RéNAPSUD Réseau de Santé Addictions La Lettre du Réseau • N° 11 - Décembre 2007 • Les services de RéNAPSUD destinés à soutenir et renforcer le suivi et la coordination des soins Tél. 05 56 31 14 62 •Le Service d’Accompagnement Une éducatrice spécialisée est disponible pour se rendre auprès des professionnels pour organiser le suivi social des patients (soutien technique aux professionnels, accompagnement des patients dans leurs démarches administratives, de soins et d'orientation...) Contactez : Fabienne MICHEL •Le Suivi Psychologique Cet accompagnement gratuit a pour objectif d’aménager un espace de réflexion personnelle et de parole permettant l’évocation des conflits internes ou externes, de la souffrance psychique liée à l’usage de substances. Contactez : Elise ROCHET • Le Groupe de Parole Destiné aux patients présentant une addiction (alcool, opiacés,... jeux,….). Les séances bimensuelles animées par une psychologue s’appuient sur l’outil médiatique et culturel pour favoriser l’expression. Ces groupes permettent aux patients d’échanger sur des thématiques de leur choix ainsi que sur leur vécu. Contactez : Elise ROCHET • Le Groupe d’Intervision Echanges de pratiques autour de thèmes et cas cliniques avec pour objectif d’apporter un soutien technique aux professionnels sur des situations réelles qui leur posent problème. Réunions animées par des spécialistes de l’addiction. Contactez : Julie COLLOMBAT ou Martine MONDUGUET • Les Soirées de Formation Contactez : Julie COLLOMBAT ou Martine MONDUGUET « DU NOUVEAU DANS LE " PAYSAGE " DE L’ADDICTOLOGIE » La création des Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) s’inscrit dans le plan gouvernemental 2007-2011 de prise en charge et prévention des addictions (décret n° 2007-877 du14 mai 2007). Le but est de constituer un véritable dispositif médicosocial en addictologie permettant de prendre en charge les conduites addictives en général, et l’individu dans sa globalité. Jusqu’ici, la différenciation entre les Centres Spécialisés de Soins aux Toxicomanes (CSST), les Centres de Cure Ambulatoire en Alcoologie (CCAA) et les consultations de Tabacologie cloisonnait la prise en charge du patient, en se limitant souvent à une dépendance à un produit (alcool, tabac, héröine et/ou cannabis…). La création des CSAPA s’inscrit dans une évolution des concepts vers la notion plus globale « d’addiction ». L’objectif est donc de permettre un rapprochement déjà amorcé entre ces différentes structures, pour devenir, à terme, la référence en matière de dispositif médico-social en addictologie. L’organisation et les modalités de fonctionnement des CSAPA sont définies par les articles D3411-1 à D3411-9 du Code de la Santé Publique. Le projet de réforme du Ministère de la santé et des solidarités prévoit un noyau commun de missions qui incomberaient à chaque CSAPA et une possibilité de spécialisation: Ainsi, tous les CSAPA seraient dans l’obligation d’assurer l’accueil, l’information, l’évaluation clinique et l’orientation de toute personne dépendante aux substances psychoactives. Concernant la prise en charge médicale, psychosociale et éducative, les CSAPA auraient la possibilité de spécialiser leur activité sur le versant toxicomanie et / ou le versant alcool. Selon la MILDT, l’intérêt d’un tel dispositif est d’optimiser l’offre de soins notamment pour : - Améliorer leur accessibilité, notamment dans les aires géographiques où certains besoins sont encore mal couverts du fait de l’éloignement et/ou de l’absence totale de structures spécialisées ; - Faciliter la prise en charge des personnes présentant une dépendance à plusieurs substances ; - Permettre l’emploi de personnel soignant, social et administratif afin de favoriser la prise en charge pluridisciplinaire, complémentaire du traitement médical des addictions: suivi social, insertion professionnelle, coordination avec les services psychiatriques et les services médicaux spécialisés... ; - Donner au système une lisibilité accrue facilitant la coopération avec la médecine de ville. Lien : http://www.alcoologie.org/Decretconcernant-les-CSAPA.html Contact’Utile Une telle restructuration du dispositif ne va pas sans entraîner des questionnements, voire inquiétudes, sur le terrain, liés à une évolution des pratiques. Pour permettre une réflexion commune et accompagner cette réorganisation au niveau des départements d’Aquitaine, le « Collectif Aquitain d’Addictologie » s’est mis en place en novembre dernier. Il invite à se réunir les structures et personnels impliqués dans les secteurs sanitaires, médico-sociaux et de ville, spécialisés en addictologie: CSST et CCAA, mais aussi centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD), centres de soins de suite et de réadaptation (CSSR), centres thérapeutiques résidentiels (CTR), communautés thérapeutiques, centres d’aide au sevrage tabagique, équipes de liaison en addictologie (ELSA), et réseaux de santé en addictologie. Le collectif se veut être un lieu d’échange autour des diverses pratiques existantes et à venir : approche globale addictologique ou spécifique par produit ; spécificité de l’accueil ; accès aux soins sur tous les territoires et pour tous les publics ; partenariats possibles… Cette instance vise à faciliter la structuration des débats et à apporter des propositions face aux évolutions cliniques, politiques et législatives en matière d’addictologie. La prochaine réunion du « Collectif Aquitain d’Addictologie » aura lieu fin janvier sur Bordeaux. Si vous intervenez dans les secteurs concernés et êtes intéressés,vous pouvez contacter : [email protected] ou 06 83 03 95 08 - [email protected] ou 06 70 05 70 41 La lettre est éditée grâce au soutien de Le Fonds d’Intervention pour la Qualité et la Coordination des Soins La Mairie de Bordeaux • RéNAPSUD - 7, rue de l’Ormeau mort 33000 BORDEAUX - Tél. 05 56 31 14 62 - Fax: 05 56 31 47 84 - [email protected] - http://www.renapsud.org • RÉSEAU : ACTIVITÉS PRISE La Lettre du Réseau EN CHARGE DES ADDICTIONS La parole est….au dispositif spécialisé Pour illustrer le travail en réseau et la diversité des prises en charge, nous proposons régulièrement une présentation de différentes pratiques, dans un esprit de pluridisciplinarité. Nous évoquons, ici, le travail mené en centre de soin spécialisé. Nous nous sommes intéressés à l'expérience particulière d’une assistante socio-éducative et d’un psychologue, rencontrés à titre d’exemple parmi les professionnels du CSST (futur CSAPA) du Département d’addictologie. Celui-ci regroupe diverses entités d'intervention en addictologie du CH Charles Perrens et du CHU de Bordeaux. ZOOM SUR LE TRAVAIL DU PSYCHOLOGUE. ZOOM SUR LE TRAVAIL SOCIAL. • Regard sur la pratique du professionnel : • Regard sur la pratique du professionnel : Origine et motivation L’assistante socio-éducative travaille depuis 3 ans au Département d’addictologie. Le suivi régulier qui est instauré présentait pour elle un double intérêt : mieux connaître les patients et nouer plus facilement un lien dans le cadre de l’accueil ; développer une relation duelle stable. Spécificité de la pratique de l’assistante sociale : Il s’agit de proposer un suivi social qui s’appuie sur une connaissance spécifique de l’addiction et des conséquences qu’elle implique. Cela nécessite une grande disponibilité et une ouverture pluridisciplinaire. C’est un suivi qui repose sur un accompagnement social régulier. C’est également travailler sur le quotidien du patient : - S’intéresser à son mode de vie, à son entourage… - Pouvoir l’amener à être autonome. Il s’agit finalement de favoriser son environnement pour que le soin soit optimum, au sens de prise en charge globale. Conditions de l’efficacité de cette pratique : Le suivi social va de soi dans la prise en charge globale. Les travailleurs sociaux posent aux patients le fait que leur suivi va de pair avec le suivi médical, ils assurent ainsi une continuité avec le soin médical. Lors du 1er bilan social, ils font également le lien avec les autres intervenants sociaux du droit commun. Les échanges des patients avec les travailleurs sociaux sont différents de ceux qu’ils ont avec les soignants. Le fait de travailler en équipe pluridisciplinaire permet de croiser les regards et d’avoir une vision plus globale du patient. Cela amène chaque professionnel à prendre du recul sur sa propre prise en charge et de diversifier sa pratique. Origine et motivation Le professionnel travaille depuis 30 ans dans le domaine de l’addictologie (initialement auprès de publics toxicomanes). Etant toujours intervenu en dispositif spécialisé, il privilégie à la fois le travail individuel de consultation, mais aussi le « vivre avec ». Spécificité de la pratique du psychologue : Son travail est d’écouter les personnes, de leur permettre de mettre en mot une souffrance. L’entretien individuel dure environ ½ h et se déroule autour d’un échange avec le patient et de relance du professionnel. Les spécificités de son travail en centre spécialisé sont : - La gratuité et la disponibilité offerte ; - Une formation et une certaine connaissance et compétence vis-à-vis de différentes modalités : d’usage, de plaisir… - Une attention plus particulière au ressenti de vie, à ce que cache/montre la consommation… Conditions de l’efficacité de cette pratique : Le travail du psychologue est rendu possible lorsque les patients sont stabilisés : C’est souvent une fois l’urgence médicale et sociale résolues que la personne peut, et a envie, de « parler sur soi ». Mais elle n’est pas toujours prête à s’investir dans une relation duelle ; d’où l’intérêt de proposer également un accueil de groupe. L’intérêt d’une structure ayant une équipe pluridisciplinaire est de recentrer les services proposés, et limiter ainsi l’éclatement des prises en charge. La mise en commun des compétences -notamment entre psychiatres et psychologues- permet une mise en perspective du diagnostic : en reliant antécédents psychiatriques et ressenti psychique actuel. • Regard sur les patients : • Regard sur les patients : Constats : Il est essentiel de ne jamais oublier que chaque patient est unique. Les personnes prises en charge au Département d’addictologie présentent tout de même des situations compliquées à différents niveaux : - Social : minimas sociaux, sans logement, isolés… - Psychiatrique : troubles fréquents, parfois importants - Soin : parcours conséquent, pas leur 1ère démarche Difficultés vis-à-vis de ces patients : Du fait de la problématique, apparait parfois le sentiment « d’avancer d’un pas et de reculer de deux ». Mais il est important de tenir et de rester présent : Le phénomène de rechute ne facilite pas le travail, mais n’est jamais une raison d’arrêt de la prise en charge. Une autre difficulté est liée aux conséquences psycho-sociales de la consommation: l’ennui présent lors de l’arrêt, le plaisir très atténué, parfois une grande déssocialisation…L’enjeu est de réfléchir à des outils qui visent à retravailler sur l’occupationnel et la notion de plaisir. Constats : Au fil du temps, le psychologue a pu voir évoluer la façon de désigner les personnes, et parallèlement les pratiques vis-à-vis de celles-ci. Actuellement, deux aspects se confrontent en permanence : celui de « dépendance = maladie », et l’étiquette « drogue = délinquance ». Pour travailler avec ce public, il convient d’avoir une grande ouverture d’esprit permettant d’être et de rester à son écoute, sans le stigmatiser. Difficultés vis-à-vis de ces patients : Les professionnels ont souvent le désir de « réparer », mais sont en même temps confronter à « l’échec récurrent », “l’étiquette sociale” négative, et le jeu du patient sur les limites du professionnel-même. L’intervenant doit faire attention au regard qu’il porte sur les patients : - Garder un regard d’expertise ; celui que la personne vient chercher - Avoir conscience que celle-ci peut faire miroir sur lui, car proche de lui en tant que sujet humain ; d’où la difficulté parfois de garder du recul. • Regard sur le travail en réseau : • Regard sur le travail en réseau : Conditions du travail en réseau : Pour garder sa « spécificité », il faut qu’elle soit comprise et acceptée par les autres professionnels qui n’ont pas nécessairement les mêmes normes et le même discours (même entre travailleurs sociaux). Il est essentiel de sortir des clivages interdisciplinaires et interprofessionnels. La pluridisciplinarité tient beaucoup aux personnes ; d’où la nécessité de favoriser les liens interpersonnels. Le croisement de regards et compétences diverses permet d’évaluer au plus juste, et d’orienter de façon adaptée. Intérêt et attentes vis-à-vis du réseau Il peut être compliqué de travailler avec les connaissances d’autres professions. Le réseau est une richesse dans le sens où il va faciliter le contact avec les autres structures. Les services particuliers qu’il peut rendre : - Faciliter le retour de patients stabilisés en médecine de ville - Sensibiliser les travailleurs sociaux du droit commun sur les addictions - Organiser des synthèses sur leurs publics repérés problématiques. Conditions du travail en réseau : Le travail en réseau nécessite que chaque profession et discipline se reconnaisse et s’accepte comme complémentaires : C’est dépasser la peur et les conflits de concepts, et permettre que les discours s’enrichissent mutuellement, surtout s’ils se centrent sur le patient. Les orientations de patients vers un professionnel/ une structure sont souvent poursuivies lorsque la première s’est révélée être efficace. Mais l’effectivité du réseau repose également sur l’envie des personnes à travailler ensemble. Intérêt et attentes vis-à-vis du réseau Le réseau doit permettre aux professionnels d’arriver à établir au mieux des contacts, en travaillant sur le lien interpersonnel. Le service premier qui peut être rendu est de faciliter le fait que le professionnel puisse adresser ses patients à un professionnel qu’il connaisse et en qui il a confiance. Cela peut se traduire par l’organisation de rencontres, notamment entre professionnels de la ville et de l’hôpital, pour sortir des conflits et des a priori qui existent parfois. La lettre du réseau est une publication trimestrielle de RéNAPSUD. Le Conseil d’Administration : Jacques DUBERNET médecin généraliste-addictologue, Président—Marc AURIACOMBE professeur de psychiatrie et d’addictologie, Trésorier—Benoît FLEURY médecin hépato-gastro-entérologuealcoologue, Vice Président—Yves DESTRIAU médecin généraliste-addictologue, Vice Président—Frédéric LEAL médecin généraliste, Vice Président—Mélina FATSEAS, médecin psychiatre-addictologue, Secrétaire—Françoise ODINOT médecin généraliste, Olivier BONIS pharmacien, Brigitte AUBERT médecin psychiatre-addictologue, Jean Pierre DAULOUEDE médecin psychiatre, Abel MIGNARD pharmacien, Brigitte REILLER médecin généraliste addictologue, Christophe SIMONNET pharmacien, Michèle VIOLET pharmacienne, Chantal COURBIN infirmière alcoologue, Anne PASSEVANT bénévole Croix bleue, Patrice ACHIROU infirmier, Claude BERTRAND infirmière chargée de projets en santé. L’équipe du réseau : Julie COLLOMBAT, coordinatrice— Martine MONDUGUET, secrétaire — Elise ROCHET, psychologue — Fabienne MICHEL, travailleur social