1 L`Anorexie Mentale (AM) : une approche un tantinet plus médicale

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¾ L’Anorexie Mentale (AM) : une approche un tantinet plus médicale.
Petit préambule
L’Anorexie est une maladie (mentale). Oui, mais qu’est-ce que la maladie ?
Le Dr. Bernie S. Siegel pose à son patient la question suivante :
pourquoi aviez-vous besoin de tomber malade ?
La maladie donne aux gens la permission de :
- Faire ce qu’ils ne feraient pas autrement.
- Dire non à certaines tâches, obligations, responsabilités, ou aux exigences de
certaines personnes.
- Faire ce qu’on a toujours désiré faire sans jamais en avoir le loisir.
- Avoir le temps de s’arrêter, réfléchir, méditer, prendre un nouveau départ.
La maladie peut aussi servir d’excuse à l’échec.
Elle permet parfois de demander et d’accepter plus facilement l’amour des autres, de
parler de soi, d’être plus ouvert. Plus franc.
La maladie peut être aussi le seul mode de relation aux autres. Une façon de se faire
prendre en charge.
Source : Bernie S. Siegel « L’Amour, la Médecine, les Miracles – Guérir le Corps et l’Esprit », p.152
Éd. J’ai Lu.
« La maladie n'est jamais une cause.
La maladie est une réponse,
une pauvre réponse que l'on invente à une souffrance. »
Extrait de La Plus que Vive, Christian Bobin.
À méditer…
1/ Définition de l’Anorexie Mentale
L'Anorexie Mentale (AM) correspond à un refus de s'alimenter lié à un état
mental particulier. La perte d'appétit est secondaire, liée à la restriction
volontaire et souvent inavouée de l'alimentation. Si le sujet présente des crises
de boulimie, des vomissements et recourt à des purgatifs, on différenciera
l'anorexie de type "Anorexie-Boulimie", de l'anorexie de type restrictif.
L’anorexie vient d’un mot de l’ancien grec signifiant manque d’appétit,
manque de désir. Anorexia en grec a été forgé sur le verbe orégô qui veut
dire « tendre vers, atteindre, aspirer à » d’où désirer et qui est précédé d’un
alpha privatif.
Qui a nommé ce malaise mystérieux ? Qui l’a découvert ou inventé ? Tout
se fixe au 19ème siècle, sous le regard clinique de 2 médecins ; L’Anglais
William Gull en 1868 et le Français Charles Lasègue en 1873.
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Les dénominations passent d’anorexie hystérique ou apepsie hystérique à
anorexie mentale, anorexia nervosa.
Les avis sont partagés sur les causes de cette pathologie : s’agit-il d’un
désordre endocrinien ou bien d’un trouble psychologique ?
Source : « La Faim de l’âme – approche spirituelle de l’anorexie. Jacqueline Kelen. Ed. Presses de la
Renaissance.
Dans tous les cas, l’anorexie est un trouble grave de l’image de soi, un trouble
de l’image corporelle, avec refus de manger, dénégation même de l’idée
de faim, et importants risques dépressifs et suicidaires.
Source « Œdipe toi-même » prof. M. Rufo. Ed. Anne Carrière.
2/ Les causes
Ces troubles du comportement alimentaire sont d'origine multifactorielle et
s'observent à l'occasion de facteurs déclenchants non spécifiques chez des
sujets ayant des prédispositions. Ces facteurs de prédispositions sont les
suivants :
A/ Facteurs biologiques
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Facteurs héréditaires (dispositions génétiques),
Troubles des neurotransmetteurs.
B/ Facteurs psychologiques
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Fréquence de l'anxiété,
Dépression,
Fragilité psychologique,
Mauvaise estime de soi et volonté d'identification à des modèles
Ambition,
Besoin affectif.
C/ Facteurs sociaux culturels et familiaux
D. Le Syndrome Kate Moche, Claudia Chiffon
Le culte excessif de la minceur conduit les jeunes filles à se préoccuper de
plus en plus tôt de leur poids. Toutefois, le symptôme pondéral traduit une
souffrance psychologique, bien souvent ignorée par l’entourage.
L’anorexie mentale peut résulter d’un manque de confiance en soi et
d’autonomie.
Lorsque l’on ressent une carence affective, l’anorexie permet de se faire
remarquer. Ce trouble intervient souvent peu après la puberté, lors de
profonds bouleversements : il constitue un "compromis" lorsque poussée de
croissance, maturation sexuelle, et passage vers le statut d’adulte sont
mentalement ingérables.
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Il n’est peut-être pas inutile de souligner encore une fois le véritable culte
moderne de la minceur dont on ferait mieux de se méfier : on félicite
abondamment celle qui mincit, on attaque et vilipende la malheureuse qui
prend du poids ; on donne aux petites filles des poupées filiformes, et l’image
de la grande jeune femme maigre presque dépourvue de tout caractère
sexuel secondaire est un rêve de bien des adolescentes qui se projettent ainsi
dans des modèles inaccessibles.
Source « Œdipe toi-même – Consultations d’un pédopsychiatre » Professeur M. Rufo.
Ed. Anne Carrière.
3/ Epidémiologie
La fréquence de l'AM est en augmentation dans les sociétés occidentales où
la "minceur " fait figure d'idéal. Elle se manifeste classiquement chez les
classes sociales élevées et moyennes au sein de familles pour lesquelles la
promotion sociale et la réussite scolaire ont une grande importance. Les
données épidémiologiques indiquent (source : Académie Nationale de Médecine,
mars 2002)
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une prédominance féminine (en moyenne 6 à 10 filles pour 1 garçon),
que l'âge de survenue connaît deux pics : un à 12-14 ans et un à 18-20
ans,
une prévalence en moyenne 1 % chez les adolescents,
une incidence de 1/200 pour les jeunes filles et de 1/100 000 dans la
population en générale,
un taux plus élevé que la population générale chez les apparentés au
premier degré ainsi que chez les jumeaux homozygotes.
4/ Signes cliniques
Les principaux signes cliniques de l'anorexie mentale sont :
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Restriction alimentaire (réduction de l'apport calorique, élimination des
hydrates de carbones, des graisses, des protéines, ... planification de
régimes très stricts),
Amaigrissement (perte de + de 15% du poids initial),
Aménorrhée.
Les manifestations somatiques qui accompagnent l'anorexie mentale sont :
(source : Société de Nutrition et de Diététique de Langue Française, 2001)
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Intérêt soudain et exagéré pour une saine alimentation, autant en ce
qui concerne le choix des aliments que leur préparation.
Restriction alimentaire délibérée.
Prise de contrôle de la cuisine : surveillance de la préparation des repas
et de l'alimentation des autres membres de la famille.
Amaigrissement : la perte de poids peut atteindre jusqu'à 25 % ou 30 %
du poids corporel.
Aménorrhée chez les femmes pubères : la diminution importante du
gras corporel s'accompagne d'une régression hormonale vers un stade
pré pubère, ce qui entraîne la disparition des règles.
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Dépense énergétique exagérée : toujours en mouvement, l'anorexique
dépense souvent beaucoup d'énergie en faisant de l'exercice
physique tout en ne consommant pas suffisamment d'aliments.
Ralentissement des battements cardiaques (bradycardie),
Diminution de la tension artérielle (hypotension),
Sécheresse de la peau,
Sensation d'avoir toujours froid (hypothermie),
Constipation et isolement social.
Négation de la maladie : ce contrôle excessif sur l'alimentation ainsi
que la maigreur qui en résulte procurent un immense plaisir et une très
grande satisfaction à l'anorexique, qui a tendance à nier sa maladie.
Le comportement anorexique est fréquemment lié à une hyperactivité,
physique et intellectuelle, un hyper-investissement scolaire ou
professionnel, une pauvreté relationnelle, une humeur dépressive.
5/ Les conséquences graves
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Dénutrition, infection,
Ostéoporose,
Anomalie de la régulation thermique,
Hypercholestérolémie,
Troubles ioniques,
Bradycardie,
Hypotension,
Arythmie,
Retard à l’évacuation gastrique,
Constipation,
Lithiases rénales,
Oedèmes
Si l’on en croit les statistiques 40 à 50% des anorexiques s’installent dans la
chronocité, entretenant toutes leur vie un rapport difficile à la nourriture ; 8 à
10% passeront à l’acte, se suicidant pour mettre fin à leur souffrance ; 30 à
40% seulement sortiront de ce traumatisme si particulier qui apparaît alors
comme un passage douloureux.
(…)
S’il est difficile de raisonner une anorexique, c’est parce qu’elle ne se sent pas
maigre. Et lorsqu’elle se regarde dans la glace, elle ne se voit pas comme elle
est : décharnée, avec les joues creuses et « abîmées », l’anorexie entraînant
des conséquences physiques impressionnantes – perte des cheveux,
tendance à l’hirsutisme, ongles cassés et dents gâtées. Voilà pour ce qui se
voit.
Mais il y a plus grave encore, comme l’absence des règles qui est un signe
majeur de l’organisation anorexique mais qui, loin d’inquiéter les adolescents
les satisfait car elle signe l’arrêt de tout corps sexué.
Le trouble de l’image corporelle est dû à un refus du corps sexué et, au-delà,
de la sexualité ; sans doute est-ce pour cette raison que, dans la plupart des
cas, l’anorexie se déclare à l’adolescence. On observe d’ailleurs un
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rajeunissement de l’âge de l’anorexique : 16 – 18 ans jusqu’il y a peu,
aujourd’hui, il n’est pas rare que l’anorexie se déclare vers 13-14 ans, parfois
même avant, en période pré-pubertaire, avec dans ce cas, des
conséquences dramatiques (…).
Source : « Œdipe toi-même - Consultations d’un Pédopsychiatre » , Professeur Marcel Rufo
Ed. Anne Carrière, pp. 118 – 121
Pour ce qui est des informations plus médicales et scientifiques la principale source :
Les troubles de l'alimentation : anorexie mentale et boulimie nerveuse
Rédaction :Antoinette Jordan-Meille, juillet 2002
Validation : Dr Laurent Labreze
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