Les fondations de l’Islam : approche historique PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2011 I – Un essai de définition de l’islam L’islam est de façon inséparable, à la fois religion, culte, tradition, règle de vie et projet communautaire. Bref, l’islam gère tous les domaines de l’existence individuelle et communautaire. Il est inséparablement : 1) Dîn : religion 2) Dawla : l’état, c’est-à-dire le mode et le système de gouvernement (ce qui fait dire synthétiquement que l’islam est dîn wa-dawla) 3) Dunyâ : vie quotidienne de chaque instant dans le monde d’ici-bas Cette tradition religieuse ainsi définie se caractérise par l’articulation qu’elle opère entre trois démarches, étroitement liées entre elles : a) al-imân : la foi en tant qu’adhésion sincère du cœur et confiance absolue en Dieu. b) al-islâm : l’abandon intégral et confiant de toute la personne à Dieu. Le mot « soumission » est une traduction imparfaite. c) al-ihsân : la recherche inlassable de la perfection dans le comportement et les attitudes. Questions terminologiques : + Avec un « I » majuscule, l’« Islam » désigne l’ensemble des pays et des peuples dont l’islam est la religion, ou bien la civilisation inspirée par la religion musulmane. + Avec un « i » minuscule, l’ « islam » désigne la religion musulmane en tant que tradition religieuse. + C’est bien clair que aujourd’hui l’islam désigne les modes de croire ou d’agir de la religion musulmane dans leur universalité. Par islamisme on représente, par contre, une vision idéologique de cette religion, vision comprise comme contestation d’un pouvoir, d’un régime ou d’une société particulière. C’est vident qu’il y a un langage réservé à l’islam qui est déjà orienté, au départ, dans un sens anti-islamique. Il y a 25 ans, quand l’islamophobie n’était pas encore si accentuée, le terme « islamisme » était interchangeable avec « islam », ou il indiquait la culture et la tradition islamique plus que la religion au sens étroit. Avec « islamiste » on signifiait le spécialiste d’islam. On parlait tranquillement de « dialogue entre christianisme et islamisme ». Aujourd’hui, si je disais que je suis un « islamiste » (car je m’occupe d’islam dans mes études), mon téléphone serait mis sous contrôle ! Les patrons de l’information médiatique ont décidé que par « islamiste » on entend « intégrisme et terrorisme ». C’est bizarre, car pour les autres religions le problème ne se pose pas : on dit tranquillement « bouddhisme / bouddhiste », « hindouisme / hindouiste », ou « hébraïsme / hébraïste »… Dans les journaux télévisés on dit tranquillement : « On a saisi une nouvelle cellule islamique », car dire « On a saisi une nouvelle cellule intégriste musulmane » est trop compliqué. On dit tranquillement : « La violence islamique fait un carnage parmi des civils israéliens », mais essayez-vous de dire pareillement : « violence hébraïque de colons israéliens fait deux victimes… », vous seriez immédiatement accusés d’anti-sémitisme. Pourquoi ne pas adopter le préfixe « pseudo islamique ou pseudo hébraïque… » pour éviter des discrimination terminologiques ?