La référence philosophique aux mondes, une mise

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TRANS-
Revue de littérature générale et comparée
18 | 2014
La référence
La référence philosophique aux mondes, une mise
en scène de la vérité
Marie-Noëlle Doutreix
Publisher
Presses Sorbonne Nouvelle
Electronic version
URL: http://trans.revues.org/1052
DOI: 10.4000/trans.1052
ISSN: 1778-3887
Electronic reference
Marie-Noëlle Doutreix, « La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité »,
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
La référence philosophique aux mondes,
une mise en scène de la vérité
Marie-Noëlle Doutreix
1
Les mondes en philosophie sont à l’image des théories qui s’en saisissent : une multiplicité
de thèses plus ou moins réductibles les unes aux autres que nous pouvons comprendre
comme formant un ensemble pluriel, ou un unique positionnement que nous pouvons
considérer sous un nombre non défini de variantes. Si l’un et le multiple se comprennent
tous deux1, s’agissant de mondes comme de théories, les théories des mondes
résulteraient-elles d’une fausse question ? Peut-être, la référence aux mondes pluriels, en
philosophie, possède-t-elle plutôt une valeur figurative. Le lecteur doit consentir à la
théorie des mondes, que ce soit en un sens littéraire ou ontologique. Se distingue, par
exemple, quelque chose de l’ordre du contrat communicationnel dans la méthode
dialectique platonicienne. À chaque étape, l’assentiment de l’interlocuteur est requis
explicitement, mais celui-ci peut être symbolique ou formel. En outre, ce processus peut
présenter certaines similitudes avec celui des œuvres fictionnelles : pour que celles-ci
fonctionnent, l’adhésion du lecteur est nécessaire2.
2
Se dégage une première thèse : la théorie des mondes est une sorte de principe
métaphysique qui joue le rôle de cadre de référence. Popper souligne, dans son ouvrage
La connaissance objective, que le réalisme et l’idéalisme ne sont des théories ni
démontrables ni réfutables3. De la même façon, la théorie des mondes en tant que
principe métaphysique relève d’une argumentation tout en restant conjecturale.
3
L’idée que les cosmologies philosophiques sont « non-sérieuses » résulte ici de l’ambiguïté
des philosophes quant à la question de la pluralité des mondes. C’est dans ce cadre que la
question de la référence cosmologique rejoint celle du pluralisme philosophique. Quel est
alors le mode d’existence des mondes dénotés dans les théories philosophiques ? Cette
question sera posée au regard des théories de Platon, de Karl Popper et de Nelson
Goodman, telles qu’elles apparaissent respectivement dans La République et Timée, dans La
connaissance objective et dans Manières de faire des mondes. La façon de renvoyer aux
mondes détermine leur existence. Nous essaierons ainsi de déterminer comment s’établit
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
la référence aux mondes : dans quels contextes théoriques est-elle élaborée et pour
quelles fonctions ? Alors que les trois auteurs exposent des positions tout à fait distinctes
quant au contenu des mondes et à leur fonctionnement, les usages philosophiques qu’ils
en font se ressemblent singulièrement. La seconde thèse est que la manière de référer aux
mondes et la fonction de cette référence leur sont communes, alors même que les
contenus divergent. Si, d’un point de vue pragmatique, les manières sont plus
importantes que les contenus car ce sont elles qui construisent, quelque chose sera dit de
la façon dont la philosophie réalise ses théories.
4
Les théories des mondes semblent comporter une part fictionnelle. La troisième thèse est
que la manière philosophique consiste à utiliser l’hypothétique pour construire le vrai.
Les philosophes imaginent et racontent des systèmes théoriques qui confortent
parallèlement leurs propos respectifs sur l’agencement du réel. Nous verrons ainsi que
dans les œuvres de Platon, de Popper et de Goodman, la théorie des mondes permet
d’expliquer, de fonder ou de justifier une certaine conception de la vérité. Platon
développe ainsi, sur la base de l’autonomie du monde intelligible, la conception d’une
vérité absolue, éternelle, et surtout indépendante des hommes. Popper, par la distinction
des mondes, affirme quant à lui l’objectivité de la vérité, tout en qualifiant les théories
scientifiques d’hypothétiques. Enfin, Goodman évoque la multiplicité des mondes pour
substituer à la vérité d’autres valeurs plus pragmatiques telles que la correction et la
justesse.
5
La référence aux mondes semble fonder un système conceptuel qui précisément explique
et légitime cette même référence. Le paradoxe porte sur le fait que la conceptualisation
de la vérité est fondée par la référence à des mondes spéculés. Nous essaierons d’en tirer
les conclusions, d’une part quant à la question de la référence fictionnelle, d’autre part
quant à la théorie de la correspondance entre vérité et monde.
La théorie des mondes est une sorte de principe
métaphysique qui joue le rôle de cadre de référence
6
Dans La République, Platon invoque un ordre cosmologique pour justifier sa conception de
la cité idéale. En quoi consiste celle-ci et comment la mobilise-t-il ? Platon distingue un
monde intelligible, monde des Idées, invisible et immuable et un monde sensible, le
monde visible des choses particulières et changeantes4. L’idée de monde sert ici à
marquer la différenciation entre le modèle éternel et ce qui participe de lui. Dans Timée,
le personnage éponyme propose ainsi de commencer sa réflexion sur le Monde en
divisant l’être éternel de « celui qui naît toujours et n’existe jamais5 ». L’intellection et le
raisonnement peuvent appréhender le premier alors que c’est de l’opinion jointe à la
sensation irraisonnée que relève le second. Ce qui naît et meurt n’existe jamais
réellement mais, étant réalisé selon un modèle immuable, des choses qui sont nées, le
Monde est la plus belle. Timée avance alors :« Mais s’il en est ainsi, il est aussi absolument
nécessaire que ce Monde-ci soit l’image de quelque autre monde6 ». Quel est le statut
ontologique de ces mondes ?
7
Dans l’œuvre de Platon, la question de la pluralité des mondes peut s’entendre de
plusieurs façons. D’un point de vue métaphysique, il n’y a qu’un Monde dans le sens où il
ne peut y avoir qu’un Tout et que le monde est à l’image de son modèle. Ainsi, s’il y avait
deux mondes il en faudrait nécessairement un autre pour les englober7. Pourtant, il y a
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
bien un Monde qui sert de modèle et un autre qui en est la copie, mais seul ce qui est
toujours identique est réel. Le monde matériel est ainsi subsumé. D’un point de vue
ontologique, le monde visible représente l’image de l’être8.
8
L’unité du monde dans la théorie de Platon est indissociable, en tant que cause ou
conséquence, de sa conception de la vérité. Le tout est un9, unique et immuable, car il est
nécessairement vrai et que le vrai ne saurait être multiple et mouvant. Platon fonde sa
théorie de la connaissance sur l’idée que l’essence, qui est invisible, ne peut être vue que
par l’intelligence. La connaissance consiste à apercevoir l’essence et les choses qui en
participent sans les confondre10. La véritable science est celle de la vraie réalité, celle qui
ne change pas11. La conception de la vérité est ainsi justifiée par la référence
cosmologique. Dans le Livre X de La République, Platon parachève l’exclusion de la poésie
imitative de la cité par des arguments métaphysiques là où, dans le Livre III, il invoquait
précédemment des arguments politiques. Aussi, la référence consiste-t-elle ici à mobiliser
une théorie plus forte, un principe métaphysique, qui représente alors la source ou
l’autorité sur laquelle se fonde la légitimité des autres théories.
Façons de référer aux mondes et fonction de la
référence
9
Karl Popper se définit comme un réaliste dans le double sens où il défend la thèse à la fois
de la réalité du monde physique et de la réalité du monde des entités théoriques. Aussi
existe-t-il selon lui toutes sortes de réalités extrêmement différentes12. Les apparences
forment ainsi une réalité de surface que le sens commun éclairé distingue d’une réalité
plus profonde13. Cependant, contrairement à la théorie platonicienne, même une illusion
est, en tant qu’illusion, une illusion réelle14. Dans Une épistémologie sans sujet connaissant,
Popper développe sa théorie des mondes en défendant l’indépendance de la réalité vis-àvis de la subjectivité humaine. Sa thèse porte ainsi sur l’idée que les systèmes théoriques
et les problèmes scientifiques ne sont pas les expressions symboliques ou linguistiques
d’états mentaux subjectifs. C’est-à-dire qu’ils existent en eux-mêmes, en dehors de
l’esprit de ceux qui les conçoivent. Aussi Popper différencie-t-il trois mondes, le monde 1
correspondant aux corps vivants ou non ; le monde 2 aux vécus conscients ou
inconscients ; le monde 3 aux productions objectives de l’esprit humain. Ce dernier
contient des œuvres, théories, propositions langagières et problèmes philosophiques mais
aussi des théories fausses et des conjectures.
10
Popper considère le monde 3 comme une sorte de troisième monde platonicien qui serait
un produit humain, autonome du point de vue de son statut ontologique15. Il est ainsi
possible de contribuer au développement du monde 3 mais celui-ci possède son propre
mode d’existence. Popper interprète la théorie platonicienne comme une ouverture
sérieuse vers un pluralisme philosophique, dans lequel se distingueraient trois sortes
d’états ou d’évènements16. Selon lui, Platon a découvert le monde 3, et l’a théorisé pour
son pouvoir explicatif.17 Les théories des mondes seraient-elles des hypothèses ad hoc,
ajoutées aux théories pour expliquer les manquements de celles-ci ? Popper critique les
explications ad hoc car elles ne sont pas testables indépendamment de l’effet à expliquer 18.
Il existe une forme de circularité dans les hypothèses ad hoc, particulièrement lorsque la
seule preuve de l’explication est l’état de chose à expliquer. Bien que Popper reconnaisse
que le réalisme est une question métaphysique non vérifiable et non réfutable, les
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
mondes 1, 2 et 3 semblent fonctionner comme une hypothèse ad hoc du réalisme
poppérien.
Une manière philosophique qui consiste à s’appuyer
sur l’hypothétique pour construire le vrai
11
Nelson Goodman interroge la multiplicité des mondes au regard de la multiplicité des
vérités19. Néanmoins, la distinction entre le vrai et le faux ne correspond pas à celle entre
les versions du monde correctes et incorrectes. Les sciences et les arts participent au
même titre à la création de mondes et utilisent des procédés communs. Ainsi, le
scientifique ajuste la vérité à sa mesure. Il décrète en découvrant, dessine en discernant 20.
De plus, la vérité ne constitue pas une notion satisfaisante pour évaluer les mondes car
ceux-ci ne consistent pas uniquement en propositions verbales. Goodman analyse les
fonctions référentielles sans les hiérarchiser. Montrer et exemplifier peuvent être aussi
importants que dénoter verbalement. De même, la vérité métaphorique acquiert sa valeur
propre, indépendamment de la vérité littérale.
12
Le rôle joué par ces différentes catégories dans la pensée scientifique est affirmé par
Goodman. Aussi peut-on également les considérer au regard de la pensée philosophique.
La référence aux mondes peut-elle être envisagée en tant que processus fictionnel ?
Goodman souligne que les mondes sont faits en créant des versions à partir de symboles,
mais les multiples mondes autorisés dans sa théorie sont réalisés à partir de versions
correctes et correspondent exactement aux mondes réels21. Est discernable ici le rôle
métaphysique joué par les théories des mondes. Pourtant, Goodman affirme ne pas
soutenir l’existence d’une pluralité de mondes, ni même d’un seul22. Peut-être la question
de l’un et du multiple se dissout-elle en étant assimilée à une manière d’appréhender. En
effet, il est possible de considérer, ou non, que les différentes versions créées s’appliquent
au même monde.
La question de la référence fictionnelle
13
À travers Timée, Platon questionne son affirmation d’un unique univers23 mais clôt ainsi
la question :« Toutefois, en ce qui nous concerne, le Dieu nous fait signe, semble-t-il, que
vraisemblablement un Monde unique est né ». Est-ce à dire que la théorie cosmologique
n’est qu’une question de point de vue ? Cela semble être suggéré :« Pourtant, peut-être un
autre observateur, tenant compte d’autres faits, en jugera-t-il différemment ». La théorie
des mondes étant ce qui supporte celles de la vérité et de la connaissance, la vérité
philosophique serait-elle, comme la fiction littéraire, un récit ?
14
Si les théories des mondes constituent une sorte de récit philosophique, comment ceux-ci
opèrent-ils ? À travers des processus référentiels, les œuvres de fiction, notamment en
littérature, jouent un rôle déterminant dans la construction du monde24. Cependant,
comme le constate Bertrand Russell, une proposition peut être dénotante alors même
qu’elle ne dénote rien25. Dans quel sens les versions qui ne réfèrent à rien peuvent-elles
participer à l’élaboration du monde ? Cette question concerne à la fois les cas où l’objet
dénoté n’existe pas mais également les cas où l’œuvre symbolise autrement que par la
dénotation littérale.
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
15
Selon Goodman, fiction et non-fiction agissent d’une manière similaire sur les mondes
réels. Les œuvres abstraites fonctionnent en référant par l’expression ou
l’exemplification. Quant à la fiction, elle s’applique aux mondes réels de manière
métaphorique26. Quels liens les mondes de fiction et ceux dits « réels » entretiennent-ils ?
Dans la théorie platonicienne, la fiction est très éloignée de la vérité et ne possède aucune
existence propre27. Elle appartient au monde des simulacres. En revanche, pour Goodman,
les mondes de fiction qui sont des mondes possibles, sont compris à l’intérieur du monde
réel28.
La théorie de la vérité-correspondance
16
La problématique ontologique liée aux références non dénotantes et au statut de la fiction
recouvre le problème plus fondamental de la conception de la vérité comme
correspondance et du langage comme représentation du monde29. Que devient cette
théorie au sein de la cosmologie conjecturée par chacun des auteurs ? Dans la théorie
platonicienne, la vérité ne peut en aucun cas être évaluée par sa correspondance avec le
monde puisque le vrai n’est pas accessible aux sens. Celui-ci est appréhendable à travers
le raisonnement et la méthode dialectique. Popper et Goodman font tous deux référence à
la théorie conventionnelle de la vérité d’Alfred Tarski dans leur ouvrage respectif, mais
en des sens différents. Popper déclare :
17
J’accepte la théorie du sens commun (défendue et affirmée par Alfred Tarski) selon
laquelle la vérité consiste dans la correspondance avec les faits (ou avec la réalité) ; ou
plus précisément, selon laquelle une théorie est vraie si et seulement si elle correspond
aux faits30.
18
Au contraire, Goodman, tout en mettant de côté la théorie de Tarski, affirme que la vérité
ne peut pas être définie ou évaluée seulement par sa concordance avec le monde31. Aussi,
la question est de savoir si une version créée correspond effectivement à un monde. Ceci
rejoint le problème du rapport entre théorie et faits : l’un et l’autre sont emprunts l’un de
l’autre, de telle manière qu’ils se forment tous deux. Enfin, les vérités différant selon les
mondes, quel monde servirait de référence pour établir la vérité ?
19
De ce point de vue, la cosmologie de Popper peut être considérée comme un des mondes,
avec son propre système de vérité qui lui correspond. Ainsi, à l’intérieur de la cosmologie
poppérienne, la théorie de Tarski non seulement fonctionne, mais résout de plus des
problématiques propres à ses mondes. Par exemple, les éléments du monde 3
correspondent-ils tous de la même façon aux éléments des mondes 1 et 2 ? En d’autres
termes, les propositions verbales et les théories tiennent-elles leur vérité, même
conjecturale, du monde 1 et 2 et si oui, peut-on l’affirmer également de la fiction et des
œuvres d’art dont le contenu appartient également au monde 3 ? Pour Popper, si un
énoncé est faux, ce n’est pas parce qu’il correspond à un « non-fait » mais parce qu’il ne
correspond à aucun fait32. Il y a donc des éléments du monde 3 qui ne correspondent à
aucun fait. Une théorie fausse serait-elle alors réelle tout en n’étant engagée dans aucune
relation de correspondance avec un fait ?
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
Poïétique de la référence aux mondes
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Comme les mondes fictionnels, les mondes philosophiques sont énigmatiques. Leur statut
oscille entre proposition théorique et affirmation ontologique. Pourtant, d’une manière
paradoxale, les auteurs semblent parfois suggérer qu’il s’agit d’une fiction, d’une image
pour planter le décor des théories à venir. Ainsi, pour Socrate et ses interlocuteurs de
Timée, il suffit « d’accepter un conte vraisemblable et de ne pas chercher plus loin 33 ». La
théorie des mondes semble alors bien métaphorique. Popper, également, prévient son
lecteur au début de la discussion, qu’il ne s’agit pas de prendre « trop au sérieux » les
mots « monde » et « univers »34. Cette requête rappelle le contrat fictionnel du roman ou
de la fable entre le narrateur et le lecteur. Il y a ici quelque chose du célèbre
avertissement surréaliste « ceci est une image ». Popper avance, de plus, que nous
pourrions classer les mondes d’une façon différente, ne pas les classer du tout ou en
distinguer plus que trois35. Pour Goodman, les littéraires et les scientifiques manient la
vérité selon des procédés communs. À travers certains modes de référence, une œuvre
participe à la construction d’un monde36. Ainsi, il est probable que les théories des
mondes en philosophie contribuent également à la construction du monde. La référence
aux mondes se réalise alors entre dénotation et construction.
21
Aussi pouvons-nous considérer que l’invocation des mondes par les philosophes dans leur
conception de la vérité est justement ce qui donne aux théories des mondes leur vérité. La
théorie de la vérité « performe » la théorie des mondes, elle s’appuie sur elle et la valide
en retour. Paradoxalement, ces trois théories des mondes affirment au lecteur que celuici n’a pas accès à la vérité. Néanmoins, avec Goodman, le lecteur lui accordant sa
croyance, gagne en termes de pouvoir heuristique ce qu’il perd en vérité.
Bibliographie
Cometti Jean-Pierre, Morizot Jacques, Pouivet Roger, Esthétique contemporaine ; Art, représentation
et fiction, VRIN, 2005.
Eco Umberto, Lector in fabula ou la coopération interprétative dans les textes littéraires, (1979), Paris,
Grasset, 1985.
Goodman Nelson, Manières de faire des mondes, (1978), Gallimard, 2006.
Jauss Hans-Robert, Pour une esthétique de la réception (1975), Paris, Gallimard, 1978.
Picard Michel, La Lecture comme jeu, Paris, Les Éditions de Minuit, 1986.
Platon, La République, Œuvres complètes, Les Belles Lettres, 2002.
Platon, Timée, Œuvres complètes, Les Belles Lettres, 2002.
Popper Karl, La connaissance objective, (1972) Flammarion, 1998.
Russell Bertrand, « De la dénotation » (1905), Écrits de logique philosophique, PUF, 1989.
Tarski Alfred, Logic, Semantics, Metamathematics (1933), Clarendon Press, Oxford, 1956.
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
NOTES
1. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, (1978), Gallimard, 2006, p. 16.
2. Concernant les différentes théories littéraires qui portent sur le fonctionnement de l’œuvre
par sa relation au lecteur voir : Umberto Eco, Lector in fabula ou la coopération interprétative dans les
textes littéraires (1979), Paris, Grasset, 1985 ; Hans-Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception
(1975), Paris, Gallimard, 1978 ; Michel Picard, La Lecture comme jeu, Paris, Les Éditions de Minuit,
1986.
3. Karl Popper, La connaissance objective, (1972) Flammarion, 1998, p. 91.
4. Platon, La République, Œuvres complètes, Les Belles Lettres, 2002, 508c-509b.
5. Platon, Timée, Œuvres complètes, Les Belles Lettres, 2002, 28.
6. Platon, Timée, op.cit., 29.
7. « Afin donc que ce Monde-ci fût semblable, par son unité, au Vivant absolu, celui qui a fait le
Monde n’a fait ni deux Mondes, ni un nombre infini. », Platon, ibid., 31b.
8. Ibid., 29c.
9. « […]il n’a laissé en dehors du Monde aucune portion d’aucun élément, ni aucune qualité », Ibid
., 32c. Idée que le tout est unique, ibid., 33.
10. Platon, La République (Livre V), op.cit., 476c, 476d.
11. Cette véritable science étant la philosophie, dans ce cadre théorique, le philosophe a, seul, la
connaissance. La cosmologie platonicienne justifie entre autres l’idée selon laquelle les
philosophes doivent gouverner.
12. Karl Popper, La connaissance objective, op. cit., p. 90.
13. En une formulation différente, la philosophie reste comme chez Platon, la plus apte à
distinguer le réel des apparences « Toute science et toute philosophie sont du sens commun
éclairé. », ibid., p. 85.
14. Ibid., p. 444.
15. Ibid., p. 255.
16. Le pluralisme prend ici la forme d’une distinction entre les états physico-chimiques, les états
mentaux, et ce qui peut être décrit comme les états de la connaissance, ibid., p. 378.
17. Ibid., p. 202-203.
18. Ibid., p. 58.
19. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, op. cit., p. 17.
20. Ibid., p. 37.
21. Ibid., p. 136.
22. Ibid., p. 137.
23. « En réfléchissant à tout ce qui précède, on pourrait logiquement se demander, s’il faut
affirmer qu’il y a des univers en nombre infini ou en nombre limité », Platon, Timée, op. cit., 55c.
24. Ibid., p. 147.
25. Bertrand Russell, « De la dénotation » (1905), Écrits de logique philosophique, PUF, p. 203.
26. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, op. cit., p. 148.
27. Platon, La République (Livre X), op. cit., 600e-601c.
28. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, op. cit., p. 149.
29. Roger Pouivet
in Jean-Pierre Cometti, Jacques Morizot, Roger Pouivet,
contemporaine ; Art, représentation et fiction, VRIN, 2005, p. 320.
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Esthétique
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La référence philosophique aux mondes, une mise en scène de la vérité
30. Karl Popper, La connaissance objective, op. cit., p.99. Concernant Alfred Tarski, voir Logic,
Semantics, Metamathematics (1933), Clarendon Press, Oxford, 1956. Sur la théorie de la véritécorrespondance voir également Popper p. 99-102, p. 118, p. 395, p. 454 et p. 457-467.
31. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, op. cit., p. 36.
32. Karl Popper, La connaissance objective, op. cit., p. 101.
33. Platon, Timée, op.cit., 29d.
34. Karl Popper, La connaissance objective, op. cit., p. 181.
35. Ibid., p. 182.
36. Nelson Goodman, Manières de faire des mondes, op. cit., p. 105.
ABSTRACTS
L’ouvrage philosophique mobilise l’idée de monde pour inscrire son lecteur dans un certain cadre
de référence. De cette façon, le monde, ou les mondes, invoqués par l’auteur valent comme
fondement épistémologique. Ainsi, la référence à une pluralité de mondes peut être tantôt la
garante d’une vérité objective et absolue, justifiant par la même l’incertitude de nos savoirs
supposés, tantôt l’argument d’un relativisme philosophique. Il s’agit dans cette présente
recherche, d’analyser comment la question des mondes se pose et ce qu’elle autorise d’un point
de vue théorique. L’étude des thèses de Platon, Karl Popper et Nelson Goodman fait apparaître à
travers la divergence de leur contenu, une fonction commune de la référence aux mondes. Celleci, oscillant entre la vérité et la fiction, le littéral et le métaphorique, servirait de matrice au récit
philosophique.
AUTHOR
MARIE-NOËLLE DOUTREIX
Doctorante en première année à l’ED 267 Arts et Médias de l’Université SorbonneNouvelle, Marie-Noëlle Doutreix travaille au sein du Centre d’Approches Pragmatiques en
Philosophie du Langage et de la Communication dirigé par Marie-Dominique Popelard.
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