LES THÉORIES DE LA MONDIALISATION CULTURELLE : DES

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Tristan Mattelart
Institutfrançais de presse (IFP), Université Paris II
LES THÉORIES DE LA MONDIALISATION
CULTURELLE :
DES THÉORIES DE LA DIVERSITÉ
L'avènement, depuis la fin des années 1980, des
théories de la mondialisation culturelle s'est traduit par
une transformation en profondeur des manières de penser les enjeux de l'internationalisation des médias. Avec
ces théories, l'économie politique critique de la communication - qui a, dès la fin des années 1960, joué un rôle
pionnier dans la réflexion sur ces enjeux - a de fait été
supplantée par des disciplines qui ne s'étaient, jusqu'à la
seconde moitié des années 1980, jamais interrogées sur
les défis posés par l'ubiquité des médias.
Nées d'une convergence, dans le champ académique anglo-saxon, entre certains tenants des Cultural
Studies, de l'anthropologie et de la sociologie, ces théories de la mondialisation culturelle proposent un nouveau modèle pour appréhender les conséquences de
l'internationalisation des médias - un modèle qui a
déconstruit les perspectives élaborées par l'économie
politique et leur a substitué des visions radicalement
différentes.
L'objectif de cet article est, en s'appuyant sur
quelques-uns des principaux textes leur ayant donné
naissance, de revenir de façon critique sur la genèse
HERMÈS n, 2008
de ces théories de la mondialisation culturelle, sans,
bien entendu, prétendre à l'exhaustivité, et de souligner les ruptures décisives qu'elles ont pu entraîner
dans la compréhension de l'internationalisation des
médias.
Une économie globale «flexible»
Les théories de la mondialisation culturelle vont
d'abord marquer une rupture majeure par le nouveau
regard qu'elles portent sur le système capitaliste mondial et, partant, sur le système transnational des
médias. À partir de la fin des années 1980, ce système
transnational, loin d'être présenté, comme il peut
l'être encore au début de cette décennie dans les travaux de l'économie politique critique, comme véhiculant des logiques d'uniformisation culturelle, va en
effet être de plus en plus représenté comme engendrant de la diversité culturelle, même si c'est sous
l'enseigne de la marchandisation.
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Tristan Mattelart
À l'origine de cette rupture, il y a un ouvrage publié
en 1989 par le géographe britannique David Harvey,
The Condition of Postmodernity. L'hypothèse centrale
que formule l'auteur est que les mutations que connaît
le système capitaliste mondial depuis le choc pétrolier
de 1973 ont eu d'importantes répercussions sur la
condition culturelle contemporaine (Harvey, 1989).
Au régime d'accumulation « fordiste », multinational, marqué par une production et une consommation
de masse, succède, avance-t-il, un régime d'accumulation « flexible », plus global. Le système de production
de ce régime d'accumulation flexible étant caractérisé
comme davantage générateur d'innovations, comme
capable d'épouser la segmentation des marchés ou les
attentes spécifiques des consommateurs et de répondre
au caractère plus éphémère des modes.
Or, explique David Harvey, à chaque ordre capitaliste déterminé correspond un ordre politique et social
particulier qui est, aussi, un ordre culturel particulier.
Au sein du capitalisme fordiste s'était développé un
ordre culturel « standardisé », largement commercialisé, qui avait pour mission, à travers les médias et la
publicité, d'assurer la correspondance entre production
et consommation de masse. Le régime d'accumulation
flexible requiert, lui, sous l'effet de l'obsolescence croissante des modes et de la nécessité de toucher des segments de marché toujours plus précis, un ordre culturel
où soient, plus que jamais, mobilisés « tous les artifices
de la création des besoins » de consommer (Harvey,
1989, p. 156).
Le nouvel ordre culturel en temps d'accumulation
flexible n'est néanmoins plus considéré comme produisant de la « standardisation » culturelle. Ne s'efforcet-il pas de coller aux attentes de plus en plus spécifiques
des consommateurs, en mutation permanente ? Il est
ainsi appréhendé comme générant, au contraire, cet
univers de diversité et de fragmentation culturelle qui
caractériserait la condition postmoderne. « L'esthétique
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relativement stable du modernisme fordiste a cédé la
place aux vertus effervescentes, instables et fugitives
d'une esthétique postmoderne qui célèbre la différence,
l'éphémère, le spectacle, la mode et la marchandisation
des formes culturelles. » (Harvey, 1989, p. 156).
L'ouvrage de David Harvey, par l'écho qu'il va rencontrer au sein du monde académique anglo-saxon, va
constituer l'un des socles à partir desquels vont fleurir
les analyses sur les conséquences culturelles de la
mondialisation.
Les thèses du géographe vont notamment nourrir
la pensée de Stuart Hall, figure majeure des Cultural
Studies britanniques, invitant celui-ci à penser la
mondialisation comme un processus « contradictoire »,
où coexistent tendances à l'homogénéisation et à
l'hétérogénéisation.
Considérant le caractère flexible du nouveau
régime d'accumulation cerné par David Harvey comme
consubstantiel aux « processus de mondialisation » et
aux « nouveaux marchés globaux » qu'ils ont vu émerger, Stuart Hall montre comment ces processus obligent à revisiter la nature du système capitaliste et, en
conséquence, celle de la culture de masse qui l'irrigue.
Bien sûr, argumente-t-il dans plusieurs articles du
début des années 1990, la culture de masse globale est
porteuse « d'homogénéisation des formes de représentation culturelles », dominée qu'elle est par les technologies, les capitaux, les agents et l'imaginaire des
sociétés occidentales. Mais, dans le contexte du capitalisme « post-fordiste », « l'homogénéisation n'est jamais
absolue », tant le « pouvoir économique », aussi concentré soit-il, nécessite de vivre « culturellement au travers
de la différence », voire de « la prolifération de la différence », pour mieux toucher ses consommateurs (Hall,
1997a, p. 29-31).
Aux analyses de l'économie politique critique
s'inquiétant des menaces d'homogénéisation culturelle
que recèle le système transnational des médias, se
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Les théories de la mondialisation culturelle : des théories de la diversité
substituent de cette façon des analyses percevant celuici comme produisant, aussi, au moins pour une part, de
la diversité culturelle.
La déconstruction
de T« identité nationale »
Ce n'est pas seulement la nature du système capitaliste mondial qui est réexaminée à partir de la fin des
années 1980, mais également la nature de l'identité
nationale. Les recherches sur les dimensions culturelles de la mondialisation vont en effet prendre corps
dans un environnement intellectuel où sont de plus en
plus critiquées les notions d'identité et de culture
nationales, largement mobilisées, pendant les années
1970 et au début des années 1980, par l'économie
politique. À ces notions, condamnées pour leur essentialisme, seront bientôt préférées des conceptions de
l'identité et de la culture plus en phase avec les réalités
de la mondialisation.
Les notions d'identité nationale et de culture nationale, explique Stuart Hall au tout début des années
1990, ne doivent pas être considérées comme des données de base, mais comme des productions idéologiques
ayant pour vocation d'absorber les différences - qu'elles
soient de classe, de sexe, linguistiques, religieuses ou
régionales - qui composent la nation, afin de présenter
celle-ci comme « une entité homogène » (Hall, 1997a,
p. 22 et 25).
Les logiques de mondialisation mettent néanmoins
sous tension ces constructions idéologiques. L'interdépendance de « l'économie globale » ne fragilise-t-elle
pas « l'État-nation et les identités nationales qui lui sont
associées » ? Les croissants flux d'immigration ne
défient-ils pas le bon ordre de représentations identitaires nationales ethniquement homogènes ? L'avène-
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ment d'une «nouvelle forme de culture de masse
globale » ne fait-il pas éclater les carcans de la culture
dite nationale (Hall, 1997a, p. 25-27) ?
Les processus de mondialisation offrent ainsi, aux
yeux de Stuart Hall, un contexte favorable pour rompre
avec les « vieilles logiques de l'identité culturelle ». Il
est dorénavant nécessaire, presse-t-il, de penser les
identités culturelles comme « n'étant pas définies une
fois pour toutes, [...] comme étant toujours en formation [...], en construction », comme se redéfinissant en
permanence sous la pression, en particulier, d'apports
culturels extérieurs (Hall, 1997b, p. 42-44 et 47).
Cette transformation dans les façons de conceptualiser les identités culturelles va avoir de profondes répercussions sur les manières de comprendre les conséquences culturelles de la mondialisation et, partant, les
incidences de l'internationalisation des médias. Tant que
les cultures étaient conçues comme des entités homogènes, au haut degré de cohérence, les logiques d'internationalisation ou de mondialisation ne pouvaient être
perçues que comme ayant des influences profondément
déstructurantes. La culture étant désormais conçue
comme « en construction », lesfluxtransnationaux vont
être vus moins comme des périls pour les cultures locales
que comme des sources de recomposition pour celles-ci.
Les travaux de l'anthropologue suédois Ulf Hannerz
sont exemplaires de cette mutation dans les façons
d'appréhender les effets de l'internationalisation des
médias qui s'inscrit, plus ou moins explicitement, en
rupture avec les thèses de l'économie politique critique.
Ulf Hannerz s'en prend, en 1989, à « la vision alarmiste
de la menace d'une homogénéisation culturelle
globale » qui, à ses yeux, habite les écrits critiques des
années 1970 ou du début des années 1980 et y oppose
une optique résolument plus optimiste, parce que plus
confiante dans la capacité des cultures locales d'intégrer
les apports extérieurs. Même si, précise-t-il, les scénarios « alarmistes » ne peuvent, en raison de la réalité de
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T« asymétrie » des échanges, « être écartés d'emblée »
(Hannerz, 1989, p. 70-71).
Pour rendre compte des processus d'appropriation
culturelle que génèrent les interactions entre culture
transnationale et culture locale, Ulf Hannerz propose le
concept de « créolisation ». Il l'utilise pour suggérer
« que les cultures, comme les langues, peuvent être
intrinsèquement le produit de mélanges, et qu'elles ne
sont pas historiquement pures et homogènes ». À titre
d'exemple de ces processus de créolisation, l'anthropologue évoque les sitcoms réalisés au Nigeria, nés de la
rencontre entre un genre transnational et une culture
locale, donnant corps à une nouvelle forme culturelle
reflétant « la vie quotidienne locale », qui mobilise
davantage les téléspectateurs nigérians que les très
nombreuses « vieilles séries américaines » qui leur sont
également offertes (Hannerz, 1997, p. 120-124).
L'anthropologue indien vivant aux Etats-Unis,
Arjun Appadurai, préfère, lui, parler d'« indigénisation » pour décrire la façon dont les sociétés dites de la
« périphérie » retravaillent et s'approprient les flux
culturels « en provenance des différentes métropoles »
(Appadurai, 1990, p. 295).
Les flux transnationaux
comme « ressources culturelles »
Dans la continuité de ces travaux se penchant sur la
manière dont les flux transnationaux alimentent la
reconfiguration des cultures locales, vont se développer,
à partir du début des années 1990, des recherches
s'interrogeant sur la manière dont cesfluxnourrissent la
recomposition des identités individuelles.
L'un des principaux auteurs à articuler les processus de mondialisation au devenir des identités individuelles est le sociologue britannique Anthony Giddens.
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L'idée maîtresse du livre qu'il publie en 1991, Modernity
and Self-ldentity, est que, sous l'effet des logiques de
« délocalisation » de la mondialisation, l'individu
devient, de plus en plus, un individu « réflexif », capable
de composer sa propre identité à partir de l'horizon
expérientiel élargi auquel il a dorénavant accès. « Dans
l'univers social post-traditionnel, [...] dans lequel le
réagencement du temps et de l'espace réaligne le local
avec le global, le moi \_self\ connaît des changements
majeurs, écrit le sociologue. [...] L'une des composantes de l'activité quotidienne du moi est simplement
celle du choix. » Si, à l'ère pré-moderne, « les individus
vivaient dans des environnements sociaux plutôt
fermés » où l'existence était ordonnée autour « d'un
nombre prédéfini de voies », la mondialisation, par
l'ouverture qu'elle offre sur 1'« ailleurs », soumet les
individus, explique-t-il, à une « diversité complexe de
choix» (Giddens, 1991, p. 32 et 80, souligné par
l'auteur).
Les médias sont des agents centraux de ce « pluralisme de choix » : « La mondialisation des médias permet, en principe, à tous ceux qui sont désireux de glaner
les informations appropriées, d'avoir accès à un nombre
très varié d'environnements » à partir desquels seront
définies et redéfinies les identités individuelles. « Bien
que chacun vive une vie locale, les mondes phénoménaux sont pour la plupart véritablement globaux »
(Giddens, 1991, p. 84 et 187).
L'élargissement de l'horizon expérientiel de l'individu est largement le produit de la circulation démultipliée des biens de consommation et des médias dans le
cadre du système capitaliste global. Anthony Giddens le
reconnaît : la « pluralité de choix » qu'il met en lumière
« résulte, dans une large mesure, de la logique marchande ». Loin d'être considérée comme porteuse de
menaces de standardisation culturelle, cette logique
marchande est ici vue comme alimentant la diversité des
expressions identitaires. « Un système de marché,
HERMÈS n, 2008
Les théories de la mondialisation culturelle : des théories de la diversité
presque par définition, génère une variété de choix dans
la consommation des biens et des services » (Giddens,
1991, p. 199).
L'argument de l'accroissement des choix culturels en temps de mondialisation est également au
cœur de l'ouvrage du sociologue britannique John
Tomlinson, Globalization and Culture, paru en 1999,
qui s'inscrit dans la continuité des thèses d'Anthony
Giddens. Prenant explicitement le contre-pied des
analyses de l'économie politique critique, John
Tomlinson cerne la façon dont « les médias globaux
et les technologies de la communication » enrichissent
« l'expérience culturelle » de leurs consommateurs.
L'ubiquité des médias, avance-t-il, constitue une
« ressource culturelle » pour les individus qui étend
leur univers expérientiel, nourrissant « une conscience
culturelle qui est, à bien des égards, "globale" »
(Tomlinson, 1999, p. 2 et 30).
Depuis la plus grande diversité culturelle
qu'engendre le régime d'accumulation flexible jusqu'à
la plus grande variété des choix culturels qu'expérimentent les individus grâce aux médias, la croissante
hétérogénéisation culturelle du monde est, on le voit,
l'un des grands éléments fédérant les travaux sur la
mondialisation culturelle.
On mesure ici le chemin parcouru par ces analyses
sur les conséquences culturelles de la mondialisation et
la distance qui les sépare de celles qui sont produites
par l'économie politique critique. Celle-ci privilégie
l'étude du système transnational, largement commercial, des médias, se penchant sur les stratégies de ses
principaux acteurs, documentant les réalités de
l'échange inégal, soulignant les logiques hégémoniques,
s'inquiétant de la menace que ces logiques constituent
pour les cultures particulières. À cette optique, les écrits
sur la mondialisation culturelle répondent en insistant,
eux, sur les modes d'appropriation des flux culturels
transnationaux, sur la manière dont ils sont créolisés et
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sur la manière dont ils alimentent les reconfigurations
identitaires des individus.
Conclusion
L'apport des nouvelles approches impulsées par les
Cultural Studies, l'anthropologie ou la sociologie est
indéniable : elles invitent à appréhender l'hétérogénéité
de la production médiatique au sein du système
transnational ; elles invitent à utiliser avec plus de prudence des concepts - tels ceux d'identité ou de culture
nationales - qu'employait, parfois de façon acritique,
l'économie politique ; elles invitent à percevoir avec
plus de finesse la façon dont les cultures ou les individus
s'approprient les flux médiatiques transnationaux.
Force est cependant de constater que ces approches recèlent aussi d'importantes zones d'ombre. La
perspective offerte tend, en particulier, à n'étudier les
réalités de la mondialisation culturelle qu'à partir, précisément, des appropriations des flux transnationaux.
Le cadre global où se déroulent ces complexes appropriations est, lui, généralement occulté. Rares sont,
parmi les travaux considérés, ceux qui articulent leur
réflexion sur ces processus d'appropriation à une analyse un tant soit peu précise sur le système transnational
des médias, son architecture, ses acteurs, leurs interactions, lesfluxl'irriguant, les contenus véhiculés.
Mieux, alors que les médias sont au centre de
l'appareil théorique des auteurs évoqués, aucun ne
scrute de façon approfondie leur nature, leur insertion
dans un mode marchand de production et de consommation, les relations de domination les traversant, les
médiations à l'œuvre.
Le résultat, c'est, dans nombre de ces travaux, la
« perte de la raison critique » (Mattelart, 2007, p. 76).
Faute de prendre en compte le cadre global dans lequel
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Tristan Mattelart
circulent les flux médiatiques transnationaux et de
s'interroger sur leur nature, les écrits sur la mondialisation culturelle tendent à surestimer la capacité de ces
REFERENCES
flux à générer de la diversité culturelle tout en sousestimant la prégnance des logiques hégémoniques qui
les animent.
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