RESOLUTION D'UNE REPONSE IMMUNITAIRE Une réponse immunitaire peut être associée à la prolifération et la différenciation massive des lymphocytes (p. ex. hypertrophie amygdalienne au cours d'une pharyngite streptococcique). Que deviennent les lymphocytes une fois que l'infection est contrôlée ? Comme cela a été dit précédemment, une réponse immunitaire est associée à la sécrétion de nombreuses cytokines. Quand l'infection est contrôlée et que les Ag sont éliminés, la sécrétion de cytokines s'interrompt. Quand cesse la sécrétion de cytokines, les lymphocytes entrent en apoptose. Il existe 2 façons de mourir pour une cellule. 1. La nécrose se définit par les modifications morphologiques qui se produisent quand une cellule meurt à la suite d'un traumatisme grave et brutal (p. ex. la lyse osmotique, l'ischémie, l'hyperthermie, les lésions chimiques). La membrane plasmatique est la plus touchée, conduisant à la perte de la capacité de la cellule à réguler la pression osmotique, et donc à la rupture de la cellule et au déversement de son contenu dans les tissus alentour. Ces événements déclenchent une réponse inflammatoire. 2. L'apoptose (également appelée mort cellulaire programmée) est très courante chez les invertébrés. Par exemple, une fois qu'un papillon s'est extrait de son cocon, il n'a plus besoin des muscles qu'il a utilisés pour cette opération ; ces muscles entrent dans le processus de mort cellulaire programmée. Chez les mammifères, l'apoptose se réfère au processus par lequel une cellule « se suicide », et est caractérisée par une série de changements morphologiques. L'apoptose commence par la condensation de la chromatine (secondaire à l'activation de l'endonucléase endogène, qui dégrade l'ADN) et la rupture du noyau collapsé en de petits fragments. Simultanément a lieu la zéiose (turgescence de la membrane plasmatique), qui pourrait être un signal de phagocytose par les macrophages environnants. Au contraire de ce qui se produit dans la nécrose, cette phagocytose immédiate ne permet pas la sortie du contenu des cellules et prévient le développement de l'inflammation. L'apoptose est un processus actif et comprend l'induction de plusieurs molécules et voies métaboliques. Deux voies métaboliques impliquées dans l'apoptose illustrent les possibles pathologies susceptibles de dériver d'une apoptose anormale. Une enzyme appelée Bcl2 est capable d'inhiber l'apoptose. Par conséquent, si un lymphocyte est induit à exprimer le Bcl2, il ne mourra pas et persistera ; c'est ce qui se produit dans certains lymphomes (rôle de Bcl dans les lymphomes à cellules B, dans lesquels Bcl2 a été identifié pour la première fois). Dans l'apoptose est également impliquée une interaction molécule-ligand qui survient à la surface de la cellule. De nombreuses cellules expriment le Fas (CD95) à leur surface. Une liaison au Fas active la voie de l'apoptose. C'est un des principaux mécanismes par lesquels les LTC tuent leurs cellules cible, puisque les LTC acquièrent le ligand du Fas ; ce dernier se lie au Fas sur la cellule cible, conduisant à l'activation de l'apoptose de cette dernière. L'absence du Fas ou du ligand du Fas peut théoriquement conduire à la persistance des lymphocytes et à une lymphadénopathie massive. Ceci est observé dans des modèles animaux expérimentaux, chez lesquels le déficit en Fas (souris lpr) ou en ligand du Fas (souris gld) aboutit à une lymphadénopathie massive et à une auto-immunité. Des anomalies du Fas ont aussi été décrites chez l'homme et sont à la base du syndrome de CanaleSmith. Certains organes (p. ex. la rétine, les testicules) sont « des sites privilégiés », ignorés ou tolérés par le système immunitaire. Il semble maintenant que ces organes expriment le ligand du Fas en grande densité à la surface de leurs cellules. Tout lymphocyte tentant d'attaquer ces organes verra son Fas entrer en interaction, et ce même lymphocyte entrera en apoptose. Cette stratégie de soustraction à l'action du système immunitaire est aussi utilisée par de nombreuses tumeurs ; certaines tumeurs expriment le ligand du Fas sur leur surface, et induisent ainsi une apoptose chez tous les lymphocytes essayant de les attaquer.