voir document voir document - side.developpement

publicité
LAC DE REMORAY
ETUDE DES CHIROPTERES FORESTIERS
DU MASSIF DE LA GRAND’COTE (25)
Illustrations :
Première de couverture :
Murin de Daubenton (Myotis daubentonii). © BILAT Yves, 2011
Quatrième de couverture :
Chablis dans la parcelle D (l'ilot de sénescence). © CLAUDE Jocelyn, 2013
Toutes les photos de chiroptères d'Yves BILAT sont protégées par des droits d'auteurs
(http://www.yvesbilat.ch/photo/). Toute reproduction est donc interdite sans son accord.
L'ensemble des images sont faites sur des animaux sauvages sans capture préalable.
Sauf mention contraire, les autres photos, de Jocelyn CLAUDE ou de Franck BASSET,
ont été prises dans l'exercice de leurs fonctions, elles sont donc publiques.
Terrain :
Analyses ultrasonores
Franck BASSET (ONF, réseau mammifères)
Jocelyn CLAUDE (Amis de la réserve
naturelle du lac de Remoray)
Cyrille LEBIHAN (ONF, réseau
mammifères)
Alice ZIMMERMANN (ONF, réseau
mammifères)
Philippe FAVRE (ONF, réseau mammifères)
Synthèse, rédaction et mise en page :
Jocelyn CLAUDE
Franck BASSET
Remerciements :
Nous tenons à remercie chaleureusement :
 le personnel ONF de l’Unité Territoriale de Labergement-Sainte-Marie, tout
particulièrement François CHANAL, pour son accueil et sa disponibilité ;
 Françoise VAGNEUR et Vincent BENARD de l’ONF,
 Yves BILAT pour la mise à disposition de ses clichés ;
 Jérémy FROIDEVAUX pour ses remarques avisées et ses compléments bibliographiques ;
 Philippe FAVRE, pour son travail de validation et d’analyse des séquences ultrasonores ;
 Alice ZIMMERMANN et Cyrille LEBIHAN, pour leur participation à cette étude ;
 l’équipe salarié de la CPEPESC-FC, notamment Cathy BRESSON pour l’analyse des
Anabats de 2011 et son soutien ;
 Bruno TISSSOT, pour ses corrections orthographiques et syntaxiques ;
 Les bénévoles de l’association des amis de la réserve naturelle du lac de Remoray.
Pour citer ce rapport :
CLAUDE J. & BASSET F., 2014. Etude des chiroptères forestiers du massif de la Grand’Côte (25),
Rapport d’étude, Les amis de la réserve naturelle du lac de Remoray-ONF, Labergement-SainteMarie - Lons-le-Saunier, 44 p et annexes.
Etude des chiroptères forestiers
du massif de la Grand’Côte (25)
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................ 1
1.
2.
3.
4.
Matériels & Méthodes ......................................................................................................... 2
1.1.
Les chauves-souris forestières ..................................................................................... 2
1.2.
Le massif de la Grand'Côte .......................................................................................... 8
1.3.
Les prospections de terrain ........................................................................................ 12
Résultats ............................................................................................................................ 21
2.1.
Captures aux filets japonais ....................................................................................... 21
2.2.
Ecoute au détecteur d’ultrasons ................................................................................. 22
2.3.
SM2 ........................................................................................................................... 23
Analyses ............................................................................................................................ 24
3.1.
Indice d'activité .......................................................................................................... 24
3.2.
Composition du cortège ............................................................................................. 25
3.1.
Comparatifs entre série écologique et série de production ........................................ 29
Vers une meilleure intégration des exigences de chiroptères dans la gestion forestière .. 35
Conclusion ................................................................................................................................ 39
Table des illustrations............................................................................................................... 40
Bibliographie ............................................................................................................................ 42
Annexes .................................................................................................................................... 45
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Introduction
Les
chauves-souris
ont
des
caractéristiques morphologiques (vol actif),
biologiques
(écholocation,
hibernation),
éthologiques (migrations, changements de
gîtes) particulières qui les placent à part chez
les mammifères. Elles sont considérées
comme des espèces bio indicatrices.
Beaucoup dépendent de la forêt à un
moment ou à un autre de leur cycle de vie,
pour la reproduction, le gîte, le repos ou la
chasse. Actuellement, les connaissances sur Figure 1 : Femelle d’Oreillard Roux (Plecotus auritus)
les chiroptères forestiers européens sont très
incomplètes, notamment en forêt d’altitude. Malgré de multiples et forts statuts de
protection, leur état de conservation est préoccupant (1 espèce sur 2 est menacée).
Les chauves-souris font l'objet d’un plan national d’action 2009-2013 (Tapiero,
2013).
En Franche-Comté, suite à une étude préliminaire réalisée dans la partie
forestière de la réserve naturelle nationale (RNN) du lac de Remoray (Claude, 2012),
de nouvelles prospections sur les chiroptères forestiers ont été réalisées sur l'ensemble
du massif de la Grand’Côte.
Ce travail s'inscrit dans le cadre des révisions du plan d'aménagement de la
Forêt domaniale du Mont Sainte Marie (2015-2034), du plan de gestion de la Réserve
Biologique Domaniale Dirigée de la Grand'Côte (2015-2024), du plan de gestion de la
RNN (2015-2019) et du Document d'objectif du site Natura 2000 (extension de
périmètre). Sur financements FEDD1 et Natura 2000, cette étude est réalisée
conjointement par l’ONF (réseau mammifères) et la RNN du lac de Remoray.
Enfin, ce travail s'inscrit dans l'action prioritaire R7 du plan régional d'action
pour les chiroptères intitulée "Etude et conservation des chiroptères en forêt" (Roué et
al., 2012).
Après une présentation des matériels et méthodes, ce rapport présente et analyse
les résultats des 2 années de suivi. Enfin, des préconisations de gestion seront
formulées afin d'intégrer les exigences des chiroptères dans les différents documents
de gestion du massif forestier de la Grand'Côte.
1
Fond d'intervention pour l'environnement et le développement durable, financé par l'ONF
2013
Page
n°1/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1. Matériels & Méthodes
1.1. Les chauves-souris forestières
Les chauve-souris forestières sont des espèces qui passent au moins une saison de
l’année en forêt et/ou chassent préférentiellement dans ce type de milieu. En d’autres termes,
ce sont des espèces qui effectuent une partie, voire la totalité, de leur cycle biologique en
forêt. Cette partie traite de leurs principales caractéristiques et dégage les intérêts et difficultés
de leur étude.
1.1.1. Systématique actuelle
Les chiroptères sont des vertébrés mammifères
scrotifères, répartis en deux sous ordres : les Ptérodiformes
et les Vespertiloniformes. Quatre familles sont présentes en
Europe sur les 18 mondiales : Rhinolophidae,
Vespertilionidae, Miniopteridae et Molossidae.
Vertébrés
Gnatostomes
Ostéichtiens
Sarcoptérigiens
Rhiphidistiens
Tétrapodes
Amniotes
Source : Lecointre et Guyader, 2006
Mammifères
Figure 2 : Phylogénie des mammifères
1.1.2. Surprenants mammifères
Les chiroptères sont les seuls mammifères capables de voler activement grâce à la
modification de leurs membres postérieurs.
De plus, les individus se dirigent la nuit grâce à un système d’écholocation. Ils
émettent, par la bouche (Vespertillonidae, Molossidae et Miniopteridae) ou les narines
(Rinolophidae), des séries de sons, inaudibles (ultrasons) par l’homme. Ils analysent ensuite
l’écho perçu pour se repérer ou pour localiser leurs
proies (Barataud, 1999). Les chauves-souris
structurent leurs ultra-sons en fonction du type de
milieu fréquenté. Les ultrasons utilisés se
caractérisent grâce à différents paramètres : gammes
de fréquences utilisées, variation des fréquences,
Source : PNV, 1997
rythme (Tupinier, 1996). Ces caractéristiques sont
Figure 3 : Principe d’écholocation
propres à chaque espèce ou groupe d’espèces, ce qui
rend possible l’identification acoustique des chiroptères par le biais d’un détecteur
d’ultrasons.
Ces petits vertébrés possèdent une longévité élevée (jusqu'à 32 ans) pour une masse
comprise entre 4 et 30 grammes (respectivement la Pipistrelle commune Pipistrellus
pipistrellus et le Molosse de Cestonie Tadarida teniotis).
2013
Page
n°2/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.1.3. Exigences écologiques
1.1.3.1. Habitats forestiers et éthologie
La majorité des espèces de chauves-souris européennes fréquentent, pour différentes
raisons, les milieux forestiers. Certaines y chassent seulement (Myotis emarginatus) ; d'autres
y gîtent en hiver (Myotis brandtii), en été (Myotis
Nombre de gîtes
nattereri) ou en transition (Nyctalus noctula) ; mais Barbastella barbastellus
Jusqu’à 40
encore quelques-unes sont strictement forestières tout Myotis alcathoe
Non connue
au long de leur cycle de vie (Nictalus leisleri, Myotis bechsteinii
Jusqu’à 50
Myotis brandti
Aucun
Barbastella barbastellus, Myotis bechsteinii…)
Myotis daubentoni
Jusqu’à 50
Les chauves-souris sont grégaires, surtout Myotis myotis
1
pendant la période de mise bas, avec une vie sociale Myotis nattereri
1
complexe (Mitchel-Jones, 2010).
Nyctalus leisleri
Jusqu’à 50
Source : Dietz et al., 2009
Certaines espèces qui se servent de la forêt au
Figure
4
:
Nombre
de
gîtes pour les espèces à
moins pour gîter utilisent un réseau de gîtes (Barataud,
haut préférendum forestier
2006) pouvant aller jusqu'à une cinquantaine dans un
massif de 300 ha pour le Murin de Bechstein Myotis bechsteinii. Les individus d’une colonie
changent quotidiennement de gîte dont l’éloignement varie de 0,2 à 2,5 km. Ce
comportement, surtout observé en période de reproduction, semble lié à une variation de la
ressource alimentaire, à un risque de prédation, à un impératif de thermorégulation, ou encore
à un problème de parasitisme (Nemoz, 2010). Nottons aussi que les chauves-souris forestières
sont extrêmement fidèles à leur zone de gîte (Tillon, 2009). Ce trait biologique est à prendre
en compte dans leur étude et dans la gestion forestière.
2
Source : Pénicaud, 2000
Figure 5 : Types de gîtes des chiroptères arboricoles
Globalement, tous les types de cavités
intéressent les chauves-souris. En fonction de la
disponibilité et du type d’affinité, les espèces
utilisent les arbres fendus -foudroyés ou bien
fissurés, les écorces décollées, les anciennes
cavités de pics ou les cavités d’origine naturelle.
Cependant, les cavités des excavateurs3 comme
le pic noir (Dryocopus martius) sont beaucoup
plus convoitées que les autres types de gîtes a
tel point qu’ils leur sont extrêmement fidèles
(Meschede & Heller, 2003 ; Roué, 2007). Les
chiroptères sont donc des cavicoles secondaires.
Tous les types d’arbres sont susceptibles d’être utilisés, morts ou sains, par les
chiroptères. Cependant, les arbres-gîtes vivants sont les plus souvent préférés (Pénicaud,
2000). Une préférence marquée pour les feuillus est constatée (Tillon, 2008).
Chaque espèce exploite la forêt de manière différente. Celles qui sont strictement
forestières ont une éthologie particulière qui rend les prospections difficiles et étendues
notamment pour les recherches de gîtes. Les cavités de pics sont des gîtes privilégiés pour les
chiroptères. Enfin, beaucoup d’auteurs donnent la disponibilité en gîtes comme le premier
facteur limitant des chiroptères.
2
3
Degré de préférence de la forêt par rapport aux autres milieux (in Tillon, 2008)
Cavicoles primaires (in Vallauri et al., 2003)
2013
Page
n°3/48
CLAUDE & BASSET, 2013
1.1.3.2.
Inventaire des chiroptères forestiers
Reproduction
Les accouplements ont lieu en automne et au début de l’hiver.
Par un mécanisme biologique de fécondation différée, la
gestation ne débute réellement qu’au printemps après
une longue période d’hibernation allant jusqu’à 6
mois (Godineau et al., 2008 ; Dietz et al., 2009 ;
Arthur & Lemaire, 2009).
En période de mise bas (juin juillet), à l’issue de
60 jours de gestation, les femelles se regroupent
en colonies et excluent les mâles. Elles donnent
naissance, dans un gîte de parturition4, à un seul
jeune par an, plus rarement deux, qu’elles
élèvent pendant 5 semaines (PNV, 1997).
Source : SFEPM, 2009
Figure 6 : Schéma du cycle
biologique des chiroptères
Le cycle des chiroptères est guidé par la
ressource alimentaire. Une zone forestière prend tout
son intérêt du point de vue de la gestion conservatoire si
elle accueille une ou plusieurs colonies de reproduction
(Menoz, comm. pers.).
1.1.3.3. Alimentation
Toutes les chauves-souris européennes sont insectivores. Ces prédatrices, au bout de la
chaîne alimentaire (Roué, 2007 ; Tillon, 2008 : Dietz et al., 2009 : Arthur & Lemaire 2009),
sont susceptibles d’ingurgiter jusqu’à 800 hexapodes par nuit (SETRA, 2008). Elles
participent à la régulation des insectes dits « ravageurs » nocturnes des forêts tels la tordeuse
du chêne (Tortrix viridana) ou l’hyponomeute du fusain (Yyponomeuta sp - Roué, 2007 ;
Tillon, 2008 ; Mehr et al., 2012). Pour certaines espèces, le spectre alimentaire est variable en
fonction des saisons (émergence massive d’ephemeroptera, de diptera tipulidae…) tandis que
d’autres sont spécialisées sur des taxons toute l’année, tel le Minioptère de schreibers
(Miniopterus schreibersii) qui consomme à 95% des lépidoptères (Barataud, 2006 et Menoz,
2010). Il existe dans le milieu forestier une répartition horizontale et verticale des espèces liée
à la morphologie des ailes et au type d'écholocation utilisé (courte, moyenne et longue
portée). Ainsi Nyctalus, Eptesicus (écholocations de longue portée, vol lent) chassent audessus de la canopée alors que les Myotis chassent plutôt dans la canopée ou dans le sous-bois
(Arthur & Lemaire, 2009 ; Müller, 2013 ; Plank, Fiedler & Reiter, 2012).
Les espèces suivent trois stratégies alimentaires (Tillon, 2008) :
 les espèces opportunistes (Pipistrellus sp, Nyctalus sp, Eptesicus sp …),
 les espèces de chasse au sol (Myotis de grande taille),
 et les espèces glaneuses (autres Myotis, Barbastellus et Plecotus sp…).
Les deux derniers régimes sont les plus spécialisés.
La répartition de ces insectivores dans l’habitat forestier s’opère verticalement. Leur
stratégie alimentaire peut être spécialiste ou opportuniste en fonction des espèces et des
saisons pour certaines.
4
Gîte de mise bas
2013
Page
n°4/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.1.3.4. Techniques et zones de chasse
Les méthodes de chasse des chiroptères sont variées :
 les espèces « de haut vol » chassent en plein ciel (Nyctalus noctula),
 d’autres appelées « glaneuses » chassent près de la végétation,
 le Grand Murin (Myotis myotis) et le murin de Bechstein (Myotis bechsteinii)
chassent au sol en volant lentement au raz de la litière et fondent ensuite sur les
insectes dont ils ont entendu le bruissement (Dietz et al., 2009).
 d’autres chassent à l’affût sur un perchoir et enfin, certains, tels le murin de
Daubenton (Myotis daubentonii) ou le Murin de Capaccini (Myotis capaccinii),
chassent au-dessus des masses d’eau en capturant les proies avec leurs pattes.
Les espèces les plus forestières ont, de manière générale et dans des conditions de
milieux non perturbés, des zones de chasse de petites surfaces et proches des gîtes :
Distance maximum gîtezone de chasse
4,5 km
800 m
2,8 km
10 km
6 à 10 km
10 à 15 km
4 km
4,2 km
Superficie de la
zone de chasse
8,8 ha
Non connue (NC)
20 ha
NC
300 à 500m
500 à 1000 ha
215 ha
7,4 à 18, 7 km
Nombre de secteurs dans la zone de
chasse
Barbastella barbastellus
10 (max)
Myotis alcathoe
Non connue
Myotis becshteinii
3à9
Myotis brandti
13 (max) de 1 à 4 ha
Myotis daubentoni
2 à 8 de 0,1 à 7,5 ha
Myotis myotis
1 à 5 de 1 à 10 ha
Myotis nattereri
6 de 2 à 10 ha
Nyctalus leisleri
Aucun
Source : Dietz et al., 2009
Figure 7 : Utilisation de l’espace pour l’activité de chasse d'un individu femelle selon l’espèce
2
2
Ces micromammifères ont une bio écologie particulièrement difficile à comprendre et
à étudier à l’échelle des colonies évoluant sur un massif. Cependant les connaissances, encore
incomplètes, se précisent aux grés des recherches. Pour les espèces forestières, stratégie de
chasse et éthologie sont capables de varier énormément en fonction de paramètres comme
l’altitude, la climatologie, les types d’habitats disponibles, la ressource alimentaire, les
activités humaines en présence…
1.1.4. Menaces
1.1.4.1. Prédation
Les chauves-souris forestières n’ont pas de prédateurs véritablement spécialisés.
Certains rapaces diurnes comme le faucon pèlerin (Falco peregrinus) ou le faucon hobereau
(Falco subbuteo) peuvent les consommer occasionnellement. Des rapaces nocturnes tels la
chouette effraie (Tyto alba) et la hulotte (Strix aluco) peuvent en consommer plus
régulièrement (Dietz et al., 2009).
Citons, le chat domestique (Felix catus) qui peut causer de graves dégâts en prélevant
les animaux dans les colonies accessibles ou en sortie de gîte. Mais c’est souvent la présence
d'un regroupement important (par exemple lors de la mise bas) qui peut déclencher ce
comportement relativement opportuniste.
Les mammifères carnivores sauvages étant eux aussi assez opportunistes, il est
difficile de dresser une liste exhaustive des consommateurs occasionnels comme le renard
roux (Vulpes vulpes) ou certains mustélidés comme la martre (Martes martes).
2013
Page
n°5/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.1.4.2. Compétition
Les cas de compétitions interspécifiques sont connus mais peu décrits chez les
chauves-souris forestières. Ce sont toutes des espèces qui ont une dimension spatiale proche
des oiseaux forestiers arboricoles comme les pics (Picidae), les chouettes (Tytonidae), le
pigeon colombins (Colombea oenas) ou encore la sitelle (Sitta europaea). Mais les relations
restent indirectes et uniquement en rapport avec les gîtes.
La compétition territoriale intra-spécifique n’a pas été observée chez les chiroptères.
Au contraire les espèces sont très fréquemment associées entre elles : il n’est pas rare
d’observer des espèces qui se côtoient dans un même gîte ou sur une même zone de chasse,
n'ayant pas toutes le même spectre alimentaire (Tillon, 2008 ; Arthur & Lemaire, 2009 ; Dietz
et al., 2009).
La prédation et la compétition sont des facteurs impactant le taux de survie des
communautés de chiroptères forestiers. Leur importance est relative : elle est discutée par les
auteurs.
1.1.4.3. Influences climatiques
Ces influences sont des facteurs indirects qui peuvent toucher fortement les
communautés de chauves-souris forestières. De fortes précipitations printanières et/ou de
faibles températures provoquent un manque de ressource alimentaire. Les chauves-souris,
affaiblies par leur léthargie, ne peuvent se nourrir convenablement et meurent. Ces
intempéries peuvent porter de graves préjudices au succès de la reproduction. En effet, à cette
période, les femelles sont en pleine gestation. Les fortes précipitations estivales entraînent une
baisse d’activité des insectes et provoquent une sous-nutrition des chauves-souris qui doivent
faire des réserves de graisse pour élever les jeunes, effectuer la migration et passer l’hiver.
Dans tous les types de milieux, il apparaît que le climat est un facteur prépondérant qui
joue un rôle indirect mais fondamental dans l’activité des chauves-souris. En moyenne
montagne, une intempérie peut s’avérer fatale pour la reproduction d’une colonie. Enfin, la
richesse spécifique et le nombre d’individus diminuent avec l’altitude (Tillon, 2008).
1.1.4.4. Activités anthropiques
Depuis l’ère industrielle, et l’arrivée de nouveaux besoins, l’homme a transformé les
milieux agricoles. Les systèmes bocagers diminuent au profit des openfields5. La perte de ce
maillage
entraîne
alors
la
diminution de la dispersion des
chiroptères dans le paysage, la
perte de zones de chasse et la
déconnexion des habitats. De plus,
Source : Pénicaud in PNV, 1997
ces pratiques agricoles intensives
Figure 8 : Usage généralisé des pesticides
s’accompagnent de l’utilisation de
produits phytosanitaires préjudiciable aux chauves-souris et à la ressource alimentaire.
Pour beaucoup d’espèces, la forêt devient alors une zone de refuge (Tillon, 2009). Or, les
pratiques sylvicoles ont aussi muté, les monocultures s’installent et les gestionnaires orientent
les peuplements vers des futaies régulières. Les arbres morts, parasités ou dépérissant sont
5
Espace agricole ouvert, avec de grandes unités de gestion, dépourvu d’éléments fixes et linéaires
2013
Page
n°6/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
abattus, privant les chauves-souris de gîte et de couvert. Depuis cinq siècles, les chiroptères
subissent des pratiques sylvicoles où les arbres ne vieillissent jamais assez… (Tillon, 2008).
Les chauves-souris, situées au bout de la chaîne alimentaire, accumulent les pollutions
et/ou les contraintes que l’homme impose aux milieux qu’il exploite. Ce sont des espèces
proche du stratège ‘‘k’’6, très vulnérables et sensibles aux modifications de leur
environnement (coupes, pollutions …). De plus en plus, la forêt devient leur ultime zone de
refuge face aux modifications du paysage mais aussi face aux chutes d’effectifs en Europe
(Mayle, 1990 & Mitchel-Jones, 1993 in Tillon, 2009).
1.1.5. Statuts juridiques des espèces
Les chiroptères sont protégés à tous les échelons :





Convention de Bonn -23/07/1979,
L’Accord EUROBATS -Décembre 1991,
Convention de Berne -19/09/1979,
Directive "Faune Flore Habitats"- Annexe II (pro parte) et IV -21/05/1992,
Arrêté ministériel du 23/04/2007 article II.
En France, les chauves-souris sont toutes protégées depuis 1981. Grâce à l’arrêté du
23 avril 2007 les sites de reproduction et de repos sont intégrés à la protection des espèces.
1.1.6. Statuts de conservation préoccupants
Sur les 1231 espèces connues dans le monde, la moitié des espèces de chiroptères est
en danger d’extinction (Bat Conservation international, 2011). Sur les 35 espèces présentes
sur le territoire national, une espèce est en danger critique d’extinction (CR), trois sont
classées vulnérables (VU) et sept quasi-menacées.
Au début de l’année 2009, le
CSRPN7, appuyé par la CPEPESC8, a
réédité la liste rouge de FrancheComté. Le constat est préoccupant :
en effet, sur les 28 espèces de
chiroptères présentes sur le territoire
Franc-comtois, presque 1 sur 2 est
menacée d’extinction (CR, EN et
VU). Notons aussi que 5 espèces sont quasi menacées (NT) soit 20%.
L’étude de ce taxon dans cette région prend de l’intérêt puisque au moins 1/3 des
espèces qui le composent sont forestières et sont menacées (Roué, comm. pers.).
CR
0
0
0
2
EN
VU
NT
LC
DD
NA
Monde
0
0
4
22
1
0
Europe
0
3
4
19
1
0
France
0
1
5
20
0
0
1
9
5
9
1
0
Franche-Comté
Source : Ferrez et al., 2008 ; UICN, 2009
Figure 9 : Statuts de conservation des 28 espèces de chiroptères
présents en Franche-Comté
Stratégie de développement d’organisme vivant dont les populations évoluent dans des conditions
environnementales stables (dites en équilibre stationnaire). S’oppose aux espèces colonisatrices, en expansion ou
opportuniste.
7
Conseil Scientifique Régional de Patrimoine Naturel
8
Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l’Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères
6
2013
Page
n°7/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.2. La forêt domaniale du Mont Sainte Marie, massif de la Grand'Côte
Sur la commune de Labergement Sainte Marie (25 160), à 20 km au Sud-Est de
Pontarlier, la zone d'étude est située dans la région forestière du Haut-Jura (I.F.N), la forêt
domaniale du Mont Sainte Marie se découpe en trois massifs : la Fuvelle, Mont de la Croix et
la Grand Côte.
Le massif de la
Grand’Côte se trouve dans le
synclinal de la Grand’Côte et
dans le versant nord de
l’anticlinal dominant le lac de
Remoray. Il repose sur un
substratum appartenant au
mésozoïque. Les affleurements
ainsi que les couches sousjacentes ne permettent pas la
mise en place d’un réseau
Figure 10 : La Grand'Côte vue depuis le Nord
karstique conséquent. Il n’y a
donc pas localement de gîtes endogés9 disponibles pour les espèces de chiroptère comme le
petit et grand rhinolophe (Rhinolophus hipposideros et ferrumequium).
Les affleurements géologiques libèrent des éléments propices à la nutrition d’essences
autochtones tels l’épicéa (Picea abies), le hêtre (Fagus sylvatica) ou encore le sapin pectiné
(Abies alba). Les stations forestières qui en découlent appartiennent à la Hêtraie sapinière à
épicéa et s'expriment sous plusieurs variantes plus ou moins productives, sur des sols
limoneux profonds, sur des calcaires délités et sur des matériaux grossiers avec ou sans
poches de terre (ONF, 2005).
Le climat est montagnard, sous influence océanique, avec des précipitations annuelles
abondantes (1400 mm) et une moyenne annuelle des températures basses (7,1°C).
Propriété de l’abbaye de
Mont Sainte Marie, l’origine du
canton ou massif de la Grand’Côte
120
60
remonte à la période 1450-1550
100
50
(Lejean,
2007).
Les
moines
Précipitations
80
40
Températures
conduisent alors une gestion
60
30
« conservatrice » en futaie jardinée.
40
20
Puis ayant échappée pour différentes
20
10
raisons à l’ordonnance de Colbert de
0
0
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
1669, cette forêt persiste au fil des
-20
-10
siècles. Le premier aménagement du
Mois
massif remonte à 1733. Depuis, les
Source : Météo France, 1976-2006
te
Figure 11 : Diagramme ombrothermique, Labergement S Marie, 25160 contours de la forêt n’ont pas
changé. En 1789, cette forêt est
confisquée à l’église et devient propriété de l’état. Sa gestion continue en futaie irrégulière
puis bascule en futaie régulière en 1858.
160
Diagramme ombrothermique -Labergement Ste Marie (880m)
9
80
70
T (°C)
P (mm)
140
Souterrain
2013
Page
n°8/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Figure 12 : Le site d'étude et les zonages en aplication
2013
Page
n°9/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Aujourd’hui, le canton de la Grand Côte, géré par l’ONF, est conduit en 2 sous unités
selon deux logiques : une série de production et une série écologique issues du plan
d’aménagement de 1975-1994 :
La série de production :
traitée en futaie régulière, de 313 ha
divisée en 34 parcelles. Cette zone est
gérée en futaie régulière. Les
essences objectives sont l’épicéa
(Picea abies) et le Sapin (Abies alba).
La série écologique :
Critère
Régime et
Traitement
Age d’exploitabilité résineux
Age d’exploitabilité feuillu
Diamètre d’exploitabilité résineux
Diamètre d’exploitabilité feuillu
% de hêtre (surface)
% de feuillus divers (surface)
% îlot de sénescence
1 série
Futaie
régulière
140 ans
100 ans
60 cm
55 cm
3
1,5
0
ère
RBDD
Futaie jardinée par
pied à pied (1994)
160 ans10
100 ans
70 cm
55 cm
23
2
5% (2,78 ha)
Résineux> 95 cm ;
Feuillus > 55cm
5%
7,7
5,5
D’une contenance de 73,47 ha,
Néant
divisée en 10 parcelles (de A à J), elle Conservation des très gros bois
2%
est traitée en futaie jardinée. Cette Arbres conservés11
3
10
Accroissement
(m
/ha/ans)
série est entièrement incluse dans la
3
10,9
réserve naturelle nationale soit 9 Prélèvements (m /ha/ans)
Sources : d’après Lejean, 2007 modifié et ONF, 2009 & 2010
parcelles référencées de A à I
Figure
13
: Caractérisation des peuplments forestiers en comparatifs
(contenance
de
64,79 ha),
à
série écologique/série de production
l’exclusion de la parcelle J de 8,68 ha.
Enfin, les parcelles A à H (54,9 ha) sont classées en réserve biologique domaniale dirigée
(RBDD) depuis 1977.
Comme le reste du massif, les 54,9 ha de RBDD sont gérés par l’ONF. Le plan de
gestion 2004-2014 de la RBD révise le plan d’aménagement 1995-2014 pour les parcelles A à
H, et doit être conforme au plan de gestion de la réserve naturelle nationale 2010-2014. Le
plan de gestion de la RBDD prévoit une décapitalisation12 du peuplement forestier.
Cependant, en 2009, un avenant signé par le préfet de région met en conformité le plan de
gestion de la RBDD avec celui de la RNN et inverse la tendance pour retourner vers une
capitalisation de la forêt. Cela par un allongement de la rotation des coupes et une diminution
des prélèvements. Aujourd’hui, un partenariat permanent est en place, entre les deux
structures gestionnaires, pour concilier fonction économique (productive) et fonction
écologique de la forêt.
Les objectifs sont définis dans le plan de gestion de la RNN 2010-2014 (Tissot et al., 2009) :
Suivre l’évolution de la forêt et acquérir des connaissances.
Obtenir une forêt plus naturelle, avec ponctuellement de fortes accumulations de
biomasse vivante ou de nécromasse, des arbres monumentaux, sénescents, à cavités, porteurs
d’aires, des bouquets surdenses, des trouées de chablis. Ceci en continuant d’exploiter la forêt,
mais sans recherche d’objectifs sylvicoles précis Pour cela les gestionnaires recherchent une
futaie jardinée de type B, plus conforme aux proportions naturelles et présentant un plus fort
degré de naturalité, avec :
structure riche à fort pourcentage de gros ou très gros bois (> 30%), avec
une faiblesse du nombre des perches et de la régénération.
diamètre d'exploitabilité élevé.
matériel compris entre 300 et 400 m3/ha, toutes essences comprises
Approximation théorique, en effet l’âge d’exploitabilité ne peut constituer une référence en futaie jardinée
Arbres conservés au titre de la biodiversité, dit "bio"
12
Taux de prélèvement supérieur au taux d’accroissement de la forêt
10
11
2013
Page
n°10/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Ces objectifs sont intégrés et déclinés dans la modification du plan de gestion de la
RBDD 2004-2014:
Mise en place d’un îlot de sénescence,
Conservation des gros bois et très gros bois : les résineux de plus de 95 cm
de diamètre et les feuillus de plus de 55 cm de diamètre,
Conservation d’autres arbres intéressants au titre de la biodiversité :
Maintien des arbres sénescents et des arbres morts (secs,
foudroyés, chandelles, volis)
Maintien de certains chablis
Maintien des arbres creux
Maintien des arbres supportant des aires
Pour les quelques travaux d’exploitation, la RBDD est desservie par une route
forestière ‘‘chemin Maclin’’ connectée a une place à dépôt dans la parcelle D puis aux
parcelles par des pistes forestières. La période autorisée (travaux et coupes) est du 1er
septembre au 15 janvier.
Figure 14 : Parcelle D (RBDD et RNN)
Figure 15 : Chemin "Château Margot" entre les parcelles 32 et
38
2013
Page
n°11/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.3. Les prospections de terrain
Cette étude s'inscrit dans l'action prioritaire R7 du plan régional d'action (Roué et al.,
2012) pour les chiroptères intitulée "Etude et conservation des chiroptères en forêt" et plus
particulièrement dans les deux actions du volet "étudier":
1. recherche de gîtes de mise bas de chiroptères forestiers, et alimentation d’une base
régionale et/ou nationale sur les arbres-gîtes, en forêt,
2. suivi sur le moyen terme de l’activité des chauves-souris en forêt sur les divers types
de peuplements forestiers, alimentation d’une base régionale et / ou nationale (forêt
publique et forêt privée).
Suite à l'étude de Claude (2010) et des compléments de 2011, les objectifs de cette
présente étude sont de localiser et de caractériser les gîtes sylvestres de reproduction. La
finalité est de participer à l’avancée des connaissances (actuellement fragmentaires) et de
préconiser une typologie d’arbres à conserver, pour une meilleure prise en compte des
chiroptères (et de la biodiversité en générale) dans la gestion forestière des forêts d’altitudes du
Massif Jurassien.
Les moyens méthodologiques mis en œuvre en fonction des ambitions de départ sont :
1. Réalisations de captures aux filets japonais en vue d'équiper les femelles pour
réaliser du radiotracking et localiser les gîtes sylvestres.
2. Mise en place de plusieurs circuits de points d'écoute pour enregistrer l'activité des
chiroptères et hiérarchiser différentes zones d'attractivité selon les structures et
compositions d'habitats.
Les parties suivantes détaillent les différentes méthodes utilisées.
Figure 16 : Murin (Myotis sp.) © Yves Bilat, 2011
2013
Page
n°12/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.3.1. Capture aux filets japonais
1.3.1.1.
Description de la méthode
La méthode consiste à tendre des filets
« japonais » (ou « filets maillants » ou
« mistnets ») à mailles étroites (19 à 30 mm) et à
fil très fin (nylon) entre deux perches dans le but
de capturer des animaux en vol. Toutes les
espèces de chiroptères sont capables de détecter
les filets ; il convient donc de disposer ces
derniers soit sur un trajet obligatoire (sortie de
cavité), soit sur un trajet régulièrement employé
(voie de transit) le long duquel la chauve-souris
n’émet que peu d’ultrasons. Les zones calmes de
cours d’eau (zones de chasse ou d’abreuvement),
les allées forestières, les lisières et les haies
constituent ainsi des sites de piégeage privilégiés.
Figure 17 : Représentation d’un filet japonais tendu, et
exemple de placement favorable sur une voie de
passage supposé de chiroptères
Ces filets sont accrochés à leurs extrémités à des tubes en métal ou à des cannes à
pêche rigides haubanés à l’aide de cordelettes. Ils doivent être contrôlés au maximum toutes
les 15 minutes afin de limiter le stress ou la fuite des animaux qui sont capables de ronger les
mailles et de s’échapper par le trou ainsi créé. La méthode apporte de précieuses informations
sur la biologie des individus capturés,
comme le sexe (mâle ou femelle), l’âge
(adulte, immature ou juvénile), l’état
reproducteur (mâle sexuellement actif
ou non, femelle gestante, allaitante,
post-lactante ou non reproductrice,…)
ou encore l’état sanitaire des individus
capturés (présence d’ectoparasites, de
blessures ou de cicatrices, de
déformations congénitales, d’anomalies
chromatiques…).
Figure 18 : Installation d'un filet japonais dans la parcelle F audessus d'une ancienne ornière forestière
2013
Les captures au filet permettent
également la collecte de données
biométriques (longueur de l’avant-bras,
longueur et largeur des oreilles,
longueur et largeur du tragus, longueur
des phalanges, etc.) importantes pour
des
études
sur
la
variabilité
phénotypique des populations voire
pour la détermination à posteriori de
nouveaux taxons.
Page
n°13/48
CLAUDE & BASSET, 2013
1.3.1.2.
Inventaire des chiroptères forestiers
Avantages et inconvénients de la méthode
La probabilité de capture d’une espèce donnée est influencée par de nombreux facteurs
tels que le type d’habitat piégé, le type de filets utilisé, la pression de piégeage (= surface des
filets x temps de capture), l’époque de l’année, l’heure de la nuit, les conditions
météorologiques, etc. La phase lunaire et la couverture nuageuse, en revanche, ne semblent
pas influencer l’activité des chiroptères.
La biologie des espèces est bien sûr également déterminante : la capture au filet
d’espèces chassant habituellement en plein ciel ou au-dessus de la canopée (cas des noctules,
des sérotines, du Molosse de Cestoni…) est beaucoup moins fréquente que celle des espèces
chassant dans la végétation par exemple. Enfin, vraisemblablement en raison de la qualité de
leur radar, la capture de certaines espèces (Rhinolophes, Murin à oreilles échancrées, Murin
de Bechstein,…) est rare sauf au sortir de leur gîte (cavité arboricole ou cavités souterraines
par exemple).
Il est à noter qu’une nouvelle génération de filets, dits « monofilaments », a été
employée lors de la présente étude. Plus fins que les filets traditionnels aussi utilisés pour les
oiseaux, ils semblent permettre un meilleur taux de capture. Ils présentent en revanche
l’inconvénient d’être plus fragiles, c’est-à-dire d’être plus facilement troués par les
chiroptères qui donc, à priori, peuvent s’en échapper plus aisément.
1.3.2. Ecoute au détecteur d’ultrasons
1.3.2.1.
Description de la méthode
Le détecteur d’ultrasons est un appareil qui
convertit les ultrasons en sons audibles pour
l’Homme, permettant ainsi, et avec de
l’expérience, la détermination d’un certain nombre
d’espèces ou de groupes d’espèces de chiroptères.
Le Pettersson® D 240x a été utilisé. Cet appareil
permet l’écoute des sons en hétérodyne (en temps
réel) et en expansion de temps (séquence
mémorisée de 3 secondes ralentie 10 fois). Un
certain nombre de séquences non identifiées sur le
terrain ont été enregistrées sur un disque dur
portable, puis analysées sur ordinateur à l’aide du
logiciel Batsound® 3.31. L’identification des
séquences a été réalisée par Philippe Favre du
réseau national mammifères de l’ONF.
Les points d’écoute ont été réalisés dans
des conditions météorologiques favorables à
l’activité des chiroptères : vent nul à modéré, Figure 19 : Ecoute et enregistrement ultrasonore
absence de précipitations, températures douces. Les sorties débutaient à la nuit et duraient
environ 3 heures. Une écoute à des heures plus tardives présente peu d’intérêt car il est
habituel de constater une décroissance quasi linéaire du nombre de contacts à partir du pic
crépusculaire et une chute marquée d’activité en milieu de nuit. Au final, 4 circuits de 4 points
d’écoute de 45 minutes ont été réalisés au rythme d'un passage par circuit par saison.
2013
Page
n°14/48
CLAUDE & BASSET, 2013
1.3.2.2.
Inventaire des chiroptères forestiers
Avantages et inconvénients de la méthode
L’écoute en mode « hétérodyne » permet de reconnaître jusqu’à 8 espèces et 6 paires
d’espèces. En mode « expansion de temps », les sons sont « étirés dans le temps ». Puisque la
fréquence se définit comme l’inverse de la période, la première est autant divisée que la
seconde est multipliée ; les signaux d’écholocation deviennent ainsi audibles à l’oreille
humaine. Cette méthode permet la détermination de 10 espèces supplémentaires par rapport à
l’utilisation d’un détecteur en mode hétérodyne. En revanche, et en l’état actuel des
connaissances, la technique du détecteur ne permet pas de toujours différencier les groupes
d’espèces suivants. Des doutes subsistent, dans toutes ou certaines circonstances de vol ou de
comportement des individus :
-
Rhinolophe mehely13/ R. hipposideros (et R. hipposideros / R. euryale à certaines fréquences) ;
Myotis myotis / M. blythii (= Murins « de grande taille ») ;
Myotis daubentonii / Myotis capaccini ;
Myotis daubentonii / Myotis Brant / Myotis bechsteini ;
Myotis daubentonii / Myotis mystacinus / Myotis brandt ;
Tadarida teniotis / Nyctalus lasiopterus à certaines fréquences ;
Nyctalus lasiopterus / Nyctalus noctula à certaines fréquences ;
Pipistrellus nathusii / Pipistrellus kuhli, à certaines fréquences ou en l’absence de cris sociaux.
Dans les deux modes
d’écoute, certaines limites de
l’identification sont liées aux
caractéristiques de l’appareil (angle
de réception, sensibilité du micro,
niveau de charge des batteries…).
Les contacts, dans la mesure du
possible, ont été attribués à une
espèce. Certains problèmes ou
inconvénients inhérents à la
technique (phases acoustiques en
recouvrement
interspécifique,
mauvaise qualité de réception,
Figure 20 : Pipistrelle (Pipistrellus sp.) en hibernation © Claude J., 2010
séquences
acoustiques
incomplètes…) conduisent toujours à légender quelques séquences au niveau du genre
(Myotis et Plecotus surtout) ou à une chauve-souris indéterminée (= Chiroptera sp.).
Les comparaisons inter stationnelles ou entre sites forestiers des résultats ne peuvent
être abordées qu’en limitant les analyses aux espèces émettant des signaux d’intensité voisine.
Parmi les chauves-souris européennes, on peut ainsi distinguer 3 groupes d’espèces selon la
portée de leur signal :
 Groupe d’espèces à émissions fortes : Hypsugo savii ; Eptesicus serotinus ; Eptesicus nilssoni ;
Vespertilio murinus ; Nyctalus noctula ; Nyctalus lasiopterus ; Nyctalus leisleri ; Tadarida
teniotis
 Groupe à émissions moyennes : Pipistrellus pipistrellus ; Pipistrellus kuhli ; Pipistrellus
nathusii ; Myotis myotis/blythi/punicus, Miniopterus schreibersi
 Groupe à émissions faibles : toutes les petites espèces du genre Myotis ; toutes les espèces du
genre Rhinolophus ; toutes les espèces du genre Plecotus ; Barbastella barbastellus
13
Espèce méditerranéenne considérée comme éteinte en France jusqu’en 2007, année de sa redécouverte dans le Minervois (Aude). Sa
présence dans l’aire d’étude est plus qu’improbable
2013
Page
n°15/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
La réalisation de captures aux filets et de prospections acoustiques au détecteur
d’ultrasons a permis d’optimiser les résultats de l’inventaire, compte tenu de la
complémentarité des deux techniques (tableau 1) et du temps limité imparti aux investigations
de terrain.
Inconvénients
- Capture possible des espèces
peu détectables (= émettant
des signaux de faible
intensité)
- Identification toujours
possible des individus
capturés
- Inventaires qualitatifs
(uniquement)
- fourni des informations sur la
biologie (statut reproducteur
notamment) et des données
biométriques
- capture difficile de certaines espèces (des
Rhinolophes, de la plupart des myotis, des
espèces de haut vol,…)
- stress important pour les animaux voire
risque occasionnel de mortalité
- Risque de décrochage du nouveau-né (en
juin / début juillet notamment) chez
certaines espèces dont les femelles chassent
en portant le jeune
- Temps nécessaire à l’installation du
dispositif et encombrement du matériel
(filets, cannes, matériel de mesure,…)
- Aucune mobilité
- Taux de capture influencé par de nombreux
facteurs dont la favorabilité des sites piégés,
certains facteurs climatiques (vent,...), …
- Risque de morsure et de contamination de
l’opérateur par le virus de la rage
- Nécessite une autorisation préfectorale
ACOUSTIQUE
- mobilité
- inventaires quantitatifs et
qualitatifs (non exhaustifs)
- détection d’espèces parfois
difficiles à capturer au filet
- Pas de stress pour les
animaux identifiés
- faible détectabilité des espèces dont les
signaux sont de faibles intensités
- identification difficile ou impossible de
certains couples ou groupes d’espèces dans
certains cas
- identification compliquée des séquences de
mauvaise qualité
HETERODYNE
- formation rapide
- coût peu élevé de l’appareil
(environ 200 euros)
- identification impossible des espèces
émettant en fréquence modulée abrupte
(tous les Myotis par exemple)
- identification possible
presque tous les Myotis
- coût élevé de l’appareil (min. 1500 euros)
- apprentissage long
- enregistrement nécessaire à l’analyse sur
logiciel de certaines séquences
- identification impossible au niveau
spécifique de certaines séquences (en
l’absence de signaux typiques ou d’une
succession typique de certains signaux)
PROSPECTION
CAPTURE AUX FILETS
Avantages
EXPANSION
DE TEMPS
de
Figure 21 : Comparaison des deux techniques d’inventaire des chiroptères
2013
Page
n°16/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.3.3. Anabat
Cet appareil automatique enregistre en continu les émissions de fréquences des
chiroptères en mode division de fréquence. Les données obtenues sont ensuite analysées
automatiquement pour identifier les grands groupes de chiroptères, mais ne permettent pas
une analyse précise de l’espèce dans la majorité des contacts (Myotis principalement). Ce
mode d'enregistrement indique surtout une fréquence de contacts mais pas une richesse
spécifique.
En 2011, 5 Anabats de la CPEPESC sont posés dans la RBD. Les résultats identifiés
par Cathy Bresson (CPEPESC FC) n'étaient toujours pas publiés. Ils figurent en annexe 1.
Dans le cadre de l'étude 2012-2013 ce dispositif n'a pas été utilisé.
1.3.1. SM2
Utilisant le même principe que l'anabat, le SM2 permet une identification plus fine par
le recours possible à une analyse des sons automatiques en expansion de temps.
Deux SM2 ont été utilisés le 24/09/2012 pour écouter l'activité
premières heures de la nuit :


pendant les 4
le premier dans la parcelle A, au-dessus du chemin 'Maclin' pour "mesurer" son
utilisation éventuelle comme corridor (déplacements gites-zones de chasse).
le deuxième dans la parcelle 29 (secteur en régénération) pour identifier
d'éventuels passages entre RBDD et le reste de la forêt.
Nota : Les analyses restent encore peu fiables surtout pour le genre Myotis
Figure 22 : Installation d'un SM2 (micro sur une perche à 7m de haut) dans la parcelle 29
2013
Page
n°17/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.3.2. Autres sources de données
Pour la Réserve Naturelle, le plan de gestion 2010-2014 (Tissot et al., 2009) dresse un
bilan des connaissances chiroptérologiques :
« En l’état des connaissances sur les 20 dernières années, 2 espèces (Murin de Daubenton,
Pipistrelle commune) et 1 genre (Oreillard sp.) sont présents sur le territoire de la réserve
naturelle. A l’exception de l’ancien blockhaus, les gîtes de repos et sites de mise bas pour ces
espèces sont à l’extérieur de la réserve naturelle (pont de chemin de fer, église, bâti privé,
etc.). Le lac et les zones humides sont utilisés comme secteurs de gagnage (moustique
principalement). Durant ces 20 dernières années, d’autres espèces (Grand murin, Noctule
commune, Sérotine commune et Sérotine bicolore) ont été mentionnées en périphérie de la
réserve naturelle mais toujours de manière occasionnelle.
Par contre, il existe peu de données (une probable Pipistrelle commune en 2008) pour la
partie forestière (forêt domaniale de la Grand’Côte) ».
Figure 23 : Grand Murin (Myotis myotis) espèce contacté sous un pont en bordure
de la RNN en 1993 © Yves Bilat, 2011
En 2010, dans le
cadre du plan de gestion de
la réserve naturelle, une
étude préliminaire
est
menée dans la RBDD
(écoutes ultrasonores et
enregistrements
automatiques
-Claude,
2010). Cette première étude
a permis de constituer un
premier état des lieux et de
déceler
une
activité
intéressante en forêt. Les
espèces inventoriées sont la
Pipistrelle
commune
(Pipistrellus pipistrellus) et
la Noctule de Leisler
(Nyctalus leisleri).
En 2011, toujours dans le cadre du plan de gestion de la réserve naturelle, des
prospections complémentaires sont menées toujours en forêt (écoutes ultrasonores,
enregistrements automatiques, capture au filet). Sont inventoriés : Le Murin de Daubenton
(Myotis daubentonii), le Murin à moustaches (Myotis mystacinus), probablement le Murin
d’Alcathoé (Myotis alcathoe), la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), la Pipistrelle
de Nathusius (Pipistrellus nathusii), la Pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus) et la
Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri). D'autres écoutes dans la RNN permettent de confirmer
la présence de la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) en chasse au-dessus des roselières
du lac (Claude in Aubertel et al., 2012).
2013
Page
n°18/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
1.3.3. Chronologie de l’inventaire et équipe impliquée dans le projet
Capture aux filets :
Sur 3 nuits entre le 7 et le 9 Aout 2012 avec l'appui d'Alice Zimmerman (ONF -70) :
 Nuit du 7/08/2012 :
 Ciel dégagé, température allant de
13,6°C à 11°C, humidité de 70 % à 81 %,
vent nul
 Parcelle D -îlot de sénescence : 4 filets en
bordure d'une mare forestière (29 m)
 Nuit du 8/08/2012 :
 Ciel dégagé, température de 12°C,
humidité de 77 % à 98 %, vent nul
 Parcelle E : 5 filets au-dessus des
chemins forestier "Maclin" et "des
morts", et dans une allée forestière (21
m)
 Nuit du 9/08/2012 :
 Ciel dégagé, vent nul
 Parcelle F : 6 filets en lisière forestière et
au-dessus d'une ancienne ornière (42 m)
x
x
x
1
x
x
x
2
x
x
x
3
x
x
4
x
x
5
x
x
6
x
x
7
x
x
x
8
x
x
x
9
x
x
x
10
x
x
x
11
x
x
x
12
x
x
13
x
x
14
x
x
15
x
x
16
Figure 25 : Plan d'échantillonnage des
points d'écoutes
2013
12/07/2013
11/07/2013
09/07/2013
08/07/2013
25/09/2012
24/09/2012
20/09/2012
14/09/2012
02/09/2012
N° du point
Figure 24 : Montage d'un filet
Circuits d’écoute :
x
x
x
x
Nous avons utilisé le protocole d'écoute
MCD 45 (45 minutes par point d'écoute) avec
l'appui de Cyrille LeBihan (ONF -90).
4 circuits de 4 points d’écoute de 45 minutes
ont été réalisés au rythme d'un passage par circuit
par saison.
Page
n°19/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Figure 26 : Plan d'écantillonnage
2013
Page
n°20/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
2. Résultats
Sur les trois sessions prévues initialement (captures aux filets et points d’écoutes), la
météo exécrable a provoqué l’annulation de la première session (21-24/05/12) et perturbé la
seconde (7-10/08/12). De plus, lors d’une mission en forêt de Rambouillet, Franck Basset
s’est fait voler l'ordinateur portable dans sa voiture de service avec les sons enregistrés lors de
la deuxième semaine d'écoute et les feuilles de terrain d'un circuit (points 13, 14, 15 et 16).
Quatre journées ONF-réseau ont cependant pu être reportées en juin 2013. La dernière (2425/09/12) s’est déroulée "normalement".
2.1. Captures aux filets japonais
Sur les 3 soirées réalisées, seule la première, dans l'ilot de sénescence de la RBDD, a
été positive. 2 espèces ont été contactées : le Murin à Moustaches (Myotis mystacinus) et
l'Oreillard Roux (Plecotus auritus).
Date
Heure
Genre
Espèce
Sexe
Age
A-B
07/08
07/08
07/08
22:51
23:25
23:55
Myotis
Myotis
Plecotus
mystacinus
mystacinus
auritus
M
M
F
ad
ad
ad
35,45
35
40,87
07/08
23:55
Myotis
mystacinus
M
ad
34,43
08/08
09/08
/
/
RAS
RAS
0
0
/
/
/
/
/
/
Pouce
Tibia
Poids
Etat
sexuel
16,5
15
5,2
6,3
8,2
NA
NA
NA
15
4,8
NA
7
/
/
/
/
/
/
/
/
Commentaires
/
/
/
oreille coupée + phalange D4
gauche anciennement cassée
/
/
Figure 27 : Résultats des comptages aux filets
Figure 28 : Démaillage d'un Murin à moustaches (Myotis mystacinus)
2013
Page
n°21/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
2.2.Ecoute au détecteur d’ultrasons
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
Figure 29 : Ecoutes nocturnes et enregistrements
13
0
10
94
5
22
3
74
30
53
66
202
6
75
0
45
24
14
55
19
55
86
55
0
5
4
12/07/2013
11/07/2013
09/07/2013
08/07/2013
25/09/2012
24/09/2012
20/09/2012
14/09/2012
02/09/2012
N° du point
Les 12 nuits d'écoute totalisent 33 heures et ont permis de recenser 1703 contacts
(cf. figure 30). Chaque point d'écoute totalise 2,25 heures d'écoute.
6
14
0
0
81
12
117
0
38
3
0
82
6
4
12
32
251
29
Figure 30 : Résultats bruts des 16 points d'écoutes
La détermination, par Philippe Favre (ONF), des sons enregistrés a permis de
déterminer 1294 contacts concernant 12 espèces :
Nom latin
1
2
3
4
5
Grand Murin
(Myotis myotis)
Murin à moustaches
3
50
4
(Myotis mystacinus)
Murin à oreilles échancrées
2
3
(Myotis emarginatus)
Murin de Brandt
7
(Myotis brandtii)
Murin de Daubenton
5
4
(Myotis daubentonii)
Murin de Natterer
10
(Myotis nattereri)
Noctule de Leisler
2
47 203 6
1
(Nyctalus leisleri)
Pipistrelle Commune
60 15 14 19 130
(Pipistrellus pipistrellus)
Pipistrelle de Kuhl
(Pipistrellus kuhlii)
Pipistrelle de Nathusius
(Pipistrellus nathusii)
Sérotine bicolore
(Vespertilio murinus)
Sérotine commune
2
(Eptesicus serotinus)
Total : 62 74 282 25 144
Figure 31 : Espèces contactées par point d'échantillonnage
2013
6
7
8
9
10
3
18
3
4
1
11
12
13
14
15
16
2
5
9
4
5
Tot.
6
3
58
146
5
2
19
1
13
21
1
36
61
10
1
10
69
22 149
3
88
26
2
6
11
305
53
8
28
51
720
1
1
3
3
2
2
2
17
98
27 159
0
11
88
82
10
44 171 1294
Page
n°22/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Pour 24 % des contacts (409), les déterminations ne peuvent aboutir plus loin que le
genre ou le groupe d'espèces. Soit les enregistrements ont été perdus (volés) ou soit les
séquences sonores sont peu typiques et ne permettent pas la dissociation jusqu'à l'espèce. Le
tableau suivant recense ces cas :
1
2
3
4
5
6
7
8
9 10 11 12 13 14 15 16 Tot.
2
42
2
37 23 72 14 16
16
49 273
Myotis sp.
M. mystacinus / daubentonii
7
7
bechsteinii / myotis
2
M. mystacinus / brandtii / daubentonii
2
2
M. mystacinus / myotis / bechsteinii
2
2
M. emarginatus / daubentonii
2
6
M. daubentonii / bechsteinii / myotis
6
9
21
M. daubentonii / mystacinus / brandtii
30
2
4
M. brandtii / bechsteinii
6
4
M. brandtii / daubentonii
4
2
M. brandtii / daubentonii / mystacinus
2
10
M. brandtii / mystacinus / daubentonii
10
16
M. bechsteinii / brandtii / myotis
16
7
M. bechsteinii / myotis
7
3
M. myotis / bechsteinii
3
Pipistrellus pipistrellus / Barbastella
2
2
barbastellus
16
Pipistrellus pipistrellus /pygmaeus
16
1
2
Pipistrellus sp.
3
8
10
2
Nyctalus sp. / Eptesicus sp.
20
8 42
2
63 32 87 16 20 0 25 0 0 0 0 110 409
Total : 4
Total général (fig. 31 et 32)
66 82 324 27 207 49 185 43 179 0 36 88 82 10 44 281 1703
Figure 32 : Genres et groupes d'espèces contactés par point d'échantillonnage
La présence de la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus) ainsi que du Murin
de Bechstein (Myotis bechsteinii) est suspecté. La présence de ces deux espèces forestières est
incertaine et reste à confirmer. Notons aussi que la probabilité de détection du Murin de
Bechstein est très faible puisqu'il glane ses proies et utilise très peu (comparé aux autres
espèces) l'écholocation pour chasser
2.3.SM2
Déterminé
automatiquement
par
informatique, les SM2 du 24/09/2012 donnent
les résultats suivants :
Groupe d'espèces
20h
21h 22h 23h Total
Parcelle A, 'Maclin'
Myotis sp.
Total 'Maclin'
1
1
3
3
0
0
0
0
4
4
Parcelle 29
Myotis sp.
Pispistrellus sp.
Serotule
Total Parcelle 29
Total général
45
53
2
100
101
8
28
2
38
41
21
16
1
4
37
37
5
5
75
101
4
180
184
Figure 34 : Nombre de contacts enregistrés par groupes
d'espèces le 24/9/12
Figure 33 : Sérotine de Nilson (Eptesicus nilssonii)
© Yves Bilat, 2009
2013
Page
n°23/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3. Analyses
3.1. Indice d'activité
Sur l'ensemble des points échantillonnés, la fréquentation des chiroptères est de 52 ±
14 contacts par heure (n=44). Ce résultat Activité en forêt de plaine
de moyenne montagne
révèle un niveau d'activité très élevé 0-4 ct/h
Proche de nulle
Faible
(cf. tableau 35) comparativement à la 5-10 ct/h
Faible
Moyenne
11-50
ct/h
Moyenne
Elevée
moyenne régionale et aux études locales
+
de
50
ct/h
Elevée
Très élevée et suspecte
(Claude, 2011, 2012 et 2013 ; Basset,
Sources : Barataud, 2004 et ROUE, comm. pers.
2012 ; Jaberg et al., 2006) et nationales Figure 35 : Qualification de l'activité des chiroptères dans les
(Fauvel, 2009 par exemple).
forêts de Franche-Comté
260
240
Moyenne par point
220
Moyenne massif
200
180
Contacts/heure
160
140
120
100
80
60
40
20
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Figure 36 : Synthèse des indices d'activité par transects (tout groupe d'espèces confondues)
13
14
15
16
Barres : erreur standard.
Réalisés dans des conditions similaires et relativement favorables, les 16 points
d'écoutes présentent des indices horaires d’activité contrastés (de 0 à 187 ct/h –cf. annexe 2).
2013
Page
n°24/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3.2.Composition du cortège
3.2.1. Fréquentation par groupe d'espèces
Le cortège contacté lors de cette étude est composé principalement de Pipistrelles et de
Murins (respectivement 40 % et 41% des contacts). Le reste des contacts concerne le groupe
des sérotules (Noctules et Sérotines).
Ces proportions obtenues sont
bien différentes de celles publiées par le
Serotule; 332;
19%
réseau mammifère de l’ONF : 16
observateurs ont réalisé des écoutes sur
351 points répartis dans 39 sites en
Pipistrellus;
France, dans des réserves biologiques
675; 40%
mais aussi dans des forêts « ordinaires »
Myotis; 695;
(Fauvel, 2009). Sur les périodes Mai à
41%
Juillet de 2008 et de 2009, Bruno Fauvel
annonce dans son rapport interne que
70% des contacts sont du genre
Pipistrelle contre 23 % du genre Murin.
Figure 37 : Proportion du nombre de contacts par groupe
d'espèces sur toute la forêt
Localement (Claude, 2011 et
2013 ; Basset, 2012 ; Jaberg et al., 2006), la proportion des Murins est encore faible par
rapport aux autres groupes d'espèces. Les espèces qui appartiennent à ce groupe ont adopté
des stratégies sténoèces14, et au moins une partie de leur cycle biologique dépend de
l’écosystème forestier. Elles sont glaneuses,
adaptées morphologiquement pour la chasse rapide
en sous-bois et sont donc favorisées par des
peuplements mâtures mixtes de structure verticale
hétérogène. A l’opposé, ne possédant pas un
préférendum forestier élevé (Tillon, 2008), la
Pipistrelle commune est une espèce ubiquiste et
généraliste, ce qui la rend omniprésente dans tous
les habitats. Un secteur possédant une proportion
importante des Murin (plus de 60 %) par rapport
aux autres espèces présente de forts enjeux pour
les chiroptères.
Figure 38 : Murin de Daubenton (Myotis daubentonii)
en gîte de transition
14
Espèces dont la niche écologique est restreinte. (S'opposent aux ubiquistes).
2013
Page
n°25/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3.2.2. Richesse spécifique
3.2.2.1. Contribution de l'étude à la connaissance
Aucune espèce déterminée n'est nouvelle pour la région. Cependant, cette étude
permet de découvrir, Myotis brandtii, Myotis emarginatus, Myotis nattereri, Plecotus auritus
et Pipistrellus kuhlii, nouvelles pour la RBDD et le site Natura 2000. Comme le montre la
figure ci-dessous, la contribution de cette étude à la connaissance chiroptérologique locale est
importante.
Les données de Myotis brandtii et Myotis nattereri seraient visiblement les plus hautes
en altitudes en Franche-Comté (Roué et al., 2012).
Peu d'études de ce type ont été réalisées en Franche-Comté, et surtout à cette altitude.
Il semblerait que le Murin à moustaches soit caractéristique de ce sylvofaciès, selon nos
observations, mais des études de référence en ce sens n'existent pas en Franche-Comté.
Notons que la présence de la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus) ainsi que
du Murin de Bechstein (Myotis bechsteinii) est suspecté lors de la détermination de certains
enregistrements (cf. figure 32).
Forêt domaniale de la Grand'Côte (FD)
Etat initial
(données biblio)
RNN-RBDD
Myotis alcathoe ?
Myotis dobentonii
Myotis mystacinus
Nyctalus leisleri
Pipistrellus nathusii
Pipistrellus pipistrellus
Pipistrellus pygmaeus
/
/7
Résultats 2012-2013
/0
Eptesicus serotinus
Myotis brandtii
Myotis dobentonii
Myotis emarginatus
Myotis myotis
Myotis mystacinus
Myotis nattereri
Nyctalus leisleri
Pipistrellus kuhlii
Pipistrellus pipistrellus
Plecotus auritus
Vespertillo murinus
Myotis brandtii
Myotis dobentonii
Myotis emarginatus
Myotis myotis
Myotis mystacinus
Nyctalus leisleri
Pipistrellus nathusii
Pipistrellus pipistrellus
/ 12
/ 15
Total des données
Total FD Grand'Côte
Hors forêt domaniale
Eptesicus nilssonii
Eptesicus serotinus
Myotis dobentonii
Myotis myotis
Nyctalus noctula
Plecotus austriacus
Vespertillo murinus
/7
/
/9
/8
15
Total Site N 2000
Site N 2000
Reste FD
/0
/7
7
18
Figure 39 : Espèces contactées, synthèse des connaissances et comparatifs
2013
Page
n°26/48
CLAUDE & BASSET, 2013
3.2.2.1.
Inventaire des chiroptères forestiers
Caractère forestier des espèces contactées
Le cortège d'espèce contacté présente (cf. figure 40) un caractère forestier faible à
élevé.
Gite
d'hiver
Gite
d'été
Territoire de
chasse
Myotis nattereri
Exclusivité /
au milieu
forestier
(0 à 5)
+ + + (+)
Rare
Fréquent
Fréquent
Nyctalus leisleri
+ + + (+)
Fréquent
+++
Rare
Nom latin
Myotis daubentonii
Utilise de la forêt pour
Arbres a fentes et résineux
Dépend du nombre de gites importants, gites
QuasiAssez fréquent arboricoles (fentes, caries, et trous de pics)
exclusif
Feuil.-Rx, souvent dans les houppiers
Fréquent Assez fréquent
esp. arboricole
Exclusif
Rare
(proies au sol)
Possible Occasionnel
Très fréquent
Fréquent
voire exclusif
Gite anthropique à proximité de la zone
forestière
Peu exigeante
Aussi bien gites anthropiques que cavités
d'arbres
Myotis myotis
+++
Rare
Pipistrellus nathusii
+++
Possible
+ + (+)
Fréquent
Myotis emarginatus
++
Rare
Myotis mystacinus
Vespertillo murinus
++
++
Rare
Possible
Eptesicus serotinus
+ (+)
Rare
Pipistrellus pipistrellus
+ (+)
Possible
+
Rare
Fréquent
+/-
Rare
Rare
Myotis brandtii
Plecotus auritus
Pipistrellus kuhlii
Autre, commentaire
Aucun
Assez fréquent
Rare? Assez fréquent
Possible
Fréquent
Fréquent
Rare
(lisières)
Fréquent
Possible
(lisières)
Fréquent
Foret doit être proche des gites
Utilise les troncs comme reposoir nocturne
Falaises pour gites
Fentes, occasionnellement trous de pics, dans
écorces décollés, sur feuillus
Assez fréquent
Sources : Tillon, 2008 ; GCMP / CREN MP, 2005
Figure 40 : Caractère forestier des espèces inventoriées ou potentiellement présentes dans le massif de la Grand'Côte
En fonction du nombre de contact obtenus et du préférendum forestier établi pour
chaque espèce, le graphique ci-dessous dresse, pour les espèces contactées, l'affinité le massif
de la Grand'Côte :
Fréquence
Pipistrellus kuhlii
Plecotus auritus
P. pipistrellus
Préférendum
M. emarginatus
V. murinus
M. brandtii
M. myotis
P. nathusii
V. murinus
M. nattereri
M. mystacinus
M. dobentonii
N. leisleri
Figure 41 : Affinité pour le milieu forestier des différentes espèces contactées le
massif de la Grand'Côte
2013
Page
n°27/48
CLAUDE & BASSET, 2013
3.2.2.2.
Inventaire des chiroptères forestiers
Enjeux de conservation des espèces
Sur les 13 espèces inventoriées, signalons la présence de 2 espèces prioritaires
(annexe 2) de le directive "habitat faune flore" : Myotis emarginatus et Myotis myotis.
Myotis brandtii, Myotis emarginatus, Myotis myotis et Myotis nattereri sont considérés
comme vulnérables en Franche-Comté selon les critères de l'UICN (cf. figure 42 ci-dessous).
UICN FComté
Priorité action
FrancheComté
(O.R.G.F.H.)
UICN France
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
NT
LC
LC*
VU*
LC
VU
VU
LC**
VU*
LC*
LC*
2
4b
3
4a
2
3
4b
4b
4a
4
2
LC
LC
NT
NT
3
5
Esp, biot
4
3
LC
LC
LC
LC
Plecotus auritus
Esp, biot
4
2
LC
LC
LC
LC
Vespertilio murinus
Esp, biot
4
2
LC
LC
DD
LC*
Sources : Carteron, 2012 ; CPEPESC, 2011 ; OFEV, 1994
Figure 42 : Qualification de l'activité des chiroptères dans les forêts de Franche-Comté
n
5
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Pipistrellus nathusii
Esp, biot
Directive
Habitats
2
2
Pipistrellus pipistrellus
3
4b
Déterminant
ZNIEFF
UICN Europe
2
2
2
2
2
2
2
2
2
Eptesicus serotinus
Myotis brandtii
Myotis daubentonii
Myotis emarginatus
Myotis myotis
Myotis mystacinus
Myotis nattereri
Nyctalus leisleri
Pipistrellus kuhlii
Convent.
Berne
4
4
4
4
4
4
4
4
4
Nom latin
Protection
France
UICN Monde
Liste rouge
Suisse
(partie Nord)
En suisse, Eptesicus serotinus est noté 'très menacée' et Myotis brandtii est 'menacé'.
Cependant la liste rouge des espèces menacées de Suisse (OFEV, 1994), établie sur l’avis
d’experts il y a 10 ans, est en cours de révision.
x
x
x
x
5
4
5
1
1
5
5
2
5
5
4
Légende en annexe n°3
Notons que les
Orientations Régionales
de
Gestion
et
de
conservation de la faune
sauvage et de ses habitats
donnent
Myotis
emarginatus et Myotis
myotis
comme
prioritaires.
Figure 43 : Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) © Yves Bilat, 2012
2013
Compte-tenu
de
leurs statuts de protection
et
de
conservation,
Myotis brandtii, Myotis
emarginatus,
Myotis
myotis et Myotis nattereri
présentent de forts enjeux
dans la forêt domaniale.
Page
n°28/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3.1. Comparatifs entre série écologique et série de production
90
Un comparatif entre les 2 séries (de
production et écologique) est possible. Deux
échantillons de 8 points répétés 3 fois ont été
réalisés au cours de cette étude.
70
60
Contacts/heure
La série de production (futaie régulière
résineuse de 313 ha) obtient un indice plus faible
(cf. figure 44 ci-contre) que la série écologique
(futaie jardinée vieillissante mixte de 64 ha). Les
erreurs standard indiquent que ces 2 valeurs sont
bien différentes. L'échantillonnage étalé dans le
temps (2 années et sur plusieurs saisons) et répété
permet d'obtenir des résultats représentatifs
interprétables.
80
50
40
30
20
10
Une différence de richesse spécifique entre
les deux séries est également observée. La série de
production (1ere) est fréquentée par 9 espèces contre
12 dans la 2ème série (écologique -cf. figure 45 cidessous).
0
1ère série
2ème série
Figure 44 : Synthèse des indices d'activité dans
les deux séries de la FD. Barres : erreur standard.
90
(Zoom sur les espèces faiblement contactées)
Répartition des contacts selon les espèces
et comparaif entre les deux séries
100
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1ère série (production)
2ème série (écologique)
Pipistrellus pipistrellus
380
339
Nyctalus leisleri
46
259
Myotis mystacinus
70
76
Myotis daubentonii
43
18
Myotis emarginatus
7
12
Myotis nattereri
0
10
Myotis brandtii
14
7
Myotis myotis
2
3
Vespertilio murinus
0
2
Eptesicus serotinus
0
2
Pipistrellus kuhlii
0
1
Pipistrellus nathusii
3
0
Figure 45 : Répartition des contacts selon les espèces et comparatif entre les deux séries
2013
Page
n°29/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3.1.1. La série de production
Les points d’écoute réalisés dans les différents stades de maturité de la futaie régulière
montrent que les espèces de chauves-souris fréquentent, pour chasser, les parcelles de gros
bois et de bois moyen avec présence de sous-étage dans tous les cas (points 12, 15, 16) et
celles régénérées (semis et fourrés –SM2 parcelle 29 et points 13). La communauté est la plus
diversifiée dans ces types de parcelles, où la proportion en feuillus est la plus importante
(surtout 25 et 26 -cf. figure 45 ci-dessous). A l’inverse, les parcelles résineuses de perchis et
de petit bois denses ne sont pas (ou très peu) fréquentées (points 10, 11 et 14). Dans ces
stades, la richesse spécifique est la plus faible.
Les parcelles mono-spécifiques (épicéa) aux stades perchis-gaulis non éclaircies sont
totalement inutilisées par les chauves-souris comme le montre le point d'écoute n°10 (entre les
parcelles 20 et 22).
Notons que la fréquentation du point n°9 est surévaluée du fait de la présence d'une
ornière forestière inondée. Les résultats obtenus ne reflètent pas l'utilisation de l'habitat
forestier par les chiroptères mais plutôt l'importance des micro-habitats humides dans leur
alimentation.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Pipistrellus pipistrellus
60
15
14
19
130
10
69
22
149
Nyctalus leisleri
2
47
203
6
3
50
4
18
1
9
5
4
4
5
3
3
4
Myotis mystacinus
Myotis daubentonii
Myotis emarginatus
2
Myotis nattereri
Myotis brandtii
1
10
11
12
13
14
15
16
3
88
53
8
28
51
26
2
6
11
3
58
1
6
1
36
5
2
1
13
10
7
Myotis myotis
3
Vespertilio murinus
2
2
Eptesicus serotinus
2
Pipistrellus kuhlii
1
Pipistrellus nathusii
3
Figure 46 : Proportion du nombre de contacts par groupe d'espèces au cours des 3 campagnes d'écoutes
2013
Page
n°30/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Les espèces contactées (Pipistrellus pipistrellus, Myotis daubentonii, M. brandtii et
M. mystacinus) sont peu indicatrices en forêt (Tillon 2008), même si cet habitat constitue un
milieu de chasse non négligeable pour elles. En revanche, Myotis emarginatus et Myotis
myotis sont des espèces forestières (essentiellement pour la chasse) traduisant la présence de
secteurs particuliers qu'elles affectionnent pour s'alimenter :
 Dans la série de production, le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) a été
contacté chassant dans les parcelles de gros bois avec présence de sous-étage mixte
(point 15 et 16).
 Le Grand Murin (Myotis myotis) utilise quasi exclusivement le milieu forestier pour
chasser au sol des carabes. Cette espèce utilise les allées forestières (chemins, layons) et
exploite, dans les parcelles régulières de la Grand'Côte, les jeunes parcelles à strates
buissonnantes et herbacées peu fournies (point n°11 dans la parcelle 15).
Ces 2 espèces fréquentent aussi la 2ème série, prouvant que leurs zones de chasses sont aussi
présentes en futaie irrégulière.
La pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii) semble être une visiteuse
occasionnelle de cette partie et de la totalité de la Grand'Côte. La forêt ne semble pas jouer de
rôle majeur pour la conservation de cette espèce (Tillon, 2008).
La présence la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) est difficilement interprétable.
Cette espèce de haut vol exploite les espaces relativement ouverts mais peut chasser au-dessus
des massifs forestiers. Plusieurs contacts enregistrés relevaient d'une activité de transit.
Les espèces qualifiées de "manquantes", car présentes dans la 2ème série (Eptesicus
serotinus, M. nattereri, Pipistrellus kuhlii, Plecotus auritus et Vespertillo murinus),
traduisent, par leur absence, un manque de multi-stratification des peuplements, un défaut de
mélange des essences et l'insuffisance de gites favorables (écorces feuillues décollées, loges
de pics, fentes …). Ajoutons que les espèces présentes sont connues pour être peu
susceptibles de gîter en forêt.
Figure 47 : Parcelle n°26 à proximité du point d'écoute n°16
2013
Page
n°31/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
3.1.2. La série écologique
Une communauté de 15 espèces de chiroptères fréquente le versant forestier de la
Grand'Côte classé en Réserve Naturelle Nationale :
3.1.2.1.
Espèces remarquables présentes en 2012-2013
La présence de l'Oreillard Roux (Plecotus auritus), espèce forestière pionnière, est
intéressante. Cette chauves-souris, très dépendante de la forêt (Choquené, 2006 ; Entwistle et
al., 1996), est considérée comme une espèce indicatrice d'une amélioration des habitats
forestiers (Meschede & Heller, 2003 ; Tillon, 2008 ; Arthur & Lemaire, 2009). Cette espèce a
été identifiée uniquement au filet Japonais. Sa présence dans le reste de la forêt domaniale est
possible et reste à vérifier par des écoutes en canopée notamment (espèce à coute émission
ultrasonore).
La découverte du Murin à Oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce
thermophile subméditerranéenne, est aussi intéressante. Cette espèce possède une vaste zone
de chasse, jusqu'à 120 km² (Tillon, 2008), mais n'en exploite qu'une infime partie, transitant
en cours d'une nuit sur une dizaine de secteurs (Arthur & Lemaire, 2009). Les gîtes utilisés
sont anthropiques et à proximité immédiate de la forêt. Des prospections dans les bâtiments
proches du massif sont à envisager pour localiser d'éventuelles colonies de mise-bas.
La Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) utilise peu la forêt mais chasse plutôt
au-dessus du lac et des zones humides adjacentes (obs. pers.). Les émissions des individus
sont captées depuis le versant forestier, expliquant leurs fortes occurrences dans les points
d'écoutes à proximité du lac. Il est très probable que cette espèce n'utilise pas la forêt de la
Grand'Côte pour gîter. Cette hypothèse est étayée par l'arrivée tardive des individus (en
moyenne vers 23h00), comme l’indiquent les résultats des 5 anabats posés en 2011
(cf. annexe 1), du SM2 de la parcelle 29, des observations réalisées en 2010 et 2011 (Claude,
2010 et 2011) et des résultats de 2012 et 2013.
Figure 48 : Murin à face sombre du type brandtii © Yves Bilat, 2009
2013
Page
n°32/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
La Sérotine commune (Eptesicus serotinus) gîte en forêt de façon secondaire. Cette
espèce utilise certainement le massif forestier de la Grand'Côte pour le couvert et non le gîte.
Elle chasse d'ailleurs sur les chemins et layons forestiers de manière opportuniste, autant que
sur les lisières forestières, les alignements d'arbres et les haies hautes (même territoire de
chasse que Pipistrellus pipistrellus –Tillon, 2008).
Éclectique dans la sélection de ses habitats de chasse, il semble que le Murin de
Brandt (Myotis brandtii) indique surtout la présence d’un nombre important d’arbres à fentes
ou à écorces décollées (arbres morts de diamètre important -Tillon, 2008). Notons cependant
que l'espèce peut chasser jusqu'à 11 km de son gîte (Meschede & Heller, 2003).
La Sérotine bicolore (Vespertilio murinus) est une espèce très abondante dans le HautDoubs. Les femelles de cette espèce utilisent plutôt pour s'alimenter les zones humides (lacs,
marais, roselières à proximité de leur gite-Arthur & Lemaire, 2009). Les individus contactés
dans ce versant de la Grand'Côte sont très certainement des mâles. Ces derniers sont connus
pour prospecter les zones agricoles, les forêts et les rivières.
Depuis sa découverte en 1993 sous un pont en périphérie de la réserve naturelle en
compagnie d'une dizaine de Murin de Brandt (Beschet, comm. pers.), le Grand Murin (Myotis
myotis) n'avait pas été recontacté. Cette étude permet de confirmer la présence de cette espèce
en estive dans le site Natura 2000 et son utilisation de la forêt de la Grand'Côte pour
s'alimenter.
Figure 49 : Sérotine commune (Eptesicus serotinus) © Yves Bilat, 2011
2013
Page
n°33/48
CLAUDE & BASSET, 2013
3.1.2.2.
Inventaire des chiroptères forestiers
Espèces attendues mais non contactées
Plusieurs espèces présentes sur le site ou à proximité, d’après les données
bibliographiques, n'ont pas été recontactées.
Le Murin d'Alcathoé (Myotis alcathoe), espèce à confirmer (Roué, comm. pers.), n'a
pas été contacté lors des deux années de l'étude. Cette espèce avait été décelée en 2010 à
partir d'enregistrements en expansion de temps dans l'ilot de sénescence de la parcelle D
(RBDD). Sa présence sur le site reste à préciser.
La Noctule commune (Nyctalus noctula) espèce plutôt forestière, n’a pas été
contactée. Son absence pose question. Cette espèce a été contactée plusieurs fois dans les
années 90 dans la réserve naturelle par Sébastien Roué et Laurent Beschet (Beschet,
comm. pers.). Compte-tenu de l'évolution actuelle des connaissances acoustiques sur le genre
Nyctalus, de nombreuses confusions sont maintenant mise en évidence avec sa jumelle
N. leisleri. La présence de cette espèce reste donc à confirmer.
Il semblerait que la Pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus) et la Pipistrelle de
Nathusius (Pipistrellus nathusii) fréquentent occasionnellement la forêt de la Grand'Côte. Les
individus contactés en 2011 par anabat étaient peut-être des males erratiques.
La communauté de chiroptère, plus riche dans la RBDD que dans le reste du massif de
la Grand’Côte, reste incomplète. L’absence d’espèces forestières, potentiellement présentes à
cette altitude (Letscher, 2005 ; Larrieu, 2005 ; Jaberg et al., 2006) et à haut préférendum
forestier comme la Barbastelle d'Europe (Barbastellus barbastellus) et le Murin de Bechstein
(Myotis bechsteini), dénotent une insuffisance de feuillus et de gites arboricoles (feuillus),
tant en quantité qu'en qualité (Meschede & Heller, 2003 ; Tillon, 2008).
Figure 50 : Oreillard roux (Plecotus auritus) © Yves Bilat, 2012
2013
Page
n°34/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
4. Vers une meilleure intégration des exigences de chiroptères dans
la gestion forestière
Cette étude apporte une contribution importante à la connaissance chiroptérologique
régionale et locale. Une stratégie de conservation des chiroptères, adaptée au contexte
local, doit permettre d’appliquer des mesures de gestion favorables aux chauves-souris.
EXTERNE
INTERNE
FORCES
Indice chiroptère élevé + richesse spécifique
importante
Habitat forestier favorable (RBDD)
Îlot de sénescence + gestion en cours
OPPORTUNITE-PARTENARIAT
SNDB => Plan National d’Action
||
=> Plan Régional d'Action
||
=> ONF, CPEPESC F-C, PNRHJ15, DREAL F-C
ATOUTS
Connaissance locales
Plans d'actions
Statut de protection des espèces
Superficie d'action (391 ha de forêt)
Propriétaire et gestionnaire unique
Outils financiers et juridique (N 2000, RNN, RBDD)
FAIBLESSES
Manque de connaissances sur les espèces et les
relations entretenues avec la forêt à cette altitude
Îlot de sénescence de trop faible superficie
Hors RBDD, trop faible proportion des feuillus et
présence de jeunes peuplements résineux fermés
MENACES
Isolement/Fragmentation des habitats
Baisse des effectifs
ATTRAITS-INTERETS
Forte valeur paysagère, fréquentation du public
Selon les secteurs, enjeux écologique et
économique
Figure 51 : Analyse stratégique de l’éco-socio-système massif de la Grand’Côte
L'axe de travail suivant peut donc être défini :
Mieux accueillir durablement les populations de chiroptères dans un habitat
forestier favorable à leur reproduction et au développement de leur ressource
alimentaire, et cela en conciliation avec les activités liées à la forêt.
De manière générale, sur tout le massif de la Grand'Côte, nous préconisons de
reconduire cette étude dans 5 ans, puis tous les 10 ans, afin constituer une veille
chiroptérologique. Le but sera aussi de mesurer l’évolution de la fréquentation (GCMP/CREN-MP, 2005) et de suivre la communauté en fonction de l'évolution des pratiques
sylvicoles.
La révision des différents documents de gestion et de planification (plan
d'aménagement, plan de gestion de la RBDD et de la RNN, DOCOB) offre une opportunité
idéale pour intégrer les exigences de chiroptères dans la gestion forestière.
Enfin, développées dans les deux chapitres suivant, nous préconisons plusieurs
opérations de gestions adaptées aux deux contextes, pour favoriser les chiroptères et la
biodiversité forestière en générale.
15
Parc naturel régional du Haut Jura
2013
Page
n°35/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
4.1.1. La série de production
L'analyse de la communauté chiroptérologique de la série de production et la
comparaison avec la série écologique (objectif de production et écologique) traduit un
manque de multi-stratification des peuplements, un défaut de mélange des essences et
l'insuffisance de gites favorables (écorces feuillues décollées, loges de pics, fentes …).
Les mesures de conservation d'arbres isolés et la mise en place d’un îlot de sénescence
appliquées à la RBDD depuis le début des années 2000 par l'ONF semblent favoriser des
communautés plus riches et plus diversifiées. Des mesures de ce type pourraient être intégrées
dans la gestion courante de la série de production.
Dans le but d'augmenter la capacité d'accueil, donc la fonctionnalité écologique, de la
première série, tout en conservant un fort niveau de production de bois d'œuvre, le nouveau
document d’aménagement de la forêt domaniale devra donc :






proscrire les coupes rases (hors zones tempêtées) sur plus d’un hectare,
orienter, au moins sur le long-terme, la gestion en traitement irrégulier pour
notamment diversifier la stratification verticale à l’échelle de la parcelle,
favoriser le mélange des essences avec au moins 15% de feuillus autochtones
(essence pionnières et d’accompagnement),
conserver au minimum 3 arbres morts debout par hectare, en réservant
systématiquement tous les feuillus morts sur pied ou chandelles. L’objectif est de
maintenir un réseau suffisant d'arbres gîtes potentiels, de connecter la RBDD avec le
reste de la forêt domaniale et de garantir une plus grande diversité de proies,
maintenir les connexions existantes aves les écosystèmes adjacents,
éviter l’exploitation sylvicole à partir de mi-juin jusque fin-août, notamment dans les
parcelles de bois moyen et de gros bois. Cet intervalle est crucial dans la
reproduction (mise-bas et envol des jeunes). Cependant, les contraintes naturelles
(longue durée d’enneigement, présence d’espèce patrimoniale…) et économiques de
la filière (besoin d’approvisionnement toute l'année et manque de main d’œuvre)
rendent cette préconisation difficilement applicable. Il appartient ici à l’ONF de fixer
des priorités en toute connaissance de cause (cf. figure 52 ci-dessous), voire de cibler
certaines parcelles en fonction notamment des enjeux définis lors de cette étude.
Sources : d’après Groupe Chiroptère Rhône-Alpes & Vuinet, 2011
Figure 52 : Récapitulatif des périodes de sensibilité de la faune forestière
2013
Page
n°36/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
En complément, nous préconisons la création de plusieurs îlots de sénescence dans
les 313 ha de la série de production. Selon les auteurs, le pourcentage de la surface réservé en
îlot oscille entre 2 et 7% (Gerardin, 2001 ; Gosselin & Laroussinie, 2004 ; Gosselin et al.,
2006 ; Lachat & Bütler, 2008 ; Tillon, 2008 ;ONF, 2009 ; GCRA & Vuinet, 2011). Les îlots
de vieux arbres jouent un rôle clé dans le maintien des populations de chiroptères d’un massif
(biblio. géné.). Cependant, pour être fonctionnel et prendre en compte les autres taxons liés
aux vieux peuplements et à la sénescence, la surface d’un îlot doit faire à minima 3 ha
(Tillon, 2005, 2008, 2009 ; Rouveyrol, 2009 ; Kraus & Krumm, 2013), voire 5 ha (Barataud
et Giosa, 2012).
Compte-tenu des différents enjeux identifiés nous proposons de classer en îlot de
vieux bois 5 % de la surface de la première série intégrée au périmètre du site Natura 2000
(160 ha), soit un îlot de sénescence (2 %) et un îlot de vieillissement (3 %) totalisant 8 ha.
La parcelle 26 pourrait convenir à la mise en place d'un premier îlot, puisque ce secteur
constitue visiblement, dans cette partie du massif, l'habitat de chasse privilégié du patrimonial
Murin à oreilles échancrées. Les parcelles 22 et/ou 23 sont aussi opportunes pour un
deuxième îlot. Comme dans la série écologique, un contrat forestier Natura 2000
d'accompagnement financier, pourra être signé entre l'Etat, l'Europe et l'ONF. La localisation
précise de ce dispositif contractuel reste à définir localement et en concertation avec le
gestionnaire.
Les récents travaux, menés dans le cadre du projet Gestion forestière, Naturalité et
Biodiversité (GNB16), montrent que la richesse totale des chauves-souris augmente
significativement avec le volume total de bois mort. L’objectif de ces préconisations de
gestion est donc de diversifier la matrice forestière de la Grand’Côte en créant un apport futur
en bois mort et en zones de quiétude (îlots), le tout connecté et relié à la RBDD par des arbres
isolés (minimum 3 par hectare).
16
http://gnb.irstea.fr/
2013
Page
n°37/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
4.1.2. La série écologique
Concernant la partie de la forêt domaniale à haute valeur écologique, les conclusions
de cette étude rejoignent celles du diagnostic écologique basé sur l'inventaire des Diptères
syrphidés (Claude et al., 2013). Réalisé pendant 3 années avec une méthode standardisée
intégratrice, l'analyse des données, avec le système expert "Syrph the Net" montre notamment
pour la partie forestière de la RNN :



que les mesures sylvicoles prises en faveur de la biodiversité (conservation d'arbres
isolés, îlot de sénescence…-cf. p10) sont bénéfiques pour la fonctionnalité globale,
des déficits en micro-habitats liés au bois mort et sénescent (liés à l'exploitation),
une sous-représentation des feuillus (liée à la sélection des essences objectives).
Compte-tenu des objectifs à long terme de l'actuel plan de gestion de la RNN, la
capacité d'accueil de l'habitat forestier et le degré de naturalité (Gilg, 2004) doivent être
augmentés. Un arrêt des prélèvements serait donc souhaitable. La libre expression de la
dynamique forestière permettra un rééquilibre des proportions d'essences et une augmentation
de la capacité d'accueil (gîtes et zones de chasse) sur les décennies à venir (SchnitzlerLenoble, 2002 ; Vallauri, 2003 ; Vallauri et al., 2005 & 2010 ; Speight, 1989 & 2003 ;
Reemer, 2005 ; Bruciamacchie, 2013 ; Kraus & Krumm, 2013).
La révision du plan de gestion de la Réserve Biologique Domaniale Dirigée de la
Grand'Côte (2015-2024) et du plan de gestion de la RNN (2015-2019) sera l'occasion
d'intégrer l'ensemble de ces préconisations.
Figure 53 : Dans la parcelle D
2013
Page
n°38/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Conclusion
Les déterminations ultrasonores permettent de contacter 12 espèces de chiroptères
dans le massif de la Grand'Côte. Une espèce supplémentaire, l'Oreillard roux, est découverte
pendant les sessions de capture au filet, démontrant l’intérêt et la complémentarité des deux
méthodes. Néanmoins, les prospections au filet s'avèrent très difficiles dans ce contexte
forestier d'altitude. Malgré nos efforts, aucune femelle n'a pu être équipée pour procéder à la
recherche de gîte sylvestre…
Parmi les 13 espèces inventoriées, 5 sont nouvelles pour la partie forestière classé en
réserve naturelle et intégrée au site Natura 2000 : le Murin à oreilles échancrées (Myotis
emarginatus), le Murin de Brandt (Myotis brandtii), le Murin de Natterer (Myotis nattereri)
l’Oreillard roux (Plecotus auritus) et la Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii). 18 espèces de
chiroptères, sur 28 en Franche-Comté, sont désormais connues dans le site Natura 2000. La
contribution de cette étude à l'avancée des connaissances locales n’est donc pas négligeable.
Cependant, ce travail ne permet pas de répondre à l’un des objectifs initiaux visant à
localiser et caractériser les gîtes sylvestre des chiroptères supposés se reproduire dans la
Grand'Côte. Une étude complémentaire est donc à envisager pour mieux comprendre le rôle
de l'habitat forestier pour les espèces de chauves-souris présentes et caractériser les gîtes
arboricoles.
Grâce aux enregistrements ultrasonores, une comparaison qualitative et quantitative a
été établie entre la partie gérée dans un objectif de production (futaie régulière résineuse -313
ha) et celle gérée dans de façon plus extensive en faveur de la biodiversité (futaie jardinée
vieillissante mixte -64 ha). Les indices de fréquentation et les communautés de chiroptères
des deux parties sont significativement différents.
La vielle futaie jardinée mélangée est beaucoup plus fréquentée (nombre de contacts et
d'espèces) que le reste de la forêt domaniale traitée en futaie régulière résineuse. En futaie
régulière 8 espèces sont inventoriées contre 12 en futaie jardinée vieillissante. Les points
d’écoute réalisés dans les différents stades de maturité de la futaie régulière montrent que les
espèces de chauves-souris fréquentent pour la chasse uniquement les parcelles de gros bois
(avec sous étage) et celles en régénération. A l’inverse, les parcelles de petit bois ne sont pas
ou peu utilisées. Le cortège d'espèces contactées montre un manque d'arbres vieillissants et
sénescents (résineux mais surtout feuillus) dans la partie gérée en futaie régulière résineuse.
Concernant la partie forestière en réserve naturelle nationale, la communauté de chiroptères
est certes plus riche mais encore incomplète.
A l'occasion de la révision des différents documents de gestion, des préconisations de
gestion sont formulées pour une meilleure intégration des exigences des chauves-souris dans
la gestion forestière, afin de favoriser la biodiversité tout en maintenant les activités
économiques liées à l'exploitation du bois. Une attention toute particulière doit être faite sur la
conservation d’arbres feuillus isolés ainsi que sur la création d’ilots de vieux bois.
Enfin, la reconduction de cette étude dans 5 ans puis tous les 10 ans pourrait permettre
de suivre l'évolution des communautés de la forêt de la Grand'Côte en fonction de
l'intégration de ces préconisations dans la gestion forestière.
2013
Page
n°39/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Table des illustrations
Figure 1 : Femelle d’Oreillard Roux (Plecotus auritus) ............................................................ 1
Figure 2 : Phylogénie des mammifères ...................................................................................... 2
Figure 3 : Principe d’écholocation ............................................................................................. 2
Figure 4 : Nombre de gîtes pour les espèces à haut préférendum forestier ............................... 3
Figure 5 : Types de gîtes des chiroptères arboricoles ................................................................ 3
Figure 6 : Schéma du cycle biologique des chiroptères ............................................................. 4
Figure 7 : Utilisation de l’espace pour l’activité de chasse d'un individu femelle selon l’espèce
.................................................................................................................................................... 5
Figure 8 : Usage généralisé des pesticides ................................................................................. 6
Figure 9 : Statuts de conservation des 28 espèces de chiroptères présents en Franche-Comté . 7
Figure 10 : La Grand'Côte vue depuis le Nord........................................................................... 8
Figure 11 : Diagramme ombrothermique, Labergement Ste Marie, 25160 ................................ 8
Figure 12 : Le site d'étude et les zonages en aplication ............................................................. 9
Figure 13 : Caractérisation des peuplments forestiers en comparatifs série écologique/série de
production................................................................................................................................. 10
Figure 14 : Parcelle D (RBDD et RNN) .................................................................................. 11
Figure 15 : Chemin "Château Margot" entre les parcelles 32 et 38 ......................................... 11
Figure 16 : Murin (Myotis sp.) © Yves Bilat, 2011 ................................................................ 12
Figure 17 : Représentation d’un filet japonais tendu, et exemple de placement favorable sur
une voie de passage supposé de chiroptères ............................................................................. 13
Figure 18 : Installation d'un filet japonais dans la parcelle F au-dessus d'une ancienne ornière
forestière ................................................................................................................................... 13
Figure 19 : Ecoute et enregistrement ultrasonore ..................................................................... 14
Figure 20 : Pipistrelle (Pipistrellus sp.) en hibernation © Claude J., 2010............................. 15
Figure 21 : Comparaison des deux techniques d’inventaire des chiroptères ........................... 16
Figure 22 : Installation d'un SM2 (micro sur une perche à 7m de haut) dans la parcelle 29 ... 17
Figure 23 : Grand Murin (Myotis myotis) espèce contacté sous un pont en bordure de la RNN
en 1993 © Yves Bilat, 2011 .................................................................................................... 18
Figure 24 : Montage d'un filet .................................................................................................. 19
Figure 25 : Plan d'échantillonnage des points d'écoutes .......................................................... 19
Figure 26 : Plan d'écantillonnage ............................................................................................. 20
Figure 27 : Résultats des comptages aux filets ........................................................................ 21
Figure 28 : Démaillage d'un Murin à moustaches (Myotis mystacinus) .................................. 21
Figure 29 : Ecoutes nocturnes et enregistrements .................................................................... 22
2013
Page
n°40/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Figure 30 : Résultats bruts des 16 points d'écoutes .................................................................. 22
Figure 31 : Espèces contactées par point d'échantillonnage .................................................... 22
Figure 32 : Genres et groupes d'espèces contactés par point d'échantillonnage ...................... 23
Figure 33 : Sérotine de Nilson (Eptesicus nilssonii) © Yves Bilat, 2009 .............................. 23
Figure 34 : Nombre de contacts enregistrés par groupes d'espèces le 24/9/12 ........................ 23
Figure 35 : Qualification de l'activité des chiroptères dans les forêts de Franche-Comté ....... 24
Figure 36 : Synthèse des indices d'activité par transects (tout groupe d'espèces confondues) 24
Figure 37 : Proportion du nombre de contacts par groupe d'espèces sur toute la forêt ............ 25
Figure 38 : Murin de Daubenton (Myotis daubentonii) en gîte de transition ........................... 25
Figure 39 : Espèces contactées, synthèse des connaissances et comparatifs ........................... 26
Figure 40 : Caractère forestier des espèces inventoriées ou potentiellement présentes dans le
massif de la Grand'Côte............................................................................................................ 27
Figure 41 : Affinité pour le milieu forestier des différentes espèces contactées le massif de la
Grand'Côte ................................................................................................................................ 27
Figure 42 : Qualification de l'activité des chiroptères dans les forêts de Franche-Comté ....... 28
Figure 43 : Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus) © Yves Bilat, 2012 ............... 28
Figure 44 : Synthèse des indices d'activité dans les deux séries de la FD ............................... 29
Figure 45 : Répartition des contacts selon les espèces et comparatif entre les deux séries ..... 29
Figure 46 : Proportion du nombre de contacts par groupe d'espèces au cours des 3 campagnes
d'écoutes ................................................................................................................................... 30
Figure 47 : Parcelle n°26 à proximité du point d'écoute n°16.................................................. 31
Figure 48 : Murin à face sombre du type brandtii © Yves Bilat, 2009 .................................. 32
Figure 49 : Sérotine commune (Eptesicus serotinus) © Yves Bilat, 2011.............................. 33
Figure 50 : Oreillard roux (Plecotus auritus) © Yves Bilat, 2012 ........................................... 34
Figure 51 : Analyse stratégique de l’éco-socio-système massif de la Grand’Côte .................. 35
Figure 52 : Récapitulatif des périodes de sensibilité de la faune forestière ............................. 36
Figure 53 : Dans la parcelle D .................................................................................................. 38
2013
Page
n°41/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Bibliographie
ARTHUR L. & LEMAIRE M., 2009. Les chauves-souris de France Belgique Luxembourg et Suisse,
biotope édition, 544p.
AUBERTEL P.M., ARMBRUTER M., BESCHET L., BONVARLET P., CLAUDE J., MASSON M.,
MAZUEZ C., MERSCH F., ROSSET D., SALVI J., SOCIE V., TISSOT B. & VIONNET G.,
2012. Bilan des activités 2011 de la Réserve Naturelle Nationale du lac de Remoray et de la
Maison de la réserve (25), Les amis de la réserve naturelle du lac de Remoray, LabergementSainte-Marie, 48 p.
BARATAUD M. & GIOSA S., 2012. Biodiversité des chiroptères et gestions forestières en Limousin,
rapport d’étude, GMHL, 29p et annexes.
BARATAUD M., 1999. Ballade dans l’inaudible : Identification acoustique des chauves-souris de
France, Sittelle édition, 48p.
BARATAUD M., 2004. Exemple de méthodologie visant à quantifier l’activité des chiroptères à
l’aide de détecteur à ultrasons, non publié.
BARATAUD M., 2006. Utilisation de l’habitat et des ressources trophiques par le Murin de
Bechstein (Myotis bechsteinii) Kuhl, 1817 (analyse bibliographique), L’Envol des chiros (9) : le
dossier.
BAS E. & BAS E. 2011, Chiroptères et naturalité des peuplements forestiers : LES chauves-souris
pour inspirer un plan de restauration des forêts. Rapport non publié, 42p et annexes.
BASSET F., 2012. Rapport d’inventaire des chiroptères – Forêt domaniale de Chaux (39), ONF –
réseau mammifère, 23 p et annexes.
BAT CONSERVATION INTERNATIONAL, http://www.batcon.org/, consulté le 12/01/2011
BRUCIAMACCHIE M., 2013. Prise en compte de la naturalité dans la gestion productive : essai de
synthèse illustrée par des exemples de terrain, in Naturalité des eaux et des forêts, 17 au 20
septembre 2013, WWF, Chambéry.
CARTERON M., 2010. Statut des espèces de faune et de flore de Franche-Comté. Version 1.0.
DREAL de Franche-Comté. Fichier informatique, 7 feuilles.
CHOQUENE, G.-L., 2006. Les chauves-souris de Bretagne, Pen Ar Bed, 197/198, 1-68.
CLAUDE J., 2011. Evaluation de l’activité des chiroptères dans la Réserve Biologique Domaniale
Dirigée de la Grand’Côte (25). BTSA GPN-GEN. RNN du lac de Remoray, LabergementSainte-Marie, 40 p et annexes.
CLAUDE J., 2012. Etude des chiroptères forestiers du massif de la Grand’Côte (25) –Rapport
préliminaire, Association des amis de la réserve naturelle du lac de Remoray, LabergementSainte-Marie, 1 p.
CLAUDE J., 2013. Enfouissement de la ligne électrique « Frasne - Les Granges Sainte Marie » (25) :
Evaluation d’incidences Chiroptères, secteur du Laveron, Rapport d’étude pour RTE, Les amis
de la réserve naturelle du lac de Remoray, Labergement-Sainte-Marie, 19 p et annexes.
CLAUDE, J., TISSOT, B., MAZUEZ, C., VIONNET, G., SARTHOU, J.-P. & CHANAL, F., 2013.
Diagnostic ecologique des principaux habitats de la reserve naturelle nationale du Lac de
Remoray (25) par la methode "Syrph the Net". Syrph the Net, the database of European
Syrphidae, Vol. 71, 44 pp. + appendices, Syrph the Net publications, Dublin.
DIETZ C., HELVERSEN O-V., NILL D., 2009. L'encyclopédie des chauves sourie d'Europe et
d'Afrique, Delachaux & Niestlé, 400 p.
ENTWISTLE, A.C., RACEY, P.A., & SPEAKMAN, J.R., 1996. Habitat exploitation by a gleaning
bat, Plecotus auritus, Phil. Trans. R. Soc. Lond., 351, 921-931.
FAUVEL B., 2009. Ecoutes de l’activité des chauves-souris en forêt publique : Bilan succinct des
années 2006 à 2008, ONF réseau mammifères, Intranet ONF, 5p.
2013
Page
n°42/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
FERREZ Y., MORA F., PAUL J.P., ROUE S.Y., CARTERON M. & FERNANE B., 2008. Listes
rouges d'espèces menacées en Franche-Comté, DIREN Franche-Comté, Besançon, 42p.
GERARDIN L., 2001. La Sylviculture proche de la nature en forêt de Fribourg. in Bulletin trimestriel
- Société forestière de Franche-Comté et des provinces de l'Est, Vol. 49 n° 8.
GILG O., 2004. Forêts à caractère naturel : caractéristiques, conservation et suivi, ATEN-cahier
technique n°74, 100p.
GODINEAU F. & PAIN D., 2007. Plan de restauration des chiroptères en France métropolitaine
2008 – 2012, Ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement Durables, 79
pages et 18 annexes.
GOSSELIN M., & LAROUSSINIE O., 2004. Biodiversité et gestion forestière. Connaître pour
préserver, GIP-Ecofor, Cemagref Éditions, Antony, 320 p.
GOSSELIN M., VALADON A., BERGÈS L., DUMAS Y., GOSSELIN F., BALTZINGER C. &
ARCHAUX F., 2006. Prise en compte de la biodiversité dans la gestion forestière : état des
connaissances et recommandations, Nogent-sur-Vernisson, Cemagref, 161p.
GROUPE CHIROPTERES RHONE-ALPES & VUINET L., 2011. Gestion forestière et préservation
des chauves-souris, Coll. Les cahiers techniques, Conservatoire Rhône-Alpes des espaces
naturels, 31p, ISSN 1276-681X.
JABERG C., BOHNENSTENGEL T., AMSTUTZ, R., & BLANT J.-D., 2006. Utilisation du milieu
forestier par les chauves-souris (Mammalia: Chiroptera) du canton de Neuchâtel – implications
pour la gestion sylvicole, Schweiz. Z., Forstwes, p 254–259.
KRAUS D. & KRUMM F., (eds) 2013. Integrative approaches as an opportunity for the
conservation of forest biodiversity. European Forest Institute. 284 p.
LACHAT T. & BÜTLER R., 2008. Ilots de sénescence et arbres-habitats pour augmenter la
biodiversité en forêt, La forêt, n°6, p20-21.
LARRIEU L., 2005. Inventaire de Chiroptères : Forêt de Hèches, Vallée d’Aure, Hautes-Pyrénées,
France, CRPF Midi-Pyrénées, 25p.
LE JEAN Y., 2007. Les traitements forestiers appliqués en forêt de la Grand’Côte au fil des
aménagements, Société forestière de Franche-Comté, 18 p et annexes
LECOINTRE G. & GUYADER H., 2006. Classification phylogénétique du vivant, Belin, 3ème
édition, 559 p.
LETSCHER R., 2005. Etude des chiroptères de la Réserve Naturelle de la Haute Chaîne du Jura,
DIREN Rhône-Alpes75p.
MEHR M. BRANDL R., KNEIB T. & MÜLLER J., 2012. The effect of bark beetle infestation and
salvage logging on bat activity in a national park, Biodivers Conserv n°21, p.2775–2786.
MESCHEDE A. & HELLER K.G., 2003. Ecologie et protection des chauves-souris en milieu
forestier, Le RHINOLOPHE, Résumé, 3p.
MITCHEL-JONES T., 2010. Chauves-souris et gestion forestière, Unep/Eurobats, 3 volets.
MÜLLER J., BRANDL R., BUCHNER J., PRETZSCH H., SEIFERT S., STRÄTZ C., VEITH M. &
FENTON B., 2013. From ground above canopy : Bat activity in mature forests is driven by
vegetation density and height, Forest Ecology and Management n°306, p.179–184.
NEMOZ M., 2010. Recherche et caractérisation de gîtes de mise bas de Murin de Bechstein (Myotis
bechsteinii) via la méthode de radiopistage, CREN Midi Pyrénées, 22p.
OFEV., 1994. Listes rouges des espèces animales menacées de Suisse, OFEV, L'environnement
pratique, 97p.
ONF, 2005. Réserve biologique dirigée, Plan de gestion 2004-2014, ONF agence de Pontarlier, 51p.
ONF, 2009. Conservation de la biodiversité dans la gestion courante des forêts publiques, instruction
-09-T-70 du 29 octobre 2009 diffusant les DNAG. ONF, 12p.
Parc National de la Vanoise, 1997.Les chauves-souris en Savoie, PNV, p1.
2013
Page
n°43/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
PENICAUD P., 2000. Des chauves-souris et des arbres - connaissance et protection, SFEPM &
MATE, dépliant 3 volets.
PLANK M., FIEDLER K. & REITER G., 2012. Use of forest strata by bats in temperate forests,
Journal of Zoology, Londre, n°286, p.154–162, ISSN 0952-8369.
REEMER M., 2005. Saproxylic hoverflies benefit by modern forest management (Diptera :
Syrphidae), Journal of Insect Conservation, n°9, p 49-59.
ROUE S., 2007. Des chauves-souris en forêt ?, L’azuré, n°6, p7.
ROUE S., BRISORGUEIL A., GUILLAUME C., & DERVAUX A., 2012. Agir pour chiroptères en
Franche- Comté - Plan régional d’actions pour les chiroptères. CPEPESC Franche-Comté &
DREAL Franche- Comté. Besançon, 62p et annexes.
ROUVEYROL P., 2009. Caractérisation d’un îlot idéal de vieux arbres en forêt de montagne : Etat
des connaissances et synthèse en vue de la réalisation d’un guide de gestion, Mémoire de fin
d’étude FIF17, p91-92.
SCHNITZLER-LENOBLE A., 2002. Ecologie des forêts naturelles d'Europe, Paris, Ed. Tech&Doc,
vol. 77, n° 1, p. 54.
SETRA18, 2008. Routes et chiroptères, état des connaissances, collection « les rapports » - Setra, 64p
+ annexes.
SPEIGHT M.C.D., 1989. Les invertébrés saproxyliques et leur protection, Conseil de l’Europe,
collection Sauvegarde de la Nature, n° 42, 77 p.
SPEIGHT M.C.D., 2003. Identification of priorities in conservation of European saproxylic syrphids
(Diptera: Syrphidae), in II International Symposium on the Syrphidae, Biodiversity and
Conservation 16-19th June 2003, Alicante, Spain, CIBIO (ed.). Alicante, 139 pp.
TAPIERO, A. 2013. Plan National d’Actions Chiroptères (2009-2013) – Bilan 2012. Fédération des
Conservatoires d’Espaces Naturels. MEDDE/DREAL Franche-Comté, 184p
TILLON L., 2005. Gîtes sylvestres à chiroptères en forêt domaniale de Rambouillet (78) :
Caractérisation dans un objectif de gestion conservatoire, Mémoire de fin d’étude EPHE, 94p.
TILLON L., 2008. Inventorier, étudier ou suivre les chauves-souris en forêt, conseil de gestion
forestière pour leur prise en compte synthèse des connaissances, ONF, 88p.
TILLON L., 2009. Forêt et chiroptères, gestion conservatoire des forêts, ONF, 69 p.
TISSOT B., MAZUEZ C. & VIONNET G., 2009. Plan de gestion 2010/2014, Association des Amis
du site Naturel du Lac de Remoray, 204 p.
TUPINIER Y., 1996. L'univers acoustique des chiroptères d'Europe, Société linnéenne de Lyon, 64p.
VALLAURI D. (coord.), 2003. Livre blanc sur la protection des forêts en France, Ed.Tech&Doc
Lavoisier, 405 p.
VALLAURI D. (coord.), 2003. Livre blanc sur la protection des forêts en France, Ed.Tech&Doc
Lavoisier, 405 p.
VALLAURI D., ANDRE J., DODELIN B., EYNARD-MACHET R. & RAMBAUD D., 2005. Bois
mort et à cavités, une clé pour des forêts vivantes, Ed.Tech&Doc Lavoisier, 261 p.
VALLAURI D., ANDRE J., GENOT J. C., DE PALMA J .P. & EYNARD-MACHET R., 2010
Biodiversité, naturalité, humanité : Pour inspirer la gestion des forêts, Ed.Tech&Doc Lavoisier, 474 p.
17
18
Formation d’Ingénieur Forestier
Service d’étude sur les routes et leurs aménagements
2013
Page
n°44/48
21:30:00
21:40:00
21:50:00
22:00:00
22:10:00
22:20:00
22:30:00
22:40:00
22:50:00
23:00:00
23:10:00
23:20:00
23:30:00
23:40:00
23:50:00
00:00:00
00:10:00
00:20:00
00:30:00
00:40:00
00:50:00
01:00:00
01:10:00
01:20:00
01:30:00
01:40:00
01:50:00
02:00:00
02:10:00
02:20:00
02:30:00
02:40:00
02:50:00
03:00:00
03:10:00
03:20:00
02:30:00
03:40:00
03:50:00
04:00:00
04:10:00
04:20:00
04:30:00
04:40:00
05:50:00
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Annexes
1- Résultats des 5 anabats posés le 26/06/2011
50
45
40
Pipistrelle pygmée
Pipistrelle commune
Groupe Sérotine/Noctule
35
Groupe Pipistrelle de Kuhl/Nathusius
Groupe Noctule (commune & leisler)
30
Groupe Murins
Chiroptera sp.
25
20
15
10
5
0
2013
Page
n°45/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
2- Résultats bruts des 3 campagnes d’écoute
2ème série
(écologique)
1
2
3
4
5
6
7
8
1ère série
(de production)
Point d'écoute
9
10
11
12
13
14
15
16
Campagne 1
17
7
29
4
99
40
60
32
73
0
7
5
2013
Campagne 2 Campagne 3 Contacts/heure
0
71
29
13
88
36
125
269
141
8
19
10
100
73
91
0
25
22
115
73
83
8
16
19
Moyenne (n=24) : 65 ±12 ct.h
19
156
83
0
0
0
0
51
19
108
4
39
0
109
55
8
5
7
16
43
29
335
39
187
Moyenne (n=20) 41 ±17 ct.h
Moyenne générale (n=44) : 52 ±14 ct.h
Page
n°46/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Myotis alcathoe
●
●
●
Myotis bechsteinii
Myotis blythii
Myotis brandtii
Myotis dasycneme
Myotis daubentonii
Myotis emarginatus
Myotis myotis
Myotis mystacinus
Myotis nattereri
Nyctalus leisleri
Nyctalus noctula
●
●
●
●
●
●
●
Pipistrellus kuhlii
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
Esp, biot
●
Esp, biot
●
●
Esp, biot
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
2
2
2
LC
LC
LC
4
2
LC
4
2
NT
4
2
DD
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
4
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
NT
LC
LC
NT
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
NT
LC**
LC*
1
4a
2
d
1
3
5
LC
LC
VU
4b
d
5
NT
VU
VU
1
d
1
DD
LC
VU*
d
5
VU
NT
LC
NT
LC
LC
LC
LC
LC
LC
LC
NT
NT
LC
NA
LC
LC
LC
LC
LC
NT
NT
VU*
CR
VU*
NE
LC
VU
VU
LC**
VU*
LC*
LC*
4b
d
d
d
2
4
4
5
5
1
1
5
5
2
4
4b
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
●
Esp, biot
4
2
LC
LC
LC
LC*
4a
5
Pipistrellus nathusii
●
●
●
●
●
Esp, biot
4
2
LC
LC
NT
NT
3
5
Pipistrellus pipistrellus
●
●
●
●
●
Esp, biot
4
3
LC
LC
LC
LC
n
5
Pipistrellus pygmaeus
●
●
●
●
Esp, biot
4
2
LC
LC
LC
DD
Plecotus auritus
●
●
●
●
●
Esp, biot
4
2
LC
LC
LC
LC
3
Plecotus austriacus
Rhinolophus euryale
Rhinolophus
ferrumequinum
Rhinolophus hipposideros
●
●
●
●
●
●
●
●
Esp, biot
Esp, biot
4
4
2
2
LC
NT
LC
VU
LC
NT
LC
CR
4b
2
●
●
●
●
●
Esp, biot
2
4
2
LC
NT
NT
EN
●
●
●
●
●
Esp, biot
2
4
2
LC
NT
LC
Tadarida teniotis
Vespertilio murinus
●
●
●
●
●
●
Esp, biot
Esp, biot
4
4
2
2
LC
LC
LC
LC
LC
DD
●
●
●
●
●
●
●
●
2
VU
LC
LC
2
2
2
Priorité action FrancheComté (O.R.G.F.H.)
●
NT
LC
LC
4
4
4
Liste rouge Suisse
(partie Nord)
●
●
2
UICN F-Comté
●
●
Esp, biot
Esp, biot
Esp, biot
UICN France
●
Miniopterus schreibersii
●
●
●
UICN Europe
Hypsugo savii
●
UICN Monde
●
●
●
Convent. Berne
●
●
●
Directive Habitats
Haute-Saône
●
●
●
Protection France
Jura
Barbastella barbastellus
Eptesicus nilssonii
Eptesicus serotinus
Franche-Comté
Nom latin
Doubs
Territoire de Belfort
Présence
Déterminant ZNIEFF
et conditions
3- Statuts des espèces en Franche-Comté
2
2
3
4a
2
3
4b
4b
3
d
d
d
5
5
d
5
2
1
d
1
VU*
1
d
1
NT*
LC*
4b
4
4
D’après Carteron, 2012 et OFEV, 1994
2013
Page
n°47/48
CLAUDE & BASSET, 2013
Inventaire des chiroptères forestiers
Légendes
Répartition par département
●
Présence
Catégories UICN pour les listes rouges
EX
RE
EX : Espèce éteinte au niveau mondial
RE : Espèce disparue de métropole
Espèces menacées de disparition en métropole :
CR
EN
VU
En danger critique d’extinction
En danger
Vulnérable
Autres catégories :
NT
LC
DD
NA
NE
NT : Quasi menacée (espèce proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de
conservation spécifiques n’étaient pas prises)
Préoccupation mineure (espèce pour laquelle le risque de disparition est faible)
Données insuffisantes (espèce pour laquelle l’évaluation n’a pas pu être réalisée faute de données suffisantes)
Non applicable (espèce non soumise à évaluation car introduite dans la période récente)
Non évaluée (espèce non encore confrontée aux critères de la Liste rouge)
Réévaluation en deuxième étape :
* abaissé d’une catégorie, ** de 2 catégories, *** de 3 catégories, **** de 4 catégories
° augmenté d’une catégorie ; °° de 2 catégories
Priorité action Franche-Comté (O.R.G.F.H.)
Le chiffre mentionné rend compte de la priorité d'action pour l'espèce considérée d'après les ORGFH de FrancheComté
Espèces déterminantes pour l'inventaire ZNIEFF
D
d
déterminant en Franche-Comté
déterminant dans certaines conditions
Protection réglementaire en France
Biot
Esp/P
Esp, biot
R : esp,
biot
N : esp,
biot
Chasse
Chasse,
Mor
Protection du biotope
Protection partielle de l'espèce
Protection de l'espèce et de son biotope (reproduction, repos)
Protection de l'espèce et de son biotope en région Franche-Comté
Protection de l'espèce et de son biotope en France
Espèce chassable
Espèce chassable avec moratoire d'interdiction de chasse
Conventions internationales et Directives européennes
Le chiffre mentionné indique l'annexe se rapportant à l'espèce considérée
Liste rouge Suisse (OFEV, 1994)
1= en danger
2= très menacées
3= Menacées
4= potentiellement menacées
4a= espèces rares
4b= incertitudes taxonomiques
n= espèces non menacées
2013
Page
n°48/48
ETUDE DES CHIROPTERES FORESTIERS DU
MASSIF DE LA GRAND’COTE (25)
Téléchargement