avril - Scènes Magazine

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scènes
magazine
camilla nylund :
rusalka
au grand théâtre de genève
ISSN 1016-9415
© Markus Hoffmann
253 / juin 2013
CHF. 10.-- 7 €
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6 cinéma
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cine die / raymond scholer
cinéma et histoire / serge lachat, christian bernard
cinémas du grütli : quinzaine des réalisateurs / chr. bernard
sous la loupe : cannes 2013 / james berclaz-lewis
entretien : philippe godeau / firouz-elisabeth pillet
entretien : jean-pierre marielle & nick quinn / firouz-e. pillet
les films du mois / christian bernard, firouz-elisabeth pillet
festivals au spoutnik / christian bernard
20 musique
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saison de l’orchestre de chambre de genève / jérôme zanetta
portrait : christian benda / pierre jaquet
chapelle de l’oratoire : katia baltera cravetti / chr. bernard
fête de la musique à genève
agenda genevois / martina diaz
sinfonietta de lausanne : saison / yves allaz
27 théâtre
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lyon : chronique théâtrale / frank langlois
théâtre de l’orangerie : saison / laurence tièche chavier
entretien : valentin rossier / rosine schautz
grütli : le ravissement d’adèle / rosine schautz
grütli : les 81 minutes de mademoiselle a / rosine schautz
32 opéra
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avignon : il barbiere di siviglia / françois jestin
monte-carlo : stiffelio / françois jestin
lyon : capriccio / françois jestin
mémento
zurich : lady macbeth de mzensk / eric pousaz
berlin : béjart, wagner et bizet / eric pousaz
entretien : carmela remigio / eric pousaz
entretien : camilla nylund / martine duruz
41 saison du grand théâtre
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festival «l’anneau du nibelung» : l’or du rhin
entretien : tobias richter / eric pousaz
entretien : stéphanie d’oustrac / pierre-rené serna
entretien : marc laho / pierre-rené serna
entretien : daniel dollé / martine duruz
entretien : roland aeschlimann / eric pousaz
ballet du grand théâtre / emmanuèle rüegger
bâtiment des forces motrices : delusion of the fury
les récitals de la saison
253 / juin 2013
55 danse
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béjart ballet : sous le signe de mahler / michel perret
57 festivals
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montreux jazz / frank dayen
coppet : festival au château / martine duruz
avenches : nabucco / bernard halter
gstaad menuhin festival / christian bernard
verbier : 20 ans déjà / michel perret
lucerne en été / emmanuèle rüegger
progetto argerich, lugano / emmanuèle rüegger
ernen musikdork / frank fredenrich
entretien : thomas demenga / beata zakes
entretien : raymond duffaut, chorégies d’orange / f. jestin
aix-en-provence : présentation / françois jestin
avignon : présentation / pauline guilmot
montpellier danse / bertrand tappolet
70 expositions
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musée rath : la collection migros /catherine graf
fondation baur : noirs d’encre, regards croisés /catherine graf
mémento beaux-arts : france
palais lumière, évian : légendes des mers
mémento beaux-arts : ailleurs
palazzo reale, milan : modigliani, soutine...
mémento beaux-arts : suisse romande
fondation de l’hermitage : joan miro, poésie et lumière
mémento beaux-arts : suisse alémanique
fondation beyeler : max ernst
londres : david bowie / stéphanie nègre
78 paris
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musée d’art moderne : keith haring / régine kopp
musée du louvre : giotto e compagni / régine kopp
opéra : gioconda jolie / pierre-rené serna
théâtre des gémeaux : käfig brasil / stéphanie nègre
théâtre de chaillot : land-research & deca dance / s. nègre
chronique des concerts / david verdier
sélection musicale / françois lesueur
mémento théâtre
studio des champs-élysées : le porteur d’histoire
mémento expositions
jeu de paume : ahlam shibli
88 les mémentos
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EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
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secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
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Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
Christian Bernard, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
Sarah Clar-Boson, Martina Diaz,
Catherine Fuchs, Catherine Graf,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat
Frank Langlois, David Leroy,
François Lesueur, Anouk Molendijk,
Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Christine Ramel, Serene Regard, Nancy
Rieben, Christophe Rime,
Julien Roche, Emmanuèle Rüegger,
Maya Schautz, Rosine Schautz,
Raymond Scholer, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, Tuana Gökçim Toksöz,
David Verdier, Christian Wasselin,
Beata Zakes, François Zanetta,
Valérie Zuchuat
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Gaspillage ?
lors que la première pierre du musée avait été posée en 1985 par
Raïssa Gorbatchev et Nancy Reagan, le Musée International de la
Croix Rouge et du Croissant Rouge fut inauguré officiellement en
octobre 1988, devenant ainsi un des lieux les plus visités de la cité de Calvin,
avec environ 100.000 visiteurs en moyenne chaque année. Avec un travail
muséographique remarquablement original conçu par Roger Pfund – dont on
honore actuellement le travail au Musée d’Art et d’Histoire – le MICR a assurément rempli un rôle important pour un nombreux public de curieux, historiens, enseignants et surtout, il faut l’espérer, d’étudiants, même si l’on ne
peut que déplorer le fait que ce passage dans cette institution ne fasse pas partie intégrante et obligatoire de l’enseignement public à Genève. Le pari de
l’artiste genevois avait pu être jugé osé, par la sobriété des présentations, il ne
pouvait cependant que convaincre et présentait un choix cohérent en rapport
avec les sujets abordés. Fallait-il absolument faire table rase d’une vision
datant de moins de 20 ans pour proposer un nouveau contenu ?
Et voici donc que l’institution vient de rouvrir après deux années, avec
l’intention affirmée d’en faire une musée « du XXIe siècle » et, à n’en pas
douter au vu des effets et moyens mis en œuvre, le projet est plutôt abouti. Et
s’il s’agit de proposer une vision de « l’aventure humanitaire », on trouvera
bien dans les trois espaces intitulés « Défendre la dignité humaine » (imaginé par le Brésilien Gringo Carcia), « Reconstruire le lien familial » (du
Burkinabé Diébédo Francis Kéré) et « Limiter les risques naturels » (du
Japonais Shigeru Ban), de quoi nourrir la réflexion. Est-il besoin de préciser
que l’interactivité est au rendez-vous et, à n’en pas douter, le jeune public
trouvera là de quoi s’occuper avec notamment des rencontres holographiques
avec la procureure Carla Del Ponte ou le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. On
espère simplement que la découverte de quelques trouvailles technologiques
ne prendra pas le pas sur la nécessité de s’intéresser au contenu des espaces,
et ce, même si les trois vitrines inventives de théâtre optique de Patrick Sorin
offrent un moment de détente bienvenu.
Il y a donc beaucoup à découvrir dans cette nouvelle mouture interne du
MICR, l’écrin lui-même n’ayant guère changé. On déplorera tout de même la
disparition de l’intelligent diaporama qui inaugurait la visite da sa version
1988, d’autant que c’était là une manière de rendre à Henry Dunant l’hommage que méritait bien le fondateur de la Croix-Rouge. Pas assez « branché »
sans doute, ce diaporama était pourtant une excellente leçon – ou révision –
d’histoire sans doute nécessaire pour beaucoup de visiteurs. D’autres disparitions bien utiles pédagogiquement ne sont guère justifiables, ainsi en est-il de
films sur les conflits et, en particulier, le rôle du CICR en 1914-18 et 193945, ou encore des espaces qui montraient un lieu d’internement de prisonniers
ou de réhabilitation de mutilés victimes de mines anti-personnel.
Reste enfin une question fondamentale liée à ces changements, le coût se
montant à plus de 20 millions de francs. On se permettra de penser que le
CICR aurait eu mieux à faire avec cet argent offert par de généreux
donateurs…
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leur cervelle, là où un chirurgien fou altère les visages des jeunes filles pour
en faire des créatures monstrueuses destinées au caïd régnant en maître sur
les lieux.
le cinéma au jour le jour
Cine Die
15e FAR EAST FILM FESTIVAL
(Udine, avril 2013)
La crise s’est pour la première fois manifestée : pas de rétrospective
digne de ce nom, seulement un hommage anémique (2 films !) à King Hu,
illustré cependant par un beau volume d’entretiens, de commentaires et de
dessins du maître, édité sous l’égide du festival par Roger Garcia : King
Hu In His Own Words. On pouvait également voir Hu comme acteur dans
une bien médiocre comédie de Meng-hua Ho : My Lucky Star (Hong
Kong, 1963), où il campe un industriel en faillite au bord de la dépression.
Seul moment surprenant du film : les déhanchements équivoques de deux
bambins pendant un thé dansant.
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Philippines
Deux films sur les aswangs (êtres d’apparence humaine le jour, capables de prendre forme animale la nuit, avec un appétit furieux pour les foetus, les petits enfants, les cœurs et les foies), ça fait un peu beaucoup, d’autant plus que les effets spéciaux ont tendance à être pourraves (surtout dans
TikTik, the Aswang Chronicles de Erik Matti) et les scénarios difficilement
encaissables (dans The Strangers de Lawrence Fajardo, l’originalité consiste à nous dévoiler dans les derniers instants du film que la famille normale
que nous avons suivie depuis le début dans son excursion est en fait celle des
aswangs et que les mines patibulaires rencontrées en forêt sont des gens
comme vous et moi). La comédie musicale de Chris Martinez, I Do Bedoo
Bedoo (Juliette est riche et habite dans un manoir protégé, Roméo est pauvre et fils de musicien sans travail) aligne de jolies idées de mise en scène
et une Eugene Domingo dans un numéro courageux (et hautement comique)
de passion conjugale déshabillée, mais souffre d’une musiquette insupportable. Les chansons se ressemblent comme des gouttes d’eau, les rythmes
éprouvés à Broadway depuis belle lurette sont simplement mis à la sauce
tagalog. Soudain, un numéro de danse collective s’inspirant de Bollywood
paraît comme une diversion bienvenue. Mariposa in the Cage of Night
(Richard Somes) distille un effroi considérable avec la descente aux enfers
d’une jeune provinciale à la recherche de sa sœur disparue dans les basfonds poisseux de Manille. Là où l’on décalotte les singes pour consommer
Thaïlande
Kongkiat Khomsiri, réalisateur du sulfureux Slice (2009), revient avec
un biopic un peu particulier : The Gangster retrace la carrière du plus chevaleresque des mauvais garçons de Bangkok dans les années cinquante,
appelé ici simplement Jod. Alors que certains truands n’hésitent pas à tuer
ou mutiler des filles récalcitrantes, Jod est tenaillé par le remords pour avoir
causé une mort accidentellement. Il se fait une règle de ne plus tuer (ce qui
ne manque pas de le mettre en porte-à-faux avec ses chefs), protège les femmes et prend soin de sa famille. Les chansons d’Elvis et les affiches de
films - dancings et salles obscures font partie des lieux privilégiés des
gangsters - aident à situer temporellement la reconstitution soignée d’un
mode de vie disparu. Une sorte de passage à la modernité a lieu à l’aube des
années 60, lorsque les couteaux sont remplacés chez la pègre par les armes
à feu. Des témoins de l’époque sont interviewés par intermittences.
Rhydian Vaughan et Joseph Chang dans «GF*BF»
Taiwan
A l’heure où les séides de Frigide Barjot défilent contre le mariage gay,
il est réconfortant de constater que sur l’île de Formose, rien ne semble plus
normal que de convoler en sexe compatible, fût-il le même. Deux films taïwanais enfoncent le clou. De façon plutôt romantico-tragique dans GF*BF
(Ya-che Yang), où les gays se marient encore avec le sexe opposé et fondent
une famille, tout en ayant des liaisons coupables, car l’histoire se déroule
dans le passé, pendant les manifestations estudiantines de 1985 et 1990. De
manière plus humoristique dans Will You Still Love Me Tomorrow (Arvin
Chen), où les mariages hétéro actuels se dissolvent carrément sous la pression de l’amour qui en a marre de ne pas dire son nom. Il est cependant vrai
que c’est la partie hétérosexuelle qui prend l’initiative pour opérer le changement. Une façon comme une autre d’affirmer que seule une législation
adaptée à leurs besoins rendra la vie des homosexuels plus simple.
Corée du Sud
New World (Hoon-jung Park) met à nu les mécanismes du pouvoir à
l’intérieur d’un gang dont le chef est assassiné dans une ahurissante séquence d’ouverture. Non seulement les prétendants à la succession jouent au chat
et à la souris avec la police, mais l’associé de l’un d’eux est un policier infiltré depuis huit ans, dont la femme attend un bébé et qui aimerait enfin mener
une vie honnête. Son répondant dans la police n’en veut rien savoir et est
«The Ganster» de Kongkiat Khomsiri
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prêt à le trahir pour l’obliger à rester où il est, car la police a son propre
plan : jouer l’un des prétendants contre l’autre et faire en sorte que le supérieur de l’infiltré devienne le chef suprême du gang. Le plan réussit au-delà
de leurs espérances, mais le candidat perdant n’est pas dupe et découvre le
pot aux roses. S’ensuit alors une course contre la montre pour l’infiltré qui
doit éliminer tous ceux qui risquent d’apprendre ou connaissent déjà sa véritable identité. Dur comme un diamant noir.
mée vient les anéantir. Pour sauver au moins les veuves et les orphelins,
Loup s’offre en sacrifice au chef des « Guillotines », son personnage protoMao (comme l’histoire chinoise en a connu en quantité) empreint d’une
symbolique christique. Saving General Yan est la énième adaptation dramatique de l’histoire des 7 fils du général Yang Ye qui se sont juré de ramener
leur père du champ de bataille où il a été lâchement abandonné par les autres généraux de l’empereur Taizong. Les personnages sont historiques (on
est en 986), les faits hautement légendaires. Qu’à cela ne tienne : Yu règle
son film comme une campagne militaire, avançant sans relâche sur les chapeaux de roue de l’adrénaline, au service de la piété filiale, de la droiture et
de l’efficacité martiale.
Japon
The Floating Castle (Shinji Higuchi et Isshin Inudo) essaie de restituer
avec un sens remarquable de l’espace et de la conjoncture politique le siège du
château Oshi en 1590, où 500 défenseurs tinrent tête à une armée de 20’000.
La connivence entre le seigneur, très populaire, pitoyable bretteur, mais fin
stratège, et ses paysans y est pour beaucoup dans ce singulier fait de guerre.
La situation apparemment vulnérable du château au milieu d’une plaine de
rizières pouvait leurrer les troupes ennemies. Elles durent déchanter.
«New World» de Hoon-jung Park
Eungyo (Ji-woo Jung) est une jeune fille de 17 ans qui fait le ménage
pour un écrivain septuagénaire célibataire. Entre les deux se développe une
affection platonique qui rend jaloux Ji-woo, un ingénieur converti en secrétaire de l’homme de lettres, qui rêve de devenir célèbre par ses écrits, alors
qu’il n’a guère de talent. Un jour, il découvre un manuscrit de son maître où
celui-ci fantasme sur Eungyo. L’occasion est trop belle : il le publie sous son
propre nom et gagne un prix littéraire. Le maître ne bronche pas, sachant que
la vérité déclencherait un scandale dont tout le monde pâtirait. Mais Eungyo
arrive à lire entre les lignes du texte…Beau à pleurer.
Hong Kong
Les meilleurs films de l’ex-colonie ont tous un rapport à l’Histoire,
qu’il s’agisse de la petite (Ip Man : The Final Fight d’Herman Yau) ou de
la grande (The Guillotines d’Andrew Lau ; Saving General Yang de Ronny
Yu). Ip Man, le grand maître du wing chun et mentor de Bruce Lee, est sans
doute le personnage le plus romancé du cinéma. Depuis 2008, c’est la cinquième fois que sa vie fait l’objet d’un film, après deux oeuvres de Wilson
Yip, un premier de Herman Yau (qui traitait des années d’apprentissage du
sage) et The Grandmaster de Kar-wai Wong, encore sur nos écrans. The
Final Fight est consacré aux années cinquante et soixante. Ip, qui meurt en
1972, est ici merveilleusement incarné par Anthony Wong, parangon d’intégrité et de sagesse, dans un Hong Kong d’une pauvreté extrême (une
famille amie des Ip est obligée de vendre son 6e enfant pour nourrir les autres), déchiré par les révoltes ouvrières et les agissements d’une pègre abjecte qui truque les combats et tient même la police à sa botte. Dans The
Guillotines, on suit un escadron de la mort (7 combattants émérites qui
manipulent des assemblages volants de lames létales destinées à décapiter
l’adversaire) dévoué à l’empereur Qianlong, le 6e de la dynastie mandchoue
des Qing. On craint devoir subir le panégyrique d’un commando SS avant la
lettre, quand au bout de 40 minutes, le film change complètement de direction. Le brigand han surnommé « Loup », qu’ils devaient liquider, se révèle
leader d’une communauté agraire pacifique où tout est fait et possédé en
commun, et la troupe d’élite est convertie d’emblée. Mais les espions de
l’empereur veillent au grain, ils ont découvert le village des rebelles et l’ar-
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Chine
Mon film préféré fut The Last Supper de Chuan Lu, qui, après son élégie sur Nankin, City of Life and Death (2009), montre ici une autre facette
de son talent . Il recrée, avec des costumes et du mobilier plus primitifs que
ceux auxquels le cinéma nous a habitués, et selon un rythme hiératique, les
derniers mois du fondateur de la dynastie Han, Liu Bang, alias Gaozu. Hanté
par des cauchemars, l’empereur - issu d’une famille de paysans - passe en
«The Last Supper» de Chuan Li
revue son avènement et les actes de cruauté que sa soif de pouvoir lui a fait
commettre, à commencer par la sanglante mise à mort rituelle du dernier
empereur Qin, Ziying. De peur que son plus loyal commandant, Han Xin, ne
puisse se retourner contre lui, il l’a fait jeter en prison. Maintenant, 6 ans
après, pris de remords, il le fait libérer. Mais l’impératrice Lü Zhi, encore
plus terrorisée à l’idée de perdre une once de pouvoir, s’arrange pour que
Han Xin soit assassiné. Des horreurs organisées sur fond de pas feutrés,
ceux des innombrables serviteurs muets, avançant ou reculant, en permanence courbés bien bas face aux souverains. Les ostéopathes de l’époque ont dû
amasser des fortunes.
Au mois prochain
Raymond Scholer
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cinéma et histoire
Retour sur Eichmann
La coïncidence entre la sortie de Hannah Arendt de Margarethe von Trotta
et la venue à Visions du réel à Nyon d’Eyal Sivan, auteur en 1999 (avec
Rony Brauman) de Un spécialiste Portrait d’un criminel moderne offre
l’occasion, travers le regard des deux cinéastes, d’un retour sur le procès
d’Adolf Eichmann.
Hannah Arendt
8
Faire un film sur la controverse née de la
théorie d’une philosophe à propos de la banalité du mal est une gageure. Comment filmer la
pensée au travail ? Tel est le défi auquel s’attelle Margarethe von Trotta dans son dernier film,
Hannah Arendt.
Pour le relever, la cinéaste s’attache à peindre 4 ans seulement de la vie de la philosophe
allemande, 4 ans auxquels elle joint quelques
flashes-back qui évoquent sa liaison avec
Heidegger et un retour en Allemagne pour
demander des comptes à celui qui lui avait
appris à penser et qui avait néanmoins cédé aux
sirènes hitlériennes.
Ce choix temporel permet à la cinéaste d’évoquer la vie d’Hannah Arendt à New York où
elle enseigne la philosophie, ses rapports avec
son mari et sa meilleure amie Mary McCarthy
juste avant et juste après sa décision d’assister
au procès d’Eichmann à Jérusalem pour le New
York Times.
Procès qui, comme on le sait, confronte
Hannah Arendt à une figure de petit fonctionnaire pour le moins différente des représentations traditionnelles du Mal. Partant de la ligne
de défense adoptée par Eichmann, la philosophe
va développer sa pensée sur la « banalité du
mal » non pas pour évacuer le problème dans un
« tous coupables » qui excuserait tout, mais au
contraire pour souligner la dangerosité d’un
Mal moins lié au désir de faire le mal qu’à l’incapacité de penser ses actes.
Le ressort dramaturgique qui permet à von
Trotta de montrer ce travail de la pensée tient à
ce que cette pensée-là précisément est inacceptable pour les victimes de la Shoah et pour l’Etat
d’Israël qui, en pleine construction, a besoin de
se construire sa mythologie en exorcisant le Mal
par l’exécution d’un des principaux responsables de la Shoah.
Le tollé à la publication des articles
d’Hannah Arendt est général et particulièrement
violent en Israël et dans son entourage. Von
Trotta met en scène de manière bouleversante le
conflit entre pensée philosophique et affects
dans le mouvement de l’ami d’enfance Hans
Jonas qui meurt dans son lit à Jérusalem et qui
tourne le dos à celle qui vient lui faire ses derniers adieux, ou dans la violence de la réponse
d’Arendt à la question juive « mais alors tu n’aimes pas ton peuple ? » et qu’elle affirme qu’el-
«Hanna Arendt» © Filmcoopi
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le n’aime pas un peuple ou des peuples, mais
ses proches et ses amis… Jamais peut-être un
film n’aura pareillement montré la force et le
courage qu’il faut pour défendre une idée philosophique même en dehors de toute menace physique (encore que celles-ci n’épargnent pas totalement Arendt).
Et la réussite du film tient aussi à la remarquable « incarnation » que propose son actrice :
Barbara Sukowa donne un vrai corps à cette
pensée, à cette démarche philosophique. Loin
d’être désincarné, son personnage de philosophe montre le lien indéfectible entre désir et
pensée. Désir au sens le plus érotique, d’où les
renvois à la liaison avec Heidegger et les scènes
qui montrent le fort rapport charnel entre
Hannah et son mari que méprise l’amie Mary !
Sous le classicisme de la forme, ce désir et cette
pensée en acte font vivre intensément le film de
von Trotta.
Serge Lachat
Un spécialiste-Portrait
d’un criminel moderne
On sait que le procès d’Adolf Eichmann
qui s’ouvrit à Jérusalem en avril 1961 fut intégralement filmé par le cinéaste Leo Hurwitz
pour des télévisions américaines qui en diffusaient quotidiennement des extraits, une première à l’époque. Le résultat tient en 500 heures
de film, soit des mètres linéaires de cassettes
Umatic.
En 1999, Eyal Sivan obtient l’autorisation
de fouiller ces archives alors délaissées et en
mauvais état pour en faire un film de montage,
ce sera Un spécialiste. Hurwitz avait disposé
quatre caméras dans la salle d’audience, filmant
simultanément ou alternativement selon les
moments, l’une les juges, une deuxième le procureur et le défenseur, une troisième les
témoins, une quatrième Eichmann. Prenant le
contre-pied de ce qui constituait la visée prioritaire tant du procès que des films subséquents, à
savoir recueillir et diffuser les témoignages des
victimes, Sivan donne à voir et à entendre surtout le bourreau.
Sans souci de chronologie, Sivan place en
tête du film le réquisitoire du procureur
Hausner réclamant la tête de celui qu’il considère être un monstre n’appartenant ni au monde
humain ni au monde animal, selon la logique
qui veut qu’un crime considéré comme exceptionnel ne peut avoir été commis que par un criminel exceptionnel. Logique dont Sivan, à la
suite d’Hannah Arendt, prend également le
contre-pied. Le film donne en effet au specta-
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«Un spécialiste - Portrait d’un criminel moderne»
teur tout loisir d’observer longuement les réactions et les réponses de celui qui, dans une ligne
de défense qui ne varie pas, se présente comme
un spécialiste des chemins de fer - le meilleur , un maillon dans un dispositif de déportation
qu’il n’a pas décidé et dont il déclare avoir ignoré le but final, un soldat devant comme tel obéir
aux ordres.
C’est cette “banalité du mal” qu’Hannah
Arendt, assistant au procès, cherche à appréhen-
der dans son Eichmann à
Jérusalem. Pour elle, l’entreprise génocidaire nazie,
bureaucratique, mécanisée et
dissimulée, fragmentait les
responsabilités, encourageait le
sentiment d’irresponsabilité
morale de ceux qui n’en étaient
qu’un maillon, anésthésiant
sentiment de culpabilité et
remord. Seul comptait pour des
meurtriers de bureau comme
Eichmann le travail bien fait
par devoir, l’obéissance au ordres, le désir d’avancement.
Sa tentative d’explication qui semblait cautionner la défense présentée par Eichmann fut
très attaquée. Contemporaine d’un procès qui, à
travers Eichmann, était celui de la Shoah
instruit par Israël, elle ignorait l’importance
symbolique du procès. Avec le recul que nous
avons aujourd’hui, elle apparaît ne pas avoir
perçu la part de mensonge qu’implique la stratégie de défense d’Eichmann, en particulier
dans ce qu’il affirme avoir ignoré, et qui fait de
lui un responsable majeur de la Shoah et non un
petit fonctionnaire obéisssant. Cette part de
mensonge apparaît évidente lorsqu’on regarde
Un spécialiste.
La tentative d’explication d‘Hannah
Arendt, venue trop tôt, a cependant ouvert une
voie de recherche aboutissant à des livres d’importance majeure sur l’ordinaire aptitude de
l’homme à une extraordinaire inhumanité
(Christopher R. Browning: Des hommes ordinaires. Harald Welzer: Les exécuteurs-Des hommes normaux aux meurtriers de masse).
A maintes reprises dans Un spécialiste, on
voit le procureur demander à Eichmann pourquoi il n’a pas désobéi à des ordres inhumains.
Celui-ci répond qu’il était soldat assermenté
dans un pays en guerre. Implicitement l’accusation légitimise la désobéissance à la Loi injuste,
et c’est pour n’avoir jamais désobéi
qu’Eichmann est condamné à mort. Ce précédent est un des éléments sur lesquels Eyal Sivan
s’appuie pour légitimer son propre refus d’aller
en tant que soldat dans les Territoires occupés.
Christian Bernard
MUSIQUE DE CHAMBRE SAISON 2013 - 2014
Conservatoire de Genève à 20 h
Abonnez-vous dès 6 spectacles !
Lundi 7 octobre 2013
LAWRENCE POWER, alto et violon
TRULS MØRK, violoncelle
SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano
Lundi 11 novembre 2013
VILDE FRANG, violon
MICHAIL LIFITS, piano
Lundi 13 janvier 2014
COREY CEROVSEK, violon
HSIN-YUN HUANG, alto
ZVI PLESSER, violoncelle
GILLES VONSATTEL, piano
Lundi 10 février 2014
QUATUOR SIGNUM
Lundi 17 mars 2014
QUATUOR BRENTANO
Organisation:
ABONNEZ-VOUS!
Abonnements en vente jusqu’au vendredi 6 septembre 2013.
Vente de billets dès le lundi 16 septembre 2013.
Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, tél. 022 319 61 11.
SAISON
2013—2014
TEMPS & MUSIQUE
027 323 45 61
www.theatredevalere.ch
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d’Orson Welles et Salvador Dali, musiques des Pink Floyd, Tangerine
Dream et Magma. Mais les producteurs lâchent le réalisateur.
les cinémas du grütli
La Quinzaine
des Réalisateurs
Cette section parallèle du Festival de Cannes est dirigée
tout comme les Cinémas du Grütli par Edouard
Waintrop. Dix longs métrages (sur 21) de la sélection
2013 seront visibles à Genève du 5 au 11 juin.
Née de mai 68 et de la volonté d’indépendance de la Société des réalisateurs de films, cette section du Festival cannois est le lieu privilégié des
découvertes et des surprises. Sa programmation se veut le reflet du grand
écart depuis toujours entretenu par le cinéma entre ses origines foraines et
populaires et ses ambitions artistiques et intellectuelles.
L’occasion de découvrir des nouveaux réalisateurs mais pas seulement. On retrouvera ainsi une vieille connaissance, Alejandro
Jodorowsky. A 83 ans l’infatigable touche à tout (cinéma, théâtre, bande
dessinée) venu à Paris en 1953, complice d’Arrabal et de Topor, spécialiste du Tarot, surtout connu pour El Topo et La montagne sacrée, films cultes des années 70, revient pour un exercice d’autobiographie repoussant
les limites de l'imaginaire et de la raison, La Danza de la realidad tourné
au Chili dans son village d’origine (9 juin).
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Film de genre efficace, Blue Ruin de l’Américain Jeremy Saulnier,
sorte de road movie rappelant dans ses meilleurs moments les Frères
Cohen, raconte une histoire de vengeance à laquelle est contraint Dwight,
un vagabond solitaire forcé de revisiter son passé. Au crédit du film on
peut porter un découpage habile à distiller l’information au compte-goutte, l’absence de certains clichés attendus (la police est aimable), le jeu
retenu de Macon Blair dans le rôle de Dwight. Au passif, l’absence d’un
vrai propos, et beaucoup d’ambiguité. Et si Blue Ruin n’était rien de plus
qu’une célébration en mineur du héros américain, des armes et de la justice privée? (7 et 10 juin).
Parmi les premier films, on se réjouit de découvrir celui du comédien
Guillaume Gallienne, également connu pour animer un module dans le
Grand Journal sur Canal+ « Les bonus de Guillaume » dans lequel il imagine le bonus DVD d’un film à l’affiche. De son film Les garçons et
Guillaume à table, il dit : « Le premier souvenir que j’ai de ma mère : elle
nous appelle, mes deux frères et moi “Les garçons et Guillaume, à
table !“ ». La dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle a raccroché en disant : « Je t’embrasse ma chérie ». Eh bien disons qu’entre ces
deux phrases, il y a quelques malentendus » (8 juin).
Christian Bernard
«Blue Ruin» de Jeremy Saulnier © Wolf Films
Le même jour, projection du documentaire Jodorowsky's Dune de
Frank Pavich, qui évoque l'un des plus célèbre d’entre les films à n’avoir
jamais été réalisés, l’adaptation du roman Dune de Frank Herbert par
Jodorowsky en 1975. Le projet ne manquait pas d’allure: participation
On est également curieux de retrouver Serge Bozon pour Tip Top (6
et 8 juin) mettant en scène deux inspectrices de la police des polices
(Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain) « débarquant dans un commissariat
de province pour enquêter sur la mort d’un indic d’origine algérienne.
L’une tape, l’autre mate, tip top ». On se souvient pour son originalité du
précédent long-métrage de Serge Bozon La France (2007) racontant le
voyage de Camille, jeune femme cherchant en 1917 à rejoindre le front
déguisée en homme pour retrouver son mari dont elle a reçu une lettre de
rupture.
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sous la loupe : programmation cannes 2013
Surprenant cocktail
Indignation
Malgré ce bémol qui tache, Cannes reste un des événements cinématographiques de l’année, servant comme la plus impressionnante vitrine de
cinéma d’auteurs international ainsi que la valeur la plus sûre du circuit.
Une poignée de légendes du cinéma indépendant, des chouchous du festival, des surprises, des déceptions, des polémiques... D’année en année, les
organisateurs s’efforcent d’offrir aux cinéphiles un surprenant cocktail de
films qui serviront à former l’agenda des immanquables de l’année, et
mettre en valeur les œuvres plus à gauche du terrain (voir pour 2012: les
étonnants Holy Motors de Leos Carax et Post Tenebras Lux de Carlos
Reygadas).
Avec quatorze films sur les vingt en compétition officielle, ce sont les
États-Unis et la France qui ont exercé un ferme poigne sur cette 66ème
édition. Du côté transatlantique, c’est une éminente arrière-garde du cinéma indépendant américian qui est venue flâner sur le tapis rouge:
Nebraska du noir satiriste Alexander Payne, Inside Llewyn Davis par les
frères Coen, le biopic télé Behind The Candelabra
du “retraité” Steven Soderbergh, mais aussi l’austère roi du minimalisme Jim Jarmusch, surprenant
les aficionados en s’attaquant à la récente mode
des vampires.
Les productions et co-productions françaises,
elles, ont fourni un mélange de grandes réputations, et de nouvelles coqueluches du circuit. Aux
cotés de légendes comme Roman Polanski et
François Ozon, présentant respectivement La
Vénus à la Fourrure et Jeune et Jolie, l’on a pu y
trouver La Vie D’Adèle de l’excellent Abdellatif
Kechiche (dont on se rappelle sans doute du touchant Le Jeu de l’Amour et du Hasard) ainsi que
Le Passé d’Asghar Farhadi (réalisateur du superbe,
et moult-récompensé, Une Séparation). On aura
noté le retour de Nicolas Winding Refn, le vainqueur du prix du meilleur réalisateur à Cannes il y
a de cela deux ans, avec Only God Forgives, dont
les premières images suggèreraient un somptueux
mais brutal noir dans la veine de son Drive. Tout
ceci est sans compter la solide représentation des
deux nations dans les autres catégories grâce à l’illustre présence de Denis
et Coppola.
L’une des narratives prédominantes, l’année dernière,
lorsque la programmation du festival de Cannes fut
publiée, traitait de l’absence complète de réalisatrices
comme un légitime affront. Avec comme contexte une
édition précédente qui comptait un nombre record de
quatre femmes en sélection officielle, ainsi qu’une
représentation d’environ treize pourcents au sein de la
guilde américaine des réalisateurs, l’étouffement
complet des voix féminines du programme n’en
paraissait que plus injuste.
«Jeune et jolie» de François Ozon. Cannes 2013
Composé majoritairement de femmes, le choix des jurys pour les
diverses catégories de la 66ème édition du festival semblait présager, ou
du moins l’on pouvait espérer, une meilleure “distribution des sexes” en
2013. Or, une nouvelle fois, c’est une atmosphère d’indignation générale
qui s’est formée autour de l’annonce de la programmation le 18 avril dernier. L’Italienne Valeria Bruni Tedeschi sera donc la seule représentante de
la gent féminine au sein de la compétition officielle lors du plus préstigieux événement cinéma de l’année. Plus surprenant encore, on notera la
présence de réalisatrices de renommée : Sofia Coppolla et, surtout, Claire
Denis dans la catégorie secondaire Un Certain Regard, une rebuffade
qu’on aimerait interpréter autrement que comme une relégation.
En effet, la section Un Certain Regard est traditionnellement considérée plutôt comme une plateforme pour des réalisateurs émergeants, passant souvent pour une catégorie de “seconde classe”, à l’ombre des projecteurs. Comparativement, la présence de six femmes au sein d’Un Certain
Regard ne fait-elle pas passer un dangereux message ségregationniste ?
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On regrettera peut-être le considérable déséquilibre de sa sélection
officielle, tant elle restreint la portée internationale de la compétition, mais
c’est sans compter l’encourageant assortiment d’Un Certain Regard et de
la Quinzaine Des Réalisateurs, cette dernière comportant même les deux
jeunes réalisateurs suisses Basil Da Cunha et Kaveh Bakhtiari.
Traditionnellement plus permissives, les deux catégories sont d’habitude
plus accueillantes pour les films à caractère avant-gardiste. Cette année,
elle a même accordé une place d’honneur au cinéma de genre puisqu’on y
trouve un rare film d’horreur! C’est donc peut-être parmi l’étonnante
variété des “moindres” catégories que le cinéphile avide de fraîcheur trouvera son bonheur, loin d’une compétition officielle constellée mais néanmoins prudente.
James Berclaz-Lewis
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Votre parti pris est de vous intéresser à l’homme et non à son
entetien
acte ?
Philippe Godeau
Oui, je me suis intéressé de très près au personnage de Toni Musulin.
L’important pour moi n’est pas le casse, mais l’histoire de cet homme,
convoyeur de fonds depuis dix ans, au casier judiciaire vierge et qui, un
jour, décide de passer à l’action. Comment ce personnage solitaire, pas
syndiqué, sorte d’employé modèle, jamais en retard, très consciencieux,
commet le casse du siècle et bascule dans un autre monde ? Mon sujet est
Toni Muselin, pas ce qu’il a fait. Sa mystérieuse tournure d’esprit s’exprime notamment dans l’édification d’un mur dans le garage qu’il a loué
pour déposer l’argent, derrière lequel il a glissé une pièce de un euro…
Pourquoi ? Un mystère de plus. Alors qu’il est en bons termes (relatifs)
avec ses collègues, il se brouille avec tout le monde, ainsi qu’avec sa compagne, peu de temps avant de passer à l’acte, alors que la tension monte
avec son employeur. Le mobile de son geste serait une vengeance contre
ce dernier, méprisant à son égard, en démontrant les failles de leur système de sécurité, afin de les discréditer aux yeux de la profession et de leur
commanditaire. Tous ces éléments non résolus, ces points d’interrogation
donnaient matière à faire un film.
Producteur de films, Philippe Godeau est passé à
l'écriture et à la réalisation en 2009, avec Le Dernier
pour la route, avec François Cluzet, présenté au Festival
du Film francophone de Bienne. 11.6, sa deuxième
réalisation, est le fruit de son adaptation pour l'écran
du fait divers survenu en 2009, où Toni Musulin,
convoyeur de fonds, a détourné 11.6 millions d'euros,
avant d'en restituer 9,1 et de se rendre à la police.
Dans 11.6, Philippe Godeau s’intéresse à la personnalité énigmatique
de Toni Musulin. Si Toni Musulin a soulevé une vague d’admiration au
moment du hold-up, le réalisateur prend le parti de montrer au contraire
l’antihéros. Rencontre.
Que saviez-vous de Toni Musulin mis à part les articles de
journaux sur le détournement de fonds ?
11.6 est librement inspiré du livre d'Alice Géraud-Arfi, Toni 11.6 Histoire du convoyeur paru en 2011. La journaliste est une des rares personnes qui ait pu approcher Toni Musulin durant son incarcération. L’exconvoyeur lyonnais est placé à l'isolement, officiellement pour ne pas
subir de pressions des autres détenus afin de lui faire révéler la cachette
des 2.5 millions jamais retrouvés.
Avec ma co-scénariste Agnès De Sacy, nous nous sommes énormément
documentés sur Toni Musulin afin de coller au plus près de la réalité.
Ainsi, nous avons rencontré ses anciens collègues, son entourage ainsi que
ses avocats. De façon à obtenir une authenticité maximale, j’ai fait appel
à des convoyeurs professionnels pour incarner les collègues de Toni
Musulin aux côtés notamment de Bouli Lanners. 11.6 a été tourné en
décors réels dans la région Rhône-Alpes, région natale de Toni Musulin.
«11.6» avec François Cluzet © JMH Distribution
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Vous n’avez pas reçu l’autorisation de rencontrer Toni
Musulin ; comment avez-vous travaillé sur la véracité des faits ?
Vous avez rencontrez beaucoup de personnes – anciens collègues, amis – qui vous ont parlé de Toni Musulin ; quelle personnalité
avez-vous découverte ?
Toni Musulin est décrit comme solitaire et peu bavard. Selon ses anciens
collègues, l'ex-convoyeur, surnommé La pince à cause de son avarice,
aurait accumulé de grosses sommes d'argent malgré un salaire modique.
Fils d'immigré yougoslave, il aurait des liens troubles avec l'exYougoslavie. Je me suis demandé pourquoi un homme, sans raison apparente, bascule dans une délinquance au mode opératoire inédit, qui a attiré de la part de nombreux internautes des éloges pour avoir détroussé la
Banque de France, au moment même où l’Occident plongeait dans la crise
financière, en raison de ces mêmes banques.
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Une partie du tournage a notamment été réalisée à Chamonix en HauteSavoie, ville qui aurait servi d'étape dans la cavale de l'ex-convoyeur avant
qu'il ne se rende à la police monégasque. Actuellement placé à l'isolement
à la prison de Corbas dans la banlieue lyonnaise, Toni Musulin n'a eu
aucun contact avec l'équipe du film. J’ai fait une demande pour qu’il puisse voir le film malgré tout.
Que retenez-vous de cet anti-héros peu commun ?
Toni Musulin rêve d’autre chose, d’un ailleurs dans un pays où l’ascenseur
social est en panne. Comme il le dit lui-même : Je suis un homme de première classe qui voyage en seconde.
Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet
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Jean-Pierre Marielle n’était pas très à l’aise en
la tournant. Il fallait beaucoup de délicatesse, de
vérité et d’humanité pour y parvenir. C’est venu
peu à peu. C’est souvent comme ça que les choses se passent.
entretien : jean-pierre marielle et nick quinn
La Fleur de l’âge
Gaspard Dassonville, sexagénaire dynamique, mène une vie effrénée entre son
travail comme producteur de télévision réputé et ses compagnes trentenaires, en
s’obstinant à ignorer tout signe de vieillissement. Mais le grand âge vient le rappeler à son bon souvenir quand il est contraint d’accueillir chez lui son père
Hubert, devenu dépendant. Vieillard bougon et ingérable, Hubert perturbe
l’insouciance de son fils; ce dernier fait appel à Zana, une aide-soignante à
l’imagination débridée qui met de la fantaisie et de la bonne humeur dans les
relations entre le père et le fils. De passage à Lausanne, Jean-Pierre Marielle et
Nick Quinn se sont prêtés à un entretien croisé. Rencontre.
Nick Quinn, vous êtes connu dans le
monde de la vidéo et de la télévision ; vous
réalisez votre premier long métrage. Parleznous de ce passage …
Depuis plus de vingt ans, je savais que je voulais
passer à la réalisation mais le passage n’est pas
évident. J’ai beaucoup réalisé pour la télévision
et fait plusieurs courts. J’attendais le sujet qui
m’inspirerait suffisamment pour passer au long
métrage. Sans que le sujet de La Fleur de l’Age
soit trop autobiographique, il me motivait à tenter l’aventure. De père anglais et de mère française, j’ai passé les dix premières années de ma vie
en Angleterre ; cette double culture m’a permis
de traiter les rapports entre Gaspard et
son père Hubert avec un humour assez
grinçant, car les Anglais sont peu enclins
à se toucher et s’embrasser.
parents perdent de l’importance jusqu’à ce que,
l’âge aidant, on finisse par se retrouver à nouveau. C’est le moment des constats et parfois des
regrets des deux côtés. Il y a dans mon personnage un vrai désespoir. Cette scène où il réussit à
marcher avec l’aide d’un déambulateur après des
semaines d’efforts et où il a cette réplique terrible : « Je marche, et alors ? Je marche vers où ?
»
Nick Quinn : Certaines scènes étaient
difficiles à diriger et à demander aux
acteurs, comme celle de la douche entre
Arditi et Marielle ; comment êtes-vous parvenu à les convaincre ?
En effet, mais il s’agit de plus encore que d'une
histoire de réconciliation entre père et fils, le film
aborde aussi les disparités entre générations,
cette Fleur de l'âge où l'on se bat encore avant de
devoir passer la main, même si les choses peuvent violemment changer. Du jour au lendemain,
on se retrouve orphelin de choses qu’on pensait
naïvement posséder pour toujours.
Qu’aimeriez-vous jouer maintenant ?
Ce que certains auront le courage de me
proposer. Je ne me suis jamais battu pour
un rôle. Dans les années 60, je n’allais
même pas à certaines auditions de cinéma. A cette époque, je jouais, au théâtre,
avec mon copain Rochefort et Delphine
Seyrig. Ca me suffisait.
Qu’est-ce qui vous séduisait
dans ce personnage ?
Je trouvais très émouvantes les retrouvailles entre ces deux hommes qu’on
sent un peu éloignés au début du film.
J’ai moi-même un grand fils. Dans une
vie, on s’aperçoit qu’il y a toujours un
moment où les enfants s’en vont. Les
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Nick Quinn, votre film se veut plus un
film sur une rencontre intergénérationnelle
que sur le grand âge ?
C’est parfaitement exact. J’ai toujours
essayé de rendre familières les silhouettes qu’on me proposait et qui me plaisaient sans chercher à creuser loin... La
relation avec un personnage est une rencontre bizarre, vous savez : vous croyez
le cerner, vous vous racontez des choses
sur lui, vous cherchez un tas d’explications et parfois vous vous trompez. Il
faut laisser venir le personnage à vous.
La rencontre, toujours la rencontre. Vous
savez, dans ce métier, l’âge ne veut pas
dire grand-chose. Il m’est arrivé de faire
des films avec de jeunes réalisateurs qui
tournaient comme des vieux et de travailler avec des vieux extrêmement
inventifs. Peu importe l’âge, seule la
passion commune pour l’art compte. La
Fleur de l’Age raconte le rapprochement
d’un père avec son fils.
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Ah non. Je n’ai tout de même plus l’âge de jouer
les jeunes gens. C’est un personnage peu commode à interpréter mais il y a même beaucoup
de choses qui me plaisaient chez lui : c’est un
homme qui n’est pas complétement dans la vie,
il ne se résigne ni à son âge ni à son infirmité, il
aime prendre des décisions. Et il a de l’humour
- c’est indispensable, l’humour ! J’aimais son
sale caractère, bougon. Il est un peu ambigu, un
peu dérangeant. Ce sont toujours les plus rôles
les plus intéressants à jouer.
Jean-Pierre Marielle : Vous
revendiquez le fait de peu travailler
vos personnages. Les lauriers de plus
de soixante ans de carrière ?
Jean-Pierre Marielle, vous
donnez volontiers leur chance à de
jeunes metteurs en scène ; qu’est-ce
qui vous motive ?
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Jean-Pierre Marielle : Jouer un vieux
monsieur qui perd son autonomie vous
dérangeait ?
Propos recueillis par
Firouz-Elisabeth Pillet
«La Fleur de l’âge» © JMH Distribution
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Ces destins solitaires nourrissent chacun un
conte mais le miracle opère et leurs chemins
finissent par se croiser.
Une bouchée de fraîcheur et d’optimisme
qui met du baume à l’âme et au cœur !
Les films du mois
Firouz E. Pillet
CAMILLE CLAUDEL 1915
de Bruno Dumont, avec Juliette Binoche, JeanLuc Vincent, Robert Leroy
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«Il Commandante et la cicogna» © Filmcoopi
IL COMANDANTE
E LA CICOGNA
de Silvio Soldini, avec Valerio Mastandrea,
Alba Rohrwacher, Giuseppe Battiston. Italie,
2013.
Leo est veuf, sa vie n’est pas facile : il peine
à gagner sa vie avec sa petite entreprise sanitaire
et tente d’être le plus présent pour ses deux
enfants adolescents : Maddalena qui s’est mise
dans une sale affaire et Elia, rêveur et secret, qui
a apprivoisé une cigogne. De son côté, Diana est
peintre, mais sa peinture ne lui permet même pas
de payer le loyer à son propriétaire, Amanzio, qui
erre dans la ville dans l’espoir de la moraliser,
passant le reste de ses journées à apprendre des
langues étrangères. Lors d’une de ses pérégrinations urbaines, il rencontre Elia et ils deviennent
amis. Du haut de son piédestal, un Garibaldi ronchon commente toute cette agitation, doté de la
sagesse de son expérience.
Le cinéaste italo-suisse Silvio Soldini livre
un nouveau film choral dont les personnages tentent de régler leurs problèmes (sentimentaux,
entre autres) sur fond de crise économique dans
une Italie corrompue. Le réalisateur a écrit Le
commandant et la cigogne avec ses fidèles collaborateurs Doriana Leondeff et Marco
Pettenello, réalisant un film hautement poétique
et original, une sorte de fable moderne qui passe
a
en revue les maux de la péninsule italienne, du
chaos politique à la corruption, en passant par les
manques de repères de la jeune génération.
L’ouverture fait songer à une comédie musicale
qui se mue rapidement en un film insolite, empli
d’esprit et de poésie, un film dans lequel Soldini
se régale à tourner dans le registre surréaliste qui
laisse libre cours aux commentaires et aux
conseils des statues qui parlent ; un adolescent se
confie à une cigogne devenue sa meilleure confidente ; l’apparition bienveillante de la défunte
femme de Leo - venue lui prodiguer des conseils,
le rassurer, l’épauler de l’au-delà - ne semble pas
aussi paisible qu’on l’imagine. Malgré les difficultés et les soucis du quotidien, l’amour et
l’espoir demeurent les moteurs de ces individus.
Ce film rappelle la fraîcheur et l’onirisme
de Pane e Tulipani et Agata et la tempesta, girata. Turin, la ville du tournage, reste difficilement
reconnaissable grâce à la mise en scène soignée
de Paola Bizzarri dont émane une constante légèreté. Doté d’un humour fin, bienvenu quand
Soldini aborde des sujets délicats – la perte d’un
être cher, la sexualité des jeunes et ses dérapages,
la paupérisation – ce film est une tentative bienheureuse à sortir du marasme socio-économique
de l’Italie. Au fil des réalisations, Soldini a fondé
une famille d’acteurs que l’on retrouve ici :
Valerio Mastandrea en entrepreneur sanitaire ;
Alba Rohrwacher en artiste rêveuse et idéaliste ;
Giuseppe Battiston en polyglotte contestataire.
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Peut-être le meilleur film de Bruno Dumont,
ce qui n’est pas peu dire s’agissant de l’auteur de
Flandres, Hors satan et du sublime Hadewijch,
souvent comparé à Bresson ou Pialat.
On connaît la vie de Camille Claudel grâce
à Anne Delbée et à son roman Une femme publié
en 1982, puis, en 1988, par le film de Bruno
Nuytten, Camille Claudel, avec Isabelle Adjani,
et Gérard Depardieu dans le rôle d'Auguste
Rodin. Née en 1864, Camille Claudel fut l’élève
puis l’amante et la potentielle rivale de Rodin.
Séparée de lui, elle se consacre à son art tout en
développant un sentiment de persécution délirant, que l’absence de reconnaissance de l’Etat
qui ne lui fit tardivement qu’une seule commande, ne fait que renforcer. En 1913, elle est internée à l’instigation de sa famille.
Supposant ces faits à peu près connus du
spectateur, Bruno Dumont tourne le dos au biopic pour s’attacher au récit de quelques journées
de Camille Claudel, en 1915, attendant puis recevant la visite de son frère, l’écrivain Paul
Claudel, dans l’asile psychiatrique-monastère du
Vaucluse où elle est enfermée depuis le début de
la guerre.
Pour Camille tout n’est qu’attente, ennui,
espoir (elle prie pour retrouver « sa chère famille
et son cher travail ») dans sa terrible solitude.
« Je suis ici sans savoir pourquoi » dit-elle au
vieux médecin tout en lui livrant des éléments
d’explication la montrant plus lucide que paranoïaque (l’abandon de sa famille qui, dit-elle, ne
la fera jamais sortir, manipulée qu’elle est par
Rodin instigateur des spoliations - héritage, œuvres, atelier - dont elle s’estime victime).
C’est sur le visage sans maquillage d’une
Juliette Binoche comme on ne l’a jamais vue,
ayant apparemment dépouillé tout son savoirfaire d’actrice, que le spectateur scrute les émotions de l’hyper émotive Camille. La joie la submerge à l’annonce de la venue tant attendue de
Paul (excellent Jean-Luc Vincent), sommet du
film. Dumont prend le temps de montrer Paul
Claudel rédigeant avant la visite des pages de ses
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Carnets ou s’entretenant avec un moine : la nature de son catholicisme mystique s’en trouve précisée (récit de sa conversion derrière un pilier de
Notre-Dame ; tentation de la sainteté ; acquiescement total à la volonté divine).
On n’en comprend que mieux le sens du
silence glacé qu’il oppose aux demandes de sa
sœur. Seule le fait réagir son exclamation « Alors
c’est la volonté de Dieu de me laisser pourrir
dans cet asile ? » Sa réponse : « Dieu nous éprouve pour qu’on connaisse les secrets de sa sagesse en nous laissant tomber dans le péché ». La
suite est donnée par un texte se déroulant en fin
de film : Camille passe les 29 dernières années
de sa vie dans cet asile. Elle meurt en 1943 à 79
ans. Paul la visite régulièrement, mais n’assiste
pas à son enterrement. Son corps repose dans un
caveau collectif et n’a jamais été retrouvé.
Cette puissante invitation à la méditation sur
les artistes suicidés de la société n’est pas sans
rappeler le Van Gogh de Pialat. Méditation servie
par la beauté formelle (on pense à Chardin et
Léonard pour l’image ; à Ozu pour la durée des
scènes) de ce film contemplatif et rigoureux. Pas
de musique sauf pour le générique de fin
(Magnificat de Bach sur le nom de Bruno
Dumont).
Christian Bernard
«Camille Claudel, 1915»
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CLIP
de Maja Miloš, avec Isidora Simijonovic, Vukasin Jasnic, Sanja Mikitisin. Serbie,
2013.
des scènes très explicites dans lesquelles rien ne
nous est épargné, la pornographie, omniprésente, qui pervertit le rapport au sexe des adolescents. Le malaise persiste, sans doute au fait que
l’actrice principale, censée avoir seize ans, n’en
«Clip» © Mont blanc Distribution
Jasna, une adolescente de 16 ans, s’ennuie
dans sa petite ville en périphérie de Belgrade,
entre les cours du lycée et la vie chez elle, où ses
parents n’arrivent plus à dialoguer avec elle.
Comme les autres jeunes de son âge, ses seules
préoccupations sont de faire la fête, de rencontrer
des garçons et de se filmer en permanence avec
son téléphone portable. Jasna tombe folle amoureuse de Djole, un garçon de son école. Prête à
tout pour lui plaire, Jasna sombre vite dans les
excès de l’alcool, du sexe et de la drogue.
Lors de la projection de Clip, on songe
immédiatement à Kids, de Larry Clark. À la différence notoire que la réalisatrice, à peine trentenaire, est moins âgée que l'auteur américain.
C'est bien là que réside la surprise de ce film :
dans la capacité et l’audace de la réalisatrice à
saisir les humeurs et les heurts d'une jeunesse
plus à l'aise avec le sexe débridé, voire pornographique, que dans l’expression de ses sentiments.
Mais rapidement un sentiment de malaise croissant s’installe face à l’évidente complaisance de
la cinéaste à insister sur certains plans.
Puisant son inspiration dans des vidéos glanées sur YouTube, filmées par des adolescents
depuis leurs portables, la réalisatrice Maja Miloš
a décidé de mettre en scène la jeunesse de son
pays. Cherchant à glisser Clip dans le moule du
documentaire afin de rester proche d’une certaine réalité, la cinéaste entretient une incessante
alternance entre des images censées être capturées à l’arraché par sa protagoniste Jasna et la
routine d’un quotidien morose.
La réalisatrice serbe se justifie, avançant son
intention de dénoncer la perte de repères de la
jeunesse serbe et son désespoir. Elle dénonce, via
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avait que quatorze lors du tournage. La cinéaste
de légitimer la violence de certaines scènes en
arguant que les jeunes acteurs ont été très encadrés, en présence de leurs parents, et que toutes
les scènes périlleuses ont été longuement discutées en amont.
Mais la provocation cesse de convaincre
pour céder place rapidement à la complaisance.
Cette succession d’images est une véritable
claque qui devient inutile en l’absence de propos
concrets. Il faut avoir le cœur solide mais surtout
le regard bien accroché devant ce film dont on
peine à déceler une prétendue sensibilité qui s’étiole face à cet exhibitionnisme et cette violence
qui demeurent les seuls moteurs de ce premier
long-métrage. Ames sensibles, en particulier
parents d’ados, s’abstenir !
Firouz E. Pillet
LE GRAND
RETOURNEMENT
de Gérard Mordillat avec Jacques Weber,
François Morel, Edouard Baer, Frank De La
Personne, France 2013
Sur le fond: une analyse convaincante de la
crise financière et sa transformation en crise
sociale, passant par le rôle respectif des banques,
des marchés et de l’Etat. Pour la forme: une fable
brechtienne farcesque.
Romancier et cinéaste, accessoirement
homme de radio, longtemps soutien du PCF et
aujourd’hui du Front de gauche, ancien responsable des pages littéraires du journal Libération,
Gérard Mordillat est l’auteur d’une vingtaine de
films dont, avec Jérôme Prieur, les séries docu-
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mentaires télévisées diffusées
sur Arte traitant du christianisme : Corpus Christi, L'Origine
du christianisme, L'Apocalypse.
Adapté d’une pièce de
Frédéric Lordon, économiste,
directeur de recherche au CNRS,
D’un retournement à l’autre, le
film conserve délibérément les
traces de son origine théâtrale.
En effet le texte est en alexandrin, le plateau est une usine désaffectée, les changements de
décors se font à vue par les
comédiens eux-mêmes. Rien de
naturaliste donc. Le texte
transporte d’emblée le spectateur du côté de
Molière et Racine (le directeur de la banque centrale aux banquiers : « Et pour être complet il
faudrait
ajouter
Qu’après tous vos clients c’est moi que vous braquez » ). Une façon de dire que la France d’aujourd’hui vit sous l’Ancien Régime.
Le problème vient du filmage de cette adaptation. Les comédiens en font des tonnes ce qui
est de bonne guerre dans une charge, mais s’accommode mal du plan rapproché ou du gros plan
de règle ici. Seuls Jacques Weber, en banquier, et
François Morel en conseiller du président de la
République, apportent quelques nuances de jeu.
Une autre faiblesse tient à la psychologie
que Mordillat ne peut éviter de prêter aux personnages, banquiers, président, conseillers : elle
n’est simplement pas crédible. Dommage car on
n’oublie pas que le premier film de Mordillat
coréalisé avec Nicolas Philibert en 1979, La Voix
de son maître, nous en apprenait infiniment plus
sur la psychologie des chefs d’entreprise à qui il
donnait la parole. Reste, on l’a dit, une analyse
convaincante des responsabilités et complicités
au plus haut niveau à l’origine de la crise.
«Le grand retournement»
Globe, de l’Oscar et du César du meilleur film
étranger. Le public ne s’y est pas trompé : film
iranien le plus vu en Suisse comme en France
avec un million d’entrées, Une Séparation a été
reconnu comme le très grand film qu’il est.
Pour beaucoup, la découverte de Farhadi
date de 2009 avec A propos d’Elly, histoire d’un
groupe d’amis réunis pour un wek-end au bord de
la mer Caspienne, que la presque noyade d’un
enfant suivie de la disparition soudaine de l’énigmatique Elly, invitée de dernière minute, va bouleverser. Entre A propos d’Elly, Une Séparation
et Le Passé, une évidente continuité tant le propos de Farhadi est constant : montrer qu’il n’y a
pas une mais des vérités (chacun la sienne) en
matière de relations amoureuses, filiales ou amicales; inviter le spectateur à comprendre plutôt
qu’à juger. Farhadi était attendu pour ce premier
film tourné en France avec un acteur iranien parlant français, Ali Mosaffa (Une Séparation) et
des acteurs français. La greffe prend parfaitement dans cette histoire ni iranienne, ni française, simplement humaine. Ahmad revient d’Iran à
Paris après quatre ans de séparation d’avec Marie
pour finaliser leur divorce.
Marie a une fille adolescente
attachée à Ahmad bien qu’il
ne soit pas son père, un nouveau compagnon encore
marié ayant lui-même un
petit garçon… Entre eux des
relations difficiles souvent
explosives qu’Ahmad va tenter d’apaiser en médiateur,
en catalyseur permettant
chez les autres l’émergence
d’anciens non-dits.
Comme chez Ibsen,
dont Farhadi possède la puissance, c’est par la parole
(« On doit discuter », « il faut qu’on parle ») que
se révèlent les nœuds de contradictions, de culpabilités, de névroses - et d’amour liant les personnages, miroirs les uns des autres. Contradictions
non résolues pour ces personnages constamment
face à un dilemme, à la croisée des chemins entre
fidélité à un passé toujours là et désir d’aller de
l’avant.
On laissera au spectateur le plaisir de découvrir les rebondissements de l’histoire révélant
autant de facettes chez les personnages, tout
comme le plaisir de découvrir les formidables
idées de mise en scène dans ce film qui fait le
choix du plan fixe (plus de caméra portée comme
dans Une Séparation), privilégiant par là même
le point de vue des protagonistes. Ainsi au début
du film, alors que Marie, venue chercher Ahmad
à l’aéroport, l’aperçoit enfin, on les voit alternativement de face essayant de communiquer mais
on ne les entend pas: on réalise alors qu’ils sont
séparés par une vitre alors qu’ils se retrouvent
pour divorcer après 4 ans de séparation…
Outre ses qualités de dramaturge et de metteur en scène, Farhadi confirme être un grand
Christian Bernard
LE PASSÉ
d’Asghar Farhadi avec Bérénice Béjo, Tahar
Rahim, Ali Mosaffa
En compétition à Cannes dans la sélection
officielle, en salle depuis le 22 mai, on ne sait pas
au moment d’écrire ces lignes si Le Passé aura
été distingué par le Jury présidé par Steven
Spielberg. Si c’est le cas, Le Festival de la
Croisette aura emboité le pas à la Berlinale qui
avait attribué l’Ours d’or du meilleur film en
2011 à Une Séparation, précédent film d’Asghar
Farhadi, par ailleurs couronné d’un Golden
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«Le passé» d’Asghar Farhadi
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directeur d’acteurs. Bérénice Béjo qui n’était que
charmante dans The Artist donne force et consistance à Marie, la plus décidée et la plus extravertie des personnages, Tahar Rahim (Un prophète)
est très solide dans le rôle de son compagnon
Samir, tout comme Ali Mosaffa dans celui
d’Ahmad.
Christian Bernard
LE DERNIER DES INJUSTES
de Claude Lanzmann. France, 2013.
Claude Lanzmann, auteur de Shoah, documentaire sur l'extermination des Juifs par les
Nazis, se penche sur un autre pan de ce chapitre
ténébreux de l'histoire du XXe siècle avec Le
dernier des injustes sur le “ghetto modèle“ de
Terezin, près de Prague, et la personnalité contestée du dernier “doyen des juifs“. Présenté le premier dimanche du Festival de Cannes hors compétition, le documentaire recourt pour la première fois au long témoignage, recueilli par Claude
nazi Adolf Eichmann pour leurrer le monde occidental, d’une part, d'autre part parce qu'il servait
de vitrine idyllique du modèle nazi lorsque les
dirigeants de l'Ouest ou de l'ONU annonçaient
leur visite. Les images de propagande mettent en
scène des enfants joyeux interprétant Brundibár
ou des personnes âgées dans une maison de
retraite paisible ou encore des dessins réalisés par
d'anciens détenus. Le documentaire de
Lanzmann rappelle qu'à Terezin, par laquelle passèrent près de 150.000 hommes, femmes,
vieillards et enfants, fut atteint le “sommet de la
cruauté et de la perversité nazie“, dans “une combinaison unique de mensonge et de violence
nue“, selon les termes de Lanzmann.
Le documentaire passionnant de 3h30 propose un nouvel éclairage de la solution finale
grâce à ce témoin unique et controversé. Le rabbin Benjamin Murmelstein avait été chargé avant
par Eichmann d'organiser à Vienne l'émigration
forcée des juifs d'Autriche à partir de l'été 1938
jusqu'au déclenchement de la guerre. Il luttera
“Le dernier des injustes“ comme se qualifie
lui-même Murmelstein en référence au “Dernier
des Justes“ d'André Schwarz-Bart, parle du rôle
contesté des conseils juifs. Auteur en 1961 d'un
livre en italien sur le ghetto, relatant les luttes de
pouvoir à Terezin, le rabbin confesse son goût du
pouvoir, rappelant que tous étaient martyrs. Avec
une prétention guère dissimulée, le rabbin se
compare à Shéhérazade racontant un conte, feignant d'être la marionnette des nazis pour “me
sauver et sauver le ghetto“.
Son plaidoyer semble bien peaufiné mais le
doute surgit quand on songe que les deux rabbins
précédents ont été tués d'une balle dans la nuque,
l'un à Terezin, l'autre à Auschwitz.
Comme le souligne le documentaire de
Lanzmann, le doute persiste : accusé de collaboration avec l'ennemi par un certain nombre de
juifs, Benjamin Murmelstein a été arrêté en 1945
et emprisonné par la justice tchèque pendant dixhuit mois avant d'être acquitté. Il s'est exilé ensuite à Rome où il est décédé en octobre 1989.
«Le dernier des injustes»
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Lanzmann en 1975 à Rome, de Benjamin
Murmelstein, dernier président du conseil juif du
ghetto de Terezin, ou dernier “doyen des juifs“
selon la terminologie nazie. Rappelons que les
conseils juifs avaient été établis pour faire régner
l'ordre allemand dans les ghettos. S'insurger
contre l'ordre établi engendrait la mort.
Terezin (Theresienstadt en allemand), créée
en septembre 1941, a été appelée aussi la ville
“donnée aux juifs par Hitler“, pour les autres, le
ghetto du mensonge, puisque élu par le criminel
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ensuite pour en faire sortir plus de 121.000. Parce
qu'il a bien connu Eichmann, il s'insurge contre
ceux - dont la philosophe allemande Hannah
Arendt - qui le considéraient comme un simple
gratte-papier obéissant. “C'était un démon“,
affirme avec véhémence le rabbin qui ne comprend pas pourquoi, au procès d'Eichmann en
Israël, sa participation à la Nuit de cristal n'a pas
pu être prouvée, lui qui l'a vu de ses propres yeux
participer au saccage de la synagogue de la
Seitenstettengasse de Vienne.
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Le cinéaste de conclure qu'il n'y a pas eu de
“vrais collabos“ chez les Juifs à part un groupuscule à Vienne, “de vrais tueurs“. Lanzmann souhaite que son documentaire permette à
Murmelstein de gagner “plus de compréhension,
d'empathie et que les procureurs se calment“. A
vous de juger !
Firouz Elisabeth Pillet, de Cannes 2013
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Une fenêtre ouverte
sur le monde…
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CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE
PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR
LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ
PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
Darina Al Joundi, auteur et comédienne
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festivals au spoutnik
50 JPG-cinéma
et Bill Murray
Deux événements au Spoutnik en juin mettront les cinéphiles à la fête.
Le festival des 50 JPG (50 Jours pour
la_photographie à Genève) est une triennale
initiée par le Centre de la photographie Genève
(CPG) en 2003. Partenaire de l’édition 2013, le
Spoutnik présente sur deux week-end (8 et 9
juin; 15 et 16 juin) un programme de films qui,
selon des modalités diverses, interrogent la
croyance du spectateur à travers la nature double de l’image - à la fois analogue au réel et
simulacre. L’occasion rare de voir des films de
Peter Watkins, William Karel, Harun Farocki,
Chris Marker, Jim McBride, Shohei Imamura.
A noter la reprise du plus récent film de Joana
Hadjithomas & Khalil Joreige présenté à NyonVisions du Réel au mois d’avril.
Le festival du film de Bill Murray permettra de voir entre le 5 et le 21 juin quelques-uns
des meilleurs films de l’acteur américain dont le
jeu pince-sans-rire et la présence faite d’absence en fait une preuve vivante que less is more.
Seront à l’honneur, les films de Wes Anderson
bien sûr, mais aussi d’Ivan Reitman, Sophie
Coppola, Tim Burton, Jim Jarmush, la plupart
en 35mm.
Bretagne – 1965 – 48min – VOstFR
19h PUNISHMENT PARK / Peter Watkins –
USA – 1970 – 88min – VOstFR - 35mm
Dimanche 16 juin :
18h TERRE SANS PAIN (Las Hurdes, tierra
sin pan) / Luis Bunuel – Espagne – 1933 –
27min – VostFr – DVD
+ L'AMBASSADE (1973) / Chris Marker –
France – 1973 – 20min – VF – Format ?
19h AN IMAGE / Harun Farocki – Allemagne
– 1983 – 25min – VostAng – 16mm
+ INDUSTRY AND PHOTOGRAPHY / Harun
Farocki – Allemagne – 1979 – 44min
dimanche 9 juin à 16h :
THE FANTASTIC MR FOX / Wes Anderson 2009 - USA
lundi 10 juin à 21h :
THE LIFE AQUATIC WITH STEVE ZISSOU
(la vie aquatique) / Wes Anderson - USA - 2004
mardi 11 juin à 21h :
LOST IN TRANSLATION / Sofia Coppola USA/Japon - 2003 mercredi 12 juin à 21h :
ED WOOD / Tim Burton - USA - 1994
vendredi 14 juin à 21h :
STRIPES (les bleus) / Ivan Reitman - USA 1981 - 106 min
samedi 15 juin à 21h :
GHOSTBUSTERS (S.O.S. fantômes) / Ivan
Reitman - 1984 - USA
dimanche 16 juin à 16h :
THE ROYAL TENENBAUMS (La famille
Tenenbaum) / Wes Anderson - USA - 2001
dimanche 16 juin à 20h :
MOONRISE KINGDOM / Wes Anderson USA - 2012
lundi 17 juin à 21h :
THE LIMITS OF CONTROL (les limites du
contrôle) / Jim Jarmush - USA - 2009
Christian Bernard
Programme 50JPG - CINEMA
Samedi 8 juin :
19h OPERATION LUNE / William Karel –
France – 2002 – 52min – VF – DVD
20h THE LEBANESE ROCKET SOCIETY /
Joana Hadjithomas & Khalil Joreige – France /
Liban – 2013 – 95min - VOstFr
Dimanche 9 juin :
18h DAVID HOLZMAN'S DIARY / Jim
McBride – USA – 1967 – 74min – VostFR
20h L'EVAPORATION DE L'HOMME /
Shohei Imamura – Japon – 1967 – 130min –
VostFr – 35mm
Samedi 15 juin :
17h30 IN DREAMLAND / Dominique Fleury Suisse - 16min - 2007 - VOstFR
18h WAR GAME / Peter Watkins – Grande
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Bill Murray dans «Lost in Translation» de Sofia Coppola
Programme BILL MURRAY
mercredi 5 juin à 21h :
GROUNDHOG DAY (un jour sans fin) /
Harold Ramis - 1993 - USA
jeudi 6 juin à 21h :
FILM SURPRISE - gratuit
vendredi 7 juin à 21h :
QUICK CHANGE (Hold-up à NY) / Howard
Franklin & Bill Murray - USA - 1990
samedi 8 juin à 22h30 :
ZOMBIELAND (Bienvenue À Zombieland) /
Ruben Fleisher - USA - 2009
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mardi 18 juin à 21h :
RUSHMORE / Wes Anderson - USA - 1999
mercredi 19 juin à 21h :
WHERE THE BUFFALO ROAM / Art Linson USA - 1980
jeudi 20 juin à 21h :
MAD DOG AND GLORY / John McNaughton
- USA - 1993
vendredi 21 juin à 21h :
MEATBALLS (Arrête de ramer, t'es sur le
sable) / Ivan Reitman - USA - 1979
www.spoutnik.info
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Le directeur administratif de la phalange genevoise, Andrew
Ferguson, confirme que la volonté commune de la nouvelle direction est
de donner plus de cohérence et de consistance aux productions musicales
de l’OCG, de favoriser les coproductions locales et le dialogue avec les
différentes institutions du canton.
saison 2013-2014 de l’ocg
Au diapason
de sa région
Stimuler la transmissions musicale
Le 24 septembre prochain verra l’OCG donner son premier concert de la saison sous la direction d’un
nouveau chef déterminé et enthousiaste, Arie van Beek.
Il n’est certes pas un inconnu dans la maison et
compte bien poursuivre le travail ambitieux de son
prédécesseur, mais en inscrivant l’identité musicale de
l’OCG plus profondément encore dans l’action
culturelle locale. Un rôle décisif que la formation genevoise doit incontestablement tenir à travers une programmation cohérente et diversifiée.
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L’Orchestre de Chambre de Genève n’a pas fini de nous surprendre.
Lui qui a su jouer avec panache la carte de l’ouverture et de l’audace sous
l’ère formatrice de David Greilsammer, marchera désormais dans les traces du chef néerlandais Arie van Beek, qui sait allier émotion et rigueur,
percution et sensibilité orchestrale. (c.f. entretien Arie van Beek, in
Scènes-Magazine de février 2013)
Tout en demeurant dans une certaine continuité qui permettra aux
fidèles de l’OCG de retrouver la structure générale de la programmation,
les projets musicaux de la saison 2013-2014 illustrent d’ores et déjà cette
volonté de faire de l’orchestre un vecteur régional stimulant de la transmission musicale, afin de toucher des publics divers et d’être présent au
sein des différentes manifestations culturelles de la vie genevoise. Dès le
1er septembre au Festival de la Bâtie avec The Desintegration Loops de
Basinski sous la direction de Ryan McAdams. Les 2 octobre et 3 novembre, une présence attendue au sein du Wagner Geneva Festival, avec entre
autres une thématique « Wagner et la Suisse » proposée par le chef
Thomas Rössner, rompu à cet exercice. L’OCG se produira également au
Victoria-Hall le 20 octobre, dans le cadre des Concerts du dimanche, pour
des exécution de pièce de Ravel, Poulenc, Wagemans et Honegger qui
donnera un aperçu du talent et de l’éclectisme d’Arie van Beek et des qualités sonores du piano de Ronald Brautigan. L’OCG sera également partie
prenante lors des Concerts d’Automne à Carouge le 10 novembre, avec un
programme qui ira de Haendel à Poulenc, en passant par Mozart et par
l’Adagio pour cordes de Bruckner. L’orgue de l’Eglise Sainte-Croix sera
alors tenu par l’étonnant Marcelo Giannini. Le traditionnel Concert de
l’Avent verra l’OCG se produire à Villars-sur-Glâne le dimanche 15
L’Orchestre de Chambre de Genève © Gregory Batardon
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décembre pour créer une musique de film de Mario Beretta, Vitus, sous la
direction de Jérôme Kuhn.
Collaborations
Collaboration toujours fructueuse avec le Cercle Jean-Sébastien
Bach, à la Cathédrale de Genève, le 22 décembre prochain. L’Oratorio de
Noël et les Cantates I, V et VI seront dirigée par Natacha Casagrande et
chantés par un quatuor vocal particulièrement séduisant : la soprano
Marina Lodygensky, l’alto Miyoug Kim, le ténor Bernhard Hunziker et le
baryton Stefan Vock. A ne manquer sous aucun prétexte.
Preuve supplémentaire de la volonté de l’OCG de se produire dans ce
qu’on nomme désormais « la première couronne genevoise », un concert
à Meyrin, le 13 mars 2014, et qui aura pour fil rouge « Le concerto dans
tous ses états » sous la houlette de l’inégalable Philippe Béran et animé par
Jean Deperrex, soliste de l’OCG ; au programme : Antonio Vivaldi, Karl
Ditters von Dittersdorf et Félix Mendelssohn !
bre, cadre insolite s’il en
est pour l’OCG qui une fois
encore sait aller à la rencontre d’une institution des
fêtes de fin d’année au centre-ville.
En 2014, sera également reconduite la formule
des Ateliers-Rencontres, à
l’occasion desquels le
maestro van Beek présentera et dirigera au Studio
Ernest-Ansermet des séances orchestrales qui tenteront de répondre à deux
questions passionnantes : A
quoi sert le Maestro et
qu’est-ce que la danse en
musique ?
Et puis, les estivants
mélomanes retrouveront
avec plaisir l’OCG dans la
Cour de l’Hôtel-de-Ville,
Arie van Beek © Gregory Batardon
en collaboration avec
l’Opéra de Chambre de Genève sous la direction de Franco Trinca, en
juillet 2014.
Ambitions
Cette programmation parle donc d’elle-même, elle affiche les ambitions à venir de l’OCG, de son chef exigeant Arie van Beek et de son directeur administratif volontaire Andrew Ferguson, celles de faire vibrer l’orchestre d’un bout à l’autre du territoire genevois, tout en préservant l’indispensable série de concerts de soirée, au nombre de sept la saison prochaine, principalement donnés au BFM. De septembre 2013 à juin 2014, un
répertoire qui du baroque au contemporain témoignera de la très grande
amplitude des choix et des affinités d’Arie van Beek qui titre ces concerts
de façon éloquente : « Néo-classique » (Bartok, Stravinsky, Mozart),
« Trompettes et guerre » (Vivaldi, Schnittke, Biber, Haydn), « Concerto
Grosso » (Haendel, Adams, Barber, Chostakovitch), « De Londres à Bâle »
(Haydn, Bartok), « Pâques » (Frank Martin), « Open Bach » (Bach, Martin,
Beethoven), « Carte Blanche », offerte la saison prochaine à l’immense violoniste Gordan Nikolich : la surprise demeure.
Ronald Brautigam © Marco Borggreve
Le 26 mars donnera à entendre une véritable collaboration musicale
avec le Chant Sacré de Genève, avec entre autres, la Missa in honorem
Sancti Andrea de Ferenc Farkas, le Magnificat de Villard commandé par le
Chant Sacré pour une création mondiale. Enfin, un concert intitulé « Pop
and Plug » avec l’OCO-MOTION et Philippe Béran, car s’il est bien de
jeunes pousses musicales avec lesquelles l’OCG se doit de collaborer,
c’est avec l’Orchestre et le chœur du Cycle d’Orientation et de l’ECG, et
de surcroît, dans une salle comme le Victoria Hall. Quel rayonnement pour
de jeunes amateurs !
N’oublions pas le bien nommé « Concert de Noël » qui aura lieu cette
année sous les projecteurs de la piste du Cirque de Noël, le jeudi 5 décem-
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Arie van Beek explique qu’il souhaite intégrer peu à peu des ingrédients nouveaux et particuliers durant un cycle de trois ans de concerts qui
s’efforcera de consolider le travail et les acquis de l’orchestre. Van Beek sera
à la fois le directeur artistique et musical de l’OCG, précision qui a son
importance quand on veut aller vers plus de cohérence, vers une étroite collaboration accentuée avec la Ville et l’Etat de Genève et vers une politique
de coproductions, de dialogue retrouvés avec les institutions musicales en
présence dans une région genevoise si riche en énergies artistiques diverses.
Louables perspectives !
Jérôme Zanetta
Plus d’infos sur : http://www.locg.ch/
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christian benda à genève
Entre le Rhône
et la Vltava
L'interprète ne dédaigne pas non plus la
technique: On lui doit également un système
original pour tenir un violoncelle !
Une origine tchèque qu'il revendique; une naissance au Brésil; un père qui
avait acquis le passeport helvétique; de nombreuses années passées en
Suisse romande. Portrait de Christian Benda, un “citoyen du monde“
résidant désormais au Tessin !
Descendant d'une dynastie de compositeurs
tchèques comparable à celle des Bach, Christian
Benda est violoncelliste, chef d'orchestre et
compositeur, selon la définition donnée par le
«bottin» des musiciens classiques. Mais
encore ? Qui est-il précisément ?
Famille
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L'artiste se veut «musicien», car il pratique
aussi la composition en parallèle du concert, en
rédigeant des introductions pour certaines œuvres. La production des ancêtres, la famille de
façon générale, compte ! Son père, dont l'influence a été immense, était pianiste; il a joué
un répertoire étendu et a partagé un prix avec
Daniel Barenboïm; ses cinq frères et sœurs sont
dans le milieu musical !
Les enregistrements incluent un
grand nombre de textes de ses ascendants: George Anton Benda, Frantisek
Benda, et Jan Jiri Benda, compositeurs du
XVIIIe siècle. Le concertiste aime rappeler que Jiri Antonin Benda était admiré
par... Mozart ! Wolfgang Amadeus aurait
repris, pour son Requiem, un motif de son
confrère tchèque. Beaucoup de CD, parus
chez Naxos, portent le patronyme de
Benda, sur plusieurs rubriques !
Parmi ses engagements, il y a la
direction d'orchestre du “Prague
Sinfonia“, créé à l'initiative de Vaclav
Havel.
Du côté de sa mère, une aïeule s'est
produite avec Clara Schumann ! C'est
dire si la musique est fortement ancrée en
lui !
der une partition; Christian Benda se veut
médium. «Une œuvre musicale est une création
ouverte, comme un jardin. Dans toutes les
sociétés, il y a des différences de perception,
selon des contextes dissemblables. Tous ces
contextes évoluent dans le temps et dans l'espace. La musique évolue, et la vérité esthétique de
mon grand-père et de ses ancêtres n'était pas
plus pertinente que la mienne. La musique
change sans cesse, c'est un être vivant.
Autrement, elle est bonne pour le musée» a-t-il
expliqué à un journaliste new-yorkais. La soirée
genevoise, avec une phalange italienne, se profile sous le signe de la quête.
Sa carrière l'a emmené partout: à Paris, où
il a été l'élève de Pierre Fournier, mais aussi
pour des séjours de durée variable à Vienne,
Londres, Rome, New-York, Hong-Kong, Milan,
Budapest, Varsovie, Singapour, Bucarest,
Florence, Zurich, Shanghai, São Paulo, et bien
évidemment Prague... ! Il a développé et cultive
encore un goût pour les ambiances culturelles
variées dont le concert témoignera.
Ses voyages musicaux vont de pair avec
une participation dans l'humanitaire, considéré
au sens large: le virtuose s'investit en faveur des
droits humains; il est ambassadeur des Droits de
l'homme auprès du CICR à Genève et s'engagé
contre la peine de mort et le don forcé d'organes; il milite dans plusieurs comités en faveur
d'une gestion responsable du climat. On lui doit,
sur ces sujets, des textes et poèmes écrits directement en français.
Personnage non dénué d'humour, Christian
Benda a participé à l'émission radiophonique «les Dicodeurs», en janvier 2013.
La soirée genevoise pourrait se teinter de
surprise et de drôlerie !
Pierre Jaquet
12 juin 2013 à 20 h. Bâtiment des forces motrices à
Genève. Avec l'Orchestre Philharmonique de Turin
&
Francesca Dego (violon)
FRANZ SCHUBERT (1797-1828) : Ouverture
dans le style italien en do majeur D.591
FÉLIX MENDELSSOHN (1809-1847) : Concerto
pour violon en mi mineur op. 64
NICOLA CAMPOGRANDE (né en 1969) /
«Banksy promenade» / commande de L'Orchestre
de Chambre de Genève et l'Orchestra Filarmonica
di Torino, création mondiale 2013
LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827) :
Symphonie N°8 en fa majeur op. 93
Location : 022/807.17.90 / [email protected] (lunven 9h30–12h/ 14h30–16h), www.ticketportal.com
Vivre la musique ?
Entendre en découvrant des portées,
c'est opérer un choix interprétatif. La
sonorité est un élément central pour abor-
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Sur tout le globe
Christian Benda
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www.superposition.info
www perposition. iinfo
Genève, été 2013
classique, jazz
musiques colorées
www.musiquesenete.ch
LOCATION : Classique et jazz : Maison des arts du Grütli s
Espace Ville de Genève s Genève Tourisme s Cité Seniors s
Sur place : une heure avant chaque concert s Billetterie en
Musiques colorées : concerts gratuits
ligne sur le sitetMusiques
Partenaires médias :
Genève, ville de culture
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chapelle de l’oratoire
genève
Katia Baltera
Cravetti
Fête
de la Musique
La mezzo soprano genevoise donnera un récital
le jeudi 6 juin dans la salle de la Vieille-Ville qu’elle
affectionne. Il aura l’originalité de marquer les
premiers pas d’un ensemble à géométrie variable que
l’artiste souhaite porter sur les fonts baptismaux.
L’occasion d’une rencontre.
La 22ème édition se déroulera les 21, 22 et 23 juin
prochains, et ces trois jours de festivités transformeront
l’espace urbain en accueillant, dans les rues piétonnes
et les places de la ville et des communes environnantes,
des concerts, des fêtes et des rencontres.
Celle qu’on a pu entendre à maintes reprises en Suisse romande
depuis plus de 10 ans dans des récitals de Lieder accompagnés par son pianiste attitré, Alain Porchet, a également chanté à Moscou, en Corée, en
Chine et en France. Aujourd’hui Katia Baltera Cravetti dit souhaiter changer de formule. En effet, “un programme exclusivement chant-piano, ça
sature” confie-t-elle avec le naturel et la drôlerie qui la caractérisent.
“J’aime bien l’idée de partager la scène avec d’autres musiciens; cela
crée une autre dynamique sonore”. D’où son projet de mélanger musique
de chambre et chant.
On pourra ainsi entendre, le 6 juin, La Chanson Perpétuelle d'Ernest
Chausson, partition écrite pour mezzo-soprano, quatuor à cordes et piano;
les Wesendoncklieder de Richard Wagner pour mezzo-soprano et piano;
Crisantemi de Giacomo Puccini pour Quatuor à cordes, écrit en 1890 “à la
mémoire d’Amédée de Savoie, Duc d’Aoste”.
Egalement au programme, diverses pièces pour cordes solo et piano :
Après un rêve de Gabriel
Fauré et Le temps des Lilas
de Chausson pour violoncelle et piano; Sicilienne et
Berceuse de Fauré pour violon et piano; Romance de
Clara
Schumann
et
Romance de Richard
Wagner pour violon et
piano; Les Berceaux et Au
bord de l'eau de Fauré pour
alto et piano.
“Le Sextuor constitué
pour l’occasion n’a pas
encore de nom, mais nous y
travaillons” précise la chanteuse. Faisons confiance à
Katia Baltera Cravetti
l’énergie et au dynamisme
évidents de celle qui, outre la gestion de projets culturels, est à la tête
d’une société de communication, rédactrice à la RTS et membre du
Conseil de Fondation de l’Orchestre de Chambre de Genève. A la question
de savoir comment elle parvient à conciler le tout, elle répond “je suis un
peu comme un robot ménager multi-fonctions”. Naturel et drôlerie, vous
disait-on…
Organisée par le Département de la culture et du sport de la Ville de
Genève, La Fête de la musique s'adresse à toute la population. En VieilleVille, dans les parcs des Bastions ou des Cropettes, ... tous les styles de
musique résonneront sur la quarantaine de scènes prévues sur les deux rives
du Léman.
Dans le domaine de la musique classique, ce sera l’occasion pour le
Victoria Hall de célébrer le 20e anniversaire des Grandes Orgues en organisant quatre récitals qui seront donnés par Yves Rechsteiner, François Delors,
Lionel Rogg et Diego Innoncenzi. En outre, deux créations seront offertes
au public, la première concerne «De fil en aiguille» de Philippe Dragonetti,
et la deuxième la «Cantate pour demain» de Nicolas Hafner.
Des ateliers musicaux seront ouverts au public; ainsi, au parc Beaulieu,
des ateliers et animations musicales sont organisées sous le titre «Au fil des
sons»; il y aura même un atelier d’éveil musical pour les enfants de 1 à 10
ans, «La Bulle d’air».
Quant au programme des concerts Musiques actuelles, il propose par
exemple du jazz au Musée d’art et d’histoire avec Gabriel Zufferey, de la
perfo avec, à Bastions Réformateurs, la Fanfareduloup Orchestra accompagnée de Wazem. Dans le même lieu, on pourra entendre de la chanson reggae avec Mosquito. Sur la Treille, place à Nana’N’Kho pour de l’afro groove, suivi de Wayne Paul pour une séance de trip hop dub-UK. Au Kiosque
des Bastions, il y aura de la salsa avec Nolosé; tandis qu’à Bastions Crypte,
Hell’s Kitchen offrira son dirty blues, avant de céder la place à Bak XIII qui
fera résonner de l’électro rock.
On le voit, il y en aura pour tous les
goûts, et ceci entièrement gratuitement !
La danse s’invite également à la
Fête de la Musique, à Saint-Antoine, aux
Tranchées et à la Cour des Casemates.
Parmi les artistes qui se produiront figurent les Genevois Jozsef Trefeli - qui
présentera son duo «Jinx 103» avec
Gabor Varga - ou Laurence Yadi &
Nicolas Cantillon, ainsi que Foofwa
d'Imobilité, dont on pourra voir ou revoir
Foofwa d'Imobilité
les pièces sur scène durant ces trois jours
de fête.
Le programme complet sera en ligne le jeudi 6 juin sur le site
www.fetedelamusique.ch et paraîtra dans la Tribune de Genève le 20 juin.
D’après des propos recueillis par Christian Bernard
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sur les scènes en juin
Agenda genevois
Le grand rendez-vous des mélomanes sera en cette fin de saison, comme
chaque année au bout du lac, la Fête de la Musique qui se tiendra du 21 au
23 juin. Rendez-vous donc dès le 6 juin
sur www.ville-ge.ch/culture/fm/ pour en découvrir le
programme détaillé !
En attendant ce week-end prometteur, les
amateurs d’opéra ne pourront pas manquer la
Rusalka d’Antonín Dvorák, qui annoncera les
bains estivaux grâce à son livret inspiré par
l’Undine de Friedrich de la Motte Fouqué. Dans
une production du Salzburger Festspiele, l’on
retrouvera dès le 13 juin sur la scène du Grand
Théâtre Alexei Tikhomirov dans le rôle de
l’Ondin et Camilla Nylund en tant qu’héroine
éponyme. Dmitri Jurowski sera dans la fosse à
la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande,
tandis que la mise en scène est co-signée par
Jossi Wieler et Sergio Morabito.
Yuri Bashmet © Nicolas Brodard
Pour se préparer aux consonances slaves,
l’ensemble Contrechamps nous propose un
concert de musique de chambre dans le foyer de
la maison lyrique le 2 juin, avec au programme
des œuvres de Kurtág et de Schnittke.
Autre rendez-vous à ne pas manquer sur la
scène de la Place Neuve : la venue de la talentueuse soprano Barbara Frittoli le dimanche 9
juin. Tandis que la première partie sera dédiée à
Verdi, la deuxième mettra à l’honneur Wagner
et ses Wesendonck-Lieder.
La soprano Brigitte Hool participera au
concert du 9 juin qui réunit l’Ensemble vocal de
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Neuchâtel, la Psallette de Genève et l’Ensemble
Symphonique de Neuchâtel sous la direction de
Steve. Au programme, le Requiem de Karl
Jenkins et la Berliner Messe d’Arvo Pärt.
Côté symphonique, Christian Benda sera à
la direction de l’Orchestra Philharmonique de
Turin et accompagné par la violoniste Francesca
Dego, le 12 juin au BFM - invité par l’Orchestre
de Chambre de Genève. Au programme : la
Symphonie No 8 de Beethoven et le Concerto
pour violon de Mendelssohn, ainsi qu’une création mondiale de Nicola Campogrande intitulée
Bansky promenade.
Le 11 juin, le
Victoria
Hall
accueille Les Solistes
de Moscou sous la
direction de l’altiste
Yuri Bashmet pour
un
programme
Schubert et SaintSaens. Participeront à
la soirée les pianistes
Ksenia Bashmet et
Ivan Roudine et, dans
le rôle du récitant,
Konstantin Khabensky.
David Greilsammer poursuit quant à lui
son intégrale des Concertos pour piano de
Mozart, avec cette fois les concerti No 13, 16 et
26 qui seront interprétés avec l’OCG au
Bâtiment des Forces Motrices le dimanche 16
juin. Avant cela, le 12 juin, L’Orchestre de
Chambre de Genève proposera son concert de
soirée avec l’Orchestra Filarmonica di Torino et
la violoniste Francesca Dego, avec des œuvres
de Schubert, Mendelssohn, Capogrande et
Beethoven.
L’Orchestre de la Suisse Romande continue
aussi le 3 juin le cycle Rachmaninoff débuté le
mois précédent par son chef Neeme Järvi et le
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Francesca Dego, photo Marco Cambiaghi
© Granata Images
pianiste Alexander Gavrylyuk, qui interprétera
le deuxième concerto du compositeur russe,
entre L’île des Morts, la Rhapsodie sur un thème
de Pagagnini et la Vocalise pour orchestre. Dans
le cadre de la fête de la musique, la formation,
avec à sa tête Michail Jurowski, jouera l’ouverture Romeo et Juliette de Tchaïkovski, ainsi que
le Concerto pour piano du même compositeur,
dont la partie soliste sera à charge de la suisse
Mélodie Zhao, connue pour ses jeunes prouesses pianistiques.
Un autre concert à signaler sur la scène du
Victoria Hall réunit, le 15 juin, l’Orchestre Ad
Hoc, le Liederkranz-Concordia de Genève et la
société de chant L’Avenir de Saint-Blaise, sous
la direction de Stanislava Nankova et Veneziela
Naydenova, avec en solistes la soprano Danaila
Dimitrova, la mezzo Graziela Valcheva, le ténor
Alexander Kröner et la basse Seok-gill Choi,
pour célébrer les 150 ans de la chorale avec des
airs de Verdi.
Enfin, l’académie Seiji Ozawa, qui propose des cours aux talents d’aujourd’hui à Rolle
pendant le mois de juin, offrira un concert au
Victoria Hall le dimanche 30 juin, pendant
lequel des mouvements de divers quatuors à
cordes seront proposés, afin de partir cet été
vers d’autres horizons musicaux.
Martina Díaz
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gique multimédia des plus originales, et peut-être
même pionnière.
Toujours à Paderewski (mardi 25 mars), le
violoncelliste Enrico Bronzi sera le soliste du
Concerto No 1 de Saint-Saëns, encadré de la
Symphonie No 33 de Mozart, de la Petite Suite,
sur des thèmes populaires de la région de
Cracovie, de Lutoslawki, et de la Symphonie No
2 de Beethoven. James Lowe sera à la tête de
l’orchestre.
nouveau chef pour le sinfonietta de lausanne
Saison entre tradition
et innovation
Successeur de Jean-Marc Grob à la tête du Sinfonietta de Lausanne,
Alexander Mayer conduira quatre des six concerts de la saison
d’abonnement 2013/14 de cette formation de jeunes musiciens
professionnels qui occupe depuis plus de 30 ans une place de choix
dans le paysage musical lémanique.
26
Fondée en 1981 par Jean-Marc Grob sous le
nom d’Orchestre des Rencontres Musicales,
rebaptisée Sinfonietta en 1996, la phalange lausannoise inscrit deux premières suisses à l’affiche de sa prochaine saison d’abonnement : un
concerto pour percussion du Serbe Nebojsa
Zivkovic, par le Tchiki Duo, et la musique composée par Henrik Albrecht (né à Cologne en
1969) pour le célèbre « Conte de Noël » de
Charles Dickens. Ainsi qu’une création mondiale : le concerto pour quatuor de saxophones et
orchestre d’Elena Kats-Chernin, compositrice
australienne d’origine ousbeck, avec le Raschèr
Saxophone Quartet .
Né à Saarebruck en 1973, formé entre autres par Neeme Järvi, premier chef invité de
l’Orchestre symphonique des Jeunes de la Sarre
en 2008 et depuis trois ans directeur musical de
l’Ensemble Symphonique de Neuchâtel (ESN),
Alexander Mayer compte bien ces prochaines
années poursuivre le travail de longue haleine
entrepris, trois décennies durant, par Jean-Marc
Grob auprès des jeunes musiciens lausannois,
tout en développant la présence de l’orchestre hors des lieux
de concerts traditionnels.
Après son concert inaugural avec le Sinfonietta en formation réduite au St-Prex
Classics le 29 août, Alexander
Mayer abordera le grand répertoire symphonique lors du premier concert d’abonnement au
Métropole (jeudi 19 septembre), avec la Symphonie No 5 en
mi mineur de Tchaïkovski,
précédée de l’Ouverture
Candide de Bernstein et de la
création d’Obsession, pour
deux percussionnistes et
orchestre de Zivkovic, avec deux anciens du
Sinfonietta, Jacques Hostettler et Nicolas Suter,
alias « Tchiki Duo ».
Dans le cadre des concerts du dimanche
matin au Métropole (6 octobre), Alexander
Mayer conduira ses jeunes musiciens dans un des
piliers du répertoire, la Symphonie No1 en do
mineur de Brahms. Autre dimanche, autre lieu :
c’est à la Salle Paderewski (8 décembre) que sera
donnée une adaptation du fameux Conte de Noël
de Charles Dickens, sur une musique de Henrik
Albrecht, avec le comédien Salvatore Orlando
et une animation due à Hélène Bahon.
A nouveau à la Salle Paderewski (mardi 21
janvier), c’est cette fois en tant que modérateur
qu’apparaîtra Alexander Mayer, qui cédera sa
baguette à Sebastien Tewinkel et confiera la
conception du concert à Klaus Brettschneider,
pour une exécution de la Symphonie No 3
“Eroica“ de Beethoven précédée d’explications,
de projections, d’interviews, avec caméras sur
scène, pour scruter dans leur intimité aussi bien
l’œuvre que l’orchestre. Une expérience pédago-
Alexander Mayer by Tashko Tasheff
Enfin, retour au Métropole (jeudi 22 mai)
pour le sixième et dernier concert d’abonnement.
Alexander Mayer y a programmé la 1ère Suite de
valses du Rosenkavalier de Richard Strauss et
la Suite symphonique Schéhérazade de RimskiKorsakov. On assistera en outre à la création
mondiale, déjà mentionnée, du Concerto pour
quatuor de saxophones d’Elena Kats-Chernin,
par le Raschèr Saxophone Quartet.
Autre concert du Sinfonietta : au Victoria
Hall (dimanche 3 novembre), en clôture du
Wagner Geneva Festival, des pages de Wagner
bien sûr, et en création mondiale, D’autres
Murmures, pour trompette et très grand orchestre, de Jacques Lenot. Des
murmures inspirés sans doute
de ceux de la forêt de
Siegfried. Enfin, conduit par
Philippe Béran, le Sinfonietta
sera dans la fosse de l’Opéra
de Lausanne du 22 au 31
décembre pour le truculent
opéra-comique en 3 actes de
Louis
Varney,
les
Mousquetaires au couvent.
Yves Allaz
Rens. : 021 616 71 35
www.sinfonietta.ch
Loc. : 0900 800 800
www.ticketcorner.ch
Rascher Saxophone Quartet © Felix Broede
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Brèves: juin à Lyon
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Chronique théâtrale
Avant l’été :
À l’Opéra de Lyon, Pierrick Sorin, maître
ès cinéma magique, ajoute les marionnettes à sa
palette, au service de La flûte enchantée, pour
douze représentations (du 24 juin au 9 juillet).
Deux jeunes distributions alterneront, avec une
Petit tour d’horizon des productions à voir sur les scènes lyonnaises.
Au Théâtre National Populaire, à
Villeurbanne, une captivante symétrie structure
l’actuelle saison. La rythment deux vastes spectacles, que Christian Schiaretti (le « patron » de
la maison) met en scène et dont l’histoire récente et la grande politique sont le cœur.
En octobre dernier, Mai, juin, juillet de
Denis Guénoun (né en 1946), rendit prégnant le
printemps-été 1968 : à Paris, le Théâtre de
l’Odéon (mai) est occupé ; réunis à
Villeurbanne (juin, dans les lieux-même de l’actuel TNP), les metteurs en scène de la décentralisation soufflent le pouvoir à Malraux ; enfin,
le Festival d’Avignon est annulé (juillet).
En ce mai 2013, rebelote, avec une autre
pièce brûlante : Une saison au Congo d’Aimé
Césaire (1913-2008). Frère de Léopold Senghor
et de Frantz Fanon, le poète et dramaturge
antillais y peint l’éclair passage de Patrice
Lumumba, premier Premier ministre (juin à
septembre 1960) de la République démocratique du Congo, que la Belgique avait récemment affranchie.
Césaire sut jongler avec les incandescentes
braises de l’Histoire. Dans Une saison au
Congo, il brasse, pêle-mêle, l’aura panafricaine
dont jouissait Lumumba, la lutte que les USA et
l’URSS se livraient sur le dos de l’ex-Congo
Belge, une épopée tragique, un lyrisme infini et
un Babel de langues (le français et maints parlers africains). Malgré le demi-siècle de distance, la jeunesse, nombreuse dans la salle, n’a rien
manqué de cette vive langue opératoire et de ce
flux épique.
Le dispositif scénique est simple : au centre d’un cercle tracé au sol, se tiennent les palabres démocratiques. Au fond, quatre musiciens
distillent les nombreuses chansons qui, avec
finesse, ponctuent cette pièce. Et lorsqu’ils ne
jouent pas au centre du cercle, les presque quarante comédiens se tiennent à l’orée des coulisses, à jardin et à cour. Discrète mais rudement
efficace, la mise en scène est palpitante. La
bande d’acteurs stupéfie de précision et d’engagement.
Ne manquez pas ce grandiose spectacle,
qui se joue jusqu’au 7 juin. (location : 33 4 78
03 30 00)
Frank Langlois
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Pierrick Sorin © Tom Volf
seule Reine de la Nuit : Sabine Devieilhe.
Provisoirement accueilli à la Bourse du
Travail (l’Auditorium est en travaux jusqu’au
début de novembre), l’Orchestre national de
Lyon et son boss Leonard Slatkine ont invité
Olga Kern à jouer l’intégrale de la production
pour piano et orchestre de Rachmaninov (22
juin et 29 juin à 18 heures, 27 juin à 20 heures ;
33 4 78 95 95 95).
À Villeurbanne, le TNP et le Théâtre national de Strasbourg s’unissent pour créer Gauvain
et le chevalier vert d’un étonnant tandem :
Florence Delay et Jacques Roubaud, dans une
mise en scène de Julie Brochen, la patronne du
TNS. Cette pièce ferme l’ample trilogie Graal
Théâtre (du 12 au 22 juin ; 33 4 78 03 30 00).
Et au Théâtre des Célestins, La maison
d’os de Roland Dubillard, hommage au délicieux funambule des mots mort en 2011, dans
une mise en scène d’Anne-Laure Liégeois (du 8
au 19 juin ; 33 4 72 77 40 00).
Frank Langlois
«Une Saison au Congo» © Michel Cavalca
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saison 2013 du 12 juin au 28 septembre
Théâtre de l’Orangerie
Ce ne sont pas moins de 104 représentations que le théâtre sis dans
l’Orangerie du parc la Grange aux Eaux-Vives va offrir aux spectateurs de
tous âges entre le 12 juin et le 28 septembre. Avec la volonté politique, artistique et économique affichée de ne pas proposer moins de six
représentations aux compagnies invitées, certains spectacles pouvant être
joués jusqu’à vingt fois.
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Quatre créations/coproductions, six spectacles en diffusion, deux spectacles dès quatre ans
formeront le socle de cette saison placée en partie sous le signe de la folie, mais aussi très musicale, affirme son directeur, le comédien et metteur en scène Valentin Rossier. S’y ajouteront des
ateliers à Genève Plage, des petits-déjeuners littéraires à la Fondation Martin Bodmer, et l’incontournable carte blanche au festival de la Bâtie
pour deux spectacles.
La folie, disions-nous ? Elle s’imposera
d’emblée avec Hamlet, Anatomie de la mélancolie. La traduction de Yves Bonnefoy sert de point
de départ à Valentin Rossier pour une libre adaptation. Le metteur en scène s’est intéressé à la
théorie selon laquelle Hamlet aurait tué son père
parce qu’il convoitait Ophélie, pour ensuite la
maltraiter et tuer son beau-père. On serait donc
dans un complexe d’Œdipe caractérisé, tant il est
vrai que c’est la première pièce qui parle – si l’on
peut dire - de psychanalyse. Dans un décor d’asile psychiatrique, les fous déguisés en personnel
soignant vont jouer la pièce de Shakespeare
autour du plus fou d’entre eux qui se prend pour
Hamlet. Mais tout n’est finalement qu’un rêve, la
manifestation d’une paranoïa. De nombreux
acteurs genevois seront ces fous, à l’exception de
José Lillo qui joue son propre rôle. Une création
en coproduction avec Helvetic Shakespeare
Company, du 12 juin au 6 juillet.
La Nuit finira-t-elle un jour ?, spectacle de
marionnettes pour adultes, est une reprise par la
Cie La tête dans le sac. Pour adultes, car c’est
d’exil forcé, de misère, de clandestinité qu’il s’agit, avec pour toile de fond le conflit qui opposa
la Grèce et la Turquie au début du XXe siècle.
Poétique et musical, cette exploration d’une tragédie montrera aussi la richesse des deux cultures. Les marionnettistes Cécile Chevalier et
Franck Fedele seront aux commandes du 10 au
14 juillet.
La voix profonde de Carlo Brandt placera
ensuite le public en « état de poésie » avec
a
Magnitudo parvi, dernier long poème des
Contemplations de Victor Hugo. Le musicien
genevois Vincent Hänni, figure de l’underground, accompagnera cette création coproduite
par la Cie Carlo Brandt du 16 au 28 juillet.
«La Promenade du roi» © Cédric Vincensini
Place au jeune public avec Conte d’un
matin d’été, la création coproduite par scène et
sciure ! Vincent Aubert et la jeune artiste polyglotte Jessica Arpin entraîneront petits et grands
à leur suite dans une déambulation autour de
l’Orangerie. Itinéraire libre au gré des histoires
qui s’inventeront au fur et à mesure. Du 18 au 28
juillet. Attention ! à 11h.
Encore une création avec Requiem de salon,
écrit par Marie Fourquet et Camille Rebetez &
Co, deux jeunes auteures romandes, en remplacement de la pièce initialement prévue et dont les
droits d’auteurs n’ont pu être obtenus in extremis. Andrea Novicov a fait appel à des comédiens neuchâtelois pour donner vie à cette famille
déjantée qui tente de se soustraire dans un joyeux
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chaos à l’encombrante omniprésence de la mère.
Ce sera pathétique, joyeux et musical grâce aux
chansons et à la musique créées par Daniel
Perrin. Du 31 juillet au 11 août.
En août, le jeune public aura aussi son spectacle avec la reprise de l’immense succès qu’a été
La Promenade du roi par la Cie Archimage de
Guy Jutard d’après les gouaches découpées de
Henri Matisse. Spectacle enchanteur que cette
intrusion dans l’atelier du peintre pour y apprendre à voir formes, couleurs et composition !
Attention ! à 11h. du 6 au 18 août.
Mort trop jeune, l’artiste et poète valaisan
Léonard Valette a inspiré le spectacle Délivresse
créé en 2007 par le comédien Roland Vouilloz et
le compositeur Jean Rochat. Les douleurs et doutes du poète déchiré sortent magnifiés par l’alliance entre la voix grave du comédien et la partition composée par le musicien pour quatuor à
cordes, contrebasse et percussion. Un grand
moment d’harmonie et de vertige à ne pas manquer. Du 14 au 24 août.
On ne présente plus Art, de Yasmina Reza.
On a tort, car la lecture qui y est faite de la
conception de l’art prête à toutes les équivoques
et peut à chaque reprise donner lieu à de nouvelles interprétations. C’est le cas de cette reprise de
la Cie Métamorphoses, avec Elidan Arzoni à la
mise en scène et au jeu, entouré de Joan Mompart
et de Daniel Vouillamoz. A (re)voir, donc, pour
tordre le cou aux clichés et au convenu ! Du 28
août au 8 septembre.
Intermède la Bâtie du 9 au 13 septembre
avec deux pièces dont le contenu sera dévoilé
dans le programme du festival (www.batie.ch)
En septembre, Valentin Rossier reprend la
main avec La Ronde d’Arthur Schnitzler, une
reprise avant tournée. Jeu de cache-cache sur
fond d’hypocrisie bourgeoise, cette ronde-là
emporte dix couples dans dix tableaux de la
séduction et du désir– dix coïts. Avec les mêmes
comédiens que la saison passée. Du 17 au 22 septembre.
Enfin, un spectacle audiovisuel singulier,
Franz Treichler joue Dada. L’activiste artistique
du groupe suisse The Young gods » a imaginé
l’accompagnement musical expérimental de
courts films muets du mouvement Dada datant
de 1921 à 1994. Très lointaine parenté cependant
avec l’accompagnement au piano des films
muets connus : ici l’univers sonore vit sa vie à
part entière. À découvrir du 24 au 27 septembre.
Laurence Tièche Chavier
Pour tous renseignements : www.theatreorangerie.ch
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entretien avec le directeur du théâtre de l’orangerie
Valentin Rossier
Une saison pleine de promesses, de surprises et de nouveautés…
Quelles thématiques pour cette nouvelle saison ?
Pas de thématique au sens strict du terme, mais
plutôt un goût pour la diversité, avec un vrai
souci d’exigence de qualité. Cette année à nouveau, il y aura des concerts, du théâtre bien sûr,
des poèmes, de la danse, des spectacles pour
enfants, des spectacles classiques, qui se mélangent avec d’autres plus contemporains, dans
leur conception, ou dans
leur propos.
Comment s’est faite la distribution ?
Je ne cherche pas, en général, quelqu’un qui
corresponde au rôle, je préfère imaginer ce que
tel ou tel acteur pourrait apporter au rôle, insuffler au personnage. Je ne cherche pas forcément
quelqu’un qui colle au personnage, comme on
le fait au cinéma souvent.
Pourquoi vous être distribué dans
Hamlet ?
Vous mettez en
scène un Shakespeare.
Pourquoi
ce
choix
d’Hamlet ?
une lecture iconoclaste faisant de Hamlet non
seulement le meurtrier de son oncle, mais aussi,
en amont, de son propre père, d’où sa folie, qui
ne serait pas simulée, mais ontologique.
Pierre Bayard explique aussi que toute l’intrigue repose sur un dialogue de sourds. Aucun
personnage de la pièce ne voit, ni n’entend la
même chose, aucun des critiques n’a d’ailleurs
jamais lu ni compris la même chose. L’Enquête
sur Hamlet de Bayard montre ainsi que dialogue
de sourds n’est pas l’échec de la communication, mais qu’il en est la base.
Comment avez-vous conçu les décors,
les déplacements ?
Les acteurs se déplaceront dans un dispositif bifrontal. A chaque extrémité, des tentures de
plastic transparent simuleront le monde aseptisé
de l’hôpital, voire les
ambiances de chambre froide, dans lesquelles la vie
n’existe plus vraiment.
Visuellement, on aura une
ambiance ‘laiteuse’, à la
David Lynch. On a travaillé
sur le blanc, essentiellement. Les tentures, plus
mobiles et légères que des
portes, permettent aussi de
montrer à quel point chacun
s’espionne, s’épie, ce qui à
mon sens ajoute un peu de
comique de situation.
Je l’ai monté il y a six ans, il
ne s’agit pas là d’une reprise
mais bien d’une tentative
théâtrale. Cette fois, je privilégie une lecture moins
conventionnelle. J’ai envie
de le monter d’une manière
plus clinique, une façon de
‘récidiver’, mais en propoComment votre
sant une variante, une variamission de directeur esttion plus accessible aux
elle compatible avec votre
questionnements d’aujourd’Affiche de présentation de la saison du Théâtre de l’Orangerie
métier de comédien et de
hui. J’ai surtout envie de
metteur
en
scène
?
Cette
question
a
6
ans
de
retard.
Au
jour
d'aumettre en doute la légitimité d’Hamlet, son
‘objectivité’… Pour moi, Hamlet, c’est quel- jourd'hui, c'est une sorte d'analyse et de Directeur, c’est un métier saisonnier pour moi,
qu’un d’atteint psychiquement, et ce dès les pre- réflexion sur ce que l'on peut faire d'un Hamlet et j’aime que cela soit ainsi, car cela me donne
le temps d'apprendre. Même si, en fait, je tramières phrases du texte. Toute la question, me ou d'un acteur se prenant pour Hamlet.
vaille
sur mes projets pendant toute l’année évisemble-t-il, est de savoir si ‘objectivement’ on Shakespeare, et a fortiori Hamlet, c’est un
demment.
Organiser une saison ne se fait pas en
peut croire une personne qui croit aux spectres. matériau à vie, à travailler à vie. Plusieurs théovitesse
:
il
faut voir des spectacles, trouver une
Pour moi, c’est d’emblée de l’ordre du psychia- ries existent : Hamlet a en effet toujours fait
cohérence
entre
ce que l’on veut proposer et restrique. Souvent, on lit cette pièce avec distance, l'objet d'analyses critiques extrêmement nomter
attentif,
aux
aguets,
pour choisir ce qui peut
et on a du mal à se projeter dans cette réalité-là. breuses et variées, thématiques, stylistiques,
faire
sens
à
l’Orangerie.
Le lieu demande certaiJ’ai envie d’une lecture très littérale, qui d’après historiques, psychanalytiques. Le fait que
nes
choses,
que
l’on
peut
toutefois aussi décaler,
moi avère mieux, ou en tout cas fait mieux voir la Gertrude se remarie peu après au frère du roi
et
je
m’y
emploie.
L’Orangerie
est magnifique,
paranoïa, la schizophrénie du personnage. Au défunt, était par exemple à l'époque de
mais
en
même
temps,
il
ne
faut
pas s’arrêter, je
fond, est-ce Hamlet qui est fou, ou un fou qui se Shakespeare, considéré comme un inceste en
crois,
à
son
caractère
bucolique.
L’outil principrend pour Hamlet ? Je ne tiens pas forcément à bonne et due forme.
pal
c’est
peut-être
avant
tout
l’été…
débattre sur le sujet, je ne fais pas un traité, ou un Ce projet mature depuis des années, et la raison
Propos recueillis par Rosine Schautz
essai sur la folie. Je tente de suivre fidèlement la en a été des lectures d'essais philosophiques
narration, mais dans une perspective axée autour entre autres celle de Pierre Bayard (L’Enquête
sur Hamlet, le dialogue de sourds) qui propose
de la folie, des folies.
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grütli : le ravissement d’adèle
Disparition
Le Ravissement d’Adèle, au sens de rapt, est l’histoire
d’une disparition : celle d’Adèle Bertolet, adolescente
qui se volatilise entre chien et loup.
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Son père, Michel, constate avec stupéfaction qu’elle n’est pas rentrée
de l’école. Fugue ? Enlèvement ? Un avis de recherche est affiché dans les
différents commerces du bourg, des battues sont organisées dans les bois
avoisinants, un inspecteur est diligenté pour suivre l’affaire. Chacun y va de
son hypothèse, et les vieilles rancoeurs de réapparaître. Et tous de s’espionner, croyant faire œuvre utile. La situation vire à l’aigre quand le village
entier décide de s’en prendre physiquement au boucher. Mais Adèle réapparaîtra saine et sauve, façon ‘puella’ ex machina.
Pièce à ambition sociale aussi, divisée en 38 courtes scènes mettant en
jeu seize personnages, ainsi qu’un groupe de dix enfants. Véritable microsociété donc qui se partage le plateau du théâtre transformé en agora voire
en vrai village dans lequel évoluent comédiens et mentalités. Huis-clos en
plein air où l’enfer c’est une fois encore ‘les autres’, les suspects habituels
étant comme souvent les proches voisins et autres piliers de bar, retraités,
simplets ou zonards déjà parias. Mais en dernière analyse, cette pièce pose
cash la question suivante : comment faire face intelligemment à une situation nouvelle quand on n’en maîtrise ni l’amont ni l’aval ?
Rosine Schautz
Entretien : Geneviève Pasquier, metteure en scène
Vous dites avoir voulu une ‘dramaturgie intimement liée au
temps et à l’espace’. Comment s’est-elle concrètement mise en place ?
L’écriture de Rémi de Vos, très précise et faite de didascalies, m’a semblé
demander un travail en profondeur sur l’espace et le temps. Espaces au pluriel devrait-on dire, car dans cette pièce se succèdent espaces publics et privés, portions de rues, magasins et maisons d’habitation où se déroule la vie
et où coule le temps. J’ai imaginé un dispositif permettant de regarder
ailleurs, tout en mettant une focalisation sur un ‘moment’ : ainsi, il y a plusieurs plateaux qui permettent de voir en simultané le dedans et le dehors, et
de jouer sur le ‘majeur’ et le ‘mineur’, les comédiens continuant de vivre, de
bouger, même si ce n’est pas leur temps de parole. La boucherie est le lieu
où s’échangent les paroles et les nouvelles, où l’on décortique ce que l’on
croit avoir vu, où l’on échange des informations pas seulement sinistres
d’ailleurs. C’est aussi une pièce drôle, qui fait rire.
Comment avez-vous conçu votre scénographie ?
Nous travaillons en binôme avec Nicolas Rossier. Cette fois-ci il joue, moi
non. J’avais envie de garder un œil extérieur pour mieux organiser mon
espace. Mais on se relaie, on collabore, on crée des relais. Nous avons opté
pour figurer des éléments de réalité, comme la viande dans l’étal de la boucherie, la rue ; la boucherie est située en avant-scène et le village est entouré de murs rouges. Afin de pouvoir jouer le dedans et le dehors, nous avons
des plateaux à des hauteurs différentes, disposés en escaliers. Le spectacle
dure 2h15, sans entracte, car le rythme présent dans l’écriture de Rémi de
Vos l’exige en quelque sorte. On a en effet une accélération dans le tempo
qui mène de manière moins linéaire au dénouement. Il devenait impossible
de couper. Ce n’est pas une pièce divisée en scènes ou en actes, mais plutôt
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Créé à Nuithonie en avril 2013 : «Le Ravissement d’Adèle»
© dgbp Virginie Otth, David Gagnebin
un panorama d’un moment de vie en communauté lorsqu’insensiblement les
choses se mettent à se dégrader, avec toutes les conséquences que cela
implique dans un espace clos comme un village.
Comment avez-vous ‘travaillé’ la lumière et le son ?
Nous avons pensé que la lumière ferait office de lien, et c’est vrai, le magnifique travail de Christophe Pitoiset relève de l’art plutôt que de la technique
pure. Il travaille en peintre, créant de petits espaces vivants, des îlots de
lumière, qui ne gênent pas l’oeil, mais accompagnent les déplacements entre
les différentes scènes sur les lieux où advient ou n’advient pas la parole. Il
marque les endroits, parsemant son esthétique ici ou là, donnant vie en
simultané aux divers plateaux. La lumière dans ce cas ‘raconte’ aussi
quelque chose. En ce qui concerne la musique, il ne s’agit pas uniquement
d’une bande sonore, mais bien d’une musique originale, très contemporaine
aussi, composée par l’ingénieur du son et guitariste, Benjamin Vicq. Il réussit à apporter aussi des notes d’humour dans ses partitions, qui allègent le
propos de la pièce, ôtant le tragique de la situation qui pourrait s’avérer
lourd sans cela. L’écriture de cette pièce, je le redis, n’est pas monolithique,
on a des mélanges de genre, qui justement sont magnifiés par la musique et
les créations sonores. La musique ‘agrandit’ le propos.
Il y a une dizaine d’enfants sur scène : comment les avez-vous
préparés puis accompagnés dans leur jeu ?
Dans chaque lieu où nous jouons, nous avons recruté des enfants de 8 à 11
ans environ, issus d’écoles de théâtres. Dans les villes où nous jouons longtemps, nous avons même deux groupes en alternance. Chaque enfant a reçu
un petit cahier, dans lequel on a résumé l’histoire, et recopié leurs répliques,
de manière à ce qu’ils aient un objet à eux avant de se lancer sur scène. Puis,
on a travaillé avec eux avant les représentations, et enfin, après 3 séances de
répétition de 2h, ils ont joué avec les comédiens. Bien sûr, on a dû également
les rassurer, certains ont le trac, d’autres moins, certains sont ‘disciplinés’,
d’autres chahutent un peu entre les scènes, dans les coulisses. Mais nous
avons été très clairs dès le début, et avec certains groupes, on a dû installer
des protocoles de comportement assez stricts. Le spectacle, avec cette troupe d’enfants, gagne en véracité, on a sous les yeux un vrai village, avec des
vieux, des jeunes, des marginaux, des pères et mères, une tranche de société, qui permet de mettre en scène le cloisonnement des esprits et le repli d’un
village sur lui-même, sans que forcément le spectateur ait l’impression d’avoir des animaux en cage sous les yeux. Cet échantillon d’êtres humains qui
se posent des questions et induisent des réponses pas toujours adéquates
donne au texte de Rémi de Vos un point de vue multiple, et une dimension
sociale à laquelle il reste très attaché. Comme moi.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 4 au 15 juin. Le Grütli, Grande salle. Billetterie : [email protected] /
022/888.44.88 / Samedi 8 juin : lecture de la dernière pièce de Rémi De Vos, Trois ruptures au Théâtre du Grütli (heure à vérifier)
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rale où chacun a une place essentielle pour faire
avancer l'histoire à son terme.
théâtre du grütli
D'après vous ce texte est plutôt poétique, philosophique, ou politique ?
Mademoiselle A.
Mademoiselle A, c’est une femme particulière, mais également une figure
explosée, une femme en désordre, une femme au travail, décomposée
puis recomposée.
Six femmes sur scène
pour interpréter chacune à
leur manière une facette,
une partie d’une seule et
même personne. Reflets
dans un miroir, êtres éclatés, qui au fur et à mesure
du récit se reconditionneront en une entité complète. Se retotaliseront.
Pour sa nouvelle mise
en scène, Julien Schmutz
s’appuie sur le texte de
Lothar Trolle pour créer
une comédie haletante, un
spectacle à la fois drôle,
poétique et presque déjà
dadaïste questionnant la
mythologie et la société de consommation
moderne. Spectacle qui nous suggère subtilement de faire un pas de côté. Ici, pas de prêchiprêcha prônant une révolution sociale, pas de
thèse à soutenir, mais plutôt une joyeuse invitation à la poésie. Donc à la création.
Rosine Schautz
Entretien avec la comédienne
Aline Gampert
Comment avez-vous travaillé ce rôle
de caissière ou disons mieux de cette 'partie'
de caissière, puisqu'il s'agit en l'occurrence
d'interpréter à plusieurs une seule et même
personne ?
Oui effectivement, nous représentons une seule
et même personne mais cela ne nous a pas gênés
pendant le travail. Ce que je veux dire par là,
c'est que si nous avions dû tous faire les mêmes
choses au même moment et nous copier pendant
les six semaines de répétitions, à la longue nous
nous serions sentis très vides. Tandis que là, on
a gardé cette idée bien précieusement au fond de
nous, on l'a même un peu oubliée pour chercher
et creuser chacune à notre manière, avec notre
univers et notre personnalité, notre personnage
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En y réfléchissant, je crois bien qu'il est teinté
d'un peu de philosophie, de politique et de poésie ! Mais je dirais que la couleur qui prend nettement le dessus est la poésie. Les 81 minutes de
Mademoiselle A, c’est quand même les 81
minutes que Mademoiselle A vole à ses heures
de travail pour rêver et
imaginer d'autres vies.
Et qui dit rêve, dit poésie...
Que représente
le monde de la
consommation pour
vous en 2013 ?
«Les 81 minutes de Mlle A» © myimage.ch
de caissière. Et d'ailleurs, une seule et même
personne n’est-ce pas toujours une multitude de
facettes qui bougent et évoluent tout au long de
la vie ?
Le travail à la table a-t-il été long, ou
avez-vous commencé directement à jouer sur
le plateau ?
Nous avons passé peu de temps à la table. C'est
un texte qui pousse au plateau ! Disons qu'il se
clarifie, qu’il se dénoue quand on l'éprouve en
jeu. Les premiers temps, le metteur en scène,
Julien Schmutz, nous a beaucoup fait improviser pour nous permettre de nous rapprocher et
de rencontrer notre personnage... comme par
exemple, concevoir sa manière de bouger, de
manger, de parler, trouver son énergie, lui
inventer un prénom, une histoire, un passé, etc...
De cette manière, le texte devient plus facile à
réintroduire.
Nous avons la chance d'être accompagnés en
direct par un musicien compositeur (François
Gendre) qui a créé, petit à petit, autour de nous,
tout un univers sonore. En définitive, ce spectacle me donne la sensation d'être une note au
milieu d'une partition de musique. C'est-à-dire
que le texte, la lumière, la musique et les comédiens forment un tout. Comme une grande cho-
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Le premier mot qui me
vient à l'esprit est :
angoisse ! Je vais sûrement paraître un peu
naïve et pas vraiment
dans le coup, mais je
pense à un exemple qui
représente parfaitement
à mes yeux le monde de
la consommation actuelle. Mon ordinateur, âgé
d’à peine 3 ans, est déjà trop ‘vieux’ ! Il faudrait
en fait que j'en achète un autre pour avoir les
bons programmes car je ne peux pas faire marcher correctement mon nouveau téléphone qui a
besoin, lui, d'être relié à un ordinateur plus performant de manière à sauvegarder les données
de mon ancien téléphone ! Le monde de la
consommation, c’est déjà ce cercle vicieux-là.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 11 au 22 juin : Les 81 minutes de Mademoiselle A de
Lothar Trolle, par la Cie Le Magnifique Théâtre. Le
Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] /
022/888.44.88)
Lothar Trolle est né en 1944 à Brücken
(Sangershausen). A vingt ans, il déménage à BerlinEst pour y suivre des études de philosophie et de lettres. Il fait à la même époque ses débuts de machiniste et d’auteur dramatique. Il a écrit une vingtaine
d’œuvres pour le théâtre et pour la radio. Traducteur
de poésie russe et fin connaisseur du mouvement
dadaïste, Lothar Trolle a bâti un univers qui ne ressemble à rien de connu. Ses textes, qui mêlent littérature et quotidien, laissent une large place à l’imagination.
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principaux, Nicolas Courjal est un Basilio très sonore et particulièrement
inquiétant visuellement, un peu un frère de Raspoutine.
à avignon
Il Barbiere di Siviglia
Une représentation où on ne s’ennuie pas une seconde : la
mécanique du Rossini buffo est bien huilée ce soir !
L’orchestre une fois de plus n’est pas exempt de tout reproche – on peut
retenir pour exemple le manque criant d’homogénéité des cordes sur les premières mesures de « Una voce poco fa » – mais le chef Roberto Fores-Veses
veille à maintenir l’attention et la cohésion dans les rangs, et prend sa part
du succès collectif.
François Jestin
Le premier ingrédient de la réussite d’ensemble du spectacle est la mise
en scène de Frédéric Bélier-Garcia, simple, efficace, drôle et de bon goût.
Un papier à fleurs très vintage chez Rosina, mais aussi des parois à terminer
et quelques parpaings qui trainent. Figaro entre par le théâtre toutes lumières allumées et fait mine de couper les cheveux de certains spectateurs. Plus
tard le bon docteur Bartolo opère avec un grand couteau de boucher pendant
son air « A un dottor della mia sorte », gants et blouse monstrueusement
tâchés de sang. De petites saynètes se déroulent en arrière-plan en illustrant
quelques détails du livret, et la bonne humeur sur le plateau est contagieuse.
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La distribution vocale totalement francophone est jeune et bien homogène. Le Canadien Etienne Dupuis compose un Figaro virevoltant, plein d’énergie ; la voix est bien placée, les aigus sont superbement projetés, quoi
qu’un peu tendus dans la partie extrême du registre supérieur. Karine
Deshayes est une séduisante et espiègle Rosina, la technique dans les passages d’agilité est impeccable, la voix est fruitée et elle parait extrêmement
déterminée… voire excessivement agressive lorsque ses paroles « la vincerò » sonnent comme l’annonce d’un assassinat ! Julien Dran en Almaviva ne
convainc pas d’emblée, le volume est timide et les vocalises de son premier
air sont passablement savonnées, mais il prend rapidement ses marques,
avec une voix élégante, bien conduite et finalement assez de corps pour un
théâtre de cette taille.
Le Dottore Bartolo de Franck Leguérinel est impayable de bagout, avec
des changements de registres vocaux par moments un peu brutaux mais,
l’expérience aidant, il s’en sort avec intelligence. Pour compléter les rôles
Rossini : IL BARBIERE DI SIVIGLIA – le 9 avril 2013 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon
à monte-carlo
Stiffelio
Après La Traviata proposée au mois de janvier, l’Opéra
de Monte-Carlo poursuit sa participation active au
bicentenaire de naissance de Giuseppe Verdi, cette fois
avec un titre beaucoup plus rare, en création in loco.
Déjà mis à l’affiche en 1994 à Liège lorsqu’il était directeur de l’Opéra
de Wallonie, le Monégasque Jean-Louis Grinda remet Stiffelio sur le métier,
cette fois en coproduction avec le Teatro Regio de Parme, où le spectacle a
été donné il y a un an. La réalisation visuelle de Guy Montavon, qui règle
également les magnifiques éclairages, est bien en ligne avec cette intrigue
d’adultère dans le foyer du pasteur protestant Stiffelio, en Allemagne au
XIXème siècle. Mis à part les habits orange de l’amant trompeur Raffaele,
tout est noir, blanc et surtout gris, une ambiance aussi austère que celle de
certains tableaux flamands. La scène finale au temple est d’une grande
force : les choristes et solistes y entrent et prennent place chacun leur tour,
sur fond de musique d’orgue ; Stiffelio finit par pardonner sa femme (« Que celui qui, parmi vous, n’a
jamais péché lui jette la première pierre. »), tandis que
des pierres suspendues descendent des cintres.
Le rôle-titre est tenu par le ténor José Cura, vocalement assez irrégulier : d’un côté quelques notes puissantes, mais de l’autre un timbre pas toujours harmonieux, une émission souvent curieuse, et un respect
parfois relâché du rythme (ceci est flagrant au 1er
acte). L’acteur est plus crédible, pris d’un bouillonnement intérieur, tourmenté, violent par moments.
Virginia Tola (Lina) n’est sans doute pas le grand
soprano dramatique qu’on attend dans cet emploi, pour
exemple ce n’est pas sa voix qui surnage dans les
ensembles les plus sonores, mais la chanteuse assure sa
partie avec une musicalité sans failles, et sans buter sur
l’extrême aigu, ce qui est déjà un tour de force. Le triomphateur de la soirée est le baryton italien Nicola
Alaimo (Stankar), le père vengeur de Lina dans l’histoire : instrument superbement posé et timbré, a priori
Etienne Dupuis et Karine Deshayes © ACM – studio Delestrade
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la grande majorité de l’action a lieu tout de même sur le
plateau. Quelques rares moments de silence sont insérés,
parfois bienvenus, comme lorsque la Comtesse se place
au pupitre et fait mine de diriger un orchestre imaginaire
(on peut d’ailleurs penser que pour cette production,
c’est « prima la musica, poi le parole »), ou quand La
Roche manque de défaillir et reprend son souffle et ses
esprits.
En revanche, lorsqu’une jeune danseuse arrive des
dessous en répétant en boucle ses gestes à voix haute
« penché, plié, pause, piqué, jeté, …. », puis demande
« Monsieur, quelle heure est-il s’il vous plait – merci »,
le procédé devient réellement trop intrusif et gênant.
José Cura et Virginia Tola © Opéra de Monte-Carlo
idéal pour les rôles de Donizetti, du jeune Verdi, ou encore Falstaff. Bruno
Ribeiro (Raffaele) tient bien sa place de deuxième ténor et la basse José
Antonio Garcia (Jorg) impose son autorité.
La direction musicale de Maurizio Benini est vivante, énergique, quelquefois trop enthousiaste au point de couvrir le plateau. La qualité des
chœurs est très satisfaisante, les musiciens se montrent bien concentrés, et
cela démarre dès l’ouverture avec un épatant solo de trompette.
Pour ce qui concerne la distribution vocale, Emily
Magee est une belle Comtesse, mais parfois les graves
sont un peu inconfortables et quelques notes ont une
sonorité agressive (par moments on entend plus Elektra
que Madeleine), et elle n’atteint pas le moelleux de chanteuses comme Te
Kanawa ou Fleming. Récemment distribué dans Il Prigioniero à Lyon, le
baryton clair et puissant Lauri Vasar (Olivier) est splendide – autre atout, il
sait jouer du violon… et le prouve ! – tandis que le ténor Lothar Odinius
(Flamand) est élégant et léger, mais le timbre n’est pas spécialement séduisant. La voix de l’autre baryton Christoph Pohl (Le Comte) est jolie, riche
et bien assise, tandis que le vétéran Victor Van Halem (La Roche) est toujours un formidable acteur, à la voix volumineuse et suffisamment stable.
François Jestin
Bonnes prestations, mais sans brûler les planches de Michaela Selinger
(Clairon), la chanteuse (Elena Galitskaya) et le chanteur italiens (Dmitry
Ivanchey), tandis que le chef Bernhard Kontarsky semble tirer le maximum
de l’orchestre, dans cette partition très dense et difficile, en particulier pour
ce qui est du rythme, de ses cassures, et de la multiplicité des styles.
Verdi : STIFFELIO – le 23 avril 2013 à Monte-Carlo, salle Garnier
à lyon
François Jestin
Capriccio
Strauss : CAPRICCIO – le 7 mai 2013 à l’Opéra de Lyon
Pour la réalisation visuelle ce soir, c’est le
théâtre dans le théâtre, ou plutôt le demithéâtre dans le théâtre !
Avant les premières notes de musique une
ampoule descend des cintres devant le rideau noir, et
c’est dans cette ambiance austère, voire recueillie ou
lugubre que commence le sublime sextuor à cordes. A
peu près aux trois quarts du sextuor, on découvre au
lever du rideau le décor imposant de Christian
Friedländer : un théâtre vu dans sa coupe longitudinale, avec successivement de jardin à cour, le plateau et
ses dessous, la fosse d’orchestre, puis la salle avec ses
fauteuils et ses loges. Six musiciens placés dans la
fosse (la fausse fosse si l’on peut dire !) prennent alors
effectivement le relais, et cette double surprise à la
fois pour l’œil et l’oreille est certainement la plus belle
trouvaille de la soirée. Pour la suite de l’œuvre, David
Marton donne du mouvement à sa mise en scène, mais
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«Capriccio» © Maurin
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genève
marseille
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Rusalka (Jurowski-Wieler/Morabito) – 13, 16, 19,
21, 24, 27 juin
Opéra (04.91.55.11.10)
s Cléopâtre (Foster-Roubaud) – 15, 18, 20, 23 juin
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s Le Nozze di Figaro (Guschlbauer-Marelli) – 7, 9,
12, 14, 16 juin
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Lady Macbeth de Mtsensk (Currentis-Homoki) –
19, 21 juin
s Rusalka (Jensen-Hartmann) – 2, 6, 12, 15 juin
s Die Schatzinsel (Rösner- Loschky) – 9 juin
s Salome (Meister-Bechtolf) – 16 juin
s Don Giovanni (Ticciati-Baumgarten) – 1er, 4, 7, 9,
14, 20, 22, 25, 27 juin
s La Straniera (Luisi-Loy) – 23, 28 juin
s Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 29 juin
s Der Rosenkavalier (Altinoglu-Homoki) – 30 juin
paris
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Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s Il Barbiere di Siviglia (Norrington) – 14 juin
s Penelope (Karoui) – 20 juin
Opéra Comique (0825.01.01.23)
s Marouf, savetier du Caire (Altinoglu-Deschamps)
– 2, 3 juin
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Das Rheingold (Jordan-Krämer) – 18 juin
s Die Walküre (Jordan-Krämer) – 19 juin
s Siegfried (Jordan-Krämer) – 23 juin
s Götterdämmerung (Jordan-Krämer) – 3, 7, 12,
16, 26 juin
avignon
Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40)
s Il Retablo de maese Pedro (Heisser) – 7 juin
lyon
Opéra National (08.26.30.53.25)
s Die Zauberflöte (Montanari-Sorin) – 24, 26, 27,
28, 29 juin
montpellier
bologne
Teatro Communale (39/051.617.42.99)
s Divorzo all’italiana (Kawka-Pountney) 11, 12, 13,
14, 15, 16 juin
Opéra national (04.67.02.02.01)
s Don Giovanni (Schlüsselberg-Scarpitta) – 6, 8, 10,
12, 14, 16 juin
f l o re n c e
Opéra (04.92.17.40.79)
s Il ritorno d’Ulisse in patria (Correas-Rauck) – 1er,
2 juin
milan
nice
s t r a s b o u rg
Opéra National (0825.84.14.84)
s Les Pêcheurs de perles (Davin-Boussard) – 7, 9
juin à Mulhouse
toulouse
Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13)
s Don Carlo (Benini-Joël) – 18, 20, 23, 25, 28, 30 juin
a m s t e rd a m
Opera (31.20.62.55.456)
s Die Meistersinger von Nürnberg (Eitler-Alden) –
4, 7, 10, 13, 17, 20, 23 juin
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Cosi fan tutte (Morlot-Haneke) – 2, 5, 7, 11, 15,
18, 21, 23 juin
b a rc e l o n e
Liceu (34.934.85.99.13)
s Il Turco in Italia (Perez-Loy) – 1er, 4, 6 juin
s Lucio Silla (Bicket-Guth) – 21, 22, 26, 28 juin
s Rienzi (Gonzalez) – 27, 30 juin
Teatro del Maggio musicale (39/055.277.93.50)
s Macbeth (Conlon-Vick) – 17, 18, 19, 21, 22, 25 juin
s Maria Stuarda (Guingal) – 20, 23 juin
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
s Götterdämmerung (Barenboim-Cassiers) – 3, 7,
22, 29 juin
s Das Rheingold (Barenboim-Cassiers) – 17, 24 juin
s Die Walküre (Barenboim-Cassiers) – 18, 26 juin
s Siegfried (Barenboim-Cassiers) – 20, 27 juin
ro m e
Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55)
s Don Pasquale (Campanella-Cappuccio) – 18, 19,
20, 21, 22, 23, 25 juin
turin
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s L’Italiana in Algieri (Rustioni-Borrelli) – 9, 11, 13,
16, 19 juin
s L’Elisir d’amore (Bisanti-Sparvoli) – 21, 22, 23, 25,
26, 27, 28, 29, 30 juin
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s Madama Butterfly (Wellber-Rigola) – 21, 22, 23,
25, 26, 27, 28, 29, 30 juin
vienne
madrid
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s Wozzeck (Cambreling-Marthaler) – 3, 5, 8, 10, 13,
15, 18, 20 juin
s Il Postino (Heras-Casado-Daniels) – 17, 20, 23, 25,
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l o n d re s
Royal Opera House (0044/207.304.4000)
s Gloriana (Daniel-Jones) – 20, 22, 24, 29 juin
s La Donna del lago (Mariotti-Fulljames) – 4, 7, 11 juin
Staatsoper (43/1514447880)
s La Cenerentola (Lopez-Cobos-Bechtolf) – 1er, 5,
8, 11 juin
s Il Barbiere di Siviglia (Güttler-Rennert) – 7, 10, 14 juin
s Tosca (Armiliato-Wallmann) – 6, 9, 12 juin
s Carmen (de Billy-Zeffirelli) – 2 juin
s Tristan und Isolde (Welser-Möst-McVicar) – 13,
18, 22, 26, 30 juin
s Die Walküre (Schneider-Bechtolf) – 16, 23 juin
s Capriccio (Eschenbach-Marelli) – 20, 24, 27 juin
s Roméo et Juliette (Domingo-Flimm) – 21, 25, 28 juin
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Written on skin (Nagano-Mitchell)- 14, 16, 17 juin
s Il Trovatore (Wellber-Stölzl) – 3 juin
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Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Attila (Steinberg) – 19, 21 juin
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s La Traviata (Zanetti-Mussbach) – 2, 5, 8, 15 juin
s Le Vin herbé (Ollu-Mitchell) – 1er, 7, 9, 13 juin
s The Fairy Queen (Boder-Guth) – 16, 19, 21, 23,
25, 28 juin
s Hanjo (Albers-Bieito) – 22, 24, 30 juin
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Maxx (Jo i
new york
Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00)
s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 9, 12, 15, 18, 21,
23, 26 juin
s Le Nozze di Figaro (Nanasi-Kosky) – 2, 16 juin
s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 7, 8, 11 juin
Lors du Festival consacré à «L’Anneau du Nibelung», l’Opéra de Paris présente, le 19 juin, «La Walkyrie», avec
Martina Serafin (Sieglinde). Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer
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zurich
Une farce grandiose
Lady Macbeth de Mzensk est un opéra qui a valu beaucoup de déboires à
Chostakovitch quand, au lendemain de la première, un article assassin,
inspiré semble-t-il par Staline lui-même, s'offusquait de la soi-disant
pornographie contenue dans ce sujet déclaré licencieux.
L'attaque fut en tous les cas suffisamment
virulente pour faire peur au théâtre et l'inciter à
retirer le titre de l'affiche; le compositeur luimême, impressionné par une telle hargne de la
part du critique, se décidera plus tard à récrire
l'ouvrage en gommant les parties les plus brûlantes. C'est sous cette forme adoucie que l'ouvrage, sous le titre de Katerina Ismaïlova, commencera sa carrière internationale ; du reste, il
parut encore sous cette forme à l'affiche de
l'Opéra de Zurich en 2005...
Forme originale
C'est maintenant sous sa
forme originale qu'il revient
sur les planches de
l'Opernhaus, dans une mise en
scène grandiose d'Andreas
Homoki. Loin de jouer la
carte de la provocation, le
metteur en scène (et patron de
l'Opéra) raconte l'intrigue
sous la forme d'une grosse
farce dont les personnages
font rire même lorsqu'ils sont
malmenés par la vie ou par
leurs congénères. Les viols
des deux femmes, les coups
de fouet infligés à l'amant, la
mort par empoisonnement du
beau-père lascif ou par étranglement du mari assez stupide pour
rentrer trop tôt alors que sa femme
est occupée à sonder le corps
vigoureux de son nouvel amant, tout cela est traité comme des
séquences d'un spectacle grandguignolesque dont on s'amuse tout en
riant jaune, il est vrai. Les costumes déjantés, les décors aux couleurs bariolées et la gestique synchronisée d'une masse de figurants
et de choristes favorisent encore
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cette prise de distance du spectateur avec un
quotidien aussi sordide et laissent à la musique
le soin de montrer finalement avec quel sérieux
le compositeur s'est attaqué à son délicat sujet.
La direction est assurée par un jeune chef
grec qui est en train de se forger une enviable
réputation dans les théâtres de la province russe
reculée, mais il y a fort à parier qu'il va devenir
un hôte de plus en plus fréquent des grandes
institutions internationales. Son approche effervescente, voire embrasée du langage de
Chostakovitch transforme les instrumentistes du
Philharmonia de Zurich en protagonistes
incontournables de la soirée: car c'est dans l'orchestre que l'on prend la mesure de la souffrance des victimes ou de la brutalité des comportements de la classe dominante: les bois pleurent,
les cors grincent, les cuivres ricanent sur un
tapis mouvant que tissent les cordes avec un art
consommé de l'entrelacs de motifs sous-tendus
par les incessants coups de boutoir d'une section
rythmique débridée. Rarement, cet orchestre
aura paru musicalement si brillant et si engagé
au plan dramatique.
Une réussite
La distribution ne comporte aucun point
faible, à commencer par la Katerina de Gun-Brit
Barkmin qui réussit le tour de force de se lancer
à tête perdue dans ce rôle meurtrier sans que la
voix ne perde sa souplesse et son éclat dans un
aigu qui s'épanouit avec une saisissante facilité.
Kurt Rydl en beau-père vicieux ne le lui cède en
rien: la diction reste toujours d'une clarté exemplaire, l'intonation conserve un punch inouï
alors que la pure beauté du phrasé ou du legato
attestent le degré de suprématie technique
suprême de ce chanteur hors
du commun. Brandon
Jovanovich incarne un amant
au chant solaire et puissant,
peu raffiné il est vrai, - mais
Katerina n'attend certainement pas de lui qu'il lui serve
le thé en levant le petit doigt!
Benjamin Bernheim en mari
dupé fait étalage de dons de
comédien hors pair alors que
son émission, légèrement voilée, convient idéalement à son
emploi.
Les nombreux personna«Lady Macbeth de Mzensk» avec Gun-Brit Barkmin (Katerina Ismailowa)
ges secondaires sont tous
et Brandon Jovanovich (Sergej) © Monika Rittershaus
chantés à la perfection alors
que le chœur, comme à l'accoutumée, éblouit par sa capacité à s'adapter à divers styles d'écriture
sans que cela entame en quoi que
ce soit la précision de ses attaques
ou le raffinement du legato,
notamment dans les longues mélopées des bagnards de la scène finale, entonnées avec des voix reposées et fraîches capables des pianissimi les plus subtils.
Eric Pousaz
«Lady Macbeth de Mzensk» avec Kurt Rydl (Boris) © Monika Rittershaus
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ou Alberich, qui ressemblent à autant de variations infinies sur un langage chorégraphique
d'une prodigieuse diversité. De tels moments
n'ont rien perdu de leur charme à la fois percutant
ensorcelant et semblent avec les années gagner
encore en force de conviction.
Le Ballet d'Etat de Berlin conserve précieusement à son répertoire le
Il est au demeurant difficile, dans un ballet
spectacle qu'a monté expressément pour lui le chorégraphe belge en 1990
comportant autant de solistes mis tour à tour en
en s'inspirant des grands thèmes de la Tétralogie. Ring um den Ring est
valeur, de faire une sélection des meilleurs
considéré comme beaucoup d'amateurs comme l'opus magnum du
moments, signe évident de la qualité d'ensemble
chorégraphe belge : avec sa durée de plus de quatre heures, ce ballet
exceptionnelle de cette troupe berlinoise riche en
semble en tous les cas mûr pour le Guinness Book of Records...
individualités aux personnalités affirmées et à la
technique aguerrie. La présence de deux
Siegfried (Marian Walter et Michaël Banzhaf),
Juste après sa création le 7 mars 1990, le naux, a certainement contribué à aider les dan- aux pas d'une complexité inouïe où l'acrobatie le
ballet a été présenté au Palais de Beaulieu à seurs à retrouver leur feu premier.
dispute à la pure beauté plastique, sert de fil
Lausanne; si l'œuvre ne bénéficie pas aujourd'hui
Il est évident que sur une aussi longue soi- conducteur lumineux à la demi-heure consacrée
d'une aura comparable au Sacre du Printemps ou rée, tous les moments n'atteignent pas au même au volet de l'ouvrage qui porte pour titre le nom
au Boléro, la faute en incombe peut-être à l'extrê- degré d'intensité. Certaines pages de Siegfried de son personnage masculin prioncipal; de
me longueur du spectacle, mais surtout au fait ou, plus curieusement, de La Walkyrie paraissent même, le duo inattendu que forment Vladislav
que le chorégraphe a limité les droits de repré- avoir mal vieilli, comme si le chorégraphe, dans Marinov en Alberich et Wieslaw Dudek en Hagen
sentation aux ballets berlinois et à sa troupe du des moments aussi essentiels que le réveil de contribue-t-il fortement à donner une assise soliBBL, - qui est actuellement, faute d'effectifs suf- Brünnhilde ou les Murmures de la Forêt, avait de à l'évocation du Crépuscule des dieux avec
fisants, dans l'impossibilité de proposer une fait plus confiance au texte débité par le d'incroyables bonds et prouesses athlétiques qui
reprise intégrale de cette création hors du com- Narrateur qu'à la puissance d'évocation de la paraissent autant se réclamer de la grande tradimun.
musique. Ainsi, si le pas de deux réservé à tion classique russe que de certains pas d'inspiraEn 2004, soit trois ans avant
tion folklorique.
sa mort, Béjart revenait à Berlin
Du côté des dames, la
pour peaufiner son ouvrage.
serpentine Brünnilde de
C'est dans cette version remaniée
Nadja Saidakova ou la perque Ring um den Ring a déjà été
sonnalité rayonnante de
repris une trentaine de fois
Shoko Nakamura qui brosse
depuis; il figurait en avril au prode Fricka un portrait d'une
gramme de la Deutsche Oper de
féminité juvénile rendent
Berlin pour marquer le bicentetoute leur justification dranaire de la naissance de Wagner
maturgique aux atermoiedans le cadre de Semaines
ments du Wotan de Dmitriy
Wagnériennes où la presque totaSemionov dont la félinité
lité des ouvrages du composiaffichée, encore soulignée
teur, y compris Rienzi, étaient
par un grandiose costume de
remis à l'affiche.
Peter Sykora, souligne à la
Lors de la première de cette
fois la ruse et la fragilité.
«Ring um den Ring» dans la chorégraphie de Maurice Béjart © Bettina Stöss
nouvelle série de représentaBref: une toute grande soitions, limitées à trois pour l'occarée dont le succès triomphal
sion, l'enthousiasme du public frisait le délire. Sieglinde et Siegmund fait toujours preuve d'un laisse augurer de nombreuses reprises dans un
Avec Michaël Denard dans le rôle du Récitant, formidable élan dramatique, le personnage de futur proche... (6 avril)
les danseurs placés sous la direction de Bertrand Wotan paraît bien pâle en comparaison de ses
d'At ont su retrouver le souffle épique de la créa- apparitions fulgurantes dans L'Or du Rhin, et le Maîtres-Chanteurs de Nüremberg
Wagner reprenait ses droits de compositeur
tion en offrant une prestation digne de tous les troisième acte de cet ouvrage clef de la Tétralogie
lyrique
le lendemain avec la très belle mise en
éloges, même si les ensembles n'ont peut-être paraît tout simplement escamoté, d'autant que sa
scène
des
Meistersinger von Nürnberg qu'a
plus tout à fait la précision millimétrée que savait page la plus célèbre - La chevauchée des
réalisée
Götz
Friedrich en 1993 déjà.
y insuffler le créateur original. Au niveau des Walkyries - est utilisée dans le final de l'ouvrage
Surprenante
de
simplicité
et d'élégance stylisée,
individualités, par contre, il semble bien que la précédent alors que le duo entre le père et la fille
cette
réalisation
garde
tout
son pouvoir d'évocatroupe ait su se montrer digne d'un héritage aussi rebelle passe pratiquement inaperçu ! Mais les
tion
original
et
mérite
amplement
qu'on la
lourd à porter. Et la présence d'Elisabeth Cooper grands moments épiques sont légion, de même
reprenne,
saison
après
saison.
au piano, réalisatrice des arrangements origi- que ces indicibles duos réservés à Loge, Hagen
berlin : béjart enthousiasme toujours les foules
Succès triomphal
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«Les Maîtres-Chanteurs de Nüremberg» © kranichphoto im Auftrag der Deutschen Oper Berlin
Pour cette occasion, la distribution ne comportait pas de noms de vedettes : tous les rôles
principaux étaient distribués à des chanteurs de
la troupe, ce qui atteste du niveau exceptionnel
de ce théâtre qui peut se passer d'artistes invités
pour un spectacle aussi lourd. L'homogénéité
est ici la qualité première de cette soirée où l'on
ne retrouvait pas ces tous grands moments que
seuls savent dispenser les artistes de renommée
internationale, ... pour autant qu'ils aient envie
de se présenter à leur public. Albert Pesendorfer
est ainsi un Sachs infatigable, au timbre d'un
beau métal sombre manquant peut-être de
rayonnement dans les moments de tendresse,
comme dans le duo avec Eva au III. Le rôle de
la jeune femme était tenu par Martina
Welschenbach, au soprano charnu mais parfois
un peu dur dans l'aigu, ce qui ne l'empêchait
pourtant pas de brosser un portrait d'une inhabituelle richesse de facettes de la jeune amoureuse tiraillée entre sons sens du devoir et les pulsions de son cœur. Jana Kurucova à ses côtés
incarnait une Magdalena agréablement emportée et juvénile, parfaitement en accord avec le
David au timbre clair, néanmoins parfois trop
mat dans l'aigu, de Thomas Blondelle. Walter
von Stolzing avait les traits et la voix déjà usée
de Robert Dean Smith qui, après un final du
premier acte où il était devenu presque inaudible, s'est remarquablement repris au III avec un
Preislied d'une magnifique envergure rayonnante. Michale Eder, un Pogner à la voix fraîche et
reposée, et Stephen Bronk, un Kothner percutant à souhait, emmenait une magnifique troupe
de Maîtres où brillait le diamant de la soirée en
la personne de Markus Brück qui brossait un
portrait d'un incroyable raffinement de l'amant
malheureux et maître-chanteur déconfit
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Beckmesser: rarement ce rôle aura été distribué
à un baryton aussi soucieux de prouver que,
malgré le rôle ingrat qui lui est dévolu, ce personnage tragi-comique reste bien un maître
digne de ses confrères dont l'art du chant est
loin d'atteindre les sommets de raffinement qui
sont les siens dans sa sérénade à Eva.
L'orchestre, emmené par Christoph Prick,
se montrait plus convaincant par la splendeur de
ses cuivres et la souplesse de ses cordes que par
le mordant d'une interprétation qui sombrait
parfois dans une quiétude un brin léthargique (7
avril)
Carmen
De cette mise en scène de Peter Beauvais,
rafraîchie en 2009, il n'y a pas grand chose à
dire si ce n'est qu'elle illustre avec efficacité les
péripéties d'un livret convenu. Si la soirée méritait amplement le détour, c'est à sa jeune inter-
prète de Carmen qu'elle le devait: Clémentine
Margaine, qui a été élue révélation de révélation
classique ADAMI et a obtenu le prix spécial du
jury au concours international de Marmande,
fait littéralement un malheur dans ce rôle où se
sont illustrées les plus célèbres de ses devancières. Le chant est léger mais ne manque ni d'éclat
ni de puissance dans le grave; le ton reste celui
d'une jeune femme enjouée: elle n'a rien de la
tragédienne dont la mort annoncée s'approche
d'inéluctable façon. Presque surprise de se trouver tout à coup face à quelqu'un qu'elle a mal
jugé, elle meurt sans effets vocaux hypertrophiés, sans cris. Son timbre aux magnifiques
reflets ambrés fera certainement d'elle une des
interprètes de ce rôle en or parmi les plus
recherchée sur le plan international dans le courant des prochaines années.
Le reste de la distribution est moins spectaculaire : Martina Welschenbach est une Micaëla
aux accents décidés qui n'ont rien des plaintes
d'une mijaurée dépassée par les événements,
Gaston Rivero un Don José aux couleurs trop
criardes et aux tonalités nasillardes dans l'aigu
et Michael Bachtadze un Escamillo à l'émission
musclée qui ne s'encombre pas de raffinements
vocaux.
Les rôles secondaires sont bons alors que la
direction de William Spaulding, l'actuel chef
des chœurs de la Maison, plaît par ses rythmes
allants qu'entrecoupent curieusement de trop
longues césures, comme par exemple après chacun des entr'actes précédant les quatre séquences de l'opéra. (4 avril)
Eric Pousaz
«Carmen» © Bettina Stöss
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opéra de lausanne
Carmela Remigio
Carmela Remigio est une des rares sopranos italiennes qui puissent se
vanter de chanter régulièrement presque tous les rôles principaux des
grands opéras de Mozart en plus de ses nombreuses excursions dans le
grand répertoire romantique français et italien du 19e siècle. Dans
Idomeneo et Le nozze di Figaro, elle réussit même l'exploit d'incarner avec
succès tour à tour Elettra et Ilia ou La Contessa et Susanna, des emplois
aux typologies vocales pour le moins différentes. A Lausanne, en juin, elle
sera la Comtesse dans Les Noces de Figaro.
Contactée par courriel, elle a bien voulu
répondre à quelques questions sur sa conception
du rôle de la Comtesse:
Vous chantez les deux rôles féminins
principaux des Noces de Figaro. Lequel préférez-vous ?
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Il est difficile de dire qui je préfère des deux
personnages, surtout sous l'angle musical, car le
compositeur les a gâtées l'une et l'autre. Mais au
stade actuel de ma vie de femme, j'ai une légère
préférence pour la Comtesse qui est plus proche
de ce que je ressens au quotidien. Susanna, je
l'ai chantée à vrai dire dans peu de productions,
mais qui ont toutes été des étapes importantes
avant tout gai, et paraît toujours sûr de soi au
point de ne pas trop se poser de questions.
Le fait d'incarner alternativement
deux rôles si différents vous pose-t-il des problèmes particuliers ?
Pour une artiste lyrique, Susanna est d'abord un
exercice de résistance vocale car c'est un des
rôles les plus longs de tout le répertoire mozartien. Il n'est pourtant de loin pas le plus complexe. Et puis Susanna arpente la scène pendant
près de quatre heures et, à la fin de la représentation, je sens d'abord la fatigue dans mes pieds!
Par opposition, la musique de la Comtesse baigne dans une sensualité mélancolique qui rend
son profil dramatique vraiment unique. Elle est
l'égale des grandes héroïnes tragiques, royales,
altières, de Mozart mais avec cette capacité de
réfléchir sur soi, voire de se remettre en question qui fait d'elle une des créations lyriques les
plus sublimes qui soient.
Avoir chanté l'un et l'autre de ces deux
rôles en scène vous facilite-t-il la tâche ?
Carmela Remigio © Marco Rossi
dans ma vie d'artiste. Ce personnage de servante s'inscrit dans la grande tradition des divertissements scéniques du 18e siècle italien, même
si Mozart la dote d'une personnalité musicale
autrement plus complexe que ce que l'on voit et
entend habituellement dans le répertoire d'alors;
ce personnage de servante reste néanmoins
e
Lorsque je suis La Comtesse, je sais exactement
ce que va dire et penser sa servante, c'est
comme si je me regardais dans un miroir.
L'interaction qu'impliquent les nombreux jeux
de scène de cette comédie endiablée s'en trouve
pour moi simplifiée. On ne doit en outre pas
oublier que la Comtesse est encore une jeune
femme, elle a tout au plus vingt-deux ans si l'on
admet que, d'après Beaumarchais, Les Noces de
Figaro se jouent seulement trois ans après Le
barbier de Séville. Susanna et Rosina (alias La
Comtesse), sont ainsi presque sœurs par l'âge
même si elles vivent quelque chose de tout à fait
différent pendant cette “folle journée“.
tres personnages sont déjà totalement immergés
dans la comédie. Mais son air d'entrée Porgi,
amor, qualche ristoro est tellement sublime!..
C'est une déclaration d'amour teintée de tristesse, et je me sens immédiatement plongée dans
cette atmosphère prenante. Lorsque je suis enfin
sur le plateau, je me sens comme un enfant qui
arrive sur son terrain de jeu préféré, parce que
j'aime cette musique, j'aime cette situation théâtrale vraiment prenante. Et si ma santé vocale
est bonne ce soir-là, qu'est-ce qui peut m'arriver? Je nage en plein bonheur...
Vous chantez Adalgisa dans Norma,
Violetta dans Traviata, Marguerite dans
Faust. Que représente Mozart pour vous ?
Comme l'ont dit d'autres interprètes du belcanto avant moi, chanter Mozart est un implacable
test de santé vocale. Quand j'aborde Maria
Stuarda de Donizetti, par exemple, je retrouve
les accents propres à Donna Anna dans Don
Giovanni ou Vitellia dans Titus. L'équilibre à
atteindre dans les changements de registre, la
musicalité de la phrase, la coloration de chaque
note, le contrôle du souffle : tout est déjà dans
Mozart. Pour moi, le cantabile de l'air de Donna
Anna Non mi dir est techniquement un fabuleux
exercice de pur belcanto.
Arrivez-vous aux premières répétitions avec une idée définie de ce que vous
aimeriez faire sur le plateau ?
J'aime trop le théâtre pour ne pas apprécier d'abord le contact avec d'autres sensibilités artistiques susceptibles de m'ouvrir des horizons
nouveaux. J'ai beaucoup travaillé avec Peter
Brook et ai appris de lui que le théâtre est d'abord quelque chose qui ne saurait se figer. Un
bon metteur en scène doit parvenir à me
convaincre de la nécessité d'adopter sa conception du personnage; s'il n'y parvient pas, c'est à
moi d'argumenter pour le convaincre que mon
point de vue est meilleur. Le théâtre sort chaque
fois rajeuni de ces confrontations de points de
vue et cela ne peut que profiter à la dynamique
du spectacle.
Une dernière question : si vous deviez
abandonner un des deux rôles dans Les
Noces, hésiteriez-vous ?
Non! Il me semble nécessaire de laisser Susanna
à une artiste en début de carrière, pour autant
qu'elle ait les capacités techniques de maîtriser
sa musique...
Propos recueillis et traduits par
Eric Pousaz
Vous entrez relativement tard en
scène. Est-il pénible d'attendre votre tour en
loge ?
Non, je lis, me détends. Bien sûr, je sais que je
commence à chanter à froid quand tous les au-
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Opéra de Lausanne : Le nozze di Figaro de Mozart
les 7, 9, 12, 14 et 16 juin.
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ABONNEMENTS DÈS LE 26 MARS
VENTE LIBRE DÈS LE 3 JUIN
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S’OFFRE L’OPÉRA !
OPÉRAS VERSION CONCERT
L’ORFEO
CLAUDIO MONTEVERDI
DORILLA IN TEMPE
ANTONIO VIVALDI
DANSE
ISRAEL GALVÁN
LO REAL / LE RÉEL
BÉJART BALLET LAUSANNE
LE MANDARIN MERVEILLEUX
CONCERTS & RÉCITAL
I TURCHINI
BACH ET LA MUSIQUE NAPOLITAINE
SANDRINE PIAU & LES PALADINS
LE TRIOMPHE DE L’AMOUR
CARTE BLANCHE À CÉDRIC PESCIA
AVEC SEBASTIAN GEYER
VIVALDI & PIAZZOLLA
ISABELLE MEYER
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Il a fallu donc freiner la cantatrice dans l’élan qui la poussait à
répondre avec gentillesse et générosité à nos questions !
une belle rusalka au grand théâtre
Camilla Nylund
Les fidèles lecteurs de Scènes Magazine se souviendront
du portrait de la cantatrice finlandaise paru en juin
2012 où nous retracions les étapes de sa brillante
carrière. Elle vient de la côte ouest de la Finlande, où
vit une minorité (5,6% des habitants du pays) dont la
langue maternelle est le suédois.
Du 13 au 27 juin, elle incarnera Rusalka, héroïne
d’Antonin Dvorak au Grand Théâtre de Genève.
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Scènes Magazine l’a rencontrée il y a quelques mois, le lendemain
d’une représentation de Don Carlo à l’Opéra d’Amsterdam, dans laquelle
elle n’a pu chanter le rôle d’Elisabeth, pour cause de refroidissement. Mais
elle l’a quand même joué pendant qu’une collègue, sur le côté de la scène,
prêtait son organe pour sauver la représentation.
Premier entretien au cours duquel le souci majeur de l’interviewer
était de ne PAS trop faire parler l’artiste ! En effet nous pensions aux
représentations qui allaient suivre et comme chacun sait que la pire chose,
lorsque l’organe vocal est atteint, c’est de parler !
Le principal problème de cette profession est, dit-elle, l’obligation de
rester en forme de façon permanente, ce qui, avec les années, devient de
plus en plus difficile, surtout en raison des déplacements inévitables toujours plus nombreux. Cette fois la grippe a frappé au début des répétitions
avec orchestre. Camilla Nylund n’a pas voulu avoir recours aux antibiotiques, et après une soirée délicate où il a fallu « tenir » jusqu’à la fin, elle
a dû jeter l’éponge pour le spectacle suivant, car ses aigus n’étaient plus
là, à son grand regret évidemment : une occasion manquée de se plonger
dans l’opéra italien, qui est un baume pour la voix, et qui lui convient si
bien. Pour l’instant cependant, son répertoire est dominé par Wagner et
Strauss.
Bien sûr on se sent handicapé dans ce genre de circonstances, mais
également soulagé de ne pas devoir chanter dans de mauvaises conditions.
La présence d’Elisabeth sur scène est constante, - ce que préfère Camilla
Nylund plutôt que de regagner sa loge entre chaque intervention. Salome
et Rusalka également ne quittent guère le plateau.
Rusalka
Rusalka est une créature étrange, ni morte ni vivante, portant la queue
des sirènes, incapable de trouver le repos, ni la liberté. Elle continue à
vivre ainsi, peut-être éternellement. Son histoire est émouvante. Ce n’est
pas un être humain mais un personnage de conte de fées qui provoque
beaucoup de changements. Il s’agit d’une production de Salzbourg qui ne
ménage pas la protagoniste, notamment lorsque la mise en scène exige de
gravir des marches d’escalier en dépit de l’encombrant appendice. Une
production, que certains ont jugée « peu esthétique » ( !), qui lui a laissé,
entre autres souvenirs, une jolie collection de bleus ! Au Grand Théâtre, la
distribution ne sera pas la même.
Rusalka, comme Elisabeth, souffrent : c’est le lot réservé par les
librettistes masculins aux femmes en général ! Camilla Nylund s’efforce
de rendre ces héroïnes touchantes et crédibles.
Si certaines indications du metteur en scène ou certains partenaires la
dérangent, elle ne fait pas d’histoires. Elle a été élevée ainsi, et de plus elle
est du signe des Gémeaux, connus pour leur diplomatie ! Il faut avoir une
forte personnalité, mais aussi savoir s’adapter car le travail d’équipe doit
demeurer efficace.
2013
A programme de cette année 2013, (Camilla consulte son agenda qui
déborde) figurent une autre production de Rusalka à Barcelone, puis des
concerts à Rome, Dresde et Helsinki, Salome à Vienne, Lohengrin à
Francfort, Sieglinde à Vienne, Rusalka à Genève, Tannhäuser à Bayreuth
et Ariane à Naxos à Francfort. Elle n’a pas vraiment de rôle favori, mais
trouve Salome et Ariane particulièrement bien écrits pour sa voix.
Une voix lumineuse, comme elle.
D’après des propos recueillis et traduits par Martine Duruz
Les 13, 16, 19, 21, 24, 27.6. : Rusalka de Dvorák. OSR, dir. Dmitri Jurowski, m.e.s. Jossi
Wieler et Sergio Morabito. Grand Théâtre de Genève à 19h30, le 16 à 15h (billetterie :
022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
Camilla Nylund © Markus Hoffmann
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grand théâtre
«L’Or du Rhin»
sera donné en représentations les 13 et 20 mai 2013,
lors du Festival scénique dédié à «L’Anneau du Nibelung»
Photo GTG / Carole Parodi
g r a n d
t h é â t r e
entretien : tobias richter
Sous le signe
de la révolte
D'ordinaire, Tobias Richter n'apprécie pas
particulièrement les saisons dont le profil est
entièrement dicté par une idée forte, car il lui semble
difficile, au moment où les contrats sont signés - soit en
moyenne deux à trois ans à l'avance - , de savoir quels
seront les impératifs visuels ou dramaturgiques des
mises en scène confiées aux artistes engagés.
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Or il ne peut être question d'imposer une quelconque idée directrice à
qui que ce soit car il est capital, à ses yeux, de laisser toute liberté à la
force créatrice des gens qu'il engage. Néanmoins, le Directeur du Grand
Théâtre apprécie que la dramaturgie d'une saison permette au public de
discerner, au gré des diverses soirées lyriques mises à l'affiche, un fil
rouge donnant un sens au choix des ouvrages programmés de préférence à
d'autres. Entretien.
en le traitant de vieux radoteur cherchant à l'empêcher de réaliser son destin. Dans Nabucco, le Chœur des prisonniers est à lui seul un splendide
plaidoyer pour la liberté rêvée d'un peuple oppressé, mais la révolte gronde à tous les niveaux de l'intrigue, à commencer par le refus catégorique
d'Abigaille d'accepter son rôle de fille soumise face à son père adoptif
manipulateur. Le Crépuscule des dieux montre à l'évidence le cul-de-sac
dans lequel se sont engagés plusieurs personnages principaux par aveuglement personnel et amour déraisonnable du pouvoir absolu. Enfin, dans La
Wally, c'est plus simplement une fille qui ne veut pas se soumettre à un
père qui a choisi de lui faire épouser celui qu'elle ne peut se résoudre à
aimer...
Le bouclement de la Tétralogie (avec Walkyrie en novembre,
Siegfried en février et Crépuscule en avril) avant la programmation de
deux cycles complets en mai vous a-t-il contraint à des choix difficiles
?
Concevoir une saison dans un théâtre dit de stagione à l'italienne (soit avec
huit à dix productions jouées en série avant la mise à l'affiche d'un autre
spectacle) n'a rien à voir avec les problèmes qui se posent à un directeur de
salle de répertoire comme Vienne, Munich ou Düsseldorf. L'avantage du
modèle genevois est de permettre de partir chaque fois de rien lorsqu'on
envisage de monter un titre ou un autre. Ainsi, j'ai toute latitude de choisir
jusqu'au rôle le plus insignifiant sans avoir à tenir compte des gens de la
troupe; ce n'était pas le cas lorsque je travaillais en Allemagne car j'étais
alors obligé d'employer sur une base régulière les membres de la troupe. Le
revers de la médaille est néanmoins évident ici à Genève: avec moins de dix
productions scéniques par an, je ne peux donner une image équilibrée du
répertoire et je suis le premier à regretter l'absence d'un opéra baroque ou
d'une création contemporaine inscrite dans le programme de notre saison
régulière. En outre, monter un Ring est la tâche la plus ardue qui se pose à
un théâtre, à plus forte raison dans un milieu comme celui de Genève où les
techniciens ne sont pas confrontés quotidiennement aux divers problèmes
que posent la présence au répertoire régulier de vingt à vingt-cinq productions données en alternance dans un opéra organisé à l'allemande. Le profil
de la saison prochaine au Grand Théâtre peut donc paraître déséquilibré à
certains, mais il me paraît vital pour une institution artistique comme celle
de Genève de se mesurer de temps à autre à des défis qui font craquer jusqu'au dernier rouage de la 'machine' de production.
Vous avez programmé une série de représentations en fiançais
d'un titre aussi connu que La Chauve-Souris. Est-ce que cela a encore un sens aujourd'hui dans un théâtre dont le public est plutôt international ?
Tobias Richter © Odile Meylan
Tobias Richter: La future saison sera celle de la révolte de l'individu, en
lutte avec son milieu pour faire respecter sa liberté personnelle. Tous les
ouvrages mis à l'affiche nous montrent en effet des personnages prêts à
payer de leur vie, s'il le faut, leur lutte pour assurer leur indépendance physique ou leur droit à des choix de vie qui leur conviennent. Figaro ose par
exemple s'opposer au Comte au nom de l'égalité des êtres en refusant à son
maître le fameux droit de la première nuit (plus simplement appelé : droit
de cuissage) sur sa future femme. La Walkyrie nous montre une
Brünnhilde qui n'hésite pas à braver l'ordre paternel par amour pour un
mortel qui n'obéit, lui, qu'aux lois que lui dicte son cœur. Dans La ChauveSouris, Rosalinde n'hésite pas à recourir à divers stratagèmes que la morale réprouve pour s'affranchir de la tutelle maritale, qui se réduit pour elle
à l'asservissement de la femme par une société bourgeoise dont le machisme n'a d'égal que la suffisance. Siegfried se jette sans trop se poser de
questions sur Wotan pour briser sa lance après l'avoir humilié verbalement
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Vous savez, j'ai vu il y a plus de trente ans une production en langue française de La Chauve-Souris avec William Jacques dans le rôle de Frosch. Il
y a cinq ans, j'ai assisté dans ce même théâtre à la dernière série de représentations de ce même ouvrage de Strauss avec dialogues et lyrics dits et
chantés en allemand. J'ai été frappé par la différence d'atmosphère entre
ces deux soirées; là où les rires fusaient pendant les réparties déjantées du
premier spectacle, le public, plus récemment, restait de marbre, car il était
probablement trop occupé à lire les surtitres qui défilaient à grande vitesse sur les écrans. Or l'opérette doit faire mouche dans l'instant, sinon elle
rate son but. Je pense donc légitime de prendre ce risque calculé pour la
reprise d'une production déjà vue ici.
L'opéra de Catalani, La Wally, est aussi une rareté; je crois
qu'il n'a jamais été joué sur la scène du Grand Théâtre depuis sa
réouverture en 1962. Y a-t-il de votre part une intention particulière
à programmer ce titre ?
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Disons que j'ai toujours aimé cet opéra, depuis
que je l'ai découvert grâce à l'enregistrement
presque mythique où Fausto Cleva dirige ces
trois monstres sacrés que sont Renata Tebaldi,
Mario del Monaco et Piero Cappuccilli. Et je l'ai
mis à l'affiche aussi bien à Brême qu'à
Düsseldorf lorsque j'y étais directeur. Alors,
pourquoi pas à Genève ? Pour rester plus sérieux,
je trouve que ce compositeur est scandaleusement méconnu. On joue partout Puccini et l'on
oublie que d'autres compositeurs le valent bien.
Je n'ai rien contre l'auteur de Madama Butterfly,
bien évidemment, mais je trouve sa musique souvent plus sophistiquée, autrement dit: plus fabriquée, moins directement sincère que celle d'un
Catalani. Et il n'y a pas dans La Wally que l'air du
2e acte, rendu célèbre par le film Diva, qui vaille
le détour. L'ensemble du dernier acte, avec la
scène de l'avalanche, compte parmi les plus belles pages du répertoire lyrique italien de cette
période. C'est pourquoi cet ouvrage mériterait
amplement à mes yeux de figurer en bonne place
dans le répertoire régulier de tous les théâtres du
monde.
ce dans l'évolution du style
lyrique en France. Je trouvais
donc particulièrement approprié, en cette année du bicentenaire de la naissance de
Wagner, de faire entendre une
composition tout à fait différente, inspirée des mêmes
sources littéraires, mais
apportant des solutions musico-dramatiques foncièrement
originales à ce qui va devenir
le drame lyrique à la française
dont, à des degrés certes
divers, un Dukas, un Fauré ou
un Chausson seront les héritiers directs.
Au fond, vous êtes
donc satisfait de cette saison
spéciale
malgré
les
contraintes liées à la mise
sur pied de la Tétralogie...
Parmi les regrets que tout
directeur de théâtre éprouve
En contrepoint à la production de la
lorsqu'il voit sa nouvelle saiTétralogie, vous proposez trois versions de
son couchée sur le papier, il
Projet de maquette pour «Siegfried»
concert de Sigurd d'Ernest Reyer. S'agit-il là
en est un que j'ai de la peine à
également d'une œuvre à votre avis injustedigérer, comme je l'ai dit prément laissée de côté ?
cédemment : l'absence d'une œuvre résolument moderne dans la saison
Certainement ! Avec des moyens tout autres que ceux de Wagner, Reyer régulière du Grand Théâtre. Certes, nous avons pu avec l'aide du Festival
compose son ouvrage au moment même où le compositeur allemand s'at- Archipel, proposer Delusion Of The Fury, un spectacle total du compositaque à L'Or du Rhin. Il serait donc vain de chercher des influences de l'un teur américain Harry Partch qui sera donné en création européenne le 23
des musiciens sur son confrère. Le langage du compositeur français se août prochain à Bochum, en ouverture de la Ruhrtriennale et que nous précaractérise par une grande élégance formelle, une orchestration assez senterons au BFM à la fin du mois de mars 2014. La musique y est d'une
transparente d'une admirable diversité et un traitement des récitatifs en originalité absolue et donne forme à des univers à proprement parler
ariosos qui fait toute l'originalité de cette partition de première importan- inouïs jusqu'ici : le langage mélodique et le texte y créent une atmosphère
où la raison ne trouve pas ses marques habituelles, notamment à cause du mélange si particulier
de mythes africains et japonais que le compositeur fait revivre avec un ensemble instrumental
où les recherches sur les alliages sonores sont
tout simplement extraordinaires. La mise en
scène en sera assurée par Heiner Goebbels, un
artiste d'exception dont les Genevois ont déjà eu
plusieurs fois l'occasion d'apprécier le travail
innovant. Mais, pour revenir à votre question, je
reste conscient que cela n'est qu'une solution de
remplacement et il me tarde de mettre une nouvelle fois à l'affiche une œuvre qui éclaire plus
directement les problèmes de notre temps...
Propos recueillis par Eric Pousaz
Plus d’infos sur : http://www.geneveopera.com/1314/
Façade du Grand Théâtre de Genève
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péril. Il faut rester avec la voix que l’on a, même
si le jeu scénique, lui, se veut masculin. Pour le
cas de Chérubin, c’est un jeune garçon. Donc, la
masculinité, si je puis dire, s’impose
encore moins.
entretien
Stéphanie d’Oustrac
Arrière-petite-nièce de Francis Poulenc, Stéphanie d’Oustrac a de qui tenir.
Sa vocation de chanteuse lui est venue dans son enfance en Bretagne, et de
sa participation à une maîtrise. Mais c’est en entendant Teresa Berganza
que sa décision prend forme : elle sera cantatrice, et l’une des plus recherchées actuellement par les théâtres lyriques internationaux.
Vous abordez souvent des personnages plutôt sombres, pour la couleur vocale :
Médée, Carmen, la Voix Humaine de
Poulenc… Est-ce en raison de votre voix ou
par inclination ?
Je pense qu’il faut toujours être
sincère. Donc, je ne trafique pas
ma voix. Je n’insiste pas sur le
côté mezzo de ma couleur vocale.
Je suis davantage portée par un
personnage. Je préfère avant tout
incarner un rôle, avec sa consistance, plutôt que de me livrer à
des exploits purement vocaux. La
densité du personnage et de ses
conflits, ressort aussi de la caractérisation vocale. Mais dans mon
cas, c’est ce qui m’attire surtout
dans un rôle.
Vous êtes souvent qualifiée
de chanteuse baroque. À tort, à
en juger par votre biographie et
votre carrière…
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Effectivement. J’ai eu une formation tout ce qu’il y a de plus classique, notamment dans mes classes
de chant au Conservatoire de Lyon.
Je n’étais donc pas destinée au
chant baroque et la suite de ma carrière l’a en grande partie prouvé.
Mais la rencontre avec William
Christie a été déterminante, qui m’a
lancée dans Lully et Rameau. Une
sorte de tournant, qui cependant n’a
pas été décisif, puisque j’alterne les
deux styles. Ce qu’il faut, c’est s’adapter au répertoire que l’on interprète. Je revendique toutefois l’éclectisme.
Vous faites beaucoup de
répertoire français…
Pas seulement, puisque en tant
que mélodiste je m’attaque aussi
aux lieder. Et dans l’opéra, au
répertoire italien, dont les opéras
de Mozart et Haendel font partie.
Mais il est vrai que l’on se sent
mieux dans son arbre généalogique. Question de culture… Ce
n’est pas être fermé, mais plutôt
s’ouvrir à partir d’une culture
donnée au reste des cultures du
monde.
Chérubin que vous interprétez dans les Noces de Figaro
au Grand Théâtre, n’est pas une
prise de rôle. Ce n’est pas non
plus votre premier Mozart…
Absolument. J’ai déjà abordé
Zerline de Don Giovanni, Sesto de
la Clémence de Titus et Dorabella
de Cosí fan tutte. Chérubin, je l’avais inauguré au Japon, et plus près
de nous, je l’ai repris à
Saint-Étienne.
Vous aviez déjà fait
auparavant une apparition à
Genève, il me semble…
Stéphanie d’Oustrac © Bertrand Pichêne
C’est un rôle travesti. Est-ce que cela
implique une conception différente, tant scéniquement que vocalement ?
Au plan scénique, cela dépend beaucoup de la
mise en scène. J’avoue qu’à l’heure où nous
parlons, je ne sais encore rien du spectacle tel
qu’il sera présenté à Genève. Quoi qu’il en soit,
les garçons et les filles ne bougent pas de la
même façon. Il faut savoir en tenir compte,
quand on se déplace sur scène, dans le jeu du
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personnage… Pour ce qui est de la couleur
vocale, j’estime justement qu’il ne faut pas
pousser, forcer le trait, tendre à la caricature. Il
convient de rester avec sa propre caractérisation
vocale. C’est un défaut que j’avais à mes
débuts : j’essayais de trouver une couleur masculine. Car j’ai abordé nombre de rôles travestis : Niklausse des Contes d’Hoffmann, Ascagne
des Troyens, Sesto dans la Clémence de Titus de
Mozart et Jules César de Haendel… Avec l’expérience, je ne crois pas judicieux ni adapté de
modifier son émission, car cela met la voix en
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C’était il y a un certain temps. Sous la direction
de Gabriel Garrido au Bâtiment des Forces
Motrices. Pour une zarzuela baroque, La púrpura de la rosa de Tomás Torejón y Velasco, créée
au Pérou en 1701. Vous voyez, je chante dans
les langues les plus diverses.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Le Nozze di Figaro de Mozart, une production du
Vlaamse Opera, les 9, 11, 13, 15, 17, 19 septembre 2013 au
Grand Théâtre de Genève.
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entretien
Marc Laho
C’est un ténor discret mais présent sur toutes les scènes
lyriques, où ses vertus interprétatives le distinguent.
Marc Laho avait déjà chanté dans les Contes d’Hoffmann
au Grand Théâtre il y a quelques années. Il y revient pour
la Chauve-Souris.
Vous chantez la Chauve-Souris au Grand Théâtre. Est-ce que
vous avez déjà abordé cet ouvrage ?
Oui, à plusieurs reprises. La dernière fois ce fut à Montpellier, et juste
avant à Lausanne, en 2007. Au Grand Théâtre, je jouerai le rôle entièrement en français. Alors qu’à Lausanne on avait alterné les dialogues en
français et les parties chantées en allemand. Mais j’ai appris ce rôle dans
les deux langues, et l’ai fait en allemand comme en français.
Un petit commentaire sur l’ouvrage, et le rôle d’Alfred que
vous allez incarner...
Alfred, c’est simplement l’amant de l’héroïne. La Chauve-Souris est une
farce, avec beaucoup de quiproquos. La source de l’œuvre elle-même provient d’une anecdote personnelle de Johann Strauss : un ami lui avait joué
un petit tour, une farce déjà ; cet ami s’était promené dans la rue, grimé en
chauve-souris. Ici, dans l’opérette, c’est une vengeance. La femme, la servante, le gardien de prison, se font passer pour de grands notables, et
Alfred, se croyant invité chez un prince, courtise la maîtresse de maison,
qui est masquée. Mais sans savoir que c’est sa propre femme ! Il y a deux
ténors dans la pièce : Alfred et son rival, puisqu’il en faut un ! Le quiproquo ne vient que de moi, Alfred donc, qui est arrêté à la place de l’autre
personnage à la suite d’une dispute que ce dernier avait fomentée. Je suis
l’amant dans l’histoire, et non pas le mari. C’est à la fois très amusant et
très compliqué.
Tout repose donc sur Alfred, sur vous. Vocalement, comment le
rôle se caractérise ?
Alfred est un rôle très sympathique à chanter. Il a un petit duo, un air, un
ensemble où il participe… L’écriture vocale est assez précise, tout en laissant une part à l’improvisation dans un moment en coulisse ; cela peut être
un air du Faust de Gounod, de Rigoletto, au choix… Puisque le héros est
lui-même chanteur, selon le livret. Il pousse ainsi régulièrement la sérénade ! C’est assez fin, ce chant dans le chant si je puis dire. Nous verrons
comment cela se passe pour la mise en scène de Genève. Les choses ne
sont pas encore arrêtées au moment où nous parlons. Car, pour ce passage d’improvisation traditionnelle dans l’ouvrage, tout dépend d’elle. Ce
sera le spectacle pour les fêtes de fin d’année.
Donc, ce rôle ne présenterait pas de difficultés…
Mais si ! Comme tout rôle. Et puis il faut savoir incarner un texte, un personnage et sa traduction musicale. Il y a par exemple un quintette, assez
échevelé, qui nécessite d’être bien carré. Ce n’est pas si aisé !
Justement, est-ce que l’alternance de dialogues parlés et de
parties chantées présente elle aussi des difficultés ?
Tout à fait. Il faut savoir jouer la comédie. Ce serait presque ici davantage
une pièce de théâtre. Le passage, alors, du registre de voix naturelle, pour
les parties parlées, à celui de voix travaillée, pour le chant, est toujours
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Marc Laho
assez épineux. Pour moi, je peux oser dire que j’y parviens aisément.
Donc, il faut jouer sur tous les tableaux.
Cela se comprend. Car vous savez certainement les éloges qui
vous sont adressés pour votre élocution dans le chant français. Ce
n’est pas si fréquent de nos jours. Vous l’avez cultivée ou cela vous
vient naturellement ?
Je suis Belge. Il faut croire que les Belges prononcent bien le français,
mieux que certains chanteurs de France [nous le croyons volontiers – note
de P.-R. S.]. Il y a eu aussi ma carrière : j’ai commencé en faisant beaucoup d’opérette, où il était indispensable de bien prononcer. J’ai aussi
essayé de gommer mon accent d’origine, et ce faisant, cela n’a fait que me
porter encore davantage vers la bonne diction. Beaucoup de circonstances
ont joué pour cette éventuelle bonne élocution que vous me faites la gentillesse de me reconnaître. Je trouve, en outre, que l’élocution est indispensable à la couleur du chant. Là, ce sont mes professeurs, en Belgique, qui
me l’ont enseigné. La langue française présente des difficultés, avec ses
“ on ”, ses “ an ”…, ou alors les “ e ” muets, qu’il faut maîtriser. Les partitions lyriques en tiennent compte. Les anciens enregistrements de chanteurs sont un modèle sur ce plan. Mais tout cela, c’est un travail de chaque
instant dès que vous abordez un rôle…
Votre répertoire ne se résume pas à l’opérette…
Je peux citer en vrac : Hoffmann, Don José dans Carmen, Faust, Werther,
La Favorite… Un peu tout le répertoire français de ténor lyrique léger.
Mais je chante aussi l’opéra italien, Traviata, l’Élixir d’amour, le bel canto
en général. Le répertoire allemand, que j’ai peu abordé jusqu’ici, va bientôt mieux entrer dans ma palette, avec la Flûte enchantée, et même
Wagner. Mais dans chaque cas il faut maîtriser la langue. C’est Nicolaï
Gedda, dont j’avais suivi l’enseignement, qui me l’avait dit, lui qui parlait
couramment sept langues !
Et vos projets immédiats…
Je fais une recréation mondiale à l’Opéra de Liège : Guillaume Tell de
Grétry. Une découverte absolue, d’un opéra qui n’a pas été donné depuis
plus deux siècles.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
La Chauve-Souris de Strauss fils, une production du Festival de Glyndebourne, les 13, 15,
17, 21, 22, 28, 30, 31 décembre 2013 au Grand Théâtre de Genève.
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les surprises de la saison
Cohérence
Daniel Dollé
Le choix de La Wally a été le fruit de mûres réflexions. Le thème de
la révolte et celui de la chute y sont présents, même s’il s’agit d’un cas
personnel, et l’on peut donc rattacher l’œuvre à l’esprit révolutionnaire de
la période qui vit le début de la composition du Ring.
Tobias Richter et Daniel Dollé désiraient se soumettre à la tradition
genevoise, qui tient à maintenir à l’affiche ses compositeurs fétiches,
Mozart, Wagner,Verdi. Mais ils souhaitaient également offrir au public
l’occasion de découvrir des œuvres plus rares, car il est essentiel de nourrir ou de piquer la curiosité afin que le répertoire ne se réduise pas comme
peau de chagrin.
En cette année anniversaire, L’Anneau du Nibelung s’imposait.
D’abord le prologue, en mars 2013, puis les trois journées, La Walkyrie,
Siegfried et Le Crépuscule des Dieux entre novembre et avril 2013-2014.
Et pour couronner le tout : reprise du cycle complet en deux séries au mois
de mai.
Considéré par les musicologues comme un sous-Wagner, Ernest
Reyer s’est lui aussi intéressé à la Chanson des Nibelungen (5e siècle), lui
restant d’ailleurs plus fidèle que son prédécesseur illustre. C’est l’histoire
de Sigurd (alias Siegfried), vue à travers la culture française. La durée est
de quatre heures, mais rassurez-vous, au Victoria hall, en version de
concert, le chef Frédéric Chaslin opérera des coupures. Une autre occasion
d’élargir le répertoire, tout en restant dans le cadre de l’option globale
adoptée pour la saison.
Les Noces de Figaro, annonciatrices de la révolution française,
respectent la ligne directrice de la saison, et à cette « folle journée » répondra la folle nuit de La Chauve-Souris, tableau d’une société décadente au
bord du gouffre.
Nabucco a bien entendu sa place puisque Verdi y exprime l’aspiration
à la liberté et à l’autonomie de ses compatriotes, ce qui en fit le premier
Entretien avec Daniel Dollé, qui évoque ses fonctions
au sein du Grand Théâtre. Bras droit de Tobias Richter,
il participe à la prise de décisions multiples concernant
l’élaboration des programmes, la finalisation des contrats,
le choix des œuvres et des interprètes.
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A lui revient aussi la responsabilité d’animer les équipes au travail, de
veiller au maintien de la cohérence, et d’une façon générale d’occuper la
terrain pour coordonner et superviser afin que la machine fonctionne.
Chaque élément d’un spectacle a son importance, chacun a son savoir
faire, mais tout est lié. En revanche il ne s’occupe ni de sponsoring, ni des
relations entre la Ville et le Théâtre, bref de rien de ce qui aurait un rapport avec la politique. Pour autant le contrôle total est impossible. Le résultat final n’est pas toujours à la hauteur des prévisions : des changements
dans le projet initial des metteurs en scène, ou la baisse de régime de chanteurs engagés plusieurs années avant les productions peuvent être à l’origine de bien des déceptions.
La Wally
Parmi les surprises prévues, commençons par La Wally. Créé triomphalement en 1892, l’opéra d’Alfredo Catalani sur un livret basé sur le roman
de Wilhelmine von Hillern Die Geier Wally a connu depuis lors les affres de
l’oubli. En 1982 le film Diva de
Jean-Jacques Beneix avait rendu
extrêmement populaire l’air chanté
par
Wilhelmenia
WigginsFernandez Ebben… Ne andro lontano, mais personne n’alla jusqu’à
redonner sa chance à l’intégralité de
l’œuvre.
A Genève, La Wally n’a jamais
figuré au répertoire du Grand
Théâtre. Influencé à la fois par
Wagner, le grand opéra français,
Weber et le vérisme, Catalani écrit
une musique composite et riche où
il réunit romantisme germanique et
vérisme à l’italienne. L’héroïne
connaît une fin tragique, suivant
l’élu de son cœur volontairement
dans la mort, dans ces Alpes du
Tyrol où la neige brûle tout autant
que le soleil de Paillasse ou de
Cavalleria rusticana. Issue malheureuse et violente bien différente de
celle qu’avait prévue le roman oriBarbara Frittoli sera La Wally
ginal de Wilhelmine von Hillern.
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Balint Szabo sera Stromminger dans «La Wally»
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de mythes africains et japonais et
fait appel à un instrumentarium
original qui a été reconstruit pour
l’occasion et dont le fameux
ensemble MusikkFabrik fera
usage.
Partch se distingue par ses
recherches sur la tonalité (fractions
de tons), sur la spatialisation, sur la
mise en scène de la musique.
Surnommé le “Don Quichotte de
la musique contemporaine“, il a
développé son propre système,
contre les tendances de son époque
et n’a pas d’équivalent dans le
monde de la musique contemporaine.
Daniel Dollé nous confie l’essentiel de son credo : Nous voulons avoir des spectateurs actifs,
dit-il. Si nous dérangeons, le
public réagit et un dialogue s’établit : il faut ouvrir le débat. Nous
Andrea Caré sera Sigurd
Anna Caterina Antonacci sera Brunehilde dans «Sigurd»
© Pascal Victor
ne devons pas avoir peur de montrer les pulsions primitives, la pasgrand succès du compositeur. Les Italiens, à l’époque sous le joug autri- sion, les émotions. Notre mission est aussi d’interroger : qu’y a-t-il derrièchien, s’identifièrent aux exilés opprimés chantant le célèbre chœur « Va, re le texte ? Pas question d’imposer, chacun est libre d’avoir un jugement,
pensiero ».
de voir ce qu’il veut. Mais il serait bon d’essayer de comprendre avant de
condamner. Par exemple, beaucoup n’ont pas saisi le sens de la montgolfière à la fin de L’Or du Rhin : elle représentait « la chute ascensionnelle »
Inattendus aussi :
Siegfried ou qui deviendra le Seigneur des anneaux ? Non pas et soulignait le côté dérisoire de la situation. Mais de nos jours, les gens
Wagner pour les nuls, mais une création mondiale pour les enfants, cette sont en quelque sorte anesthésiés. On n’est plus éduqué au choix. La faci« fantasy » musicale de Peter Larsen raconte, à partir du matériau wagné- lité prime.
D’après des propos recueillis par Martine Duruz
rien, l’histoire du jeune Siegfried, naïf et courageux, qui évite les pièges,
joue avec l’ours, parle à l’oiseau, bref se
meut dans un univers que les jeunes connaissent déjà grâce à leurs jeux vidéo ou au souvenir qu’ils gardent du Seigneur des
anneaux. Le texte est en français, aménagé et
adapté par Daniel Dollé.
Delusion of the Fury répond à la volonté de la direction du Grand Théâtre de faire
une place à la musique d’aujourd’hui d’une
part, et d’autre part de se mettre en synergie,
avec en l’occurrence, le Festival Archipel,
tout en se situant sur l’échiquier européen.
L’œuvre de l’Américain Harry Partch, quasi
inconnu en Europe mais marquant aux EtatsUnis, date de 1965-66, mais ne sera créée
que le 23 août 2013 à la Ruhrtriennale, mise
en scène par Heiner Goebbels. Reprise au
BFM, chantée en anglais, elle ne sera représentée que deux fois, les 28 et 29 mars 2014.
Cette création pour un théâtre musical part
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John Fiore sera à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande lors des représentations de «Nabucco»,
en février et mars 2014 © Erik Berg
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rebondissements précipités, voire confus.
grand théâtre de genève
Nabucco
Roland Aeschlimann n'est pas un inconnu des habitués du Grand Théâtre.
Il a déjà collaboré comme décorateur ou comme metteur en scène et auteur
de ses propres décors à sept productions lyriques.
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Il créa d'abord le décor unique de Salomé
de Strauss en 1974 pour une mise en scène
signée de Jean-Claude Riber; vinrent ensuite La
Grande Duchesse de Gérolstein d'Offenbach,
Iphigénie en Tauride de Gluck, Il trovatore de
Verdi, La clemenza di Tito de Mozart, Parsifal
de Wagner (où il fut également l'auteur de la
mise en scène) et finalement Elektra en 2010.
Quelques soirées de ballet, pour faire bonne
mesure, ont permis aux Genevois de se faire une
idée assez complète d'un style qui brille par son
extraordinaire diversité de choix esthétiques.
Entretien.
« L'important est de ne pas se croire
supérieur à Verdi.... »
En février prochain, ce spécialiste polyvalent du théâtre lyrique s'attaquera en tant que
décorateur, costumier et metteur en scène à
Nabucco. Il s'agit là sans doute d'un des ouvrages les plus populaires de Verdi, mais il n'est pas
rare d'entendre des jugements plutôt condescendants lors de conversations avec certains met-
teurs en scène... Nombre d'artistes font en effet
la fine bouche devant ce livret chaotique, où la
violence suinte de partout et où les développements psychologiques des personnages paraissent pour le moins superficiels. Aussi nous a-til paru intéressant de commencer cette interview téléphonique en demandant à M.
Aeschlimann de nous donner son sentiment sur
cet ouvrage souvent décrié:
- J'aime Verdi, et je ne saurais faire la fine bouche devant aucun des ouvrages qu'il a composés. Bien sûr, un Don Carlos ou un Falstaff
comptent au nombre de ces chefs-d'œuvre parfaits où tout - musique, livret, profil psychologique des personnages - concourt à créer une
atmosphère inimitable. Mais Nabucco n'est pas
aussi simpliste qu'il y paraît au premier abord. Il
faut surtout respecter la dynamique qui lui est
propre et essayer de conter l'histoire mise en
musique sans la surcharger d'effets inutiles.
Pourtant, aux dires de certains de vos
confrères, il y a peu à tirer de ce livret aux
Vous savez, beaucoup de ceux qui critiquent cet
ouvrage n'en connaissent pas vraiment les ressorts dramatiques. Tout le monde connaît le 'Va
pensiero...', ce chœur des Hébreux qu'on a
accommodé à toutes les sauces, mais peu d'amateurs parviennent à résumer de façon cohérente
les diverses étapes du récit. Ecouter la partition
en se laissant bercer par la beauté des cantilènes
ou emporter par les grandioses scènes chorales
sans essayer de trouver le message que Verdi a
voulu faire passer, c'est faire injure à l'art de ce
compositeur. On ne doit jamais oublier que le
chœur, à qui échoit un rôle capital dans cet
opéra, n'est pas une masse indifférenciée: il
prête sa voix à deux camps opposés, les
Babyloniens et les Hébreux. Ma première tâche
de metteur en scène est de rendre visible cet
affrontement, non de me contenter de gérer avec
plus ou moins d'élégance les déplacements des
masses de choristes sur le plateau. Et puis il y a
l'intrigue amoureuse, qui n'est pas uniquement
le fait de jeunes tourtereaux innocents. Tout le
monde s'accorde en effet à voir en Abigaille une
femme cynique et ambitieuse qui ne recule
devant rien pour parvenir à ses fins, mais sa
rivale Fenena n'est pas moins calculatrice. Elle
se situe certes du mauvais côté de la barrière au
début, mais cela n'innocente pas entièrement ses
actes. En outre, Abigaile se trouve dans une
situation fausse, puisqu'elle n'est pas la vraie
fille de Nabucco et qu'elle s'est sentie rejetée
par une caste aristocratique qui se serait moquée
de sa basse extraction si ses origines avaient été
connues de tous. La musique nous indique
d'ailleurs clairement que son amour pour
Ismaele est tout aussi sincère que celui que lui
porte Fenena. Voir dans le portrait de cette
femme plus grande que nature une esquisse
psychologique superficielle me paraît toucher
aux limites de la pure mauvaise foi.
L'intrigue dans son ensemble vous
paraît-elle devoir être située dans un contexte précis ?
Bien sûr que non. L'histoire tient du mythe et
pourrait se dérouler n'importe où, même ici à
Genève en 2014. Aussi est-il important de faire
jouer l'opéra dans un décor neutre, stylisé, qui
permette au spectateur de l'habiter comme il
l'entend, au gré de ses expériences personnelles;
qui peut prétendre en effet qu'il n'a jamais été
confronté à la violence gratuite, à l'intégrisme
idéologique, à la déraison ? C'est ce qui rend le
sujet de Nabucco moderne aujourd'hui encore, et par là-même captivant. Je m'opposerais pour
Roland Aeschlimann au Grand Théâtre de Genève en 2004, lors des répétitions de «Parsifal» avec, à
gauche, Alfred Reiter (Gurnemanz) et à droite Robert Gambill (Parsifal) © GTG / Nicolas Lieber
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cette raison à toute transposition moderne du
livret dans un cadre historique précis autre que
celui prévu par le compositeur et son librettiste,
car les Nazis, par exemple, ne sont pas les seuls
à avoir persécuté leurs semblables...
Où voyez-vous alors les principales
difficultés de cet ouvrage lorsque vous échafaudez la mise en scène ?
Nabucco est un opéra au style déclamatoire très
théâtral. On se méfie de nos jours - à tort - des
grandes tirades sur la liberté, l'amour, la défense de la patrie. Mais remarquez qu'on est toujours prêt à suivre un meneur d'hommes qui sait
enflammer les foules... Et puis il suffit de jeter
un coup d'œil sur les excès auxquels convient
certaines manifestations sportives, qui devraient
satisfaire le seul plaisir ludique et qui souvent
dégénèrent en manifestations patriotiques, pour
comprendre que les grands élans de ferveur qui
jalonnent l'histoire de Nabucco nous parlent
encore tout particulièrement en ce début de
XXIe siècle. Il s'agit donc pour nous, hommes
de théâtre, de rendre justice à cette théâtralité
particulière pour en faire sentir l'incroyable
puissance.
«Nabucco» © Barbara Aumüller
conviennent à notre mentalité de spectateurs
ayant eu accès aux découvertes de la psychanalyse.
Une dernière question : Vous avez souvent travaillé en collaboration avec d'autres
Leonardo Capalbo interprètera Ismaele, lors de certaines des représentations.
Comment traiter le thème de la folie
transitoire du roi qui, après avoir déliré
publiquement, recouvre la raison au moment
où il est plongé dans le cachot ?
La folie est aussi un sujet que l'on retrouve partout dans l'opéra, dès les premiers essais
baroques. Cette séquence s'inscrit donc dans
une grande tradition lyrique qu'il convient de
respecter. Mais on peut tenter d'y donner un
sens en suggérant des pistes de lecture qui
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metteurs en scène (notamment avec Christof
Nel pour la dernière Elektra genevoise).
Appréciez-vous la liberté que vous donne la
responsabilité du décor, des costumes et de la
mise en scène dans le cadre de votre prochain
travail genevois ?
plateau. Souvent, il y a interaction, et cet échange de points de vue est un des aspects les plus
gratifiants de mon travail. Quand j'ai la responsabilité scénique de l'ensemble de la production,
je suis en quelque sorte l'ennemi de moi-même:
si une idée me vient à l'esprit, elle se heurte parfois à l'impossibilité que rencontre le décorateur
au moment de la réaliser. Et il est plus difficile
de se convaincre soi-même du bien-fondé de
telle ou telle décision lorsque celle-ci est combattue par un autre soi-même!... Pour rester
sérieux, je dirais que même dans le cas de ce
Nabucco, je tiens compte des remarques que me
font les techniciens du plateau ou toute autre
personne présente au moment des répétitions; il
est vital de pouvoir confronter son point de vue
à d'autres, ne serait-ce que pour prendre la
mesure de la façon dont vos idées sont reçues
par ceux qui travaillent à l'élaboration du spectacle. Car finalement, mes collaborateurs sont
des observateurs comme les autres, privilégiés,
certes, mais amenés à se poser les mêmes questions que les auditeurs le soir de la première. Et
comme on le dit au théâtre : les spectateurs, en
fin de compte, ont toujours raison!...
Propos recueillis par Eric Pousaz
Représentations (avec deux distributions différentes pour
les rôles principaux) le 28 février, les 1, 2, 4, 6, 7, 8 et 10
mars 2014.
On aurait tort de croire que, lorsque la responsabilité est partagée, le décorateur ne s'occupe
que du visuel alors que le metteur en scène se
limiterait aux mouvements des acteurs sur le
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ballet du grand théâtre de genève
Surprises,
surprises...
Après les succès de la saison passée et la nomination
d’un de ses chorégraphes, Benjamin Millepied, comme
directeur du Ballet de l’Opéra national de Paris,
le Ballet du Grand Théâtre aurait de quoi se reposer
sur ses lauriers. Et bien Philippe Cohen, son heureux
directeur, annonce une saison 2013/14 pleine
de bonnes surprises.
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Il y aura deux créations mondiales. Début octobre Michel Kelemenis
proposera sa version du Songe d’une nuit d’été. Le chorégraphe français,
ancien interprète de Dominique Bagouet, est prédisposé pour s’attaquer au
chef-d’œuvre de Shakespeare. En 2009 il a chorégraphié pour la compagnie genevoise une Cendrillon qui ne manquait pas d’humour. Or l’exquise pièce, pour laquelle Felix Mendelssohn a composé la musique, est une
comédie. La scénographie et les costumes seront l’œuvre de Nicolas
Musin, la Basel Sinfonietta prendra place dans la fosse avec à sa direction
le Luxembourgeois Robert Reimer.
Ken Ossola © Gregory Batardon
En février, Ken Ossola, ancien danseur du Nederlands Dans Theater,
proposera un ballet élaboré sur des partitions de Gustav Mahler, Mémoire
de l’ombre. Il est lui aussi connu au Grand Théâtre de Genève où il a eu
un grand succès avec son œuvre Sed Lux Permanet en 2011.
Le 4 février aura lieu un événement très attendu : la venue au Grand
Théâtre du Ballet du Kremlin de Moscou. Ils danseront trois pièces célèbres de Michel Fokine, chorégraphe des Ballets Russes : Shéhérazade sur
la partition bien connue de Rimski-Korsakov (dans une reconstitution
d’Andris Liepa), Les Sylphides chef-d’œuvre créé sur de la musique de
Chopin et les Danses polovtsiennes extraites de l’opéra Le Prince Igor
d’Alexandre Borodine
Le Grand Théâtre de Genève sera aussi le haut lieu de la danse à l’occasion des célébrations du bicentenaire de l’entrée de Genève dans la
confédération avec Helveticdanse, un mini festival qui se déroulera du 25
au 30 avril 2014. Le ballet Glory de Andonis Foniadakis ouvrira les festivités. Le 26 avril le Ballet de Zurich proposera trois pièces, l’une de son
directeur Christian Spuck, les autres des chorégraphes Wayne McGregor
et Marco Goecke. Le Béjart Ballet Lausanne ne saurait manquer dans ce
festival de la danse en Suisse. Il présentera un ballet de Maurice Béjart
deux soirs de suite, les 28 et 29 avril. Et pour finir, le Ballet de Bâle proposera une nouvelle création de Johan Inger ainsi qu’une pièce
d’Alexander Ekman. Ce festival se déroulera au Bâtiment des Forces
Motrices.
Emmanuèle Rüegger
Michel Kelemenis © JC Carbonne
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Bâtiment des Forces Motrices :
«Delusion of the Fury»
Les 28 et 29 mars 2014
photos © Michael Bölter
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Soile Isokoski
Leo Nucci © RobertoRicci
Ferruccio Furlanetto © Igor Saharov
Lawrence Brownlee
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Jonas Kaufmann © Scholzshotspeople
Anna Caterina Antonacci
© Pierre Mandereau
Dimanche 17 novembre 2013 à 19h30
SOILE ISOKOSKI, soprano
Accompagnée par Ilkka Paananen
Signalons encore le récital que donnera l’ACADÉMIE DES JEUNES CHANTEURS DU THÉÂTRE MARIINSKI, le dimanche 20 octobre 2013 à 19h30.
Larissa Gergieva, directrice artistique de cette académie et figure
incontournable de la scène lyrique internationale, accompagnera au piano
quatre de ses protégés, à savoir :
MARIA BAYANKINA, soprano
YEKATERINA SERGEYEVA, mezzo-soprano
DMITRY VOROPAEV, ténor
GRIGORY CHERNETSOV, baryton
Airs et mélodies de Glinka, Rachmaninov, Moussorgski, Borodine,
Rubinstein, Tchaïkovski
Dimanche 12 janvier 2014 à 19h30
FERRUCCIO FURLANETTO, basse
Accompagné par Igor Tchetuev
Mardi 21 janvier 2014 à 19h30
LAWRENCE BROWNLEE, ténor
Billetterie du Grand Théâtre
CP 5126
CH–1211 Genève 11
Dimanche 30 mars 2014 à 19h30
JONAS KAUFMANN, ténor
Accompagné par Helmut Deutsch
“Winterreise“ de Schubert
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Dimanche 11 mai 2014 à 19h30
ANNA CATERINA ANTONACCI, mezzo-soprano
Accompagnée par Donald Sulzen
Mélodies de Chausson, Fauré, Debussy (y.c. “Les Chansons de Bilitis“) et
les Wesendonck-Lieder
Vendredi 20 décembre 2013 à 19h30
LEO NUCCI, baryton
Avec le Italian Chamber Opera Quintet
Direction & piano
Paolo Marcarini
Violon
Pierantonio Cazzulani
Alto
Christian Serazzi
Viloncelle
Massimo Repellini
Harpe
Marta Pettoni
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T + 41 22 322 50 50
du lundi au samedi de 10h à 18h
[email protected]
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EMMÈNE-MOI
À L’ O P É R A !
LES OPÉRAS
LE NOZZE DI FIGARO
SIGURD
DIE WALKÜRE
LA CHAUVE-SOURIS
SIEGFRIED
NABUCCO
GÖTTERDÄMMERUNG
DER RING DES NIBELUNGEN
LA WALLY
LES BALLETS
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
MÉMOIRE DE L’OMBRE
FESTIVAL HELVETICDANSE
LES RÉCITALS
MARIINSKY ACADEMY t SOILE ISOKOSKI t LEO NUCCI
FERRUCCIO FURLANETTO t LAWRENCE BROWNLEE
JONAS KAUFMANN t ANNA CATERINA ANTONACCI
OPÉRA JEUNE PUBLIC
SIEGFRIED OU QUI DEVIENDRA LE SEIGNEUR DE L’ANNEAU...
OPÉRA CONTEMPORAIN
DELUSION OF THE FURY
A B O N N E Z-V O U S !
SAISON1314
www.geneveopera.com
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à lausanne, avant genève en 2014
Sous le signe de Mahler
La compagnie de Maurice Béjart tourne presque toute l’année en
Europe et dans le monde. C’est indispensable pour sa survie
et l’état de ses
finances.
Gustav Mahler a assez peu
inspiré les chorégraphes. Sa
musique est souvent jugée trop
symphonique et tragique. Il faut
remonter à 1932 pour que le chorégraphe anglais Antony Tudor
crée Dark Elegies sur les
Kindertotenlieder, ballet phare
pour l’époque et qui traite de la
souffrance des parents frappés par
la mort de leurs enfants. Plus près
de nous, c’est John Neumeier qui
a créé le plus grand nombre de
ballets sur la musique de Mahler.
Tout récemment en avril, le Ballet
de l’Opéra de Paris redonnait un
de ses chefs-d’œuvre absolu : la
3e Symphonie. Mais ce n’est pas
tout car il a également chorégraphié les 4e et 6e Symphonies ainsi
que plusieurs Lieder. C’est la raison pour laquelle on peut affirmer
«Le Chant Du Compagnon Errant». Crédit Valérie Lacaze, 2013
que Neumeier reste encore le choElle reste aujourd’hui encore l’une des seu- régraphe mahlérien par excellence ! Mais Béjart
les à pouvoir remplir de prestigieux théâtres le suit de près et le BBL a décidé de rendre homcomme le Bolshoi à Moscou tout récemment mage, en cette fin de printemps, aux principales
(pour le 100e anniversaire de l’inoxydable pièces montées à partir de la musique du compoSacre du printemps de Stravinski) ainsi que des siteur autrichien.
espaces plus grands, genre Palais des sports ou
Programmation
festivals en plein air. En Suisse elle fera halte à peu évidente, car
Lausanne, son port d’attache depuis 1987, du 22 Mahler n’est pas un
au 30 juin puis en décembre et exceptionnelle- compositeur facile et
ment à Genève au BFM en avril 2014 dans le grand public. C’est
cadre de Helveticdanse. Le programme n’est aussi un hommage à
pas encore défini.
Jorge Donn qui a été
Cette fin de saison, le BBL aura passé par l’inoubliable interMarseille, capitale européenne de la culture, puis prète des trois ballets
Paris au Théâtre de Chaillot avant le Festival de programmés.
Le Chant du
Ljubijana en Slovénie. Si le répertoire comprend
avant tout les grands musts du répertoire béjar- compagnon errant
tien, le directeur actuel, Gil Roman, n’hésite pas est sans aucun doute
à remonter des ballets plus anciens et à promou- la pièce maîtresse de
voir des chorégraphes le plus souvent issus de la cette soirée et la plus
ancienne des œuvres
compagnie.
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présentées. Créé à Bruxelles en 1971 pour
Rudolf Noureev et Paolo Bortoluzzi, c’est l’un
parmi les chefs-d’œuvre de Béjart alors au summum de sa verve créatrice. Pas de deux entre un
maître et son élève sur un cycle de Lieder composés par Mahler à 24 ans, il contient des
instants de pure émotion et peut se percevoir
très différemment selon les interprètes. Amitié à
connotation homo-érotique, relation maître à
élève ou simple camaraderie… C’est selon ! A
Lausanne on annonce déjà l’excellent danseur
allemand du Ballet de Stuttgart, Friedemann
Vogel.
Ce que l’amour me dit est construit sur des
extraits de la 3e Symphonie tandis que
J.Neumeier utilise la symphonie dans son intégralité. Créé en 1974 sur la scène de l’ Opéra de
Monte-Carlo, c’est un ballet de danse pure dans
la meilleure verve béjartienne. Mahler a été très
influencé par les idées de Nietzsche lorsque
qu’il compose sa partition ce qui a plu bien sûr
à Béjart. On connaît les affinités que le chorégraphe a toujours eues pour le grand philosophe
allemand ! Enfin comme pendant au ballet précédent, Ce que la mort me dit n’a encore jamais
été monté au BBL et a été créé à Tokyo en 1978
avec le Ballet du XXe siècle. Les musiques utilisées sont des extraits des Rückert Lieder et
Des Knaben Wunderhorn. Le poète se sent
étranger au monde et a la prémonition de la
mort qui s’approche. Porté alors magistralement
par J. Donn dans le rôle de Mahler, on verra si
le ballet a gardé aujourd’hui le même aura.
Michel Perret
Théâtre de Beaulieu du 22 au 30 juin.
Location www.ticketcorner.ch
«Ce Que L’Amour Me Dit». Crédit Doron Chmiel, 2010
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Photo © Frank Ternier
FORUM-MEYRIN.CH
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Le club des amis
montreux jazz
Suite musicale
Mathieu Jaton, le nouveau chef d'orchestre du MJF, se
pose en digne héritier du défunt Funky Claude, même si
le style diffère. A en croire la programmation du festival
cette année, tous les amis du fondateur Nobs ont répondu
présents. Petit tour des lutrins.
Les trois Parques
“Lavaux… Lavaux… Take me to the vineyard of Lavaux“! Le Prince
aura l'occasion de reprendre la chanson qu'il a spécialement écrite en hommage à notre région lémanique. Et plutôt trois fois qu'une. Ses trois
concerts annoncés en début d'année affichent depuis longtemps complet,
mais des billets seront remis en vente, assure le festival. Pour rien de
moins que 200.- la place debout, ou 400.- tombé sur le derrière. Des prix
royaux pour le Kid de Minneapolis, dont la jam improvisée au Montreux
Jazz Café avait surpris tout le monde en 2007. L'homme qui voulut devenir un symbole - imprononçable - dans les années 90, l'artiste qui s'autoproduit lui-même s'annonce plus jazzy quand bien même il s'est depuis
longtemps affranchi de toute mode musicale.
Un autre seigneur revient à Montreux, Sting. Cette année, le dard ne
s'encombre pas de tout un orchestre symphonique (Symphonicity). Il reprend sa basse Fender pour sa tournée Back to Bass qui fait escale à
Montreux. L'auteur-compositeur-interprète, toujours très engagé dans
l'humanitaire, affichait l'autre jour cette citation sur son site : “Je ne suis
pas devenu riche en exploitant les gens. Aucun atelier de travailleurs
transpirants ne fabrique mes chansons. Mon atelier se trouve dans ma
maison et je suis celui qui transpire.“
Il a peut-être 79 ans, mais il n'a pas besoin d'une voix qui porte, lui.
“Hallelujah“! Leonard Cohen a ses mots à lui, son style de raconteur
d'histoires et de poète solitaire. Remonté sur scène il y a cinq ans, le parolier juif québécois, pourtant appelé “Le Silencieux“ dans sa vie antérieure
de moine bouddhiste Zen, a sorti l'an dernier un nouvel album empreint de
nostalgie : Old Ideas. Y figurent en bonne place Going home et Show me
the place, mais aussi Anyhow, Darkness et Amen. Encore déprimé, le
Léonard ? Ou simplement inspiré par un spleen vaguement baudelairien ?
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Jazz en salles
Le patron disparu – malgré son fantôme qui hantera à jamais les lieux
-, la controverse est de savoir si l'on peut sacrifier la référence à Miles Davis
en remplaçant le Miles Davis Hall (et le Jazz Café) par deux autres salles :
le Lab et le Club. Le nouveau directeur confirme que son prédécesseur avait
validé ce changement. Tandis que la première arène permettra à 2000 mélomanes de s'ébrouer, la deuxième salle prendra la forme d'un club de jazz,
plus intimiste, avec quelque 350 places réparties autour de tables rondes.
C'est dans ce nouvel espace qu'on entendra notamment le pianiste
cubain Chucho Valdés (fils de Bebo, donc, dans le célèbre club Tropicana
duquel Chucho accompagnait des stars de passage Sarah Vaughan ou Nat
King Cole). Le Montreux Jazz Club accueille aussi les saxes Charles Lloyd
et David Sanborn, le guitariste ex Mama's & Papa's Lee Ritenour. Mais
aussi les nouveaux sons jazz du pianiste Vijay Iyer (mais comment diantre
prononcer son nom ?) et du contrebassiste-chanteur israélien Avishai Coen.
Voix et film
A côté de ces instrumentistes, la bonne variété rock, funk ou jazzy vient
de Charles Bradley, Joe Coker, Paolo Conte, Diana Krall, Ben Harper,
voire des gospellistes universitaires Take 6. Sera aussi de la partie la diva
Oleta Adams (Let's stay here), découverte par les Tears for Fears dans le bar
d'un hôtel de Kansas City, et qui est devenue la voix révoltée de leur splendide Women in chains. Cette édition, la traditionnelle soirée brésilienne ne
comprend que des femmes : Gal Costa, Tulipa Ruiz et Claudia Leitte.
Enfin, le mélomane prêtera attention à la soirée du 9 juillet, où tout le
Stravinski est réservé à Woodkid. Son orchestre et ses montages vidéo
contribuent à son projet The Golden Age, sur les turbulences du passage de
l'enfance à la maturité. Ce Lyonnais trentenaire issu du graphisme est non
seulement musicien mais également réalisateur de clips (pour Katy Perry,
Lana Del Rey, Moby, Rihanna…). David La Chapelle le produit ; une garantie du bon goût donc ! www.montreuxjazzfestival.com ; rés. Ticketcorner.
Leonard Cohen © Dominique Issermann
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Hormis Deep Purple (et pour
cause !), d'autres grands noms reviennent payer leur hommage à feu Nobs :
en vrac, Bobby Womack, Soulwax,
Kraftwerk (avec un concert en 3D !)
ou, avec un autre accent, Dieter Meier
(le Zurichois de Yello). Répondent
également présents au tribut ses amis
de toujours, des plus ou moins proches
du grand Miles, à commencer par
Quincy Jones, parrain immuable du
festival et plus qu'éternel découvreur
de talents, le pianiste George Benson
(Miles in the Sky), la chanteuse Randy
Crawford (Knocking on Heaven's
Door de Dylan ou Street Life des
Crusaders) et son inséparable pianiste
Agnes Opel
Joe Sample, Paul Jackson (première
© Sofie Amalie Klougart
guitare sur le Beat it de Michael
Jackson), Pee Wee Ellis (comparse de Maceo et Fred autour de James
Brown) et le bassiste énergique Marcus Miller (Tutu avec Miles Davis,
Zoolook avec Jean-Michel Jarre, ou Nougayork avec Nougaro).
Frank Dayen
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château de coppet
Festival de théâtre
La troisième édition du Festival au Château met à nouveau Madame de
Staël, fille du banquier genevois et ministre de Louis XVI Jacques Necker, à
l’honneur.
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Le coup d’envoi sera donné le lundi 17 juin
dans la Cour d’honneur par Pascale Méla, directrice enthousiaste du Festival, et Renzo Baldino,
directeur du Château. Le verbe fleuri de Me Marc
Bonnant répondra à la question « Diderot : vers
le Panthéon ? » Pourquoi cet esprit universel ne
se trouve-t-il pas au Panthéon, contrairement à
Voltaire et Rousseau ?
Mardi 18 juin à 18h à la Salle de l’Ancien
Pressoir, l’historienne Anne Noschis nous fera
mieux connaître Madame de Watteville, puis à
20h, La Compagnie Les Larrons, venue de Paris,
offrira un spectacle salué par le festival off
d’Avignon en 2012, Le Jeu de l’amour et du
hasard de Marivaux, mis en scène par Xavier
Lemaire.
Mercredi 19 juin, à 10h, les enfants ne manqueront pas d’emmener leurs parents – ou vice
versa, à la représentation du conte Hänsel et
Anne Bisang © HeleneTobler
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Gretel concoctée par le Piccolo
Opéra, avec notamment la
soprano Sophie Ellen Frank et
le ténor Xan White.
Le soir à 20h L’Affaire
Calas de Christiane Renauld
sera représentée par la comédienne Anne Durand, qui interprétera les douze personnages
de cette affaire dont le protagoniste, Jean Calas, accusé à tort
et exécuté en 1762, fut réhabilité principalement grâce à
Voltaire et à son Traité sur la
tolérance. Christiane Renauld
aura au préalable traité des mystères de l’affaire Calas dans une
conférence qui débutera à 18h.
A 21h30 nous retrouverons
Diderot et son
« Neveu de
Rameau
»
grâce à Alain
Carré et Aïssa
Derrouaz.
Jeudi 20
juin à 18h, une conférence de
Florence Lotterie, secrétaire
générale de la Société des études staëliennes aura pour sujet :
« Diderot et Germaine de Staël,
ou l’élan de la postérité ».
Suivra à 20h. un spectacle
mis en scène par Olivier
Lafrance, joué par Carole de
Quay et Hélène Patricio, assistées par Laeticia Gaumann au
violon, intitulé : Germaine, une
petite fille modèle, qui évoque
les relations, à travers ses lettres, de Germaine avec sa mère.
Puis Alain Carré lira les
Lettres de Diderot à Sophie
Volland, acompagné par
François-René Duchâble au
piano.
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Vendredi 21 juin à 18h Alexandre Demidoff,
chef de la rubrique culturelle du journal Le
Temps, s’entretiendra avec Anne Bisang, metteur
en scène.
A 20h Nicole Garcia lira des textes extraits
de la correspondance de Madame de Staël et de
son roman Corinne en relation avec le thème de
sa pièce Le Mannequin, dans laquelle elle
condamne le mariage de raison. Les textes ont été
François-René Duchâble
choisis par Pascale Mela, en accord avec Anne
Bisang, qui se chargera de la mise en scène de la
pièce, où l’humour est paraît-il loin d’être absent
et dont les acteurs seront Adrien Barazzone, Zoé
Schellenberg, Gilles Tschudi et Olivier Yglesias.
Dès le mardi 18 juin et jusqu’au 21, des
œuvres de l’artiste Caroline Bich, toutes en rapport étroit avec Germaine de Staël, seront exposées dans la salle de l’ancien pressoir. Elle nous
dit : « C’est à cette femme qui, dans sa vie et dans
ses œuvres, s’est élevée contre la misère de la
condition féminine que je rends hommage.
Germaine de Staël s’inscrit dans une lignée de
femmes qui ont bousculé l’ordre établi et ont
ouvert la voie aux autres. »
Martine Duruz
Du 17 au 21 juin 2013
Plus d’infos sur : http://www.autourdemmedestael.com/
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avenches 2013
Nabucco
La prochaine édition d’Avenches Opéra proposera du 5
au 18 juillet une nouvelle production de Nabucco.
Idoine dans l’écrin constitué par les arènes du Nord
vaudois, l’œuvre de Verdi avait connu un vaste succès
public lors des éditions de 1999 et de 2005 du
Festival d’Opéra d’Avenches.
Placé depuis 2011 sous la direction artistique d’Eric Vigié, également
directeur de l’Opéra de Lausanne, le festival a le vent en poupe. Les deux
premiers spectacles de cette nouvelle ère (Rigoletto en 2011, La Bohème en
2012) ont fait forte impression. 2013 devrait faire perdurer ces excellentes
impressions puisque la manifestation promet une distribution de classe
internationale constituée de chanteuses et chanteurs se produisant pour la
première fois à Avenches. Signalons que, contrairement à ce qui avait cours
du temps de l’ancienne direction artistique, la distribution est unique, à l’exception – presque rassurante – du rôle d’Abigaille, l’un des plus époustouflant qui soit. L’Italienne Maria Billeri le partagera ainsi avec la Russe Mlada
Khudoley. Le rôle-titre est confié au baryton américain Sebastian Catana,
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Le chef d’orchestre Nir Kabaretti
qui a déjà campé le roi de Babylone à Stuttgart cette saison. Le ténor Rubens
Pelizzari sera Ismaele, rôle qu’il a déjà endossé dans les arènes de Vérone.
Un autre Américain sera Zaccarie, il s’agit de la basse Oren Gradus.
Manrico Signorini sera Il Gran Sacerdote, la Française Marie Karall sera
Fenena. Abdallo est confié au ténor Nicolas Wildi et celui d’Anna à Irina
Solomatina Tissot.
Sur le plan scénique, le public assistera à un déploiement inédit dans les
arènes romaines : Avenches Opéra accueillera un dispositif scénique composé de deux écrans de 35 mètres carré permettant les projections conçues par
le metteur en scène Marco Carniti et le scénographe Francesco Scandale. A
Avenches, le procédé consistant à intégrer des projections n’est pas nouveau
en soi, le Nabucco de la mouture 2005 du festival, très réussi, était assortie
d’images vidéos visibles sur la grande paroi du fond de scène, élément
architectural naturel de l’enceinte romaine d’Avenches.
Le chef convié dans la fosse d’orchestre est Nir Kabaretti, directeur
musical et artistique du Santa Barbara Symphony Orchestra. Il emmènera
l’Orchestre de Chambre Fribourgeois. Avenches Opéra, à l’instar de l’Opéra
de Lausanne qui accueillait cette saison une production de l’Opéra de
Fribourg avec Viva la Mamma de Donizetti, crée également une passerelle
inter cantonale entre Vaud et Fribourg. Des synergies sur le plan romand
continuent de prendre forme. La préparation des parties chorales, nombreuses et fastueuses et dont le «Va pensiero» est bien sûr la plus attendue, échoira comme à l’accoutumée à Pascal Mayer, dont l’expérience en la matière
pourvoit aux belles heures du festival depuis les débuts de 1995.
Bernard Halter
Nabucco de Verdi, les 5, 6, 9, 13, 16, 18 juillet à 21h30.
Arènes d’Avenches
Renseignements et réservations : www.avenchesopera.com / +41 (0)26 676 99 22
TicketCorner : 0900 800 800
Marie Karall sera Fenena
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Orchestres symphoniques
Mehuhin Festival
Cette année les orchestres symphoniques
sont particulièrement à l’honneur : le Gstaad
Festival Orchestra, bien sûr, dirigé par Kristjan
Järvi avec en soliste le pianiste Fazil Say dont
sera donné le concerto pour piano, commande
du Festival; l’Australian Youth Orchestra, pépinière de jeunes talents placés sous la baguette
de Christoph Eschenbach; l’Orchestre national
de Russie, direction Mikhail Pletnev, avec un
des meilleurs ténors du moment Juan Diego
Flores; le City of Birmingham Symphony
Orchestra dirigé par Andris Nelsons, avec Sol
Gabetta dans le Concerto pour violoncelle
d’Elgar ainsi que, le lendemain, la spectaculaire
soprano Kristine Opolais; le 21st Century
Symphony Orchestra & Chorus, basé à
Lucerne, donnera sous la conduite de Ludwig
Wicki une suite de musiques de films ayant
pour cadre la mer. Le concert de clôture sera
donné par l’Orchestre national de Lyon,
Leonard Slatkin dirigeant, avec Mischa Maisky
et ses enfants dans le triple concerto de
Beethoven.
Après la terre, le feu et l‘air, c’est sous le signe de l’eau qu’est placée
l’édition 2013 du Festival qui se déroulera du 18 juillet au 7 septembre.
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L’élément est donc largement présent dans
la programmation, que ça soit avec La Moldau
de Smetana, la Symphonie «rhénane» de
Schumann, le Quintette La Truite de Schubert,
La Mer de Debussy, la Thuner-Sonate de
Brahms, ou la première Année de Pèlerinage de
Liszt inspirée par le Lac de Wallenstadt…
En ouverture, la traditionnelle carte blanche est confiée cette année à la pianiste Hélène
Grimaud pour trois concerts en récital ou
accompagnée. Egalement “membres de la
famille”, Renaud Capuçon et Sol Gabetta
reviennent avec respectivement deux et trois
concerts, tout comme le Leipziger
Streichquartett.
Découvertes
On se réjouit particulièrement d’entendre
le grand ténor Christoph Prégardien accompa-
gné du corniste Olivier Darvellay et du pianiste
Michael Gees dans un programme qui promet
des découvertes (œuvres de C. Loewe, F.
Lachner, K. Kreutzer) à côté des chefs-d’œuvre
de Schubert et Britten, dont on rappelle, en cette
année du centenaire de sa naissance, les liens
qu’il établit avec Menuhin et Saanen dès les premières années du Festival.
On remarquera également la venue de l’ensemble Les Dissonances, collectif d’artistes
réunis autour du violoniste David Grimal qui
vient en formation de quatuor dans un programme Mozart, Webern, Schubert.
Autre grand moment attendu, la venue
d’Andras Schiff pour un récital ainsi que pour
un cours de maître ouvert au public, dans le
cadre de la Gstaad Piano Academy. Celui qu’il a
donné l’année dernière, passionnant, a montré
le grand pédagogue qu’il est.
Kristine Opolais
a
Christian Bernard
Plus d’infos sur :
http://www.menuhinfestivalgstaad.ch/site/
Kristjan Järvi
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verbier
Piano & autres musiques
20 ans déjà !
Le piano a toujours tenu une place de choix
au festival et cette édition 2013 ne déroge pas à la
règle. Citons pêle-mêle Elisabeth Leonskaja,
Hélène Grimaud, Emanuel Ax, Menahem
Pressler sans oublier la star montante russe
Daniil Trifonov, l’un des plus grand virtuose du
moment. Les grandes voix lyriques ont souvent
ponctué la programmation ces vingt dernières
années mais parfois avec des chanteurs en fin de
carrière. Rien de tel cette année puisque c’est
Nathalie Dessay qui a été choisie pour un concert
à l’église le 4 août en compagnie de la mezzo
Stella Grigorian. Si la danse, programmée les
premières années, n’a jamais su trouver ses
marques à Verbier, des concerts de Jazz, Reggae
ou pop connaissent toujours un certain succès.
Une façon de prouver que le classique n’est pas
sectaire. Mais le seul vrai bémol de ce festival est
parfois sa pléthore de concerts qui oblige à un
choix souvent difficile car plusieurs sont programmés en même temps à l’église et dans la
salle des Combins. Si l’exceptionnelle soirée
d’anniversaire du 28 juillet qui réunira une vingtaine parmi les plus grands musiciens du moment
affiche déjà complet, il reste néanmoins des places ailleurs et aucun amateur ne montera à
Verbier sans trouver chaussure à son pieds. Plus
de soixante concerts sont inscrits cette année au
programme. Et pour les plus petits budgets, il est
important de signaler que les Master class,
concerts en plein air et les répétitions sont gratuits Le programme détaillé est disponible sur le
site du festival.
Rendez-vous estival incontournable de tout amateur de musique qui se
respecte, le Festival de Verbier a aujourd’hui atteint sa pleine maturité !
2013 marque en effet son vingtième anniversaire et il n’a plus rien
à prouver quant à la qualité de sa programmation.
Le Festival dispose toujours de son propre orchestre de
jeunes musiciens engagés pour
l’occasion. Depuis 2008, c’est
Charles Dutoit qui en est en
charge et il dirigera cette année
trois concerts dont la 9e
Maxim Vengerov
Il ne faut dès lors pas s’étonner que d’autres stations de montagne se lancent avec plus
ou moins de bonheur dans l’aventure. Mais côté
originalité et convivialité Verbier les surpassent
aisément. Verbier, c’est aussi un noyau de
grands musiciens fidèles années après années,
comme Evgeny Kissim, Mischa Maisky, Kent
Nagano ou encore Maxim Vengerov pour ne
citer qu’eux. Et à chaque édition de jeunes
talents et d’étonnantes découvertes enrichissent
la manifestation.
Symphonie de Beethoven le 19
juillet pour la soirée d’ouverture. D’autres grandes pointures
sont attendues comme EsaPekka Salonen, Kent Nagano
(concert avec le Sacre de
Stravinski pour marquer le centième anniversaire de sa création) ou Daniel Harding. Quant
à Valéry Gergiev, il dirigera un
concert Verdi-Wagner pour le
200e anniversaire de leur naissance avec le premier acte
d’Ottelo et le troisième de la
Walkyrie ! Verdi sera encore à
l’honneur pour son Requiem le
1er août avec le chœur du Teatro Reggio de
Turin.
Michel Perret
Plus d’infos sur : www.verbierfestival.com
Chefs renommés
Il y a deux catégories de public à Verbier.
Tout d’abord un cercle d’amis et aficionados
qui s’y installent et suivent sans relâches Master
class, répétitions, films, concerts nocturnes ou
conférences. D’autre part un public plus occasionnel va monter pour un ou plusieurs concerts
donnés sous la tente et à l’église. Et finalement
tout le monde va y trouver son compte.
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Elisabeth Leonskaja © AlinePaley
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lucerne, festival d’été
Un jubilé prometteur
Le Festival de Lucerne fête son 75e anniversaire à grand renfort
d’artistes de renommée internationale. Il se déroulera du 16 août au
15 septembre 2013.
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Toscanini à Lucerne, le 25 Aaoût 1938 © Archives Lucerne Festival
En 1938, Toscanini donnait son premier
concert à Tribschen, devant la villa de Wagner,
près de Lucerne. Pour ce faire il avait réuni des
musiciens parmi les meilleurs du moment. De
même, quand en 2003 Claudio Abbado a fondé
le Lucerne Festival Orchestra, il a réuni des
solistes de renommée internationale. Ce sont
eux qui ouvriront le Festival le 16 août avec
Brahms, Schönberg et la symphonie Héroïque
de Beethoven. Ce concert sera répété le 17 août.
Ils interpréteront par la suite deux symphonies,
l’Inachevée de Schubert et la 9e de Bruckner,
les 23, 24 et 26 août.
Un autre pilier du festival qui fête également son 10e anniversaire réside dans la
Lucerne Festival Academy fondée par Pierre
Boulez. Cette institution a pour but de former
de jeunes musiciens triés sur le volet et de faire
connaître la musique des 20e et 21e siècles,
avec le renfort de l’Ensemble intercontemporain. Ce dernier ouvrira les concerts de musique
contemporaine le 18 août avec des partitions
allant de Pierre Boulez à Wolfgang Rihm. Les
grands concerts de la Lucerne Festival Academy
auront lieu les 7 et 9 septembre. Pierre Boulez
et Pablo Heras-Casado dirigeront des créations
a
mondiales (le 7) et des œuvres de Webern, Berg,
Berio, Stravinski et Bartok (le 8). Par ailleurs,
l’académie proposera des cours de direction
d’orchestre ouverts au public. Les élèves de
David Robertson dirigeront la symphonie
Turangalîla de Messiaen.
Le festival fêtera comme il se doit les 200
ans de la naissance de Richard Wagner avec une
exécution concertante de L’anneau du
Nibelungen. Jonathan Nott dirigera un orchestre formé des Bamberger Symphoniker et de la
Bayerische Staatsphilarmonie avec le chœur de
la radio berlinoise aux dates suivantes : L’Or du
Rhin le 30 août, La Walkyrie le 31 août,
Siegfried le 2 septembre et Le Crépuscule des
dieux le 4 septembre. Parmi les chanteurs on
pourra entendre entre autres Albert Dohmen
(Wotan), Mikhail Petrenko (Fafner), Torsten
Kerl (siegfried), Elisabeth Kulman (Fricka),
Petra Lang (Brünhilde).
Grands orchestres
De grands orchestres seront fidèles au rendez-vous : les Berliner Philharmoniker, dirigés
par Simon Rattle exécuteront des symphonies
de Mozart (le 28 août) et des œuvres du 20e siè-
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cle dont le Sacre du printemps créé il y a cent
ans (le 29 août). Le Royal Concertgebouw
Amsterdam donnera la 9e symphonie de Gustav
Mahler (le 1er septembre) et un programme
Bartok /Profofiev (le 3 septembre), sous la
baguette de Daniele Gatti. La Sächsische
Staatskapelle Dresden, avec son chef Christian
Thielemann interpréteront la 5e symphonie de
Bruckner le 5 septembre et des ouvertures de
Wagner et Fraternité de Hans Werner Henze le
6 septembre. Le 12 septembre, la Philharmonie
de Saint-Pétersbourg dirigée par Yuri
Temirkanov proposera de la musique russe : le
3e concerto de Rachmaninov (au piano Denis
Matsuev) et la 10e symphonie de
Chostakovitch. Ce sont les Wiener Philharmoniker qui cloront le festival avec la 8e symphonie de Bruckner (le 14 septembre) et la 5e symphonie de Chostakovitch (le 15 septembre), à la
baguette : Lorin Maazel.
Des phalanges moins connues sont également invitées : l’Orchestre symphonique de la
radio bavaroise, dirigé par Mariss Jansons exécutera la Symphonie fantastique de Berlioz (le 7
septembre), et la 2e symphonie de Gustav
Mahler (le 8 septembre), l’Orchestre du Festival
de Budapest, dirigé par Iván Fischer interprétera le Mandarin merveilleux de Bartók et la 8e
symphonie de Dvo ák (le 8 septembre en matinée). L’Orchestre symphonique de Pittsburgh
dirigé par Manfred Honeck donnera deux
concerts : le 10 septembre il exécutera le
Concerto pour violon et orchestre de Dvo ák
(soliste Anne-Sophie Mutter) et Une vie de
héros de Richard Strauss, le 11 septembre la
musique française sera à l’honneur avec la
Rhapsodie espagnole et le Boléro de Ravel. Le
13 septembre, l’Orchestre Philharmonia interprétera la Symphonie dramatique Roméo et
Juliette, pour orchestre et voix, de Berlioz.
Une femme à l’honneur
Après Kaija Saariaho en 2010 et Sophia
Goubaïdoulina l’année passée, une femme sera
de nouveau à l’honneur comme composer-inresidence : l’Israélienne Chaya Czernowin.
Née en 1957, cette compositrice qui enseigne à
l’Université de Harvard a retenu l’attention de
la critique internationale en 1999 avec son
Opéra Pnima qui met en scène un survivant de
l’holocauste et son petit-fils. Cette œuvre sera
représentée le 29 août et les 1er, 2, 4, 6 et 8 septembre au Théâtre de Lucerne. Il y aura par
ailleurs deux créations, At the Fringe of Our
Gaze exécuté par le West-Eastern Divan
Orchestra dirigé par Daniel Barenboïm et White
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Chaya Czernowin © Priska Ketterer
Wind Waiting exécuté par l’Orchestre SWR
Baden-Baden et Fribourg dirigé par FrançoisXavier Roth.
Il y aura cette année deux “artistes étoiles“ : la pianiste Mitsuko Uchida et le percussionniste Martin Grubinger. Dans son récital
la célèbre pianiste japonaise interprétera Bach,
Schönberg
et
Schumann (le 20
août). Le 27 août,
elle accompagnera
la soprano Dorothea Röschmann
qui chantera des
lieder de Berg et de
Schumann. Elle
sera intégrée, le 1er
septembre,
au
Quatuor Ebène ; ils donneront le quintet de
César Frank. (Auparavant le Quatuor français
interprétera des œuvres de Haydn et
Mendelssohn.) Et le 7 septembre, Mitsuko
Uchida jouera le 4e concerto de Beethoven avec
l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
dirigé par Mariss Jansons.
lugano : martha argerich, la secrète
Progetto Argerich
Elle est en ce moment dans nos salles de cinéma, grâce au film tout en
nuances de sa fille. Mais là aussi elle reste discrète. En fait, elle s’exprime
avec son piano. Pour ceux qui veulent bien la connaître il y a son festival en
Suisse, le Progetto Martha Argerich, qui aura lieu du 9 juin au 3 juillet.
Un concert donné le 9 juin au Palais des
congrès de Lugano avec l’Orchestre de la Suisse
italienne ouvrira le festival. Le programme va de
la musique de l’époque classique (Mischa
Maisky interprétera un concerto pour violoncelle
de Haydn) à la musique romantique (avec entre
autres les Variations sur un thème rococo de
Tchaïkovski). Le couronnement du concert
consistera dans le Concerto pour piano et orchestre KV 466 de Mozart interprété par Martha. A la
baguette, Jacek Kaspszyk.
C’est également un concert avec orchestre
qui clôturera le Progetto le 3 juillet. Martha
Argerich jouera le 1er concerto pour piano de
Beethoven. Le célèbre violoniste Renaud
Capuçon jouera le Concerto gregoriano de
Ottorino Respighi. Mozart et Glazounov seront
aussi au programme. Hubert Soudant dirigera
l’Orchestre de la Suisse italienne.
Aux jours impairs entre le 9 juin et le 3
juillet (sauf les 15, 19, 21, 29) il y aura des
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concerts de musique de chambre à l’auditorium
de la Radio de la Suisse italienne, des concerts
qui débuteront à 20h30. Le 13 juin par exemple
la soirée sera consacrée aux jubilaires Verdi et
Wagner, avec un parcours instrumental. La soirée
du 17 juin sera dédiée aux compositeurs des 20e
et 21e siècles. À l’honneur
Gauthier Capuçon, le célèbre
violoncelliste français. Une
exception cependant : Martha
Argerich et Renaud Capuçon
interpréteront la Sonate n° 3 de
Beethoven. Le 23 juin, l’éventail
de partitions sera large, de
Johann S. Bach à Frank Bridge
en passant par Schubert duquel
Mischa Maisky et Martha joueront la Sonate Arpeggione. Le
concert du 25 juin s’ouvrira avec
une grande formation de 10
musiciens qui donneront vie au
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Le jeune prodige autrichien Martin
Grubinger se produira lors d’un concert de nuit
avec le tandem de pianistes Ferhan et Ferzan
Önder dans un programme Fazil Say, Bartók,
Stravinski (le 17 août à 22 heures). Le 11 septembre, le batteur participera au concert de
l’Orchestre Symphonique de Pittsburg mentionné plus haut. Ils donneront en première partie le
Concerto pour batterie, cordes et cuivres de
John Corigliano. Et pour finir, Martin
Grubinger interprétera le Concerto pour batterie et orchestre de Friedrich Cerha avec les
Wiener Philharmoniker. La formation américaine JACK Quartet, nommé quartet-in-residence, interprétera des œuvres des 20e et 21e si.
Emmanuèle Rüegger
Plus d’infos sur : http://www.lucernefestival.ch/fr/
Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.
Le 27 juin sera consacré à la musique russe.
Martha Argerich, Dora Schwarzberg (violon) et
Jing Zhao (violoncelle) exécuterons le Trio en la
mineur de Tchaïkovski. Et, honneur aux pianos,
une version pour quatre pianos et percussion du
Sacre du printemps couronnera la soirée.
Presque tous les jours pairs, il y aura un petit
récital l’après-midi à l’église évangélique. Une
exception : c’est le 19 juin que Gabriela Montero
(piano) et Sam McElroy (chant) y interpréteront
un des chefs-d’œuvre de Schubert, le Voyage
d’hiver. Il y aura aussi un concert surprise au
Grand Hôtel Villa Castagnola, une conférence
avec extraits musicaux sur le pianiste Alexis
Weissenberg décédé il y a un an, et des Master
Class du violoniste Ivry Gitlis ouvertes au public.
Emmanuèle Rüegger
Plus d’infos sur : http://www.rsi.ch/argerich/
Martha Argerich
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ernen musikdorf
40ème !
Pianiste de renommée internationale et pédagogue non
moins réputé, György Sebök (1922-1999) avait trouvé
un havre de paix dans le village d’Ernen en Valais dès
1973. Après quelques années de résidence dans ce lieu,
le pianiste était devenu organisateur d’un festival,
s’entourant d’amis musiciens et de jeunes interprètes.
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Après sa disparition, le flambeau a été repris par Francesco Walter qui
anime désormais la manifestation, et qui a su attirer un nombreux public,
souvent fidèle, ces dernières années en suivant le même esprit initié par
György Sebok, à savoir faire se rencontrer des musiciens expérimentés
auxquels se joignent de jeunes talents prometteurs invités à présenter une
programmation sortant souvent des sentiers battus. L’édition 2013 ne
faillira pas à ce projet, auquel il faut ajouter une spécificité que l’on ne
rencontrera nulle part ailleurs, la fidèle présence et participation de la
romancière Donna Leon qui donnera une fois encore des séminaires d’écriture toujours très fréquentés.
Une nouveauté à noter cet été, deux journées de musique de chambre les samedi 6 et dimanche 7 juillet avec trois concerts chaque jour et des
programmes susceptibles d’attirer les amateurs, Schubert et Chostakovitch
tout d’abord et le lendemain Schubert, Webern, Chostakovitch et deux
créations du violoncelliste Thomas Demenga.
Hisako Kawamura © Ariga Terasawa
Interprétation originale
Comme cela est devenu l’habitude, le festival comprendra ensuite trois
moments différents, une série de récitals de piano avec Hisako Kawamura
(programme Bach, Beethoven, Brahms, Chopin le 14 juillet), Da Sol
(Schumann-Wieck, Schumann, Chopin, Rachmaninov le 16 juillet), Alexei
Volodin (Bach, Chopin le 17 juillet) et Pietro De Maria (Bach, Beethoven,
Chopin, Ravel le 19 juillet). Un point commun au sujet de ces pianistes, ils
ont été choisis pour l’originalité de leurs interprétations remarquées lors de
concours internationaux. Suivront les concerts consacrés au répertoire
baroque du 21 juillet et 2 août avec des choix d’œuvres incluant aussi bien
Bach, Haendel et Vivaldi que Piatti, dall’Abaco ou Hasse. Une quinzaine de
musiciens dont plusieurs font partie de La Scintilla – la formation baroque
de l’Orchestre de l’Opéra de Zurich – entoureront la responsable de cet
ensemble, la violoniste Ada Pesch et on notera la présence de la « régionale
de l’étape », la soprano Rachel Harnisch.
Place à la musique de chambre du 4 au 17 août avec deux douzaines
d’interprètes parmi lesquels le clarinettiste Michel Westphal, le violoniste
Erich Höbarth, l’altiste Mark Holloway. La programmation mêlera les
classiques du genre et d’autres œuvres moins souvent proposées ainsi que
trois créations d’une jeune compositrice et violoniste bâloise, Helena
Winkelmann. Une place sera faite au jazz avec une soirée en compagnie
du pianiste sud-africain Charl du Plessis et de son trio (le 28 juillet) et une
autre (le 11 août) avec un duo composé du pianiste Milcho Leviev et du
guitariste Dusan Bogdanovic que l’on pourra entendre également dns un
répertoire plus « classique ».
Fidèle à une autre tradition, l’Orchestre du festival se déplacera à la
Fondation Gianadda pour interpréter un programme Haydn, Hindemith,
Bach et Mozart le 17 juillet.
Frank Fredenrich
Michel Westphal © Philippe Christin
www.musikdorf.ch
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N’auriez-vous pas envie de vous forger un
style spécifique, que l’on puisse reconnaître
comme du Demenga ?
à ernen
Thomas Demenga
En juillet prochain, Thomas Demenga sera à l’affiche du Festival d’Ernen
avec une poignée d’amis. Rencontre avec un artiste intègre, respectueux et
passionné.
On vous définit comme «interprète,
compositeur et pédagogue». Comment trouvez-vous l’équilibre entre ces activités ?
C’est une question difficile ! Concilier tout cela
peut causer beaucoup de stress, comme à cette
période de fin d’année où mes étudiants ont
besoin de moi. J’ai une douzaine d’élèves au
Conservatoire de Bâle qui vont bientôt passer
leurs examens. L’enseignement m’occupe 2 à 3
journées par semaine. Cela devient compliqué
quand je dois m’absenter pour des concerts: je
pars bientôt à Londres pour jouer les suites de
Bach et des œuvres modernes au Wigmore Hall.
Même me déplacer n’est pas simple; je voyage
toujours avec deux instruments, un violoncelle
moderne et un baroque. Début juin, je vais interpréter mon double concerto, avec le Camerata de
Berne et mon frère Patrick. Dans les périodes
chargées, j’engage moi-même des remplaçants
pour mes étudiants… Composer demande du
temps: j’ai besoin d’être libéré des autres tâches
et préoccupations pour m’y consacrer entièrement. L’idéal ce serait de prendre trois mois de
congé ! Mais je ne suis pas pressé; mon prochain
projet, c’est un quatuor à cordes, et j’ai deux ans
pour le réaliser.
Si l’on se réfère au monde du sport, un
joueur de football doit jouer en équipe, un tennisman a le choix entre le duel contre un
adversaire, le double et même le squash. dans
le monde de musique, quelle sorte de sportif,
êtes-vous ?
La musique de chambre est pour moi la plus
belle des formes, des configurations. Dans un
orchestre, il faut concilier plusieurs personnalités parfois très différentes; dans un récital, toute
la responsabilité repose sur les épaules d’un
seul musicien; dans un concerto, il y a parfois
des divergences entre la conception du soliste et
celle du chef, et souvent l’on a que deux ou trois
répétitions pour s’entendre, cela est très frustrant. Dans la musique de chambre, il y a le plaisir de la rencontre, des retrouvailles, une harmonie et une entente qui se font seuls, sans effort…
Seriez-vous donc comme Philippe
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Herreweghe et ses amis ?
Je n’ai pas d’ensemble de chambre fixe, car
c'est difficile à réaliser, tous mes amis ont les
agendas aussi chargés que le mien… Mais oui,
cette façon de pratiquer la musique est pour moi
idéale.
Vous allez pouvoir la pratiquer au
Festival d’Ernen cet été.
Ernen, c’est un endroit merveilleux. Il n’y a pas
de grandes infrastructures, pas d’église, pas de
salle de concert. La musique se joue dans une
maison, devant un public d’une cinquantaine de
personnes.
On vous y a confié l’organisation d’un
weekend de musique de
chambre, comment avezvous procédé ?
Mon projet initial était de
réunir deux compositeurs qui
ont chacun écrit 15 quatuors
pour cordes, Schubert et
Chostakovitch… Comme jouer
les quinze (deux fois !) aurait
représenté un projet gigantesque, nous avons choisi de
juxtaposer les numéros 8, 13 et
15 [samedi 6 juillet]. A vrai
dire, je n’avais pas envie d’y
ajouter ma musique, mais
quand on est compositeur…
C’est ainsi que deux de mes
pièces se sont retrouvées sur
l’affiche du dimanche 7 juillet:
Duo ? o Du… pour deux violoncelles et
Palindromanie pour un trio à cordes. La première a été composée en 1985, pour la musique d’un
film dont les protagonistes étaient un jeune couple de Jurassiens (à l’époque un nouveau canton)… Il y a un moment d’improvisation assez
dramatique, mais tout finit par une valse de
réconciliation. La deuxième pièce est inspirée
par Webern, dont nous jouerons en introduction
le Mouvement pour trio à cordes.
En tant que compositeur, vous pratiquez une approche plutôt éclectique.
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Ne pas être reconnu “à l’oreille“, c’est probablement le cas de la plupart des compositeurs
modernes, à moins que l’on s’appelle Philip
Glass ! Non, j’aime bien m’inspirer de la
musique des autres, j’en prends des petits bouts
que je retravaille. Parfois c’est assez répétitif.
Plutôt qu’un style, j’ai un système de composition. Un jour Anton Webern a dit: «Quand j’ai
mis les 12 notes, la pièce est terminée». Je suis
assez d’accord avec lui.
Dans le fond, vous seriez comme un
chef de cuisine qui sublime les ingrédients
connus ?
C’est exactement ça ! J’adore cuisiner. J’aime la
cuisine indienne, japonaise, thaïe. En cuisine,
chaque pièce est une création unique.
D’ailleurs, je suis convaincu que Bach savait
cuisiner ! Il a tout fait, même améliorer des
instruments et en inventer de nouveaux !
Vous êtes-vous déjà lancé sur cette
piste: sublimer les instruments ?
Non, il y a des siècles déjà que le violoncelle a
Thomas Demenga
atteint sa forme parfaite... dans les mains de
Stradivarius ! Il n’y a rien à changer. Moi, j’ai
la chance de jouer un instrument signé Amati,
un des premiers. C’est pour moi une chose
sacrée, jamais je ne l’abîmerais !
Propos recueillis par Beata Zakes
Week-end de musique de chambre sous la direction de
Thomas Demenga les 6 et 7 juillet 2013. Programme
détaillé (2 séries de 3 concerts)
http://www.musikdorf.ch/en/program/chamber-musicweekend
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entretien : raymond duffaut
Chorégies d’Orange
Directeur général des Chorégies d’Orange depuis 1981, Raymond Duffaut
nous présente l’édition 2013 du festival, articulée autour du double
bicentenaire Wagner et Verdi.
Vous commencez avec le Vaisseau
Fantôme de Richard Wagner, compositeur
absent depuis de nombreuses années à
Orange…
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Wagner est effectivement absent ici depuis très
longtemps, puisque nous avions fait le Vaisseau
en 1987, et mis à part un Tristan en forme de
concert, les derniers Wagner en version scénique remontent à 1988 : il s’agissait du Ring
dirigé par Janowski, formidable sur les plans
musical et vocal, un peu décevant pour l’aspect
visuel… et surtout extrêmement décevant sur le
plan financier. C’est pour cela que Wagner avait
été un petit peu effacé de la programmation,
mais j’ai pensé qu’il était opportun de marquer
l’année du bicentenaire, et nous verrons si au
bilan j’aurai eu raison de le faire.
annoncé récemment aux commandes du
Philharmonique de Radio-France à partir de
septembre 2015. Il n’a aujourd’hui que 32 ans,
et c’est un magnifique musicien. La soprano
Ann Pertersen chantera Senta, elle a été une
superbe Isolde à l’Opéra de Lyon il y a deux
ans, et c’est Egils Silins qui sera distribué dans
le rôle-titre, il se produit cette fin de saison dans
le Ring à Bastille. .
Autre bicentenaire de naissance :
celui de Giuseppe Verdi…
Effectivement, et même en se concentrant sur
une unique soirée je pense que le remplissage
sera correct, mais guère plus. Mais je pourrais
prendre l’exemple de la Tétralogie qui avait été
montée par Stéphane Lissner au festival d’Aix,
année après année. La jauge du Grand Théâtre
de Provence étant de 1500 places, 6000 spectateurs ont pu voir chaque spectacle, donné 4 fois,
ceci à mettre en regard de la capacité du Théâtre
Antique de 16000 places, là est aussi notre problème. Et puis malgré le souhait qu’on peut
avoir de monter des œuvres différentes de celles
qu’on a l’habitude de voir à Orange, je crois
finalement qu’on ne peut pas sortir ici d’un certain nombre de titres. Ceci nous a d’ailleurs été
réaffirmé récemment par le Ministère de la
Culture, qui nous confirme que la mission des
Chorégies est de jouer les grandes œuvres populaires du répertoire.
Verdi est déjà régulièrement fêté à Orange, mais
pour marquer un peu plus particulièrement le
bicentenaire, j’ai souhaité afficher un ouvrage
différent d’Aida, Traviata ou Nabucco. Mon
choix s’est porté sur le Ballo in Maschera,
jamais représenté à Orange, l’un des opéras de
Verdi les plus intéressants sur le plan musical, et
j’ai demandé à Alain Altinoglu d’en assurer la
direction musicale. Nous avions eu un très bon
contact avec lui quand il avait dirigé la Mireille
de Gounod ici en 2010, déjà avec l’Orchestre de
Bordeaux qu’il retrouvera pour la circonstance.
Il travaille aujourd’hui dans les plus grandes
maisons, et sa carrière a très rapidement explosé ! Je pense que cela tient d’abord à ses qualités de chef d’orchestre et d’excellent musicien,
et puis aussi aux rapports très forts et très proches qu’il sait entretenir avec les chanteurs, ce
qui facilite la cohérence d’un spectacle. J’ai
souhaité aussi retrouver Jean-Claude Auvray
pour la production parce que j’ai gardé un très
bon souvenir du diptyque réalisé en 2009
Cavalleria / Pagliacci, certainement l’une de
ses plus belles réalisations aux Chorégies avec
le Boris et l’Elektra qu’il avait signée il y a pas
mal d’années. Pour la distribution, il y aura 3
nouveaux à Orange avec Ramon Vargas, Kristin
Lewis et Lucio Gallo, aux côtés de Dolora
Zajick déjà présente en Amneris, Azucena.
Et pour revenir à l’aspect artistique
de ce Fliegende Holländer …
Deux concerts lyriques au programme, avec deux couples …
Artistiquement, je suis heureux de réinviter le
chef Mikko Franck à Orange après sa Tosca qui,
je pense, avait été une révélation pour le public.
J’en suis d’autant plus heureux qu’il a été
Oui, le second concert avec Leo Nucci et
Patrizia Ciofi, c’est un peu pour faire un clin
d’œil au Rigoletto de 2011, qui avait suscité un
tel enthousiasme que je me suis dit qu’il serait
C’est donc en raison de ce risque
financier que les deux représentations prévues initialement sont passées à une unique
soirée, le 12 juillet ?
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Raymond Duffaut. Photo Philippe Gromelle
sympathique de retrouver ces artistes, avec le
même chef d’ailleurs Roberto Rizzi-Brignoli.
La soirée sera intégralement consacrée à Verdi,
avec de larges extraits de Traviata et Rigoletto.
Le duo de la vengeance n’est pas au programme… mais on peut sûrement l’attendre en bis !
Et puis nous aurons la présence incontournable
de notre ami Roberto Alagna à Orange ! Avec
Anna Caterina Antonacci, qui se produit chez
nous pour la première fois, ils ont choisi un programme d’airs et de duos, italiens en première
partie et français en seconde.
Il y a aussi un récital de Lang Lang,
au piano seul dans le Théâtre Antique…
J’ai eu l’idée d’inviter Lang Lang, en me rappelant la très belle expérience tentée il y a plusieurs années avec Kissin. On se demandait
alors ce que pouvait donner un pianiste seul
devant son clavier dans un si vaste espace, et
cela avait marché formidablement. Je prends
souvent l’exemple du festival d’Avignon quand
Paul Puaux en était le directeur. Alors que nous
avions l’habitude avec Vilar de grandes fresques
dramatiques et théâtrales, Puaux avait eu l’idée
de faire venir le mime Marceau dans la Cour
d’honneur du Palais des Papes et la rencontre
entre l’artiste et le lieu avait été assez extraordinaire. C’est un peu ça qui s’était passé entre
Kissin et le Théâtre antique, et j’espère que nous
retrouverons cette même complicité cette année.
Quelle est la situation financière des
Chorégies ?
Nous attirons depuis longtemps l’attention de nos
partenaires institutionnels sur la situation un peu
préoccupante dans laquelle se trouve le festival
des Chorégies. On continue de nous féliciter pour
notre travail, et même les années où nous avons
connu un petit déficit, jamais nous n’avons eu
recours à une demande de subvention complémentaire et nous sommes toujours revenus à l’équilibre sur nos fonds propres grâce aux années
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suivantes. Mais il y a un moment où on ne sait
plus faire ! Les subventions des partenaires institutionnels représentaient 17% du budget en 2012,
et n’ont globalement pas bougé depuis 15 ans. Je
pense qu’au vu de la situation économique actuelle, il serait totalement inopportun d’envisager une
augmentation du prix des places, et je serais au
contraire favorable à donner un coup de barre à la
baisse. Les places les plus chères continuent de
bien se vendre et correspondent à une clientèle
pas forcément touchée par la crise, mais aussi à
des spectateurs qui se privent pour être à ces places-là. Les places les moins chères continuent de
s’arracher et ce sont les billets dans les tarifs
intermédiaires qui ont plus de mal à être commercialisées : finalement on sent que cela touche les
classes moyennes, ce qui est la réalité économique actuelle. Nous avions envisagé à partir de
2014 de baisser le prix de ces places à tarifs intermédiaires, mais ceci correspondrait à une perte
sur notre budget de 200 000 à 300 000 €, et on ne
peut malheureusement pas se le permettre.
Certains postes de dépenses ont augmenté de 40
% à 200% sur 20 ans, en regard d’une subvention
équivalente, et d’une billetterie qui a augmenté de
71%. Aujourd’hui c’est un peu la quadrature du
cercle, en tout cas je me refuserai toujours à agir
sur le niveau de la qualité artistique de la manifestation. En revanche nous avons eu la chance d’avoir de nouveaux partenaires privés, ce qui est
une bonne chose de nos jours. L’équilibre financier est donc très fragile, je pousse aujourd’hui
non pas un cri d’alarme, mais un cri d’alerte !
Dans cet équilibre, le partenariat avec
France Télévisions est certainement essentiel…
Oui ce partenariat est essentiel pour nous, l’année
dernière entre la soirée Musiques en Fête – qui
sera renouvelée cette saison le 20 juin 2013 –, les
retransmissions de Bohème et Turandot, ce sont
4,8 millions spectateurs qui nous ont suivis, ce
qui est absolument colossal dans le cadre de la
musique classique et de l’opéra à la télévision.
Nous aurons cette année à nouveau France 3 pour
Musiques en Fête le 20 juin et le concert Alagna
– Antonacci, et France 2 sur le Ballo in Maschera,
donc une présence encore très forte. L’éventuel
revers de la médaille en ces moments de crise, est
que ces retransmissions peuvent nous priver à la
marge de quelques spectateurs qui préfèreraient
rester devant le petit écran ; d’un autre côté ces
programmes peuvent donner envie à certains de
venir découvrir l’opéra en live aux Chorégies…
Propos recueillis par François Jestin
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présentation
Aix-en-Provence
Plus que les grands titres proposés – Elektra, Rigoletto, Don Giovanni –, ce
sont les metteurs en scène Chéreau, Carsen, Tcherniakov qui font l’affiche
du festival, laquelle est complétée par des ouvrages plus originaux.
Patrice Chéreau se fait rare dans le monde
de l’opéra, mais il reste fidèle à Aix ces dernières années. Après Cosi fan tutte en 2005, puis
De la Maison des Morts en 2007, il est de retour
au Grand Théâtre de Provence pour aborder
Elektra avec le chef Esa-Pekka Salonen au
pupitre et l’Orchestre de Paris en fosse, ainsi
qu’une distribution vocale de haut vol : Evelyn
Herlitzius, Waltraud Meier, Adrianna
Pieczonka, Mikhail Petrenko. Fidèle de
Chéreau, Richard Peduzzi signera les décors de
ce spectacle, en coproduction avec Milan, NewYork, Barcelone, Helsinki, Berlin.
Autre nouvelle production, le Rigoletto
imaginé par Robert Carsen, cette fois sous les
étoiles, dans la Cour de
l’Archevêché : George
Gagnidze (Rigoletto),
Irina Lungu (Gilda),
Arturo Chacon Cruz (il
Duca) dans les rôles principaux et Gianandrea
Noseda aux commandes
du London Symphony
Orchestra.
Autre opéra proposé
à l’Archevêché, la reprise
du Don Giovanni dans la
vision – ou plutôt l’interprétation ! – du metteur en
scène Dmitri Tcherniakov,
qui n’avait pas fait l’unanimité lors de sa création
en 2010. La distribution
vocale semble d’un meilleur niveau qu’il y a 3
ans, avec Rod Gilfry dans le rôle-titre, et entre
autres Sonya Yoncheva en Elvira, le LSO étant
placé sous la baguette de Marc Minkowski. Le
directeur du festival Bernard Foccroulle maintient ses axes de programmation habituels, avec
une création mondiale – The House taken over
de Vasco Mendonça, représentée dans le cadre
bucolique du Grand Saint-Jean – et une pièce du
répertoire baroque, avec Elena, œuvre tragicomique de Francesco Cavalli jamais entendue
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depuis le XVIIème siècle, que l’on pourra
découvrir au théâtre du Jeu de Paume.
L’Orchestre de Paris sera à l’affiche pour
deux concerts au Grand Théâtre de Provence : le
12 juillet pour un programme Berlioz, Lalo, De
Falla, Ravel sous la direction d’Alain Altinoglu,
tandis que le 18 c’est Esa-Pekka Salonen qui
prendra les commandes d’une soirée
Beethoven, Wagner, en présence de la basse
René Pape. Le 17, le ténor Ian Bostridge interprétera Britten, bel hommage au centenaire de
naissance du compositeur britannique, aux
côtés du LSO et Gianandrea Noseda.
Après d’autres concerts instrumentaux ou
vocaux, c’est un spectacle de danse qui viendra
Ian Bostridge © Sheila Rock/EMI Classics
clôturer l’édition 2013 du festival : la création
de Roméo et Juliette de la chorégraphe Josette
Baïz, donnée les 26 et 27 juillet au Grand
Théâtre de Provence, dans le cadre de
Marseille-Provence 2013 Capitale européenne
de la culture.
François Jestin
www.festival-aix.com
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avignon 2013 : honneur aux paroles engagées africaines...
Résonance du politique
Cette saison d’arts vivants avignonnaise sur trois semaines, placée sous la
direction d’Hortense Archambault et Vincent Baudriller, invite Stanislas
Nordey et le brazzavillois Dieudonné Niangouna à présenter leurs créations
et à s’associer pour une soirée-partage entre artistes, le 17 juillet.
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Nordey vient porter le poème dramatique
Par les villages de l’Autrichien Peter Handke et
Niangouna, son texte Shéda, qui sera publié aux
éditions Les Solitaires intempestifs en juillet.
Pour les trois hommes, Nordey, Handke,
Niangouna : c’est la résonance du politique
dans l’intime qui animera le plateau.
Aussi, la scène nationale de Chambéry
redonnera-t-elle, la saison prochaine, ce texte,
en partie autobiographie d’Handke, avec
Stanislas Nordey, acteur, sous les traits de l’ouvrier Hans, en compagnie de Jeanne Balibar,
Emmanuelle Béart, Raoul Fernandez, sa mère et
professeur de théâtre Véronique Nordey puis
son habituel compagnon de jeu, Laurent
Sauvage.
«L’Argent» © Emilie Loup
La présence de Nordey sera aussi remarquée dans la mise en scène d’Anne Théron qui
l’emploie pour parler de l’Argent, sous les mots
de Christophe Tarkos, avec Akiko Hasegawa
également sur scène.
Dieudonné Niangouna a fondé sa compagnie Les Bruits de la Rue, dans les affres de
guerre civile congolaise de 1997. Shéda raconte
comment trouver la force de vivre lorsque la
guerre laisse sans vie des riverains dans chaque
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rue. Ceux qui survivent revivent avec une hésitation à parler mêlée d’une urgence à dire : paradoxe du survivant… Parfois celui-ci préfère
chanter, s’il le peut, ou bien parler tout seul.
Le cycle politique se poursuit avec le tout
juste trentenaire Aristide Tarnagda, déjà auteur
d’une dizaine de pièces, qui représentera la
création au Burkina-Faso avec un titre-choc Et
si je les tuais tous Madame ?
L’incontournable Milo Rau, ancien élève de
Pierre Bourdieu, est le socio-historien didactique du Festival : on avait vu de lui Les
Dernières heures de Ceausescu en 2009, voilà
qu’il a travaillé depuis sur Utoya en Norvège,
les Pussy Riot à Moscou…Cette année, il présente un des drames les
plus incompréhensibles du
XXe siècle, surtout après
la création de l’O.N.U : le
massacre rwandais, excité
par les radios locales à
grand renfort de musiques
entraînantes et des phrases
« cafardesques », chacune
responsable d’autant de
coups de machettes…
C’est Hate radio, du 21 au
24 juillet.
Autre cas de (prise
de) conscience, les zoos
humains montrés par un
témoin de l’apartheid,
Brett Bailey, qui nous
invite, par Exhibit B, à
surtout ne jamais plus accepter de « colonialiser » notre imaginaire.
Le spectacle Lagos Business Angels par
Rimini Protokoll, nous montre avec un humour
politisé comment, au Nigéria, on devient
« homme d’affaire » à peu de frais.
Re : Walden, qui ressemble à l’intitulé d’un
email, est en fait un travail de Jean-François
Peyret autour de la dichotomie moderne Nature
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et culture, à partir d’un texte estival de 1845
écrit Henry David Thoreau. L’auteur décrit les
alentours de sa cabane, près de l’étang de
Walden, situé dans le Massachusetts.
Deux temps d’appui sur des personnages
fondateurs des enjeux théâtraux : Lear is town,
signé par le binôme Lagarde-Cadiot, est une
relecture du personnage du Roi Lear de
Shakespeare dans un simple entourage : son
fou, sa fille dit par les comédiens Clotilde
Hesme, Johan Leysen, Laurent Poitrenaux puis
la dense Faust I + II de Goethe repris en 8 heures de représentation par Nicolas Stemann.
Du théâtre qui touche à tous les arts par
l’espagnole Angelica Liddell poursuivant sa trilogie chinoise avec Ping Pang. Puis, au cœur du
mythe de Peter Pan transposé sur l’île norvégienne d’Utoya, tristement célèbre, la pièce
Tout le ciel au-dessus de la Terre donne à l’auteure l’occasion d’incarner Wendy et son syndrome… à découvrir.
Sophie Calle, fidèle à ses projets intimes,
invite le festivalier à visiter sa chambre (n°20) à
l’hôtel La Mirande, et venir l’y voir vivre sur la
durée du Festival, toutes les trente minutes.
Le théâtre polonais de Krzysztof
Warlikowski investit le nouveau lieu La Fabrica
pour dire « au delà » au travers de la forme
musicale, expressionniste qu’est le cabaret :
Kabaret Warszawski est une création 2013 d’un
grand nom du théâtre européen.
Julien Gosselin choisit, pour première
arme avignonnaise, de présenter, à dix comédiens, Les particules élémentaires de Michel
Houellebecq, roman-bombe écrit en 1998,
effectivement dramatique, déclinant le théâtre
de la misère humaine dans une langue âpre et
drue.
Hommage à Pasolini par Nicolas Truong
avec le Projet Luciole, entouré des comédiens
Judith Henry et Nicolas Bouchaud qui rendront
la vie à la pensée quasi-philosophique de l’artiste italien trop tôt disparu.
Il restera bien sûr à découvrir nombre de
pièces chorégraphique et musicale, dans lesquelles une parole – qui vient de s’écrire - est
centre, celles de Lazare, Lauwers etc. Puis il y
aura les artistes, presque à demeure en Avignon,
Pippo Delbono, accompagné de son violoniste,
Denis Podalydès, Wajdi Mouawad et Patrice
Chéreau.
Pauline Guilmot
Pour l’intégralité du programme :
http://www.festival-avignon.com/
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montpellier danse
Mémoires et devenirs
des corps
Un vent de diversité de très haut vol souffle sur l’édition 2013 du Festival
Montpellier danse. Elégance, modernité, large palette de styles. Et cette
belle idée que l'Histoire serait moins affaire de voyage dans le temps
ou les lieux qu’au centre des corps.
Retour à la tradition de danse américaine
postmoderne avec l’une de ses figures historiques, Trisha Brown. Elle renoue avec ses jeunes
années plasticiennes pour une virtuosité à la fois
limpide et vulnérable. Sans forcément le savoir,
Israel Galvan est déjà un classique dans l’expression de son flamenco échevelé et puissant. Il
esquisse, comme en creux, avec Le Réel / Lo Real
/ The Real, le temps corporellement tourmenté
des Gitans déportés sous l’occupation nazie. Des
fulgurances somatiques travaillent les danseurs
immergés dans un univers qui rappelle de loin en
loin le surréalisme tragique des films de Buñuel,
si ce n’est le rapport aux objets sonores et mémorielles chers au chorégraphe et danseur Josef
Nadj. Au détour d’une création, Les Nuits,
Anjelin Preljocaj renoue, lui, avec son incroyable
talent de conteur et poète visuel au graphisme raffiné et faisant pertinemment sens (Roméo et
Juliette, Blanche-Neige, Siddharta). Le chorégraphe mêle rythmes, pulsations intimes et
liqueurs de chairs enfiévrées par le désir, pour
adosser les lignes de corps de son ballet à l’érotisme tutoyant le tragique et l’épique des
Mille et Une Nuits. Autant de récits multiples et
sans fins, suscitant plus d’images qu’aucune
autre œuvre de l’esprit. La mythologie baigne
aussi le solo imaginé par Akram Khan activant
une théâtralité mouvementiste qui s’est souvenue que l’enfantin peut être ce clair-obscur
dans lequel les impressions des années premières sur terre viennent faire vaciller la présence
de l’adulte au réel, tandis que plusieurs âges de
la vie apparaissent au gré d’une fluidité d’expression jamais démentie.
la narration. » Astral Convertible (1989) s’inscrit
dans un tumulte gestuel pur, diluvien, sans nécessaire contextualisation repérable. La narration et
le verbe de la fable s’effacent au profit d’un mouvement tissé du saut et du vol, qui sait aussi se
couler dans des stases faisant ressembler les
interprètes moins à une statuaire ou balise spatiale qu’à une pièce de mobilier. La grammaire chorégraphique transpose les dictées musicales de
John Cage (Eight), mais aussi plastiques de
Robert Rauschenberg, en vecteurs sensibles pour
la pièce. Comment réduire la peinture, et partant,
l’expression dansée, à leur nature essentielle, et
ainsi, ouvrir à la possibilité d’une expression
pure ? Auteur d’œuvres minimalistes avant la lettre, photographe, Rauschenberg dispose dans les
années 50, des anatomies féminines sur du papier
bleu sensible, et, l’impressionnant par la lumière,
il obtient un négatif grandeur nature. Pour Astral
Convertible (1989), Brown rapatrie le monde
Mouvement brownien
A la recherche tendue et profonde du geste
juste, l’Américaine Trisha Brown a imaginé
une approche axée « sur les chemins naturels
du corps avec un traitement démocratique de
toutes ses parties qui privilégie l’abstraction à
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sensoriel et luminescent de Rauschenberg, des
phares irisent chez l’Américaine le regard du
spectateur, et les danseurs costumés de lignes
argentées en combinaison très près du corps
arpentent un espace intercalaire entre le haut et le
bas. La verticalité y semble contredite ou plutôt
subvertie par des sauts mettant les corps en
accents circonflexes. L’apesanteur indéfinissable
et pourtant si prégnante baigne cette pièce étonnante qui retient l’instantané vibratile d’un geste,
une suspension dans le déroulé d’un feuilleté
temporel comme une image arrêtée si emplie d’énergie silencieuse.
Mémoire de nos pères
Le geste trace ses volutes dans l’air, il s’affute, se densifie pour mieux se torsader en boucles, vriller en tourbillon. A l’occasion de son
premier solo, Desh, qui signifie terre ou patrie en
sanscrit, Akram Khan a fait retour à la terre de
ses parents, le Bengladesh. Fruit d’un séjour de
plusieurs semaines dans ce pays méconnu, l’opus
est une forme de portrait de soi, d’autofriction
avec son passé et, singulièrement, la figure du
père. Il le ressuscite de manière médusante sur
scène s’interrogeant peut-être sur quelle part se
tient derrière le geste de l’artiste aujourd’hui au
mi-temps de sa vie. Si la partition du Pakistan et
la Guerre d’indépendance sont abordées, la danse
se concentre notamment sur une refiguration,
comme un portrait en pied de l’activité de classes
laborieuses concentrées sur leur chansons de gestes. Ici les mouvements d’un paysan arpentant
son champ, là un batelier qui a la rame facile.
Au cœur d’un merveilleux univers d’images projetées, on retrouve la belle familiarité
avec la curiosité du visiteur retournant les figures du kathak, danse traditionnelle et narrative
du Nord de l’Inde, où le talent de raconteur
d’histoires si chevillé à Akram Khan, fait son
miel de toute image, anecdote ou souvenir.
D’où cette bourrasque de gestes tournoyants,
les pirouettes d’une folle vélocité, les vertigineux arrêts inattendus et cette trépidante rythmique du pied battu sur le sol. De ses mains
jaillit l’illusion en masque de marionnette stylisée d’un homme qui parle. Des mots aussi,
lorsque, jeune pareille à Billy Eliott, il s’adonnait à la danse à perdre haleine et que son paternel, propriétaire d’un restaurant londonien, lui
intimait de mettre un terme à cette exercice en
forme de dépense physique et artistique jugée
alors superfétatoire.
Bertrand Tappolet
«Les Nuits» d’Angelin Preljocaj © JC Carbonne
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Montpellier Danse. Du 22 juin au 6 juillet 2013.
Rens. : www.montpellier danse.com
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musée rath : art contemporain, collection du musée migros
Quelle sélection
pour quel public ?
Après le Kunstmuseum Liechtenstein à Vaduz, la Kunsthalle à Kassel, La
Kunsthalle Krems en Autriche et le Museion à Bolzano en Italie, le musée
Rath accueille le travail d'une vingtaine d'artistes de la collection Migros.
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L'exposition scelle pour la deuxième fois
avec Genève (la première était en 1986) un partenariat public / privé dans lequel le géant orange
excelle.
Petit rappel : avec le pour-cent culturel,
institué dès 1957 par Gottlieb Dutweiler himself,
sont soutenus l'Ecole Club Migros, les
Eurocentres, l'Institut Gottlieb Duttweiler, les
quatre parcs Pré Verts (celui du Signal de Bougy,
et ceux situés près de Bâle, de Berne et de
Zurich), le chemin de fer du Monte Generoso au
Tessin et bien sûr le Musée Migros d'Art contemporain de Zurich. En examinant le catalogue des
500 œuvres collectées à ce jour, la conservatrice
s'est dite frappée par la forte présence de l’art
Andy Warhol (1928 Pittsburgh, USA –1987 New
York City, USA) «Joseph Beuys», 1980.
Sérigraphie couleur avec poussière de diamant
sur papier noir, 112 x 77 cm. Collection du
Musée Migros d’art contemporain © The Andy
Warhol Foundation for Visual Arts, Inc. / 2013,
ProLitteris, Zurich
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minimaliste et conceptuel. Une large place est
donc faite à ces deux mouvements et à leur
influence dans la production de ces 40 dernières
années. Bien évidemment on retrouve de
“grands“ noms avec une œuvre plus ou moins
importante, les Kanarische Landschaften de
Gerhardt Richter, le portrait de Joseph Beuys par
Andy Warhol, les Life Forms de Cosey Fanni
Tutti, Trisha Braun, Accumulation, de Babette
Mangolt qui a documenté la scène de la danse
postmoderne américaine, etc.
On pourra s'attarder à contempler quelques
instants des œuvres moins connues de ce côté de
la Sarine, comme les Bodyshells de Heidi
Bucher. Fortement inspirée par l'œuvre de Rilke,
« Wisse das Bild/ Aie savoir de l'image », l'artiste cherche à vivre l'expérience physique, psychique, matérielle de l'image et cela l'entraîne à
expérimenter. Il reste de Bodyshells 2 minutes et
demie de danse d'étranges créatures marines sur
la plage de Venice, Los Angeles. Elle poursuit
jusqu'à la fin de sa vie une recherche sur le toucher, la mue, (Häutungen, où elle moule dans du
latex puis pèle murs, plafonds...).
A voir encore, les quatre assemblages photographiques/collages de Stephen Willats,
Learning to Live within a Confined Space. Afin
de décoder l'action sociale et ses constructions,
l'artiste est allé photographier et interviewer des
personnes obligées de se reloger dans des appartements sociaux à la fin des années '70, et montre par une photo de l'intérieur de l'habitation
comment ces personnes trouvent leurs marques
dans ce nouvel espace. Mais où sont les interviews menées à côté du travail photographique,
qui permettraient sans doute d'approfondir l'intérêt de ce travail ?
On peut encore flâner face aux projections
de diapositives de Marc Camille Chaimowicz,
Partial Eclipse, dont on a redécouvert le travail.
La mise en espace de l'exposition est classique, regroupée par courants ou techniques:
minimalistes dont il faut recréer le travail (le
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Cosey Fanni Tutti (*1951 Hull, Grande-Bretagne)
«Life Forms», 1973–1979. Photographies couleurs, textes 12 parties : 8 parties chacune 60,5 x
45,5 cm ; 1 partie 45,5 x 60,5 cm ; 3 parties chacune 61 x 46 cm. Collection du Musée Migros
d’art contemporain © Cosey Fanni Tutti
container/congélateur de Büchel, le pan de béton
brisé en sous-sol de Tuazon),
photos retravaillées au sens large (vidéo sans son
au ralenti en boucle de Gordon, photo géante
couleur de Sieverding, cristaux liquides sur diapos de Metzger, diaporamas de Chaimowicz,
héliogravure de Richter, installation vidéo de
Matilde ter Heijne, etc) au rez-de-chaussée.
Quelques questions fondamentales demeurent :
- Malgré cette présentation classique, pourquoi
n'y a-t-il nulle part de mise en perspective ou
d'interrogation face aux postures conventionnelles de l'art contemporain ?
- Pourquoi n'y a-t-il quasiment rien sur le sens ?
- Pourquoi la plupart des œuvres sont-elles peu
lisibles pour le grand public auquel cette exposition semble destinée (parmi d'autres : deux
hauts-parleurs distants de quelques mètres distillant en même temps en anglais des propos de
deux protagonistes différents, Acconci et un
jeune artiste ; les photos sans commentaires de
Willats déjà citées, etc.)
- Si l'on veut posséder des pièces-témoins de tel
ou tel mouvement, pourquoi avoir acheté des
œuvres qui ne sont de loin ni les meilleures ni les
plus intéressantes de l'artiste ?
Une impression donc, ici, de rester sur sa
faim, culturellement parlant. Dommage que
cela soit le fait du plus grand détaillant de
Suisse dont on apprécie par ailleurs le travail.
Catherine Graf
Musée Rath, jusqu’au 22 septembre 2013
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expos itions
fondation baur : noirs d'encre, regards croisés
La beauté du geste
Cette exposition issue d'une collaboration entre le cabinet d'arts
graphiques du MAH et des collectionneurs privés t juxtapose
subtilement des oeuvres de Hans Hartung avec celles d'artistes chinois
d'origines diverses.
On se souvient qu'Hans Hartung est l'une
des figures de proue de l'art informel, cet art
dont le principe fondateur réside dans le geste et
sa spontanéité ; « c'est ce plaisir qui me
pousse : laisser la trace de mon geste sur la toile
ou le papier. C'est l'acte de peindre, de dessiner,
de gratter, d'érafler.. ». Hartung imprime le noir
sur ses toiles à l'aide de rouleaux encreurs, de
brosses et d'outils divers. Un noir mat, profond
domine, noir bleuté dans ses tons plus clairs,
rehaussé ça et là d'ocres ou de vert. Parfois les
lignes sont « négatives » : la toile encrée est
grattée, éraflée, et des traits très clairs surgissent.
l'Europe continentale. La toute première illustration répertoriée dans l'empire du milieu est
une xylogravure se trouvant dans le Sûtra du
Diamant ; elle représente un bouddha prêchant
sous un arbre. Elle est datée de 868 après J.C.,
sous la dynastie des Tang. Ensuite les codes de
la peinture chinoise sont fixés selon des canons
très précis sous les Song (960-1279) et restent
inchangés pendant plus d'un millénaire.
Peindre selon son inspiration
Au début du XXème siècle, certains artistes chinois prennent connaissance des nouvelles
approches de l'art européen par le truchement
Hans Hartung (Leipzig, 1904 - Antibes, 1989), «L 1973-19», 1973
Erker-Presse, editeur et imprimeur, lithographie (rouleau encreur et
crayon), 366 x 270 mm © Cabinet d'arts graphiques du Musee d'art et
d'histoire, Geneve, don de la Fondation Hartung- Bergman, Antibes,
Photo : André Longchamp
Si l'on n'est pas fin connaisseur du travail
de Hartung, on peut lui attribuer la paternité
d'œuvres chinoises, et réciproquement.
Au-delà des origines diverses des peintres
en présence, au-delà de démarches très variées,
l'homogénéité qui se dégage de l'ensemble des
œuvres présentées est troublante.
L'histoire de l'art chinois n'a pas connu des
bouleversements aussi profonds que ceux de
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Liu Guo Song (1932), «Sea of Floating Ice», Jiu Zhai Gou series
Encre sur papier, 58 x 95 cm © Collection Gerard et Dora Cognie
de leurs collègues
japonais en contact
plus étroit avec l'Occident. Après 1949, beaucoup sont enrôlés, contrariés, exécutés par le
pouvoir communiste et doivent attendre la fin
de la révolution dite culturelle en 1976 pour
pouvoir peindre selon leur inspiration et non
plus selon les règles du Parti. Si l'on songe à la
séquestration d'Ai Weiwei, cette liberté est
encore à conquérir. A l'inverse de ce dernier, les
peintres présentés dans cette exposition sem-
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blent s'activer dans un climat nettement plus
serein. A partir des années '50, des mouvements
très importants sont apparus, comme le Ton Fan
et le Fifth moon, qui veulent réinterpréter les
techniques traditionnelles en leur donnant un
nouveau souffle. On sent une conscience de la
richesse des racines orientales accompagnée
d'un désir de revisiter, de dynamiser, de jouer
avec les règles du passé. Les artistes du New Ink
Painting voient l'avenir de la peinture chinoise
dans ses propres ressources, l'encre, le papier,
l'expérimentation de nouvelles techniques. Nul
doute que le grand Prix international de peinture de la biennale de Venise attribué en 1960 à
Hartung a inspiré les artistes de Taïwan et de
Hong Kong dans cette direction.
Ainsi Landscape de Chu Ke éclate de joie,
Li Huasheng déplace avec délicatesse les règles
du paysage chinois avec... Landscape, les blocs
d'encres moirées de Liu Guo Song, de Taïwan,
Sea of floating ice, semblent flotter en suspens...
il faut s'arrêter devant chaque estampe et se laisser pénétrer par son énergie.
Hartung, sans aucun doute, aurait pu signer
ces propos de Hsiao Chin : « Le signe est
comme un électrocardiogramme de la respira-
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tion, c'est un rythme qui appartient au pinceau.
Sa recherche est un dialogue continu avec l'univers et les émotions qui dérivent du monde
connu et inconnu ».
Catherine Graf
Noirs d'encre, regards croisés, Hans Hartung et les peintres chinois contemporains, Fondation Baur, rue MunierRomilly 8 , Genève, jusqu’au 4 août 2013
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expos itions
Lyon
Quimper
La Sucrière : Emotions, instalMusée des beaux-arts : De
CateauFRANCE Le
Cambrésis
Aix
Musée Granet : L G
E RAND ATELIER
MIDI, 1880-1960. De Cézanne à
Matisse. Du 13 juin au 13 octobre.
l
DU
Annemasse
Villa du Parc : Estefania Penafiel
l
Loaiza / Thu van Tran. Jusqu’au 20
juillet.
l
Musée Matisse : Matisse. La
Couleur découpée - une donation
révélatrice. Jusqu’au 9 juin.
l
LeMuséeCannet
Bonnard : L N ,
l
E
U DE
GAUGUIN À BONNARD. Du 28 juin au
31 octobre. Les Collec-tions.
Parcours sensible d'un peintre.
Jusqu’au 16 juin.
Arles
Musée départemental Arles Le Havre
Musée d'art moderne André
l
Antique : Rodin, la lumière de
l'Antique. Jusqu’au 1er sept.
l Musée Réattu : Nuage - De
Magritte à Warhol, de Man Ray à
Manzoni ou Kiefer. Jusqu’au 31
octobre.
Caen
Musée des Beaux-Arts : Un été
l
72
au bord de l'eau. Loisirs et
Impressionnisme. Jusqu’au 29 sept.
l Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de
l'Impressionnisme, la photographie
autochrome 1903-1931. Jusqu’au
29 septembre.
l
Malraux : Pissaro au fil de la Seine.
De Paris au Havre. Jusqu’au 29 septembre.
Lens
Le Louvre
l
: L’Europe de
Rubens. Jusqu’au 23 septembre.
Le Temps à l’œuvre. Jusqu’au 21
octobre.
Lille
Palais des Beaux-Arts : Traits de
lations by Erwin Olaf. Jusqu’au
30 juin.
l Musée des beaux-arts :
GENEVIÈVE ASSE. Du 28 juin au 16
septembre. La médaille en
France aux XIXe et XXe s.
Jusqu’au 31 août.
Marseille
Palais Longchamp : L
réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Jusqu’au 29 septembre.
Sérignan
Musée Régional
l
l
Metz
Toulon
Centre Pompidou-Metz : Sol
Hôtel des Arts : Gabriele
LeWitt. Dessins muraux de 1968 à
2007. Jusqu’au 29 juillet. Vues d'enhaut. Jusqu’au 7 octobre.
Pontoise
Musée Tavet-Delacour : Donation
l
Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en
août
Basilico - Obsession urbaine.
Jusqu’au 30 juin.
AILLEURS
Baden
Baden
Musée Frieder Burda : Emil
l
Nolde - Une fête des couleurs. Du 15
juin au 13 octobre.
La légende des mers
Après la première guerre mondiale, une clientèle fortunée a soif de luxe, de confort, de modernité et de
nouveaux horizons. En France, la Compagnie générale transatlantique et la Compagnie des Messageries
maritimes lancent sur les mers des paquebots dont les
noms et les silhouettes s’inscriront dans la légende :
Champollion, Mariette Pacha, Aramis, Paris, Île-deFrance, Normandie...
Croissy
s/Seine
Musée de la Grenouillère :
l
Monet et Renoir côte à côte à La
Grenouillère. Jusqu’au 30 juin.
Evian
Palais Lumière : L
Désireuses de surprendre et de satisfaire leurs
passagers, les deux compagnies demandent à des
artistes de renom d’aménager leurs navires : architectes et décorateurs (Pacon, Rulhmann, Leleu,
Dominique, Dunand, Lalique...), peintres (Iribe,
Dufy, Dupas,...), affichistes (Colin, Cassandre,
Sandy-Hook...), grandes manufactures françaises
(Christofle, Ercuis, Puiforcat, Saint-Louis, Daum,
Haviland...) unissent leur créativité et leur expérience pour que ces palais flottants demeurent inégalables.
l
A LÉGENDE DES
MERS. Iribe, Dufy, Van Dongen, ... .
Du 15 juin au 22 septembre
Fécamp
Musée : Les Falaises de Monet,
l
les autres cathédrales. Jusqu’au 29
septembre.
Grenoble
Magasin / Centre National
l
d’Art Contemporain : The
Unborn Museum - Pietro
Roccasalva. Du 5 juin au 1er sept.
l Musée de Grenoble : Alberto
Giacometti. Jusqu’au 9 juin.
Musée des impressionnismes :
Signac, les couleurs de l’eau.
Jusqu’au 2 juillet
l
Palais Lumière, Evian
l
l
Rouen
Musée des beaux-arts : La couleur
l
d'Art
Contemporain : Olivier Mosset.
Jusqu’au 12 juin.
génie. Jusqu’au 1er juillet
Barceló -Terra Ignis. Céramiques,
Majorque 2009-2013. Du 29 juin au
12 novembre,
Giverny
Véronèse à Casanova. Jusqu’au 30
septembre.
E GRAND
ATELIER DU MIDI, 1880-1960. De Van
Gogh à Bonnard. Du 13 juin au 13
octobre.
l
l
Céret
Musée d’art moderne : Miquel
l
Ernest-Louis Lessieux «Descente de la 1re classe du
paquebot La Provence» (Cie Gle Transatlantique), vers
1906. Carte postale © Collection French Lines
a
g
e
A travers un parcours jalonné de projections et
de sonorisations, l’exposition d’été du Palais Lumière
témoigne d’un âge d’or où le plaisir faisait partie
intégrante du voyage. Riche de 350 pièces (peintures,
dessins, affiches, maquettes, mobilier, costumes, orfèvrerie, ouvrages illustrés, manuscrits, photographies…).
. A voir du 15 juin au 22 septembre 2013
n
d
a
expos itions
en
Madrid
Fondation Mapfre : Alberto
Palazzo Reale, Milan
Modigliani, Soutine et les artistes maudits
l
Le Palazzo Reale accueille la collection Jonas Netter (Strasbourg 1868 - Paris 1946) sous le titre
«Modigliani, Soutine et les artistes maudits», soit 120 tableaux de l’Ecole de Paris qui marquent la transition
entre l’impressionnisme et l’art moderne.
Les artistes maudits de Montparnasse : En tête de liste, Modigliani, dont la mauvaise santé l’entraînera vers sa mort à 36 ans; sa femme, enceinte de 9 mois, se jettera par la fenêtre par désespoir. L’art, l’alcool,
et l’âme tourmentée sont les éléments en commun qui
réunissent à Paris ces jeunes artistes étrangers provenant en grande partie des pays de l’est. De religion
juive, ils ont échappé aux persécutions antisémites de
la fin du XIXe dans leurs pays. Mais leur destin sera
marqué par la misère, la fuite ou la maladie.
Chaïm Soutine arrive de la Lituanie à pied dévoré par la vermine. Henri Epstein arrive sauf de
Pologne en 1913 mais ne survivra pas à Auschwitz où
il est déporté en 1944. Même sort pour Adolphe
(Aizik) Feder. Moise Kisling de Cracovie devra fuir
aux Etats-Unis, alors qu’Isaac Anchter s'exilera en
Suisse, et Michel Kikoine à Toulouse. Eugène Ebiche
et Jean Zavado connaîtront un sort meilleur de retour
en patrie. Tous ces artistes sont les compagnons d’infortune de l’Italien juif Amedeo Modigliani, autour
duquel se rattachent aussi des peintres français : les
fauvistes André Derain et Maurice de Vlaminck ainsi
que Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo.
Ce sont aussi tous les protégés du collectionneur
juif Jonas Netter, le seul à croire en eux, et à qui l’on
doit la richesse de cette exposition.
Amedeo Modigliani «Portrait de jeune fille aux cheveux
rouges (Jeanne Hébuterne)», 1918.
Huile sur toile, 46 x 29 cm. Signé en bas à droite
© Pinacothèque de Paris
Berlin
Martin-Gropius-Bau
(Am
Kupfergraben) De Beckmann à
Warhol. Jusqu’au 9 juin.
l Musée de la Photographie : «La
Vérité Nue et Plus». Photographie de
nu autour de 1900. Jusqu’au 25 août.
l
Bilbao
Musée Guggenheim : L’art en
l
guerre. France 1938-1947 - De
Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept.
Brescia
Musée Santa Giulia : de De
l
Modigliani, qui mena la vie typique des artistes
maudits, est connu surtout pour ses portraits aux couleurs vivaces. L’artiste expérimenta les idées artistiques des Macchiaioli toscans, en donnant vie à un
style original et raffiné.
Milan
Palazzo Reale : Modigliani,
l
Soutine et les artistes maudits.
Jusqu’au 8 septembre.
Parme
Fondation Magnani
l
Rocca,
Mamiano di Traversetolo : Delvaux
et le surréalisme. Une énigme
entre De Chirico, Magritte,
Ernst, Man Ray. Jusqu’au 30 juin
Ravenne
Musée d’art de la
Ville :
Borderline. Artistes entre normalité
et folie. De Bosch à l’Art brut, de
Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin.
l
Rome
MAXXI - Musée national de l'art
l
du XXIe siècle : Fiona Tan,
Inventory. Jusqu’au 8 septembre
l Scuderie del Quirinal : Le Titien.
Jusqu’au 16 juin.
l
Palais des Beaux-Arts (23,
Ravenstein) Rétrospective Giorgio
Morandi. Du 7 juin au 22 septembre
Francfort
Schirn Kunsthalle : Philip-Lorca
l
Dicorcia & Glam! La performance
du style. Du 14 juin au 22 sept.
l Städelmuseum : Piero Manzoni.
Du 26 juin au 22 septembre.
l
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum : Le
Titien & Le Tintoret. Jusqu’au 28
juillet. Wilhelm Leibl & August
Sander. Un dialogue insolite.
Jusqu’au 11 août
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : Le regard
l
de Michelangelo - Antonioni et les
arts. Jusqu’au 9 juin.
Florence
Palazzo Strozzi : Le printemps de
la Renaissance. Jusqu’au 18 août.
l
l
Constantin Meunier (1831-1905).
Jusqu’au 7 juillet. Kandinsky &
Russia. Jusqu’au 30 juin.
Art et vie en Italie entre les deux
guerres. Jusqu’au 16 juin.
l
Bruxelles
Forli
Musées royaux des Beaux-Arts :
Musée San Domenico : Novecento.
g
Giacometti (1901-1966) - Terrains de
jeu. Du 11 juin au 4 août.
l Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16
juin. Dessins espagnols du British
Museum - De la Renaissance à Goya.
Jusqu’au 19 juin.
l Musée Thyssen-Bornemisza :
Hyperréalisme 1967-2012. Jusqu’au
9 juin. Pissaro. Du 4 juin au 15 sept.
Trévise
Musée de Sainte Catherine :
. A voir jusqu’au 8 septembre 2013
Chirico à Cattelan et au-delà &
Daimler Art Collection - D’Albers à
Warhol. Jusqu’au 30 juin.
a
europe
e
n
l
Londres
British Museum : Vie et Mort l
Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29
septembre.
l Estorick Collection of Modern
Italian Art : Giorgio Casali
Photographe. «Domus» 1951 – 1983.
Design and Art in Italy. Jusqu’au 8
septembre.
l Royal Academy of Arts : George
Bellows (1882-1925) - Modern
American Life. Jusqu’au 9 juin.
l Tate Britain : Gary Hume & Patrick
Caulfield. Du 5 juin au 1er eptembre.
l The Courtauld Gallery : Gauguin La collection Samuel Courtauld. Du
20 juin au 8 septembre.
d
a
Zotti - 50 ans de peinture.
Jusqu‘au 30 juin.
Venise
Isola di San Giorgio Maggiore :
l
Fragile? Jusqu’au 28 juillet. Not
Vital: 700 Snowballs. Du 1er juin au
29 septembre.
l Palais des Doges : Manet - Ritorno
a Venezia. Jusqu’au 18 août.
l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel.
Jusqu’au 31 décembre.
l Peggy Guggenheim Collection :
Robert Motherwekk - Early Collages.
Jusqu’au 8 septembre.
l Stanza Cinese del Caffè Florian :
Omar Galliani - Le songe de la
Princesse Lyu Ji au Florian. Du 30 juin
au 30 septembre.
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
l
Bosch Bruegel Rembrandt Rubens.
Jusqu’au 30 juin. Gottfried
Helnwein. Jusqu’au 13 octobre.
73
expos itions
Genève
Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
l
1) Sabine Tholen. Du 6 au 29 juin.
Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Marie José Burki.
Jusqu’au 29 juin.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Sol
Lewitt. Jusqu’au 13 juillet.
l Brachard Contemporain (Cité 18)
Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin.
l Centre de la Photographie (Bains
28) fALSEfAKES. Du 6 juin au 28
juillet.
l Espace L (40, rte des Jeunes) Bazar
- Ozi. Jusqu’au 12 juillet.
l Ferme de la Chapelle (Grand
Lancy) Geneviève Capitanio, June
Papineau, Axelle Snakkers. Jusqu’au
8 mai.
l Fondation Baur (Munier-Romilly
8) Noirs d’encre - Regards croisées.
Hans Hartung et les peintres chinois
contemporains. Jusqu’au 4 août
l Fondation Bodmer (Cologny) Le
Lecteur à l’œuvre. Jusqu’au 25 août.
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes
43) Alighiero Boetti / Alighiero e
Boetti. Jusqu’au 21 juin. Collective
Two. Du 25 juin au 13 sept.
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Autour de Joan Miro.
Jusqu’au 26 juillet.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Henry Moore, gravures.
Jusqu’au 17 juillet.
l Galerie Foëx (Évêché 1) Thierry
Leclerc. Jusqu’au 22 juin.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Annelies Strba, nouvelles photographies. Jusqu’au 29 juin.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Pierre-Olivier Arnaud. Jusqu’au 6
juillet.
l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25)
José Hinojo. Jusqu’au 21 juin.
l Interart (Grand-Rue 33) Artistes
d'après-guerre et contemporains Dewasne, Dubuffet, Fautrier,
Francis, Matta. Jusqu’au 21 juin.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle L’Éternel Détour, séquence
été. Du 5 juin au 15 septembre.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Ferveurs médiévales.
Représentations des sains dans les
Alpes. Jusqu’au 22 septembre.
Roger Pfund. Le multiple et le singulier. Jusqu’au 11 août.
l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 oct.
l Musée d’ethnographie, Conches:
Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au
23 juin.
l
74
en
l Musée Rath (pl. Neuve) M
Sélection. La collection du Musée
Migros d'art contemporain. Jusqu’au
22 septembre
l Xippas Art Contemporain (r.
Sablons 6) Yves Bélorgey. Jusqu’au
27 juillet.
l Villa Bernasconi (8, rte GrandLancy) Alice Anderson & Pierre
Vadi. Jusqu’au 23 juin.
s uis s e
collections du Musée. Du 28 juin au
22 septembre.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Laure Albin Guillot (1879-1962),
l'enjeu classique. Du 5 juin au 1er
septembre.
l Musée Historique de Lausanne :
Ernest Pizzotti, points d'encrage.
Jusqu’au 9 juin. Louis Rivier L'intimité transfigurée. Jusqu’au 27
octobre
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières Bulle
11) «Welcome to my World ! Daniel
Musée : Daguerréotypes de J.l
l
Johnston» & «James Edward Deeds».
Jusqu’au 30 juin.
l Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Miró - Poésie et Lumière. Du
28 juin au 27 octobre.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) All'Ambic
- série de vases créés par Patricia
Urquiola. Jusqu’au 22 septembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton.
Peinture. Jusqu’au 9 juin. Raisons et
sentiments. Le XVIIIe siècle dans les
Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au
31 décembre.
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
«Artistes en rébellion». Rico Weber,
photographies inédites. Jusqu’au
1er septembre.
l Musée d’art et d’histoire : Des
regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne.
Jusqu’au 30 juin.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Sam Szafran - 50 ans de peinture.
Jusqu’au 16 juin. Modigliani et
l’Ecole de Paris. Du 21 juin au 24
novembre.
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) Gregorio Pedroli. Du 22 juin au
18 août.
l Le Manoir de la Ville : Eyes Wide
Open. Du 8 juin au 8 septembre
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
74) Augustin Rebetez, Noé
Cauderay & Giona Bierens de
Haan. Jusqu’au 30 juin.
l Laténium (Hauterive) Fleurs des
Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014.
l Musée d’ethnographie (St- Nicolas)
Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre.
Sorens
Espace l’Aurore
l
: Couleurs
d’Afrique. Du 1er juin au 28 juillet
Fondation de l’Hermitage, Lausanne
Joan Miró - Poésie et lumière
La Fondation de l’Hermitage accueille
80 œuvres de Joan Miró (1893-1983), en
provenance de la Fondation Pilar i Joan
Miró à Palma de Majorque. Ce sont les œuvres de la maturité, réalisées au cours des
trente dernières années de la vie de l’artiste,
soit dès 1956, lorsque Miró a pu travailler
dans l’atelier majorquin conçu par l’architecte catalan Josep Lluís Sert, en paix et en
silence, en contact direct avec la nature, sa
source d’inspiration infinie. Il a ainsi pu y
réaliser plusieurs œuvres à la fois.
Dans les années 60 à 70, les motifs de
femmes, oiseaux et empreintes de main, et
les paysages, rythment une œuvre aux couleurs vives et puissantes. Puis l’iconographie de Miró devient plus abstraite, et divers
modes d’exécution cohabitent dans sa production, tels «Mosaïque» (1966), une œuvre
statique, ou «Poésie» (1966), aux coups de
pinceau véhéments.
Dans les années 70, Miró est attiré par
l’expressionnisme abstrait et la calligraphie
extrême-orientale, comme le montrent les
grands paysages monochromes de cette
Joan Miró «Oiseaux», 1973, huile et acrylique sur toile,
période. Ces influences confèrent à ses
115,5 x 88,5 cm. Fundació Pilar i Joan Miró, Mallorca. Photo Joan
tableaux un aspect dépouillé, caractérisé
Ramón Bonet & David Bonet / Courtesy Archivo Fundació Pilar i
par des lignes noires jaillissant sur la toile
Joan Miró a Mallorca © Successió Miró / 2013, ProLitteris, Zurich
immaculée. Son langage fait de taches, de
signes, de jets de peinture, d’empreintes et
d’éraflures, traduit particulièrement bien l’esprit protéiforme du génie catalan. A la fin de sa vie, il crée une
série de motifs stylisés sur un fond bleu roi d’une rare intensité, comme «Sans titre» (1978), délaissant les pinceaux pour peindre avec les doigts sur des matériaux composites (carton, papier de verre, bois, …), reflet
d’une inventivité sans faille.
. A voir du 28 juin au 27 octobre 2013
a
g
e
n
d
a
expos itions
en
s uis s e
Max Ernst
Lörrach
Dreiländermuseum : Le nazisme à
La Fondation Beyeler organise une grande rétrospective de l’œuvre de Max Ernst, forte de plus de 170
peintures, collages, dessins, scuptures et livres illustrés. A travers ces nombreux chefs-d’œuvre sont présentés
toutes les phases de création de cet artiste, ainsi que toutes ses découvertes et techniques.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le plaisir de
Fondation Beyeler, Riehen
l
Lörrach. Jusqu’au 13 octobre.
Ce sera la première
fois, depuis sa mort en
1976, que le public pourra
découvrir en Suisse toute
la richesse et la diversité
de l’œuvre d’un artiste qui
a profondément marqué
son siècle.
Très éclectique, Max
Ernst (1891-1976) aura
touché au dadaïsme véolté
à Cologne, avant de s’installer à Paris et d’y devenir rapidement un pionnier du surréalisme. En
1941, il s’est exilé aux
Etats-Unis où il a trouvé
de nouvelles sources
d’inspiration - influençant
Max Ernst «L’ange du foyer ou Le Triomphe du surréalisme», 1937
également les jeunes artisHuile sur toile, 114 x 146 cm. Collection privée © 2012, ProLitteris, Zurich
tes américains. Dix ans
plus tard, il est revenu
dans une Europe ravagée par la guerre, obtenant la nationalité française en 1958. Durant toute sa vie de créatif, il a imaginé des figures, des formes et des techniques novatrices, telles que le frottage, le grattage, la décalcomanie et l’oscillation, ne cessant jamais d’explorer de nouvelles orientations. Il a ainsi donné naissance à
une œuvre singulière qui échappe à toute définition stylistique limpide.
. A voir jusqu’au 8 septembre 2013
Vevey
Musée Jenisch : Lemancholia.
l
Traité artistique du Léman. Du 21
juin au 13 octobre
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique
Derisbourg, Impressions. Jusqu’au
16 septembre.
Yverdon
Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14)
l
Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août.
OUTRE SARINE
Bâle
Fondation Beyeler (Riehen) Max
l
Ernst. Jusqu’au 8 sept. Maurizio
Cattelan. Du 8 juin au 6 octobre.
l Kunsthalle :
Michel Auder.
Stories, Myths, Ironies, and Other
Songs: Conceived, Directed, Edited,
and Produced by M. Auder. Du 9 juin
au 25 août.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Les Picasso sont là ! Une
a
g
rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet.
Ed Ruscha - Los Angeles
Apartments. Du 8 juin au 29 sept.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Some End
of Things. Jusqu’au 15 septembre
l Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Et maintenant? Révolution des
objets en Amazonie. Jusqu’au 29
septembre.
l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Proto Anime Cut. Les
visions dans le film d'animation
japonais. Du 8 juin au 13 octobre.
l Museum für Wohnkultur
(Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du
Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de
Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er
septembre.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un
nouveau regard sur l'œuvre de Jean
Tinguely. Jusqu’au 30 septembre.
l Schaulager : Steve McQueen.
Jusqu’au 1er septembre
e
n
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Fruchtland 3) Joyaux et raretés de
Paul Klee. Jusqu’au 11 août. Satire –
Ironie – Grotesque. Daumier, Ensor,
Feininger, Klee, Kubin. Du 6 juin au 6
octobre.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Hannes Schmid - Real Stories.
Jusqu’au 21 juillet. Mythe et secret
- Le symbolisme et les artistes suisses. Jusqu’au 18 septembre.
l Musée d’Histoire de Berne
(Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur
éternel et ses guerriers de terre
cuite. Jusqu’au 17 novembre
Bienne
Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75)
l
Dexter Dalwood. Jusqu’au 16 juin.
Davos
Kirchner Museum : Les 30 ans du
l
Kirchner Museum - La Collection.
Jusqu’au 21 juin.
d
a
l
collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre.
Saint-Gall
Kunstmuseum : Filipa César l
Single Shot Films. Jusqu’au 23 juin.
Dan Flavin. Jusqu’au 18 août.
Soleure
Kunstmuseum : Edouard Vallet,
l
dessins. Jusqu’au 9 juin.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Louis
l
Kahn. Jusqu’au 11 août.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Lewis Hine, rétrospective. Du 8 juin
au 25 août.
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Adieu la Suisse ! Du 8 juin
au 25 août.
l Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Giuseppe Penone. Jusqu’au 20 août.
l Museum Oskar Reinhart «Am
Römerholz» (Haldenstr. 95) Entre
nous. Du 10 juin au 30 septembre
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Anton Graff Histoire d’une époque. Du 22 juin
au 29 septembre
l Villa Flora (Tösstalstr. 44) Chefsd’œuvre de la Collection Hahnloser /
Jaeggli. Jusqu’au 1er septembre.
Zurich
Kunsthaus (Heimpl.1)
Kelly
Nipper - Black Forest. Jusqu’au 16
juin. Walkyries au-dessus de Zurich 150 ans de représentations wagnériennes à Zurich. Jusqu’au 18 août.
l Landesmuseum : «Animali» Animaux réels et fabuleux de
l’Antiquité à l’époque moderne.
Jusqu’au 14 juillet.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery –
Alphonse Mucha, pionnier de l’art
graphique. Jusqu’au 14 juillet.
l Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Im. Jusqu’au
l Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
Scènes des États Princiers indiens.
Jusqu’au 1er août.
l Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore
aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin.
l
75
expos ition
victoria & albert museum, londres
Bowie is
Créé en 1856 par la reine Victoria, le V&A est l’un des plus
grands musées d’arts décoratifs. Il consacre, du 23 mars au
11 août 2013, une grande rétrospective à David Bowie.
Première de cette envergure sur une star du rock, cette
exposition est passionnante par son sujet mais aussi par la
manière avec laquelle elle arrive à présenter des œuvres
qui relèvent de l’art vivant.
Pour permettre aux spectateurs de profiter à leur rythme des œuvres,
un dispositif multimédia a été mis en place. Ainsi, la visite se fait obligatoirement à l’aide des audio-guides mis à disposition à titre gracieux. Si
ceux-ci diffusent, classiquement, des informations sur les objets exposés,
ils permettent d’écouter les retransmissions des concerts programmés dans
certaines salles sur des écrans géants. Quand vous arrivez à proximité du
repère radio, l’audio-guide démarre la diffusion de la musique correspondant. Ainsi, vous pouvez découvrir les morceaux avec une qualité de CD
76
«David Bowie is». Photographie originale pour la couverture de
l’album «Earthling». Manteau Union Jack créé par Alexander
McQueen en collaboration avec David Bowie, 1997.
Photographié par Frank W Ockenfels © Frank W Ockenfels
sans être dans le brouhaha généralisé de certains musées où les dispositifs multimédias causent de véritables pollutions sonores.
Les témoignages du parcours personnel et artistique de David
Bowie - partitions annotées, tableaux, costumes de scène, photographies – sont bien sûr là mais il y a aussi beaucoup d’extraits de films,
de clips, d’émissions de télévision et de concerts. C’est une excellente idée de montrer ses œuvres en scène car le rock fait partie du spectacle vivant et cette dimension est indispensable pour appréhender son
travail.
L’exposition permet de découvrir la richesse d’inspiration de l’artiste, de ses débuts dans les années 60 comme mime et auteur du tube
Space oddity jusqu’à son dernier album, en passant par la période berlinoise et Ziggy stardust. C’est l’occasion de voir aussi les œu-vres de
créateurs qui ont collaboré avec lui comme les couturiers Kansai
Yamamoto et Alexander McQueen. L’exposition est incontournable
pour les fans mais reste très accessible à ceux qui ne connaissent pas
ou peu David Bowie.
Stéphanie Nègre
L’exposition est ouverte jusqu’au 11 aout 2013 et sera à Paris début 2015 à l’occasion de l’ouverture de la Philharmonie.
«David Bowie is». Promotional shoot for The Kon-rads, 1963
Photographié par Roy Ainsworth. Courtesy of The David Bowie Archive
2012. Image © V&A Images
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musée d’art moderne de la ville : keith haring
Un artiste engagé
Après le succès de l’exposition consacré à Jean-Michel Basquiat, le musée
d’art moderne de la ville de Paris récidive avec un artiste de la même
génération, aux parcours et préoccupations semblables.
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Une rétrospective très complète, riche de
250 œuvres exposées au Musée d’art moderne et
à l’espace du Centquatre pour les très grands formats. Véritable icône pop, Keith Haring (19581990) est avant tout un artiste militant et subversif. Il choisit de mettre son art au service de tous,
n’hésitant pas à ses débuts, dès son installation à
New York en 1978, à investir les espaces publics.
Il commence par des affiches publicitaires altérées, sortes de collages composés de photos de
presse couverts de manchettes de journaux, qu’il
placarde dans la rue. Ses activités urbaines s’élargiront ensuite dans les métros, réalisant ses dessins sur des panneaux noirs destinés à des affiches publicitaires. Ce sont ses fameux Subway
Drawings, des dessins qu’il comprend comme
une performance physique, artistique mais aussi
un acte politique, porteurs de messages de justice sociale, de liberté individuelle et de changement. Très jeune, il était animé par une envie de
transformer le monde, multipliant ses engage-
ments.
Le parcours de l’exposition, conçue par
Dieter Buchhart et Odile Burluraux, se construit
de manière thématique et suit les luttes qu’il a
menées, contre le racisme, le capitalisme, la religion, l’homophobie, le sida, la destruction de
l’environnement. L’ambition pour les commissaires étant de montrer la grandeur de cette œuvre
mais aussi le côté obsessionnel de l’artiste, hanté
par le dessin et travaillant sans interruption et
sans dessin préparatoire.
Rendre l’art accessible à tous
Sa première exposition en juillet 1978 au
centre des Arts de Pittsburgh est évoquée dans
une première salle. Contrairement à la majorité
de ses œuvres, qui ne porte pas de titre afin de
permettre au spectateur de donner sa propre
interprétation, la première œuvre qui accueille le
visiteur, s’intitule : Everybody knows where the
meats come from it comes from the store (4 juin
1978). Allusion à la société de consommation
qu’il combat comme en témoignera, de manière
encore plus radicale, sa toile de grand format
représentant une truie monstrueuse vomissant un
flot vert de biens de consommation dans lesquels
se noient des hommes, alors que d’autres viennent téter le lait capitaliste aux mamelles de la
truie. Cela ne l’a cependant pas empêché d’ouvrir en 1986 une boutique, Pop Shop, dans le
quartier de Soho, où il vend des produits dérivés
de son art. Attitude pour le moins ambiguë,
même si l’artiste y voit un moyen de rendre ainsi
l’art accessible à tous et qui a été diversement
apprécié. Un projet soutenu par Andy Warhol,
dont Keith Haring s’est senti très proche.
En arrivant à New York en 1978, il suit les
cours de la School of Visual Arts, rencontre des
musiciens, des graffeurs parmi lesquels Kenny
Scharf, Jean-Michel Basquiat et vit pleinement
son homosexualité. Le métro devient alors son
laboratoire idéal pour expérimenter ses idées et
lui permet de développer son propre vocabulaire
artistique, conscient que les images fonctionnent
comme des mots. Entre 1980 et 1985, Keith
Haring réalise cinq à dix mille subways drawings, dont le but était de « produire de l’art pour
tous, et non seulement pour quelques-uns,
comme l’art bourgeois ». Son dessin est marqué
par les techniques de la bande dessinée qu’il
développe largement au cours de sa carrière, cernant les figures d’un trait noir et déployant une
ligne ininterrompue et des contours simples.
L’œuvre devient ainsi immédiatement lisible avec
ses figures simplifiées et récurrentes.
En mettant l’art à la portée de tous, il veut
aussi considéré chaque être humain dans son originalité et proteste dans ses toiles, bâches, peintures, contre les groupes stigmatisés par l’Etat,
dépeignant l’artiste graffeur attaqué par des
chiens qui aboient. Dans ses dessins, story board,
il utilise des pictogrammes comme le chien, futur
barking dog, chien aboyant symbole de la menace de l’état policier et le bébé à quatre pattes,
futur radiant baby, incarnant « l’expérience la
plus pure de l’existence humaine », associés souvent à des signes géométriques.
Esprit critique
Dans la section intitulée Capitalisme, les
œuvres s’insurgent contre l’hégémonie des EtatsUnis, de sa monnaie montrant un personnage
immense, les bras croisés, surmonté d’une auréole s’élevant d’un enchevêtrement de corps et
Haring n’hésite pas à dessiner des corps pleins de
billets, des flots de dollars vomis par un monstre
géant ou un gigantesque cochon au groin vert
Keith Haring «Michael Stewart – USA for Africa», 1985 Collection Lindemann, Miami Beach Acrylique et
huile sur toile, 295 x 367 cm © Keith Haring Foundation
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Keith Haring «Untitled», 1980
Collection Keith Haring Foundation Encre sur carton, 121,9 x 230,2 cm © Keith Haring Foundation
marqué du dollar. Conscient du côté manipula- Haring s’engage contre la dévastation de l’huma- 1988, il en meurt le 16 février 1990. Il décide, à
teur des mass medias, critique à l’égard de l’in- nité par la pollution et la destruction de l’environ- travers ses œuvres, de militer pour une sexualité
formatique naissante, il peint et dessine des cer- nement mais aussi la destruction par la bombe protégée. Certaines abordent le sujet d’une
veaux remplacés par des télévisions et des écrans atomique. Le champignon atomique, souvent uti- manière métaphorique (Silence=Death), d’autres
d’ordinateur sur lesquels apparaissent le cham- lisé comme symbole, crée des représentations de manière plus directe, personnifiant le virus
pignon atomique, le Christ sur la croix, ou enco- apocalyptiques. Avec ses démons, The last sous forme de spermatozoïde diabolique. Dans
re Mickey Mouse, dénonçant ainsi le fait que Rainforest semble inspiré de Jérôme Bosch tan- Sans titre (Pour James Ensor), 1989, il peint un
l’humanité est mise en danger par les nouvelles dis que Walking in the rain (1989) symbole de sa squelette qui urine sur des plantes qui renaissent
technologies qui remplacent notre réalité.
mobilisation face à la pollution, représente une sur le deuxième panneau, indiquant ainsi que la
sorte
de monstre marchant sous une pluie acide et vie continuera avec ou sans l’humanité.
L’esprit critique de l’artiste n’épargne pas
non plus la religion, «une grande partie du mal écrasant des êtres disloqués au sol.
A la fin de sa vie, il crée une fondation pour
qui se produit dans le monde est causée au nom
Sa bataille la plus personnelle est celle qu’il protéger son œuvre mais aussi soutenir des orgadu bien » des croix et des crucifix pénètrent les mène contre l’épidémie du sida. Diagnostiqué en nismes à but non lucratif, impliquées dans l’éducorps, se collent aux cerveaux ou se
cation, l’aide aux enfants, la prévenplantent dans la mâchoire d’un crocotion contre le sida. En douze ans, il a
dile fusionnant avec un corps de
créé une œuvre puissante, politique,
femme dans le feu du purgatoire.
sans cesse renouvelée. Beaucoup d’artistes en rêveraient. Keith Haring a eu
La toile Michael Stewart-USA
for Africa, 1985, avec laquelle Keith
non seulement une bonne fée à sa naisHaring rend hommage à l’artiste
sance, le dotant d’un talent de génial
afro-américain Michael Stewart, mort
dessinateur, mais aussi une bonne étoiroué de coups par la police, est embléle. A commencer par son premier galematique pour son combat contre le
riste Tony Shafrazi qui l’invite en 1981
racisme et l’apartheid, dénonçant la
à participer à une première exposition,
domination des Blancs et leur propencollective, puis en 1982 à une exposision à coloniser d’autres peuples.
tion solo, où la trentaine de toiles peinDans Prophets of Rage (1988), l’optes sur des bâches en vinyles sont toupressé noir a fait sauter ses chaînes, il
tes vendues, à 2500 dollars la pièce. Et
a pris la couronne, suspendu l’homme
une valeur actuelle, entre 5 à 7
blanc par les pieds et l’a décapité.
millions, qui ne peut que laisser sonDans les années quatre-vingt, la prise
geur.
Régine Kopp
de conscience écologique n’est plus
Keith Haring «The Tree of Monkeys», 1984 Courtesy Fondazione Orsi.
Acrylique sur toile, 152,4 x 152,4 cm © Keith Haring Foundation
un sujet secondaire ou tabou. Keith
Jusqu’au 18 août 2013
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musée du louvre : giotti e compagni
Révolution picturale
Il n’est pas nécessaire de faire grand pour être remarquable et remarqué !
Preuve en est cette exposition-dossier que le Louvre consacre, et c’est une
première, à Giotto di Bondone (vers 1267-1337) et ses disciples.
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Une trentaine d’œuvres, dont une quinzaine
de la main de Giotto et une autre quinzaine attribuée à ses collaborateurs immédiats, suffisent à
donner la mesure de cette révolution picturale
initiée par l’artiste. Une prise en compte non plus
seulement de l’au-delà mais du monde sensible
dans sa diversité, sa réalité spatiale et matérielle.
Le commissariat de l’exposition - elle se
tient dans la Salle de la Chapelle de l’aile Sullya été confié à Dominique Thiébaut, conservateur
général au département des peintures. Plutôt que
de privilégier une scénographie grandiloquente,
c’est un parcours d’une simplicité biblique qui
est proposé, propice à une étude approfondie.
Autour de l’évolution du style de Giotto, les techniques mises en œuvre dans ses tableaux et le travail de ses compagnons, trois grands axes
conduisent le visiteur : les années de jeunesse à
Florence, celles de la maturité de 1305 à 1325, et
enfin, les années se référant au séjour de Giotto à
la cour de Naples, entre 1338 à 1332.
Un art nouveau
L’exposition peut s’appuyer sur les collections publiques françaises, riches de chefs-d’œuvre, connus ou méconnus et en particulier trois
œuvres conservées au Louvre : La stigmatisation
du saint François d’Assise, la monumentale croix
peinte et La Crucifixion. Et le Louvre peut aussi
compter sur d’importants prêts provenant de collections étrangères : du Metropolitan Museum de
New York à la National Gallery de Washington
mais aussi celle de Londres, aux musées italiens,
musées Horne et diocésain de Florence, Musei
Civici de Padoue, ou les Staatliche Museen de
Berlin, tous ont répondu présents. Le visiteur est
accueilli en majesté par La Stigmatisation de
saint François (vers 1300), frappé par le regard
intense du saint agenouillé sur le grand panneau
de format vertical, complété par une prédelle
composé de trois scènes. Celle fort délicate de
saint François prêchant aux oiseaux, peignant
diverses variétés de volatiles et prouvant ainsi
son attention à la réalité qui l’entoure, est particulièrement envoûtante. Œuvre de jeunesse de
a
Giotto, qui comme La Vierge à l’enfant sur un
trône entre deux anges, datant de la même période (1267-1290) montre comment Giotto affirme
les principes d’un art nouveau, profondément
réaliste, en rupture avec ceux de son maître
Cimabue, hérités de la tradition byzantine. Là, où
celui-ci présentait la vierge et l’enfant de côté,
Giotto les présente de face, crée un éclairage
rationnel venu d’une source unique et des personnages avec une présence physique et naturelle dans un espace tridimensionnel. Un des très
rares dessins du Trecento, Deux hommes assis
tenant une épée, date de cette même période
(1305-1310) et se distingue par le dosage subtil
de rehauts lumineux et d’ombres qui confèrent au
modelé une densité étonnante.
Renommée
A la suite du cycle d’Assise que Giotto peint
entre 1296 et 1298, il se rend à Padoue et y entreprend, de 1303 à 1305, la décoration de la chapelle Scrovegni. Sa renommée s’amplifiant, il ne
peut plus assumer seul et recrute alors sur place
des compagnons dont il contrôle rigoureusement
le travail. Partout où il passe, on reconnaît la nouveauté de son style : une autre vision de l’espace,
et des personnages qui ne sont plus figés comme
c’était le cas dans la peinture byzantine.
Quelques œuvres exceptionnelles témoignent du
style de Giotto dans les années de la maturité. Et
tout d’abord, ce prêt exceptionnel de la chapelle
des Scrovegni de Padoue, Dieu le père en majesté (1303-1305), vêtu d’une tunique blanche à la
texture ouatée, œuvre admirable par le traitement
raffiné des ombres et qui devait prendre place en
haut de l’arc triomphal de la chapelle des
Scrovegni. D’où une matière picturale se confondant avec celle des fresques environnantes conférant noblesse et douceur. Réunis pour la première fois, depuis leur dispersion, le Saint Etienne
(1320-1325) chef-d’œuvre de la maturité de
Giotto, le Saint Laurent (1320), plus difficile à
apprécier à cause de l’usure de la matière picturale et Saint Jean l’Evangéliste (1320) à la stature majestueuse, peint avec grande virtuosité.
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Enjeu scientifique majeur et l’occasion pour les
spécialistes de discuter de leur appartenance à un
même ensemble mais qui pour le spectateur
représente un moment de délectation. En comparaison, les deux saints de Lippo di Benivieni,
Saint Jean l’Evangéliste et Saint Pierre apôtre
(vers 1315) dénotent des attitudes moins précises
mais surtout, on ne perçoit ni la recherche plastique, ni la volonté de construire un espace cohérent, caractéristiques du travail de Giotto.
Crucifixions
Un très bel ensemble de ce début du
Trecento concerne les crucifixions dont l’exposition réunit trois versions. Différentes mais toutes
admirables. Celle appartenant aux collections des
musées de Berlin (vers 1315) est un petit bijou
par la variété et l’éclat de la palette et la composition rigoureuse intégrant une foule dense au
pied de la croix. Elle peut être mise en relation
avec La Crucifixion (vers 1315), conservée à
Strasbourg, dont les corps sont plus longilignes
et l’agencement de la foule différent. Quant à
celle plus tardive (1330-1335) acquise par Le
Louvre en 1999, elle pourrait avoir été conçue
par Giotto mais on doit son exécution à l’un de
ses collaborateurs napolitains. Elle apparaît
comme la plus originale avec des inventions
remarquables comme l’ampleur de la composition, la qualité de l’exécution et l’originalité des
choix décoratifs. Son fond d’or a été perdu mais
la Bible moralisée napolitaine de la Bibliothèque
Nationale contient une telle Crucifixion sur fond
doré. C’est en décembre 1328 que le roi de
Naples Robert d’Anjou fait appel à l’artiste pour
la décoration de sa résidence royale de
Castelnuovo, notamment la chapelle Palatine et
vraisemblablement le couvent de Santa Chiara.
Une chose est sûre, le style doux et raffiné, caractéristique du style de Giotto à partir de 1310, a
influencé la production napolitaine dont viennent
témoigner divers fragments de fresques et panneaux peints comme ces trois panneaux, aujourd’hui dispersés mais provenant d’un même
polyptique : L’Annonciation et La Nativité et
l’Annonce aux bergers (vers 1340) donnés sans
doute donnés par le roi Robert, également Comte
de Provence, au couvent des Clarisses d’Aix-enProvence, appartiennent aujourd’hui au musée
Granet, tandis que L’Adoration des Mages est
entré dans les collections du Metropolitan
Museum de New York.
Régine Kopp
Jusqu’au 15 juillet 2013
Page de droite : Entourage napolitain de Giotto,
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Ce peut être le soutient à la musique, à
laquelle la direction fouillée, ardente, comme
possédée, de Daniel Oren ne faillit pas un
instant. Le grand intercesseur de la soirée, sans
laquelle peut-être elle n’aurait pas pris corps.
Mais le plateau vocal y participe pleinement.
Pour son entrée au répertoire à l’Opéra de Paris, La Gioconda emporte
Certains chipoteront sur les duretés de Violeta
l’adhésion du public de la Bastille. Les ingrédients, il est vrai, ont tout pour Urmana dans le rôle-titre, mais on ne voit guère
plaire, même s’ils n’échappent pas une convention que l’ouvrage appelle.
qui pourrait assumer ce rôle lourd avec pareille
endurance et constance dans l’émission. Pour Enzo, Marcelo Álvarez
possède un timbre ferme dans tout le
registre, dont ici aussi on voit peu
d’équivalent chez les ténors, même
si la subtilité ne semble pas son fort
(ni dans le jeu scénique, les bras perpétuellement écartés). María José
Montiel est elle quasi à l’opposé,
Cieca tout en nuances, seule ainsi
dans la distribution, mais vigoureuse
quand il faut. Quant à Luciana
D’intino, elle possède la ductilité de
la ligne qui sied à la fragile Laura.
Oublions le Barnaba embourbé de
Claudio Sgura, pour chanter les
louanges d’une vocalité bien menée,
qui associée avec l’orchestre travaillé
que porte Oren, rend réparation à
Ponchielli et à son œuvre la plus
reconnue.
Opéra Bastille : «La Gioconda» avec Maria José Montiel (La Cieca), Violeta Urmana (La Gioconda) et Claudio Sgura
opéra
Gioconda jolie
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(Barnaba). Crédit : Opéra national de Paris/ Andrea Messana
L’opéra de Ponchielli, créé en 1876 et célébré depuis lors sur toutes les scènes internationales, ne s’est jamais véritablement installé en
France et ce serait bien la première fois qu’il est
représenté dans la capitale. Injustice ? Eh bien !
oui. Si le livret, mal ficelé et mal inspiré d’un
drame de Victor Hugo, s’ébroue laborieusement
entre coups de théâtre téléguidés et vengeances
croquignolesques, si les deux premiers actes ne
parviennent pas à s’extirper des attendus belcantistes éculées, les deux derniers, en revanche, possèdent une force dramatique et une traduction musicale inspirée qui sauvent tout.
Cette grande machine, avec force moyens et
ballets, trouve enfin sa substance, dans le grand
ensemble du troisième acte et y compris même
la musique de son ballet (délicatement orchestré), et les grandes envolées lyriques du dernier
acte. Il était temps !
À la Bastille, la production provient de celle
conjointe au Liceo de Barcelone et au Teatro Real
de Madrid, où elle fut étrennée il y a quelque huit
ans. Le vétéran et baroudeur de la mise en scène
Pier Luigi Pizzi en est le signataire, avec les bel-
a
les images et costumes, ici vénitiens, qu’on lui
connaît, des ensembles bien ajustés, mais sans
réelle direction d’acteurs ni véritable lecture dramaturgique (sachant que le sujet s’y prête peu).
Un joli décorum en quelque sorte.
Don Giovanni
C’est à un Don Giovanni complet et sans
surprise, bien léché et bien transmis, que convie
le Théâtre des Champs-Élysées.
Difficile de renouveler les chefs-d’œuvre !
Théâtre des Champs-Elysées : «Don Giovanni» avec Sophie Marin- Degor, Daniel Behle, Serena Malfi,
Nahuel Di Pierro, Robert Gleadow, Miah Persson © Vincent Pontet/ Wikispectacle
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musicale attentive de Vincent Monteil participe.
La mise en scène de Waut Koeken pareillement,
faisant miroiter l’espace, où prennent place de
multiples miroirs, et une action pétillante. Petits
et grands sont enchantés, dans tous les sens.
Dimanche au Châtelet
Théâtre de l’Athénée : «Blanche-Neige» © Alain Kaiser
Le Don Juan de Mozart a connu toutes sortes de
lectures, mais ici, au Théâtre des Champs-Élysées, la production maison réunit de séduisants
composants sans réellement bouleverser la
donne. La mise en scène de Stéphane
Braunschweig ne réserve guère ainsi de nouveauté, entre ses costumes actuels, un temps
mutés au XVIIIe siècle, son jeu précis, son plateau tournant qui fait alterner les mêmes lits
mortuaires et murs lisses ténébreux, ses tics
aussi – comme ces habillages et déshabillages à
vue mille fois vus – et des éclairages choisis. La
restitution musicale serait dans le même esprit,
avec un plateau vocal homogène, vertu remarquable, mais qui individuellement se signale :
Sophie Marin-Gregor (Donna Anna) et Serena
Malfi (Zerlina) n’échappent pas à certaines
duretés, quand Daniel Behle dispense un
Ottavio délicieusement élégiaque. Mais tous,
Markus Werba (Don Giovanni), Miah Persson
(Donna Elvira), Robert Gleadow (Leporello) et
Nahuel Di Pierro (Masetto), campent leurs rôles
avec une endurance sans faille et une caractérisation marquée. Le bémol viendrait de l’orchestre, le Cercle de l’Harmonie, et de son chef,
Jérémie Rohrer, dans des tempos vifs et certes
maintenus, mais aussi une dynamique sonore
quelque peu étale. Et c’est d’elle que ressort une
soirée qui aurait tendance à s’alanguir.
Lange, destinée à une dizaine de chanteurs et
petite formation orchestrale (ici, puisée à
l’Orchestre Lamoureux), s’ébroue de façon
incertaine dans les premiers temps, puis prend
consistance avec l’intervention des ensembles
réunissants les chanteurs (les Nains de l’histoire)
et les solistes caractérisés (la Reine, BlancheNeige, le Prince…). L’écriture musicale reste
sage, dans quelques dissonances de circonstance
et un élan général assez prenant. Sahara Sloan et
Maria Cubaynes détachent leur voix assurée et
leur incarnation scénique. Normal ! pour les deux
rôles principaux, l’une et l’autre également crédibles par leur allure et leur beauté (et ressort de ce
conte célèbre). Mais tous, parmi ces excellents
chanteurs venus dudit Opéra Studio, contribuent
à une transmission directe, à laquelle la direction
Sunday in the Park with George, autre
comédie musicale de Broadway, occupe une
longue série de représentations au Châtelet.
Comme toujours, pour ce répertoire dans ce
théâtre, avec un grand luxe de moyens. La mise
en scène de Lee Blakeley se révèle ainsi fastueuse, utilisant plateaux tournants, projections
d’images (en forme de tableaux vivants) aidées
de techniques de pointe (par ordinateur en
temps réel), une animation ajustée et au premier
degré parmi de beaux costumes endimanchés
d’époque. Puisque l’époque est celle du Paris de
Georges Seurat, le peintre pointilliste, à la fin
du XIXe siècle, puis celle de son descendant
dans les États-Unis actuels. Cet alibi hautement
culturel est prétexte à un livret de James Lapine
un peu simplet, qui traîne ses dialogues parlés
en longueur, et à de brefs passages musicaux qui
alignent perpétuellement les mêmes trois
accords. Ils reviennent à Stephen Sondheim
pour les thèmes mélodiques et à Michael
Starobin pour l’orchestration – jolie mais
bruyante, commande du Châtelet destinée aux
quarante-six instrumentistes de l’Orchestre
philharmonique de Radio France, en place des
onze prévus par le même Starobin à la création
de l’ouvrage en 1983. Les nombreux intervenants chantent avec des voix bien placées, particulièrement Julian Ovenden et Sophie-Louise
Blanche comme Neige
Au théâtre de l’Athénée, place à BlancheNeige. Il s’agit d’un opéra de Marius Felix
Lange, créé en 2011 à Cologne, et repris fin 2012
à l’Opéra du Rhin. C’est cette production, conçue
par et pour l’Opéra du Studio de la même institution lyrique, qui vient à l’Athénée. La musique de
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Théâtre du Châtelet : «Sunday in the Park with George» © Marie-Noëlle Robert
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Athénée : Maxime Pascal et son Ensemble le Balcon lors du spectacle «Ariadne auf Naxos» © DR
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Dann, et bien sonorisées (si l’on peut dire, dans
la mesure où l’amplification n’est ici pas trop
gênante). David Charles Abell dirige le tout
sans anicroche. Au final, un spectacle gentiment
plaisant (et un rien fastidieux).
Don Carlo d’exception
Au Théâtre des Champs-Élysées, le Don
Carlo prêté de concert par le Teatro Regio de
Turin soulève la houle. Un chœur et orchestre
survoltés et un plateau vocal optimal emportent
l’adhésion sans partage d’un public trépignant.
Il est vrai que l’on voit rarement pareille affiche ! Stefano Secco (remplaçant, et avec quel
art ! Ramón Vargas déclaré souffrant pour le
rôle-titre), Ildar Abdrazakov (Philippe II
comme il en est peu, d’un legato souverain),
Daniela Barcellona (Eboli, au mieux de sa
noire vocalité), Ludovic Tézier (Rodrigue
puissamment nuancé), constituent un bouquet de voix que peu de maisons lyriques
peuvent offrir. Et même pour le rôle épisodique du Moine, planté par un Roberto
Tagliavani sombre et profond. Seule Barbara
Frittoli, cependant elle aussi déclarée souffrante, présente une Elisabeth parfois flottante. La direction emportée de Gianandrea
Noseda se met en phase avec cette soirée
électrique, qui confère au chef-d’œuvre de
Verdi toute sa force.
d’une mise en scène. Elle est même signée :
Benjamin Lazar, en compagnie de sa petite
équipe de fidèles. Costumes, gestes et lumières
sont donc scrupuleusement spécifiés, si ce n’est
que le décor se résume à celui de l’orchestre
seul, dans la fosse ouverte et étagé sur des praticables occupant toute la scène. Les personnages de l’action lui donnent la réplique scénique,
se faufilant entre les pupitres ou les emmarchements, haranguant ou prenant à partie les instrumentistes. Un jeu très réglé ! au millimètre,
quand on sait savoir-faire de Lazar en la matière. Les héros de l’histoire et lesdits instrumentistes sont vêtus de façon similaire, façon
décontractée et “ jeunes ” d’aujourd’hui, avec
Europe Baroque
À l’Oratoire du Louvre, la soprano
Erika Escribá Astaburuaga offre un récital à
travers toutes les facettes lyriques des XVIIe
et XVIIIe siècles. Sont au programme des
airs tirés d’opéras de Purcell, Rameau,
Haendel, mais aussi Antonio Literes (16731747) et Juan Hidalgo (1614-1685), puisque
cette chanteuse, habituée des meilleurs
ensembles baroques, vient d’Espagne (ce
que son nom ne laisserait peut-être pas deviner). Elle déplie ce répertoire en éventail,
avec une confondante aisance d’un style à
l’autre, une voix lisse tout en étant éclatante
et une présence interprétative quasi scénique. Une chanteuse à découvrir sans
attendre. Orhan Memed, son accompagnateur habituel, l’entoure des notes d’un clavecin discret.
Ariane en jeans
Ariane à Naxos se présente à l’Athénée
en version dite “de concert”. L’intitulé est
faux, et semble seulement mis en avant pour
éviter d’éventuels retours de bâtons. Car l’opéra de Richard Strauss est bien ici pourvu
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chemisettes et serges de Nîmes (ou jeans) obligés. Au point que, s’installant par avance sur
notre siège, on croit un instant à quelque raccord en attente que les artistes s’apprêtent. Une
sorte de coquetterie, qui apparemment trompe
plus d’un assistant du public. Cette ambiguïté
voulue contribue aussi à la séduction du spectacle.
Car il réunit presque tout pour séduire. On
ne pouvait rêver cadre plus approprié à cet
opéra de chambre que la délicieuse salle de
l’Athénée, où chaque son se détache, directement transmissible. Ce qui offre à apprécier les
vertus de l’orchestre le Balcon, jeune formation,
comme ses constituants, désormais en résidence
pour cinq saisons au théâtre ; vertus d’homogénéité, comme d’acuité de chacun des pupitres,
sous la baguette enlevée de son chef titulaire, et
fondateur, Maxime Pascal. La distribution vocale distille les mêmes qualités d’ensemble et
d’individualité. Et encore mieux pour Julie
Fuchs, Zerbinette à la coloratoure infinie, et
Anna Destrael, Compositeur irradiant. Léa
Trommensschlager dégage quelques duretés et
faussetés pour Ariane, alors que Marc Haffner
(souffrant ?) étrangle souvent son émission pour
Bacchus. Mais le tout, avec les petits rôles
confiés également à de jeunes chanteurs, livre
un enthousiasmant parfum d’à-propos musical.
Reste que l’on se serait bien passé des quelques
passages sonorisés, dans le prologue, superfétatoires et encombrants.
Pierre-René Serna
Oratoire du Louvre : la soprano
Erika Escribá Astaburuaga
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théâtre des gémeaux
chaillot : land-research & deca dance
Käfig Brasil
Festival
Venu à la danse par les arts du cirque, Mourad Merzouki
fonde en 1996 sa compagnie, Käfig. Artiste de premier plan
de la scène hip-hop française, il dirige depuis 2009 le centre
chorégraphique national de Créteil. Après les pièces Correria
et Agwa, Mourad Merzouki continue son travail avec des
danseurs brésiliens. Cette fois-ci, il s’associe à d’autres
chorégraphes comme Antony Egea ou Céline Lefèvre pour
cette suite de cinq courtes pièces.
Pour sa première édition, le festival pluridisciplinaire “Sur
les frontières“ fait appel à des artistes venus du bassin
méditerranéen. Du 16 au 28 avril, performances, ballets,
concerts et projections se sont succédés pour offrir une
programmation riche. Morceaux choisis.
Parce que danse et art lyrique était indissociable à l’époque baroque, la production
d’Alessandro à l’Opéra royal de Versailles, les 31 mai et 2 juin, avec une chorégraphie de
Lucinda Childs, devrait être particulièrement intéressante. Toujours à l’Opéra royal de
Versailles, le Ballet Biarritz présente, du 7 au 9 juin, la nouvelle création de son directeur
Thierry Malandain, Cendrillon.
La Sylphide, remontée par Pierre Lacotte, retrouve les ors du Palais Garnier à partir du 22 juin jusqu’au 15 juillet. Le TanzTheater Wuppertal est de retour à Paris avec
deux ballets de Pina Bausch, Kontakthof, au Théâtre de la Ville, du 11 au 21 juin, et Le
Sacre du printemps, au Théâtre des Champs-Elysées, du 4 au 7 juin. Toujours au Théâtre
des Champs-Elysées, la nouvelle création d’Akram Khan iTMOi sera présentée du 24 au
26 juin, tandis que le danseur anglo-bengali interprétera avec Sylvie Guillem, Sacred
Monsters du 28 au 30 juin. Au théâtre de Chaillot, le Béjart Ballet Lausanne présentera
Light du 6 au 15 juin.
Rare sur les scènes parisiennes, la Batsheva dance company, compagnie
de danse contemporaine israélienne, est invitée à présenter deux ballets de
son directeur Ohad Naharin, Sadeh 21 et Deca dance. Ce dernier est une
suite de pièces courtes qui montrent la diversité d’inspiration du chorégraphe. La cohérence vient de son style fait de mouvements rapides, d’un travail sur l’énergie physique et l’interaction entre les corps. Dans le premier
morceau, les danseurs assis sur des chaises forment une ronde sur le rythme
d’une musique traditionnelle juive. Fatigue, tension, énergie comprimée puis
libérée, magnifique travail de groupe, ce premier mouvement donne le ton.
Il se poursuit avec un pas de deux très émouvant entre un homme et une
femme, sur le Nisi dominus de Vivaldi. Attraction entre deux corps et séparation, ce duo nous parle de l’amour à la vie à la mort. Chaque pièce est
unique et permet d’admirer les qualités physiques des danseurs, en solo ou
en groupe. Dans l’une d’elles, les danseurs vont se chercher une partenaire
dans la salle. C’est pour
moi la surprise et l’expérience unique de me retrouver sur scène, sous la
chaleur des projecteurs et
la pression de mille paires
d’yeux, de me sentir happée. Pour l’avoir vécue de
près, la danse d’Ohad
Naharin est captivante,
entraînante. Le chorégraphe offre ainsi à quelques
«Land Research». Photo Tami Weiss
personnes de partager son
ballet sur scène. Générosité du créateur qui accepte qu’une part de son œuvre
lui échappe ou pari de voir où elle va entraîner ses spectateurs ?
Ancien danseur de la Batsheva dance company, Arkadi Zaides se consacre désormais à la création. Land-Research est sa dernière œuvre. Elle débute par un long et très beau solo d’une danseuse avec des mouvements au sol
à la limite de la contorsion. S’ensuit un danseur qui enregistre son souffle au
micro puis s’en sert comme rythme pour son solo. De plus en plus haletante, la respiration enveloppe la salle à mesure que les mouvements deviennent
violents et désorientés. Le ton est donné. Avec ses images de plaines désertiques, de barbelés et de murs en béton, Land-Research se reçoit comme un
coup de poing. Arkadi Zaides interpelle sur le besoin d’espace pour exister,
la liberté sous contrôle qui étouffe, l’enfermement qui rend fou. Arriver à
exister et à coexister. Les interprètes font preuve d’un engagement très fort
dans cette danse physique et cérébrale à la fois. Arkadi Zaides nous fait ressentir de l’intérieur le malaise de l’enfermement et cela mieux que tous les
reportages.
Stéphanie Nègre
Stéphanie Nègre
Danse contemporaine,
hip-hop, capoeira, les styles
différents ne gênent nullement les athlétiques
Brésiliens. Bien au contraire, ils se les approprient et
colorent, de leur joie brute
d’être sur scène, certains
morceaux qui pourraient
virer dans l’intellectualisme.
Ombres chinoises poétiques
versus démonstrations de
virtuosité gymnique, ils
assurent. Leur costume cravate n’emprisonne pas leur
extravagance, il la souligne
par contraste. Le spectacle
«Käfig Brasil». Photo Michel Cavalca
n’est pas figé sur scène, les
artistes ont le désir de communiquer avec la salle. Cette dernière, en tapant
des mains, accompagne les démonstrations finales. Après Yo gee-ti avec le
National Chang Kai-Shek cultural center de Tai Wan, Mourad Merzouki
continue son exploration des cultures et cela, toujours avec succès.
Stéphanie Nègre
La danse en juin
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bord de la route censée nous mener vers l'émotion et le vertige. Les intonations sont d'une justesse et d'une puissance d'impact remarquable
mais la proposition tourne rapidement à la
démonstration, un brin rédhibitoire dans ce
domaine.
chronique des concerts
Un printemps
haut en couleurs
C'est une soirée très festive à laquelle nous convient Daniele Gatti et Alexandre
Tharaud au Théâtre des Champs-Elysées.
tes qui laisseraient de côté la rigueur de l'architecture.
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Daniele Gatti
Pour l'occasion, l'orchestre National de
France propose une brillantissime version de
Petrouchka de Stravinsky qui sonne comme un
avant-goût du Sacre du Printemps. Il est vrai que
l'on célèbre cette année le centenaire de la construction de cette salle ; dans les prochaines
semaines se succèderont les représentations commémoratives de la partition qui souleva scandale
et enthousiasme en 1913. Pour l'heure, on soulignera la vitalité étonnante avec laquelle le chef
italien propulse les éléments rythmiques de la
musique de Stravinsky, moins musique de ballet
mais explicitement symphonique et goguenarde.
L'enregistrement qui paraît chez Sony à l'occasion de ce concert donne une idée très précise de
ce que Gatti obtient de son orchestre dans ces
pages rayonnantes et d'une modernité sans folklore aucun. Retour aux “fondamentaux“ de la
musique française du XXe siècle en seconde partie. Le Concerto pour la main gauche de Maurice
Ravel trouve en Alexandre Tharaud un interprète
de choix, élégant plus qu'impérieux et cherchant
à séduire avant d'imposer des moyens ici inutiles.
La Deuxième Suite de Daphnis et Chloé venait
conclure la soirée ; exemplaire de tenue et de
style, sans l'abandon aux suavités impressionnis-
a
L'autre grand événement de ce mois avait
lieu l'espace d'un week-end (très chargé) à Pleyel.
Le quatuor Hagen y présentait les trois premiers
volets de son intégrale Beethoven. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est la première
fois en trente ans de carrière que ces musiciens se
lancent dans ce redoutable cycle. La présence de
micros signale même un projet discographique,
ce qui est de bon augure pour un des derniers
monstres sacrés de l'école germanique de quatuor
à cordes. L'approche résolument moderne ne
refuse aucune des aspérités de la musique de
Beethoven, même si l'articulation pas toujours
très souple de Lukas Hagen dans l'opus 132 et
l'opus 59 n°2 Razoumovski forme un décalage
esthétique avec ses trois compères. La netteté des
groupes de notes dans les passages rapides donne
un élan très vif à cette musique de l'extrême. Les
“Harpes“ et le serioso sont les moments les
mieux maîtrisés et les plus homogènes de l'ensemble des quatuors entendus lors de ces trois
concerts. On reste avec la Grande Fugue sur le
Quatuor Hagen
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Claudio Abbado
Pour clore le dimanche, les petits plats
avaient été mis dans les grands pour accueillir –
toujours salle Pleyel – le Mahler Chamber
Orchestra avec, à sa tête, Claudio Abbado et la
pianiste Martha Argerich. Depuis 1967, le public
parisien n'avait pas entendu ces deux immenses
artistes dans un même concert. C'est chose faite
avec un premier concerto de Beethoven, beau à
tirer des larmes et qui sera à n'en pas douter dans
toutes les mémoires de ceux qui l'auront entendu
ce soir-là. A la richesse harmonique du piano
répond un orchestre qui tutoie les sommets. Le
mouvement lent semble comme suspendu dans
un équilibre cristallin délicatement parcouru par
le souffle de la petite harmonie. Dans le finale,
Martha Argerich donne à entendre toute l'étendue
de ses moyens prodigieux. La trame coloriste des
phrasés donne le vertige, on est irrésistiblement
transporté de bonheur. En seconde partie, la rare
troisième symphonie Ecossaise de Mendelssohn. Là encore, la perfection atteint un niveau
insoupçonné et l'on peine à croire qu'il s'agit là
d'un ensemble principalement constitué de solistes internationaux et de chef de pupitres des plus
grandes phalanges mondiales réunis pour l'occasion. Les tumultes des arrière-fonds dessinent
des ciels d'orage et l'on se plaît à observer dans le
legato infini des cordes le mouvement des nuages
dans le ciel. C'est du très grand art et du très
grand Claudio Abbado.
David Verdier
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Sélection musicale de juin :
Enfin le grand jour est arrivé. L'Opéra Bastille présente dans sa continuité L'Anneau du Nibelung de Wagner : le 18 juin L'Or du Rhin, La
Walkyrie le 19, Siegfried le 23 juin 2013 et pour finir Le Crépuscule des
dieux le 26 juin. L'Or du Rhin réunira la distribution suivante : Egils Silins
(Wotan), Samuel Youn (Donner), Bernard Richter (Froh), Kim Begley
(Loge), Peter Sidhom (Alberich), Wolfgang Ablingersperrhacke (Mime),
Lars Woldt (Fasolt), Günther Groissböck (Fafner), Sophie Koch (Fricka),
Edith Haller (Freia), Qiu Lin Zhang (Erda), Caroline Stein (Woglinde),
Louise Callinan (Wellgunde) et Wiebke Lehmkuhl (Flosshilde). La Walkyrie
sera interprétée par Stuart Skelton (Siegmund), Günther Groissböck
(Hunding), Egils Silins (Wotan), Martina Serafin (Sieglinde), Linda Watson
(Brünnhilde), Sophie Koch (Fricka), Kelly God (Gerhilde), Carola Höhn
(Ortlinde), Silvia Hablowetz (Waltraute), Wiebke Lehmkuhl (Schwertleite),
Barbara Morihien (Helmwige), Helene Ranada (Siegrune), Louise Callinan
(Rossweisse) et Ann-Beth Solvang (Grimgerde). Pour le troisième volet, le
public pourra retrouver Torsten Kerl (Siegfried), Wolfgang
Ablingersperrhacke (Mime), Egils Silins (Der Wanderer), Peter Sidhom
(Alberich), Kurt Rydl (Fafner), Qiu Lin Zhang (Erda), Linda Watson
(Brünnhilde), Elena Tsallagova (Waldvogel). Philippe Jordan dirigera
Torsten Kerl (Siegfried), Evgeny Nikitin (Gunther), Peter Sidhom
(Alberich), Matti Salminen (Hagen), Linda Watson (Brünnhilde), Wiebke
Lehmkuhl (Erste Norn, Flosshilde), Edith Haller (Dritte Norn, Gutrune),
Sophie Koch (Zweite Norn, Waltraute), Caroline Stein (Woglinde) et Louise
Callinan (Wellgunde) tous présents pour interpréter Le Crépuscule des dieux
avec l'Orchestre de l'Opéra National de Paris, dans la mise en scène de
Günther Krämer. Un événement à ne rater sous aucun prétexte.
A la Bastille les 10 et 11 juin hommage à Verdi avec le Requiem exécuté par Philippe Jordan à la tête de son orchestre et les interprètes suivants :
Kristin Lewis, Violeta Urmana, Piotr Beczala et Ildar Abdrazakov.
Le Châtelet présente du 11 au 19 juin I was looking at the ceiling and
then I saw the sky, musique de John Adams, livret et lyrics de June Jordan,
placé sous la direction musicale du jeune chef Alexandre Briger, spectacle
mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti avec Hlengiwe Mkhwanazi
(Consuelo), Joel O'Cangha (David), Janinah Burnett (Leila), John Brancy
(Mike) et Wallis Giunta (Tiffany). A noter également un récital de la soprano Sumi Jo le 26 juin, dans lequel elle sera accompagnée par le pianiste Jeff
Cohen (œuvres de Rossini, Debussy, Fauré, Mahler, Strauss…).
Du côté de la Salle Pleyel, festival de concerts pour cette presque fin de
saison : le 7 juin l'Orchestre Philharmonique de Radio France sera dirigé par
Jukka-Pekka Saraste avec la soliste Barbara Hannigan. Au programme,
Carmine Emanuele Cella (lauréat de l'Académie "Acanthes 2012") avec
Reflets de l'ombre, pour orchestre et électronique (co-commande Radio
France/Ircam, création mondiale), puis Philippe Schoeller (Songs from
Esstal I, II et III pour soprano et orchestre (commande de Radio France,
création mondiale), suivi par la 3ème symphonie de Wiltold Lutoslawski. Le
Royal Concertgebouw Orchestra sera en concert le 8 dirigé par Gustavo
Dudamel avec la mezzo-soprano Christianne Stotijn pour interpréter, du
compositeur Esteban Benzecry, Colores de la Cruz del Sur), puis Neruda
Songs de Peter Lieberson et enfin d'Antonin Dvorak la Symphonie n°9 dite
“du Nouveau Monde“.
Le 1er juin, le TCE frappe fort avec une exécution concertante de
Benvenuto Cellini de Berlioz dirigée par Valery Gergiev à la tête de
l'Orchestre et du Chœur du Théâtre Mariinsky chantée par Sergei Semishkur
(Benvenuto Cellini), Ekaterina Semenchuk (Ascanio), Anastasia Kalagina
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(Teresa), Sergei Alexashkin (Balducci), Mikhail Petrenko (Le Pape Clément
VII) et Andrei Popov (Un cabaretier). Le 8 juin place à Britten et au War
Requiem dirigé par Andris Nelsons à la tête de l'Orchestre Symphonique de
Birmingham, avec Kristïne Opolais, Mark Padmore et Hanno MüllerBrachmann. Opéra en concert le 14 juin avec Le Barbier de Séville de
Rossini par Roger Norrington et l'Orchestre de chambre de Paris et la distribution suivante : Roberto De Candia (Figaro), Julia Lezhneva (Rosine), Yijie
Shi (Almaviva), Carlo Lepore (Bartolo), Giorgio Giuseppini (Basilio) et
Sophie Pondjiclis (Berta). Les 16 et 18 juin, commémoration verdienne avec
le Requiem dirigée par Daniele Gatti et l'Orchestre National de France avec
Barbara Frittoli, Sonia Ganassi, Fabio Sartori et Matti Salminen. Evénement
musical le 20 juin, avec l'opéra Pénélope de Gabriel Fauré, interprété par
Fayçal Karoui et l'Orchestre Lamoureux avec dans les rôles principaux Anna
Caterina Antonacci (Pénélope), Roberto Alagna (Ulysse), Vincent Le Texier
(Eumée), Edwin Crossley-Mercer (Eurymaque), Julien Behr (Antinoüs) et
Sophie Pondjiclis (Cléone) ; créée à l’Opéra de Monte-Carlo en 1913, cette
œuvre connaîtra la consécration lors de sa première parisienne en mai de la
même année, dans le cadre de la saison d’ouverture du Théâtre des ChampsElysées conçue par son fondateur Gabriel Astruc.
Le Festival de St Denis programme le 2 juin un récital de la jeune
mezzo Marianne Crebassa (Mélodies françaises de Debussy, Ravel,
Chausson et Poulenc) accompagnée au piano par Alphonse Cemin. Le 4,
Requiem allemand de Brahms et Le Chant du destin par Karina Gauvin et
Christopher Maltman avec l'Orchestre de Chambre de Paris placé sous la
direction de Diego Matheuz. Le 6 concert « Les Espagnols au Pérou,
Compositeurs espagnols des XVIIe & XVIIIe siècles » par l'Ensemble
Elyma dirigé par Gabriel Garrido avec Claire Lefilliatre, Barbara Kusa,
Marine Beelen, Alicia Berri, Maximiliano Baanos, Leandro Marziotti, Jaime
Caicompai et David Hernandez. Le 18 juin Passion selon Saint-Jean de
Bach interprétée par Werner Güra, Layla Claire, Damine Guillon, Emiliano
Gonzalez-Toro, Konstantin Wolff et Benoît Arnould, l'Ensemble et le chœur
Pygmalion dirigés par Raphaël Pichon. Le 25, Myung-Whun Chung à la tête
du Philharmonique de Radio France jouera la Symphonie n°4 de Mahler
et de Mozart « Et incarnatus est » par Mojca Erdmann (soprano).
Vu et entendu : au TCE, superbe direction musicale du Don Giovanni
mozartien par
Jérémie Rhorer à
la tête de son
Cercle
de
l'Harmonie le 25
avril. Côté scène,
belle (re)lecture
signée Stéphane
Braunschweig
qui rachète son
timide Idomeneo
présenté il y a
deux saisons.
«Don Giovanni» avec Markus Werba (Don Giovanni), Miah
Persson (Donna Elvira) © Vincent Pontet/Wikispectacle
Ailleurs : le
Théâtre du Capitole célèbre Verdi du 18 au 30 juin avec Don Carlos, dirigé
par Maurizio Benini et mis en scène par Nicolas Joël.
François Lesueur
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ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36)
La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin
u Le coach de Bruno Bachot, Denis
Bardiau - m.e.s. Bruno Bachot - jusqu’au 19 juin
ANTOINE (01.43.38.74.62)
u Operetta de et m.e.s. Jordi Purti du 13 juin au 7 juillet
ARTISTIC ATHÉVAINS
(rés. 01.43.56.38.32)
u Je pense à Yu de Carole Fréchette
- m.e.s. Jean-Claude Berutti - jusqu’au 30 juin
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
u La Vénus au phacochère de
Christian Siemon - m.e.s. Christophe
Lidon - du 6 juin au 6 juillet
BOUFFES PARISIENS
(loc. 01.42.96.92.42)
u Hier est un autre jour ! de JeanFrançois Cros, Sylvain Meyniac m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 27
juillet
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Dénommé Gospodin de Philipp
Löhle - m.e.s. Benoît Lambert - jusqu’au 15 juin
COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES
(01.53.23.99.19)
u La folle de Chaillot de Jean
Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin
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COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u L’école des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - du 8 juin au
22 juillet
u Poil de Carotte de Jules Renard m.e.s. Philippe Lagrue - du 11 au 26
juin au Jardin d’Acclimatation
u Cyrano de Bergerac de Edmond
de Rostand - m.e.s. Denis Podalydès
- du 28 juin au 28 juillet
u Un fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- jusqu’au 9 juin
u Phèdre de Racine - m.e.s. Michael
Marmarinos - jusqu’au 26 juin
u L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22
juillet
u Rituel pour une métamorphose de
Saadallah Wannous - m.e.s.
Sulayman Al-Bassam - jusqu’au 11
juillet
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u Oblomov d'Ivan Alexandrovitch
Gontcharov - m.e.s. Volodia Serre jusqu’au 9 juin
u Amphitryon de Molière - m.e.s.
Jacques Vincey - du 19 juin au 7 juill.
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u Cabaret Boris Vian de Boris Vian m.e.s. Serge Bagdassarian - jusqu’au
30 juin
COMÉDIE RÉPUBLIQUE
(01.40.29.03.02)
u Le clan des divorcées de Ali Vardar
- m.e.s. Enver Recepovic - jusqu’au 4
août
COMÉDIE SAINT-MICHEL
(loc. 01.55.42.92.97)
u Escroc thérapie de et m.e.s.
Maxime Thévenon - jusqu’au 30 juin
DARIUS MILHAUD
(rés. 01.42.01.92.96)
u Être (une femme en prison : correspondances) d’après «Rosa, la vie»
d’Anouk Grinberg et Laure Bernardi
- m.e.s. Jean-Luc Pérignac - jusqu’au
28 juin
GUICHET MONTPARNASSE
(01.43.27.88.61)
u Vendredi 13 de Jean-Pierre
Martinez - m.e.s. Aurore Stauder jusqu’au 29 juin
HEBERTOT (01.43.87.23.23)
u La Conversation de Jean
d’Ormesson - m.e.s. Jean Laurent
Silvi - jusqu’au 14 juin
u Le père de Florian Zeller - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch
et Isabelle Gelinas - jusqu’au 15 juin
LA BRUYERE (01.48.74.76.99)
u Les 39 marches de Hitchcock m.e.s. Eric Métayer - jusqu’au 29 juin
LUCERNAIRE (01.45.44.57.34)
u La vie de Galilée de Brecht - m.e.s.
Studio des Champs-Elysées
Le Porteur d’histoire
Sur scène, cinq comédiens. Leur rôle : nous livrer un double héritage, à savoir un amas de livres frappés d'un
étrange calice et un colossal trésor accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète.
Tout débute au fin fond des Ardennes, par une nuit pluvieuse; Martin Martin est là pour enterrer son père. Il
découvre un carnet manuscrit qui l’entraînera dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents.
Quinze ans plus tard, au cœur du désert
algérien, une mère et sa fille disparaissent
mystérieusement...
«Le Porteur d’histoire» est à la fois
un roman, un film, un conte, une légende,
et un feuilleton littéraire haletant à la
Dumas, un récit qui tient le public en
haleine; mêlant personnages célèbres et
illustres inconnus, il nous invite à relire
l’histoire, notre Histoire, à travers celle de
Martin Martin, mais aussi celle d'Alia et
de sa fille, d’Alexandre et d’Adélaïde, de
Marie-Antoinette ou du Prince de
Polignac.
. jusqu’au 30 juin 2013
«Le portreur d’eau» © Alejandro Guerrero
a
Christophe Luthringer - jusqu’au 22
juin
MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00)
u De GaullePétain, la confrontation
de et .e.s. Alain Houpillart - jusqu’au
4 août
u Dernier coup de ciseaux de
Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul
Pörtner - m.e.s. Sacha Danino,
Sébastien Azzopard - du 7 juin au 7
septembre
MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11)
u Le bal des crapules de Luc
Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 1er septembre
MONTPARNASSE (01.43.22.77.74)
u L'importance d'être sérieux de
Oscar Wilde - m.e.s. Gilbert
Désveaux - jusqu’au 30 juin
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
u Le Misanthrope de Molière - m.e.s.
Jean-François Sivadier - jusqu’au 29
juin
AUX ATELIERS BERTHIER :
u Cendrillon de et m.e.s. Joël
Pommerat - jusqu’au 29 juin
PALAIS DES GLACES
(01.42.02.27.17)
u J’aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep - m.e.s. Xavier
Letourneur - jusqu’au 14 juillet
PETIT HÉBERTOT
(http://www.billetreduc.com/83505
/evtbook.htm?date=1)
u Un fou noir au pays des blancs de
et m.e.s. Pie Tshibanda - jusqu’au 30
juin
ROND-POINT (01.44.95.98.21)
u Le Cirque invisible de Victoria
Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du 16 mai au 15 juin
u L’Art du rire de et avec Jos
Houben - du 17 mai au 15 juin
u Ugzu de et avec Jean-Claude
Leguay, Christine Murillo, Grégoire
OEstermann - du 23 mai au 30 juin
SPLENDID SAINT MARTIN
(01.42.08.00.32)
u Le tour du monde en 80 jours jusqu’au 31 août
STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES
(01.53.23.99.19)
u Le Porteur d’histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 juin
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Jeu de Paume
Ahlam Shibli «Phantom Home»
En continuité avec sa politique de programmation, le Jeu de Paume propose une nouvelle
exposition de photographie documentaire qui offre à voir le travail d’Ahlam Shibli (née en
1970 en Palestine). Son œuvre est constituée de récits interrompus, de fragments, d’ellipses,
qui obstruent le regard du spectateur et l’obligent à renégocier la relation entre l’image et son
référent, en d’autres termes, entre l’esthétique et la politique.
Cette première exposition à Paris d’Ahlam Shibli présente une sélection d’œuvres réalisées en Europe ou au Moyen-Orient depuis 2004. Ses images sont ancrées dans l’actualité,
non dans l’urgence d’un témoignage, mais dans la nécessité de réinventer une distance critique avec la transformation profonde du regard subjectif.
Par exemple, la série «Trackers» (2005) montre les Palestiniens d’origine bédouine qui
ont servi, ou servent encore, comme volontaires dans l’armée israélienne. Ce travail est une
recherche sur le prix qu’une minorité est obligée de payer à une majorité, pour être acceptée
ou pour survivre, ou peut-être tout à la fois.
La série «Dom Dziecka» (2008) a été réalisée dans onze orphelinats polonais (dom dziecka, en polonais) où sont dévoilées les conditions de vie d’enfants qui grandissent non pas au
sein d’une famille mais dans un centre d’accueil. La cellule familiale classique fait place ici
à une société d’enfants où les relations familiales habituelles sont à la fois remplacées et
déplacées pour former un corps social nouveau et spécifique.
Ahlam Shibli, Sans titre (Dom Dziecka no. 4). Dom Dziecka, The
house starves when you are away, Pologne, 2008
Tirage gélatino-argentique, 57.7 x 38 cm.
Courtesy de l’artiste, © Ahlam Shibli
Bibliothèque Nationale
l GUY DEBORD. UN ART DE LA GUERRE
– jusqu’au 13 juillet, site
Mitterand
Centre Pompidou
l MIKE KELLEY – jusqu’au 5 août
l ALBERT SERRA – jusqu’au 26 oct.
Cité de l’Architecture
l DESIGN ET ARCHITECTURE, MARCEL
BREUER (1902-1981) – jusqu’au 17
juillet
Cité des Sciences
l LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août
Fondation Cartier
l RON MUECK – jusqu’au 29 sept.
Galerie d’Ateliers d’Art
l IMPRESSIONS PHOTO – jusqu’au 30
juin
Galerie des Gobelins
l ELOGE DE LA NATURE, XVIe - XXIe
siècles – jusqu’à janvier
Grand Palais
l DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET
DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – jusqu’au 22 juillet
Jeu de Paume
l LORNA SIMPSON – jusqu’au 1er
septembre
l AHLAM SHIBLI. PHANTOM HOME –
jusqu’au 1er septembre
a
g
. jusqu’au 1er septembre 2013
La Maison Rouge
l MY JOBURG – du 20 juin au 22
septembre.
Le Centquatre
l KEITH HARING (1958–1990) / The
Political Line - Grands formats –
jusqu’au 18 août
Maison de la Photographie
l CLAUDE LÉVÊQUE / PHILIPPE FAVIER /
ANDRÉ MORAIN / GUSTAVO SPERIDIAO
/ ATSUNOBU KOHIRA – jusqu’au 16
juin
Musée des arts décoratifs
l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov.
Musée d’art du judaïsme
l LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro,
Chim. Négatifs de la Guerre
d’Espagne – jusqu’au 30 juin.
Musée d’art moderne
l KEITH HARING (1958–1990) / The
Political Line – jusqu’au 18 août
Musée Carnavalet
l GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles
et gravures – jusqu’au 26 juin.
Musée Cernuschi
l L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920)
– jusqu’au 30 juin
Musée Cognacq-Jay
l SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les
nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – jus-
e
n
qu’au 13 juillet
Musée Dapper
l DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14
juillet
Musée Guimet
l TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection
Meiyintang – jusqu’au 10 juin
Musée de la Grenouillère
Croissy-sur-Seine
l MONET ET RENOIR CÔTE À CÔTE –
jusqu’au 30 juin.
Musée Jacquemart-André
l EUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES VOYAGES – jusqu’au 22 juillet
Musée du Louvre
l GIOTTO ET COMPAGNIE – jusqu’au
15 juillet
l L’ART DU CONTOUR. Le dessin dans
l’Égypte ancienne – jusqu’au 22
juillet
l DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929. De
Friedrich à Beckmann – jusqu’au
24 juin
Musée du Luxembourg
l MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET
PAIX – jusqu’au 21 juillet
Musée Maillol
l MURANO. Chefs-d'œuvre de
verre, de la Renaissance au XXIe
siècle – jusqu’au 28 juillet
d
a
Musée Marmottan-Monet
l MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30
juin
Musée de l’Orangerie
l LES MACCHIAIOLI 1850-1877. Des
impressionnistes italiens ? – jusqu’au 22 juillet
Musée d’Orsay
l FÉLICIE DE FAUVEAU. L'AMAZONE DE
LA SCULPTURE – du 11 juin au 15
septembre
l L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME
NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin
l LA COLLECTION SPENCER ET
MARLENE HAYS. Une passion française – jusqu’au 30 juin
Petit Palais
l JULES DALOU (1838-1902), LE
SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – jusqu’au 13 juillet
l LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET
LEUR TEMPS (1890-1920) – jusqu’au
13 juillet
l FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU" –
jusqu’au 4 août
Pinacothèque
l L’ART NOUVEAU, LA RÉVOLUTION
DÉCORATIVE – jusqu’au 8 sept.
l TAMARA DE LEMPICKA, la reine de
l’Art déco – jusqu’au 8 sept.
89
m é m e n t o
GENEVE
concerts
90
u Dimanche 2.6. : L’ESPRIT SLAVE.
Quatuor à cordes de Contrechamps
& Robert Koller, baryton, Thierry
Debons, percussion (Schnittke,
Kurtág). Foyer du Grand Théâtre de
Genève à 11h (billetterie ouverte 45
min. avant le concert / ou :
www.contrechamps.ch/reserver)
u Dimanche 2.6. : ORCHESTRE DE
L’UNIVERSITÉ
DE
GENÈVE &
AMAMUSIQUE,
dir.
Sébastien
Brugière. MIKHAIL SPOROV (2e prix du
concours de Genève 2012) piano
(Lyadov, Rachmaninoff, Tchaïkovski).
Victoria Hall à 17h (loc. Espace Ville
de Genève, Grütli, Genève
Tourisme, Cité Seniors, Centrale
Billetterie T 0800 418 418)
u Dimanche 2.6. : ENSEMBLE
INSTRUMENTAL ROMAND, dir. Eric Bauer.
JEAN-PIERRE-BERRY & ISABELLE
BOURGEOIS, cornistes (Mendelssohn,
Haydn et Mozart). Salle Frank-Martin
à 17h
u Dimanche 2.6. : Amarcordes.
ENSEMBLE FRATRES (Brahms). Château
de Dardagny 18h (réservation sur
http://www.amarcordes.ch/)
u 3.6. : Série Grands Classiques.
OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER
GAVRYLYUK, piano (Rachmaninoff).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 6.6. : Concert STABAT MATER /
DVORAK. Dir. G. Martinez. Carine
Séchaye, mezzo. Eligse de
Compesières.
u 9.6. : ENSEMBLE VOCAL DE
NEUCHÂTEL, LA PSALLETTE DE GENÈVE
& ENSEMBLE SYMPHONIQUE DE
NEUCHÂTEL, dir. Steve Dunn. BRIGITTE
HOOL, soprano (Requiem de Karl
Jenkins et Berliner Messe d'Arvo
Pärt). Victoria Hall à 17h (loc. Ville de
Genève. 0800 418 418)
u 10.6. : GLI ANGELI GENÈVE, dir.
Stephan MacLeod (JS Bach,
Cantates BWV 10, 93, 135). Temple
St.Gervais à 20h
u 11.6. : Orchestre de chambre «LES
SOLISTES DE MOSCOU», dir. et alto YURI
BASHMET (Schubert, St.Saens)
Konstantin Khabensky, récitant,
Ksenia Bashmet, piano, Ivan
Roudine, piano. Victoria Hall à 20h
(loc. Espace Ville de Genève, Grütli,
Genève Tourisme, Cité Seniors,
Centrale Billetterie T 0800 418 418)
u 12.6. : Concerts de soirée. L’OCG,
dir. Christian Benda, Francesca
Dego, violon, Orchestra Filarmonica
di Torino (Schubert, Mendelssohn,
Campogrande, Beethoven). BFM à
20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/
14h30–16h), www.ticketportal.com)
u 15.6. : ORCHESTRE AD HOC,
LIEDERKRANZ-CONCORDIA – Genève &
Société de chant L’AVENIR DE SAINTBLAISE, dir. Stanislava Nankova et
Veneziela Naydenova. Avec Danaila
Dimitrova, soprano, Graziela
Temple de Saint-Gervais
Gli Angeli Genève
L’ensemble Gli Angeli Genève poursuit sa présentation de l’Intégrale
des Cantates du maître de Leipzig, et offrira en concert, en juin, les Cantates
BWV 10 “Meine Seel erhebt der Herren“, BWV 93 “Wer nur den lieben Gott
Lässt walten“ et BWV 135 “Ach Herr, mich armen Sünder“ de Bach avec,
en complément, la “Passacaille pour violon seul“ de Henrich Ignaz Franz
Biber et la “Chaconne de
la 2e Partita pour violon
seul“ de Johann Sebastian
Bach.
Parmi les intervenants, signalons la
présence de la soprano
Aleksandra Lewandowska, du ténor Valerio
Contaldo, de l’alto Alex
Potter, ainsi que de la violoniste Leila Schayegh et,
bien entendu, de la basse
Stephan MacLeod qui officie également comme
directeur musical de
l’ensemble.
. lundi 10 juin à 20h
Stephan MacLeod
Valcheva, mezzo, Alexander Kröner,
ténor, Seok-gill Choi, basse (Verdi).
Victoria Hall à 20h
u 16.6. : Intégrale des concertos
pour piano de Mozart. MOZART VIII,
L’OCG, dir. et piano David
Greilsammer (Concertos n°16 /
k.451, n°13 / k.415, n°26 / k.537).
BFM à 17h (loc. 022/807.17.90 /
[email protected]
(lun-ven
9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com)
Victoria Hall
Victoria Hall
Les Solistes de Moscou
Seiji Ozawa
La Seiji Ozawa International Academy Switzerland ouvrira les feux du
festival “Musiques en été“ de la ville de Genève par un concert qui aura lieu
au Victoria Hall et sera consacré à des Mouvements de quatuors à cordes.
La direction sera
assurée par le maître luimême, Seiji Ozawa, ou
par le chef d’orchestre
Kasuki Yamada.
. le 30 juin à 20h
Seiji Ozawa
Billetterie :
dès le 3 juin 2013
- Maison des arts du Grütli,
rue du Général-Dufour, 14
- Espace ville de Genève, 1,
Pont de la Machine
- Genève Tourisme, 18, rue du
Mont-Blanc
- Cité Seniors, 28, rue Amat :
L’altiste Yuri Bashmet sera à la tête de l’Orchestre de chambre Les
Solistes de Moscou pour un concert genevois, dont le programme réunira
Franz Schubert, «La jeune fille et la mort» dans un arrangement pour
orchestre à cordes de Gustav Mahler, des scènes de «Caligula» d’Albert
Camus, avec, en récitants, Catherine Deneuve et Konstantin Khabensky, la
sonate «Arpeggione», servie par Yuri Bashmet lui-même, et «Le Carnaval
des animaux» de Camille
Saint-Saëns, avec, au
piano, Ksenia Bashmet et
Ivan Roudine et, à nouveau en récitant,
Konstantin Khabensky.
. le 11 juin à 20h
Yuri Bashmet © Kasskara
Location :
- Maison des arts du Grütli,
rue du Général-Dufour, 14
- Espace ville de Genève, 1,
Pont de la Machine
- Genève Tourisme, 18, rue du
Mont-Blanc
- Cité Seniors, 28, rue Amat :
m
u 30.6. : SEIJI OZAWA INTERNATIONAL
ACADEMY SWITZERLAND, dir. Seiji
Ozawa ou Kasuki Yamada (mouvements de quatuors à cordes).
Victoria Hall à 20h (billetterie : ville
de Genève)
é
m
e
Vidy-Lausanne
An Old Monk
La salle Charles Apothéloz accueille en juin un spectacle de Josse De
Pauw et Kris Defoort, créé en néerlandais au KC De Werf à Bruges le 7
théâtre
u Jusqu’au 2.6. : MANGERONT-ILS ?
de Victor Hugo, m.e.s. Laurent Pelly.
Première en Suisse. Théâtre de
Carouge, Salle François-Simon, sam
à 19h, dim à 17h (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
u Jusqu’au 2.6. : LEGENDS de et avec
Phil Hayes Maria Jerez et Thomas
Kasebacher. Théâtre de l’Usine à
20h30 (rés. 022/328.08.18 ou
www.darksite.ch/theatreusine/)
u Jusqu’au 2.6. : LE RAPPORT
LANGHOFF de Matthias Langhoff,
m.e.s. Marie-José Malis. La
Comédie de Genève, sam 19h, dim
17h (Billetterie : 022/350.50.01 /
[email protected])
u Jusqu’au 9.6. : LES AFFAIRES SONT
LES AFFAIRES d’Octave Mirbeau,
m.e.s. Raoul Pastor, Création.
Théâtre des Amis, Carouge, marmer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à
18h (rens. 022/342.28.74)
u Jusqu’au 9.6. : ALLEZ… SALUT ! de
Miguel Fernandez-V. Théâtre en
Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeuven à 20h30, dim à 17h, relâche lunmar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
u Jusqu’au 9.6. : ALBAHACA de et
m.e.s. Michele Millner. Reprise.
Théâtre de La Parfumerie à 20h (loc.
022 341 21 21)
u Jusqu’au 16.6. : MISEREZ INVITE
CUCHE ET BARBEZAT. Une explosion
d’humour. Avec Benjamin Cuche,
Jean-Luc Barbezat et Pierre
Miserez. Théâtre du Crève-Cœur,
Cologny (rés. 022/786.86.00)
u Jusqu’au 16.6. : RING de Eleonore
Confino, m.e.s. Sarah Marcuse.
Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à
20h30; mer-sam-dim à 19h, relâche
lun (rés. 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel
Migros)
u Du 4 au 8.6. : LES FONDATEURS 4
(titre de travail) de Julien Basler et
Zoé Cadotsch. Théâtre de l’Usine à
20h30 (rés. 022/328.08.18 ou
www.darksite.ch/theatreusine/)
u Du 4 au 15.6. : LE RAVISSEMENT
D’ADÈLE de Rémi De Vos, m.e.s.
Geneviève Pasquier. Le Grütli,
Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam
a
g
n
t
o
Jurowski, m.e.s. Jossi Wieler et
Sergio Morabito. Grand Théâtre de
Genève à 19h30, le 16 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
divers
u Du 12.6. au 6.7. : C’EST DÉJÀ
DEMAIN.3, quinzaine découvertes.
Jeunes comédiens / jeunes compagnies. Théâtre du Loup (rés.
022/301.31.00)
- 12 juin à 19h et 13 juin à 20h : LA LOI
D’INTERACTION DES POINTS ISOLÉS DANS
UN CHAMP DE RENCONTRES DÉFINI OU
L’HISTOIRE DE LA GIRAFE QUI FAIT (TROP)
PEUR. Compagnie Zooscope
- 19 juin à 20h et 20 juin à 19h : UNE
HISTOIRE OU CHRISTIAN CRAIN.
«An Old Monk» © Kurt Van der Elst
novembre 2012, et dont la création en français aura lieu au Théâtre VidyLausanne le 12 juin prochain. Ce concert dramatique parle du vieillissement
et du désir : quelques pas de danse, quelques notes de musique, comme un
clin d’œil à la vie.
Josse De Pauw est un acteur hors pair, initiateur de projets qui ont marqué durablement les scènes flamandes et francophones, et Kris Defoort est
un interprète et compositeur de haut vol. Ces deux «monstres» dans leurs
domaines respectifs avaient envie de se rejoindre autour d’un projet. C’est
chose faite avec ce «vieux moine». L’un écrit et interprète le texte. L’autre se
charge de la musique, qu’il joue en trio.
. Du 12 juin au 22 juin 2013
Réservations en ligne : http://www.vidy.ch/an-old-monk
à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88)
u Du 11 au 15.6. : UN ARABE DANS
MON MIROIr de et m.e.s. Philippe
Vincent. Théâtre Saint-Gervais,
Salle Marieluise Fleisser, 2ème
sous-sol - grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30 (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u Du 11 au 22.6. : LES 81 MINUTES DE
MADEMOISELLE A de Lothar Trolle,
m.e.s. Julien Schmutz, par la Cie Le
Magnifique Théâtre. Le Grütli, Petite
Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88)
u 19 et 20.6. : UNE HISTOIRE OU
CHRISTIAN CRAIN, de Antoinette
Rychner et Jeanne Föhn, m.e.s.
Ludovic Chazaud, Cie Jeanne Föhn.
Théâtre
du
Loup
(Rés.
022/301.31.00)
u Du 25 au 29.6. : LE TEMPS ET LA
CHAMBRE de Botho Strauss, Spectacle
de fin d'année de l'Ecole de théâtre
Serge Martin. Théâtre Alchimic, marjeu-ven à 20h30; mer-sam-dim à 19h,
relâche lun (rés. 022/301.68.38 /
e
n
[email protected] - loc. Service
culturel Migros)
danse
u Du 5 au 7.6. : NOT MY PIECE de
Martin Schick. Salle des Eaux-Vives,
82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets :
Service culturel Migros, Stand Info
Balexert, Migros Nyon La Combe)
u Du 5 au 9.6. : FESTIVAL DANSEHABILE.
Festival international d’arts inclusifs
(impliquant la participation d’artistes
avec et sans handicap). Théâtre du
Loup (rés. 022/301.31.00)
opéra
u 2 et 4.6. : RIGOLETTO, de Verdi par
le Théâtre Bienne-Soleure. Salle des
Fêtes du Lignon à 20h, dim à 15h
(www.vernier.ch/billetterie, ou Stand
Info Balexert)
u 9.6. : BARBARA FRITTOLI, soprano.
Grand Théâtre de Genève à 19h30
(billetterie : 022/322.50.50 et
www.geneveopera.com/)
u 13, 16, 19, 21, 24, 27.6. : RUSALKA
de Dvorák. OSR, dir. Dmitri
d
a
Compagnie Jeanne Foehn
- 5 juillet à 20h et 6 juillet à 19h :
SPECTACLE DE SORTIE de la HETSR – La
Manufacture. Dirigé par Árpád
Schilling
LAUSANNE
concerts
u 2.6. : ORCHESTRE SYMPHONIQUE
UNIVERSITAIRE DE LAUSANNE, dir.
Aurélien Azan-Zielinski. Soliste :
Elsa Dorbath, prix de l’OSUL
(Debussy, Saint-Saëns, Bartok). La
Grange de Dorigny, à 17h (loc. 021
311 38 68)
u Du 6 au 8.6. : CHANTS PREMIERS,
avec les olistes de l’HEMU. Théâtre
2.21 à 21h (rés. Billetnet)
u 23.6. : Les Concerts du dimanche.
O.C.L., dir. Domingo Hindoyan,
PIOTR KAJDASZ, violon (Mendelssohn-Bartholdy, Beethoven). Salle
Métropole à 11h15 (Billetterie de
l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
FESTIVAL CULLY CLASSIQUE
10e édition : 21 – 30 juin 2013
u 21.6. : GRIGORY SOKOLOV, piano
(Schubert, Beethoven). Temple à
19h30 / TARAF DE HAÏDOUKS. La
Géode à 22h
u 22.6. : SARAH LAVAUD, piano
(Janáček, Beethoven, Schumann).
Temple à 11h / EDOARDO ZOSI, violon
& PLAMENA MANGOVA, piano.
Steinway Lounge à 16h / ALEXADRE
KNIASEV, violoncelle & PLAMENA
MANGOVA,
piano
(Chopin,
Chostakovich) / “Klezmer en fête”
MENTSCH (France). La Géode à 22h
u 23.6. : LES MINISTRINGS. Salle Davel
91
m
92
é
m
à 11h / BETTINA GFELLER, soprano &
GÉRARD WYSS, piano (Mahler,
Debussy, Strauss). Steinway Lounge
à 16h / QUATUOR TERPSYCORDES,
PLAMENA MANGOVA, piano, CÉDRIC
TIBERGHIEN, piano, FINGHIN COLLINS,
piano
(Ligeti,
Gubaidulina,
Chostakovich, Brahms). Temple à
18h
u 25.6. : NIKOLAÏ LUGANSKY, piano
(Chopin, Schubert, Rachmaninoff).
Temple à 20h
u 26.6. : JULIUS DRAKE et HELMUT
DEUTSCH, piano (Schumann, Hough,
Brahms, Huber). Salle Davel à 19h30
u 27.6. : ANDREI KOROBEINIKOV, piano
(Prokofiev, Brahms). Salle Davel à
19h30 / MUZSIKÁS “Danses
Hongroises“. La Géode à 22h
u 28.6. : PATRICIA KOPATCHINSKAJA,
violon & POLINA LESCHENKO, piano
(Bartók, Schnittke, Ravel, Enescu).
Temple à 19h30 / GIORA FEIDMANN &
GITANES BLONDES. La Géode à 22h
u 29.6. : JULIETTE GRANIER CALVA,
piano (Rachmaninoff, Scriabine,
Prokofiev. Temple à 11h / HENRI
DEMARQUETTE, violoncelle & RÉMI
GENIET, piano (Haydn, Bartók,
Prokofiev). Steinway Lounge à 16h /
NATALIA PRISCHIPENKO, violon & CÉDRIC
PESCIA,
piano
(Kelterborn,
Chostakovitch). Temple à 19h30
u 30.6. : SYLVAIN VIREDAZ, piano &
CÉDRIC PESCIA, piano (Haydn, Ravel,
Liszt, Schubert). Steinway Lounge à
16h / ANDREI KOROBEINIKOV, piano,
HENRI DEMARQUETTE, violoncelle,
CÉDRIC PESCIA, piano, CAROLINE
MELZER,
soprano,
MURIEL
CANTOREGGI, violon, GÉRARD WYSS.
Temple à 18h
théâtre
u Jusqu’au 2.6. : LE PETIT-MAITRE CORRIGE de Marivaux. Adaptation et
m.e.s. Jose Lillo. Chapiteau Vidy-L,
sam à 20h30, dim à 17h (loc.
021/619.45.45)
u Jusqu’au 2.6. : LA CHEVAUCHÉE SUR
LE LAC DE CONSTANCE de Peter
Handke par le Théâtre du projecteur, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz.
Pulloff Théâtres (réservation :
021/311.44.22)
u Jusqu’au 2.6. : LES ENFANTS DU
SOLEIL d’apres Maxime Gorki.
Adaptation et m.e.s. Mikael Serre.
Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, sam à 19h, dim à 17h30
(rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 4 au 9.6. : UNE HISTOIRE OU
CHRISTIAN CRAIN, de Antoinette
Rychner et Jeanne Föhn, m.e.s.
e
n
t
Ludovic Chazaud, Cie Jeanne Föhn,
création, coprod. avec L’Arsenic.
Théâtre 2.21. , ma, ve 20h30 / me,
je, sa 19h / di 18h (021/625.11.36,
[email protected] / )
u Du 5 au 12.6. : LA NUIT REMUE, de
Henri Michaux, par le Théâtre spirale, m.e.s. Patrick Mohr. Pulloff
Théâtre, ma/je/sa à 19h; me/ve à
20h30; di à 18h (loc. 021/311.44.22)
u Du 5 au 23.6. : FACE NORD par la
Compagnie Un loup pour l’homme.
m.e.s. Un loup pour l’homme et
Pierre Deaux. Chapiteau extérieur
u Du 7 au 23.6. : LE CRI QUOTIDIEN par
la Compagnie Les Anges au plafond,
mise en pli de Brice Berthoud. VidyLausanne, La Passerelle, mar-sam à
20h, dim à 18h, relâche lun (loc.
021/619.45.45)
u 11 et 12.6. : MYSTERY MAGNET,
conception et me.s. Miet Warlop.
L’Arsenic ([email protected] /
021/625.11.36)
u Du 12 au 22.6. : AN OLD MONK de
Josse De Pauw et Kris Defoort. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim
à 17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u 14 et 15.6. : &, conception, réalisation et interprétation Antoine
Defoort et Halory Goerger.
L’Arsenic, ma-je-sa 19h; me-ve
20h30; di 18h (021/625.11.36 /
[email protected])
u 15 et 16.6. : LES GNAMS de Tamaé
o
Gennai et Raphaël Maurice,
Compagnie Tamiero. Le petit théâtre, à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/public/billetterie)
opéra
u mardi 11.6. : Midi-récitals Artistes des «Nozze di Figaro». ALEX
ESPOSITO, DANIEL GOLOSSOV,
RICCARDO NOVARO, CARMELA
REMIGIO,
ANNALISA
STROPPA,
BÉNÉDICTE TAURAN. Salle de l'Opéra
de Lausanne à 12h15 (billets sur
place).
u 7, 9, 11, 12, 14, 16.6. : LE NOZZE DI
FIGARO de Mozart, dir. Theodor
Guschlbauer, Orchestre de Chambre
de Lausanne, m.e.s. Marco Arturo
Marelli
danse
u Jusqu’au 2.6. : IFEEL2, chor. Marco
Berettini, Mekl Prod., création.
L’Arsenic ([email protected] /
021/625.11.36)
divers
u 14, 15 et 16.6. : Lausanne Estivale.
LOUISE M, création, par les
arTpenteurs, m.e.s. Thierry Crozat.
Place de Milan, ven-sam à 20h30,
dim à 18h. Entrée libre
Salle Equilibre, Fribourg
Festival International du Lied
La 7ème édition du Festival du Lied aura lieu début juin, et les concerts
seront donnés dans la salle Equilibre, alors que la séance de cinéma prévue,
soit la projection du film
«Conversations à Rechlin» de
François Dupeyron, aura lieu
au cinéma Rex.
Parmi les artistes invités
cette année, beaucoup de
beau monde : Thomas
Quasthoff, Bernarda Fink,
Marie-Claude Chappuis ou
Alexandrina Pendatchanska.
Quant à la programmation, elle affiche des œuvres
de Brahms, Beethoven,
Tomasek ou Piazzolla, et
même des chants kabyles
interprétés par la gracieuse
Amel Brahim-Djelloul
La soprano Amel Brahim-Djelloul
© Ashraf Kessaissia
. Du 1er au 9 juin
Réservations : 026 350 11 00
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AILLEURS
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Jusqu’au 2.6. : MORSURE, Cie
Rasposo, Cirque
u 19 et 20.6. : GAVALO KANIBAL par
Makadam Kanibal, Cirque
u 22 et 23.6. : LA SERRE par Didier
André et Jean-Paul Lefeuvre
u 22 et 23.6. : LE PIANOCOKTAIL par
Géraldine Schenkel
u 22.6. : VARIATIONS SUR LA FLAMME par
la Compagnie La Salamandre
u 22 et 23.6. : LE RAD par la compagnie 2 rien Merci
u 22 et 23.6. : CINÉ FORAIN par la
compagnie 2 rien Merci
u 22 et 23.6. : LE ZAGOIL par Les
Pilleurs d’épaves
u 22 et 23.6. : CIRQUE DES CURIOSITÉS
par Makadam Kanibal
u 22 et 23.6. : MÉCANIQUE QUANTIQUE
par le Collectif le Mur de la Mort
u 22 et 23.6. : A BAS BRUIT de et
m.e.s. Mathurin Bolze
u Du 19 au 23.6. : MATAMORE, Cirque
Trottola et Petit Théâtre Baraque
annemasse
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 1er et 2.6. : BIRDWATCHING 4 X 4 Benjamin Vandewalle
u 1.6. : DE L’AUTRE CÔTÉ. Compagnie
Malka & FANFARE BALK-LÉMANIQUE &
LA LEÇON DU MONTREUR, Cie Le
Montreur & LA VIEILLE ET SON PIANISTE,
Le Boustrophédon
u 1.6. : concert de danse déconcertant avec LES BLÉROTS DE R.A.V.E.L, et
CIE VILCANOTA, L’HOMME D’HABITUDE
u 1.6. : LE BAL. Cie Toujours après
minuit, chor. Roser Montlló Guberna
et Brigitte Seth
u 1er et 2.6. : SILENCE ENCOMBRANT,
Cie Kumulus
u 1er et 2.6. : SILENCE… ON RÊVE. Cie
Fred Bendongué. chor. Fred
Bendongué
u 2.6. : BANC PUBLIC. Cie Virevolt,
concept. Aurélie et Martin Cuvelier
& EL COMO QUIERES. Cie Toujours
après minuit, Roser Montlló
Guberna et Brigitte Seth
u 14.6. : THE MONBERRY MOON
ORCHESTRA / JACKSON WAHENGO
GROUP / THE BLACK WIDOW'S PROJECT.
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Théâtre du Jorat, Mézières
Le jeu de l’amour et du hasard
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JUNGO, violon, VALENTINE RUFFIEUX,
alto, JUSTINE PELNENA CHOLLET, violoncelle (Brahms, Satie, Bizet,
Chausson)
u dimanche 9.6., 17h : ALEX PENDA,
soprano (Alexandrina Pendatchanska), SEMJON SKIGIN, Piano (Glinka,
Rachmaninoff, Fauré, Ravel, Pipkov,
Hadjiev)
la chaux-fds
u Du 7 au 23.6. : ÇA S'EN VA ET ÇA
REVIENT de Pierre Cabanis, m.e.s.
Christophe Bugnon, par la Cie Pas
sages à l'acte. Zap Théâtre à
20h30, dim 16 à 17h30, dim 23 à
10h30 (loc. Kiosque Simone Favre
032.931.32.66)
u 8.6. : Ensemble vocal féminin
«Le jeu de l’amour et du hasard» © Enguérand
La Comédie-Française fait à nouveau escale au Théâtre du Jorat pour
deux représentations du «Jeu de l’amour et du hasard», après «Bérénice»,
de Racine (en 2011) et «Le Mariage», de Gogol (2012). Cette pièce de
Marivaux a été créée en 2011 et mise en scène par le Bulgare Galin Stoev,
basé à Bruxelles.
Une merveille de finesse, où les sentiments sont mis à l’épreuve de la
sincérité. Au début de cette comédie en trois actes, nous trouvoms Silvia qui,
promise à Dorante, obtient de son père de faire la connaissance de son prétendant sous le masque de sa servante Lisette, qui jouera le rôle de sa
maîtresse ; lorsque Dorante se présente à son tour dans l’habit de son valet
Arlequin, qui endosse les vêtements de son maître, les couples réassortis sont
pris à leur propre piège, sous le regard amusé et éclairé du père bienveillant.
Face à ce jeu de hasard où les troubles bousculent les convenances, les
protagonistes répondent en faussant la donne et jouent la comédie jusqu’à se
perdre. Une transgression vertigineuse et jubilatoire des règles sociales,
selon Galin Stoev, qui fait le bonheur des acteurs et des spectateurs depuis
1730 !
n
mézières
THÉÂTRE DU JORAT à 20h (rés. :
www.theatredujorat.ch/)
u 1er et 2.6. : BRONX de Chazz
Palminteri, m.e.s. Steve Suissa, avec
Francis Huster.
u 6 et 7.6. : HAÏM, de et m.e.s.
Gérald Garutti. Spectacle théâtral et
musical avec Natacha Régnier.
u 15 et 1.6. : LE ROI DAVID, de Arthur
Honegger et René Morax. Choeur
Pro Arte, dir. Pascal Mayer. Avec
Charlotte Muller, soprano; Simone
Saint-Claude
Festival de Musique du Haut-Jura
La musique ancienne sera à nouveau à l’honneur en juin sur les
chemins buissonniers du Haut-Jura, entre France et Suisse. Riche programmation pour cette édition qui verra intervenir 122 artistes de renommée
internationale pour 12 concerts de prestige. Parmi les têtes d’affiche, Paul
Agnew, Fabio Biondi, Amandine Beyer ou Pierre Hantaï.
A noter que le jeune public n’est pas oublié, puisque la 2e édition du
festival qui lui est dédiée poursuit sa mission de sensibilisation...
Jetons un coup d’œil sur quelques points forts de ce festival dont la
notoriété et le succès en font une manifestation emblématique :
- le samedi 8 juin au
Brassus, Paul Agnew
dirigera Les Arts
Florissants dans le
cycle intégral des
madrigaux, livre 5.
Billetterie en ligne : http://www.theatredujorat.ch/
divonne
ESPLANADE DU LAC
(loc. Fnac ou tél. 021/962.21.19)
u 8.6. à 20h30 : AUTOUR DU VIOLON.
Avec Patrice Fontanarosa, violoniste;
Richard Galliano, accordéoniste/bandonéoniste. Bernard Soustrot, trompettiste; Gilles Greggio, violoniste.
fribourg
u 14.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de
Alil Vardar. Salle Equilibre à 20h
(loc. 026/350.11.00 Fribourg
Tourisme )
FESTIVAL DU LIED
Salle Equilibre (loc. Fribourg Tourisme
026/350.11.00, ou www.fnac.ch)
u samedi 1.6., 20h : Concert d’ouverture. FLORIAN BOESCH, baryton,
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o
CALLIOPE (Lotti, Berlioz & chants grégoriens). Temple St-Jean à 20h
u 15.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de
Alil Vardar. Arc en Scènes - TPR à
20h15 (loc. 032/ 967.60.50)
. les jeudi 20 et vendredi 21 juin 2013 à 20h
THOMAS QUASTHOFF, récitant. JUSTUS
ZEYEN, piano (Brahms, die Schöne
Magelone)
u dimanche 2.6., 17h : MICHAEL
SCHADE, ténor & JUSTUS ZEYEN, piano
(Beethoven, Weber, Tomasek,
Schubert)
u lundi 3.6., cinéma Rex, 20h30 :
CONVERSATIONS À RECHLIN, film de
François Dupeyron
u mercredi 5.6., 20h : BERNARDA
FINK, mezzo-soprano, MARCOS FINK,
baryton-basse & ANTHONY SPIRI,
piano
(Brahms,
Schumann,
Schubert, Guastavino, Piazzolla,
Buchardo)
u vendredi 7.6., 20h : AMEL BRAHIMDJELLOUL, soprano, NICOLAS JOUVE,
piano & MOHAMED MAAKNI, guitare
(Canteloube, Collet, Hahn, Ravel,
Guridi, Respighi, Chants kabyles)
u samedi 8.6., 20h : MARIE-CLAUDE
CHAPPUIS, mezzo-soprano, SERGIO
CIOMEI,
piano,
STEFAN
MUHMENTHALER, violon, GABRIELLA
t
Le ténor et chef d’orchestre Paul Agnew
© Denis Rouvre
- le vendredi 14 juin à
Saint-Claude,
l’Ensemble de Caelis
dirigé par Laurence
Brisset offrira un
programme intitulé
«Les Prophéties des
Sibylles»
- le samedi 15 juin à
Saint-Lupicin, place à Europa Galante et à son directeur Fabio Biondi, dans
un programme Telemann, Corelli et Geminiani.
- le vendredi 21 juin à Molinges, Amandine Beyer sera à la tête de Gli
Incogniti qui interpréteront Vivaldi.
. Du 6 au 23 juin 2013
Réservations : OFFICE DU TOURISME SAINT-CLAUDE, - B.P. 94 - 1 avenue de Belfort,
39203 Saint-Claude Cedex
Tél. : 03 84 41 02 02 / Fax : 03 84 41 02 72 / [email protected]
Réservations, hébergement et place de concert: JURA TOURISM - N° Indigo : 0 820 39 39 00,
[email protected]
Réservations pour la Suisse : OFFICE DE TOURISME LE SENTIER - Tél. 00 41 21 845 17 77
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Chevalley, alto; Jonathan Spicher,
ténor; Véronique Mermoud,
Pythonisse; Eörs Kisfaludy, récitant.
u 20 et 21.6. : LE JEU DE L'AMOUR ET
DU HASARD, de Marivaux, par la
Comédie-Française, m.e.s. Galin
Stoev.
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30
(loc. 024/471.62.67)
u 15.6. : DOPO LA BATTAGLIA de et
m.e.s. Pippo Delbono
morges
FESTIVAL SOUS RIRE du 7 au 15 juin
(loc. 021/804.97.16 et 804.15.90
ou Fnac)
Théâtre de Beausobre
u 7.6. à 19h : ERIC ANTOINE.
u 7.6. à 21h30 : MICHAEL GREGORIO
u 7.6. à 20h : CES SUISSES QUI FONT
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Salle du Stand, Moutier
Giulio Cesare in Egitto
La Compagnie Opera Obliqua organise en juin quelques
représentations du “dramma per musica“ en trois actes de Georg
Friedrich Händel, sans aucun doute le plus célèbre et le plus
emblématique des opéras italiens du compositeur, créé alors que
celui-ci vivait à Londres, et également l’un des plus souvent
représentés.
A Moutier, la direction musicale sera assurée par Facundo
Agudin, et la mise en scène par Bruno Ravella, avec des costumes
d’Ana Spinelli.
Dans le rôle-titre, on entendra Lisandro Abadie, alors que
Raffaella Milanesi sera Cleopatra, Mélodie Ruvio incarnera
Cornelia, et le rôle de Sesto sera tenu par la Genevoise Carine
Séchaye. Les auters intervenants seronts : Violetta Radomirska
(Tolomeo), Alejandro Meerapfel (Achilla), Léonie Renaud (Nireno)
et Daniel Issa (Curio).
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Raffaella Milanesi © DR
. les 26, 27, 28, 29 juin 2013
Billetterie en ligne : http://www.standete.ch/billetterie.html
RIRE
u 9.6. à 19h : MICHEL BOUJENAH de
u 10.6. à 19h : CHRISTELLE CHOLLET
u 10.6. à 21h30 : 25 ANS DU FESTIVAL
u 11.6. à 19h : VOCA PEOPLE
u 11.6. à 21h30 : LES TISTICS
u 12.6. à 19h et 13.6. à 21h30 :
PIERRE PALMADE ET MICHÈLE LAROQUE
u 13.6. à 19h : LA FRAMBOISE FRIVOLE
o
u 14.6. à 19h : PATRICK SÉBASTIEN
u 14.6. à 21h30 : 120 SECONDES
u 15.6. à 20h : LAURENT GERRA
Chapiteau
u 7.6. à 20h30 : JACKY ET ROGER.
u 8.6. à 20h30 : NICOLE PERRONI
u 9.6. à 19h : COMEDY PARTY
u 10.6. à 20h30 : CONSTANCE
u 11.6. à 20h30 : LES DÉCAFÉINÉS
u 12.6. à 20h30 : FLORENT PEYRE
u 13.6. à 20h30 : MARC DONNETMONAY
u 14.6. à 20h30 : FILLS MONKEY
u 15.6. à 20h30 : AVRACAVABRAC
u 15.6. à 23h : GIEDRÉ
Café-Théâtre
u 7.6. à 21h30 : VERINO.
u 8.6. à 19h : DAVID BUNIAK.
u 8.6. à 21h30 : ARNAUD COSSON
u 10.6. à 19h : SARKIS OHANESSIAN
u 11.6. à 21h30 : CUCHE ET BARBEZAT
u 12.6. à 21h30 : AUCAIGNE - MEURY KOHLER
u 13.6. à 19h : THOMAS WIESEL
u 13.6. à 21h30 : CÉDRIC CHARTIER
u 14.6.à 19h : WALY DIA
u 14.6. à 21h30 : ARNAUD DUCRET
u 15.6. à 19h : L’HUMOUR EN CAPITALES, LA RELÈVE !
u 15.6. à 21h30 : DONEL JACK’SMAN
st. maurice
THÉÂTRE DU MARTHOLET
(points de vente : ticketportal)
u 5.6. à 20h : LE CLAN DES DIVORCÉES,
de Alil Vardar.
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 1.6., Evian : EVIAN, 20 ANS APRÈS Alain Meunier. Quatuor Debussy.
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Quatuor Byron (Debussy, Barber,
Glazounov, Chostakovitch, Lekeu,
etc.)
u 4.6. : LA LOCANDIERA de Carlo
Goldoni, m.e.s. Marc Paquien
u 7.6. : PIERRICK PEDRON, Jazz
veytaux
CHÂTEAU DE CHILLON à 19h30
(loc. 0049 89 34 38 03)
u Du 6 au 7.6. : THE TAMING OF THE
SHREW (La Mégère apprivoisée) de
Shakespeare, par Grantly Marshall
and ADG Europe, dir. Paul
Stebbings. Théâtre en anglais et en
plein air.
vevey
u 7.6. : ENSEMBLE VOCAL DE
NEUCHÂTEL, LA PSALLETTE DE GENÈVE &
ENSEMBLE
SYMPHONIQUE
DE
NEUCHÂTEL, dir. Steve Dunn. BRIGITTE
HOOL soprano (Requiem de Karl
Jenkins et Berliner Messe d'Arvo
Pärt). Eglise St.Martin à 20h30 (loc.
Théâtre de Vevey, 021/925.94.94)
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention
contraire (loc. 024/423.65.84)
u 4.6. : LE CLAN DES DIVORCÉES, de
Alil Vardar.
La Marive (loc.
024/423.65.84)
u 9.6. : DIMANCHE MUSICAL – FINALE
DU CONCOURS RÉGIONAL
Ville de Lancy
République et canton de Genève
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SEPTEMBRE MUSICAL
ICAL
31.08 – 12.09.2013
Philippe B
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Frédéric
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Orchestre
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Orchestre philharmonique
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Orchestre
de Saint-Pétersbourg
Saint- Pétersbourg
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Royal Philharmonic
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de Genève
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