Saint-Charles et l’espace Polygone sont les deux principaux pôles économiques de Perpignan. Ils emploient quelques 10 000 personnes et créent des richesses indispensables au développement de la ville. Radiographie des “poumons économiques” perpignanais. 14 Les “poumons économiques” aint-Charles et l’espace Polygone sont les S premiers et principaux pôles économiques de la ville. Saint-Charles, au sud, est le premier centre européen d’éclatement de fruits et légumes tandis qu’au nord, l’espace Polygone conforte sa vocation industrielle et commerciale. A elles deux, ces locomotives économiques rassemblent 1100 entreprises et emploient quelques 10 000 personnes. POLYGONE, MULTI-ACTIVITÉS Artisanat, industrie, commerce ; l’espace Polygone est un site généraliste. Né il y a tout juste quarante ans, il regroupe aujourd’hui, 300 entreprises et 3 000 employés. Son succès a entraîné des bouleversements importants sur les quartiers nord de la ville : « L’espace Polygone a engendré de nombreuses modifications sur le Haut-Vernet », confirme Jean-Michel Grabolosa, vice-président délégué au développement économique de la Communauté d’agglomération PerpignanMéditerranée et maire-adjoint à l’Economie de la Ville. « L’économie ne se développe correctement qu’avec un environnement de qualité » poursuit-il, « cela a demandé l’investissement des entreprises mais aussi celui de la Ville – aujourd’hui celui de la Communauté d’agglo – qui ont injecté plus de 20 millions d’euros en dix ans. Dès 1994, nous pensions E N Q U Ê T E En trois décennies, Saint-Charles est devenu le premier centre européen d’éclatement de fruits et légumes et une vraie locomotive pour toute l’économie du département. au parc Maillol, au lycée, à la patte d’oie...» Résultat de cette politique volontariste : l’espace Polygone est devenu très prisé des entreprises et a redonné vie à un quartier en voie de paupérisation. LA RENAISSANCE DES QUARTIERS NORD Le succès de l’espace Polygone a ainsi permis une belle évolution, celle de la façade commerciale du quartier : «Aujourd’hui, elle est “haut de gamme”. Le centre Leclerc en a été la locomotive et a drainé la jardinerie Botanic par exemple; d’autres enseignes suivront. L’espace commercial du Polygone sera alors le plus qualitatif de l’agglomération, toute l’avenue du Languedoc sera repensée et bordée de nouvelles enseignes. De plus, la Zone Franche a créé 1000 emplois sur le quartier» explique Jean-Michel Grabolosa. L’espace Polygone est promis à un bel avenir : se trouver au cœur d’un grand ensemble économique regroupant l’aéroport, Torremila et Saint-Estève. Les entrepreneurs l’ont bien compris. Aujourd’hui, moins de 10% de la surface de l’espace Polygone reste à vendre, soit 7 hectares. Cette expansion a nécessité une nouvelle structuration du site avec notamment le boulevard Berliet qui, d’ici deux ans, rejoindra la route de Canet : «Du nord, on passera aux plages sans traverser Perpignan !» se réjouit déjà Jean-Michel Grabolosa. Et, bien sûr, tous les terrains autour de ce boulevard sont déjà vendus ! SAINT-CHARLES, LES N° 1 «C’est la grande réussite du département» confie Jean-Michel Grabolosa, «les chefs d’entreprises de Saint-Charles ont d’abord profité de la position géographique de Perpignan mais aujourd’hui c’est avant tout leur savoir-faire et la qualité de leurs services qui font la différence en Europe. Ils sont devenus les n°1». Le marché international SaintCharles est né en 1971 de la volonté d’une poignée d’expéditeurs perpignanais, soucieux de développer leur activité hors du centre-ville. Ils ont donc quitté le marché de gros pour la périphérie, et ont largement gagné leur pari. Trentetrois ans plus tard, Saint-Charles est devenu un “ogre” économique, engloutissant aussi bien des millions de tonnes de fruits et légumes que 230 hectares de terrain. Le marché aurait ainsi pu être victime de son propre succès, dans l’incapacité de se développer in-situ. Le site actuel de Saint-Charles étant désormais saturé, l’agglomération et la Ville ont entrepris de renouveler l’offre foncière : «Notre défi est de suivre la dynamique de ce marché et de libérer de l’espace» explique Jean-Michel Grabolosa, «nous allons dégager 18 hectares supplémentaires au parc Ducup et 5 autres hectares route de Toulouges, et dans deux ou trois ans nous allons encore étendre le marché de 70 hectares au sud de la plate-forme, près du péage autoroutier ». Saint-Charles va donc continuer à se développer fortement. Une exigence pour cette activité, qui est une locomotive pour toute l’économie du département. ▲ Belle réussite économique, l’espace Polygone a redonné vie à tout un quartier. LA PLATE-FORME MULTIMODALE L’union fait la force ! Forts de cet adage, les décideurs locaux ont créé un outil permettant à plusieurs sites logistiques de jouer la complémentarité, c’est la plate-forme multimodale Pyrénées-Méditerranée. Créée en juin 2003, elle réunit Saint-Charles, Torremilal’aéroport, le distriport du Boulou, le port de Port-Vendres, le chantier ferroviaire de Cerbère et l’espace Entreprises Méditerranée de Rivesaltes. « Le but est de donner une image unitaire de ces forces économiques et d’avoir une seule stratégie pour Pyrénées-Méditerranée : une action coordonnée avec des investissements regroupés pour être plus puissant au niveau européen ». La plate-forme est gérée à égalité par la Communauté d’agglo PerpignanMéditerranée et le Conseil général dans le cadre d’un syndicat mixte. « Les communautés de communes concernées devront rentrer elles aussi dans le syndicat mixte de la plateforme » précise Jean-Michel Grabolosa, maire-adjoint délégué à l’Economie. ■ Frédérique MICHALAK L’Espace Polygone est promis à un bel avenir. 15 A M É N A G E M E N T La ren e é aissance annonc Au fur et à mesure de l’avancée des travaux sur les bâtiments des Dames de France, les Perpignanais ont redécouvert avec un plaisir non dissimulé un des joyaux architecturaux de la ville. Mais plus que cela encore, les Dames de France vont très bientôt redevenir le pôle d’attraction commercial qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’être. Plus que quelques semaines avant ouverture. Patience ! ême si cela n’a pas été facile, nous avons M toujours tenu les délais. L’ensemble du bâtiment sera entièrement livré dans les temps à la fin du mois d’octobre». Jean-Michel Colomer, directeur général adjoint des services techniques de la Ville, a le sentiment du devoir accompli. Après un an et demi de travaux, les Dames de France dévoilent d’ores et déjà leurs plus beaux atours aux Perpignanais impatients, l’ensemble du gros œuvre ayant été achevé fin août, il y a quelques jours à peine. 16 ▲ La coupole des Dames de France. PROUESSE TECHNIQUE Les problèmes rencontrés au départ du chantier, la présence de plomb notamment, n’ont pas trop affecté le déroulement du gros œuvre. «Il faut dire que l’architecte et les entreprises ont bien mené leur affaire, confirme Jean-Michel Colomer.Pour rattraper le retard, il a ainsi été fait appel à des techniques nouvelles comme le platelage, une sorte de plancher provisoire qui a permis d’isoler deux chantiers, celui du haut et celui du bas, afin que la FNAC puisse disposer de la partie inférieure dans les temps». Une vraie prouesse technique ! Sur le plan esthétique, là aussi, rien n’a été laissé au hasard. Il faut dire que les façades du bâtiment sont classées monuments historiques. En grattant les fers en place, les Architectes des Bâtiments de France ont ainsi retrouvé la couleur verte d’origine des montants des parties vitrées. Pour une harmonie respectueuse des temps jadis ! Autre morceau de bravoure du chantier : la coupole. Elle pointe en haut du bâtiment semblable à un gros œuf du musée Dalí de Figueres. Sa partie basse vitrée fait office de puits de lumière pour les étages supérieurs du bâtiment. Cette coupole est décorée d’une œuvre de Patrick Loste, réalisée via un sablage sur le verre. A l’entrée principale des Dames de France, sur la place Catalogne, une fontaine sèche avec caillebotis, légèrement enterrée, fera jouer l’eau – on parle de jets de dix mètres avec la lumière pour le plaisir des yeux. Une jolie perspective en prévision depuis le centre du monde ! Lorsqu’elle ne sera pas en fonc- tionnement, les jours de grand vent par exemple,elle pourra être traversée à pied par les chalands. UN MOMENT FORT POUR LE CENTRE VILLE Sur un plan strictement commercial, de nombreux espaces ont déjà été livrés aux entreprises locataires des lieux afin qu’elles réalisent leurs aménagements intérieurs. C’est le cas de la FNAC pour une partie du rez-de-chaussée ainsi que les premier et deuxième niveaux depuis la fin avril. Deux autres volumes en rezde-chaussée et en sous-sol ont été livrés fin juillet dernier aux boutiques In-Oui, émanation déco de l’esprit fécond de Jean-Pierre Joffre, ainsi que la très écolo Nature et Découvertes.Toujours en sous-sol,un espace a été réservé par Geneviève Lethu,spécialiste des arts de la table. Le rez-de-chaussée est connoté plus textile avec notamment l’implantation sur 50 m2 d’une boutique Léone et d’autres enseignes à venir. Les derniers étages éclairés par la coupole – 1500 m2 en tout – sont destinés à des bureaux qui seront commercialisés par la Ville. «Nous avons à présent hâte de voir les Dames de France ouvertes, de les voir s’animer» conclut Gérard Saguy, directeur général adjoint des services. Ce sera chose faite dès la fin octobre, si rien ne vient entraver la marche en avant des enseignes. Un moment fort en tous les cas de la vie du centre-ville de Perpignan en pleine reconquête ! ■ Jean-Louis BUSQUET