3ème – Séquence 3 Art & Société de Consommation Feuille 4 - prof La Complainte du Progrès (1956) de Boris Vian (1970) chanté par de Bobby Lapointe (1970) Composée en 1956, La complainte du Progrès est une critique très drôle de la société de consommation et ses dérives. Nous sommes alors dans la période des "Trente Glorieuses" (1946-1975), marquée par une croissance économique soutenue et ininterrompue, ainsi qu'une amélioration générale des conditions de vie. Autrefois pour faire sa cour On parlait d’amour Pour mieux prouver son ardeur On offrait son cœur Maintenant c’est plus pareil Ca change, ça change Pour séduire le cher ange On lui glisse à l’oreille Ah Gudule, viens m’embrasser Et je te donnerai Un frigidaire, un joli scoutaire Un atomixère et du Dunlopillo Une cuisinière avec un four en verre Des tas de couverts et des pelles à gâteaux Une tourniquette pour faire la vinaigrette Un bel aérateur pour bouffer les odeurs Des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres Un avion pour deux et nous serons heureux. Autrefois s’il arrivait que l’on se querelle L’air lugubre on s’en allait En laissant la vaisselle Maintenant que vous voulez vous La vie est si chère On dit : rentre chez ta mère Et on se garde tout Ah Gudule, excuse toi Ou je reprends tout ça Mon frigidaire, mon armoire à cuillères Mon évier en fer, et mon poêle à mazout Mon cire-godasses, mon repasse-limaces Mon tabouret à glaces et mon chasse filous La tourniquette à faire la vinaigrette Le ratatine ordures et le coupe friture Et si la belle se montre encore rebelle On la fiche dehors pour confier son sort Au frigidaire, à l’efface poussière A la cuisinière, au lit qu’est toujours fait Au chauffe savates, au canon à patates A l’éventre tomates, à l’écorche poulet. Mais très très vite, on reçoit la visite D’une tendre petite qui vous offre son cœur Alors on cède, car il faut qu’on s’entraide Et l’on vit comme ça jusqu’à la prochaine fois Et l’on vit comme ça jusqu’à la prochaine fois Et l’on vit comme ça… …jusqu’à la prochaine fois Boris Vian en écrivant cette chanson met en avant la profusion de nouveaux produits - L’utilité de certains objets et la profusion de technologies - Des produits à ce point martelés par la publicité que leur nom et la marque qui les fabrique se confondent (Dunlopillo). - Mais aussi l’inutilité et l’absurdité de certains objets (canon à patates, pistolet à gaufres…) qui montrent que la modernité et l'inutile sont souvent proches Mais il se sert aussi de ce chant pour parler de la place de la femme dans la société des années 50 et dénoncer ainsi le côté « femme à la maison » et au service de la famille __________________________________ Mon Oncle (1956) – film de J.Tati Le cinéaste français Jacques Tati, va lui aussi par l’intermédiaire de ses films, s’interroger sur la place de l’individu dans la société de consommation des années 1950-1960 Il a développé un cinéma drôle et tendre, quasi muet, dans lequel les gags, parfois très complexes, portent une réflexion désabusée sur l'absurdité de la modernité et critiquent la religion de la consommation des années 1950-60-70. Il incarne lui-même le personnage de Monsieur Hulot dans trois films -Mon oncle (1956), Playtime (1967) et Trafic (1971). Hulot est un hurluberlu maladroit et plein de poésie, ami des enfants, des quartiers populaires, des vieilleries en tous genres, de la campagne...Un peu "vieille France" et "écolo" avant l'heure Dans Mon oncle, Monsieur Hulot devient l'intime de son neveu, rejeton de la famille Arpel, obsédée par des "nouveautés" qui viennent consteller une maison-gadget sans âme. Dans une cuisine à la pointe de la modernité de l'époque, Hulot n'a pas l'air très à l'aise. A travers ces maladresses, Tati montre la vanité d'un certain attachement aux objets et le ridicule que cet attachement peut engendrer. Retrouvez cette feuille sur : http://www.educamus.fr h