Ponctuations. Littérature ― psychanalyse ― cinéma Colloque organisé par le Collège international de philosophie, avec le soutien et en collaboration avec les équipes de recherche Harp de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et Prismes (Vortex) de l’Université Paris 3 — Sorbonne Nouvelle. Sous la direction de Isabelle Alfandary, Laura Odello et Peter Szendy. * Qu’est-ce que ponctuer ? Qu’est-ce qu’un point et quels sont les enjeux ― les responsabilités ― du geste qui ponctue ? Pour élaborer ces questions dans leurs portées les plus vastes, le colloque comptera au nombre des effets ponctuants bien plus que les signes, déjà nombreux, que nous a livrés l’histoire de la ponctuation, depuis l’Égypte antique jusqu’aux récents smileys. La littérature offre ainsi un champ d’expérimentation privilégié non seulement pour la ponctuation dite « de phrase » ou « de page », mais aussi pour le chapitrage et autres « ponctuations d’œuvre ». Toutes ces pratiques ponctuantes, il s’agira également de les interroger en les confrontant à deux autres champs dans lesquels le geste ponctuant joue un rôle central : la psychanalyse et le cinéma. Pour Lacan, en effet, la ponctuation en tant que scansion est non seulement l’une des ressources de la cure analytique, mais c’est aussi le pivot de la théorie du langage qui la soutient (le « point de capiton » est notamment défini comme cette « ponctuation où la signification se constitue »). Bref, le sujet de la psychanalyse doit sans doute être conçu comme tramé d’effets de ponctuation. Quant au cinéma, il nous invite à penser le regard lui-même comme ponctué et ponctuant. « Il n’y a de point de vue que pour un voir qui ponctue », écrivait Heidegger dans un passage de son essai sur Le Nihilisme européen auquel font écho, à leur manière, ces mots de Walter Murch, le monteur de Coppola : « nous clignons des yeux pour séparer et ponctuer ». À travers ces trois champs ― littérature, psychanalyse, cinéma ―, le colloque tentera donc de dégager les enjeux et les responsabilités du geste ponctuant. Car si l’on considère, d’une part, que la ponctuation est le pouvoir de décider d’un texte (y compris social et politique), à savoir qu’elle est cette violence interprétative d’une décision qui arrête le sens, on pourrait interroger, d’autre part, la figure possible d’une contre-ponctuation en tant que force de désorganisation du discours dominant.