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L’épargne véritable comme indicateur synthétique de
soutenabilité
Séminaire du Conseil Scienti…que de l’IFEN
Katheline Schubert
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
25 juin 2007
Conseil scientifique de l'Ifen du 25 juin 2007 - L'épargne nette ajustée
Katheline Schubert (Université Paris 1)
L’épargne véritable
25 juin 2007
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Quelle que soit la dé…nition précise de la durabilité retenue, on peut
dire que le développement d’une économie est durable s’il permet de
conserver la richesse, ou encore les possibilités de création de
bien-être de l’économie, pour les générations futures.
La richesse est entendue au sens large, comme comprenant à la fois le
capital manufacturé et les autres formes de capital (capital humain,
capital naturel).
Le bien-être est également compris au sens large : bien-être matériel
(possibilités de consommation), bien-être provenant de la jouissance
d’un environnement préservé...
L’épargne véritable (genuine saving) ou épargne nette ajustée est la
valeur des investissements (ou désinvestissements) dans les di¤érentes
formes de capital. Nous allons voir pourquoi elle peut constituer un
indicateur de durabilité.
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L’épargne véritable : fondements théoriques
Modèle très simple à deux stocks de capital, le capital manufacturé
(K ) et le capital naturel (S), ici un stock de ressource non
renouvelable.
Pas de croissance de la population ni de progrès technologique.
Accumulation du capital manufacturé :
K̇ = F (K , R )
δK
C
où C est la consommation, R l’extraction de la ressource naturelle,
F (K , R ) la fonction de production de l’économie, δ le taux de
dépréciation du capital manufacturé.
Evolution du capital naturel :
Ṡ =
R
Conditions initiales : K0 et S0 donnés.
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Hypothèse cruciale concernant la technologie : le capital manufacturé
et la ressource naturelle sont substituables. Abondantes controverses
sur ce point.
On suppose véri…ée la règle de Hotelling
ḞR0 = (FK0
δ)FR0
Elle s’écrit encore, en notant FR0 = q la productivité marginale de la
ressource, et FK0
δ = r la productivité marginale du capital nette de
la dépréciation,
q̇ = rq
Elle indique que la productivité marginale de la ressource naturelle
croît au taux d’intérêt de l’économie.
On dé…nit l’épargne véritable comme la valeur des investissements
nets en capital manufacturé et en capital naturel :
G
= K̇ + q Ṡ
= K̇ qR
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On dérive par rapport au temps l’équation d’accumulation du capital :
K̈
=
=
=
=
=
FK0 K̇ + FR0 Ṙ
δK̇
Ċ
r K̇ + q Ṙ
Ċ + q̇R
q̇R
r K̇ + q Ṙ
Ċ + q̇R
rqR
qR + q Ṙ
r K̇
rG + q Ṙ
Ċ + q̇R
Ċ + q̇R
On dérive par rapport au temps l’équation de dé…nition de l”épargne
véritable :
K̈ = q̇R + q Ṙ Ġ
On égalise les 2 expressions de K̈ , et on obtient :
Ċ = rG
Ceci s’intègre en :
Gt =
Z ∞
t
Ċs e
Ġ
Rs
t
r (x )dx
ds
c’est-à-dire que l’épargne véritable à chaque instant est égale à la
valeurConseil
présente
actualisée
des
consommation
scientifique
de l'Ifen
du variations
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L'épargne
nette ajustéefutures.
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Un sentier à consommation constante correspond à une épargne
véritable nulle à tout instant. Alors K̇ = qR, qui est la règle de
Hartwick.
Si à un instant donné l’épargne véritable est négative, cela signi…e
qu’à un moment dans le futur le taux de croissance de la
consommation va devenir négatif. C’est en ce sens qu’on peut
considérer l’épargne véritable comme un indicateur de durabilité : une
épargne véritable négative est un indicateur de non durabilité.
Si à un instant donné G > 0, la consommation croît si et seulement si
Ġ /G < r . Si G < 0, c’est l’inverse.
Noter que tout ceci nécessite que la règle de Hotelling soit véri…ée. Si
les prix, et en particulier q, ne sont pas les bons, comme dans le
monde réel peut-on supposer, on ne peut pas dire grand chose de G
comme indicateur de durabilité.
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Epargne véritable et comptabilité nationale
Dé…nition de la richesse de l’économie :
W = K + qS
On en déduit, en utilisant la dé…nition de l’épargne véritable,
= K̇ + q Ṡ + q̇S
= G + q̇S
Ẇ
On peut aussi écrire :
Ẇ
=
=
=
=
K̇ + q Ṡ + q̇S
Y
δK
C
qR + rqS
C
qR + rqS
rK + qR
rW
C
sous l’hypothèse que la fonction de production est à rendements
d’échelle constants, et en utilisant la règle de Hotelling.
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La richesse est ainsi la valeur présente des consommations futures :
Wt =
Z ∞
t
Rs
Cs e
t
r (x )dx
ds
On égalise les 2 expressions de Ẇ , et on obtient :
rW
C = G + q̇S
i.e., en dé…nissant le produit national vert par :
Yvert = C + G
rW = C
+ G} +
| {z
Y vert
q̇S
|{z}
gain en capital
La somme du produit national vert et du gain en capital sur le capital
naturel est ainsi égale à l’annuité constante de la richesse, c’est-à-dire
au revenu que l’économie peut consommer à un instant donné tout en
laissant la richesse inchangée.
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On peut aussi écrire :
C + G = C + K̇ + q Ṡ
i.e.
Yvert = Y
δK
qR
Le produit national vert est ainsi égal au produit national diminué de
la dépréciation des stocks de capital (on voit que la dépréciation du
capital naturel est formellement traitée comme la dépréciation du
capital manufacturé).
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Dans un cadre moins simpli…é, il faut prendre en compte :
les autres formes de capital (capital humain, capital naturel
renouvelable, stocks de pollution) ;
le fait que le capital naturel a une valeur productive mais aussi une
valeur d’aménité ;
la croissance de la population ;
le progrès technique ;
l’ouverture de l’économie.
Ceci conduit à une formule élargie de dé…nition de l’épargne véritable,
dans laquelle les di¤érents stocks de capital naturel sont évalués à leurs
prix implicites (rentes de rareté, dommages marginaux).
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Méthodologie du calcul appliqué de l’épargne véritable
Calcul e¤ectué et publié par la Banque Mondiale (World Development
Indicators) depuis 1999.
Dé…nition de l’épargne véritable :
épargne domestique brute
dépréciation du capital manufacturé
+ valeur de la variation du capital humain
diminution de la valeur du stock d’énergies fossiles
diminution de la valeur du stock de minerais
diminution de la valeur du stock de forêts
valeur des dommages causés par les émissions de CO2
valeur des dommages sur la santé causés par les PM10
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Mode de calcul :
La valeur de la variation du capital humain est approchée par les
dépenses courantes d’éducation (livres, salaires des enseignants).
Les énergies fossiles (pétrole brut, gaz naturel et charbon) et les
minerais (bauxite, cuivre, or, fer, plomb, nickel, phosphate, étain,
argent et zinc) sont valorisés par l’écart entre les prix mondiaux
observés et les coûts moyens d’extraction.
Ressources forestières : l’exploitation de bois excédant le
renouvellement naturel est également valorisée par l’écart entre les prix
mondiaux observés et les coûts moyens d’extraction.
Les émissions de dioxyde de carbone sont valorisées à un coût marginal
social de 20$ la tonne de carbone en 1995, ce coût étant réévalué pour
tenir compte de l’in‡ation les années suivantes.
Les dommages sur la santé causés par les émissions de particules ne
sont pas toujours intégrés ; quand ils le sont ils sont valorisés par une
estimation du consentement à payer pour réduire ces dommages.
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Limites
Les dépenses d’éducation sous-estiment probablement la valeur de la
variation du capital humain. Elles sont un proxy notoirement
insu¢ sant de la formation de capital humain.
Certaines ressources naturelles ne sont pas prises en compte (les
pêcheries par ex., ou les diamants, ou la qualité des sols).
Les émissions de pollution prises en compte sont limitées aux
émissions de CO2 et parfois de PM10 .
Problème de la valorisation :
pour les ressources naturelles, il faudrait utiliser les coûts marginaux
d’extraction et pas les coûts moyens ;
la valeur du carbone retenue peut être discutée ;
il faudrait prendre en compte la valeur totale des ressources naturelles.
...
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La Banque Mondiale présente des calculs d’épargne véritable intégrant
la croissance de la population, mais pas le progrès technologique.
L’ouverture des économies et le commerce extérieur ne sont pas pris
en compte. L’épargne véritable d’un pays importateur de pétrole par
exemple doit-elle être diminuée pour re‡éter la dépréciation d’un
capital naturel qui ne lui appartient pas, celui de l’exportateur ? Pas
de raison, bien que ce soit souvent proposé. En revanche, il faudrait
prendre en compte un e¤et terme de l’échange pour les exportateurs.
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Estimation par la Banque Mondiale de l’épargne véritable
de la France
2004 : la France se situe à la 33ème position mondiale, avec une épargne
véritable de 11,29% du revenu national brut.
Epargne brute et épargne véritable (% du revenu
national brut), France
35,00
30,00
25,00
20,00
Série1
Série2
15,00
10,00
5,00
0,00
1
3
5
7
9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35
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