Programme complet - Esthétique musicale

publicité
1
2
L’OICRM est un groupe de recherche interdisciplinaire,
interuniversitaire et international qui travaille sur les
thématiques générales de la création et de la recherche
en musique. Ce groupe réunit des chercheurs et des
étudiants québécois, canadiens et étrangers.
En partenariat avec:
3
Remerciements
Aïda Aoun, directrice générale - Société de musique contemporaine du
Québec (SMCQ)
Madeleine Bédard, directrice aux affaires publiques et adjointe au doyen –
développement, Faculté de musique – Université de
Montréal
Yannick Bélanger, webmestre de l’OICRM - id fix communication
Sébastien Besson, technicien au secteur production, Faculté de musiqueUniversité de Montréal
Patrick Félix, technicien en électroacoustique, Faculté de musique Université de Montréal
Hélène Gagnon, coordonnatrice des événements spéciaux aux affaires
publiques, Faculté de musique – Université de Montréal
François Gaudette, coordonnateur des services informatiques, Faculté de
musique – Université de Montréal
Stephen Graham, responsable du service à la clientèle aux affaires
publiques, Faculté de musique – Université de Montréal
Sophie Lavoie, webmestre de l’OICRM - id fix communication
L’équipe du Cercle de musicologie, association étudiante, Faculté de
musique - Université de Montréal
Pierre-Luc Ménard, responsable à la production aux affaires publiques,
Faculté de musique – Université de Montréal
Jason Milan Ghikadis, graphiste de l’affiche officielle du colloque, Faculté
de musique – Université de Montréal
Stéphane Pilon, conseiller en communication aux affaires publiques,
Faculté de musique – Université de Montréal
Myke Roy, coordonnateur au secteur électroacoustique, Faculté de musique – Université de Montréal
4
Mot de bienvenue
Qu’en est-il du goût musical dans le monde du XXIe siècle? Cette
question, nous l’avions à la fois balisée et laissée ouverte: balisée en
cherchant à y répondre en posant des questions sur le vocabulaire, sur
les critères du jugement esthétique, sur l’analyse comparative du goût,
et sur les rapports entre l’esthétique musicale et l’homme d’aujourd’hui;
ouverte en élargissant la discussion à toutes les
cultures musicales.
Le résultat s’avère passionnant et révélateur. Il n’y aura pas
forcément des réponses précises à toutes ces questions. Mais
réfléchir sur le goût musical dans des contextes culturels aussi diversifiés
que ceux proposés par les conférenciers (Asie, Afrique, Amérique,
Europe) permet d’envisager non seulement un retour à l’esthétique
musicale comme une discipline intellectuelle
essentielle à l’étude de la musique, mais aussi la découverte de
certaines constances dans l’exercice du jugement de goût au-delà des
mots et des modes d’évaluation.
Ce colloque est aussi l’occasion de réunir musicologues et
ethnomusicologues à l’assaut d’une seule et même question. Là aussi,
nous sommes devant un heureux mélange d’expériences de terrain, de
méthodes et de résultats. Nous sommes heureux que ce colloque soit
également le lieu de collaborations internationales
solides, effectives depuis longtemps et qui contribuent non
seulement à l’avancée des connaissances, mais aussi à la formation
des futurs chercheurs.
Nous tenons à remercier tous les participants d’avoir accepté de relever
le défi intellectuel posé par ce colloque. Nous remercions, tout spécialement, les membres du comité de sélection dont les avis experts ont été
précieux pour l’élaboration de ce programme.
Nos plus sincères remerciements à Ariane Couture, coordonnatrice
générale de l’OICRM, et Caroline Marcoux-Gendron, coordonnatrice de
ce colloque. Merci aussi à l’équipe de la Faculté de musique qui a grandement facilité l’organisation de l’événement. Un merci tout spécial aux
musiciens (le duo Duval-Boulanger accompagné de Michael Ayles) qui
animeront la soirée du vendredi 1er mars.
Nathalie Fernando et Michel Duchesneau
5
Qu’en est-il du goût musical dans le monde au XXIe siècle ?
Colloque en esthétique musicale
28 février – 2 mars 2013
Faculté de musique, Université de Montréal
Le questionnement sur l’esthétique musicale proposé par ce
colloque n’est pas sans lien avec un paradoxe qui se traduit d’une part,
par ce qui pourrait être considéré comme une crise de l’esthétique
dans le domaine de la création et, d’autre part, le retour général de
l’esthétique et de la réflexion philosophique au sein des disciplines
artistiques. De nombreux ouvrages publiés au cours des 20 dernières
années ont ainsi réintroduit l’esthétique au cœur de la réflexion sur
l’art (Berthet, Les défis de la critique d’art, Dufour-Kowalka, L’art et la
sensibilité, Dampierre (dir.), Une esthétique perdue, During, Quelque
chose se passe, Jimenez, Qu’est-ce que l’esthétique?, Rancière, Le
partage du sensible, Schaeffer, L’art de l’âge moderne : L’esthétique
et la philosophie de l’art du XVIIIe siècle à nos jours, pour n’en citer
que quelques-uns). Comme en témoigne le collectif Perspectives de
l’esthétique musicale, publié par Alessandro Arbo en 2007, ou encore
Éléments d’esthétique musicale sous la direction de Christian
Accaoui, qui joue le rôle de dictionnaire de l’esthétique (de 1600 à nos
jours), la musique ne fait pas exception à la règle.
Si l’esthétique occupe donc un espace à nouveau conséquent dans les
études sur la musique, elle est convoquée à plus d’un titre. Il s’agit,
par exemple, de s’interroger sur l’art moderne pour sa réhabilitation,
«la crise de l’art stimulant la réflexion sur l’art» (Jimenez, p. 15). Dans
d’autres cas, il s’agit de retracer les fondements d’un système
spéculatif autour de l’œuvre d’art actuelle et d’interroger la
construction d’un discours esthétique de plus en plus discret sur la
question du jugement (esthétique) au profit de questions
apparemment plus objectives, celles par exemple du langage ou de la
réception, cette dernière réduite presque systématiquement d’ailleurs
à des considérations plus sociologiques qu’esthétiques. Cependant, il
demeure de nombreuses pistes d’investigations possibles au travers
de toutes les ramifications que sous-tend le concept d’esthétique.
6
C’est pourquoi, au-delà de la «crise» de l’art moderne occidental,
la réflexion sur l’esthétique musicale que nous suggérons devrait
se pencher sur des questions qui permettront de dépasser ce paradigme et d’ouvrir un débat croisé sur des musiques de différentes
cultures, styles et époques: Quels sont les critères du jugement
esthétique? Quel en est le vocabulaire contemporain? Quels sont
les rapports avec l’esthétique entretenus par l’homme aujourd’hui
en fonction de ses origines culturelles? Peut-on à cet égard déceler
des similitudes ou au contraire distinguer des comportements et
des conceptions bien divergentes? Que peut alors nous apporter
l’analyse comparative du jugement de goût dans la compréhension
des pratiques musicales tant occidentales que non occidentales?
Que fait-on de l’esthétique dans un contexte de commerce
international de la musique où les frontières culturelles ont
tendance à disparaître, où les styles et les genres finissent par se
(con)fondre voire se dissoudre dans des standards parfois
prédéterminés qui vont formater l’objet musical?
On pourrait poser une seule grande question qui permettrait
de réunir ces interrogations: Qu’en est-il du goût musical dans
le monde au XXIe siècle? Car cette problématique recouvre tant
les modalités et stratégies de «fabrication» d’une musique, que
les choix qui guident sa performance, sa diffusion ou encore
l’évaluation qualitative de sa réception.
Ce colloque souhaite donc réunir des musicologues, des
ethnomusicologues, des compositeurs, des musiciens et des
critiques musicaux qui aborderont cette question en fonction de
questionnements méthodologiques et théoriques sur l’esthétique
musicale d’un point de vue contemporain et critique.
7
Comités
Comité scientifique
Michel Duchesneau, professeur titulaire, Faculté de musique,
Université de Montréal
Nathalie Fernando, professeure agrégée, Faculté de musique,
Université de Montréal
Alessandro Arbo, maître de conférences, département de musique,
Université de Strasbourg
Claude Dauphin, professeur retraité, département de musique,
Université du Québec à Montréal
Jean During, directeur de recherche au Centre National de
Recherche Scientifique (CNRS), laboratoire du CREM, Paris
Martin Kaltenecker, maître de conférences, Université Paris
Diderot-Paris 7
Jean-Jacques Nattiez, professeur émérite, Faculté de musique,
Université de Montréal
Comité organisateur
Michel Duchesneau, professeur titulaire, Faculté de musique,
Université de Montréal
Nathalie Fernando, professeure agrégée, Faculté de musique,
Université de Montréal
Ariane Couture, coordonnatrice de l’Observatoire interdisciplinaire
de création et de recherche en musique, Faculté de musique,
Université de Montréal
Caroline Marcoux-Gendron, assistante à la coordination générale
de l’OICRM, Faculté de musique, Université de Montréal
8
!
!
!
!"#$%&'(&)*+,%",&'-./&&
)0123&42&56&76552&856942:8;6<=6>?2&&
(&@&--&
&
ABB92C5&2D&%?7B3C=DC0?&&
E6552&E23>2:F636?D&GH:I(IJ&
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.&,/(0!12,/(%)(+2!
K&@&--&
L9M23D932&49&B0550N92&@&O6?25&42&B3CDCN927&<97CB69P&
,2?694&Q6B;63DR&!"#$%&'"#S#()'*%#+,)&-"R#)36?B2&
A??2&QC4>2DD2R&.)/0*&12%&#3%/2R&*D6D7:#?C7&
A?43T&OT50N9C?R&4%*,R&86?646&
)0123&42&56&76552&856942:8;6<=6>?2&&
33!-!44!5!33!-!64!"+2%(!!
E6552&E23>2:F636?D&GH:I(IJ&
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.+#&(78$09)(!:();&*7<*&%&
..&@&'-&
)2423CB0&U6VV630R&#?CM237CDT&42&Q0?D3T65R&86?646&
!"#$%#&'%(&()*+'%,&-"$./'%'+01/0,2#'.'&0%3%)'%4(+%5'+%6%5(&+'+%7%5'%8'++,('&%
..&@&W-&
Q63DC?&X65D2?2BY23R&#?CM237CDT&O63C7&$C4230D:O63C7&ZR&)36?B2&!
9'%)(%+0$#40#$'%.#+,4()'%(#%5,+:"+,0,-%+"&"$'&
)0123&42&56&76552&856942:8;6<=6>?2&
36!-!64!5!3=!-!=4!>2),/!
E6552&E23>2:F636?D&GH:I(IJ&
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.+#*&)!?+0*()(,@(#!
./&@&/-&
HT6D3CB2&,6<69D:8;2M67797R&#?CM237CDT&!26?&Q0??2DR&)36?B2&
;(%<",=%4"..'%.'&0"$&
.I&@&--&
A??2&,09[2DR&#?CM237CDT&O63C7:"7D&S&8\EQ$OR&)36?B2&
>$"&,'%'0%."5'$&,0/%.#+,4()'%3%5?#&'%,$"&,'%)#5,2#'%@%#&'%,$"&,'%5'%4$,+'A%'0%$'0"#$&
9
!"#$%&'$&()&*)(($&+(),'$-+.)/0)12$&
!"#$#%&#'#!"#$#(&#)*+,-#
3)(($&3$%1$-4)%)25&67-898:&
)./,01-23#1-#,/*24-#$#5046-7#8+46-,2-*+#
;8&<&=>&
?)2$(&$2&$*5.@5AB,$&/,*AC)($&6DEF3:&&
!"#$%&'%()*#+,*$(-./#+0.1$+/.+23#$$#+,*$(-./#+43.15.($#+67899:78;9<+
EAC.$(&G,C.$*2$),H&I2AJ$%*A5@&'$&E"25%@)(H&+)2)')&
!$'$%AC"&D)KK)%"H&I2AJ$%*A5@&'$&E"25%@)(H&+)2)')&
DA",L)&7",*C)25H&I2AJ$%*A5@&'$&E"25%@)(H&+)2)')!
;M&<&N>&
3#(J)A2&+)%"2H&I2AJ$%*A5@&'$&E"25%@)(H&+)2)')&
"#!$%&'#()*+!,-!.%/#$'*&/+!01+2!3.$+&'!41#-&&%$#
;O&<&P>&
Q?RST&GU&DVI'$E&<&5*#(%)-+&!,+&!4#./6(*'+&!1-#9.*240,#):+7-24#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
10
!
!
!"#$%"$&'("%')*%+',-(.''
+/001'+123145/2/67'894:;:<'
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.+*/+0&(!1(#)+)'2!
='>'--'
?/610'@A17B6CDEFGHC0C3G1''
!"#$%#&%'(%)($(*+#"*#,-#."#$%#/"'0%1"12"#."3#4-5"0"1*3#.-#5,6*#.%13#$"3#2-$*-'"3#.-#0,1."'
#/7B/0G1'I126/6@CJ'K6GL12FG7M'@1')C672M/0J'N/6/@/''
!"#$%&"#'()*#$+"$,-.%&(/"$+"$0"12"012"$
O1/6'$E2G63J'N#%+J'I2/6H1'
3"$,4$5.+(14'()*$6$,4$+.,"1'4'()*7$8)*1"/'()*#$+"$,-"99"'$+"$,4$5&#(%&"$+4*#$,"$5)*+"$5&#&,54*$
4*1("*$"'$5)+"0*"$
I0/LG/'512L/FGJ'K6GL12FG7M'@1')C672M/0J'N/6/@/'
!"#$,):(%&"#$+&$9)*1'()**"5"*'$+&$+(#1)&0#$"#'2.'(%&"$12";$,"#$124*'"&0#$/4<#4*#$+&$=4,"*')$>$&*"$
"?.:@#"$(*412"A."$
NB2GF7G61'5EG001P/E@J'N#%+'Q'K6GL12FG7M'?/2GF'RE1F7'#/671221'S/'$MT16F1J'I2/6H1'
B$/,&#("&0#$A)(?7$C)+4,('.#$+-"?.1&'()*$"'$+-4//0.1(4'()*$+"$,4$+4*#"$D4(DD)''&D4,($EF"04,4G$H*+"I$
I2M@M2GH'SMC7/2J'K6GL12FG7M'@1')C672M/0J'N/6/@/'
="*#$"'$"#'2.'(%&"$+"#$./)/."#$D404D4,/4D"#$6$/40'(0$+"$,4$'"05(*),):("$A"0*41&,4(0"$
$/6/'%/UUCUC27J'N#%+J'I2/6H1'
80('@0"#$+&$:)J'$5&#(14,$+"#$/4<#4*#$+"$,4$/0"#%&-K,"$+"$L4*M&*:$N&*:4$EK,"$+"$O,)0"#G$H*+)*.#("I$
$/DG16'!122C6J'K6GL12FG7M'O1/6')C6617'Q'K6GL12FG7M'@1')C672M/0J'I2/6H1'Q'N/6/@/'
3&4(5!36)(5!789#(%%&2)$>$,-"#'2.'(%&"$'0(/40'('"$+"$C(124",$P-N0("*G$5&#(1("*$(0,4*+4(#$
ICV12'@1'0/'F/001'N0/E@14NB/DU/361''
:;!-!<;!=!:;!-!>;!!"+6%(!!
+/001'+123145/2/67'894:;:<'
(-'>'W-'
?/610'@A17B6CDEFGHC0C3G1'8FEG71<$
ICV12'@1'0/'F/001'N0/E@14NB/DU/361'
:?!-!?;!=!:<!-!<;!@6),/!
11
!"##$%!$&'$()"&"*+%,-(./.0%
!"#$%&'()*&'*$#+(,'*-*.+(+*/+00101")*
12%3%24%
5"*$#%67&89:$%
;:'<%=$&&"*>%?*8@$&A8+B%C$%D<*+&B"#>%E"*"C"%%
!"#$"%&"'($"#)*+),-'"#$")$,."%),)/,0"#$."#$1'#,-'"#$+2/%3+4,-'"#$1//4"$56'.78'"#)$+)*,89,"%:$."$
;<=>$?$%8#$&8'0#@$
F$"*%5<:GH$#<*>%?*8@$&A8+B%C$%D<*+&B"#%I%?*8@$&A8+B%5"&8A%J:$A+%K"*+$&&$%L"%MB7$*A$>%E"*"C"%I%
=&"*G$%
A$!"#$./%#"#$."$98##"##,8%$%"$#8%)$9/#$."#$./%#"#$B$C$4"$%8%7.,)$")$4/$D0,),-'"$D811"$#E#)F1"$D*"G$
4"#$H%/I/$.'$J/08DK$
M"@8C%K"C$":(-$&*"+GH$N>%?*8@$&A8+B%L"@"#%I%O;O!!>%E"*"C"%I%=&"*G$%
L"%#,8%#$")$#E1M,8#"#$./%#$4N'%,2"0#$0"4,3,"'($D8%384/,#$C$*,#)8,0":$1+18,0"$")$"#)*+),-'"$./%#$4/$
1'#,-'"$D*0+),"%%"$?$O,%#*/#/%
=<P$&%C$%#"%A"##$%E#":C$(EH"QR"'*$%
23*-*44*5*23*-*64**!+7$'*
!"##$%!$&'$()"&"*+%,-(./.0%
!"#$%&'()*&'*$#+(,'*-*.+(%,8*9"1))%'"*
1S%3%T4%
F$"*(F"G9:$A%K"++8$N>%?*8@$&A8+B%C$%D<*+&B"#>%E"*"C"%
P"$-'"$4Q"##/,$."$R'1"$#'0$4/$%801"$.'$38S)$5;TUT@$9"')$%8'#$/990"%.0"$"%D80"$/'&8'0.Q*',$
1S%3%S4%
)$<&'$A%M8Q8+&<@>%?*8@$&A8+B%E<*G<&C8">%E"*"C"%
V8'0$'%"$"#)*+),-'"$."$4/$2,84"%D"$"%$1'#,-'"%
1U%3%T4%
F$"*%M:@"#>%?*8@$&A8+B%C$%D<*+&B"#>%E"*"C"%%
A$PN"#)$9/#$9/0D"$-'N"#)$D08D*"$-'N"#)$M"44":$1/,#$DN"#)$9/#$9/0D"$-'N"#)$.0")N$-'N"#)$M"44"$B$C$
/#E1+)0,"$")$/990+D,/),8%$"#)*+),-'"$D*"G$4"#$1'#,D,"%#$)0/.,),8%%"4#$-'+M+D8,#$D8%)"1980/,%#%
1V%3%24%
!JWXYO%MO%D?!WZ?O%[X6MW[WJKKOLLO%Z?Y-YEJW!O*-*.71*.7:+;<=17;+(>'"*')*?%,@+';*AB;'$*
*
*
*
*
12
!
!
!
!
!
!
!
!
!
!"#$%&'('#")!'(*+,''
!-../'!/01/23-0-45'672898:'
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!.+#&(/01$#2%(!3(4(56#(!
;'<',*'
=->.'7-?@4A'B4@C/0D@5E'#[email protected]'G-4-H-'
!"#$'
+*'<'**'
I@J>K-'7J>DF-45A'B4@C/0D@5E'H/'#J450E-.A'G-4-H-''
LM/0'=/.?A'B4@C/0D@5E'H/'#J450E-.A'G-4-H-'
%&'('&)*+,'+,-./0*'+1,+-('2/&(03+(*4&,*5+1(*5+67809/,+4)*',-.)/(&*,'
NJO/0'H/'.-'D-../'G.->H/2GP-QR-14/''
78!-!98!:!78!-!;8!"+<%(!!
!-../'!/01/23-0-45'672898:!'
"#$%&'()*!'(!%$+),(!-!=>+6&+!?(#6+%&'
+*'<'S*'
=-4/.'H/'DJF@JQ>[email protected]@/'6%=#T:'
%-4@FU'V0J55@/0A'B4@C/0D@5E'H/'#J450E-.A'G-4-H-'
:,+;)<'+-05&4(6+,*+5&'0('&)*+=,5'&9(6&>/,+?+@0(*1+6A,*9&/)**,-,*'+1&4',+6,5+-)1(6&'25+1A(../24&('&)*+
G-0J.@4/'#-0FJ>W23/4H0J4A'B4@C/0D@5E'H/'#J450E-.A'G-4-H-'
B/&,*'(6C5+,'+6,+D,5'&9(6+10+E)*1,+F/(G,+?+6,+;)<'+-05&4(6+5,6)*+6,+4)*',3',+=,5'&9(6&,/+
NJO/0'H/'.-'D-../'G.->H/2GP-QR-14/'
77!-!;8!:!79!-!98!3<),1!
13
!"##$%!$&'$()"&"*+%,-(./.0%
!"#$%&'()*&'*$#+(,'*-*."#&#"%,*/#0)+"*
12%3%24%
5"*$#%678$%
-&9*:%;$7<=>*$7?%<=$&<=$9&%8*@AB$*@"*+?%C"*"@"%
!"*1+#$%&'(%)*+#,("#"*-./-)0,"#1"#23)(-"4*,5$"6-)7)-/#
D&"*E:87%58<"&@?%F*8G$&78+A%5"&87(!:&H:**$?%D&"*<$%
!"#8'9-#*,*&"(1,:#;'9-<#=%1",4<#('-'4)/-/#"(#>.)("#
D#:&$*<$%I$J778$9K?%F*8G$&78+A%@$%L:*+&A"#?%C"*"@"%
!%#?4%(6"#"-#2"*#@,*)0,"*#'4)"(-%2"*#%,#-',4(%(-#1,#AA"#*)B62"#+#2%#&'*)-)'(#"*-./-)0,"#1"*#
@,*)6'2'8,"*#"-#6"22"#1"*#6'@&'*)-",4*%
D:J$&%@$%#"%7"##$%C#"9@$(C="MB"'*$%
23*-*44*5*23*-*64*!+7$'*
!"##$%!$&'$()"&"*+%,-(./.0%
!"#$%&'()*&'*$#+(,'*-*8#+)"%,'*9+1+7):;<'=+$$7$*
1N%3%O4%
C#"9@8*$%C"&:*?%F*8G$&78+A%@9%P9AH$<%Q%L:*+&A"#?%C"*"@"%%
D&"*<$%!+(R$"*?%<:MM877"8&$%8*@AB$*@"*+$?%C"*"@"%
C%D*%8"E*F#"-#84%(1*#"*&%6"*#6'@@"#"($",G#1"#2%#*-/4/'-D&)"#"*-./-)0,"#"(#@,*)0,"!
1N%3%N4%
6#H"*%S"M"9+?%F*8G$&78+A%R$"*%L:**$+?%D&"*<$%
H)*6',4*#"*-./-)0,"#"-#64)*"#6'@&'*)-)'(("22"#+#I(-'(#J")6.%#"-#!,1K)8#7%(#L""-.'7"(#"(-4"#MNON#
"-#MNPP#
%
1T%3%O4%
6#$77"*@&:%6&H:?%F*8G$&78+A%@$%!+&"7H:9&'?%D&"*<$%
Q,8"@"(-#"*-./-)0,"#"-#'(-'2'8)"#@,*)6%2"%#
1/%3%44%
-6UPFVW%
!
!
14
Jugement esthétique et ontologie musicale
Alessandro Arbo
Université de Strasbourg, France
Résumé
Entre une symphonie de Brahms, une improvisation de musique iranienne
et un disque des Pink Floyd, il existe des différences qui ne sont pas uniquement esthétiques, mais touchent à la manière d’être de l’objet musical. Dans
les dernières décennies, l’ontologie s’est efforcée de les faire ressortir. On
s’est néanmoins demandé si une telle enquête était utile à qui se propose
d’expliquer les appréciations que nous portons sur les œuvres dont nous faisons l’expérience. Nous entrerons dans ce débat en nous focalisant d’abord
sur la notion de jugement esthétique. Nous soulignerons qu’un tel jugement,
enraciné dans l’expérience, peut être défini à partir d’un plaisir et d’une conduite identifiable à un niveau anthropologique général. Si, pour expliquer
une telle réponse, le rôle joué par la recherche ontologique est à première vue
accessoire, il ne l’est plus dès que nos jugements sont utilisés pour construire un discours critique susceptible de faire émerger les aspects saillants des
œuvres. C’est alors qu’une analyse des manières d’être des artefacts musicaux
se révèle primordiale pour éclairer les préférences dont ils font l’objet dans
un contexte culturel donné.
Biographie
Alessandro Arbo est enseignant chercheur au département de Musique de
l’Université de Strasbourg. Membre du laboratoire d’excellence GREAM
(Groupe de recherches expérimentales sur l’acte musical), il est auteur de
nombreux essais et monographies sur l’esthétique et la philosophie de la
musique. Il a dirigé, entre autres, Le corps électrique : voyage dans le son
de Fausto Romitelli (Paris, 2005), Perspectives de l’esthétique musicale: entre théorie et histoire (Paris, 2007), Wittgenstein and Aesthetics: Perspectives
and Debates (avec M. Le Du et S. Plaud, Frankfurt, 2012). Parmi ses travaux
plus récents, Archéologie de l’écoute. Essais d’esthétique musicale (Paris,
2010), Entendre comme. Wittgenstein et l’esthétique musicale (Paris, 2013).
15
1954
Paul Bazin
Université McGill, Canada
Résumé
Jean Vallerand (1915-1994) a été un important chroniqueur et musicographe –
voire musicologue. Aussi compositeur, ses écrits et ses propos sur la musique
ont parfois été teintés par le double prisme de ses occupations: à l’objectivité
habituelle requise par ses fonctions d’informateur, d’éducateur du public, se
sont parfois ajoutées de ces considérations plus personnelles, de ces préjugés esthétiques ayant davantage participé de sa carrière de créateur. En 1954,
alors que la musique européenne encaisse le choc du séisme sériel, Vallerand rédige un article dans lequel cette nouvelle musique est, pour ainsi dire,
mise à mal. Mais il est un jeune compositeur du nom de Serge Garant pour
remettre en question les prémisses d’une telle pensée. L’analyse des écrits de
Vallerand permet de nuancer une position en filigrane de laquelle se dessine
une conception du rôle du compositeur empreinte d’ascétisme moral. Des
échanges virulents ont émergé de ce choc des Titans. Quelles conclusions
peut-on tirer de ce court échange de tirs à la lumière d’une théorie de l’ascèse
dans la démarche compositionnelle ?
Biographie
Détenteur d’une maîtrise en analyse de l’Université de Montréal (François
de Médicis, 2012) et d’un baccalauréat en interprétation du chant classique
de l’Université de Sherbrooke (2010), Paul Bazin amorce présentement
des études de doctorat sur l’application de la méthode microtonale d’Ivan
Wyschnegradsky dans la musique de Bruce Mather (Université McGill, Steven Huebner et Christoph Neidhöfer). Depuis 2009, il assiste le musicologue
Jean Boivin dans ses recherches sur la création musicale contemporaine au
Québec, et ses plus récents travaux ont porté sur l’évolution du langage
de jeunesse du compositeur Serge Garant. Il a été chroniqueur pour la Société de musique contemporaine du Québec en 2011 et, lorsque le temps et
l’inspiration l’y autorisent, il se consacre à la composition.
16
Citation et emprunt de matériaux anciens dans l’œuvre
contemporaine
Liouba Bouscant (avec Ofer Pelz)
Université de Montréal, Canada
Résumé
Comment expliquer l’appropriation esthétique et le réinvestissement sémiotique de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine? L’ancien revêt-il un
sens esthétique nouveau par l’alchimie créatrice ou est-il uniquement l’objet
d’un processus de réception historique par le compositeur? Est-ce un simple
hommage, un point de départ compositionnel ou bien y a-t-il une recréation de la valeur esthétique de ce matériau musical, en fonction de nouveaux
points de références et de nouveaux horizons d’attentes? Cette réflexion
s’ancre dans le niveau poïétique. Elle interroge les œuvres des compositeurs
Michel Gonneville (Canada), Marielle Groven (Canada) et Ofer Pelz (Israël).
Nous montrerons que ce processus d’appréhension esthétique de l’ancien
dans le contemporain dépasse le courant postmoderne et que le matériau
ancien gagne une valeur esthétique nouvelle à travers un regard objectif et
kaléidoscopique.
Biographie
Liouba Bouscant est agrégée de musique, diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris en Analyse, Histoire de
la musique et Esthétique, et docteur en musicologie. Elle effectue actuellement un stage postdoctoral à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur les rapports entre musique et politique au
XXe siècle ainsi que sur la signification musicale. Elle a consacré des travaux
notamment à la rhétorique et à l’herméneutique musicales.
17
Paysage(s) et grands espaces comme enjeux de la stéréotypie
esthétique en musique
Claudine Caron (avec France St-Jean)
Université du Québec à Montréal, Canada
Résumé
Depuis longtemps, nature, musique et peinture se (re)croisent sur le chemin
de la création. On pense notamment au compositeur Luc Marcel s’inspirant
de tableaux de Riopelle, ou à Michel Gonneville et à Yves Daoust réalisant
des compositions dans le cadre des symposiums d’art in situ à la fondation René-Derouin, celles-ci s’inscrivant de facto dans la foulée du landart,
mouvement artistique par lequel la nature n’est plus un sujet de représentation, mais le matériau même par lequel l’art se crée. Or, la recherche
d’une correspondance ou, parfois, d’une adéquation entre la musique et le
paysage soulève nombre de questions, tant théoriques, méthodologiques,
qu’esthétiques et ontologiques. Cette communication propose une analyse
discursive de l’écriture musicale et du paysage canadien réunis dans l’édition
de disques compacts. Nous verrons que le paysage – même le paysage canadien – est polysémique (Bergé et Collot 2008). Éphémère dans la réalité, il
se fixe dans l’imaginaire pour la définition d’un lieu. Sous ce signifiant ancré,
parfois dans des formes anachroniques relativement au répertoire présenté,
se laisse pourtant entendre un répertoire inventif transcendant la stéréotypie
liée à la géographie et à la culture du pays.
Biographie
Spécialiste de l’histoire de la musique du Québec et du Canada, Claudine
Caron est chercheure postdoctorale au Laboratoire international d’étude
multidisciplinaire comparée des représentations du Nord (UQAM) où elle
poursuit ses recherches sur l’imaginaire du Nord dans la musique des XXe et
XXIe siècles. Parallèlement à son travail à la Fondation Arte Musica (MBAM),
elle est rédactrice en chef des Cahiers de la SQRM et membre du Centre de
recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises et de
l’OICRM. Elle a notamment fait paraître des articles et des recensions dans
Circuit, musiques contemporaines, Études d’histoire religieuse, Intersections,
Paroles gelées (UCLA) et Revue de BAnQ, de même qu’elle a collaboré à
l’ouvrage Les 100 ans du Prix d’Europe (PUL, 2012).
18
La nostalgie du romantisme chez Ernest Chausson
Sylvain Caron
Université de Montréal, Canada
Résumé
Tout au long de sa vie, Chausson a été partagé entre nostalgie du romantisme
et désir de modernité. Quelle idée se faisait-il du Romantisme? Qu’est-ce qui
rendait cet idéal à la fois si attachant et si inaccessible? Pour répondre à ces
questions, des écrits de Chausson seront mis en relation avec les stratégies de
composition dans deux mélodies : le Poème de l’amour et de la mer (sur un
poème de Bouchor) et «Oraison» (sur un poème de Maeterlinck). Nous démontrerons que l’unité de l’art – plus particulièrement entre musique, peinture et poésie – est un postulat romantique implicite dans sa production,
alors que son «refus du thème» traduit son souci d’une expression discrète et
spiritualisée, conformément à l’idéal alors moderne des symbolistes.
Biographie
Sylvain Caron est professeur titulaire à la Faculté de musique de l’Université
de Montréal. Ses domaines de recherche touchent à la musique française
sous la 3e République (1871-1939), à la musique religieuse et aux rapports entre analyse et interprétation. Son enseignement se partage entre l’harmonie,
le contrepoint, la fugue, l’étude du répertoire de musique française, les relations entre musique et symbolisme, et l’approche comparative entre musique et beaux-arts.
19
Le ma japonais : une esthétique de l’intersubjectivité
Bruno Deschênes
Chercheur indépendant, Canada
Résumé
La pensée esthétique traditionnelle du Japon est encore méconnue en Occident. Cette pensée considère que le beau n’est pas dans l’œuvre achevée,
mais dans ce que le connaisseur ressent. Le beau ne peut exister en soi, il est
ressenti intersubjectivement, entre l’artiste et le connaisseur. Cette vision a
été largement influencée par le bouddhisme. La notion de ma, terme qui est
traduit autant par «espace» que par «intervalle de temps» (qui sont considérés indissociables), est représentative de cette appréhension du beau. Je
donnerai un aperçu sommaire de l’esthétique ainsi que des notions du temps
et de l’espace de la pensée japonaise. Je terminerai en montrant comment le
ma, principalement dans son emploi en musique, est une notion esthétique
par laquelle le temps et l’espace sont ressentis intersubjectivement en tant
qu’espace-temps.
Biogrphie
Bruno Deschênes est ethnomusicologue, compositeur, musicien et journaliste (spécialisé en musiques du monde). Son champ de recherche premier est
la pensée esthétique de la musique traditionnelle japonaise, plus particulièrement du répertoire solo du shakuhachi, flûte dont il est interprète. Un
deuxième champ de recherche est le phénomène de la «transmusicalité»,
soit ces musiciens qui optent pour la musique d’une culture dont ils ne sont
pas natifs. Sa plus récente publication est «La métaphore dans l’esthétique
traditionnelle japonaise», dans Métaphores et cultures. En mots et en images
(Paris, L’Harmattan, 2012).
20
Pour une esthétique de la violence en musique
Georges Dimitrov
Université Concordia, Canada
Résumé
La conférence proposée a pour objectif d’amorcer une réflexion esthétique
sur le rôle de la violence au sein de la musique, examinant d’un côté le rôle
poïétique de la violence et sa présence au niveau immanent de l’œuvre, et de
l’autre les questions touchant à la transmission de cette violence à l’auditeur
(esthésique). L’objectif est de poser les bases épistémologiques préalables à
l’acte de penser la violence en musique, en abordant les problématiques de la
définition philosophique du concept de violence appliquée à la musique, de
la légitimité esthétique de la violence, et des spécificités du discours musical
au niveau sémiologique. Ensuite, il s’agit de se questionner sur la manière
dont cette violence est reçue (assimilée, refusée ou même ignorée) au début
du XXIe siècle, en tenant tout particulièrement compte des différents modes
d’écoute aujourd’hui disponibles et de l’opposition sociale entre musiques
dites «savante» et «populaire».
Biographie
Georges Dimitrov est un compositeur et artiste montréalais, œuvrant dans
les domaines de la musique contemporaine, de la musique de film et de la
musique électronique. Il est depuis trois ans professeur adjoint à l’Université
Concordia, où il est présentement en charge du secteur composition. Il a
également à son actif six années d’enseignement et un doctorat en composition à l’Université de Montréal où il a étudié sous la direction d’Isabelle Panneton et de Jean-Jacques Nattiez.
21
L’esthétique musicale dans la presse musicale française
(1900-1950)
Michel Duchesneau
Université de Montréal, Canada
Résumé
Ce panel est l’occasion de présenter certains des travaux amorcés dans
le cadre d’un programme de recherche sur l’histoire de l’esthétique musicale en France entre 1900 et 1950. Grâce à un dépouillement systématique
de quelques-unes des revues musicales les plus importantes et les plus
représentatives de l’époque, les membres de l’équipe ont relevé tous les
textes qui abordent d’une façon ou d’une autre la question d’esthétique musicale. L’objectif est de constituer une typologie lexicale caractérisant la réflexion sur l’esthétique de la musique en fonction de la nature de l’approche
éditoriale (article de fond, critique de concert, éditorial). L’analyse de cette
typologie permet d’identifier avec précision les enjeux esthétiques qui dominent le milieu tout en associant clairement termes, concepts et musiques aux
questions de goût musical, de valeur de l’œuvre et de jugement critique selon
des critères beaucoup plus riches que ceux qui ont conduit à la création des
étiquettes en «isme» tant prisées par l’histoire de la musique.
Biographie
Titulaire de la chaire en musicologie de l’Université de Montréal, Michel
Duchesneau est l’auteur du livre L’avant-garde musicale en France et ses
sociétés de 1871 à 1939 (Mardaga, 1997), coéditeur des collectifs Musique et
modernité en France (PUM, 2006), Musique, art et religion dans l’entre-deuxguerres (Symétrie, 2009), et il signe des articles et des conférences sur la musique française de la première moitié du XXe siècle. Appuyé par une subvention du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), il
a réalisé deux volumes consacrés aux écrits du compositeur et pédagogue
français Charles Koechlin (Mardaga, 2006 et 2009). Depuis 2002, il dirige
l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique
(OICRM). En 2012, il a reçu la Médaille Dent pour souligner sa contribution
exceptionnelle à la musicologie.
22
De la médication à la délectation.
Conceptions de l’effet de la musique dans le monde musulman
ancien et moderne
Jean During
CNRS, France
Résumé
A partir des conceptions anciennes de l’efficacité thérapeutique de la musique
dans les cultures musulmanes se développent des connexions de plus en plus
complexes entre le système des modes (maqâm) et les types d’auditeurs. Au
fil des siècles et avec la circulation des traités arabes, persans et turcs, les
correspondances deviennent incohérentes et le souci thérapeutique passe à
l’arrière-plan. On revient à des conceptions plus classiques centrées sur les
demandes de l’âme ou de l’esprit, proches de la notion moderne de musique
d’art. Malgré ce changement de perspective, l’usage de la musique comme
médication, suivie de constructions systématiques connectant les mélodies
à différents classes et registres du monde visible, peut se comprendre comme
un ambitieux projet passant de l’esthésique à l’esthétique.
Biographie
Prof. Jean During est directeur de recherche au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS, Paris). Après des études de philosophie, il s’est
établi en Iran où il a vécu entre 1971 et 1981 et où il se consacra à l’étude
pratique et théorique de la musique traditionnelle. Plus tard, il a séjourné
cinq ans en Ouzbékistan. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages, d’une
centaine d’articles sur les musiques de l’Asie intérieure, leur forme et leur
contexte culturel, en particulier dans leurs rapports avec la société, la pensée et la mystique musulmane. Ses publications comprennent aussi près de
cinquante disques, sur une aire s’étendant de la Turquie jusqu’au XinJiang.
Quatre de ses ouvrages ont été traduits en persan, deux en italien, un autre
en anglais, et un en espagnol. Un double CD de ses «compositions persanes»
a été publié en 2012 à Téhéran.
23
« C’est pas parce qu’est croche qu’est belle, mais c’est pas parce
qu’est dret’ qu’est belle » : asymétrie et appréciation esthétique
chez les musiciens traditionnels québécois contemporains
Jean Duval
Université de Montréal, Canada
Résumé
Le répertoire de musique traditionnelle québécoise est constitué environ au
tiers de pièces asymétriques (PA), familièrement appelées «tounes croches»
par les musiciens traditionnels. Une enquête réalisée auprès de seize de
ceux-ci en 2010 a permis d’explorer les enjeux esthétiques reliés au jeu de ce
type de pièces. La différence, la surprise, une logique musicale alternative et
la nostalgie qu’elles évoquent sont des éléments qui ressortent du discours
des musiciens sur l’appréciation esthétique des PA. Ceux qui les aiment ont
tendance non seulement à valoriser des PA traditionnelles dans leurs performances mais aussi à en composer de nouvelles. Au contraire, ceux qui ne les
apprécient pas ont tendance à éviter d’en jouer ou même à les corriger pour
qu’elles respectent la carrure. Il semble que le fait de jouer des PA est en voie
de devenir un marqueur identitaire et stylistique important dans la musique
traditionnelle du Québec contemporain.
Biographie
Jean Duval détient une maîtrise en ethnomusicologie de l’Université de Montréal (2008) et poursuit actuellement ses études doctorales dans la même
institution sous la direction de Monique Desroches et de Nathalie Fernando.
Son mémoire de maîtrise portait sur les compositeurs contemporains de
musiques traditionnelles québécoise, irlandaise et écossaise. Son projet de
doctorat porte sur les pièces asymétriques dans la musique traditionnelle du
Québec. Il est lui-même un musicien traditionnel et un compositeur actif
depuis une trentaine d’années.
24
De la variabilité et ou de la permanence des jugements de goût
dans les cultures du monde
Nathalie Fernando
Université de Montréal, Canada
Résumé
Sur la base de plusieurs recherches menées sur le terrain, les ethnomusicologues du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique
(MCAM) aborderont des questions destinées à ouvrir un débat comparatif
sur des musiques de différentes cultures avec, en toile de fond, les questions
suivantes: quels sont les critères utilisés par les membres d’une culture donnée pour apprécier une musique ou une performance musicale? Quelles
sont les motivations, les raisons sous-jacentes aux orientations esthétiques
choisies? Comment ces dernières sont-elles verbalisées au sein de la culture
et quel est le système de valeur qui leur est attaché? Comment s’inscriventelles dans l’ensemble du système symbolique de la communauté? Quelle est
la part de l’émotion musicale dans l’appréciation esthétique d’une musique
et comment se traduit-elle? Quelles stratégies socioculturelles les jugements
de goût révèlent-ils au sein du monde contemporain? À travers quels processus le goût musical se forge-t-il, se transmet-il et se transforme-t-il? Audelà des problématiques rencontrées au sein de chaque culture se pose plus
largement la question des similitudes ou des différences, des conduites esthétiques propres ou non à telle ou telle communauté. L’équipe du MCAM a
donc fonctionné sur le principe de la comparaison et d’une grille de critères
dont il convenait d’évaluer la validité auprès de chaque culture, mettant en
exergue un certain nombre de principes communs.
Biographie
Nathalie Fernando est titulaire de la chaire de recherche du Canada en ethnomusicologie. Fondatrice du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique (MCAM), elle est auteure et coauteure de plusieurs
disques sur les musiques d’Afrique centrale (collections OCORA et Inédit),
a récemment publié Polyphonies du Nord-Cameroun et son DVD Rom interactif (SELAF, 2011), et a édité l’ouvrage Simha Arom. La boîte à outils d’un
ethnomusicologue (PUM, 2007).
25
Les enjeux esthétiques et identitaires des musiques évangéliques maale (Sud-ouest éthiopien, de 1960 à nos jours)
Hugo Ferran
Université de Montréal, Canada
Résumé
La transnationalisation des musiques évangéliques soulève des problèmes
esthétiques et identitaires qu’il convient d’analyser à l’échelle locale. Chez
les Maale du Sud-ouest éthiopien, l’évangélisation protestante a débuté dans
les années 1960, sous l’impulsion de missionnaires Wolayta, leurs voisins du
Nord. Les premiers Maale convertis au protestantisme se sont appropriés
les hymnes Wolayta avant de créer leurs propres musiques évangéliques,
les Maale zamuro. Si les zamuro des années 1960-70 se distinguent des musiques dites «traditionnelles», on assiste à une «maaléisation» progressive
des chants évangéliques Maale depuis les années 1980. Bien que les évangéliques aient conscience de cette évolution, ils soutiennent que leurs musiques «spirituelles» (amano) se sont toujours différenciées des musiques
«terrestres» (alamo) des traditionalistes. La mise en regard des discours des
musiciens et des résultats de l’analyse révélera ainsi des enjeux esthétiques
et identitaires qui opposent les Maale évangéliques et traditionalistes depuis
cinquante ans.
Biographie
Hugo Ferran est titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS, 2010) portant sur les musiques maale du Sud-ouest éthiopien.
Actuellement boursier du CRSH et stagiaire postdoctoral à l’Université de
Montréal au sein du MCAM, il étudie la transnationalisation musicale des
mouvements évangéliques en Éthiopie et dans sa diaspora, de la fin du XIXe
siècle à nos jours. Son travail a fait l’objet de plusieurs articles, disques et
films ethnographiques. Il a enseigné l’ethnomusicologie dans les universités
de Saint-Étienne, d’Addis-Abeba et à l’Université de Montréal, ainsi qu’au
Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique de Dijon.
26
Les logiques du fonctionnement du discours esthétique chez les
chanteurs paysans du Salento : une exégèse inachevée
Flavia Gervasi
Université de Montréal, Canada
Résumé
Une fréquentation prolongée et intense entamée depuis 2008 auprès d’un
groupe restreint d’anciens chanteurs paysans du Salento (région au sud de
l’Italie) a persuadé qu’ils possèdent une esthétique de leur chant, bien que
celle-ci ne soit jamais explicitée. Toutefois, dégager une conception, voire
un système de pensée qui relève de l’esthétique et ce, en l’absence d’un discours direct qui porte sur cette dimension et en l’absence de théorisations,
constitue une entreprise compliquée. Notre travail ethnographique se concentre ainsi sur l’observation et l’analyse de toutes sortes d’attitudes linguistiques – tautologies, tentatives d’échapper aux questions du chercheur, etc. –
qui, bien qu’apparemment détachées d’un discours proprement esthétique,
cachent un bagage de valeurs nous expliquant la dimension endogène du
beau et du plaisant chez les chanteurs paysans du Salento.
Biographie
Flavia Gervasi a obtenu un doctorat en musicologie à l’Université de Montréal sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Sa thèse est une étude comparative qui porte sur l’esthétique de tradition orale de deux groupes de
chanteurs (paysans et revivalistes) du sud de l’Italie (Salento). En 2012, elle a
poursuivi ses recherches sur la phonostylistique de la voix dans le cadre d’un
stage postdoctoral à l’Université Laval (Québec) supervisé par Serge Lacasse.
En janvier 2013, elle devient postdoctorante au département d’anthropologie
de l’Université de Montréal, subventionnée par une bourse de l’OICRM. Flavia Gervasi participe au programme de recherche CRSH «Étude comparative
des critères d’évaluation esthétique et du jugement de goût» (2010-2013), dirigé par Nathalie Fernando.
27
A plusieurs voix. Modalités d’exécution et d’appréciation de la
danse kaikkottukali (Kerala, Inde)
Christine Guillebaud
CNRS / Université Paris Ouest Nanterre La Défense, France
Résumé
Dans les descriptions ethnographiques des folkloristes du début XXe, la
ronde kaikkottukali est présentée comme une danse féminine effectuée principalement par les brahmanes et les Nayar (caste dominante du Kerala). Si,
en effet, la pratique de cette danse est très répandue parmi les hautes castes,
elle est aussi exécutée dans les mêmes contextes par les castes de plus bas
statut. Cependant, à l’échelle de la société kéralaise, ces dernières ne sont pas
reconnues comme «expertes» en chant et en danse. Plus remarquable, le fait
même qu’elles pratiquent le kaikkottukali est souvent méconnu des femmes
de hautes castes qui ne leur reconnaissent aucune légitimité en la matière
et perçoivent négativement leur posture corporelle, leur manière de réaliser
les gestes et d’entonner les chants. Cette présentation consistera à identifier les contrastes très marqués des normes d’exécution - chants, postures,
gestes - en fonction des groupes de danseuses. Il s’agira d’analyser comment
se construisent les formes d’autorité sur le savoir musico-chorégraphique, de
rendre compte des logiques à l’œuvre dans l’appréciation esthétique de cette
ronde et de mettre en lumière les intérêts culturels divergents dont elle fait
actuellement l’objet.
Biographie
Chercheure au CNRS, Christine Guillebaud est membre du Centre de recherche en ethnomusicologie (CREM-LESC) de l’Université Paris Ouest Nanterre. Spécialiste des musiques du Kerala (Inde), elle est l’auteure du livre Le
chant des serpents. Musiciens itinérants du Kerala (CNRS Editions, 2008),
prix Coup de cœur de l’Académie Charles Cros, et co-éditrice du volume La
Musique n’a pas d’auteur (Gradhiva, 2010). Elle coordonne actuellement le
programme de recherche MILSON «Pour une anthropologie des MILieux
SONores» (Fondation Fyssen) dédié à l’étude des environements sonores
dans leur contexte socioculturel de production et de perception.
28
De la structure musicale au dispositif sonore
Martin Kaltenecker
Université Paris Diderot-Paris 7, France
Résumé
Cette conférence partira de l’idée qu’il existe depuis l’avènement de
l’esthétique un enlacement de deux discours : l’un «esthésique» (à partir de
l’aisthèsis mise à l’honneur par Baumgarten), l’autre esthétique, qui confronte l’art, et la musique en particulier, à une métaphysique et/ou à une politique, à l’Idée et/ou à la communauté. Cette alternance (dont on observe des
moments de bascule par exemple à partir de 1850, ou autour de 1920) a conduit progressivement, dans le dernier tiers du XXe siècle, à une approche «esthésique» qui vise à fonder la musique dans le Son. De multiples effets (des
«effets de pouvoir» au sens de Foucault, amenant la création d’institutions,
de structures, de projets de recherche, etc.) en découlent, parmi lesquels
j’étudierai tout particulièrement le démantèlement de la notion d’œuvre, les
discours proliférants sur l’écoute, conçue comme parachèvement actif, et le
«recyclage» théologisant d’une phénoménologie du son, tout cela formant
constellation.
Biographie
Membre fondateur de la revue de musique contemporaine Entretemps
(1985-1992), Martin Kaltenecker a longtemps été producteur à France Musique. Ses recherches ont porté sur des questions d’esthétique transversales
aux musiques du XIXe et XXe siècles, et, plus récemment, sur une généalogie
des théories de l’écoute musicale, auxquelles il a consacré un ouvrage écrit
au Wissenschaftskolleg de Berlin. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le
compositeur Gérard Pesson pour des livrets d’opéra (Pastorale, 2007) et des
«mises en texte» de transcriptions vocales de musiques instrumentales. Il
travaille actuellement à un projet autour des écritures mélodiques dans la
musique savante de la seconde moitié du XXe siècle, soutenu par la «Bourse
des Muses» (SACEM / Fondation Singer-Polignac).
29
Pour une analyse informée esthétiquement : le cas des «danses» de Messiaen
Federico Lazzaro
Université de Montréal, Canada
Résumé
À partir des années 1980, la musicologie développe une attitude
d’historicisation de l’analyse – qu’on pourrait appeler «analyse informée historiquement» – s’appliquant surtout à la musique du XVIIIe siècle. En étudiant la musique du XXe siècle, les catégories «de l’époque» sur lesquelles
il est possible de modeler notre regard analytique sont, plus souvent, des
catégories qui changent d’un compositeur (ou d’un groupe de compositeurs)
à l’autre; l’analyse musico-historique sera donc plus précisément une analyse
«informée esthétiquement». Le cas d’étude proposé se base sur le corpus de
«danses» composées par Messiaen dans les années 1930, et vise à éclaircir
par l’élaboration d’une stratégie analytique ad hoc les liens entre les écrits
du compositeur et sa musique. Cela montre une des tâches possibles de
l’esthétique musicale au XXIe siècle: développer des méthodes analytiques
puisant aux déclarations poétiques des compositeurs pour mieux saisir les
spécificités de leurs choix compositionnels.
Biographie
Federico Lazzaro a étudié en Italie (universités de Milan et de Pavie) et
en France (Université de Strasbourg). Après la soutenance de sa thèse sur
le concept de «renouveau» dans la musique française des années 1930, il a
entamé un deuxième doctorat à l’Université de Montréal (bourse de la chaire
de musicologie) avec un projet de recherche sur l’«École de Paris». Il a publié des articles sur la réception de la musique ancienne au XXe siècle et sur
la musique française de l’entre-deux-guerres; il a aussi collaboré à l’édition
critique du Sigismondo de Rossini.
30
Sens et esthétique des épopées karakalpakes à partir de la
terminologie vernaculaire
Frédéric Léotar
Université de Montréal, Canada
Résumé
Les bardes karakalpaks sont les musiciens qui ont certainement conservé
le plus riche fond épique d’Asie centrale. Malgré la période soviétique et la
modernisation des modes de vie qui en a découlé, il n’y a pas eu de rupture
dans la transmission de cet art vivant, depuis le père fondateur Aqymbet
(XIXe siècle) jusqu’aux générations actuelles. Dans une société où les épopées sont transmises oralement par le maître considéré par ses étudiants
comme le modèle à suivre, qu’en est-il de l’esthétique musicale telle qu’elle
est exprimée par les tenants de la tradition en termes de jugement de goût?
Cette communication aura pour objet de mettre en lumière les modalités
selon lesquelles l’esthétique des bardes karakalpaks peut être caractérisée à
partir de critères verbalisés formant un tout homogène. Au-delà de ce nécessaire état statique de critères servant de référence pour établir des jugements
de goûts musicaux en un temps donné, nous examinerons également en
quoi ces critères s’intègrent dans une dynamique de continuité et de rupture.
Biographie
Ethnomusicologue, Frédéric Léotar a obtenu son doctorat à l’Université de
Montréal en 2004, sous la direction de Jean-Jacques Nattiez. Il a ensuite effectué des recherches postdoctorales sous la supervision de Regula Qureshi
(University of Alberta), financées par une bourse du CRSH. Chargé de cours
à l’Université de Montréal, il est aussi membre actif du MCAM, laboratoire
où il développe des projets de recherche en lien avec l’esthétique musicale,
l’interdisciplinarité et l’ethnomusicologie computationnelle. Son expertise
de l’Asie centrale l’a amené à participer à des projets de sauvegarde et de restauration d’archives sonores (Académie des Sciences de l’Ouzbékistan) et de
mise au point de protocoles d’enquêtes (UNESCO). La steppe musicienne est
son premier ouvrage (à paraître aux éditions Vrin).
31
La France et les musiques orientales au tournant du XXe
siècle : la position esthétique des musicologues et celle des
compositeurs
Florence Leyssieux
Université de Montréal, Canada
Résumé
Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, l’orientalisme occupait une place
non négligeable dans la vie musicale française. Cependant, la construction
de l’image idéalisée d’un Orient mal défini géographiquement instaurait
un filtre entre les représentations occidentales et la vérité des cultures orientales. Toutefois, les Expositions universelles ont joué un rôle conséquent
dans la découverte des musiques asiatiques en abolissant la distance entre
l’évocation et la réalité. Source d’inspiration pour les compositeurs ou objet
d’intérêt scientifique pour les musicologues, les musiques orientales entendues à l’Exposition de 1889 constituaient pour beaucoup d’entre eux une expérience esthétique et culturelle inédite. Cette communication s’intéressera
plus particulièrement aux témoignages que Julien Tiersot et Claude Debussy
ont laissés sur la musique javanaise et sur celle du théâtre annamite, afin
d’observer et d’analyser leur réception des musiques asiatiques et la position
esthétique qu’ils ont adoptée.
Biographie
Florence Leyssieux réalise un doctorat en musicologie, sous la direction
de Michel Duchesneau, à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Membre de l’équipe de sociomusicologie de l’OICRM et auxiliaire
d’enseignement, elle est également réviseur pour la revue Intersections. Ses
intérêts de recherche portent sur la réception des musiques non occidentales
en France au début du XXe siècle, le développement de public en musique au
Québec, la professionnalisation des jeunes musiciens québécois (sujet sur
lequel elle a publié un article), ainsi que l’intégration socioculturelle et professionnelle des interprètes immigrants au Québec (problématique ayant
fait l’objet de plusieurs communications).
32
Panel de critiques musicaux
Renaud Machart
Le Monde / Radio France, France
Résumé
Dans le cadre du panel de critiques musicaux où sera posée la question «En
quoi l’exercice de la critique musicale participe-t-il aujourd’hui à l’édification
du goût musical des lecteurs-auditeurs?», Renaud Machart proposera
notamment un parallèle entre ses activités de critique musical et de producteur de radio. Il expliquera en quoi, selon lui, la radio est plus opérante
dans la transmission vers le public.
Biographie
Après des études en musicologie (Université de Tours), Renaud Machart
devient chanteur professionnel en 1982 et se produit dans le domaine de la
musique ancienne (avec, notamment, la Chapelle royale de Paris et le Collegium Vocale de Gand). Directeur de festivals, fondateur et directeur de la
collection de disques d’archives «Ina, mémoire vive» à l’Institut national de
l’audiovisuel (1992-2009), il est devenu producteur à Radio France en 1992.
Il anime actuellement l’émission hebdomadaire «Le Matin des musiciens»
sur France Musique. Journaliste au quotidien Le Monde depuis 1994, il a
occupé la fonction de critique musical jusqu’en septembre 2012. Depuis, il
collabore au supplément «Culture et Idées» et signe une chronique quotidienne consacrée à la télévision. Spécialiste de Francis Poulenc, il a établi
l’édition critique du Journal de mes mélodies (Cicero, 1993) et présenté un essai biographique (Seuil, 1995). L’un des experts français de la musique nordaméricaine, il a consacré des essais à John Adams (2004), Leonard Bernstein
(2007) et Stephen Sondheim (sortie avril 2013) chez Actes Sud. Il est l’un des
contributeurs à The Proust Project (Farrar, Straus and Giroud, New York,
2004) ainsi qu’à The John Adams Reader (Amadeus Press, 2006).
33
Crédits : Marion Kalter
Orientalys et le Festival du Monde Arabe : le goût musical selon
le contexte festivalier
Caroline Marcoux-Gendron
Université de Montréal, Canada
Résumé
Sur la base de terrains effectués lors des événements Orientalys et le Festival
du Monde Arabe (FMA) en 2012, une étude comparative sera proposée à propos des critères du goût musical des festivaliers, et même, plus globalement,
de la façon dont l’activité festivalière développe ce goût. Mis sur pied par la
même organisation, ces deux festivals se veulent des espaces de rencontres
entre culture arabe et traditions culturelles du reste du monde. Chacun induit une relation distincte à l’objet musical, Orientalys étant un événement
estival, extérieur et gratuit, par opposition au FMA qui est présenté en salles
et exige donc l’achat de billets. Une question qui se pose est notamment de
savoir si ces différents dispositifs festivaliers permettent d’ancrer un intérêt
réel pour la musique. Nos premiers résultats tendent vers l’idée que ces deux
expériences ne sollicitent pas le goût musical de la même manière. Ainsi,
les effets de la fréquentation d’un festival sur le développement du goût
musical renvoient directement à l’environnement dans lequel ce goût peut
s’enraciner et se développer.
Biographie
Caroline Marcoux-Gendron détient un baccalauréat en musicologie de
l’Université de Montréal et effectue présentement une mineure en anthropologie. Elle se consacrera à l’ethnomusicologie aux cycles supérieurs pour
investiguer les pratiques musicales de la communauté arabe de Montréal.
Membre de l’équipe de sociomusicologie de l’OICRM, elle s’intéresse aux
enjeux identitaires et à la question de la professionnalisation chez les musiciens migrants à travers l’exemple du groupe Constantinople. Elle prend
également part au projet de développement de public en musique au Québec (DPMQ) grâce à un terrain auprès du Festival du Monde Arabe. Auxiliaire d’enseignement, elle agit également à titre d’assistante à la coordination
générale de l’OICRM depuis septembre 2011.
34
Panel de critiques musicaux
Anne Midgette
Washington Post, États-Unis
Résumé
Dans l’écosystème musical florissant de la Vienne du XVIIIe siècle, alors que
toute musique était forcément «nouvelle», les critiques musicaux guidaient
leurs lecteurs vers les dernières tendances — et défendaient souvent le statu
quo contre l’avant-garde. Aujourd’hui, pour beaucoup d’auditeurs de musique classique, le statu quo est vieux d’un siècle ou deux, toute nouvelle
musique est d’«avant-garde» et considérée avec suspicion, et un critique
désirant aborder une œuvre nouvelle doit même souvent commencer par
tenter de convaincre son lectorat que cette musique a droit de cité et mérite
d’être écoutée. Alors que la musique nouvelle connaît une profonde transformation aux États-Unis, où de plus en plus de sensibilités indie-rock bouillonnent dans un métissage fécond, les critiques qui veulent écrire sur cette
musique en s’adressant à un large public sont souvent contraints de choisir
entre deux options: faire œuvre de prosélytes, ou se limiter consciemment à
un lectorat spécialisé.
Biographie
Anne Midgette est critique de musique classique pour le Washington Post.
Diplômée de l’université Yale, elle a été collaboratrice régulière en musique
classique et en théâtre au quotidien The New York Times pendant sept ans.
Elle a également écrit à maintes reprises pour de nombreuses publications
telles que The Wall Street Journal, Opera News, The Los Angeles Times et
Town & Country. Anne Midgette est coauteure de l’ouvrage The King and I
(Doubleday, 2004) qui traite de la carrière de Luciano Pavarotti (en collaboration avec Herbert Breslin, impésario de l’artiste). Elle signe également My
Nine Lives: A Memoir of Many Careers in Music (Knopf Doubleday Group,
2010) portant sur le pianiste Leon Fleisher.
35
Tensions et symbioses dans l’univers religieux congolais :
histoire, mémoire et esthétique dans la musique chrétienne à
Kinshasa
David Nadeau-Bernatchez
Université Laval / EHESS, Canada / France
Résumé
Le christianisme fut le bras droit de l’entreprise coloniale. Pourtant, en ce
début de XXIe siècle, sa vitalité dans l’Afrique contemporaine force à en repenser la signification et la «pertinence culturelle» au-delà de la violence
assimilatrice. C’est à travers le présent et le passé de la musique religieuse
congolaise, catholique plus particulièrement, que nous chercherons à en
réfléchir certains mécanismes de confrontations et d’échanges esthétiques.
Après une présentation générale de l’évolution des musiques catholiques en
écho aux autres répertoires chrétiens (protestant, kimbanguiste et néo-pentecôtiste), c’est à partir d’un retour sur quelques perspectives développées
par Tempels, Senghor et Kagamé, notamment par une problématisation du
concept de force vitale - depuis son évolution dans la pensée allemande du
XIXe siècle jusqu’à son rôle dans la construction de l’africanité au XXe siècle
- que nous voudrions interroger le paradigme esthétique du «devenir autre
en soi-même».
Biographie
Chercheur, cinéaste et musicien, David N. Bernatchez a débuté ses recherches au Congo-Kinshasa en 2004. À la fois anthropologique et historienne, sa
thèse propose un parcours chronique et diachronique au sein des différentes
catégories de la musique urbaine congolaise. Elle repose, d’une manière plus
générale, la question de l’anthropologie musicale dans une perspective comparative: celle de l’étude du fait musical comme rapports aux temps (social
et symbolique; historique et mémoriel; musical; performatif). Récemment
diplômé, David travaille actuellement comme cinéaste et professionnel de
recherche en anthropologie.
36
Ce que l’essai de Hume sur la norme du goût (1757)
peut nous apprendre encore aujourd’hui
Jean-Jacques Nattiez
Université de Montréal, Canada
Résumé
Il est certain que, dans un colloque consacré au goût, il est profitable de retourner à ce que David Hume écrivit sur le sujet, d’autant que l’ouvrage de
Gérard Genette, L’œuvre de l’art (1997), a contribué à renouveler l’intérêt pour
cet essai, en faisant de son auteur le précurseur du relativisme esthétique qui
domine aujourd’hui. Mais cette communication tentera d’examiner si la pensée de Hume peut être ramenée à la seule défense de la subjectivité du jugement de beau. On y décèlera la légitimité de la quête de critères esthétiques
universels et la possibilité de définir une norme et d’identifier des êtres plus
capables que d’autres de témoigner d’un goût sûr, tout en expliquant le pourquoi de la diversité des jugements de goût. On montrera que l’on trouve, au
travers de son raisonnement, la présence d’angles d’attaque qui ont été thématisés par la théorie sémiologique dite de la tripartition. On tirera de cet
examen quelques conclusions pour la recherche sur les critères esthétiques
en musicologie et en ethnomusicologie.
Biographie
Professeur émérite de musicologie à la Faculté de musique de l’Université de
Montréal, Jean-Jacques Nattiez est considéré comme pionnier de la sémiologie musicale (Fondements d’une sémiologie de la musique, Musicologie générale et sémiologie). Il a appliqué ses concepts à la pensée musicale de Pierre
Boulez, aux œuvres de Wagner (Wagner androgyne), à la musique des Inuit,
des Aïnou, des Baganda, et aux relations entre musique et littérature (Proust
musicien).
Il a été le directeur général de Musiques. Une Encyclopédie
pour le XXIe siècle (publiée en italien chez Einaudi et en français, chez Actes
Sud). Paraîtra en 2013 Du conflit des analyses musicales à l’interprétation.
L’exemple du solo de cor anglais du Tristan et Isolde de Wagner, tandis qu’un
Traité de musicologie générale est actuellement en cours.
37
Panel de critiques musicaux
André Péloquin
Journal Voir, Canada
Résumé
Parmi les nombreuses problématiques relatives à la critique musicale de nos
jours, André Péloquin abordera notamment la question de la relation entre
le critique et les nouvelles mouvances du Web telles que les réseaux sociaux,
les blogues, le journalisme citoyen, les plates-formes musicales de type
«Bandcamp», les agrégateurs de critiques comme «Metacritic», etc. Ainsi,
est-ce que le critique conserve encore une certaine «autorité»? Comment
son rôle a-t-il évolué alors que l’expression “everybody’s a critic” n’a jamais
été aussi vraie?
Biographie
Natif de Sorel-Tracy, maître ès littérature comparée, chef de la section Musique de l’hebdomadaire Voir, journaliste, réalisateur et chroniqueur indépendant (notamment pour Urbania et Fun-Jouer-Jeux.ca), André Péloquin entretient des réflexes développés lors de son passage à l’Université de
Montréal, où il a obtenu un baccalauréat en études cinématographiques et
littérature comparée suivi d’une maîtrise. Il s’emploie notamment à tisser des
liens - souvent judicieux, parfois douteux - entre différentes pratiques, influences et formes d’art lorsqu’il se livre à l’exercice critique. À défaut d’avoir
signé un premier roman, il a tout de même livré un mémoire de maîtrise
particulièrement nerd sur l’évolution du médium encyclopédique allant de
Diderot jusqu’à Wikipedia. Oh, et il est sagittaire.
38
Citation et emprunt de matériaux anciens dans l’œuvre
contemporaine
Ofer Pelz (avec Liouba Bouscant)
Université de Montréal, Canada
Résumé
Comment expliquer l’appropriation esthétique et le réinvestissement sémiotique de matériaux anciens dans l’œuvre contemporaine? L’ancien revêt-il un
sens esthétique nouveau par l’alchimie créatrice ou est-il uniquement l’objet
d’un processus de réception historique par le compositeur? Est-ce un simple
hommage, un point de départ compositionnel ou bien y a-t-il une recréation
de la valeur esthétique de ce matériau musical, en fonction de nouveaux points
de références et de nouveaux horizons d’attentes? Cette réflexion s’ancre dans
le niveau poïétique. Elle interroge les œuvres des compositeurs Michel Gonneville (Canada), Marielle Groven (Canada) et Ofer Pelz (Israël). Nous montrerons que ce processus d’appréhension esthétique de l’ancien dans le contemporain dépasse le courant postmoderne et que le matériau ancien gagne
une valeur esthétique nouvelle à travers un regard objectif et kaléidoscopique.
Biographie
Ofer Pelz est né à Haïfa (Israël) en 1978 et vit à Montréal. Compositeur, il
a remporté de nombreux prix nationaux et internationaux. Sa musique est
jouée aussi bien en France qu’en Italie, en Allemagne, en Corée du Sud, aux
Pays-Bas et en Israël par des ensembles tels que Ensemble Meitar, Ensemble
Cairn, The Israel Contemporary Players, Quatuor Ardeo, El Perro Andaluz,
Nouvel Ensemble Moderne. Pelz a travaillé par ailleurs avec de nombreux réalisateurs et chorégraphes, notamment avec le choréographe François Raffinot. Il a effectué ses études supérieures à l’Académie de Musique et de Danse
de Jérusalem. Il a perfectionné ses études de Composition et de Composition
électroacoustique au Conservatoire de Blanc-Mesnil avec Philippe Leroux,
Thierry Blondau et Gilles Racot, et a reçu une année de formation au CNSM
de Paris. Il est actuellement doctorant en Musique à l’Université de Montréal, supervisé par Ana Sokolovic, Caroline Traube et Robert Normandeau.
39
Le goût suspendu. Goût, fadeur, notoriété en Chine
François Picard
Université Paris-Sorbonne, France
Résumé
L’esthétique musicale chinoise telle qu’elle est connue et documentée est écartelée entre deux univers: l’un, classique, se réclame de la fadeur; à l’opposé,
l’univers populaire du Jingxi (opéra de Pékin) met en avant le goût wei comme appréciation et le savoir du goût comme critère d’interreconnaissance
des connaisseurs. Où situer alors la musique d’ensemble et les réunions entre amis où le jugement esthétique apparaît comme suspendu? Finalement,
le principal critère de jugement d’un artiste ne tient en Chine pas compte de
sa prestation, mais de la notoriété ming de l’interprète. Les deux stratégies
étudiées, éloge de la fadeur et suspension du jugement de goût, sont alors à
saisir comme une réponse à cet impératif oppressant.
Biographie
Depuis 1998, François Picard est professeur d’ethnomusicologie analytique
à l’Université Paris-Sorbonne et depuis 2010, il agit comme directeur de
l’équipe «Patrimoines et Langages Musicaux». Il a été l’organisateur principal de deux conférences internationales: «Chime» et «Luoshen fu arts et
humanités» et le co-organisateur des rencontres internationales annuelles
des doctorants d’ethnomusicologie (2011 et 2012). Il est membre de diverses
associations scientifiques et participe à des groupes de recherche en sinologie, musicologie, études théâtrales et anthropologie religieuse. Il a assuré la
direction artistique d’une trentaine de disques. François Picard joue de la
flûte xiao, de l’orgue à bouche sheng et de quelques hautbois (guanzi, suona)
au sein de l’ensemble Fleur de Prunus qu’il dirige, collaborant avec des compositeurs contemporains (Tehercisen, Bernard, Lévy) et l’ensemble XVIII-21
Le baroque nomade.
40
« Les danses de possession ne sont pas des danses » : le nondit et la critique comme système chez les Gnawa du Maroc?
Jean Pouchelon
Université de Montréal / Université Paris Ouest Nanterre La Défense,
Canada / France
Résumé
La danse est de trois types dans le rituel de la communauté des Gnawa
du Maroc: danses liminaires des musiciens puis danses de possession
auxquelles les femmes prennent part et dont mes informateurs démentent qu’elles soient des «danses» au titre que c’est un esprit qui mène les
possédés. Au sein de ces danses de possession, je distinguerai celles qui
sont le fait d’ «experts» (qui ne tombent pas) et celles qui sont le fait de
«malades» (qui tombent pendant leur danse). Après avoir livré une comparaison de ces types de danse, je m’attarderai à certaines collusions entre
celles-ci. À ce titre, toutes sont sujettes à un jugement de goût. En conclusion, je m’interrogerai sur la possibilité de valider certains résultats dans
une culture où l’implicite a une place notoire. Mon hypothèse est que le
non-dit et la critique forment les deux faces de la même médaille dans une
confrérie où règnent la compétition et le souci de préserver sa spécificité.
Biographie
Jean Pouchelon travaille chez les Gnawa du Maroc depuis une dizaine
d’années. Dans son travail de maîtrise (2001), il s’est intéressé au répertoire et à l’identité chez les Gnawa de Fès et d’Essaouira. À partir de 2003,
il a commencé à apprendre les instruments et les danses au sein de la diaspora parisienne. Il joue actuellement dans plusieurs troupes en région
parisienne et à Montréal. Dans le cadre de ses travaux de doctorat, il mène
à Marrakech des recherches sur les rapports entre la danse et la musique
tels qu’ils évoluent au fil du rituel de possession des Gnawa, depuis les
danses des musiciens jusqu’à celles des possédés. Parallèlement, Jean
Pouchelon s’intéresse au jazz et en particulier à la modélisation des procédés rythmiques et contramétriques tels que ceux que l’on rencontre chez
le pianiste Erroll Garner (2009) sur lequel il a commencé à travailler dans
le cadre de son DEA (2003).
41
La voix comme mentor
Béatrice Ramaut-Chevassus
Université Jean Monnet, France
Résumé
Alors qu’un renouveau du goût pour l’opéra perdure depuis les années 1990,
il s’agit d’interroger la capacité remarquable de la voix à générer l’empathie.
L’interrogation est menée autour de trois axes:
- Ontologique / ontique? La voix, tout comme l’art, n’est plus une affaire de
révélation ontologique comme le sous-entendait la théorie spéculative de
l’art. Elle n’est pas non plus liée à la seule dimension ontique. Elle articule
immédiatement les deux.
- Bruit de fond / de forme? La voix contient l’un et l’autre: bruit de fond comme condition de toute émission vocale mais aussi bruit de forme, timbre.
- Drame / stase? Si la voix contribue à un devenir intense des matériaux et
les élève à l’état d’affect, elle ne se limite pas à cela. La voix allie deux régimes,
ceux du drame et de la stase.
Du familier à l’inouï et vice versa, la voix est un mentor.
Biographie
Professeure de musicologie à l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne,
France) et membre du Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches
sur l’Expression Contemporaine, Béatrice Ramaut-Chevassus est spécialiste
d’histoire, d’analyse et d’esthétique des musiques «savantes» de 1970 à nos
jours. Auteure de Musique et postmodernité (1998), elle a dirigé plusieurs volumes collectifs: Composer un opéra aujourd’hui (2003), Miroirs, fragments,
mosaïques: Schèmes et processus de création dans l’art du XXe siècle (2005,
avec J.P. Mourey), Musique et schème: Entre percept et concept (2007), Art
et Ville contemporaine. Rythme, flux, corps (2012, avec J.P. Mourey). Elle est
responsable du master «Arts» de l’UJM, co-habilité avec l’ENS de Lyon.
42
Discours esthétique et crise compositionnelle : Anton Reicha et
Ludwig van Beethoven entre 1808 et 1822
Alban Ramaut
Université Jean Monnet, France
Résumé
Il s’agit d’étudier un moment particulier de l’histoire du premier XIXe siècle européen articulé autour de deux événements symboliques, la mort de
Haydn à Vienne (1809) et celle de Méhul à Paris (1817). Ce temps est replacé
sous l’autorité de deux musiciens, Beethoven et Reicha. Beethoven traverse
alors la phase complexe qui joint sa deuxième période à la troisième; Reicha
se trouve quant à lui dans l’attente à Paris d’un poste officiel qu’il obtient en
1818. Les textes et les partitions qui accompagnent ce moment formulent
des questions dont il convient d’observer aussi bien les convergences que
les divergences.
Biographie
Ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse
de Paris, Alban Ramaut est professeur de Musicologie au département de
Musicologie de l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne, France). Chercheur
titulaire à l’UMR LIRE (Saint-Étienne), il travaille dans les axes «Littérature
et Arts» et «construction des savoirs» sur la chronologie du romantisme
musical. Il a publié dernièrement, en collaboration avec Olivier Bara, Généalogies du romantisme musical français (Vrin, 2012), puis avec Hervé Audéon
et Herbert Schneider, Antoine Reicha, Écrits inédits et oubliés vol. 1 (Olms,
2011). Le second volume est à paraître en 2013.
43
Critères du goût musical des paysans de la presqu’île de Tanjung Bunga (Île de Flores, Indonésie)
Dana Rappoport
CNRS, France
Résumé
Sur la presqu’île de Tanjung Bunga (Flores, Indonésie), la musique, presque
exclusivement vocale, se pratique en groupe de duos, lors des travaux agraires qui rythment la culture du riz sur essarts. Les paires de chanteurs se constituent selon différentes façons, par affinités locales, affectives, familiales
mais surtout esthétiques. Que les deux voix sonnent bien ensemble constitue
une des conditions minimales pour chanter. Dans le choix du partenaire, les
chanteurs opèrent un jugement de goût implicite que cette recherche entend
expliciter, à partir de l’étude comparative du goût musical dans deux villages
voisins, aux stylistiques différentes. Bien que les appréciations esthétiques
varient d’un chanteur à l’autre et d’un village à l’autre, des constantes sont
mises à jour: loin d’être déterminé exclusivement par des critères sonores, le
goût musical est forgé selon différentes classes de critères: musicaux, émotionnels, littéraires.
Biographie
Dana Rappoport (1968) est ethnomusicologue au Centre National de la Recherche Scientifique. Ses recherches portent sur les musiques austronésiennes de l’archipel indonésien, étudiées à la fois sous l’angle de la musicologie formelle, de l’anthropologie de la religion et de l’organisation sociale. Elle
a mené successivement des enquêtes de longue durée sur deux terrains de
recherche, chez les Toraja de l’île de Sulawesi (1991-2005), et depuis 2006,
chez les Lamaholot d’Indonésie orientale (Flores, Solor, Adonara, Lembata).
44
Ironie et modernité musicale : d’une ironie ludique à une ironie
de crise, et retour
Anne Roubet
Université Paris-Est / CNSMDP, France
Résumé
Dans Ironie et modernité (1997), Ernst Behler développait l’idée «d’une relation entre l’ironie et la conscience de la modernité littéraire». Explorant
dans mon doctorat l’hypothèse d’un lien entre l’émergence de l’ironie dans
la musique instrumentale au XIXe siècle et celle de la modernité musicale,
en particulier à travers la mise en crise du langage tonal, je souhaite ici ouvrir la réflexion sur les liens pouvant s’établir entre l’évolution de l’ironie
musicale au cours du XIXe siècle et l’esthétique de certains compositeurs
d’aujourd’hui. De Beethoven à Mahler se dessine une évolution d’une ironie
ludique à une ironie de crise, «question posée au langage par le langage»
(Barthes), mettant en question la tonalité. Une courbe inverse ne se dessinet-elle pas aujourd’hui, d’une ironie interrogeant la possibilité même du discours musical chez Sciarrino ou Pesson, à la «ludicité» (Genette) jubilatoire
d’un Mantovani par exemple?
Biographie
Anne Roubet, agrégée de musique, ancienne élève de l’École Normale
Supérieure (Ulm), est professeure associée en histoire de la musique,
esthétique et méthodologie de la recherche au Conservatoire National
Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP). Elle est également
chargée de cours à l’École Polytechnique. Ancienne Allocataire-moniteur
à l’Université de Tours, elle termine actuellement son doctorat, intitulé
«Spirales du sens: l’ironie et la crise de la tonalité dans la musique
instrumentale, de Beethoven à Schoenberg», sous la direction de Geneviève
Mathon (Université de Paris-Est). Mezzo-soprano, elle est membre de la
Chapelle Rhénane et se produit en soliste avec divers ensembles.
45
Paysage(s) et grands espaces comme enjeux de la stéréotypie
esthétique en musique
France St-Jean (avec Claudine Caron)
Commissaire indépendante, Canada
Résumé
Depuis longtemps, nature, musique et peinture se (re)croisent sur le chemin
de la création. On pense notamment au compositeur Luc Marcel s’inspirant
de tableaux de Riopelle, ou à Michel Gonneville et à Yves Daoust réalisant
des compositions dans le cadre des symposiums d’art in situ à la fondation René-Derouin, celles-ci s’inscrivant de facto dans la foulée du landart,
mouvement artistique par lequel la nature n’est plus un sujet de représentation, mais le matériau même par lequel l’art se crée. Or, la recherche
d’une correspondance ou, parfois, d’une adéquation entre la musique et le
paysage soulève nombre de questions, tant théoriques, méthodologiques,
qu’esthétiques et ontologiques. Cette communication propose une analyse
discursive de l’écriture musicale et du paysage canadien réunis dans l’édition
de disques compacts. Nous verrons que le paysage – même le paysage canadien – est polysémique (Bergé et Collot 2008). Éphémère dans la réalité, il
se fixe dans l’imaginaire pour la définition d’un lieu. Sous ce signifiant ancré,
parfois dans des formes anachroniques relativement au répertoire présenté,
se laisse pourtant entendre un répertoire inventif transcendant la stéréotypie
liée à la géographie et à la culture du pays.
Biographie
France St-Jean détient un doctorat en histoire de l’art de l’UQAM. Spécialiste
de l’iconographie des rébellions bas-canadiennes et de son utilisation dans
la mise en mémoire des patriotes de 1837-1838, elle poursuit des recherches
sur diverses représentations visuelles, notamment celles de l’habitant. Elle a
publié et prononcé plusieurs articles et conférences sur le sujet, notamment
dans la revue Mens, le Journal de la Société pour l’étude de l’architecture au
Canada et au Centre d’études canadiennes de l’Université de Groningen aux
Pays-Bas.On lui doit également l’exposition «Les Rébellions patriotes dans
l’imaginaire des artistes» présentée à la Maison nationale des Patriotes du 28
avril au 30 septembre 2012.
46
Le goût musical en situation festivalière :
quand l’environnement dicte les modalités d’appréciation
Danick Trottier
Université de Montréal, Canada
Résumé
La présente communication fait état des résultats recueillis dans le cadre
d’une recherche réalisée au Festival de Lanaudière à l’été 2012. Ce festival a
la particularité de se tenir en plein air en conviant les mélomanes dans un
environnement naturel. Une dizaine de concerts ont été ciblés en fonction
de trois moments précis: l’avant-concert, le concert et l’après-concert. Cette
expérience festivalière, selon les résultats recueillis durant les observations
menées, délimite un goût particulier, qui doit s’analyser en contexte estival
et selon le décor bien particulier qu’offre le site. Les attitudes et les attentes
des mélomanes ne sont pas orientées de façon aussi protocolaire que dans un
concert en lieu fermé. Il sera en outre démontré que l’appréciation du concert renvoie directement aux dispositifs à travers lesquels celui-ci est reçu,
ces dispositifs étant en continuité ou en rupture avec l’expérience esthétique du festivalier. C’est pourquoi le goût musical en situation festivalière
se définirait par une recherche de plaisir et de socialisation qui a à voir avec
l’environnement particulier dans lequel le concert est projeté.
Biographie
Danick Trottier est chargé de cours à la Faculté de musique de l’Université de
Montréal et agent de recherche à l’OICRM, où il codirige l’équipe de sociomusicologie. Détenteur d’un doctorat en musicologie (Université de Montréal/
EHESS), il a finalisé en 2010 un stage postdoctoral à l’université Harvard.
De 2006 à 2010, il fut responsable des recensions francophones à la revue
Intersections. Il a publié dans des revues telles Argument, Circuit, Filigrane
et Les Cahiers Debussy. Ses recherches portent sur la professionnalisation en
musique, le développement de public et la critique musicale de l’entre-deuxguerres, de même que sur les logiques commémoratives, les processus de
canonisation et les œuvres hommages en musique du XXe siècle.
47
Time, Tune, Expression : l’esthétique tripartite de Michael
O’Brien, musicien irlandais
Damien Verron
Université Jean Monnet / Université de Montréal, France / Canada
Résumé
L’expression endogène du jugement de goût offre à la connaissance scientifique des faits musicaux un ensemble de données hétérogènes pouvant
être appréciées selon deux positions complémentaires. Celle, en premier
lieu, d’une ethnographie dont l’usage nécessairement relativiste invite à
distinguer, au cœur d’un groupe humain arbitrairement isolé, un ensemble
de conduites esthétiques reposant sur des principes a priori irréductibles à
d’autres cultures. Ensuite celle, plus polémique, d’une anthropologie visant
à interroger ce qui, «derrière l’écorce des coutumes particulières» (Molino,
1972, p. 253), procède d’une expérience esthétique dont certaines caractéristiques peuvent être généralisées à l’ensemble de l’espèce humaine. À travers
l’examen d’une conception esthétique tripartite de la musique instrumentale
à danser irlandaise, obtenue auprès de musiciens du nord-ouest de l’Irlande,
une réflexion est entreprise autour de la possibilité d’un élargissement à
d’autres cultures, de critères esthétiques repérés dans le cadre d’un fait musical préalablement isolé: les sessions.
Biographie
Après avoir suivi un cursus universitaire général en musicologie à l’Université
Jean Monnet (Saint-Étienne, France), Damien Verron réalise un Master de
recherche en 2008, suivi, en 2009, d’une thèse qu’il termine en quatre ans,
et pour laquelle il obtient la mention «très honorable, avec les félicitations
unanimes du jury». Affilié au Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur l’Expression Contemporaine (CIEREC), ainsi qu’à l’OICRM, il
est également membre du laboratoire Musicologie Comparée et Anthropologie de la Musique (MCAM). Ses recherches portent sur les rapports entre
structure musicale et contexte, étudiés à partir d’une conceptualisation tripartite du fait musical, pris en tant que forme symbolique.
48
Concours Montréal / Nouvelles Critiques
Le Festival international Montréal / Nouvelles Musiques (MNM) et
l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM) sont heureux de s’associer pour lancer le concours de
critique musicale Montréal / Nouvelles Critiques. Ouvert aux étudiants en musique des Université Concordia, Université Laval, Université McGill, Université de Montréal, Université du Québec à Montréal
et Université de Sherbrooke (tous programmes et niveaux d’étude
confondus), ce concours invite les candidats à soumettre des critiques
de concerts présentés dans le cadre du Festival MNM du 21 février au
3 mars 2013. Les participants pourront proposer jusqu’à deux textes
d’une longueur de 1000 mots tout au plus et ce, dans un délai de vingtquatre heures suivant la tenue du concert en question.
Toutes les critiques soumises seront publiées sur le site du colloque international en esthétique musicale de l’OICRM (esthetiquemusicale.
oicrm.org). Un comité d’évaluation sera convoqué pour déterminer le
meilleur texte qui sera récompensé par un prix de 1000$ remis conjointement par la Société de musique contemporaine du Québec
(SMCQ) et l’OICRM.
Critères de présentation : fichier Word contenant le titre du concert, la
date, le programme détaillé, le nom des artistes, le texte de critique et
une courte biographie de l’auteur (150 mots).
Pour plus d’informations, ou pour soumettre vos critiques :
[email protected]
49
Concerts
28 février 2013, à 19 h 30 à la salle Claude-Champagne
L’Atelier d’Opéra de l’Université de Montréal sous la direction de
Robin Wheeler ainsi que l’Orchestre de l’Université de Montréal sous
la direction de Jean-François Rivest présenteront l’opéra Dialogue des
Carmélites de Francis Poulenc.
1er mars 2013, à 17h30 à la salle Serge-Garant (B-484)
Une soirée de musique traditionnelle québécoise sera présentée par
le duo Duval-Boulanger auquel se joindra le guitariste Michael Ayles
pour l’occasion. Cette performance sera précédée d’une conférence
de l’ethnomusicologue et musicien Jean Duval à propos des «tounes
croches» du répertoire traditionnel québécois.
50
51
52
Téléchargement