Alain Brunet - Saint-Genis-des

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Alain Brunet
Il a fait plusieurs fois le tour du monde, celui que nous habitons, la Terre, avec ses
océans et ses continents qui dérivent.
Mais aussi et d’abord celui de la musique. Alain Brunet est trompettiste, mais aussi,
comme l’a justement souligné Lucien Malson dans les Cahiers du Jazz (n°10 année 2013),
« administrateur et globe-trotter ».
Alain le trompettiste a intitulé son nouveau disque, avec son groupe Akpé Motion,
Loco-Motion, au risque de se répéter - mais on sait que les répétitions sont nécessaires à la
musique, quand elles n’en sont pas l’âme elle-même. Alain le globe-trotter lui, revient des
Antilles, du Mexique, de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie et s’apprête à s’envoler pour un
nouveau voyage à la Réunion du côté du tropique du Capricorne.
Retracer la biographie d’Alain Brunet serait un exploit. On se référera donc à celle
qui figure sur son site, impressionnante tant par la production musicale que par la diversité
des expériences ou bien celle plus condensée du dictionnaire encyclopédique du jazz dans
sa dernière édition.
On pourra aussi lire avec une certaine délectation le texte de Lucien Malson suscité,
notamment parce qu’il rappelle que Brunet fut le premier à introduire quelques notes de
jazz à l’Université en présentant une thèse sur André Hodeir sous la houlette du regretté
Jacques B. Hess. Il omet - peut-être volontairement - de préciser qu’il en a placé beaucoup
d’autres dans les préfectures, et jusque dans les ministères. Mais c’est une autre histoire...
Il y a un côté un peu insaisissable dans le personnage d’Alain Brunet : il est souvent là
où on ne l’attend pas. Au point que certains, déroutés, ont fait la sourde oreille. Les autres
ont été enchantés.
Ils le seront ici encore. Loco-Motion s’aventure sans doute du côté de chez Miles
Davis – le « Miles électrique » fait d’intelligence, de surprises, de couleurs et d’éclats
chatoyants, mais aussi vers des régions étranges sans être étrangères, celles où l’on regrette
ses habitudes, où l’on perd ses certitudes dans la douleur.
En effet, les images et paysages sont attirants et on embarque sans hésiter sur les
navires où voguent, outre le remarquable Pascal Bouterin et sa « meditation drum » (un
instrument qui fait rêver !), Romain Simeray, Sergio Armanelli et Jean-Philippe Cazenove.
On ne risque pas d’oublier le formidable pianiste Edgar Dorantes Dosamantes, invité sur
deux morceaux, dont le fameux « Rominus », le titre d’un album capital dans le parcours
d’Alain Brunet.
C’était il y a des lustres (en 1991 si ma mémoire est bonne) chez Label Bleu, avec
Denis Badault, Francis Lassus, Patrick Rollin et Yves Torchinsky.
Depuis, il s’est passé bien des choses, des tournées dans monde entier, des hommages
à Trenet ou Gainsbourg, des disques avec les meilleurs musiciens américains, une aventure
continue avec Prince Lawsha, des festivals en veux-tu en voici, un émouvant poème musical
sur l’année 1936 et comment elle se vécut dans la tragédie en Espagne et dans une sorte de
bonheur enfin inventé en France (ce concert-évocation se passait d’ailleurs à deux pas de ce
qui reste de la frontière franco-espagnole, au fort de Bellegarde, sur la commune catalane –
ni vraiment espagnole, ni vraiment française donc - du Perthus. C’était en 2006.).
Aujourd’hui c’est la musique seule, dans sa simplicité et son invention réfléchie,
harmonieuse, clairvoyante, riche donc, que le trompettiste Alain Brunet et ses amis nous
offrent avec ce nouveau parcours d’Akpé Motion. En neuf chapitres qui sont autant de vrais
bonheurs.
Michel Arcens
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