Parasites et transfusion sanguine : causes et conséquences

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Revue
Hématologie 2006 ; 12 (2) : 129-39
Parasites
et transfusion sanguine :
causes et conséquences
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Parasites and blood transfusion: causes and consequences
Marie-Hélène El Ghouzzi
Olivier Garraud2,3
1
1
EFS île-de-France, 83-87 rue des
Alpes, 94623 Rungis Cedex
2
EFS Auvergne-Loire, 25 boulevard
Pasteur, 42000 Saint-Étienne
3
EA 3064, Faculté de médecine,
université Jean-Monnet, 45 rue
Ambroise-Paré, 42000 Saint-Étienne
Résumé. Bien qu’une étape importante ait été franchie dans la prévention des
maladies virales post-transfusionnelles, les agents infectieux peuvent franchir les
frontières du fait de la multiplication des échanges et de l’immigration. Les
maladies parasitaires à protozoaires sévissent à l’état endémique dans les pays en
voie de développement et leur introduction résulte des mouvements des populations
de ces régions vers les pays industrialisés. S’il n’y a pas de cas rapportés et
convaincants de transmission de leishmaniose post-transfusionnelle, la mise en
place de la déleucocytation systématique en a diminué encore l’impact, et a réduit
la transmission de Toxoplasma gondii. Le paludisme, la maladie de Chagas et les
babésioses peuvent être transmis par les produits sanguins labiles cellulaires. En
effet, il n’existe pas encore de méthode efficace pour éliminer des érythrocytes les
plasmodies et les babésies, et Trypanosoma cruzi, agent de la maladie de Chagas
des produits sanguins labiles. Cette revue se focalisera sur la description des
principales maladies parasitaires transmissibles par le sang, avec leur distribution
géographique, leur cycle, les principaux aspects cliniques et les moyens diagnostiques disponibles, ainsi que les mesures mises en place pour prévenir la transmission du paludisme et de la maladie de Chagas en Europe.
Mots clés : paludisme, maladie de Chagas, leishmaniose, babésiose, infection
protozoale transmise par transfusion, transfusion
Abstract. An important step in the safety system of blood donations is now reached
for possible viral infectious diseases. However, infectious agents can across
international borders through immigration and travel. Among of these agents,
protozoal agents are rife in endemic way in mainly low income countries, and their
introduction has resulted of population movements in industrialised countries.
Malaria, American trypanosomiasis (Chagas disease) and protozoal tick-borne
diseases as babesiosis can be transmitted by cellular blood components. There are
few convincing reports of post transfusional leishmaniosis. The leucoreduction have
dropped in the impact of transmission of Toxoplasma gondii and Leishmania ; but,
at this moment, there do not appear to be any effective methods to eliminate
Plasmodia and Babesia in erythrocytes and Trypanosoma cruzi. So, this review
deals with the main parasite diseases that are carried by blood products and
focused on their geographical distribution, their human cycles, their main clinical
aspects, the implemented measures to prevent transfusion transmitted (TT) malaria
and TT Chagas disease in European countries, and the available tools for
diagnosis.
Keywords: malaria, chagas disease, leishmaniosis, babesiosis, transfusion
transmitted protozoal infection, transfusion
Correspondance et tirés à part :
M.-H. El Ghouzzi
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
129
D
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ans un passé proche, les efforts se sont
principalement focalisés sur la réduction des
risques infectieux en transfusion sanguine. La
transfusion est à présent sûre et sécurisée
bien que prescripteurs et patients redoutent
toujours le risque viral alors qu’il est devenu actuellement
rarissime [1] étant entendu que le « risque zéro » n’existe pas
[2]. C’est bien en fait actuellement le risque bactérien qui
reste le plus fréquent et le plus redoutable. À côté de ces
risques-là, viraux et bactériens, relativement bien connus,
deux autres risques infectieux commencent à être redoutés :
le premier est lié au nouveau variant de la maladie de
Creuzfeld-Jakob, à l’issue fatale, mais il est épidémiologiquement et statistiquement très faible [3] ; le second – paradoxalement beaucoup plus fréquent et lui aussi potentiellement
mortel – est le risque parasitaire, qui semble encore largement sous-évalué. En effet, en dehors des zones d’endémie, il
existe une fréquente méconnaissance des parasitoses transmissibles par le sang ; le diagnostic d’infection posttransfusionnelle est difficile, ignoré, sous-estimé alors que le
pouvoir infestant des parasites transmis est très élevé chez
des hôtes receveurs fréquemment en état d’immunodéficience. De plus, la forme clinique post-transfusionnelle peut
être atypique, l’ensemble entraînant un retard au traitement
avec des conséquences cliniques graves.
En ce qui concerne le risque de transmission de parasites par
transfusion sanguine, le donneur peut être parasitémique
asymptomatique : soit qu’il se trouve en phase d’incubation
(paludisme, babésiose), soit qu’il se trouve en phase de
portage chronique oublié ou inconnu comme dans la maladie de Chagas ou l’une des formes d’expression clinique des
leishmanioses. Hors des zones d’endémie, le risque parasitaire partage avec le risque bactérien ce mode de portage
asymptomatique, mais il partage sa rareté avec le risque
« viral ». Des données récentes, cependant [4, 5], tendent à
faire redouter une augmentation de la fréquence des transmissions parasitaires transfusionnelles, rendant nécessaire
une meilleure identification des maillons faibles des dispositifs de prévention en place et l’application de procédés de
réduction de pathogènes, dès que ceux-ci seront disponibles.
En revanche, en zones d’endémie palustre dans les pays en
voie de développement, le paludisme transfusionnel, par
exemple, n’est souvent même pas relevé tant sa probabilité
est grande.
Principaux parasites transmissibles
par transfusion sanguine
130
Pour qu’un parasite soit transmissible par transfusion sanguine dans l’un au moins de ses stades parasitaires, il doit se
présenter soit sous forme libre dans le sang circulant, soit
sous forme liée à une cellule sanguine circulante (en situation
intracellulaire ou liée à un ligand de surface de la cellule
transporteuse). De plus pour que ce parasite déclenche une
infection parasitaire chez l’hôte receveur, il est nécessaire,
d’une part, que la forme parasitaire transmise soit viable
chez le receveur et n’aboutisse pas à une impasse parasitaire
et d’autre part, que le receveur n’ait pas développé un degré
d’immunité suffisant pour contrôler la multiplication du parasite. Cette dernière condition est fréquemment rencontrée
pour le toxoplasme dans de nombreuses situations géographiques et pour les plasmodies chez l’adulte dans les régions
de forte endémie palustre. En termes de transmissibilité
transfusionnelle, les parasitoses sont très inégales. Une seule
parasitose est jusqu’à présent reconnue comme causant un
réel problème en Europe : celle à l’origine du paludisme.
Cela est dû, d’une part, à la fréquence des infections plasmodiales dans le monde, le paludisme étant la première endémie infectieuse avant le sida et l’infection par le VIH ou les
maladies virales entériques, et d’autre part au fait que cette
parasitose est essentiellement véhiculée par les globules
rouges du sang circulant.
Les autres parasites transmissibles par transfusion sanguine
sont, par ordre d’importance : l’agent de la maladie de
Chagas (Trypanosoma cruzi), les babésies, les leishmanies,
le toxoplasme Toxoplasma gondii, les microfilaires et les
trypanosomes africains.
Cette revue se focalisera principalement : a) sur les deux
maladies parasitaires qui posent un problème en Europe par
rapport aux risques d’importation : le paludisme et la maladie de Chagas, et sur les raisons de la transmissibilité des
agents infectieux causals ; b) sur les dispositifs existants et à
venir pour prévenir ce risque de transmissibilité. Bien qu’il
s’agisse d’un sujet important, le risque transfusionnel lié aux
parasites dans les pays en voie de développement ne sera
pas abordé ici (pour une revue, voir [6]).
Parasitoses transmissibles
par voie sanguine
en dehors des infections
plasmodiales et chagasiques
Babésiose
La babésiose, appelée également piroplasmose par les vétérinaires, est une zoonose parasitaire due à plusieurs espèces
de babésies selon l’animal en cause (Babesia microti,
B. divergens, B. bovi, B. canis, B. equi...). Ces hématozoaires sont transmises aux animaux et à l’homme par piqûre
de tiques, le plus souvent entre mai et septembre ; la parasitémie peut persister tout en étant asymptomatique pendant
plusieurs mois après l’épisode aigu fébrile non diagnostiqué.
La transmission par transfusion sanguine ou lors de greffe
d’organe a souvent été rapportée en Amérique du Nord avec
des conséquences graves pour les receveurs présentant des
tableaux d’hémolyse aiguë et des complications rénales,
hépatiques et cardiaques [7]. L’ensemble des études européennes, cependant, s’accorde à penser que cette transmission ne pose pas de problème à l’échelle du « vieux continent », bien que le risque soit, comme pour le paludisme,
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
difficile à prévenir mécaniquement puisque la cible des
babésies est l’érythrocyte et que la leucoréduction des produits sanguins (mesure de réduction des risques largement
appliquée actuellement) est, à cet égard, sans efficacité. Il est
cependant nécessaire de rester vigilant.
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Toxoplasmose
En ce qui concerne la toxoplasmose, la transmission du
parasite avait posé de nombreux problèmes jusqu’il y a une
vingtaine d’années, comme en témoignait l’abondance des
publications d’alors ; la situation est devenue très différente
actuellement, probablement pour deux raisons principales :
a) la prévalence européenne actuelle reste faible, même s’il
existe un gradient différentiel Nord-Sud [8] ; b) la leucoréduction systématique des produits sanguins labiles, qui est très
efficace vis-à-vis d’un parasite essentiellement intracellulaire
(sa phase extra-cellulaire pour pénétrer une cellule leucocytaire cible étant extrêmement courte) [9]. Cependant, les
greffes de moelle osseuse et les profondes immunodéficiences exposent les patients à des formes graves de toxoplasmose, notamment pulmonaires [10].
Leishmaniose
Malgré la répartition extrêmement large des leishmanioses
dans le monde où 350 millions de personnes sont exposées
aux piqûres des phlébotomes et 12 millions de sujets sont
atteints (dont 500 000 avec des leishmanioses viscérales)
[11], et malgré les cas de leishmanioses d’importation déclarés en France [12], seuls quelques cas sporadiques de
leishmanioses post-transfusionnelles ont été décrits dans la
littérature, car la parasitémie est extrêmement faible dans ce
type d’infection [13, 14] ; lorsqu’elle existe, cette parasitémie se rencontre essentiellement dans les formes initiales
cliniques viscérales chez le donneur, comme le montre une
étude américaine réalisée sur du sang prélevé chez des
militaires américains atteint de leishmaniose après l’opération « Tempête du Désert » en Irak, étude qui démontre
également la résistance des leishmanies aux températures de
stockage des produits sanguins et notamment à 4 °C [15].
Les leishmanies sont principalement intracellulaires, avec un
temps de passage libre pour pénétrer une cellule-cible très
court, comme pour les toxoplasmes ; la leucoréduction drastique à présent appliquée en Europe est également un bon
moyen de réduction de pathogènes pour ce risque infectieux.
Une étude menée dans le Sud de la France sur une population de donneurs de sang n’a pas apporté d’argument direct
en faveur de la transmission par le sang chez les sujets
transfusés [16] à partir de cette population de donneurs
théoriquement exposés au risque de leishmaniose cutanée.
Microfilariose
Également « anecdotique » est la possibilité de transmettre
par voie sanguine transfusionnelle des microfilaires – en
principe en impasse parasitaire chez l’homme et donc résoluHématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
tives – ; des cas isolés ont été rapportés, mais le mode de
transmission et les procédés de préparation des produits
sanguins labiles rendent ce type de complication assez peu
probable [17].
Trypanosomose africaine
En théorie, enfin, la transmission de trypanosomes africains
– responsables de la maladie du sommeil – serait possible,
mais la rapidité d’apparition des signes cliniques préviendrait la candidature et/ou la présentation au don de sang ; la
transmission de trypanosomes africains par transfusion n’est
pas rapportée en Afrique, soit que ce parasite ne pose pas de
réel problème transfusionnel, soit que l’incident transfusionnel infectieux ne lui soit pas rapporté [6].
En Europe, une politique de « quarantaine » clinique de
durée d’ailleurs variable selon les systèmes transfusionnels, a
écarté du don du sang des voyageurs de retour de pays
endémiques pour les principaux risques transfusionnels ; la
géographie du paludisme étant très large, elle couvre en fait
la géographie de tous les autres parasites transfusionnels,
exceptés les toxoplasmes, les babésies et les leishmanies
présentes sur tout le pourtour méditerranéen ; le candidat au
don de sang est alors invité à se représenter au don à l’issue
de cette quarantaine. En pratique également, toute notion de
voyage est identifiée ainsi que la notion d’une fièvre de
quelque nature que ce soit : la candidature au don de sang
d’un sujet à risque immédiat de transmission d’une maladie
parasitaire aiguë est donc reportée. Le risque parasitaire
rémanent est celui de la parasitose chronique, que présente
la longue durée de vie d’un portage palustre ou chagasique.
Des données concernant l’ensemble de ces parasites transmissibles par voie sanguine ont par ailleurs été présentées
dans une revue récente des mêmes auteurs [18].
Problèmes posés par la transmission
par voie sanguine interhumaine
des plasmodies,
agents du paludisme
Endémie palustre
Le paludisme reste actuellement l’endémie majeure et probablement aussi la moins bien contrôlée de la zone intertropicale. Selon l’OMS, entre 200 et 500 millions d’accès palustres et 1 à 3 millions de morts sont constatés chaque année,
principalement chez les enfants d’Afrique. Aujourd’hui, plus
de 2 milliards d’humains sont exposés au risque palustre.
L’Afrique est de loin le continent le plus touché, avec 90 %
des cas recensés [19]. Le paludisme est par ailleurs au
premier rang des maladies d’importation transmissibles par
le sang que l’on rencontre en France [20].
Espèces parasitaires responsables
du paludisme
Quatre espèces de parasites du genre Plasmodium sont à
l’origine de la maladie palustre chez l’homme.
131
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Plasmodium falciparum est l’espèce la plus pathogène et
celle responsable des cas mortels. Elle est présente dans les
zones tropicales d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie, et
elle est dominante en Afrique ; les résistances aux traitements
aggravent son impact.
Plasmodium vivax co-existe avec P. falciparum dans la plupart des zones infestées, exception faite de l’Afrique de
l’Ouest, et est présent dans certaines régions tempérées.
Réputée moins morbidifère que P. falciparum, cette espèce
parasitaire est cependant responsable d’un grand nombre de
cas, dont des rechutes ou des portages chroniques très longs.
Certains auteurs considèrent que la morbidité de ce parasite
est largement sous-estimée [21]. P. vivax reste le parasite
dont la répartition est la plus étendue, responsable en très
large part de la morbidité du paludisme en Asie centrale, du
Sud et du Sud-Est, et au Moyen-Orient. Sa quasi-inexistence
en Afrique de l’Ouest et centrale est liée à l’absence de
l’expression de l’antigène Duffy à la surface des globules
rouges de la population de ces régions. Cet antigène est en
effet le récepteur érythrocytaire naturel des protéines de
surface du mérozoïte de P. vivax [22].
Plasmodium ovale est principalement trouvé en Afrique de
l’Ouest mais aussi en Afrique centrale ; de pathogénicité
comparable à P. vivax, cette espèce peut entraîner des rechutes 4 à 5 ans après la primo-infection.
Plasmodium malariae a une distribution mondiale large mais
très inégale. L’infection à P. malariae est fréquemment chronique et associée à une autre espèce plasmodiale, et peut
entraîner des rechutes jusqu’à 20 ans après la primoinfection (et donc être méconnue du porteur).
Le développement chez l’homme d’une infection plasmodiale
s’opère généralement par l’injection dans un capillaire sanguin de la peau de formes parasitaires infestantes (sporozoïtes) qui ont subi un cycle de développement sexué chez le
vecteur ; en l’occurrence la femelle d’un moustique anophèle
(hématophagie gynotrophique). Ces formes parasitaires
infestantes vont encore subir un cycle de multiplication parasitaire, cette fois-ci chez l’homme : après une phase hépatique, les formes mérozoïtes vont aller infecter des érythrocytes
et s’y multiplier ; les différentes espèces plasmodiales pénètrent les érythrocytes en fonction de leur âge ou de leur
maturité. Après la phase d’incubation qui correspond à la
phase intra-hépatique et au premier passage des mérozoïtes
dans le sang, l’expression clinique débute par une fièvre
survenant 8 à 30 jours après l’inoculation infectieuse. Classiquement, des cycles typiques peuvent survenir, faisant alterner les frissons avec une hyperthermie, une chaleur sèche
avec peau brûlante pendant 3 à 4 heures, suivie de sueurs et
d’urines foncées pendant 2 à 4 heures. L’accès palustre va se
répéter plusieurs fois. La périodicité de ces cycles dépend de
l’espèce du parasite en cause, et coïncide avec l’éclatement
des globules rouges et ipso facto la multiplication des parasites ; cette destruction érythrocytaire induit également l’anémie. La durée entre deux accès palustres est relativement
caractéristique de chaque espèce plasmodiale : 48 heures
pour P. falciparum, vivax, ovale et 72 heures pour
P. malariae ; elle correspond au temps de maturation nécessaire du mérozoïte en corps « en rosace » et à sa multiplication en n nouveaux mérozoïtes, nombre compris entre 6 et 32
selon l’espèce plasmodiale, P. falciparum étant le plus prolifique.
Quelques formes parasitaires vont évoluer en stades sexués
qui, lorsqu’ils seront aspirés par un autre moustique femelle
lors d’un repas sanguin, pourront aller infecter un autre hôte
humain et ainsi de suite.
Principales causes de l’anémie palustre
et autres complications
Le développement des parasites chez l’homme fait éclater les
hématies parasitées, entraînant une hémolyse et une anémie
ainsi qu’une libération de produits toxiques induisant la
production de cytokines dont l’interleukine-10 (IL-10), le
TNF-a, le LT-a, etc., par les cellules mononucléées et phagocytaires, ces cytokines majorent l’anémie en agissant directement et négativement sur l’hématopoïèse. La survenue fréquente de clones lymphocytaires autoréactifs et d’une autoimmunité représente une troisième cause d’anémie. Chacune
de ces causes est variable tant en fréquence qu’en intensité et
est également fonction de l’espèce plasmodiale. Le parasite
le plus morbidifère et le plus mortifère est P. falciparum ; seul
P. falciparum est responsable de la séquestration vasculaire
des hématies parasitées dans la rate, le placenta, le rein, le
poumon et surtout le cerveau, entraînant de nombreuses
complications sévères dont le neuro-paludisme ou paludisme
cérébral.
Examen microscopique
et diagnostic direct d’infection palustre
En hématologie et parasitologie, la réalisation d’une goutte
épaisse (GE) permet le diagnostic positif d’infection. Cette
technique dite de référence permet, en concentrant les cellules, globules rouges et leucocytes, de repérer les hématies
parasitées, après lyse des éléments figurés du sang, et d’en
rapporter le nombre à celui des leucocytes. Le seuil de
détection est d’environ 10 à 20 parasites/lL. Le diagnostic
d’espèce peut difficilement être fait sur cette GE et nécessite la
réalisation d’un frottis mince coloré au May Grunwald
Giemsa, permettant d’observer la morphologie ; en contrepartie, le seuil de détection est beaucoup plus élevé, de
l’ordre de 150 à 200 parasites/lL. Il existe des méthodes
plus ou moins automatisées permettant la réalisation de GE et
de frottis. Il est utile de prêter attention à l’apparence des
polynucléaires et des monocytes sanguins : une infection
plasmodiale sollicite fréquemment la présence de formes
jeunes mais activées par la phagocytose des hématies parasitées ; de plus, il n’est pas inhabituel de visualiser des
résidus ferriques sous forme d’hémozoïne... autant de signes
d’appel quand on considère que seule une identification
positive n’a de valeur pour diagnostiquer une infection palustre et qu’il faut répéter les examens, en particulier en fonction
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
de l’évolution clinique, par cycles tierces ou quartes de la
maladie, même si ces cycles sont moins classiques que ne le
veulent les traités de médecine tropicale, en particulier s’il y a
eu usage de médicaments contenant de la quinine ou
d’autres agents anti-malariques d’efficacité insuffisante.
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Autres tests de dépistage d’une infection
palustre
Le diagnostic par biologie moléculaire fait l’objet de nombreuses approches mais n’est pas encore réalisé en routine
car il est difficile en raison de l’extrême variabilité des
génomes parasitaires et des très nombreux allèles des principaux marqueurs génétiques ; cette technique réalisée dans
les laboratoires spécialisés permet la détection des parasitémies très faibles, autour de 1 parasite/lL [23].
Différents tests utilisant des antigènes caractéristiques des
plasmodies sont disponibles et utilisés mais ils ne font pas
cependant l’unanimité parmi les spécialistes : deux types de
détection selon l’antigène dépisté, l’HPR2 (Histidin-Rich
Protein-2) pour le dépistage direct de P. falciparum et p-LDH
(Plasmodium-Lactate Dehydrogenase) permettant la détection
des différentes espèces avec une détectabilité de 100
parasites/lL et une spécificité de 90 %. Deux formats sont
disponibles : soit des tests rapides basés sur la fixation
d’anticorps monoclonaux sur des bandelettes de nitrocellulose (tests inadaptés au diagnostic à grande échelle), soit des
tests de type ELISA d’utilisation adaptée dans les zones non
endémiques [24].
Le diagnostic sérologique – à la différence des méthodes
déjà citées – est un diagnostic indirect d’un contact ancien ou
plus ou moins récent avec le parasite et non de sa présence
actuelle, avec cependant quelques limites, qu’il faut garder à
l’esprit, et qui sont : le temps de latence entre l’infection et
l’apparition d’anticorps détectables, et la capacité à tromper
le système immunitaire que peuvent avoir les parasites en
masquant leurs antigènes et en imitant des antigènes voisins,
en sollicitant la production vigoureuse d’immunoglobulines
poly-réactives qui peuvent masquer la détection d’une
réponse spécifique [25]. Ces tests sérologiques ne permettent
pas de diagnostic d’espèces.
Qualification biologique des dons de sang
pour le risque palustre
Néanmoins, il est largement admis que l’usage des tests
indirects essentiellement par immunofluorescence indirecte
(IFI), ou par ELISA permet de cribler assez efficacement les
dons de sang à risque pour la transmission de plasmodies, en
particulier en application du principe de précaution. Une
revue récente détaille les interprétations possibles concernant
la sérologie palustre [26]. Une attitude possible concernant
l’acceptation d’un donneur et d’un don, pour le risque
palustre, est rapportée dans le tableau 1 [18].
Risques de transmission d’agent
du paludisme par transfusion sanguine
En termes de risque de transmission possible de parasites
d’un donneur de sang à un receveur, il existe plusieurs cas de
figure :
– Soit le donneur est en phase d’incubation clinique et en
phase biologique muette ; il ne présente alors aucun signe
apparent favorisant son auto-exclusion ou son ajournement
Tableau 1
Proposition d’une attitude concernant la prévention de transmission par la transfusion sanguine de plasmodies pouvant être responsable
d’un paludisme post-transfusionnel
Les 4 situations envisagées
Les contre-indications
• Contre-indication définitive pour la
préparation de PSL
• Possibilité théorique pour le don de plasma
de fractionnement 4 mois après la fin du
traitement et en l’absence de symptômes
2e cas : Voyage en zone d’endémie d’une • Contre-indication de 4 mois pour la
durée < 3 mois
préparation de PSL
• Possibilité théorique pour le don de plasma
de fractionnement en l’absence de
symptômes dans l’intervalle
3e cas : Voyage en zone d’endémie d’une • Contre-indication de 4 mois pour la
durée > 3 mois et immigrant ; sujet
préparation de PSL
originaire d’un pays d’endémie sans
• Possibilité théorique pour le don de plasma
antécédents de paludisme ; asymptomatique de fractionnement en l’absence de
symptômes dans l’intervalle
4e cas : Symptômes évocateurs pendant un • Contre-indication de 4 mois (après la fin
séjour exposé ou dans les 4 mois qui suivent des symptômes) pour la préparation de PSL
le retour
1er cas : Antécédent de paludisme (crises)
Les tests sérologiques
• Pas de test sérologique
• Pas de test sérologique
• Test sérologique du 1er don dans la
période 4 mois-3 ans
• Test sérologique sur chaque don dans la
période 4 mois–3 ans ; ou libération si
sérologie négative après 3 ans (1er don
après 3 ans)
• Test sérologique sur chaque don dans la
période 4 mois–3 ans ; ou libération si
sérologie négative après 3 ans (1er don
après 3 ans)
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Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
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au don après l’entretien médical. En Europe, la question
concernant la notion d’un séjour récent en zone d’endémie
palustre est posée systématiquement aux candidats au don
de sang, et la réponse doit être rapprochée des données les
plus récentes de l’OMS sur ces zones ;
– Soit le donneur vit en zone d’endémie et, en l’occurrence en
zone d’hyperendémie ; il a pu alors développer, au fur et à
mesure des infections répétées et régulières par P. falciparum
(cela ne vaut que pour cette espèce-là), un état d’immunité
relative. Il ne présente alors plus de symptômes de paludisme
clinique mais il peut néanmoins avoir une parasitémie très
basse car contrôlée et limitée par la présence d’anticorps
rémanents ; cette personne peut être considérée comme un
porteur asymptomatique, capable cependant de transmettre
l’infection d’homme à homme selon l’un des trois
modes :suivants : a) transmission via une piqûre vectorielle
intermédiaire : le donneur est alors source de parasites pour
les anophèles ; b) transmission par transfusion sanguine ou
par accident d’exposition au sang ; c) transmission par greffe
d’organe ;
– Soit encore le donneur, en particulier natif d’un pays
endémique pour le risque palustre mais vivant actuellement
en dehors d’une zone à risque, peut avoir un certain degré
de « prémunition anti-palustre » tout en étant exposé à un
risque « occulte », par piqûre d’un moustique importé dans
des bagages et/ou des vivres empaquetés « au pays », ou à
l’occasion de l’hébergement de compatriotes, ou enfin à
cause d’une activité professionnelle portuaire ou aéroportuaire. Les deux récents cas européens de transmission de
paludisme transfusionnel, un cas français et un cas britannique, relèvent peut-être de ce profil de donneur [4, 5].
En France, les deux derniers types de risques évoqués
ci-dessus sont prévenus par le dépistage systématique des
anticorps chez les sujets originaires de zones d’endémie ou y
ayant séjourné plus de 4 mois, quel que soit le délai écoulé
depuis le retour.
La transmissibilité de l’infection palustre est liée à la durée de
portage du parasite chez l’homme : celle-là est classiquement
courte pour P. falciparum, avec une fièvre débutant dans les
8 à 30 jours après la phase d’incubation hépatique, mais qui
reste inférieure à 3-4 mois dans 99 % des cas. Certaines
observations ont rapporté des durées d’incubation de plusieurs années, même si aucune forme dite « hypnozoïte » n’a
été décrite pour cette espèce, au contraire de P. vivax et de
P. ovale, qui ont des formes dormantes dans le foie, à
l’origine de reviviscence parasitaire et d’accès palustres
retardés, à distance du retour ; c’est ce risque qui est à
l’origine de l’ajournement définitif des donneurs de sang de
produits cellulaires ayant des antécédents de crises de paludisme, que celles-ci soient avérées ou non. Les dons de
plasma par aphérèse restent théoriquement possibles.
Paludisme transfusionnel
134
Le paludisme transfusionnel est grave, même si sa survenue
est rare dans les pays industrialisés. Sa gravité tient à trois
paramètres, l’un lié au receveur, le second lié à l’état parasitaire du donneur, l’autre enfin à l’espèce plasmodiale en
cause :
– En situation non endémique, le receveur d’un produit sanguin est habituellement en situation clinique de fragilité et
parfois d’immunodépression voire d’immunosuppression. Le
sang, contenant des hématies parasitées ou des parasites
libres, va être injecté directement au contact de nouvelles
cibles cellulaires sanguines pour le parasite et ce, en quasiabsence d’immunité naturelle [27] ; la phase d’incubation
hépatique étant ainsi évitée, l’infection post-transfusionnelle
est d’emblée érythrocytaire et se manifestera dès que le
nombre d’érythrocytes parasités sera suffisamment important ; des manifestations retardées ou trompeuses pourront
s’observer selon l’état clinique du patient et seront fonction du
degré de la parasitémie initiale du produit transfusé. Sur ces
terrains fragilisés, le retard au diagnostic et au traitement
peut être fatal ;
– Très différente est la situation dans un pays où les plasmodies sont transmises de façon endémique : les donneurs de
sang (pour prendre l’exemple de nombreux pays africains
subsahariens) sont des adultes jeunes, mâles, militaires en
particulier, ayant développé un certain degré d’immunité
clinique et pouvant être porteurs de parasites circulants ; ces
donneurs peuvent être indemnes de symptômes. Le sang
destiné à la transfusion n’est en général pas testé, car seule la
recherche de parasites aurait de la valeur, mais elle est
difficilement réalisable en systématique et la sérologie est
pratiquement toujours positive, en présence ou en absence
de parasites. Des parasites peuvent ainsi être transmis avec
un fort degré de probabilité à des receveurs, jeunes enfants
en particulier, transfusés souvent pour déglobulisation aiguë
après une crise palustre mais plus fréquemment pour anémie
chronique palustre, forme clinique des paludismes graves.
Cette situation a entraîné la mise en place d’un dépistage
ciblé des donneurs dans certains pays africains pour les
seules transfusions de femmes enceintes et de jeunes enfants ;
– L’espèce plasmodiale en cause intervient dans la gravité du
paludisme transmis : les différentes études rapportant des cas
de paludisme post-transfusionnel dans les pays de faible
prévalence ainsi que les études référençant les cas des
paludismes d’importation démontrent la gravité des cas dus à
P. falciparum. En France, par exemple, plus de 80 % des cas
d’importation recensés sont dus à cette espèce [20] et les
décès sont exclusivement liés à P. falciparum. Dans une étude
américaine répertoriant 93 cas de paludisme transfusionnel
survenus entre 1963 et 1999 [28], 6 décès sur 10 étaient
dus à cette espèce. En France, en 2002, l’espèce plasmodiale à l’origine du décès du patient était aussi
P. falciparum ; en Grande-Bretagne, les 5 cas de paludisme
transfusionnel répertoriés depuis 1986 étaient également dus
à P. falciparum (avec 2 décès sur 5), alors que le paludisme
d’importation dans ce pays se partage plus largement qu’en
France entre P. falciparum et P. vivax, très présent dans le
sous-continent indien.
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
Problèmes posés par la transmission
par voie sanguine
de Trypanosoma cruzi,
agent de la maladie de Chagas
(trypanosomose sud-américaine)
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Épidémiologie de la trypanosomose
sud-américaine
La maladie de Chagas est une parasitose due à un flagellé
sanguicole genre Trypanosoma : Trypanosoma cruzi (Tc). La
parasitose sévit sur le continent américain où 90 millions de
sujets y sont exposés. L’OMS estime à 16 à 18 millions de
personnes infectées dans les zones endémiques d’Amérique
du Sud avec une mortalité de 500 000 cas par an. La
parasitose est endémique du 19° de latitude nord (Texas) au
39° de latitude sud (Argentine), avec des zones d’hyperendémie dans différents pays : Brésil, Argentine, Bolivie, Paraguay, Uruguay, Colombie [29]. La France est concernée car
plusieurs cas de myocardites aiguës par maladie de Chagas
ont été rapportés en Guyane Française depuis 2001 [30].
La trypanosomose sud-américaine peut cependant se rencontrer sous forme de maladie d’importation partout dans le
monde, au moins ponctuellement pour plusieurs raisons : les
migrations des populations latino-américaines vers d’autres
continents ; le caractère évolutif chronique et silencieux de
l’infection et de la maladie ; ses modes de transmission
secondaires transplacentaires, par allaitement, transfusionnels, par transplantation, par manipulation de cadavres
d’animaux, et par ingestion (forme digestive). Plusieurs études ont permis de suivre la prévalence des marqueurs sérologiques de T. cruzi dans deux populations de donneurs de
sang d’origine sud-américaine à Los Angeles et à Miami, qui
ont mis en évidence une augmentation de la prévalence des
marqueurs sérologiques parallèlement à l’augmentation de
l’immigration latino-américaine [31].
Modes de transmission
de la trypanosomose sud-américaine
La trypanosomose sud-américaine est transmise au cours du
repas sanguin de grandes punaises hématophages, appelées réduves, de la famille des triatominidae (triatomes) à
partir de leurs déjections déposées sur la peau au moment de
la piqûre. La maladie de Chagas est une maladie classique
du monde rural liée aux habitats insalubres en torchis où
logent les punaises, mais elle devient aussi périurbaine dans
des zones de moins en moins précaires comme le démontrent
les plus récentes études en Guyane française [32]. Les
animaux réservoirs du parasite sont les mammifères sauvages de très nombreuses espèces et des animaux domestiques
(chiens et chats). Les vecteurs vivent à l’abri de la lumière,
dans les anfractuosités du sol et des murs des habitations. Ils
piquent la nuit. La piqûre indolore permet un repas sanguin
de 15 à 20 minutes, après lequel la punaise vide son contenu
rectal à proximité de la piqûre. Les parasites présents dans
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
les déjections pénètrent par l’orifice de piqûre ou par lésions
de grattage. Le parasite peut aussi traverser les muqueuses
(muqueuse digestive par absorption d’aliments souillés par
les déjections d’insectes, ou muqueuse conjonctivale).
Symptomatologie clinique
de la maladie de Chagas
Cette symptomatologie évolue en trois phases [33] :
– Une phase aiguë, de 3 à 8 semaines, survenant 7 à
10 jours après la piqûre, avec une parasitémie importante.
Cliniquement, apparaît un chagome (lésion au point de
piqûre) ou le « signe de Romaña » (œdème bi-palpébral
unilatéral au point d’entrée oculaire des parasites). Ces
signes sont accompagnés d’adénopathies et de signes généraux : fièvre, myalgies, céphalées, sensation de malaise ou
altération de l’état général. Des complications mortelles, en
particulier cardiaques, peuvent survenir, surtout chez
l’enfant, du fait de l’envahissement cellulaire par les parasites
des myocytes et en particulier des cardiomyocytes. À ce
stade, les parasites, d’abord sous formes libres circulantes,
envahissent les cellules conjonctives et les histiocytes (macrophages résidents du tissu conjonctif), puis les fibres musculaires striées, donnant des myocardiopathies aiguës sévères ;
– Le diagnostic de maladie de Chagas n’étant pas toujours
porté à la phase aiguë, le sujet infecté – qui devient infecté
chronique – n’est pas toujours au fait de son portage parasitaire. Après environ deux mois, en effet, une phase indéterminée asymptomatique succède à la phase aiguë : la maladie
évolue alors à bas bruit, rendant possible des contaminations
interhumaines par transmissions congénitales, allaitement,
don de sang... La transfusion de concentrés de globules
rouges et de plaquettes du donneur malade chronique
méconnu peut provoquer des déficiences cardiaques fulminantes chez les receveurs fragiles. Cette phase peut être très
longue et durer plusieurs années ou décennies ;
– Dans 30 à 50 % des cas, la phase chronique définie, qui
suit la phase indéterminée, génère de redoutables complications cardiaques et/ou digestives avec apparition d’un
méga-œsophage, d’un mégacolon, etc. ; chez le sujet immunodéprimé, il peut y avoir une réactivation du parasite avec
apparition d’une méningo-encéphalite.
Cibles nucléées de T. cruzi
et les formes infestantes du parasite
Presque toutes les cellules nucléées peuvent être envahies par
T. cruzi, parasite qui a développé – comme un de ses proches parents (la leishmanie) – des outils enzymatiques qui lui
permettent un échappement aux mécanismes de destruction
intracellulaire [34].
Chez l’homme, on reconnaît deux formes du cycle parasitaire : d’abord une forme trypomastigote, extracellulaire,
mobile dans le sang, pourvue d’un flagelle. Cette forme ne se
multiplie pas, mais pénètre les cellules-cibles (cellules immunitaires, musculaires et nerveuses) où elle évoluera en forme
135
amastigote, intracellulaire. Plus active sera la multiplication
des formes intracellulaires, plus importante seront la parasitémie et l’infectiosité du repas sanguin pris par le vecteur. En
effet, l’éclatement des cellules infectées par les amastigotes
multipliés libère des parasites ; ces parasites retournent dans
le sang et se transforment en trypomastigotes, ce qui accroît
la parasitémie. Une fraction de ces parasites infecte des
cellules mononucléées, mais la phagocytose est fréquemment
mise en échec par la capacité du parasite à se multiplier dans
la cellule phagocytaire [35].
Cas de transmissions
de trypasonomoses post-transfusionnelles
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On estime à 20 % la probabilité de contamination par
transfusion d’une unité de produit sanguin labile infectée par
T. cruzi dans les zones de forte endémie [36]. En zone de
basse et moyenne endémie, 4 cas de contamination posttransfusionnelle ont été récemment décrits aux États-Unis et un
au Canada : 4 sur les 5 malades receveurs de produits
sanguins étaient immunodéprimés et ont présenté des manifestations cliniques fulminantes post-transfusionnelles ; le cinquième cas était asymptomatique, de découverte fortuite
chez une femme atteinte d’un myélome multiple ayant reçu
des plaquettes d’une donneuse, elle-même également porteuse asymptomatique. La patiente présentait une parasitémie détectable 40 jours avant sa séroconversion ; la donneuse était née au Chili et vivait aux États-Unis depuis 33 ans.
Dans cette même étude, deux autres donneurs, séropositifs
pour T. cruzi, vivaient aux États-Unis depuis plusieurs générations, mais l’histoire médicale de leur famille révélait des
antécédents fréquents d’affections cardiaques compliquées
[37, 38].
Le risque de transmission transfusionnelle dans les zones de
faible endémie dépend de l’existence de donneurs de sang
asymptomatiques dans la population, du niveau de la parasitémie circulante chez ces donneurs, de la virulence de
T. cruzi, de la durée et la température de stockage des
produits sanguins, du type de produits, et du statut immunitaire du receveur.
Il a été estimé que T. cruzi survit 21 jours à 4 °C dans les
concentrés de globules rouges et 5 jours dans les concentrés
plaquettaires à température ambiante [38]. Le parasite supporte aussi la congélation et la décongélation [39]. Ces
caractéristiques font que la survie du parasite est parfaitement compatible avec la durée et les modes de délivrance
des produits sanguins labiles.
Dépistage biologique
de l’infection chagasique
L’ensemble des données sud-américaines montre bien qu’il
est difficile d’apprécier biologiquement l’étendue de l’endémie chagasique, car les signatures sérologiques indirectes
sont assez aléatoires et la signature parasitologique directe
repose sur un test fiable mais difficile à mettre en œuvre
surtout pour un dépistage de masse. En effet, la « signature
parasitologique », retrouvée en phase aiguë seulement,
repose sur un diagnostic « à l’état frais » en suspension ou sur
ses alternatives : « goutte épaisse », « frottis » ou « enrichissement par buffy coat », ou encore par identification du
parasite libre dans le sérum après coagulation (méthode de
Stout). La méthode de référence reste cependant le xénodiagnostic : ce test consiste à faire prendre un repas sanguin
– sur l’individu « suspect » – par des réduves d’élevage et à
examiner au microscope leurs déjections après 60 jours. Ce
test est sensible à 100 % dans les formes aiguës et à 50 %
dans les formes chroniques. Ce test démontre qu’il existe un
portage parasitaire sanguin, même s’il n’est pas détectable
dans les formes chroniques par l’examen du sang à l’état
frais ou après coloration. L’enrichissement sur culture donne
accès à du matériel antigénique pour les tests diagnostiques
« maison » (toutes les formes parasitaires étant cultivables in
vitro). Le diagnostic par biologie moléculaire est en cours
d’évaluation en routine [40].
Tous les individus exposés à T. cruzi élaborent des anticorps
anti-T. cruzi : la sérologie anti-T. cruzi est fiable, la question
étant de savoir s’ils restent porteurs ou non de formes parasitaires. T. cruzi induit une production soutenue d’anticorps
dont une partie seulement est utilisée pour aider à la clairance des parasites mais la plupart est produite en large
excès. La durée de vie de ces anticorps serait longue
(tableau 2) [41]. Comme la plupart des protozoaires, en
revanche, T. cruzi induit la formation par l’organisme infecté
d’anticorps dits polyréactifs, en relation d’une part avec des
mitogènes, d’autre part avec des super-antigènes parasitaires – vis-à-vis des lymphocytes B dans les deux cas [42]. Ces
anticorps sont utilisés par le parasite pour échapper au
système immunitaire ; en contrepartie, ils peuvent masquer la
composante spécifique anti-T. cruzi. Cette hyperstimulation
du système immunitaire, via sa composante humorale, est
aussi responsable de la formation d’auto-anticorps qui peuvent gêner le diagnostic sérologique de T. cruzi par excès
comme par défaut. La théorie auto-immune des complications
Tableau 2
Efficacité des moyens diagnostiques au cours de l’évolution de l’infection chagasique
Diagnostic parasitologique
Diagnostic immunologique (sérologie)
Diagnostic génomique
Phase aiguë
Phase indéterminée
Phase chronique
100 %
Initial : 0 % puis apparition des
IgM voire des IgG
En cours d’évaluation
Variable
≈ 100 %
Variable
≈ 100 %
En cours d’évaluation
En cours d’évaluation
136
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
chagasiques est largement avancée bien qu’elle ne soit pas
consensuelle [43].
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Qualification biologique des dons de sang
pour le risque d’infection chagasique
En pratique le dépistage est fait chez les donneurs soit en
technique d’IFI (sur des parasites entiers natifs, ou sur des
suspensions de parasites de culture, ou sur coupes tissulaires), soit en technique d’agglutination, soit encore en technique ELISA mise au point sur des antigènes solubles, purifiés
ou recombinants. La sensibilité de ces tests est d’environ
98 % et la spécificité est réputée être fréquemment prise en
défaut par des réactions croisées avec d’autres parasitoses
dont la leishmaniose.
Dans la plupart des pays où la recherche sérologique est
pratiquée en routine (Amérique du Sud, sud des USA) ou
dans les pays qui ont mis en place ce dépistage ciblé en cas
de risque d’exposition du donneur originaire de zones
d’endémie (Espagne, Grande-Bretagne), il est d’usage de
considérer qu’une sensibilité avoisinant les 100 % requiert
l’usage de deux et plus souvent trois tests différents. Sans qu’il
y ait encore de consensus, les experts admettent la nécessité
de deux à trois tests combinés utilisant des techniques ou des
antigènes différents (ELISA, agglutination), suivie d’un test de
confirmation (généralement par IFI ou WB).
Prévention du risque chagasique
chez les donneurs de sang
La persistance du parasite chez un individu infecté chronique
peut être longue et asymptomatique ; le risque de transmettre
ce parasite par voie sanguine transfusionnelle ou fœtomaternelle est donc non négligeable en zone d’endémie. La
transmission par transfusion sanguine est classiquement
décrite et admise comme étant le deuxième mode de transmission, après le mode de transmission vectoriel et avant le
mode de transmission congénital, digestif et par greffe
d’organes [33]. Cela étant, les données précises chiffrées
manquent pour ce que qui concerne les pays à risque élevé
persistant comme au nord-est de l’Amérique du Sud ou à
risque plus réduit comme en Argentine, au Chili, en Bolivie,
au Paraguay, en Uruguay ou au Brésil. Il existe par ailleurs
des initiatives d’éradication dans les pays andins [29]. Les
États-Unis rapportent environ un cas annuel dans un pays où
le risque est sporadique dans les états du sud mais où vivent
plus de 12 millions de Latino-Américains d’origine non caribéenne, considérés comme originaires de pays à risque
endémique.
L’infection chagasique est présente en Europe comme maladie d’importation : en Allemagne, la séroprévalence dans un
échantillon de 100 Latino-Américains vivant à Berlin a été
estimée à 2 % ; de même en Espagne, 1 à 2 % de la
population originaire d’Amérique andine présenterait une
sérologie positive. Plusieurs cas de maladie de Chagas aiguë
ont été rapportés récemment chez des Européens de retour
Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
d’un voyage en Amérique du Sud, même pour des séjours
courts ; le danger serait de méconnaître cette infection, et
certaines observations laissent à penser que le nombre
effectif de cas serait supérieur au nombre de cas rapportés.
Aucun cas européen de trypanosomose sud-américaine posttransfusionnelle n’a été notifié, mais leur survenue éventuelle
a pu être ignorée. Aucun cas de trypanosomose posttransfusionnelle n’a été déclaré en Guyane française, département de faible endémicité et à risque surveillé. La directive
européenne 2004/33CE prévoit l’exclusion définitive pour
les candidats au don homologue – y compris pour le plasma
de fractionnement – des donneurs ayant présenté une maladie de Chagas. Le risque est rare en Europe, mais il ne doit
pas être ignoré du fait des flux migratoires. Certains pays
européens comme l’Espagne réalisent ainsi des dépistages
ciblés chez les donneurs de sang originaires d’Amérique du
Sud. La prévention repose essentiellement sur la formation et
l’information des médecins pour identifier les donneurs
venant de zones d’endémie et rechercher des antécédents
familiaux de pathologie cardiaque afin d’identifier chez eux
d’éventuels porteurs asymptomatiques.
Moyens de sécurisation
des produits sanguins
vis-à-vis des risques parasitaires
Les moyens de sécurisation des produits sanguins vis-à-vis des
risques parasitaires sont a priori en tous points similaires à
ceux applicables à la sécurisation de l’ensemble des risques
infectieux, allant – entre autres – de la promotion du don, à la
sensibilisation vers l’auto-exclusion, à l’entretien médical ou
infirmier, à la préparation des produits sanguins, à la qualification biologique, jusqu’à l’hémovigilance. Chacune de ces
étapes – de façon quelque peu variable selon les systèmes
transfusionnels – est réalisée de façon satisfaisante dans les
pays industrialisés et en particulier en Europe pour la plupart
des risques infectieux, mais plusieurs auteurs s’accordent à
identifier des failles dans ces systèmes pour les parasites,
bien que l’appréciation de l’ampleur de ces failles soit
variable [44-46]. En effet, la sous-estimation de risques
parasitaires spécifiques, comme ceux liés à T. cruzi par
exemple, peut entraîner un défaut de prévention ciblée sur
certains parasites, ignorés ou mal évalués par rapport à leur
immunogénicité. La déleucocytation systématique a permis
un degré de sécurisation supplémentaire pour quelques parasites transfusionnels (le toxoplasme en est le meilleur exemple) mais cette déleucocytation n’a pas d’efficacité sur la
transmission des hématozoaires intra-érythrocytaires (notamment plasmodies, babésies...).
Du point de vue de la réduction du risque parasitaire transfusionnel – qui n’est pas suffisamment sécurisé par les étapes
de promotion, de clinique, de préparation des produits et de
qualification biologique de ces produits –, il y a une véritable
urgence à développer les procédés de réduction de pathogènes pour l’ensemble des produits sanguins et en particulier
137
pour les concentrés globulaires, pour lesquels les difficultés
techniques sont nombreuses ; en effet, le risque palustre
demeure le plus prégnant (transmis par les globules rouges
eux-mêmes), et il est difficile d’espérer le voir se réduire dans
une époque de multiplication des échanges internationaux et
intercontinentaux, de multiplication de résistances des parasites et des vecteurs aux drogues et insecticides, et à l’extension
géographique des vecteurs avec le réchauffement de la
planète.
Conclusion
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Si la transmission transfusionnelle de certains parasites reste
un risque théorique, d’autres parasites nécessitent des mesures de prévention et éventuellement de diagnostic comme
pour le paludisme et, dans une moindre mesure, pour la
maladie de Chagas en Europe étant donné la gravité de la
transmission transfusionnelle. Ainsi les mesures de diagnostic
spécifiques qui complètent les questionnaires médicaux sur
les voyages et les pays de séjours prolongés ou de naissances ciblées sur le risque de paludisme transfusionnel ne
doivent pas occulter les risques liés aux autres parasitoses,
notamment la maladie de Chagas largement répandue mais
aussi les leishmanioses et dans une moindre mesure les
babésioses.
Il importe de ne pas les méconnaître devant des tableaux de
manifestations post-transfusionnelles bâtards : au premier
chef, il faudrait penser au diagnostic différentiel de paludisme devant une fièvre prolongée survenant quelques jours
après un épisode transfusionnel. Les babésioses, plus rarement, peuvent aussi présenter un tableau clinique trompeur
comparable puisqu’il y a hémolyse. Ces manifestations
seront d’autant plus graves que les patients transfusés sont
plus immunodéprimés, plus âgés, que la parasitémie est
élevée, et le diagnostic retardé. Il faut garder à l’esprit que
ces parasitoses, loin d’être maîtrisées, s’étendent du fait des
voyages, des déplacements forcés et massifs de populations
non immunisées vers des zones où sévissent les vecteurs, des
migrations des populations pauvres vers les pays développés, et des modifications des comportements touristiques.
Ceci impose la vigilance vis-à-vis du donneur avec discernement, mais aussi vis-à-vis des épisodes post-transfusionnels
retardés que pourrait présenter un patient transfusé. Il
demeure que la mise en place de la déleucocytation (leucoréduction) systématique des produits sanguins a contribué à
réduire ces risques pour les parasitoses intraleucocytaires
dont la phase libre est fugace. Seules les techniques d’inactivation des micro-organismes permettront de sécuriser les
produits sanguins vis-à-vis des risques liés aux parasitoses
intra-érythrocytaires [47, 48]. ■
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Hématologie, vol. 12, n° 2, mars-avril 2006
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