4-FR3Z-CTPA01-10 CORRECTION BREvET BlANC 2010

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4-FR3Z-CTPA01-10
CORRECTION Brevet blanc 2010
ÉPREUVE DE français
PREMIÈRE PARTIE
questions (15 points)
I - Un récit rétrospectif (5 points)
1- Le personnage principal est Jean-Jacques, qui est aussi le narrateur et l’auteur du texte
(0,5 point)
(Jean-Jacques Rousseau). 2- Les deux temps dominants dans les deux premiers paragraphes sont l’imparfait et le passé
(1 point)
simple. Ils renvoient au moment de l’enfance du narrateur.
3- Le présent utilisé dans le troisième paragraphe renvoie au moment de l’écriture :
(1 point)
« je l’avoue », ligne 26, « si l’on veut », ligne 29, « il en résulte », lignes 29-30. 4- La relation entre les personnages a duré « plus de cinq ans », ligne 24. (0,5 point)
5- Les sentiments de l’auteur perdurent jusqu’au moment de l’écriture : « des sentiments plus
affectueux (…) et qui ne se sont jamais effacés », lignes 3-4. (1 point)
6- Le personnage principal est aussi l’auteur et le narrateur, le présent d’énonciation
alterne avec les temps du récit au passé, le narrateur raconte des événements de sa
propre vie passée. Ces éléments permettent d’identifier le genre du texte : il s’agit d’une
autobiographie. (1 point)
Épreuve de Français
Corrigé du brevet blanc 2010
II - Une évocation de l’amitié (5 points)
1- Les expressions qui caractérisent les sentiments du narrateur pour son cousin sont « m’unit
tendrement », lignes 1-2, « sentiments […] affectueux », ligne 3, et « attachement […] (1,5 point)
extrême », ligne 12. 2- a) Le verbe « anéantir » est formé du radical « néant », du préfixe de mouvement « a- » et
du suffixe « -ir » (qui permet de créer un verbe du 2e groupe)
Le mot signifie donc littéralement « mener au néant, au vide, réduire à rien ». (1 point)
(0,5 point)
b) Le synonyme est le verbe « détruire ».
3- La répétition de l’adverbe « jamais » crée un effet d’insistance, et prépare la mise en valeur
(0,5 point)
de l’ « exemple unique » à la fin du texte. 4- Rousseau cherche à présenter cette amitié comme tendre et affectueuse, douce,
harmonieuse, équilibrée. Cette amitié est à la fois « un « état paisible », ligne 1, un lien qui
« unissait », ligne 24 , et un « attachement » extraordinaire : « extrême », ligne 12,
(1,5 point)
« inséparables », ligne 25, « exemple […] unique », ligne 30.
Les figures de style qui mettent en évidence la profondeur de cette amitié sont :
- l’hyperbole : « nous ne pouvions vivre un instant séparés », lignes 12-13.
« toujours… sur tout », ligne 16.
- la répétition de « jamais » quatre fois dans le texte et de « si » dans « si bien… si vraie »,
lignes 23-24.
- le comparatif de supériorité : « plus affectueux que pour mon frère », ligne 3.
Note aux correcteurs :
Le repérage et l’identification des figures de style n’étaient pas demandés.
III -L’image du narrateur (5 points)
1- a)
L’avantage de Bernard sur Jean-Jacques est qu’il est le fils du tuteur, et donc le fils de
la maison. C’est pourquoi il est le préféré des deux garçons, comme l’indique
l’expression « la prédilection qu’on avait pour lui dans la maison », lignes 6-7. De plus,
le garçon est présenté comme « efflanqué », « fluet », « faible de corps », ligne 5. Il peut
(0,5 point)
jouer sur la dimension protectrice de l’amour de ses parents.
b) L’ascendant de Jean-Jacques est d’ordre intellectuel. L’intelligence et la vivacité d’esprit
du narrateur sont soulignées, dans les études et les amusements, afin de rétablir un
équilibre entre les deux garçons : « Dans nos études, je lui soufflais sa leçon quand il
hésitait; quand mon thème était fait je lui aidais à faire le sien, et dans nos amusements
(0,5 point)
mon goût plus actif lui servait toujours de guide. », lignes 19-22.
2- a) « je » est sujet de « soufflait » (0,25), « lui » est complément d’objet second de ce
verbe (0,25) ; « mon goût plus actif » est sujet de « servait » (0,25), « lui » est
complément d’objet second de ce verbe (0,25). (1 point)
Note aux correcteurs :
On acceptera complément d’objet indirect au lieu de complément d’objet second.
Épreuve de Français
Corrigé du brevet blanc 2010
b) Dans cette phrase, l’énonciation à la première personne désigne le narrateur
Jean-Jacques, toujours en fonction « sujet ». Le « je » est en position sujet ainsi que le
groupe nominal « mon goût plus actif ».
Le pronom « lui » désigne Bernard et a une fonction de « complément d’objet ».
Cette répartition des fonctions grammaticales selon les enfants est significative. La
fonction sujet renvoie aux notions d’initiative, d’activité et présente le narrateur dans
un rôle de leader, de « chef » entre les deux enfants. La fonction complément d’objet
place Bernard en position inférieure, sous influence, comme si Bernard servait de
complément à Jean-Jacques, servait de faire valoir, permettait à Jean-Jacques, par
(1 point)
contraste d’être mis en valeur. 3- Sous une apparence d’équilibre et d’harmonie, l’évocation de l’amitié entre Bernard et
Jean-Jacques permet à ce dernier d’avoir le beau rôle. Le narrateur apparaît doué de rares
qualités d’intelligence et de vivacité d’esprit, sans oublier des qualités de cœur – tendresse,
affection –, un caractère facile et un sens de la justice (« jamais une seule fois nous ne
portâmes l’un contre l’autre aucune accusation », lignes 28-29).
Le mot du texte qui confirme cette image est le nom « guide », ligne 22. (2 points)
rÉÉcriture (4 points)
En peu de temps j’eus pour lui une amitié plus affectueuse que celle que j’avais eue pour mon
frère, et qui ne s’est jamais effacée.
dictÉe (6 points)
« J’ai longtemps été un petit garçon qui se rêvait une famille idéale. À partir des rares images
qu’ils me laissaient entrevoir j’ai imaginé la rencontre de mes parents. Quelques mots lâchés sur
leur enfance, des bribes d’informations sur leur jeunesse, sur leur idylle, autant de parcelles sur
lesquelles je me suis jeté pour construire mon improbable récit. J’ai dévidé à ma façon l’écheveau
de leur vie et, de même que je m’étais inventé un frère, j’ai fabriqué de toutes pièces la rencontre
des deux corps dont j’étais né, comme j’aurais écrit un roman. »
Extrait de Philippe Grimbert, Un secret, 2004.
Note aux correcteurs :
On tolèrera une erreur sur l’un des deux mots « idylle » et « écheveau ».
Barème :
- 0,5 point : erreur d’orthographe grammaticale.
- 0,25 point : erreur d’orthographe lexicale.
- 0,25 point : majuscules et ponctuation forte oubliées.
- 0,25 point : lot de quatre accents et ponctuation faible oubliés.
Épreuve de Français
Corrigé du brevet blanc 2010
SECONDE partie
rÉdaction (15 points)
Voici un exemple de ce qu’il était possible d’écrire pour répondre au sujet.
Bossey, le 15 juin 1782
Cher cousin,
Cela fait bien longtemps que nous n’avons plus de nouvelles l’un de l’autre. Après nos cinq
belles années passées ensemble, la vie a séparé nos chemins. J’en ai été attristé très longtemps.
Pourquoi ne m’avez-vous jamais écrit ? J’ai attendu pendant des années, chaque jour, chaque
semaine, chaque mois, une lettre de vous. En vain.
Il y a quelques jours, je flânais à Genève lorsque, chez un libraire, un ouvrage a retenu mon
attention : Les Confessions. Titre étrange, non moins que le nom de son auteur. C’était vous ! Mon
cousin, mon ami, mon frère… mon absent. Vous êtes donc devenu un grand écrivain! Je me suis
empressé de me plonger dans vos Confessions, à la fois avide et inquiet de lire quelque passage me
concernant.
Si je prends la plume aujourd’hui, après toutes ces années, c’est précisément parce que j’ai lu
votre livre et que je n’ai pas toujours reconnu le Jean-Jacques de mon enfance. Pour être sincère,
je ne m’y suis pas vraiment reconnu non plus. J’ai pris la liberté de lire à Père le passage où vous
évoquez notre vie à Bossey, notre amitié de garçons inséparables, « exemple unique » dites-vous,
d’affection fraternelle. Et bien, cher cousin, mon père, votre ancien tuteur, a plus d’une fois
froncé les sourcils ! Ce double portrait de Jean-Jacques et Bernard, les enfants que nous fûmes, êtes-vous bien
sûr qu’il soit conforme à la réalité de notre vie d’alors ? Vos souvenirs, ou votre orgueil peut-être,
ne vous ont-ils pas conduit à enjoliver les parties vous concernant, quitte à me dévaloriser ?
Paraissais-je donc si maigre, fragile et faible d’esprit à vos yeux ? Avez-vous vraiment oublié toutes
les fois où je vous ai tiré d’un mauvais pas, dans la cour de récréation ou dans les problèmes de
mathématiques ? Comment cette amitié pouvait-elle être si extraordinaire alors que son évocation
me paraît si déséquilibrée ?
Sans doute y a-t-il de mon côté quelque orgueil mal placé dans ma déception. Cette période
de ma vie reste à mes yeux la plus belle, et je suis heureux que vous parliez si bien des liens
affectueux qui nous unissaient. Mais vous auriez été plus honnête, plus sincère en rétablissant la
vérité de nos rapports, plutôt que de vous attribuer le meilleur rôle : celui du doux, du juste… du
guide.
Votre cœur comprendra ce que j’ai voulu lui dire parce qu’il est bon, je le sais. J’ai eu votre
adresse récente par Père. Si vous souhaitiez me répondre, ce que j’espère, envoyez votre pli à
Bossey. C’est mon adresse la plus sûre.
Avec toute mon affection,
Votre cousin
Bernard
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