Africultures - Entretien - "J'ai demandé à l'Afrique qu'elle soit mon institutrice" 25/12/2016 11(13 20|08|2010 entretien > histoire/société "J'AI DEMANDÉ À L'AFRIQUE QU'ELLE SOIT MON INSTITUTRICE" Entretien de Tanella Boni avec Georges Balandier Paris, CEAF, 27 janvier 2010 DANS CET ENTRETIEN, GEORGES BALANDIER (1) PARLE DE SA DÉCOUVERTE DE L'AFRIQUE RENCONTRES QUI L'ONT MARQUÉ, DE SES RECHERCHES SUR LES VILLES AFRICAINES. MAIS "COMME UN NOUVEAU COMMENCEMENT" ; DES LA TÂCHE INTELLECTUELLE DOIT ÊTRE POURSUIVIE PAR LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS, À QUI IL APPARTIENT, DÉSORMAIS, DE PENSER L'AFRIQUE QUI A "UNE LONGUE EXPÉRIENCE HISTORIQUE ET POLITIQUE." Votre intérêt pour l'Afrique est constant. Comment cela a-t-il commencé ? Ma vie est longue et remplie. Ce que j'éprouve pour l'Afrique est plus qu'un intérêt. C'est une liaison à la fois affective, intellectuelle, émotionnelle ; quelque chose difficilement nommable dans la mesure où cela a été, pour moi, une nouvelle origine. C'est de l'ordre de ma fabrication. Je ne serais pas ce que je suis, ce que ma vie a été, s'il n'y avait pas eu, très tôt, cette rencontre de l'Afrique. L'Afrique a été pour moi à la fois une découverte et une sorte de nouveau commencement. Un nouveau commencement ? Oui. La découverte, cela va de soi puisque les enseignements que j'avais pu recevoir dans l'université française ou dans les établissements spécialisés de l'enseignement supérieur étaient assez conventionnels pour ce qui est de l'anthropologie. Et de la définition des sociétés africaines. Il restait quelque chose encore de très lourd de la distinction entre sociétés primitives et sociétés modernes et quelque chose d'encore plus lourd de l'héritage colonial qui n'était pas achevé lorsque j'ai commencé ma carrière africaine. Pour moi, la rencontre de l'Afrique à Dakar, en 1946, a été une découverte. La découverte d'une amitié aussi, qui dure jusqu'à maintenant alors même que l'ami africain a disparu, je veux parler d'Alioune Diop. Est-ce à cause de l'ami que vous êtes allé la première fois à Dakar ? Non. C'est lui qui m'a permis d'avoir un accès à l'Afrique avec l'enseignement d'une sorte d'instituteur au lieu d'avoir un apprentissage un peu "sauvage" de la différence. De ce qui diffère par la civilisation et par les rapports sociaux. J'avais ici un guide particulièrement compétent, humaniste et passionné de culture. Ce qui m'a conduit là c'est une insurrection contre ma propre civilisation. J'ai été un temps réfractaire comme on dit. J'ai connu la situation d'être sans identité présentable, sans domicile fixe parce que je refusais le service du travail obligatoire de la France occupée, vichyste. J'ai connu cette situation de rupture et, dans le même temps, j'ai appris par le maquis, la résistance armée, que d'autres conduisaient des résistances, affirmaient leur liberté et voulaient préserver ce qui était leur héritage de civilisation et de rapports sociaux. J'ai donc eu cette curiosité-là à partir d'une insurrection "locale" si j'ose dire, qui concerne mon pays, d'aller chercher ailleurs la solution aux insuffisances de mon propre univers. C'est la raison pour laquelle je donne tellement d'importance à cette première amitié - je ne dis pas qu'elle a été la seule de mes amitiés africaines - je lui donne beaucoup d'importance parce qu'elle a été au départ de mon apprentissage et qu'elle m'a beaucoup aidé dans une sorte de "déniaisement", il faut bien le dire, de la relation à l'Afrique. Il y a aussi une niaiserie alimentée par la discipline : l'anthropologie peut croire qu'elle va dire à d'autres, mieux qu'eux-mêmes, ce qu'ils sont… Vous fréquentiez aussi Michel Leiris… Vous évoquez là un homme qui a eu, pour moi, une grande (....) POUR LIRE LA SUITE : Suite à une décision de l'assemblée générale 2011 des adhérents de l'association Africultures, l'accès aux articles des dossiers de la revue Africultures est soumis à une cotisation de soutien dont vous choisirez vous-même le montant (voir plus bas). Si vous avez déjà un compte client sur Africultures vous pouvez saisir vos paramètres d'identification : ENTREZ VOTRE LOGIN ENTREZ VOTRE MOT DE PASSE valider > Pour lire tous les articles du site, devenez membre bienfaiteur de l'association Africultures pour une somme de votre choix : merci de cliquer [ici] http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9642 Page 1 sur 2 Africultures - Entretien - "J'ai demandé à l'Afrique qu'elle soit mon institutrice" 25/12/2016 11(13 Vous pouvez commander la revue imprimée sur Amazon, en librairie ou sur le site des Editions L'Harmattan. http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=9642 Page 2 sur 2