SPEECH/98/18 Intervention de Madame Edith CRESSON Inauguration du nouveau centre de traitement du cancer du cerveau ery v i el D foi t t i a ins a éf c g rt n A o o k ec ew ron h n p C he te c x te pro e l s ul ge s Se a td l i g Es Petten, le 29 janvier 1998 C’est pour moi une très grande satisfaction d’être ici, à Petten, pour inaugurer la première installation européenne de radiothérapie pour le traitement d’une des formes du cancer parmi les plus agressives. Avant toute chose, je voudrais remercier et féliciter toutes les personnes qui ont contribué directement et indirectement au développement de ce projet au cours de ces dix dernières années. J’espère que les essais cliniques qui se déroulent ici actuellement permettront d’aboutir aussi vite que possible à une nouvelle forme de thérapie pour cette maladie qui touche plus de 15.000 personnes par an en Europe. Nous savons qu’aucun progrès significatif dans la lutte contre ce cancer du cerveau n’a malheureusement pu être obtenu à ce jour. Actuellement, les traitements disponibles sont peu convaincants et les espoirs de guérison sont inexistants. L’idée d’utiliser la réaction entre le bore et les neutrons pour traiter le cancer n’est certes pas récente : différents chercheurs, aux Etats-Unis, puis au Japon, ont tenté d’explorer cette voie. Après bien des difficultés quelques résultats ont finalement été obtenus sans pour autant être vraiment positifs : ils ne permettent pas d’augmenter la durée de vie de façon significative et la guérison complète demeure toujours improbable. L’idée d’utiliser de meilleurs faisceaux de neutrons a peu à peu fait alors son chemin, jusqu’à ce qu’entre en jeu le réacteur à haut flux, installé ici, à Petten. Ce qui inspire les travaux de ce laboratoire nous fournit une illustration parfaite de la recherche communautaire telle que nous devons la concevoir. Il s’agit en effet pour nous de mettre la recherche plus que jamais au service du citoyen. D’une recherche jusqu’ici largement axée sur la performance technique, et le plus souvent illisible pour quiconque n’est pas initié, il nous faut évoluer vers une recherche mieux centrée sur les aspirations et les besoins de nos concitoyens. Et dans le domaine de la santé, ces attentes sont particulièrement fortes. Ce qui s’entreprend actuellement ici, à Petten, va donc dans le droit fil de la politique proposée par la Commission dans le 5ème programme-cadre actuellement en cours de discussion. A ce titre, ce qui nous réunit aujourd’hui est exemplaire des orientations que nous voulons impulser et dont nous voulons faire notre règle. Il suffit pour se convaincre du bien-fondé de cette démarche de rappeler les différentes étapes de ce projet et les difficultés qu’il a fallu surmonter. 2 C’est en 1988 que les Européens ont choisi de faire converger leurs efforts pour la mise au point de cette thérapie du cancer du cerveau. Au total, 14 pays européens sont actuellement mobilisés, avec le soutien de la Commission Européenne, pour développer, autour du réacteur à haut flux, ce qu’on appelle le BNCT. C’est cette collaboration qui permet à l’Europe de s’imposer aujourd’hui comme acteur majeur en ce domaine. Il est clair que les ambitions de ce projet étaient telles que les capacités financières et scientifiques d’un seul Etat membre ne pouvaient suffir : il a donc fallu regrouper les moyens de chacun, et y ajouter le soutien financier de la Commission, pour atteindre la “masse critique” indispensable. Mais les contraintes économiques n’étaient pas les seules difficultés à surmonter. En effet, du fait du caractère supra-national du projet, il a fallu créér une organisation spéciale avec une structure contractuelle particulière. En outre, d’un point de vue médical, un protocole d’étude uniforme applicable à tous les patients concernés a dû être élaboré. Cela n’a pu se faire qu’avec la participation active de toutes les cliniques impliquées et des comités d’éthique concernés. De tout ceci, il ressort clairement que les obstacles à tout projet conçu à l’échelle européenne peuvent être surmontés dès lors que la volonté d’aboutir est suffisante. Le résultat est là : nous sommes en effet en présence du premier cas où une application clinique est traitée à un niveau supra-national, en utilisant une installation unique autour de laquelle s’est constituée une équipe internationale d’experts, pour traiter des malades qui viendront des services de neurochirurgie d’hôpitaux d’Amsterdam, de Brème, de München, de Graz, de Nice et de Lausanne. Cette étude clinique est conduite sous les auspices de l’”European Organisation for Research and Treatment of Cancer”. L’université de Essen a la responsabilité clinique globale et fournit les radiothérapeutes et les médecins. Le Centre commun de recherche apporte son appui scientifique et technique pour le faisceau de neutrons et la sécurité opérationnelle de l’installation médicale, en coopération avec la Fondation néerlandaise de recherche en matière d’énergie. La coordination de l’étude est assurée par l’Université de Brème. Je ne voudrais surtout pas oublier le rôle essentiel du personnel médical qui apporte aux malades le soutien psychologique nécessaire dans l’épreuve qu’ils traversent. Il me faut à cet égard souligner le travail remarquable de l’hopital du Vrije Universiteit Amsterdam. 3 Pour conclure, je voudrais dire que chacun doit avoir pleinement conscience que le chemin à parcourir sur la voie qu’emprunte aujourd’hui nos chercheurs sera longue et difficile. Il importe donc de ne pas faire naître des espoirs qui ne pourraient être que déçus dans le court terme. Néanmoins ce qui s’entreprend ici aujourd’hui ouvre de nouvelles perspectives, riches de promesses, dans la lutte contre ce fléau qu’est le cancer. A ceux qui doutent encore parfois de l’Europe, l’équipe réunie autour de Petten et les institutions qui la soutiennent apportent une parfaite démonstration de ce qu’apporte une Europe solidaire où chacun offre ses compétences et ses ressources pour l’amélioration concrète des conditions de vie des femmes et des hommes de notre continent. 4