ATELIER DE SYNTAXE ET DE MORPHOLOGIE I- La

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Emilie Deschellette ([email protected])
Blandine Longhi ([email protected])
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
ATELIER DE SYNTAXE ET DE MORPHOLOGIE
I- La construction du complément du nom
Exercice 1 : la construction absolue
Au début de l’œuvre, un chevalier nommé Calogrenant raconte à la cour d’Arthur les aventures dont il a été
le témoin dans la forêt de Brocéliande : il a découvert une fontaine merveilleuse, dont l’eau, versée sur un
perron, a la faculté de déclencher une tempête. Yvain décide de partir affronter cette épreuve, afin de
montrer à tous sa bravoure.
648 Li rois hors de sa cambre issi
Ou il ot fait longue demeure,
Car dormi ot jusqu'a chele heure.
Et li baron, quant il le virent,
652 Tuit en piés contre li salirent,
Et il tost rasseïr les fist.
Delés la roÿne s’assist,
Et la roÿne maintenant
656 Les nouveles Calogrenant
Lui reconte tout mot a mot,
Que bel et bien conter li sot.
Li rois les oï volentiers,
660 Et fist trois seremens entiers,
L’ame de Pandragon son père,
Et la son fil, et la sa mere,
Qu’il iroit veoir la fontaine,
664 Ja ainz ne passeroit quinzaine,
Et le tempeste et le merveille,
Si quë il y venra la veille
Monseigneur Saint Jehan Baptiste,
668 Et s’i prendra la nuit son giste ;
Et dit quë avec li iront
Tuit chil qui aller y vaurront.
Le roi sortit de sa chambre,
où il s’était longuement attardé,
car il avait dormi jusqu’à cet instant.
Et les barons, dès qu’ils le virent,
Se levèrent tous devant lui ;
Le roi les fit se rasseoir
et prit place auprès de la reine,
qui aussitôt lui rapporta
l’histoire de Calogrenant
sans rien omettre,
avec beaucoup de talent.
Le roi l’écouta avec intérêt
et jura par trois fois,
sur l’âme d’Uterpandrangon, son père,
sur celle de son fils et celle de sa mère,
qu’avant qu’une quinzaine soit écoulée,
il irait voir la fontaine,
et la tempête et la merveille :
il y arrivera la veille de la fête
de monseigneur saint Jean-Baptiste,
et y prendra la nuit son gîte ;
il proclame que l’accompagneront
tous ceux qui voudront y aller.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion, éd. David F. Hult, Paris, Le Livre de Poche, 1994, v. 648-679
- Comparez les constructions soulignées dans le texte à leur traduction. Que remarquez- vous ?
- Pouvez-vous citer des exemples de constructions identiques qui soient encore correctes aujourd’hui ?
Exercice 2 : à, de et autres prépositions
Comment traduiriez-vous en français moderne les phrases suivantes ?
- « Maint bon poison et mainte angile mangai […] an la chareste au marcheant »
=
J’ai
mangé
beaucoup
de
bons
poissons
et
beaucoup
……………………………………………………………………..……
1
d’anguilles
dans
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- « Roland vist maint paiens de l’ost (= « armée ») au riche roi Gaifier ».
= Roland vit de nombreux …………………………………………………………………………………..
- « Ja fustes vos filz au meillor roi qui onques portast armes »
= Vous êtes le fils ………………………………………………………..qui ait jamais porté les armes.
- « A mon nu brant ocis onze des sarrazins »
= De ma lame nue je tuai ……………………………………………………………………...
- « Et tant durerent les amours del roi et de la feme au chevalier que il le sot »
= Les amours ……………………….……………………………………………..durèrent tant que ce
dernier l’apprit.
Citez des exemples de constructions du complément du nom avec la préposition « à » correctes en français
moderne. Quelle est la différence entre vos exemples et les occurrences précédentes ?
Complétez le tableau suivant :
EXEMPLE
La femme ………roi
Une canne ……….pêche
Un bateau à voiles
Mon cousin de Biarritz
Une maison ……… briques
Gif-sur-Yvette
La charrette du marchand
Un stylo ………… bille
Les nouvelles du jour
Un sac ……… plastique
Une cuillère à café
Une cuillère de café
RELATION ENTRE LE DÉTERMINANT ET LE DÉTERMINÉ
possession
but
matière
moyen
Matière
II- La négation
CX
La bataille est merveilleuse e pesant;
Mult ben i fiert Oliver e Rollant,
Li arcevesques plus de mil colps i rent,
1415 Li .XII. per ne targent nient,
E li Franceis i fierent comunement.
Moerent paien a millere e a cent :
Ki ne s'en fuit de mort n'i ad guarent ;
Voillet o nun, tut i laisset sun tens.
1420 Franceis i perdent lor meillors guarnemenz;
Ne reverrunt lor peres ne lor parenz,
Ne Carlemagne, ki as porz les atent.
En France en ad mult merveillus turment :
Orez1 i ad de tuneire e de vent,
1
La bataille est merveilleuse et pénible.
Olivier et Roland frappent à tour de bras, l'archevêque
rend plus de mille coups,
les douze pairs ne perdent pas leur temps,
et les Français frappent tous ensemble.
Les païens meurent par centaines et milliers :
qui ne fuit pas, contre la mort n'a pas de recours;
bon gré mal gré, il y laisse sa vie.
Les Français perdent leurs meilleurs défenseurs ;
ils ne reverront pas leurs pères ni leurs parents,
ni Charlemagne qui aux cols les attend.
En France se déchaîne une prodigieuse tourmente,
des orages de tonnerre et de vent,
Orez : « orages ».
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1425 Pluies e gresilz2 desmesureement ;
Chiedent i fuildres3 e menut e suvent,
E terremoete4 ço i ad veirement.
De seint Michel dei Peril josqu'as Seinz,
Des Besençun tresqu'as [port] de Guitsand,
1430 N'en ad recet5 dunt dei mur ne cravent.
Cuntre midi tenebres i ad granz ;
N'i ad clartet, se li ciels nen i fent.
Hume nel veit ki mult ne s'essp[o]ant.
Dient plusor : « Ço est li definement,
1435 La fin dei secle ki nus est en present. »
Il nel sevent, ne dient veir nient :
Ço est li granz dulors por la mort de Rollant.
de pluie et de grêle, hors de toute mesure;
la foudre tombe à coups redoublés
dans le fracas d'un tremblement de terre:
de Saint-Michel-du-Péril jusqu'à Xanten,
de Besançon jusqu'au port de Wissant,
il n'est pas de maison dont un mur ne se fende.
En plein midi règnent de sombres ténèbres :
il n'y a de clarté que si le ciel se fend.
Nul ne le voit qui ne s’en épouvante.
Plusieurs disent: « C'est la consommation des siècles,
la fin du monde à quoi nous assistons. »
Ils ne savent pas, ils ne disent rien de vrai :
c'est le grand deuil pour la mort de Roland.
La Chanson de Roland, éd. J. Dufournet, Paris, GF, 1993, v. 1412- 1437
Exercice 1 : le ne niant seul
Comparez les propositions soulignées à leur traduction. Que remarquez-vous ?
Exercice 2 : ne négatif et ne explétif
Parmi les propositions suivantes, indiquez celles qui sont négatives. Pourquoi trouve-t-on « ne » dans celles
qui ne le sont pas ?
Je ne saurais vous dire s’il va neiger.
Je n’ose imaginer ce qui va se passer maintenant.
Je crains bien qu’il ne sorte malgré ton interdiction.
Si ne n’est toi, c’est donc ton frère.
Il n’y a personne qui ne sache cela.
Je ne doute pas qu’il ne vienne pour Noël.
Qu’à cela ne tienne !
Je pars avant que le soleil ne se lève.
Elle est plus grande que je ne le pensais.
Exercice 3 : la négation par pas seul
Repérez les phrases négatives dans le texte suivant, extrait de Zazie dans le métro de Raymond Queneau.
Que remarquez-vous ? Réécrivez-les dans un niveau de langue courant.
- Pour moi, dit Charles, ça sera un beaujolais.
- Et pour moi, dit Gabriel, un lait-grenadine.
Et toi ? demande-t-il à Zazie.
- Jl’ai déjà dit : un cacocalo.
- Elle a dit qu’y en avait pas.
- C’est hun cacocalo que jveux.
- T’as beau vouloir, dit Gabriel avec une patience extrême, tu vois bien qu’y en a pas.
- Pourquoi que vous en avez pas ? demande Zazie à la serveuse.
2
gresilz : « grêle ».
fuildres : « foudre ».
4
terremoete : « tremblement de terre ».
5
recet : « maison ».
3
3
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Exercice 4 : les forclusifs
L’ancien français utilisait des mots variés pour renforcer la négation exprimée par ne. Dans la liste
suivante, employez dans une phrase ceux qui s’utilisent encore aujourd’hui :
Pas, mie, point, goutte, mot.
Exercice 5 : ne et ni
« Ne reverrunt lor peres ne lor parenz, / Ne Carlemagne » (v. 1421). Quelle est la nature du premier
« ne » ? Quelle est la nature des deux suivants ? Expliquez pourquoi il y a dans cette phrase, en ancien
français, des homonymes. Est-ce aussi le cas en français moderne ?
III- L’ordre des mots et l’expression du pronom personnel sujet
25
29
29a
30
30a
35
40
45
Del Chevalier de la Charrete
comance Crestïens son livre;
matiere et san li done et livre
la contesse, et il s’antremet
de panser si que rien n’i met
fors sa painne et s’antancïon;
des or comance sa raison.
Et dit qu'a une Acenssïon
fu venuz devers Carlïon
li rois Artus et tenu ot
cort molt riche a Chamaalot,
si riche com a roi estut.
Aprés mangier ne se remut
li rois d’antre ses conpaignons.
Molt ot an la sale barons,
et si fu la reïne ansanble;
si ot avoec aus, ce me sanble,
mainte bele dame cortoise,
bien parlant an lengue françoise;
et Kex qui ot servi as tables
rnanjoit avoec les conestables.
La ou Kex seoit au mangier,
atant ez vos un chevalier
qui vint a cort molt acesmez,
de totes ses armes armez.
Chrétien commence son récit
sur le Chevalier de la Charrette ;
la comtesse lui en donne
la matière et l’esprit, et lui s’occupe
de la mise en œuvre sans rien n’y apporter d’autre
que son travail et son application ;
sur-le-champ il débute sa narration.
Lors d’une Ascension,
le roi Arthur était venu à Carlion
et avait tenu à Camaalot
une cour aussi somptueuse
qu’il convenait à un roi.
Après le repas le roi
n’avait pas quitté ses compagnons.
Il y avait dans la salle de nombreux barons,
auxquels s’étaient jointes la reine
et, me semble-t-il,
maintes belles et courtoises dames
parlant le français avec élégance.
Quant à Keu, qui avait dirigé le service de table,
il mangeait avec les officiers de bouche.
Alors que Keu était encore assis à table,
voici qu’arriva à la cour
un chevalier superbement équipé
et armé de pied en cap.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette, éd. J.-C. Aubailly, Paris, GF, 1991, v. 24-46, texte écrit à
la fin du XIIe siècle.
Exercice 1 : l’ordre des mots
Voici une traduction mot à mot, qui respecte l’ordre des termes en ancien français. Pouvez-vous remettre les
groupes de mots dans l’ordre voulu par le français moderne ?
v. 24-26 : Au sujet du Chevalier de la charrette commence Chrétien son livre ; la matière et l’esprit lui
donne la comtesse […].
v. 30- 31 : Il raconte que lors d’une Ascension, était venu à Carlion le roi Arthur […].
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v. 34-35 : Après le repas était resté le roi parmi ses compagnons.
Quels groupes de mots avez-vous changé de place et pourquoi ?
Pouvez-vous donner des exemples de phrases dans lesquelles le sujet est placé derrière le verbe en français
moderne ?
Exercice 2 : évolution du pronom personnel sujet
- Comparez le passage suivant à sa traduction en français moderne. Quel élément, qui ne figure pas dans le
texte original, est-on obligé de rajouter?
« […] si que rien n’i met fors sa painne et s’antancïon ; des or comance sa raison. »
= […] de telle sorte qu’il n’y apporte rien sauf son travail et son application ; sur-le-champ il commence sa
narration.
- Traduisez les phrases suivantes (inspirées de l’ancien français) en français moderne. Que remarquez-vous
en ce qui concerne l’emploi des pronoms personnels ?
- Il, qui triste estoit, plora.
- Je et vos somes deus chevaliers.
- Qui en a ? _ Je.
- Il et ses freres vindrent a cheval.
- Tu, comment faire porroies tu ?
IV- La conjugaison du présent de l’indicatif
« Sire Guillelmes, dit Looÿs li frans,
Or voi ge bien, plains es de mautalant.
- Voir, dit Guillelmes, si furent mi parents. […]
« Sire Guillelmes, dit Looÿs le ber, […]
Quant ceste hennor reçoivre ne volez,
En ceste terre ne vos sai que doner,
Ne de nule autre ne me sai porpenser.
_ Rois, dit Guillelmes, lessiez le dont ester ;
A ceste foiz n’en quier or plus parler.[…]
A cez paroles s’en est li cuens tornez ;
Par maltalent avale les degrez.
En mie sa voie a Bertran encontré
Qui li demande : « Sire oncle, dont venez ? »
Et dit Guillelmes : « Ja orroiz verité :
De cel palés ou ai grant piece esté. […] »
« Seigneur Guillaume, …………. Louis le noble,
À présent je le ……………. bien, tu es rempli de colère.
- C’est vrai, ……… Guillaume, à l’exemple de mes parents. » […]
«Seigneur Guillaume, ………….. Louis le vaillant, […]
Puisque vous ne …………………. pas recevoir ce fief,
Je ne ……………….. que vous donner sur cette terre,
Et je ne …………………. penser à aucun autre don.
- Roi, ………………… Guillaume, laissez donc cela ;
Pour cette fois je ne désire pas en parler davantage. […]
Sur ces paroles le comte s’en …………… allé ;
Plein de rancœur, il ………………… (dévaler) l’escalier.
En chemin il ……………….. rencontré Bertrand
Qui lui…………… : « Seigneur, mon oncle, d’où ……….-vous ? »
Et Guillaume ……………. : « vous allez entendre la vérité :
Je viens de ce palais, où j’………… été un long moment. […] ».
Le Charroi de Nîmes, ed. C. Lachet, v. 294 -296 et
404-418
Exercice 1 : observation
- Complétez la traduction du texte en conjuguant correctement les verbes au présent de l’indicatif.
- Quelles différences remarquez-vous entre la conjugaison de l’ancien français et celle du français
moderne ?
Exercice 2 : explications des formes des P1, 2 et 3
Remplissez le tableau ci-dessous sur les formes de l’indicatif présent.
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A) Entre le latin et l’ancien français :
- Que se passe-t-il pour les terminaisons des premières personnes ?
- Concernant les terminaisons des 2ème et 3ème personnes, que remarquez-vous ?
B) Entre l’ancien français et le français moderne :
- Quelles sont les formes dont les terminaisons ont changé ? Comment l’expliquez-vous ?
- Quel verbe fait exception ?
PERSONNE FORME LATINE FORME DE L’ANCIEN FRANÇAIS
1er groupe (verbes en –er)
1
amo
aim
2
cantas
chantes
3
demandat
Autres verbes
1
dormio
dorm
1
venio
vien
1
habeo
2
vivis
vis
2
sentis
senz (= sents)
3
sentit
sent
3
dicit
FORME DU FRANÇAIS MODERNE
demande
ai
dit
Exercice 3 : les bases verbales
Voici la conjugaison au présent de l’indicatif de quelques verbes en ancien français. Pour chacun :
- indiquez quelles sont ses différentes bases.
- donnez sa conjugaison en français moderne.
- indiquez quelles sont ses bases aujourd’hui.
- Amer = aim, aimes, aime, amons, amez, aiment
Bases en AF : aim- et amEn FM : aimer = aime – aimes- aime – aimons – aimez- aiment
Base en FM : aim- plorer = pleur, pleures, pleure, plorons, plorez, pleurent
Bases en AF : …………………………………………………………
En FM : pleurer = ……………………………………………………………………………………………..
Base(s) en FM : ………………………………………………………..
- Trover = truis, trueves, trueve, trovons, trovez, truevent.
Bases en AF : …………………………………………………………
En FM : trouver = ……………………………………………………………………………………………..
Base(s) en FM : ………………………………………………………..
- Morir : muir, muers, muert, morons, morez, muerent
Bases en AF : …………………………………………………………
En FM : mourir = ……………………………………………………………………………………………..
Base(s) en FM : ………………………………………………………..
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- Faire : faz, fais, fait, faimes, faites, font
Bases en AF : …………………………………………………………
En FM : faire = ……………………………………………………………………………………………..
Base(s) en FM : ………………………………………………………..
- Estre : sui, es, est, somes, estes, sont
Bases en AF : …………………………………………………………
En FM : être = ……………………………………………………………………………………………..
Base(s) en FM : ………………………………………………………..
Voici le paradigme du verbe pouvoir (pooir) au présent de l’indicatif en ancien français. Conjuguez-le en
français moderne. Conjuguez-le ensuite au présent du subjonctif. Que remarquez-vous ?
Pooir : puis, puez, puet, poons, poez, pueent
V- L’emploi du subjonctif
On ne s’attachera pas ici à la conjugaison du subjonctif (voir à ce sujet la fin de la partie précédente,
« IV, La conjugaison du présent »), mais à ses emplois : l’objectif est de comprendre le système syntaxique
du subjonctif et ce qui appelle, dans le contexte de la phrase, de l’énoncé, l’usage de ce mode plutôt que de
l’indicatif.
De façon générale, on emploie le subjonctif chaque fois que l’interprétation l’emporte sur la
prise en compte de l’actualisation du procès ; c’est-à-dire lorsque s’interpose entre le procès et sa
verbalisation l’écran d’un acte psychique ou « idée regardante » (sentiment, volonté, jugement…) qui
empêche ou suspend l’actualisation du procès.
A. Comprendre le système : dégager les valeurs du mode subjonctif à partir d’exemples
Exercice 1.
Support : Le Roman de Renart, Branche I, vers 1123 à 1157 (éd. Mario Roques et trad. inspirée de
celle d’Henri Rey-flaud et André Eskénazi).
Renart vient de se confesser à Grimbert, qui lui pardonne ses péchés, et Renart s’apprête à partir en
pèlerinage pour racheter ses fautes, non sans avoir fait maintes recommandations à ses enfants et les avoir
confiés à Dieu.
Et Renart, quant vint au matin,
laissa sa fame et ses anfanz ;
au departir fu li diaus granz.
Congié a pris de sa mainie :
"Enfanz, fait il, gentil lignie,
que qu’il de moi daie avenir,
pansez de mon chastel tenir
contre contes et contre rois,
que vos ne troverez des mois
conte, prince, ne chastelaine,
qui vos forface une chastaigne.
Quant vos avrez le pont levé,
ne serez la por nul grevé,
Au matin, Renart
quitta sa femme et ses enfants;
quel chagrin au départ!
Renart prit congé de sa famille:
«Mes enfants, dit-il, noble race,
quoi qu'il ………. advenir de moi, (devoir)
veillez à protéger mon château
contre comtes et rois,
car vous ne rencontrerez de longtemps
comte, prince ou châtelaine
qui ………. vous causer le moindre tort. (pouvoir)
Quand vous aurez ramené le pont-levis,
personne ne ………. vous faire de mal, (pouvoir)
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que vos avez asez vitaille :
ne cuit devant un an vos faille.
Qu’iroie je chascun nomant ?
a Damedieu toz vos conmant,
qui me ramaint si con je soil."
A tant feri le pié au soil,
au parissir de sa tesniere
a conmencïe sa priere :
"Diex, fait Renart, omnipotens,
gariz mon savoir et mon sens
que ne le perde de paor
devant le lion mon seignor,
qant Ysangrin m’encusera,
de quant qu’il me demendera
que je li sache raison randre
ou bien noier ou bien desfandre.
Lai m’en sain et sauf repairier,
que je mon cuer puissse esclairier
de cix qui me mainent tel guerre."
car vous ……… des provisions en abondance: (avoir)
je ne pense pas qu'elles vous ……………..... avant un an. (faire défaut)
A quoi bon vous nommer un par un?
Je vous ……………… tous au Seigneur Dieu. (recommande)
………..-t-il me ramener ici comme d'habitude!» (pouvoir)
A ces mots, il frappa le seuil du pied,
et, au moment de quitter sa tanière,
il a commencé sa prière:
«Dieu tout puissant, dit Renart,
protège ma sagesse et ma raison,
afin que je n'en ………. pas l'usage par peur (perdre)
devant le lion mon seigneur,
quand Isengrin m'accusera;
qu'à tous les reproches qu'il m'adressera,
je ………. trouver de bonnes réponses, (savoir)
en niant ou en me justifiant.
Fais que je ………… chez moi sain et sauf, (revenir)
et que je ………… soulager mon cœur (pouvoir)
sur ceux qui ………. cette guerre contre moi.» (mènent)
1. Complétez la traduction en ajoutant les verbes manquants : veillez à utiliser le bon mode
(indicatif ou subjonctif) !
2. Soulignez les verbes à l’indicatif en vert, les verbes au subjonctif en rouge. Pour chaque
occurrence du subjonctif, essayez d’expliquer pourquoi vous avez utilisé ce mode, en vous aidant
du sens, du contexte de la phrase.
3. Observez tous les verbes au subjonctif : pouvez-vous dégager un trait commun qui justifierait le
recours à ce mode ?
B. Le subjonctif en proposition indépendante
Exercice 2. Comparez les groupes de phrases suivantes, qui comportent un verbe au subjonctif (la première
en ancien français ; sa traduction en français moderne) : que remarquez-vous ? Comment repère-t-on en
Français moderne un verbe au mode subjonctif ?
a. « Vous consaut Dieux, Sire preudom », fet Galaad.
a'. « Que Dieu vous assiste, valeureux chevalier », dit Galaad. (La Quête du saint Graal)
b. « Fel vilain, Diex te maudie ! » fet Ysengrin.
b'. « Méchant traître, que Dieu te maudisse ! » lance Ysengrin. (Le Roman de Renart)
On retrouve une trace de la tournure de l’ancienne langue dans certaines formules figées et archaïsantes. En
connaissez-vous ?
« Vive le roi ! » ; « Vive la France ! »
« Dieu vous garde ! »
Exercice 3 :
-
Repérez les verbes conjugués dans les phrases suivantes.
Soulignez en rouge les verbes au subjonctif.
Justifiez l’emploi du mode subjonctif dans les phrases suivantes en recourant au contexte
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(NB : selon l’avancement de l’apprentissage, on peut donner aux élèves la liste des éléments qui entraînent
l’usage du subjonctif qu’ils doivent dégager dans les exemples : injonction - ordre, défense, exhortation - ;
souhait ; supposition) :
a. Le procureur s’exclame : « Que l’accusé vienne à la barre ! »
b. « Que le Ciel vous protège ! »
c. « Moi, que je fasse une chose pareille ? »
d. « Soit le triangle MAP tel que MA = 4,9cm, AP = 5cm et MP = 1,4cm. Quelle est sa nature ? »
e. « Qu’il vienne me voir, je ne le recevrai pas. »
f. « Vienne la nuit sonne l’heure / Les jours s’en vont je demeure » (Apollinaire)
g. « Qu’il se fasse attendre encore un quart d’heure, et je m’en vais » (Musset, Lorenzaccio)
NB : Dans tous ces emplois en phrase indépendante, le subjonctif met l’accent sur l’interprétation du
procès, qui est perçu subjectivement. La plupart situent le procès dans l’avenir, où sa valeur de vérité est
suspendue.
C. Le subjonctif en propositions subordonnées
1. Le subjonctif en subordonnées conjonctives complétives :
Exercice 4 : A composer à l’aide des divers exemples ci-dessous, qui recensent les usages obligatoires et
facultatifs du subjonctif en proposition subordonnée complétive.
a. Subjonctif obligatoire
L’emploi du subjonctif est obligatoire dans certains types de complétives introduites par « que » :
- Dans les complétives placées en tête de phrase (complétives sujet ou détachées avec emphase) : Ex :
Que Charles soit aimable, Emma le pense. Que ses amis ne reconnaissent pas ses efforts le peine
beaucoup.
- Dans les complétives compléments d’objet d’un verbe de volonté ou de sentiment (contrainte
lexicale imposée par le verbe principal) : Je veux/ordonne/souhaite/désire/regrette/crains/doute qu’il
vienne. Je tiens à ce qu’il vienne. Je m’étonne de ce qu’il vienne.
- Dans les constructions personnelles ou impersonnelles formées à l’aide d’un adjectif attribut
exprimant la possibilité, la nécessité, le doute ou un sentiment et après « il faut, il importe, il
convient que » : Il est possible/nécessaire/douteux/heureux/triste qu’il parte. Il faut/importe/convient
qu’il vienne.
-
A l’inverse, on emploie l’indicatif après des verbes, noms ou adjectifs exprimant une certitude, une
croyance ou affirmation, une prévision ou une probabilité forte (après « affirmer », « il est
probable/certain/sûr »…)
-
La différence peut être ténue entre les deux modes. Comparez : Il espère qu’elle viendra/Il souhaite
qu’elle vienne.
b. Choix du mode subjonctif ou indicatif
Dans certaines complétives, le choix du mode indicatif ou subjonctif est possible et donne à la phrase
une signification différente. Comparez :
- Je dis qu’il viendra demain / Je dis qu’il vienne demain (le sens d’un verbe polysémique tel que
« dire » varie selon que la complétive qui le suit est à l’indicatif ou au subjonctif : affirmation dans
un cas, expression de la volonté dans l’autre)
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-
-
Je ne pense pas qu’il viendra demain / Je ne pense pas qu’il vienne demain (on préfère le futur de
l’indicatif pour exprimer un procès probable alors que le subjonctif met l’accent sur l’absence de
certitude, et donc sur l’interprétation que l’on fait du procès : la valeur de vérité est suspendue).
Son père ne croit pas qu’il a rendu son devoir / Son père ne croit pas qu’il ait rendu son devoir
Il semble qu’il a compris le problème / Il semble qu’il ait compris le problème (dans le cas d’un
verbe modalisateur comme « sembler » le fait est envisagé en tant que tel avec l’indicatif, tandis que
le subjonctif le fait percevoir d’un pt de vue subjectif)
2. Le subjonctif en subordonnées circonstancielles
Le choix du mode n’est pas possible en subordonnée circonstancielle : l’indicatif ou le subjonctif est en effet
imposé par le sémantisme de la conjonction de subordination.
a. Subordonnées circonstancielles de temps :
Exercice 5 : Complétez les phrases suivantes en conjuguant le verbe au bon mode et justifiez votre choix :
- Il part avant que le soleil ………………… (s’être levé)
- Il part après que le ………………… (s’être levé)
b. Subordonnées circonstancielles de cause (NB : normalement elles sont à l’indicatif, mais on trouve
le subjonctif quand la cause est rejetée càd exclue du réel par le locuteur)
Exercice 6 : Repérez la proposition circonstancielle de cause dans les phrases suivantes. Entourez la
conjonction de subordination. Expliquez quelle nuance de sens justifie l’emploi du subjonctif dans certains
cas :
- Le chat revient à la maison parce qu’il a faim.
- Le chat revient à la maison, soit qu’il ait faim, soit qu’il ait envie de dormir tranquille
- Il m’a téléphoné parce qu’il était inquiet de ma santé.
- Il m’a téléphoné, non qu’il fût inquiet de ma santé, mais parce qu’il avait besoin d’argent.
c. Subordonnée circonstancielles de conséquence : (NB : normalement elles sont à l’indicatif dans la
mesure où elles permettent l’actualisation du procès ; lorsque la principale est négative ou
interrogative, elle empêche l’actualisation du procès de la subordonnée et on trouve alors le
subjonctif dans la subordonnée)
Exercice 7 : Repérez la proposition principale et la proposition circonstancielle de conséquence dans les
phrases suivantes. Expliquez quelle nuance de sens justifie l’emploi du subjonctif dans certains cas :
- Il a tant regardé la télévision qu’il a des maux de tête
- Il n’a pas travaillé au point que cela l’ait épuisé
- Il est trop indispensable pour qu’on puisse se passer de lui
d. Subordonnée circonstancielles de but : logiquement au subjonctif, puisqu’elles manifestent une
intention (procès non encore actualisé).
- Je t’appelle pour que tu viennes me prêter main forte.
e. Subordonnée circonstancielles concessives : introduites par « quoique, bien que » expriment un
procès envisagé comme une cause possible, mais inopérante, elles sont au subjonctif
- Je viens auprès de toi bien que je ne puisse t’aider
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Emilie Deschellette ([email protected])
Blandine Longhi ([email protected])
COMPRENDRE LE FRANÇAIS À TRAVERS SON HISTOIRE
(PAF 2012-2013- Inspection pédagogique régionale de lettres de Paris et Université Paris IV-Sorbonne)
f. Subordonnée circonstancielles conditionnelles se partagent entre le subjonctif et l’indicatif.
Exercice 8 : Complétez les phrases suivantes en conjuguant le verbe au bon mode :
- Si j’……. de l’argent, j’achèterais un château en Espagne. (avoir)
- Pour peu qu’il ……… son bac, il entrera dans l’école de ses rêves. (réussir)
- A moins qu’il ………. au bac, il entrera dans l’école de ses rêves. (échoue)
3. Le subjonctif en subordonnées relatives
L’emploi du subjonctif dans les relatives s’explique par la restriction qui affecte certains antécédents :
dans ce type de relative, le locuteur a généralement le choix entre l’indicatif et le subjonctif selon la nuance
qu’il cherche à exprimer (antécédent indéfini ou indéterminé, soumis à une négation ou à une interrogation
ou encore sélectionné parmi une infinité de possibles).
Exercice 9 : dans les phrases suivantes, expliquez quelle nuance de sens justifie l’emploi du subjonctif.
- Je cherche pour les vacances un livre qui me plaise.
- Je voudrais un guide qui connaisse le grec ancien.
- Connaissez-vous un restaurant qui serve une bonne bouillabaisse ?
- Elle n’a trouvé personne qui comprenne ses souffrances.
- C’est la plus grande chambre que je peux vous proposer / C’est la plus grand chambre que je puisse
vous proposer.
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