table des matieres

publicité
TABLE DES MATIERES
Durée: ......................................................................................................................................... 2
Objectifs spécifiques .................................................................................................................. 2
1. Les différenciations sociales .................................................................................................. 2
1.1 Le clivage basé sur le groupe d’âge ................................................................................. 2
1.2 Le clivage basé sur la parenté : le clan............................................................................. 3
1.3. Le clivage basé sur l’ordre .............................................................................................. 3
1.4. Le clivage basé sur la caste ............................................................................................. 4
1.5. La théorie fonctionnaliste................................................................................................ 4
1.6. Les théories de la stratification sociale ........................................................................... 7
1.7 La théorie des classes sociales ........................................................................................ 8
2. Les inégalités de genre ........................................................................................................ 12
2.1 Définition ....................................................................................................................... 12
2.2 Les types et sens divers .................................................................................................. 12
2.3 Les facteurs explicatifs des inégalités de genre ............................................................. 13
2.4 Conséquences ................................................................................................................. 13
Anthropologie et sociologie et générale
Chapitre III. Les différenciations sociales et les inégalités
Durée:
2 jours
Objectifs spécifiques
À l'issue de ce chapitre, les compétences acquises vous permettront de :
•
•
Décrire les facteurs socio anthropologiques susceptibles d’influencer les faits
économiques;
Avoir une meilleure prise en compte de ces facteurs socio- anthropologiques
dans la conception, le suivi et l’évaluation des activités des ONG et des
associations; (la prise en considération des facteurs sociologiques et
anthropologiques est encore plus vraie dans les pays en développement où
l’imbrication de l’économique et du social est encore très forte)
1. Les différenciations sociales
Dans la première partie, on va voir comment diverses sociétés différencient et
hiérarchisent leurs membres : quels critères utilisent-elles et comment s’appellent les
groupes ainsi constitués?
On verra aussi comment l’approche fonctionnaliste fonde la hiérarchie dans le degré
d’utilité et ensuite à partir de là, peuvent s’élaborer les théories des classes et celles
des strates.
La différenciation se traduit le plus souvent en termes d’inégalité (pouvoir, prestige,
richesse); celles – ci étant ou non relue en termes d’injustice.
1.1 Le clivage basé sur le groupe d’âge
Toute société connaît une différentiation de rôles et de statuts.
La plus générale est celle basée sur le sexe. L’âge est aussi un critère de
différenciation.
A chaque étape de la vie sont attachés des droits et des devoirs spécifiques.
2
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
Le passage d’une étape à l’autre est marqué par des rites spécifiques (les rites
de passage) qui sont des cérémonies essentielles d’intégration dans la société :
cérémonies autour de la naissance, mariage, puberté, mort.
Certaines rites se sont affaiblies maintenant et surtout monopolisées par les
institutions religieuses: religion chrétienne, islamique et autres.
1.2 Le clivage basé sur la parenté : le clan
-
-
-
le clan repose normalement sur la parenté i.e sur la reconnaissance des liens
de sang et des liens d’alliance, ces derniers permettant, par les mariages, des
solidarités entre clans (cf. cl. LEVI-STRAUSS et l’échange des femmes dans
Anthropologie Structurale).
Par son appartenance à un clan, chaque personne est prise dans un
ensemble de droits et d’obligations réciproques, d’interdépendance et
d’entraide.
Beaucoup de sociétés traditionnelles sont ainsi divisées en clans qui ne sont
que des groupes de parenté. La plupart des activités religieuses, récréatives,
économiques s’organisent en suivant les lignes de clivage entre clans.
L’organisation spatiale des villages reflète souvent ces clivages. (cf. les
Bororos dans les analyses de cl. LEVI-STRAUSS dans Tristes tropiques).
Le clan est un groupe transversal aux différences d’âge, de statut, de prestige,
de richesse et de hiérarchie, qu’il intègre dans une logique d’harmonie interne
et de solidarité. Chaque clan intègre divers niveaux sociaux, divers groupes
d’âge dans une certaine solidarité.
1.3. Le clivage basé sur l’ordre
Exemple : l’ordre des notaires, l’ordre des militaires, des avocats, des médecins,
l’ordre religieux.
-
-
-
-
L’ordre se fonde avant tout sur l’honneur : les différences de statut viennent
des différences dans la définition de l’honneur et des différents degrés
d’honneur.
La propriété économique est loin d’être déterminante. Généralement, les
ordres sont structurés autour de valeurs morales : les ordres des professions
libérales s’inscrivent dans cette logique et insistent sur la valeur morale
minimisant l’importance de l’argent.
L’ordre est en effet intangible; l’appartenance à un ordre subsiste à l’exercice
des fonctions qu’il suppose éventuellement; seul le fait de faillir à l’honneur tel
que défini par l’ordre peut en faire exclure.
Les clivages qui séparent les ordres sont plus ou moins infranchissables : un
ordre est un groupement clos, qui a ses propres règles, son propre mode de
vie, sa propre conception de l’honneur.
3
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
-
Les interactions d’un ordre à l’autre sont très limitées et se restreignent
généralement au fonctionnel, à l’économique.
WEBER définit ainsi l’ordre (ou « état » ou « statut group »ou « stand »)
« Nous appelons ordre une pluralité d’individus qui, au sein d’un groupement
revendiquent efficacement :
- une considération particulière
- un monopole particulier à leurs conditions et qui est organisée
conventionnellement par les règles d’un mode de vie.
(in Economie et société, tome I, pp. 314-315, Ed. Plon, Paris).
Weber insiste donc ici sur le mode de vie et estime que l’on ne peut rendre
compte des hiérarchies sociales sans croiser ce mode de vie avec la « classe »
qui, elle, rend compte d’une localisation dans le processus de production.
Ordre des notaires ou chambre des notaires dans certains pays ; Au BF, l’ordre
résout des contentieux des notaires; il n’intervient pas dans l’étude de chaque
notaire; c’est l’interface entre la justice et les gens; il défend les gens qui
appartiennent à l’ordre.
1.4. Le clivage basé sur la caste
La caste est une forme fréquente en Inde, dans certaines sociétés d’Afrique.
Ex. de castes : les forgerons, les griots au Burkina Faso ; les intouchables en Inde
En Inde, la société de castes est comparable à la société d’ordre mais à la différence
que, dans les castes, l’élément hiérarchisant est le degré de pureté religieuse.
Des règles strictes définissent un régime distance/proximité pour chaque caste
(nourritures prohibées, interdits de toucher,…).
En Inde, les castes son subdivisées en sous-castes, ayant chacune leur mode de vie
et, en principe, leur profession ou leur métier.
Cas des forgerons qui exerce dans la forge et leurs femmes dans la poterie.
L’appartenance à une caste dépend de sa naissance (elle est héréditaire); il n’y a
pas de mobilité sociale « terrestre ». Les castes sont endogames.
1.5. La théorie fonctionnaliste : différenciation et évaluation
Elle ne correspond à aucune société particulière. C’est la manière la plus fréquente
de différencier les gens dans la société moderne. A partir d’elle, Marx parlera de
classe et d’autres auteurs parleront de strate.
4
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
Le fonctionnalisme est une approche sociologique importante. Les fonctionnalistes
partent d’une question : quelle est l’utilité de la famille, de l’école, de la religion, du
travail,… pour la société? Les fonctionnalistes se posent la question de la fonction de
tout système dans la société. Pourquoi les différences sociales? Face aux
différences sociales, ils vont donc se demander : Quelle utilité ont-elles? A cette
question, ils répondent en deux temps :
• La différentiation sociale est liée à la division du travail, à la diversité des
fonctions à remplir dans une société; elle engendre
• L’évaluation sociale, i.e l’appréciation d’une valeur, d’une hiérarchisation qui
repose sur trois critères :
o L’utilité estimée pour la société
o Les connaissances requises et les difficultés de l’apprentissage
o Le degré et l’extension de la responsabilité
Les critiques faites à cette théorie reposent essentiellement sur le fait qu’elle se
fonde sur des jugements de valeurs.
L’utilité :
• Risque d’être une « auto-définition » entraînant une « auto- récompense »
• Fluctue d’une société à l’autre et d’une époque à l’autre au sein d’une même
société, selon les priorités de celle-ci (priorité à la défense? Alors position
élevée des militaires; priorité à la quête de sens ultime? Alors priorité aux
religieux? Priorité à la production? Alors position élevée des ingénieurs?...)
L’évaluation des connaissances :
• N’est pas, elle non plus, objective : d’une part, plus les connaissances sont
théoriques, générales et systématiques, plus (la plupart du temps) l’évaluation
de celles-ci est élevée (opposition abstrait/concret, général/particulier,
théorique/pratique); d’autre part, à degré égal de généralité et de
systématisation, les priorités de la société situent plus ou moins haut les
détenteurs de connaissances
• En outre, et toujours à degré égal de généralité et de systématisation, les
connaissances vont être différemment appréciées selon qu’elles sont
considérées comme allant dans le sens d’un renforcement de la société en
place ou, au contraire, comme porteuses de critique ou simplement de
questionnement de celle-ci (sauf lorsque ce questionnement est valorisé)
L’extension de la responsabilité est, théoriquement au moins liée à la généralité des
connaissances puisqu’il s’agit de diriger les activités d’un nombre plus ou moins
grand d’autres hommes ou encore de prendre des décisions dans un domaine jugé
important soit pour un individu (responsabilité du médecin) soit d’emblée pour la
collectivité (responsabilité politique).
Remarque : double sens du terme :
Responsable = « ayant la charge de » mais aussi « devant répondre de »; ce
deuxième aspect impliquant théoriquement la nécessité de « rendre compte aux
autres » et, à partir de là, éventuellement, d’encourir des sanctions.
Se fondant ainsi avant tout sur l’utilité pour expliquer les différences de statut et de
reconnaissance sociale, le fonctionnalisme se voit largement critiqué dans la mesure
5
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
où il ne se pose pas la question de savoir qui définit l’utilité et en référence à quoi
celle-ci est définie.
Exemple : dans la crise actuelle, qu’est-ce qui est le plus utile? :
• Un homme politique efficace?
• Un chercheur qui imagine de nouvelles techniques?
• Un leader religieux qui donne un sens à l’existence?
• Des policiers de toutes sortes pour réprimer la délinquance ?...Qui dira qui est
le plus utile? Et au nom de quoi?
Les critiques faites au fonctionnalisme sont ainsi liées au fait qu’il entérine la
hiérarchie d’utilités qui est celle existant dans la société sans se demander si une
autre hiérarchie n’est pas envisageable.
Malgré ces critiques, la théorie fonctionnaliste a connu et connaît un grand succès.
Elle se raffine d’ailleurs en croisant les trois critères de base qu’elle retient avec
d’autres éléments pouvant intervenir dans un sens ou dans un autre et jouant plus ou
moins selon les sociétés ou les époques.
Parmi ces critères additionnels, on retiendra, en particulier :
-
La naissance, l’hérédité (importance du facteur temps)
Ce critère peut aujourd’hui jouer dans les deux sens : ainsi l’appartenance à la
noblesse est-elle encore souvent appréciée positivement comme garante d‘une
qualité que les autres n’ont pas?
À l’inverse : « il s’est fait tout seul, son père n’était qu’un petit ouvrier »
Il ne joue pas de la même façon aux Etats-Unis qu’en Europe
P.Bourdieu : importance de la trajectoire
- La richesse matérielle
Elle joue différemment dans l’évaluation selon les sociétés
Elle est appréciée différemment selon sa nature :
o Les appellations différentes des rémunérations : salaires, traitements,
honoraires, rentes…
o Les catégories différentes de fortune : propriété foncière ou
immobilière, dépôts bancaires, propriétés industrielles, œuvres d’art,
métaux précieux (or en particulier)…
o Le nombre de personnes ayant les mêmes caractéristiques : règle
générale : la rareté élève
- La religion
Aux USA, par ex., il y a une hiérarchie des religions : tout d’abord, trois religions
sont dites « démocratiques » (protestantisme, catholicisme, judaïsme); ensuite
celles-ci sont hiérarchisées entre elles.
-
Les activités et gratifications diverses
6
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
-
Le charisme personnel qui joue à l’intérieur des autres critères pour les
accentuer ou les affaiblir et qui correspond à la capacité personnelle d’attirer
la sympathie, de faire passer ce qu’on a à dire, de convaincre,…
Tous ces critères viennent donc nuancer « l’utilité » comme facteur explicatif et
peuvent même, dans certains cas, la faire passer à l’arrière-plan.
*
Malgré les critiques qui lui sont faites et qui ont été évoquées, l’approche
fonctionnaliste des hiérarchies sociales est importante.
1) parce qu’elle emporte très souvent l’acquiescement et légitimise les positions
supérieures au nom de l’utilité (donc bien fondé de la supériorité)
2) parce qu’elle peut aider à comprendre une approche en termes de classe
(utilité au plan de la production) et une approche en termes de strates (utilité vue
davantage au plan du mode de vie et de la consommation).
1.6. Les théories de la stratification sociale
•
Elles trouvent leur origine première aux USA et s’enracinent dans l’histoire de
ceux-ci (population d’émigrés européens, marginaux dans leur pays d’origine
pour l’une ou l’autre raison; donc au départ, tout le monde est relativement
dans une même situation; à partir de là, certains vont « réussir » par des
moyens divers).
Ces théories se diffusent généralement dans tous les pays dominés par
l’idéologie libérale (« laisser faire »-pas de protection à priori, chacun ayant sa
chance).
•
Les théories de la stratification voient les différences et les inégalités comme
situées au long d’un continuum, d’un échelle allant de bas en haut et de haut
en bas.
Exemple : upper class
upper upper class, middle class, lower class
middle class
upper middle class, middle class, lower class
lower class
upper lower class, middle class, lower class
•
Les théories de la stratification insistent sur le caractère acquis du statut :
chacun, quelque soit sa naissance ou sa fortune peut, par son travail et par
l’acquisition individuelle d’un savoir-faire se déplacer dans la hiérarchie
sociale.
Ce faisant, elles valorisent l’effort individuel : c’est chacun par lui-même et pour luimême, quelle que soit, par exemple son origine familial.
•
Lorsque la société est parfaitement ouverte, chacun est supposé avoir au
départ, les mêmes possibilités d’atteindre tous les échelons successifs; cette
7
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
théorie débouche ainsi aisément sur l’idée que ceux qui sont au bas de
l’échelle y sont parce qu’ils n’ont pas assez travaillé, parce qu’ils sont
paresseux.
•
L,idée de la mobilité sociale est ici essentielle. Elle peut certes être
descendante mais l’accent est mis sur la mobilité sociale ascendante, laquelle
est à la fois la plus recherchée et celle qui s’inscrit le mieux dans la logique
dominante.
Les principaux canaux de mobilité sont l’école, le travail, le mariage, les appareils
politiques et idéologiques.
Le sentiment qu’il existe des possibilités d’ascension est psychologiquement assez
satisfaisant (pour ceux qui montent en tout cas); en outre la possibilité d’ascension
étant liée à l’individu, à son acquis propre, la non ascension lui est aussi imputable
(et non aux structures).
•
L’idée que la mobilité sociale (ascensionnelle) est possible, favorise le jeu
entre le groupe d’appartenance (celui dont on est en fait) et le groupe de
référence (celui auquel on aspire appartenir). Pour R.K.MERTON1 ceux qui
s’efforcent de s’élever vont d’avance, « se comporter comme » le groupe
auquel ils tentent d’appartenir, en adopter les signes (cf la publicité). C’est le
phénomène de socialisation anticipatrice qui, souvent, donne lieu à de l’overconformity : comme on maîtrise mal ces comportements et ces signes, on n’a
pas de souplesse dans leur utilisation et donc on les applique avec rigidité.
(NB : la socialisation anticipatrice ne joue généralement que lorsqu’il y a
possibilité effective de passage; si l’écart est tel que celle-ci n’existe pas, on est
dans le registre du rêve).
Ce faisant, elle conduit à l’idée d’une classe moyenne quantitative importante et
qualitativement prioritaire (production de masse et idée de l’homme moyen)
•
Les théories de la stratification sociale s’inscrivent dans la perspective d’une
société évaluée positivement et devant rester stable (même s’il y a glissement,
il s’inscrit dans une même trajectoire). Il n’est pas question de bouleversement
ni des structures, ni des hiérarchies.
1.7 La théorie des classes sociales
K.Marx : 1818-1883, juif Allemand, pour qui le problème social est d’abord
économique
•
1
Les classes sociales sont des ensembles d’agents sociaux déterminés en
dernière instance par leur position dans le processus de production; position
RK MERTON : Eléments de théorie et de méthode sociologique, Ed. Plon, Paris, 1965
8
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
qui distingue d’un côté, ceux qui doivent travailler concrètement pour vivre, et
de l’autre côté, ceux qui vivent du prélèvement de la plus-value.
Les classes sociales sont donc définies à partir des rapports de production que
l’on peut saisir à partir de trois questions :
1) Qui a le pouvoir d’affecter les moyens de production (matières
premières et outils, machines) à des utilisations déterminées; ou qui
choisit ces utilisations?
2) Qui dispose des produits ainsi obtenus? (aussi bien en ce qui concerne
la répartition de l’argent qu’en ce qui concerne par exemple le choix du
marché).
3) Qui maîtrise et organise le travail?
•
Cette position dans le processus de production définit d’emblée la position
dans la superstructure : à l’exploitation dans le domaine économique,
correspondent la subordination dans le domaine idéologique et la
subordination dans le domaine politique (=les effets de la détermination
structurelle).
Par exemple, le droit (superstructure) vient entériner la propriété économique et
l’enseignement (superstructure) forme les gens pour répondre aux besoins de la
production parce que le droit et l’enseignement sont contrôlés par ceux qui ont la
propriété économique ou par leurs alliés de classe.
Ainsi les rapports de production se traduisent-ils sous forme de pouvoirs- ceux qui
maîtrisent les rapports de production maîtrisant aussi les rapports politiques et
idéologiques qui consacrent et légitiment les premiers.
•
L’existence de classes sociales suppose en soi des pratiques qui sont les
luttes de classes et leurs rapports d’opposition. Pour Marx, les classes
n’existent pas d’abord comme telles pour entrer ensuite dans la lutte de
classes car il n’y a de classes qu’avec luttes (classes comme forces sociales
i.e avec conscience de classe).
•
Tout mode de production (conjonction des rapports de production, des
rapports idéologiques et des rapports politiques – comme MP esclavagiste,
féodal, capitaliste) comporte deux classes antagonistes : les dominants et les
dominés, les exploiteurs et les exploités (maîtres et esclaves(MP
esclavagiste), seigneurs et serfs(MP féodal ), bourgeois et
prolétaires(MPcapitaliste)).
Toute formation sociale concrète (=toute société concrètement localisée dans le
temps et dans l’espace) est caractérisée par un mode de production (ici aujourd’hui :
MP capitaliste) qui détermine sa polarisation autour de deux classes traduisant la
contradiction principale et décisive de cette formation (MPC : bourgeoisie prolétariat).
•
Cependant, en même temps, dans toute formation sociale concrète survivent
des éléments de modes de production antérieurs : ainsi, dans la société
capitaliste survivent des éléments du MP féodal (agriculteurs, petits
commerçants, artisans,…) qui ne s’inscrivent pas directement dans la lutte de
classes du MP dominant. Ils font d’ailleurs souvent problème car leur situation
9
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
est ambiguë : d’une part, ils sont comme les prolétaires en ce qu’ils doivent
travailler et produire eux-mêmes directement pour vivre; d’autre part, ils sont
relativement proches de la bourgeoise en ce que, comme elle (mais de façon
plus limitée), ils sont propriétaires de leurs moyens de production. A partir de
là, se pose donc tout le problème de l’alliance de classes : de quel côté ces
éléments vont-ils se mettre?
•
Par ailleurs, la théorie des classes sociales distingue également des fractions
de classe, à partir de la différenciation entre l’économique, le politique et
l’idéologique (ex. : les bureaucrates, les intellectuels qui se situent du côté de
l’une ou l’autre classe; la bourgeoisie commerciale comme fraction de la
bourgeoisie, l’aristocratie ouvrière comme fraction du prolétariat;…). Il ne
s’agit pas de groupes sociaux extérieurs aux classes ou de groupes sociaux
intermédiaires (comme, dit Marx, les théories de la stratification sociale les
présentent); il s’agit, au contraire, d’éléments constitutifs des classes,
distingués simplement par le lieu (production, idéologie, politique) où ils
s’expriment 21.
•
Dans la lutte entre classes ou plutôt dans le rapport de domination, l’Etat a
pour rôle principal de consacrer la domination d’une classe sur l’autre et de
reproduire les rapports de classe, ce qu’il fait grâce à ses appareils, lesquels
sont de deux types :
o Les appareils répressifs : armée, police, prisons, magistrature,
administration,…
o Les appareils idéologiques : écoles, églises,presse, radio, TV, cinéma,
théâtre, appareils syndicaux de collaboration de classes, famille,…
Critique générale : La théorie des classes, comme celle des strates, est liée à
l’histoire économique et sociale où elle est née. Il faut donc tenir compte de ce
facteur historique pour l’adapter à la situation contemporaine.
Alain TOURAINE (3) fait ainsi remarquer que diverses transformations viennent
modifier la lecture et la réalité des classes :
1. La division du travail s’est compliquée
Aux oppositions simples patrons/salariés, responsables/exécutants ou même
employés/ouvriers, il convient de substituer des classifications combinant en
particulier 6 critères :
• La profession individuelle, le métier (tourneur, cadre…)
• La branche d’activité (sidérurgie, bâtiment…)
• La hiérarchie de commandement (contremaître…)
2
Nicos POULANTZAS : Les classes sociales dans le capitalisme d’aujourd’hui, Ed.du Seuil, Paris,1974
3 Alain TOURAINE, Anciennes et nouvelles classes sociales, in : Perspectives de la Sociologie contemporaine,
Bibliothèque de Sociologie contemporaine, PUF, Paris, 1968
10
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
•
•
La qualification ( manœuvre , ouvrier spécialisé,…)
Le statut juridique de l’employeur (privé ou public, multinationale,…)
2. Il y a de moins en moins de propriétaires de moyens de production
-
complexification de l’outil
3. L’individualisation prend le pas sur le collectif
o Promotion individuelle
o Fragmentation des « classes »
4. La vie extra-professionnelle prend une importance croissante
insistance sur la consommation
plus d’argent : on sort des comportements de survie ou de préoccupation
plus de temps de non travail
dissociation spatiale et, à partir de là, mentale du travail et du reste de la vie
(favorise le souci de démarquage par rapport au professionnel)
o le travail (de plus en plus automatique et parcellaire pour la plupart des gens)
devient moyen plutôt que fin
o
o
o
o
5. Les conflits de classe se sont institutionnalisés
Ils sont généralement régulés par des procédures de revendication, de négociation
et de médiation; d’où le sentiment qu’un accord est possible.
De façon générale :
o l’interprétation en termes stricts de classes (i.e. en référence exclusive à la
localisation dans le processus de production) pose problème dans la mesure
où l’extra-professionnel devient prépondérant;
o d’autre part, la lecture en termes de strates et donc de possibilités de mobilité
devient peu crédible dans la mesure où l’on a montré que la mobilité est très
limitée et que c’est la reproduction qui l’emporte.
Il s’agit, dès lors, essentiellement d’articuler dans l’analyse des différences et des
inégalités, l’économique, le social et le culturel et de montrer comment :
o il ne suffit pas de prendre en compte la localisation dans le processus de
production
o il faut considérer le fait qu’il y a de plus en plus de gens qui ne sont pas des
producteurs directs
o il faut, en outre, prendre en compte le fait, lié au précédent, que les produits
sociaux se diversifient
o il faut aussi noter que l’on peut avoir des liens ou des atouts différents par
rapport à un domaine particulier
o il faut, enfin, tenir compte du facteur temps
11
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
2. Les inégalités de genre
Dans la société traditionnelle, il y a des rôles attribués aux hommes et des rôles
attribués aux femmes.
Pendant des siècles, on a considéré que les caractéristiques des hommes et des
femmes étaient naturelles, i.e déterminées par les différences biologiques ou
décrétées par Dieu. Cette conception a déterminé les valeurs considérées comme
masculines ou féminines, et a orienté les comportements, les attitudes et les
pratiques.
Mais les rôles et les fonctions évoluent différemment suivant les situations sociales,
culturelles et économiques.
La recherche interculturelle et anthropologique a montré que les rôles assignés aux
hommes et aux femmes sont socialement et culturellement déterminés. Les études
comparatives ont montré que les relations de genre sont une construction sociale.
Une construction sociale peut être déconstruite et elle évolue avec le temps. Les
relations de genre ont une base culturelle : elles sont définies par la société qui
détermine les activités, les statuts, les rôles respectifs des hommes et des femmes.
2.1 Définition
Le genre doit être analysé sous l’angle des inégalités et des disparités entre hommes
et femmes en examinant les différentes catégories sociales dans le but d’une plus
grande justice sociale.
Le genre tel que défini se réfère aux relations sociales entre l’homme et la femme et
aux différences structurelles qui les caractérisent en termes de rôles, de statuts, de
fonctions socialement attribués et institués et qui évoluent dans le temps et dans
l’espace.
2.2 Les types et sens divers
Les inégalités de genre, en Afrique ou dans les pays en voie de développement,
existent à tous les niveaux : les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé,
l’emploi; dans les secteurs de production comme l’agriculture, l’élevage, la pêche,
l’artisanat; dans les secteurs de soutien à la production notamment le commerce, le
transport, la communication; dans les secteurs d’appui institutionnel et de la
législation.
Les inégalités de genre dans la famille à propos de la prise de décision
Une étude menée par l’UNICEF en 2006, dans toutes les régions du monde (riches
comme pauvres) révèlent que dans la région au sud du Sahara, le Burkina Faso se
12
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Anthropologie et sociologie et générale
situe en bonne place dans le classement des pays dans lesquels les femmes
décident très peu pour elles-mêmes.
En effet, Ce pays occupe la première place avec 74,9% de femmes qui disent que
leurs maris décident seuls des questions relatives à leur santé (par ex. quand aller en
consultation quand elles sont malades); la quatrième place avec 55,9% pour qui le
mari décide seul des dépenses journalières concernant la famille et enfin la
deuxième place avec 61,5% de femmes qui disent que leurs maris décident seuls de
quand elles doivent rendre visite à leurs parents ou amis. Cf UNICEF, Calculations
based on the data derived from demographic and health survey, 2006
2.3 Les facteurs explicatifs des inégalités de genre
Les causes qui engendrent les inégalités sociales basées sur le genre sont
nombreuses et relèvent des contraintes économiques, socioculturelles, structurelles
et institutionnelles.
Les contraintes économiques : Dans l’éducation scolaire des jeunes, la pauvreté des
parents est souvent un obstacle important à la scolarisation des filles : incapacité des
parent à prendre en charge les frais liés à la scolarisation d’un grand nombre
d’enfants.
Les contraintes socio-culturelles : Certaines pratiques traditionnelles ancestrales (le
lévirat, le sororat, la polygamie, les mariages précoces, les mariage forcés, les
mariages préférentiels), la division sexuelle du travail, certains modes de pouvoir
traditionnels (le patriarcat) sont des facteurs qui influencent les inégalités sociales,
certaines conceptions de cultures populaires (Préjugés, statut de la petite fille, les
tabous et interdits sociaux).
2.4 Conséquences
Les inégalités sociales basées sur le genre ont un impact négatif sur la vie des
individus et des groupes, dans la vie d’un genre. Au niveau social, nous pouvons
ainsi citer les formes de violences qui existent : violences physiques, psychologiques,
sexuelles.
Les inégalités de genre dans tous les secteurs ont un coût pour le développement.
13
Enseignant : Madame NIKIEMA Rose
Téléchargement