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ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT
Année 2016
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA PERTINENCE D'UN
GEL THERMORÉVERSIBLE COMME NOUVELLE
FORMULATION OPHTALMIQUE POUR LE
TRAITEMENTS DES ULCÈRES CORNÉENS
SUPERFICIELS DU LAPIN
THÈSE
Pour le
DOCTORAT VÉTÉRINAIRE
Présentée et soutenue publiquement devant
LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL
le 07 janvier 2016
par
Laëtitia, Danièle REDON
Née le 31 août 1989 à Nogent sur Marne (Val de Marne)
JURY
Président : PR. DURAND-ZALESKI
Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL
Membres
Directeur : Dr PERROT Sébastien
Maître de conférences à l'ENVA, unité de pharmacie et toxicologie.
Co-directeur : Dr PIGNON Charly
Praticien hospitalier à l'ENVA, service Nouveaux Animaux de Compagnie.
Assesseur : Pr MOISSONNIER Pierre
Professeur à l'ENVA, unité de pathologie chirurgicale.
REMERCIEMENTS
Au Professeur de la faculté de médecine de Créteil,
Qui m'a fait l'honneur de présider mon jury de thèse.
Hommage respectueux.
Aux Docteurs Sébastien PERROT et Charly PIGNON,
Qui ont dirigé puis corrigé mon travail.
Pour avoir pensé à moi et m'avoir fait confiance pour ce sujet,
Pour leur patience, leur disponibilité et leur rigueur.
Sincères remerciements.
Au Professeur Pierre MOISSONNIER,
Pour avoir accepté de relire cette thèse,
Pour son amitié,
Sincères remerciements.
A mes parents, mes sœurs, ma famille, mes amis, Baptiste chéri, Luigi,
Pour votre soutien incontestable lors de ce travail,
Mais aussi, et surtout, pour votre patience, votre présence et votre amour pendant toutes ces
années d'études afin que j'exerce le métier qui me fait vibrer,
Chaleureux et respectueux remerciements.
Remerciements au Dr Adeline NOIRAULT, consœur et amie, pour son aide lors des essais
expérimentaux et à Eric DEHAN pour le prêt de la lampe à fente.
À ma famille, que j'aime.
A mes chers Parents, MERCI. Je ne vous remercierai jamais assez de TOUT ce que vous avez
fait pour moi car c'est vraiment TOUT ! Merci de m'avoir élevé ainsi (je pense que vous ne
vous êtes pas trop mal sortis !), merci de m'avoir donné cette chance de devenir vétérinaire et
presque vétérinaire de zoo ! On ne le dit jamais assez : je vous aime <3.
À mes sœurs Iloue et Minouch chéries ! Amours et disputes, c'est notre secret ! Le votre est
de trouver chaque année les cadeaux parfaits pour chacun, j'en suis toujours stupéfaite !
J'espère avoir été une bonne grande sœur. Quoiqu'il en soit, je serai toujours là pour vous. Je
suis fière de vous et vous aime cœur 3 !
À ma mémé Michèle que j'aime. A mémé Marinette, je sens ton Bbbbisous d'où tu es. Tu me
manques. A pépés Jeannot et René : je pense à vous.
À mon évidence, Baptiste, mon âme sœur qui me soutient et supporte (!!) depuis le premier
jour où nos regards se sont croisés au zoo de Vincennes. Merci pour ta douceur, ta folie, ton
jaune, tes (mes ?) frontaux, merci pour toi tout simplement. Je t'aime (V !!), c'est toi.
À mes amis, c'est un honneur que d'être votre amie
Bruno, parce que même si tu as déjà lu tes remerciements à l'avance, que tu en veux d'autres
et que tu ne veux qu'une ligne, et bien pour la peine j'en rajoute plusieurs ! Merci pour ce bout
de chemin parcouru. Sincèrement, ne change pas. Et le clin d'œil (hahaha) : encore pleins
d'histoire à raconter le père ;) ! Merci à ta famille.
À Rafi, pour ces 10 ans d'amitié : champagne ??! Pour d'autres belles aventures comme au
Togo. Pour d'autres baskets et soirée poker. Pour d’autres bains de minuit à Boulogne sur Mer
en septembre lors de ton anniversaire ou dans la piscine pour le mien ! Merci l'ami.
À Elodie, la maman de tous ces oiseaux et mammifères orphelins élevés avec talent et amour !
Merci pour tous ces beaux moments au bord de mer, ces violons sur le sable, ces midis
bronzettes, ton amitié. Je te souhaite beaucoup de bonheur dans cette belle maisonnette !
À Mika, mon ange gardien ! Merci pour ton amitié, ton écoute, ton guacamole, tes photos, tes
reptiles et tes amis ^^
À Alice lulu pour cette rencontre fuguasse en stage mais pour cette belle amitié depuis !
Aaaapppérooo saucisson s'il vous plait !! Merci pour ce bon temps passer ensemble.
Au groupe des bombasses Amandine et Juliette. Rien à dire de plus que vous êtes géniale,
que j'ai passé 2 superbes années avec vous et que vous me manquez ... Spéciale dédicace à
Amandine la plus bombasse des bombasses des bombes atomiques ! J'en ai mis assez ?!
À Touki, Oh oui oui ouiiiii ! Merci pour ton amitié passée et retrouvée (remerciement mis à
jour ^^). Merci pour ta folie, tu m'avais manqué. A bientôt à Montpellier pour les soirées
autour d'une poste de radio, pour mille cuisines, bricolage et découverte de la région. Bisous à
K-one.
À Pierre pour ta passion et ton investissement auprès des animaux avec ton travail. Eh on a
dit doucement le travail ! Merci pour ton amitié sans faille, je sais que je peux compter sur toi.
À Groues, folie et spontanéité ! Ce sont les mots qui te caractérisent ! Merci pour ton amitié et
tous ces souvenirs : zoo by night, ascension de la tour, tiramisu aux fraises à 135 euros !... Je te
souhaite de réussir. Au fait, y a pas une bouteille de rouge qui m'attend ?!
À Adeline : qui aurait dit que 4 lapines, 8 yeux et un collyre pourrait donner lieu à une amitié
?! Merci pour ta contribution à ce projet, les photographies sont parfaites ! Merci aussi et
surtout à ta gentillesse, ton accueil au zoo et chez toi lors de ce super stage :)
À Clément parce que ça rime avec éléphants ! Nuits des étoiles, barbecue au bord de l'eau,
voiture explosée (haha tu n'y échapperas pas !), que de bons souvenirs ! Merci pour ces rires
mais aussi pour ton écoute (ou lecture de sms ^^). Tu es quelqu'un de bien, tu mérites le
meilleur.
À Olivier, spécialiste NAC ET imagerie (attention, ça ne rigole pas !), bougons à ces heures
(surtout dans une certaine clinique pendant un certain stage!) et très drôles aux autres ! Merci
pour la confiance que tu m'accordes ;)
À Yann et Damien, mes acolytes de vacances :)
Au groupe 7 pour ces rires et ces soirées grisby / raclettes / fondue ! Dudu si loin au Canada,
Dédé, je t'appelle pour les vaches et les rennes, et les soirées chapeaux et piscine c'est ça ?,
Chloé-choutte et Caro pouf-équine (vous l'avez cherché !), Alice, Charlotte, Myrtille, Marie,
Justine.
Alexandrine et Tonio, mes anciens de cœur, le plus beau de tous les couple, merci beaucoup
pour cette adoption (!), pour votre savoir et votre gentillesse. Hâte de venir enfin vous voir
dans votre chez vous ! Mais avant, un resto vous attend ;)
À Poulotte et amie Bedu, la poulotte de mes rêves ! Merci pour ces moments passés ensemble
et qui ne sont que le début. Caresses à Valine alias triangle ;)
À mes mentors que je remercie et respecte.
Charly, pour tout ton savoir sans faille transmis abondamment, ta gentillesse, ta patience et ta
malice. Merci pour ces heures de partage en NAC mais aussi -et surtout ?!- en congrès ou en
soirée ! Merci d'avoir cru en moi, j'espère en avoir été à la hauteur.
Merci aux vétos de la ménagerie, Norin Chai, Muriel Khol et Aude Bourgeois pour cette
chance inouïe de débuter en zoo ! À tous les vétérinaires qui chacun m'ont donné la chance de
réussir : Thierry Petit, Antoine Leclerc, Alexis Maillot et Vanessa Alerte.
À Pierre : merci pour ta gentillesse, ta pédagogie et tes encouragements. Tu es l'exception à la
règle parmi ces chirurgiens !
À tous ceux que je n'ai pas cités mais qui sont dans mon cœur.
Merci à vous tous d'avoir contribués à ce que je suis aujourd'hui.
Vivez !
TABLES DES MATIERES
TABLES DES MATIERES ........................................................................................................................................ 1
TABLE DES ILLUSTRATIONS.............................................................................................................................. 4
INTRODUCTION ......................................................................................................................................................... 7
PARTIE I : LES ULCÈRES CORNÉENS SUPERFICIELS CHEZ LE LAPIN ........ 9
1.1. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE L'ŒIL DU LAPIN ....................................... 11
1.2. LES ULCÈRES CORNÉENS SUPERFICIELS CHEZ LE LAPIN ....................... 14
Etiologie ........................................................................................................................ 14
Examen clinique ............................................................................................................ 15
Diagnostic ..................................................................................................................... 15
Pronostic ....................................................................................................................... 15
1.3. MODALITÉS DE LA CICATRISATION CORNÉENNE CHEZ LE LAPIN ...... 16
1.3.1. Cicatrisation des lésions cornéennes superficielles ....................16
1.3.2. Cicatrisation des lésions cornéennes profondes ..........................16
1.3.3. Cicatrisation des lésions cornéennes perforantes .......................16
1.4. TRAITEMENT MÉDICAL DES ULCÈRES CORNÉENS ..................................... 17
1.4.1. Nettoyage et retrait de corps étrangers éventuels .......................17
1.4.2. Différentes
formes
pharmaceutiques
utilisées
en
ophtalmologie pour les traitements oculaires ............................................17
1
1.4.3. Modalités de traitements ........................................................................18
Substituts de larmes ....................................................................................................... 18
Collyres mydriatiques cycloplégiques ............................................................................ 19
Collyre antibiotique ....................................................................................................... 19
Cicatrisants cornéens ..................................................................................................... 25
1.4.4. Nouvelle formulation: le gel thermoréversible .............................25
2.
PARTIE
II
:
ÉTUDE
EXPERIMENTALE
D'UN
GEL
THERMORÉVERSIBLE À BASE DE POLOXAMER 407 (P407) POUR LE
TRAITEMENT DES ULCÈRES ...................................................................................27
2.1. MATÉRIEL ET MÉTHODES ....................................................................................... 29
2.1.1. Matériel ..........................................................................................................29
Fluorescéine 0,5 % collyre Boîte de 100 unidoses .......................................................... 29
VISKYAL ND ............................................................................................................... 29
VISKYAL ND à la fluorescéine .................................................................................... 29
Gel ophtalmique thermoréversible ................................................................................. 30
Gel ophtalmique thermoréversible à la fluorescéine ....................................................... 31
2.1.2. Animaux .........................................................................................................31
2.1.3. Examen clinique..........................................................................................32
Examen général ............................................................................................................. 32
Examen ophtalmologique .............................................................................................. 32
2.1.4. Protocole d’instillation ............................................................................33
2
2.2. EXPÉRIENCES ................................................................................................................ 33
2.2.1. Test de tolérance (annexes 1 et 2) ......................................................33
2.2.2. Test de diffusion et de rémanence ......................................................35
2.2.3. Méthode statistique ...................................................................................35
2.3. RÉSULTATS ..................................................................................................................... 36
2.3.1. Examens cliniques .....................................................................................36
2.3.2. Résultats test de tolérance .....................................................................36
2.3.3. Résultats test de diffusion et de rémanence. ..................................37
2.4. DISCUSSION .................................................................................................................... 38
Innocuité ....................................................................................................................... 38
Diffusion et rémanence .................................................................................................. 40
Applications potentielles ................................................................................................ 41
CONCLUSION............................................................................................................................................................. 43
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................................................... 47
Annexe ......................................................................................................................................................................... 55
3
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INDEX DES FIGURES
Figure 1 : coupe semi-schématique de l'œil d'un lapin (DAVIS, 1929). ................................................ 11
Figure 2 : champs de vision du lapin (réalisation personnelle) ............................................................... 12
Figure 3 : phases du film lacrymal et glandes sécrétrices (CLERC, 1997). .......................................... 13
Figure 4 : coupe de la cornée (réalisation personnelle). .............................................................................. 13
Figure 5 : test à la fluorescéine positif sur un œil de lapin; la coloration verte correspond à un
ulcère superficiel (service NAC, École Nationale Vétérinaire de Maisons Alfort). .......................... 15
Photographies 1 a, b, c et d : hyperhémie conjonctivale des yeux droits respectivement des
lapines 3, 4, 5 et 7. ........................................................................................................................................................... 83
Photographies 2 a, b et c : œil droit de la lapine 1 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation de VISKYAL ND(œil témoin). ............................................................................................. 83
Photographies 3 a, b et c : œil gauche de la lapine 1 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du gel thermoréversible. ............................................................................................. 83
Photographies 4 a, b et c : œil droit de la lapine 2 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation de VISKYAL ND(œil témoin). ............................................................................................. 84
Photographies 5 a, b et c : œil gauche de la lapine 2 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du gel thermoréversible. ............................................................................................. 84
Photographies 6 a, b et c : œil droit de la lapine 6 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation de VISKYAL ND(œil témoin). ............................................................................................. 84
Photographies 7 a, b et c : œil gauche de la lapine 6 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du gel thermoréversible. ............................................................................................. 85
Photographies 8 a, b et c : œil droit de la lapine 8 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et
c après l'instillation de VISKYAL ND(œil témoin). .......................................................................................... 85
4
INDEX DES TABLEAUX
Tableau 1 : collyres antibiotiques et antibactériens utilisables en première intention dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
.................................................................................................................................................................................................. 20
Tableau 2 : collyres antibiotiques et antibactériens utilisables en seconde intention dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
.................................................................................................................................................................................................. 21
Tableau 3 : pommades et gels ophtalmiques antibactériens et antibiotiques utilisables dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du Lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
.................................................................................................................................................................................................. 23
Tableau 4 : détail des substances d'essai et des témoins utilisés dans chacun des deux tests. 33
Tableau 5 : résultats du test de tolérance de l'application du gel thermoréversible. .................... 36
Tableau 6 : résultats du test de diffusion de l'application du gel thermoréversible. ..................... 38
Tableau 7 : constantes physiologiques des lapines lors de l'examen clinique générale par
rapport aux normes (QUINTON, 2003). ............................................................................................................... 79
5
INDEX DES ANNEXES
Annexe 1 : ligne directrice OCDE pour les essais de produits chimiques; effet irritant/corrosif
aigu sur les yeux, 2012. ................................................................................................................................................ 55
Annexe 2 : constantes physiologiques des lapines. ........................................................................................ 77
Annexe 3 : photographies des yeux des lapines réalisées lors du test de tolérance oculaire du
gel thermoréversible. .................................................................................................................................................... 81
LISTE DES ABREVIATIONS
AMM : autorisation de mise sur le marché
BAK : chlorure de benzalkonium
DMV : dictionnaire médical vétérinaire
EDTA : ethylène diamine détra-Acétique
IO : Irritation oculaire
NAC : nouveaux animaux de compagnie
ND : nom déposé
6
INTRODUCTION
Le lapin domestique (Oryctolagus cuniculus), à l'origine élevé pour sa chair et fréquemment
utilisé comme animal de laboratoire, est devenu au cours des dernières années un animal de
compagnie à part entière. À ce titre, il se retrouve alors de plus en plus fréquemment au sein
de la clientèle vétérinaire en tant que petit mammifère parmi les Nouveaux Animaux de
Compagnie (NAC). L'enquête FACCO/TNS Sofres de 2012 estime à 2,66 millions le nombre de
petits mammifères possédés en France soit 5,6% des foyers français; la part de lapins n'est
pas détaillée.
Si les conditions d’élevage et les pathologies spécifiques de ces NAC sont plutôt bien étudiées
dans les milieux de la recherche, elles restent peu connues de la plupart des vétérinaires
praticiens. Cette lacune, qui tend cependant à se combler, était en partie liée à la relative
carence en articles dans la presse spécialisée ainsi qu’en formations spécialisées.
Les ulcères cornéens ou kératites ulcéreuses sont caractérisés par une perte de substance
plus ou moins importante des couches cornéennes, visibles après instillation de fluorescéine
(LAFORGE, 1997). Affection très douloureuse, inquiétant les propriétaires, il s’agit d’une
entité pathologique fréquente chez les lapins en consultation et constitue le premier motif de
consultation en ophtalmologie : 1/3 des consultations en ophtalmologie chez les lapins
(données du CHUVA sur ces 6 dernières années). Elle est de bon pronostic lorsqu'elle est
traitée, mais s'aggrave très rapidement sinon.
La forme galénique, aussi appelée forme pharmaceutique, d'un produit correspond à la forme
physique (comprimé, goutte, sirop...) sous laquelle il sera administré (Pharmacopée
européenne, 2013). A ce jour, quel que soit l'espèce, les formes galéniques ophtalmologiques
pour le traitement des ulcères sont, soit des solutions liquides telles que le collyre, soit des
liquides semi-solides comme la pommade et le gel. Par rapport aux liquides stricts, les
liquides semi-solides augmentent le temps de résidence oculaire et la diffusion intracornéale
7
du ou des principes actifs par augmentation de la viscosité de la solution. Ils sont toutefois
contraignants à l'application oculaire particulièrement chez le lapin à cause de leur viscosité.
Une forme pharmaceutique intermédiaire ayant, à la fois la facilité d'application du collyre et,
à la fois le temps important de résidence et de diffusion oculaire des pommades ou gel
pourrait être intéressante à étudier.
Cette étude se propose d’évaluer la pertinence d'une nouvelle forme pharmaceutique pour le
traitement de ces ulcères cornéens superficiels chez le lapin : un gel thermoréversible. Cette
réversibilité provient de l'excipient le poloxamer P407 qui compose le gel. Cet excipient a, en
effet, pour propriété originale et intéressante d’être liquide à température ambiante (environ
25°C) et de se gélifier à plus haute température, soit au contact de l’œil du lapin, évaluée entre
31 et 32°C (SCHWARTZ, 1962).
Aussi, à température ambiante, la solution est liquide et possède des caractéristiques d'un
collyre. Son instillation est donc facilitée. À plus haute température, celle-ci devient plus
visqueuse, se gélifie et a un aspect proche d'une pommade, semi-solide. Or une pommade
possède un temps de contact plus grand qu'un liquide. Le temps de contact ou rémanence de
ce gel thermoréversible serait plus important qu'un collyre, liquide.
Ainsi, ce gel thermoréversible pourrait avoir une facilité d'utilisation par l'instillation de
gouttes. Cette administration facile serait associée à une diminution de la fréquence
d'administration grâce à une bonne rémanence cornéenne. Le traitement devenant alors
moins contraignant pour le propriétaire, une meilleure observance serait réalisée.
La première partie de ce travail traitera de l'entité pathologique que sont les ulcères cornéens
superficiels du lapin, en détaillant l'ensemble des traitements et formulations existantes.
La seconde partie de ce travail se consacrera à l’évaluation de la tolérance oculaire de cette
nouvelle forme pharmaceutique ainsi qu’à l’évaluation de sa rémanence cornéenne.
8
PARTIE I : LES ULCÈRES CORNÉENS
SUPERFICIELS CHEZ LE LAPIN
9
10
1.1. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE L'ŒIL DU LAPIN
L'œil du lapin est semblable à celui des autres mammifères. Il est constitué du globe oculaire
et du nerf optique. Il est protégé par une paupière supérieure et une paupière inférieure ainsi
qu'un troisième paupière ou membrane nictitante. Chez le lapin, cette dernière contient des
fibres musculaires striées qu'il peut mobiliser volontairement.
Le globe oculaire est formé de trois tuniques : une tunique fibreuse entourant l'œil, formée de
la cornée, transparente, et de la sclère, opaque de couleur blanche; une tunique vasculaire se
répartissant entre l'iris, les corps ciliaires et la choroïde, et enfin une tunique sensorielle : la
rétine. L'humeur aqueuse, le cristallin et l'humeur vitrée constituent les milieux transparents
internes à l'œil (figure 1).
Figure 1 : coupe semi-schématique de l'œil d'un lapin (DAVIS, 1929).
11
La différence chez le lapin par rapport aux mammifères réside principalement dans le
positionnement des yeux. Chez le lapin, ils sont latéraux assurant une vision périphérique
importante jusqu'à 190° à l'aide de deux visions monoculaires qui se complètent (LE MEN,
2015; figure 2).
Figure 2 : champs de vision du lapin (réalisation personnelle).
La cornée, partie de l'œil qui nous intéresse ici, est une structure très fine, fibreuse et dense
composée de 4 couches distinctives chez les lapins: une couche épithéliale kératinisée; un
stroma séparé de l'épithélium par la membrane de Bowman; la membrane de Descemet et
une couche unicellulaire d’endothélium. A la surface de l'épithélium kératinisé, se trouve un
film lacrymal précornéen. Il participe à la protection, à la nutrition et au maintien de la
transparence de la cornée. Maintenu en place par les microvillosités et microplis des cellules
superficielles de l’épithélium antérieur, il est indispensable à cet épithélium dont il est
physiologiquement indissociable. Ce film lacrymal est composé de trois phases (aqueuse,
mucinique et lipidique) sécrétées par différentes glandes (figure 3).
12
Figure 3 : phases du film lacrymal et glandes sécrétrices (CLERC, 1997).
Le rayon de courbure de la cornée est de 14 mm et est très proche de celui du globe oculaire
conférant à l'œil du lapin un aspect proche de celui d'une sphère complète à la différence des
autres mammifères (LE MEN, 2015). La cornée recouvre plus de 30% de la surface de l’œil du
lapin. Par une telle surface exposée, la cornée est très susceptible aux traumatismes ou autres
dommages, comme la déshydratation (figures 1 et 4).
Figure 4 : coupe de la cornée (réalisation personnelle).
13
1.2. LES ULCÈRES CORNÉENS SUPERFICIELS CHEZ LE LAPIN
Les ulcères cornéens ou kératites ulcéreuses consistent en une perte de substance plus ou
moins importante des couches cornéennes. Un ulcère superficiel ne touche que la première
couche de la cornée, l'épithélium (figure 4).
Etiologie
Plusieurs origines sont décrites : spontanée, traumatique, insuffisance de sécrétion lacrymale
et infectieuse.
Des ulcères spontanés ont été décrits expérimentalement avec une incidence de 0.3% (JEONG,
2005). Ils sont à relier à la lagophtalmie. Ceci correspond à une insuffisance de fermeture
palpébrale. C'est une particularité physique des lapins dû à la forme bombée de leur œil.
En clientèle, l’origine traumatique est la plus courante. Il peut s’agir d’un corps étranger, d’une
mal-implantation ciliaire ou d’un distichiasis (CHAUDIEU, 1994). Un ulcère cornéen peut
également être consécutif à une exposition anormale de la cornée. Parmi eux sont recensés les
ulcères d'exposition. Il s'agit d'une exposition trop longue de la cornée à l'air, souvent lors
d'anesthésie générale lorsque l'œil reste ouvert trop longtemps. Ils apparaissent suite à la
dessiccation de la cornée. Ceci est accentué chez le lapin par rapport à d'autres espèces du fait
de la lagophtalmie et donc de la surface importante de la cornée du lapin exposée à l’air ; la
cornée est alors sujette et à la déshydratation et aux traumatismes. Elle provoque une
exposition de la cornée ainsi que de la conjonctive et peut secondairement entrainer
l’apparition d’ulcère cornéen superficiel (OKERMAN, 1994; BAGLE et LAVACH, 1995; BAUCK,
1989; KERN, 1989; FLECKNELL, 2000; ANDREW, 2002). Il a été démontré de plus que l'action
d'anesthésiques généraux fragilisent cet épithélium cornéen (KERN, 1990; ANDREW, 2002).
Tout comme chez les carnivores domestiques, mais plus rarement, les ulcères superficiels
peuvent être imputables à un défaut de sécrétion du film lacrymal (ANDREW, 2002).
Enfin une origine infectieuse sans traumatisme primaire due à Pseudmonas aeruginosa est
décrite (KREGER, 1983).
14
Examen clinique
Comme la cornée est très irriguée et innervée, la perte de substance liée à la formation d’un
ulcère est douloureuse pour l'animal. Cliniquement, cet ulcère s'objective par un
blépharospasme - l'animal a du mal à conserver l'œil ouvert-, une hyperhémie marquée des
conjonctives - l'apparition de nombreux vaisseaux sanguins - qui se traduit par un œil rouge.
Diagnostic
Cette perte de substance est mise en évidence après instillation de fluorescéine (LAFORGE,
1997). En effet, l’épithélium cornéen normal ne retient pas la fluorescéine orange qui, par
contre, se fixe sur le stroma en absence de l’épithélium sous forme de tâche verte visible à
l’aide d'un ophtalmoscope muni d'un filtre bleu Ces colorations ponctiformes vertes
correspondent aux ulcères cornéens superficiels (figure 5).
Pronostic
Les ulcères cornéens superficiels peuvent s'aggraver sans traitement et deviennent plus
profonds et touchent le stroma. Ils deviennent alors perforants lorsqu'ils atteignent la
membrane de Descemet.
Figure 5 : test à la fluorescéine positif sur un œil de lapin; la coloration verte correspond à un
ulcère superficiel (service NAC, École Nationale Vétérinaire de Maisons Alfort).
15
1.3. MODALITÉS DE LA CICATRISATION CORNÉENNE CHEZ LE LAPIN
1.3.1.
Cicatrisation des lésions cornéennes superficielles
La cicatrisation spontanée d'un ulcère cornée est possible. En raison de la vitesse de
régénération cellulaire par migration et mitoses cellulaires de l'épithélium antérieur de la
cornée chez le Lapin, seules 48 à 96 heures sont nécessaires pour recouvrir la membrane
basale de l’épithélium antérieur de la cornée. Il faut ensuite sept jours pour établir les fines
liaisons existant entre cette membrane basale et les cellules de l’épithélium antérieur
(ICHIJIMA et al., 1993, KERN, 1990). Toutefois, de nombreuses surinfections peuvent
compliquer la cicatrisation.
1.3.2.
Cicatrisation des lésions cornéennes profondes
Un comblement provisoire s'opère par glissement des cellules épithéliales des couches
superficielles bordant les marges de l'ulcère. Puis, les kératoblastes migrent vers le foyer
lésionnel. Ce type de cicatrisation est souvent accompagné d’une néovascularisation de la
surface de la cornée. La cicatrisation des ulcères cornéens profonds, des descemetocœles et
des pertes de substances cornéennes étendues aboutissent à une perte localisée de la
transparence cornéenne qui apparait sous la forme de taches blanches opalescentes non
évolutives. Les néo-vaisseaux cornéens restent fonctionnels pendant quelques semaines puis
disparaissent partiellement. Seule leur trame peut persister sous la forme de "vaisseaux
fantômes" (KERN, 1990; KIRSCHNER, 1997).
1.3.3.
Cicatrisation des lésions cornéennes perforantes
Elle est plus problématique car elle implique une réparation de l'épithélium postérieur de la
cornée qui passe par un étalement et/ou une prolifération cellulaire. Chez le chien et le chat,
seul l’étalement cellulaire peut permettre de combler l’espace vide lésionnel. Chez le lapin, par
contre, ce phénomène est complété par une réelle prolifération cellulaire (KERN, 1989, 1990
et 1997; KIRSCHNER, 1997; FLECKNELL, 2000).
16
1.4. TRAITEMENT MÉDICAL DES ULCÈRES CORNÉENS
1.4.1.
Nettoyage et retrait de corps étrangers éventuels
Le traitement local commence par le retrait des corps étrangers cornéens superficiels non
pénétrants repérés à l’aide d’un coton-tige imbibé d’une solution antiseptique stérile ou d’une
pince. Un nettoyage de la surface cornéenne permet d’éliminer du foyer lésionnel les
éventuels corps étrangers et tous les débris nécrotiques. Il est réalisé grâce à une solution de
rinçage oculaire stérile de polyvidone iodée diluée au 1/50 par exemple (OKERMAN, 1994;
KIRSCHNER, 1997).
1.4.2.
Différentes formes pharmaceutiques utilisées en ophtalmologie pour les
traitements oculaires
Il existe 3 formes pharmaceutiques ou galéniques dans les traitements oculaires : les collyres,
les pommades et les gels.
La Pharmacopée Européenne 8ème édition définit ces 3 formes pharmaceutiques.
Les collyres sont "des solutions, des émulsions ou des suspensions stériles, aqueuses ou
huileuses, contenant une ou plusieurs substances actives et destinées à l’instillation oculaire". Ils
sont utilisés dans le traitement des affections du segment antérieur de l’œil (la cornée, l’iris,
l’humeur aqueuse et le cristallin). Ils peuvent être présentés en flacons multidoses, en monodoses ou
en seringues.
Les pommades sont "des préparations stériles semi solide destinées à être appliquées sur la
conjonctive, contenant un ou plusieurs principes actifs dissous ou dispersés dans un excipient
approprié. Les excipients couramment rencontrés sont la vaseline et la paraffine liquide".
Enfin les gels sont "des pommades constituées par des liquides gélifiés à l’aide d’agents
gélifiants appropriés comme par exemple le carbomère, le carbopol ou l'acide polyacrylique".
Aucune spécialité ophtalmique commercialisée ne possède une autorisation de mise sur le
marché (AMM) pour le lapin. Toutefois, la prescription hors AMM ou en respectant le principe
de la cascade permet l'utilisation de l'ensemble des spécialités ophtalmologiques possédant
une AMM pour les carnivores domestiques (ANSES). En effet, un dossier d’AMM est très
onéreux. Aussi les laboratoires, pour des contraintes économiques de marché, dans la
17
majorité des cas, ne demandent l’AMM que pour l’espèce cible principale, chien et chat dans ce
cas.
Le vétérinaire doit prescrire en priorité un médicament vétérinaire autorisé (AMM) pour
l'animal de l'espèce considérée et pour l'indication thérapeutique visée. S'il ne peut pas, il doit
utiliser le principe de la "cascade" (article L. 5143-4 du code de la santé publique) :
1° Un médicament vétérinaire autorisé pour des animaux d'une autre espèce dans la même
indication thérapeutique ou pour des animaux de la même espèce dans un indication
thérapeutique différente;
2° Si le médicament mentionné au 1° n'existe pas, un médicament vétérinaire autorisé pour
des animaux d'une autre espèce dans une indication thérapeutique différente ;
3° Si les médicaments mentionnés aux 1° et 2° n'existent pas, un médicament autorisé pour
l'usage humain ou un médicament vétérinaire autorisé dans un autre Etat membre de l'UE;
4° À défaut des médicaments mentionnés aux 1°, 2° 3°, une préparation magistrale
vétérinaire.
1.4.3.
Modalités de traitements
Le but du traitement d'un ulcère cornéen est de protéger et de nourrir la cornée abimée. Le
traitement classique repose sur l'administration de substituts de larmes, d'antidouleurs
locaux type collyres mydriatiques, d'une antibiothérapie locale et possiblement l'utilisation de
collyres cicatrisants.
Substituts de larmes
Lors d'ulcère, la cornée perd sa capacité de rétention d'eau au niveau de la lésion. De plus,
parmi les causes, le défaut de larme peut être responsable d'un ulcère. Ainsi un substitut de
larme est nécessaire. Les collyres de larmes artificielles appliqués lors d'ulcères cornéens
assurent une protection mécanique, contribuent à l’épithélialisation cornéenne et diminuent
la douleur (OKERMAN, 1994: KIRSCHNER, 1997; SMITH et BURGMANN, 1997; RIVAL F,
1999). Il n'existe pas de spécialité vétérinaire.
18
Collyres mydriatiques cycloplégiques
Les atteintes inflammatoires et traumatiques de la cornée induisent fréquemment une
contracture des muscles du corps ciliaire et de l’iris, ce qui provoque l’apparition d’une
douleur profonde. La pupille se contracte (myosis) entrainant une douleur. Par une action
parasympatholytique, l’instillation d’un collyre cycloplégique inhibe la douleur due au spasme
en provoquant la dilatation de la pupille (mydriase) ainsi qu'en entraînant un relâchement du
muscle sphincter de la pupille et un blocage de la contraction du muscle ciliaire. Bien que ces
derniers soient très peu développés chez le lapin, une partie de la douleur peut être ainsi
levée. Seul le sulfate d’atropine (ATROPINE COLLYRE ND 0,3 %, 0,5 % ou 1 %) est utilisé en
thérapeutique. Ils sont également utilisés lorsqu'une uvéite est associée à l'ulcère. Le
traitement nécessite une administration très fréquente à savoir toutes les 2 heures pendant
24 heures maximum. Aucun effet systémique de l’administration en topique d’atropine n’a été
démontré chez le lapin. Toutefois, afin d’éviter une réaction locale on privilégiera en première
intention la concentration de 0,3 % en ATROPINE COLLYRE ND (RIVAL, 1999).
Collyre antibiotique
Dès la détection d'un ulcère, un traitement antibiotique local sera systématiquement
entrepris. En effet, si la kératite infectieuse n’est pas la cause directe de l’ulcère, elle en est
souvent la première conséquence. Une liste des principales molécules utilisables chez le lapin
domestique ainsi que leur formulation pharmacologique est dressée dans les tableaux 1, 2 et
3. Ces données ont été synthétisées à partir d'ouvrages documentant les molécules à utiliser
(RIVAL, 1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994) associés
au dictionnaire des médicaments vétérinaire (DMV) 2014, ed. le point vétérinaire.
En gras sont inscrits les médicaments vétérinaires.
Parmi les antibiotiques représentés, les polypeptides et les aminosides dont la néomycine ou
la gentamicine, notamment en raison de leur large spectre d’activité, occupent une grande
place dans le traitement de première intention. La néomycine associée à la polymyxine B est
souvent prescrite dans le traitement des ulcères cornéens des carnivores et s'utilise
également chez les lapins. Chez le lapin, les concentrations supérieures à 0,3 % en
gentamycine et son administration répétée ne sont pas conseillées par effet toxique sur
19
l’épithélium antérieur de la cornée (BRARD, 1985). La tobramycine fait également parti des
antibiotiques couramment prescrit en première intention chez les carnivores domestiques; en
revanche, l'acide fusidique s'applique plus spécifiquement lors de surinfection à Streptococus
intermedius.
Tableau 1 : collyres antibiotiques et antibactériens utilisables en première intention dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
MOLÉCULE
FAMILLE
NOM DÉPOSÉ
SPECTRE
POSOLOGIE
Bactéricide, Gram +,
Pseudomonas
Ciprofloxacine
Fluoroquinolo
CILOXAN ND
Norfloxacine
nes
CHIBROXINE ND
Ofloxacine
EXOCINE ND
Aeruginosa,
1 gttes 3 fois /j
Staphylococcus aureus
pendant 8 jours
et. Mycoplasmes.
Résistance de Gram Bactéricide, Gram -
Néomycine +
Aminosides
Polymyxine B
Polypeptides
TEVEMYXINE
Polymixine
ND
quelques Gram + ,
1-2 gttes 3-4
Pseudomona spp et
fois /j pendant 8
Pasteurella Multocida
jours
- Bactériostatique,
très large spectre,
Gram -, peu de
Oxytétracycline
Tétracycline
POSICYCLINE ND résistance, action sur
INNOLYRE ND
Pseudomonas
aeruginosa,
Staphylococcus spp.
Chlamydophila spp..
20
2 gttes 3-4
fois /j pendant
8 à 10 jours
Bactéricide Gram -,
Gram + aérobie,
action sur
Tobramycine
Aminosides
TOBREX ND
Staphylococcus aureus
1-2 gttes 2-6
fois /j pendant 8
jours
et Pseudomona spp,
résistance à
1 gtt toutes les
Pseudomonas
heures dans les
Aeruginosa et
cas sévères
Streptococcus sp
Tableau 2 : collyres antibiotiques et antibactériens utilisables en seconde intention dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
MOLÉCULE
FAMILLE
NOM DÉPOSÉ
SPECTRE
POSOLOGIE
Bactéricide, Gram +,
action sur
Streptococcus spp et
Bacitracine
Polypeptide
BACITRACINE
Thyrotricine
ND collyre
Staphylococcus spp,
2 gttes 3-6 fois
résistance à
/j pendant 8 à
Pseudomonas
10 jours
aeruginosa, pas
d'action sur
Pasteurelle spp et
Pseudomonas spp.
21
Bactériostatique, très
large spectre, action
Chloramphénicol
Phénicolés
CEBENICOL ND
collyre
sur Pasteurella spp,
1 gtte q2h
Staphylococcus spp.
pendant 48h,
Mycoplasmes,
puis 3-4 fois/j
Chlamydophila spp,
pendant 5 à 7
résistance à
jours
Pseudomonas
aeruginosa .
Bactéricide
GENTALLINE ND Gram -, Gram +
collyre
Gentamicine
Aminosides
aérobie, action sur
OPHTAGRAM ND Staphylococcus
Collyre
1-2 gttes 3 fois
/j pendant 5-7
jours
aureus et
Pseudomona spp,
résistance à
Néomycine
1-2 gttes 3-6
OPHTALKAN
Pseudomonas
fois /j pendant
ND collyre
Aeruginosa et
8 jours
Streptococcus sp
Sulfacétamide
(+Phényléphrine)
Sulfamides
SULFACOLLYRE
ND collyre
Bactériostatique, très
2 gttes 4-6 fois
large spectre, action
/j pendant 8
sur Chlamydophila
spp
22
jours
Tableau 3 : pommades et gels ophtalmiques antibactériens et antibiotiques utilisables dans le
traitement des kératites ulcéreuses et/ou infectieuses du Lapin (DMV, 2014, ed. le point
vétérinaire; RIVAL,1999; KIRSCHNER, 1997, HARKNESS et WAGNER, 1994; OKERMAN, 1994).
MOLÉCULE
FAMILLE
NOM DÉPOSÉ
SPECTRE
POSOLOGIE
Bactéricide,
Streptococcus spp
Acide fusidique
Fusidanine
ISATHAL ND gel Staphylococcus spp et
2 applications/j
pendant 5 jours
Chlamydophila spp.
Bactériostatique, très
large spectre, action
Chloramphénicol
LACRIBIOTIC
sur Pasteurella spp,
ND Pommade
Staphylococcus spp.
Phénicolés
OPHTALON ND
pommade
Mycoplasmes,
2 applications/j
Chlamydophila spp,
pendant 8 jours
résistance à
Pseudomonas
aeruginosa
Bactéricide
Gram - et + aérobie,
Gentamicine
SOLIGENTAL
ND collyre
action sur
3 applications/j
Staphylococcus aureus
pendant 6 jours
et Pseudomona spp,
Aminosides
résistance à
Pseudomonas
Kanamycine
STERIMYCINE
Aeruginosa et
2 applications/j
ND pommade
Streptococcus sp
pendant 8 jours
23
Bactériostatique, très
large spectre, Gram -,
action sur
Oxytétracycline
Tétracyclines
POSICYCINE ND
pommade
Pseudomonas
2 applications/j
aeruginosa,
pendant 8 jours
Staphylococcus spp.
Chlamydophila spp.,
peu de résistance
Bactéricide, Gram -
Néomycine +
Aminosides
TEVEMYXINE
quelques Gram + ,
2 applications/j
Polymyxine B
Polypeptides
ND pommade
action sur
pendant 5 jours
Polymixine
Pseudomona spp et
Pasteurella Multocida
Il semblerait par ailleurs que toute ulcération cornéenne, infectieuse ou non, puisse faire
l’objet d’un traitement par voie générale à base de tétracyclines. Seules les tétracyclines de
deuxième génération comme la doxycycline et la minocycline pénètrent efficacement dans
l’œil mais leur utilisation n’est pas courante chez le lapin. La tétracycline et l’oxytétracycline
ne pénètrent pas dans l’œil mais se retrouvent en concentration efficace dans la tunique
conjonctive (ANDREW, 2002; LECKNELL, 2000 et HILLYER, 1997) .
Plus que leur activité antibactérienne, c’est leur effet anticollagénase que l’on pourrait
exploiter dans le traitement par voie générale des ulcères à Pseudomonas aeruginosa
(KREGER, 1983). En effet, bien qu’inactive in vivo contre ce germe, la tétracycline injectée par
voie intramusculaire chez le lapin à la dose de 50 mg/kg/24h diminue de façon significative
l’incidence des perforations cornéennes dans un modèle expérimental d’étude de ce type de
kératites (LEVY et KATZ, 1990).
24
Cicatrisants cornéens
Ils constituent un vaste groupe hétérogène. Leur rôle réside dans l'apport de nutriments ou
vitamines ainsi qu'un effet d'hydratation pour accélérer la cicatrisation de la cornée. Il
regroupe les vitamines A (VITAMINE A DULCIS pommade ND ; VITAMINE A FAURE ND
collyre), B6 (CYSTINE B6 ND), B12 (VITAMINE B12 DULCIS ND), C (VITAMINE C FAURE
collyre 2 % ND), des anabolisants comme la nandrolone (KERATYL ND), des nucléosides
(VITACIC collyre ND) et enfin des acides aminés (AMICIC ND ou NAC COLLYRE ND).
1.4.4.
Nouvelle formulation: le gel thermoréversible
Le poloxamer 407 (P407) est un copolymère formé de trois blocs : une chaine centrale
hydrophobe de polyoxypropylène (PPO) et deux chaines latérales hydrophiles de
polyoxyéthylène (PEO). Cette structure lui confère des propriétés de thermoréversion dont la
phase de transition thermique dépend de sa concentration. De liquide à température
ambiante, il se gélifie à température plus élevée. Lors d'une augmentation de température, les
molécules de P407 s'agglomèrent en micelle. Ce phénomène est provoqué par la
déshydratation des blocs hydrophobes PO. Puis les micelles s'agrègent entre elles; si la
concentration en micelle est suffisante, elles forment alors un gel. Cette concentration
nécessaire en P407 pour une thermoréversion "solution - gel" nécessaire est estimée entre 20
et 40% (LENAERTS, 1982; SCHMOLKA, 1972; LIU T. et CHU B., 2000;HU et al., 2011).
Le poloxamer est biocompatible, faiblement toxique, pauvrement immunogène et stable
(ROWE et al. 2013). Il est utilisé en pharmacie et constitue un bon véhicule pour la délivrance
de médicament. Il a déjà été testé sous forme oral, transdermal, rectal et injectable,
(BAICHELLO et al., 1999; RYU et al., 1999; SCHERLUND et al., 2000; AMIJI et al., 2002; ELKHAMEL, 2002; PILLAI et PANCHAGNULA, 2003; ; LIU et al., 2009; CESPI et al., 2014) dont
intra-articulaire (ZHANG, 2002). La voie oculaire a été également testée pour des solutions de
P407 en association avec deux hypotenseurs oculaires : la pilocarpine (DESAI et BLANCHARD,
2000; MIYAZAKI, 2001) et le timolol (EL-KAMEL, 2002) pour le traitement des glaucomes
donnant des résultats satisfaisant mais peu différent d'un collyre habituel. L'utilisation du
poloxamer P407 dans le traitement des ulcères cornéens comme substitut de larme ou en
association avec une antibiothérapie n'a pas été réalisée.
25
Il existe de nombreux produits et formes pharmacologiques utilisables pour le traitement des
ulcères cornéens superficiels du lapin. L'ensemble des produits utilisés couramment pour le
traitement des ulcères de lapin cités précédemment n'existent aujourd'hui que sous forme de
collyre ou de pommade. La forme gel est réservée à un seul antibiotique lors de surinfection
spécifique.
Ils possèdent leur propre temps de résidence appelé rémanence sur la cornée.
Cette
rémanence est une des conditions d'une bonne délivrance du produit au niveau de l'œil ou
pénétration oculaire. A priori, pour un principe actif donné, la délivrance oculaire du produit
sera plus grande si sa rémanence sur la cornée augmente.
Aussi, la délivrance oculaire d'un produit est un réel défi. A ce jour, seulement 1 à 2% du
principe actif est disponible dans l'œil pour une action thérapeutique, le reste étant drainé par
le système des canaux nasolacrymaux ainsi que par d'autres barrières oculaires
physiologiques (NORIAKI et al., 2015).
La solution aujourd'hui pour traiter efficacement les ulcères cornéens superficiels est de
pallier à cette rémanence -et donc délivrance- oculaire peu importante. Cette solution consiste
en la répétition du traitement c'est-à-dire l'instillation répétée du produit.
De nouvelles formulations semblent nécessaires pour répondre à cette problématique.
26
2. PARTIE II : ÉTUDE EXPERIMENTALE D'UN GEL
THERMORÉVERSIBLE À BASE DE POLOXAMER 407
(P407) POUR LE TRAITEMENT DES ULCÈRES
27
28
Cette deuxième partie se propose d'évaluer la capacité d'un gel thermoréversible comme
formulation ophtalmologique. Dans un premier temps, sa tolérance oculaire sera évaluée afin
de s’assurer de son innocuité. Dans un second temps, une évaluation qualitative de sa
diffusion et de sa rémanence sur la cornée sera effectuée.
2.1. MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1.1.
Matériel
L'ensemble des préparations extemporanées utilisées pour cette étude (gel thermoréversible,
gel thermoréversible à la fluorescéine et VISKYAL ND à la fluorescéine) est réalisé par le
secteur pharmacotechnie de l’ENVA selon les bonnes pratiques de préparations
extemporanées
vétérinaires
(bonnes pratiques de
préparation
extemporanée des
médicaments vétérinaires définies par l’arrêté du 9 juin 2004). Les spécialités
pharmaceutiques utilisées dans cette étude ont été fournies par la pharmacie centrale de
l’ENVA. Le sulfate de zinc, le chlorure de benzalkonium ou BAK et l'édétate de disodium ou
EDTA sont des conservateurs provenant de FAGRON. Le Poloxamer 407 ou P407 est un
polymère thermoréversible du BASF. Enfin l'eau distillée provient d'ampoule d'eau PPI.
Fluorescéine 0,5 % collyre Boîte de 100 unidoses
La fluorescéine sera utilisée comme marqueur cornéen de la présence d'ulcère dans les tests
d'irritation.
VISKYAL ND
Il s'agit d'un substitut de larme utilisé comme témoin pour les tests d'irritation oculaire.
VISKYAL ND à la fluorescéine
La fluorescéine est ajoutée à un flacon de VISKYAL ND 10 mL pour obtenir une solution à
0.5% en fluorescéine qui servira de témoin dans le test de diffusion et de rémanence.
Composants :
VISKYAL ND
1 flacon de 10 ml
Fluorescéine
qsp 0,5%
29
Mode opératoire :
1. Peser le flacon de VISKYAL ND
2. Verser 10 ml de VISKYAL ND dans un flacon stérile
3. Peser le flacon de VISKYAL ND vide pour déterminer la masse de la solution de VISKYAL
4. Peser la fluorescéine en conséquence pour avoir une concentration finale de 0,5% de
fluorescéine.
5. Incorporer la fluorescéine dans la solution de VISKYAL ND.
6. Agiter pour bien homogénéiser.
Gel ophtalmique thermoréversible
Cette préparation constitue la nouvelle formulation ophtalmique à tester. Le poloxamer est à
une concentration de 12%.
Composants
Sulfate de zinc
0.08 g
Poloxamer 407
6g
Chlorure de benzalkonium
0.05g
EDTA
0.2g
Chlorure de sodium
0.45g
Eau distillée
qsp 50 ml
Mode opératoire :
1. Peser l'ensemble des composants.
2. Dissoudre le sulfate de zinc, le BAK, l’EDTA et le chlorure de sodium dans l'eau distillée
dans un bécher de 150 ml.
3. Ajouter peu à peu le P407 dans la solution aqueuse précédente jusqu'à complète dilution du
polymère.
4. Stériliser par filtration.
30
Gel ophtalmique thermoréversible à la fluorescéine
Cette préparation sera utilisée pour évaluer la diffusion et la rémanence du gel sur la cornée
par suivi de la disparition au cours de temps de la coloration par la fluorescéine.
Composants
Sulfate de zinc
0.08 g
Poloxamer 407
6g
Chlorure de benzalkonium
0.05g
EDTA
0.2g
Chlorure de sodium
0.45g
Fluorescéine
0,25g
Eau distillée
qsp 50 ml
Mode opératoire :
1. Peser l'ensemble des composants.
2. Dissoudre le sulfate de zinc, le chlorure de benzalkonium, l’EDTA, la fluorescéine et le
chlorure de sodium dans l'eau distillée dans un bécher de 150 ml.
3. Ajouter peu à peu le poloxamer 407 dans la solution aqueuse précédente jusqu'à complète
dilution du polymère.
4. Stériliser par filtration.
2.1.2.
Animaux
Deux lots de quatre lapins d'expérimentation femelle entière de race Néo-zélandais blanc
albinos (New Zealand white rabbit) pesant entre 1,8 et 2,4 kilogrammes provenant de
l'animalerie Charles River sont utilisés.
Les protocoles ont été établis selon les recommandations sur l'utilisation de l'animal de
laboratoire de la directive 2010/63/UE du parlement et du conseil du 22 septembre 2010
relative à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales.
Selon la ligne directrice OCDE pour les essais de produits chimiques, effet irritant/corrosif
aigu sur les yeux adoptée en octobre 2012 (annexe 1), la réalisation des tests d'irritation du
31
gel directement sur l'œil du lapin est permise grâce à la connaissance du potentiel irritant de
chacun des excipients : les conservateurs que sont l'EDTA, le sulfate de zinc et le BAK à 0.1%
sont couramment utilisé en formulation pharmacologique répertoriées dans les tableaux 1,2
et 3 et ne montrent pas de potentiel irritant oculaire (ROWE et al., 2013). Le chlorure de
sodium et l'eau forment une solution physiologique. Le poloxamer P407 ne présente pas non
plus de toxicité oculaire utilisé seul (DUMORTIER et al. 2006).
Les animaux sont placés dans des cages individuelles. La température du local expérimental
est constante à 20°C. L'éclairage est naturel, avec une séquence alternant 12 heures de
lumière et 12 heures d'obscurité. Tous les jours, les lapines sont nourries avec du foin ainsi
qu'une quantité donnée de granulés pour lapin et boivent de l’eau potable à volonté.
2.1.3.
Examen clinique
Examen général
Un examen clinique complet général est réalisé pour chaque animal avant chaque
administration afin de s'assurer de l'absence de pathologie : auscultation cardiopulmonaire
avec prises des fréquences cardiaques et respiratoires, température et palpation abdominale
sont réalisées.
Examen ophtalmologique
Les deux yeux de chaque animal susceptible de participer à l'essai sont examinés dans les 24
heures précédant le début de l'essai afin de repérer toute anomalie. Cet examen repose en un
examen complet de chacune des parties de l'œil à l'œil nu puis à la lampe à fente (Kowa, SL15). Un test à la fluorescéine complète cet examen afin de rechercher des lésions cornéennes
ulcératives. Les animaux qui présentent des signes d’irritation oculaire, des défauts oculaires
ou une lésion de la cornée sont écartés.
32
2.1.4.
Protocole d’instillation
L'administration se fait conformément à la ligne directrice 405 OCDE pour les essais de
produits chimiques, effet irritant/corrosif aigu sur les yeux, adoptée en octobre 2012 (annexe
1).
Chaque administration se fait par une même personne dans la même pièce (température de
22°C) et dans les mêmes conditions.
Les substances utilisées pour chaque test sont rappelées dans le tableau 4 : substance d'essai
et substance témoin.
Tableau 4 : détail des substances d'essai et des témoins utilisés dans chacun des deux tests.
TYPE DE TEST
SUBSTANCE D'ESSAI
TEMOIN
Test de tolérance local
Gel thermoréversible
VISKYAL ND
Test de rémanence
Gel thermoréversible avec
VISKYAL ND avec
fluorescéine
fluorescéine
2.2. EXPÉRIENCES
2.2.1.
Test de tolérance (annexes 1 et 2)
L'objectif de ce test est d'évaluer si le gel thermoréversible avec une concentration en BAK à
0.1% et en P407 à 12% a un potentiel irritant oculaire selon la ligne directrice OCDE pour les
essais de produits chimiques, effet irritant/corrosif aigu sur les yeux adoptée, en octobre
2012 (annexes 1 et 2).
33
Un premier lapin est nécessaire à la réalisation de ce test. S'il est positif, la substance est dite
irritante et l'expérience est interrompue. Sinon, il est alors réalisé sur les autres animaux ne
présentant pas d'anomalies générales ou oculaires.
La substance d'essai (0,1 mL) est introduite dans le cul-de-sac conjonctival d'un des deux yeux
de chaque animal, après avoir délicatement écarté la paupière inférieure du globe oculaire.
Les deux paupières sont ensuite ramenées l’une contre l’autre et maintenues dans cette
position pendant environ une seconde afin d’éviter toute perte de substance.
L’autre œil sert de témoin.
L'instillation se fait en double aveugle. L'expérimentateur ne sait pas quel produit est instillé
dans quel œil. Ceci a pour but d'éliminer tout élément subjectif afin de permettre
l'appréciation la plus objective possible.
Après l'application de la substance d’essai, un examen clinique général ainsi qu'oculaire
complet sont réalisés une heure après puis au moins une fois par jour pendant trois jours au
minimum. Pour faciliter la détection et la mesure des lésions oculaires, un test à la
fluorescéine est utilisé ainsi qu'une lampe à fente (Kowa, SL-15). Des photographies
numériques des lésions observées sont collectées à titre de référence et pour garder une trace
permanente attestant l'étendue de la lésion oculaire (annexe 2).
Les lésions conjonctivales, cornéennes et iridiennes sont évaluées. Elles sont établies selon les
scores de lésions donnés par le tableau 1 de la ligne directrice OCDE sur une échelle
d'intensité croissante : de 0 à 4 pour la cornée et le chémosis, de 0 à 2 pour l'iris et de 0 à 3
pour la conjonctive (annexe 1). Si des lésions apparaissent, ces examens sont réalisés au
moins une fois par jour jusqu'à disparition des lésions. Ensuite les animaux sont observés
pendant 21 jours après l'exposition à la substance pour évaluer la réversibilité des effets.
Tous signes de douleur ou de gêne doivent être considérés et mettre fin à l'étude. Si aucune
lésion n'apparait, l'étude se termine au bout des trois jours et infirme l'effet corrosif ou
irritant de l'élément d'essai.
34
2.2.2.
Test de diffusion et de rémanence
L'objectif de ce test est d'évaluer la diffusion sur la cornée du gel thermoréversible lors de son
instillation puis sa rémanence, c'est à dire son temps de résidence sur la cornée.
25µL de chacune des solutions contenant 0,5% de fluorescéine sont instillés à l’aide d’une
seringue au centre de la cornée des quatre lapins. Après l’instillation, les paupières sont
fermées pendant 10 secondes pour prévenir toute perte de produit. La présence de
fluorescéine est évaluée en utilisant une lampe à lumière bleue fente (Kowa, SL-15). Elle se
fait sur chaque œil au niveau de la cornée, du quantus interne ainsi qu'au niveau des narines;
en effet l'élimination lacrymal passe par ce quantus et débouche dans les narines. A noter que
les narines sont essuyées après chaque observation pour objectiver l'écoulement de la
fluorescéine restante.
La présence de fluorescéine est évaluée à T0 pour vérifier la répartition du produit sur la
cornée. Une répartition homogène est recherchée.
Le temps de rémanence oculaire de la fluorescéine est ensuite évalué sur chaque œil à 5, 10,
15, 30 et 45 minutes après instillation puis chaque heure jusqu'à disparition complète du
produit.
L'administration est effectuée en double aveugle : un œil au hasard reçoit le gel
thermoréversible à la fluorescéine (solution définie comme 1 pour le reste de l'étude) l'autre
œil reçoit du VISKYAL ND à la fluorescéine (solution définie comme 2 pour le reste de l'étude).
2.2.3.
Méthode statistique
Elle ne sera utilisée que dans le test de la rémanence. Dans cette étude, les données ne sont
pas indépendantes. Les deux yeux testés avec les solutions différentes appartiennent en effet
au même animal. La comparaison des moyennes de rémanence entre le gel et le témoin sera
permise grâce au test de Student pour série appariée à partir du site Internet BiostatGV.
35
2.3. RÉSULTATS
2.3.1.
Examens cliniques
Tous les animaux présentent des constantes physiologiques dans les normes (annexe 2).
L'examen oculaire est normal pour les lapines 1, 2, 6 et 8 qui sont conservées pour l'étude. La
présence d'une discrète hyperhémie conjonctivale pour les lapines 3, 4, 5 et 7 est notée
(photographies 1 a, b, c et d de l'annexe 3); ces dernières sont écartées pour le test d'irritation
et de rémanence.
2.3.2.
Résultats test de tolérance
Les résultats de l’étude de tolérance oculaire sont consignés dans le tableau 5 et dans l'annexe
3 (photographies 2 à 9) à partir de l'annexe 1. La solution appliquée 1 correspondant au
VISKYAL. La solution 2 est le gel thermoréversible.
Tableau 5 : résultats du test de tolérance de l'application du gel thermoréversible.
Lapin 1
Lapin 2
Lapin 6
Lapin 8
Œil
Droit
Gauche
Droit
Gauche
Droit
Gauche
Droit
Gauche
Solution
1
2
2
1
2
1
2
1
appliquée
CORNEE
T0+1h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+24h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+48h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+72h
0
0
0
0
0
0
0
0
Total = IO
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
IRIS
T0+1h
36
0
0
0
0
T0+24h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+48h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+72h
0
0
0
0
0
0
0
0
Total = IO
0
0
0
0
0
0
0
0
CONJONCTIVES
T0+1h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+24h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+48h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+72h
0
0
0
0
0
0
0
0
Total = IO
0
0
0
0
0
0
0
0
CHEMOSIS
T0+1h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+24h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+48h
0
0
0
0
0
0
0
0
T0+72h
0
0
0
0
0
0
0
0
Total = IO
0
0
0
0
0
0
0
0
Le total correspond aux indices oculaires et est réalisé en effectuant la moyenne des scores.
Sur un œil sans anomalie, l'application du gel n'entraine pas de réaction. Nous n’observons
également aucun phénomène irritatif sur l’œil ayant reçu le VISKYAL.
2.3.3.
Résultats test de diffusion et de rémanence.
La diffusion et la rémanence du produit sont testées par évaluation de la présence de
fluorescéine associée à la substance au moment de l'administration (T0) puis à intervalle de
temps régulier. Cette présence est notée d'un + dans le tableau 6. La solution 1 est la
substance d'essai (gel thermoréversible + fluorescéine) alors que la solution 2 correspond au
témoin (VISKYAL ND + fluorescéine).
Pour la diffusion, la répartition de la fluorescéine sur la cornée est observée lors du dépôt de
la goutte et n'est évaluée qu'à T0. Elle est notée "tot" pour totale si elle recouvre toute la
cornée ou "pa" pour partielle.
37
Tableau 6 : résultats du test de diffusion de l'application du gel thermoréversible.
Lapin 1
Lapin 2
Lapin 6
Lapin 8
OD
OG
OD
OG
OD
OG
OD
OG
Solution
1
2
1
2
2
1
1
2
T0
+/ tot
+/ tot
+/ tot
+/ tot
+/ tot
+/ tot
+/ tot
+/ tot
T0 + 5 min
+
+
+
+
+
+
+
+
T0 + 10 min
+
+
+
+
+
+
+
+
T0 + 15 min
+
-
+
+
+
+
+
+
T0 + 30 min
+
-
+
+
-
+
+
-
T0 + 45min
+
-
+
-
-
-
+
-
T0 + 1h
-
-
-
-
-
-
+
-
T0 + 2h
-
-
-
-
-
-
-
-
T0 + 3h
-
-
-
-
-
-
-
-
La répartition de la fluorescéine sur la cornée est totale et homogène lors de l'instillation de la
goutte quelque soit la solution (avec ou sans gel).
La rémanence moyenne du gel thermoréversible est de 45 minutes (σ=10,6) contre 17,5
minutes (σ=7,5) pour le VISKYAL ND.
L'analyse statistique montre que la rémanence moyenne du gel thermoréversible est par
rapport au témoin VISKYAL ND significativement différente (Qobs = 2.8401877872188 soit
inférieur à 1.96); elle semble plus importante.
2.4. DISCUSSION
Innocuité
Tester la tolérance oculaire d'une formulation pharmaceutique oculaire est un prérequis
avant une quelconque utilisation. Ce test peut se faire in vitro sur des modèles expérimentaux
type cellules de l'épithélium cornéens ou in vivo c'est-à-dire sur l'animal.
38
Dans cette étude, la détermination du caractère irritant ou corrosif s'est directement effectuée
sur l'animal selon la ligne directrice OCDE pour les essais de produits chimiques, effet
irritant/corrosif aigu sur les yeux, adoptée en octobre 2012. En effet, d'après la littérature,
aucun des produits composants le gel thermoréversible ne présentent d'irritation pour l'œil
(ROWE et al. 2013, DUMORTIER et al, 2006).
Aussi, l'hypothèse de la non toxicité oculaire du produit a été posée. L'utilisation du modèle
animal vivant a été possible.
Toutefois, il était nécessaire de vérifier que l'association de l'ensemble de ces molécules
n'entrainait pas d'irritation.
Ceci a été réalisé lors du test d'irritation oculaire.
Le score d'irritation oculaire est évalué en fonction de la présence, de la nature et de la gravité
des lésions ainsi que de leur réversibilité ou absence de réversibilité. Les cotes individuelles
ne livrent pas une valeur absolue des propriétés irritantes d’une substance, celles-ci étant
évaluées parallèlement à d’autres effets de la substance. En revanche, les cotes individuelles
ont une valeur de référence et ne sont significatives que lorsqu’elles sont appuyées par une
description et une évaluation complètes de toutes les observations. Celles-ci ont été réalisées
grâce à la ligne directrice OCDE (annexe 1) et s'appuient sur les photographies prises des yeux
testés (annexe 2).
Dans le cadre de cette étude, l'instillation du produit n'entraine pas de lésion oculaire;
autrement dit le score d'irritation oculaire ne révèle pas d'anomalie. Elle ne s'appuie que sur 4
animaux mais le résultat en est significatif -seul un animal suffit- d'après la ligne directrice
OCDE pour les essais de produits chimiques dont l'effet irritant et/ou corrosif sur l'œil. En
effet, si un seul œil présente une lésion, le test est positif et le produit est irritant.
Le test d'irritation oculaire réalisé a infirmé le pouvoir irritant du gel thermoréversible dans
cette formulation proposée et confirmé sa bonne acceptabilité oculaire.
Les résultats de l’étude d’irritation oculaire réalisée in vivo sur trois lapins selon les
recommandations de la ligne directrice OCDE démontre la parfaite tolérance oculaire de la
formulation testée. En conséquence, la formulation pharmaceutique étudiée peut être
appliquée sur l’œil de lapin sans risque irritatif.
39
Diffusion et rémanence
La diffusion et la rémanence du gel sont comparées à celle du VISKYAL ND.
Le VISKYAL ND est un collyre substitut de larmes, type lubrifiant, dont le principe actif est
l'acide hyaluronique. L'acide hyaluronique est un polysaccharide biologique, constituant
naturel de l’œil retrouvé dans le vitré. Il a été montré qu'il participe à la composition et à la
stabilité de la phase muqueuse du film lacrymal et qu'il contribue à l’interface entre
l’épithélium cornéen et la phase aqueuse du film lacrymal. Il possède des propriétés
mucomimétiques, viscoélastiques et hydratantes. Ceci s'explique par sa capacité à se lier à un
très grand nombre de molécules d’eau qui permettent de réduire le taux d'évaporation des
larmes et soulage la sécheresse oculaire comme lors d'irritation ou de brulure (YU F., et al.
2013; JOHNSON et al., 2006; ARAGONA et al., 2002).
Aussi grâce aux propriétés de l'acide hyaluronique qui le compose, VISKYAL ND assure à la
surface de l’œil la formation d’un film stable, uniforme : la diffusion est totale et la rémanence
est grande. Il constitue un excellent témoin pour l'étude de la diffusion et de la rémanence du
gel thermoréversible.
Répartition homogène diffusion
L'étude montre que la diffusion du gel thermoréversible sur la cornée est similaire à celle du
témoin VISKYAL ND. D'après les propriétés du VISKYAL ND énoncées précédemment, la
diffusion du gel thermoréversible est donc considérée comme totale et homogène sur
l'ensemble de la cornée.
Rémanence
D'après les résultats, la rémanence cornéenne semble significativement plus importante pour
le gel thermoréversible que pour le témoin. Le gel thermoréversible persiste 45 +/- 10,6
minutes soit 34,4 minutes au minimum contre 17,5 +/- 7,5 minutes soit 25 minutes au
maximum pour le VISKYAL ND. Cette conclusion est confortée par les écarts type. Ils sont
certes important : 10,6 minutes pour une rémanence moyenne de 45 minutes du gel
thermoréversible et 7,5 minutes pour une rémanence moyenne du VISKYAL ND de 17,5
minutes soit respectivement le quart et presque la moitié de leur temps de résidence. La
marge de fiabilité est plus certaine avec le gel qu'avec le témoin.
40
Toutes ces mesures permettent cependant d'obtenir une première idée de la diffusion et de la
rémanence du poloxamer P407. Cette rémanence reste toutefois insuffisante pour le
traitement des ulcères cornéens.
Aussi la conclusion qui ressort de ce travail est que le gel thermoréversible aurait une
rémanence plus grande qu'un collyre. Ce résultat est qualitatif.
En effet, pour objectiver au mieux l'impact de la solution sur la cornée, une étude de la
pénétration cornéenne aurait pu être proposée. Il s'agit d'une étude ex vivo et repose sur la
méthode d'Iwata et al., 1980. Elle consiste à prélever la couche cornéenne des yeux de lapins
après euthanasie. La cornée individualisée est ensuite placée sur une matrice de méthacrylate
conçue pour les études de pénétration cornéenne : la partie exposée à l'air est recouverte de
la solution ophtalmique à 0.5% et la partie dessous servant de réservoir contient une solution
de nutrition. La quantité absorbée de produit par les échantillons est par la suite déterminée
par pesée régulière (IGARASHI et al., 2006).
Cette étude aurait permis de compléter ce travail en quantifiant précisément la quantité de
solution absorbée par la cornée puis de réaliser une cinétique de résorption.
Toutefois, elle n'a pas été réalisable par manque de matériel spécifique et d'animaux.
Applications potentielles
Un seul gel ophtalmique utilisé en médecine vétérinaire existe (ISATHAL gel). Il n'est appliqué
dans le traitement des ulcères cornéens superficiels chez le lapin que lors d'échec au premier
traitement (souvent néomycine associée à la polymyxine B ou tobramycine).
L'intérêt du développement du gel thermoréversible par rapport au gel ISATHAL ND déjà
existant est d'avoir à disposition dans l'arsenal thérapeutique une base galénique
intermédiaire entre une solution liquide (le collyre) et une solution semi-solide (la pommade
ou le gel) afin de simplifier l'administration mais aussi d'obtenir un contact du gel associé ou
non à un principe actif long et durable.
Le gel thermoréversible serait alors à utiliser en premier intention sur les kératites ulcéreuses
du lapin.
41
Soit seul. Ce gel peut faire office de substitut de larme par ses propriétés de lubrifications et
de rémanence sur la cornée, démontrées précédemment pour traiter les ulcères cornéens
superficiels du lapin et pour toute autre espèce.
Soit comme base et véhicule à n'importe quel principe actif.
En effet, dans le traitement des ulcères cornéens superficiels du lapin, une association avec un
antibiotique type polymyxine B et néomycine comme dans la composition de la TEVEMEXYNE
ND collyre serait pertinente.
42
CONCLUSION
Les ulcères cornéens superficiels du lapin sont des entités classiques en consultation NAC. Ils
nécessitent un traitement local oculaire c'est-à-dire en l'administration de solution sur la
cornée. Cette administration doit faire en sorte que sur la durée totale du traitement (en
général 7 jours chez le lapin), la cornée soit tout le temps au contact d'une solution hydratante
(substitut de larme, lubrifiant) et d'un antibiotique. Il s'agit là d'un réel défi pour le
propriétaire chez les animaux souvent réfractaires à l'instillation de solution oculaires et
surtout chez les lapins, facilement sujet au stress de manipulations répétées. A cela s'ajoute
des formulations pharmaceutiques peu adaptées pour les animaux. Les collyres liquides
doivent être administrés plusieurs fois par jour, grande contrainte pour les propriétaires. Les
pommades elles sont difficiles a bien appliquées sur l'œil, une contention de l'animal est à
chaque fois nécessaire.
Ces problématiques entrainent un mauvais suivi, appelé aussi observance du traitement, que
les propriétaires tendent à abandonner ou à modifier (diminution des administrations) et par
conséquent des retards dans la guérison voire des complications en ulcères indolents
chroniques ou en ulcères perforants.
Le gel thermoréversible à base de P407 possède des caractéristiques originales et
intéressantes à exploiter dans le traitement de ces ulcères. A basse température ou à
température ambiante il est sous forme liquide. A partir d'une température seuil dépendante
de la concentration présente en P407, cette solution se gélifie. En moyenne, cette transition
s'opère à plus de 30°C pour une concentration comprise entre 20 et 30% en P407. Toutefois,
une concentration de 12% en P407 dans cette composition proposée suffit à la
thermoréversion. La concentration plus basse nécessaire en P407 par rapport aux études peut
s'expliquer par l'association de celui-ci aux conservateurs de cette préparation.
43
Le pré requis à l'utilisation de ce gel est son innocuité. Ce travail démontre que le gel
thermoréversible n'entraine pas d'irritation sur l'ensemble des constituants superficiels de
l'œil que sont la cornée, la conjonctive et l'iris, ni d'effet sur l'état clinique général de l'animal.
Il semble donc compatible avec une instillation oculaire.
Ce travail montre également la diffusion complète sur la cornée du gel qui recouvre
l'ensemble de la cornée lors de l'instillation.
Enfin, cette étude démontre que le poloxamer P 407 semble augmenter la rémanence sur la
cornée d'un collyre lorsqu'il est ajouté à celui-ci. Elle est estimée à 45 minutes dans cette
étude pour cette formulation.
Le dernier intérêt du développement de ce gel thermoréversible réside dans sa simplicité
d'application. La forme liquide facilite les instillations. La forme gel une fois au contact de la
cornée permet une résidence du produit conséquente, espaçant alors les administrations.
Deux conséquences en découlent. La première est une meilleure observance et donc un
meilleur résultat dans le traitement des kératites ulcéreuses. Une application 2 fois par jour
est très aisée pour un propriétaire. Ceci se combine également à la facilité d'administration du
produit sous forme de gouttes.
La deuxième conséquence est que le gel thermoréversible pourrait être utilisé comme
substitut de larme dans un premier temps dont les instillations oculaires seraient peu
nombreuses (a priori deux par jour).
Il pourrait être également intéressant de l'utiliser comme lubrifiant cornéen lors d'anesthésie
à l'instar de l'OCRYGEL ND couramment utilisé à ce jour avec pour hypothèse -à tester- d'une
résidence plus importante que l'OCRYGEL.
D'autres perspectives sont à envisager : l'ajout d'un ou plusieurs principes actifs pour la lutte
des surinfections bactériennes consécutives à toutes brèches cornéennes.
A chaque ajout de tout principe actif au sein du gel thermoréversible, de nombreux critères
doivent être évalués concernant le produit final: l’innocuité, la stabilité, la diffusion et
rémanence, la délivrance, la résorption et l'efficacité du principe actif au sein du gel véhicule.
44
Dans le cas d'une antibiothérapie pour le traitement des ulcères cornéens superficiels du
lapin, il serait intéressante de faire une association entre le gel thermoréversible et deux
antibiotiques que sont la polymyxine B et la néomycine dont la composition commercialisée
existe en collyre ou en pommade via le TEVEMEXYNE ND collyre ou pommade. L'intérêt de ce
gel avec antibiotique serait toujours d'être une base facile d'utilisation avec une rémanence
importante, peut-être plus importante que le collyre ou la pommade TEVEMEXYNE ND
Une dernière particularité du poloxamer 407 qui compose le gel thermoréversible est à
souligner dans le cas d'ulcères de lapins dus à Pseudomonas aeruginosa. Il a été démontré qu'il
inhibe significativement à 92-99% l'adhérence de ces bactéries sur les cellules épithéliales de
la cornée (PORTOLES et al. 1995).
Se pose la question de la qualité de la délivrance d'un principe actif par ce gel
thermoréversible. En effet, les données scientifiques tendent à montrer que l'ajout d'autres
produits inorganiques comme des principes actifs tendent à changer discrètement le point de
viscosité du poloxamer P407, support de cette thermoréversion (UR-REHMAN et al. 2010).
La présence du BAK abaisse la température de transition. PISAL et al. 2004)
De plus, une variation de la délivrance est observée en fonction des composés présents en
plus du P407 (ZHANG et al. 2002; BONACUCINA G. et al., 2007).
Récemment, il a été noté que la capacité de pénétration à travers la cornée peut être
significativement augmentée en diminuant la taille des particules soit en utilisant des
nanoparticules en association avec un poloxamer dont le P407 ( RAFIE et al., 2010; GUPTA et
al., 2011; LI et al., 2012; NORIAKI et al., 2015). Une association avec d'autre poloxamer
permettrait également d'augmenter encore le temps de résidence sur la cornée (WEI et al.
2002).
Ce gel thermoréversible a été développé et appliqué dans cette étude sur le lapin.
Il serait toutefois applicable à toute espèce animale.
45
46
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53
54
Annexe 1 : ligne directrice OCDE pour les
essais de produits chimiques; effet
irritant/corrosif aigu sur les yeux, 2012
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
Annexe 2 : constantes physiologiques des
lapines
77
Tableau 7 : constantes physiologiques des lapines lors de l'examen clinique générale par rapport aux normes (QUINTON, 2003).
CONSTANTE
Fréquence
cardiaque
(battements par
minute)
NORMES
Lapine 1
Lapine 2
Lapine 3
Lapine 4
Lapine 5
Lapine 6
Lapine 7
Lapine 8
120-250 bpm
180 bpm
172 bpm
240 bpm
180 bpm
120 bpm
128 bpm
200 bpm
204 bpm
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
20-65 mpm
44 mpm
36 mpm
56 mpm
48 mpm
24 mpm
26 mpm
52 mpm
44 mpm
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Température
(degré celsius
°C)
38,5-40°C
39,1
38,8
38,6
39,2
38,9
38,7
39,1
38,8
Autres
appareils
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Sans
anomalie
Auscultation
Fréquence
respiratoire
(mouvements
par minute)
Auscultation
79
80
Annexe 3 : photographies des yeux des
lapines réalisées lors du test de tolérance
oculaire du gel thermoréversible
81
82
Photographies 1 a, b, c et d : hyperhémie conjonctivale des yeux droits respectivement des
lapines 3, 4, 5 et 7.
Photographies 2 a, b et c : œil droit de la lapine 1 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation de VISKYAL ND (œil témoin).
Photographies 3 a, b et c : œil gauche de la lapine 1 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du gel thermoréversible.
83
Photographies 4 a, b et c : œil droit de la lapine 2 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation du gel thermoréversible.
Photographies 5 a, b et c : œil gauche de la lapine 2 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du VISKYAL ND (œil témoin).
Photographies 6 a, b et c : œil droit de la lapine 6 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et c
après l'instillation de gel thermoréversible.
84
Photographies 7 a, b et c : œil gauche de la lapine 6 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du VISKYAL ND (œil témoin).
Photographies 8 a, b et c : œil droit de la lapine 8 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b et
c après l'instillation du gel thermoréversible.
Photographies 9 a, b et c : œil gauche de la lapine 8 à t0, t0+1h et t0+24h respectivement a, b
et c après l'instillation du VISKYAL ND (œil témoin).
85
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA PERTINENCE D'UN
GEL THERMORÉVERSIBLE COMME NOUVELLE
FORMULATION OPHTALMIQUE POUR LE
TRAITEMENTS DES ULCÈRES CORNÉENS
SUPERFICIELS DU LAPIN
REDON Laëtitia
Résumé
Ce travail propose d'étudier in vivo l'innocuité, la diffusion, la rémanence et des propositions
d'applications d'une nouvelle formulation pharmaceutique pour le traitement des ulcères
cornéens superficiels du lapin dont les caractéristiques regroupent une facilité d'instillation
comme pour les collyres, associé à un temps de contact important sur la cornée à l'instar des
pommades. Cette nouvelle formulation est un gel thermoréversible qui, grâce au poloxamer
P407, est liquide à température ambiante et se gélifie à plus haute température. Cette étude
montre que le gel à 12% de P407 est thermoréversible. D'après ce travail, son utilisation
oculaire n'est pas toxique. Sa diffusion sur la cornée est totale et homogène. Sa rémanence
semble supérieure à celle existant à ce jour dans le commerce. Ses applications pour le
traitement des ulcères cornéens superficiels de lapins seraient en tant que substituts de
larmes puis en association avec des principes actifs dont des antibiotiques. Une utilisation en
prévention lors des anesthésies générales comme protecteur cornéen serait possible. Enfin,
une utilisation chez toutes espèces dont l'homme après essai clinique pourrait être envisagée.
Mots clés :
OPHTALMOLOGIE/MALADIE DE L'OEIL/ULCÈRE CORNÉEN/MÉDICAMENT/EFFICACITÉ
THÉRAPEUTIQUE/TOLÉRANCE AUX MÉDICAMENTS/LAGOMORPHE/LAPIN
Jury :
Président : Pr.
Directeur : Dr Perrot et Co directeur : Dr Pignon
Assesseur : Pr Moissonnier
EXPERIMENTAL STUDY OF THE REVELANCE OF A
THERMOREVERSIBLY GEL AS A NEW OPHTHALMIC
FORMULATION FOR TREATMENT OF SURPERFICIAL
CORNEAL ULCERS ON RABBIT
REDON Laëtitia
Résumé
This in vivo work studies tolerance, dissemination, persistence and potential indications of a
new pharmaceutical formulation for the treatment of rabbit superficial corneal ulcers. The
characteristics of this product include simplicity of instillation as for eye drops, combined
with an important contact time on the cornea like ointments. This new formulation is a
thermoreversible gel which, thanks to poloxamer P407, is liquid at room temperature and
gels at a higher temperature. This study shows that the 12% P407 gel is thermoreversible.
According to this work, the ocular use is not toxic. Its dissemination on the cornea is complete
and homogeneous. His persistence appears superior to what is available to date in the trade.
Applications for the treatment of rabbits’ superficial corneal ulcers are as tears substitutes,
then in combination with active substances including antibiotics. It could be also use
preventively during general anesthesia as a protective corneal. Finally, it will be able to be use
in all species including humans following clinical trial.
Key words :
OPHTHALMOLOGY / EYE DISEASE / CORNEAL ULCER / DRUG / THERAPEUTIC
EFFICIENCY / DRUG TOLERANCE / LAGOMORPHS / RABBIT
Jury :
President : Pr.
Director : Dr Perrot and Co director : Dr Pignon
Assessor : Pr Moissonnier
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