Gravelotte annexe l`Histoire

publicité
Inauguration Le Musée de la Guerre de 1870 et de l’Annexion sera ouvert au public à partir de vendredi
Gravelotte annexe l’Histoire
Gravelotte. A Gravelotte, les
hommes sont tombés si nombreux sur le champ de bataille,
en 1870, que le village mosellan a donné son nom à une
expression. Tous ces hommes
méritaient bien qu’on se souvienne d’eux, ce que tentait de
faire un « petit musée communal », créé vers 1875 par
une famille lorraine. Cette année, on est reparti comme en
14 (autre expression), pour
commémorer le Centenaire
de la Grande Guerre, mais
c’est bien à la précédente
qu’est désormais consacré un
plus imposant musée départemental, le Musée de la
Guerre de 1870 et de l’Annexion.
Dès le parking en face, trois
drapeaux, français, allemand,
et le bleu européen, signalent
que c’est « sous le signe de la
réconciliation franco-allemande », qu’il sera inauguré
demain jeudi, avant l’ouverture au public ce vendredi
18 avril. L’architecte Bruno
Mader a imaginé un grand
bloc de métal et de béton, une
façade en lames de laiton, matière qui rappelle l’acier « canon de fusil », et des formes
qui évoquent « les déchirures
et les fractures de la guerre ».
« Une approche
historique »
« L’annexion est une période
de notre histoire qui a été occultée », disait Bernard
Hertzog, vice-président du
Conseil général de Moselle,
lors d’une pré-visite hier de ce
musée, dans lequel résonnaient encore les derniers
coups de marteau. Le but est
d’en faire « un lieu de mémoire exceptionnel », de rappeler
« ces quarante-huit années où
les Mosellans ont été alle-
En bref
E Musée départemental de la
K Le panorama de Rezonville des peintres Édouard Detaille et Alphonse de Neuville.
mands ». À l’étage, à l’entrée
de l’exposition permanente,
plusieurs casques sont alignés, dont évidemment un « à
pointe », un objet parmi les
plus de 600 qui appartiennent
au Musée de Gravelotte.
« Aujourd’hui, nous avons
une approche historique alors
que le premier musée était
plus mémoriel. L’histoire de la
Moselle et de l’Alsace s’explique dans une histoire européenne plus globale », estime
le conservateur Eric Necker,
qui souhaite « faire redécouvrir l’histoire contemporaine ». « On raconte la guerre
principalement à travers les
objets. On veut raconter l’histoire d’hommes qui sont des
combattants ; la guerre réelle,
c’est le canon et le fusil ». Ainsi, cette cuirasse bosselée par
les impacts de balles, ce pantalon du général Decaen dé-
K Le bâtiment a été conçu par Bruno Mader.
Guerre de 1870 et de l’Annexion, 11 rue de Metz à Gravelotte (à une quinzaine de
kilomètres de Metz). Ouvert
du mardi au dimanche de 14 à
18 h. Tarif : 5€. Parking à
proximité.
E Ouverture exceptionnelle
au public les 18, 19 et 20 avril,
de 10 h à 18 h (fermé le lundi
de Pâques).
E Exposition « Le Musée de
Gravelotte : histoire d’une
Renaissance », du 18 mai au
16 novembre.
E À voir également (en face
K Uniformes des zouaves de la Garde Impériale, de la cavalerie
légère et des grenadiers (de gauche à droite).
coupé pour soigner sa blessure, ces uniformes certes vides
mais qui ont une histoire, dont
on sait qui les portaient, ou
encore ces deux canons (prêtés par le Musée de la Guerre)… Les héros et martyrs,
prussiens et français, sont ici à
Photos Alexandre MARCHI
égalité jusque dans les textes
de légendes (trilingues : français et allemand, et un résumé
en anglais).
Des terres d’empire
Face à ce pauvre hère aux
« deux trous rouges au côté
droit », « Le Dormeur du Val »
de Rimbaud, voici « La trompette de Gravelotte », du poète
allemand Ferdinand Freiligrath. La trompette elle-même, qui porte trace de la balle
reçue, a été prêtée pour trois
mois par un musée allemand.
« La guerre ne peut pas se
raconter en peinture, c’est une
représentation, une transcription dans un but particulier »,
précise bien Eric Necker, en
montrant quelques-uns des
tableaux aux murs de son musée. Dont cette formidable
« Ligne de feu » de Georges
Jeanniot, ces terribles « Morts
en ligne » d’Auguste Lançon,
cette héroïque « Charge de cavalerie » d’Aimé Morot, ou encore les impressionnants fragm e n t s d u Pa n o r a m a d e
Rezonville peints par Édouard
Detaille et Alphonse de Neuville.
Des espaces didactiques et
une douzaine de vidéos guident les visiteurs jusqu’à la
du musée), le cimetière militaire et La Halle du Souvenir,
ainsi que la Maison de Robert
Schuman, à Scy-Chazelles
(billet jumelé avec le musée).
E Contact : 03.87.33.69.40 ou
[email protected]
conclusion de la guerre : le
traité de Francfort en mai 1871
et l’annexion, « spécificité » de
ce territoire. Bien droit, un poteau-frontière est là pour rappeler comment ont été redécoupés la Lorraine et les
départements de la Meurthe
et de la Moselle. Une nouvelle
frontière était alors dessinée,
et « les provinces perdues »
étaient « terres d’empire allemand ».
« Jusqu’en 1914, en France
et en Allemagne, se développent des mouvements de
commémoration. Pour la
IIIe République, c’est important de rappeler la défaite de
1870, la France entretient
alors le souvenir de cette
guerre. Mais ensuite, le souvenir de la guerre de 14 est resté
très vivace et a occulté celui de
1870 », constate Sabine Caumont, conservateur-adjointe.
En 1918, c’était la fin de l’Alsace-Lorraine allemandes.
Jusqu’en 1940, où elles seront
à nouveau annexées. Mais
ceci est une autre Histoire.
PatrickTARDIT
Téléchargement