Parcours FLE (2006-2007) 4. LES NOTIONS DE COARTICULATION 4. 1. L A S Y L L A B E 4. 2. L E S F A I T S D E J O I N T U R E 4. 3. L E « H » A S P I R E E T L E « H » M U E T 4. 4. L E S S O N S E N C O N T A C T 4. 5. E X E R C I C E S D ’ A P P L I C A T I O N 4.1. la syllabe DEFINITION DE LA SYLLABE Du point de vue phonétique, la syllabe est l'élément de base du mot, de l'élément rythmique et du groupe rythmique. Entre les sons et les groupes phoniques se situe un intermédiaire, la syllabe. CONSTITUTION DE LA SYLLABE La syllabe qui est un type de combinaison élémentaire de sons dans la chaîne parlée, est constituée d'un noyau vocalique et éventuellement d'un ou plusieurs éléments consonantiques ( ou semi-consonantiques ). La notion de syllabe est pour le français assez claire : à l'intérieur d'une syllabe, les consonnes présupposent l'existence de voyelles mais non l'inverse. Les sons se succèdent donc pour former une chaîne dont les maillons sont les syllabes. Le français donne à la voyelle une place prépondérante et une perceptibilité maximale. Il anticipe la voyelle dans l'articulation de la consonne qui précède. La position labiale des consonnes est toujours celle de la voyelle qui se trouve dans la même syllabe. 1 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) LES DIFFERENTES STRUCTURES SYLLABIQUES F.WIOLAND, 1991,p 55 4.2. les faits de jointure Le français est une langue liée. Les mots graphiques s'associent par groupes de sens et de respiration en formant des blocs appelés mots phoniques. Les procédés d'enchaînement des sons de la langue parlée — les faits de jointures externes — sont classés en quatre grands groupes : 4.2.1. L’ENCHAINEMENT CONSONANTIQUE 4.2.2. LA LIAISON CONSONANTIQUE 4.2.3. L’ELISION 4.2.4. L’ENCHAINEMENT VOCALIQUE 2 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 4.2.1. l’enchaînement consonantique Ce phénomène consiste à lier obligatoirement dans la prononciation une consonne finale de mot à la voyelle initiale du mot suivant. Il s'applique à des consonnes qui sont toujours prononcées, aussi bien dans le mot isolé que dans la chaîne parlée. - Par exemple. - La petite élève. [ pa REg zA)pl ] [ la p“´ ‘ti te lEv ] Le nombre des syllabes ouvertes est encore augmenté par le rôle de l’enchaînement, selon lequel une consonne est liée à la voyelle qui la suit plutôt qu’à celle qui la précède. Le découpage en syllabes ne respecte pas les frontières des mots. Les mots s’associent par groupe de sens et de respiration et ils empiètent fréquemment l’un sur l’autre. Quand on ne connaît le français que sous sa forme orale, il semble que la phrase se réduit surtout à une suite de syllabes et l’on a beaucoup de difficultés pour individualiser les mots. Les mots n’ayant plus de limites, le français permet donc les calembours. Pour lever l’ambiguïté il faut faire un découpage différent de la chaîne. le tiroir est tout vert [l´ ti !Rware ! !tu \ !vER] le tiroir est ouvert [l´ ti !RwaREtu !vER] 4.2.2. la liaison consonantique La liaison consonantique — survivance de quelques enchaînements de consonnes finales en ancien français — affecte des consonnes que l'on ne prononce pas si le mot est isolé. En français, une consonne finale graphique non prononcée lorsqu'elle est suivie d'une pause ou d'une autre consonne, peut, dans certains cas, se prononcer si elle est suivie d'une voyelle. - Il est petit. - Le petit élève. On distingue deux types de liaison consonantique : la liaison obligatoire et la liaison facultative. - Les~élèves. liaison obligatoire. - Toujours~utile. liaison facultative. La liaison dite facultative a une valeur stylistique car elle constitue l'un des principaux critères phonétiques des registres de langue. Lorsque ces types de jointure ne se réalisent pas, on parle de liaison défendue ou interdite. - Les élèves / étaient attentifs. La liaison est une survivance d'une prononciation qui, encore au 16ème siècle , faisait sonner toutes les consonnes finales. Aujourd'hui, 3 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) les consonnes finales sont en majorité muettes dans les mots isolés, mais dans le domaine de la chaîne parlée, on les prononce pour renforcer le lien entre deux mots. Les auteurs sont tous d'accord pour insister sur le fait que la liaison « constitue un indicateur socio-linguistique explicitement très fort, qui a lui seul permet de classer socialement un locuteur. » ( F.GADET, p. 71) « Ce problème de "jointure" continue à jouer un rôle d'indice culturel et sociologique...La liaison différencie les registres de langue et assume de nombreuses fonctions proprement linguistiques ». (CARTON, p217) Les règles sont moins rigoureuses dans la langue familière et courante. En fait, les règles définies par les grammairiens concernent la langue écrite plus que la langue parlée et elles servent surtout à montrer que l'on a de l'orthographe. Ceux qui les ignorent, ou négligent d'en tenir compte, ne sauraient donc avoir la prétention de parler une langue correcte. Ils s'exposent, au surplus, à faire de multiples fautes d'orthographe [...] pour appliquer ces règles, il faut pouvoir se représenter mentalement le mot écrit. D'où les fréquentes erreurs de liaison commises par ceux qui ne connaissent que la langue parlée, ou qui, en parlant, font abstraction de la langue écrite. (THIMONNIER R., Code orthographique et grammatical, Marabout,1974, p102) La liaison doit s'étudier dans le cadre de la soumission tendancielle au schéma canonique CV CV qui entraîne l'enchaînement des syllabes au-delà du mot : Il part à Nice en avion [ il pa Ra Ù ni sA) na vjO) ] Sur les 7 syllabes, 3 ont la forme CV que grâce à l'enchaînement consonantique ou la liaison. On peut donc considérer la liaison comme étant un cas particulier de l'enchaînement: quand un mot qui suit commence par une voyelle, la consonne finale d'un mot, habituellement muette, peut ( ou doit selon les cas ), être prononcée. Les phonèmes sujets à la liaison sont avant tout : - [t] (49%) - [z] (28,2%) - [n] (22,5%) - [R] (0,25%) - [p] (0,05%) ( seules les consonnes les plus fréquentes présentent plus d'une graphie ) 4 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 4.2.3. l’élision Ce phénomène est en distribution complémentaire de la liaison. On supprime — dans certains cas — la voyelle finale du mot quand celui-ci est suivi d'un autre mot commençant par une voyelle. - L'éléphant. 4.2.4. l’enchaînement vocalique L'enchaînement vocalique, ou liaison vocalique, est la rencontre de deux voyelles appartenant à des mots différents mais en contact à l'intérieur d'un segment phonique, on passe d'une voyelle à l'autre sans interruption. - Il a eu envie de partir. [ ilayA)vidpaRtiR ] La rencontre de deux voyelles à l'intérieur d'un mot s'appelle hiatus. - Le poète. - ahuri [ l´ poEt ] [ ayRi ] 4. 3. le « h » aspiré et le « h » muet Le H ne se prononce jamais en français standardisé. On ne distingue pas le H aspiré du H muet par un trait articulatoire mais par des jointures différentes qui se produisent dans la chaîne parlée. 1. Lorsqu'un mot commence par un H "muet", il est lié au mot qui précède de la même manière que tout autre mot commençant par une voyelle. Il se produit à la jointure, soit : a. Une liaison : - un hameçon - des héroïnes [ {)namsO) ] [ dezeRoin ] b. Un enchaînement : - la belle histoire - la mauvaise haleine [ labElistwaR ] [ lamovEzalEn ] c. Une élision : - l'huissier - l'hiver [ lÁ isje ] [ livER ] 5 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 2. Lorsqu'un mot commence par un H "aspiré" : a. Il n'y a pas d'élision : - la hache - le haricot [ laaS ] [ l´ aRiko ] b. La liaison est défendue : - des héros [ deeRo] c. Le [ ´ ] qui précède le H "aspiré" doit toujours être prononcé : - cette Hongroise [ sEt´ +O)gRwaz] - elle heurte [ El´ {Rt ] 6 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) PRINCIPAUX MOTS QUI COMMENCENT PAR UN H "ASPIRE"1 ha ! habanera hâbleur Habsbourg hache hagard haie haïe! haillon haine haïr halage hâle haleter hall halle hallebarde halo halte hamac hameau hampe hamster han! hanche handball handicap hangar hanneton Hanovre hanter happer hara-kiri harangue haras harasser harde hardes hardi harem hareng 1 hargneux haricot harnais haro harpe harpie harpon hasard haschich hâte hauban hausse haut hautain hautbois havane hâve havresac hé ! heaume hein ? hem … henné héraut hère hérisser hernie héron héros herse hêtre heurt hi ! hibou hideux hiérarchie hisser ho ! hobereaux hoc hocher hockey holà ! Hollande homard hongre Hongrie honnir honte hop ! horde horion hors hotte Hottentot hou ! houblon houe houille houle houppelande houspiller housse houx hublot huche huer huguenot huis-clos huit hulotte humer Hun huppe hure hurler Huron hussard hutte cette liste a été établie à partir de LEON (1966) et de GREVISSE (1964) 7 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 4 .4. les sons en contact L'articulation sonore se fait d'une façon continue et les sons en contact peuvent se trouver modifiés. Lorsque deux consonnes se trouvent en contact, la plus forte assimile la plus faible. Lorsque deux consonnes sont dans la même syllabe, la consonne sourde est toujours la plus forte et dévoise (désonorise) en partie la sonore. Cette assimilation est progressive : - en syllabe initiale : [tRE] - en syllabe finale : [pRotEstA)tism] Lorsque deux consonnes sont en contact dans deux syllabes séparées, ce n’est pas la nature du phonème qui compte, mais la position. La position la plus forte pour une consonne est l’initiale de syllabe devant consonne. La position la plus faible pour une consonne est la finale de syllabe suivie d’une consonne. absent [ap sA) ] [ s ] est en position forte et transforme [b] qui est en position faible, en [p] a. Assimilation de sonorité. - sonorisation : quatre dents [katRdA)]---> [kaddA)] - désonorisation : cheval [S´ val]--->[Sfal] médecin [med´ sE)]---> [metsE)] La consonne assimilée ne l’est pas toujours totalement. b. Assimilation de nasalité. - nasalisation : un amour [{)namuR] : le [a] entouré de nasales, se trouve partiellement nasalisé. - dénasalisation : mon ami [mO)nami]---> [mOnami] c. Assimilation de lieu d'articulation. - qui [ki] : [k] est palatal et a le même lieu d'articulation que la voyelle qui se trouve dans la même syllabe. - cou [ku] : [k] est vélaire puisque la voyelle qu'il accompagne est vélaire. 8 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 4. 5. exercices d’application 4. 5. 1. les faits de jointure: présentation des différents cas Cette leçon est proposée dans Les chemins de la parole, méthode de travail pour le laboratoire de langues, J.CLARENC, L.GOMEZ, I.E.E./ C.F.P., UPV Montpellier III, 1988. LA LIAISON CONSONANTIQUE C'est surtout par l'usage de la langue parlée que l'on apprend à faire les liaisons. Les règles relatives aux liaisons s'appliquent avec moins de rigueur à la conversation courante qu'à la langue soutenue. Il faut remarquer que pour appliquer ces règles on ne peut faire abstraction de la langue écrite. Pour éviter les erreurs de liaison dans la langue parlée, il faut pouvoir se représenter mentalement le mot écrit. La liaison ne se fait jamais entre des mots qui ne sont pas unis par le sens. Elle ne peut avoir lieu après une pause, pause qui dans la graphie peut être traduite par un signe de ponctuation. Les consonnes de liaison. t d x s z p g r voy+n [t ] [t ] [z] [z] [z] [p] [k] [R] [n] tout≈à coup quand≈il est venu dix≈enfants de temps≈en temps chez≈elle trop≈injuste un long≈oubli le premier≈étage un≈avion [ tutaku ] [ kA)tilEvny ] [ dizA)fA) ] [ d´ tA)zA)tA) ] [ SezEl ] [ tRopE)Zyst ] [ {)lO)kubli ] [ l´ pR´ mjeRetaZ ] [ {)navjO) ] Les consonnes de liaison sont aussi appelées consonnes latentes. 99% des cas de liaison se font avec les consonnes [z] (49%), [t] (28%) et [n] (22%). Seules les consonnes les plus fréquentes présentent plusieurs graphies. P RINCIPAUX CAS DE LIAISONS OBLIGATOIRES 1. Entre l'article et le nom : - les≈enfants - des≈êtres - aux≈autres - un≈éléphant 2. Entre l'adjectif et le nom : - un grand≈espace [ lezA)fA) ] [ dezEtR ] [ ozotR ] [ {)nelefA) ] [ {)gRA)tespas ] 9 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) - deux≈élèves - certains≈animaux - quelques≈imprudents [ dPzelEv ] [ sERtE)zanimo ] [ kElk´ zE)pRydA) ] 3. Entre les pronoms personnels, « on », les pronoms « en » et « y » et le verbe : - on≈ira [ O)niRa ] - nous≈avons [ nuzavO) ] - vous≈êtes [ vuzEt ] - ils≈aiment [ ilzEm ] - à vous≈en croire [ avuzA)kRwaR ] - ils≈y sont [ ilzisO) ] 4. Entre TOUT et le verbe : - tout≈arrive [ tutaRiv ] - ils ont tout≈additionné [ ilzO)tutadisjone ] 5. Entre le verbe et les pronoms personnels : - dit-il [ ditil ] - dirait-on [ diREtO) ] - courons-y [ kuRO)zi ] - vas-y [ vazi ] - cueillez-en [ k{jezA) ] 6. Après le verbe être : - je suis≈élégant - nous sommes≈heureux - il est≈allé - c'est≈après cela [ Z´ sÁ izelegA) ] [ nusOmzPRP ] [ ilEtale ] [ sEapREsla ] Cette liaison est devenue facultative dans l'usage courant, indice phonostylistique de niveau de langue. 7. Après certains adverbes : - pas≈aujourd'hui - ne jamais≈oublier - tout≈entier - plus≈important - moins≈âpre [ pazoZuRdÁ i ] [ n´ ZamEzublije ] [ tutA)tje ] [ plyzE)pORtA) ] [ mwE)zapR ] 10 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) - bien≈aise [ bjE)nEz ] - assez≈ouvert [ asezuvER ] - trop≈heureux [ tRopPRP ] - point≈encore [ pwE)tA)kOR ] - plus≈ici [ plyzisi ] - trop≈effrayé [ tRopefReje ] Pour les cas 1 cette liaison est devenue facultative dans l'usage courant. 8. Après certaines propositions : - avant≈eux [ avA)tP ] - devant≈elles [ d´ vA)tEl ] - pendant≈un an [ pA)dA)t{)nA) ] - dans≈un trou [ dA)z{)tRu ] - sans≈espoir [ sA)zespwaR ] - chez≈elles [ SezEl ] - sans≈un toit [ sA)z{)twa ] - en≈Asie [ A)n +azi ] Pour les cas 3 cette liaison est devenue facultative dans l'usage courant 9. Après QUAND et DONT : - quand≈il est venu [ kA)tilEvny ] - ce dont≈on parle [ s´ dO)tO)paRl ] 10. Indication du pluriel : - portes≈et fenêtres - pauvres≈et malheureux [ pORt“´ ‘zefnEtR ] [ povR´ zemalPRP ] 11. Expressions toutes faites et mots composés : - de mieux≈en mieux - de temps≈en temps - vis-à-vis - mot≈à mot - d'un bout≈à l'autre - de haut≈en bas - les Champs≈Elysées - les Pyrénées-Orientales - les Etats-Unis [ d´ mjPzA)mjP ] [ d´ tA)zA)tA) ] [ vizavi ] [ motamo ] [ d{)butalotR ] [ d´ otA)ba ] [ le +SA)zelize ] [ le +piRenezORjA)tal ] [ lez +etazyni ] 12. Quelques règles particulières : les liaisons avec les voyelles nasales. a. Les possessifs mon, ton et son : deux prononciations : voyelle nasale + consonne nasale ou dénasalisation de la voyelle + consonne nasale 11 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) - mon≈ami - mon≈univers - ton≈espoir - ton≈avenir - son≈image - son≈amour [ mO)nami ] [ mO)nynivER ] [ tO)nEspwaR ] [ tO)navniR ] [ sO)nimaZ ] [ sO)namuR ] [ mOnami ] [ mOnynivER ] [ tOnEspwaR ] [ tOnavniR ] [ sOnimaZ ] [ sOnamuR ] b.Après les adjectifs qualificatifs en ain [ E) ], ein [ E) ], en [ E) ], on [ O) ], in [ E) ], on constate — devant le nom — la désanalisation de la voyelle nasale. - un certain≈espoir - le plein≈air - le moyen≈âge - un bon≈auteur - le divin≈enfant [ {)sERtEnEspwaR ] [ l´ plEnER ] [ l´ mwajEnaZ ] [ {)bOnot{R ] [ l´ divinA)fA) ] c. La liaison se fait sans dénasalisation après : un [ {) ] un≈ami aucun [ ok{) ] aucun≈hiver on [ O) ] on≈ouvrira rien [ RjE) ] rien≈à faire bien [ bjE) ] bien≈élevé en [ A) ] [ A) ] non [ nO) ] non≈avenu commun [ kOm{) ] d'un commun≈accord 12 [ {)nami ] [ ok{)nivER ] [ O)nuvRiRa ] [ RjE)nafER ] [ bjE)nelve ] [ A)nete ] [ nO)navny ] [ d{)kOm{)nakOR ] J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) P RINCIPAUX CAS DE LIAISONS FACULTATIVES . 1. Entre le verbe et ses compléments d'objet ou circonstanciels : - Il rangeait≈un livre. [ ilRA)ZE“t‘{)livR ] - Pensons≈à lui. [ pA)sO)“z‘alÁ i ] - Il partait≈avec eux. [ ilpaRtE“t‘avEkP ] - Elles lisent≈à haute voix. [ Elliz“t‘aotvwa ] 2. Entre deux adverbes ou entre une conjonction et un adverbe : - pas≈encore [ pa“z‘A)kOR ] - plus≈exactement [ ply“z‘egzakt´ mA) ] - mais≈aussi [ mE“z‘osi ] 3. Entre l'auxiliaire avoir et le participe passé : - tu as≈écrit [ tya“z‘ekRi ] - nous avons≈admiré [ nuzavO)“z‘admiRe] 4. Après le participe présent : - en jouant≈à la poupée [ A)ZwA)“t‘alapupe ] 5. Après les adverbes en MENT : - extrêmement≈énervé [ ekstREm“´ ‘mA)“t‘enERve ] 6. Entre le nom et l'adjectif au pluriel : - des étudiants≈étrangers [ dezetydjA)“z‘etRA)Ze ] 7. Dans quelques expressions : - fort≈utile - toujours≈est-il [ fOR“t‘ytil ] [ tuZuR“z‘etil ] 13 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) P RINCIPAUX CAS DE LIAISONS DEFENDUES 1. a. b. c. d. Entre le substantif sujet et le verbe : Les bateaux / étaient au port. Le chat / est blanc et / noir. Les villages / étaient habités. Les élèves / ont bien travaillé. [ lebatoetEopOR ] [ l´ SaEblA)enwaR ] [ levilaZetEtabite ] [ lezelEvO)bjE)tRavaje ] Remarque : une liaison défendue est remplacée, soit par un enchaînement vocalique — exemples a et b —, soit par un enchaînement consonantique — exemples c et d —. 2. Entre le nom et l'adjectif au singulier : - le loup / affamé [ l´ luafame ] - le sort / affreux [ l´ sORafRP ] - un sujet / intéressant [ {)syZEE)teResA) ] - le nez / épaté [ l´ neepate ] Mais : - l'accent≈aigu [ laksA)tegy ] 3. Devant les mots commençant par un H "aspiré" : - Des / Hollandais et des / Hongrois assistent au cours. [ de +olA)dEede +O)gRwaasistokuR ] - Mes enfants préfèrent les / hamsters aux / hannetons. [ mezA)fA)pRefERleamstERoantO) ] - Ces / hallebardes appartenaient aux / héros. [ seal´ baRdapaRt´ nEoeRo ] - Que faire de toutes ces / hardes, ces vieux / harpons, et ces / haches cassées ! [ k´ fERd´ tutseaRd \ sevjPaRpO)eseaSkase ] 4. Devant les mots commençant par Y : - Je te donne quelques / yens. [ Z´ t“´ ‘dOnkElk´ jEn ] - Les / yachs sont partis. [ lejOtsO)paRti ] - Quelques / yogis méditaient. [ kElk´ jogimeditE ] - Ces / yaourts ne sont pas frais. [ sejauRn´ sO)pafRE ] Mais : - les≈yeux: [ lezjP ] 5. Après les prépositions : - à travers [ atRavER ] - hors [ OR ] - hormis [ ORmi ] - selon [ s´ lO) ] Ils passent à travers / un bois. [ ilpas“t‘atRavER{)bwa ] Hors / une amie, les autres invités sont déjà arrivés. [ ORynami \ lezotR´ zE)vitesO)deZaaRive ] J'ai tout lu, hormis / un article sur le sport. [ Zetuly \ ORmi{)naRtiklsyRl´ spOR ] Selon / eux, il fera beau demain. 14 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) - vers [ vER ] - envers [ A)vER ] [ s´ lO)P \ ilf“´ ‘Rabod“´ ‘mE) ] Ils se précipitent vers / elle. [ ils´ pResipitvEREl ] C'est lui qui a une dette envers / elle. [ selÁ ikiayndEtA)vEREl ] 6. Devant certains mots : - un / une vers les / une heure. [ vERleyn{R ] Prenez les / "un" puis les "deux". [ pR´ nele{)pÁ iledP ] Les / "un" sortent souvent au tirage. [ le{)sORtsuvA)otiRaZ ] - huit / huitième et onze / onzième : Ce sont les / huitièmes et les / onzièmes. [ s´ sO)leÁ itjEmeleO)zjEm ] Je joue un / huit puis un / onze. [ Z´ Zu{)Á itpÁ i{)O)z ] Ils sont / onze ou ils sont / huit ? [ ilsO)O)zuilsO)Á it ] Mais : dix-huit [ dizÁ it ] vingt-huit [ vE)tÁ it ] Il est≈onze heures [ ilEtO)z{R ] - oui Les "oui" sont plus nombreux que les "non". [ lewisO)plynO)bRPk´ lenO) ] J'ai cru entendre un "oui". [ ZekRyA)tA)dR{)wi ] 7. Après le S du pluriel des mots composés : - les arcs-en-ciel [ lezaRkA)sjEl ] - des machines à coudre [ demaSinakudR ] - des moulins à vent [ demulE)avA) ] 8. Après la marque ES de la deuxième personne du singulier de l'indicatif et du subjonctif présent (sauf en poésie): - Je veux que tu restes ici. [ Z´ vPk´ tyREstisi ] - Si tu continues ainsi [ sitykO)tinyE)si ] - Que tu chantes encore ! [ k´ tySA)tA)kOR ] 9. Après la consonne finale qui suit un R : de part en part : [ d´ paRA)paR ] - nord-ouest: [ nORwEst ] - bord à bord : [ bORabOR ] - mort ou vif : [ mORuvif ] - dehors enfin : [ d´ ORA)fE) ] - Il a traversé de part en part [ ilatRavERsed´ paRA)paR ] - Il faut se diriger vers le nord-ouest [ ilfos´ diRiZevERl´ nORwEst ] - Ces coutures sont bord à bord [ sekutYRsO)bORabOR ] - Qu'on le ramène mort ou vif ! [ kO)l´ RamEnmORuvif ] - Sont-elles dehors enfin ? [ sO)tEld´ ORA)fE) ] 15 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) Mais: - leurs≈enfants - plusieurs≈outils - divers≈endroits - toujours≈ainsi [ l{RzA)fA) ] [ plysj{Rzuti ] [ divERzA)dRwa] [ tuZuR“z‘E)si ] 10. Après ILS et ELLES à l'interrogatif : - Sont-ils / encore ici ? [ sO)tilA)kORisi ] - Partent-elles / avec les derniers ? [ paRt´ tElavEkledERnje ] 11. Après les mots : - et: [ e ] - comment: [ kOmA) ] Une table et / une chaise. [ yntableynSEz ] Comment / est-il habillé ? [ kOmA)Etilabije ] Comment / as-tu pu résister ? [ kOmA)atypyReziste ] Mais : Comment≈allez-vous ? [ kOmA)talevu ] 12. Devant les interjections et des mots cités : - Encore des / "Ah" et des / "Oh". [ A)kORdeaeo ] - Il a poussé des / "Ah" et des / "Oh". [ ilapusedeaedeo ] - Vous avez mis deux / "Alors" dans cette phrase. [ vuzavemidPalORdA)sEtfRaz ] - Il n'y avait que des / "enfin" dans la conclusion de son discours. [ ilnjavEk´ deA)fE)dA)lakO)klyzjO)d´ sO)diskuR ] 16 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) L’ENCHAINEMENT CONSONANTIQUE Lorsqu'il n'y a pas de pause, on lie obligatoirement la consonne finale d'un mot avec la voyelle initiale du mot suivant. Cet "enchaînement des syllabes" ou "chaîne parlée", est une des caractéristiques marquantes du français oral. exemples : - Ma robe est prête à cinq heures. [ m a R O b e p R E t a s E) k { R ] LA LIAISON VOCALIQUE Lorsque deux voyelles sont en contact, le passage de l'une à l'autre doit se faire doucement. Il n'y a pas de pause, les vibrations des cordes vocales ne s'arrêtent pas. Chaque voyelle doit garder son timbre et sa durée tout en respectant le mouvement mélodique de l'élément rythmique dans lequel elle se trouve. Deux voyelles peuvent être en contact : 1. A l'intérieur d'un mot ( hiatus ) : - aérien - une éolienne 2. Dans un élément rythmique : - Tu as été renvoyé. - J'ai eu un cadeau ? 3. Entre deux éléments rythmiques : - Il a dansé avec elle. - Il a écouté et il est parti. 4. Devant un H "aspiré" : - du homard - en haillons 17 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) L’ELISION Certains morphèmes courts s'élident devant la voyelle initiale du mot suivant. Cette élision se marque graphiquement par une apostrophe |'| qui se place en haut et à droite de la lettre qui précède. 1. L'élision de [ a ] : [ a ] ne s'efface que dans LA article ou pronom, mais pas dans l'adverbe de lieu. a. Elision devant voyelle : - l'échelle - l'arme - l'envie - l'artiste b. Elision devant H "muet" : - l'heure - l'horloge - l'haleine - l'héroïne (mais le héros ) 2. Elision de [ i ] : [ i ] ne s'efface que dans SI conditionnel ou interrogatif indirect. Cette élision ne se produit que dans les cas où SI est suivi des pronoms IL ou ILS. - S'il part - S'ils partent ( mais : si elle part … ) ( mais : si elles partent ... ) 3. Elision de [ ´ ] : a. Elle se produit quand [ ´ ] termine un monosyllabe : JE, ME, TE, LE ou QUE : - j'oublie - il t'oublie - l'espoir - il m'oublie - qu'elle oublie - l'homme - il l'oublie - l'or - qu'ils entrent ! b. Elle se produit quand [ ´ ] termine un mot invariable terminé par QUE. - puisque : - puisqu'il part - quoique : - quoiqu'elle fasse - lorsque : - lorsqu'il dit - jusque : - jusqu'où aller ? Remarques : * Font exception du point de vue graphique ( pas d'apostrophe ) : - chaque : - chaque élève [ SakelEv ] - presque : - presque entièrement [ pREskA)tjERmA) ] - quelque : - quelque avenir [ kElkavniR ] 18 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) Mais on écrit toujours : - presqu'île - presqu'au même instant - quelqu'un - presqu'achevé ( l'usage est toutefois assez flottant ). * Dans la langue parlée on constate que l'élision ne se produit pas devant les mots : - oui - ululement - onze - yaourt - uhlan * Dans la notation d'un niveau de langue familier relaché, on constate l'élision du U du pronom TU : - T'es pas malin - T'as vu ? - T'es encore en retard ! 19 J. Clarenc Parcours FLE (2006-2007) 4. 5. 2. exercices 1. Après consonantiques. avoir noté les pauses, relevez les liaisons Le français typique, c'est une plaisanterie, et pour moi les plaisanteries sont une part importante de la vie. Les comédiens et les humoristes valent la peine qu'on les écoute au moins autant que les experts et les politiciens, car c'est presque toujours le bouffon qui lâche la vérité que personne n'aime admettre. Théodore ZEDLIN, "Les Français", éd. Fayard 1983. 2. Après avoir noté les pauses, relevez les enchaînements consonantiques. Les Français font d'énormes efforts pour s'expliquer. Aucune nation ne s'applique d'avantage à trouver et à exprimer son identité, aucune ne se regarde dans la glace avec plus d'attention, ne discute de ce qu'elle y voit avec plus de passion, ne persiste à imaginer des rides là ou il n'y en a pas, ni ne s'interroge pour savoir si son sourire est perçu comme signe de joie ou de mépris. Théodore ZEDLIN, "Les Français", éd. Fayard 1983. 3. Après avoir noté les pauses, relevez les enchaînements vocaliques. Je me suis rapidement aperçu que plus un personnage est connu, moins ce qu'il a à dire présente d'intérêt, car il a appris à parler de lui un peu comme un disque et se trouve entouré de gens dont la tâche consiste à limiter ses contacts avec l'opinion et le temps qu'il consacre à chacune de ses tâches. Théodore ZEDLIN, "Les Français", éd. Fayard 1983. 20 J. Clarenc