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Sociologie des changements sociaux (Alexis Tremoulinas) La notion de changement social est tardivement introduite par William Ogburn en 1922.Le but est de s’émanciper des réflexions sur le progrès ou l’évolution. Le changement social, c’est d’une certaine manière toute la sociologie, et inversement, faire de la sociologie conduit à étudier différents changements sociaux. C’est au moment où la société suit d’importantes voies de développement que les théories du changement social sont adéquates pour les expliquer (exemple des 30 Glorieuses). Le défi de la sociologie aujourd’hui est de faire une sociologie de l’évènement, c’est-­‐à-­‐
dire une sociologie qui interprète les ruptures brutales dans l’histoire récente (Mur de Berlin ou 11 septembre 2001). On définit le changement social comme un fait social central pour la sociologie. Pour Durkheim : Tout changement social consiste en une transformation qui s’impose aux individus. Par exemple, l’urbanisation est un processus dans lequel les individus sont pris ( Monsieur A change de maison , quitte sa maison à la campagne pour un appartement en ville : changement individuel ; le nombre et la proportion de citadins augmentent depuis un siècle : changement social.) Tous les changements sociaux, économiques, politiques ou démographiques ont la même nature. Sont sociaux tous les changements dont on peut rendre compte sociologiquement. Chapitre 1 Changement social et naissance de la sociologie Le changement social engendre la sociologie. Elle a été capable d’interroger les évènements historiques qui lui ont donné naissance. Elle est en effet la fille des révolutions du 19ème siècle. Raymond Aron, élève de R. Nisbet, publie en 1967 « Etapes de la pensée sociologique ». Il veut montrer le lien unissant les sociologues majeurs de la fin du 19ème siècle (Durkheim, Weber, Pareto) aux fondateurs (Comte, Marx, Tocqueville, Montesquieu). Selon lui, la sociologie n’est pas engendrée par une série de ruptures comme chez Nisbet, mais provient de la lente maturation de concepts élaborés dès l’Antiquité, d’une pensée au cours des siècles. De son côté, Christian Laval propose une relecture des sociologues classiques. Pour lui, c’est parce que la société a changé de forme à la fin du Moyen-­‐Age en passant d’un stade chrétien à un stade marchand que la sociologie peut s’affirmer. Il s’agit de créer le lien social non plus sur une commune croyance religieuse mais sur le seul rapport d’intérêt. Ainsi, le marché remplace la religion comme force structurant la société. Ici, la naissance de la sociologie apparait comme une critique vis-­‐à-­‐vis de l’économie politique. Ainsi, la sociologie apparait soit comme la réponse conservatrice à la révolution politique de 1789(selon Nisbet), soit comme une réponse scientifique à l’économie politique(selon Laval). Cependant, c’est en étudiant les transformations de la R.I que les travailleurs sociaux ont débuté les premières enquêtes sociologiques. Ces enquêtes sociales comportent 4 caractéristiques communes qui les définissent comme sociologique : -­‐
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Elles pénètrent des mondes inconnus, c’est-­‐à-­‐dire inaccessibles aux classes supérieurs. (observation du monde ouvrier par Villermé) Elles introduisent des éléments importants : statistiques ou documents originaux. Possibilité de recul critique. Elles insistent sur le détail et mettent l’accent sur la mesure : Villermé détaille les différents budgets des ouvriers lyonnais. Elles recherchent la vérité scientifique. Elles créent la comparaison comme outil méthodologique : Villermé compare les budgets ouvriers de famille à famille. Ainsi, les changements sociaux du 19ème siècle sont des éléments favorables à l’émergence de la sociologie. Le changement chez Durkheim est avant tout une place historique de transition entre deux états stables de la société. Cependant, dans « La Division du travail social » 1893 , Durkheim cherche à analyser le changement à partir de trois phénomènes concomitants : -­‐
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Approfondissement de la Division du travail Le passage d’une solidarité de type mécanique à une solidarité de type organique Un phénomène de densification. Cette densification est à la fois matérielle (↗ du volume et de la densité moyenne de population) et morale. Il y a une forte densité en ville mais aussi une forte division du travail. Il y a donc un rapport entre densification et accroissement de la division du travail. C’est à Nisbet que l’on doit la reconstruction qui vise à faire de la sociologie , une analyse du passage à la modernité. On peut associer l’idée de tradition, modernité aux formes de solidarité chez Durkheim et les types de socialisation chez Weber. Il y a ainsi un développement de la question de l’urbanisation. Urbanisation plus forte en Angleterre du fait de la forte industrialisation. On parle de « villes champignons ». L’urbanisation avec l’exode rurale et l’arrivée massive de migrants dans les menacent l’ordre social. C’est ainsi que l’école de Chicago s’est constituée avec une ville comme un laboratoire à ciel ouvert. Deux changements sociaux vont de pair au 19ème siècle : l’urbanisation et l’individualisation. On trouve à la ville l’idéal-­‐type de l’individu moderne. C’est donc l’urbanisation qui conduit à l’individualisation. Simmel développe fortement cette perspective dans ses études sur la sociabilité où il s’intéresse aux appartenances sociales des individus. Le vagabond est alors celui qui n’a pas sa place dans la société et erre entre les communautés cherchant la charité. Le passage au monde urbain transforme la sociabilité. Les individus sont regroupés en « cercles sociaux » et celui qui n’en a pas ou plus ne peut être considéré que comme un exclu. Ainsi l’urbanisation a une conséquence positive, l’individualisation pensée sur le mode de l’affranchissement vis-­‐à-­‐vis des communautés traditionnelles et une négative c’est-­‐à-­‐dire l’exclusion de toute appartenance sociale. Le changement social ici identifié consiste en ce passage d’une société féodale à une société capitaliste. Pour Marx, sa naissance est due à l’accumulation primitive de capital par une classe révolutionnaire, la bourgeoisie. Il avance une conception matérialiste de l’avènement du capitalisme en partant des rapports de propriété dans les campagnes. Pierre Bourdieu parlait de complémentarité des analyses marxistes et wébériennes. « C’est parce que Marx a vu ce qu’il a vu que Weber a pu voir ce qu’il a vu ». Ce n’est pas contre mais en complément de Marx que Max Weber propose une explication différente. Pour Weber, c’est l’avènement, non pas du capitalisme mais de l’esprit du capitalisme dont il est ici question. Dans « L’Ethique Protestante et l’Esprit du capitalisme » Weber montre qu’un certain ethos puritain est à l’origine de l’esprit du capitalisme. Il a bien identifié un lien causal non pas entre protestantisme et capitalisme mais entre éthique protestante et esprit du capitalisme. De plus, il faut installer la sociologie compréhensive avec les contextes d’orientation de l’action et les interactions entre phénomènes. Le changement d’état de la société féodale à la société capitaliste conduit à une explication de moyenne portée. Ainsi, cette théorie wébérienne nous apprend qu’aucune théorie ne peut expliquer tous les phénomènes et changements de l’époque. Chapitre 2 Changement social et théories sociologiques Evolutionnisme : expliquer le fonctionnement des sociétés à partir de modèles abstraits et englobant. On distingue 2 modèles : Comte avec la loi des 3 Etats (Etat théologique, métaphysique et scientifique -­‐> rappel !) et Marx qui distingue plusieurs types de sociétés : Asiatiques : principe d’exploitation réside dans le contrôle des moyens d’irrigation. Antiques : l’esclavage est la forme d’exploitation Féodales : le servage tient lieu d’exploitation Capitalistes : c’est le salariat qui fait office d’exploitation. Le passage d’un type de société à une autre est la lutte des classes. Affrontement entre bourgeoisie et aristocratie lors de la révolution française conduit à un affrontement dont sortira vainqueur l’ancienne classe dominée qui va devenir la nouvelle classe dominante face à une nouvelle classe dominée, le prolétariat. Ainsi, il existe une puissance endogène de polarisation et fragmentation. Forte critique de Karl Popper : Dans, Economia Misère de l’historicisme 1944-­‐1945, il dénonce l’historicisme de Marx comme une forme de totalitarisme. Il déclare que le cours de l’histoire dépend en grande partie de l’augmentation des connaissances, mais il est impossible de prédire cet accroissement donc nous ne pouvons pas prédire le cours futur de l’histoire humaine. Pour lui, les théories, en faisant l’économie de toute confrontation sérieuse avec les changements sociaux réels ne peuvent être réfutées. Or la réfutabilité chez Popper est une condition de scientificité. Une approche de R. Boudon aboutit à une typologie des changements sociaux selon qu’ils sont endogènes ou exogènes. Un exemple exogène est donne par L’Ethique Protestante : un changement dans la sphère religieuse entraine un changement dans la sphère économique. Un changement endogène apparait pour Boudon dans un système donné. Il est évolutif si s’il transforme le système. La prédiction : Selon Popper, elle est bien sûr impossible cependant elle peut être possible. En effet, certains sociologues ont prédit la chute de l’empire soviétique. Collins montre que les désavantages politiques accumulés par l’union soviétique lors de la guerre froide( forte extension de l’empire et dispersion des moyens militaires et économiques) interagissent. Il en avait déduit une chute non pas d’un conflit nucléaire avec le bloc opposé mais d’une lente désagrégation de l’empire. Collins peut prédire l’affaiblissement mais ne peut dater l’évènement : le propre de toute révolution est d’être un changement social brutal apparent qui est l’expression d’un changement social structurel. La prédiction peut ainsi être possible en science sociale en réunissant 3 conditions : -­‐
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Un nombre importants de faits sûrs (empirique) Un canevas théorique adapté Une épistémologie avec des explications en fonction de faits situés et datés. Michel Forsé et Henri Mendras dans Le changement social 1983 , chaque théorème énoncé a pour but d’aider à prédire le changement social, mais il n’existe pas de loi propres au-­‐dessus du changement social. Il faut étudier les innovations et constater leur diffusion. Ainsi, il existe un certain nombre de paradigmes dont en résulte un théorème épidémiologique : Une innovation se diffuse dans une population comme peut le faire une épidémie. Observons le changement social en schéma, l’intérêt du schéma de Coleman(ci-­‐dessous) , le Coleman’s boat consiste à distinguer le niveau microsociologique du niveau macrosociologique. Par exemple dans le cadre de l’explication wébérienne , l’action organisationnelle est ici la doctrine protestante, l’effet sur les individus sont les valeurs, les actions individuelles sont le comportement économique et l’effet sociétal est ainsi le capitalisme. La modélisation : on peut prédire et mettre en schéma les changements sociaux, on peut alors les modéliser. Le changement social représente d’un point de vue mathématique un des champs d’application les plus féconds. Hernes, propose une distinction entre le résultat d’un processus, sa fonction et ses paramètres. Cette distinction le conduit à une typologie des changements sociaux : -­‐
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Reproduction simple : absence de changement social Reproduction élargie : reproduction de la fonction et du paramètre de la structure mais avec un changement du résultat. (ex :fausse démocratisation scolaire : le nombre d’étudiants au final a augmenté mais les règles pour la reproduction des élites sont conservées) Transition : le résultat et le paramètre changent. Transformation : les situations où tout change. Ainsi, les lois peuvent se modifier par le changement mais le changement n’est pas expliqué par les lois. Le changement est premier et la loi est seconde. On parle de nomologisme déictique (selon Jean-­‐Claude Passeron 1991) sur les conditions qui caractérisent les lois sociologiques car elles sont moins souvent réunies vu la diversité des expériences humaines. On attribue aux sciences sociales, l’ambition de dire le vrai à propos de la société. Les changements sociaux influent sur les lois. Pierre Bourdieu dans La distinction propose une critique de la philosophie classique quand celle-­‐ci prétend déceler dans la nature des formes pures de beauté. Or selon Bourdieu, le beau n’existe que comme jugement de classe et non comme réalité en soi. Les jugements esthétiques varient d’une classe sociale à l’autre en passant de la musique, à la nourriture mais aussi par la peinture. A chacune des classes peut être associé un ensemble de pratiques et de préférences culturelles. Cette loi de la distinction était applicable dans les années 60. Mais avec les changements sociaux, cette distinction n’est plus valable. Aujourd’hui, la disctinction culturelle oppose des classes supérieures omnivores et des classes populaires univores. Est omnivore celui qui apprécie des genres musicaux variés alors que l’univore n’écoute qu’un genre. On distingue l’éclectisme des classes supérieures et de l’autre des pratiques culturelles populaires qui se confondent avec la figure du fan adepte d’un seul type de musique et souvent d’un seul artiste. Il y a eu un changement dans la sphère culturelle avec l’apparition d’une véritable culture de masse inconnue à l’époque de Bourdieu et un changement dans la structure sociale avec de nouvelles manières de se distinguer (pour les classes supérieures). Chapitre 3 Les niveaux d’analyse sociale Au niveau macrosociologique : le changement social radical. Un changement est radical quand il est brutal et rapide. (ex : révolutions). Peter Baehr dit que les changements sociaux correspondent à des évènements sans précédent mais la sociologie n’aime pas considérer la radicalité des changements. Les camps d’extermination et le nazisme sont pour Hannah Arendt des évènements sans précédent. Elle s’oppose aux sociologues d’après-­‐guerre qui font de ces évènements des cas limites de situations sociales communes. Des sociologues cherchent à rapprocher l’expérience des camps d’autres phénomènes comme l’esclavage, la prison, pour réaliser une sociologie de l’identité à partir d’un cas limite, les camps de concentration. Par exemple, Collins avait prévu la chute de l’Union soviétique mais non l’évolution de l’ancien bloc socialiste. De même, on pouvait prévoir la chute de la république de Weimar et non l’avènement du nazisme. Enfin, le 11 septembre 2001 constitue un cas limite d’attaque terroriste et non une attaque terroriste sans précédent selon les sociologues, en revanche, il constitue un évènement radical pour les relations internationales. La nébuleuse postmoderniste du changement social Les changements dans la société proviennent du changement de la société. Les changements affectent les valeurs des individus. Ainsi, le développement économique conduit à l’adoption de valeurs postmatérialistes telles que la rationalité, la tolérance ou encore la confiance. Celles-­‐ci sont en accord avec les besoins nouveaux dans un contexte de richesse croissante  épanouissement personnel, meilleure qualité de vie, protection de l’environnement. Ainsi, le développement économique a des conséquences culturelles et politiques. Les valeurs traditionnelles se perdent face aux valeurs rationnelles et séculières et les valeurs postmatérialistes ( donner de l’argent aux pauvres et fournir de l’aide aux pays pauvres, s’épanouir dans le travail est plus important que gagner un bon salaire) prédominent sur les valeurs matérialistes( dvlpt éco et la sécurité sont les choses les plus importantes). Ainsi, on n’assiste pas à une américanisation des valeurs dans le monde car chaque pays évolue selon ses particularités mais aussi car les Etats-­‐Unis ont certes des valeurs postmatérialistes mais leur éthique est aussi traditionnelle que les pays en développement. Au niveau local Les études de communauté sont exemplaires car elles combinent la plupart des méthodes sociologiques et qu’elles permettent d’extrapoler à l’échelle globale les résultats obtenus au niveau local. A travers l’étude d’une ville de 40000 habitants dans l’Indiana, on observe que : -­‐
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Les changements sociaux intervenus rendent comptent des changements observés au niveau des Etats Unis.( ↗ télévision dans les loisirs, uniformisation des croyances religieuses) La reproduction du système de classes est le fait majeur autour duquel s’organise quelques petits changements. Le changement est d’autant plus subordonné à la reproduction que des changements apparemment flagrants masquent une absence de changement réel. Les institutions : niveau mésosociologique. Le niveau mésosociologique se situe en position intermédiaire entre l’histoire au long cours et les petits changements ponctuels et locaux. La sphère de la famille par exemple enregistre 5 évolutions : -­‐
Le développement de la famille nucléaire (parents et enfants) : modernité occidentale. -­‐
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La privatisation de la famille : chambre à coucher devient un espace privé, la famille interfère moins dans les choix de ses membres. Homogamie et plus endogamie. Les formes familiales minoritaires sont mieux tolérées : le divorce est davantage toléré dans les années 2000 du fait de sa banalisation. La famille n’est plus l’unique instance de socialisation primaire : elle est concurrencée par l’école. Les formes familiales se diversifient : diminution du mariage(416000 en 1972 ; 280000 en 2003), l’âge moyen du premier mariage augmente(23.5 en 1975 à 29 ans en 2000), la part des naissances hors mariage augmente également(6.8% en 1970 et plus de 40% depuis 1998) et le divorce aussi( 30000 en 1960, 125000 en 2003). La religion connait aussi des évolutions : -­‐
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La sécularisation de la religion : la pratique religieuse continue de baisser. Le subjectivisme et l’individualisme religieux se développent : l’individu se démarque de plus en plus de l’institution et qu’il interprète plus librement les textes religieux. De plus, l’individu combine ses croyances à divers courants. Le relativisme religieux s’accroit : les individus croient de moins en moins que leur religion détient la vérité. La religion n’est plus la seule instance quant à la socialisation spirituelle : elle est concurrencée par l’Etat notamment par l’école. Le champs religieux connait une spectaculaire recomposition interne depuis 1970 : Essor des sectes, des reconversions. Y a-­‐t-­‐il un lien entre religion et famille ? Dans les deux cas, la tendance est à l’individualisation des comportements. Est-­‐ce les formes familiales qui affectent la religion ou l’inverse ? On peut croiser les changements sociaux pour un pays et une période donnés mais aussi entre plusieurs pays. On peut ainsi comparer les formes de famille et la religion entre la France et les Etats-­‐
Unis. Cependant, ce projet est trop ambitieux, le problème est de savoir comment faire la part entre un changement global et les spécificités nationales. Chapitre 4 Trois tendances récentes du changement social dans les pays occidentaux. Les changements du travail *Le travail des femmes constitue un laboratoire pour étudier les changements sociaux : l’évolution des rapports de genre et les transformations à l’œuvre dans le monde du travail. Margaret Muruani (2000) part de trois faits sous forme de paradoxes pour caractériser l’évolution du travail des femmes en France et en Europe depuis 1945 : -­‐
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La place des femmes dans le salariat s’est développée mais des inégalités de genre se sont maintenues. Leur taux d’activité a augmenté mais elles sont moins rémunérées et sont fixées dans certaines professions. La persistance du chômage depuis les années 1970 n’a pas touché la féminisation du salariat car les femmes ont des emplois dans des secteurs en expansion (santé, éducation) Les 4 millions de femmes du salariat entrées dans les années 1980-­‐90 ne se sont pas dispersés dans la structure professionnelle. On constate une ségrégation verticale (accès aux postes de direction) mais aussi horizontale( 50% des femmes actives sont des employés) -­‐
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Il existe une tolérance sociale au surchômage féminin : En France, en 2004, les femmes sont 46% des actifs mais 51% des chômeurs. La féminisation d’une profession rime avec dévalorisation :Un métier qui se féminise se dévalorise, inversement un métier qui se dévalorise se féminise. Sauf médecine, journalisme. La qualification est une construction sociale sexuée, au profit des hommes : les talents considérés naturellement féminins ne sont pas rémunérés à leur juste valeur productive (faire la cuisine, la vaisselle et surveiller les enfants en même temps) Il existe donc une discrimination salariale : l’écart de salaire selon le genre varie de 15 à 27%. Il y a eu depuis 1980 un développement des FPE, formes particulières d’emploi qui regroupent le temps partiel, l’intérim , les CDD et les emplois aidés. Sur 27.4 millions d’actifs en 2004, 6.8 sont concernés par ces FPE. Les jeunes y sont nombreux(intérim) mais aussi les femmes(temps partiel). Essor du salariat féminin : vers un nouveau prolétariat ? Quelques exemples de professions féminisées où l’exploitation est flagrante : les femmes de chambre. Elles sont souvent immigrées, étrangères et analphabètes, embauchées à temps partiel. C’est souvent du travail à la chaine (ménage dans les hôtels). Tout conflit social apparait comme non légitime et est considéré comme une vraie lutte, de longue haleine pour revendiquer leurs droits et un minimum de dignité. On peut aussi prendre l’exemple des caissières de supermarché. Elles sont soumises aux exigences de l’employeur, elles sont à sa disposition en fonction de l’affluence des clients. On pourrait rajouter les mauvaises conditions de travail et un mauvais aménagement du temps de travail. Leur productivité peut même être mesurée. L’essence de l’ordre social sexué trouve son origine dans la présentation d’une différence socialement construite comme invariant biologique et donc naturel. Il existe une valence différentielle des sexes. (ex : sang des hommes versé par le guerrier et sang des femmes versé lors des menstrues) Ce changement social que constitue l’arrivée des femmes sur le marché du travail effleure donc l’ordre social. Il n’est pas déstabilisé mais il en résulte des inégalités de genre. *Modification des conditions de travail. Il y a eu une forte détérioration de ces conditions matérielles de travail entre 1984 et 1991. Cela s’expliquerait par des hiérarchisations professionnelles très rigides. Avec une volonté d’augmenter la productivité, il y a eu une hausse importante d’accidents du travail et de maladies professionnelles. De plus, la réduction du temps de travail a conduit les non-­‐ouvriers à échanger 4 heures par semaine contre une flexibilisation plus grande de leur travail. Puis, forte chute avec la mise en place des inspections du travail qui a entrainé les entreprises à mettre en place des politiques de prévention des risques. On peut ajouter à cela une souffrance psychologique des travailleurs. Par exemple, l’évaluation d’un salarié par ses supérieurs est une forme de violence symbolique mais aussi une source d’angoisse à l’approche de chaque entretien. Cela est dû aux nouvelles normes de management, qui imposent des exigences d’encadrement. Il y a une forme de précarisation du salariat. Michel Pialoux a montré que cette précarisation provenait de la rencontre entre une population spécifique (jeunes) et d’une forme particulière d’emploi précarisé(l’intérim). Ainsi, le travail en fast-­‐food  laboratoire de précarisation( des jeunes de 18 à 25 ans à temps partiel). Ce travail est flexible, polyvalent et encadré. La flexibilité économique recherchée par les entreprises se traduit pour les salariés par un ajustement du temps de travail et des conditions d’emploi précarité. On peut rejoindre ici les métamorphoses du capitalisme : -­‐
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Au niveau des qualifications, la compétence remplace le diplôme. L’intermittence constitue l’horizon du salariat car cela peut se définir comme la forme condensée et essentielle du projet L’apparition de nouvelles inégalités : les bons avec les bons , les mauvais avec les mauvais. Ex : meilleur film= meilleur réalisateur. Ce sont des inégalités intracatégorielles. Les rémunérations salariales sont de plus en plus inégales. La recomposition des inégalités Les évolutions dans la sphère du travail engendre de nouvelles inégalités. Il y a -­‐
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Un accroissement des inégalités traditionnelles(revenu et patrimoine). Une multiplication des dimensions inégalitaires( diplômes, santé) Recomposition de ces inégalités selon de nouveaux critères (âge, genre, couleur de peau) Les inégalités de niveau de vie peuvent être remarquées selon les inégalités de salaires qui sont de 3,1( rapport inter-­‐décile), de patrimoine. Or, les transferts et les impôts n’arrivent pas à corriger les inégalités de patrimoines et de revenus mais c’est l’évolution même de la taxation qui rend compte de cet accroissement des inégalités, en permettant aux très hauts revenus de constituer des patrimoines transmis aux futures générations. Le rôle des diplômes s’est renforcé dans la société quant à la structuration des inégalités. La démocratisation de l’école s’est accompagnée d’une ↗ des inégalités de diplômes. Il y a une différence notamment au niveau des classes supérieures et populaires quant aux chances d’obtenir un diplôme. De plus, un même diplôme donne de moins en moins les mêmes chances d’obtenir un emploi. Massification de l’université enfermée les classes populaires dans un piège scolaire. La santé constitue un domaine connu dans les nouvelles dimensions des inégalités. On parle ici d’inégalités d’accès aux soins médicaux et aux prestations sociales. Il existe aussi une inégalité corporelle, les gros et les obèses sont majoritairement des pauvres tandis que les classes supérieures sont davantage filiformes. On peut expliquer cela par des histoires de classes sociales qui n’accordent pas la même valeur au corps. Louis Chauvel dans Le destin des générations 2002 distingue 7 dimensions d’une fracture générationnelle : -­‐
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La répartition du pouvoir d’achat a changé. Les fruits de la croissance sont réservés aux plus de 45 ans. La structure socioprofessionnelle : la proportion d’emplois qualifiés qui a augmenté pour la génération précédente stagne pour les jeunes d’aujourd’hui. L’effet de rémanence : Pour ceux qui n’ont pas fait leur place à 30 ans, il est trop tard et les conditions sociales se figent. La situation de la génération qui suit est plus difficile que celle de ses parents. Diminution des effets de l’ascenseur social. Risque de dyssocialisation c’est-­‐à-­‐dire de non correspondance entre la formation reçue et les conditions réelles d’entrée dans cette société. Risque de l’échec conséquences psychologiques destructrices. -­‐
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Transmission du modèle social aux générations futures apparait difficile avec la crise de l’Etat providence Le problème de transmission politique : les plus âgés accaparent le pouvoir Le chômage de masse a émergé depuis 1970 et et s’est développé pour devenir la préoccupation majeure des français au début du 21ème siècle avec un taux d’environ 10%. Louis Chauvel affirme que les chômeurs constituent un groupe social en gestation. Il rajouterait une PCS : les chômeurs chroniques qui se seraient constitués d’une installation durable du chômage. Or ceux-­‐ci ne peuvent former un groupe social à part entière autour d’une identité sociale : -­‐
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Problème du passager clandestin qui affecte toute mobilisation (paradoxe d’Olson, 1968) Les chômeurs sont des individus faiblement dotés en capitaux scolaires pourtant essentiels à l’action collective. Les chômeurs comme d’autres groupes des « sans » (papiers, domiciles) ne trouvent dans cette absence de travail qu’une identité négative. Au-­‐delà de la montée du chômage, on observe une montée de l’instabilité professionnelle. La crainte de perdre son emploi est de plus en plus forte. Dans La Misère du monde 1993 Bourdieu veut montrer que la misère procède d’autant de la pauvreté économique que du désajustement entre l’habitus et les conditions réelles de vie à l’âge adulte. La misère peut donc concerner tout le monde. Le changement de la structure sociale *Les nomenclatures résument l’histoire sociale des catégories professionnelles, des rapports de production et des inégalités. Ces évolutions sur le marché du travail, et la recomposition des inégalités ont des conséquences sur la représentation de la structure sociale. Henri Mendras synthétisait les changements sociaux par une toupie symbolisant la moyennisation de la société française. La mobilité sociale des classes supérieures même minime affecte leur composition. Les classes supérieures tendent à se caractériser par l’accumulation de plusieurs consommations culturelles, de plusieurs lieux de résidence, de plusieurs appartenances. 3 ordres permettent de définir la nouvelle bourgeoisie internationale : -­‐
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L’éclectisme culturel : bourgeoisie omnivore, elle est capable à la fois de faire de l’histoire familiale une tranche d’Histoire (rappel ! Pinçon et Pinçon-­‐Charlot) L’ubiquité résidentielle : la bourgeoisie dispose de plusieurs autres lieux en plus de son domicile principal. Le cosmopolitisme : la bourgeoisie participe de plusieurs champs nationaux. Elle est polyglotte et envoie les enfants étudier à l’étranger. Dans les 3 cas , il s’agit d’un principe d’accumulation et non de dispersion. Celui qui appartient à la nouvelle bourgeoisie cultive un patriotisme de classe. Classes populaires enfermées. Au moment où les classes supérieures s’internationalisent, on remarque en France , un repli national des classes dominées. On note une réticence vis-­‐à-­‐vis de l’étranger (société fermée) à l’opposition d’une société ouverte des classes supérieures mais aussi une tendance à la fragmentation. Ex : jeunesse impopulaire confrontée aux systèmes scolaire, professionnel, judiciaire. Classe en soi, le monde populaire éclate en plusieurs oppositions. Les classes moyennes constituent au contraire la constellation centrale autour de laquelle s’intègre l’ensemble de la société française. Ex : port du blue-­‐jeans ou barbecue, phénomènes interclasses  émergence des classes moyennes comme centre de la société. Puis , on retrouve une société ou la classe moyenne diminue quelque peu et où celles-­‐ci partagent l’espace urbain avec les classes populaires. Dans une société où les inégalités ↗ et se recomposent, on pourrait s’attendre à une hausse de l’immobilité sociale. Or, le paradoxe constate l’inverse, la fluidité sociale augmente en France alors que les inégalités repartent à la hausse depuis les années 1970. Ainsi, il s’agit d’une société plus inégalitaire et plus fluide : la course pour obtenir de bonnes places est plus ouverte mais l’échec est d’autant plus douloureux que l’épreuve en est légitime. Les mutations du capitalisme : les trois changements sociaux décrits font système car l’on voit comment les transformations du travail ont des répercussions sur la recomposition des inégalités qui ont-­‐elles mêmes des conséquences sur la structure sociale. La place prépondérante du marché du travail comme moteur des transformations. Michel Forsé conclut au rôle moteur de l’extension de la précarité combinée à la hausse continue des qualifications. De plus, la moyennisation s’est dissoute remplacée par une logique de polarisation. Les transformations du marché du travail jouent donc un rôle important dans les changements sociaux intervenus à la fin du 20ème siècle. Serge Paugam montre que le type d’intégration professionnelle a de nombreuses conséquences sur la santé psychique et les relations familiales des salariés. Si les inégalités sociales peuvent accroitre de nouveau et se redéployer après avoir été réduites, c’est parce que les conflits ont diminué. Le passage d’une classe en soi à une classe pour soi a permis à la société de se structurer en classes mobilisées autour d’une identité commune et intense  mise en place par la suite de l’Etat-­‐Providence. Cette baisse des inégalités entraine une baisse des conflits sociaux ce qui est propice au retour des inégalités. On parle ainsi de conflits cycliques. Le capitalisme est un système économique et aussi un système idéologique dont les modes de justification se transforment à mesure que les institutions économiques évoluent. Le capitalisme possède un esprit malléable pour s’adapter aux circonstances. L’autonomie et l’initiative individuelle sont fortement développées. L’esprit du capitalisme fonctionne comme une théodicée du bonheur. Max Weber a dit « il ne suffit pas d’être riche pour être heureux ; il faut être convaincu de la légitimité de sa richesse pour profiter pleinement de son bonheur ». Conclusion Les changements sociaux ont contribué à la naissance de la sociologie. En retour, la sociologie comme discipline et savoir suscite différents changements sociaux. Tenants de paradigmes opposés, Bourdieu et Coleman se retrouvent quand il s’agit d’essayer de transformer la société grâce au savoir accumulé sur la sociologie. Cette médecine du social apparait d’autant plus indispensable au moment où les inégalités sociales s’accroissent, se multiplient et se recomposent par les transformations du capitalisme. 
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