EXPERTISE NATURALISTE COMMUNE DE GRAVELINES ANNEE 2013 SOMMAIRE 2 PREAMBULE / P.4 L’ACCOMPAGNEMENT DU PROJET ENVIRONNEMENT DE LA COMMUNE DE GRAVELINES ................................................................................................................................ 5 LA COMMUNE DE GRAVELINES AU SEIN D’UN CONTEXTE PAYSAGER ET REGLEMENTAIRE ............................................................................................................................... 6 PARTIE 1 : VALEUR ECOLOGIQUE DE LA COMMUNE / P.10 LA FLORE ................................................................................................................................................................................................................................... 12 LES OISEAUX NICHEURS ................................................................................................................................................................................................................. 31 LES OISEAUX NON-NICHEURS (MIGRATEURS ET HIVERNANTS) ................................................................................................................................................................ 36 LES REPTILES ............................................................................................................................................................................................................................... 37 LES AMPHIBIENS .......................................................................................................................................................................................................................... 41 LES PAPILLONS DE JOUR (LEPIDOTPERES RHOPALOCERES) ..................................................................................................................................................................... 43 LES LIBELLULES ET DEMOISELLES (ODONATES) .................................................................................................................................................................................... 47 AUTRES DONNEES OPPORTUNISTES.................................................................................................................................................................................................. 50 PARTIE 2 : LES HABITATS NATURELS EN LIEN AVEC LE PROJET ARCH / P.52 LE PROJET ARCH – ASSESSING REGIONAL HABITAT CHANGE ............................................................................................................................................................... 53 LES RESULTATS SUR LA COMMUNE DE GRAVELINES ............................................................................................................................................................................. 56 PARTIE 3 : BILAN ET PERSPECTIVES / P.60 PARTIE 4 : PREMIERES PRECONISATIONS DE GESTION / AMENAGEMENTS ECOLOGIQUES / P.62 PARTIE 5 : ANNEXES / P.72 3 PREAMBULE 4 L’ACCOMPAGNEMENT DU PROJET ENVIRONNEMENT DE LA COMMUNE DE GRAVELINES Contexte général Depuis plusieurs années, le CPIE Flandre Maritime accompagne la commune de Gravelines dans la réflexion, la conception et la mise en œuvre de projets environnementaux. Cela se traduit depuis l’année 2013 par des actions intégrées dans une convention pluriannuelle d’objectifs couvrant la période 2013-2015. Plusieurs actions ont été réalisées en 2013, réparties en plusieurs objectifs complémentaires : - Objectif 1 : sensibilisation de tous les publics aux thématiques environnementales : o Visites guidées grand public de découverte de la biodiversité communale ; o Organisation de l’événement « 1,2,3, Environnement » à destination des accueils de loisirs ; o Accompagnement renforcé de la Maison de quartier de Petit-Fort-Philippe sur des sessions de sensibilisation au développement durable - Objectif 3 : formation des acteurs du territoire : o 2 journées de formation théorique et pratique sur le sol et la biodiversité à destination des responsables espaces verts ; o 1 journée de formation théorique et pratique sur la biodiversité à destination des guides de l’office de tourisme ; o 1 journée de formation théorique et pratique sur la biodiversité à destination des écogardes et des responsables du centre équestre. L’objectif 2 concerne la connaissance scientifique de la biodiversité de la commune. Ces éléments sont détaillés dans ce rapport. Visite guidée de découverte des amphibiens La communication, l’une des thématiques abordées lors des temps de formation 5 L’expertise écologique de la commune La Ville de Gravelines, de manière volontaire, a décidé de s’engager plus avant dans la prise en compte de la biodiversité dans son quotidien. L'objectif est de comprendre l’état de la biodiversité sur son territoire (quelles sont les espèces présentes ? Sont-elles rares, communes, protégées, patrimoniales ?), ses perspectives d’évolution (les espèces rares et/ou protégées sont-elles « fragilisées » ?) et les façons de la conserver et de la valoriser (quelles actions de gestion écologique ? quelle communication spécifique ?). Cette expertise est ainsi un véritable outil d’aide à la décision pour les élus et décideurs locaux. LA COMMUNE DE GRAVELINES AU SEIN D’UN CONTEXTE PAYSAGER ET REGLEMENTAIRE Contexte paysager La commune de Gravelines est située à la jonction entre deux grandes entités paysagères définies dans le cadre de l’Atlas des paysages de la région Nord-Pas de Calais (cf. DIREN, 2008) : la plaine maritime (ou Blootland – « Pays nu ») et les dunes de la Mer du Nord. Les deux sont compris dans les « Paysages du Bas-Pays ». L’une des cartes de l’Atlas des Paysages ©DIREN 6 Point de rencontre entre deux planes infinitudes, la plaine maritime et la mer du Nord, le cordon littoral le plus septentrionnal de France apparaît comme un axe de symétrie horizontal. Si les « limites littorales » de ce grand paysage sont géographiques à l’ouest, quand la dune cède le pas à la falaise, elles sont politiques au nord-est, puisque la frontière ne termine pas le cordon dunaire qui se prolonge en Belgique, sous une forme beaucoup plus urbaine. Quand aux limites terrestres au sud, c’est la distance jusqu’à laquelle l’influence directe de la mer se fait sentir qui le délimite : quelques kilomètres de sable (et d’air marin). Le cordon dunaire qui marque notre littoral extrême nord appartient aux archétypes des paysages nordiques, rencontrés ensuite en Belgique et aux Pays-Bas. Les soixante kilomètres de dunes ourlant la plaine des wateringues et les immenses plages de sable de ce littoral sont un espace symbolique majeur pour le Nord-Pas de Calais. La diversité spécifique de cet espace est fortement liée au voisinage étroit entre milieux naturels et espaces habités. Du fait de son originalité géomorphologique, paysagère, historique et bien entendu écologique, et malgré son apparente homogénéité, la Plaine maritime flamande représente une mosaïque d’habitats naturels, semi-naturels et artificiels. Cet ensemble poldérisé (soumis à un pompage et un drainage permanents) a malgré tout conservé une réelle valeur biologique, tant pour les paysages, les écosystèmes, la flore et la faune. A cet égard, elle représente certainement une des régions les plus caractéristiques des plaines du Nord de l’Europe et abrite encore malgré son exploitation agricole de plus en plus intensive, de nombreuses espèces animales et végétales rares et des habitats tout aussi remarquables, pour la plupart inféodés aux multiples réseaux aquatiques de drainage à ciel ouvert, aux nombreuses mares des huttes de chasse parsemant ces plaines basses inondables et aux vestiges de systèmes prairiaux et marécageux subsistant en divers secteurs de cette plaine maritime. La caractéristique topographique (plaine très basse et très plate) associée à l’omniprésence de l’eau constitue l’élément écologique le plus marquant, à l’origine de l’intérêt biologique actuel et passé de cet ensemble. Contextes naturel et réglementaire La commune de Gravelines est située au cœur d’espaces de nature très intéressants, dont certains sont classés réglementairement. Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) sont des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. Il en existe 2 types : - les ZNIEFF de type I : secteurs de grand intérêt biologique ou écologique ; - les ZNIEFF de type II : grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes. Les ZNIEFF sont aujourd’hui des éléments majeurs de la politique de protection de la nature, et doivent être prises en compte dans le cadre de projets d’aménagement du territoire (document d’urbanisme, création d’espaces protégés, élaboration de schémas départementaux de carrière…). Une partie de la commune de Gravelines est concernée par deux ZNIEFF de type I. Il s’agit du site « Dunes de Gravelines » (Code 310030011) et du site « Héronnière de Gravelines » (Code 310030014). En limite sud de la commune, une ZNIEFF de type II est présente. Il s’agit du site n°310014024 intitulé « Plaine maritime flamande entre Watten, Loon-Plage et Oye-Plage ». Pour plus de renseignements sur ces sites, voir sur la page de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN http://inpn.mnhn.fr). La commune de Gravelines est bordée d’autres espaces naturels d’intérêt : - à l’est, sur la commune de Loon-Plage, la ZNIEFF de type I n° 310007020 « Dune du Clipon » ; - à l’ouest, la Réserve naturelle nationale du Platier d’Oye (également classée en ZNIEFF de type I avec les plages du Fort-Vert sous le code 310007286) - au sud, la ZNIEFF de type I « Tourbière saumâtre de Poupremeete, canal de Bourbourg, marais David et prés Saint-Georges » – codifiée 310013738 7 Les possibilités de connexions entre ces espaces sont liées à la présence d’une trame verte et bleue assez développée à proximité, constituant un maillage écologique sur le territoire permettant aux espèces d’effectuer des déplacements vitaux et coloniser de nouveaux espaces. La trame verte correspond à l’ensemble des continuités écologiques terrestres, la trame bleue aux continuités aquatiques. Les deux trames sont constituées de deux éléments principaux : - les réservoirs de biodiversité (ou cœurs de nature) : ce sont des espaces où la biodiversité est la plus riche et où les espèces peuvent exercer l’ensemble de leur cycle de vie : alimentation, repos, reproduction… - les corridors écologiques (ou biologiques) : ce sont des voies de déplacement empruntées par la faune et la flore reliant les réservoirs de biodiversité. Ces liaisons fonctionnelles entre écosystèmes permettent la dispersion et la migration des espèces. Les corridors sont classés en trois types : o structures linéaires : haies, chemins et bords de chemins, ripisylves… o structures en « pas japonais » : ponctuation d’espaces-relais, mares, bosquets… o matrices paysagères : type de milieu paysager, artificialisé, agricole… La gestion des deux composantes de la trame verte et bleue doit permettre d’assurer aux espèces des conditions favorables à leur nutrition, reproduction et repos pour les réservoirs de biodiversité, et à leur dispersion et migration pour les corridors. La finalisation du travail d’expertise sur le territoire communal, à horizon fin 2015, mettra en avant ces notions de trames verte et bleue sur la commune et aux alentours. La cartographie présentée en page 9 reprend visuellement les éléments de contextes naturels et réglementaires décrits ci-dessus. 8 9 PARTIE 1 : VALEUR ECOLOGIQUE DE LA COMMUNE 10 La valeur écologique de la commune de Gravelines sera étudiée à partie de plusieurs composantes : - Les inventaires de terrain réalisés par le CPIE Flandre Maritime ; - La consultation de données historiques issues de la bibliographie ; - Les données issues de communications orales indépendamment de toute étude spécifique – par exemple les données recueillies lors de visites guidées grand public ou celles issues de projets de sciences participatives et citoyennes comme l’opération « Un Dragon ! Dans mon jardin ? » ; - Les données issues d’inventaires spécifiques récents réalisés par les partenaires techniques du CPIE Flandre Maritime, notamment la section Flandre Maritime du Groupe Ornithologique et Naturaliste du Nord-Pas-de-Calais concernant les données ornithologiques. Ce travail partenarial a pour objet de présenter à la Ville de Gravelines les espèces animales et végétales présentes sur le territoire communal. Ces données sont analysées quantitativement et qualitativement. Une mise en avant des espèces les plus intéressantes (espèces protégées, patrimoniales, rares, emblématiques… mais aussi les espèces exotiques envahissantes) permet d’aiguiller les opérations de gestion et/ou d’aménagements spécifiques à réaliser sur la commune. Bien entendu, tous les éléments contenus dans cette étude sont vrais à un instant T et sur un territoire donné : pour l’année 2013, ils permettent d’avoir une vision objective de l’état de la biodiversité dans le centre-ville de Gravelines. Les prospections se poursuivront en 2014 et 2015 sur le reste du territoire communal. L’objectif est que la commune s’approprie les documents issus de cette étude, afin de conserver la biodiversité existante, mais également la protéger et la valoriser, avec pour but que les listes d’espèces inventoriées se gonflent année après année de nouvelles espèces intéressantes. En 2013, le territoire inventorié est le suivant : 11 LA FLORE Présentation générale La flore vasculaire sauvage (fougères, prêles, lycopodes, conifères, dicotylédones et monocotylédones) de la région Nord-Pas de Calais compte un peu plus de 1100 espèces (environ 4800 en France). Cette relative pauvreté (notamment en regard des flores méditerranéennes ou alpines) est comparable à celle des régions de plaines voisines et plus généralement à celle des pays voisins (Belgique, Pays-Bas). Elle est le fruit de la longue histoire du climat de cette partie de l’Europe où, pendant les glaciations du Quaternaire, une grande partie de la flore a été éliminée. Mais la flore régionale n’en est pas moins originale. Les différents milieux de vie présents permettent à une flore spécifique de se développer. Pour le contexte local, les dunes hébergent des espèces aquatiques et amphibies rares en France dans les dépressions oligotrophes humides alimentées par les eaux pluviales. Comme dans toutes les régions du monde et particulièrement là où la pression démographique est importante, la flore subit d’importantes régressions. Les causes sont bien connues, et correspondent la plupart du temps à des modifications écologiques fortes affectant leur habitat : - destruction et/ou fragmentation des milieux de vie ; - pollutions diverses, eutrophisation ; - utilisation généralisée des produits phytosanitaires ; - drainages extensifs ; - sur-fréquentation des espaces naturels ; - cueillette et arrachage ; - concurrence avec les espèces invasives… Face à cette érosion du patrimoine végétal sauvage, des mesures réglementaires ont été prises. La législation en matière de protection de la flore s’appuie essentiellement sur la loi du 10 juillet 1976 (« Loi de protection de la nature ») et la réglementation issue des arrêtés successifs parus au Journal Officiel. Citons notamment : - l’arrêté du 20 janvier 1982 (JO du 13 mai 1982) modifié par l’arrêté du 31 août 1995 (JO du 17 octobre 1995), qui dresse la liste des 434 espèces végétales protégées sur l’ensemble du territoire national ; - l’arrêté du 1er avril 1991 (JO du 17 mai 1991), qui fixe la liste des espèces végétales protégées en région Nord-Pas de Calais, complétant la liste national. L’arrêté du 1er avril 1991 concerne la protection de 149 espèces et 5 sous-espèces. La réglementation vise dans son objet à « prévenir la disparition d’espèces végétales menacées et permettre la conservation des biotopes correspondants ». Elle interdit notamment « la destruction, la coupe, la mutilation, l’arrachage, la cueillette ou l’enlèvement, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente, l’achat de tout ou partie des spécimens sauvages des espèces citées à l’annexe I » et réglemente « le ramassage ou la récolte, l’utilisation, le transport, la cessions à titre gratuit ou onéreux » de celles citées à l’annexe II. Contrairement à une confusion fréquente, la protection des espèces végétales par l’annexe I de l’arrêté de 1982 (les espèces « protégées en France ») et par les arrêtés fixant les listes d’espèces protégées dans les différentes régions françaises (1991 pour le Nord-Pas de Calais) a la même portée juridique. Seuls les territoires d’application changent. 12 Protocoles utilisés Le protocole d’inventaire de la flore à suivre est fourni par le Conservatoire Botanique National de Bailleul (CBNBl). L’objectif est d’obtenir une image la plus représentative possible (tendant vers l’exhaustivité) de la composition floristique de la commune considérée. Dans ce but, l’échantillonnage a été orienté selon les unités topographiques et paysagères, et par grands types de milieux ou de végétation. Afin de constituer une référence précise et utilisable quel que soit le format de restitution, les données floristiques de base collectées sur le terrain, l’ont été sur des unités géographiques les plus fines possibles. Chaque parcours de prospection n’a pas excédé quelques centaines de mètres de linéaires, inclus dans sa totalité sur une seule maille UTM (1 × 1 km) – question de protocole ne se posant pas sur le centre-ville de Gravelines. De plus, afin de constituer une base de données écologiques, les relevés ont été effectués sur des unités écologiques homogènes. Le plan d’échantillonnage a pris en compte les périodes optimales d’observation. Plusieurs passages ont été réalisés pour documenter, en plus de l’optimum (mai-juillet), la flore vernale (avril à début mai) et les taxons tardifs (août-septembre). Le bordereau de terrain (forme papier) du CBNBl a été utilisé, 1 exemplaire étant complété par milieu et/ou date de passage. Toutes les plantes ont été identifiées à vue, au besoin à l’aide d’une loupe botanique, en utilisant comme référence la 5ème édition de la Nouvelle Flore de la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines (LAMBINON et al., 2004) et la dernière version de l’Inventaire de la flore vasculaire du Nord-Pas de Calais (Ptéridophytes et Spermatophytes) : rareté, protections, menaces et statuts (TOUSSAINT, 2005). Comme pour tout inventaire, certaines informations sont indispensables à la bonne prise en compte de la donnée : - date ou période d’inventaire ; - observateur(s) ; - lieu d’observation ; - liste des taxons observés. Un suivi particulier a été réalisé (avec parfois géolocalisation) sur les espèces d’intérêt patrimonial, singulièrement les plus rares (R, RR, E) et menacées (VU, EN, CR), les espèces protégées, ainsi que les espèces exotiques envahissantes. Inventaire des pelouses communales Afin d’avoir la liste la plus exhaustive possible, des contacts ont été pris avec les nombreux naturalistes botanistes arpentant la commune de Bergues (à des fins professionnelles ou personnelles), pour que leurs données puissent être versées à l’inventaire général. Ces demandes ont toujours reçu un accueil favorable. De plus, le CBNBl a procédé à un export de sa base de données DIGITALE pour fournir les données d’ores et déjà encodées sur le territoire communal. 13 Résultats des inventaires En plus des classiques colonnes « nom scientifique » et « nom vernaculaire », le tableau p.16 en présente d’autres donnant plus de signification à l’inventaire. « STATUTS » : il s’agit de présenter les statuts d’indigénat ou d’introduction des plantes. Par exemple, le code « I » indique que la plante est « Indigène », c’est-à-dire ayant colonisé le territoire pris en compte par des moyens naturels ou bien à la faveur de facteurs anthropiques, mais, dans ce dernier cas, présente avant 1500 après JC. A l’opposé, le code « C » est synonyme d’une plante faisant l’objet d’une culture intentionnelle dans les espaces naturels, semi-naturels ou artificiels (champs, jardins, parcs…). Ces éléments peuvent être schématisés comme suit : Les plantes les plus intéressantes pour notre territoire sont les « indigènes », l’intérêt décroissant à mesure qu’on se rapproche des « cultivées ». 14 « RARETE » : ce code désigne l’indice de rareté de la plante au niveau régional, indice basé sur un coefficient : la région Nord-Pas-de-Calais est divisée en 885 « mailles » de 4 x 4km, la rareté est calculée selon un rapport entre le nombre de mailles où l’espèce est présente et le nombre total de maille. Par exemple, une plante exceptionnelle (notée « E ») se rencontrera dans 1 à 4 mailles régionales. A l’inverse, une espèce très commune (« CC ») va être observée dans plus de 562 mailles. Les divers statuts de rareté rencontrés sont : - E : exceptionnel ; - RR : très rare ; - R : rare ; - AR : assez rare ; - PC : peu commun ; - AC : assez commun ; - C : commun ; - CC : très commun. La Pulicaire dysentérique, une espèce « Commune » en Nord-Pas-de-Calais « LEGISL. » (= Législation) : - R1 = Protection régionale. Taxon protégé dans la région Nord/Pas-de-Calais au titre de l’arrêté du 1er avril 1991. La lettre « p » en plus du symbole signifie que le statut concerne partiellement le taxon (le statut se situant à un rang inférieur), exemple : R1p = taxon concerné partiellement par l’arrêté du 1er Avril 1991 ; - C = taxon inscrit dans l’arrêté du 5 octobre 1992 (Journal officiel du 26 octobre 1992) relatif à la liste des espèces végétales sauvages pouvant faire l’objet d’une réglementation préfectorale permanente ou temporaire. La lettre « p » en plus du symbole signifie que le statut concerne partiellement le taxon. - A2<>6 = Annexe II du Règlement C.E.E. n°3626/82 du Conseil du 3 décembre 1982 relatif à l'application dans la communauté de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction « PATR. » : sont considérés comme d’intérêt patrimonial en Nord-Pas-de-Calais : - les taxons bénéficiant d’une PROTECTION légale au niveau international (annexes II et IV de la Directive Habitat, Convention de Berne), national (liste révisée au 1er janvier 1999) ou régional (arrêté du 1er avril 1991), ainsi que les taxons bénéficiant d’un arrêté préfectoral de réglementation de la cueillette. Ne sont pas concernés les taxons dont le statut d’indigénat est C (cultivé), S (subspontané) ou A (adventice) ; - les taxons déterminants de ZNIEFF (liste régionale élaborée en 2005 – voir colonne 13) ; - les taxons dont l’indice de MENACE est égal à NT (quasi menacé), VU (vulnérable), EN (en danger), CR (en danger critique) ou CR* (présumé disparu au niveau régional) dans le Nord-Pas de Calais ou à une échelle géographique supérieure ; - les taxons LC ou DD dont l’indice de RARETÉ est égal à R (rare), RR (très rare), E (exceptionnel), RR? (présumé très Rare) ou E? (présumé exceptionnel) pour l’ensemble des populations de statuts I et I ? du Nord-Pas de Calais. La codification utilisée dans cette colonne est la suivante : - oui : taxon répondant strictement à au moins un des critères de sélection énumérés ci-dessus - (oui) : taxon éligible au regard des critères énumérés ci-dessus mais disparu ou présumé disparu (indice de rareté = D ou D ?) - # : lié à un statut E (cité par erreur), E? (douteux) ou ?? (hypothétique) - pp : « pro parte » : taxon dont seule une partie des infrataxons est d’intérêt patrimonial - non : taxon présent dans le territoire concerné mais dépourvu d’intérêt patrimonial selon les critères de sélection énoncés ci-dessus 15 « DET. ZNIEFF » : il s’agit des taxons déterminant de ZNIEFF dans la région Nord-Pas de Calais, sur la base de la liste élaborée en 2005 par le Conservatoire botanique national de Bailleul dans le cadre du programme régional d’actualisation de l’inventaire ZNIEFF. Outre les indices de rareté et de menace et les statuts de protection, les notions de limite d’aire et de représentativité des populations à une échelle suprarégionale ont été prises en compte pour l’élaboration de cette liste. Les codes utilisés dans cette colonne sont : - oui : taxon inscrit sur la liste des plantes déterminantes de ZNIEFF en région Nord-Pas de Calais - [oui] : taxon inscrit sur la liste des plantes déterminantes de ZNIEFF en région Nord-Pas de Calais mais cités par erreur (statut = E), douteux (statut = E ?), hypothétiques (statut = ??) ou uniquement cultivé (statut = C) - non : taxon non inscrit sur la liste des plantes déterminantes de ZNIEFF en région Nord-Pas de Calais - pp : « pro parte » : taxon dont seule une partie des infrataxons est déterminante de ZNIEFF en région Nord-Pas de Calais « EEE » (= Espèces exotiques envahissantes ») : Le terme de « plantes invasives » s’applique à des plantes naturalisées (N ou Z) induisant par leur prolifération dans les milieux naturels ou semi-naturels des changements significatifs de composition, de structure ou de fonctionnement des écosystèmes. Des impacts d’ordre économique (gêne pour la navigation, la pêche, les loisirs) ou sanitaire (toxicité, réactions allergiques...) viennent fréquemment s’ajouter à ces nuisances écologiques. - A : taxon à caractère invasif avéré, relatif à des taxons naturalisés (N ou Z) et manifestement en extension dans la région ; - P : taxon à caractère invasif potentiel, relatif à des taxons naturalisés très localement (N) ou parfois simplement subspontanés (S) ou adventices (A), voire actuellement seulement cultivés. Compte tenu des informations relatives à d’autres territoires géographiques, ces taxons risquent à court ou moyen terme de passer dans la catégorie A « taxon à caractère invasif avéré ». Pour plus d’informations sur la signification des colonnes et codes, se reporter à la dernière version de l’Inventaire de la flore vasculaire du Nord-Pas de Calais (TOUSSAINT, 2005). Le tableau suivant présente les espèces floristiques rencontrées à Gravelines sur le territoire d’étude prévu en 2013. Myosotis des champs Primevère officinale (ou « Coucou ») 16 NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE STATUTS RARETE PATR. DET. ZNIEFF Non Non pp pp CC Non Non I(C) CC Non Non Allium vineale L. I AC Non Non Alliaire officinale [Alliaire] Alliaria petiolata (Bieb.) Cavara et Grande I C Non Non Angélique sauvage (var.) Angelica sylvestris L. var. sylvestris I C Non Non Anthrisque sauvage [Persil d'âne] Anthriscus sylvestris (L.) Hoffmann I CC Non Non Apère jouet-du-vent [Jouet du vent] Apera spica-venti (L.) Beauv. I C Non Non Arabidopside de Thalius Arabidopsis thaliana (L.) Heynh. I C Non Non Argousier faux-nerprun (s.l.) Hippophae rhamnoides L. I(C) PC Oui Oui Armoise commune [Herbe à cent goûts] Artemisia vulgaris L. I CC Non Non Arroche étalée Atriplex patula L. I CC Non Non Arroche hastée (s.l.) Atriplex prostrata Boucher ex DC. I C Non Non Asperge officinale (s.l.) Asparagus officinalis L. Z(ISC) AR{D,AR,?} (pp) Non Ache nodiflore Apium nodiflorum (L.) Lag. I C Ache odorante [Céleri] Apium graveolens L. I(SC) R{RR,E} Achillée millefeuille Achillea millefolium I(C) Agrostide stolonifère Agrostis stolonifera L. Ail des vignes LEGISL. R1p Cp Aster maritime Aster tripolium L. I R Oui Oui Aubépine à un style Crataegus monogyna Jacq. I(NC) CC Non Non Aulne glutineux Alnus glutinosa (L.) Gaertn. I(NSC) CC Non Non Ballote noire (s.l.) Ballota nigra L. I(A) C{C,E} Non Non Bardane à petits capitules (s.l.) [Petite bardane] Arctium minus (Hill) Bernh. I CC Non Non Berce commune [Branc-ursine] Heracleum sphondylium L. I CC pp Non Bouleau verruqueux Betula pendula Roth I(NC) C Non Non Brome mou (s.l.) Bromus hordeaceus L. I CC pp pp Brome stérile Bromus sterilis L. I CC Non Non Bryone dioïque [Bryone] Bryonia dioica Jacq. I CC Non Non Buddléie de David [Arbre aux papillons] Buddleja davidii Franch. Z(SC) C Non Non Buglosse des champs [Lycopside] Anchusa arvensis (L.) Bieb. I PC Non Non Callitriche à angles obtus Callitriche obtusangula Le Gall I AC Non Non Callitriche à fruits plats Callitriche platycarpa Kütz. I AC Non Non Campanule carillon [Violette de Marie] Campanula medium L. C(S) E Non Non Capselle bourse-à-pasteur [Bourse-à-pasteur] Capsella bursa-pastoris (L.) Med. I CC Non Non EEE A 17 PATR. DET. ZNIEFF Cardamine des prés (s.l.) NOM VERNACULAIRE Cardamine pratensis L. NOM SCIENTIFIQUE I STATUTS C RARETE LEGISL. pp pp Cardamine hérissée Cardamine hirsuta L. I CC Non Non Cardère sauvage [Cabaret des oiseaux] Dipsacus fullonum L. I C Non Non Carotte commune (s.l.) Daucus carota L. I(SC) CC pp pp Catapode marine Catapodium marinum (L.) C.E. Hubbard I R Oui Oui Catapode rigide Catapodium rigidum (L.) C.E. Hubbard I AC Non Non Centaurée jacée (s.l.) Centaurea jacea L. I(C) CC Non Non Centaurée noire Centaurea jacea L. subsp. nigra (L.) Bonnier et Layens I AC Non Non Centranthe rouge Centranthus ruber (L.) DC. Z(SC) AR Oui Oui Céraiste aggloméré Cerastium glomeratum Thuill. I CC Non Non Céraiste commun (var.) Cerastium fontanum Baumg. subsp. vulgare (Hartm.) Céraiste scarieux Cerastium semidecandrum L. I AC Non Non Chardon crépu (s.l.) Carduus crispus L. I C Non Non Chêne pédonculé Quercus robur L. I(NC) CC Non Non Chénopode à feuilles de figuier Chenopodium ficifolium Smith I C Non Non Chénopode blanc (s.l.) Chenopodium album L. I CC Non Non Chèvrefeuille des bois (var.) Lonicera periclymenum L. var. periclymenum I C Non Non Cirse commun Cirsium vulgare (Savi) Ten. I CC Non Non Cirse des champs Cirsium arvense (L.) Scop. I CC Non Non Clématite des haies [Herbe aux gueux] Clematis vitalba L. I C Non Non Cochléaire officinale Cochlearia officinalis L. I E Oui Oui Consoude officinale [Grande consoude] Symphytum officinale L. subsp. officinale I CC Non Non Conyze du Canada Conyza canadensis (L.) Cronq. Z CC Non Non Cornifle nageant Ceratophyllum demersum L. I AC Non Non Crépide à feuilles de pissenlit Crepis polymorpha Pourr. I AC Non Non Crépide capillaire Crepis capillaris (L.) Wallr. I CC Non Non Cymbalaire des murs (s.l.) [Ruine de Rome] Cymbalaria muralis P. Gaertn., B. Mey. et Scherb. Z C Non Non Dactyle aggloméré Dactylis glomerata L. I(NC) CC Non Non Daphné lauréole [Laurier des bois] Daphne laureola L. I(SC) AR Oui Oui Diplotaxe à feuilles ténues Diplotaxis tenuifolia (L.) DC. I C Non Non Doradille polytric (s.l.) [Fausse capillaire] Asplenium trichomanes L. I AC Non Non R1 18 EEE PATR. DET. ZNIEFF Doradille rue-de-muraille [Rue de muraille] NOM VERNACULAIRE Asplenium ruta-muraria L. NOM SCIENTIFIQUE I STATUTS CC RARETE LEGISL. Non Non Dryoptéride dilatée Dryopteris dilatata (Hoffmann) A. Gray I C Non Non Dryoptéride fougère-mâle [Fougère mâle] Dryopteris filix-mas (L.) Schott I CC Non Non Égopode podagraire [Herbe aux goutteux] Aegopodium podagraria L. I(NSC) CC Non Non Élodée du Canada Elodea canadensis Michaux Z PC Non Non Élyme rampant [Chiendent commun] Elymus repens (L.) Gould I CC Non Non Endymion de Massart Hyacinthoides ×massartiana Geerinck I PC Non Non Épervière en ombelle Hieracium umbellatum L. Épervière fausse-piloselle Hieracium piloselloides Vill. Épilobe à petites fleurs Epilobium parviflorum Schreb. I CC Non Non Épilobe hérissé Epilobium hirsutum L. I CC Non Non Épilobe tétragone (s.l.) Epilobium tetragonum L. I CC Non Non Érable champêtre Acer campestre I(NSC) CC Non Non Érable sycomore [Sycomore] Acer pseudoplatanus I?(NSC) CC Non Non Érodion à feuilles de ciguë (s.l.) Erodium cicutarium (L.) L'Hérit. I AC pp pp Érophile printanière (s.l.) [Drave printanière] Erophila verna (L.) Chevall. I CC Non Non Fenouil commun Foeniculum vulgare Mill. NS(AC) R? Non Non Fétuque roseau (s.l.) Festuca arundinacea Schreb. I(NC) CC Non Non Fétuque rouge (s.l.) Festuca rubra L. I(C) CC pp pp Fléole des sables Phleum arenarium L. I(A) AR{AR,E} Oui Oui Fraisier sauvage Fragaria vesca L. I(C) C Non Non Frêne commun Fraxinus excelsior L. I(NC) CC Non Non Fromental élevé (s.l.) Arrhenatherum elatius (L.) Beauv. ex J. et C. Presl I CC pp pp Gaillet gratteron Galium aparine L. I CC Non Non Géranium découpé Geranium dissectum L. I CC Non Non Géranium herbe-à-Robert (s.l.) Geranium robertianum L. I CC Non Non Géranium mou Geranium molle L. I CC Non Non Gléchome lierre-terrestre [Lierre terrestre] Glechoma hederacea L. I CC Non Non Glycérie aquatique Glyceria maxima (Hartm.) Holmberg I AC Non Non Glycérie pliée Glyceria notata Chevall. I AC Non Non Gouet tacheté Arum maculatum L. I CC Non Non 19 EEE PATR. DET. ZNIEFF Grande marguerite NOM VERNACULAIRE Leucanthemum vulgare Lam. NOM SCIENTIFIQUE I(C) STATUTS CC RARETE LEGISL. Non Non Groseillier épineux [Groseillier à maquereaux] Ribes uva-crispa L. I(C) C Non Non Himantoglosse barbe-de-bouc [Orchis bouc] Himantoglossum hircinum (L.) Spreng. I AR Non Non Houblon grimpant [Houblon] Humulus lupulus L. I(C) C Non Non Houlque laineuse Holcus lanatus L. I CC Non Non Houx commun [Houx] Ilex aquifolium L. I(C) C Non Non Inule conyze Inula conyzae (Griesselich) Meikle I AC Non Non Iris faux-acore [Iris jaune ; Iris des marais] Iris pseudacorus L. I(C) C Non Non Ivraie vivace [Ray-grass commun] Lolium perenne L. I(NC) CC Non Non Jonc articulé Juncus articulatus L. I C Non Non Jonc des crapauds (s.l.) Juncus bufonius L. I C Non Non Jonc glauque [Jonc des jardiniers] Juncus inflexus L. I CC Non Non Knautie des champs Knautia arvensis (L.) Coulter I C Non Non Lagure ovoïde [Queue-de-lièvre] Lagurus ovatus L. N RR Non Non Laîche cuivrée Carex cuprina (Sándor ex Heuffel) Nendtvich ex A. Kerner I C pp pp Laîche des rives Carex riparia Curt. I C Non Non Laîche des sables Carex arenaria L. I(N) PC{AR,R} Non Non Laîche hérissée Carex hirta L. I CC Non Non Laiteron des champs Sonchus arvensis L. I CC Non Non Laiteron maraîcher Sonchus oleraceus L. I CC Non Non Laiteron rude Sonchus asper (L.) Hill I CC Non Non Laitue scariole Lactuca serriola L. I(C) CC Non Non Lamier blanc [Ortie blanche] Lamium album L. I CC Non Non Lamier pourpre [Ortie rouge] Lamium purpureum L. I CC Non Non Lampsane commune Lapsana communis L. subsp. communis I CC Non Non Lenticule à trois lobes Lemna trisulca L. I PC Non Non Lenticule mineure Lemna minor L. I C Non Non Lierre grimpant (s.l.) Hedera helix L. I(C) CC Non Non Liondent à tige nue [Thrincie hérissée] Leontodon saxatilis Lam. I PC Non Non Liondent d'automne Leontodon autumnalis L. I C Non Non Liseron des champs Convolvulus arvensis L. I CC Non Non A2<>6;C(1) C 20 EEE NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE STATUTS RARETE PATR. DET. ZNIEFF Non Non Non Non CC Non Non SC(N?) C Non Non Medicago lupulina L. I(C) CC Non Non Luzerne naine Medicago minima (L.) L. I R Oui Oui Luzerne tachée Medicago arabica (L.) Huds. I PC Non Non Lycope d'Europe [Pied-de-loup] Lycopus europaeus L. I C Non Non Lysimaque commune [Herbe aux corneilles] Lysimachia vulgaris L. I AC Non Non Marronnier commun [Marronnier d'Inde] Aesculus hippocastanum L. C(S) AR Non Non Matricaire camomille Matricaria recutita L. I CC Non Non Matricaire discoïde Matricaria discoidea DC. Z CC Non Non Mauve à feuilles rondes [Petite mauve] Malva neglecta Wallr. I C Non Non Mauve sauvage Malva sylvestris L. I C Non Non Mélilot blanc Melilotus albus Med. I C Non Non Mélilot officinal Melilotus officinalis Lam. I AC Non Non Menthe aquatique (s.l.) Mentha aquatica L. I C Non Non Mercuriale annuelle Mercurialis annua L. I CC Non Non Millepertuis perforé (s.l.) [Herbe à mille trous] Hypericum perforatum L. I(C) CC Non Non Morelle noire (s.l.) Solanum nigrum L. I(NA) CC{CC,(RR?)} Non Non Mouron des champs [Mouron rouge] Anagallis arvensis L. subsp. arvensis I CC Non Non Moutarde des champs Sinapis arvensis L. I CC Non Non Myosotis des champs (s.l.) Myosotis arvensis (L.) Hill I(C) CC Non Non Liseron des haies Calystegia sepium (L.) R. Brown I CC Listère ovale [Double-feuille] Listera ovata (L.) R. Brown I C Lotier corniculé (s.l.) Lotus corniculatus L. I(NC) Luzerne cultivée Medicago sativa L. Luzerne lupuline [Minette ; Mignonnette] LEGISL. A2<>6;C(1) Myosotis rameux Myosotis ramosissima Rochel ex Schult. I AC Non Non Myriophylle en épi Myriophyllum spicatum L. I PC Non Non Nielle des blés Agrostemma githago L. I(C) E Oui Oui Noisetier commun [Noisetier ; Coudrier] Corylus avellana L. I(S?C) CC Non Non Œillet girofle [Œillet des fleuristes] Dianthus caryophyllus L. C(N?) D Non Non Oenanthe de Lachenal Oenanthe lachenalii C.C. Gmel. I R Oui Oui Onagre à grandes fleurs Oenothera glazioviana Micheli Z(C) PC Non Non Orge queue-de-rat Hordeum murinum L. I C Non Non 21 EEE PATR. DET. ZNIEFF Orme champêtre NOM VERNACULAIRE Ulmus minor Mill. NOM SCIENTIFIQUE I(NC) STATUTS CC RARETE LEGISL. Non Non Ortie brûlante [Petite ortie] Urtica urens L. I C Non Non Ortie dioïque [Grande ortie] Urtica dioica L. I CC Non Non Panais commun (s.l.) [Panais] Pastinaca sativa L. IZ(C) C{AC,AC} Non Non Pâquerette vivace Bellis perennis L. I(SC) CC Non Non Pariétaire diffuse Parietaria judaica L. I AR Non Non Patience à feuilles obtuses (s.l.) Rumex obtusifolius L. I CC Non Non Patience agglomérée Rumex conglomeratus Murray I CC Non Non Patience crépue Rumex crispus L. I CC Non Non Patience des eaux Rumex hydrolapathum Huds. I AC Non Non Patience sanguine [Sang-de-dragon] Rumex sanguineus L. I(C) C Non Non Pâturin annuel Poa annua L. I CC Non Non Pâturin commun Poa trivialis L. subsp. trivialis I(NC) CC Non Non Pâturin comprimé Poa compressa L. I C Non Non Pâturin des prés Poa pratensis L. subsp. pratensis I(NC) CC Non Non Pâturin des prés (s.l.) Poa pratensis L. I(NC) CC Non Non Pavot coquelicot [Grand coquelicot] Papaver rhoeas L. I(C) CC Non Non Pavot douteux (s.l.) Papaver dubium L. I C pp pp Peuplier blanc [Ypréau] Populus alba L. C(NS) AR? Non Non Peuplier blanchâtre [Grisard] Populus ×canescens (Ait.) Smith Peuplier du Canada Populus ×canadensis Moench C # Non Non Phragmite commun [Roseau commun] Phragmites australis (Cav.) Steud. I(C) C Non Non Picride fausse-épervière Picris hieracioides L. I CC Non Non Picride fausse-vipérine Picris echioides L. I C Non Non Pissenlit sp. Taraxacum sp. Pissenlit sp. Taraxacum sp. Plantain à larges feuilles (s.l.) Plantago major L. I CC Non Non Plantain corne de cerf Plantago coronopus L. I(N?ASC) PC{PC,(R)} Oui Oui Plantain lancéolé Plantago lanceolata L. I CC Non Non Plantain-d'eau commun [Plantain d'eau] Alisma plantago-aquatica L. I(NSC) C Non Non Polypode intermédiaire Polypodium interjectum Shivas I PC Non Non 22 EEE PATR. DET. ZNIEFF Porcelle enracinée (s.l.) NOM VERNACULAIRE Hypochaeris radicata L. NOM SCIENTIFIQUE I STATUTS CC RARETE LEGISL. Non Non Potamot pectiné Potamogeton pectinatus L. I AC Non Non Potentille des oies [Ansérine ; Argentine] Potentilla anserina L. I CC Non Non Potentille rampante [Quintefeuille] Potentilla reptans L. I CC Non Non Prêle des champs Equisetum arvense L. I CC Non Non Primevère officinale [Coucou] Primula veris L. subsp. veris I(C) C Non Non Prunier épineux [Prunellier] Prunus spinosa L. I(NC) CC Non Non Pulicaire dysentérique Pulicaria dysenterica (L.) Bernh. I C Non Non Renoncule à bulbilles (s.l.) [Renoncule ficaire] Ranunculus ficaria L. I CC Non Non Renoncule âcre (s.l.) Ranunculus acris L. I CC Non Non Renoncule bulbeuse Ranunculus bulbosus L. I AC Non Non Renoncule rampante [Pied-de-poule] Ranunculus repens L. I CC Non Non Renoncule scélérate Ranunculus sceleratus L. I C Non Non Renouée à feuilles de patience (s.l.) Persicaria lapathifolia (L.) Delarbre I CC Non Non Renouée des oiseaux (s.l.) [Traînasse] Polygonum aviculare L. I(A) CC{CC,E} Non Non Renouée persicaire [Persicaire] Persicaria maculosa S.F. Gray, nom. conserv. propos. Réséda gaude [Gaude] Reseda luteola L. I C Non Non Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia L. NC PC Non Non Ronce framboisier [Framboisier] Rubus idaeus L. I(SC) C{C,R?} Non Non Rosier des chiens (s.str.) Rosa canina L. s. str. I(C) CC Non Non Sabline à feuilles de serpolet (s.l.) Arenaria serpyllifolia L. I CC pp pp Sagine apétale (s.l.) Sagina apetala Ard. I CC Non Non Sagine couchée Sagina procumbens L. I CC Non Non Salicaire commune Lythrum salicaria L. I(C) C Non Non Salsifis des prés (s.l.) Tragopogon pratensis L. I C Non Non Saule blanc Salix alba L. I(C) CC Non Non Saule cendré Salix cinerea L. I(C) CC Non Non Saule marsault Salix caprea L. I(C) CC Non Non Saxifrage tridactyle Saxifraga tridactylites L. I AC Non Non Scutellaire toque [Toque] Scutellaria galericulata L. I AC Non Non Séneçon commun Senecio vulgaris L. I CC Non Non EEE A 23 PATR. DET. ZNIEFF EEE Séneçon du Cap NOM VERNACULAIRE Senecio inaequidens DC. NOM SCIENTIFIQUE Z STATUTS AC RARETE LEGISL. Non Non P Séneçon jacobée [Jacobée] Senecio jacobaea L. I CC Non Non Shérardie des champs Sherardia arvensis L. I AC Non Non Silène blanc [Compagnon blanc] Silene latifolia Poiret subsp. alba (Mill.) Greuter et Burdet Silène dioïque [Compagnon rouge] Silene dioica (L.) Clairv. I C Non Non Sisymbre officinal [Herbe aux chantres] Sisymbrium officinale (L.) Scop. I CC Non Non Sorbier des oiseleurs Sorbus aucuparia L. subsp. aucuparia Statice commun Limonium vulgare Mill. I RR Oui Oui Stellaire intermédiaire [Mouron des oiseaux] Stellaria media (L.) Vill. subsp. media I CC C1 Non Non Sureau noir Sambucus nigra L. I(NSC) CC Non Non Tabouret des champs Thlaspi arvense L. I C Non Non Tanaisie commune [Herbe aux vers] Tanacetum vulgare L. I(C) CC Non Non Torilis des haies Torilis japonica (Houtt.) DC. I CC Non Non Trèfle champêtre Trifolium campestre Schreb. I C Non Non Trèfle des prés Trifolium pratense L. I(NC) CC Non Non Trèfle douteux Trifolium dubium Sibth. I CC Non Non Trèfle rampant [Trèfle blanc] Trifolium repens L. I(NC) CC Non Non Trèfle scabre Trifolium scabrum L. I R Oui Oui Troène commun Ligustrum vulgare L. I(C) CC Non Non Tussilage pas-d'âne [Tussilage] Tussilago farfara L. I CC Non Non Valérianelle potagère [Mâche] Valerianella locusta (L.) Laterr. I(C) AC Non Non Vélar violier [Giroflée des murailles] Erysimum cheiri (L.) Crantz ZS(C) PC Non Non Véronique à feuilles de lierre (s.l.) Veronica hederifolia L. I CC Non Non Véronique de Perse Veronica persica Poiret Z CC Non Non Véronique des champs Veronica arvensis L. I CC Non Non Véronique petit-chêne Veronica chamaedrys L. I CC Non Non Vesce à épis Vicia cracca L. I CC Non Non Vesce cultivée (s.l.) Vicia sativa L. I(ASC) CC Non Non Vesce hérissée Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray I C Non Non Violette odorante Viola odorata L. I(N?C) C Non Non Viorne lantane [Mancienne] Viburnum lantana L. I(C) AC Non Non 24 PATR. DET. ZNIEFF Viorne obier NOM VERNACULAIRE Viburnum opulus L. NOM SCIENTIFIQUE I(C) STATUTS C RARETE LEGISL. Non Non Vipérine commune [Vipérine] Echium vulgare L. I(C) C Non Non Vrillée du Japon [Renouée du Japon] Fallopia japonica (Houtt.) Ronse Decraene Z(C) CC Non Non Vrillée liseron [Faux-liseron] Fallopia convolvulus (L.) Á. Löve I CC Non Non Vulpie ciliée (s.l.) Vulpia ciliata Dum. I(N?A) AR{AR,(RR)} pp pp Vulpie queue-de-rat Vulpia myuros (L.) C.C. Gmel. I C Non Non EEE A Analyses qualitative et quantitative Le tableau précédent liste les taxons recensés sur Gravelines, et plus précisément sur le centre-ville, zone étudiée en 2013. Comme toujours dans le cas d’inventaires effectués sur une grande surface, l’exhaustivité est visée, mais rarement atteinte. La liste d’espèces présentées ici peut donc être considérée comme une « photographie à un instant T » de la valeur écologique floristique du centre de Gravelines. Le nombre total d’espèces (254 plantes à graines – Spermatophytes – et fougères et plantes alliées – Ptéridophytes) est à mettre en rapport avec le nombre total d’espèces végétales du Nord-Pas de Calais : 1138. Ce sont donc plus de 20% des espèces régionales qui peuvent être rencontrées sur le territoire du centre-ville de Gravelines ! Ce nombre est encore plus remarquable s’il est mis en rapport avec la superficie de la zone d’étude et les milieux rencontrés, qui ne sont a priori pas les plus intéressants de la commune écologiquement parlant. Les espèces que le CPIE Flandre Maritime considère comme « intéressantes » sont surlignées en bleu dans le tableau. Il s’agit des espèces à prendre en compte de manière prioritaire dans les propositions de plans de gestion et d’aménagements écologiques. Il s’agit bien souvent d’espèces rares, protégées, en déclin, patrimoniales, d’espèces peu communes pour le secteur biogéographique de la Flandre française ou encore des espèces « esthétiques », connues du grand public… Ce sont bien souvent des espèces dites parapluie : les propositions d’actions qui leur sont favorables le sont également pour un grand nombre d’espèces associées (flore, mais aussi faune). Mais il peut également s’agir d’espèces invasives, espèces exotiques pouvant porter atteinte à la biodiversité locale. Sur ce point particulier, 4 espèces, surlignées en rouge dans le tableau récapitulant les résultats d’inventaires floristiques, ont été rencontrées : - 3 espèces dont le caractère invasif est « avéré » : l’Arbre aux papillons, ou Buddléie de David (Buddleja davidii) ; la Renouée du Japon (Fallopia japonica) ; le Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia). - 1 espèce dont le caractère invasif est réputé « potentiel » : le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens) En plus des espèces observés sur la zone d’étude, 4 milieux de vie (ou habitats) retiennent l’attention quant à leur intérêt particulier d’un point de vue floristique, et sont décrits pages suivantes : les rives du chenal de l’Aa ; les pelouses ; les boisements ; les zones de remparts. Séneçon du Cap 25 Les rives du chenal de l’Aa Les rives du chenal de l’Aa constituent un milieu d’un très fort intérêt régional par la présence de nombreuses plantes protégées et sur le déclin en Nord-Pas-de-Calais. Ces rives sont dominées par des conditions écologiques très particulières dues à l’alternance périodique d’eaux douces (de l’Aa) et de l’eau salée (entrée d’eaux de mer). Ces conditions écologiques particulières se rencontrent très peu sur notre territoire et alentours. Les milieux qui en découlent sont de ce fait rares, tout comme les plantes particulières qui y vivent. Ces espèces d’intérêt particulier sont présentées ci-après. La Cochléaire officinale (Cochlearia officinalis) : c’est probablement l’espèce la plus emblématique des inventaires réalisés en 2013. Les rives du chenal de l’Aa constituent le bastion de l’espèce en région Nord-Pas-de-Calais. C’est dire l’importance de la responsabilité de la Ville de Gravelines pour le son maintien ! Si l’espèce semble encore bien présente sur cette partie du territoire communal, une destruction, modification de son habitat ou altération conduiraient vite à une disparition rapide de l’espèce. Des propositions de mesures de conservation sont fournies dans la partie 4 de ce rapport. Pour rappel, il s’agit d’une espèce : - « Exceptionnelle » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Menacée d’extinction » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Protégée » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Très rare » en Flandre française. Les rives du chenal de l’Aa, milieu écologique d’intérêt prioritaire Autre espèce très intéressante observée sur Gravelines, l’Ache odorante (Apium graveolens) est en forte diminution en Flandre française et au niveau régional. Elle est encore présente en deux stations sur les rives du Chenal de l’Aa. Ces deux stations sont caractérisées par la présence d’une végétation haute de type roselière à l’intérieur desquelles l’espèce peut s’épanouir. C’est une espèce : - « Rare » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Protégée» en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Patrimoniale » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Très rare » en Flandre française L’Aster maritime (Aster tripolium) est quant à elle caractéristique des zones saumâtres et se plaît en quelques endroits des rives du chenal de l’Aa. La présence de rives bétonnées semble néfaste à cette jolie plante. Pour rappel, cette espèce est considérée comme : - « Rare » en région Nord-Pas-de-Calais - « Très rare » en Flandre française 26 La Catapode marine (Catapodium marinum), espèce de graminée, est typique des fronts de mer rocheux, notamment digues et pierrées. Présente dans les zones portuaires de Dunkerque et Calais, cette espèce a été découverte en 2013 sur Gravelines, sur une digue le long du chenal de l’Aa. A noter qu’un seul pied a été découvert ! Pour rappel, il s’agit d’une espèce : - « Rare » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Patrimoniale » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Très rare » en Flandre française L’Œnanthe de Lachenal (Œnanthe lachenalii) peut être localement assez abondante sur le littoral et dans les polders. C’est toutefois une plante toujours intéressante à trouver et sa découverte laisse souvent en présager d’autres. L’Œnanthe de Lachenal est : - « Rare » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Vulnérable » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Rare » en Flandre française Enfin, le Statice commun (Limonium vulgare) est probablement LA plante connue et reconnue du grand public des zones de prés salés (vasières). Si de belles populations existent dans les zones proches du Platier d’Oye et des Hemmes de Marck, ce « Lilas de mer » reste une espèce : - « Très rare » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Vulnérable » en région Nord-Pas-de-Calais ; - « Exceptionnelle » en Flandre française La présence de toutes ces espèces à fort intérêt écologique montre tout l’intérêt de ce milieu. Des propositions de gestion sont fournies en partie 4 de ce rapport. A la vue de la patrimonialité des espèces, toutes interventions ou travaux sur ces zones méritent une analyse écologique d’impacts préalable. Un groupe de travail composé de différents spécialistes et experts locaux et régionaux pourrait par exemple être instauré afin d’éclairer la Ville sur ses choix futurs. Cochléaire officinale et Aster maritime, deux espèces très rares en Flandre française visibles le long du chenal de l’Aa 27 Les zones de pelouses Les zones de pelouses de la Ville de Gravelines présentent une caractéristique forte, à savoir la présence d’une très riche diversité floristique. Si les pelouses sont généralement dominées par des espèces de graminées (les « herbes »), celles de Gravelines présentent un ratio de plantes à fleurs très élevé ! Ainsi, les pelouses présentent ici une richesse de couleurs (aspect esthétique indéniable pour les habitants de la commune et les visiteurs) ainsi qu’un bol pollinique (présence de nombreuses plantes mellifères, riches en nectar pour les insectes) important et riche sur une grande partie de l’année. A noter que les pelouses les plus intéressantes se situent généralement sur le haut des murailles : le milieu rocailleux est certainement défavorable à l’enracinement des graminées (espèces recherchant de préférence les sols riches en matière organique) et laisse donc la place aux plantes à fleurs. Avec la gestion différenciée de certaines pelouses, celles-ci peuvent évoluer en végétation de type prairial (végétations dominées par des plantes plus hautes). Le cortège floristique reste riche est intéressant. Ces végétations de prairie sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont situées en zones d’ourlets des boisements et constituent une transition naturelle entre les espaces boisés et les zones de pelouses. Végétation de pelouse rase Si la plupart des espèces sont des espèces communes et répandues (Achillée millefeuille, Mouron rouge, Erodion à feuilles de ciguë, Géranium à feuilles molles et découpées, Mauve sauvage, différentes espèces de trèfles, vesces et véroniques…), quelques espèces toutefois retiennent notre attention : - Le Trèfle scabre (Trifolium scabrum) est une espèce rare et vulnérable en Nord-Pas-de-Calais. Une station a été découverte dans les pelouses devant la Porte aux Boules où elle pousse dans les zones de contacts entre la pelouse et le chemin de pierres. Cette espèce est encore relativement bien présente dans les dunes (milieux les plus chauds, secs et ensoleillés) mais très rarement aperçue dans des situations écologiques telles qu’observées à Gravelines. - Le Plantain corne-de-cerf (Plantago coronopus), espèce souvent aperçue dans les milieux ouverts du littoral, présente ici en grand nombre. - La Shérardie des champs (Sherardia arvensis), petite plante délicate aux fleurs bleues pourpres, présente de belles populations dans les pelouses de la Ville de Gravelines. Cette espèce, probablement sous-observée et apparemment en expansion, est actuellement considérée comme rare sur le littoral - La Vulpie ciliée (Vulpia ciliata) est une petite graminée commune des dunes grises. L’espèce semble être en expansion sur le littoral (espèce probablement sous-observée). Elle est surtout présente sur le haut des murailles exposées au sud et protégées des vents dominants (espèce xérophile). - L’Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) est une orchidée sauvage que l’on rencontrera dans les pelouses et surtout végétations plus hautes et denses. Cette espèce patrimoniale en région Nord-Pas-de-Calais et rare sur le territoire de Flandre Française et présente en 7 stations sur le territoire étudié en 2013. Orchis bouc 28 Les zones de boisements Les zones de boisements constituent de belles et vastes zones de nature et de promenade pour les habitants et visiteurs. Si la Ville de Gravelines a certainement connu des milieux très ouverts il y a plusieurs siècles (il était coutume de couper les arbres devant les murailles afin d’élargir le champ de vision), les milieux arborés actuels ne sont pas dénués d’intérêts d’un point de vue floristique. La relative jeunesse des boisements occasionne la rareté voire l’absence des espèces caractéristiques des vieilles forêts, espèces quasiment inconnues du territoire du grand Dunkerquois. La végétation printanière (c’est-à-dire se développant avant que les feuilles des arbres n’empêchent la lumière de pénétrer dans le sous-bois) a pu être sous-observée du fait des conditions hivernales de 2013, qui se sont étalées dans le temps. L’intérêt écologique des boisements augmente rapidement avec la présence de lisières et d’ourlets riches en fleurs. Quelques espèces retiennent notre attention : - Le Daphné lauréole ou Laurier des bois (Daphne laureola) ne semble pas être d’origine sauvage mais probablement subspontané ou naturalisé (peut-être échappé de jardin ?). - La Listère à feuilles ovales ou Double-feuille (Listera ovata) est une orchidée sauvage présente en Flandre française dans les boisements et les pannes dunaires humides. Si cette espèce est assez commune en région Nord-Pas-de-Calais, elle l’est moins sur le territoire du grand Dunkerquois et garde un attrait indéniable auprès du public, les orchidées constituant des fleurs encore souvent recherchées par le grand public lors des visites nature. Paysage de boisement « jeune » Les remparts Enfin, les remparts et l’ensemble des monuments liés à la défense militaire de la Ville de Gravelines constituent un des attraits touristiques majeurs pour la Ville. Leur mise en valeur est d’ailleurs une priorité pour la Ville et le patrimoine régional. Toutefois, un nettoyage trop intensif peut être néfaste à la biodiversité, le rejointoiement des cavités empêchant bien souvent les espèces floristiques (parfois d’intérêt patrimonial) de pouvoir se développer. Il est possible de distinguer sur Gravelines deux types de murailles : - Des murailles dites sèches, exposées au sud, non soumises aux pluies dominantes et généralement éloignées des zones de boisements qui apportent une certaine humidité ambiante. - Des murailles dites humides, soumises aux pluies dominantes et/ou intégrées dans des zones de boisements. Exemple de muraille « sèche » 29 A la vue des conditions écologiques différentes de ces deux milieux, la végétation présentera des profils différents : si les murailles sèches présentent une végétation clairsemée, celle des murailles humides est souvent riche et abondante, presque luxuriante. Quelques espèces retiennent ici aussi notre attention : • La Pariétaire diffuse (Parietaria judaica) est présente sur les murailles sèches. L’espèce est très peu représentée sur le littoral et n’était pas connue de la Ville de Gravelines jusqu’aux inventaires effectués en cette année 2013. • Le Centranthe rouge (Centranthus ruber), espèce patrimoniale en région Nord-Pas-de-Calais, est présente sur de nombreuses murailles sèches. Les populations ne sont probablement pas sauvages, mais plutôt issues d’individus échappés de jardin. Il en est de même pour une autre plante souvent mise en avant comme espèce ornementale des jardins, la Giroflée des murailles (Erysimum cheiri). • La Scolopendre langue-de-cerf (Asplenium scolopendrium) est une espèce de fougère rare en Flandre Française. Elle pousse sur les vieux murs et exceptionnellement en forêt. Quelques pieds sont observés ponctuellement sur le territoire de Gravelines étudié en 2013, sur de vieux murs et murailles ombragés mais aussi sur le haut de certains remparts boisés. • La Scutellaire toque (Scutellaria galericulata) est une élégante lamiacée (famille des menthes et de nombreuses plantes aromatiques) à fleurs bleues. Jusqu’ici inconnue sur Gravelines, elle a été découverte en 5 endroits, essentiellement sur le bas des murailles, à la jonction avec les douves : en effet, c’est une espèce appréciant les milieux humides. Scolopendre langue-de-cerf En dehors de ces 4 grands habitats, hébergeant de nombreuses espèces intéressantes, les inventaires effectués en 2013 ont permis de rencontrer d’autres espèces à enjeux. Toutes n’ont pas été retenues dans le cadre du compte-rendu de cette expertise 2013 pour les raisons suivantes : - Soit elles sont manifestement issues de plantations. C’est le cas dans les Jardins de l’Arsenal où plusieurs espèces patrimoniales ont été ensemencées : Nielle des blés (Agrostemma githago), Grande Amourette (Briza maxima)… Ces espèces n’ont, de fait, pas toujours été notées dans le tableau d’inventaire. - Soit ces espèces n’ont pas réellement d’intérêt au niveau local. C’est le cas de l’Argousier faux-nerprun (Hippophae rhamnoides), arbuste considéré comme peu commun au niveau régional mais très fréquemment observé sur le littoral et notamment dans les dunes. Argousier faux-nerprun et Nielle des blés 30 LES OISEAUX NICHEURS Présentation générale Les oiseaux nicheurs sont ceux qui, sur la commune de Gravelines, défendent un territoire par le chant, se reproduisent, s’approprient un nid, pondent et élèvent des jeunes. Majoritairement, ce cycle se déroule au cours du printemps et de l’été, avec quelques exceptions (rapaces nocturnes par exemple qui défendent leur territoire de reproduction dès l’hiver). Si, pour la plupart des espèces présentes, la reproduction est couronnée de succès, d’autres peuvent échouer de manière ponctuelle. Les causes d’échecs sont les suivantes et peuvent se combiner : - dérangements intempestifs sur des oiseaux localisés ou nichant en colonie ; - conditions météorologique défavorables lors de périodes critiques, par exemple lors de la sortie des jeunes des nids. Etourneau sansonnet Les oiseaux nicheurs sont classés en trois catégories, repris ci-dessous à partir des critères retenus pour l’évaluation du statut de reproduction – Codes EBCC – utilisés dans le cadre de l’atlas des Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine 2008-2012) : Les nicheurs possibles : - Espèce observée durant la saison de reproduction dans un habitat favorable à la nidification - Mâle chanteur (ou cris de nidification) en période de reproduction Les nicheurs probables : - Couple observé dans un habitat favorable durant la saison de reproduction - Territoire permanent présumé en fonction de l’observation de comportements territoriaux ou de l’observation à 8 jours d’intervalle au moins d’un individu au même endroit - Parades nuptiales - Fréquentation d’un site de nid potentiel - Signes ou cris d’inquiétude d’un individu adulte - Présence de plaques incubatrices - Construction d’un nid, creusement d’une cavité Les nicheurs certains : - Adulte feignant une blessure ou cherchant à détourner l’attention - Nid utilisé récemment ou coquille vide (œuf pondu pendant l’enquête) - Jeunes fraîchement envolés (espèces nidicoles) ou poussins (espèces nidifuges) - Adulte entrant ou quittant un nid laissant support un nid occupé ou un adulte en train de couver - Adulte transportant des sacs fécaux ou de la nourriture pour les jeunes - Nid avec œuf(s) - Nid avec jeune(s) (vu ou entendu) 31 Protocoles utilisés Au niveau national, la Ligue de Protection des Oiseaux gère la réalisation de l’Atlas des Oiseaux Nicheurs de France métropolitaine. Ce travail est réalisé avec le soutien du Muséum National d’Histoire Naturelle et la Société Française d’Ornithologie. Le protocole retenu repose sur trois paramètres : - l’inventaire est exhaustif pour ce qui concerne les espèces rares, menacées de disparition et localisées au niveau national. S’y ajoutent également les espèces dites coloniales, c'est-à-dire nichant en colonie. - Pour les espèces communes (généralement abondantes partout), il s’agit de fournir des fourchettes d’abondance (<10, de 11 à 100, de 101 à 1000, >1000). A noter que ces fourchettes d’abondance concernent un territoire plus vaste que la seule commune de Gravelines (carrés de 10x10km, téléchargeable sur le site http://www.atlas-ornitho.fr/). La plupart des espèces de Gravelines rentrent dans cette catégorie : Merle noir, Pouillot véloce, Mésange charbonnière, Chardonneret élégant, Pic épeiche… - Afin d’avoir la meilleure vision possible de la reproduction d’espèces « intéressantes » pour le territoire de Flandre française, le recensement s’est fait de manière plus poussée sur des espèces patrimoniales localement, bien qu’elles soient (souvent) abondantes en France ou même dans la région Nord-Pas-de-Calais. C’est le cas du Serin cini, de l’Hypolaïs ictérine ou encore de la Locustelle tachetée. Dans le cadre de l’expertise écologique de Gravelines, excepté pour les espèces patrimoniales, aucune recherche spécifique n’a été réalisée afin de confirmer pour chacune des espèces son statut de reproduction. En effet, le temps de terrain nécessaire, mis en face de la primordialité des informations obtenues, semble trop important. On peut par ailleurs supposer que des espèces communes, qui nichent en grand nombre dans la commune et qui occupent annuellement un même secteur arrivent à mener à bien leur période de reproduction. Chardonneret élégant (©Marc ROCA) 32 Résultats des inventaires NOM VERNACULAIRE Accenteur mouchet NOM SCIENTIFIQUE Prunella modularis POP FRANCE Non menacée POP REGION Non menacée ESPECE INTERESSANTE Bergeronnette grise Motacilla alba Non menacée Non menacée Buse variable Buteo buteo Non menacée Non menacée Canard colvert (domestique) Anas platyrhynchos Non menacée Non menacée Chardonneret élégant Carduelis carduelis Non menacée Non menacée Choucas des tours Coloeus monedula Non menacée Non menacée Corneille noire Corvus corone Non menacée Non menacée Coucou gris Cuculus canorus Non menacée Non menacée Cygne tuberculé Cygnus olor Exogène Exogène Epervier d’Europe Accipiter nisus Non menacée Non menacée Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris Non menacée Non menacée Faucon crécerelle Falco tinnunculus En déclin Non menacée Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla Non menacée Non menacée Fauvette babillarde Sylvia curruca Non menacée Non menacée Fauvette des jardins Sylvia borin Non menacée Non menacée Fauvette grisette Sylvia communis Non menacée Non menacée Foulque macroule Fulica atra Non menacée Non menacée Gallinule poule d’eau Gallinula chloropus Non menacée Non menacée Geai des chênes Garrulus glandarius Non menacée Non menacée Oui Gobemouche gris Muscicapa striata Non menacée En déclin Oui Grimpereau des jardins Certhia brachydactyla Non menacée Non menacée Grive draine Turdus viscivorus Non menacée Non menacée Grive musicienne Turdus philomelos Non menacée Non menacée Hibou moyen-duc Asio otus Non menacée Non menacée Oui Jeunes entendus Hypolaïs icérine Hippolais icterina En déclin En déclin Oui 4 couples Linotte mélodieuse Carduelis cannabina Non menacée Non menacée Locustelle tachetée Locustella naevia Non menacée Non menacée Oui 1 couple Loriot d’Europe Oriolus oriolus Non menacée Non menacée Oui A confirmer, nicheur potentiel Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis Non menacée Non menacée Oui 1 couple (nidification non prouvée) Oui NB COUPLES GRAVELINES A confirmer, nicheuse potentielle Oui Oui Oui 33 NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE POP FRANCE POP REGION Merle noir Turdus merula Non menacée Non menacée Mésange à longue queue Aegithalos caudatus Non menacée Non menacée Mésange bleue Cyanistes caeruleus Non menacée Non menacée Mésange charbonnière Parus major Non menacée Non menacée Moineau domestique Passer domesticus Non menacée Non menacée Perruche à collier Psittacula krameri Exogène Exogène Pic épeiche Dendrocopos major Non menacée Non menacée Pic vert Picus viridis Non menacée En déclin Pie bavarde Pica pica Non menacée Non menacée Pigeon biset domestiqe Columba livia Exogène Exogène Pigeon colombin Columba oenas En déclin Non menacée Pigeon ramier Columba palumbus Non menacée Non menacée Pinson des arbres Fringilla coelebs Non menacée Non menacée Pouillot véloce Phylloscopus collybita Non menacée Non menacée Rougegorge familier Erithacus rubecula Non menacée Non menacée Rougequeue noir Phoenicurus ochruros Non menacée Non menacée Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaceus Non menacée En déclin Serin cini Serinus serinus Non menacée Non menacée Tourterelle turque Streptopelia decaocto Non menacée Non menacée Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes Non menacée Non menacée Verdier d’Europe Chloris chloris Non menacée Non menacée ESPECE INTERESSANTE NB COUPLES GRAVELINES Oui 6 couples Oui Oui 3 couples Oui 1 couple (nidification non prouvée) En plus de la liste des espèces présentes et de l’état des populations en France (POP FRANCE) et en Nord-Pas-de-Calais (POP REGION), le CPIE Flandre Maritime a ajouté une colonne « Espèce intéressante ». Cette colonne n’est pas « officielle ». Il ne s’agit pas d’une appellation reconnue, avec un sens juridique. Il s’agit tout simplement d’une réflexion menée en interne avec les ornithologues locaux dont l’objectif est de mettre en avant les espèces dont il faut se préoccuper prioritairement sur le territoire. Ce sont donc les espèces qui mériteraient d’être mises en avant dans des plans d’actions spécifiques, à mener en lien avec les structures naturalistes locales. Il peut également s’agir d’espèces « parapluie », c’est-à-dire bioindicatrices d’un état écologique des milieux intéressants, et qui pourra, de fait, être profitable à de nombreuses autres espèces animales. Mésange charbonnière (©Stéphane MISZTAL) 34 Analyses qualitative et quantitative Les oiseaux sont généralement une porte d’entrée pour les publics pour la découverte de la nature. Leurs couleurs chatoyantes, chants et omniprésence en font des compagnons de route bien connus, ou du moins repérables. La préservation des oiseaux est un exercice difficile : en haut des chaînes alimentaires, ils dépendent de la préservation et de la vitalité des écosystèmes dans lesquels ils vivent ; migrateurs ils résultent aussi des conditions d’hivernage. En 2013, sur le territoire retenu, ce sont 50 espèces d’oiseaux qui se sont reproduites sur Gravelines. Deux espèces sont potentielles : • Une Buse variable a été aperçue en juin au dessus du territoire d’étude. Rien ne prouve qu’elle ait niché sur site, mais elle l’occupe au minimum en tant que territoire de chasse. • Le Loriot d’Europe, très bel oiseau jaune et noir de la taille d’une pie, a peut-être été entendu. Il s’agissait de cris d’une femelle. Mais d’autres espèces peuvent imiter ce cri, notamment le Geai des chênes et l’Etourneau sansonnet. Le chant de mâle, caractéristique, n’a pas été entendu… Parmi toutes les espèces nicheuses, la plupart sont des espèces communes des jardins, boisements, parcs, espaces urbains. Sur les 50 espèces, 6 toutefois retiennent particulièrement notre attention : • L’Hypolaïs ictérine, oiseau encore courant en campagne (grands arbres près des fermes et jardins notamment), est souvent noté par les ornithologues locaux. Il faut dire que son chant est particulier, composé d’imitations et de sons « électroniques ». L’espèce est notée en 4 endroits du territoire d’étude. • La Locustelle tachetée, oiseau en déclin, a semble t-il niché sur le territoire d’étude. Cette espèce se raréfie de manière alarmante. L’espèce niche dans des fourrés difficilement pénétrables, habitat écologique qui se fait de plus en plus rare sur le territoire. • Le Martin-pêcheur d’Europe est un oiseau emblématique pour le grand public et reste un nicheur localisé sur le territoire dunkerquois. Un individu a été observé au début du printemps dans un secteur favorable. L’espèce, farouche et ayant de grands territoires de pêche, a pu passer inaperçue au cours des autres inventaires de terrain. L’espèce niche probablement dans une rive verticale d’une des douves ; le nid caché au milieu de la végétation. C’est l’espèce présentée en photo ci-contre : • Le Rougequeue noir est un oiseau dit cavernicole, c'est-à-dire nichant dans des cavités, ici en l’occurrence dans des orifices d’habitations (toitures, briques manquantes…). Avec la généralisation des habitations « hermétiques », le Rougequeue noir est un oiseau qui a de plus en plus de mal pour nicher. Trois mâles chanteurs occupent le centre-ville de Gravelines. Un quatrième a semble t-il tenté de nicher du côté de l’Arsenal, mais sa nidification a du échoué. • Le Serin cini est un élégant passereau aux couleurs jaunâtres. L’espèce est très rare sur le territoire dunkerquois : Bergues, Marck, Oye-Plage. Un couple a niché dans le « grand » jardin qui fait la jonction entre la ©Ludovic SCALABRE Rue de la Tranquillité et la Rue de la Liberté. • La Perruche à collier est une espèce exogène, c'est-à-dire n’étant pas sauvage dans nos contrées. Six couples environ se sont reproduits sur le territoire d’étude, en particulier dans les zones de boisements : elle aussi cavernicole, la perruche utilise des cavités dans les vieux arbres. Un point spécifique sur la gestion de cette espèce est proposé dans la partie 4 de ce rapport, l’espèce pouvant entrer en compétition avec d’autres, comme le Choucas des tours. 35 LES OISEAUX NON-NICHEURS (MIGRATEURS ET HIVERNANTS) Présentation générale Si l’analyse des oiseaux nicheurs donne des indications sur l’état des milieux écologiques aux périodes printanières et estivales, l’étude des oiseaux migrateurs et hivernants fournit des informations importantes le reste de l’année. Contrairement aux oiseaux nicheurs, les oiseaux migrateurs et hivernants n’ont pas de « territoires ». De cette absence résultent des déplacements, essentiellement liés à une recherche de nourriture. Les conditions météorologiques locales et européennes jouent un rôle crucial dans cette analyse. Globalement, lors des vagues de froids, les oiseaux se déplacent vers le sud, où les chances de rencontrer des températures plus clémentes sont plus grandes. La faune ornithologique d’un hiver rude est donc totalement différente lors d’un hiver doux. Lors des grands froids, notamment dans le nord de l’Europe, il n’est pas impossible d’observer des oiseaux qui normalement n’hivernent pas chez nous. En contrepartie, beaucoup d’espèces fuient nos régions lorsque les conditions deviennent trop rudes pour elles. Protocoles utilisés Les inventaires concernant les oiseaux hivernants se déroulent sur les mois de décembre et janvier. Les objectifs de cette démarche nationale, pilotée par la Ligue de Protection des Oiseaux, sont établis autour de 3 volets : - volet « qualitatif » : obtenir la distribution spatiale d’un maximum d’espèces présentes sur le territoire national ; - volet « quantitatif » : établir des cartes d’abondance par une méthode standardisée des données ; - volet « dortoir » : évaluer répartition et effectifs des principaux dortoirs de certaines espèces. Pour cette année 2013, aucun inventaire spécifique sur les oiseaux non nicheurs n’a été effectué, la période d’inventaires idéale se situant en dehors du calendrier d’actions. Néanmoins, ces suivis seront réalisés (et restitués) en 2014 et 2015. Le Pinson du Nord, certainement observable en hiver sur Gravelines (©Alexia CAULIER) 36 LES REPTILES Présentation générale Les reptiles (dont l’étymologie latine signifie « qui rampe ») sont des animaux ectothermes, c’est-à-dire que leur température corporelle est la même que celle du milieu extérieur et n'est donc pas produite par l'organisme lui-même. Ils se rencontrent dans notre région uniquement en milieu terrestre. Ils sont reconnaissables à leur peau sèche et écailleuse. Les espèces les plus couramment observables en Nord-Pas-de-Calais sont les lézards et les serpents. Les premiers partagent le fait d’avoir 4 pattes (sauf chez l’Orvet fragile), des oreilles à tympan apparent sans conduit auditif externe et la mue. La plupart des espèces sont capables de perdre leur queue en cas d’agression (= autotomie) et ont des paupières mobiles. Les serpents ont quant à eux le corps allongé et cylindrique, et pas de pattes apparentes. Leurs yeux ont des paupières soudées et transparentes qui leur confèrent un regard fixe. En France, les reptiles sont protégés par l’arrêté du 19 novembre 2007. Ce document indique l’interdiction de détruire ou d’enlever les œufs ou les nids, détruire, mutiler, capturer, enlever, perturber intentionnellement les animaux dans le milieu naturel, dégrader ou détruire les sites de reproduction, transporter, détenir, naturaliser, mettre en vente des animaux. De manière générale, l’observation, et à fortiori la détermination, des reptiles n’est pas une chose aisée, pour plusieurs raisons : couleurs souvent ternes, pas de chant et peu de cris, fuite lors de l’approche d’un éventuel prédateur (dont fait partie a priori l’Homme), espèces morphologiquement semblables… Lézard des murailles De plus, les périodes d’observations sont assez limitées dans l’année. Lors de la saison froide, la plupart des reptiles cherchent des endroits ayant des conditions de température relativement stables et entrent en hivernage. Ce sont les conditions climatiques (température et insolation) qui déterminent l’entrée et la sortie d’hivernage des reptiles, contrairement aux mammifères chez lesquels le phénomène d’hibernation est régi par des phénomènes hormonaux. De même que les températures basses de la saison froide imposent aux reptiles d’hiverner, une chaleur trop importante les pousse à réduire leur activité et à rechercher la fraîcheur. Protocoles utilisés Les inventaires ont été effectués à vue, lors de périodes favorables aux observations : entre mai et août, lors de journées chaudes mais sans ensoleillement excessif, le matin et en fin d’après-midi. Les milieux prospectés sont ceux a priori les plus favorables à la présence de reptiles : murailles et ses soubassements, haies, broussailles, tas de bois… 37 Ont été intégrées dans le recensement global les informations orales transmises par les agents communaux ou les naturalistes bénévoles arpentant la commune. Ces personnes très souvent sur le terrain permettent de faire remonter des informations naturalistes de première importance (ex. sur Gravelines avec les observations de Lézard des murailles). Enfin, le CPIE Flandre Maritime ayant lancé un « avis de recherche » sur les amphibiens et reptiles depuis 2009, les données issues des sciences participatives et citoyennes sont également intégrées dans le tableau de résultat d’inventaire, après vérification par un chargé de mission, le plus souvent sur photo. Résultats des inventaires NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE ESPECE INTERESSANTE Couleuvre à collier Natrix natrix Oui Lézard des murailles Podarcis muralis Oui Lézard vivipare Zootoca vivipara Oui Tortue de Floride Trachemys scripta elegans Oui REMARQUES Tendance invasive sur notre territoire Analyses qualitative et quantitative Sur la commune de Gravelines, les inventaires, la consultation de la bibliographie existante ainsi que les données issues de partenaires naturalistes du CPIE Flandre Maritime ou des agents de terrain ont permis de recenser 4 espèces. Toutes sont « intéressantes », pour des raisons diverses. La Tortue de Floride (ou Trachémyde écrite) est une espèce non indigène de la région Nord-Pas-de-Calais. Son aire de distribution naturelle s’étend, grossièrement, des Etats-Unis au Venezuela en passant par l’Amérique centrale. En 1992, le Ministère de l’Agriculture interdit son importation en France en raison d’une commercialisation en animaleries ayant atteint des chiffres records (plus de 4 000 000 d’individus vendus entre 1989 et 1994) (cf. PREVOT-JULLIARD et al., 2007). Sous la pression des animaliers, cette interdiction est levée en 1993. La situation a changé fin 1997 quand l’importation de la sous-espèce « Trachémyde à tempes rouges – Trachemys scripta elegans » (soit la sous-espèce rencontrée à Gravelines) a été interdite par la communauté européenne grâce au règlement CE n°2551/97 (15/12/1997). Ce sont donc aujourd’hui d’autres sous-espèces qui sont mises en vente, du moins en théorie. La Trachémyde écrite est classée parmi les espèces exotiques envahissantes. Elle a été rencontrée sur les territoires de 56 communes en région Nord-Pas-de-Calais, mais n’est pas encore naturalisée : il n’y a pas de preuve qu’elle ait réussi à se reproduire avec succès dans la région. Les individus rencontrés in natura sont soit des échappés de captivité (peu nombreux, car ces animaux sont plutôt élevés en aquarium / terrarium qu’en extérieur), soit des individus volontairement relâchés dans la nature. Ces derniers sont probablement largement majoritaires. Ils sont déposés dans des espaces naturels quand ils deviennent trop encombrants, voire agressifs, ce qui explique que tous les individus rencontrés dans la région sont de taille adulte (et donc potentiellement reproducteurs). Pour l’instant, le bilan de l’impact de la Tortue de Floride sur d’autres espèces des milieux aquatiques est très complexe à estimer objectivement (cf. GODIN 2010). Tortue de Floride 38 Le Lézard des murailles est l’une des espèces les plus emblématiques de la commune de Gravelines. En effet, en Flandre française, la seule population viable est connue sur Bergues. Quelques individus ont été rencontrés en 2011 sur le Môle 1 du Port de Dunkerque, mais la zone étant en travaux, il est impossible de certifier que les lézards y soient encore présents. Sur Gravelines, l’espèce a été observée par Eric Flahaut (Ville de Gravelines) sur les remparts à proximité de l’embarcadère de la porte aux boules. L’espèce est bien entendu très dépendante de la gestion des remparts. Elle a besoin de fissures dans la muraille, où elle trouvera de la nourriture et une protection contre les prédateurs. Mais cela n’est pas encore suffisant. En effet, le Lézard des murailles est une espèce ovipare, c’est-à-dire que les femelles pondent des œufs. Ces œufs ne seront pas pondus dans les zones pierreuses directement, mais au pied du rempart, là où la terre est assez meuble pour y creuser des petites cavités et la végétation assez importante pour soustraire les pontes aux yeux des prédateurs. Une gestion adéquate de l’ensemble du rempart, incluant son pied, est donc primordiale pour le Lézard des murailles. Lézard des murailles, ici vu à Bergues Rempart avec interstices, idéal pour le gîte et le couvert du Lézard des murailles Autre espèce figurant dans la liste des reptiles de la commune de Gravelines, la Couleuvre à collier n’a pas été observée directement lors des inventaires, mais une donnée de mue a été rapportée par Sébastien Dal (Ville de Gravelines). D’autres observations ont été relayées par les pêcheurs ou autres utilisateurs des douves de Gravelines. Il s’agit de la seule espèce de serpent rencontrée en Flandre française. C’est un animal souvent massif, de couleur grisâtre, mesurant jusqu’à 1,5m de long. Un collier d’écailles blanches ou jaunes présent à la base de la tête lui doit son nom. En Flandre française, des données de Couleuvres à collier ont été mentionnées ces dernières années sur les communes de Loon-Plage, Cappelle-Brouck, Saint-Pierre-Brouck, Looberghe, Sainte-Marie-Kerque et Watten. Les populations sont plus importantes dans l’Audomarois. 39 C’est une espèce touchée par l’altération et la disparition des zones humides notamment. En effet, la Couleuvre à collier a un mode de vie semi-aquatique et recherche ses proies aussi bien sur la terre ferme que dans l’eau (poissons, grenouilles, crapauds…). Elle se rencontre potentiellement au cours de sa saison d’activité dans tous les milieux humides : fossés, mares, étangs… La Couleuvre à collier, seul serpent observable à l’état sauvage en Flandre (photos ©Jean-Pierre VACHER) Enfin, des données de Lézard vivipare (Zootoca vivipara) ont été relayées sur la commune de Gravelines via l’opération « Un Dragon ! Dans mon jardin ? » menée par le CPIE Flandre Maritime. Plus court et trapu que le Lézard des murailles, il affectionne les milieux herbacés denses et les zones humides. En cela, il se différencie des autres lézards « gris », plutôt associés aux substrats rocheux. Au niveau mondial, c’est l’espèce de lézard la plus nordique : il est observable jusqu’au nord de la Norvège ! En France, il est présent essentiellement au nord de la Loire et dans les régions montagneuses. En Flandre française, c’est une espèce plus commune que le Lézard des murailles, connue de plusieurs communes : Bray-Dunes, Leffrinckoucke, Zuydcoote, Ghyvelde, Uxem, Ruminghem, Grand-FortPhilippe, Oye-Plage, Saint-Georges-sur-l’Aa ou encore Watten. A noter que, s’il ne semble pas devoir être considéré comme une espèce en danger, il est plus menacé dans les territoires où les actions humaines conduisent à une dégradation des zones humides. Lézard vivipare 40 LES AMPHIBIENS Présentation générale Les amphibiens (du grec « amphi-bios » - double biologie) ont cette particularité d’occuper deux milieux de vie : aquatique et terrestre. Le milieu aquatique est utilisé lors de la phase de vie larvaire (têtards et larves), ainsi que durant la période de reproduction chez les adultes. En effet, les amphibiens pondent dans les zones humides (mares, fossés, ornières, prairies humides…). Les têtards et larves commencent leur cycle de vie et leurs premières métamorphoses dans l’eau, étant incapables de respirer à l’air libre. Le développement de poumons et de pattes leur permettra ensuite de monter sur la terre ferme, où ils passeront l’été, l’automne et l’hiver à la recherche de nourriture, d’abri contre les prédateurs et de bonnes conditions d’humidité et de chaleur. A noter que les mois les plus froids de l’année sont passés en hivernage, léthargie limitant au maximum les besoins en nourriture et oxygène. Comme les reptiles, en France, les amphibiens sont protégés par l’arrêté du 19 novembre 2007 Protocoles utilisés Crapaud commun (©N. DERUY) Les inventaires réalisés sur la commune de Gravelines l’ont été sous plusieurs formes : - observation directe d’individus adultes, de pontes ou de larves, de jour comme de nuit, en milieux secs ou humides ; - écoute de chants nuptiaux pour les espèces d’anoures (grenouilles, crapauds) pendant les périodes de reproduction, à proximité des zones humides ; - pêche au troubleau dans les mares et fossés les plus favorables, de nuit et notamment pendant la période de reproduction ; - récolte d’informations liées à des inventaires antérieurs d’associations naturalistes ; - récolte de données de particuliers grâce à « l’avis de recherche » sur les amphibiens et les reptiles lancé dans le cadre de l’opération « Un Dragon ! Dans mon jardin ? », avec vérification par photo ou vidéo. Ces informations sont parvenues tout au long de la période d’étude : les données d’inventaires de terrain (pêche au troubleau, écoute des chants) sont essentiellement récoltées au printemps et au début de l’été (période de reproduction des amphibiens dans le nord de la France) ; les données de particuliers ou des services techniques peuvent s’étaler sur une période beaucoup plus longue : hors période de reproduction, les amphibiens vont gagner des milieux terrestres où ils chercheront de la nourriture (cloportes, araignées, lombrics, petits insectes…), un abri contre les prédateurs et des conditions d’humidité et de chaleur qui leur conviennent. Ainsi, ils pourront être observés dans les jardins de particuliers ou dans les espaces verts, même sans zone humide, sous des tas de bois, de pierres, dans des zones d’herbes folles… et ce tout au long de l’année. 41 Résultats des inventaires NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE Crapaud calamite Bufo calamita Crapaud commun Bufo bufo Grenouille rousse Rana temporaria Grenouille verte diverse Pelophylax sp. Triton ponctué Lissotriton vulgaris ESPECE INTERESSANTE Oui REMARQUES 1 individu entendu chanter Oui Analyses qualitative et quantitative Les inventaires concernant les amphibiens de la commune de Gravelines ont permis de relever 5 espèces. Parmi celles-ci, c’est le Crapaud calamite qui est le plus remarquable. Au niveau national, l’arrêté du 19 novembre 2007 fixe les listes des amphibiens et reptiles protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection. Le Crapaud calamite fait partie des espèces sur lesquelles s’appliquent le plus de contraintes : - sont interdits […] la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel. - Sont interdites […] la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux […] - Sont interdits […] la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou l’achat, l’utilisation, commerciale ou non, des spécimens prélevés. Crapaud calamite Le Crapaud calamite reconnaissable à la ligne jaune lui barrant le dos et à ses pupilles verdâtres, est plus commun sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. C’est une espèce pionnière, qui affectionne les milieux humides ouverts et est capable de recoloniser rapidement des habitats dégradés (prairies, cultures…). Les amphibiens sont également représentés sur le centre-ville de Gravelines par d’autres espèces plus ubiquistes, ou se contentant de conditions moins optimales. C’est, le cas avec la présence de la Grenouille rousse, de la Grenouille verte, du Crapaud commun et du Triton ponctué. A noter que le terme de Grenouille verte correspond ici à un « complexe de Grenouilles vertes » comprenant dans notre région deux espèces (Pelophylax ridibundus - introduite, Pelophylax lessonae - indigène) et un klepton (Pelophylax kl. esculentus). Ces espèces s’hybridant, il est très compliqué de les différencier « à l’espèce ». Ainsi, quand nous parlons de Grenouille verte, il s’agira d’une des trois taxons cités ci-dessus, sans distinction et noté scientifiquement Pelophylax sp., soit « Grenouille verte diverse ». La sauvegarde des amphibiens présents sur la commune, voire la venue des espèces présentes à proximité, sera liée au maintien de leurs milieux de vie de reproduction (zones humides : fossés, douves, mares…) mais également d’estivage et d’hivernage (milieux terrestres : sous-bois herbacés, tas de bois ou de pierres, pieds de remparts…). A noter que ces actions seront bénéfiques à de nombreuses autres espèces animales, mais aussi végétales. 42 LES PAPILLONS DE JOUR (LEPIDOPTERES RHOPALOCERES) Présentation générale Le nom « lépidoptère » a une origine grecque qui signifie « ailes couvertes d’écailles ». Il s’agit bien sûr des papillons. Plus de 8 000 espèces ont été décrites en Europe (200 000 dans le monde !). Parmi cellesci, les rhopalocères (papillons de jour) sont très minoritaires (environ 16 000 dans le monde, un peu plus de 400 en Europe). Ces derniers doivent leur nom à leurs antennes en forme de massue, qui permet de les différencier des papillons de nuit (ou hétérocères). En effet, la période de vol des individus n’est pas un critère valide : - La plupart des rhopalocères volent de jour, mais certaines espèces peuvent également être aperçues voletant de nuit (les théclas par exemple) - La plupart des hétérocères volent la nuit, mais certains espèces volent de nuit comme de jour alors que d’autres ne volent que le jour (ex : zygènes). Il existe en région Nord-Pas-de-Calais 73 espèces de rhopalocères (cf. HAUBREUX, 2011). La faune des papillons de jour des Flandres françaises est bien fournie, puisque 42 espèces peuvent être observées en Flandre (dont 17 n’étant connues que de quelques stations). Protocoles utilisés L’inventaire des papillons du centre-ville de Gravelines a porté sur les rhopalocères ou papillons de jour, leur reconnaissance étant facilitée par leur période de vol. Néanmoins, des données opportunistes de papillons de nuit peuvent également être fournies le cas échéant, faisant la part belle aux espèces volant le jour comme la nuit. Comme pour les autres espèces animales, les prospections concernant les lépidoptères ont été réalisées aux périodes propices (printemps / été essentiellement, journées ensoleillées sans vent…) et dans les milieux les plus favorables. Les données ont été récoltées de plusieurs manières : - Observations directes d’individus adultes ou de chenilles ; - Capture d’individus au filet puis identification avant relâcher ; - Compilation d’informations issues d’études naturalistes antérieures ou de particuliers. Belle-dame, ou Vanesse des chardons 43 Résultats des inventaires NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE ESPECE INTERESSANTE RARETE REGION MILIEUX OCCUPES Amaryllis Pyronia tithonus Commun Bermes routes, prairies, ourlets Azuré de la bugrane Polyommatus icarus Commun Pelouses, milieux ouverts Aurore Anthocaris cardamine Oui Commun Boisements, jardins Azuré des nerpruns Celastrina argiolus Oui Commun Zones boisées Belle-Dame, Vanesse des chardons Vanessa cardui Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Carte géographique Araschnia levana Oui Commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Citron Gonepteryx rhamni Oui Commun Boisements anciens Collier de corail, Argus brun Aricia agestis Oui Assez commun Pelouses, milieux ouverts Cuivré commun Lycaena phlaeas Oui Assez commun Pelouses, prairies, milieux ouverts Hespérie de la houque Thymelicus sylvestris Oui Peu commun Pelouses, dunes, milieux calcaires, zones ouvertes Hespérie du dactyle Thymelicus lineolus Commun Prairies, ourlets, bermes Machaon Papilio machaon Commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Myrtil Maniola jurtina Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Paon-du-jour Inachis Io Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Petite tortue Aglais urticae Commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Piéride de la rave Pieris rapae Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Piéride du chou Pieris brassicae Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Piéride du navet Pieris napi Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Procris, Fadet commun Coenonympha pamphilus Commun Milieux secs : dunes, mais aussi pelouses, rocailles, chemins Robert-le-Diable Polygonia c-album Commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Souci Colias crocea Commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Sylvaine Ochlodes venatus Commun Prairies, ourlets, bermes Tircis Pararge aegeria Très commun Zones boisées Tristan Aphantopus hyperanthus Commun Bermes routes, prairies, ourlets Vulcain Vanessa atalanta Très commun Jardins et parcs urbains, bois, prairies, bermes… Oui Oui 44 Analyses qualitative et quantitative Si à première vue l’inventaire des papillons de jour du centre-ville de Gravelines ne semble pas « exceptionnel », il doit être mis en relation avec le déclin généralisé des papillons (et de nombreuses autres espèces de la nature ordinaire) à diverses échelles : locale, régionale, nationale, supranationale. Une grande partie des espèces de Flandre a tout de même été observée sur le territoire inventorié en 2013. Manquent logiquement les espèces des dunes et autres milieux sableux (Agreste, Petit nacré, Argus frêle, Grand nacré, Azuré porte-queue – ces espèces étant peut-être présentes dans les espaces dunaires de la Ville de Gravelines), les espèces liées aux pelouses calcaires (Demi-deuil, Point-de-Hongrie, Argus vert) et les espèces des grandes zones boisées (Grand Mars changeant, Grande tortue). Par la mosaïque d’habitats et la présence de boisements, Gravelines est l’une des villes de Flandre française hébergeant le plus d’espèces ! D’un point de vue qualitatif, certaines espèces présentant des populations élevées par rapport au reste du grand Dunkerquois. C’est le cas du Citron ou encore du Machaon, deux de nos plus belles espèces ! Machaon La reproduction de toutes les espèces (présence de chenilles sur les plantes hôtes) n’est pas prouvée sur la commune. Toutefois, la présence régulière des espèces dans certains secteurs laisse présager de leur reproduction régulière. Dans le cadre de l’un de ses suivis de terrain, la section Flandre Maritime du GON a défini ce qu’est un milieu propice aux papillons en Flandre française, éléments transposables à la commune de Gravelines : Un milieu propice aux papillons est un milieu : Présentant une belle structure de végétation (zones nues, herbes folles de différentes hauteurs, haies et ourlets). Cette structure de végétation permet aux espèces notamment de trouver des microsites à l’abri du vent et des zones denses pour s’abriter en cas de mauvais temps. Présentant une grande variété de fleurs sauvages. Plus un milieu possède d’habitats différents (habitats dans le sens milieu de vie) répartis en mosaïque/patchwork dans le paysage, plus la diversité de plantes est importante. Cette diversité est importante pour la recherche de nourriture pour les adultes et les chenilles. Pour les adultes, il est important d’avoir un ‘bol nectarifère’ (ensemble des plantes riches en nectar) important tout au long de l’année. Une végétation dominée par une et une seule espèce de plante fournira beaucoup de nectar à un moment de l’année mais n’offrira rien en dehors de la période de floraison de cette fleur. Plus le milieu possède de fleurs sauvages, plus d’espèces de papillons (jour et nuit) peuvent avoir l’opportunité de trouver la plante hôte pour leurs chenilles. Un écosystème sain pourvoit normalement assez de nourriture pour le cycle biologique des papillons. Parmi les plantes les plus intéressantes : les ronces (fleurs), cirses et chardons (fleurs et feuilles), orties (feuilles) et Lierre (fleurs) !!! La protection des papillons est un plaidoyer pour les fleurs sauvages malaimées du grand public ! Sans déversement de produits chimiques (biocides tels qu’engrais, pesticides, répulsifs…). Ces produits chimiques non assimilables par la biodiversité toute entière sont extrêmement néfastes et constituent l’une des principales menaces en Flandre ! Les principes de gestion différenciée (‘généralement’ sans utilisation de biocides) sont hautement recommandés ! Il va sans dire que les ‘coins désordonnés’ de nature sont des havres de paix incommensurables pour les papillons ! Une trop forte pression humaine peut leur être défavorable, mais des gestions adaptées permettent de maintenir la diversité. En un mot : gérer, mais pas trop… 45 Les papillons se déplacent facilement et peuvent être observés à plusieurs endroits du centre-ville de Gravelines. Quelques secteurs d’intérêt se détachent toutefois : - Les pelouses, riches en fleurs, hébergent de belles populations d’Azurés de la bugrane, d’Argus bruns, de Procris ou encore de Cuivrés communs. Ces espèces utilisent préférentiellement les milieux ras et sont accompagnées d’autres à la recherche de nourriture : piérides, Vulcain, Paon du jour… - Les boisements et surtout leurs ourlets fleuris (végétation herbacée haute de 30-80 cm riche en plantes à fleurs) attirent de nombreuses espèces et en particulier le Citron. Cette espèce, très rare en Flandre, est assimilée aux boisements. D’autres espèces accompagnaient le Citron, notamment le Souci, le Machaon, la Belle-Dame, la Carte géographique… La présence de chardons et cirses attirent de nombreuses espèces (plantes mellifères riches en nectar). Ces zones d’ourlets constituant un milieu très apprécié par des espèces pondant sur les graminées : Sylvaine, Amarylis, Tristan et Myrtil - Enfin, les parcs, jardins et espaces de fleurissements urbains attirent eux-aussi de belles populations de papillons, parmi lesquels le Machaon, le Vulcain, la Belle-Dame, le Souci, le Paon-du-jour, le Robert-le-Diable… Vulcain Accouplements d’Azurés de la bugrane (haut) et de Soucis 46 LES LIBELLULES ET DEMOISELLES (ODONATES) Présentation générale En Europe, les odonates comptent deux groupes bien distincts : - le sous-ordre des zygoptères, encore appelés demoiselles ; - le sous-ordre des anisoptères, comportant les libellules vraies. C’est dans le groupe des anisoptères que se trouvent les espèces à l’origine du terme « Libellule ». Il s’agit de la famille des Libellulidés, et plus particulièrement dans cette famille du genre Libellula, dont une espèce se trouvent sur Gravelines : la Libellule à corps déprimé (Libellula depressa). « Zygoptère » signifie « ailes jointes ». La forme de l’aile avant est semblable à celle de l’aile arrière. Les demoiselles se reconnaissent aussi à leur abdomen fin et leur aptitude à tenir leurs ailes généralement jointes au repos (à l’exception des lestes). « Anisoptère » signifie « ailes différentes », l’aile arrière étant plus large que l’aile avant. Par ailleurs, les libellules sont plus corpulentes que les demoiselles, et se tiennent les ailes généralement écartées au repos. Les odonates bénéficient de la présence conjointe de deux types de milieux : les milieux aquatiques et les milieux plus secs. En effet, le cycle de vie des odonates commence en milieu aquatique : les adultes y pondent des œufs, les larves s’y développent pendant plusieurs semaines, mois voire années (selon les espèces). Cette période se termine par la sortie progressive des larves hors de l’eau. Durant cette « émergence », l’adulte (appelé imago) se libère de sa dépouille larvaire (= exuvie). Par commodité de langage, nous regrouperons tous ces termes sous un même vocable, celui de « libellules ». Femelle de Libellule à corps déprimé Protocoles utilisés Toutes les espèces inventoriées ont été observées directement sur le terrain, notamment au-dessus des lieux de reproduction, ou capturées au filet avant identification et relâcher sur place. La recherche d’exuvies n’a pas fait l’objet d’un protocole spécial, néanmoins celles rencontrées de manière aléatoire ont été récoltées puis identifiées. Les prospections ont eu lieu aux périodes les plus favorables, printemps et été notamment. Les zones de prospection ont également été finement choisies pour avoir une vision objective de la richesse en libellules du centre-ville de Gravelines : zones humides de reproduction, pelouses et prairies utilisées pour le nourrissage… 47 Résultats des inventaires NOM VERNACULAIRE NOM SCIENTIFIQUE ESPECE INTERESSANTE MILIEUX OCCUPES EN FLANDRE FRANÇAISE LORS DE LA REPRODUCTION Aeschne bleue Aeshna cyanea Préférence pour les grandes étendues d’eau riches en végétation Aeschne mixte Aeshna mixta Préférence pour les grandes étendues d’eau riches en végétation Agrion à larges pattes Platycnemis pennipes Watergangs eaux stagnantes, riches en végétation aquatique, canaux Agrion à longs cercoïdes Erythromma lindenii Watergangs eaux stagnantes, riches en végétation aquatique, canaux Agrion au corps de feu Pyrrhosoma nymphula Agrion élégant Ischnura elegans Tous types de zones humides et milieux aquatiques Agrion jouvencelle Coenagrion puella Tous types de zones humides et milieux aquatiques Agrion porte-coupe Enallagma cyathigerum Mares riches en végétation en milieu ouvert Anax empereur Anax imperator Préférence pour les grandes étendues d’eau riches en végétation Leste vert Lestes viridis Libellule à corps déprimé Libellula depressa Mares peu profondes en milieu ouvert Naïade au corps vert Erythromma viridulum Watergangs eaux stagnantes, riches en végétation aquatique, canaux Orthétrum réticulé Orthetrum cancellatum Mares peu profondes en milieu ouvert Sympétrum sanguin Sympetrum sanguineum Tous types de zones humides et milieux aquatiques Sympétrum strié Sympetrum striolatum Tous types de zones humides et milieux aquatiques Oui Oui Boisements humides, mares forestières Mares forestières, nécessité de branches surplombant l’eau pour y insérer ses œufs Analyses qualitative et quantitative Les libellules, de par leur mode de vie, sont de très bons indicateurs de la qualité des milieux et notamment des zones humides. En effet, si la vie de l’insecte à l’état adulte est relativement courte, la larve, aquatique, peut vivre 1 à plusieurs années sous l’eau (3 à près de 5 années pour les plus grosses espèces). A ce moment, la larve est extrêmement dépendante de la qualité de l’eau, et une période de pollution peut nuire à l’ensemble des espèces. En 2013, 15 espèces de libellules ont été aperçues sur la zone inventoriée. De manière générale, la diversité d’espèces sur la partie inventoriée cette année sur la commune de Gravelines n’est pas exceptionnelle, et la plupart des espèces sont des espèces communes et abondantes en Flandre française. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette relative faiblesse d’abondance des espèces : - Des eaux de qualité moyenne (pollution par matière organique) mais aussi et surtout la présence dans les douves, du moins occasionnellement d’eaux saumâtres : aucune libellule ne se développe dans de tels milieux. - Une faible diversité de zones humides, et notamment l’absence de mares ouvertes en milieu ensoleillé qui sont es milieux à même d’attirer quelques espèces supplémentaires. Il en est de même pour des mares aux pentes douces en milieu boisé. - Le type de zones humides dominant, à savoir les douves aux berges relativement abruptes, n’est pas le milieu le plus fonctionnel d’un point de vue écologique pour les libellules. 48 Malgré ces points négatifs, il faut tout de même souligner la présence de plusieurs espèces se reproduisant de manière certaine dans les douves. Ceci souligne donc que la qualité des eaux, même si elle ne semble pas optimale, accepte tout de même la reproduction d’espèces situées de surcroît bien souvent en haut des chaînes alimentaires. Les douves les plus riches et intéressantes pour les libellules (et bien souvent pour l’ensemble de la biodiversité) sont les douves présentant des berges à pentes douces, riches en végétation rivulaire (végétation de type roselière-mégaphorbiaie) et dont les eaux sont riches en végétation aquatique (myriophylle, callitriches, potamots…). Parmi les espèces rencontrées, deux retiennent plus particulièrement notre attention : - Le Leste vert est une espèce relativement peu courante en Flandre Maritime. Cette espèce reste localisée du fait de son habitat. En effet, le Leste vert pond ses œufs dans les branches des arbres surplombant les zones humides. Les larves une fois sorties des œufs se laissent tomber dans l’eau pour vivre leur vie aquatique. Hors la Plaine Maritime est pauvre en espace boisés. Plusieurs douves arborées sur Gravelines offrent des conditions de vie fonctionnelles pour cette espèce. Elle est courante et abondante dans le reste de la Région et au niveau national. - L’Agrion au corps de feu est une élégante demoiselle au corps rouge. Cette espèce se rencontre aussi bien aux abords des eaux courantes que stagnantes, mais présentant une végétation (notamment flottante) abondante. Elle est précoce, puisqu’il est possible de la voir voler dès les premiers jours d’avril. Agrion à corps de feu Leste vert ©Denis LAGACHE 49 AUTRES DONNEES OPPORTUNISTES Présentation générale Certaines espèces faunistiques et floristiques n’ont pu faire l’objet d’un inventaire poussé, et ce pour plusieurs raisons : • Méconnaissance des espèces : groupes difficiles et/ou méconnus. • Mœurs de vie nocturne et farouche rendant difficiles la reconnaissance des espèces, leur détection : c’est le cas notamment de la plupart des mammifères. • Manque de temps dans le cadre des inventaires pour mener à bien une expertise écologique complète de la biodiversité. Bien souvent, l’étude des milieux et des espèces connues (oiseaux, plantes, libellules, papillons, amphibiens, reptiles…) permettent d’appréhender la fonctionnalité écologique des milieux. L’étude de ces groupes méconnus apporte des indications complémentaires : étude plus fine des conditions écologiques ambiantes et/ou meilleure appréhension de la richesse des milieux les plus riches d’un point de vue écologique. Néanmoins, même sans inventaire spécifique, les espèces connues ou patrimoniales reconnues ont été notées et présentées ci-dessous. Lérot ©Arnaud BOULANGER Protocoles utilisés Ces groupes difficiles nécessitent souvent des outils d’inventaires spécialisés : • Bat detector pour les chiroptères (ou chauve-souris) ; • Produits chimiques pour les lichens ; • Loupe binoculaire pour les bryophytes (ou mousses et hépatiques) La non-utilisation de ces outils d’inventaires ne permet pas une analyse complète de ces différents genres. Néanmoins, des données opportunistes ont été recueillies, essentiellement à vue : observation des traces et/ou individus morts, reconnaissance des lichens identifiables visuellement… Résultats des inventaires Les mammifères ont été relativement bien appréhendés, avec une « belle » découverte : la présence d’un Lérot mort en contrebas du pont du Boulevard Lamartine. Une population existe donc certainement aux alentours, d’autant plus que le milieu semble totalement fonctionnel pour cette espèce. Le Lérot est un rongeur omnivore de la taille d’un gros hamster, facilement reconnaissable à son bandeau noir sur les yeux. S’il reste assez communément observé sur le littoral, ses populations déclinent suite 50 à une modification de son habitat. Le Lérot est considéré comme une espèce parapluie pour les Flandres françaises, c'est-à-dire que sa présence indique des milieux fonctionnels d’un point de vue écologique pour de nombreuses autres espèces. En effet, le Lérot a besoin de milieux diversifiés lui permettant de trouver une nourriture variée et abondante : œufs d’oiseaux, fruits, baies, vers de terre, limaces, escargots…. Cette espèce est patrimoniale pour la région Nord-Pas-de-Calais et fait l’objet de nombreuses études de répartition et suivi des populations aussi bien en France qu’en Belgique. D’autres mammifères sont présents sur le territoire étudié. Sans en faire une liste exhaustive, voici quelques éléments marquants des espèces relevées au cours des inventaires (traces, passages, laissées…) : • Présence de traces et laissées du Renard roux. La présence de cette espèce en haut des chaînes alimentaires prouve une certaine fonctionnalité des milieux prospectés. Les traces étaient surtout visibles dans les zones boisées et vases des berges douces des douves. • Présence du Campagnol des champs (trouvé mort), du Mulot sylvestre (observé à vue se faufilant entre les feuilles de la litière) et de diverses musaraignes (entendues, trouvées mortes, non déterminées à l’espèce). • Une analyse des remparts par un chiroptérologue serait intéressante à mener. La Coordination Mammalogique du Nord de la France est considérée comme experte en la matière au niveau régional. Une sortie crépusculaire a permis d’observer quelques chauves-souris qui survolaient les canaux et larges douves. Il s’agit peut-être du Murin de Daubenton, mais cela reste à confirmer. • Enfin, la présence du Lapin de Garenne dans les pelouses est d’un intérêt tout particulier pour leur gestion qu’il est préférable de favoriser et préserver. Certains talus ensoleillés et verticaux offrent des conditions de vie optimales pour l’installation d’abeilles solitaires Ces abeilles prouvent aussi la bonne santé écologique des zones prospectées (richesse de plantes mellifères, c'est-à-dire riches en pollen). Ces abeilles solitaires attirent à leur tour des abeilles parasites qui viendront pondre dans leurs terriers. D’autres abeilles, guêpes, syrphes, mouches… ont été découvertes au cours des sorties de terrain. Toutes ces espèces sont d’un intérêt vital pour la pollinisation des plantes et donc pour l’Homme. A noter que de manière générale, les insectes à langue longue (abeilles, guêpes, bourdons….) privilégieront les plantes de couleur bleues, violettes, rouges, tandis que les insectes à langue courte (syrphes, mouches, moustiques…) privilégieront les fleurs de couleur jaunes, oranges, blanches. La richesse des pelouses en terme de plantes à fleurs est un attrait tout particulier pour l’ensemble de ces espèces, qui trouvent par ailleurs dans les zones boisées (notamment dans le bois mort), dans les vases des douves, dans les rives abruptes… autant de zones propices à leur reproduction. Renard roux ©Marc ROCA 51 PARTIE 2 : LES HABITATS NATURELS EN LIEN AVEC LE PROJET ARCH 52 LE PROJET ARCH – ASSESSING REGIONAL HABITAT CHANGE Préambule Le projet ARCH (Assessing Regional Habitat Change) est le fruit d’un défi dans lequel la région Nord-Pas de Calais et le Kent County Council se sont lancés en 2010 : mettre au point une cartographie transfrontalière des habitats naturels en partant d’approches différentes, mais avec l’ambition commune d’aboutir à un outil de connaissance performant. Le Kent disposait déjà d’une cartographie des habitats très détaillée et appuyée sur de nombreux inventaires de terrain, initiée dès les années 1990. Son objectif : avoir une solide mise à jour de sa cartographie. Le Nord-Pas de Calais ne disposait que d’informations hétérogènes et très partielles. Son objectif : créer une première cartographie des habitats naturels couvrant l’ensemble du territoire régional. Plus de deux ans de travail et d’échanges méthodologiques ont été nécessaires pour parvenir à la première cartographie transfrontalière des habitats naturels ainsi qu’aux cartographies de chaque région. Une typologie commune de ces habitats a été établie, adaptée de la codification européenne CORINE biotopes. Puis, dans le Nord-Pas de Calais, un minutieux travail de photo-interprétation a été mené. Celui-ci a dû résoudre diverses difficultés d’identification de certains habitats. Les attentes vis-à-vis des données ARCH sont importantes, tant les pressions sur les milieux naturels sont fortes et les changements rapides. Elles viendront soutenir les politiques d’aménagement durable et de préservation de la biodiversité ; en particulier la dynamique de Trame verte et bleue en Nord-Pas de Calais et les projets issus du Kent : « BAP » (Plan d’action pour la biodiversité) et de « Valley of Visions » (qui visent la conservation du paysage, de la biodiversité et du patrimoine local en y associant le public et les organisations locales). Elles permettront une analyse approfondie qui améliorera la connaissance et le suivi de l’évolution des habitats à enjeux. Ces données sont d’ores et déjà accessibles librement pour être prises en compte dans les projets d’aménagement. Un portail de cartographie en ligne facilite l’accès de tout public aux informations ARCH pour le Nord-Pas de Calais (www.arch.nordpasdecalais.fr) et un logiciel d’évaluation de l’empreinte des projets d’aménagement est à la disposition des services d’urbanisme dans le Kent qui prépare également un portail d’accès aux données ARCH (www.archnature.eu). Talus enherbé sur la commune de Gravelines 53 Objectifs Le Nord-Pas de Calais et le Kent possèdent un héritage naturel commun (massifs forestiers rares, pelouses calcaires, zones humides, etc.) issu de la même base géologique, et modelé de la même manière par le climat et les activités humaines. Dans le même temps, ces deux territoires sont confrontés à des problématiques similaires comme la disponibilité de données couvrant de manière homogène la totalité de leurs territoires à une échelle relativement précise et mises à jour sur l’état des habitats naturels et sur la fragmentation des paysages qui accélère la dégradation des habitats et la perte de biodiversité. Par ailleurs, les régions du Nord-Pas de Calais et du Kent retiennent dans leurs stratégies respectives d’aménagement du territoire la préservation de la biodiversité comme une priorité. Ces similarités ont rendu évidente la recherche d’une solution collective aux défis communs, notamment au travers d’une coopération transfrontalière. Dans ce contexte, le projet partenarial transfrontalier ARCH est donc apparu comme l’opportunité d’améliorer la connaissance, le suivi et la préservation de la biodiversité à l’aide d’une cartographie transfrontalière et de cartographies régionales des habitats naturels. Les objectifs du projet : - évaluer l’évolution des habitats naturels et leur fragmentation dans le cadre d’un projet transfrontalier Nord-Pas de Calais / Kent en développant des méthodes communes d’évaluation et de restitution cartographique de l’état des habitats naturels ; - promouvoir l’utilisation des données sur les habitats naturels dans le cadre des projets d’aménagement en développant des outils d’aide à la décision à disposition des aménageurs et des gestionnaires de l’environnement ; - élaborer des recommandations pour la mise à jour future des données sur les habitats naturels et de la cartographie ARCH. Afin d’atteindre ces objectifs, trois activités furent menées conjointement : - Activité 1 : cartographie transfrontalière et régionale des habitats naturels et de leur évolution ; outil de mesure de la connectivité / fragmentation des habitats naturels : o nomenclature commune permettant de caractériser les habitats naturels en utilisant un langage commun entre le Nord-Pas de Calais et le Kent. Des réunions d’experts, au cours de groupes de travail transfrontaliers, étayées par des visites de terrain ont permis la mise en place de ce référentiel commun, adapté de la typologie européenne des habitats naturels CORINE biotopes ; o base de données vectorielle géoréférencée transfrontalière et régionale des habitats naturels couvrant le territoire du projet (mise à jour de la base de données dans le Kent / premier état dans le Nord-Pas de Calais) fondée sur la combinaison de la photo-interprétation d’images aériennes et de données de terrain, o analyse de l’évolution des habitats naturels sur les deux territoires transfrontaliers (entre 2005 et 2009 pour le Nord-Pas de Calais et entre 1991, 2003 et 2008 pour le Kent), o cartographie transfrontalière et cartographie régionale des habitats naturels et de leur évolution avec une restitution au 1/10 000, o outil de mesure de la connectivité / fragmentation des habitats naturels pour le Nord-Pas de Calais et le Kent. - Activité 2 : diffusion des données ARCH : o outil régional de cartographie en ligne, dans le Nord-Pas de Calais, intégrant différentes données interopérables sur les habitats naturels et la biodiversité permettant aux aménageurs de prendre en compte ces informations dans le cadre de leurs projets. La région Nord-Pas de Calais ne réalisant pas l’instruction des dossiers régionaux relatifs aux procédures d’aménagement, il s’agit d’un outil d’accès à l’information ARCH pour les acteurs de 54 - l’aménagement du territoire et les professionnels de l’environnement rassemblant des données pertinentes autour de l’habitat naturel. arch.nordpasdecalais.fr o logiciel d’empreinte de l’aménagement, dans le Kent, outil permettant d’analyser les projets d’urbanisme en termes de présence d’habitats naturels clés et d’espèces protégées sur la zone d’aménagement étudiée. Pour le comté du Kent, c’est un outil d’appui à l’analyse réglementaire qui sera utilisé par les différents districts en charge de l’instruction des dossiers ain d’évaluer le potentiel impact d’un aménagement sur les habitats naturels et les espèces. Un portail web est également développé à destination des professionnels de l’aménagement et de la conservation des habitats ainsi que du grand public. Il permet de consulter la donnée sur les habitats naturels Activité 3 : étude sur l’utilisation de nouvelles technologies de télédétection afin de suivre l’évolution des habitats à long terme : o étude des potentialités des nouvelles technologies de télédétection (satellite optique, infrarouge, radar, lidar, thermographie, etc.) pour la connaissance et le suivi de l’évolution des habitats naturels. Il s’agit d’analyser l’apport de ces technologies d’acquisition d’imagerie satellitaire, en termes de coûts, de disponibilité, de services et de bénéfices par rapport à l’imagerie aérienne, pour mettre à jour les données régionales et transfrontalières. o recommandations en termes de stratégie de mise à jour des données « habitats naturels » et du suivi de leurs évolutions, notamment sur l’appui des données satellitaires issues de la télédétection spatiale en complément de la photointerprétation sur images aériennes. Il s’agit de garantir que le processus décisionnel se fonde sur les données les plus récentes, en facilitant l’actualisation des données d’évolution des habitats naturels par une méthodologie durable et rentable. Extrait des documents d’interprétation des habitats créés dans le cadre d’ARCH Les habitats naturels Les définitions de la notion d’habitat sont très nombreuses. Très différentes, elles se recoupent ou non partiellement. Par commodité, dans le cadre du projet ARCH, on retient qu’un habitat naturel est un ensemble indissociable constitué : - d’un biotope (ou milieu, correspondant aux conditions physiques et chimiques) caractérisé par l’exposition, la pente, la nature du sous-sol (roche-mère) et du sol (richesse en nutriments, pH, calcaire actif, composition granulométrique, capacité de rétention de l’eau, existence d’une nappe d’eau superficielle, etc.), le climat dont les conditions microclimatiques (précipitations, humidité atmosphérique, inondabilité éventuelle, ensoleillement, températures, etc.), les influences humaines (agriculture, sylviculture, pollutions, autres perturbations, etc.) ; 55 - - d’une ou plusieurs communautés végétales caractérisées par une certaine physionomie (muscinale, herbacée, arbustive, arborescente) dépendant des espèces qui la composent et du milieu qui les accueille et explorant des espaces différents (par exemple, les racines des arbres peuvent s’ancrer profondément dans le sol, alors qu’une plante annuelle n’en exploite que les premiers centimètres ; les mousses se développant sur un rocher constituent une microcénose différente de celle de la matrice forestière qui entoure le rocher, etc.) ; d’une ou plusieurs communautés animales associées, avec des espèces inféodées à une plusieurs espèces végétales, à une végétation, à une « niche écologique » ou à un microhabitat particulier ou utilisant un territoire plus grand que l’habitat considéré pour exercer leurs diverses activités vitales. Notons que pour nombre d’habitats végétalisés, l’identification des communautés végétales permet très souvent de qualifier de manière relativement fine les caractéristiques du biotope et de ses potentialités. Différentes approches de l’écologie végétale et de la phytosociologie permettent d’y parvenir de façon assez précise, les communautés étant très fréquemment intégratrices et indicatrices de l’ensemble des paramètres physiques, chimiques et biologiques permettant d’identifier les habitats. C’est la raison pour laquelle, selon la précision de l’approche retenue et selon la finesse de description, on pourra considérer de manière conventionnelle qu’un habitat rassemble une ou plusieurs communautés végétales (ou végétations) qui « fonctionnent » ensemble et peuvent alors être considérées comme une entité unique. LES RESULTATS SUR LA COMMUNE DE GRAVELINES Méthodologie et analyse qualitative Les données sur les habitats naturels fournies par le projet ARCH sont accessibles de plusieurs manières distinctes : - une consultation en ligne est possible sur le site http://www.arch.nordpasdecalais.fr/ - l’atlas fournit des cartes toutes faites des habitats naturels à l’échelle du 1/10000ème ; - l’ensemble des données est téléchargeable pour être réutilisé directement au format SIG. Le CPIE Flandre Maritime disposant d’un SIG, c’est cette dernière solution qui a été choisie. En effet, la commune de Gravelines étant peu étendue, la cartographie automatique au 1/10000ème est peu cohérente car très peu lisible au format d’impression A4. Les cartes réalisées grâce au SIG ont été produites en rassemblant plusieurs grands habitats naturels similaires ou complémentaires : - habitats anthropiques (p.57) ; - boisements et habitats associés (p.57) ; - zones de cultures et habitats associés (p.57). - habitats littoraux (p.57) ; - prairies et autres milieux ouverts (p.58) ; - zones humides et habitats associés (p.58) ; Il est difficile de faire une analyse des habitats sur la zone d’étude 2013, à savoir le centre-ville de Gravelines. Par contre, les cartographies présentées dans ce document pour information serviront en 2015, à la fin de la période d’expertise écologique et en complément des données naturalistes récoltées, pour mettre en avant les possibilités en termes de corridors écologiques, de cœurs de nature, d’espaces à renaturer… 56 57 Illustrations Les douves et fossés, habitats associés aux « zones humides » Le chenal de l’Aa, dans les « milieux littoraux » 58 Remparts boisés, pelouses rases, berges pierreuses ou encore canal, autant de milieux de vie rencontrés sur Gravelines 59 PARTIE 3 : BILAN ET PERSPECTIVES 60 Dans le cadre de la convention pluriannuelle d’objectifs signée entre l’association et la Ville de Gravelines, le CPIE Flandre Maritime proposait de réaliser un état des lieux de la biodiversité du territoire communal. En 2013, les zones inventoriées (centre-ville et espaces verts annexes) n’étaient a priori pas les plus intéressantes en terme de présence d’espèces animales et végétales pour plusieurs raisons : une superficie d’étude relativement faible, un espace très urbanisé et bâti, des milieux peu diversifiés… Pourtant, et compte-tenu des conditions, de nombreux points remarquables méritent d’être mis en avant : - le nombre d’espèces est important : o 1/5 des espèces végétales régionales ; o La moitié des espèces d’odonates régulièrement visibles en Flandre française ; o 60% des papillons flamands ; o Une abondance d’oiseaux avec des espèces patrimoniales (Locustelle tachetée, Hypolaïs ictérine…) ou méritant une attention particulière (Moineau domestique, dont les populations s’effondrent depuis plusieurs années, Perruche à collier en tant qu’espèce exogène…) - De nombreuses espèces sont remarquables, patrimoniales ou protégées : o Cochléaire officinale, Ache odorante, Orchis bouc… pour les plantes ; o Hypolaïs ictérine, Serin cini chez les oiseaux ; o Lézard des murailles chez les reptiles ; o Crapaud calamite chez les amphibiens o Leste vert et Agrion à corps de feu chez les odonates ; o … Il va sans dire que la gestion mise en œuvre par les services de la Ville de Gravelines depuis plusieurs années sur le territoire d’étude contribue grandement à ce résultat positif. La gestion différenciée, la tendance vers la non-utilisation de produits biocides, la recréation de milieux de vie propices aux espèces… sont quelques-unes des pistes de réflexion déjà bien explorées par la commune. Pour autant, l’optimum qualitatif et quantitatif n’est certainement pas atteint. Quelques opérations de gestion écologique, voire quelques aménagements peu coûteux, pourraient encore améliorer l’accueil de la biodiversité sur le territoire communal. C’est en ce sens que sont présentées les premières préconisations de gestion de la partie 4, qui seront à compléter avec les inventaires des années 2014 et 2015 pour avoir une vision complète et objective des actions à mener. Moineau domestique ©Marc ROCA 61 PARTIE 4 : PREMIERES PRECONISATIONS DE GESTION / AMENAGEMENTS ECOLOGIQUES 62 Cette première année d’expertises écologiques a permis au CPIE Flandre Maritime de dresser un bilan intermédiaire de la biodiversité présente sur une partie du territoire communal de Gravelines. La présence d’une biodiversité assez riche est due notamment à la bonne gestion des milieux de la commune par les services de la Ville. Il est primordial que les méthodes de gestion mises en œuvre soient poursuivies, et les actions valorisées. Les éléments de gestion et d’aménagements écologiques proposés ci-dessous permettent d’une part de valoriser le travail déjà entrepris et d’autre part d’augmenter encore un peu plus l’état de la biodiversité par des préconisations à la marge des travaux de gestion entrepris actuellement. A noter que les préconisations proposées ici ne sont pas exhaustives. Les inventaires qui seront menés sur le reste du territoire communal en 2014 et 2015 permettront d’affiner ces préconisations de gestion qui feront l’objet d’un rapport plus détaillé à la fin des trois années de suivis. De plus, les services de la Ville ayant les compétences et connaissances appropriées, il n’est pas nécessaire dans ce document de détailler outre mesure les opérations à mettre en place. Grands principes De manière générale, trois grandes règles sont préconisées pour la gestion des espaces de nature : - S’interdire l’utilisation de produits chimiques en tout genre, néfastes à l’ensemble de la biodiversité, Homme compris ! - Favoriser les mosaïques de milieux, c'est-à-dire encourager l’alternance de différents milieux accueillant chacun une biodiversité spécifique : zones ouvertes, zones boisées, zones arbustives, zones humides, roselières, talus secs, mares… La présence d’espèces indigènes et autochtones, adaptées aux conditions écologiques du milieu (hydromorphie du sol, température, type de sol, Ph…) est également à favoriser (chaque espèce végétale locale accueillant bien souvent au minimum un invertébré spécifique). - La préservation de zones de nature ayant un minimum de dérangements humains (milieux impénétrables) est également un atout certain pour la conservation de la biodiversité. - En amont de travaux de gestion ou de génie écologique, il est important de communiquer afin d’expliquer la démarche aux publics, notamment les habitants. Et, une fois les travaux achevés, de communiquer sur la plus-value attendue ou d’ores et déjà observée. La communication, élément indispensable des projets biodiversité Dans les espaces bâtis Concernant les espaces bâtis (maisons privées et infrastructures publiques), jardins des particuliers et espaces d’embellissements urbains (jardinières) : - Favoriser et maintenir les cavités voire entrées dans les hangars et grands bâtiments permettant à une faune spécifique sur le déclin de prendre possession de ces milieux (Rougequeue noir, Chouette effraie, Martinet noir, Moineau domestique, Bergeronnette grise, chauve-souris…) - Favoriser les façades végétalisées couvertes de Lierre grimpant, Chèvrefeuille des bois (voire Glycine) - Favoriser les toitures végétales avec des plantes adaptées (plantes basses style sédums et joubarbe) 63 - - Favoriser les jardinières avec des plantes aromatiques Favoriser les parkings verts perméables, permettant l’infiltration de l’eau à la parcelle et à une microfaune de prendre possession de ces milieux en centre-ville Favoriser des vergers de maraude sur les bâtiments publics, notamment via l’installation d’arbres fruitiers palissés Favoriser l’installation de gîtes à chauve-souris et nichoirs pour les oiseaux cavernicoles, notamment sur les nouveaux bâtiments ‘hermétiques’. Dans les jardinières publiques, favoriser la présence d’espèces vivaces. Favoriser le fleurissement par des espèces locales est un véritable atout écologique (espèces adaptées aux conditions écologiques du milieu et offrant une grande nourriture aux insectes sauvages) : Achillée millefeuille, Millepertuis perforé, Brunelle commune, Potentille rampante, Epilobe hérissée, Reine-des-prés, Fleur de coucou, Pulicaire dysentérique… Des jardinières comprenant des plantes aromatiques sont également très appréciées des insectes : menthes, thyms, romarins, sauges, lavandes… Favoriser un paillage avec des débris végétaux plutôt qu’un sarclage régulier des zones de plantations floricoles. Sur les remparts (secs et humides) Au niveau de ces milieux patrimoniaux, tant d’un point de vue historique qu’écologique, il est intéressant de : - Favoriser la présence de cavités permettant aux fleurs de s’installer et avec elles l’ensemble de leur chaîne alimentaire - Limiter la présence des ligneux (essentiellement érables, peupliers et frênes) au sein même de la muraille mais favoriser la présence du lierre - Favoriser aux pieds des remparts une zone d’herbes folles sur une largeur d’environ 2 à 5 mètres selon l’espace disponible. Ces herbes folles peuvent être fauchées une fois par an (fin automne) ou une fois tous les deux ans, par alternance (prévoir une exportation des déchets de fauche afin de ne pas enrichir le sol) - Favoriser l’installation aux pieds des murailles de tas de bois morts et/ou de murs secs, très utiles notamment pour l’hivernage de nombreuses espèces - Diagnostiquer les cavités dans les murailles avec la Coordination Mammalogique du Nord de la France qui sera plus à même de préconiser des aménagements spécifiques pour les chauves-souris - Enlever les arbres qui poussent au-dessus même des murailles, évitant ainsi une dégradation de ce patrimoine historique par les racines. Veiller toutefois à sauvegarder les arbres majestueux qui donnent véritablement corps au paysage - Pour les remparts humides (riches en mousses et fougères ou remparts poussant au sein d’espaces arborés), éviter d’enlever brutalement plusieurs grands arbres afin de trop exposés la muraille aux rayons du soleil) Exemple de gestion différenciée d’une partie de remparts, à Bergues : zone herbacée au pied, interstices pour les plantes à fleurs et le Lézard des murailles… 64 Dans les espaces boisés Concernant les zones de boisements et leurs sous-bois (ceinture arborée de la Ville de Gravelines) : - Globalement, laisser le boisement vieillir naturellement, notamment les arbres « nobles » (chênes, tilleuls, ormes, frênes, saules, hêtres, charmes, noisetiers…) - Favoriser le bois mort (sur pied ou au sol) et/ou installer des tas de branches mortes, notamment dans les zones peu fréquentées par le public - Favoriser l’installation de mares au sein des boisements, notamment dans les zones plus basses et peu fréquentées par le public. Favoriser les pentes douces et laisser s’épanouir la végétation rivulaire qui pousse sur les berges des mares et plans d’eau. La présence de tas de bois mort à proximité de ces mares et un atout supplémentaire. - Limiter l’envahissement des boisements par des espèces peu intéressantes d’un point de vue écologique (Peuplier du Canada, Erable sycomore… et toutes les espèces d’arbres et d’arbustes non autochtones et non indigènes) - Favoriser un sous-bois dense et impénétrable, notamment en laissant, dans les zones peu fréquentées par le public, l’opportunité aux ronces de coloniser le sous-bois. Ces ronces seront d’autant plus intéressantes pour la biodiversité qu’elles seront exposées au sud. La présence d’arbustes épineux est également à favoriser (prunelliers, aubépines). - Laisser pousser le lierre sur les arbres et au sol dans le sous-bois - L’installation de vergers de maraude en périphérie des boisements, notamment dans les secteurs ensoleillés et abrités du vent, apporte une plus-value écologique incontestable pour la biodiversité. Des nichoirs à Lérots peuvent alors être installés dans les zones alentours de ces vergers, notamment dans les zones peu fréquentées par le public. Le Lierre sur les arbres, gîte et couvert pour la biodiversité Dans les espaces de pelouses et de prairies Bel exemple de gestion différenciée et de développement d’une prairie fleurie Concernant les zones de pelouses et prairies : - Favoriser de manière globale une transition douce entre les zones ouvertes de pelouses et les zones arborées par la présence de prairies de fauche - Par une tonte et/ou fauche moins soutenues, permettre à certaines zones de pelouses d’évoluer en prairies là où c’est possible : zones moins fréquentées, aux abords des boisements, en limite de clôture… - Dans les pelouses, augmenter la hauteur de coupe de quelques centimètres (par exemple à 6-8 cm) permettant aux plantes rases de s’épanouir - Evacuer au maximum les déchets de fauche afin d’éviter d’enrichir le milieu, banalisant fortement la flore et évitant l’arrivée de plantes concurrentielles - Pour les zones de prairies : préférer la fauche avec exportation au gyrobroyage - Privilégier la tonte et la fauche du centre de la zone vers les périphéries, permettant aux animaux de trouver refuge dans les zones adjacentes 65 Au niveau des douves Concernant les zones de douves : - Reprofiler si possible les berges afin de les atténuer, afin de faciliter l’arrivée et la sortie des animaux dans la douve proprement dite et augmentant sensiblement le nombre d’espèces végétales - Favoriser l’installation de roselières et zones de mégaphorbiaies le long des berges. - Eviter les palplanches en bois ou les « trouer » permettant de créer des zones refuges et de reproduction pour la faune aquatique en arrière des palplanches. - Favoriser le creusement de bas-fonds et/ou mares en connexion directe avec ces douves. Cela permet d’augmenter le nombre d’interstices écologiques et donc les niches écologiques utilisables par la biodiversité - Favoriser la végétation rivulaire en ne fauchant pas les herbes folles sur une largeur de 3 à 5 mètres de large. Des zones d’accès aux douves (promenade, pêche, observation naturaliste…) doivent néanmoins être maintenues. - Favoriser la présence de tas de bois morts à proximité des douves, notamment dans les zones peu fréquentées par le public et/ou difficiles d’accès. - Eviter de faucher les végétations rivulaires entre mars et fin septembre, période faste pour la biodiversité Le cas particulier de la Cochléaire officinale (Cochlearia officinalis) La Cochléaire officinale est l’une des espèces à plus haute valeur écologique rencontrée en 2013 dans le cadre des inventaires terrain. A la vue de sa très forte patrimonialité couplée au fait que la commune de Gravelines héberge quasiment les seuls pieds de cette plante en Région Nord-Pas-de-Calais, il est important pour la Ville de Gravelines d’essayer au maximum de préserver les populations connues et d’en faciliter son expansion. Cette démarche est nécessaire notamment dans le cadre d’éventuels travaux futurs (agrandissement du port avec la mise en place de nouveaux pontons par exemple). Analyse bibliographique Afin de bien prendre en compte la préservation de la fleur, il importe de bien connaître son écologie (« milieux de vie ») et sa biologie (période de floraison, reproduction, moyens de dispersion…). L’espèce fleurit de mars à juillet et présente des caractéristiques propres. Une compilation de ces données écologiques et biologiques est accessible sur la Plateforme DIGITALE II du Conservatoire Botanique National de Bailleul. La Cochléaire officinale est une plante du littoral occupant les milieux suivants : « prés salés, dans les parties supérieures (Armerion maritimae), et secondairement digues maritimes et rochers littoraux soumis aux embruns salés (plante aérohaline) [Cochleario officinalis-Armerion maritimae] ». Sur Gravelines, les milieux occupés concernent essentiellement le second habitat, à savoir « les digues maritimes et rochers littoraux soumis aux embruns salés (plante aérohaline) [Cochleario officinalis-Armerion maritimae] ». La plante, dit aérohaline, signifie qu’elle supporte la présence d’embruns salés. Le [Cochleario officinalis-Armerion maritimae] est l’association phytosociologique de cette plante : d’autres espèces demandent les mêmes exigences écologiques que la Cochléaire officinale, la plupart d’entre elles poussant donc ensemble dans les milieux adéquats. La Cochléaire officinale se développera ainsi en compagnie d’autres plantes poussant sur les digues maritimes et supportant les embruns salés telles 66 que l’Obione faux-pourpier (Halimione portulacoides), le Fenouil marin (Crithmum maritimum), diverses Spergulaires (Spergularia sp.), le Lilas de mer (Limonium vulgare), le Chou sauvage (Brassica oleracea)… Une autre analyse, fournie par l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel) avance les éléments suivants : « Cet habitat se développe immédiatement au contact supérieur des communautés lichéniques de la partie inférieure à moyenne de l’étage aérohalin. En raison de la forte exposition aux éléments climatologiques, les conditions écologiques qui régissent la mise en place des communautés végétales sont très contraignantes : - substrat essentiellement minéral, avec dans certains cas des particules minérales issues de l’altération de la roche mère (éboulis, arènes) et des particules organiques piégées dans les fissures des rochers ; - sécheresse estivale, liée aux faibles précipitations et à l’absence d’eau disponible dans le substrat, et accentuée par l’effet desséchant du vent et des embruns ; - halophilie toujours très marquée, liée à l’influence maximale d’embruns et à la projection de paquets de mer pendant les tempêtes. » L’ouvrage de référence du Conservatoire Botanique National de Bailleul (« Guide des végétations des zones humides de la Région Nord-Pas-de-Calais ») intègre ces végétations dans la classe dite de « l’Asteretea tripolii » et précise : « Les espèces caractéristiques de cette classe sont toutes halophiles : Aster tripolium, Plantago maritima, Puccinellia maritima, Limonium vulgare… En effet, la teneur élevée de l’eau en chlorures oblige, paradoxalement, les plantes de ces milieux à développer des adaptations anatomiques à la sécheresse physiologique générale par la difficulté à absorber l’eau. Du fait de la rareté des milieux où elles se développent, la majeure partie de ces espèces est d’intérêt patrimonial, certaines étant toutefois beaucoup plus localisées que d’autres et de ce fait très menacées ». Extrait de l’Atlas de la flore de Flandre française Carte issue de DIGITALE II, montrant la position exclusivement littorale de l’espèce 67 Analyse des populations de Gravelines et préconisations de préservation Sur Gravelines, la plupart des Cochléaires officinales poussent sur les digues maritimes du chenal de l’Aa. Ces digues présentent des aspérités et autres cavités dues à l’érosion marine (notamment dans les joints) dans lesquelles pousse cette élégante fleur. Ces cavités se remplissent de sable et autres éléments apportés par la mer, dont des embruns salés, permettant à cette plante de se développer. La plupart des stations connues semblent se localiser sur la carte fournie en annexe (partie 5 de ce rapport, p.80) et l’espèce paraît absente en amont et aval de ces linéaires de digues. Les digues présentent pour la plupart une pente (maximum d’environ 45°) mais la plante pousse également dans des zones plates, notamment dans la roselière aux abords du port de plaisance (voir photos ci-dessous). Exemples d’habitats où la Cochléaire officinale a été observée sur Gravelines 68 Il semble important, dans le cadre de la gestion actuelle de l’espèce et de sa préservation en cas d’aménagements futurs : 1/ De mettre en place un groupe de travail comportant des spécialistes environnement du territoire : o Elus et techniciens de la Ville de Gravelines o Futures (éventuelles) entreprises de travaux publics o Conservatoire Botanique National de Bailleul o DREAL, en particulier le service « Protection des espèces » o Communauté Urbaine de Dunkerque, en particulier le service « Cadre de Vie » o CPIE Flandre Maritime 2/ De continuer à autoriser aux eaux marines de pénétrer à l’intérieur du chenal et venir « lécher » les zones de digues maritimes 3/ De préserver les stations existantes situées sur les digues existantes 4/ Si de nouveaux aménagements doivent prendre place : privilégier des appontements et digues ayant les mêmes caractéristiques que celles présentes aujourd’hui (pente, matériau, interstices…). Il pourrait être intéressant que ces nouveaux aménagements prennent place non pas sur les digues existantes mais au milieu du chenal. Des propositions seront faites lors des comités techniques réunissant les spécialistes de l’espèce et sont décrites brièvement ci-dessous. Zoom sur les fleurs de Cochléaire officinale 69 Les schémas suivants illustrent les possibles aménagements favorables à la pérennisation des stations actuelles ainsi qu’un développement des stations par la création de nouvelles niches écologiques favorables à l’espèce. Ces aménagements doivent au préalable être présentés et discutés au sein du groupe de travail. - Le premier schéma illustre la situation actuelle : préservation des stations sur les digues existantes, mise en place d’appontements à bateaux au milieu du chenal. Ces appontements ne permettent pas l’installation de nouvelles stations de Cochléaires - L’option 1 présente la mise en place d’alvéoles dans les appontements flottants. Les stations de Cochléaires sur la digue sont préservées et de nouvelles stations pourraient prendre place sur les appontements - L’option 2 (à voir si elle est réalisable techniquement) prévoit l’installation de nouvelles digues d’appontements au milieu de chenal. L’érosion au fil des années sera propice à la mise en place de cavités favorables à la Cochléaire. - L’option 3 est un mélange des options 1 et 2, à savoir l’installation de nouvelles digues présentant des alvéoles. Cette option semble la plus favorable pour une expansion des stations de cette fleur à très haute valeur patrimoniale. 70 Le cas particulier de la Perruche à collier (Psittacula krameri) La Perruche à collier est un oiseau originaire d’Afrique et d’Asie. Facile à élever en volière, elle est très souvent achetée en animalerie pour être détenue en captivité. Mais certaines personnes, voulant s’en débarrasser, les relâchent en pleine nature. D’où l’origine de populations dites férales, c'est-à-dire de populations d’animaux non sauvages ayant réussi à s’acclimater et s’adapter aux conditions écologiques des milieux où elles ont été relâchées. Aujourd’hui en Europe, la plupart des grandes villes et capitales accueillent cette espèce, notamment dans les parcs urbains mais aussi dans les habitats pavillonnaires présentant de grands arbres. En effet, la Perruche a besoin de grands et vieux arbres pour se reproduire, le nid se trouvant à l’intérieur de cavités arboricoles. D’où le doute quand à leur bon voisinage avec d’autres espèces ayant des écologies à peu près similaires : Pigeon colombin, Etourneau sansonnet, Choucas des tours... A ce jour, il ne semble pas avoir de retours d’expériences négatifs de concurrence importante entre Perruches et espèces indigènes, mais le doute persiste, l’espèce s’acclimatant facilement et les populations augmentant de ce fait rapidement. La Perruche à collier se nourrit de graines, baies, fruits, jeunes pousses… L’espèce pourrait apparemment également faire des dégâts dans les pépinières, vergers, mais également dans les mangeoires des particuliers. A Gravelines, il semblerait qu’il y ait eu environ 6 couples nicheurs en 2013. Le comptage n’est pas aisé (espèce relativement farouche en période de reproduction), mais un dortoir de quinze à vingt individus prend place sur le grand arbre à branches mortes qui se trouve devant le « Théâtre de verdure ». A ce jour, aucun retour d’expériences à grande échelle ne semble avoir été testé en Europe pour éradiquer la Perruche à collier. Il semble plus facile de limiter l’espèce lorsqu’elle est aux dortoirs (automne-début hiver). La stérilisation chimique des œufs est préconisée (ce qui nécessite d’avoir une bonne connaissance des cavités utilisées par les oiseaux et de pouvoir y grimper) ou l’euthanasie des individus. Cette seconde idée semble la plus pertinente. Néanmoins à ce jour, au regard du peu d’informations disponibles en bibliographie, le CPIE préconise : - La parution d’un article dans la gazette communale préconisant de ne plus faciliter le nourrissage des perruches aux mangeoires (favoriser les mangeoires de petite taille avec des toits ne permettant pas aux perruches de se poser). - De lancer un appel à la population afin de connaître les arbres hébergeant les nids. Le CPIE propose de rester en veille sur les retours d’expériences et de fournir, le cas échéant, davantage d’informations d’ici la fin de l’expertise écologique (fin 2015). Perruche à collier (©JP MOUSSUS) 71 PARTIE 5 : ANNEXES 72 Liste des abréviations et sigles CPIE : Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement GON FM : Groupe Ornithologique et Naturaliste du Nord-Pas-de-Calais, section Flandre Maritime CMNF : Coordination Mammalogique du Nord de la France AGUR : Agence d’Urbanisme Flandre Dunkerque VNF : Voies Navigables de France ARCH : Assessing Regional Habitat Change ZSC : Zones Spéciales de Conservation ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique DREAL : Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement INPN : Inventaire National du Patrimoine Naturel JO : Journal Officiel SIRF : Système d’Information Régional Faunistique SIG : Système d’Information Géographique MNHN : Muséum National d’Histoire Naturelle Bibliographie indicative ACEMAV coll., DUGUET R. & MELKI F., 2003 : Les Amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Biotope, Mèze (Coll. Parthenope), 480p. 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Quelques sites internet utiles : http://www.sirf.eu/ : base de données du GON http://www.cbnbl.org/ : site du Conservatoire Botanique National de Bailleul http://nordpasdecalais.observado.org/ : site de récolte de données naturalistes http://inpn.mnhn.fr/ : site de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel http://www.arch.nordpasdecalais.fr/ : site du projet Assessing Regional Habitat Change http://www.cpie.fr/ : le site de l’union nationale des CPIE http://www.cpieflandremaritime.fr/ : le site du CPIE Flandre Maritime Cartographies de répartition des espèces les plus intéressantes – Flore puis faune 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement - CPIE Flandre Maritime - ADEELI - Rue Jean Delvallez - 59123 ZUYDCOOTE Tél. 03 28 26 86 76 - Fax : 03 28 26 60 87 - [email protected] - www.cpieflandremaritime.fr Agréments : Jeunesse et Sports - Education Nationale - Organisme de Formation - Protection de l’Environnement 108