TERRES D’ARIÈGE - 16 AVRIL 2012 9 numéro spécial sanitaire GDS 09 - LVD 09 ■ PARATUBERCULOSE . chez les bovins. L a bactérie Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP), est l'agent de la paratuberculose, capable d'infecter les bovins mais aussi les ovins et caprins, et de façon plus aléatoire les ruminants sauvages. Ce microbe colonise de proche en proche le bout de l'intestin grêle puis le caecum et le colon. Parmi les bovins infectés, seuls certains, par un mécanisme encore inconnu, développent un tableau clinique et lésionnel, d'intensité et de spécificité croissantes avec le temps, généralement à partir de l'âge de 2 ans. Des symptômes assez caractéristiques Chez les bovins, après une incubation longue (> 2 ans), la paratuberculose se traduit par un ramollissement des bouses puis par une diarrhée chronique, d'apparition progressive et d'intensité croissante, évoluant sur plusieurs semaines à plusieurs mois. Les bouses sont très liquides et émises en jet. Des phases de rémission avec des selles plus moulées sont possibles mais généralement, l'issue est fatale (mort “naturelle” et très souvent euthanasie). L'entérite chronique avec l'épaississement de la paroi intestinale est responsable d'une baisse de digestion et d'absorption des aliments, couplée avec des pertes d'eau : cela conduit à un amaigrissement irréversible, sans fièvre (“squelette ambulant”) avec une sous production évidente et l'apparition d'oedèmes froids (dits de “misère”). L'appétit est pourtant conservé ("”l'animal meurt avec le foin dans la bouche”). Les lésions spécifiques restent localisées à l'intestin épaissi, qui prend un aspect encéphaloïde (“la maladie du boyau blanc”) associé à une augmentation de taille très significative des ganglions voisins mésentériques. La contamination du bovin La porte d'entrée du microbe MAP est toujours orale, avec une dissémination locale d'abord pharyngée puis intestinale. MAP est principalement retrouvé dans l'intestin : toutefois la traversée de la paroi intestinale est possible avec passage dans le sang (bactériémie) le distribuant dans le foie, le lait, le placenta, le fœtus et parfois le sperme. L'âge influe beaucoup car la réceptivité est maximale dans les 4 premiers mois de vie : audelà d'un an, le bovin devient moins sensible. La sous-alimentation et le parasitisme lié aux vers (grande douve surtout) modifient la réponse immunitaire : dès lors le bovin n'arrive plus à éliminer MAP. Une réaction de l’organisme en deux temps Après ingestion du MAP, l'organisme du bovin tente de réagir. Le début de l'infection est contrôlé par la réponse immunitaire à médiation cellulaire (RIMC) : cette réponse est liée à l'activité conjointe de cellules spécialisées. Elle ne se mesure que par des tests allergiques (intradermoréaction) ou par le dosage d'interféron gamma. Plus l'évolution de la maladie avance, plus la RIMC décline, laissant libre cours à l'invasion bactérienne localement mais aussi dans le sang (bactériémie). C'est le moment où apparaissent les anticorps (Ac) spécifiques de la bactérie MAP : ceux-ci, sans rôle protecteur, sont surtout les témoins de l'in- “L’iceberg” paratuberculose fection très avancée de la paratuberculose. Les contaminations entre bovins ✔ La transmission horizontale directe est majeure (“cycle fécaloral”) par les relations physiques de mères à veaux (trayons souillés par les bouses, colostrum, lait). ✔ La transmission horizontale indirecte par l'environnement souillé (sol des bâtiments, herbage) est possible mais moins influente. ✔ La transmission verticale de la mère au fœtus est avérée mais moins fréquente. Le microbe MAP et les matières infectieuses MAP est un microbe remarquablement résistant. Tableau 1 : La remarquable résistance de Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP) ● dans l'environnement : . Fécès 11 mois . Litières : 9 mois . Eau stagnante 9 mois Inhibé par la fermentation lactique de l'ensilage ● aux désinfectants : . non détruit par ammoniums quaternaires . détruit par les autres désinfectants usuels : formol,eau de javel… Les bouses constituent l'élément le plus infectant, disséminant largement MAP dans l'environnement : leur concentration en microbe s'accroît avec l'intensité de la maladie. Le colostrum et le lait sont aussi sources de MAP mais là aussi, leur " richesse " microbienne s'accroît avec l'intensité des signes de diarrhée : plus les bovins deviennent de forts excréteurs fécaux, plus le colostrum et le lait sont infectés. Les bovins infectés malades disséminent de façon intense MAP tandis que les bovins infectés, encore sans symptômes, le font selon leur stade d'infection - de façon plus insidieuse. Circonstances d’apparition Les jeunes adultes entre le 1er vêlage et 5 ans d'âge représentent 75 % des cas cliniques. La “paratuberculose maladie” est rarement décrite avant l'âge de 2 ans. L'évolution est généralement endémique, évoluant à bas bruit : le taux d'infection dans les cheptels varie classiquement de 5 à 20%, le taux de morbidité (% des animaux malades) oscille entre 1 et 5 %. Dans un élevage infecté, on retrouve différentes classes d'animaux atteints : les malades ne constituent que la partie émergée de " l'iceberg paratuberculose " (figure 1). Une large partie (Stade II) est représentée par les bovins infectés, “futurs” malades mais déjà excréteurs de MAP dans les bouses : le Stade I regroupe les bovins infectés mais n'excrétant pas : ceux-là résistent grâce à leur réponse immunitaire. Ils peuvent à tout moment basculer vers le stade II. Diagnostiquer impérativement Nombreux sont les cheptels ariégeois et nationaux, infectés sans le savoir. Le diagnostic par autopsie est possible mais peu réalisé en routine. Différentes méthodes permettent de détecter la maladie du vivant de l'animal. Diverses méthodes pouvant être complémentaires sont utilisées : ✔ La mise en évidence directe du microbe dans les bouses : Ziehl et PCR Elle peut se faire sur un prélèvement de selles dans le rectum après raclage manuel de la muqueuse : MAP peut être mis en évidence au microscope sous l'aspect d'amas colorés avec la coloration de Ziehl-Neelsen. (analyse de Ziehl) Cette analyse est peu coûteuse mais peut s'avérer à tort négative, si la richesse du prélèvement en MAP est faible. C'est pour ces raisons qu'on lui préfère désormais la recherche par PCR. L'analyse PCR met en évidence directement le matériel génétique de MAP : il s'agit de la méthode la plus sensible et la plus spécifique, du moins autant que la coproculture. Elle est beaucoup plus rapide (quelques jours) et s'avère très précieuse dans le dépistage précoce (avant que la sérologie ne devienne positive). ✔ La recherche des anticorps du sang : sur tube “sec” “classique” permet une détection rapide et très peu coûteuse. La mise en évidence des anticorps permet ainsi la détection des malades et des animaux infectés, sans symptômes mais déjà excréteurs d'une grande quantité de MAP. Ce dépistage sérologique par ELISA offre actuellement le meilleur compromis sensibilité - spécificité ; il est utilisé pour déterminer la prévalence (pourcentage d'animaux infectés dans un cheptel) après Le prélèvement de sang sur la totalité des animaux susceptibles de présenter des anticorps (en pratique, sur tous les bovins âgés de 2 ans et plus). Ce dépistage permet l'engraissement éventuel de ces bovins atteints et leur réforme précoce. Pour le contrôle durable de la maladie Il n'existe pas de traitement efficace connu à ce jour. En l'absence actuelle de vaccin autorisé chez les bovins depuis 2001 (pour cause d'interférence possible avec le diagnostic de la tuberculose), les plans de lutte visent à maîtriser l'infection, en réduisant les formes cliniques et aussi l'excrétion des microbes (infectés et malades), responsables de l'intensité de la pression infectieuse dans le milieu environnant. L'assainissement des cheptels repose donc sur l'élimination des animaux sérologiquement positifs, dépistés par contrôle systématique du cheptel, une fois par an (par exemple, couplé avec les prélèvements de sang des opérations de prophylaxie des maladies réglementées) sur tous les bovins de plus de 2 ans. Les éleveurs doivent persévérer dans ce contrôle annuel pendant au moins 5 ans, pour obtenir des résultats significatifs. L'intérêt du dépistage sérologique systématique est de permettre la détection précoce des bovins infectés avant qu'ils ne présentent la maladie : leur engraissement est encore possible et permet de réduire la perte économique. Le but final est donc d'éradiquer la paratuberculose, maladie extrêmement pénalisantepour les cheptels. ■ Les Services du GDS e t d u LV D d e l ' A R I È G E ■ Réalisation des Méthodes de Ziehl, PCR sur les fécès. ■ Réalisation de la sérologie paratuberculose (avec tarifs dégressifs pour les grandes séries de prélèvements). ■ Proposition d'un plan de dépistage et de contrôle de la maladie. ■ Aide aux frais d'analyses à 50% avec la participation du Conseil Général