lundi 11 août 2014 - N 5519 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4147,81 pts -0,05% FTSE (6 567 / -0,45%) 1 = 1,3411$ (+0,01%) BRENT (105,3$ / +0,49%) OR (1 311,2$ / +0,15%) Irak, la France appelle à l'unité Arrivé dimanche à Bagdad, Laurent Fabius a appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union « pour mener la bataille contre le terrorisme ». Le chef de la diplomatie française a précisé qu'il allait superviser la livraison de l'aide humanitaire française sur le territoire irakien. COMMERCE INTERNATIONAL LE DEAL L'HOMME DU JOUR Agroalimentaire: l'UE prépare une réponse à l'embargo russe Après huit mois de négociations, Alitalia et Etihad se sont dit "oui" Le président de BNP Paribas envisage de quitter son poste Soutien à la filière, plainte à l'OMC, nouveaux débouchés : Bruxelles cherchera, cette semaine, à contrecarrer l'embargo russe. Vendredi, un accord a été conclu entre la compagnie aérienne italienne, en difficulté, et celle prospère des Émirats arabes unis. Effective dans les prochains mois, la décision de Baudouin Prot serait liée aux ennuis judiciaires de la banque française aux États-Unis. Sommaire 11/08/2014 SPÉCIAL EMBARGO RUSSE L'Union européenne prépare une réponse à l'embargo russe sur les produits alimentaires Plusieurs options commencent à être évoquées en Europe: des mesures de soutien au secteur agroalimentaire, un plainte à l’OMC ou encore la recherche de nouveaux débouchés. En matière de coopération, "le pragmatisme et le bon sens prévalent" (Poutine) L'Ukraine annonce des sanctions contre la Russie Filière porcine: les abattoirs Gad, victimes de l'embargo russe? ÉCONOMIE La Banque de France prévoit 0,2% de croissance au troisième trimestre Malgré des signes relativement encourageants relevés par la Banque de France, l’activité industrielle reste négative au deuxième trimestre selon l’Insee. Ce qui pourrait laisser anticipé une croissance moins élevées que prévue. Dette: les taux allemand et français au plus bas en raison des tensions géopolitiques Le parlement italien adopte un nouveau plan économique 78.000 milliards de dollars: les dépenses mondiales en infrastructures d'ici 2025 Les "1% des plus riches"... encore plus riches que ce que la Fed et la BCE croyaient? 60% des Américains estiment "vivre confortablement" Irak: nouvelles frappes américaines, la France appelle à l'unité Les États-Unis bombardent l'Irak "Nous ne laisserons pas l'EIIL créer un califat via la Syrie et l'Irak" (Obama) Turquie: Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour Gaza: le Hamas annonce l'arrêt du cessez-le-feu L'Argentine menacée de poursuites pour "outrage" par un juge américain Comment Cristina Kirchner espère relancer l'économie argentine Edition du 11/08/2014 page 2/125 Sommaire 11/08/2014 Dette argentine: Buenos Aires dépose une plainte contre Washington En Chine, l'inflation reste largement inférieure aux prévisions L'excédent commercial chinois explose à un niveau historique en juillet ENTREPRISE Alitalia et Etihad se sont enfin dit oui Après huit mois de négociations, un accord a été conclu vendredi entre la compagnie aérienne italienne, en difficulté, et sa prospère homologue des Émirats arabes unis. Gabriele Del Torchio (Alitalia), sur le départ: "ma mission était de mener le groupe vers une alliance" Malaysia Airlines: une nationalisation pour "ressusciter" la compagnie? Iran: le crash d'un avion fait au moins 38 morts La production de Renault et PSA repart en France Avtovaz, le fabricant russe des Lada contrôlé par Renault, plonge Les objectifs d'Angela Merkel sur la voiture électrique totalement "irréalistes" Quand Amazon détourne Orwell dans une pétition contre Hachette aux Etats-Unis Google s'offre deux nouvelles applications: Emu pour la messagerie, Directr pour la vidéo Google et le libraire Barnes & Noble s'allient pour défier Amazon sur ses terres Google versera 250 millions de dollars pour lutter contre la vente illégale de médicaments Sécurité numérique: le français Gemalto lorgne l'américain SafeNet PrivateCore, la société de sécurité informatique achetée par Facebook Recharger son smartphone à distance par ultrasons? En Russie, pas d'Internet si l'on ne décline pas son identité Edition du 11/08/2014 page 3/125 Sommaire 11/08/2014 Ebola: l'Europe débloque encore 8 millions d'euros pour lutter contre l'épidémie GSK : le laboratoire qui a trouvé un vaccin contre le virus Ebola Ils enquêtaient pour GSK en Chine, la justice chinoise a enquêté sur eux Droits TV: quel club de ligue 1 tirera son épingle du jeu ? Lucy, deuxième meilleure entrée de tous les temps pour un film français aux Etats-Unis BANQUE & FINANCE Le président de BNP Paribas, Baudouin Prot, envisage de quitter son poste Cette décision serait liée aux ennuis judiciaires de la banque française aux Etats-Unis. "Il prendra sa décision à la rentrée, mais la logique veut qu’il parte", a confié un cadre de la banque au JDD. Dexia réduit ses pertes au premier semestre SÉRIE D'ÉTÉ La fin de l'Autriche-Hongrie (5/8) : se répartir les dépouilles de l'ancienne union Cent ans après le début de la Première Guerre mondiale, La Tribune revient sur une des suites majeures de ce conflit, la fin de l’Autriche-Hongrie, et sur ses conséquences économiques. Aujourd’hui, comment s’est organisée la... L'économie mondiale en 1914 (5/5) : l'économie a-t-elle conduit l'Europe à la guerre ? Dix nuances de management : Empathie (5/10) OPINIONS Manuel Valls, vigile de l'été ministériel Manuel Valls le sait, le mois d’août est propice aux dérapages politiques. D’où un contrôle étroit des ministres… Par Jean-Christophe Gallien, professeur associé à Paris Sorbonne* Election turque: le rêve d'Erdogan Fini l'ouvrier du 20e siècle, place au nouvel artisant... numérique Edition du 11/08/2014 page 4/125 5 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 COMMERCE INTERNATIONAL > Plusieurs options commencent à être évoquées en Europe: des mesures de soutien au secteur agroalimentaire, un plainte à l’OMC ou encore la recherche de nouveaux débouchés. Marina Torre L'Union européenne prépare une réponse à l'embargo russe sur les produits alimentaires Face à l'embargo russe sur les produits alimentaires, Bruxelles réunit des experts. Le 14 août, Dacian Ciolos, le commissaire européen chargé de l'Agriculture rassemblera ainsi des spécialistes du secteur agroalimentaire. Il s'est déjà concerté avec les ministres de l'Agriculture des pays membres, notamment avec Stéphane Le Foll pour la France. Pour l'heure, aucune réunion officielle des ministres de l'Agriculture n'est au programme selon l'Italie, qui préside actuellement l'UE. >> Embargo russe: quel coût pour l'agroalimentaire français? 11,8 milliards d'euros Le problème en suspens: quelles réponses à donner à cette interdiction de l'exportation vers la Russie? A titre indicatif, le montant total des exportations de produits agroalimentaires de l'UE vers la Russie a atteint 11,8 milliards d'euros soit 10% des exportations agroalimentaires européennes l'an dernier. En outre, le secteur craint un effondrement des prix en cas de surabondance. 6 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 Pour éviter cette situation, l'option du "dégagement" qui consiste à retenir une partie de la production serait sur la table selon le patron de la FNSEA, Xavier Beulin. Ces mesures prévoiraient en contrepartie des indemnisations pour les agriculteurs. Des mesures défendues par Paris? Sur le principe, des mesures d'aides aux agriculteurs pourraient recevoir le soutien de la France qui aurait pour projet d'en faire part à la Commission européenne. Après son entretien téléphonique vendredi avec François Hollande, c'est ce que Xavier Beulin, le président de la FNSEA, a indiqué à la presse. L'Elysée, moins affirmatif, s'est borné à affirmer via un communiqué que "des contacts étaient en cours avec la Commission européenne pour que les conséquences directes et indirectes de cet embargo soient évaluées avec précision afin de prendre des mesures adaptées à la gravité de la situation". "Une attention particulière sera portée aux producteurs de fruits et légumes, et des éleveurs qui rencontrent déjà des difficultés de marché." De nombreux pays européens concernés "Il faut que ça aille vite car on est en pleine récolte", a souligné Xavier Beulin. Sont concernés en priorité que les pêches et les fruits d'été qui sont notamment produits en Italie et en Espagne, puis les pommes provenant surtout de Pologne et de France mais aussi les tomates dont les Pays-Bas, l'Allemagne et la Belgique sont d'importants fournisseurs. Aux Pays-Bas, l'un des premiers exportateurs de produits alimentaires au monde, l es professionnels du secteurs s'activent également pour presser le gouvernement de réagir. Bataille juridique à l'OMC? Pour l'instant Bruxelles reste également très évasive. Dans un communiqué diffusé vendredi le commissaire roumain Dacian Ciolos a écrit: "Dans le contexte actuel, il est important de réagir de façon proportionnelle et rapide (...) Je suis certain que notre secteur agricole résilient se réorientera rapidement vers de nouveaux marchés et opportunités". 7 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 8 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 Par ailleurs, pour la partie légale, la présidence française a indiqué vendredi que "des démarches auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) devront être envisagées au niveau communautaire", dans un communiqué. La Pologne envisagerait également d'en référer à l'OMC. La Pologne veut vendre ses pommes outre-Atlantique Enfin concernant la recherche de nouveaux débouchés, Varsovie a déjà engagé des démarches. Objectif: obtenir une ouverture rapide du marché américain pour ses pommes, a indiqué samedi l'ambassadeur de Pologne à Washington, Ryszard Schnepf, cité par l'agence PAP. Le diplomate a dit avoir rencontré le secrétaire d'Etat adjoint chargé l'Agriculture, Michael Scuse et "une nouvelle rencontre est prévue le 18 août avec les chefs de l'agence qui autorise l'entrée de produits agricoles aux Etats-Unis". Les Etats-Unis bloquent les fruits et légumes européens La Pologne est le premier pays producteur de pommes, dont plus de la moitié (56%) étaient destinées à son voisin russe avant l'embargo imposé par Moscou. Si les importations de fruits et légumes frais en provenance de l'Union européenne sont interdits pour l'instant aux Etats-Unis, également frappés par l'embargo russe, quelques exceptions demeurent. Ainsi, la Pologne y exporte des poivrons et des brocolis, l'Italie des pommes et des poires. 9 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 LA PHRASE > Inaugurant ce samedi un site d’exploration pétrolier co-exploité par la société américaine ExxonMobil et la société d’Etat russe Rosneft, Vladimir Poutine en a profité pour souligner l’importance du "pragmatisme" dans les relations internationales. latribune.fr En matière de coopération, "le pragmatisme et le bon sens prévalent" (Poutine) "Le pragmatisme et le bon sens prévalent en dépit des difficultés du contexte politique actuel, et cela est très satisfaisant." C'est par ces mots que le président russe Vladimir Poutine a salué ce samedi le lancement du projet d'exploration pétrolière de la mer de Kara (Sibérie) mené par le groupe américain ExxonMobil en coopération avec le champion national Rosneft. Les entreprises comprennent la "nécessité d'une telle coopération" " Nous nous félicitons bien sur (d'un tel projet) et nous sommes disposés à étendre notre coopération avec nos partenaires (...) Les entreprises, y compris les principales sociétés russes et étrangères, comprennent fort bien la nécessité d'une telle coopération", a déclaré Vladimir Poutine qui s'exprimait en vidéo-conférence depuis Sotchi. Le président russe bat des records de popularité dans son pays, 87% des sondés soutenant son 10 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 action selon une enquête d'opinion publiée jeudi par le centre Levada, un institut non gouvernemental. Un projet qui échappe aux sanctions Le projet d'exploration russo-américain dans l'Arctique n'est pas affecté par les récentes sanctions occidentales qui interdisent notamment l'exportation d'armes et de certains matériels d'équipement pétrolier vers la Russie. La mer de Kara pourrait abriter jusqu'à 100 milliards de barils de pétrole, selon le patron de Rosneft Igor Setchine, mais la Russie a besoin des technologies occidentales pour pouvoir exploiter ces gisements. Paris a fait le choix du "pragmatisme"... Le choix français de poursuivre la livraison de deux navires Mistral à la Russie a provoqué une controverse fin juillet au sein des pays occidentaux, certains d'entre eux reprochant à Paris d'avoir privilégié une décision économique au détriment de choix "éthiques". L'Allemagne, en revanche, a décidé de suspendre un projet de coopération en matière de défense. 11 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 CRISE UKRANIENNE > Le Premier ministre ukrainien, Arséni Iatseniouk, a annoncé vendredi des sanctions qui pourront viser 172 particuliers et 65 entreprises, essentiellement russes, accusés d’avoir soutenu l’annexion de la Crimée ou de financer l’insurrection prorusse dans l’est du pays. latribune.fr L'Ukraine annonce des sanctions contre la Russie Une série de mesures de rétorsion. C'est ce qui est prévu dans un projet de loi en Ukraine présenté par le Premier ministre Arséni Iatseniouk et destiné à sanctionner 172 particuliers et 65 entreprises, essentiellement russes. Ils sont accusés d'avoir soutenu l'annexion de la Crimée ou de financer l'insurrection prorusse dans l'est du pays. Le contenu de cette liste n'a toutefois pas été dévoilé. Parmi les mesures qui seraient appliquées par le Conseil national de sécurité et de défense figurent des interdictions d'entrée dans le pays ou le gel d'actifs, mais aussi l'impossibilité de procéder à certaines opérations financières. Le projet doit être examiné mardi par le Parlement. Interdiction du transit des ressources naturelles Le chef du gouvernement a également évoqué l'interdiction du transit des ressources naturelles, alors que près de la moitié du gaz russe consommé en Europe transite par le territoire ukrainien. Et de déclarer que dans le pire des scénarios: 12 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 "L'Ukraine pourra subir des pertes, non seulement à cause des sanctions mais aussi à cause de la politique agressive du Kremlin, de sept milliards de dollars dès la première année." Après le crash de l'avion de Malaysia Airlines, abattu le 17 juillet en zone rebelle, le gouvernement ukrainien avait décidé de créer un comité chargé de préparer des sanctions contre la Russie et contre les citoyens russes qui soutiennent les insurgés. 13 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 SOCIAL > Déjà en difficultés, l’entreprise prévoit d’entamer une procédure de liquidation judiciaire pour son abattoir de Josselin dans le Morbihan, qui compte 1000 employés. Les perspectives négatives liées à l’embargo russe du 29 janvier auraient pesé dans la balance. latribune.fr Filière porcine: les abattoirs Gad, victimes de l'embargo russe? Gad compte demander la liquidation de l'abattoir de Josselin dans le Morbihan. Un communiqué de la CFDT publié ce samedi fait état de cette décision: "La direction de la SAS GAD Josselin a informé les représentants du personnel de son intention de solliciter du tribunal de commerce l'arrêt du plan de redressement en cours et l'ouverture d'une procédure de liquidation judiciaire" Le dossier de liquidation judiciaire devrait être déposé au tribunal de commerce fin août-début septembre. Victime de l'embargo russe Principale cause de ce choix: "des problèmes de trésorerie", a indiqué à l'AFP le représentant de la CFDT chez Gad, Patrick Piguel. A court terme, l'entreprise doit rembourser une échéance de dette 14 Spécial embargo russe LA TRIBUNE 11/08/2014 de 4,5 millions d'euros à payer le 10 octobre. Selon le représentant syndical cité par l'AFP, outre les difficultés de la filière, l'embargo russe sur les importations de porcs, a également pesé dans la décision. Avant même les mesures de rétorsion prises mercredi dernier par Moscou contre les sanctions imposées par les Occidentaux, la Russie avait interdit l'importation de porcs d'Europe en janvier dernier. Il s'agissait officiellement de raisons sanitaires après la découverte de cas de peste porcine en Lituanie et en Pologne. Chute de la production porcine La production de porcs en France a chuté de 1,4% au cours des trois mois qui ont suivi cette interdiction selon le service de statistiques du ministère de l'Agriculture Agreste , qui observait néanmoins une augmentation des exportations vers l'Espagne. Fin juin déjà, les salariés de Josselin s'inquiétaient des conséquences de cette interdiction, comme le décrit cet article de Ouest-France. Intermarché sur les rangs La société bretonne d'abattage et de découpe de porcs a déjà dû supprimer près de 900 postes l'an dernier, huit mois après que sa maison-mère Cecab, a été placée en redressement judiciaire. La majeure partie des activités de Lampaul-Guimiliau (Finistère) avaient été redirigées vers Josselin. Une filiale du groupe Intermarché a entamé des négociations en vue d'une possible reprise des abattoirs. Pour rappel, la fronde des "Bonnets rouges" était notamment partie des abattoirs Gad qui avaient été bloqués fin 2013. Les salariés de Josselin ont prévu de se rassembler ce samedi après-midi à Lorient sur le site du festival interceltique. 15 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 CONJONCTURE > Malgré des signes relativement encourageants relevés par la Banque de France, l’activité industrielle reste négative au deuxième trimestre selon l’Insee. Ce qui pourrait laisser anticipé une croissance moins élevées que prévue. latribune.fr La Banque de France prévoit 0,2% de croissance au troisième trimestre Une éclaircie à l'horizon? La Banque de France entrevoit une reprise de la croissance au troisième trimestre (+0,2%) selon une première estimation rendue publique ce vendredi. Indicateurs en demi-teinte Celle-ci se fonde sur l'observation d'indices conjoncturels dans l'industrie et les services relativement encourageants. Ainsi, dans l'industrie, production et livraisons augmentent légèrement, l'activité devrait rester stable en août, selon l'institution. Des chiffres de l'Insee indiquent cependant une reprise en demi-teinte de l'industrie. En effet, la production industrielle s'est redressée en juin de 1,3%, après une baisse de 1,6% en mai. Mais, cela ne suffit pas à renverser la vapeur pour l'ensemble du trimestre et la production industrielle reste donc négative (-0,5%) au cours du deuxième trimestre). L'enquête mensuelle de conjoncture auprès des entreprises de la Banque de France conclut en 16 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 outre à une "amélioration de l'activité" dans les services et leur "progression à court terme". Anticipations légèrement plus optimistes à l'Insee Le niveau de la croissance au deuxième trimestre doit être dévoilé par l'Insee le 14 août. Elle n'était pas au rendez-vous lors des trois premiers mois de l'année. Une majorité d'économistes cités par l'AFP anticipent une stabilité ou une très faible hausse du PIB (+0,1%). Pour les deuxième et troisième trimestres, l'Institut prévoyait fin juin une croissance de 0,3%. Un niveau légèrement supérieur à celui anticipé par la Banque de France et par un consensus d'économistes interrogés par Reuters (+0,2%). Pour l'ensemble de l'année, l'Insee prévoit une croissance de 0,4% du produit intérieur brut, tandis que le gouvernement, lui espère atteindre 1%. 17 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 MARCHÉ DE LA DETTE > Vendredi matin, le taux à 10 ans de l’Allemagne est tombé à 1,034% (contre 1,062% jeudi ) et celui de la France 1,468% (contre 1,488%). latribune.fr Dette: les taux allemand et français au plus bas en raison des tensions géopolitiques Nouveaux records pour les taux d'emprunt de l'Allemagne et de la France. Ceux-ci poursuivaient leur recul vendredi matin, atteignant de nouveaux plus bas historiques, ces dettes profitant de la prudence des investisseurs au lendemain de l'embargo imposé par la Russie sur les produits alimentaires européens. >>Embargo russe: quel coût pour l'agroalimentaire français ? Vers 08h20, le taux à 10 ans de l'Allemagne, qui évolue en sens inverse de la demande, est ainsi tombé à 1,034%, contre 1,062% jeudi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Les actifs les plus sûrs De même, le taux de la France s'est détendu dans les premiers échanges jusqu'à 1,468% (contre 1,488%). 18 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 Rendus très prudents par les risques géopolitiques, les investisseurs se ruaient vers les actifs considérés les plus sûrs, au premier rang desquels figure la dette des deux premières économies européennes. Ils évitaient en revanche les marchés boursiers, qui s'apprêtent à ouvrir en nette baisse en Europe vendredi, au lendemain d'un fort recul. Un contexte géopolitique très tendu "Les craintes grandissantes sur la situation en Ukraine ont créé une nouvelle vague de fuite vers les actifs les plus sûrs", notent les stratégistes chez BNP Paribas, cité par l'AFP. Les marchés redoutent une escalade de la situation en Ukraine, qui reste très tendue sur le terrain, sans compter l'embargo russe sur les produits alimentaires occidentaux décidé en réponse aux sanctions économiques prises par l'Europe et les Etats-Unis contre Moscou. Les inquiétudes portent également sur l'Irak, alors que le président des Etats-Unis Barack Obama a autorisé, si nécessaire, des frappes aériennes ciblées contre les jihadistes. Doutes sur la reprise économique De manière plus générale, " le soutien aux obligations de bonnes qualité provient d'une combinaison de banquiers centraux accommodants, de doutes sur la reprise économique et d'inquiétudes géopolitiques", résument les économistes chez Crédit Agricole CIB, toujours cités par l'AFP. Les derniers indicateurs sont peu encourageants pour les investisseurs, qui se posent des questions sur la santé de l'économie en zone euro, au moment où l'Italie est retombée en récession au deuxième trimestre et où l'Allemagne, moteur européen, commence à caler. Les dettes des pays du sud de la zone euro, jugés plus fragiles, faisaient par conséquent les frais de la prudence des investisseurs. >> L'industrie allemande a du mal à se vendre Le taux de l'Espagne grimpait ainsi à 2,672% (contre 2,626%), tout comme celui de l'Italie à 2,912% (contre 2,872%). 19 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Ce plan, surnommé "décret-loi compétitivité", prévoit notamment une baisse des tarifs de l’électricité pour les PME et des aides au crédit pour les entreprises. latribune.fr Le parlement italien adopte un nouveau plan économique Deux jours après l'annonce d'une rechute en récession , le parlement italien a définitivement approuvé jeudi soir un nouveau plan de soutien à l'économie. Celui-ci prévoit, entre autres, une baisse des tarifs de l'électricité pour les PME et des aides au crédit pour les entreprises. Présenté initialement en juin par le président du Conseil, Matteo Renzi, ce plan, surnommé "décret-loi compétitivité", a été fraîchement accueilli par le monde économique, qui lui reproche son absence de stratégie claire et son incapacité à répondre directement aux besoins les plus pressants des entreprises. Un plan "trop peu ambitieux" Le texte, fortement amendé au fil des semaines, a été approuvé par 155 voix contre 27 à l'issue d'un vote de confiance au Sénat, le gouvernement ayant choisi cette option pour accélérer le processus législatif avant la fin de la session parlementaire. Parmi les principales mesures adoptées figurent une réduction des tarifs de l'énergie pour les 20 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 petites et moyennes entreprises, un crédit d'impôt au titre de l'investissement industriel ou encore de nouvelles règles censées permettre aux compagnies d'assurance et aux fonds d'investissement de prêter directement aux entreprises. La réforme du code du travail repoussée La principale mesure économique mise en œuvre par le gouvernement Renzi ces derniers mois est une réduction d'impôt de 80 euros par mois pour les tranches les plus basses de l'impôt sur le revenu, effective depuis mai. La réforme du code du travail, critiqué pour sa rigidité, a quant à elle été repoussée à 2015 au plus tôt. Pour Alberto Bombassei, président du groupe Brembo, spécialisé dans la fabrication de freins pour l'automobile, le décret-loi compétitivité est trop peu ambitieux pour aider les entreprises, qui auraient bien plus à gagner d'une réduction de l'impôt sur les sociétés, rapporte Reuters. "C'est un signe clair montrant que le gouvernement a perdu le cap pour l'instant", a-t-il déclaré dans un entretien publié vendredi par le quotidien La Stampa. 21 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 INVESTISSEMENTS > Les dépenses en infrastructures dans le monde vont plus que doubler dans les dix ans, pour dépasser les 9.000 milliards de dollars par an, selon un rapport de PricewaterhouseCoopers (PwC) publié jeudi. latribune.fr 78.000 milliards de dollars: les dépenses mondiales en infrastructures d'ici 2025 78.000 milliards de dollars. C'est la somme qui devrait être dépensée dans les infrastructures d'ici 2025. 60% concernera la région Asie-Pacifique, notamment grâce à la croissance chinoise. "La part de l'Europe occidentale va rétrécir à moins de 10%, contre le double il n'y a que quelques années", relève PwC. Le marché des infrastructures s'est remis dès 2011-2012 de la crise financière internationale. Il va croître de 6 à 7% par an ces dix prochaines années, selon l'étude. L'importance d'investir dans les infrastructures "Au fur et à mesure que les économies se développent, les types d'investissements nécessaires dans les infrastructures évoluent", remarque Jonathan Cawood, responsable des infrastructures de PwC pour l'Afrique. Et de préciser: 22 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 "Mais tous les pays ne font pas une priorité des dépenses dans les infrastructures. Si vous n'investissez pas lorsque votre économie est en croissance, vous pouvez vous retrouver très rapidement avec des pistes d'atterrissage, des routes, des ports et des voies ferrées encombrés". Des dépenses dans l'urbanisation en priorité Parmi les secteurs de dépenses concernés: "L'urbanisation et, partant, les besoins en adduction d'eau, approvisionnement en électricité et moyens de transports, va être un autre vecteur de dépenses, notamment en Chine, en Inde, au Ghana, au Nigeria et aux Philippines." La démographie va également jouer un rôle majeur dans la détermination des équipements sociaux à construire, souligne PwC. Le vieillissement de la population, en particulier en Europe de l'Est et au Japon, va obliger à mettre l'accent sur les services de santé, tandis que les marchés émergents vont devoir à la fois investir dans la santé et l'éducation. Augmentation nette en Afrique Les dépenses en infrastructures de l'Afrique subsaharienne devraient croître de 10% par an pendant la décennie à venir selon PwC à 180 milliards de dollars en 2025. Cela correspondra à 2% du total mondial. A l'horizon 2025, le Nigeria dépensera nettement plus que l'Afrique du Sud, 77 milliards de dollars contre 60 milliards.Le pays d'Agrique du nord a pris la place de première économie africaine cette année. <cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="html">L'enquête a été menée dans 49 pays représentant 90% du PIB mondial, selon PwC.</cms:widget> 23 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 L'ÉTUDE > La fortune des personnes les plus riches de la planète serait largement sous-évaluée selon le rapport d’un économiste belge travaillant pour la BCE, publié en juillet. latribune.fr Les "1% des plus riches"... encore plus riches que ce que la Fed et la BCE croyaient? Les "1%" les plus riches de la planète sont plus riches que ce que la plupart des études affirment. En grande partie parce qu'ils auraient tendance à taire une portion de leur fortune. C'est ce que Philip Vermeulen, économiste belge qui travaille pour la Banque centrale européenne, tente de démontrer dans un rapport publié en juillet mais passé relativement inaperçu. Des riches... "moins fiables" Ayant observé que la " fiabilité " des réponses des " ménages les plus riches " était généralement moins élevée que celles des moins fortunés, il a pris en compte ce biais pour établir une nouvelle méthode de calcul. Il l'a ensuite appliquée aux données du Rapport sur les finances des ménages américains de la Réserve fédérale , celles du Rapport sur les finances et la consommation de la BCE et celles du classement Forbes sur les milliardaires. Écart important en Allemagne Résultat: l'écart entre la fortune "officielle" et celle ainsi recalculée atteint 13 points de pourcentage 24 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 en Autriche, 9 en Allemagne, 3 aux États-Unis. Autrement dit, outre-Rhin, la fraction de la population rassemblant 1% des ménages les plus riches ne concentrerait pas 24% de la fortune privée totale du pays, mais 33%! En France, l'écart semble relativement faible - de 1 point: 19% de la richesse serait donc concentrée entre les mains de 1% de la population. "Paradis fiscaux" Un autre économiste, Gabriel Zucman, professeur à la London School of Economics - qui a collaboré avec le français Thomas Piketty, l'auteur du désormais célèbre Capital au XXIe siècle sur les inégalités de revenu - a étudié une portion encore plus congrue de ces fortunes. Il estime quant à lui que les 0,1% les plus riches américains possédaient en 2012 quelque 23,5% des richesses. Une précédente estimation tablait plutôt sur 21,5%, et l'écart entre les deux serait dû aux sommes "cachées dans des paradis fiscaux", note l'agence Bloomberg. >> Thomas Piketty est-il vraiment sérieux? 25 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 EFFETS DE LA CRISE > Une large majorité des ménages d’outre-atlantique affirment se porter "assez bien" économiquement. Un tiers des foyers affirment toutefois que leur niveau de vie est moins bon qu’il y a cinq ans, selon une enquête de la Réserve fédérale américaine (Fed) publiée jeudi. latribune.fr 60% des Américains estiment "vivre confortablement" Voici une enquête de la Réserve fédérale américaine (Fed) dont les résultats nuancent les effets de la récession sur le mode de vie outre-atlantique. Elle révèle que 60% des ménages américains estiment "vivre confortablement" . 30% affirment même que leur niveau de vie a progressé alors qu'un tiers indiquent qu'il est resté le même. 16% des Américains craignent une baisse de revenu Les effets négatifs de la crise sont néanmoins ressentis par un tiers des foyers américains, qui affirment que leur niveau de vie est moins bon qu'il y a cinq ans. Ils sont aussi 61% à penser que leur revenu n'augmentera pas au cours des douze prochains mois, tandis que 16% craignent qu'il baisse. 42% des Américains rapportent par ailleurs qu'ils ont dû retarder une dépense ou un achat majeur à cause de la crise. 18% reconnaissent même avoir reporté une décision majeure en raison de la conjoncture économique, comme un départ à la retraite. 26 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 L'enquête de la Fed se base sur les réponses de 4.100 personnes interrogées en septembre et octobre 2013. 27 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 IRAK > Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est rendu dimanche à Badgad pour des entretiens avec des responsables du ministère des Affaires étrangères et à Erbil pour superviser la première livraison d’aide humanitaire française aux déplacés dans la région de Sinjar. latribune.fr Irak: nouvelles frappes américaines, la France appelle à l'unité Les Etats-Unis ont lancé de nouvelles frappes contre les positions jihadistes dans le nord de l'Irak. Les Etats-Unis, qui se sont retirés d'Irak il y a près de trois ans, ont mené leurs premières frappes vendredi, pour enrayer l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui menacent le Kurdistan autonome et des milliers de civils. Les insurgés sunnites menés par l'EI étaient jusqu'à présent restés à distance du Kurdistan, mais depuis fin juillet les jihadistes ont progressé en direction de la province, occupant des positions à une quarantaine de kilomètres de sa capitale Erbil, sans cependant franchir les frontières de la région autonome. Leur progression a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux membres de la minorité kurdophone des Yazidis, bloqués sur les monts Sinjar sous une chaleur étouffante avec peu d'eau et de nourriture. Frappes et aides humanitaires 28 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 Les forces américaines "ont (mené) avec succès quatre frappes aériennes pour défendre les civils yazidis cibles d'attaques aveugles" près de Sinjar, a indiqué l'armée américaine tard samedi. Parallèlement, les Etats-Unis ont largué dimanche matin de nouvelles cargaisons de vivres l'équivalent de 52.000 repas - et des conteneurs d'eau après avoir déjà mené des opérations similaires jeudi et vendredi à destination des "milliers de citoyens" menacés par les jihadistes sur les monts Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne, a annoncé le Pentagone. La prise par l'EI il y a une semaine de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité non-musulmane, a poussé à la fuite jusqu'à 200.000 civils selon l'ONU. Nombre d'entre eux sont piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes. Une députée yazidie, Vian Dakhil, devenue le visage de sa communauté après avoir lancé un appel poignant mardi pendant une session parlementaire, a assuré samedi qu'il ne restait plus qu'" un ou deux jours pour aider ces personnes. Après, ils vont commencer à mourir en masse". Outre les Yazidis, près de 100.000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive, à l'ouest de Mossoul, par les jihadistes, qui se sont emparés de cette deuxième ville d'Irak et de pans entiers du territoire depuis le début de leur offensive fulgurante le 9 juin. Le président américain Barack Obama s'est dit confiant samedi " dans le fait que nous pourrons empêcher l'Etat islamique d'aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas ", même si mettre ensuite ces dizaines de milliers de personnes dans un endroit sûr sera compliqué d'un point de vue logistique. Fabius sur le terrain Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est rendu dimanche à Badgad pour des entretiens avec des responsables du ministère des Affaires étrangères ainsi qu'à Erbil pour superviser la première livraison d'aide humanitaire française aux déplacés dans la région de Sinjar. La Grande-Bretagne a pour sa part commencé à larguer dimanche de l'aide humanitaire, a annoncé un porte-parole du ministère britannique du développement international à l'AFP. Le premier des deux avions envoyés par l'armée britannique a parachuté de la nourriture et de l'eau à la minorité Yazidi bloquée dans les montagnes de Sinjar, de même source. Appels à un gouvernement d'union A son arrivée à Bagdad, le chef de la diplomatie française a appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union "pour mener la bataille contre le terrorisme": 29 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 "Il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme", a-t-il déclaré après une brève rencontre avec le ministre irakien des Affaires étrangères par intérim, Hussein Chahristani. La veille, le président américain avait également de nouveau appelé à la formation d'un gouvernement d'union pour faire face aux insurgés sunnites. Barack Obama a insisté sur la nécessité d'aboutir à un gouvernement " dans lequel le peuple irakien et l'armée irakienne (aient) confiance", assurant que "pour partie, ce que nous faisons en ce moment est de leur préserver un espace pour mener à bien ce travail nécessaire", alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions. 30 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 IRAK > Le Pentagone a annoncé que vers 12h45, heure française, deux chasseurs bombardiers américains ont largué des bombes sur une pièce d’artillerie mobile près d’Erbil, capitale de la Région autonome du Kurdistan, au nord du pays. latribune.fr Les États-Unis bombardent l'Irak Après l'avoir annoncé, le gouvernement américain est passé à l'action. Les États-Unis ont bombardé des positions d'artillerie de l'État islamique en Irak qui menaçaient les personnels américains basés à Erbil, dans le Kurdistan irakien, au nord du pays, a annoncé vendredi le Pentagone. Des frappes contre l'artillerie de l'État islamique Sur Twitter, le porte-parole du Pentagone, l'amiral John Kirby, a notamment déclaré: "Des avions militaires américains lancent des frappes contre l'artillerie de l'État islamique. L'artillerie a été utilisée contre des forces kurdes qui défendent Erbil, près de personnels américains". <cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="twitter" url="https://twitter.com/PentagonPresSec/statuses/497725099970031616" author="Rear Adm. John Kirby" nickname="PentagonPresSec" date="2014-08-08"> 31 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 US military aircraft conduct strike on ISIL artillery. Artillery was used against Kurdish forces defending Erbil, near US personnel. — Rear Adm. John Kirby (@PentagonPresSec) 8 Août 2014 </cms:widget> Le Pentagone a précisé que vers 12h45, heure française, deux chasseurs bombardiers américains F/A 18 ont largué des bombes de 250 kilos guidées par laser sur une pièce d'artillerie mobile près d'Erbil, rapporte l'AFP. "La décision de frapper a été prise par le centre de commandement américain avec l'autorisation du commandant en chef" Barack Obama, a indiqué John Kirby. Le chef de l'armée irakienne, Babaker Zebari, a pour sa part estimé que cet appui aérien allait permettre "d'énormes changements sur le terrain dans les prochaines heures" . "Les officiers de l'armée irakienne, les peshmergas (kurdes) et des experts américains travaillent ensemble pour déterminer les cibles", a-t-il expliqué, évoquant également des frappes américaines dans la région de Sinjar, à l'ouest de Mossoul et des opérations prévues dans "des villes irakiennes contrôlées par l'EI". L'objectif du président américain: éviter un génocide Des frappes aériennes ciblées ont été autorisées jeudi soir par le président américain Barack Obama pour éviter un "génocide" de milliers de chrétiens et Yazidis en fuite dans le nord de l'Irak et contrer l'avancée des jihadistes vers le Kurdistan irakien. "Nous allons être vigilants et prendre des mesures si (les jihadistes) menacent nos installations n'importe où en Irak, notamment le consulat (américain) à Erbil et l'ambassade à Bagdad", a-t-il déclaré. Obama a cependant assuré qu'il n'allait pas "entraîner (le pays) dans une autre guerre". L'Onu cherche à établir un "corridor humanitaire" Les combattants de l'État islamique (EI) ont pris jeudi Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, et se sont emparés du plus grand barrage du pays, à Mossoul, cité qu'ils contrôlent depuis le 10 juin. Depuis dimanche leur avancée dans le nord du pays a fait fuir des dizaines de milliers de personnes. L'armée de l'air américaine a parachuté ces derniers jours des vivres et de l'eau aux civils piégés dans les montagnes. 32 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 L'ONU cherche désormais de son côté à établir un "corridor humanitaire" dans le nord de l'Irak pour permettre d'évacuer les civils menacés. Le survol de l'Irak interdit aux vols commerciaux américains La France s'est dite "prête à prendre toute sa part" dans l'aide aux populations civiles victimes des "exactions intolérables" de l'EI. L'Agence fédérale américaine de l'aviation (FAA) a interdit vendredi aux avions commerciaux américains de survoler l'Irak, citant des "situations potentiellement dangereuses créées par le conflit armé". 33 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 IRAK > Le président américain s’est exprimé samedi pour justifier les bombardements en Irak. François Hollande l’a assuré de son soutien et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius est arrivé dimanche à Bagdad. latribune.fr "Nous ne laisserons pas l'EIIL créer un califat via la Syrie et l'Irak" (Obama) Pendant que l es Etats-Unis bombardent l'Irak, Barack Obama s'explique. Samedi matin à 10h25, heure de Washington, le président américain a donné une conférence de presse en direct du jardin de la Maison Blanche. Entretien avec Hollande Le chef de l'Etat américain s'est entretenu avec François Hollande et le Premier ministre David Cameron, qui l'ont assuré de leur soutien. La France s'est engagée aux côtés des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne à venir en aide aux dizaines de milliers de réfugiés, dont de nombreux membres des minorités religieuses chrétienne et yazidie, jetés sur les routes par les attaques des djihadistes dans le nord de l'Irak. Notons à cet égard que le chef de la diplomatie française Laurent Fabius est arrivé dimanche à Bagdad, où il va s'entretenir avec des responsables irakiens de la réponse à apporter à l'offensive des djihadistes de l'Etat islamique, rapporte la télévision d'Etat irakienne. Le ministre des Affaires étrangères se rendra ensuite à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, pour 34 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 superviser la distribution de l'aide humanitaire, ont indiqué le Quai d'Orsay et des responsables kurdes. "Nous ne laisserons pas l'EIIL créer un califat via la Syrie et l'Irak" La veille, une interview accordée par le président américain a été publiée par le New York Times. Il affirme notamment: "Il est dans notre intérêt stratégique de repousser l'Etat islamique en l'Irak et au Levant. Nous ne les laisserons pas créer un quelconque califat via la Syrie et l'Irak, mais nous ne pouvons le faire que si nous avons des partenaires sur le terrain capables de remplir le vide". Le chef de l'Etat américain en appelle donc aux tribus sunnites et aux autres figures de pouvoir locales afin qu'elles poursuivent les opérations. "Nous pouvons repousser (les djihadistes de l'EIIL) pendant un certain temps, mais dès que nos avions seront partis, ils reviendront ", a-t-il ainsi reconnu. Frappes "ciblées" Depuis jeudi l'armée américaine procède à des frappes "ciblées" contre les combattants de l'Etat islamique dans le nord de l'Irak, une opération conçue pour prévenir, selon ses termes, un éventuel "génocide" de minorités religieuses et protéger les Américains qui travaillent dans le pays. Netayahu "trop fort", Abbas "trop faible" Le président américain a par ailleurs évoqué la situation à Gaza et fait part de ses doutes quant à la possibilité d'un règlement rapide du conflit. Observant la popularité auprès des Israéliens de leur Premier ministre Benjamin Netanyahu, Barack Obama a jugé que " d'une certaine façon, Bibi (Benjamin Netanyahu) est trop fort, et (...) Abbas est trop faible pour qu'ils se rapprochent" comme l'avaient fait leurs prédécesseurs lors des accords de Camp David. Si la Russie envahit l'Ukraine... Enfin concernant l'Ukraine, Barack Obama pense qu'une invasion russe est possible " n'importe quand ", auquel cas " tenter de retrouver une relation de coopération qui fonctionne bien avec la Russie pendant le reste de (son) mandat sera bien plus difficile". (Article créé le 09/08/2014 à 09:50, mis à jour le 10/08/2014 à 9h30) 35 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 ELECTIONS EN TURQUIE > Les Turcs se sont rendus aux urnes dimanche pour la première élection présidentielle au suffrage universel direct de l’histoire du pays. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui promet une "nouvelle Turquie, aurait récolté 52% des voix, selon des résultats partiels. latribune.fr Turquie: Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour Haut la main ? Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'acheminait dimanche vers une victoire dès le premier tour de l'élection présidentielle qui va prolonger de cinq ans son règne à la tête du pays, malgré les mises en garde de ses adversaires sur sa dérive autoritaire. 52% des voix Selon des résultats partiels portant sur trois quarts des bulletins exprimés, Recep Tayyip Erdogan a récolté plus de 52% des voix dans ce scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct, loin devant ses deux rivaux de l'opposition. Candidat commun de l'opposition social-démocrate et nationaliste, Ekmeleddin Ihsanoglu, un historien réputé de 70 ans qui a dirigé l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a réuni quelque 39% des suffrages, alors que celui de la minorité kurde, Selahattin Demirtas, n'en a rassemblé que près de 9%. 36 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 Au pouvoir depuis 2003 Si elle se confirme, cette victoire annoncée constituerait un succès personnel pour le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2003, qui rejoindrait ainsi le père fondateur de la République moderne et laïque, Mustafa Kemal Atatürk, parmi les dirigeants les plus emblématiques du pays. Grand favori de ce scrutin, Recep Tayyip Erdogan a déjà fait savoir qu'il conserverait les rênes de la Turquie depuis la présidence, dont il veut considérablement renforcer les prérogatives au prix d' une réforme de la Constitution. "Le président élu et le gouvernement élu oeuvreront main dans la main", a souligné dimanche le chef du gouvernement en glissant son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote d'un quartier de la rive asiatique d'Istanbul. Une "campagne injuste et disproportionnée" Sans surprise, Recep Tayyip Erdogan a facilement pris le dessus sur ses deux rivaux, au terme d'une campagne qu'il a écrasée de ses diatribes, de la puissance financière de son Parti de la justice et du développement (AKP) et de son emprise sur les médias du pays. Quant à Ekmeleddin Ihsanoglu, le candidat a dénoncé dimanche une " campagne injuste et disproportionnée" de son rival mais sans parvenir à susciter le sursaut des "masses silencieuses " qu'il espérait. Des critiques et des scandales Toujours populaire malgré les critiques et les scandales, le Premier ministre est, lui, parvenu à mobiliser largement ses troupes. Paradoxalement, le triomphe attendu de Recep Tayyip Erdogan intervient au terme d'une année politique très difficile pour son camp. En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l'image du régime. L'hiver dernier, c'est un scandale de corruption sans précédent qui a éclaboussé le pouvoir. Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un "complot" de son ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les réseaux sociaux et la justice. Conserver les rênes du pays Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu'il a débarrassé de la tutelle de l'armée et dont la 37 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne. Fort de ce soutien, Recep Tayyip Erdogan, contraint de quitter le poste de Premier ministre aux législatives de 2015, entend bien conserver les rênes de la Turquie depuis la présidence, pourquoi pas jusqu'en 2023, année du centenaire de la République. Mais sa volonté annoncée de réformer la Constitution pour renforcer les pouvoirs du chef de l'Etat alimente déjà les critiques sur les risques d'un pouvoir "autocratique", contre laquelle l'opposition a promis de lutter pied à pied. 38 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN > Israël avait proposé dès mercredi soir une prolongation pour une durée illimitée du cessez-le-feu entré en vigueur mardi matin, sous réserve qu’elle ne soit assortie d’aucune condition. latribune.fr Gaza: le Hamas annonce l'arrêt du cessez-le-feu Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a annoncé vendredi au Caire qu'il ne prolongera pas le cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne en vigueur depuis trois jours. "C'est une décision finale" Deux hauts responsables du Hamas membres de la délégation palestinienne qui négociait au Caire la prolongation du cessez-le-feu sous l'égide de l'Egypte ont annoncé à l'AFP que leur mouvement refusait de maintenir cette trêve. "Nous refusons de prolonger le cessez-le-feu, c'est une décision finale, Israël n'a rien proposé", a déclaré l'un d'eux à l'AFP. Le Palestiniens ne sont pas d'accord pour prolonger la trêve mais poursuivront les négociations au Caire, a déclaré un porte-parole du Hamas. Deux roquettes tirées avant l'échéance selon Israël 39 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 Israël avait proposé dès mercredi soir une prolongation pour une durée illimitée du cessez-le-feu entré en vigueur mardi matin, sous réserve qu'elle ne soit assortie d'aucune condition. La trêve des combats devait expirer à 5H00 GMT mais l'armée israélienne a annoncé que deux roquettes avaient été tirées sur le sud d'Israël en provenance de Gaza trois heures avant cette échéance. Ces tirs de roquettes sur Israël ont été contestés par le camp adverse. 40 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 DETTE ARGENTINE > Le juge américain en charge du dossier de la dette argentine estime que le pays a diffusé des "déclarations fausses et trompeuses" dans des avis publiés dans la presse américaine. L’Argentine, elle, considère que la justice américaine a outrepassé ses droits. latribune.fr L'Argentine menacée de poursuites pour "outrage" par un juge américain Ping-pong judiciaire entre Buenos aires et les Etats-Unis. Le juge new-yorkais Thomas Griesa, en charge du dossier de la dette argentine a menacé de poursuivre l'Argentine pour "outrage à la cour" lors d'une audience vendredi 8 août. C'est ce même juge qui a décidé de suspendre tout remboursement de la dette souveraine argentine transitant par la place financière de New York, tant que le pays ne paierait pas 1,3 milliard de dollars à des créanciers (les fameux "fonds vautour"). Ce qui a conduit plusieurs agences de notation à déclarer le pays en défaut de paiement partiel. Un jugement "erroné" Il réagissait à la publication jeudi par le gouvernement argentin d' "avis légaux" de deux pages dans le New York Times et le Wall Street Journal, dans lesquels le jugement américain est qualifié de" déplacé et erroné". 41 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 Des informations "f ausses et trompeuses " a estimé le juge Griesa qui, si elles sont réitérées, pourraient donner lieu à des poursuites et à une amende. A la suite de ces menaces, le ministère argentin de l'Economie a dénoncé dans un communiqué, les " nouvelles pressions et contradictions " du juge et affirmé que l'Argentine maintenait sa position. Un arbitrage de la CIJ? L'Argentine a de son côté porté plainte auprès de la Cour internationale de justice de la Haye, accusant le juge américain d'outre-passer ses droits. Sur ce point, un porte-parole du Département d'Etat cité par l'AFP a affirmé vendredi que ce contentieux ne relevait pas de la CIJ. Or, la Cour elle-même avait prévenu qu'aucune suite ne serait donnée tant que Washington n'aurait pas admis la compétence du tribunal dans cette affaire. 42 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 POLITIQUE ÉCONOMIQUE > En pleine période de récession, et après l’annonce d’un défaut de paiement "technique", le gouvernement argentin annonce ce vendredi une série de mesures visant à redresser la situation. Revue de détails. latribune.fr Comment Cristina Kirchner espère relancer l'économie argentine Des bus, des formations professionnelles et un soutien au logement. Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé jeudi soir lors d'un discours radiotélévisé, un plan de relance de l'économie reposant principalement sur la construction de milliers d'autobus, un programme de crédits à taux favorable pour soutenir le marché immobilier ainsi qu'un plan de soutien à l'emploi. 180 millions d'euros pour acheter des autobus Le premier point du plan de relance mobilise 2 milliards de pesos (180 millions d'euros) pour acquérir 3.300 nouveaux autobus. Pointant la vétusté de la flotte des transports collectifs dans le pays - dans certaines villes les véhicules ont près de vingt ans, la présidente argentine a d'abord pointé "la nécessité de la moderniser". Emploi des jeunes et immobilier En outre, en échange de la participation à un programme de formation professionnelle, les jeunes chômeurs verront leur allocation passer de de 600 à 2.000 pesos par mois (de 54 à 181 euros par 43 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 mois au taux de change du 8 août 2014). Les embauches consécutives seront en outre subventionnées à auteur de 2.700 pesos. Le taux de chômage a pour sa part progressé de 6,4% au dernier trimestre 2013 à 7,1% au premier trimestre 2014. Par ailleurs, un programme de crédits à taux favorables pour la construction et l'achat de logements devrait être mis en place. Récession et "défaut de paiement partiel" L'économie s'est contractée de 0,8% au premier trimestre 2014 après avoir déjà reculé de 0,5% au dernier trimestre 2013. Elle a notamment souffert de la chute des exportations au premier semestre (-18% vers le Brésil, -35% vers le Chili, -10% vers les Etats-Unis). Seules les exportations vers l'Union européenne ont progressé de 7%. Ces annonces interviennent une semaine après que Buenos Aires a été déclarée en "défaut de paiement" par plusieurs agences de notation suite à la décision d'un juge américain de bloquer les paiements aux créanciers ayant accepté une forte décote sur leurs titres dans le cadre du règlement d'un précédent défaut survenu en 2001. A ce sujet, Buenos Aires a d'ailleurs sollicité la cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, aux Pays-Bas à l'encontre des Etats-Unis. >> Dette argentine: Buenos Aires dépose une plainte contre Washington 44 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 CRISE ARGENTINE > L’Argentine accuse les Etats-Unis de violer sa souveraineté et son immunité judiciaire après qu’un juge de New York a ordonné le blocage de remboursements de dette à des créanciers privés. Elle s’en remet à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, aux Pays-Bas. latribune.fr Dette argentine: Buenos Aires dépose une plainte contre Washington Le feuilleton dure depuis des années et pour la première fois, l'Argentine s'en prend aux États-Unis, où l'indépendance de la justice est sacrée. Buenos Aires accuse Washington de violer sa souveraineté et son immunité judiciaire, après que Thomas Griesa, un juge de New York, a ordonné le blocage de remboursements de dette à des créanciers privés. L'Argentine a ainsi déposé une plainte contre les États-Unis devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. Dans un communiqué, la présidence argentine affirme: "Étant donné qu'un État est responsable de la conduite de tous ses organes, les violations (du pouvoir judiciaire) ont provoqué une controverse entre l'Argentine et les États-Unis." La Cour internationale ne donnera pas suite 45 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 La CIJ, dont les États-Unis ne reconnaissent généralement pas la juridiction, a précisé qu'aucune suite ne serait donnée tant que Washington n'aurait pas admis la compétence de ce tribunal international dans cette affaire. Si les États-Unis jugent que le contentieux ne relève pas de la CIJ, poursuit le communiqué argentin, ils auront "l'obligation d'indiquer un moyen alternatif pour parvenir à une solution pacifique dans la controverse actuelle conformément à la charte des Nations unies". Remboursement des créanciers bloqué Plus tôt jeudi, l'Argentine avait suggéré à ses créanciers restructurés de changer d'agent fiduciaire afin de toucher le remboursement de dette de 539 millions de dollars, versé par Buenos Aires le 26 juin mais bloqué sur un compte de Bank of New York (BoNY). D'après des avis diffusés dans la presse par le gouvernement argentin, les détenteurs de bons qui n'ont pas reçu leur paiement dû au 30 juillet peuvent invoquer le fait que "l'agent fiduciaire n'a pas honoré son obligation de transférer les fonds aux créanciers à qui ils appartiennent" pour en changer et en choisir un autre. Nouvelle audience ce vendredi Mercredi, le juge Griesa a ordonné à Bank of New York de continuer "de retenir les fonds en attendant une nouvelle décision" judiciaire. Vendredi il a convoqué une nouvelle audience dans le cadre de cette affaire, à 15H00 locales (21H en France) dans un tribunal au sud de Manhattan. L'Argentine refuse de payer aux fonds "vautours" ce que le jugement lui ordonne, invoquant que si elle verse la somme, elle viole la clause RUFO figurant dans les contrats de dette qui oblige de rembourser tous les créanciers selon les mêmes conditions. Buenos Aires cible le juge Griesa Depuis l'échec des négociations, Buenos Aires cible sans retenue le juge Griesa. "Griesa a démontré une nouvelle fois ne rien comprendre, il a démontré de manière patente son incompétence, sa partialité durable et dépendance marquée vis-à-vis des fonds vautours" , a déclaré le chef du gouvernement argentin Jorge Capitanich. Le ministre argentin de l'Économie plaide pour que l'État américain "intervienne car un juge ne peut pas empêcher un pays de rembourser sa dette". Les agences de notation ont déclaré l'Argentine en "défaut de paiement partiel" car le règlement de 46 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 l'échéance de 539 millions n'est pas parvenu aux créanciers, qui ont accepté les restructurations de 2005 et 2010. 47 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 CONJONCTURE > Les prix à la consommation, première jauge de l’inflation ont crû de 2,3% d’une année sur l’autre en Chine au mois de juillet. Le gouvernement qui a lancé des mesures de soutien à l’économie, tablait sur une hausse de 3,5%. latribune.fr En Chine, l'inflation reste largement inférieure aux prévisions Le gouvernement chinois escomptait 3,5% d'inflation sur les prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine. Mais ils n'ont augmenté "que" de 2,3% sur les sept premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2013, a précisé le Bureau national des statistiques (BNS) ce 9 août. Les prix de l'alimentation grimpent plus vite Le BNS indique que la hausse de l'inflation (chiffre composite) atteint elle aussi 2,3% en juillet. Un niveau stable par rapport au mois précédent. Dans le détail, ce sont les prix de l'alimentation qui ont le plus crû - de 3,6% en un an. Assouplissements monétaires La croissance chinoise était descendue à 7,4% au premier trimestre, le plus bas niveau depuis 18 48 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 mois. Afin de stimuler l'activité, Pékin a introduit à partir d'avril des mesures de relance ciblées notamment des réductions fiscales, des facilités pour doper les investissements dans les infrastructures, et des assouplissements de politique monétaire pour encourager les prêts aux petites entreprises et au secteur rural. Certains indicateurs macroéconomiques se sont améliorés, comme l'activité industrielle, et l'excédent 49 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 CONJONCTURE > Jamais, depuis que les statistiques officielles ont été mises en place, la Chine n’a engrangé un excédent commercial aussi élevé. latribune.fr L'excédent commercial chinois explose à un niveau historique en juillet Ses exportations ont bondi de 14,5%. Deux fois plus vite que ce que les économistes prévoyait en moyenne (+7%). Le rythme était également plus de deux fois plus élévé qu'au mois précédent (+7,2% sur un an). Et ses importations ont quant à elles chuté de 1,6% par rapport à la même période un an plus tôt. Résultat, au mois de juillet, la Chine a engrangé un solde commercial positif de 47,3 milliards de dollars (35,4 milliards d'euros). +17% vers l'Europe Dans le détail, les exportations chinoises de biens et services à destination de l'Union européenne ont grimpé de 17%. L'économiste en chef de la banque Credit Suisse en Asie (hors Japon), Dong Tao, interrogé par l'agence Bloomberg, analyse: 50 Économie LA TRIBUNE 11/08/2014 "Les exportations sont devenues un facteur important de soutien à l'objectif des 7,5% de croissance visé par le Premier ministre Li Keqiang." Pékin laissera-t-il le yuan s'apprécier? Enfin, d'autres économistes anticipent une pression à la hausse du yuan, sauf en cas d'intervention de la Banque centrale chinoise. Les Etats-Unis notamment reprochent à la Chine de sous-évaluer sa monnaie. Début juillet, le gouverneur de la Banque populaire de Chine avait fait montre de bonne volonté en se déclarant prêt à autoriser " la loi de l'offre et de la demande du marché à jouer un plus grand rôle dans la détermination du taux de change", ajoutant, sans plus de précisions: " quand nos objectifs seront atteints et quand les conditions seront réunies, la banque centrale réduira de manière significative ses interventions sur le marché des changes". 51 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LE DEAL > Après huit mois de négociations, un accord a été conclu vendredi entre la compagnie aérienne italienne, en difficulté, et sa prospère homologue des Émirats arabes unis. latribune.fr Alitalia et Etihad se sont enfin dit oui Just married. Après huit mois de tumultueuses fiançailles, la compagnie aérienne émiratie Etihad Airways et son homologue italienne en difficulté Alitalia ont bien convolé en justes noces, signant un accord d'alliance vendredi à Rome. Le président d'Alitalia Roberto Colaninno et son administrateur délégué Gabriele Del Torchio ont participé à la cérémonie de signature avec le directeur général d'Etihad James Hogan, rapporte Reuters. Gabriele Del Torchio s'est réjoui devant la presse: "Après beaucoup d'efforts, une année de travail et de nombreuses soirées, nous y sommes arrivés". Etihad devrait investir 560 millions d'euros pour une part de 49% Lancées officiellement en décembre 2013, les négociations entre les promis ont longtemps buté sur la lourde dette d'Alitalia (environ 1 milliard d'euros) et sur les sacrifices en termes d'emplois. L'accord prévoit finalement un investissement total de 1,758 milliard d'euros en plusieurs tranches, ont précisé les deux groupes dans un communiqué. Etihad elle-même va investir 560 millions 52 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 d'euros pour devenir le principal actionnaire d'Alitalia, avec 49% de son capital. D'autres actionnaires verseront 300 millions d'euros. L'accord comprend également 598 millions d'euros de restructurations de dette ainsi que 300 millions de nouveaux prêts de la part de banques italiennes. Avant l'augmentation de capital, l'actionnariat se composait d'une vingtaine de sociétés dont les banques Intesa Sanpaolo (20,59%) et UniCredit (12,99%) ainsi que l'entreprise publique Poste Italiane (19,48%). Les comptes dans le vert à partir de 2017 Le plan prévoit notamment que les comptes d'Alitalia repassent dans le vert "de manière durable" à partir de 2017. Les effectifs de la compagnie italienne, qui compte 12.800 employés, devraient être réduits à environ 11.000 personnes, 1.635 suppressions de postes étant envisagées. Le communiqué ajoute: "La compagnie recapitalisée sera désormais à même d'investir dans un large plan stratégique qui prévoit de nouveaux trajets long-courriers depuis Rome et Milan, une marque revivifiée et un accent plus marqué sur la promotion du tourisme et du commerce italiens". L'autre seule option: "l'abîme" Le ministre italien des Transports, Maurizio Lupi, s'est félicité sur Twitter: "Les faits parlent. L'Italie sait attirer le grand capital, poursuivons le travail". <cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="twitter" url="https://twitter.com/Maurizio_Lupi/statuses/497743662907150336" author="Maurizio Lupi" nickname="Maurizio_Lupi" date="2014-08-08"> #Alitalia : firmato l'accordo con #Etihad . Parlano i fatti. L'Italia s lavoro. </cms:widget> — Maurizio Lupi (@Maurizio_Lupi) 8 Août 2014 À plusieurs reprises, il avait prévenu les parties impliquées qu'Alitalia, lourdement déficitaire et très endettée, n'avait plus guère le choix qu'entre "deux options: le plan de relance d'Etihad ou l'abîme". Des plaintes d'atteinte à la concurrence Etihad, basée à Abou Dhabi et en pleine expansion, détient déjà des participations minoritaires 53 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 dans Air Berlin (29%), Air Seychelles (40%), Virgin Australia (19,9%) et dans Aer Lingus (3%). La transaction doit néanmoins encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence, alors que plusieurs concurrents d'Alitalia se sont déjà plaints d'atteinte à la concurrence. Le ministre Lupi s'est cependant dit à cet égard "tranquille". 54 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LA CITATION > Après la signature d’un accord d’alliance avec Etihad, l’administrateur délégué d’Alitalia pourrait céder sa place d’administrateur délégué Silvano Cassano, ex-administrateur délégué du groupe Benetton. latribune.fr Gabriele Del Torchio (Alitalia), sur le départ: "ma mission était de mener le groupe vers une alliance" Sa mission accomplie, Gabriele Del Torchio, l'administrateur délégué d'Alitalia est prêt à tirer sa révérence. L'ancien numéro un du fabricant de motos Ducati avait en effet été recruté l'an dernier avec pour mission de redresser Alitalia. C'est désormais chose faite avec la signature de l'accord d'alliance entre les deux groupes vendredi 8 août. Retour à la rentabilité en 2017 Après environ un an de négociations, l'accord qui doit être finalisé avant la fin de l'année, prévoit notamment que la compagnie d'Abou Dhabi prenne 49% d'Alitalia et investisse 560 millions dans le groupe déficitaire, lequel peut désormais viser un retour à la rentabilité en 2017. "Ma mission était de mener le groupe vers une alliance", a déclaré Gabriele Del Torchio au journal Corriere della Sera dans une interview publiée samedi. "Je ne sais pas encore ce que je ferai, mais je ne suis pas encore prêt à partir à la retraite." 55 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 Départ au conseil d'administration Il reviendra au conseil d'administration d'Alitalia de désigner un successeur, a-t-il ajouté en disant penser qu'il s'agira d'un Italien. D'autres journaux ont avancé le nom de Silvano Cassano, ex-administrateur délégué du groupe Benetton, comme probable candidat. Le conseil d'administration changera également de tête puisque l'actuel président, Roberto Colaninno, a aussi fait part de son intention de partir. Le nom de Luca Cordero di Montezemolo, président de Ferrari, a été cité pour le remplacer mais l'intéressé a démenti ces spéculations, disant vouloir se consacrer exclusivement à la prestigieuse marque automobile. 56 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 AÉRIEN > Son actionnaire majoritaire, le fonds souverain Khazanah Nasional, compte racheter 30% des parts qui lui manquent avant de restructurer la compagnie aérienne fortement affectée depuis la disparition du MH370 et l’explosion du MH17. latribune.fr Malaysia Airlines: une nationalisation pour "ressusciter" la compagnie? Malaysia Airlines perdrait 1 à 2 millions de dollars par jour. Pour tenter de redresser la barre après la perte de deux Boeing en moins de six mois, son actionnaire majoritaire, le fonds d'investissement public Khazanah Nasional a décidé de racheter les parts qui lui manquent (30%) pour être l'unique propriétaire de la compagnie aérienne. Titres suspendus Cette décision a été annoncée ce vendredi. Les titres MAS cotés à la Bourse de Kuala Lumpur avaient été suspendus avant cette annonce. Ce choix, qui doit encore être approuvé par le Conseil d'administration, était déjà envisagé avant la destruction en vol d'un Boeing au-dessus de l'Ukraine le 17 juillet. MAS a perdu 4,1 milliards de ringgits au total (962 millions d'euros) de 2011 à 2013. Et 443 millions de ringgits supplémentaires au premier trimestre 2014, à cause selon elle de "la chute vertigineuse" des réservations après l'affaire du MH370. 57 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 "Remaniement complet" Khazanah Nasional souhaite un "un remaniement complet" des "opérations" de Malaysia Airlines de "son business model, ses finances, son capital humain et ses statuts". Il a ajouté: "C'est le mal nécessaire pour ressusciter notre compagnie aérienne nationale et faire en sorte que ses opérations commerciales redeviennent rentables." Il devrait probablement tailler dans des effectifs . La compagnie " a besoin d'un nouveau coeur et d'un nouveau cerveau. Telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, elle est condamnée ", avertit Shukor Yusof, du cabinet d'expertise aéronautique Endau Analytics, interrogé par l'AFP. MAS emploie 19.500 personnes. En comparaison, la prestigieuse Singapour Airlines emploie 23.800 personnes alors que ses opérations sont beaucoup plus étendues. 58 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 AÉRIEN > Un avion de la compagnie iranienne Sepahan Air assurant une liaison intérieure s’est écrasé dimanche sur un quartier résidentiel. Selon les médias officiels iraniens, il y aurait huit ou neuf survivants. latribune.fr Iran: le crash d'un avion fait au moins 38 morts Catastrophe aérienne. Un avion de la compagnie iranienne Sepahan Air assurant une liaison intérieure s'est écrasé dimanche dans le quartier résidentiel d'Azad, dans l'ouest de la capitale iranienne, après avoir décollé de l'aéroport Mehrabad de Téhéran, rapportent les médias officiels iraniens. Un journaliste a posté ces photos sur son compte Twitter: <cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="twitter" url="https://twitter.com/mousavi_ahmad/statuses/498360751984087040" author="ahmad mousavi" nickname="mousavi_ahmad" date="2014-08-10"> #BREAKING #Iranairlinecrash 8 passengers of the #Sepaha pic.twitter.com/nFvIUQU5ZU </cms:widget> — ahmad mousavi (@mousavi_ahmad) 10 Août 2014 8 ou 9 survivants Selon l'agence de presse Irna, qui cite l'Autorité de l'aviation civile, l'appareil, un Iran-140 à 59 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 destination de Tabas, dans le nord-est du pays, transportait 48 passagers, dont cinq enfants. Au total, "38 personnes ont été tuées", a déclaré le vice-ministre des Transports Ahmad Majidi cité par l'agence Isna. Selon lui "onze personnes avaient été transférées à l'hôpital, où l'une d'entre elle est décédée". Irna attribue l'accident à la coupure d'un des deux moteurs à hélices de l'An-140. Les sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire ont sérieusement affecté le secteur aérien iranien, privé de pièces détachées pour ses avions, ce qui a entraîné de nombreux accidents ces dernières années. Article actualisé le 10/08/2014 à 12h30. 60 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 AUTOMOBILE > La production de Renault et de PSA en France a crû de 8,3% à 828.924 unités au premier semestre. C’est surtout PSA qui remonte la pente grâce au succès des 2008 et 308. Mais, cette embellie n’empêche pas la France de produire moitié moins de véhicules qu’il y a dix ans! Alain-Gabriel Verdevoye La production de Renault et PSA repart en France Oui, elle remonte. La production de Renault et de PSA en France a crû de 8,3% à 828.924 unités au premier semestre, selon les derniers chiffres du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). C'est une conséquence du redémarrage du marché européen. Renault a timidement progressé de 3,8% à un peu plus de 276.000 véhicules particuliers et utilitaires. PSA a pour sa part accru le volume de fabrication de ses sites d'assemblage français de 10,7% à plus de 552.000 sur six mois. Conséquence notamment du succès des 2008 et 308 " made in France ". Cocorico. Dans le même temps, la production des deux groupes tricolores est restée quasi-stable hors de France. Renault produit aujourd'hui 19,5% à peine de ses véhicules dans l'Hexagone, PSA 35,5%. La production mondiale (France et étranger) de Renault a progressé sur le semestre de 1,3% à 1,4 million de véhicules, celle de PSA de 3,5% à 1,55 million, d'après le CCFA.. Une baisse de moitié par rapport au milieu des années 2000 Ces chiffres de production en France de Renault et PSA - qui ne comprennent pas les volumes de 61 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 Toyota à Valenciennes et de Smart à Hambach - doivent être toutefois relativisés. Les progressions sont en référence à des années... historiquement très basses. Le premier semestre 2014 demeure d'ailleurs très faible dans l'absolu, en dépit des hausses. En 2005, Renault et PSA avaient produit sur les six premiers mois 1,76 million de voitures et utilitaires dans l'Hexagone, soit exactement le double! Renault produisait alors dans l'Hexagone 708.500 unités, soit 2,5 fois plus, PSA plus d'un million, soit 0,5 fois plus. Sur l'année 2013 dans son ensemble, le seul PSA a produit 939.483 unités dans l'Hexagone.... contre 1,88 million en 2005! L'industrie automobile allemande a réussi, elle, à maintenir dans le même temps les niveaux de production outre-Rhin. Il est logique que les constructeurs français fabriquent davantage hors de France. Pour vendre en Chine, en Amérique du sud, en Russie par exemple, il est indispensable de produire sur place. Pour des raisons de coûts logistiques, certes, mais surtout de droits de douanes, fort élevés sur les modèles importés. Par ailleurs, même sans droits de douane locaux, il est logique d'installer de nouvelles usines dans de nouvelles régions. Quand il a eu besoin de capacités supplémentaires, PSA a, en toute rationalité, décidé de s'installer en Slovaquie dans les années 2000. Pour mieux servir l'Europe de l'est et centrale avec l'importante aura d'un site de fabrication local. Produire des petits véhicules hors de France Ces sites ont également et surtout... l'avantage insigne d'avoir des coûts beaucoup plus bas. Le coût horaire en France est de 35 euros environ, contre 20-22 en Espagne et 10 en Slovaquie, selon PSA. Sur un petit véhicule à prix serrés, le différentiel est crucial, d'autant plus qu'on le retrouve sur les composants produits à proximité par les fournisseurs. PSA a ainsi décidé de réaliser à l'avenir l'assemblage de ses petits modèles "généralistes" hors de l'Hexagone. Les Dacia à bas prix de Renault ne pourraient pas être proposées aux tarifs canon qui font leur succès - moins de 8.000 euros pour une Sandero de base, soit 5.000 euros de moins au bas mot que ses rivales -, si elles n'étaient produites en Roumanie et au Maroc. L'avenir du "made in France" dépend en fait essentiellement de la capacité de PSA et Renault à maintenir leur présence en Europe dans les véhicules compacts et de gamme moyenne supérieure, un peu moins sensibles aux coûts que les petits modèles. Et ce, malgré la politique des pouvoirs publics français favorisant fiscalement - en particulier à travers le bonus-malus - les petits véhicules. Problème: la production des véhicules de gamme moyenne supérieure a énormément chuté sur dix ans! PSA a produit l'an passé 86.800 Peugeot 508 - dont une bonne partie en Chine -, contre 259.000 Peugeot 407, son prédécesseur, en 2005. Et, à l'époque, toutes les 407 étaient assemblées dans l'Hexagone. La rivale Renault Laguna, fabriquée à Sandouville, a totalisé 17.900 unités produites en 2013 à peine, contre 145.000 il y a dix ans. Quelle dégringolade! 62 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 Relance de la gamme moyenne supérieure chez Renault Renault, par exemple, ne déclare pas forfait pour autant. Le groupe français a ainsi décidé de relancer sa gamme moyenne supérieure Laguna et Espace, ainsi que le monospace compact Scénic, dont les prochaines remplaçantes seront montées à Douai. Et ce, alors que la Twingo est réalisée en Slovénie et les Clio essentiellement en Turquie. PSA rencontre pour sa part un grand succès, presque inespéré, avec sa nouvelle compacte Peugeot 308, élue "Voiture de l'année". Le site de Sochaux a ainsi mis en place une équipe de nuit, pour une durée minimum de six mois. PSA, qui a fermé l'an dernier le site d'Aulnay et réduit la voilure à Poissy et Rennes, prévoit heureusement une production de 230.000 Peugeot 308 en 2015 à Sochaux. Une bonne nouvelle. PSA comme Renault se sont engagés à maintenir leurs usines en France d'ici à 2016. Les volumes escomptés prévoient une quasi-stabilisation de la production, mais pas une progression. PSA vise autour d'un million d'unités en 2016 en France. Mais ces niveaux de production seraient inférieurs à ceux, déjà piètres, de...2012. 63 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 AUTOMOBILE > Les ventes de voitures en Russie plongent, avec peu de perspectives de reprise à l’horizon. Le premier constructeur russe Avtovaz, le fabricant des Lada contrôlé par l’Alliance Renault-Nissan, dégringole, alors qu’il n’exporte quasiment pas. Alain-Gabriel Verdevoye Avtovaz, le fabricant russe des Lada contrôlé par Renault, plonge Les ventes automobiles en Russie, deuxième marché en Europe après l'Allemagne, ont plongé en juillet, avec peu de perspectives de reprise à l'horizon. Et ce, au grand dam d'Avtovaz, le premier constructeur russe désormais contrôlé par l'Alliance Renault-Nissan, mais aussi de Renault lui-même, très implanté historiquement sur place. Ventes en chute libre Selon les chiffres officiels de l' AEB , les ventes de véhicules particuliers et d'utilitaires neufs ont chuté de 23% le mois dernier - par rapport à juillet 2013 - à 180.767 unités en Russie, après une baisse de 17,3% en juin. Sur l'ensemble des sept premiers mois de 2014, les immatriculations s'affichent en baisse de 9,9% à 1,41 million d'exemplaires. "La contraction du marché se poursuit et prend de la vitesse en juillet. La tendance globale est inquiétante et ne risque pas de s'améliorer à court terme", souligne Joerg Schreiber, président du comité automobile de l'AEB. Après plusieurs années de croissance spectaculaire, les immatriculations ont connu en Russie une 64 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 chute quasi-ininterrompue depuis plus d'un an. De l'avis des experts, elles subissent les conséquences du ralentissement économique, qui s'est brusquement accentué en raison de la crise ukrainienne et de la menace de sanctions occidentales contre l'économie russe. Les Lada frappées de plein fouet Le constructeur russe Avtovaz, le célèbre fabricant des Lada, a vu ses ventes en Russie chuter d'un quart en juillet (à 28.014 véhicules) et de 16% sur sept mois (à 220.822). Fâcheux, alors que le constructeur n'exporte quasiment pas. Renault fait pour sa part mieux que le marché total puisqu'il fléchit de16% seulement en juillet (à 15.219) et de 9% (à 111.640) sur sept mois. Au cumul depuis juillet, Renault reste la deuxième marque en Russie derrière Lada, et la première importée, tout juste devant la coréenne Kia. Le groupe Avtovaz-Renault-Nissan détient 29,2% du marché russe (en juillet), dont 15,5% pour Avtovaz et 8,4% pour Renault. Le 4x4 Dacia Duster, vendu en Russie sous le label Renault et produit à Moscou, est la quatrième voiture la plus populaire derrière la Lada Granta et deux coréennes (Hyundai Solaris, Kia Rio). En juillet, le Duster devance la Renault Logan et la Lada Largus, qui n'est autre qu'une Logan break rebaptisée! Renault et Nissan contrôlent Avtovaz Renault détenait jusqu'ici 25% d'Avtovaz. Mais l 'alliance Renault-Nissan a finalisé sa prise du contrôle du premier constructeur automobile russe le 18 juin en toute discrétion à cause de la tension diplomatique internationale entre l'Europe et la Russie à propos de l'Ukraine. La part effective de l'Alliance Renault-Nissan dans le capital d'Avtovaz est aujourd'hui de 50%. Renault détient désormais pour sa part 33% de l'entreprise russe et Nissan les 17% restants. La transaction représente un investissement de 23 milliards de roubles (environ 500 millions d'euros) depuis la signature de l'accord fin 2012. Avtovaz, qui détient une usine géante créée dans les années 60 par le régime soviétique avec l'aide des ingénieurs de... Fiat àTogliatti (mille kilomètres au sud-est de Moscou), a dû annoncer récemment qu'il allait supprimer 13.000 emplois. Le groupe précise que, à la fin de l'an dernier, 65.891 personnes travaillaient sur le site. Des effectifs énormes, hérités de la période soviétique. Avtovaz a enregistré l'an dernier une perte nette de 7,9 milliards de roubles (161 millions d'euros). Malgré l'aide de Renault, les niveaux de productivité sont très loin de ceux de la concurrence internationale. Bâtie initialement pour produire la Fiat 124 de 1966 - dont la production a été stoppée en début d'année 2012 -, l'usine de Togliatti vise une production de presque un million d'unités vers... 2017. On en est loin aujourd'hui. Des modèles peu fiables et obsolètes 65 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 Longtemps constituée de modèles archaïques, au manque de fiabilité légendaire, mais pas chers, la gamme Lada se renouvelle progressivement, avec le soutien de Renault. Mais, on n'en est qu'au début. Les ingénieurs du groupe français ont installé en 2011 à Togliatti une ligne d'assemblage de véhicules sur la plate-forme "Entry" (entrée de gamme de type Logan). Renault vient de démarrer à Togliatti la production de ses Logan II et Sandero II. Ces deux modèles seront présentés officiellement au salon de Moscou, fin août. Renault contribue, avec Nissan, à maintenir la production à Togliatti, un site en surcapacités chroniques. Renault a saturé pour sa part son propre site de fabrication moscovite d'Avtoframos, lequel a démarré la production des premières Logan en 2005. Il a ensuite produit également des Sandero et Duster. 66 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 AUTOMOBILE > Le gouvernement fédéral allemand veut faire circuler 1 million de voitures électriques d’ici à 2020. Un objectif a priori totalement irréaliste. Jonathan Baudoin Les objectifs d'Angela Merkel sur la voiture électrique totalement "irréalistes" La voiture électrique a du mal à se vendre en Allemagne. La chancelière Angela Merkel avait pourtant annoncé dès 2009 l'objectif de voir circuler outre-Rhin 1 million de voitures électriques en 2020, à travers le programme d'électromobilité du ministère de l'Économie. Un objectif "irréaliste" Un objectif tout bonnement " irréaliste " pour Ferdinand Dudenhöffer, directeur au centre de recherche sur l'automobile à l'université de Duisbourg-Essen, lequel déclare avec ironie que la chancelière "aurait aussi bien pu exiger que nous fassions rouler 100.000 autos sur la lune en 2020 ". Cinq après l'annonce gouvernementale, près de 17.000 véhicules électriques seulement circulaient en Allemagne au premier semestre 2014. Soit 4 voitures électriques sur 10.000 voitures classiques. La France se montre en avance sur son voisin, avec 10 voitures électriques pour 10.000 voitures classiques. De part et d'autre du Rhin, le marché des voitures " vertes " a du mal à passer l'accélérateur. Des pouvoirs publics réticents, peu incitatifs 67 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 Les mairies, poussées par la coalition gouvernementale à fournir des parkings gratuits aux conducteurs qui pourraient également emprunter les voies de bus, sont sceptiques, selon Stephan Articus, président de l'Association des villes allemandes. En outre, toute aide financière, notamment des bonus pour les particuliers, est écartée par le gouvernement, car favoriser les voitures électriques serait créer un désavantage comparatif pour les constructeurs allemands - Mercedes, BMW, Volkswagen - face à des concurrents étrangers tel Renault par exemple. Même si les constructeurs allemands ont fait des efforts pour lancer des voitures électriques, comme la Smart, les Volkswagen Up ou Golf, la BMW i3, il reste le problème des bornes de recharge. 4.400 sont en place en Allemagne. La France en compte plus du double -10.000 - et veut passer à 16.000 d'ici la fin de l'année. C'est dire le retard que traîne le gouvernement fédéral sur la question! Objectif dans l'Hexagone: 7 millions de points de recharge d'ici à 2030. 68 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LA GAFFE > Le site de e-commerce a divulgué l’adresse professionnelle du patron d’Hachette Book Group, auquel il livre un combat acharné depuis plusieurs mois à propos du prix des livres numériques. Dans une lettre, il utilise une citation de George Orwell, en la détournant de son sens initial. Marina Torre Quand Amazon détourne Orwell dans une pétition contre Hachette aux Etats-Unis Le conflit entre Amazon et Hachette tourne au vinaigre. Le site de e-commerce et la filiale américaine du groupe français Lagardère s'affrontent depuis plusieurs mois sur les prix des ouvrages numériques vendus sur la plateforme. >> Amazon versus Hachette: la guerre est déclarée La dernière offensive - provenant d'Amazon - date de ce 9 août. Sur un site créé pour l'occasion et baptisé "lecteurs unis", le libraire en ligne publie une longue lettre détaillant ses griefs à l'encontre de la maison d'édition. Surtout, il demande à ces lecteurs d'envoyer une lettre à Michael Pietsch, le PDG d'Hachette Book Group, dévoilant son adresse mail professionnelle à cette fin. Et suggérant d'accuser la maison d'édition "d'entente illégale". Amazon fait mentir Orwell Dans le document, Amazon invoque l'histoire de l'édition, dressant un parallèle entre les débuts 69 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 difficiles des livres de poche avant la Seconde guerre mondiale et le débat actuel sur le prix des livres numériques. A l'appui de son argumentaire, le texte cite cette phrase de George Orwell, l'auteur de 1984: si "les éditeurs étaient un peu sensés, ils comploteraient contre eux (les livres de poches) et les feraient disparaître." Commentaire d'Amazon : "oui, George Orwell a suggéré une collusion" entre les éditeurs. Coupée de son contexte, cette phrase laisse croire qu'Orwell lui-même souhaitait la mort du livre de poche, concurrent à bas prix des belles reliures. Or, c'est exactement l'inverse! Edité par Penguin, il s'était en fait exprimé pour louer la qualité de ses éditions de poche: "les livres Penguin sont splendides pour des livres qui ne valent que six pence", tellement "splendides qui si les éditeurs (concurrents de Penguin) étaient un peu sensés " ils les feraient détruire. Une ironie que les rédacteurs de cette lettre d'Amazon ont omis de transmettre dans son intégralité. Combat de plumes Citer un auteur célèbre permet surtout de répondre, littéralement grande plume contre grande plume, à la campagne menée par des écrivains outre-Atlantique, dont certains édités par Hachette, qui ont pris la parole pour dénoncer les pratiques du distributeur accusé d'abuser de sa position dominante. D'ailleurs la pétition demande à Hachette " d'arrêter d'exploiter les auteurs " et d'accepter sa proposition de les placer "en dehors du débat", en leur proposant de leur reverser l'intégralité du chiffre d'affaires sur la vente de leurs oeuvres tant que durent les négociations). >> Amazon fait les yeux doux aux auteurs pour remporter sa guerre contre Hachette Facebook ferait de la concurrence à la lecture Au récriminations de Hachette et des écrivains, Amazon rétorque: "les e-books peuvent et doivent être moins chers", en gras dans le texte de sa pétition. Le groupe défend une "culture de la lecture " à prix accessibles pour la rendre "compétitive" face à la concurrence d'autres divertissements comme " les jeux mobiles, la télévision, les films, Facebook, les blogs..." Par prix accessibles, il entend 9,99 dollars comme prix unique pour la plupart des livres électroniques, contre 12,99 à 19,99 dollars actuellement. 70 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 ACQUISITION > Avec les rachats des applications Directr et Emu, le géant américain compte monter en puissance dans les applications mobile, face à Apple ou Facebook. Jonathan Baudoin Google s'offre deux nouvelles applications: Emu pour la messagerie, Directr pour la vidéo Le célèbre moteur de recherche californien ne prend pas de vacances. Cette semaine, Google a racheté deux start-up, Emu et Directr, à des montants non divulgués. Messagerie "intelligente" L'application Emu, fondée par des anciens de Google et d'Apple, a été créé en 2012. Ce service de messagerie "intelligente" apporte des informations complémentaires lors d'envois de SMS. Par exemple, si un contact vous donne un rendez-vous tel jour, telle heure, Emu fait passer sous le message une capture d'écran de votre agenda, vous permettant de vérifier si vous êtes disponible. A partir du 25 août, date officielle de fermeture de l'application, elle ne sera plus disponible sur l'AppStore, le site de téléchargement d'applications du rival Apple. L'application viendra renforcer le service de messagerie Hangouts de Google. Montage video 71 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 L'autre start-up rachetée par Google est Directr. Cette application est dédiée au montage de vidéos sur smartphones. La particularité de cette application est qu'elle est destinée aux Petites et moyennes entreprises, fournissant un service payant pour les PME qui souhaitent organiser une vidéo-promo marketing sur smartphone, et ainsi être partagée sur Facebook ou Youtube. Avec ce rachat, Directr fera partie d'une des divisions de YouTube, ses salariés seront intégrés aux équipes publicitaires du site de vidéos en ligne. 72 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LE DEAL > Ensemble, le géant du web et la chaîne de librairies on lancé un service de livraison de livres à domicile en moins de 24 heures outre-Atlantique. latribune.fr Google et le libraire Barnes & Noble s'allient pour défier Amazon sur ses terres Depuis le 7 août, Google apporte aux petits et grands lecteurs de Manhattan, Los Angeles et San Francisco des livres commandés en ligne, en moins de 24 heures. Comme le fait déjà Amazon dans quatre (bientôt dix) villes américaines. C'est la chaîne de librairies Barnes & Noble qui fournira les ouvrages au groupe de Mountain View, et plus particulièrement des boutiques en centre-ville comme celle de Union square à New York par exemple. Des produits L'Occitane livrés à domicile par Google Son service "Google Shopping Express", lancé en 2013, livrait déjà dans les trois villes des produits frais ou de grande consommation pour 19 partenaires dont les distributeurs Costco, Walgreens, Staples et Target. La chaîne française de produits cosmétiques L'Occitane propose elle aussi des produits sur Google Shopping Express. >> Lunettes, baskets, voitures, livraisons... où s'arrêtera Google ? Le moteur de recherche rajoute donc un rayon librairie à son supermarché virtuel. Une nouvelle façon de concurrencer Amazon deux ans après l'ouverture sur Google Play d'une section "livres" 73 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 pour télécharger des ouvrages numériques. Cette nouvelle offre pourrait en outre profiter du conflit entre Amazon et la filiale américaine d'Hachette, si des clients mécontents du site de e-commerce se reportent sur ce nouveau service. >> Amazon versus Hachette: la guerre est déclarée Un libraire en difficultés Pour Barnes & Noble, il s'agit de développer de nouveaux modes de distribution alors que ses propres librairies connaissent des difficultés - 63 ont été fermées au cours des 5 dernières années sur le territoire américain, relève le New York Times. S'il lui reste encre plus de 660 magasins et 700 librairies universitaires aux Etats-Unis, la chaîne souffre de la concurrence des ventes en ligne, notamment d'Amazon. D'autant plus que sa liseuse "Nook" se révèle de moins en moins rentable. Ce partenariat fera doublon avec son propre service de livraison accessible en ligne, mais pour le groupe compte tirer de ce partenariat des revenus marginaux et une notoriété renforcée. 74 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LE CHIFFRE > Le groupe américain a passé vendredi un accord à l’amiable avec des actionnaires qui l’accusaient de ne pas avoir a suffisamment empêché des pharmacies étrangères d’utiliser son réseau publicitaire. latribune.fr Google versera 250 millions de dollars pour lutter contre la vente illégale de médicaments 50 millions par an pendant cinq ans. C'est ce que déboursera Google pour lutter contre la vente illégale de médicaments en ligne. Une négociation avec la justice américaine a abouti à cette décision vendredi. En 2011, une plainte avait été déposée contre Google par des actionnaires à la suite d'un premier règlement qui concernait des publicités pour des entreprises canadiennes. Les plaignants estimaient que le moteur de recherches n'avait pas suffisamment empêché des pharmacies de proposer leurs médicaments aux Américains de façon illégale. La firme de Mountain View avait alors accepté de débourser 500 millions de dollars. Bloquer des publicités Un document de la cour de justice californienne rendu public le 8 août au soir indique que Google accepte de financer un programme interne visant à lutter contre l'apparition de publicités incitant à l'importation illégale de médicaments aux Etats-Unis. Google ne devrait avoir aucune difficulté à délivrer la somme promise qui représente une goutte 75 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 d'eau par rapport à ses bénéfices. Au cours du seul quatrième trimestre 2013, l'entreprise a ainsi engrangé 3,38 milliards de dollars de bénéfice net. 76 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 ACQUISITION > Le spécialiste français de la protection des données espère que le rachat de la société américaine pour 666 millions d’euros boostera ses activités opérationnelles. latribune.fr Sécurité numérique: le français Gemalto lorgne l'américain SafeNet Avec cette acquisition, Gemalto nourrit de grandes ambitions. Le spécialiste français de la sécurité numérique a annoncé vendredi avoir racheté la société américaine SafeNet, spécialiste de la protection des données pour 666 millions d'euros. Cette dernière a enregistré un chiffre d'affaires de 252 millions d'euros en 2013. Dépassement de "10% des activités opérationnelles pour 2017" Du fait de la croissance et des synergies découlant de cette acquisition, Gemalto prévoit de dépasser "d'environ 10%" son objectif d'activités opérationnelles pour 2017, jusque-là fixé à 600 millions d'euros", a indiqué le groupe dans un communiqué. La transaction vise à "accélérer le déploiement [des] solutions de haute sécurité pour les entreprises, et démultiplier [les] technologies et opportunités de croissance dans la protection des accès en ligne", a expliqué Olivier Piou, le directeur général de Gemalto, cité dans le communiqué. L'acquisition est financée "par 440 millions de dollars de trésorerie disponible et par 450 millions de 77 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 dollars issus des lignes de crédit existantes", ajoute Gemalto. L'action Gemalto en tête du CAC 40 Le marché a bien accueilli cette annonce, vendredi matin. Gemalto était en hausse et se hissait en tête du CAC 40. À 09H34 (07H34 GMT), la valeur prenait 1,83% à 70,54 euros, figurant parmi les rares valeurs du marché parisien dans le vert, tandis que l'indice CAC 40 perdait 0,71%. 78 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 START-UP > Le réseau social américain a acheté la société de sécurité informatique californienne PrivateCore. Cette start-up est spécialisée dans la protection des serveurs. latribune.fr PrivateCore, la société de sécurité informatique achetée par Facebook Le réseau social américain Facebook a acheté vendredi la société de sécurité informatique californienne PrivateCore, qui va lui permettre de mieux protéger ses serveurs, ont annoncé jeudi les deux entreprises. Les modalités financières de la transaction n'ont pas encore été divulguées. Spécialisée dans la protection des serveurs informatiques PrivateCore est une start-up créée en 2012 par des professionnels de la sécurité informatique venant de la société informatique VMware et de Google. Basée à Palo Alto, en Californie, elle est spécialisée dans la protection des serveurs informatiques contre les intrusions, qu'elles soient physiques ou par l'intermédiaire de virus informatiques. Elle a comme principale mission de "sécuriser tous les échanges des centres de données avec des protections supplémentaires", explique Joe Sullivan, le responsable informatique de Facebook. Prix de la société innovante 79 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 PrivateCore peut valider l'intégrité des serveurs et protège les données en cours d'utilisation notamment grâce à ses connaissances dans les domaines de la virtualisation et de la cryptographie. Spécialisée dans les services aux entreprises et le cloud, elle propose un logiciel de gestion à distance, PrivateCore vCage. Cette startup n'est pas une inconnue. Elle a notamment reçu le prix du logiciel de sécurité informatique innovant par le Cyber defense Magazine pour le logiciel PrivateCore vCage, en février 2014. 80 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 INNOVATION > Une jeune américaine de 25 ans a mis au point une technologie, proche du Wifi, qui permet de convertir l’électricité en son, puis en ultrasons. Ensuite, les ultrasons sont reconvertis en électricité, ce qui permet de recharger la batterie du smartphone. latribune.fr Recharger son smartphone à distance par ultrasons? Recharger son smartphone à distance, sans avoir besoin de brancher son appareil ou d'interrompre une conversation en cours, tel est le projet d'une jeune start-up américaine, uBeam, rapporte le New York Times. Sa fondatrice, Meredith Perry, une jeune américaine de 25 ans, astro-biologiste de formation, a mis au point une technologie, proche du Wifi, qui permet de convertir l'électricité en son, puis en ultrasons. Ensuite, les ultrasons sont reconvertis en électricité, ce qui permet de recharger la batterie du smartphone. Pour cela, un capteur de cinq millimètres d'épaisseur capte l'électricité, et un récepteur tout aussi fin, permet au smartphone de recevoir les ultrasons et de les convertir en énergie. "Plus besoin de cordon, ni d'adaptateur", se réjouit la jeune femme. Une commercialisation dans deux ans 81 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 "C'est la seule technologie qui permet d'utiliser son téléphone et de bouger librement dans une pièce pendant que celui-ci est en train de charger", explique Meredith Perry au New York Times, faisant allusion à la technologie permettant de recharger son smartphone par induction, certes sans le brancher, mais qui nécessite tout de même de laisser l'appareil en contact avec le socle adéquat. >> Recharger son iPhone ou son Galaxy sans le brancher ? C'est possible, grâce à QI Seul problème: contrairement au Wifi, cette technologie ne peut traverser les murs, aussi chaque pièce doit-elle être équipée de capteurs. Pour l'instant, le projet n'est du reste qu'au stade du prototype. La commercialisation est envisagée d'ici deux ans. Il y aurait alors de quoi révolutionner le monde du high tech. En effet si l'électricité est partout, alors la taille de la batterie pourra être réduite puisqu'elle se rechargera en permanence, explique encore Meredith Perry. De quoi réjouir les constructeurs de smartphones. Pour aller plus loin: >> Sept systèmes futuristes pour recharger son téléphone sans prise électrique 82 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 RUSSIE > Dmitri Medvedev a signé un décret obligeant les utilisateurs du Wi-Fi public à fournir leurs données personnelles. Celles-ci seront ensuite conservées pendant 6 mois par les fournisseurs d’accès. Jérémy Hébras En Russie, pas d'Internet si l'on ne décline pas son identité Les utilisateurs du Wi-Fi public en Russie ne pourront plus se connecter anonymement à Internet, rapporte le journal Izvestia. Dans un décret signé cette semaine par le Premier ministre Dmitri Medvedev, le gouvernement russe oblige les utilisateurs du Wi-Fi public à présenter leur passeport ou leur carte d'identité afin de pouvoir l'utiliser. Stockage des données personnelles Les données personnelles des utilisateurs seront ensuite enregistrées et stockées par les fournisseurs d'accès à Internet, au même titre que les informations des appareils, comme l'adresse IP. Ces données seront conservées pendant 6 mois, et les fournisseurs d'accès devront être en mesure de les transmettre au gouvernement si celui-ci les exige. D'autre part, le décret oblige les lieux (librairies, cafés, bars...) disposant d'une borne Wi-Fi à communiquer à leurs fournisseurs d'accès la liste des personnes utilisant leur connexions publiques. Les données à transmettre sont le nom, l'adresse et l'équivalent du numéro de sécurité sociale. Il est enfin stipulé que les établissements doivent régulièrement actualiser cette liste. 83 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 L'espace Wi-Fi de Moscou trop vaste ? Cependant, mettre en place un tel système ne semble pas être une mince affaire d'un point de vue technique au vu de l'immense espace Wi-Fi de Moscou, récemment étendu.Matvey Alekseev, directeur des relations avec le gouvernement de l'entreprise Ramblers and co, spécialisée dans l'informatique, a déclaré: "Identifier des utilisateurs d'Internet via une connexion publique Wi-Fi est impossible. A Moscou, l'espace Wi-Fi couvre à lui seul tous les parcs et les lieux publics. Je ne crois pas que toutes les personnes qui vont au parc Gorky montreront leur passeport." Mener "une guerre d'information" Ce resserrement du contrôle de l'Etat russe sur Internet et la vie privée se fait au nom d'une "guerre d'information" qui aurait lieu avec les États-Unis : "C'est une mesure de sécurité. Une guerre d'information a lieu actuellement. La connexion anonyme en public favorise l'impunité et l'illégalité et rend difficile la traque de celui qui en est à l'origine. Les Américains ont peur de la guerre, en ce moment c'est mieux pour eux de mener une guerre via les informations. Ils ont renforcé leur holding La Voix de l'Amérique. Ceux que la déstabilisation intéresse essaient de saturer le web avec des escrocs, des fascistes et des extrémistes. Tout ce qui est connecté à Internet doit être identifiable", a justifié Vadim Dengin, premier député de la Commission d'information du parlement russe, au journal Izvestia. Internet: lieu de contestation lors de la réélection de Poutine La Russie imite donc certains de ses voisins comme l'Ouzbékistan, ancien membre de l'URSS, où l'identification pour l'accès à Internet est déjà requise. Le Kremlin semble craindre toutes les possibilités qu'offre le web, d'autant qu'Internet était un lieu privilégié de la contestation de la réélection de Vladimir Poutine en 2012. 84 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LE CHIFFRE > Cette nouvelle aide porte à 11,9 millions d’euros l’effort déployé depuis le début de l’année par la Commission européenne. latribune.fr Ebola: l'Europe débloque encore 8 millions d'euros pour lutter contre l'épidémie Face à la propagation de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, la Commission européenne s'implique davantage. Vendredi, elle a annoncé le déblocage de 8 millions d'euros supplémentaires pour contenir l'épidémie. Cette nouvelle aide porte à 11,9 millions d'euros l'effort déployé depuis le début de l'année par la Commission pour lutter contre ce que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de décréter comme "une urgence de santé publique mondiale". Les fonds alloués transiteront par l'OMS, qui fournit des équipements et des conseils et qui coordonne la surveillance épidémiologique, ainsi que par Médecins sans frontières (MSF), la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Un laboratoire de tests de dépistage L'UE va également installer "dans les prochains jours" un laboratoire mobile, vraisemblablement en Sierra Leone, pour réaliser des tests de dépistage du virus. 85 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 "Sauver des vies et fournir davantage d'assistance à l'Afrique de l'Ouest est plus que jamais une priorité urgente", a affirmé le commissaire chargé du Développement, Andris Piebalgs. L'épidémie d'Ebola a fait près de 1.000 morts depuis le début de l'année sur plus de 1.700 cas présumés. Elle est "la plus importante et la plus sévère" en quatre décennies, a souligné vendredi devant la presse la directrice générale de l'OMS, le Dr Margaret Chan. Lire aussi >> L a Banque mondiale débloque 200 millions de dollars pour lutter contre le virus Ebola 86 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 L'ENTREPRISE DU JOUR > Il n’existe pour l’instant aucun traitement spécifique sur le marché permettant de traiter ou de prévenir la fièvre hémorragique Ebola provoquée par un virus très virulent qui peut tuer en quelques jours. Le taux de létalité (rapport entre le nombre de cas et le nombre de décès) est supérieur à 50%. latribune.fr GSK : le laboratoire qui a trouvé un vaccin contre le virus Ebola Le laboratoire britannique GSK a mis au point un vaccin préventif contre le virus Ebola. Il pourrait faire l'objet d'essais cliniques dès le mois prochain, et si ceux-ci sont concluants, être disponible courant 2015, a indiqué le directeur du département des vaccins et immunisation de l'OMS à la radio RFI. Essais cliniques en septembre " On cible le mois de septembre pour commencer les essais cliniques, d'abord aux Etats-Unis et certainement dans un pays africain, car c'est là que nous avons les cas", a précisé Jean-Marie Okwo Bélé dans une interview dont des extraits ont été diffusés sur le site internet de RFI. Interrogé sur les perpectives de commercialisation du vaccin, il s'est montré optimiste : " nous pensons que si on commence au mois de septembre, vers la fin de l'année on peut déjà avoir des résultats". Et d'ajouter: 87 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 " Et comme il s'agit d'une urgence, on peut mettre en place des procédures d'urgence (...) pour que courant 2015 on puisse disposer d'un vaccin" Un sérum prometteur testé sur deux Américains Il n'existe pour l'instant aucun traitement spécifique sur le marché permettant de traiter ou de prévenir la fièvre hémorragique Ebola provoquée par un virus très virulent qui peut tuer en quelques jours. Le taux de létalité (rapport entre le nombre de cas et le nombre de décès) est supérieur à 50%. Plusieurs vaccins en sont au stade des essais tandis qu'un traitement prometteur, le ZMapp, vient pour la première fois d'être testé sur des Américains infectés en Afrique après avoir donné d'excellents résultats sur des singes. 88 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 CHINE > Le procès d’un couple de détectives privés britannico-américain démarre ce vendredi à Shanghai. Ils sont poursuivis pour atteinte à la vie privée de citoyens chinois dans le cadre d’une enquête au sein du laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline. latribune.fr Ils enquêtaient pour GSK en Chine, la justice chinoise a enquêté sur eux Ce procès sera suivi de près par la communauté étrangère en Chine. Le britannique Peter Humphrey et sa femme américaine Yu Ying Zeng avaient été embauchés par GlaxoSmithKline (GSK) pour réaliser une enquête chinoise. Pour la justice chinoise, leurs investigations sont peut-être allées trop loin. Le couple, arrêté en juillet 2013, est accusé d'avoir obtenu illégalement des informations privées sur des citoyens chinois, dans le cadre d'une enquête au sein du laboratoire pharmaceutique britannique. Leur procès s'est ouvert ce 8 août à Shanghai. Des nouvelles lois de régulation des données personnelles depuis 2009 Tous deux dirigeaient une firme de conseil et d'évaluation des risques baptisée ChinaWhys, et qui avait été engagé par GSK pour conduire une enquête au sujet d'un délit interne à l'entreprise. Les renseignements privés obtenus renvoyaient notamment à des adresses, des détails de voyage et des titres de propriétés, précise le South China Morning Post. 89 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 En tout, ce sont 256 documents différents qui auraient été obtenus "illégalement". Le couple aurait même payé jusqu'à 2000 yuan (environ 240 euros) pour certains d'entre eux, rapporte le Guardian. >> Lire aussi: Chine: un ancien dirigeant du laboratoire GSk arrêté pour corruption Peter Humphrey a accepté les charges portées contre lui mais a avancé qu'il n'avait pas sciemment enfreint la loi, n'ayant pas connaissance des nouvelles lois de régulation des données personnelles appliquées depuis 2009 en Chine. Une réglementation encore floue pour les business étrangers "L'affaire est importante pour les activités des étrangers en Chine. Elle va démontrer si la Chine a été capable d'établir une justice équitable qui adhère à un régime de lois" affirme James Zimmerman, un ancien dirigeant de la Chambre américaine de commerce en Chine, dans un article du Wall Street Journal. Le cabinet d'avocats White and Case explique dans un rapport de mars 2012 que la Chine n'est actuellement pas dotée d'un cadre légal complet pour la régulation de l'usage des données personnelles au niveau national. Cadre qui définirait ce qu'une entreprise peut collecter légalement en matière de données personnelles. Le rapport précise cependant que de nombreuses règles importantes sont éparpillées dans diverses lois, régulations et ordonnances chinoises, et celles-ci qui doivent être prises en compte par les entreprises non-chinoises. 90 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 SPORT-BUSINESS > La ligue 1 reprend ses droits ce vendredi 8 août pour la saison 2014/2015 avec le Paris Saint-Germain, champion en titre et candidat à sa propre succession. Comme ses concurrents, le club de la Capitale a pour objectif de grappiller le maximum de droits télévisuels en fin d’exercice. Jonathan Baudoin Droits TV: quel club de ligue 1 tirera son épingle du jeu ? Le feuilleton préféré des fans de ballon rond en France revient pour une nouvelle saison de 38 épisodes dès ce vendredi 8 août. Vingt équipes partent sur un pied d'égalité... même si certaines équipes sont plus égales que d'autres, pour paraphraser George Orwell. Avec les deux plus gros budgets du championnat, le Paris Saint-Germain (490 millions d'euros) et l'Association Sportive de Monaco (130 millions d'euros) font de fait figure de favoris. Derrière, l'Olympique de Marseille (OM), l'Olympique Lyonnais (OL), le Lille Olympique Sporting Club ou l'Association Sportive de Saint-Étienne (ASSE) se positionnent en outsiders, étant donné leurs budgets inférieurs. Mais ils ne manquent pas d'attractivité et d'un point de vue purement financier, certains comme l'OM pourraient tirer leur épingle du jeu en fin de saison. Déconnexion entre résultat immédiat et présence médiatique à terme En effet chaque année, les cartes sont en partie redistribuées en matière de recettes télévisuelles. Concrètement, le financement des droit TV suit la règle 50-30-20, correspondant à 3 critères : la 91 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 première moitié est une part fixe, c'est le même montant pour tous les clubs. 30% sont ensuite attribués en fonction des résultats sportifs (25% sur l'année présente, 5% sur les 5 dernières années), et enfin 20% sont calculés en fonction de la notoriété durant les 5 dernières années, c'est-à-dire la diffusion des matchs en multiplex ou en affiche. Au regard des montants accordés pour la saison 2013/2014, le PSG, champion sur le terrain sportif, est logiquement le champion des droits TV avec plus de 44,5 millions d'euros perçus. Monaco n'était pas sur le podium des droits TV en 2014 Son dauphin dans ce classement n'est pas l'AS Monaco, mais l'OM. Ainsi, malgré une sixième place qui lui rapporte moins financièrement, le club de la cité phocéenne compense avec la part consacrée au classement sur les 5 dernières années et par sa notoriété, la plus importante parmi les clubs de Ligue 1. L'OL complète le podium des clubs les plus percepteurs de droits TV, pour des raisons semblables à celles de l'OM. Concernant le club de la principauté, son absence du podium s'explique par ses 2 années passées en Ligue 2 (2011-2012 et 2012-2013) qui le pénalisent sur les résultats sportifs et sur l'exposition médiatique. Cependant, si l'AS Monaco conserve un classement similaire sur le terrain à celui de la saison dernière (2ème), les effets financiers négatifs dus à la Ligue 2 se feront moins sentir lors des prochaines années. La course aux droits TV Bien que les droits TV du foot professionnel français soient les plus faibles parmi les grands championnats de football européens à 600 millions d'euros ( ils sont trois fois inférieurs aux droits TV du foot professionnel anglais ! ), ils représentent une manne précieuse. Que ce soit pour les clubs de Ligue 1 qui captent au minimum 5/6 de ces revenus télévisuels, ou pour les clubs de ligue 2, qui perçoivent le solde. Les clubs ayant les plus gros budgets restent donc particulièrement sensibles à ces recettes télévisuelles pour équilibrer leurs comptes. D'autant que certains clubs, comme l'OM ou l'ASSE, ont vu leurs recettes liées à la billetterie (affluence des spectateurs aux stades) se réduire ces dernières années à cause des travaux de rénovation et d'agrandissement entrepris dans leurs stades respectifs (Vélodrome et Geoffroy-Guichard ) pour accueillir l'Euro 2016, organisé en France. 92 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 LE CHIFFRE > Le film de Luc Besson a pris la première place du box-office américain, lors de sa première semaine de sortie et a réalisé 44 millions de dollars de recettes. latribune.fr Lucy, deuxième meilleure entrée de tous les temps pour un film français aux Etats-Unis C'est le deuxième meilleur démarrage pour un film français aux Etats-Unis. Lucy, écrit et réalisé par Luc Besson, a réalisé 44 millions dollars de recettes lors de sa première semaine d'exploitation outre-Atlantique. Seul Taken 2, dont le scénariste est également Luc Besson, avait fait plus en engrangeant 49 millions de dollars la première semaine en 2012. Lucy, sorti aux Etats-Unis le 25 juillet, a pris immédiatement la première place du box-office américain. Le film "made by" Besson a aussi pris largement la tête du box-office français pour son premier jour d'exploitation avec 351.000 entrées, soit une part de marché nationale de 43%. EuropaCorp se frotte les mains La société EuropaCorp, fondée par Luc Besson se frotte les mains. Elle avait annoncé jeudi avoir quasiment doublé sur un an son chiffre d'affaires au premier trimestre de son exercice décalé, à 22,3 millions d'euros. Et de s'enthousiasmer des "perspectives d'exploitation pour le second semestre de l'exercice 93 Entreprise LA TRIBUNE 11/08/2014 soutenues, grâce à la sortie de plusieurs films à très fort potentiel". Après Lucy, le studio prévoit la sortie le 24 septembre, du film Saint Laurent, réalisé par Bertrand Bonello avec Gaspard Ulliel et Léa Seydoux. Enfin, le troisième opus de la saga Taken, en post-production pour le moment, devrait sortir "durant le 1er trimestre de l'année 2015". 94 Banque & Finance LA TRIBUNE 11/08/2014 L'HOMME DU JOUR > Cette décision serait liée aux ennuis judiciaires de la banque française aux Etats-Unis. "Il prendra sa décision à la rentrée, mais la logique veut qu’il parte", a confié un cadre de la banque au JDD. latribune.fr Le président de BNP Paribas, Baudouin Prot, envisage de quitter son poste Le président de BNP Paribas, serait sur le départ. Baudouin Prot envisagerait de quitter son poste dans les prochains mois, d'après le JDD de ce dimanche. Le journal dominical cite une source proche: "C'est ce qui est envisagé par la banque et par lui-même mais ce n'est pas encore arrêté" Cette décision serait liée aux ennuis judiciaires de la banque française aux Etats-Unis. En effet, Baudouin Prot a été directeur général du groupe de 2003 à 2011, période au cours de laquelle la banque a enfreint la loi américaine en effectuant des paiements en dollars vers des pays sous embargo. Une sortie "en douceur" Ces infractions ont valu à BNP Paribas de lourdes sanctions aux Etats-Unis, dont une amende record de 6,6 milliards d'euros. 95 Banque & Finance LA TRIBUNE 11/08/2014 Si la responsabilité de Baudouin Prot n'a pas été engagée par les autorités américaines, " son entourage le décrit très affecté par la sanction" dont a écopé la banque, écrit le JDD, ajoutant qu'une sortie "en douceur" serait prévue vers la fin de l'année pour le ménager. "Baudouin le vit très mal personnellement. Il prendra sa décision à la rentrée, mais la logique veut qu'il parte", a confié un cadre de la banque à l'hebdomadaire. Remplacé par Jean Lemierre ? Selon le JDD, Jean Lemierre, actuel conseiller de Baudouin Prot et ancien patron du Trésor, pourrait lui succéder. Le journal souligne: " Ancien directeur général du Trésor et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), sa stature internationale lui confère un avantage important pour briguer la présidence" Contacté par l'AFP, BNP Paribas n'a pas souhaité faire de commentaires. Pour l'heure, une dizaine de banquiers, dont cinq hauts dirigeants, liés aux opérations litigieuses ont quitté la banque ces derniers mois. >> Affaire BNP Paribas: les têtes commencent à tomber 96 Banque & Finance LA TRIBUNE 11/08/2014 RÉSULTATS > Sur la période, Dexia a cédé sa filiale Dexia Asset Management à New York Life Investments pour un prix ferme de 380 millions d’euros ainsi que sa participation dans Popular Banca Privada. latribune.fr Dexia réduit ses pertes au premier semestre La banque franco-belge Dexia, sauvée de la faillite à deux reprises pendant la crise financière grâce aux interventions des États belge, français et luxembourgeois, a fait part vendredi d'une diminution de sa perte nette au premier semestre à la faveur d'une baisse du coût de financement. Le groupe, ancien leader mondial du financement des collectivités locales, détenue à 94% par les États belges et français (50,02% par l'État belge et 44,4% par l'État français), a fait part d'une perte nette de 178 millions d'euros avant éléments exceptionnels, soit 127 millions de moins qu'au premier semestre 2013, rapporte l'agence Reuters. Cession de Dexia Asset Management Sur la période, Dexia a cédé sa filiale Dexia Asset Management à New York Life Investments pour un prix ferme de 380 millions d'euros ainsi que sa participation dans Popular Banca Privada. Le groupe bancaire a en outre profité de conditions de marché favorables pour céder 484 millions d'euros d'actifs au cours des six premiers mois de l'année, ce qui lui a permis de poursuivre la réduction de son profil de risque. Le groupe a également accéléré le remboursement de prêts et 97 Banque & Finance LA TRIBUNE 11/08/2014 d'obligations pour un montant de 253 millions d'euros. 98 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 SÉRIE D'ÉTÉ > Cent ans après le début de la Première Guerre mondiale, La Tribune revient sur une des suites majeures de ce conflit, la fin de l’Autriche-Hongrie, et sur ses conséquences économiques. Aujourd’hui, comment s’est organisée la répartition des dettes et des actifs de l’ancien État austro-hongrois. Romaric Godin La fin de l'Autriche-Hongrie (5/8) : se répartir les dépouilles de l'ancienne union La principale question, souvent oubliée lorsque l'on parle de la fin d'une union monétaire est celle du devenir de la dette libellée dans une monnaie qui soit n'existe plus, soit n'est plus la monnaie d'un État. Voici quelques mois, une polémique juridico-économique s'était ouverte pour savoir si la dette émise par un État qui sortirait de la zone euro sur son territoire pourrait être redénominée en monnaie nationale. Cette question s'est déjà posée concrètement après la disparition de l'Autriche-Hongrie. La question centrale de la dette La question de la dette n'est pas anecdotique. Une dette conservée en monnaie forte peut peser sur une économie issue d'un éclatement d'une union monétaire où les devises et l'or sont rares. L'État doit mener alors une austérité sévère et une politique d'amélioration de la compétitivité externe pour récupérer des devises. Dans le secteur privé, les acteurs endettés auront bien du mal à faire face et il faut s'attendre à des faillites. 99 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 À l'inverse, une redénomination en nouvelle monnaie dévalorisée peut poser problème. Elle peut être considérée comme un défaut et dissuader les investisseurs de prêter au nouvel État. Elle peut inciter ce dernier à accentuer une politique inflationniste pour rembourser la dette en monnaie de singe. Enfin, elle peut dévaloriser la dette privée et, là encore, conduire à une série de faillites d'entreprises. La particularité du cas austro-hongrois Le cas austro-hongrois est un exemple grandeur nature des questions qui se posent lors de ce type de crise. Dans un contexte différent, cependant. L'État austro-hongrois et les acteurs économiques austro-hongrois ont contracté des dettes en couronnes austro-hongroises. Or, ni cet État ni cette monnaie n'existent plus en 1920. En revanche, pour les dettes contractées avant août 1914, la monnaie austro-hongroise comportait une référence implicite à l'or, même si juridiquement la Double Monarchie n'a jamais été sous le régime de la convertibilité explicite. Faut-il alors calculer intégralement la dette dans son équivalent en or ? Et comment répartir les engagements de feu l'Empire et Royaume ? Jusqu'en 1918, la Banque centrale austro-hongroise a émis de la monnaie pour faire fonctionner l'économie de l'ensemble des pays successeurs et s'appuyant sur les richesses de l'ensemble de ces pays. Mais, aucun de ces pays n'était représenté au Conseil de cette banque et, entre 1914 et 1918, elle est passée aux ordres de gouvernements dont la plupart des nouveaux États ne se reconnaissent pas les héritiers. Enfin, l'Autriche-Hongrie a disparu en raison de sa défaite militaire et ce sont les vainqueurs qui vont établir les conditions du règlement des dettes de l'ancienne Double Monarchie. Les choix de Saint-Germain et Trianon Les articles 203 à 218 du traité de Saint-Germain avec l'Autriche (10 septembre 1919) et 186 à 198 du traité de Trianon avec la Hongrie (20 juin 1920) traitent intégralement de cette question. Mais dans ces traités, les alliés défendent avant tout leurs intérêts. Le principe adopté est d'abord la priorité donnée aux créanciers étrangers, avant même les créanciers des États successeurs. Les dettes de l'ancien gouvernement austro-hongrois émises avant la guerre sur le marché international sont ainsi divisées entre les États successeurs par la Commission des réparations. Si la monnaie d'émission est la couronne-papier, les États sont autorisés à rembourser dans leur nouvelle devise (sauf si la Commission la juge trop dévalorisée). Mais si la référence était la couronne-or, alors il faut rembourser la dette en devises. Les alliés, de ce point de vue, n'ont fait aucun cadeau aux États successeurs, dont certains comme la Serbie et 100 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 la Roumanie, ont combattu à leurs côtés. Mais en finance, on ne connaît guère d'amis. Quant à la répartition de la dette, elle se fait en fonction des revenus produits par les territoires au cours des années 1911-1913. C'est donc la capacité fiscale qui est préférée. La dette de guerre oubliée... en partie Les États successeurs sont cependant exemptés du remboursement de la dette de guerre de la Double Monarchie. Mais au prix d'un abandon de l'ensemble des créances de leurs ressortissants, ce qui n'est pas rien car, pendant la guerre, nombreux étaient ceux qui avaient acquis des bons de la défense, y compris dans les futurs États tchécoslovaque, polonais, roumain ou « yougoslave. » L'Autriche et la Hongrie ne seront tenues de rembourser que les créanciers... étrangers. Globalement, cependant, le fardeau de la dette publique - et celle de l'Autriche-Hongrie était une des plus importantes de l'avant-guerre - fut transmis aux États issus de l'éclatement. La fin de l'union monétaire n'aura guère permis aux « États neufs » de lui échapper. Sur les questions de dette privée, les alliés ne se prononcent pas. L'article 215 du traité de Saint-Germain (article 198 de celui de Trianon) juge que les « ajustements financiers rendus nécessaires par le démembrement de l'ancienne monarchie » devront être réglés par une « entente entre les divers gouvernements intéressés. » Tout juste les alliés demandent-ils un « traitemen Comment liquider la banque centrale austro-hongroise ? Reste un morceau immense : la question de la liquidation de la Banque nationale austro-hongroise. Les États successeurs en attendent évidemment beaucoup, notamment pour fonder leur propre banque centrale qui aura ensuite pour tâche de stabiliser la monnaie dans un contexte de forte inflation et de volatilité extrême des monnaies. Que faire des réserves d'or de cette banque ? Et des titres de dettes qu'elle détient ? Les traités ont confié à des liquidateurs internationaux la tâche de régler cette question. Son installation fut difficile et contestée. Les travaux ne débutèrent pas avant la mi-1921 et s'achevèrent officiellement en juillet 1924. Priorité aux créanciers étrangers Les liquidateurs commencèrent évidemment par rembourser les dettes étrangères de la Banque. Le reste de l'actif de l'ancienne banque centrale, soit près de 200 millions de couronnes-or, dut être réparti entre les États successeurs. Les traités prévoyaient que les États remettent à la Commission les billets estampillés émis avant le 29 octobre 1918. Les liquidateurs auraient ensuite réparti l'or en fonction de la répartition de ces « créances » sur la banque centrale que sont les billets de banque. Mais distinguer les billets émis avant et après cette 101 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 date se révéla impossible. On décida donc de se baser sur l'ensemble des billets récupérés et de pondérer cette donnée par la population de chaque État. La Tchécoslovaquie et la Roumanie reçurent la part du lion (41 et 36 millions de couronnes-or). Pour l'Autriche et la Hongrie qui avaient largement profité de la présence de deux sièges de la banque pour émettre des billets en 1918 et 1919, les 19 millions de couronnes reçus sont une goutte d'eau dans leurs besoins. >>> Lundi : Le chaos économique (6/8) ________ >>> Lire aussi : L'économie mondiale en 1914 (1/5), un monde de croissance et de progrès L'économie mondiale en 1914 (2/5), l'âge d'or de la mondialisation L'économie mondiale en 1914 (3/5), Rule Britannia... mais pour combien de temps? L'économie mondiale en 1914 (4/5), La crise de l'ordre ancien L'économie mondiale en 1914 (5/5), l'économie a-t-elle conduit l'Europe à la guerre ? 102 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 SÉRIE > A l’occasion du centenaire de 1914, La Tribune vous propose un tableau de l’économie du monde huit mois avant le début de la Grande Guerre. Cinquième et dernière partie : quel rôle a joué l’économie dans la course du Vieux continent à la première guerre mondiale ? Romaric Godin L'économie mondiale en 1914 (5/5) : l'économie a-t-elle conduit l'Europe à la guerre ? Progrès et tensions. C'est ainsi que l'on pourrait résumer le monde économique au début de l'année 1914. Sous la pression d'une croissance inédite, le vieux monde se craquelle, tente de se défendre et de s'adapter. Mais rien ne laisse présager pour autant qu'il s'effondrera huit mois plus tard dans un cataclysme destructeur qui épuisera les économies européennes et ce que Stefan Zweig appellera « le monde d'hier. » La guerre : une rupture violente dans l'histoire économique européenne A l'exception d'un court épisode dans la deuxième partie des années 1920, les taux de croissance d'avant 1914 ne reviendront en Europe que dans les années 1950. Et il faudra encore attendre vingt ou trente ans pour retrouver les niveaux Si l'on exclut la deuxième partie des années 1920, la croissance ne reviendra en Europe avec la même vigueur qu'avant la guerre qu'au début des années 1950. Et, on l'a vu, il faudra attendre la fin des années 1980 pour retrouver les mêmes niveaux de commerce international. 103 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 La surprise de l'entrée en guerre Cette guerre destructive a surpris tout le monde après 44 ans de paix entre les grandes puissances. L'assassinat du prétendant au trône des Habsbourg, François Ferdinand le 28 juin 1914 par l'étudiant serbe Danilo Princip ne semblait, jusqu'au milieu du mois de juillet n'ouvrir qu'une nouvelle crise dans les Balkans. Mais cette région a été secouée par trois crises depuis 1908 sans qu'aucune ne dégénère en conflit généralisé. Ce sera pourtant le cas cette fois-ci. La question de la responsabilité Alors, dès les premiers jours du conflit, la question de ses causes et celle de la responsabilité d'un ou de plusieurs Etats dans son déclenchement a été posée. Les belligérants se sont naturellement renvoyés la balle afin de pouvoir « faire payer » l'autre à la fin de la guerre. En septembre 1915, le vice-chancelier allemand Karl Helfferich affirme sous les applaudissements des députés du Reichstag que « c'est aux instigateurs de la guerre de porter le fardeau des milliards » qu'elle aura coûté. Ce que Karl Helfferich préparait pour les alliés, ce sont ces derniers qui l'imposeront à l'Allemagne. Pour justifier le paiement de réparations, le traité de Versailles, dans son article 231 a proclamé la responsabilité unique et complète de l'Allemagne et de ses alliés dans le déclenchement de la guerre (article 231). Lénine pointe les causes économiques La question de la responsabilité a été l'objet ensuite d'un débat politique et historique qui n'est pas encore terminé. Un des éléments clés de ce problème de la responsabilité est celui du rôle des intérêts économiques dans la course à la guerre. La question a été posée dès 1916 par Lénine dans son ouvrage L'Impérialisme, Stade suprême du Capitalisme . Le leader russe, alors en exil expliquait, après la guerre, dans la préface aux éditions française et allemande que sur la base du « capitalisme moderne, monopoliste à l'échelle mondiale (...), les guerres impérialistes sont absolument inévitables. » La lecture marxiste de Lénine se concentre sur la concurrence entre les intérêts des grandes puissances. « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée d'Etats particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier par une simple « tonte des coupons. » » Soucieuses d'apporter des débouchés à leurs entreprises soumises à la loi d'airain de la baisse tendancielle du taux de profit, ces Etats sont en permanence en conflit dans ce « pillage. » Et pour sauver les profits de leurs capitalistes, les puissances impérialistes sont prêtes à en découdre militairement. Évidemment, la lecture marxiste de Lénine a été dénoncée depuis par les historiens. Elle a 104 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 cependant le mérite de mettre en lumière cette tension pour l'hégémonie économique qui domine les années qui précèdent les années 1914. Mais, au-delà du débat idéologique, ce qui manque à l'analyse du leader bolchévique, c'est sans doute que ce qu'il appelle « l'impérialisme » économique n'est pas un simple pillage colonial. C'est aussi un système de dépendance et de profit mutuels entre les pays développés. C'est, rappelons-le, l'argument de Norman Angell cité précédemment, décrivant l'ineptie d'une prise de Londres par les troupes du Kaiser... « Le Camarade Lénine nettoie la Terre de ses ordures » L'économie, facteur d'apaisement ? Et il n'est pas, en effet, impossible d'imaginer que la situation économique aurait pu, en 1914, avoir un effet apaisant sur les relations internationales. Chacun savait en théorie qu'un conflit mettrait fin au développement des échanges commerciaux et capitalistiques qui jouaient alors un rôle majeur dans la croissance des vingt dernières années. Dans ce cas, même une puissance avec des ambitions de domination mondiale aurait eu bien plus d'avantages à se contenter de pousser son avantage économique. Surtout si, comme l'Allemagne, cette puissance bénéficiait d'une croissance soutenue. C'est le conseil que donne au Kaiser le banquier hambourgeois Max Moritz Warburg cité par l'historien britannique Niall Fergusson le 21 juin 1914, une semaine avant l'attentat de Sarajevo, alors que Guillaume II est tenter de « frapper vite la France et la Russie » : « je lui conseillais d'attendre patiemment, de baisser la tête quelques années. Chaque année, nous devenons plus forts ; nos ennemis deviennent plus faibles. » Tensions internes La situation était cependant sans doute plus complexe que celle que décrivait le banquier. Car si la Russie était instable, si la France était endettée et soumis à la montée socialiste, si le Royaume-Uni devait gérer l'épineuse question irlandaise, l'Allemagne elle-même avait son lot de tensions. Partout en Europe, mouvements sociaux, montée des socialismes, concurrence industrielle croissante, dépenses publiques en hausse, dette de plus en plus importantes posent des défis aux États qui semblent incapables de les relever. Faute de mieux, la guerre pouvait être vue comme un moyen de reconstituer l'unité nationale et de renforcer le pays, donc à terme son économie. C'est cette logique, défendue par les nationalistes allemands et français, qui finira par l'emporter un mois après la remarque de Warburg. Le rapprochement anglo-germanique d'avant-guerre 105 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 Mais Guillaume II a pourtant été tenté de jouer l'apaisement, notamment avec Londres. Après la crise marocaine de 1911, l'Allemagne semble avoir saisi qu'elle ne rattrapera Londres ni en matière financière, ni en matière maritime. Le programme d'armement naval de l'amiral von Tirpitz n'a pas permis de concurrencer sérieusement la domination navale du Royaume-Uni. Epuisé, le Reich se résout à tenter un rapprochement. En octobre 1913, la Frankfurter Zeitung parle ainsi de la « fin de plusieurs années de défiance mutuelle » entre les deux pays. Toujours selon Niall Fergusson, le 27 juin 1914, à la veille de l'attentat de Sarajevo, le Foreign Office souligne combien « l'Allemagne est désireuse de parvenir à une bonne entente avec l'Angleterre » et combien elle est « dans des dispositions pacifiques . » Certains faits laissent penser qu'il ne s'agit pas là seulement de bonne volonté. L'affaire du Bagdadbah Une responsabilité britannique ? Ces faits ont conduit certains historiens, comme précisément Niall Fergusson dans son ouvrage The Pity Of War en 2005, à conclure que ce sont les Britanniques qui ont provoqué le durcissement allemand qui, finalement, a conduit à la guerre. Selon eux, le ministre des Affaires étrangères britannique Edward Grey, très germanophobe et francophile, aurait tout fait pour que Londres ne réponde pas à la volonté d'apaisement allemande. Et il aurait pour cela construit le mythe d'une volonté hégémonique allemande que le Reich n'aurait jamais eu. La question centrale des causes de la guerre - et donc de l'influence du facteur économique passe donc par la question de l'impérialisme allemand. Et notamment de l'impérialisme économique. Si comme Niall Fergusson le prétend, l'Allemagne n'a jamais voulu dominer l'Europe, alors le Royaume-Uni, qui a déclaré la guerre à l'Allemagne le 4 août après la violation de la neutralité belge, a une lourde responsabilité dans la guerre. Affiche anglaise de propagande contre la volonté de conquête affirmée du Keiser Guillaume II sur l'Europe Les buts de guerre allemand : priorité à l'hégémonie économique ? Mais la vision de Niall Fergusson semble un peu angélique. Dans les années 1960, un historien allemand Fritz Fischer a ouvert une polémique violente dans son ouvrage Les Buts de Guerre de l'Allemagne Impériale (en allemand Griff Nach der Weltmacht , littéralement « la Course à la Domination mondiale »). Il établissait la volonté impérialiste de l'Allemagne en Europe et son issue inévitable: la guerre avec l'Entente. Un des principaux arguments de Fritz Fischer, c'est le « Programme de Septembre » du chancelier 106 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 Bethmann-Hollweg présenté un mois après le début de la guerre et qui établit les buts de guerre du Reich. Ce plan prévoit plusieurs annexions de territoires français, notamment la côte de la mer du nord, le bassin minier de Briey, en Lorraine, le versant ouest des Vosges et Belfort. Le Luxembourg, grossi de la province belge homonyme, sera intégré au Reich, la région de Liège annexée par la Prusse. Ces conditions semblent somme toute bien peu sévères dans une optique de victoire complète de l'Allemagne. En réalité, pour Bethmann-Hollweg, il s'agit de la construction d'une « Association économique d'Europe centrale » (Mitteleuropäische Wirtschaftsverband) qui regroupera autour de l'Allemagne la France, la Belgique, les Pays-Bas, les pays scandinaves, la Pologne reconstituée, l'Italie et l'Autriche-Hongrie. Cette association, précise le programme, devra « sous une égalité apparente de ses membres être sous contrôle de l'Allemagne et stabiliser l'hégémonie (Vorherrschaft) de l'Allemagne sur l'Europe. » Pour renforcer ce but, la France vaincue devra signer « un traité commercial qui la conduira sous la dépendance économique de l'Allemagne », en interdisant notamment les importations britanniques. Quant à ce qui restera de la Belgique, elle devra être, un « Etat vassal, économiquement part de l'Allemagne. » Une union économique pacifique ? Niall Fergusson prétend que ce programme est exclusivement la conséquence de la déclaration de guerre britannique et qu'il a donc été improvisé durant le mois d'août. Mais s'il est vrai que les projets d'annexions n'ont pas circulé dans les milieux officiels allemands avant la guerre, l'historien britannique doit reconnaître que le projet d'union économique européenne sous la direction allemande est, lui, un but explicite des dirigeants allemands depuis des années. L'historien britannique semble considérer cette « union européenne » comme un projet pacifique, qui présage les « Etats-Unis d'Europe » et l'union des peuples européens. C'est précisément ce que avait voulu faire croire Bethmann-Hollweg et Fritz Fischer a très clairement montré que la position du chancelier s'oppose à celle des nationalistes et de l'Etat-major, partisans d'une guerre de conquête. L'un cherche le soft power, dirait-on aujourd'hui, l'autre le hard power. Une provocation pour Londres Mais la paix aurait-elle pu être sauvée, comme le prétend Niall Ferguson, par l'établissement d'une hégémonie économique allemande sous la bienveillante « neutralité » britannique? On a peine à le croire. C'eut été pour Londres accepter une défaite majeure dans la lutte économique mondiale. L'alliance de l'épargne et des ressources françaises avec la puissance industrielle allemande, à quoi se seraient ajoutées les très dynamiques économies scandinaves et du Benelux, aurait pu faire vaciller la suprématie d'Albion. La seule réponse possible pour les Britanniques était donc de renforcer le lien avec Paris et d'encourager la dissonance franco-allemande. 107 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 Pour indirect qu'il puisse être, le facteur économique et social a joué un rôle essentiel dans la course à la guerre. A la fin du mois de juillet 1914, lorsque tout pouvait encore être stoppé par un geste de Berlin ou de Londres, la motivation de conserver la situation économique existante n'a pas joué son rôle dissuasif. La rivalité anglo-allemande pour la domination économique mondiale était sans doute difficilement viable sans qu'elle ne débouche sur un conflit armé. Et c'est ainsi que l'Europe a couru à sa perte. 108 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 FEUILLETON D'ÉTÉ > Comment Pascal T, manager dans un grand groupe, parti en vacances en Italie sur les rivages de la Méditerranée avec son ordinateur et ses palmes, découvre, grâce à une rencontre avec une lectrice passionnée, qu’il a oublié l’essentiel : des ouvrages pour lui ouvrir l’horizon. Sophie Péters Dix nuances de management : Empathie (5/10) Chapitre V - 'Empathie' Le soleil était déjà haut lorsqu'il ouvrit un œil. Sa femme avait laissé un mot l'invitant à le rejoindre au village pour un café. Il prit machinalement son iPhone, déverrouilla le mode avion et y jeta un œil presque indifférent. Trois messages s'affichèrent. Tous de William, son adjoint. "Peux-tu me rappeler d'urgence ? Robert a fait un malaise au bureau". Robert, un malaise ? Le plus investi et motivé de mon équipe ! - Allo... William ? Je ne te dérange pas ? Qu'est-il arrivé à Robert ? Je ne comprends pas ? - Depuis une semaine, il restait très tard au bureau. Il disait vouloir tout boucler avant de partir en vacances. On ne le sentait pas très disponible pour une pause café. Par moment, il soufflait devant son écran, devenait facilement irritable. On l'entendait marmonner des trucs incompréhensibles. Il râlait tout le temps, lui habituellement si blagueur et toujours de bonne humeur. On a mis ça sur le 109 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 compte du client. Tu sais, celui qui nous appelle toujours la veille pour le lendemain. Et puis hier samedi, alors que je passais chercher mon portable oublié sur mon bureau, je l'ai trouvé à son poste, écroulé devant son écran. J'ai mis plusieurs minutes à lui faire reprendre connaissance. Il semblait hagard, me fixait, ayant l'air de ne pas comprendre ce qu'il faisait là. J'ai appelé sa femme qui est venue le chercher. Ce matin il a répondu un texto laconique : "oui ça va, merci". Ce serait peut-être bien que tu lui passes un coup de fil, non ? Je te préviens: le CHSCT veut déclencher une enquête RPS. Pascal était sonné. - Oui bien sûr... Mais pour lui dire quoi ? - Ben... au moins pour prendre de ses nouvelles, lui montrer que tu es au courant. - Oui, oui, tu as raison. Tu m'envoies son numéro ? Pascal raccrocha. Robert était un battant. Son meilleur élément et fidèle collaborateur. Fin dans ses analyses, ne rechignant jamais sur les missions un peu délicates. Il avait peut-être des soucis dans son couple ? Ou alors un enfant malade ? C'est vrai qu'il aimait son job. Peut-être un peu trop d'ailleurs. En réunion, il avait toujours une idée d'amélioration à apporter. Depuis quelque temps, les changements incessants au sein de la direction avaient quand même l'air de l'agacer parfois. Mais c'était assez rare qu'il le montre. William venait de lui envoyer la fiche de Robert. Pascal fixait l'écran de son portable. Son cerveau ne captait plus rien. Le soleil déjà haut l'éblouissait. Il passa en pilotage automatique : douche, café, short et tongs. Sa femme l'attendait au village. En remontant les grands escaliers vers la rue qui descendait au port, il tourna à droite et non à gauche. Ses pas le portaient, mécaniquement. À l'angle d'une trattoria, il prit à gauche cette fois vers la mer. Un chemin étroit serpentait entre les maisons blanches et fleuries. Où allait-il ? Le temps de le réaliser, il était devant une petite porte en fer, peinte en bleu ciel d'où tombaient en cascades les bougainvilliers roses. Elle s'ouvrit sur le visage de Sabrina. - Vous me cherchiez ? dit-elle étonnée. - Sans le savoir, croyez-le bien. - Sans le savoir ? Sous l'effet du stress, Pascal se mit à parler à toute vitesse sur un mode presque autoritaire : 110 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 - Voilà, j'ai reçu un message ce matin de mon adjoint. Robert, euh enfin un de mes plus proches et brillants collaborateurs a fait un malaise. J'ai essayé de le joindre, mais cela ne répond pas. Et puis j'ai pensé que comme c'est votre métier, vous pourriez peut-être me donner quelques tuyaux ? - Tuyaux ? S'agit-il bien de tuyaux ? s'amusa la psychanalyste. - Oui enfin, vous me comprenez... - Entrez, on va se poser quelques minutes. Je vous offre un café ? - Volontiers. - Bon, parlez-moi de Robert. Et surtout, racontez-moi dans quel contexte professionnel évolue aujourd'hui votre équipe ? Pascal parla de la restructuration, la troisième en deux ans. Des changements de services et de postes de certains membres de ses équipes. Robert avait vu partir la moitié de ses troupes. Sur 50 personnes, il n'en manageait plus que 5. Il avait positivé, pensait Pascal. Toujours partant pour le changement. Mais il avait semblé préoccupé par le sort de ceux qui partaient. Une de ses collaboratrices surtout avec laquelle il s'entendait bien. Ils blaguaient souvent tous les deux dans la journée. Cela mettait de l'ambiance dans le bureau. C'est vrai, l'ambiance avait changé. C'était un peu tendu ces derniers mois. Surtout à cause de ce projet de direction client que Pascal défendait face au comité de direction. Il faisait de l'ombre aux patrons d'entité. Bref, c'était un panier de crabes, mais comme partout. Faussement léger, un peu raide, Pascal poursuivait. Sabrina ne voyait plus l'homme en short et en tongs. Dans ce décor de film italien, un cadre en costard cravate buvait son café. - Et vous dans tout ça ? Que faites-vous ? Comment agissez-vous auprès de vos collaborateurs ? questionna Sabrina. - C'est à dire ? - Eh bien, leur témoignez-vous de la reconnaissance ? Êtes-vous encourageant ? Vous inquiétez-vous de savoir s'ils auraient besoin de votre soutien sur des sujets épineux ? Êtes-vous empathique en un mot ? 111 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 - Euh... Empathique ? Au bureau ? Je ne vois pas bien ce que vous voulez dire ? - Ce mot ne vous dit rien ? - Si, mais avec un ami en deuil par exemple. - Et dans votre vie de manager ? - Si vous voulez dire que je leur demande tous les matins comment ils vont ? Non pas vraiment. Vous savez, chez nous, on n'est pas des « bisounours ». - Non, je ne suis pas en train de vous dire qu'il faut demander des nouvelles de la vie des uns ou des autres. Ou de leur passer de la pommade. Je vous parle du travail. De vous intéresser à ce qu'ils font. Là où c'est difficile pour eux, là où ils prennent du plaisir. En un mot de donner du sens à ce qu'ils font. Pour faire comprendre la signification de l'empathie, Theodor Lipps, le théoricien de l'empathie, nous invite à imaginer ce qui se passe en nous lorsque nous regardons un équilibriste. Nous intégrons chacun de ses mouvements au point de craindre qu'il ne tombe dès lors qu'il se déséquilibre. Il a désigné ce processus par « Einfühlung », capacité à saisir de l'intérieur, puis a utilisé le terme grec d'Empatheia qui désigne le fait de consacrer une forte attention à autrui. - Je dois imiter leurs attitudes ? - Non pas du tout. Il s'agit de ressentir ses émotions comme s'il s'agissait des nôtres, d'entrer dans son intimité psychique... corps et âme. Et de pouvoir en être affecté. L'empathie est assez complexe. Il existe dans celle-ci un appel à réciprocité qui va au-delà de la reconnaissance d'une condition humaine partagée. Il s'agit d'accepter que mon interlocuteur se mette à ma place et m'y questionne de façon que le regard qu'il porte sur moi me permette de me découvrir autrement. Dans une interaction empathique, l'autre nous révèle à nous-mêmes et nous le révélons à lui. C'est là qu'entre en jeu tout l'intérêt de l'empathie dans le monde du travail et dans la société en général. En générant la préoccupation de l'autre, en lui donnant le droit de nous émouvoir, elle mobilise des comportements d'entraide. - J'ai du mal à comprendre, cela me paraît un peu trop intimiste pour le monde du travail - Oui ce n'est pas très étonnant votre remarque. Ce qui inhibe la capacité d'empathie c'est la peur de se trouver débordé et manipulé par les émotions d'autrui. C'est la volonté d'emprise sur l'environnement qui mène l'individu à se réfugier dans la rationalisation. Nous pensons encore trop souvent que le pouvoir est pyramidal. Or avec l'avènement d'Internet, nous sommes dans une démocratisation de l'expérience dans laquelle la relation de pouvoir tend à s'amenuiser. L'empathie nous civilise. C'est un pas vers la démocratie et une forme d'égalitarisme. Pascal, vous êtes un homme puissant et vous pensez que vous "devez faire", au lieu parfois de simplement "être". 112 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 - À quel signe reconnaissez-vous l'absence d'empathie chez un individu ? - À sa tendance à s'en tenir toujours à des généralités. Et surtout à sa capacité à utiliser la compréhension qu'il a d'autrui pour tenter de le manipuler. Seuls une estime de soi adaptée et réaliste, un renoncement à la toute-puissance et une certaine confiance dans le monde peuvent ouvrir à l'exercice de l'empathie et à sa prise de risque. Exercice dans lequel la relation à l'autre devient une construction mutuelle et dynamique et non le seul fait de ressentir ce que l'autre éprouve. L'empathie, c'est une conscience de l'autre, une façon de ressentir, mais aussi de raisonner. Aussi le secret de notre sensibilité ne se trouve ni dans les neurones miroirs, ni dans des théories de compréhension cognitives comme on en fournit des tonnes aux managers, mais dans le fait de renoncer à contrôler notre semblable et d'accepter qu'il puisse nous aider à nous comprendre nous-mêmes. Je vous laisse réfléchir pour trouver comment faire preuve d'un peu plus d'empathie dans votre univers de travail. Et profiter des vacances en familles ou entre amis pour vous jeter à l'eau. Pascal n'était pas tellement plus avancé. Il se sentait facilement compréhensif avec son entourage. Mais « empathique », il ne savait s'il l'était. C'était un peu du chinois pour lui. - Tiens vous qui avez toujours un livre sous la main... Vous en avez un sur ce sujet ? - Je peux vous prêter l'essai de Jeremy Rifkin « Civilisation de l'empathie. Une nouvelle conscience pour un monde en crise ». Je vous préviens c'est un pavé. Mais passionnant ! Le prospectiviste revisite l'histoire de l'humanité, montrant que nos états de conscience sont encore trop agencés aux ères précédentes de l'histoire. D'après lui, les historiens ont une mauvaise lecture de l'humanité dans le sens où ils étudient principalement les enjeux des rapports de force entre les hommes -le pouvoir essentiellement- et font de l'histoire une suite d'évènements pathologiques et de l'homme un être avide et conquérant. Si nous étions véritablement ainsi, nous serions tous morts depuis longtemps. Du reste, Hegel a écrit que le bonheur faisait partie des pages blanches de l'histoire, celles où règne l'harmonie entre les êtres. - C'est pas un peu utopique votre truc d'empathie ? - Les civilisations utopiques sont très éloignées de l'empathie puisqu'elle cherche à être dans la perfection et la vie éternelle, montre Rifkin. Or ce que nous avons à réaliser aujourd'hui, c'est que tout est basé sur nos imperfections et nos fragilités. Vivre dans une civilisation de l'empathie c'est ne pas être parfait. D'ailleurs votre Robert, il a dû se mettre tout seul une sacrée pression à vouloir tout faire à la perfection. - Ah bon ? Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? 113 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 - Votre Robert est en burn-out ! Il a ce qu'on appelle dans le jargon de la psychologie du travail "la maladie du battant". Le burn-out ne frappe pas au hasard. Et s'attaque en priorité à ceux qui ne le sentent pas arriver. Pire : à ceux qui s'en croient radicalement éloignés, et placent leur travail dans une telle estime qu'ils se donnent sans compter, à l'instar de votre Robert habitué à toujours surmonter les surcharges de travail en tirant sur la corde. Il en va ainsi de leur vie... jusqu'à la mettre parfois en péril. Pour eux, le stress est perçu comme vecteur de performance et l'accomplissement professionnel comme essentiel. - Normal non ? l'interrompit Pascal. - Pas vraiment : si le stress n'est pas une maladie en soi, une exposition prolongée au stress fait le lit du burn-out. Comme le définit l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, "un état de stress survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face". Résultat : l'individu implose parce qu'il s'est trouvé pris en étau entre ce qu'il pense qu'il fallait faire et ce qu'il était tenu d'accomplir. Robert s'est dit "il faut que je boucle tout avant mon départ en vacances, mais je n'y arriverais jamais". Il s'est usé, grillé, et éteint comme l'indique le terme anglais de "burn out". Et n'a sûrement pas prêté attention aux premiers signaux d'alerte. Ceux du corps d'abord. - C'est vrai que la veille de mon départ, j'ai surpris des boîtes de Nurofen sur son bureau. - Sans compter les pensées envahissantes du type "je n'y arriverais jamais", "comment faire", "c'est impossible, mais je dois tenir", "je vais perdre mon client", "je ne suis pas à la hauteur", qui provoquent un sentiment de honte chez le perfectionniste stressé au point de s'isoler sans pouvoir confier à quiconque son mal-être grandissant. Pour peu que s'y ajoutent une surcharge de travail, des rythmes effrénés, des horaires imprévisibles, des objectifs contradictoires, une mutation technologique, des mails à n'en plus finir, ou encore un manque de reconnaissance... et c'est le gouffre. Pascal s'en voulait. Il avait quitté son équipe d'un "bonnes vacances" lancé dans le service à la cantonade. La dernière réunion avait pourtant été habituelle. Il n'avait rien remarqué. Ou si peu. - Vous croyez que je peux essayer de faire parler Robert sur ce qu'il a vécu ? - En parler, bien entendu ! Mais je vous préviens : ce sera sa plus grande difficulté. Car s'il en est arrivé à cette extrémité, c'est qu'il est certain de ne pouvoir, malheureusement, compter que sur lui. Pascal pensait aussi à William. Il avait raccroché un peu vite. Il devait le rappeler lui aussi. S'inquiéter de savoir comment il avait vécu cet évènement. Il était certainement bouleversé. 114 Série d'été LA TRIBUNE 11/08/2014 Son portable bipait dans sa poche. Sa femme commençait à s'inquiéter. - Merci Sabrina. Vous m'ouvrez des perspectives intéressantes. Je vous avouerais que tout ne me semble pas toujours très clair. C'est assez nouveau pour moi. La tâche me semble ardue, mais j'avoue que si je réussis à rétablir un climat de confiance, je serais un manager sans doute plus détendu. - En attendant, allez rejoindre votre famille et vous détendre... c'est le mieux que vous puissiez faire avant de téléphoner à vos collaborateurs, lui dit Sabrina en souriant. Nous projetons avec mes amis une excursion au Stromboli demain. Voyez avec votre famille si vous désirez vous joindre à nous ? - Pourquoi pas ! Avec plaisir. Ils échangèrent leurs numéros de portable. Pascal repartait plus léger, chargé d'un nouveau livre. ________ >>> Lundi : Jouissances (6/5) 115 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 OPINIONS > Manuel Valls le sait, le mois d’août est propice aux dérapages politiques. D’où un contrôle étroit des ministres… Par Jean-Christophe Gallien, professeur associé à Paris Sorbonne* Jean-Christophe Gallien* Manuel Valls, vigile de l'été ministériel Les vacances des ministres sont décidemment très contrôlées par le couple François Hollande Manuel Valls. C'est d'abord l'Elysée qui s'occupe de leur liberté de mouvement. Le Président de la République a décidé bien avant l'été que les ministres ne pouvaient couper avec leurs bureaux que deux semaines entre le 4 et le 18 août et qu'ils devaient s'en tenir à une destination à moins de 2h30 de Paris ! Et de son côté Manuel Valls s'occupe de leur liberté de parole voire d'activité ! Le Premier ministre communique officiellement qu'il a demandé à ses ministres, en vacances dans le Sud de la France, de ne pas participer aux spectacles de tauromachie. Eviter toute dissonance Manuel Valls ne veut prendre le risque d'aucune dissonance encore moins de polémique ni avec les défenseurs des animaux ni avec quelle corporation ou groupe de pression que ce soit à quelques semaines d'une rentrée politique qu'il annonce lui même comme très difficile. Des dernières semaines agitées et surtout, sa propre cote de popularité en baisse, peut-être même demain sa capacité d'autorité ? Et François Hollande qui ne remonte pas dans les sondages alors qu'un nouvel épisode UMP et Nicolas Sarkozy est attendu et que Marine Le Pen poursuit la 116 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 croissance de son rassemblement. Cette dimension très contrôlée du management de la narration et de l'action gouvernementale, c'est la signature de Manuel Valls. Rappelons nous que le soir même de l'annonce par François Hollande de sa nomination, toute trace de son prédécesseur avait disparu du site de Matignon laissant place au futur locataire et à une très présidentielle une de Manuel Valls. Eviter la vacance du pouvoir de l'été 2012 Il semble recevoir le soutien du Président de la République qui recherchait dans son changement de chef du gouvernement l'autorité sur les ministres qui manquait cruellement à Jean-Marc Ayrault. En particulier, le chef de l'État conserve un souvenir cuisant de l'été 2012, durant lequel une forme de vacance du pouvoir lui avait été reprochée par l'opposition. Pendant les vacances les ministres s'éloignent de leur bureaux et donc de leurs hiérarchie, de leurs équipes et collaborateurs ou conseillers extérieurs. Ils sont normalement plus libres de leurs mouvements, de leurs paroles et de leurs actes. Comme nous tous ! Le moment de tous les dangers C'est ainsi que l'été est un moment de tous les dangers et août encore davantage. Voilà une période propice aux dérapages contrôlés ou non. Tout ce que ne peut supporter Manuel Valls adepte d'un strict contrôle de l'activité ministérielle. On découvre qu'il poursuit dans l'autorité même en période estivale ! Il ne s'agit pas seulement de la forme, du style ou du lieu des vacances, il s'agit aussi du contenu de la parole éventuelle et évidemment des actes. Il est vrai que la course du Monde ne s'arrête pas, la et les crises non plus. Plus de temps de "cerveau" disponible Et contrairement aux croyances établies, au delà des premiers jours de distraction totale, nous avons plus de temps de « cerveau » disponible comme disait l'autre. Nous sommes nombreux à davantage consommer de l'information et surtout plus encore dans la dimension de l'échange et du débat avec les autres. Souvent nous sommes assemblés en famille ou entre amis. Nous sommes dans un temps du réel plus seulement du virtuel. Pas moins de twitter, ou de Facebook mais plus de temps pour des conversation réelles, autour de tables souvent festives. Plus de temps pour l'écoute ou la lecture de médias, de livres aussi et donc plus de temps pour approfondir et éprouver notre compétence politique, plus de vigilance aussi ? Un vrai terreau pour nourrir les exigences et donc les risques d'une rentrée difficile. Manuel Valls le sait et le craint. 117 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 *Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, [email protected] Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals 118 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 OPINIONS > Présidentialisation du régime, société et globalisation « plurielles », volonté de puissance économique, accession du peuple au bien-être... Le candidat-président Erdo?an, apôtre du « changement », dessine dans son programme les contours de la « Nouvelle Turquie » qu’il rêve de conduire jusqu’en 2023. Par Deniz Ünal, économiste au CEPII, et Patrice Rötig, directeur des Editions Bleu autour Par Deniz Ünal et Patrice Rötig Election turque: le rêve d'Erdogan Au pouvoir depuis douze ans, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdo?an, souhaite une présidentialisation à la française ou à l'américaine du régime. Il a franchi un premier pas dans cette voie en faisant approuver par référendum en 2007 l'élection au suffrage universel pour cinq ans du président de la République turque, élu jusqu'alors par les députés. Mais, faute de détenir au parlement la majorité des deux tiers requise pour engager une réforme constitutionnelle, il n'a pu obtenir l'élargissement des pouvoirs du président. Il se présente néanmoins, face à deux adversaires, à la première élection présidentielle au suffrage universel direct ce 10 août (deuxième tour le 24 août). Et il devrait, selon les sondages, l'emporter dès le premier tour. Fort de l'onction du suffrage universel, auréolé d'indéniables succès, notamment économiques et électoraux , Erdo?an aspirera sans nul doute à prendre le pas sur le futur Premier ministre qu'au demeurant il aura le pouvoir de nommer. D'autant plus que Parti de la justice et du développement (AKP), qui professe un islamisme modéré et domine sous son égide la scène politique, est entièrement au service de ce leader charismatique issu du peuple. Un peuple qu'Erdo?an entend incarner et conduire à l'horizon du 100e anniversaire 119 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 de la République, en 2023, vers « la Nouvelle Turquie », n'hésitant pas à s'inscrire dans la lignée de Mustafa Kemal Atatürk, le « père de la Turquie » moderne fondée sur les décombres de l'Empire ottoman. La feuille de route du nouveau président « La Nouvelle Turquie », tel est l'intitulé de son programme présidentiel , pierre angulaire d'une campagne électorale dotée d'imposants moyens et menée à l'occidentale. Il mérite qu'on s'y arrête. Car, plus qu'un programme, c'est la feuille de route et, au-delà, la vision de l'homme fort turc qui, sur la lancée des avancées qu'il s'enorgueillit d'avoir imprimées ces douze dernières années, jouera un rôle clé dans les années à venir, quels que soient les obstacles auxquels il se heurtera, et ils ne manqueront pas. Déjà, sa gouvernance autoritaire a suscité en 2013 des protestations massives, particulièrement de jeunes, dans les grandes villes du pays, et d'abord à Istanbul suite au projet immobilier lancé sans concertation dans le parc Gezi. Puis s'est ouverte, au sein de « l'État profond », une guerre fratricide entre deux alliés d'hier, l'exécutif et la mouvance islamiste de Fettullah Gülen dont Erdo?an et les siens ont cherché à limiter la grande influence, s'exposant en réaction à de graves accusations de corruption qui se sont répandues dans les médias. Répression des manifestations et limogeage de fonctionnaires Face à ces deux contestations frontales, le Premier ministre n'a pas lésiné, on le sait, sur la répression, qui s'est traduite par la mort de manifestants, le limogeage ou la mutation de milliers de hauts fonctionnaires et de significatives atteintes au principe de la séparation des pouvoirs. En dépit de quoi les urnes, aux municipales de mars 2014, ne l'ont guère sanctionné. Il est vrai que, parallèlement, il a su ménager l'important électorat kurde en engageant un processus de résolution du conflit chronique entre l'État et les forces kurdes de Turquie. Ceci en vertu du « pluralisme », l'un des acquis - à cultiver aujourd'hui - de la civilisation ottomane qui a su rester plurielle. En définitive, s'il est, du moins à court terme, un obstacle capable de faire trébucher Erdo?an dans sa marche vers la « Nouvelle Turquie », c'est assurément davantage le chaos chronique qui règne chez les voisins syriens et irakiens et dont l'impact sur la Turquie, déjà significatif sur bien des plans, notamment économiques, pourrait vite s'accuser et s'élargir. Une « vision » de puissance mondiale et ouverte Mais Erdo?an, qui, sur les affiches, porte son regard vers l'horizon et, dans son programme, esquive le « je » pour s'exprimer à la première personne du pluriel, n'est pas en reste de « visions » - le terme est de lui - sur les questions géostratégiques. S'il affirme, malgré bien des réticences en Europe et désormais, par réaction, dans l'opinion publique turque, que son pays sera membre de l'UE à l'horizon 2023, il envisage d'abord la Turquie comme une grande puissance de « l'Eurasie » et, singulièrement, du Proche-Orient où, selon lui, elle joue aujourd'hui un rôle majeur, appelé demain à se renforcer. Il est d'ailleurs significatif que, sur le site officiel du candidat Erdo?an, le programme de celui-ci ait été traduit en arabe avant de l'être en anglais. 120 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 Que l'on n'y voie cependant pas la marque d'une quelconque fermeture au reste du monde. C'est tout le contraire : déjà membre du G20, le candidat annonce à son pays un destin de puissance mondiale grâce, notamment, à la multiplication de ses représentations diplomatiques et au développement tous azimuts de la compagnie nationale Turkish Airlines. Mieux : la globalisation, pour lui, est une chance, sous réserve que, tournant le dos à l'uniformisation qu'elle a d'abord engendrée, elle se fasse désormais « plurielle ». Et d'assigner à la Nouvelle Turquie, non seulement à ses grandes entreprises mais aussi jusqu'à ses plus petits villages, de s'engager résolument dans cette globalisation qui serait la clé du développement et de l'avenir. Mais cette globalisation, Erdo?an ne la veut pas sauvage. « Presque tous les organes de la gouvernance mondiale souffrent d'une forme d'injustice », dit-il, avant de promettre que la « Nouvelle Turquie » militera au niveau international pour plus d'« équité » et pour « une répartition plus égalitaire des richesses ». « Le candidat du changement » Où l'on réalise que le leader de l'AKP, qu'on a coutume de qualifier de parti « islamo-conservateur », s'inscrit résolument dans la modernité. Erdo?an se présente d'ailleurs comme « le candidat du changement » face aux tenants du statut quo - comprendre les élites qui ont précédé l'AKP à la tête du pays et qu'incarnerait son principal outsider, Ihsano?lu, un musulman éclairé, sage et conciliateur, que soutient une coalition de forces d'opposition, à commencer par le CHP, le parti « kémaliste ». Preuve de ce statu quo, aux yeux du Premier ministre : tant Ihsano?lu que le troisième candidat, Demirta?, un Kurde qui s'adresse à l'ensemble des citoyens et porte un message de paix et d'équité, sont partisans du maintien du régime parlementaire. Erdo?an, lui, entend mener à son terme la présidentialisation du régime. Ceci au nom de la « démocratisation »... dont l'homme fort n'hésite pas à se réclamer. N'a-t-il pas, notamment, mis au pas l'armée ? Certes, sous son égide, et dans le cadre du processus d'admission dans l'UE, des avancées démocratiques se sont produites. Mais lorsque, après le virage autoritaire de ces dernières années, également marquées par des arrestations de nombreux journalistes, il se fait l'apôtre du « pluralisme » et de la « primauté du droit dans le fonctionnement des institutions », il ne convainc guère. Il ajoute néanmoins, en y insistant, vouloir un État au service du peuple et de la nation, et non l'inverse comme par le passé, où l'État aurait été confisqué par les élites. L'argument, là, porte davantage, car, de fait, l'accueil réservé aux citoyens par les administrations s'est souvent amélioré. De plus et surtout, une part significative de la population a accédé à la « citoyenneté économique » au fil de la première décennie du 21e siècle marquée en Turquie par une croissance soutenue. Ce qui explique pour l'essentiel le crédit électoral dont continue de jouir Erdo?an. Vers la « société du bien-être » Last but not least, Erdo?an joue de son atout maître, la forte croissance du PIB par tête qu'a 121 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 permise la politique de réformes engagée depuis 2002 : mise en place de la nouvelle livre turque qui est devenue une monnaie considérée au niveau international, restructuration profonde du système bancaire grâce à laquelle l'économie turque a rapidement surmonté la crise globale survenue en 2008... D'où le complet remboursement des emprunts au FMI, la baisse des taux d'intérêt, de l'inflation et du chômage, l'apparition d'une importance classe moyenne... D'où, aussi, de significatives avancées sociales en direction, notamment, des plus démunis, avec en particulier la mise en place d'une couverture sociale généralisée et l'accès de tous aux hôpitaux publics, universitaires et privés qui se sont multipliés et modernisés. Une offre médicale de grande qualité qui sera demain capable, annonce Erdo?an, de répondre à la demande non seulement intérieure mais aussi étrangère. Et de promettre, après l'émergence économique, celle de la « société du bien-être ». Une politique de grands travaux Celle-ci passe par une ambitieuse, très ambitieuse politique de grands travaux, au reste déjà engagée : extension à marche forcée des infrastructures routières, ferroviaires (trains à grande vitesse), portuaires (la flotte commerciale maritime se situerait déjà au 13e rang mondial) et, nous l'avons dit, aéroportuaires, construction de nouvelles autoroutes de l'information (la Turquie compterait 33 millions d'abonnés ADSL, ce qui la situerait au 5e rang européen), etc. Elle passe aussi par la diminution de la dépendance aux importations, en particulier dans le domaine énergétique (augmentation des capacités internes par des facilités accordées au secteur privé dans la production et la distribution d'énergie, recherche de synergies avec les pays voisins...). Elle passe enfin par une spécialisation accrue dans des productions à haute valeur ajoutée qui doivent permettre la réduction du déficit commercial chronique et la croissance continue du PIB turc, qui se classerait au dixième mondial à l'horizon 2023. La Turquie sera alors devenue le principal centre de production et de commerce de l'Eurasie, prophétise son leader. Mais cette ambitieuse politique économique, gage de la « société du bien-être » annoncée, suppose une stabilité dans sa gouvernance. À cet égard, les libertés que prend le leader turc avec les institutions, y compris économiques, pourraient remettre en cause la faisabilité de ces grands objectifs. Il n'hésite pas à exercer des pressions ouvertes sur le gouverneur de la Banque centrale pour que celui-ci abaisse les taux d'intérêt, s'inscrivant en faux avec la politique de son ministre de l'Économie. De plus, la nomination au FMI de l'ancien secrétaire d'État au Trésor n'aurait pas déplu au futur président. Et la guerre déclarée entre Erdo?an et la mouvance de Fettullah Gülen n'est pas sans répercussions dans les instances économiques où les tenants de ce dernier, souvent compétents, sont progressivement écartés... Plus d'informations sur le blog du CEPII 122 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 OPINIONS > Par Antoine van den Broek, co-fondateur et président de Mutinerie*. Antoine van den Broek Fini l'ouvrier du 20e siècle, place au nouvel artisant... numérique C'est à partir de la fin du XVIIIe siècle, d'abord en Angleterre, que l'on commence à voir se développer les premières usines**, des lieux où des travailleurs se retrouvent autour de machines pour produire en grande quantité. Fini le vieux métier à tisser sans le salon, il faut maintenant se rendre à Blackburn où des machines flambant neuves sont alignées entre les murs de la manufacture. Des machines et des hommes. D'un côté le capital, de l'autre, le travail. C'est en associant les deux que l'on produit de la valeur. Voici l'alchimie originelle du capitalisme. Une production de masse C'est sur cette dichotomie que reposent les grandes théories économiques modernes. Théorie classique, marxiste, keynésienne : les interprétations changent, mais la base d'analyse reste la même. Fascinés par les transformations de leurs époques et chargés d'y faire un peu de lumière, les économistes ont détourné leurs yeux de l'antique artisanat. Bien que mode de production quasiment exclusif pendant des millénaires, celui-ci se retrouve exclu du champs de l'analyse économique moderne. Le XXe siècle, avec sa production de masse, a consacré ce mode d'organisation et l'entreprise 123 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 d'aujourd'hui est l'héritière de l'usine d'hier. Les hommes se retrouvent toujours autour de l'outil. Ils passent deux heures par jour dans les embouteillages car les machines ont décidé de s'installer à La Défense. Tous des "entreprises autonomes" Mais que se passe-t-il aujourd'hui ? Il se passe que nous avons tous entre les mains des outils puissants, compacts et économiques qui nous permettent de produire et d'échanger à peu près n'importe où. L'outil c'est votre ordinateur portable, votre tablette et votre mobile plus la vingtaine de logiciels, d'applications et de services web que vous utilisez. Skype, Dropbox, Google Doc, Mailchimp, Wuffoo, Highrise, Trello, Twitter, Facebook... à la portée de tous, gratuits ou presque. Grâce à ces outils, nous sommes de plus en plus nombreux à travailler à notre compte ; à travailler d'où nous voulons. L'infrastructure est distribuée, les grandes entreprises n'en ont plus le monopole. L'outil n'est plus nécessairement associé à une entité économique unique. Un développeur indépendant, un web designer en freelance, un blogueur sont très semblables aux artisans d'antan ; ils associent un savoir-faire et un outil (ici l'ordinateur - outil générique qui plus est) pour créer quelque chose qu'ils vont ensuite échanger avec leur communauté. La communauté n'est plus le village, mais une communauté d'intérêts ouverte et évolutive sans limites géographiques. Où travailler ? Mais alors pourquoi continuer à se rassembler quand chacun pourrait travailler chez soi ? Eh bien parce nous avons besoin de nous voir en chair et en os pour construire les relations de confiance nécessaires à l'épanouissement de nos projets. Et puis tout simplement parce que nous sommes des êtres sociaux et que nous avons naturellement besoin de la compagnie de nos congénères. C'est sur cette conviction, qu'en mars 2012, Mutinerie ouvrait l'un des premiers espaces de coworking de France. Les résultats on dépassé nos plus folles espérances. Véritable espace d'émergence, Mutinerie a servi de terreau à des initiatives comme OuiShare , Makesense , Discosoup , Startup Assembly , Storycode , Startup Africa ; des projets qui rassemblent aujourd'hui des dizaines de milliers de personnes à travers le monde. Tous libres et indépendants. Alors que dans l'entreprise traditionnelle, on se retrouve autour de l'outil, dans ces nouveaux espaces de travail, on se retrouve avec les autres. L'intentionnalité n'est pas la même et la dynamique sociale non plus. Dans ces espaces, les nouveaux artisans numériques peuvent profiter de leur liberté sans que celle-ci soit synonyme de solitude. De vraies communautés professionnelles se structurent autour 124 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014 de nos lieux et ces communautés sont créatrices de valeur économique. Charles Chaplin, Les Temps modernes ... Et demain En 2020, on estime que les travailleurs indépendants représenteront 40% de la population active américaine. L'indépendance n'est pas juste une solution de repli anti-crise, c'est un nouveau paradigme. Presque neuf indépendants sur dix souhaiteraient garder leur liberté même si on leur proposait un travail à temps plein au sein d'une entreprise. S'il est en réalité difficile d'évaluer précisément le nombre de travailleurs indépendants - les définitions varient et les indépendants se retrouvent éclatés sur de nombreuses catégories statistiques - il est clair que la tendance est lourdement à la hausse. Depuis sept ans, le nombre d'espaces de coworking dans le monde double d'une année à l'autre. Comme le signale Forbes, "coworking spaces are here to stay". Le nouvel artisanat numérique place l'homme - avec ses compétences, ses affinités et ses envies au centre du processus productif. Celui-ci n'est plus un rouage de la machine, il reprend la maîtrise de son métier et sa production retrouve un peu du caractère sacré d'autrefois. Les grandes entreprises n'échapperont pas à cette lame de fond, elles doivent rapidement repenser leur mode d'organisation sous peine de voir les meilleurs se détourner d'un avenir d'autrefois. _____ * Pour en savoir plus sur l'espace de coworking Mutinerie . Pionnier du coworking en France, Mutinerie développe des espaces de travail collaboratif pour les entrepreneurs, les freelances et les artistes. ** Nous comptons en réalité des exemples d'usines - lieux de production collectifs associant une multitude d'individus et des machines - bien antérieurs au XVIIIe siècle. Elles sont généralement le fruit de la volonté du prince ; des pyramides d'Égypte aux manufactures royales de Colbert. Ces dernières étaient des manufactures privilégiées et leurs règlements pris par lettres patentes. Il s'agissait d'établissements industriels et commerciaux à statut de droit public, et non de sociétés privées créées par un contrat comme celles qui fleuriront par la suite. Elles n'étaient alors que des exceptions en marge d'un système de production artisanal dominant. 125 Opinions LA TRIBUNE 11/08/2014