POUR QUE LES JEUNES acquièrent et perfectionnent leurs habiletés motrices HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Les habiletés motrices Les habiletés motrices sont à la base des mouvements humains. Elles nous permettent d’explorer les divers aspects de notre environnement, de nous y adapter et d’interagir avec notre entourage. Une habileté motrice est une séquence de mouvements coordonnés afin de produire un mouvement efficace lors de l’accomplissement d’une tâche (marcher, courir, prendre un objet, déplacer une table, etc.). Le saviez-vous? Dès l’enfance, la présence d’habiletés motrices est associée à la pratique d’activités physiques. Selon plusieurs études, les habiletés motrices démontrées durant cette période représentent un « prédicateur » d’un mode de vie physiquement actif. La notion d’habileté motrice sous-tend celle de l’apprentissage, car elle n’est acquise que progressivement. L’acquisition d’une habileté motrice est un processus de transformation continu et séquentiel qui débute à la naissance et se poursuit pendant plusieurs années à un rythme qui est propre à chaque enfant. Cette progression est intimement liée au nombre et à la qualité des expériences motrices dans des environnements offrant des défis moteurs qui favorisent l’engagement des enfants dans les activités proposées. Il est donc crucial de donner très tôt aux enfants un « départ actif dans la vie » grâce au jeu et à une variété d’activités. Les spécialistes du développement de l’enfant reconnaissent aujourd’hui l’importance de prioriser l’acquisition des habiletés motrices ainsi que la pratique régulière et quotidienne d’activités physiques. En effet, ces éléments sont reconnus comme des préalables essentiels au développement global de l’enfant (bienfaits sur les dimensions physique, sociale, affective, cognitive et langagière) et à sa réussite éducative (concentration et attention, prérequis à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des mathématiques), en plus de favoriser le maintien d’un mode de vie physiquement actif à l’adolescence et à l’âge adulte. 1 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Pourquoi agir? Les habiletés motrices constituent les assises de l’apprentissage des habiletés sportives et des mouvements complexes. Elles s’acquièrent principalement avant l’âge de 12-13 ans en fonction de la maturité de l’enfant et de l’âge où il atteint la puberté. Après la période pubère, les gains sont plutôt modestes. De façon plus précise, la période de 2 à 9 ans est identifiée comme période critique ou charnière. Le manque d’habiletés est un déterminant de l’abandon, à l’adolescence, de la pratique d’activités physiques et sportives, contribuant ainsi à une perte de plaisir et d’intérêt pour l’activité physique. En effet, les habiletés motrices sont étroitement liées au sentiment d’efficacité personnelle et à l’estime de soi, deux facteurs, ou déterminants, associés à la pratique d’activités physiques et à un mode de vie physiquement actif. Un constat préoccupant émerge de plusieurs recherches : les habiletés motrices des jeunes sont étroitement liées au statut socioéconomique des parents alors que les résultats à des tests sur les habiletés motrices sont plus faibles chez les jeunes défavorisés que chez les jeunes issus de milieux plus favorisés. Le saviez-vous? Le manque d’aptitudes et d’habiletés physiques est identifié comme l’un des obstacles à être actif par 35 % des jeunes, soit 42,5 % des filles et 27 % des garçons de 10 à 17 ans. 2 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Plusieurs facteurs influencent l’acquisition des habiletés motrices • Le rythme de développement de chaque enfant. • Le nombre d’heures quotidien et hebdomadaire pendant lequel il est actif. • L’accessibilité à des programmes, à des installations et à des équipements de loisirs adaptés à son âge, à ses besoins et à ses goûts. • La diversité des occasions de pratiquer une activité physique (courir, grimper, patiner, pédaler, nager, etc.). • La qualité de l’encadrement et le contexte de pratique. • Les attentes, la perception qu’ont les parents de la sécurité de leur quartier, etc. • Le statut socioéconomique et les moyens financiers des parents qui peuvent influer sur la participation des jeunes à des activités organisées. 3 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Potentiel peu exploité : des environnements favorables à mettre en place La multiciplicité des milieux de vie et des intervenants, combinée au nombre important d’heures que les jeunes passent dans ces milieux, vient mettre en évidence toute l’importance de l’offre de service faite aux jeunes, de son encadrement ainsi que des messages et des valeurs qui y sont véhiculés. Cette situation est d’autant plus significative que la majorité des jeunes Québécois fréquentent des services de garde, le milieu scolaire ou des camps de jour : • 65 % des 0-4 ans fréquentent un service de garde à l’enfance (centre de la petite enfance, service de garde en milieu familial, milieu de garde subventionné ou non subventionné); • la quasi-totalité des enfants de 5 à 9 ans est inscrite à l’école; • plus de 200 000 enfants fréquentent les camps de jour. Quatre écoles sur cinq offrent des services de garde où, dans certains cas, plus de 80 % des enfants sont inscrits au moins 2 h 30 par jour et 3 jours par semaine. Un nombre aussi important de jeunes regroupés dans des établissements publics représente une opportunité unique de les amener à acquérir les habiletés motrices de base et, par conséquent, à adopter un mode de vie physiquement actif. Dès la petite enfance, les jeunes sont moins actifs physiquement Bien que la croyance populaire veuille que les enfants en bas âge soient naturellement actifs, ils passent une grande partie de leur temps d’éveil à des activités sédentaires. En effet, peu de temps est alloué à l’activité physique dans les milieux de vie de nos jeunes. Certaines études viennent même affirmer que des activités sédentaires « occupent » près de 90 % du temps passé au service de garde à l’enfance. Le temps accordé aux jeux libres a chuté de 25 % en raison d’une augmentation du temps consacré à des activités encadrées (et bien souvent sédentaires), du temps passé devant un écran et d’une diminution du temps passé à l’extérieur. Outre le temps alloué quotidiennement pour aller jouer dehors, à peine le tiers des CPE (32,3 %) organisent des activités intérieures favorisant le développement moteur. De plus, la majorité des éducateurs et des éducatrices affirment qu’ils ne sont pas très motivés à faire bouger les enfants au moins deux heures par jour et que moins d’un CPE sur cinq (19,5 %) a accès à une personne-ressource en développement moteur des enfants. En milieu scolaire, le cours Éducation physique et à la santé est obligatoire pour tous les élèves du primaire et du secondaire. Cependant, le temps consacré à cette matière varie selon les décisions du conseil d’établissement de chaque école (il en est de même pour le temps alloué aux récréations et aux activités physiques parascolaires). Près de 20 % des écoles primaires ne respectent pas la recommandation du MELS (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport) d’offrir au moins deux heures d’enseignement d’éducation physique et à la santé par semaine. Au préscolaire, la recommandation est de 30 minutes par semaine. Les habiletés motrices donnent les outils nécessaires à l’adoption d’un mode de vie physiquement actif. Il est donc essentiel que les milieux de vie des jeunes encouragent l’acquisition de ces habiletés et en facilitent l’apprentissage. 4 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Comment peut-on changer la situation? Il importe que les organisations et les acteurs concernés agissent de façon globale et complémentaire, à la fois sur les facteurs individuels et environnementaux qui façonnent les comportements des jeunes. Miser sur le développement des compétences des jeunes par l’augmentation du temps actif quotidien, grâce à une variété d’expériences motrices et de contextes de pratique. C’est offrir aux jeunes et à leurs parents des occasions d’apprentissage et d’expérimentation en intégrant, aux programmations et horaires habituels, le jeu libre ou des activités, des programmes d’expérimentation, de découvertes et d’éducation motrice. PISTES D’ACTION • Dans les services de garde à la petite enfance, prévoir des plages horaires réservées aux activités physiques et motrices à l’intérieur comme à l’extérieur. • Inclure la pratique d’activités physiques à l’horaire quotidien grâce à une variété d’expériences motrices telles que le jeu libre, les jeux non compétitifs et des activités motrices avec du rythme et de la musique. • À l’école et au service de garde, offrir une diversité et un nombre accru d’occasions d’être actif (éveil au corps, récréations, activités parascolaires, cours d’éducation physique, transport actif, pauses actives, défis et devoirs actifs, etc.) en tenant compte du mode de fonctionnement des enfants, c’est-à-dire qu’ils sont actifs de façon spontanée, intermittente ou pendant de courtes périodes. • Pour une acquisition optimale des habiletés motrices, il est suggéré de permettre aux enfants de bouger dans chacun des quatre environnements suivants : le sol, l’eau, la neige et la glace. • Jouer dehors le plus souvent possible. Parce que l’environnement extérieur est souvent moins contraignant, moins structuré et plus diversifié, les enfants peuvent explorer plus facilement différents aspects de la motricité. L’extérieur favorise également les activités physiques plus soutenues (courir, grimper, glisser, sauter) et permet aux enfants de vivre des expériences sensorielles variées en toutes saisons. • Bien que les étapes d’acquisition des habiletés motrices soient les mêmes pour tous les enfants, chaque enfant évolue à un rythme qui lui est propre. Toute activité physique doit donc être : - adaptée à la phase de maturité des enfants, - associée au plaisir et au jeu, - intégrée à la vie quotidienne et non imposée, - ponctuée de défis. • Mettre en place des programmes sportifs diversifiés qui favorisent l’acquisition des habiletés motrices (ex. : Saisons du Primaire, En Forme avec Myg et Gym). • Choisir des activités, ou modifier les règles de certains jeux, pour augmenter le temps où les jeunes sont physiquement actifs, et de façon à ce que plus de jeunes puissent participer. Proposer des activités diversifiées comportant des défis et des occasions de valorisation pour tous en fonction de leurs aptitudes et habiletés. • Proposer du matériel de petit format attrayant et adapté au stade de développement de l’enfant. • Proposer des activités qui plaisent aux filles comme aux garçons, et éviter les éléments (lieux, matériel, activités, jeux, interactions) pouvant renforcer des stéréotypes sexuels. 5 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Miser sur la qualification des intervenants. Miser sur la qualification des intervenants, c’est leur offrir des programmes de formation reconnus et du soutien qui leur permettront d’augmenter et d’améliorer les occasions de bouger des jeunes. Les attitudes et le niveau de compréhension des intervenants sont reconnus comme des barrières relativement universelles au changement des façons de faire. Bien que les intervenants soient assez unanimes sur la nécessité de faire bouger les enfants, certains disent manquer de temps pour assimiler les connaissances et apprendre à utiliser les outils nécessaires pour changer ou adapter leur façon de faire. D’autres disent éviter de s’investir par manque de confiance ou de compétences. Bref, malgré les compétences développées durant leur formation initiale, les intervenants reconnaissent le besoin d’une formation supplémentaire ou continue. PISTES D’ACTION • Offrir des ateliers de formation, d’information et de sensibilisation, et organiser des groupes de discussions pour : - les entraîneurs et les animateurs (DAFA, PNCE, HFM, etc.); - les éducatrices des services de garde à la petite enfance (cadre de référence du ministère de la Famille et des Aînés); - les enseignants du préscolaire et les éducateurs physiques (formation du MELS); - le personnel des services de garde en milieu scolaire. • Adopter des critères de qualité et des mécanismes de suivi. • Soutenir la mise en réseautage des intervenants, le partage des bonnes pratiques ainsi que des échanges réguliers à propos des problèmes rencontrés sur le terrain (communautés de pratique). • Mettre en place les conditions propices à une intervention de qualité (temps de planification, équipement et matériel en nombre suffisant, etc.). Par sa capacité d’interrelation et d’écoute, par le choix des activités et des défis proposés, par sa gestion de groupe, par son rôle de modèle, l’intervenant joue sans contredit un rôle crucial dans la qualité de l’expérience vécue par le jeune et les bienfaits qui pourront en être retirés. Les statistiques et les études le révèlent : la qualité de l’encadrement est un déterminant important de la pratique d’activités physiques visant un mode de vie physiquement actif. Augmenter l’accessibilité à une offre de service diversifiée aux parcs et aux installations de la communauté, et améliorer la capacité des milieux à se doter de mesures favorables au mode de vie physiquement actif. PISTES D’ACTION • Favoriser, particulièrement dans les milieux ou quartiers défavorisés, l’accès physique et financier à l’offre des organismes communautaires et associatifs (ex. : politiques d’accessibilité pour les jeunes et les familles de milieux défavorisés, mesures de soutien aux organismes sportifs et communautaires) par les actions suivantes : - aménager des installations et fournir des équipements à proximité des lieux de résidence; - adopter une règlementation tarifaire facilitant l’accès des jeunes et des familles aux activités physiques et sportives; - mettre en place un programme d’échanges et de prêts d’équipements à l’école, entre les organismes et dans la municipalité. L’utilisation de matériel de petit format (balles, ballons, cordes à sauter, etc.) s’avère notamment très efficace pour permettre aux jeunes de bouger. • Aménager, à l’extérieur et à l’intérieur, des aires de jeu stimulantes, sécuritaires et accessibles dans les différents milieux de vie des jeunes. • Établir des ententes entre les organisations pour maximiser l’utilisation et l’accès des installations et des équipements de la communauté (ex. : ouvrir l’école et ses installations en dehors des heures de cours, permettre l’accès à la salle de motricité du CPE les soirs et les weekends pour des activités parents-enfants). • Faciliter le transport après les heures de classe pour permettre à un plus grand nombre de jeunes de participer aux activités parascolaires. • Aménager les parcs, les installations sportives et de plein air ainsi que les corridors cyclables et piétonniers de sorte qu’ils soient plus facilement accessibles. • Inscrire, dans ses documents officiels, des orientations, des actions et des mesures de suivi appuyant l’activité physique et le développement moteur des jeunes. 6 HABILETÉS MOTRICES QUEBEC EN FORME.org Véhiculer un message positif à l’égard d’un mode de vie physiquement actif, et contribuer à diminuer les perceptions et les normes sociales pouvant freiner son adoption. PISTES D’ACTION • Faire connaître et reconnaître, et mettre en lumière les bonnes initiatives qui encouragent le développement moteur et l’activité physique au quotidien. Porter les petites et les grandes réussites à l’attention des décideurs des différents milieux de vie des jeunes. • Éviter la spécialisation hâtive en permettant au jeune de vivre et de découvrir une panoplie de sports et d’activités. • Servir de modèle en adoptant soi-même un mode de vie physiquement actif. • Reconnaître et revaloriser l’importance du mouvement et du jeu comme des instruments du développement moteur de l’enfant. • Élaborer des mécanismes de communication et d’implication des parents afin qu’ils puissent notamment assurer la poursuite des apprentissages à la maison. • Reconnaître que donner aux jeunes des occasions d’être physiquement actifs est l’affaire de tous, pas nécessairement celle des spécialistes. • Revoir nos croyances et nos attitudes (perception de la sécurité et de nos compétences, peurs, notre propre relation avec l’activité physique, etc.) afin d’abolir certaines barrières qui sont parfois le résultat de perceptions et qui font obstacle à l’activité physique des jeunes. 7 Conclusion Chaque enfant mérite de sentir qu’il a les habiletés pour pratiquer les activités physiques et sportives de son choix. Et c’est grâce à des expériences stimulantes, adaptées à ses capacités et à ses goûts, mais aussi associées au plaisir et au jeu, qu’il éprouvera, maintenant et plus tard, ce précieux sentiment d’efficacité personnelle. Toutefois, force est de constater que l’enfant est trop souvent, et trop longtemps, confiné à un environnement structuré et balisé qui favorise davantage les comportements sédentaires plutôt que de répondre à son besoin inné de bouger. Il importe à tous les acteurs de redonner aux enfants du temps et diverses occasions de bouger et d’explorer, mais aussi de les entourer de gens qualifiés qui reconnaissent l’importance de jouer et de faire de l’activité physique chaque jour. Des gens qui se voient comme des modèles et qui s’engagent à mettre les conditions en place afin que les jeunes et leurs familles puissent tous les jours pratiquer des activités physiques et sportives diversifiées. Pour en savoir plus sur cette thématique, quebecenforme.org Pour échanger avec nous sur le sujet