Biobanques - Biopark Charleroi Brussels South

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C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
La newsletter du Biopark
Charleroi Brussels South
n°18 — été 2013
Biobanques
Un défi collaboratif
et scientifique 2
Une nouvelle législation 4
La Fédération
Wallonie-Bruxelles s'organise
6
Une expertise complémentaire
7
L'i-Tech Incubator est né
8
PPP : un beau bilan
9
En bref
10
Les biobanques : un défi
collaboratif et scientifique
Humeur
Biobanques : combiner éthique
et économique
L’importance d’organiser la manière dont les
échantillons biologiques humains sont générés,
conservés et surtout utilisés est aujourd’hui bien
mesurée par les différents acteurs impliqués
(universités, hôpitaux, pouvoirs publics et
entreprises). Malgré cette prise de conscience, les
défis à relever restent importants et sont à la fois
organisationnels, éthiques et économiques.
Si le projet de coordination des biobanques en
Fédération Wallonie Bruxelles devrait régler les
aspects opérationnels, le vrai défi sera de combiner
éthique et économique.
Il faudra trouver un juste équilibre entre le droit
d’information des patients, le respect de la loi et la
nécessité d’utiliser les échantillons non seulement
pour la recherche académique mais également pour
les partenariats de recherche avec les entreprises.
Si l’accès aux échantillons est indispensable
pour nos recherches académiques, il est tout
aussi important pour le développement de nos
sociétés. Si nous n’intégrons pas ces différentes
dimensions dans toutes nos initiatives, nous
risquons d’appauvrir notre tissu industriel et par
conséquence la recherche qui y est associée.
Dominique Demonté
Directeur Biopark Charleroi Brussels South
2
Biobanques
Les biobanques sont chargées de la collecte et du stockage
d’échantillons biologiques humains. Une fonction bien utile
pour la recherche en santé humaine et qui commence
doucement à se structurer.
Récolter et stocker des échantillons humains
(sang, tissu, cellules, ADN,…) à des fins
de recherche, c’est le but des biobanques.
"Mais le mot banque est trompeur" précise
d’emblée Isabelle Salmon, chef de service
à l’Hôpital Erasme, chercheuse au CMMI
(Biopark) et conseillère du recteur de l’ULB
pour les biobanques. "Contrairement aux
banques de tissus, à visée thérapeutique, les
biobanques se concentrent uniquement sur
la recherche scientifique. Il faudrait plutôt
parler de bibliothèque" précise-t-elle. Une
bibliothèque particulièrement intéressante
pour des recherches cliniques sur des
maladies rares ou présentant un profil très
particulier, pour lesquelles un nombre suffisant
d’échantillons doit être collecté et étudié. "Si
un chercheur souhaite étudier une mutation X
dans un grand nombre de cancers du côlon"
explique Isabelle Salmon, "nous pouvons
obtenir des échantillons dans notre biobanque
ou demander de l’aide d’autres biobanques, en
Belgique ou à l’étranger".
Un nouveau cadre légal
La collaboration représente donc une part
incontournable de la philosophie autour
des biobanques. Mais si le terme est neuf,
le biobanking est une activité connue dans
le milieu de la recherche : "la majorité
des chercheurs ont déjà travaillé sur des
échantillons d’origine humaine pour valider
leurs hypothèses" continue I. Salmon. "Mais
chacun travaillait de manière isolée sur ses
échantillons, sans structure globale définie.
C’est ce cadre légal qui est aujourd’hui
apporté par les biobanques". Dans les tiroirs
du gouvernement fédéral depuis 2008 et
finalement adoptée il y a quelques mois, la
nouvelle loi sur les biobanques consacre la
volonté du patient, l’anonymat et la traçabilité
de son don (voir p.4) ainsi que la mise en
place d’un comité d’éthique pour l’utilisation
des échantillons.
"Compliqué d’obtenir
des échantillons efficacement"
iTeos Therapeutics découvre et valide des candidats médicaments
capables de stimuler la réponse du système immunitaire
dirigée contre les cellules cancéreuses. L’information obtenue
à partir d’échantillons humains est indispensable pour le
développement préclinique d’un candidat médicament et la
mise au point de tests diagnostiques ; et les échantillons sont
parfois difficiles à trouver, comme l’explique Michel Detheux,
CEO d’iTeos Therapeutics au sein du Biopark.
L’étude d’échantillons humains est-elle essentielle
à votre activité ?
Un réseau international
Cette législation était attendue depuis longtemps par les
biobanqueurs, mais nécessite une phase d’uniformisation de
grande envergure : "Nous étions déjà en pleine discussion avec
tous les hôpitaux de l’ULB, pour voir comment standardiser les
procédures et mettre les acteurs en réseau. Aujourd’hui, ceci
dépasse la Fédération Wallonie-Bruxelles et s’étend également
à nos collègues flamands, voire européens. Toujours dans
le but de faciliter les échanges" explique la chercheuse (voir
p.6). Des contacts devraient aussi être pris avec les entreprises
dont celles possédant des stocks d’échantillons humains.
"Nous avons, par exemple, un partenariat avec ImmuneHealth
(Biopark) pour s’échanger des échantillons selon les demandes
des chercheurs ou des entreprises biopharmaceutiques ou
technologiques" ajoute-t-elle (voir p.7). Après la mise en
réseau au niveau national, le but sera d’affilier la Belgique au
réseau européen des biobanques, le BBMRI (Biobanking and
Biomolecular Resources Research Infrastructure).
Chercheurs académiques ou industriels, médecins, patients :
les biobanques impliquent et vont à la rencontre des
différents acteurs du secteur biomédical. Un défi collaboratif
et scientifique avec un seul but : une recherche biomédicale
profitable à toute la collectivité.
Ces études nous permettent d’augmenter la prédiction de l'efficacité d'un
futur traitement chez le patient et contribuent à mettre au point un companion
diagnosis, un test diagnostic permettant de sélectionner les patients de manière
optimale et prévoir l’efficacité du médicament. C’est donc une étape importante.
Avez-vous rencontré des difficultés à trouver
des échantillons appropriés ?
Oui, il est difficile d'avoir accès à un grand nombre d’échantillons dans un laps
de temps court. De plus, il est également compliqué d'avoir accès à l'histoire
du patient, tout en conservant son anonymat. Ce sont pourtant des informations
essentielles pour interpréter les données obtenues. Par exemple, pourquoi un
échantillon est positif et 9 autres négatifs dans une analyse alors que tous les
échantillons viennent de la même pathologie ?
La mise sur pied d’un réseau de biobanques
représenterait-elle une solution selon vous ?
À partir du moment où ce réseau permettrait d’accéder rapidement à ces
échantillons et à l’historique du patient, sa valeur serait très importante. Cela
augmenterait nos sources d’échantillons et aiderait à solutionner ce goulot
d'étranglement pour mettre en place une recherche préclinique de qualité et
compétitive au niveau international.
N .J.
Natacha Jordens
Biobanques
3
"Des efforts utiles pour
les échantillons rares"
L’étude sur des échantillons
d’origine humaine est une étape
quasiment incontournable pour
les chercheurs en sciences
biomédicales. Mais certains d’entre
eux sont difficiles à obtenir en nombre suffisant,
surtout dans le cas de pathologies rares ou de
profils spécifiques. Exemple avec les recherches
d’Arnaud Marchant (IMI, Institut d’Immunologie
Médicale, Biopark).
"Dans notre laboratoire, nous étudions la transmission
du cytomégalovirus (CMV) de la mère à son fœtus et la
manière dont le fœtus parvient à contrôler l’infection.
Pour ce projet, nous sommes totalement dépendants
des échantillons humains. Nous collaborons avec
les obstétriciens qui invitent des futures mères
présentant une infection par le CMV à participer à
l’étude et qui collectent les échantillons cliniques.
Mais (heureusement !) seule une minorité des fœtus
développent des symptômes suite à l’infection par
le CMV. Les échantillons sont donc plus rares. Afin
d’identifier les facteurs de risque et les mécanismes
menant au développement de symptômes, nous devons
concevoir des études plus larges, impliquant plus de
patientes. Ces études pourraient être organisées aux
niveaux national et européen, avec ces échantillons
précieux collectés en utilisant des standards de
traitement et de conservation identiques. Notre institut
pourrait même, dans le cadre de ces études, devenir une
biobanque européenne rassemblant des échantillons
de fœtus infectés par le CMV, qui pourraient être
accessibles aux groupes travaillant dans ce domaine."
N .J.
4
Biobanques
Une nouvelle législation
pour les biobanques
La loi 2008 sur les biobanques a été revue en mars 2013.
L’objectif était de cadrer cette collecte de "matériel corporel
humain" exclusivement destinée à la recherche scientifique
et suscitant des questions éthiques. La nouvelle législation
tend vers plus de transparence et d’information au patient.
Ce n’est un scoop pour personne, la
médecine évolue sans cesse et les progrès
ne sont pas près de s'essouffler. La
découverte du génome humain a permis
aux médecins et aux chercheurs d’aller
de plus en plus loin dans la connaissance
des maladies. La conservation de
prélèvements humains est, elle aussi, de
plus en plus importante grâce aux progrès
de la cryoconservation; et le stockage des
données a été rendu plus aisé grâce au
développement de l’informatique.
"Avant, quand un chercheur voulait faire
un inventaire de ses échantillons, il devait
tout inscrire dans un cahier" explique
Myriam Remmelink, directrice du Conseil
des biobanques Erasme – ULB. "Les
programmes informatiques nous donnent
désormais les moyens d’enregistrer et
de stocker des milliers d’échantillons et
de données".
Les instances européennes – et belges –
ont donc jugé nécessaire de réglementer
en profondeur les biobanques et leur
utilisation. L’information au patient est un
des principes cruciaux de la nouvelle loi.
Pour les biobanques stockant des tissus,
ceux-ci sont prélevés, en majorité, sur
les prélèvements effectués dans le cadre
de traitements.
"Ce n’est que s’il reste du tissu, après
que les prélèvements nécessaires pour le
diagnostic aient été effectués, que nous
pouvons envisager de prélever pour la
biobanque. Si nous ne prélevons pas pour la
biobanque, ce matériel corporel dit résiduel
est incinéré", poursuit Myriam Remmelink.
"Les prélèvements ne sont effectués qu’à
deux conditions : il reste du matériel en
suffisance pour le diagnostic et le patient ne
s’est pas opposé à la collecte".
Le patient – ce n’était pas le cas auparavant
– doit donner son avis avant qu’on ne puisse
prélever quoi que ce soit : c’est ce qu’on
appelle le consentement spécifique, par
opposition au consentement tacite (aussi
appelé opting-out).
"Lors de son admission à l’hôpital, le patient
reçoit une brochure avec une rubrique
prévue à cet égard" précise Myriam
Remmelink. "S’il ne s’oppose pas, on peut
stocker l’échantillon pour la recherche. S’il
s’y oppose, on détruit le matériel résiduel".
Même si le pourcentage reste faible, certaines
personnes refusent de donner leur tissu
humain en faveur de la recherche.
"Et tout le monde a le droit de décliner !",
insiste la scientifique. "Mais il est important
de travailler sur l’information au patient. Il
ne faut pas hésiter à discuter avec les gens
et surtout garder à l’esprit que pour faire
avancer la recherche médicale, il n’y a rien
de mieux que de travailler sur l’humain. Faire
un don de ce matériel résiduel permet de faire
progresser les connaissances médicales au
profit de la collectivité".
Damiano Di Stazio
Les grands principes de la loi
• Le patient doit donner son accord avant que le prélèvement
ne soit fait. L’accord n’est pas définitif : "Une fois l’accord
donné, le patient peut revenir sur sa décision. Le matériel
stocké est alors détruit de façon définitive" précise
Myriam Remmelink.
• L e stockage et l’utilisation des échantillons doivent faire l’objet d’une validation de
la part d’un comité d’éthique. L’objectif ? S’assurer que l’utilisation d’un prélèvement
concorde avec ce qui a été prévu lors de la constitution de la biobanque et que les
droits du patient sont respectés.
• Il est interdit de faire du commerce avec le matériel humain.
•S
i les chercheurs constatent toute information relevante dans un prélèvement, ils
doivent informer le patient. "Ce qui implique une traçabilité impeccable" affirme
Myriam Remmelink.
D.D.S.
L’opting out
La législation sur les biobanques diffère quelque peu selon les pays. Dans la loi
belge, un consentement éclairé et signé pour l’utilisation de matériel corporel
humain à des fins de recherche est obligatoire. Dans cette même loi, deux exceptions
sont néanmoins décrites : l’utilisation du matériel corporel résiduel ainsi que les
prélèvements post-mortem. Dans ces deux cas, la présomption de consentement
(l’opting out) est tolérée. "Cette procédure est celle pratiquée dans notre pays en ce
qui concerne la transplantation d’organes. Tout patient belge est donneur d’organes
sauf s’il a manifesté son opposition" explique Myriam Remmelink.
Plus d’informations : lire "Ethique et biobanques. Mettre en banque le vivant",
Myriam Remmelink, Editions Académie Royale de Belgique, 2013
D.D.S.
Biobanques
5
La Fédération Wallonie-Bruxelles s’organise
Avec le soutien du ministre Jean-Marc Nollet, les biobanques se mettent en réseau en Fédération
Wallonie-Bruxelles. Coordonnée par BioWin en 2012, l’initiative régionale intéresse à la fois les
académiques et les industriels.
Le besoin était là, présent ; il s’est exprimé
à l’automne 2009, lors du 6e appel à projets
du pôle de compétitivité BioWin. A l’époque,
plusieurs universités et entreprises souhaitent
monter une plateforme biobanques. BioWin
crée donc un groupe de travail pour construire,
structurer la demande et fédérer les acteurs.
Une enquête met en évidence les pratiques et
besoins en biobanking.
Parallèlement, le Cabinet du Ministre de la
Recherche Jean-Marc Nollet identifie le biobanking
comme une priorité parmi les différents projets
de plateformes ESFRI (European Strategic Forum
on Research Infrastructure) supportés par l’Union
européenne. La démarche initiale de BioWin,
née d’un besoin concret des acteurs de terrain
est ainsi renforcée et s’inscrit désormais dans
les priorités politiques de la Wallonie. Une note
stratégique est rédigée, une cartographie des
biobanques est réalisée grâce aux interfaces
universitaires : on en dénombre pas moins
de 35 en Fédération Wallonie-Bruxelles, de
taille et de fonctionnement très différents.
Enfin, une étude de faisabilité est réalisée afin
d’identifier les moyens humains, matériels,
techniques nécessaires pour professionnaliser
le biobanking en Fédération Wallonie-Bruxelles
tandis qu’un benchmark européen est établi.
Modèle décentralisé
"La structure qui sera mise en place est
un modèle décentralisé qui regroupera les
biobanques selon cinq pôles géographiques
(ULB Erasme-Bordet, UCL St-Luc, ULg CHU
Liège, UCL Mont-Godinne, IPG-Biopark)"
explique Marianne Ghyoot, responsable du
dossier biobanques au sein de BioWin. "Les
biobanques resteront dans les universités ou
hôpitaux où elles se trouvent déjà mais elles
seront mises en réseau via une interface
informatique qui permettra d’accéder
aux informations liées aux échantillons. Il
faut également mettre en place une unité
6
Biobanques
opérationnelle qui coordonne la collaboration,
identifie les besoins et répond aux demandes
tout en veillant au respect des procédures de
qualité et des normes éthiques et légales".
La Flandre est aussi en train d’organiser
ses biobanques via le CMI (Center for
Medical Innovation) : l’objectif est à terme de
collaborer avec le réseau du nord du pays
ainsi qu’avec la seule biobanque fédérale
déjà opérationnelle, le Belgian Virtual Tumour
Bank entièrement dédicacé au cancer et
mis en place par le Registre du Cancer. Et
in fine, bien sûr, d’inscrire ces biobanques
dans le réseau européen des biobanques :
la Belgique est en voie de demander son
affiliation comme membre fondateur du
BBMRI (Biobanking and Biomolecular
Resources Research Infrastructure).
"Une fois la mise en réseau de la biobanque
terminée en Fédération Wallonie-Bruxelles,
BioWin travaillera plus étroitement avec les
entreprises qui ont déjà exprimé leur intérêt pour
nouer d’éventuels partenariats, par exemple
pour la logistique et le transport des échantillons
ou pour les collectes prospectives qui ne sont
aujourd’hui pas réalisées par les biobanques
académiques" souligne Marianne Ghyoot.
Nathalie Gobbe
Une expertise complémentaire
Initialement centré sur l’immunomonitoring et les études cliniques vaccinales, ImmuneHealth a
diversifié ses activités : son unité de recherche clinique a développé une expertise dans
l’organisation d’études cliniques centrées sur la collecte d’échantillons biologiques et sur
la validation de biomarqueurs.
"Notre démarche est prospective : nous sommes à cheval entre la
recherche clinique et les biobanques" précise Edwige Haelterman,
médecin-directeur de l’unité de recherche clinique d’ImmuneHealth
au Biopark. "90% de nos échantillons sont des échantillons sanguins
et leurs dérivés (par exemple plasma, sérum, PBMC – Peripheral Blood
Mononuclear Cells). À côté de ça, nos équipes effectuent la collecte
d’échantillons particuliers pour des projets plus spécifiques, par
exemple des échantillons de muscle récupérés lors d’interventions
orthopédiques, des échantillons de sang de cordon ombilical ou
encore de tumeurs cancéreuses à des stades spécifiques".
Par cette approche, les partenaires de l’asbl – académiques, sociétés
pharmaceutiques et entreprises biotechnologiques – peuvent trouver
réponse à leurs exigences dans bien des cas. "En moyenne, nous
avons 1500 visites par an, au cours desquelles des données cliniques
et des échantillons biologiques sont collectés : c’est dire si notre
travail est devenu indispensable aux yeux de certains partenaires",
poursuit Edwige Haelterman.
"Les chercheurs peuvent trouver plusieurs avantages à venir chez
nous : nous pouvons obtenir des échantillons frais et les transférer
dans des délais très brefs; nous pouvons collecter des paires
d’échantillons (un prélèvement sanguin et un autre de salive par
exemple), ou des échantillons à différents moments (pour décrire
des cinétiques) sur un même volontaire ; nos normes éthiques
et nos procédures très poussées attirent également les grosses
entreprises pharmaceutiques".
Y a-t-il alors une concurrence entre biobanques et ImmuneHealth ?
"Pas du tout", tranche Edwige Haelterman. "Tout dépend de la
demande et des besoins de chacun. Il est nécessaire d’explorer
toutes les pistes : si un chercheur nous demande un échantillon d’une
personne souffrant d’une pathologie rare, notre approche prospective
ne nous permet pas de répondre dans des délais raisonnables".
Alors que le travail de cette unité clinique était, au départ, de tester
des vaccins, le rôle d’ImmuneHealth a pris de plus en plus d’ampleur
dans la collecte et la gestion d’échantillons biologiques, qui représente
désormais un des axes stratégiques de l’organisation. Ceci offre aux
laboratoires, aux PMEs et aux grandes entreprises, une ressource
complémentaire au biobanking.
Damiano Di Stazio.
www.immunehealth.be
Biobanques
7
L’i-Tech Incubator est né
Biopark Incubator est devenu i-Tech Incubator pour s’ouvrir aux projets non seulement en sciences
du vivant mais aussi en sciences de l’ingénieur et en technologies de l’environnement.
Ne dites plus Biopark
Incubator, dites i-Tech
Incubator. Après deux années
d’activité, l’incubateur
change de nom tout en
gardant sa mission : faciliter
la transformation de l’idée
en un réel business. "Plus
de la moitié des projets que
nous accompagnons sont
en sciences du vivant ; les
autres se répartissent entre
les sciences de l’ingénieur et les technologies
de l’environnement. Cette ouverture devrait
encore s’accentuer puisque nous avons noué
une nouvelle collaboration avec l’incubateur
wallon WSL dédié aux sciences de l’ingénieur
tandis que le green fait partie des priorités
régionales. Il était donc important d’adopter
un nom qui colle mieux à la palette de nos
cibles" explique Marie Bouillez, directrice d’iTech Incubator.
L’incubateur (en collaboration avec le TTO
ULB ou l’AVRE UMONS pour les projet issus
d’une des universités) aide le porteur de
projet à évaluer le potentiel de sa technologie,
à définir l’orientation stratégique de sa
future entreprise, à composer l’équipe de
management, à élaborer un business model
ainsi qu’un plan financier ; et enfin pour
celui qui arrive en fin de processus, à créer
sa société, à mettre en place le conseil
d’administration, etc.
De quoi être enthousiaste, d’autant que le
bilan de l’incubateur est positif : il a déjà
accompagné 30 projets qui ont mené à la
création de 3 entreprises qui emploient
quelques 27 personnes au sein du Biopark
– MaSTherCell, a-ULaB, OncoDNA. Un début
sans doute puisque dix autres projets sont
encore en maturation…
Enfin, l’incubateur dispose d’un bâtiment
sur le Biopark où il héberge actuellement 18
PMEs, qui occupent 68% de ses superficies de
bureaux et laboratoires. L’occasion pour ces
jeunes entreprises d’entrer dans un réseau
industriel et académique et de bénéficier
d’échanges d’expériences, notamment avec
la collaboration d’IGRETEC.
8
i-Tech Incubator peut aussi conseiller le
porteur de projet pour son financement :
l’aider à définir sa stratégie de financement,
préparer avec lui son dossier, identifier les
subsides pour lesquels il est éligible, le mettre
en contact avec des fonds d’investissement
ou des investisseurs privés, des banques,
ou autres outils de financement comme le
crowdfunding. En une année, l’incubateur a
aidé à lever pour ces projets de société en
création environ 8M€.
Par ailleurs, depuis janvier 2013, le bâtiment
dispose de nouvelles salles de réunion,
entièrement équipées (dont vidéo conférence)
qui peuvent accueillir de 2 à 80 personnes. Il
abrite également un espace de travail flexible :
six bureaux pouvant être loués à l’heure et
inscrits dans les réseaux Biowin Partner Port et
Smart Work Center.
Nathalie Gobbe
www.i-tech-incubator.be
Partenariats public-privé : un beau bilan
Le gouvernement wallon a révélé ses "PPP" ou "partenariats public-privé". Les équipes du Biopark
décrochent 4 des 9 nouveaux projets retenus en 2013 : un beau bilan !
EMULVAC, SAPOVAC, OSCIRC et TREGCD70 :
sous ces noms mystérieux se cachent
les
nouveaux
partenariats
publicsprivés débutant sur le Biopark. Ces ‘PPP’
consistent en une collaboration privilégiée
de deux ans entre des équipes de recherche
universitaires et des partenaires industriels,
avec le soutien de la Wallonie, dans le
but de favoriser le développement et
l’exploitation d’innovations scientifiques.
Les équipes du Biopark décrochent donc
4 PPP, principalement pour continuer des
recherches et collaborations précédentes.
EMULVAC - SAPOVAC
OSCIRC
Les projets EMULVAC et SAPOVAC sont
focalisés sur l’étude et la compréhension du
mécanisme d’action des adjuvants vaccinaux,
en partenariat avec GSK-Biologicals.
EMULVAC se concentre sur les "émulsions
vaccinales" telles qu’utilisées dans les
vaccins saisonniers de la grippe, tandis que
SAPOVAC concerne les saponines, utilisées
notamment dans le candidat-vaccin contre
la malaria. "Ces deux types d’adjuvants sont
déjà utilisés par GSK-Bio" explique Stanislas
Goriely, coordinateur du programme à
l’IMI. "Mais leur développement s’est fait
de manière empirique, sans réellement
comprendre leur mécanisme d’action. C’est
ce que nous allons essayer d’éclaircir". Les
chercheurs tenteront donc de comprendre
quelles sont les voies moléculaires activées
par ces adjuvants et responsables de l’effet
stimulant sur les cellules de l’immunité
innée. Une compréhension qui pourrait
permettre aussi d’améliorer les stratégies
vaccinales actuelles en termes d’efficacité
et de réactogénicité. "Tant qu’on ne sait pas
clairement comment fonctionne l’adjuvant
vaccinal" explique le chercheur, "on ne peut
pas en comprendre les effets indésirables".
GSK-Bio et l’équipe de Stanislas Goriely
continuent donc leur collaboration entamée
en 2004 lors de la création de l’IMI.
OSCIRC est la contraction "d’ostéoblastes
circulants", des précurseurs des os se
trouvant dans le sang et au centre de ce
PPP. "La plupart des ostéoblastes se trouvent
normalement dans le squelette" explique
Valérie Gangji, Chef de service du Service
de Rhumatologie et Médecine physique de
l’Hôpital Erasme. "En cas de fracture, certains
d’entre eux passent dans le sang et ont la
propriété de reconnaitre et de se diriger vers
l’os lésé, avant de s’y fixer. Mais les facteurs
à l’origine de ce phénomène sont encore
inconnus", continue-t-elle. Le but de ce PPP,
parrainé par la spin-off Bone Therapeutics
(Biopark), est donc de comprendre ce qui
pousse les ostéoblastes à passer dans le
sang et ce qui les guide vers ces sites de
fracture. Avec, en ligne de mire, la possibilité
de développer des thérapies cellulaires
pour corriger des maladies osseuses
comme l’ostéoporose, l’ostéonécrose ou la
pseudarthrose. "Les thérapies cellulaires
existantes nécessitent une injection sur le
site de lésion. En comprenant le mécanisme
de ciblage des ostéoblastes circulants, nous
pourrions développer des thérapies par voies
intraveineuse, expose la chercheuse. Une
technique moins invasive et présentant un
intérêt pour le traitement de jeunes enfants
notamment.
9
TREGCD70
Enfin, le projet TREGCD70 est la continuation du programme
d’excellence CIBLES, achevé en décembre 2012. Au cours
de ce programme, l’équipe d’Immunobiologie de Muriel
Moser (IBMM) a découvert que certains lymphocytes T
régulateurs parvenaient à contrôler la réponse immunitaire
inflammatoire en diminuant l’expression de la molécule
CD70 à la surface des cellules dendritiques, les sentinelles
de notre immunité. Cette diminution corrèle avec un transfert
du récepteur CD27 correspondant à la surface des mêmes
cellules. "Concrètement", explique la chercheuse, "les
lymphocytes envoient leur récepteur aux cellules dendritiques
par l’intermédiaire d’une sorte de canal intercellulaire,
un procédé inédit qui n’avait jamais été observé
jusqu’alors dans le système immunitaire. Et ce transfert
est probablement impliqué dans la diminution de la réaction
immunitaire, mais on ne sait pas encore bien comment". Le
but du PPP, sponsorisé par GSK-Biologicals, déjà parrain du
programme CIBLES, sera de comprendre ce processus et de
l’utiliser pour pouvoir contrôler les réactions immunitaires,
en particulier dans le cas du diabète auto-immun.
Natacha Jordens
10
En bref
Nouvelles pierres pour la thérapie cellulaire
Ce mercredi 12 juin, la spin-off Bone Therapeutics et l’entreprise Promethera
Biosciences ont posé la première pierre de leur futur bâtiment de Gosselies, en
présence des Ministres Jean-Claude Marcourt et Jean-Marc Nollet. Les deux
sociétés y installeront de nouvelles surfaces de production de leurs produits de
thérapie cellulaire, dirigés respectivement contre les maladies osseuses et les
maladies du foie.
Cette nouvelle implantation représente un renforcement de l’axe "thérapie
cellulaire", initié au Biopark en 2011 lors de la création de MaSTherCell, société
offrant aux clients toute l’infrastructure nécessaire pour la production à façon
de cellules-médicaments.
Attendu pour 2015, le nouveau bâtiment de Bone Therapeutics et Promethera
Biosciences sera situé en face de l’i-Tech Incubateur. Le Biopark disposera
alors de la plus grande capacité de production de produits cellulaires en Europe.
N. J.
Le futur bâtiment de Bone Therapeutics et Promethera est attendu pour 2015
Prix scientifique GSK Vaccin
De Chine et de Lituanie
Médecin pédiatre, chercheur au sein de l’IBMM,
actuellement en postdoctorat au Murdoch Childrens
Research Institute à Melbourne, Pierre Smeesters
a reçu le prix scientifique GSK Vaccin attribué tous
les trois ans par l’Académie Royale de Médecine de
Belgique. Remis en présence de la Princesse Mathilde,
ce prestigieux prix récompense les recherches que
mène Pierre Smeesters sur le streptocoque A.
Des représentants de l’Université Beihang (Chine)
étaient à Charleroi pour visiter les installations du
Biopark. Cette délégation, conduite par le Président
de l’Université Beihang (photo ci-dessous), le
professeur Huai Jinpeng, est allée à la rencontre
des chercheurs. Après la visite du campus et un
bref aperçu des activités de l’IBMM (Institut de
Biologie et de Médecine moléculaires) et du CMMI
(Centre for Microscopy and Molecular Imaging), les
visiteurs ont été mis en contact avec des acteurs
dans le domaine de l’aéronautique : le point fort de
l’université chinoise. Cette visite était également
l’occasion de nouer des liens entre professeurs et
de renforcer les relations entre les deux universités.
En croissance depuis une vingtaine d’années, le
streptocoque A est un germe meurtrier dans les
pays en voie de développement : chaque année, il tue plus de 500.000
personnes. Coordinateur d’une large étude multicentrique, Pierre
Smeesters a, avec ses collègues chercheurs et cliniciens, établi un
nouveau modèle pour décrire l'immunité contre ce pathogène. Les
chercheurs ont trouvé un "point commun" entre les différentes formes
de cette bacterie de sorte que l’élaboration d’un vaccin unique efficace
contre la plupart des souches dans le monde est désormais envisagée.
N. G.
Quelques jours plus tard, la Lituanie s’est également
invitée au Biopark. Une délégation, menée par le
Ministre lituanien de l’Education et des Sciences,
Dainius Pavalkis, a notamment visité le CMMI.
D.D.S.
Le Biopark à Chicago
Le Biopark était présent à la Convention Annuelle BIO (Biotechnology
Industry Organization) qui s’est tenue du 22 au 25 avril dernier à Chicago.
L’occasion pour l’ULB et son TTO (Office de Transfert Technologique), ainsi
que pour Delphi Genetics, OncoDNA et l'i-Tech Incubator, d’entretenir et
élargir leurs contacts avec les entreprises actives en biotechnologies.
Le salon BIO est le plus grand événement mondial pour l’industrie des
biotechnologies : cette année, 13.594 participants de 63 pays, 2.800
sociétés, plus de 1.700 exposants...
F. M.
11
En bref
Formation Continue ULB :
nouveau directeur
Formation Continue :
portes ouvertes à Charleroi
L’UMONS, en collaboration
avec le Biopark Formation,
organise le 26 juin de 17h30
à 21 heures, une "Soirée
Formation
Continue"
à
Charleroi (Boulevard Joseph II,
38-42). Cette soirée s’adresse
en particulier aux diplômés
des Hautes Écoles, du 2e cycle
universitaire et aux adultes
en reprise d’études. La soirée
se déroulera en trois temps : un accueil permettant à chacun
d’obtenir une vue d’ensemble de l’offre de formation continue,
des stands pour une information sur mesure et enfin un cocktail
de clôture.
Information et inscription :
www.umons.ac.be/formationcontinue
[email protected]
D.D.S.
Directeur de Biopark Formation, Arnaud Termonia a pris au
printemps la direction du Service de Formation Continue
de l’ULB. A travers cette désignation, c’est à la fois une
reconnaissance des activités menées par Biopark Formation
(dont il continue à assurer la direction) et une ouverture vers
de nouveaux domaines, tant à Bruxelles qu’en Wallonie et de
nouvelles collaborations éventuelles qui se profilent.
D.D.S.
STRATEGIO est de retour
Après le succès de l’édition 2012, la formation STRATEGIO sera
de nouveau à l’affiche à partir du 13 septembre. L’objectif du
programme ? Combler le fossé entre science et management,
en permettant aux cadres qui travaillent dans le secteur des
sciences de la vie et de la santé d’acquérir des compétences
transversales en gestion. Ces cours interactifs s’adressent
principalement aux managers du secteur biomédical et
réunissent des experts académiques et des industriels reconnus.
Plus d’informations :
http://www.biopark.be/bioparkformation/strategio.html
D.D.S.
academie universitaire wallonie-bruxelles
C H A R L E R O I
B R U S S E L S
S O U T H
Périodicité trimestrielle
Rédacteur en chef : Nathalie Gobbe • Comité de rédaction : Bruno André, Christelle De Beys, Dominique Demonté,
Damiano Di Stazio, Natacha Jordens, Véronique Kruys, Frédérique Margraff, Arnaud Termonia
Secrétariat de rédaction : Nancy Dath • Photos : Bruno FAHY (partim) • Maquette : Céline Kerpelt • Impression : Paragraph
Contact : ULB-Département des Relations extérieures, Communication Recherche : [email protected],
+32 (0)71 60 02 03 • http://www.biopark.be
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