L’économie verte Cahier réalisé sous la direction d’Olivia Montel-Dumont Éditorial Penser l’économie verte 43. Des politiques publiques au service de l’économie verte (Patricia Crifo, Olivier Godard) 3. Les problèmes d’environnement : quelle place pour l’économiste ? (Olivia Montel-Dumont) L’environnement : un bien public mondial (Olivia Montel-Dumont) Vers l’éclatement de la bulle verte ? (Christian Gollier) Réchauffement : ce que disent vraiment les climato- sceptiques (Laetitia Mailhes) 10. Croissance durable ou décroissance soutenable? (Franck-Dominique Vivien) 16. L’économie verte est-elle possible dans les pays en développement ? (Philippe Hugon) 21. L’économie verte : une issue à la crise ? (Jean Gadrey) Deux prospectives de l’emploi par secteurs (Jean Gadrey) 27. L’économie verte bouleversera-t-elle la géographie de la production et du commerce ? (Tancrède Voituriez) La mondialisation contre l’environnement ? (Antoine de Ravignan) Instruments et acteurs 33. Acteurs privés, pouvoirs publics, organismes internationaux : quels rôles ? (Philippe Jurgensen) 38. De Stockholm à Copenhague : les engagements internationaux et leur application (Éloi Laurent) Les débuts de la gouvernance environnementale mondiale à Stockholm (Déclaration finale de la conférence des Nations unies sur l’environnement) Le principe de précaution : outil indispensable ou frein à l’innovation ? (Olivier Godard) 49. Normes, écotaxes, marchés de permis : quelle combinaison optimale ? (Christian de Perthuis, Suzanne Shaw) La taxe carbone (Christian de Perthuis, Suzanne Shaw) 55. Mesurer autrement la richesse (Florence Jany-Catrice, Dominique Méda) Les principaux chantiers L’économie verte Cahiers français n° 355 Sommaire 61. Réduire les émissions de gaz à effet de serre : pourquoi ? combien ? comment ? (Stéphanie Monjon) 67. Préserver les ressources naturelles (Gilles Rotillon) 73. Le défi énergétique (Benjamin Dessus) L’importance oubliée du méthane dans la lutte contre le réchauffement climatique (Benjamin Dessus) 78. Les éco-activités (Bernard Sinclair-Desgagné) 82. L’aménagement des territoires en France (Magali Reghezza) Les parcs naturels régionaux, territoires de projet (Magali Reghezza) Un exemple d’aménagement durable d’un territoire rural : les Cévennes 86. La ville durable (Magali Reghezza) Les agendas 21 locaux (Magali Reghezza) L’éco-quartier Vauban (Magali Reghezza) 90. Agriculture et alimentation : quels nouveaux modèles ? (Jean-Paul Charvet) Les différentes agricultures durables (Jean-Paul Charvet) éditorial Développement durable ou économie verte ? L’économie verte Cahiers français n° 355 Éditorial Un peu plus de vingt ans après la popularisation de la notion de « développement durable », c’est l’adjectif « vert » qui s’impose aujourd’hui et se décline à son tour à l’infini – économie verte, croissance verte, technologie et produits verts… –. Est-ce juste un moyen d’attirer à nouveau l’attention sur les problèmes d’environnement, en tentant d’échapper à un vocabulaire abondamment instrumentalisé par les gouvernements et les entreprises ? Ou faut-il y voir le signe d’un abandon des objectifs socioéconomiques du compromis issu du rapport Brundtland ? Quoi qu’il en soit, dans son usage, ce terme renvoie comme le précédent à de multiples réalités, signe de controverses toujours vives sur ce que peut être, fondamentalement, une économie verte ou durable et sur les conséquences d’une telle transition. Ainsi, ce numéro des Cahiers français commence par une confrontation des visages potentiels de l’économie verte, avec, au centre des interrogations, la question de la croissance. Suffit-il d’encourager l’innovation verte et les comportements écologiques par des politiques appropriées ? Ou l’économie verte appelle-telle une rupture radicale avec notre modèle de développement ? Nécessité de relancer la croissance par l’essor de nouveaux secteurs pour les uns, preuve qu’il faut changer de système pour les autres, dans les deux cas, la crise mondiale déclenchée en 2008 apparaît comme un argument supplémentaire en faveur d’une action rapide. Les clivages précédents se retrouvent en partie sur la question des moyens à mettre en œuvre ; ils se traduisent par des combinaisons différentes des leviers d’action. Alors que les tenants de la rupture radicale défendent généralement un engagement fort des pouvoirs publics, les autres privilégient des interventions a minima dont le but est de pallier les défaillances du marché. La panoplie des outils destinés à infléchir les comportements des agents économiques est désormais connue du grand public : aux côtés des normes, les permis d’émission et les écotaxes s’imposent progressivement comme les instruments-clefs des politiques environnementales. En témoigne l’intérêt renouvelé au sein de l’Union européenne pour la « taxe carbone ». L’action des pouvoirs publics ne se limite toutefois pas à la réglementation et à la politique fiscale : les politiques publiques dans leur ensemble, en particulier celles encourageant la recherche et l’innovation, sont concernées par le défi de l’économie verte. L’élaboration de politiques appropriées suppose également de revoir l’appareil de mesure de l’activité économique, ce qui place la réflexion sur les indicateurs de richesse au centre du débat. Malgré les préoccupations collectives en faveur de l’environnement, ces différents instruments restent encore relativement peu utilisés. Ainsi, si les principaux chantiers de l’économie verte – réduction des gaz à effet de serre, réponse au défi énergétique, agriculture durable, gestion des mobilités urbaines… – sont désormais clairement identifiés, ils demeurent pour l’instant à l’état embryonnaire. Les réticences, en dépit des discours, de la société civile face à l’adoption de mesures coûteuses aux retombées lointaines – en particulier lorsqu’il s’agit de créer de nouveaux impôts – l’expliquent en partie. Mais c’est surtout à cause du caractère mondial des problèmes d’environnement que les avancées restent modestes : lutter contre le changement climatique ou l’érosion de la biodiversité implique une coordination entre les nations dont l’issue du sommet de Copenhague a une fois de plus souligné les faiblesses. La réponse à ce défaut de gouvernance – la création d’une organisation mondiale de l’environnement est une piste de plus en plus évoquée – apparaît plus que jamais nécessaire. Olivia Montel-Dumont