Conférence de presse d’Eric Palmer, Directeur de Cryozootech, lors de la présentation publique du cheval cloné Pieraz, le 12 avril 2006. Transparence La meilleure manière de persuader le public que les clones sont des animaux normaux c’est de les montrer. Vous verrez que ce cheval est plein de vie et de caractère, extrêmement vivace et en bonne santé. Clonage Actuellement, les chevaux sont clonés pour la reproduction. En génétique, un mâle est un animal qui va transmettre les gènes de son noyau. Or cloner, c’est juste prendre le noyau d’un animal, le transférer dans un autre, pour faire un animal qui portera exactement les mêmes gènes. Cet animal, même s’il a les mêmes gènes, il ne sera pas exactement le même performeur parce qu’il n’aura ni la même histoire, la même mère porteuse, la même alimentation, le même entraînement et par conséquent il n’aura pas exactement les mêmes performances. Seulement, une partie de la performance de l’animal est due à la génétique. Lorsque qu’un cheval a obtenu les meilleures performances au monde, nous sommes à peu près certain qu’il a des gènes de qualité supérieure. Et si cet animal est castré, c’est une perte pour l’élevage. Historique Le premier cheval cloné est né en 2003, en Italie. Il s’agissait d’une jument Haflinger d’expérience. Ce clonage a été réalisé par Césare Galli. C’est avec lui que nous avons produit Pieraz. La même année en 2003, il y a eu des mulets clonés aux Etats-Unis dans l’Idaho, réalisés par une autre société. Il s’agissait de faire plusieurs animaux identiques à partir d’un embryon. Pour le cheval Pieraz, nous avons reproduit la génétique d’un animal adulte. Le deuxième cheval cloné c’est Pieraz, celui qui est présenté aujourd’hui. Il est né en 2005. La même année est né également le cheval que l’on a appelé Paris-Texas. Nous l’avons produit aux Etats-Unis, en collaboration avec l’Université du Texas. Reproduction Paris-Texas est le clone de Quidam de Revel. Quidam n’est pas un hongre, mais un étalon. Il est malgré son age avancé ce que l’on a fait de mieux en génétique. Il est encore au top. Mais, sa fertilité va bientôt baisser, d’où son remplacement par son clone. Pour l’éleveur, par exemple de Quidam de Revel, il y a deux possibilités. Soit il a envie de prendre quelques risques et il essaie de produire mieux en choisissant un des descendants de ce cheval. Soit cet éleveur choisit la sécurité en utilisant le clone de Quidam de Revel. Sélection L’intention de la société cryozootech est de produire un petit nombre de chevaux particulièrement des étalons au sommet de la génétique dans toutes les disciplines et qui seront les meilleurs performeurs. Nous pouvons apporter un progrès à la génétique. Il apparaît clairement que nous avons un role utile particulièrement, dans les disciplines où il y a le plus de chevaux castrés. L’endurance arrive en première place, c’est pour ça que nous avons commencé par Pieraz. Ensuite il y a le dressage et nous nous apprêtons à faire le clone de Rusty qui a été 3 fois champion du monde. Nous espérions avoir le poulain cette année malheureusement la jument a avorté. Nous avons de nouveau une gestation, la naissance sera reportée à l’année prochaine. Pour les chevaux d’obstacle, nous sommes un peu dans une situation intermédiaire pour les grands performeurs, il y a à peu près 50% de chevaux castrés et 50% de chevaux entiers. Dans le domaine de la reproduction, la sélection directe est la plus efficace. Si vous utilisez à la place des performeurs, son frère par exemple, vous aurez une connaissance moins précise de ses gènes et si vous attendez de connaître un cheval sur sa descendance vous aurez un tel retard, un tel intervalle entre les générations dont vous ne pourrez pas avoir de progrès génétiques. Normalement, vous avez des intervalles entre les générations qui vont de 10 à 15 ans alors que si vous utilisez le performeur lui-même, l’écart entre les générations s’amoindrit... Technique Pour pratiquer cette technique du clonage, nous pratiquons une biopsie de 1 cm2, environ. Cette opération est sans aucune conséquence pour l’animal. Il peut aller courir un grand prix 15 jours plus tard. La seule contrainte est d’attendre quelques jours car nous lui faisons une anesthésie locale. Après avoir prélevé ses gènes, nous faisons des cultures cellulaires en laboratoire. Ces cultures ont pour but d’isoler une seule catégorie de cellules qui seront congelées par la suite. Pour le moment, nous savons congeler des cellules, mais pas les tissus. Nous constituons un stock de cellules qui sera utilisé pour le clonage. Vous voyez qu’on peut vraiment séparer les deux actions, celle de conserver de celle de cloner. D’ailleurs nous avons commencé à conserver des gènes avant de connaître la technique de clonage. Lorsque nous avions collecté des cellules de Pieraz, de Rusty ou de Quidam de Revel, nous étions sûrs que la technique allait bientôt arriver. Sauvegarde Le clonage peut être une technique de sauvegarde, pour les races de chevaux en danger. Nous avons commencé par stocker des cellules du baudet du Poitou, de mulassier. Nous proposons nos services de conservation des gènes. Pieraz Il a toutes les chances de devenir un étalon intéressant pour les personnes qui veulent produire des chevaux d’endurance. Pieraz est né le 25 février 2005 en Italie. Nous l’avons rapatrié dans notre élevage à l’age de 6 mois. Éthique Actuellement, les interdictions de clonage concernent essentiellement les animaux utilisés dans la chaîne alimentaire humaine. Les chevaux que nous produisons ne sont pas des chevaux destinés à la boucherie. Nous ne nous plaçons pas dans cette perspective. Il ne faut pas faire d’amalgame. Dans l’esprit des gens, il y a confusion entre clonage humain et clonage animal, OGM et clonage, mais quand on analyse les choses en tant que scientifique apparemment il n’y a pas de problème d’éthique. Stud-book Les chevaux doivent avoir des papiers. Il y a au moins une dizaine de stud-books en Europe qui élèvent des chevaux de sport et ces stud-books sont en concurrence. Les éleveurs utilisent un étalon d’un stud-book ou d’un autre. Nous avons effectué le tour de ces stud-books pour inscrire nos chevaux clonés. Pieraz et Paris-Texas ont reçu les papiers d’un stud-book belge. Les chevaux suivants recevront des papiers de ce stud-book ou d’autres, s’ils en manifestent l’intérêt. Start-up J’ai eu l’idée de cloner des chevaux lorsque j’ai entendu parler de la naissance de Dolly. J’aurais voulu le faire dans le cadre d’un programme de recherche, mais je n’ai pas pu. Alors, j’ai contacté Génopole à Ivry, organisme d’aide pour les nouvelles start-up et j’ai reçu son soutien. J’ai constitué Cryozootech en 2001 avec un certain nombre de partenaires. Cette société a une particularité assez rare, celle d’être constituée par une majorité de fonctionnaires, de chercheurs, de professeurs de l’école vétérinaire, de personnes du monde du cheval et des haras nationaux également. Ces personnes ont individuellement cru à cette histoire et ont investi dans la société. Cela a été la première étape pour constituer le capital suffisant pour créer une société anonyme. Dans un deuxième temps, Génopole nous a épaulé pour augmenter ce capital, et a doublé la mise. Récemment nous avons encore effectué une augmentation de capital. C’est le lot de toute jeune société qui rencontre le succès. Nous avons eu d’autres sources de financements, dont un prêt d’une société de biotechnologies qui s’occupe de tests sur la vache folle. J’avais travaillé avec eux, dans les années 90. Je leur avais donné quelques conseils qu’ils avaient trouvés judicieux, et en retour, cette société m’a aidé à financer Cryozootech en effectuant un prêt à long terme. Dans la création d’entreprise, il y a d’abord des dépenses avant d’avoir des productions. Nous avons mis un peu la charrue avant les bœufs, nous avons proposé aux personnes concernées d’acheter des parts de chevaux que nous produisons avant leur naissance. Nous avons eu un certain succès. Les chevaux E.T. et Calvaro dont nous attendons la naissance en 2006, ont eu chacun 40 parts de vendu à des propriétaires différents. Ceci nous permet de faire vivre la société, en attendant que les revenus principaux arrivent. Ces revenus seront basés sur nos étalons au sommet de la hiérarchie en génétique. Association Nous avons travaillé avec différents partenaires scientifiques. Le premier s’appelle Césare Galli en Italie. Il a produit le premier cheval avec nous. Puis nous avons travaillé avec l’université du Texas et nous avons collaboré actuellement, avec une société privée Viagène, car le clonage est devenu commercial. Nous nous sommes associés pour faire le clone d’Alvaro 5. Marché Nous avons avec Cryozootech, un rôle à jouer au niveau de la génétique, et en même temps, nous sommes une entreprise. Nous n’avons pas à décider à la place du marché. Le chef d’entreprise ne décide pas ce que doit être le marché, c’est le marché qui décide ce qu’il a envie d’avoir. Par conséquent si un acheteur décide de faire courir un jour Piaraz, nous n’avons pas l’intention de l’en empêcher. Notre idée de départ est de faire des clones de hongres comme reproducteurs. Nous sommes les maîtres d’œuvre de cette idée parce que les propriétaires de hongres en général ne sont pas éleveurs. Par contre lorsque des éleveurs et propriétaires sont intéressés par le clonage, ils ne veulent pas vendre les gènes de leur cheval. Ils veulent un clone pour l’exploiter eux-mêmes. C’est ce qu’a fait le propriétaire de Quidam de Revel. Pour un certain nombre de chevaux comme Quidam, nous produirons un clone pour le propriétaire. Ce clone poursuivra sa carrière de reproducteur ou de reproductrice, et éventuellement de performeur. Libre à eux d’en faire des performeurs ou des reproducteurs. Actuellement Pieraz n’est pas vendu peut-être allons-nous le garder comme étalon et peut-être deviendra-t’il le leader de la production de cheval d’endurance, puisqu’il a déjà montré sa valeur génétique ? Ses gènes ont été 2 fois champion du monde. Sélection Dans le milieu de l’endurance, le nombre de chevaux testés sur plusieurs générations est pratiquement nul car c’est une discipline jeune. La sélection était, il y a encore quelques années, une économie de cueillette. Les chevaux arabes sont très présents, mais il y a peu de chevaux où les performances sont connues sur plusieurs générations à part 2 ou 3 comme Persic. Je pense que j’aurais des clients si j’avais cloné ce cheval. Comme reproducteur, soit vous utilisez un nouvel étalon dont vous ne savez rien soit, vous avez un nouvel étalon dont vous savez qu’il est champion du monde. Moi, je vous propose d’utiliser celui dont vous savez que les gènes sont déjà champions du monde. Mais, il est clair que les éleveurs qui vont utiliser ce cheval cloné n’auront pas que des champions. Les rôles des éleveurs, des entraîneurs et des cavaliers gardent toutes leurs importances. Cryozootech leur propose un étalon de plus dont on peut certifier que la génétique est supérieure. Concurrence Concernant le clonage, il y en a deux ou trois sociétés qui commencent à se développer aux Etats-Unis. Les universités comme celle du Texas ont collaboré avec nous, tant que nous en étions au stade de la recherche. Mais la collaboration s’arrête dès que cela devient une activité commerciale. Par exemple, nous travaillons encore avec l’université du Texas pour E.T. et ensuite nous travaillerons avec la société Viagène. Il y existe une autre société Horse Cloning qui travaille sur le clonage en Californie. Cette équipe a produit des mules clonées. Je ne connais pas leur activité commerciale, mais ils doivent avoir une offre comparable à la nôtre. Coût Financièrement, aujourd’hui nous proposons de faire un clone pour 250 000 euros. Le prix est lié au taux de réussite technique et donc il y a toutes les chances dans les années qui viennent, que le prix baisse.