes, draps (lavage en machine), traitement acaricide de l’habitat en cas de gale profuse (faire intervenir les services sanitaires). 7. Une stratégie de prise en charge au niveau de la collectivité où est survenu le (ou les) cas doit être élaborée. Il faut faire in- janvier 2008 page 39 Médecine & enfance tervenir le médecin traitant, le médecin de la collectivité et les autorités sanitaires afin de mener une enquête pour détecter les sujets contacts. 8. L’éviction d’un enfant d’une collectivité est de trois jours après le traitement en cas de gale commune et jusqu’à la disparition du sarcopte à l’examen parasitologique en cas de gale profuse. La gale fait partie des affections transmissibles dont le diagnostic peut être méconnu faute de penser à cette étiologie. De plus, si le prurit domine, la prescription d’un traitement antiprurigineux en première intention entraîne un retard préjudiciable du diagnostic et une dissémination de la maladie dans la famille ou la collectivité. Il faut encore penser à la gale ! (1) Prise unique de 200 µg/kg (précautions chez l’enfant de moins de 15 kg). janvier 2008 page 40 Médecine & enfance Eradication d’Helicobacter pylori « Prise en charge thérapeutique de l’éradication d’Helicobacter pylori chez l’adulte et l’enfant », AFSSAPS, 2005 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/10/mp150905.pdf 1. Helicobacter pylori (HP) s’acquiert dans l’enfance, d’autant plus que le niveau so- cioéconomique est bas. Le taux d’infection est de 5 à 10 % selon l’âge. 2. L’infection à HP s’accompagne constamment d’une gastrite, volontiers nodulaire chez l’enfant. Elle peut être symptomatique ou asymptomatique, se compliquer d’ulcère duodénal, d’ulcère gastrique et plus rarement de cancer ou de lymphome chez l’adulte. 3. La recherche d’une infection à HP chez l’enfant présentant une symptomatologie digestive haute peut être discutée, alors qu’elle n’est pas recommandée chez l’adulte. 4. Le traitement repose sur l’association d’un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) et de deux antibiotiques. Seul l’oméprazo- le (10 mg matin et soir de 15 à 30 kg, le double au-delà) a obtenu l’AMM chez l’enfant. L’observance est un critère important de succès. La stratégie antibiotique peut évoluer selon les résistances bactériennes, qu’il s’agisse de celles établies de façon générale ou de celles trouvées pour un patient donné en cas de prélèvement pour culture. 5. L’éradication d’HP a pour effet de stopper l’évolution naturelle de la maladie, per- mettant d’obtenir la guérison de l’ulcère peptique et de prévenir les rechutes. 6. En première intention, l’association oméprazole, clarithromycine (7,5 mg/kg matin et soir de 15 à 40 kg, 500 mg matin et soir au-delà) et amoxicilline (25 mg/kg matin et soir de 15 à 40 kg et 1 g matin et soir au-delà) est utilisée pendant 7 à 14 jours ; un imidazolé (métronidazole, 10 mg/kg matin et soir, ou tinidazole, 10 à 15 mg/kg matin et soir, sans dépasser 1 g/j de 15 à 40 kg et 500 mg matin et soir au-delà pour les deux molécules) est utilisé en cas de contre-indication à la clarithromycine ou à l’amoxicilline, en substitution de l’antibiotique en cause. 7. En seconde intention (échec d’un premier traitement) l’association oméprazole, amoxicilline et imidazolé (par exemple) est proposée pour 14 jours. 8. Le traitement par IPP peut être poursuivi 3 à 7 semaines, selon la symptomatologie clinique ou endoscopique, en cas d’ulcère gastrique, d’ulcère duodénal compliqué, de gastrite nodulaire antrale. Commentaires de la rédaction Plusieurs moyens permettent de diagnostiquer une infection à HP : la sérologie, le test respiratoire à l’urée marquée, l’endoscopie avec biopsie, la recherche d’antigènes dans les selles. L’endoscopie est l’examen de choix, le test respiratoire l’examen non invasif le plus fiable. Ce dernier peut être utilisé pour vérifier l’éradication un mois après la fin du traitement. En cas d’échec de l’éradication, l’antibiogramme sur culture de biopsie est indispensable s’il n’a pas été fait initialement. janvier 2008 page 41 Médecine & enfance Gastroentérites : utilisation des solutés de réhydratation orale Les solutés de réhydratation orale, d’après un dossier de la Direction générale de la santé http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/sro/dossier.htm 1. Le risque principal de la diarrhée aiguë du nourrisson et du jeune enfant est la déshydratation, qui peut s’installer en quelques heures et entraîner le décès dans les cas les plus graves. L’utilisation des solutés de réhydratation orale (SRO) est le traitement préventif de la déshydratation aiguë. 2. La composition des SRO est établie pour compenser les pertes en eau et électrolytes dues à la diarrhée. Le co-transport du glu- cose et du sodium favorise la réhydratation. La composition des SRO conditionne leur remboursement par l’assurance maladie dans le cadre du code de la Sécurité sociale. Les boissons sucrées (sodas, jus de fruits), l’eau pure ou les solutés ne répondant pas aux critères établis de composition ne doivent pas être utilisés. 3. Les SRO et leurs modalités d’utilisation doivent faire l’objet d’une prescription écrite, faite de préférence lors d’une consultation systématique sans avoir attendu un épisode de gastroentérite. L’utilisation des produits (1 sachet dans 200 ml d’eau faiblement minéralisée à donner à volonté) et les critères devant mener à une consultation urgente ou à une hospitalisation doivent être expliqués aux parents. Un document d’explication des risques, du traitement et des signes d’alerte peut être remis aux parents (http://www.sante.gouv.fr/htm/ actu/sro/dossier.htm). 4. Au cours d’une diarrhée, l’évaluation de l’état d’hydratation est fondamentale, notamment l’appréciation du pourcentage de la perte de poids : la déshydratation est bénigne en dessous de 5 %, moyenne de 6 à 9 %, sévère au-delà de 10 %. L’hospitalisation peut s’avérer urgente en cas de signes de gravité ou de risque patent de déshydratation : état de choc, troubles de conscience, perte de poids importante, vomissements incoercibles, fièvre, dénutrition, contexte familial difficile, nourrisson de moins de trois mois. 5. L’utilisation des SRO en cas de diarrhée aiguë doit être immédiate, en débutant par de petites quantités proposées de façon répétée afin de diminuer le risque de vomissements tout en respectant la soif de l’enfant. Les SRO sont utilisés parallèlement à l’alimentation habituelle en cas de déshydratation bénigne, exclusivement (sauf en cas d’allaitement maternel, qui est poursuivi) pendant quatre à six heures avant reprise de l’alimentation en présence d’une déshydratation modérée. 6. En cas d’utilisation d’un lait artificiel, le lait habituel est repris chez le plus de quatre mois (un lait sans lactose peut être utilisé pendant deux semaines en cas de diarrhée sévère). Chez le moins de quatre mois, un lait sans protéines de lait de vache (1) peut être utilisé pendant un mois. Si la diversification est acquise, l’alimentation solide est reprise rapide- janvier 2008 page 42 Médecine & enfance ment en diminuant les graisses et les fibres. 7. En cas de vomissements persistants, de soif incoercible malgré les SRO, d’apparition de signes de gravité, une réévaluation clinique est nécessaire en vue d’une hospitalisation. 8. Les thérapeutiques dites antidiarrhéiques (antisécrétoires, argile, pré- et probiotiques, antiseptiques) n’ont aucun effet démontré sur la prévention et le traitement de la déshydratation. Elles peuvent rassurer à tort en réduisant les symptômes et retarder la réhydratation. (1) NDLR : il est d’usage d’utiliser dans ce cas un hydrolysat poussé de protéines du lait de vache contenant des triglycérides à chaînes moyennes. janvier 2008 page 43