Les mystères - lafautearousseau

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Les mystères sont des pièces qui représentent dans sa totalité la vie d'un saint ou,
surtout, qui restituent l'histoire du Christ depuis l'Incarnation jusqu'à la Résurrection - il
s'agit alors des Mystères de la Passion -, remontant jusqu'aux origines de l'humanité et
ouvrant sur la perspective du Jugement dernier. De dimensions modestes, les Passions
du XIVe siècle se limitent à la dramatisation des événements de la Semaine Sainte
(depuis le Dimanche des Rameaux jusqu'à la Résurrection), en s'inspirant pour l'essentiel
des évangiles. Leurs amples dimensions, ambitionnant de restituer la totalité du temps
chrétien, depuis la Création du monde, exigent une représentation qui s'étend sur
plusieurs journées.
Située à mi-chemin entre le théâtre religieux et le théâtre profane, la moralité fait
recours aux personnages allégoriques afin de donner une leçon, de moraliser. La Moralité
de Bien Avisé et de Mal Avisé (Rennes, 1439) illustre le thème des deux voies que peut
emprunter l'homme, vers le bien et vers le mal.
La sotie, pièce de 300 à 500 octosyllabes environ, s'inspire volontiers de l'actualité,
dénonçant à travers le rire grinçant la folie du monde et lui opposant la «sagesse» des
sots, personnages spécifiques du genre, avatars probables des célébrants de la Fête des
Fous. Représentée d'habitude par des confréries, tels les Cornards de Rouen ou les clercs
de la Basoche de Paris, rattachés au Palais de Justice, la sotie, genre intellectuel par
excellence, va de la satire jusqu'à la contestation politique, comme dans le Jeu du Prince
des Sots (1512) de Pierre Gringore, qui ne craint pas de ridiculiser le Pape Jules II, alors
en conflit avec François Ier.
De dimension réduites (300 à 500 octosyllabes), comportant un nombre restreint de
personnages définis par leur état (le mari trompé, la femme rusée, l'amoureux) ou par
leur statut social (le valet, le soldat, le vilain, le prêtre), les farces, insérées à l'origine
entre les journées des mystères, d'où leur nom dérivé du verbe farcir, sont destinées à
faire rire au moyen d'une intrigue rudimentaire et d'un comique peu élevé. Un de ses
sujets de prédilection est la critique des femmes et du mariage (Farce du Gentilhomme et
de Naudet, Farce du Cuvier). Le chef d’œuvre du genre est sans conteste la Farce de
Maître Pathelin, composée entre 1456 et 1469, dont les dimensions trois fois supérieures
à la moyenne et la complexité de l'intrigue ne font que relever le thème central du
«trompeur trompé» et de la ruse qui mène le monde.
Théâtre religieux et théâtre profane ont toutefois en commun la dimension de fête.
Spectacle inséparable de l'espace urbain et de la sensibilité qui y est attachée, le théâtre
à la fin du Moyen Âge réunit la communauté en un «cercle magique», autour de la grandplace de la cité, pour moraliser ou divertir, satiriser ou émouvoir, pour rendre enfin cette
communauté solidaire d'elle-même et de ses valeurs, en perpétuant les Événements qui
l'ont fondée à la «plénitude des temps».
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