Immigration : pourquoi la suisse en a besoin Union patronale suisse Hegibachstrasse 47 Case postale CH-8032 Zurich economiesuisse Fédération des entreprises suisses Carrefour de Rive 1 Case postale 3684 CH-1211 Genève 3 immigration : pourquoi la suisse en a besoin 16 questions sur la politique d’immigration L’économie s’engage pour une politique d’immigration constructive : brochure réalisée conjointement par l’Union patronale suisse et economiesuisse Le débat sur la politique suisse d’immigration ne se limite pas à une question de chiffres. Des start-up, des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que de grandes entreprises installées en Suisse souhaitent innover et prospérer. Pour cela, elles ont besoin de main-d’œuvre spécialisée hautement qualifiée. Quand elles ne trouvent pas la main-d’œuvre nécessaire en Suisse, il est important qu’elles puissent recruter rapidement des spécialistes hautement qualifiés à l’étranger. La présente brochure donne la parole aux entreprises et à leurs collaborateurs. Ils nous disent pourquoi l’immigration est décisive pour eux. Cette publication paraît en allemand, en français et en italien. Gestion du projet et rédaction : Mirjam Matti Gähwiler, Oliver Steimann, economiesuisse Composition et production : Wernlis, grafische Gestalter, Zurich et Bâle Photos : Dan Cermak, Zurich Impression : DAZ Druckerei Albisrieden AG, Zurich Édition : novembre 2012 © economiesuisse Nous remercions les entreprises ci-après qui ont accepté de se prêter à une séance photo : Brasserie Lipp, Genève, www. brasserielipp.ch ; Zimmer S.à.r.l., Winterthur, www.zimmer.com ; Klinik Hirslanden, Zurich, www.hirslanden.ch ; Alain Pittet, agriculteur, Peyres-Possens ; Weidmann Unternehmungen (Schweiz), Rapperswil, www.wicor.ch ; Christ & Gantenbein, Bâle, www.christgantenbein.com ; Roche Holding AG, Bâle, www.roche.com ; Dacuda AG, Zurich, www.dacuda.com immigration : pourquoi la suisse en a besoin 16 questions sur la politique d’immigration L’économie s’engage pour une politique d’immigration constructive : brochure réalisée conjointement par l’Union patronale suisse et economiesuisse 2 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin page 4 page 23 page 25 Pourquoi la Suisse est-elle une terre d’immigration ? Les immigrés sont-ils bien intégrés en Suisse ? La criminalité des étrangers augmente-t-elle ? page 6 Comment l’immigration évolue-t-elle ? page 42 Quelle est la proportion de requérants d’asile parmi les immigrés ? page 8 Comment l’immigration est-elle réglée aujourd’hui ? page 44 page 10 Qui immigre en Suisse ? Quel est le lien entre l’immigration, le mitage du territoire et la pénurie de logements ? page 46 Nos infrastructures de transport peuvent-elles suivre le rythme de la croissance démo­graphique ? page 12 Quel est l’impact de l’immigration sur le marché du travail ? page 48 page 14 Qu’entend-on par mesures d’accompagnement ? L’immigration aggravet-elle les problèmes énergétiques et environnementaux ? page 17 Pourquoi la Suisse a-t-elle besoin d’autant de main-d’œuvre étrangère ? page 50 Faut-il augmenter la charge fiscale pour freiner l’immigration ? page 19 page 52 L’immigration nuit-elle à nos assurances sociales ? Quelles sont les échéances politiques à venir ? page 56 Conclusion 3 Le thème de l’immigration fait couler beaucoup d’encre « Les Suisses sont évincés par des travailleurs étrangers. » « Les immigrés sont responsables de la hausse des loyers. » « Toujours plus d’étrangers profitent de nos assurances sociales. » Dans les débats sur l’immigration, on entend régulièrement des déclarations de ce type. Mais qu’en est-il réellement ? Quel est le visage de ­l ’immigration en Suisse ? Et pourquoi les nombreux travailleurs ­étrangers sont-ils aussi importants pour l’économie suisse ? En nous appuyant sur seize questions, nous nous efforçons, dans cette brochure, ­de présenter les chiffres clés et les conséquences principales de ­l ’immigration pour l’économie. Notre économie a besoin de l’immigration. Sans l’immigration, elle ne pourrait croître. Les immigrés contribuent à maintenir la prospérité de la Suisse et à créer des emplois. L’expérience de ces dernières ­années montre que, grâce à notre compétitivité, nous résistons mieux aux crises économiques et pouvons les surmonter plus rapidement que d’autres pays européens. L’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE constitue un élément central de la compétitivité de la Suisse. Il faut se garder d’ignorer les effets négatifs de l’immigration et de la croissance démographique. Des solutions constructives et pragmatiques sont nécessaires dans les différents domaines. Un arrêt total de l’immigration ou son pilotage par des instances politiques ne sont toutefois pas des options. Ces choix créeraient au contraire de nouveaux problèmes. N’étant pas compatibles avec l’accord sur la libre circu­ lation des personnes conclu avec l’UE, ils mettraient en péril l’ensemble des accords bilatéraux I. Choisir une stratégie ayant de telles conséquences ne serait pas porteur et ne résoudrait pas les problèmes. Union patronale suisse economiesuisse 4 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Pourquoi la Suisse est-elle une terre d’immigration ? Lorsque les ­entreprises ne trouvent pas suffisamment de main-d’œuvre en Suisse, elles se tournent vers l’étranger. L’économie a besoin de main-d’œuvre étrangère La Suisse est une terre d’immigration, déjà depuis la fin du XIX e siècle. L’immigration a changé de visage au fil du temps, mais ses fondements sont toujours restés les mêmes : elle intervient lorsque l’économie a besoin de main-d’œuvre et qu’elle n’en trouve pas suffisamment sur le territoire suisse. À l’inverse, lorsque les entreprises embauchent moins et que le chômage augmente, l’immigration diminue, même si elle le fait parfois avec un décalage dans le temps. La crise économique européenne rend la Suisse très attrayante comme pays d’émigration L’immigration de main-d’œuvre étrangère en Suisse et son ampleur dépendent également de la situation sur le marché du travail du pays d’origine des migrants. Sous l’effet de la crise économique que traverse actuellement l’Europe et qui touche particulièrement durement les pays du sud de l’Europe, la Suisse est devenue encore plus attrayante pour les travailleurs grecs, italiens et espagnols désireux d’émigrer. Cependant, ce sont les Allemands qui constituent le groupe le plus important de migrants en Suisse. Les travailleurs sont attirés par des salaires plus élevés, des impôts inférieurs et une qualité de vie meilleure que dans leur pays. Sans l’immigration, la population diminuerait La croissance économique n’est pas la seule raison qui pousse les entreprises suisses à recourir à la main-d’œuvre étrangère. Les évolutions sociales y contribuent aussi. Depuis les années 1970, le taux de natalité reste à un faible niveau. Et rien n’indique que cette situation va changer à court terme. En 2010, on comptait 1,54 enfant par femme en moyenne en Suisse. Afin de garantir le renouvellement de la population à long terme, ce chiffre doit être supérieur à 2. Sans l’immigration, la population diminuerait d’un quart d’une génération à l’autre. Comme la relève se raréfie, le marché du travail est déjà confronté à une hausse constante de la part des travailleurs de plus de 50 ans. 5 L’immigration est le ­remède le plus efficace contre le vieillissement de la population. Pyramide des âges de la population suisse 1900 et 2011, en milliers de personnes Âge 100 90 80 70 60 50 40 30 20 Hans Hess, Président de swissmem 10 70 60 50 40 30 20 10 Hommes 2011 Hommes 1900 0 10 20 30 40 50 60 70 Femmes 2011 Femmes 1900 s Comme la relève se raréfie, le marché du travail est déjà confronté à une hausse constante de la part des travailleurs de plus de 50 ans. Source : ODM L’innovation est le moteur de l’économie suisse. Elle nécessite une main-d’œuvre spécialisée hautement qualifiée en provenance de Suisse et de l’étranger. 1 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 1 « La Suisse, terre d’immigration ». www.politique-immigration.ch 6 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Comment l’immigration évoluet-elle ? Pendant les phases d’essor ­économique, elle augmente. En cas de ralentissement de l’économie, elle diminue. La demande de l’économie est décisive Quand l’économie est en phase d’expansion, la demande de main-d’œuvre augmente. Si les entreprises helvétiques ne trouvent pas des travailleurs en nombre suffisant en Suisse, elles cherchent les compétences nécessaires à l’étranger. L’évolution à long terme montre que l’immigration augmente dans les phases d’essor ­économique et, à l’inverse, qu’elle diminue dans les creux conjoncturels. Immigration et émigration d’Étrangers Parmi la population résidente permanente de Suisse, 1947 à 2011, en milliers de personnes 1992–1999 Crise immobilière et fléchissement de la croissance 1974 Premier choc pétrolier 2009 Crise financière 180 200 150 160 100 140 50 120 0 100 –50 80 –100 60 –150 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 Échelle de gauche (personnes) Immigration Solde migratoire 2006 2010 2011 40 Échelle de droite (croissance) Émigration PIB indexé (1974 = 100) s En phase d’essor économique, l’immigration augmente aussi. Source : OFS (données pour 2011 : ODM) L’immigration a renforcé la croissance démographique L’immigration contribue à maintenir l’essor économique de la Suisse. Cela se traduit entre autres par la création d’emplois qui, au besoin, seront pourvus par des travailleurs étrangers. En conséquence, la population augmente. À l’heure actuelle, le nombre d’immigrés 7 est supérieur à celui des émigrés de 70 000 personnes par an environ, soit approximativement la population de la ville de St-Gall. Aujourd’hui, la population suisse compte plus de 8 millions d’habitants. La proportion d’étrangers est, quant à elle, passée à 22,8 %. Les évolutions récentes ont provoqué un grand débat sur la croissance démographique qu’un petit pays comme la Suisse peut supporter. L’immigration suit l’évolution économique. Évolution de la population résidente permanente en Suisse 1950 à 2011, en millions de personnes 9 8 7 6 5 GIANNI D’AMATO, DIRECTEUR 4 DU FORUM SUISSE POUR L’ÉTUDE DES MIGRATIONS ET DE LA POPULATION 3 2 1 1951 1957 Étrangers 1963 1969 1975 1981 1987 1993 1999 2005 2011 Suisses s Pendant l’été 2012, la population suisse a franchi le seuil des 8 millions d’habitants, la proportion d’étrangers est, quant à elle, passée à 22,8 %. Source : OFS La législation a su s’adapter aux restructurations de l’économie et les flux migratoires réagissent à un changement du contexte. Différences d’une région à l’autre La croissance démographique varie fortement d’une région à l’autre. Certaines régions des cantons de Zurich, Vaud et Valais ont connu un véritable boom ces dix dernières années (croissance de 20 % et plus), alors que d’autres régions se dépeuplent. Il s’agit avant tout de vallées plutôt reculées disposant de peu d’infrastructures comme les vallées de Conches, de Surselva, le Toggenburg ou le Val-de-Travers. Certaines régions de Suisse sont confrontées à une pénurie de logements et à des goulets d’étranglement dans le domaine des infrastructures, quand d’autres seraient heureuses d’accueillir de nouveaux habitants. 1 3 Pour plus d’informations sur ce thème, voir les fiches d’information 1 « La Suisse, terre d’immigration » et 3 « Impact de la libre circulation des personnes sur l’immigration ». www.politique-immigration.ch 8 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Comment l’immigration est-elle ­réglée aujourd’hui ? Toute personne qui souhaite vivre en Suisse doit pouvoir subvenir à ses besoins et être assurée correctement. Un système d’admission dual L’admission d’étrangers sur le marché du travail suisse obéit à un système dual avec, d’une part, la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE et, d’autre part, l’admission d’un nombre limité de spécialistes hautement qualifiés en provenance de pays non membres de l’UE / AELE (États tiers) et de leur famille. Accord de libre circulation des personnes Admission prioritaire (travailleurs qualifiés et non qualifiés) Loi sur les étrangers / contingents Admissions complémentaires (travailleurs qualifiés) États de l’UE/AELE États tiers s L’admission d’étrangers sur le marché du travail suisse obéit à un système dual. Source : economiesuisse La libre circulation n’autorise pas une immigration de masse illimitée L’accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE de 2002 permet aux ressortissants de l’UE de vivre et de travailler en Suisse. Cela vaut aussi pour les citoyens suisses dans l’espace de l’UE. Pour s’installer en Suisse, les immigrés doivent satisfaire la condition suivante : posséder un contrat de travail valable ou exercer une activité lucrative indépendante. Les personnes sans activité lucrative doivent justifier de moyens financiers suffisants et être dûment assurées contre la maladie afin de ne pas être en situation de devoir recourir à l’aide sociale. Ces conditions montrent que la libre circulation des personnes ne s’applique ni aux chômeurs ni aux bénéficiaires de l’aide sociale. Les chômeurs européens sont libres de chercher un emploi en Suisse durant trois mois (reconduction de trois mois possible), mais n’ont pas, pour cette période, droit aux allocations de chômage ni aux prestations d’aide sociale. 9 La libre circulation des personnes est un des sept accords bilatéraux I. Ces derniers ont été négociés en bloc et sont juridiquement liés entre eux par une clause dite guillotine. Cela signifie que, dans l’éventualité où un accord était résilié, les six autres disparaîtraient automatiquement. La résiliation de la libre circulation des personnes implique celle de l’ensemble des accords bilatéraux I conclus avec l’UE. Des travailleurs hautement qualifiés ­ riginaires d’États tiers o Les entreprises suisses qui ne trouvent pas la maind’œuvre adéquate en Suisse ou dans l’espace de l’UE peuvent embaucher des travailleurs d’États tiers comme l’Inde ou les États-Unis. Les entreprises à ­vocation internationale et les centres de recherche peuvent également embaucher des cadres dirigeants et des spécialistes hautement qualifiés dans des États tiers, sans être contraints d’appliquer la priorité aux travailleurs nationaux et de l’UE. L’immigration en provenance d’États tiers est limitée par des contingents. Le Conseil fédéral fixe chaque année la hauteur de ceuxci. Ce système permet de garantir que les seuls travailleurs extra-européens pouvant être embauchés sont des spécialistes hautement qualifiés. Mario Gattiker, directeur de l’odm Le système d’admission dual a fait ses preuves et doit être maintenu. Réduire les contingents des États tiers pour compenser la hausse de l’immigration n’est pas une option. Pour les entreprises suisses à vocation internationale, il est de la plus haute importance de pouvoir recruter des travailleurs qualifiés également dans des États non membres de l’UE et de l’AELE. Les contingents sont déjà si bas qu’une nouvelle diminution représenterait un défi insurmontable pour de nombreuses entreprises. REGROUPEMENT FAMILIAL Les travailleurs peuvent, sous certaines conditions, faire venir leur famille en Suisse. Le droit au regroupement familial hors contingent s’applique aussi aux travailleurs qui ont immigré au cours des décennies précédentes. Quelque 43 572 personnes bénéficient du regroupement familial chaque année, dont 21 786 ressortissants d’États tiers. 2 4 Pour plus d’informations sur ce thème, voir les fiches d’information 2 « Situation juridique en matière de libre circulation des personnes » et 4 « Contingents de travailleurs en provenance de pays tiers ». www.politique-immigration.ch. 10 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Qui immigre en Suisse ? La libre ­circulation des personnes avec l’UE a changé la donne : aujourd’hui, la majorité des immigrés sont des travailleurs hautement qualifiés. L’immigration a augmenté avec l’accord sur la libre circulation des personnes Avant 2002, les immigrés venaient avant tout d’États extra-européens. Depuis l’introduction de la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE, en juin 2002, l’origine et le nombre des immigrés ont passablement changé. Si, autrefois, l’immigration (nette) se montait à 26 000 personnes, elle atteint, aujourd’hui, 62 300 personnes par an. Près de 60 % des immigrés sont originaires de l’UE et de l’AELE. Les principales communautés d’immigrés sont formées d’Italiens, d’Allemands, de Portugais et de Français. Solde migratoire international de la population résidente permanente 1991 à 2010 Avant ALCP Phase de transition ALCP intégral 80000 70000 UE-27/AELE 60000 50000 40000 États tiers (hors UE-27/AELE) 30000 20000 10000 0 –10000 –20000 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 s Aujourd’hui, 60 % des immigrés sont originaires de l’UE / AELE. Source : OFS La plupart des immigrés actuels sont hautement qualifiés Les personnes qui immigrent en Suisse aujourd’hui ont un autre bagage que les générations précédentes de migrants. Déjà dans les années 1990, le niveau de qualification des immigrés n’a cessé d’augmenter. Avant 1994, un immigré sur deux n’avait pas de formation 11 professionnelle et moins d’un immigré sur cinq était allé à l’université ou dans une haute école. La ­situation a radicalement changé : 83 % des étrangers arrivés en Suisse entre juin 2002 et mai 2010 exerçant une activité lucrative ont au moins décroché un diplôme du niveau secondaire II (formation professionnelle, maturité). 51 % d’entre eux possèdent un diplôme de niveau tertiaire (formation professionnelle supérieure, haute école). La loi sur les étrangers n’autorise que l’immigration des travailleurs les mieux formés en provenance d’États non membres de l’UE et de l’AELE. Le niveau de formation des immigrés a ­augmenté depuis l’introduction de la libre circulation des personnes. NIVEAU DE FORMATION DES ÉTRANGERS ACTIFS PARMI LA POPULATION PERMANENTE 2 e trimestre 2011, par pays de provenance et par périodes d’arrivée en Suisse, en termes relatifs Avant l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes 71 % degré secondaire II (formation professionnelle, maturité) 29% qualifications faibles dont 38 % degré tertiaire (université, HES) Depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes 83 % degré secondaire II (formation professionnelle, maturité) 17% qualifications faibles ERIC scheidegger, CHEF DE LA DIRECTION DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE, SECO Plus de la moitié des immigrés en provenance de l’UE sont des spécialistes possédant un diplôme de niveau tertiaire. dont 51 % degré tertiaire (université, HES) s 83 % des immigrés actuels ont au moins décroché un diplôme du niveau secondaire II (formation professionnelle, maturité). Source : OFS / ESPA, 2011 3 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 3 « Impact de la libre circulation des personnes sur l’immigration ». www.politique-immigration.ch. 12 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Quel est l’impact de l’immigration sur le marché du travail ? La libre ­circulation des personnes a induit la création de nombreux emplois. Le chômage est plus bas que dans les pays de l’UE. La libre circulation des personnes crée des emplois Après une période de faible croissance économique dans les années 1990, la Suisse a enregistré un taux d’expansion élevé en comparaison internationale ces dix dernières années et supérieur à celui de la zone euro depuis 2004. La libre circulation des personnes a largement contribué à cette croissance. Cette situation économique favorable a permis de créer 500 000 emplois en Suisse au cours des dix dernières années. Entre 2003 et 2009, la population active a augmenté de quelque 317 000 personnes, dont plus de la moitié sont originaires de Suisse et de l’UE-15/AELE. Rien n’indique que les travailleurs suisses sont évincés par des travailleurs étrangers. Il n’en va pas de même de la main-d’œuvre peu qualifiée originaire d’États non membres de l’UE résidant en Suisse depuis longtemps : depuis l’introduction de la libre circulation des personnes, elle a parfois été remplacée par des personnes mieux formées originaires de l’UE. Faible taux de chômage En comparaison européenne, la Suisse affiche l’un des plus faibles taux de chômage. Il n’atteint pas la moitié de la moyenne dans les pays de l’UE. En 2011, la Suisse a enregistré un taux de chômage moyen de 2,8 %. Et, malgré un contexte économique difficile, il ne devrait augmenter que légèrement cette année. Il est donc injustifié de craindre que la Suisse attire principalement des personnes peu qualifiées de pays connaissant un taux de chômage supérieur à la moyenne. Notre marché du travail est attrayant avant tout pour des travailleurs possédant une bonne formation, et plus particulièrement pour les Allemands. Les salaires moyens ont augmenté Pendant les dix années qui ont suivi l’introduction de la libre circulation des personnes (2002 – 2011), les salaires réels (pouvoir d’achat effectif des salariés) suisses ont progressé de 0,6 % en moyenne, une hausse plus forte que celle enregistrée pendant la décennie précédente (0,2 % par an). 13 Évolution des salaires réels En % GEORGE SHELDON, INSTITUT DE RECHERCHE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL ET L’ÉCONOMIE INDUSTRIELLE Entrée en vigueur de la libre circulation des personnes Les salaires des Suisses n’ont pas pâti de la libre circulation des personnes. 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0 – 0,5 –1,0 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 s Pendant les dix années qui ont suivi l’introduction de la libre circulation des personnes, les salaires réels suisses ont progressé de 0,6 % en moyenne, une hausse plus forte que celle enregistrée pendant la décennie précédente. Source : OFS (2012), Indice suisse des salaires (ISS) La hausse des salaires n’a pas seulement profité à une élite : entre 2002 et 2011, les salaires des travailleurs faiblement qualifiés ont enregistré une progression supérieure à la moyenne dans plusieurs branches d’activités. Il existe toutefois des contre-exemples, principalement dans les régions avec un fort taux de frontaliers. On y observe un tassement des salaires dans différentes branches. Selon les indications du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le recours à de la main-d’œuvre non qualifiée a fortement augmenté, surtout parmi les frontaliers de l’arc lémanique, du Tessin et de l’arc jurassien. Dans le cadre des mesures d’accompagnement (cf. page 14), le contrôle des conditions de travail sera renforcé. Une éviction des ­travailleurs suisses par des immigrés n’a pas pu être prouvée. 3 5 Pour plus d’informations sur ce thème, voir les fiches d’information 3 « Impact de la libre circulation des personnes sur l’immigration » et 5 « Croissance et marché du travail ». www.politique-immigration.ch. 14 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Qu’entend-on par mesures ­d’accompagnement ? L’immigration ne doit pas détériorer les conditions salariales et de travail. Des dispositions légales y veillent. Protection contre le dumping salarial Valentin Vogt, Président DE L’Union patronale suisse Nous soutenons les mesures d’accompagnement, car nous ne voulons pas de dumping salarial en Suisse. Les mesures d’accompagnement pour la libre circula­ tion des personnes sont entrées en vigueur le 1er juin 2004 pour protéger les travailleurs contre des conditions de travail et de salaire inférieures à celles en vigueur en Suisse. Les conditions minimales de travail en vigueur en Suisse (rémunération, durée du travail et du repos, vacances, sécurité au travail, etc.) doivent être garanties aux travailleurs étrangers qui fournis­ sent une prestation en Suisse sur mandat d’une entreprise de l’UE. Le respect de ces prescriptions fait l’objet de contrôles. Les entreprises qui ne respectent pas les règles se voient infliger une amende. Dans les cas graves, des employeurs étrangers peuvent être exclus du marché suisse pour une durée de un à cinq ans. LES CONTRÔLES SONT EFFICACES Le Secrétariat d’État à l’économie (seco) publie chaque année un rapport sur l’application des mesures d’accompagnement. Les rapports montrent que, dans l’ensemble, ces mesures fonctionnent bien et constituent un instrument efficace pour contrôler et faire appliquer les conditions de travail et de salaire suisses. Le nombre de contrôles n’a cessé d’augmenter depuis 2005. À cet égard, il faut noter que les contrôles ont généralement lieu lorsqu’il existe un soupçon d’abus – surtout dans les branches réputées sensibles à cet 15 égard. Cette approche ciblée permet de mettre au jour proportionnellement plus d’infractions que des contrôles effectués sur des échantillons statistiques. contrôle des entreprises et des travailleurs 2011 20000 18246 15000 14451 10000 5000 2009 2010 2011 Entreprises étrangères 2009 2010 2011 Entreprises suisses 100000 99160 80000 97 209 60000 40000 35300 20000 2009 2010 2011 Travailleurs étrangers 2009 2010 2011 Travailleurs suisses s Des contrôles ciblés permettent de mettre au jour proportionnellement plus d’infractions que des contrôles effectués sur des échantillons statistiques. Source : SECO, economiesuisse Le problème de l’indépendance fictive Le nombre de personnes exerçant une activité lucrative indépendante soumises à l’obligation de s’annoncer a fortement augmenté : de 5471 en 2005, il est passé à 20 921 en 2011. À noter cependant qu’il s’agit de missions de relativement courte durée qui représentent une faible proportion des emplois sur le marché du travail. La plupart des indépendants soumis à l’obligation de s’annoncer travaillent dans le second œuvre Les mesures d’ac­compagnement protègent les conditions salariales et de travail en Suisse. 16 de la construction et représentent seulement 0,42 % des emplois sur le marché du travail suisse. Bien que le volume d’activité concerné soit relativement faible, la simulation abusive de prestations indépendantes (indépendance fictive) est perçue comme problématique dans certaines branches et régions. Une indépendance peut être simulée afin de contourner les dispositions sur les salaires minimaux, celles-ci ne s’appliquant pas aux indépendants. Dans une situation d’indépendance fictive, les personnes concernées ne bénéficient pas de la protection garantie en vertu du droit du travail et du droit des assurances sociales. Le 15 juin 2012, le Parlement a approuvé des adaptations des mesures d’accompagnement qui prendront effet le 1er janvier 2013. Les nouvelles dispositions permettent d’identifier plus facilement les cas d’indépendance fictive et de les sanctionner plus sévèrement, raison pour laquelle le Parlement a introduit de nouvelles mesures de contrôle et sanctions. Application rigoureuse des mesures d’accompagnement mais pas de développement Du point de vue de l’économie, les mesures d’accompagnement sont dans l’ensemble efficaces. Cependant, il faut qu’elles continuent d’être appliquées avec rigueur. Des améliorations ponctuelles se justifient dès lors qu’il s’agit d’empêcher la sous-enchère sociale et salariale et de sanctionner les moutons noirs parmi les employeurs. Cela étant, il est primordial de ne jamais perdre de vue la finalité des mesures d’accompagnement. Cellesci ont uniquement pour but de lutter contre les abus et non de réglementer davantage le marché du travail. 6 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 6 « Mesures d’accompagnement ». www.politique-immigration.ch. immigration : pourquoi l a suisse en a besoin 17 Pourquoi la Suisse a-t-elle besoin d’autant de main-d’œuvre étrangère ? Dans de nombreux domaines, NOUS NE POUVONS PAS FORMER ASSEZ DE SPÉCIALISTES pour couvrir les besoins de l’économie. La pénurie nous coûte cher En Suisse, de nombreuses branches d’activité sont confrontées, depuis des années déjà, à une pénurie de main-d’œuvre. Autrement dit, pour des qualifications professionnelles données, le nombre d’emplois à pourvoir est supérieur à celui des personnes à la recherche d’un emploi. Une situation qui complique le recrutement de main-d’œuvre par les entreprises. Dans le pire des cas, une entreprise peut être amenée à devoir refuser des commandes, faute de personnel. Les professions MINT, un secteur qui cristallise les problèmes La pénurie de main-d’œuvre est particulièrement marquée dans les professions MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles, technique). D’après une étude, il manquait plus de 14 000 spécialistes MINT en Suisse en mars 2009. En conséquence, des contrats pour un montant total de plus de deux milliards de francs n’ont pas pu être honorés. L’évolution économique est en partie responsable de cette pénurie de main-d’œuvre dans quantités de métiers techniques : de nombreuses branches, comme la construction, la technique médicale ou les télécommunications, ont enregistré une forte croissance ces dernières années en Suisse. Cependant, la pénurie résulte également de la faible proportion de jeunes Suisses qui choisissent une formation MINT. Bernard Rüeger, Directeur de rüeger s.A. Pour l’industrie suisse de précision, la libre circulation est indispensable pour élargir l’offre trop restreinte d’ingénieurs spécialisés en Suisse. 18 Si l’économie ne peut recruter à l’étranger la main-d’œuvre qu’elle ne trouve pas en Suisse, elle ne peut pas croître. Recruter à l’étranger est inévitable De gros efforts sont déployés pour accroître l’attrait des formations et des professions MINT aux yeux des jeunes en Suisse. Cela vaut également pour d’autres branches confrontées à une pénurie de main-d’œuvre, comme la santé. Ces mesures ne déploieront pas leurs effets immédiatement. Et même si elles sont efficaces, la main-d’œuvre restera insuffisante. Les entreprises suisses doivent pouvoir embaucher des spécialistes étrangers. En raison des exigences linguistiques, la majorité des ingénieurs embauchés viennent d’Allemagne et de France. pénurie de spécialistes mint Mars 2009 Informatique Domaine MINT informatique Génie électrique 3 688 3 688 1 085 Génie mécanique 930 Microtechnique 862 Ingénierie de gestion Autres domaines de l’ingénierie 185 1 287 Domaine MINT technique 4 348 MINT sous-total 8 036 Génie civil Planification et mesures Architecture Domaine MINT construction 2 879 508 784 4 172 Chimie et génie des procédés 94 Biotechnologie et sciences de la vie 374 Technologie pharmaceutique et médicale 530 Domaine MINT chimie et sciences de la vie Géographie 998 –15 Sciences exactes 191 Autres MINT 691 Domaine MINT autres MINT total 882 14 088 s Il manquait quelque 14 000 spécialistes MINT en Suisse au printemps 2009. Source : Ingenieurmangel in der Schweiz und im Kanton Graubünden. Ausmass, Ursachen und Auswirkungen. Schlussbericht, Matthias Gehrig, Tobias Fritschi 2008 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin 19 L’immigration nuit-elle à nos assurances sociales ? Au contraire, le nombre d’assurés qui paient des cotisations a augmenté grâce à l’immigration. Il reste donc plus de temps pour assainir l’AVS. Les immigrés paient davantage de cotisations qu’ils ne sollicitent de prestations Personne ne peut immigrer en Suisse uniquement pour profiter des assurances sociales. Seules les personnes qui ont cotisé aux assurances sociales peuvent faire valoir un droit à des prestations. Que ce soit dans l’AVS ou l’AI, le montant de la rente dépend de la durée de cotisation et du montant du salaire. Si un assuré n’a cotisé que quelques années, la rente est modeste. Un grand nombre des immigrés de l’UE sont hautement qualifiés et ont des salaires en rapport. L’AVS en profite puisque les cotisations sont calculées sur le revenu total et que les rentes sont plafonnées. Autrement dit, les hauts salaires subventionnent l’AVS. cotisations et prestations du 1er pilier Pour les ressortissants du l’UE / AELE, 2010, en % 25 20 15 22% des cotisations 15% des prestations 10 5 Cotisations en faveur du 1er pilier Prestations du 1er pilier s En 2010, les ressortissants de l’UE / AELE ont payé 22 % des cotisations en faveur de ces assurances sociales et n’ont reçu que de 15 % de l’ensemble des prestations versées. Source : OFAS (tous les revenus soumis à cotisation sont pris en compte), economiesuisse L’immigration vise le marché du travail ­ et non les assurances sociales. 20 RépartitION DES COTISATIONS ET DES RENTES ASV / AI Par groupes de nationalités, en % 100 90 82% 80 70 71,5% 60 50 40 30 22% 20 15,7% 10 6,5% Suisses UE/AELE Cotisations AVS/AI Rentes AVS/AI 2,3% États tiers s Les immigrés cofinancent les prestations versées aux Suissesses et aux Suisses. Source : OFAS (tous les revenus soumis à cotisation sont pris en compte), economiesuisse Jürg Krummenacher, RESPONSABLE DE LA FILIÈRE INTERDISCIPLINAIRE SÉCURITÉ DE LA SOCIÉTÉ ET ASSURANCES SOCIALES L’immigration est une aubaine pour l’AVS. Si cette assurance n’est pas dans les chiffres rouges, elle le doit avant tout à l’immigration. Un répit pour l’assainissement de la prévoyance vieillesse Entre 1990 et 2010, la Suisse a enregistré une immigration nette de 38 000 personnes par an en moyenne, sachant que le phénomène s’est nettement amplifié ces dernières années. Cette tendance a des conséquences positives pour le financement de l’AVS. Les scénarios montrent que le rapport entre les cotisants et les bénéficiaires de rentes AVS s’améliore tout comme le résultat des activités d’assurance (résultat de répartition). Si le solde migratoire avait été de 30 000 personnes, on peut estimer que, en 2012 déjà, les recettes du fonds de compensation de l’AVS n’auraient plus permis de couvrir le déficit entre les cotisations et les rentes versées. S’il avait été de 50 000 personnes, cette situation se présenterait en 2020 seulement. Ce qui laisserait à la Suisse suffisamment de temps pour procéder à l’assainissement urgent et nécessaire de l’AVS. 21 résultat de répartition de l’avs En millions de francs 3000 Résultat de répartition effectif 2000 1000 0 –1000 Résultat de répartition sans flux migratoires (simulation) –2000 –3000 –4000 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2011 s L’immigration nette a des effets positifs sur le financement de l’AVS. Sans elle, le résultat de répartition aurait été moins bon et la différence se chiffre en milliards de francs . Source : OFAS, 2011 Indemnités de chômage uniquement pour ceux qui ont cotisé à l’AC Afin de pouvoir toucher des indemnités de l’assurance chômage (AC), il faut avoir travaillé et payé des cotisations AC en Suisse ou dans un pays de l’UE pendant au moins douze mois sur une période de deux ans. Quelqu’un qui prendrait un emploi et le quitterait peu après uniquement pour toucher des indemnités de chômage se rendrait coupable d’abus de droit. L’assurance chômage vérifie scrupuleusement si une personne assurée est disposée à chercher du travail et à reprendre une activité. Une attitude jugée trop passive ou la volonté manifeste de faire capoter une embauche peut entraîner une réduction des prestations AC, leur suppression voire le retrait du permis de séjour. Les services de l’assurance chômage examinent minutieusement chaque dossier afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’abus ou de comportement inadéquat. Les expériences faites jusqu’ici avec l’accord sur la libre circulation des personnes montrent que, ces derniers temps, la Suisse a surtout attiré des personnes actives relativement jeunes au niveau de qualification élevé ou très élevé, pour lesquelles le risque de tomber au chômage est plus faible que pour les immigrants moins qualifiés qui venaient en Suisse précédemment. La libre circulation des personnes ne surcharge nullement l’AI Malgré l’introduction de la libre circulation des personnes, le nombre total des rentiers AI ne cesse de diminuer depuis 2006, une baisse qui s’observe aujourd’hui dans tous les groupes de nationalités. Le recul est le plus marqué parmi les ressortissants de l’UE / AELE qui profitent de la libre circulation des personnes. Chez les migrants venant d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni, par exemple, le taux de nouvelles rentes AI est nettement inférieur à la moyenne suisse. 22 Évolution annuelle du nombre de rentes AI Par groupes de nationalités, en % 20 15 10 5 0 -5 1999–2000 Suisses 2001–2002 UE-27/AELE 2003–2004 2005–2006 2007–2008 2009–2010* États tiers s Malgré l’introduction de la libre circulation des personnes, le nombre total de bénéficiaires de rentes AI ne cesse de diminuer depuis 2006, une baisse qui s’observe dans tous les groupes de nationalités. * En raison d’une harmonisation des registres, il n’est pas possible de comparer directement les données de 2009 et suivantes avec celles de recensements antérieurs. La tendance reste néanmoins claire : il apparaît nettement que, pour 2011–2012 également, la tendance est à la baisse dans les trois groupes. Source : OFAS 7 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 7 « Conséquences sur les assurances sociales ». www.politique-immigration.ch. immigration : pourquoi l a suisse en a besoin 23 Les immigrés sont-ils bien intégrés en Suisse ? La Suisse est exemplaire en matière d’intégration, mais des amélio‑ rations sont nécessaires. L’intégration doit pouvoir être mesurée Les bases de la politique d’intégration de la Suisse sont inscrites dans la loi sur les étrangers. On attend des immigrés qu’ils respectent la Constitution, ne perturbent pas la sécurité ni l’ordre publics, qu’ils participent à la vie économique, qu’ils se perfectionnent et qu’ils apprennent au moins l’une des quatre langues nationales. Les cantons sont responsables de leur intégration. Le Conseil fédéral et le Parlement souhaitent maintenant améliorer la législation ; les premières négociations en vue d’une révision de la loi devraient commencer dès l’an prochain. Le Conseil fédéral souhaite notamment pouvoir mieux mesurer le degré d’intégration des immigrés en Suisse. De la sorte, seules les personnes désireuses de bien s’intégrer recevraient une autorisation de séjour durable. Dans cette perspective, les cantons peuvent déjà conclure des accords avec les immigrés d’États tiers et les obliger à participer à des cours de langue ou d’intégration, par exemple. La Suisse est bien notée Aucun autre pays industrialisé occidental ou presque n’affiche une proportion aussi élevée d’étrangers que la Suisse. Fin 2011, ils représentaient 22,3 % de la population totale. Comme l’atteste un rapport de l’OCDE de février 2012, leur intégration suscite nettement moins de problèmes que dans d’autres pays comparables. Le rapport indique que l’intégration en Suisse fonctionne assez bien dans l’ensemble. Sur le marché du travail, les immigrés jouissent d’une meilleure situation en Suisse que dans d’autres pays. C’est une prouesse dont la Suisse peut être fière. Accès au marché du travail entravé pour les femmes étrangères Les statistiques relatives au marché du travail attestent le taux d’intégration élevé. Plus de 70 % des adultes étrangers domiciliés en Suisse exercent une activité lucrative. Seule la part des femmes est inférieure à la moyenne européenne. Les femmes d’origine étrangère avec de petits enfants ont souvent plus de mal qu’ailleurs à s’imposer sur le marché du travail. L’OCDE évoque deux raisons à cela : d’une part, le manque de places d’accueil pour la petite enfance et, d’autre part, le fait que de nombreux hommes dissuadent leur femme de travailler pour des raisons culturelles. 24 Christof Meier, Responsable de la Promotion de l’intégration à la ville de Zurich Quatre habitants de la ville de Zurich sur dix sont nés à l’étranger. Cette ville se caractérise aussi par une qualité de vie supérieure à la moyenne. Est-ce dû au hasard ? Part de la population résidente permanente étrangère En % 25 20 15 10 5 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 s Aucun autre pays industrialisé occidental ou presque n’affiche une proportion aussi élevée d’étrangers au sein de sa population résidente que la Suisse. Source : PETRA, ESPOP, OFS Le cas particulier des « expats » Plus de 70 % des adultes étrangers domiciliés en Suisse exercent une ­activité lucrative. 8 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 8 « Intégration, criminalité et politique d’asile ». www.politique-immigration.ch. Les avis divergent en ce qui concerne l’attitude à adopter face aux expatriés ou « expats », comme on les appelle couramment. Il s’agit des nombreux migrants hautement qualifiés et bien rémunérés qui viennent en Suisse avec leur famille pour quelques années avant de repartir vers d’autres horizons. Exiger de ces nomades modernes le même degré d’intégration que des personnes qui souhaitent s’installer durablement en Suisse n’a pas beaucoup de sens. Néanmoins, il est juste de chercher à éviter la formation de sociétés parallèles. À cet égard, il faut prendre en considération les nombreux employeurs qui déploient déjà de grands efforts pour bien intégrer leurs collaborateurs étrangers. Des contraintes étatiques seraient en ce sens inopportunes. immigration : pourquoi l a suisse en a besoin 25 La criminalité des étrangers ­augmente-t-elle ? Oui, mais la hausse est surtout imputable au « tourisme du crime ». Pas de hausse marquée des délits Les titres-chocs des médias véhiculent régulièrement l’impression que la sécurité publique est menacée en Suisse à cause de l’immigration. Les chiffres officiels montrent une toute autre image. En 2011, le nombre des délits a certes augmenté de 6,1 % à 559 877 à l’échelle nationale, mais le nombre d’auteurs d’infractions parmi la population résidente permanente a fortement reculé toutes nationalités confondues. Augmentation de la criminalité transfrontière L’augmentation des crimes perpétrés par des personnes non domiciliées en Suisse est une autre facette de cette évolution négative. En 2011, le nombre de dé­linquants de cette catégorie a augmenté de 998 personnes par rapport à l’année précédente. Le « tourisme du crime » n’a rien à voir avec la politique ­d’immigration. Le seul moyen de remédier à cette situation est de renforcer la collaboration policière transfrontalière. Philippe Leuba, Conseiller d’État, VAUD, Chef du Département de l’économie et du sport Pour endiguer la criminalité imputable aux étrangers non résidents, il est indispensable que des efforts sécuritaires supplémentaires soient consentis par les collectivités publiques. Plus de requérants d’asile criminels La situation se présente moins bien dans le domaine de l’asile. En 2011, 831 personnes de plus se sont rendues coupables d’actes délictueux par rapport à l’année précédente. La longueur des procédures est une explication. Un grand nombre de requérants d’asile sont retenus plus longtemps que nécessaire en Suisse, ce qui a pour effet d’accroître l’attrait de la Suisse en tant que pays d’asile. 8 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 8 « Intégration, criminalité et politique d’asile ». www.politique-immigration.ch. BRASSERIE LIPP SA, Genève Restauration Nicolas CHACHAY, Chef Pâtissier La libre circulation des personnes est vitale pour notre profession et notre évolution. Nombre de collaborateurs en Suisse : 104 Dont originaires de l’UE /AELE : 90 Dont originaires d’États tiers : 0 Pays les plus représentés : 1. France, 2. Portugal Jose Brogeras RESPONSABLE IT SAP CENTRE D’EXCELLENCE EMEA Nous sommes une entreprise active à l’échelle mondiale, c’est pourquoi nous avons besoin de collaborateurs du monde entier. zimmer s.À.R.L., winterthur Technique médicale Nombre de collaborateurs en Suisse : 950 Dont originaires de l’UE /AELE : 280 environ Dont originaires d’États tiers : 140 environ Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. Europe de l’est, 3. Italie klinik hirslanden, zurich Hôpital Prof. ROBERT REISCH, MÉDECIN SPÉCIALISTE FMH EN NEUROCHIRURGIE Des immigrés qualifiés amènent du savoir-faire et des compétences en Suisse. Dans le système de la santé, nous avons besoin de travailleurs étrangers dans tous les domaines. Nombre de collaborateurs en Suisse : 1339 Dont originaires de l’UE/AELE : 460 Dont originaires d’États tiers : 184 Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. Portugal, 3. Pay-Bas Alain Pittet agriculteur La libre circulation des personnes permet de recruter la maind’œuvre agricole étrangère dont nous avons bien besoin. alain Pittet, Peyres-Possens Agriculture Nombre de collaborateurs en Suisse : 1 Dont originaires de l’UE/AELE : 1 Dont originaires d’États tiers : 0 Pays les plus représentés : 1. Bulgarie WEIDMANN Unternehmungen (Schweiz), rapperswil Technologie électrique et technologie plastique Christoph Krause responsable Technologie et Innovation Afin de conserver notre position de leader mondial dans la technologie de l’isolation pour transformateurs, nous avons besoin d’ingénieurs et de spécialistes techniques venant de l’étranger pour notre département « Innovation » ; il n’y en a pas assez en Suisse. Nombre de collaborateurs en Suisse : 940 Dont originaires de l’UE/AELE : 172 Dont originaires d’États tiers : 151 Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. Serbie, 3. Italie Christoph Gantenbein Partenaire L’expérience et le savoir-faire de notre équipe internationale sont un atout pour nous, mais nos clients en profitent aussi. Christ & Gantenbein, Bâle Architecture Nombre de collaborateurs en Suisse : 49 Dont originaires de l’UE/AELE : 32 Dont originaires d’États tiers : 1 Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. Italie, 3. Divers Sonoko Kanai Team Lead senior scientist/ SCIENTIFIQUE SENIOR J’apprécie beaucoup de vivre et de travailler dans un environnement international. Roche a fortement contribué à ce que je me sente bien à Bâle. roche holding AG, bâle Pharmaceutiques Nombre de collaborateurs en Suisse : plus de 11 000 Dont originaires de l’UE/AELE : 5500 env. Dont originaires d’États tiers : 440 Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. France Michael Born co-fondateur et cfo Nous embauchons volontiers des titulaires d’un diplôme de haute école suisses, mais nous ne trouvons pas assez de spécialistes avec le profil recherché. Dacuda AG, zurich Informatique Nombre de collaborateurs en Suisse : 20 Dont originaires de l’UE/AELE : 10 Dont originaires d’États tiers : 2 Pays les plus représentés : 1. Allemagne, 2. Pologne, 3. Autriche 42 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Quelle est la proportion de ­requérants d’asile parmi les immigrés ? 2,8 % des étrangers en Suisse sont issus de l’asile. La politique d’asile ne doit pas être confondue avec la politique d’immigration. Beat Meiner, Secrétaire général de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés L’asile, qui figure au nombre des droits de l’homme, a une longue tradition en Suisse. Maximisons son utilité, donnons du travail aux réfugiés ! Le printemps arabe se ressent aussi en Suisse Le nombre de requérants d’asile que la Suisse accueille chaque année n’est pas limité. Une limitation n’aurait guère de sens dans la mesure où le nombre de réfugiés dépend fortement de la situation politique mondiale. Les événements récents en sont un bon exemple : entre 2004 et 2010, moins de 14 000 personnes par an en moyenne ont demandé l’asile, alors que leur nombre est passé à 22 551 en 2011, notamment en raison des bouleversements dans les pays arabes. Cette évolution à court terme ne doit pas faire oublier que le nombre de demandes d’asile tend plutôt à reculer depuis 2002. Nombre de demandes d’asile par année 1999–2011, en milliers de demandes 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 s Le nombre de demandes d’asile fluctue fortement et tend plutôt à reculer depuis 2002. Source : ODM, statistiques en matière d’asile 2011 43 Moins de 1 % de la population Fin 2011, 74 765 personnes issues de l’asile résidaient en Suisse, ce qui représente moins de 1 % de la population helvétique totale. La situation varie fortement d’une région à l’autre. La législation sur l’asile a déjà été durcie à plusieurs reprises ces dernières années. Le Parlement étudie encore d’autres mesures afin de rendre la Suisse moins attrayante aux yeux des réfugiés économiques. L’avenir nous dira si cette politique est efficace. Les procédures doivent être accélérées Les mesures visant à accélérer les procédures sont susceptibles de produire les meilleurs résultats. Fin 2011, quelque 17 000 personnes étaient en attente d’une décision au sujet de leur demande d’asile. La procédure dure généralement plusieurs mois et il n’est pas rare qu’elle prenne même plusieurs années. Des procédures aussi longues laissent quantité de personnes dans l’incertitude. Ce qui a également pour conséquence d’entamer la confiance de la population envers les procédures de demande d’asile. Des améliorations sont possibles : depuis l’annonce du traitement en 48 heures des demandes d’asile de ressortissants des pays des Balkans considérés comme sûrs, leur nombre a massivement reculé. Politique d’asile et d’immigration : deux dossiers distincts Bien que la politique d’asile et celle d’immigration soulèvent parfois des questions similaires et suscitent toutes deux des craintes, ce sont deux questions bien distinctes. Les demandeurs d’asile sont des personnes qui sont accueillies en Suisse parce qu’elles sont persécutées politiquement dans leur pays d’origine. La plupart des autres immigrés viennent en tant que main-d’œuvre recrutée par l’économie. Ceux-ci représentent la grande majorité des immigrés. Fin 2011, la population résidente permanente comptait 1,8 million d’étrangers, dont plus d’un million exerçaient une activité lucrative. Seuls 2,8 % des 1,8 million d’étrangers en Suisse étaient des réfugiés reconnus ou admis temporairement sur le territoire suisse. 8 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 8 « Intégration, criminalité et politique d’asile ». www.politique-immigration.ch. 44 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Quel est le lien entre l’immigration, le mitage du territoire et la pénurie de logements ? La population augmente et chacun souhaite plus d’espace. L’utilisation du sol augmente En Suisse, l’espace est compté. Plus de la moitié du territoire est occupée par des lacs, des montagnes ou des forêts et donc inexploitable en matière de construction. L’agriculture, les immeubles, les zones industrielles, la route, le rail et les aéroports se partagent le reste. Au cours des dernières décennies, les surfaces construites se sont rapidement étendues, surtout sur le Plateau suisse. Chaque seconde, un mètre carré de zone agricole est bétonné. Cette évolution laisse des traces bien visibles dans le paysage : les villes croissent, les villages rétrécissent, de grandes agglomérations voient le jour. Tout le monde souhaite plus d’espace La croissance est un signe de prospérité, également au niveau spatial. En Suisse, le phénomène est visible dans tous les domaines de la vie, et plus particulièrement dans celui des surfaces habitables. En 1980, les Suisses se satisfaisaient de 34 mètres carrés en moyenne. Ce chiffre est passé à 48 mètres carrés, et la tendance à la hausse se poursuit. Car un nombre toujours plus faible de personnes se partagent les logements. La croissance démographique crée également de grands besoins à cet égard : chaque année, près de 70 000 personnes supplémentaires souhaitent travailler et vivre en Suisse. Dispersion de l’habitat : inefficace La Constitution fédérale exige une utilisation rationnelle du territoire, une obligation qui n’est pas respectée partout. Le mitage, soit une évolution dispersée des habitations hors des agglomérations, a nettement progressé, en particulier sur le Plateau. Cette dissémination nuit non seulement aux paysages mais s’avère également inefficace. Les coûts de viabilisation (transports, énergie, eau, canalisations, communication) sont nettement plus élevés dans ces régions que dans des zones densément construites. On ne peut attribuer la responsabilité du mitage du territoire à la seule immigration, car il progresse plus rapidement que la croissance démographique. Souvent ce sont des déclassements trop généreux ou d’autres conditions-cadre légales qui créent des incitations inopportunes. Le fait que la population suisse se soit prononcée contre la construction de nouvelles résidences secondaires en mars 2012 montre bien que cette évolution suscite de plus en plus d’opposition. 45 Densifier les constructions : oui mais où ? Pour rectifier le tir, il faut densifier les constructions. En particulier dans des zones viabilisées disposant d’espaces libres ou dans des zones insuffisamment utilisées. Pour cela, il n’est pas nécessaire de raser un quartier historique dans une ville ou de construire des immeubles sur la moitié du territoire. Des études situent le principal potentiel de densification dans la ceinture de grandes villes. Bien que cette dernière soit généralement aisément accessible du point de vue des transports, des structures villageoises ou de grands quartiers de villas, construits à partir des années 1960, dominent souvent. La problématique se résume à une question de principe : veut-on accroître toujours plus les surfaces d’habitation individuelles aux dépens de la campagne et des zones de détente ? Ou est-on prêt à densifier les zones déjà habitées ? La densification des constructions est ­souvent mal vue. Les logements dans les villes : rares et chers Tout le monde sait que les personnes qui immigrent s’installent majoritairement dans les grandes agglomérations et que ces flux de personnes font augmenter les prix du logement. Dans la ville de Zurich, les loyers ont augmenté de 40 % en moyenne entre 2000 et 2011 et le prix des biens immobiliers de 99 %. La pénurie est accentuée par un nombre croissant de résidences secondaires. Dans les cinq plus grandes villes du pays, quelque 55 000 logements étaient utilisés moins de trois jours par semaine en 2008. Une extension de l’offre d’appartements permettrait d’améliorer la situation. La densification des constructions dans les agglomérations contribuerait à atténuer sensiblement la pénurie. Maria Lezzi, Directrice de l’Office fédéral du développement territorial Les surfaces d’habitation nécessaires ont doublé depuis 1960. L’immigration augmente seulement le mitage du territoire. 9 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 9 « Aménagement du territoire, marché de l’immobilier ». www.politique-immigration.ch. 46 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Nos infrastructures de transport peuvent-elles suivre le rythme de la croissance démographique ? Avec ou sans immigration, il faut vite développer les infrastructures selon les besoins. Une population très mobile Markus Maibach, Membre de la direction d’infras Nous devons utiliser les infrastructures de transport de manière plus judicieuse et les coordonner avec le développement du territoire. Des routes et des trains surchargés sont le lot quotidien des Suisses depuis de nombreuses années. Aux heures de pointe, les infrastructures de transport atteignent régulièrement leurs limites en termes de capacité, en particulier dans les régions à forte concentration économique. Il semble aller de soi d’en attribuer la cause à la croissance démographique. On ne peut nier que l’immigration entraîne un surcroît de trafic. Or les comportements en matière de mobilité individuelle pèsent beaucoup plus lourd dans la balance. Les distances parcourues annuellement dans des véhicules privés ont augmenté de 7,9 % entre 2002 et 2010. Et de 29,8 % celles parcourues en transports publics, pendant la même période. La mobilité est trop bon marché Les besoins individuels en termes de mobilité ne cessent d’augmenter depuis des années. L’économie est plus que jamais tributaire de travailleurs mobiles. Pourtant de nombreux autres facteurs favorisent l’augmentation du trafic. À commencer par l’attrait croissant des centres urbains, le mitage du territoire et les comportements nouveaux en matière de loisirs. Cette évolution est encouragée par l’attractivité des prix : la mobilité est aujourd’hui bien trop bon marché sur de nombreuses lignes. Selon des indications de la Confédération, le taux de couverture des coûts du trafic routier atteint 90 %, et celui du trafic ferroviaire seulement 71 % . 47 les besoins en termes de mobilité Indice 1995 = 100 120 116 112 108 104 100 1995 PIB/habitant 1997 1999 2001 Kilomètres par personne (sans trafic maritime et aérien) 2003 2005 2007 2008 Population résidente s Ces dernières années, les besoins en termes de mobilité ont augmenté plus rapidement que la population, mais de manière moins soutenue que l’économie. Source : OFS Des investissements durables En comparaison internationale, les réseaux routier et ferroviaire de la Suisse jouent toujours en première ligue. Mais on a parfois omis de s’assurer que tel projet de développement était rentable et que son entretien pouvait être financé à long terme. Et comme on ne pourra pas tout se permettre à l’avenir, les projets devront désormais être évalués à l’aune de ces critères avec beaucoup plus de rigueur. On ne pourra plus éviter l’adaptation des prix aux coûts effectifs. Combler rapidement les principales lacunes Aujourd’hui déjà, la Suisse investit d’importants moyens pour réaliser d’imposants projets de transport, comme la NLFA ou la ligne diamétrale de la région de Zurich. Il importe toutefois également d’achever le réseau des routes nationales dans les meilleurs délais. Selon les prévisions de la Confédération, le trafic sur les autoroutes augmentera de 39 % d’ici à 2030. Faute d’un développement équivalent du réseau, près de 400 kilomètres d’autoroutes seront régulièrement engorgés dès 2020. Il convient toutefois d’investir également dans les régions qui présenteront ces prochaines années les plus forts taux de croissance démographique, autrement dit dans les grandes agglomérations. Cela étant, il ne serait pas judicieux de miser unilatéralement sur la route ou sur le rail. Nous avons besoin de systèmes intelligents dans lesquels les différents moyens de transport se complètent de manière optimale. 10 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 10 « Transport, environnement, énergie ». www.politique-immigration.ch. 48 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin L’immigration aggrave-t-elle les ­problèmes énergétiques et environnementaux ? Chaque individu consomme de l’air, de l’eau et de l’électricité. En Suisse, de manière plus écologique. Associer croissance et durabilité La Suisse parvient mieux que d’autres pays à concilier croissance économique et durabilité écologique. Il va de soi qu’une population plus nombreuse utilise davantage de ressources, qu’il s’agisse de surfaces d’habitation, de locaux professionnels, d’espaces de loisirs, d’énergie, d’eau potable, de nourriture ou d’air propre. Les problèmes environnementaux ne s’arrêtent toutefois pas aux frontières. La nature n’a que faire du pays qui consomme plus d’électricité ou émet davantage de CO₂. Autrement dit, les immigrés auraient utilisé dans leur pays d’origine autant de ressources qu’en Suisse, voire davantage. Il ressort du programme environnemental des Nations Unies PNUE de 2010 que la Suisse parvient mieux que tout autre pays à concilier croissance économique et durabilité écologique. Les immigrés préfèrent les logements ­é nergétiquement efficaces Si la Suisse occupe cette bonne position, c’est en partie grâce aux nouveaux immigrés. Un grand nombre d’entre eux, arrivés ces dernières années, sont hautement qualifiés et au bénéfice de salaires élevés. Ils privilégient généralement des logements modernes caractérisés par une efficacité énergétique élevée. De fait, l’immigration accroît la demande relative à des bâtiments modernes ou plus anciens qui ont fait l’objet d’une rénovation. Elle fournit ainsi une contribution substantielle à la diminution à long terme de la consommation énergétique par individu sur le marché du logement. 49 Un arrêt de l’immigration n’est pas la solution aux défis en matière énergétique Il arrive aussi que l’on évoque l’immigration dans le débat sur l’abandon de l’énergie nucléaire. Cela n’est pas justifié sur le plan matériel. Malgré une augmentation continue de la consommation d’électricité, la Suisse n’a pas construit de grande centrale électrique au cours des vingt dernières années. Raison pour laquelle elle doit importer du courant des pays voisins pour couvrir la consommation, surtout pendant le semestre d’hiver. Un arrêt de l’immigration ne résoudrait pas le problème. Ce n’est pas la solution pour relever les défis à venir en termes de fourniture d’électricité découlant de l’abandon prévu du nucléaire. REGULA RYTZ, CO-PRÉSIDENTE DES VERTS Dans la politique énergétique, les Verts avancent plus vite que les organisations économiques. Il n’empêche que nous ne considérons pas un arrêt de l’immigration comme une solution. 10 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 10 « Transport, environnement, énergie ». www.politique-immigration.ch. 50 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin FAUT-IL AUGMENTER LA CHARGE FISCALE POUR FREINER L’IMMIGRATION ? Les entreprises étrangères qui installent leur siège en Suisse ­n’influencent guère l’immigration. Les risques d’une pression fiscale accrue Dans le débat sur l’immigration, certains réclament des mesures réduisant l’attrait fiscal de la Suisse. Ce sont en particulier les socialistes qui entendent freiner l’arrivée d’entreprises étrangères, et ainsi limiter celle de travailleurs immigrés. L’immigration est aussi mise en avant comme un motif supplémentaire de supprimer la concurrence fiscale entre les cantons. Une tentative du PS d’y mettre fin au moyen d’une initiative populaire a échoué en novembre 2010. Serrer la vis fiscale est un jeu dangereux. On oublie facilement que la Suisse doit se mesurer à des concurrents étrangers pour sauvegarder l’attrait de sa place économique. En cédant volontairement des avantages, non seulement elle accepterait que la place économique devienne moins attrayante en tant que site d’implantation, mais elle inciterait également des entreprises à quitter le pays. Des charges fiscales dommageables pour tous Les entreprises étrangères qui se sont installées en Suisse depuis 2007 ont créé près de 2300 emplois par an en moyenne. Si l’on compare ce chiffre aux quelque 140 000 étrangers qui se sont installés chaque année en Suisse durant cette période, force est d’admettre que les nouvelles entreprises ne peuvent pas être tenues pour responsables de l’ensemble de l’immigration. Les recettes fiscales de la Confédération et des cantons ont considérablement augmenté avec les réformes de l’imposition des entreprises de ces dernières années qui visaient à renforcer la place économique. Aujourd’hui près de la moitié des recettes de la Confédération sont générées par l’impôt sur les bénéfices perçu auprès de sociétés dites à statuts spéciaux (sociétés holding, sociétés mixtes, etc.) ; les sociétés nouvellement implantées en Suisse recourent fréquemment à ces structures. Pousser ces sociétés à quitter la Suisse n’aurait pour ainsi dire aucun impact sur l’immigration, mais cela réduirait fortement le substrat fiscal. La détérioration de la place économique suisse aurait des conséquences négatives pour l’ensemble des entreprises et des habitants de la Suisse. 51 Des allègements peuvent se justifier pour les régions périphériques Les régions périphériques peu dotées en emplois attractifs ont la possibilité d’attirer des entreprises étrangères par l’octroi d’allègements fiscaux limités dans le temps. Ces avantages sont toutefois subordonnés à certaines exigences. Les entreprises bénéficiaires doivent par exemple s’engager à investir un certain montant dans les infrastructures locales ou à créer des emplois. L’instauration d’une imposition peu attrayante non seulement dissuaderait des entreprises étrangères de s’installer en Suisse, mais pousserait également des entreprises implantées en Suisse à quitter le pays. L’imposition forfaitaire ne favorise pas l’immigration Outre les allègements fiscaux pour les entreprises, l’imposition forfaitaire des personnes physiques est souvent accusée de favoriser une forte immigration. En 2010, la possibilité pour les ressortissants étrangers de se faire imposer sur la base de leur train de vie a été sollicitée par 5450 personnes. Le petit nombre d’individus concernés démontre à lui seul que ce type d’imposition n’a aucun effet sur l’immigration en tant que telle. Il constitue en revanche une source de revenus appréciable pour de nombreuses régions périphériques. En 2012, le Parlement a nettement durci les conditions à satisfaire pour bénéficier de l’imposition selon la dépense. Cela devrait faire reculer le nombre de ressortissants étrangers imposés selon ce système. Gerhard Schwarz, Directeur D’avenir suisse La Suisse doit sa prospérité à l’instauration d’impôts attrayants pour tous. Augmenter les impôts réduirait la prospérité, pas l’immigration. 11 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 11 « Incitations fiscales ». www.politique-immigration.ch. 52 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Quelles sont les échéances politiques à venir ? deux initiatives populaires souhaitent limiter l’immigration. Extension de la libre circulation à la Croatie Le peuple suisse a approuvé à plusieurs reprises le principe de la libre circulation des personnes avec l’UE au cours des dix dernières années. La dernière fois en 2009 lors de l’extension de l’accord aux deux nouveaux membres de l’Union, la Roumanie et la Bulgarie. Avec l’adhésion de la Croatie à l’UE le 1er juillet 2013, la Suisse devra négocier une nouvelle extension de l’accord sur la libre circulation dans la mesure où, pour l’Union européenne, l’égalité de traitement de ses membres est inaliénable. L’extension de l’accord pourra toutefois faire l’objet d’une votation populaire sous réserve de l’aboutissement d’un référendum (50 000 signatures). La population suisse a systématiquement accepté l’extension de la libre circulation des personnes dans les urnes. La négociation sur l’extension de la libre circulation à la Croatie portera essentiellement sur des dispositions transitoires et sur les délais de mise en œuvre de la libre circulation intégrale. Compte tenu de sa démographie réduite, il n’y a pas lieu de prévoir un afflux massif de ressortissants de ce pays. Près de 34 000 Croates vivaient en Suisse à la fin de 2010. Depuis 2002, leur immigration n’est plus possible que par le biais de contingents de pays tiers et s’affiche globalement en nette diminution. L’extension de la libre circulation des personnes à la Roumanie et à la Bulgarie n’a pas entraîné jusqu’ici une hausse marquée de l’immigration. Seuls quelque 2000 ressortissants de ces deux pays se sont installés en Suisse en 2011. La Suisse négociera des dispositions transitoires comparables dans le cas de la Croatie. 53 Dates clés de l’accord sur la libre circulation 1999 21 juin 1999 Signature de l’accord dans le cadre des accords ­bilatéraux I 2000 2001 2002 21 mai 2000 Approbation de l’accord par le peuple 2003 1er juin 2002 Entrée en vigueur de l’accord 67,2 % de votes positifs 2004 2005 2006 2007 25 septembre 2005 Approbation par le peuple de ­l ’extension à l’Estonie, à la Hongrie, à la Lettonie, à la Lituanie, à Malte, à la Pologne, à la République tchèque, à la Slovaquie, à la Slovénie et à Chypre (protocole I) 2008 2009 8 février 2009 Approbation par le peuple de l’extension à la Bulgarie et à la Roumanie (protocole II) 59,6 % de votes positifs 5 6 % de votes positifs s En l’espace de quelques années, la population suisse a confirmé trois fois l’accord dans les urnes. Source : economiesuisse les votations populaires possibles Initiatives populaires ou référendums État Dates des scrutins éventuels Extension de la libre circulation à la Croatie Votation possible en cas de référendum 2014 ou début 2015 Initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse » Déposée le 14 février 2012 avec 135 557 signatures valables ; traitement possible au Parlement en 2013 2014 ou début 2015 Initiative d’ecopop « Halte à la surpopulation » Signatures déposées le 2 novembre 2012 2015 L’initiative de l’UDC menace la voie bilatérale L’initiative populaire « Contre l’immigration de masse » de l’UDC entend limiter le nombre d’autorisations délivrées à des étrangers pour des séjours en Suisse par des plafonds et des contingents annuels. Les plafonds annuels s’appliqueraient à tous les étrangers, sans distinguer les travailleurs étrangers des requérants d’asile. En cas d’acceptation de l’initiative, la Suisse se retrouverait dans l’impossibilité de signer des accords internationaux contrevenant à ces dispositions. Concrètement, cela signifie que la Suisse devrait dénoncer l’accord sur la libre circulation conclu avec l’UE au plus tard trois ans après l’acceptation de l’initiative et engager de nouvelles négociations. Le cas échéant, l­ ’accord étant lié aux autres accords bilatéraux I (cf. page 9), l’UE serait sans doute amenée à tous les résilier. Les relations bilatérales de la Suisse avec ses principaux partenaires seraient ainsi remises en question. Le retour aux contingents et aux plafonds exigés par l’UDC entraînerait 54 Des interventions radicales créent davantage de problèmes qu’elles n’en résolvent. en outre un surcroît d’étatisme et un alourdissement des charges administratives. Le marché suisse du travail perdrait en souplesse et en attrait. Le Conseil fédéral prévoit de publier son message relatif à l’initiative à l’intention du Parlement d’ici à la fin de l’année. Les Chambres disposeront ensuite de 18 mois pour se prononcer (avec la possibilité de prolonger deux fois le délai d’une année). La votation populaire devrait intervenir vers la fin de 2014 ou au début de 2015. ecopop mélange immigration et aide au développement Karin Keller-Sutter, Conseillère aux États (SG) Il faut garantir la prospérité et les emplois avec une politique d’immigration axée sur les intérêts de la Suisse. 13 Pour plus d’informations sur ce thème, voir la fiche d’information 13 « Votations à venir sur l‘immigration ». www.politique-immigration.ch. L’initiative populaire « Halte à la surpopulation » d’ecopop (association Écologie et Population) exige que la part de l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse attribuable à l’immigration n’excède pas 0,2 % par an sur une moyenne de trois ans. Cela concernerait quelque 16 000 personnes sur une population globale de 8 millions d’individus. L’initiative entend, en outre, contenir la croissance démographique dans les pays pauvres en consacrant davantage de moyens de l’aide suisse au développement au planning familial. Cet amalgame d’objectifs suscite les critiques tout à la fois d’organisations économiques et d’aide au développement. 55 56 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Conclusion Pour une approche constructive de l’immigration La Suisse est un pays d’immigration, et cela ne date pas d’hier. Nous accusons un faible taux de natalité, tout en revendiquant une prévoyance vieillesse sûre, un marché du travail performant, la croissance économique et la prospérité. Autant d’exigences qui ­seraient hors de portée sans l’immigration. Il est donc fort malvenu de préconiser des barrières, des contingents, voire une fixation du nombre d’habitants tout en ignorant les relations de cause à effet qui en découleraient. Des propositions aussi extrêmes sont certes propres à susciter le débat, mais elles font ­malheureusement l’impasse sur des solutions réalistes. Il serait néanmoins contre-productif de fermer les yeux sur les ­effets secondaires induits par l’immigration. Ceci ne vaut pas ­seulement pour le marché du travail, où les mesures d’accompagnement ont permis d’instaurer des mécanismes de protection contre le dumping salarial et contre l’éviction de travailleurs suisses. Une population en croissance rapide nécessite inévitablement davantage d’espace pour le logement, le travail et les loisirs, ainsi que des systèmes de transport plus efficaces et une bonne politique d’intégration. 57 Convenons qu’il s’agit là de défis consi­ dérables, pour la maîtrise desquels il n’existe pas de recette simple. Ceci n’est pas une raison suffisante pour brandir la massue politique. Ces défis nécessitent en revanche des solutions constructives dans chaque domaine. L’économie, la société et la politique sont sollicitées toutes les trois. Ensemble, elles peuvent contribuer à sauvegarder les attraits et la qualité de vie de la Suisse. RUDOLF WEHRLI prÉsident D’economiesuisse Notre économie a besoin de l’immigration. 58 immigration : pourquoi l a suisse en a besoin Cette brochure s’inscrit dans une campagne de ­communication de l’Union patronale suisse et d’economiesuisse en faveur d’une politique d’immigration constructive. Sur la plateforme d’information www. politique-immigration.ch, vous trouverez également des fiches d’information, des études, des sondages ainsi que des courts métrages sur le thème de l’immigration. Vous pouvez commander des ­exemplaires supplémentaires de la présente brochure au moyen d’un formulaire de commande sur la plateforme. Union patronale suisse Hegibachstrasse 47 Case postale CH-8032 Zurich economiesuisse suisses Fédération des entreprises Carrefour de Rive 1 Case postale 3684 CH-1211 Genève 3 IMMIGRATION : POURQUOI LA SUISSE EN A BESOIN plateforme d’information www.politique-immigration.ch IMMIGRATION : POURQUOI LA SUISSE EN A BESOIN 16 questions sur la politique d’immigration constructive : une politique d’immigration et economiesuisse L’économie s’engage pour par l’Union patronale suisse brochure réalisée conjointement Brochure Plateforme d’information Courts métrages Fiches d’information Le débat sur la politique suisse d’immigration ne se limite pas à une question de chiffres. Des start-up, des petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que de grandes entreprises installées en Suisse souhaitent innover et prospérer. Pour cela, elles ont besoin de main-d’œuvre spécialisée hautement qualifiée. Quand elles ne trouvent pas la main-d’œuvre nécessaire en Suisse, il est important qu’elles puissent recruter rapidement des spécialistes hautement qualifiés à l’étranger. La présente brochure donne la parole aux entreprises et à leurs collaborateurs. Ils nous disent pourquoi l’immigration est décisive pour eux. Cette publication paraît en allemand, en français et en italien. Gestion du projet et rédaction : Mirjam Matti Gähwiler, Oliver Steimann, economiesuisse Composition et production : Wernlis, grafische Gestalter, Zurich et Bâle Photos : Dan Cermak, Zurich Impression : DAZ Druckerei Albisrieden AG, Zurich Édition : novembre 2012 © economiesuisse Nous remercions les entreprises ci-après qui ont accepté de se prêter à une séance photo : Brasserie Lipp, Genève, www. brasserielipp.ch ; Zimmer S.à.r.l., Winterthur, www.zimmer.com ; Klinik Hirslanden, Zurich, www.hirslanden.ch ; Alain Pittet, agriculteur, Peyres-Possens ; Weidmann Unternehmungen (Schweiz), Rapperswil, www.wicor.ch ; Christ & Gantenbein, Bâle, www.christgantenbein.com ; Roche Holding AG, Bâle, www.roche.com ; Dacuda AG, Zurich, www.dacuda.com Immigration : pourquoi la suisse en a besoin Union patronale suisse Hegibachstrasse 47 Case postale CH-8032 Zurich economiesuisse Fédération des entreprises suisses Carrefour de Rive 1 Case postale 3684 CH-1211 Genève 3 immigration : pourquoi la suisse en a besoin 16 questions sur la politique d’immigration L’économie s’engage pour une politique d’immigration constructive : brochure réalisée conjointement par l’Union patronale suisse et economiesuisse