La guerre froide - Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED

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histoire
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f conséquences
Leslie Illingworth / Solo Syndication, London. Supplied by Llyfrgell Genedlaethol Cymru / National Library of Wales
Une exposition du Berliner Kolleg Kalter Krieg
et de la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur.
Présentée en langue française par DVV International.
BERLINER KOLLEG
KALTER KRIEG
BERLIN CENTER
FOR COLD WAR STUDIES
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II
Le 9 mars 2015 une brigade motorisée
de la 3e division d’infanterie américaine débarque à Riga. Elle participe à
la manœuvre Atlantic Resolve, visant à
montrer aux Pays baltes la solidarité de
l’OTAN pendant la crise ukrainienne.
Photo : picture alliance / dpa / Valda Kalnina
Une nouvelle guerre froide ?
Depuis quelques années, on parle beaucoup d’une nou­
velle guerre froide. Qu’il s’agisse de l’entrée des Russes
en Géorgie ou des bruits de bottes de la Corée du Nord
pour les questions atomiques, du programme d’arme­
ment nucléaire de l’Iran ou des méthodes de Poutine
en Crimée, sans même parler de la guerre larvée en
Ukraine – de nombreux commentateurs estiment que
nous sommes retombés dans les tourments de la période
1945–1991. Politiques et militaires contribuent à ali­
menter ces craintes. Ainsi le président polonais Andrzej
Duda a-t-il demandé, en août 2015, que davantage de
troupes de l’OTAN que prévu stationnent désormais en
Le 16 avril 2014, à Slaviansk, dans l’Est de l’Ukraine, des
milices prorusses présentent des véhicules blindés capturés
aux troupes gouvernementales.
Photo : picture alliance / Anadolu Agency
Europe de l’Est. Dans les États baltes aussi la peur d’une
menace russe s’accroît. Le Kremlin nourrit ces craintes
par des vols militaires d’exercice à la limite immédiate de
l’espace aérien de l’Europe de l’Ouest et par l’augmenta­
tion de ses dépenses d’armement. Aux États-Unis (USA)
on discute en ce moment du droit d’une « frappe préven­
tive » dans le cadre d’une « cyberguerre ». Et, surtout,
plane le spectre d’une Chine surarmée, visant à l’expan­
sion politique. Ces évolutions actuelles nous invitent à
jeter un regard rétrospectif sur les débuts et le déroule­
ment de la guerre froide et à réinterroger les raisons de
sa fin inattendue.
Sur fond de conflit en Ukraine, l’OTAN,
en 2014, suspend sa coopération militaire
et c­ ivile avec la Russie. Sur le site web du
Conseil Russie- OTAN fondé en 2002,
l’Alliance militaire insiste cependant sur
sa disposition à poursuivre le dialogue.
Capture d’écran du 26 juillet 2015
En 2014, l’aviation russe provoque 400 interventions de la défense antiaérienne de l’OTAN. La photo montre un chasseur de
l’OTAN escortant un des quatre avions de combats russes, qui
s’étaient approchés de l’espace aérien balte.
VIDÉO
Cold war games:
Russia, NATO
practice for combat
(2015), 2:06 min.
Source: CNN / www.youtube.com
En 2010, la caricature de l’artiste allemand Scharwel fait
écho au programme d’armement nucléaire et aux bruits de
bottes en Corée du Nord.
Caricature : picture alliance / dieKLEINERT.de / Scharwel
Photo : picture alliance / dpa
Six États font valoir des prétentions sur les îles Spratleys, importantes d’un
point de vue stratégique, situées au sud de la Mer de Chine. Ils y entretiennent
des garnisons militaires sur une centaine de récifs, atolls et îlots. Photographie
aérienne d’une base militaire chinoise.
Photo : picture alliance / dpa
La photo montre les restes de l’avion de ligne malaisien assurant le vol MH17,
abattu le 17 juillet 2014 vraisemblablement par des séparatistes prorusses au
dessus de l’Ukraine.
Photo : picture alliance / dpa / ITAR-TASS
Des élèves officiers américains sont formés à la défense contre les cyberattaques
à l’académie militaire de West Point, N. Y.
Photo du 9 avril 2015 : picture alliance / AP Photo / Mel Evans
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III
Le Premier ministre britannique
Winston Churchill, le président
américain Harry Truman et le chef
de l’État soviétique et du Parti Joseph
Staline (de gauche à droite) le 25 juillet
1945 à Potsdam. L’alliance de guerre
des partenaires dissemblables ne
devait pas durer longtemps après la
victoire sur l’Allemagne et le Japon.
Photo : picture alliance / Everett Collection
Les débuts
Avec la victoire sur l’Allemagne nazie et la capitulation
du Japon, l’Alliance entre la Grande-Bretagne, les ÉtatsUnis d’Amérique et l’Union soviétique a atteint son
but en 1945. La dispute sur le nouvel ordre allemand et
est-européen se transforme rapidement en un conflit indépassable. Socialisme d’État et dictature du parti à l’Est,
économie libre de marché et démocratie représentative à
l’Ouest s’avèrent aussi incompatibles que les intérêts économiques et politico-sécuritaires de chacun. L’Est comme
l’Ouest ne voient leur avenir assuré à long terme que par
la diffusion mondiale de leur propre système de société. C’est pourquoi la guerre froide est un conflit global,
qui s’étend sur tous les continents et recoure à la mobilisation des ressources économiques, scientifiques, culturelles et militaires. La partition idéologique du monde
suit la division politique et militaire – effective avec la
fondation de l’OTAN en 1949 et du Pacte de Varsovie
en 1955. Alors qu’on en reste dans l’hémisphère nord à
une « non-paix » armée, le Tiers Monde devient pendant quatre décennies le théâtre de « guerres chaudes ».
VIDÉO
Berlin christmas
6 months into
­blockade (1948).
4:40 min.
Source:
British Pathé /
www.youtube.com
Le parti communiste, par un
coup d’État, s’empare du pouvoir en Tchécoslovaquie en février 1948. Le 25 février 1948,
une milice ouvrière passe sur
le Pont Charles à Prague.
Un avion ravitailleur (appelé « Rosinenbomber »*)
en approche à l’aéroport de Tempelhof. Le blocus
de Berlin-Ouest par les Soviétiques, de juin 1948 à
mai 1949 et le point aérien mis en place par les Occidentaux symbolisent la rupture entre les anciens
alliés en Europe.
* littéralement « bombardier de raisons secs »
Photo : picture alliance / akg images
Photo, sans date : picture-alliance / dpa
En Italie et en France, les partis communistes et socialistes ainsi que les syndicats
de gauche jouent un rôle important depuis la Seconde Guerre mondiale. Manifestation de communistes italiens le 10 septembre 1949 à Florence.
Photo : picture-alliance / United Archiv
« Aide Marshall » peut-on lire en suédois sur
une carte postale de 1948. Le motif a été créé lors
d’un concours d’affiches pour soutenir le « plan
Marshall » – un programme américain pour
­redynamiser l’économie ouest-européenne.
Dans l’espace sous domination soviétique, le plan
Marshall est critiqué en tant qu’instrument de
« l’impérialisme américain » et indirectement en
tant qu’instrument de guerre. Policières est-allemandes pendant la foire d’automne de Leipzig.
Carte postale : picture alliance / Mary Evans Library / Gösta Åberg
Photo : picture alliance / Zentralbild
Après l’entrée de l’armée de libération populaire communiste à Pékin le 5 février 1949, les partisans de Mao fêtent leur
triomphe. Le 1er octobre Mao proclame la République populaire de Chine. L’Asie devient bientôt, elle aussi, le théâtre de la
guerre froide.
Photo : picture alliance / ap photo
Après la signature des accords de Paris le 23 octobre 1954, la
République fédérale d’Allemagne devient membre de l’OTAN
le 5 mai de l’année suivante.
Photo : NATO Photos​
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IV
Le 6 août 1945, la bombe atomique
a­­méricaine anéantit la ville japonaise
d’Hiroshima. Les aiguilles de ce qui
reste d’une montre retrouvée dans les
ruines marquent l’heure de l’explosion
à 8h 15 heure locale.
Photo : UN Photo / 84772
Le carburant de la guerre froide
Les 6 et 9 août 1945, Hiroshima et Nagasaki sont dé­
truites par une arme d’une puissance de destruction
inouïe – la bombe atomique. D’un point de vue militaire,
ces attaques sont sans raison. Le Japon est déjà au bord
de la capitulation. Pour les USA, il s’agit surtout de la dé­
monstration de leur supériorité technologique et de leur
détermination à en faire usage. C’est avant tout les di­
rigeants soviétiques qu’il s’agit d’impressionner. Aussi,
nombre de contemporains considèrent l’utilisation de la
bombe atomique non pas comme le dernier acte de la
Seconde Guerre mondiale, mais comme le prélude de la
guerre froide. Alors que Moscou reproche aux USA de
se comporter en maître-chanteur et de vouloir dominer
le monde, Staline développe à marche forcée son propre
programme nucléaire militaire. C’est aussi la raison de
l’échec des tentatives de contrôle des combustibles nu­
cléaires dans le cadre de l’ONU. Bien au contraire une
idée terrible s’impose : les armes nucléaires sont des
armes politiques ; la crédibilité d’une grande puissance
interdit d’y renoncer. Quand l’URSS réussit pour la pre­
mière fois un essai atomique en août 1949, l’essence de
la guerre froide se fait jour : le conflit entre les deux vi­
sions incompatibles du monde est désormais mené par
la menace de destruction de part et d’autre : c’est une
première historique à l’échelle du monde.
VIDÉO
Inside the
Enola Gay (1945),
2:52 min.
Source: The National Archives
(USA), 434.593
Une photo du 9 août 1945
montre les contours d’un être
humain et d’une échelle, que le
flash de ­l’explosion atomique à
­Hiroshima a gravé sur un mur.
Photo : SZ Photo/Süddeutsche Zeitung Photo
Hiroshima après la bombe atomique, le 6 août 1945.
Un graphique publié le 9 août
1945 par l’armée américaine indique le rayon des destructions,
causées par la première bombe
atomique.
Photo : picture alliance / Photoshot
Photo : picture allliance / AP Photo
Séance de la commission
de l’énergie atomique des
­Nations-Unies. La proposition des USA d’interdire
à l’avenir la fabrication
d’armes nucléaires et de
faire contrôler par l’ONU
l’usage pacifique de l’énergie atomique à l’échelle
universelle et de manière
illimitée échoue notamment
en raison de la méfiance des
­Soviétiques.
Photo : UN Photo / 291849
Des mineurs de la
« Wismut », dans la ville
saxonne de Johanngeorgen­
stadt, prospectent le sous-­
sol dans le cadre de Uran,
le programme de bombe
atomique soviétique.
Photo, 1946 : picture alliance / dpa-Zentralbild / Gerhard Behr
Le journal Berliner Zeitung, paraissant sous contrôle de l’autorité soviétique d’occupation, rend compte de manière détaillée, le 8 août 1945,
du largage de la bombe atomique. Il insiste en particulier sur le potentiel de la fission nucléaire pour l’usage civile – ce qui était alors un rêve
mondialement partagé.
Faksimile : M. DuMont Schauberg / Berliner Zeitung
« Fin du monopole américain sur la bombe atomique » titre triomphalement en une le Berliner Zeitung – journal paraissant dans la partie
est de Berlin – le 24 septembre 1949, après que les essais réussis de la
bombe atomique soviétique ont été rendus publics.
Facsimilé : M. DuMont Schauburg / Berliner Zeitung
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V
Le 1er novembre 1952, les États-Unis
testent la première bombe à hydrogène
(« Ivy Mike ») sur l’atoll Eniwetok
dans les mers du sud.
Photo : National Nuclear Security Administration / Nevada Site Office
Les outils de l’apocalypse
La nouvelle de la bombe atomique soviétique accélère la
construction par les États-Unis d’une super-arme ther­
monucléaire, qui ne tire pas son énergie de la fission,
mais de la fusion nucléaire. Une bombe à hydrogène, tes­
tée au printemps 1954, de 15 mégatonnes, dépasse 750
fois la puissance de la bombe nucléaire précédente lâchée
à Hiroshima. Sept ans plus tard, avec la « Tsar Bomba »,
testée par l’URSS, on atteint 50 mégatonnes et un champi­
gnon atomique d’une hauteur de 64 kilomètres. Une seule
de ces armes peut dévaster jusqu’à 1000 km2. Jusqu’au mi­
lieu des années 1980, les arsenaux des deux superpuis­
sances ont été portés à plus de 60 000 ogives explosives,
de quoi détruire plusieurs fois toute la planète et l’huma­
nité avec elle.
Mais les politiques n’en deviennent pas plus raisonnables.
Bien au contraire. Un nombre toujours croissant d’États se
lancent dans la course aux armes nucléaires. La Grande-­
Bretagne, la France, la République populaire de Chine et
­Israël deviennent à leur tour des puissances nucléaires avant
la fin des années 1960. Suivent plus tard l’Inde, le Pakistan
et la Corée du Nord. De toutes parts, on manque de don­
nées budgétaires fiables. Apparemment, pendant la guerre
froide, les États-Unis ont dépensé à eux seuls cinq billions
de dollars pour les armes de destructions massives.
VIDÉO
Vidéo: Sahara –
France now atom
power (1960),
0:48 min.
D’avril à octobre 1957,
30 armes nucléaires sont
testées dans l’État fédéral
du Nevada, pour analyser
en particulier leur impact
sur des cibles militaires et
civiles. La photo montre
des observateurs de
l’OTAN lors d’un essai
le 28 mai 1957.
Photo : National Nuclear Security
­Administration / Nevada Site Office
Caricature du journal populaire à grand tirage, le Daily Mirror au
sujet des tests de la bombe à hydrogène américaine dans le Pacifique. Elle dénonce la disposition d’esprit de l’humanité face à ces
expérimentations qui menacent son existence.
Facsimilé : SZ Photo / UPI
« Même après un tel nuage, le soleil ».
Cette annonce publicitaire de 1954
­paraphrase un dicton américain et illustre
le malaise qui entoure la question de
l’atome dans les années 1950.
Photo : picture alliance / the Advertising Archives
La France procède
en 1972 à un grand
nombre d’essais
­atomiques dans le
Pacifique.
Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn
La mention « ne
s’en servir en aucun
cas – l’ennemi pourrait exercer des représailles » est écrites sur
les missiles nucléaires.
« Retour en arrière »,
tel est la légende de
la caricature parue le
24 août 1953 dans le
Daily Express.
Au début des années 1950, un jeu de construction « laboratoire
d’énergie nucléaire » est commercialisé aux États-Unis. Il contient
du matériel faiblement radioactif.
Photo non datée : picture alliance / akg-images
Caricature : Michael Cummings / Express Newspapers / N&S
Le développement des arsenaux nucléaires depuis 1945.
Graphique : picture alliance / dpa-Grafik
Source:
British Pathé / www.youtube.com
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VI
Coréens du Sud fuyant la zone des combats pendant que des soldats américains
montent au front en renfort. Scènes de la
guerre de Corée, août 1950.
Photo : picture-alliance / akg-images
Bras de fer en Corée
La Corée est divisée depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale. Afin d’arracher la réunification, le 25 juin
1950, les troupes communistes du nord attaquent et
prennent d’assaut la partie sud du pays. Les raisons pour
lesquelles l’URSS et la Chine reviennent sur leurs ré­
serves initiales et donnent leur feu vert à l’offensive dès le
printemps reste un point contesté. Vraisemblablement,
Staline cherche une occasion de montrer aux USA –
protecteurs de la Corée du Sud – les limites de leur pou­
voir. Le monde doit voir que les armes nucléaires sont
inefficaces, parce qu’elles ne compensent ni les avan­
tages géographiques ni les troupes en nombre supérieur.
Evolution du tracé de la ligne de front
dans la guerre de Corée, de septembre à
novembre 1950.
Carte : picture alliance / dpa Infografik
Un jeu risqué. Munis d’un mandat de l’ONU, les ÉtatsUnis attaquent, repoussent les envahisseurs de la partie
Sud et remontent jusqu’à la frontière chinoise – pour la
première fois, la possibilité semble offerte à Washington
de libérer un pays du communisme. Quand 200 000 sol­
dats chinois passent à la contre-offensive et repoussent
les Américains vers le sud, des militaires américains de
haut rang demandent l’usage de l’arme atomique. Le pré­
sident Truman refuse et décide de poursuivre la guerre
de position. A l’été 1953, les combats sont suspendus et
la Corée, totalement dévastée, reste divisée.
Troupes turques en route vers la Corée. Plus de 5000
­soldats turcs combattent au sein des troupes internationales
de l’ONU, et sous haut-commandement américain, les
envahisseurs venus de Corée du Nord.
Un exemple d’humanité dans une guerre conduite avec brutalité de
part et d’autre : un GI américain prodigue les premiers soins à un
soldat chinois blessé.
Photo non datée : picture alliance / Yonhap News Agency
Photo, septembre 1950 : UN Photo / 187822
VIDÉO
First films from the
Korean War (1950),
3:03 min.
Source:
British Pathé /
www.youtube.com
Le maréchal nord-coréen Kim Il Sung (à gauche) signe
le 27 juillet 1953 à Panmunjeom l’accord d’armistice.
Depuis lors, la Corée est divisée le long de la ligne du
38e parallèle.
Photo : picture alliance / dpa
Plus de quatre millions de
morts et plus de 4,5 millions
de réfugiés : tel est le bilan de
la guerre de Corée. La photo
montre des civils partant se
mettre à l’abri des combats
en janvier 1951.
Photo : UN Photo / 88448
Bombardiers américains B-29 en janvier 1951 attaquant des posi­
tions chinoises en Corée. Après d’intenses bombardements sur des
cibles civiles et militaires, l’armée de l’air américaine, fin 1950,
avait annoncé qu’elle manquait de nouvelles cibles.
En octobre 1950, dans une base du Pacifique, le président ­américain
Truman salue Douglas MacArthur (à gauche) haut-commandant des
troupes de l’ONU en Corée. Six mois plus tard Truman congédie le
général pour avoir ignoré des directives de manière répétée et avoir
incité à étendre la guerre à la Chine.
Photo : picture alliance / UPI
Photo : picture alliance / akg-images
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VII
L’Union soviétique exige l’obéissance
absolue dans sa sphère d’influence.
Lorsque la Yougoslavie communiste
en 1948, sous Tito, refuse de suivre,
­Moscou se lance dans une très longue
campagne de dénigrement.
Illustration : Neues Deutschland des 8. 7. 1949, 24. 8. 1949,
6. 10. 1949, 1. 12. 1949
L’ « ennemi de l’intérieur »
En novembre 1952, l’ancien secrétaire général du par­
ti communiste tchécoslovaque, Rudolf Slánský, est
condamné à mort pour avoir été, soi disant, à la tête d’une
conspiration. C’est l’acmé d’une parodie de procès et de
vagues de persécutions dans le bloc Est, qui n’épargnent
personne, pas même les communistes. L’« épuration »
permanente de la société et dans ses propres rangs est
l’expression d’une paranoïa politique. Elle est en même
temps l’instrument de la mise au pas de l’ensemble de la
vie politique. Quand Slánský est exécuté, en décembre,
les opposants au communisme dans le bloc Est sont de­
puis longtemps réduits au silence, ont émigré, ont été
Cliché du camp de travail soviétique de Vorkouta, à 120 kilomètres au nord du cercle polaire. Vorkouta devient le synonyme d’un système de camps et de prisons, le Goulag, que
l’Union soviétique a aussi élargi à l’Europe centre-orientale
après 1945.
Photo, années 1930 / 1940 : picture alliance / RIA Nowosti
a­ rrêtés ou assassinés. Certes, à l’Ouest les partis com­
munistes ont une existence légale. En France et en Italie,
ils recueillent régulièrement plus de 20 % des voix aux
élections. Mais, depuis la fin des années 1940, la peur du
« noyautage » se répand. Aux USA, on en vient à une
vraie chasse aux sorcières parmi les enseignants, les ac­
teurs et les journalistes, qui sont diffamés comme com­
pagnons de route du communisme international. Le par­
ti communiste américain ne joue déjà plus aucun rôle
dans la vie publique à cette époque. En Allemagne fédé­
rale, le parti communiste (KPD) végétait déjà, quand il
est interdit en 1956.
L’ancien secrétaire général du parti communiste tchéco­
slovaque, Rudolf Slánský, devant le sénat du tribunal d’État
à Prague, le 1er novembre 1952. Peu après, avec dix autres
accusés, il est inculpé pour haute trahison et exécuté.
En 1953, des manifestants, devant la Maison blanche à
­Washington, demandent la grâce de Ethel et Julius Rosenberg. Le couple est accusé d’espionnage, en matière d’atome,
pour le compte de l’URSS, et est exécuté le 19 juin 1953.
Photo : picture alliance / dpa / CTK Photo
Photo : picture-alliance / akg-images
VIDÉO
Show Trial against
Milada ­Horáková,
Prague 1950,
5:36 min.
Source: www.youtube.com
Aux États-Unis, Joseph McCarthy attise la peur
de l’« infiltration communiste » et parle d’un
noyautage au plus haut niveau de l’État et du gouvernement. La photo montre le sénateur américain lors d’une audition en 1954.
Photo : picture alliance / Everett Collection
Après presque cinq ans d’enquête, la Cour constitutionnelle
de RFA interdit le parti communiste allemand (KPD) le
17 août 1956. Le cliché montre
le siège du parti à Düsseldorf
après l’annonce du verdict.
Photo : picture-alliance / dpa / Bernhard Frye
Une affiche de RDA de
1951 s’insurge contre
l’OTAN et l’ancrage à
l’Ouest de la République
fédérale d’Allemagne.
Elle montre le président
américain Truman à
bord d’un cuirassé,
tenant un gouvernail en
forme de croix gammée
avec en son centre la tête
du chancelier ouest-allemand Adenauer.
Affiche : BArch., Plak 100-054-009 /
N. N. / Sachsenverlag Dresden
En 1947, une bande dessinée
de la Catechetical Guild Educational Society met en garde
contre le danger imminent
de la prise de pouvoir par les
communistes aux USA.
Facsimilé : archive.org / ­public domain
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VIII
Le 17 avril 1955, le président indo­
nésien Soekarno ouvre la conférence de
­Bandung, qui devient le point de départ
du mouvement des États non alignés.
Photo : picture alliance / United Archives
A la recherche d’une « troisième voie »
La domination des deux blocs ennemis fait l’objet de cri­
tiques dès les débuts de la guerre froide. En avril 1955
les « non alignés » – comme les appellent les contempo­
rains, se réunissent en Indonésie, à Bandung, pour leur
première conférence. Les délégués de 23 pays asiatiques
et de six pays africains se considèrent comme les repré­
sentants du « Tiers Monde » – ces pays qui, depuis 1945,
secouent le joug de la domination coloniale et trouvent
une attention insoupçonnée dans le monde bipolaire.
Ce sont en particulier les porte-parole que sont l’Inde,
l’Égypte et la Yougoslavie qui défendent un rôle auto­
nome entre l’Est et l’Ouest. Mais, dans la pratique, bien
des pays « non alignés » restent très en deçà de leurs
propres revendications – respect des droits de l’homme
et non immixtion dans les affaires des autres. Ils cèdent
souvent aux avances des grandes puissances, acceptent
très largement les aides militaires et jouent Moscou et
Washington l’une contre l’autre. C’est aussi le temps des
guerres entre non alignés – entre l’Inde et le Pakistan,
la Somalie et l’Éthiopie ou l’Ouganda et la Tanzanie.
Les égoïsmes nationaux et les prétentions à devenir de
grandes puissances empêchent les « non alignés » de
devenir les représentants d’une « troisième voie ».
Les trois grands du mouvement des non alignés le 20 juillet 1956 sur l’île
de Brioni, en Yougoslavie: (de gauche à droite) le président égyptien Gamal
Abdel Nasser, le chef du parti et de l’État yougoslave Josip Broz Tito et le
Premier ministre indien Jawaharlal Nehru.
Après la nationalisation du canal de Suez, le président Nasser est acclamé au Caire
le 28 juillet 1956. Une intervention des troupes britanniques, françaises et israéliennes, fin octobre, prend fin rapidement, sur pression des États-Unis et de l’Union
soviétique.
Photo : picture alliance / United Archives
Photo : picture alliance / AP Images
VIDÉO
President Sukarno
Opening Speech
at the Bandung
Con­ference, 1955,
Indonesia, 2:22 min.
Source: Timescape Indonesia /
www.youtube.com
Les colonies en 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Carte : picture alliance / dpa-Infografik
En marge d’une conférence de l’ONU à New
York, en 1960, le chef du
parti et de l’État soviétique Khrouchtchev
cherche à se gagner les
faveurs des présidents
Gamal Abdel Nasser
et Josip Broz Tito. Ce
dernier, dix ans plus tôt,
avait été traité de fasciste
par l’Union soviétique.
Photo : picture alliance / AP Photo / Anthony Camerano
En 1959 se produit au Tibet une insurrection
contre la Chine, qui occupe le pays depuis 1950.
Après sa répression et la fuite du Dalaï-Lama en
Inde, un interprète annonce au début avril 1959 à
Lhassa la décision de Pékin de mettre en place un
nouveau gouvernement.
Photo : picture alliance / dpa
Le 30 septembre 1960, un jour avant la proclamation de l’indépendance de la colonie britannique
du Nigeria, des scouts nigérians se tiennent devant le monument de l’indépendance déjà érigé
dans la capitale Lagos.
Photo : picture alliance / dpa
Le 28 octobre 1971, le président Richard Nixon
accueille le chef de parti et de l’État yougoslave Tito
devant la Maison blanche à Washington.
Photo : White House Photo Office / Robert L. Knudsen
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IX
La Leipziger Straße à Berlin-Est. Une
révolte populaire, née d’un mouvement
de protestation sociale est réprimée par
les chars soviétiques le 17 juin 1953 en
RDA.
Photo : picture alliance / akg-images
Endiguer, libérer, isoler
De 1953 à 1956 des rebellions contre le pouvoir commu­
niste se produisent en Europe centre-orientale. Les mou­
vements de protestations sociales débouchent presque
toujours sur l’exigence de démocratie et d’autodétermi­
nation. Quand les autorités locales n’arrivent pas à maî­
triser la situation, les chars soviétiques interviennent : en
1953 en RDA et en 1956 en Hongrie. Dans ce dernier
pays, le nouveau gouvernement demande l’aide de l’Occi­
dent. L’Ouest, qui en en avait toujours appelé à repousser
le communisme (stratégie du « Roll Back »), considère
que le risque atomique est trop élevé. A partir de là, on ne
parle plus en Europe que « d’endiguement » de la puis­
sance soviétique. Derrière le « rideau de fer », l’Union
s­ oviétique a les mains libres. Seule Berlin-Ouest constitue
une exception. Après l’échec des tentatives de Moscou de
refouler les puissances occidentales, cette moitié de ville
est emmurée en août 1961. Berlin-Ouest est séparée de la
RDA, ce qui met un terme à l’émigration massive des EstAllemands. En raison d’un conflit sur le droit d’accès des
Alliés à Berlin-Est, on en vient à un bras de fer militaire
en octobre 1961 : Deux jours durant, au « Checkpoint
Charlie », des chars soviétiques et américains pointent
des armées chargées en direction l’un de l’autre jusqu’à ce
que John F. Kennedy et Nikita Khrouchtchev fassent bais­
ser la pression. Après ces événements, les frontières de la
guerre froide sont fixées – pour un temps.
Appel au don, non daté,
de la radio américaine
Radio Free Europe, émettant dans le bloc Est. Elle
s’est donné pour mission
de combattre le communisme.
Facsimilé : picture alliance / the Advertising Archives
VIDÉO
Hungarian Tragedy
(1956), 3:29 min.
Source:
British Pathé / www.youtube.com
29 octobre 1956, convoi
d’aide humanitaire de la
Croix rouge, parti de Bonn
pour la Hongrie. Contrairement à ce que la propagande
occidentale avait suggéré, il
n’a jamais été sérieusement
question, à aucun moment,
de refouler militairement
le communisme en Europe
centre-orientale.
Photo : picture alliance / AP Photo
En novembre 1956, les chars soviétiques répriment dans le sang
la révolte populaire hongroise contre la domination étrangère de
Moscou. Des radios amateurs en appellent vainement à l’Ouest,
Radio Free Europe ayant auparavant promis l’aide de l’Occident.
Nikita Khrouchtchev et Walter Ulbricht veulent
­empêcher les départs massifs de RDA. C’est ainsi
que le caricaturiste Peter Leger interprète l’ulti­
matum soviétique sur Berlin de 1958.
Photo non datée de Budapest : picture alliance / akg-images
Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn
Les puissances occidentales considèrent la
construction du Mur
comme une décision
souveraine de l’Union
soviétique. C’est seulement quand la question de leur accès à
Berlin-Est est remis en
cause qu’on en vient,
fin octobre 1961, à
l’épreuve de force entre
les superpuissances au
Checkpoint Charlie.
Photo : picture alliance / dpa
Un dur affrontement lors du sommet entre le président américain John F. Kennedy (à droite) et le chef de l’Etat et du
parti Nikita Khrouchtchev (à gauche) le 3 juin 1961 à Vienne.
Les deux parties s’accusent de préparer la guerre et Kennedy
­pronostique un « hiver froid ».
Une photo, prise à l’automne 1961, montre comment le régime communiste
est-allemand (régime du SED, le parti socialiste unifié) consolide l’herméticité
du Mur avec Berlin-Ouest, dont la construction a commencé le 13 août 1961.
Photo : picture alliance / Votava Intern Pressebildagentur
Photo : BArch, B 145 Bild-P061246 / N. N.
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X
Le 1er novembre 1961, l’initiative
« ­Women Strike for Peace » rassemble
environ 50 000 femmes et mères dans les
rues de 60 villes américaines. Comme
ici à New York devant la commission
­américaine à l’énergie atomique, elles
manifestent contre les essais atomiques à
l’Est et à l’Ouest.
Photo : picture alliance / AP Photo
Protestation et Résistance
Dans les années 1950 apparaissent partout dans le monde
des mouvements de résistance à la politique de confron­
tation des blocs et de leur course à l’armement nucléaire.
Des scientifiques et des intellectuels de renom comme
Bertrand Russell et Albert Einstein en appellent à pros­
crire les armes nucléaires. En RFA, le mouvement contre
l’armement nucléaire « Kampf dem Atomtod » contribue
à empêcher l’armement militaire de l’armée fédérale, la
Bundeswehr. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, des
dizaines de milliers de personnes exigent la fin des essais
atomiques, qu’ils rendent responsables d’une détériora­
tion extrême de l’environnement en raison de produits de
Le 9 juillet 1955, lors d’une conférence de presse à Londres,
Bertrand Russell présente un manifeste signé par des scientifiques de renom – notamment par Albert Einstein. Ce manifeste, qui trouve un écho considérable, exige le désarmement
nucléaire de toutes les puissances.
Photo : picture alliance / UPI
fission radioactifs – à juste titre comme le démontre la pré­
sence de Strontium 90 dans le lait maternel. Dans un cercle
très fermé, un scientifique soviétique, Andreï Sakharov,
émet pour la première fois de très graves réserves quant
à la poursuite de la politique menée jusqu’alors. Après de
longues négociations, les USA, l’Union soviétique et la
Grande-Bretagne parviennent à un « accord limité sur l’ar­
rêt des essais atomiques » en octobre 1963 et renoncent
alors aux essais atmosphériques, spatiaux et sous-marins.
Étant donné que les expérimentations souterraines restent
autorisées, la course à l’armement se poursuit. Aussi, les
opposants continuent leurs actions.
Le Bulletin of the Atomic Scientists paraît depuis
1945, avec, en couverture, une horloge affichant
symboliquement le compte à rebours avant la guerre
atomique. Elle entend signifier à l’opinion publique
le risque présent d’une guerre atomique.
Le mouvement « Kampf dem Atomtod » (combat contre la
mort par l’atome) et un groupe d’objecteurs de conscience manifestent le 27 septembre 1958 à Francfort/Main contre l’armement nucléaire de l’armée ouest-allemande, la Bundeswehr.
Photo : picture alliance / dpa / Richard Koll
VIDÉO
Pact banning
­nuclear tests in
the atmosphere,
in s­­pace, and underwater is signed
in Moscow, Russia
(1963), 1:33 min.
Source:
British Pathé / www.youtube.com
Les physiciens atomistes Igor Kourtchatov (à
droite) et Andreï Sakharov (à gauche) en août 1958
à Moscou. En 1961, lors d’une rencontre avec
Khrouchtchev, Sakharov, futur dissident, se prononce
contre l’essai prévu d’une bombe à hydrogène de
100 mégatonnes. Finalement, sa charge explosive est
réduite de moitié.
Photo :Archive Sakharov (Moscou) / Dmitry Pereverzev
Facsimilé : Bulletin of the Atomic Scientists
Des mères britanniques se rassemblent le 5 novembre 1961
devant l’ambassade soviétique à Londres pour protester contre
l’explosion de la « Tsar Bomba » le 30 octobre, la bombe à
­hydrogène la plus puissante (50 mégatonnes) jamais testée.
Le 7 octobre 1963, à la Maison blanche à Washington, le président des États-Unis Kennedy
signe le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires.
Graphique indiquant le nombre des essais atomiques entre 1945 et 2013.
Photo : picture alliance / dpa
Photo : The John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston / Robert L. Knudsen
Graphique : statista.com / SIPRI
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XI
Cette photographie aérienne fait partie
des documents qui ont servi à informer
le président américain Kennedy, le 16 octobre 1962, du stationnement de missiles
nucléaires soviétiques à Cuba.
Photo : John F. Kennedy Presidential Library and Museum,
Boston
Au seuil de la guerre atomique
La confrontation la plus dangereuse de la guerre froide
se produit du 14 au 28 octobre 1962. Les États-Unis dé­
couvrent à Cuba les rampes de lancement de 36 missiles
de moyenne portée. Moscou entend ainsi prouver ses
ambitions de puissance mondiale et indiquer aux USA
les limites de leur puissance. A Washington, on ne parle
pas de menace d’une nouvelle sorte. Et les missiles ne
changent rien à la supériorité militaire américaine. Mais
le stationnement de ces missiles à la porte de l’Amérique
est politiquement inacceptable. Le président John F.
Kennedy décrète un blocus maritime, place les forces aé­
riennes stratégiques en état d’alerte maximale et consti­
tue en Floride une force d’attaque de 120 000 hommes.
Les incidents qui ont lieu derrière le dos des principaux
protagonistes sont plus dangereux encore : des croiseurs
américains pourchassent des sous-marins de la flotte
rouge, des officiers soviétiques ouvrent le feu sur un
avion de reconnaissance au dessus de Cuba, des avions
de chasse américains pénètrent dans l’espace aérien so­
viétique. Quand Fidel Castro demande de tirer en pre­
mier des missiles nucléaires contre les États-Unis, Nikita
Khrouchtchev tire le signal d’alarme. Avec le retrait des
missiles, la crise est réglée, mais la guerre froide s’ag­
grave : pour faire jeu égal avec les États-Unis, le Kremlin
ordonne l’augmentation massive de toutes les catégories
d’armements.
VIDÉO
Cuban ­Missile
Crisis (1962),
2:39 min. Source:
British Pathé / www.youtube.com
Des soldats cubains fêtent leur victoire
contre le débarquement d’exilés cubains, initié et organisé par la CIA. Il
a commencé à la mi-avril 1961 dans la
baie des Cochons et a fini en désastre
quelques jours plus tard.
Photo : picture alliance / AP Photo / Miguel Vinas
Depuis septembre 1962, les services secrets américains observent les déplacements suspects de navires dans les Caraïbes,
ainsi que du cargo « Poltava » qui transporte de l’armement
soviétique vers Cuba.
Le chef d’État Fidel Castro, le
ministre de l’Industrie Ernesto
« Che » Guevara et leur hôte soviétique, le vice-président du Conseil
des Commissaires du peuple Anastase Mikoyan à la Havane le 4 février
1960 (Cuba).
Photo : picture alliance / dpa
Photo : John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston
Le 25 octobre 1962, l’ambassadeur américain Adlai
E. Stevenson présente devant le Conseil de sécurité
des Nations-Unies à New York les preuves photographiques du stationnement de missiles soviétiques à
moyenne portée à Cuba.
Le 22 octobre 1962, le président des États-Unis Kennedy
décrète l’embargo contre Cuba. Aussi, des destroyers américains poursuivent des sous-marins soviétiques devant Cuba
et en contraignent certains à faire surface. Des hélicoptères
de la marine américaine accompagnent les opérations.
Photo : UN Photo / 77286
Photo non datée : picture alliance / akg-images
Suite à la crise de Cuba, un téléscripteur de production soviétique est installé en août 1963 au
Pentagone pour une communication directe avec
Moscou.
Photo : picture alliance / dpa / Sachs-Schulmann
Le 28 octobre 1962, Moscou s’engage à retirer les missiles
et les États-Unis disent publiquement qu’ils renoncent à
un débarquement à Cuba. Lors de négociations secrètes,
Kennedy envisage le démantèlement de missiles américains
en Turquie.
Photo non datée d’un missile américain Jupiter en Turquie : Still Pictures Division,
National ­Archives / Philip Nash, Pennsylvania State University
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XII
En mars 1965, des hélicoptères américains ouvrent le feu pour protéger
l’avancée de soldats du Vietnam du Sud.
Depuis février 1965, les États-Unis envoient toujours plus de troupes au sol au
Vietnam.
Photo : picture alliance / AP Photo / Horst Faas
Le traumatisme du Vietnam
Depuis le début des années 1960, l’Est et l’Ouest se livrent
à leur lutte d’influence et de prédominance dans les pays
du Tiers Monde essentiellement. A la différence d’une
Europe politiquement figée, ils peuvent y gagner de nou­
veaux alliés et y exploiter des ressources. Le Vietnam mé­
rite un intérêt particulier. Tout d’abord Washington n’ac­
corde guère d’importance au fait que la France, après
une terrible défaite en 1954, quitte le pays. Les troupes
américaines – en 1968, ce sont 550 000 hommes – en­
semble avec leurs alliés du Vietnam du Sud mènent la plus
longue guerre chaude de la guerre froide, contre la gué­
rilla et des troupes régulières nord-vietnamiennes, massi­
Des troupes du Vietnam du Nord sur la « piste
Hô Chi Minh », un réseau de routes et sentiers de
plusieurs centaines de kilomètres, utilisé depuis
les années 1950 pour le transport de troupe et de
­matériel du nord vers le sud du Vietnam.
Photo non datée : picture alliance / dpa
vement soutenues par l’URSS et la République populaire
de Chine. Il tombe plus de bombes sur le Vietnam que sur
tous les théâtres réunis de la Seconde Guerre mondiale ;
deux millions de Vietnamiens, vraisemblablement, ont
été tués – le coût le plus élevé en vies humaines avec la
Corée. Même l’élargissement des combats au Laos et au
Cambodge ne peut empêcher l’échec des Américains. En
1975, le Vietnam est réuni sous domination communiste.
La guerre divise l’Amérique et provoque des contro­
verses acharnées, jusqu’à aujourd’hui. Les États-Unis, par­
tout dans le monde, perdent en prestige et en influence, en
particulier dans les rangs des jeunes générations.
Le 16 mars 1968, des soldats
américains assassinent plus
de 500 civils dans le village
sud-vietnamien de Mỹ Lai.
La photo montre un GI de
la « Task Force Barker » en
train d’incendier le village.
VIDÉO
Vietnam protests
in London (1968),
1:44 min.
Source:
War Archives / British Pathé /
www.youtube.com
Le 8 juin 1972, des enfants, paniqués, fuient leur village après une attaque au napalm. Le cliché pour lequel le photographe sud-vietnamien
Nick Út, de l’Associated Press (AP), obtient le prix Pulitzer, intensifie
la controverse sur la guerre du Vietnam dans le monde entier.
Lors d’une manifestation devant le Lincoln-­
Memorial à Washington DC, le 21 octobre
1967, des centaines de milliers de manifestants
exigent le retrait des États-Unis du Vietnam.
Photo : picture alliance / AP Photo / Nick Út
Photo : picture alliance / dpa
Les 28 et 29 avril 1975,
l’armée américaine
évacue quelque 1300
Américains et 5500
Sud-Vietnamiens de
Saigon. C’est la plus
grosse opération héli­
portée de tous les
temps. Le 1er mai,
Saigon est occupée,
sans combat, par le
Vietcong et les troupes
nord-vietnamiennes.
C’est la fin de la guerre
du Vietnam.
Photo : Peers Inquiry – Open Inventory / ­
Ronald L. Haeberle, National Archives,
­College Park
Photo : picture alliance / dpa
L’écrivain allemand Peter Weiss parle le 17 février 1968 à Berlin-Ouest lors
du « Vietnam-Kongress » de l’Union socialiste allemande des étudiants
(Sozialistischer Deutscher Studentenbund – SDS). 5 000 participants sont
venus de 14 pays.
Photo : BStA / Klaus Mehner
La chute de Saigon et l’unification du
Vietnam du sud avec la partie nord,
communiste constituent un désastre
pour la politique étrangère des ÉtatsUnis. « On ne peut plus compter sur
l’Amérique ? » se demande en mai
1975 le magazine d’information Le
Spiegel.
Facsimilé : Der Spiegel 19 / 1975
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XIII
Au début des années 1970, la guerre du
Vietnam atteint aussi le Laos et le Cambodge. En 1975, le Cambodge tombe
aux mains des Khmers rouges, soutenus
par le Vietnam du nord. Peu avant la
chute de la capitale, Phnom Penh, le
gouvernement envoie aussi au front des
enfants soldats.
Photo : BStA / Harald Schmitt
Le Tiers Monde comme champ de bataille
Dans le Tiers Monde, après 1945, environ 22 millions de
personnes ont été tuées au cours des quelque 150 guerres.
Ce bilan n’est pas seulement le résultat de la rivalité entre
les superpuissances Les causes en ont été les conflits de
pouvoir régionaux, les guerres civiles et les luttes tribales
ou encore les luttes de libération contre la domination
coloniale. Mais l’Est comme l’Ouest, dans la plupart des
cas, prennent parti, politiquement, et soutiennent leurs
protégés tant financièrement que par la livraison d’armes,
envoient des conseillers militaires, des mercenaires et
parfois même leurs propres troupes. Comme chacun des
deux blocs veut prendre pied dans le Tiers Monde, politi­
quement, économiquement et militairement, les conflits
En 1967, la province nigériane du Biafra, riche en pétrole, proclame son indépendance. Il s’ensuit une guerre
civile, alimentée en armes par la Grande-Bretagne, les
États-Unis d’Amérique et l’URSS principalement. Deux
millions de personnes meurent de faim au Biafra jusqu’à
la fin de la guerre.
locaux s’intensifient et sont prolongés artificiellement.
L’engagement des superpuissances ouvre souvent aux lo­
caux des marges de manœuvre insoupçonnées. Seule la
menace de changer de camp suffit à maintenir chacune
des puissances protectrices dans le coup et fait ainsi mon­
ter le prix de la guerre.
Les traces des guerres chaudes dans la guerre froide vont
rester visibles pendant un temps incalculable : contami­
nation de l’environnement et dégradation du patrimoine
(Vietnam), dissémination de mines terrestres à grande
échelle (Angola), pertes humaines (Cambodge, Nica­
ragua, Salvador, Guatemala) et radicalisation politique
(Afghanistan).
Effets tardifs d’un agent défoliant, connu sous le nom d’agent
Orange, utilisé par les États-Unis pendant la guerre du Vietnam.
­Aujourd’hui encore, un million de Vietnamiens environ sont con­
cernés par les effets de l’herbicide contenant de la dioxine.
Photo : BStA / Harald Schmitt
Photo non datée : picture alliance / dpa
Jusqu’à aujourd’hui, il n’est quasiment pas de guerre
dans le Tiers monde où l’on ne fasse massivement
usage de mines antipersonnel. Elles font surtout des
victimes civiles
Carte : picture alliance / dpa-Infografik
VIDÉO
The dark shadow
of Agent Orange /
Retro Report / The
New York Times,
10:20 min.
Source: The New York Times / www.youtube.com
En 1977, l’Ethiopie et la Somalie entrent en guerre
pour la région d’Ogaden. La Somalie rompt avec
son ancien protecteur, l’Union Soviétique, et reçoit
des armes des États-Unis et de la Chine. En 1978,
l’Ethiopie, soutenue par Moscou, gagne la guerre.
La photo non datée montre des soldats somaliens.
Photo : picture alliance / dpa
En avril 1982, un jeune Iranien pose avec sa mitrailleuse devant des prisonniers de guerre irakiens. De 1980 à 1988, l’Iran et l’Irak se livre une guerre
sanglante, alimentée par les exportations d’armes de l’Est et de l’Ouest.
De 1980 à 2000, le Pérou est secoué par une guerre civile. La photo, prise le
11 septembre 1986, montre les corps de 18 paysans, assassinés par le mouvement maoïste clandestin du « Sentier lumineux ».
Un soldat angolais se tient debout, avec une Kalachnikov, devant des missiles soviétiques
sol-air à Cuito Cuanavale. Dans les années 1980, trois quarts des importations d’armes
étaient le fait des pays du Tiers Monde, ce qui leur coûtait 35 milliards de dollars par an.
Photo : picture alliance / dpa
Photo : picture alliance / dpa
Photo, Février 1988 : picture alliance / dpa / AFP
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XIV
La légende de cette photo parue le
12 mars 1969 à Moscou porte la mention suivante : « garde-frontières soviétiques (en manteaux clairs) aux prises
avec des provocateurs et des intrus de
la Chine communiste […] à la frontière
­extrême-orientale entre l’Union Soviétique et la Chine ».
Photo : picture alliance / dpa / UPI
Pékin versus Moscou
Des combats entre troupes chinoises et soviétiques
sur les bords de l’Oussouri, rivière frontalière des deux
pays, font plusieurs morts au début de mars 1969. C’est
le point culminant d’un conflit qui remonte aux années
1950. Il s’agit essentiellement d’une confrontation de
nature idéologique. De Cuba à l’Albanie, les deux parties
luttent avec acharnement pour se gagner des alliés et des
zones d’influence. Quand la Chine entreprend la fabrica­
tion d’armes nucléaires et réaffirme la thèse de la guerre
inévitable contre « l’impérialisme occidental », Moscou
retire ses coopérants et ses conseillers militaires. Il en ré­
sulte une guerre de propagande truffée d’insultes person­
En octobre 1959, à l’occasion du 10e anniversaire de la République
populaire de Chine, Nikita Khrouchtchev se rend en visite à Pékin.
A cette époque, les relations entre les deux États communistes sont
déjà délicates.
Photo : picture alliance / Russian pictures
nelles grossières. En 1966, les partis communistes des
deux pays rompent leurs relations ; les « gardes rouges »
assiègent l’ambassade soviétique à Pékin. Après les in­
cidents de l’Oussouri, les observateurs internationaux
pronostiquent une prochaine guerre entre les rivaux. A
Moscou, on évoque effectivement une attaque préven­
tive contre des installations nucléaires chinoises. Pékin
s’efforce alors de se rapprocher des États-Unis. Avec suc­
cès, car Washington entend bien renforcer ses positions
face à l’URSS en jouant la « carte chinoise ». La période
glaciaire sino-soviétique ne se termine qu’à la fin des an­
nées 1980.
Des dizaines de milliers d’hommes défilent dans Pékin après l’annonce
d’un essai atomique réussi le 28 octobre 1966.
Photo : picture alliance / dpa
VIDÉO
Sino Soviet Split,
7:59 min.
Source: International School
History / www.youtube.com
« Guerre entre la Russie et la
Chine ? » s’interroge le magazine
d’information le Spiegel en page
titre.
La Chine et la doctrine de Mao trouvent aussi des
partisans à l’Ouest, au sein des Nouvelles Gauches.
La photo montre des « maoïstes » de Berlin-Ouest,
manifestant contre la guerre du Vietnam en 1968.
Facsimilé : Der Spiegel 6 / 1970
Photo : Peter Probst / Süddeutsche Zeitung Photo
Le traité de paix et
d’amitié, signé par la
Chine et le Japon en
1978, affaiblit la position
de l’Union soviétique
en Asie de l’Est. Dans
le numéro 45 / 1978, le
­Spiegel titre : « Le péril
jaune. Moscou se sent
­encerclé ».
Le conflit sino-soviétique conduit à un rapprochement entre la Chine et les États-Unis. En
février 1972, Richard Nixon est le premier président américain à se rendre en visite à Pékin.
La photo montre Nixon à la Grande Muraille de Chine.
Le chef du parti et de l’État soviétique Michael Gorbatchev (à gauche) avec le
­Premier ministre chinois Deng Xiaoping (au milieu) le 16 mai 1989 à Pékin. C’est
la première fois que Moscou se rend en visite d’État en Chine depuis 30 ans.
Photo : picture alliance / dpa
Photo : picture alliance / dpa / AFP
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XV
La photographie, primée par ­World
Press en 1973, montre le président
chilien Salvator Allende, devant le siège
du gouvernement le 11 septembre 1973,
le jour du putsch militaire.
Photo : picture alliance / UPI New York Times
La conduite de guerres larvées
La conduite de guerres larvées joue un rôle considérable
dans la guerre froide. On entend par là la déstabilisation
des zones d’influence de la partie adversaire et la protec­
tion de sa propre sphère d’influence contre les « infil­
trations », par des moyens économiques et l’usage des
services secrets, par des campagnes idéologiques et le re­
cours à des mercenaires. Mais ni l’Est ni l’Ouest ne veulent
donner l’impression de tirer les fils. L’Afrique est avec
l’Amérique centrale et l’Amérique latine le théâtre prin­
cipal de ces opérations. Au Guatemala, en 1954, la CIA
permet un putsch militaire contre le gouvernement de
Jacobo Arbenz ; au Chili le président socialiste Salvador
Allende est tué en 1973 lors d’un coup d’État perpétré
avec le soutien des États-Unis ; à Cuba, Washington veut
imposer un changement de régime. Depuis les années
1970, l’URSS et ses alliés intensifient les opérations oc­
cultes en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique :
la formation des militaires, de la police et de la guérilla,
l’aide en armement et les complots et assassinats sont là
aussi les instruments choisis. Cuba s’y emploie tout par­
ticulièrement, souvent sans concertation avec Moscou.
Pour faire cesser les agissements de La Havane, les ÉtatsUnis, dans la phase finale de la guerre froide, ouvrent un
front secret au Nicaragua et au Salvador.
De 1974 à 1991, l’Éthiopie
est dominée par une dicta­
ture militaire socialiste
alimentée par l’URSS. La
photo montre la place de la
Révolution dans la capitale
Addis-Abeba, le 24 juin
1977, à la veille d’une grande
manifestation.
Photo : picture alliance / AP Images / Richard Tompkins
VIDÉO
Captured cuban
POW near Harar
during the Somalia-­
Ethiopia War 1977,
1:38 min.
Source: Mohammed Ibrahim
Shire / Jaallesiyaad.com / www.youtube.com
Une caricature du dessinateur est-allemand
Louis Rauwolf dénonce,
en 1978, les procédés des
services secrets américains
– la CIA – en Amérique
du sud.
Facsimilé : Louis Rauwolf (dessinateur),
Zeitgeschichtliches Forum, Leipzig,
Haus der Geschichte, Bonn
Soldats cubains en Angola, 1976. De 1961 à 2002, ce pays de
l’Afrique du sud-ouest est secoué par une guerre civile, qui,
dans les années 1970 et 1980, devient une guerre par procuration entre l’Est et l’Ouest.
Photo : picture alliance / AP Images
Le 3 novembre 1980, le quotidien taz – die Tages­
zeitung publie l’appel aux dons « des armes pour le
Salvador ». Jusqu’en 1992, 4,7 millions de DM sont
dépensés pour la lutte de l’opposition contre la junte
militaire qui dirige brutalement ce pays d’Amérique
centrale.
Facsimilé : taz, die Tageszeitung
Le 7 mars 1986, devant les caméras, Ronald Reagan arbore un T-shirt
portant l’inscription « Arrêtons le communisme en Amérique centrale ». A l’automne de la même année, il est rendu public que la CIA
finance les Contras anticommunistes au Nicaragua par des ventes
d’armes à l’Iran.
Photo : picture alliance / DON RYPKA
Conseillers militaires soviétiques en Angola, 1983.
Photo : wikipedia / defenseimagery / VIRIN: DN-SN-83-07157
En octobre 1986, des militaires nicaraguayens abattent un avion cargo. Le pilote, Eugene Hasenfus,
réussit à s’éjecter et à ouvrir son parachute. Il est arrêté. Dans les décombres de l’avion, devant lequel le
citoyen des États-Unis est photographié, se trouvent
des armes et des dossiers de la CIA.
Photo : picture alliance / AP Photo / Chris Vail
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XVI
Point culminant de la politique de
détente : la conférence sur la CSCE à
Helsinki. La photo du 30 juillet 1975
montre (de gauche à droite) le chancelier
de la République fédérale d’Allemagne
Helmut Schmidt, le chef du parti et de
l’État est-allemand Erich Honecker,
le président américain Gerald Ford et
le chancelier fédéral autrichien Bruno
Kreisky.
Photo : picture alliance / akg-images
La politique de détente
Sous le coup de la construction du Mur de Berlin, de la
crise de Cuba et de la guerre au Vietnam, on recherche
toujours davantage des moyens de sortir de la confron­
tation des blocs. En République fédérale d’Allemagne, le
gouvernement de Willy Brandt, de 1969 à 1973, impose
un changement de cap. Sa ligne directrice : « le chan­
gement par le rapprochement ». Par les « traités avec
l’Est » (Ostverträge), signés avec l’URSS, la Pologne, la
Tchécoslovaquie et la RDA, toutes les parties s’engagent
à renoncer mutuellement à des prétentions territoriales
et à l’usage de la force ainsi qu’à rendre le « rideau de fer »
plus poreux par le biais de traités de commerce, par des
assouplissements concernant les autorisations de sor­
Avec la construction du Mur, en 1961, la RDA devient la prison de sa propre population. La nouvelle
Ostpolitik de Bonn veut améliorer les conditions
de vie des Allemands de l’Est et rendre le Mur plus
poreux. La photo montre la frontière interallemande près de Duderstadt, non loin de Göttingen,
en 1972.
Photo : BStA / Klaus Mehner
ties du territoire et les droits de visite. En même temps,
les États-Unis et l’URSS parviennent à un accord pour
freiner leur course à l’armement. Des limites supérieures
sont fixées pour les missiles intercontinentaux et les sys­
tèmes antimissiles. Et les relations entre Washington et
Pékin s’améliorent notablement après la première vi­
site en Chine d’un président américain en 1972. « La
Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe »
(CSCE) rassemble en 1975 les avancées des années pré­
cédentes et rajoute à l’agenda le respect des droits de
l’Homme. Enfin, les participants à la CSCE s’entendent
pour poursuivre le dialogue entre les blocs afin de se pré­
munir contre de futures crises.
Willy Brandt s’agenouille devant le mémorial à l’insurrection du
ghetto de Varsovie, le 7 décembre 1970. Ce geste d’humilité du
chancelier fédéral ouest-allemand marque le renouveau des relations germano-polonaises.
Photo : picture alliance / AP Photo
Le caricaturiste Peter
Leger souligne, par
son dessin de 1975,
que l’acte final de la
conférence d’Helsinki
se résume à des déclarations d’intention et
que le danger d’une
guerre atomique demeure bien réel.
VIDÉO
Der Kniefall von
Warschau, 1970,
3:20 min.
Quelle: Gedächtnis der Nation /
www.youtube.com
Le 7 mai 1972, quelque 20 000 personnes manifestent
à Bonn à l’appel de la Fédération des Expulsés (Bund
der Vertriebenen – BDV) ; ils dénoncent les traités
avec l’Est et l’engagement des signataires à ne pas
élever de prétentions territoriales à l’encontre l’un de
l’autre.
Photo : picture alliance / dpa / Peter Popp
Le 2 mai 1974, des représentations permanentes de
la RDA et de la RFA s’ouvrent à Bonn et Berlin-Est
respectivement. La photo montre la représentation
de la République fédérale dans la Hannoverschen
Straße dans l’arrondissement « Mitte » (Centre) de
Berlin-Est.
Photo du 24 juin 1974 : picture alliance / dpa / Günter Bratke
Caricature : Peter Leger (dessinateur), Haus der Geschichte, Bonn
Le président américain Jimmy Carter (à gauche) et le président du parti et de l’État
soviétique Leonid Brejnev après la signature de l’accord SALT II à Vienne le 18 juin
1979, limitant le nombre de missiles balistiques stratégiques à l’Est et à l’Ouest.
Photo : picture alliance / dpa
Des officiers de l’armée ouest-allemande, la Bundeswehr, participent en
avril 1987, en tant qu’observateurs, à une manœuvre des forces armées
est-allemandes. L’observation réciproque des manœuvres est inscrite
dans les accords de la CSCE et vise à l’établissement de la confiance.
Photo : BStA / Klaus Mehner
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XVII
Le 10 août 1980, des ouvriers portent
sur leurs épaules le leader de la grève,
Lech Wałęsa, jusqu’au chantier naval
­« ­Lénine » à Gdansk.
Photo : BStA / Harald Schmitt
La relance du droit à l’autodétermination
La politique de détente crée dans le bloc Est un nou­
vel espace à l’opposition politique – en dépit d’une sur­
veillance serrée et de mesures d’intimidation par la po­
lice et les services secrets. En se référant à l’acte final de
la conférence d’Helsinki des centaines d’opposants, en
Tchécoslovaquie, signent la « Charte 77 ». C’est la nais­
sance du mouvement citoyen éponyme, ouvert à tous et
qui cherche l’échange avec des organisations non gou­
vernementales à l’Ouest. En RDA également naissent
des groupes d’opposition, qui, eux aussi, soutiennent
la cause du désarment, de la protection de l’environne­
ment, du Tiers Monde, de la liberté d’expression et des
droits démocratiques. En Pologne, le syndicat indépen­
dant « Solidarność » est issu d’une grève, et, en un an, il
compte neuf millions de membres et arrache même son
autorisation officielle.
Pendant ce temps, un nouveau type de militants poli­
tiques entre en scène aux États-Unis : les experts du dé­
sarmement et des droits de l’homme. En marge de la vie
politique établie, ils travaillent en comités de citoyens ou
conseillent des initiatives de paix transnationales menées
par des médecins et des scientifiques. Ainsi, depuis les
années 1970, la politique étrangère et militaire est tou­
jours davantage une affaire sociétale.
VIDÉO
Kampf um Pressefreiheit in der DDR,
1988, 10:08 min.
Quelle: Peter Wensierski / www.youtube.com
Une rencontre secrète entre les représentants de l’opposition
polonaise et tchécoslovaque a lieu à l’été 1978 aux Monts des
Géants. De gauche à droite : Marta Kubišová, Václav Havel,
Adam Michnik, Jacek Kuroń.
Elena Bonner, l’épouse du
dissident soviétique Andrei
Sakharov, au nom de son
mari – qui n’a pas reçu
­d’autorisation de sortie de
territoire - reçoit le prix
­Nobel de la paix le 10 décembre 1975 à Oslo.
Le dissident est-allemand Rudolf Bahro, en
marge d’une conférence
de presse à Bonn, après
son départ pour la République fédérale d’Allemagne en octobre 1979.
L’ancien membre du
parti communiste (SED)
avait été interné en RDA
pendant plus de deux ans
après la publication de
son ouvrage L’Alternative.
Photo : picture alliance / CTK
Photo : picture alliance / dpa
Photo : picture alliance / dpa
Des opposants au régime de Berlin-Est
se rencontrent le 27 juin 1981 pour une
lecture dans le jardin de Gerd Poppe à
Woltersdorf, près de Berlin-Est. Le célèbre chimiste et dissident communiste
Robert Havemann est présent (4e à partir
de la gauche).
Photo : Robert Havemann Gesellschaft / Gerd Poppe
Le 31 octobre 1983, Erich Honecker reçoit une délégation du parti
ouest-allemand « Les Verts », qui lui remet une photo de la sculpture
« De l’épée à la charrue », symbole du mouvement pacifiste indépendant
de la RDA. Petra Kelly, Gert Bastian, Antje Vollmer et Otto Schily, entre
autres, font partie de la délégation.
Photo : BStA / Klaus Mehner
Au début des années 1980, à Bonn, plusieurs milliers de médecins répondent à l’appel à manifester, lancé par l’Association des médecins internationaux pour la prévention contre la guerre atomique (IPPNW).
Photo non datée : picture alliance / Klaus Rose
Le 27 octobre 1981, le chancelier fédéral
Helmut Schmidt (à gauche) reçoit à la
chancellerie le physicien atomiste Carl
Friedrich von Weizsäcker, après que ce
dernier a vivement critiqué la décision de
réarmer de l’OTAN.
Photo : BArch, B 145 Bild-00123791 / Engelbert Reineke
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XVIII
Des moudjahidines afghans se mettent
en scène sur l’épave d’un hélicoptère
militaire soviétique.
Photo, non datée (1980/81?) : picture alliance / AP Photo
Une nouvelle période glaciaire
Au début des années 1980, les tensions entre les blocs
s’aggravent à nouveau. Sous prétexte de « pacifier »
sa zone d’influence en Asie centrale, l’URSS occupe
l’Afghanistan. En Pologne, Solidarnosc est interdit et la
loi martiale proclamée. Comme Moscou ne renonce pas
à la modernisation des missiles à moyenne portée, les
Américains stationnent des « Pershing II » et des mis­
siles de croisière en Europe de l’Ouest. Des millions de
personnes protestent contre cette nouvelle course aux
armements. Les débats menés aux États-Unis sur la
« guerre atomique gagnable », les « frappes de décapi­
tation » contre les dirigeants soviétiques et l’arsenalisa­
tion de l’espace suscitent de l’indignation. Au Kremlin,
les mesures d’intimidation américaines sont prises pour
argent comptant. Les fausses nouvelles concernant des
attaques de missiles sur l’URSS, répandues par des
moyens informatiques ainsi que la simulation d’ordre
d’engagement des armes atomiques lors de l’exercice de
l’OTAN « Able Archer » accroissent la nervosité. Au
cours de cette manœuvre, les troupes en Europe orien­
tale et les missiles soviétiques intercontinentaux ont été
placées en état d’alerte maximale ; et en RDA des bom­
bardiers atomiques attendent moteurs en marche l’ordre
d’engagement – ce qui a l’air d’une répétition des pages
sombres des débuts de la guerre froide se déroule en no­
vembre 1983.
VIDÉO
Impressions from
Afghanistan after the
soviet invasion 1979,
4:55 min.
Source: AP Archive /
www.youtube.com
En avril 1980, la société pour
les droits de l’Homme discute
à Francfort/Main du boycott
des jeux olympiques de Moscou.
Celui-ci avait été exigé par les
Américains après l’entrée des
troupes soviétiques en Afghanistan. Seuls quelques pays d’Europe de l’Ouest suivent l’appel
au boycott : parmi eux la RFA.
Affiche : BArch, Plak 006-026-060 / N. N. / Blümlein, Frankfurt/M.
La police polonaise utilise des gaz lacrymogènes le 31 août 1982 lors d’une
manifestation à Varsovie en faveur du syndicat interdit Solidarność.
Le 13 décembre 1981, Erich Honecker prend congé d’Helmut Schmidt à
la gare de Güstrow en lui offrant un bonbon. Malgré l’Afghanistan et la loi
martiale en Pologne, le chancelier de la République fédérale d’Allemagne
s’était rendu en RDA. Bonn et Berlin-Est entendent contrer les tensions EstOuest.
Photo : picture alliance / Lehtikuva / Jorma Puusa
Photo : BStA / Harald Schmitt
Vision d’avenir selon le programme IDS (Initiative de Défense
stratégique – connu sous le nom de « guerre des étoiles »), établi à
la demande du président américain Reagan et prévoyant le déploiement dans l’espace d’un bouclier anti-missile. Ce projet attise à
Moscou la crainte d’une infériorité nucléaire et celle d’une attaque
préventive américaine.
Dessin, 1984 : picture alliance / Everett Collection
Cliché sans date d’un Pershing II. Par le stationne­ment de ces
missiles et de missiles de croisières, l’OTAN répond à la modernisation des missiles soviétiques de moyenne portée de type SS-20.
Photo : picture alliance / dpa / UPI
Le 22 octobre 1983, le mouvement ouest-allemand pour la paix proteste contre la décision
de l’OTAN de réarmer. Une chaîne humaine
d’une centaine de kilomètres relie Stuttgart et
Neu-Ulm.
Photo : picture alliance / dpa / Karin Hill
Le 26 septembre 1983, un système de surveillance électronique soviétique signale
le lancement à intervalles rapprochés de
missiles intercontinentaux américains.
L’officier Stanislav Petrov considère qu’il
s’agit d’une fausse alerte résultant d’un
problème technique et évite sans doute
ainsi une guerre atomique.
Photo, 2013 : picture alliance / dpa-Zentralbild / Oliver Killig
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XIX
Ronald Reagan et Michael Gorbatchev
en Islande, à Reykjavik, le 11 octobre
1986. La rencontre au sommet échoue
en dépit d’ambitieuses propositions
soviétiques de désarmement, parce que
le président américain s’en tient à son
programme de « guerre des étoiles ».
Photo : picture alliance / Martin Athenstädt​
Sortir du cercle vicieux
Au début des années 1980, l’Union soviétique est au
bord de l’effondrement économique. S’y ajoute l’asthé­
nie de la classe politique dirigeante. Avec l’élection de
Michael Gorbatchev comme secrétaire général du PCUS
en mars 1985 une dynamique inattendue advient dans la
politique soviétique. Gorbatchev exige la « restructura­
tion » (Perestroïka) et la « transparence » (Glasnost) et
veut que les « pays frères » s’engagent dans leur propre
voie vers le socialisme. De surcroît, Gorbatchev annonce
un prochain retrait d’Afghanistan. Avec ses proposi­
tions d’un vaste désarmement et sa disposition à l’entre­
prendre unilatéralement, il surprend l’Occident. Le pré­
sident américain Ronald Reagan, qui, en 1984 encore,
avait qualifié l’URSS « d’Empire du mal », se montre
prêt à la négociation, notamment parce que les oppo­
sants à la course aux armements trouvent toujours plus
d’écho jusque dans le camp conservateur. Fin 1987, les
États-Unis et l’URSS conviennent, dans le « traité sur
les forces nucléaires à portée intermédiaire » (traité
INF) de détruire tout leur arsenal de missiles à courte et
moyenne portée et s’engagent à ne plus produire ce type
d’armes. C’est la première fois depuis 1945 qu’on pro­
cède à une réduction d’armement en matière nucléaire.
Les vieilles images de l’ennemi s’estompent et, après des
années de dure confrontation, une confiance inconnue
jusque là gagne du terrain dans les relations Est-Ouest.
VIDÉO
President Reagan:
Signing of the INF
Treaty with Premier
Gorbachev,
December 8, 1987,
4:15 min.
Source: MCamericanpresident /
www.youtube.com
Tous les soirs, une
partie importante de
la population de RDA
voyage à l’Ouest par le
biais de la télévision.
Là où l’on ne peut
capter les deux chaînes
publiques ouest-allemandes ARD et ZDF,
les riverains installent
des antennes sophistiquées, tolérées par le
SED, comme ici dans la
commune de C
­ horen,
dans le canton de
Döbeln.
Photo, 1985 : BStA / Harald Schmitt
En juin 1983, à Katowice, le pape Jean-Paul II est salué par
une foule innombrable. C’est la deuxième de trois visites en
République populaire de Pologne, visant à y encourager l’opposition et à mettre en lumière le soutien du peuple à l’Église.
Dans les années 1980, pour démontrer l’étroitesse de ses liens avec les jeunes, l’organisation
étatique de la jeunesse de RDA – la FDJ – engage des stars internationales chèrement payées en
devises étrangères. Le 19 juillet 1988, des dizaines de milliers de personnes chantent à pleine
gorge « Born in the USA » lors du concert de Bruce Springsteen.
Photo : picture alliance / dpa
Photo : BStA / Klaus Mehner
En mai 1988, un convoi de chars soviétiques se retire d’Afghanistan.
Toutes les troupes soviétiques quittent le pays jusqu’en février 1989.
Photo : picture alliance / dpa / AFP
Le physicien atomiste et dissident Andreï Sakharov parle
le 28 mai 1989 devant le 1er Congrès des députés du
peuple de l’Union soviétique, mis en place en 1988 seulement et devenu dès lors l’organe législateur suprême de
l’Union soviétique. En arrière-plan Michael Gorbatchev.
Photo : picture-alliance / RIA Nowosti / Sergey Subbotin
En marge d’une visite d’État en RFA, Michael Gorbatchev est accueilli avec enthousiasme par des ouvriers sidérurgistes à Dortmund le 15 juin 1989. La
confiante croissante, à l’Ouest, dans la politique de
ce chef d’État facilite le dépassement du conflit EstOuest.
Le 1er septembre 1988, les premiers Per­shing II
sont retirés à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). En
décembre 1987, les grandes puissances s’étaient
entendues, par le traité sur les forces nucléaires
à portée intermédiaire (INF), sur le démantèlement complet des missiles de moyenne portée.
Photo : BArch, B 145 Bild-00056587 / Arne Schambeck
Photo : picture alliance / dpa
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XX
Le 27 juin 1989, les ministres des
­Affaires étrangères d’Autriche et de
Hongrie, Alois Mock et Gyula Horn,
franchissent symboliquement le rideau
de fer entre leurs deux États.
Photo : picture alliance / AP Photo
La fin de l’Histoire ?
Le 2 août 1989 la Hongrie démonte des installations de
protection de sa frontière occidentale – un geste symbo­
lique et le point de départ d’une évolution dont l’inten­
sité et la vitesse surprennent tous les parties en présence.
Le plus étonnant est que ce bouleversement se produit
de manière pacifique dans la plupart des cas. Cela vaut
tant pour la Pologne et la Hongrie, où, depuis 1988, le
zèle réformateur de Gorbatchev a été encore dépassé,
que pour la RDA. Certes, les dirigeants est-allemands
n’excluent pas une « solution à la chinoise » – la répres­
sion par la force de la contestation, comme sur la place
Tian’anmen à Pékin début juin 1989. Mais ils reculent en
Photo de la manifestation de masse sur la place Tian’anmen à Pékin, réprimée
violemment les 3 et 4 juin 1989.
Photo non datée : BStA / Harald Schmitt
raison du manque de soutien de Moscou et de la protesta­
tion de masse qui enfle de jour en jour. En Roumanie, au
contraire, l’armée tire sur les manifestants, faisant de très
nombreux morts, avant que ne tombe le régime en place.
Même Michael Gorbatchev, face à la désintégration de
l’URSS en 1990, fait appel à l’armée en Azerbaïdjan, en
Lituanie et en Lettonie. En vain. Le 31 décembre 1991,
l’Union soviétique cesse d’exister, dix mois après la dis­
solution du pacte de Varsovie. Nombreux sont ceux à es­
pérer le triomphe définitif de la paix et du libéralisme –
une erreur, comme le montre la multitude de conflits et
de guerres depuis 1991.
Arrivée de Michael Gorbatchev à Berlin-Est le 6 octobre 1989. Le
chef du parti et de l’État soviétique, venu en RDA à l’occasion du 40e
anniversaire de la RDA, est souvent cité pour ses mots prononcés lors
de ces journées : « La vie punit celui qui arrive trop tard ».
VIDÉO
Baltic states, wake
up, 1989, 3:06 min.
Source: Seltsimeheke / etv / www.youtube.com
Foule lors de la manifestation du lundi sur la place Karl Marx à Leipzig, 16 octobre 1989.
Photo : picture alliance / dpa-Zentralbild
Photo : BArch, Bild 183-1989-1006-410 / adn-Zentralbild / Karl-Heinz Schindler
Le 27 mars 1990, des parachutistes soviétiques atterrissent à l’aéroport de Vilnius. Le 11 mars 1990, la
Lituanie a été la première des Républiques de l’Union
soviétique à déclarer son indépendance. Celle-ci n’a
­cependant pas été reconnue par Moscou.
Le 23 août 1991, le chef de l’État et du parti Michael Gorbatchev est défait au parlement russe devant les caméras.
Le nouvel homme fort s’appelle Boris Eltsine (à droite),
président de la République de Russie depuis juin, qui
œuvre avec succès à la dissolution de l’Union soviétique.
L’effondrement de l’Union soviétique en 1991.
Photo : picture alliance / dpa / AFP
Photo : BStA / Harald Schmitt
Carte : picture alliance / dpa-Infografik
Dès l’été 1989, le politologue américain Francis Fukuyama prophétise le
triomphe mondial et définitif du libéralisme, de la démocratie et de l’économie
de marché. En 1992 paraît son livre très
débattu : La fin de l’histoire.
Couverture : Kindler Verlag / Graupner + Partner, München
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Le 29 juin 1990, la CSCE adopte le
« document de clôture sur la dimension
humaine » – une date clé pour ancrer les
droits de l’Homme en Europe dans le
droit international.
Photo : OSCE / Curtis Budden
L’héritage de la guerre froide
Depuis 1991, des conflits jadis profondément gelés se ra­
vivent, comme en Yougoslavie et sur le territoire de l’exURSS. Au même moment se déclarent d’autres foyers
d’incendie – surtout au Proche et au Moyen-Orient ain­
si qu’en Afrique. La fixation sur les anciennes sphères de
pouvoir et d’influence empêche une solution coopéra­
tive des conflits du côté des grandes puissances et barre
le chemin vers une nouvelle architecture de sécurité. De
surcroît, toutes les puissances atomiques investissent des
milliards dans la modernisation de leur arsenal nucléaire
et manquent ainsi l’occasion d’aller vers un monde débar­
rassé des armes atomiques.
Ce que la guerre froide a laissé de positif, ce sont les ins­
truments de résolution politique des conflits – comme
par exemple la « Conférence sur la sécurité et la coopé­
ration en Europe », créée en 1971 pendant la détente, et
son héritière actuelle, « l’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe » (OSCE). L’OSCE ne veut pas
seulement régler les crises, mais aider à la mise en place
d’institutions démocratiques et soutenir les droits de
l’homme. En Asie aussi, ce cadre de coopération multila­
térale est vu désormais comme un modèle. C’est là qu’est
la chance d’en finir avec l’héritage de la guerre froide –
mais sans garantie.
VIDÉO
Behind OSCE /ODIHR ­Election Observation ­Missions,
4:09 min.
Source: OSCE / www.youtube.com
Clichés d’un mémorial
à Nyamata, qui rappelle
le génocide au Rwanda
en 1994. Des membres
de la majorité Hutu ont
alors ­assassiné environ un
­million de Tutsi.
Photo : wikipedia / Inisheer / CC BY-SA 2.5
Sarajevo le 18 décembre 1994. Des habitants fuient les
­snippers. Après la chute de la Yougoslavie s’ensuit toute une
­série de guerres et guerres civiles entre 1991 et 1999, faisant
plus d’une centaine de milliers de morts
Photo : picture alliance / dpa
En juillet 2005, 610 victimes du massacre de Srebrenica sont
enterrées après avoir été exhumées et identifiées. En 1995, des
Serbes de Bosnie avaient massacré sur place plus de 8000 Musulmans – presque exclusivement des hommes, jeunes et adultes
– et les avaient jetés dans d’anonymes fosses communes.
Photo : picture alliance / Vacca / Emblema
Carte des 57 pays
membres de l’OSCE et des
onze États partenaires.
Illustration : wikipedia / Sven / CC BY 4.0,
Bearb. Atelier313
Convoi armé de l’orga­
nisation terroriste État
Islamique (IS) en Irak.
Le respect des droits de l’homme compte parmi les tâches centrales de l’OSCE. En octobre 2011, Colleen Rohan, avocate
au tribunal international pour l’ex Yougoslavie, présente un
­manuel pour la formation permanente des avocats pénalistes.
Photo : OSCE / Driton Paqarada
Un graffiti sur le mur d’une maison, à Moscou, représente
un missile intercontinental russe, de type Topol-M, avec un
drapeau russe et le slogan « Souveraineté ».
Photo du 10 avril 2015 : picture alliance / dpa
Photo publiée en janvier 2014 :
picture alliance / AP Photo
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Le nombre de visiteurs de l’exposition
en plein air et de la Black Box à l’ancien
Checkpoint Charlie à Berlin reflète le
grand intérêt pour l’histoire de la guerre
froide.
Photo : picture alliance / dpa
Lieux de mémoire
Aujourd’hui reste la mémoire de la guerre froide – traitée
muséalement sur les lieux mêmes où elle s’est déroulée,
dans des musées et des expositions. Les interprétations en
sont aussi diverses que ceux qui y ont naguère participés.
Elles reflètent des perspectives nationales ou des points
de vue politique. Au Vietnam, les crimes de guerre com­
mis par les troupes américaines sont placés au centre. En
Corée du Sud, on continue de broder le récit de l’inno­
cente victime et de la défense héroïque, un narratif qui
a cours depuis les années 1950 – pendant qu’en Europe
centre-orientale la période de l’après 1945 est vue avant
tout comme l’ère de l’ingérence soviétique. Aux ÉtatsUnis et en Grande-Bretagne, la guerre froide est repré­
sentée d’abord comme une compétition pour les meil­
leurs avions, chars et navires, et en partie aussi comme
un jeu de sensation autour d’installations de lancement
de missiles bonnes à mettre au rancart. En Russie, la mé­
moire est conservée par des musées des forces armées et
par des sites virtuels sur internet. En Allemagne, on peut
visiter des abris antiatomiques, ce qui reste, à la frontière
germano-allemande, de tunnels construits pour fuir
l’Est et surtout des vestiges des systèmes de surveillance
et d’internement étatique en RDA. Dans l’ensemble, on
est frappé par une lacune : nulle part, jusqu’à présent, la
guerre froide n’est racontée comme une histoire globale.
Ancienne tour d’observation des forces armées américaines à la frontière
­interallemande, aujourd’hui le Musée Point Alpha.
Touristes à « Trinity », là où eut lieu le premier essai atomique, le 16 juillet
1945, sur le site de White Sands Missile Range au Nouveau Mexique, USA.
En février 2007 le musée de la Royal Air Force à Cosford, dans le Shropshire (GB)
ouvre son exposition permanente : « National Cold War Exhibition ».
Photo : wikipedia / Wost 01 / CC BY-SA 3.0
Photo : picture alliance / dpa / EPA
Photo : Royal Air Force Museum Cosford
Mentions légales
Dr. Thomas Klemm, né en 1975, historien et diplômé de pédagogie de l’art,
a conçu l’exposition. Il travaille à Leipzig comme graphiste indépendant et
conçoit et coordonne des expositions. www.thomasklemm.com
La traduction de l’exposition a été assurée par Prof. Dr. Corine Defrance.
Deutschland (D), OSZE / OSCE, Robert-Havemann-Gesellschaft (D), Royal Air
Force Museum Cosford (GB), Solo Syndication (GB), Der Spiegel (D), statista.
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Süddeutsche Zeitung Photo (D), die tageszeitung(D), UN Photo, US Army (USA),
White House Photo Office (USA) et Wikipedia.
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plupart par le Britannique Pathé. Les archives cinématographiques de GrandeBretagne proposent l’accès numérisé à 3500 heures de matériel audiovisuel
et 12 millions de clichés photographiques pour la période 1896–1976. La plupart de ces productions sont en langue anglaise originale sans sous-titre sont
accessibles par www.youtube.com/britishpathe. Les commissaires prient les
visiteurs, non familiers de la langue anglaise, de les en excuser.
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l’exposition sont protégés par copyright et ne peuvent être reproduits, modifiés
ou diffusés ailleurs sans l’autorisation des détenteurs des droits. Ces derniers
sont systématiquement indiqués dans les légendes des photos. Des questions
ou des critiques à propos de l’exposition ? Si, en dépit de nos recherches minutieuses, le copyright ou le droit d’exploitation ne sont pas convenablement
indiqués, merci de vous adresser au Dr. Ulrich Mählert via
[email protected]
Organisation
Le Berliner Kolleg Kalter Krieg, fondé en 2015, est un lieu international
d’échanges scientifiques et de recherche sur la guerre froide, qui a marqué le
monde entier durant la Seconde moitié du 20e siècle et dont les conséquences
perdurent encore aujourd’hui. www.berlinerkolleg.com
La Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur contribue, par le soutien
de projets et par ses propres offres très diversifiées, au traitement approfondi des causes, du déroulement et des conséquences des dictatures communistes en Allemagne et en Europe. www.bundesstiftung-aufarbeitung.de
La version française de l’exposition a été rendue possible par DVV International,
l’Institut de coopération internationale de la fédération des universités populaires allemandes (Deutscher Volkshochschul-Verbandes e.V.). Il coopère
avec plus de 200 partenaires représentants de la société civile, des États et
du monde de la science dans une bonne trentaine de pays d’Afrique, d’Asie,
d’Amérique latine et d’Europe. www.dvv-international.de
Les responsables
Prof. Dr. Bernd Greiner, né en 1952, historien, politiste et américaniste, est rédacteur et commissaire de l’exposition. Il enseigne à l’Université de Hambourg.
En poste au Hamburger Institut für Sozialforschung depuis 1989, l’historien dirige aussi le Berlin Kolleg Kalter Krieg récemment fondé.
Dr. Ulrich Mählert, né en 1968, est le curateur de l’exposition. Il dirige le département Science et Coopération internationale de la Bundesstiftung zur
Aufarbeitung der SED-Diktatur.
Remerciements
es commissaires remercient les archives, les musées et les medias, leurs collaborateurs et tous ceux qui ont soutenu le projet, mettant à disposition, photos,
caricatures et facsimilés. En premier lieu citons l’agence de photos dpa (D), le
Bundesarchiv (D) comme la Bundesbildstelle im Presse- und Informationsamt
der Bundesregierung (D), des fonds desquels viennent l’essentiel des documents iconographiques présentés dans l’exposition. Nous remercions encore
archive.org (USA), Archive Sakharov (Ru), Bulletin of the Atomic Scientists
(USA), Archiv der Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur, en abrégé
BStA (D), Express Newspapers (GB), The John F. Kennedy Presidential Library
and Museum (USA), M. DuMont Schauberg / Berliner Zeitung (D), Philip Nash,
Pennsylvania State University (USA), National Archives (USA), The National
Library of Wales (GB), National Nuclear Security Administration (USA), Neues
Vous trouverez des informations complémentaires sur l’exposition et le travail
de la Bundesstiftung Aufarbeitung sur
www.bundesstiftung-aufarbeitung.de Suivez la Bundesstiftung zur Aufarbeitung der SED-Diktatur sur Facebook
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