bertolt brecht - Theatre de la Ville

publicité
Dossier pédagogique
SAISON 2014 I 2015
BERLINER ENSEMBLE
BERTOLT
BRECHT I CLAUS PEYMANN
Mère Courage
Mutter Courage und ihre Kinder
Bertolt Brecht
Paul Dessau
MISE EN SCÈNE Claus Peymann
DÉCOR Frank Hänig
COSTUMES Maria-Elena Amos
DRAMATURGIE Jutta Ferbers
LUMIÈRES Karl-Ernst Herrmann & Ulrich Eh
ARRANGEMENTS & DIRECTION MUSICALE Rainer Böhm
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Miriam Lüttgemann
ASSISTANT AU DÉCOR Norman Heinrich
ASSISTANTE AUX COSTUMES Wicke Naujoks
SOUFFLEUSE Sonja Behrens
RÉGISSEUR Rainer Manja
DIRECTEUR TECHNIQUE Stephan Besson
CHARGÉ DE PRODUCTION Mirko Baars
DANS L’ORDRE D’ENTRÉE EN SCÈNE :
DE
Carmen-Maja Antoni
KATTRIN, SA FILLE MUETTE Karla Sengteller
EILIF, SON FILS AÎNÉ Raphael Dwinger
SCHWEIZERKAS, SON CADET Michael Rothmann
LE RECRUTEUR Martin Schneider
L’ADJUDANT Veit Schubert
LE CUISINIER Manfred Karge
YVETTE POTTIER Ursula Höpfner-Tabori
LE GÉNÉRAL Axel Werner
L’AUMÔNIER AUX ARMÉES Martin Seifert
LE SOLDAT Marko Schmidt
LE BORGNE AU BANDEAU Michael Kinkel
UN AUTRE ADJUDANT Veit Schubert
LE VIEUX COLONEL Martin Schneider
DEUX PORTEURS DE CIVIÈRE Marko Schmidt
& Hannes Lindenblatt
DEUX SOLDATS Martin Schneider & Michael Kinkel
LA PAYSANNE Gudrun Ritter
LE PAYSAN Axel Werner
UNE VOIX Marko Schmidt
UNE VOIX DANS LE PRESBYTÈRE Axel Werner
UNE VOIX DE FEMME QUI CHANTE Claudia Burckhardt
L’ENSEIGNE Martin Schneider
DEUX SOLDATS Veit Schubert & Axel Werner
LA PAYSANNE Gudrun Ritter
LE PAYSAN Roman Kaminski
LE JEUNE PAYSAN Marko Schmidt
MUSIQUE DE
MÈRE COURAGE
DIRECTION DES COSTUMES & DES MAQUILLAGES
Barbara Naujock
MAQUILLAGES Ulrike Heinemann
SON Alexander Bramann
RÉDACTION & RÉGIE DES SURTITRES Michel Bataillon
Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht, dans la mise
en scène de Claus Peymann, a été créée le 26 novembre 2005.
La distribution initiale a évolué au fil du temps et des tournées,
notamment au Fadj-Festival 2008 à Téhéran,
aux Nuits de Fourvière 2009 à Lyon et au Festival Porto Alegre
em cena 2012 au Brésil.
L’Arche est éditeur et agent théâtral de l’œuvre
de Bertolt Brecht traduite en français. www.arche-editeur.com
EN ALLEMAND, SURTITRÉ
DURÉE
1 PARTIE : 1 h 40 I ENTRACTE : 20 mn I
LES MUSICIENS :
Matthias Erbe VIOLON
Cathrin Pfeifer ACCORDÉON
Silke Eberhard SAXOPHONE ALTO,
RE
CLARINETTE, CLARINETTE BASSE
Michael Yokas VIOLON, PIANO
Clemens Rynkowski PIANO & DIRECTION D’ORCHESTRE
Manfred Wittlich GUITARE
photos Monika Rittershaus
2
2E PARTIE :
1 h 20
SOMMAIRE
Introduction
Un séisme nommé Courage
p. 4
I B. Bataillon
p. 6
Mère Courage et ses enfants,
Chronique de la guerre de trente ans
p. 8
Extrait tableau 5
p. 9
La Courage n’apprend rien
p. 10
Entretien avec un jeune spectateur
p. 11
Forme épique /
Forme dramatique du Théâtre
p. 12
Bertolt Brecht
p. 15
Chronologie Bertolt Brecht
p. 16
La musique de scène de Paul Dessau
p. 22
Parcours d’acteurs
p. 23
Et le requin, il a des dents
p. 26
Repères bibliographiques
p. 29
3
INTRODUCTION
De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans a dévasté
l’Europe. Pour Brecht, cette guerre est « l’une des
premières guerres gigantesques que le capitalisme a
attirées sur l’Europe. »
Mère Courage reconnaît l’essence mercantile de cette
guerre : elle suit les armées avec sa carriole de marchandises et fait de bonnes affaires. Mais cette marchande a aussi des enfants, c’est là que le bât blesse
et que la dialectique passe à l’attaque.
Brecht écrivit Mère Courage en exil, à l’automne 1940,
à une époque où le peuple allemand était aussi peu
capable que Mère Courage de tirer les leçons de ses
malheurs et de surmonter ses contradictions. Mais
aujourd’hui, les Mère Courage ont-elles disparu ?
La mise en scène de la pièce par Brecht en 1949, avec le
Berliner Ensemble, a pour la première fois fait connaître
concrètement au public, et avec un immense succès,
le théâtre épique et dialectique, tel que Brecht l’avait
conçu pendant son exil.
BERTOLT BRECHT
VOUS CONSEILLE…
CE QU’UNE REPRÉSENTATION DE MÈRE COURAGE ET SES
ENFANTS DOIT ESSENTIELLEMENT MONTRER :
→ Que les grandes affaires au cours des guerres ne
sont pas faites par les petites gens.
→ Que la guerre, qui est une continuation des affaires par d’autres moyens, rend mortelle les vertus
humaines, pour leurs possesseurs également.
→ Que pour combattre la guerre, aucun sacrifice
n’est trop grand.
Bertolt Brecht
Introduction, Mère courage et ses enfants,
Bertolt Brecht, L’Arche Éditeur
4
«
Tout au long de la pièce,
Mère Courage a les yeux collés,
elle n’arrive pas à le voir ;
pour elle, le négoce
est extensif à la guerre,
la guerre est contingente
au négoce.
Roland Barthes
5
»
UN SÉISME NOMMÉ COURAGE
Bertolt Brecht était alors peu connu en France… En 1954, voilà tout juste
soixante ans, les représentations parisiennes de Mère Courage et ses enfants,
avec Helene Weigel et la troupe de ce qui était déjà le Berliner Ensemble,
révolutionnèrent la conception de l’art dramatique. Retour sur une histoire
au long cours, que Claus Peymann réactualise avec Carmen-Maja Antoni,
pour fêter au Théâtre de la Ville l’anniversaire d’une légende.
sait capable d’entraîner pendant plus de trois heures
la machine épique inventée par Brecht et puis elle
peut chanter juste les mélodies complexes de Paul
Dessau. Le 18 décembre 1951, la charrette de Mère
Courage fait ses premiers tours de piste, tirée par ses
garçons, le vertueux P’tit Suisse – Jean Negroni et
Eilif le bagarreur – Gérard Philipe, sur la scène du
théâtre de la Cité-Jardins de Suresnes où, la veille, il
avait exalté l’audace chevaleresque du Cid. Vilar avait
bien « pensé » son diptyque inaugural.
Dans le droit fil de ses grandes « régies », il avait su
marier les talents: grâce à la palette du peintre Édouard
Pignon, qui voyait les horreurs de la guerre en haillons
colorés, le spectacle était pittoresque et il était sonore
grâce à « La Montero ». Elle jouait la vivandière avec
panache, « âpre et marchandeuse comme une romanichelle, cynique, vivante, misérable et résignée », telle que
la décrit Elsa Triolet. Pour la nouvelle génération de spectateurs qui accompagnaient la naissance du T.N.P.,
Dans la France théâtrale du début des années 1950,
le nom de Bertolt Brecht est à peine connu. Seuls
quelques amateurs savent que, dès 1949, un explorateur nommé Jean-Marie Serreau, sa femme Geneviève
et leur compère Benno Besson ont traduit, édité, mis
en scène et joué sur plusieurs scènes d’avant-garde
de la Rive Gauche, L’Exception et la Règle, une petite
« pièce didactique » qui, par sa logique paradoxale,
dévoile les mécanismes de l’exploitation de l’homme
par l’homme. Ce sont eux qui ont fait découvrir à Jean
Vilar Mère Courage et ses enfants. Intrépide, Vilar met
au programme du premier week-end de son T.N.P. la
création de cette pièce inconnue d’un auteur qu’on
dit « moscoutaire ».
Parmi les comédiens fondateurs du Festival d’Avignon,
il y a Germaine Montero, comédienne française prise
d’amour pour l’Espagne républicaine, amie de Federico García Lorca, et chanteuse de cabaret, interprète
de Bruant, Prévert, Mac Orlan, Léo Ferré… Vilar la
EN JUIN 1954,
LE BERLINER ENSEMBLE,
DIRIGÉ PAR BERTOLT BRECHT,
PRÉSENTE À PARIS,
AU THÉÂTRE SARAH BERNHARDT,
DANS LE CADRE DU FESTIVAL
DU THÉÂTRE DES NATIONS,
MUTTER COURAGE
UND IHRE KINDER
6
la « Chanson de la Mère Courage » rivalisa bientôt avec
la « Complainte de Mackie » de L’Opéra de quat’sous.
EN 1954 À PARIS, UNE RÉVOLUTION
DANS L’ART DRAMATIQUE
Le 30 juin 1954, le Théâtre Sarah-Bernhardt – qui avait
encore son architecture intérieure Second Empire et
ne devint Théâtre de la Ville qu’après sa rénovation
de 1968 – fut à l’épicentre d’un séisme dont les ondes
se propagèrent pendant plusieurs décennies, fissurant toutes les strates du paysage théâtral français.
La métaphore grandiloquente n’est pas excessive. Les
quatre représentations de Mutter Courage und ihre
Kinder par Helene Weigel et « l’Ensemble » théâtral
de Berlin-Est dirigé par Bertolt Brecht, et les tournées du Berliner Ensemble qui suivirent en 1955,
1957 et 1960, furent à l’origine d’une révolution dans
l’art du récit dramatique et scénique.
Pour cette première expérience de « Théâtre des Nations », les organisateurs du Festival international d’art
dramatique de la Ville de Paris eurent bien du mal à séduire un public parisien rebuté par la langue allemande et peu curieux de découvrir ce qui se passait
au-delà du « rideau de fer ». Joué le premier soir devant
une salle clairsemée, le spectacle remporta un double
premier prix, pour la pièce et pour la mise en scène.
Des témoins parlent de vingt-six rappels pour – qui,
sortant de scène, aurait dit en coulisse à l’une de ses
amies : « Tu vois que je sais faire autre chose que des
kouglofs ! » Car telle était la Weigel. Et Brecht avait
le trac. Du fond d’une loge de corbeille, il assista au
triomphe : il fut réclamé et acclamé.
Dans les jours et les semaines qui suivirent, hormis
quelques irréductibles anticommunistes grincheux,
partisans d’un théâtre académique ou boulevardier,
les commentateurs admettent avoir assisté ce soir-là
à un événement théâtral majeur. Bernard Dort parle
de l’avènement d’un spectacle d’un type radicalement
neuf… Un théâtre nouveau qui n’est plus un théâtre
de texte, ni un théâtre de mise en scène ; Marcel Brion,
académicien, y voit une date dans l’histoire du théâtre;
Morvan-Lebesque, un spectacle d’où l’on sort hanté,
halluciné ; Roland Barthes une révolution théâtrale,
un théâtre désaliéné… qui s’est trouvé devant nous en
un jour dans sa forme adulte et déjà parfaite. Et le
peintre René Allio résume ainsi le sentiment général :
« À la sortie de Mère Courage…, je n’étais pas le même qu’à
l’entrée : je voyais, je comprenais le théâtre autrement. »
HÉLÈNE WEIGEL
DANS LA LOGE DE SARAH BERNHARDT EN 1955
© Roger Pic
Tout participe de la couleur lucide de la mort… », écrivait Guy Dumur, au lendemain de ce 30 juin 1954.
Car, dans l’art scénique du metteur en scène Bertolt
Brecht, tout participait. Tout était signe. Et tous les
signes formaient faisceau pour raconter l’histoire et
ses contradictions. Précisément cette cohérence des signes
concrets était stupéfiante.
Du jour au lendemain – ou presque – la cohérence dramaturgique d’un spectacle devint une exigence, un
mot d’ordre. Le beau théâtre d’art tel que l’avaient
pratiqué les grands du Cartel avait fait son temps.
De cette révolution demeurent les images saisissantes
du Leica de Roger Pic qui, selon Roland Barthes,
« aident à découvrir l’intention profonde de la création ».
Tirant sa charrette à contre-courant du plateau tournant, à contre-sens, d’abord dans les ruines de Berlin,
puis à Paris, Londres, Moscou…, cinq cent quatre fois
de 1949 à 1961, Helene Weigel avait ouvert « l’ère
brechtienne ». Elle mourut le 6 mai 1971, quelques
semaines après son retour à Berlin.
DANS LES RUINES DE BERLIN, PUIS À PARIS,
LONDRES, MOSCOU…
« Couleur de la mort, ces mots, je ne sais pourquoi, qualifient dans ma mémoire le spectacle de Bertolt Brecht…
Michel Bataillon
7
MÈRE COURAGE ET SES ENFANTS,
CHRONIQUE
DE LA GUERRE DE TRENTE ANS
Mère courage et ses enfants, Bertolt Brecht, L’ARCHE
ÉDITEUR, PARIS
Pièce en douze tableaux, inspirée des Aventures de Simplicius Simplicissimus, roman de Hans Jakob Christoffel von
Grimmelshausen (1669). Aventures d’un jeune paysan naïf, éternel innocent mais pas idiot, qui est happé
dès l’enfance dans cette interminable et cauchemardesque succession d’absurdités sanguinaires que fut, pour
les populations allemandes, la guerre de Trente Ans (1618-1648)*.
I.
II.
Printemps 1624. En Dalécarie, le grand capitaine
Oxenstierna recrute des troupes pour la campagne de Pologne. À la cantinière Anna Fierling,
connue sous le nom de Mère Courage, on enlève
un fils (Eilif).
Au cours des années 1625 et 1626, Mère Courage
traverse la Pologne avec le train des armées suédoises. Devant la forteresse de Wallhof, elle retrouve son fils. — Heureuse vente d’un chapon
et grand jour pour le fils audacieux.
III.
Trois ans plus tard, Mère Courage se retrouve en
captivité, avec les restes d’un régiment finnois.
Sa fille pourra être sauvée, ainsi que sa carriole,
mais son fils honnête va mourir.
IV.
Mère Courage chante la « Chanson de la grande
capitulation ».
V.
Deux années se sont écoulées. La guerre couvre
de plus en plus de territoires. La petite carriole de
Courage traverse sans relâche la Pologne, la Moravie, la Bavière, l’Italie et de nouveau la Bavière.
1631. La victoire de Tilly à Magdebourg coûte
quatre chemises d’officier à Mère Courage.
VI.
Devant la Ville d’Ingolstadt en Bavière, Courage
assiste à l’enterrement du grand capitaine d’empire Tilly qui vient d’être tué. Discussions qui portent sur les héros et la durée de la guerre. L’aumônier déplore que ses talents soient inemployés et Catherine la muette reçoit des chaussures
rouges. On est en l’an de grâce 1632.
VII.
Mère Courage au faîte de sa carrière commerciale.
VIII.
La même année le roi de Suède Gustave Adolphe
tombe à la bataille de Lützen. La paix menace de
ruiner le commerce de Mère Couarge. Le fils audacieux (Schweizerkas) de Courage accomplit
un exploit de trop et trouve une fin honteuse.
IX.
Voilà seize ans que dure la grande guerre de religion. L’Allemagne y a perdu plus de la moitié de
ses habitants. De gigantesques épidémies tuent ce
que les carnages ont épargné. La faim sévit dans
les régions jadis florissantes. Des loups rôdent
dans des villes réduites en cendres. À l’automne
1634, on rencontre Courage dans le Fichtelgebirge
bavarois, à l’écart de la route stratégique où se
déplacent les armées suédoises. Cette année-là
l’hiver a été précoce et il est sévère. Les affaires
vont mal, si bien qu’il ne reste plus qu’à mendier. Le cuisinier reçoit une lettre d’Utrecht et il
est congédié.
X.
Durant toute l’année 1635, Mère Courage et sa
fille Catherine sillonnent les routes de l’Allemagne du centre, à la suite d’armées de plus en
plus déguenillées.
XI.
Janvier 1636. Les troupes impériales menacent
la ville protestante de Halle. Les pierres se mettent à parler. Mère Courage perd sa fille et continue seule. La guerre est loin d’être terminée.
XII.
Approche de l’aube. On entend les tambours et
les fifres de troupes en marche qui s’éloignent.
* La guerre de Trente Ans est un conflit religieux (affrontement entre protestantisme et catholicisme) et politique
(affrontement entre féodalité et absolutisme) né en Allemagne en 1618 et qui s’étendit à l’Europe occidentale jusqu’en 1648.
La guerre peut être divisée en 4 phases : Palatinat-Bohême (1618-1625), Danemark (1625-1629), Suède (1630-1635)
et France (1635-1648).
8
EXTRAIT DU TABLEAU 5
Mère courage et ses enfants, Bertolt Brecht, L’ARCHE
La carriole de Mère Courage se trouve dans un village
bombardé. Vague musique militaire dans le lointain.
Deux soldats au comptoir, servis par Catherine
et Mère Courage. L’un d’eux a jeté sur ses épaules
un manteau de fourrure de femme.
ÉDITEUR, PARIS
LA PAYSANNE, faiblement. Notre ferme.
MÈRE COURAGE. Ceux-là, pour laisser quelque
chose !
Mais maintenant c’est à moi de faire les frais. Je marche
pas.
LE PREMIER SOLDAT. Ce sont des protestants. Pourquoi
faut-il qu’ils soient protestants ?
MÈRE COURAGE. Ils s’en moquent, de ta religion. Ils
ont perdu leur ferme.
LE DEUXLÈME SOLDAT. Ils sont pas du tout protestants.
Ils sont eux-mêmes catholiques.
LE PREMIER SOLDAT. Avec le bombardement, on ne peut
pas chipoter.
UN PAYSAN, que l’aumônier ramène. Mon bras est fichu.
L’AUMÔNIER. Où est la toile ?
Tous regardent Mère Courage qui ne bouge pas.
MÈRE COURAGE. Je peux rien donner. Avec toutes ces
taxes, droits de douane, redevances et pots de vin !
Catherine ramasse une planche pour en menacer sa mère,
en émettant des sons gutturaux. Tu perds la tête ? Lâche
cette planche, sans ça je vais te mettre une tartine,
crampon ! Je donne rien, je veux pas, il faut que je
pense à moi L’aumônier la soulève du marchepied de
la carriole pour l’asseoir par terre ; puis il fouille et
exhume des chemises et en fait de la charpie. Mes chemises ! À un demi-florin pièce ! Je suis ruinée !
[…]
MÈRE COURAGE. Quoi, tu peux pas payer ? Pas d’argent,
pas de schnaps. Ils se mettent à jouer des marches
triomphales, mais la solde, ils ne la paient pas.
UN SOLDAT. Je veux mon schnaps. Je suis arrivé trop
tard au pillage. Le capitaine nous a baisés et il a donné qu’une heure pour le pillage de la ville. Il a dit qu’il
était pas un monstre ; la ville a dû l’acheter.
L’AUMÔNIER, arrive en trébuchant. Il y en a encore dans
la ferme. La famille du paysan. Que quelqu’un m’aide.
J’ai besoin de toile.
Le deuxième soldat s’éloigne avec lui. Catherine est prise
d’une grande excitation et essaie d’amener sa mère à donner de la toile.
MÈRE COURAGE. J’en ai pas. J’ai vendu tous mes bandages au régiment. Je ne vais pas déchirer mes chemises d’officier pour ceux-là.
L’AUMÔNIER, crie de loin. J’ai dit que j’ai besoin de toile.
MÈRE COURAGE, barrant l’entrée de la carriole à Catherine
en s’asseyant sur le marchepied. Je donne rien. Ceuxlà ne paient pas, pourquoi, parce qu’ils n’ont rien.
L’AUMÔNIER, penché sur une femme qu’il vient de ramener. Pourquoi êtes-vous restée sous le feu des canons ?
9
LA COURAGE N’APPREND RIEN
Pendant la guerre des paysans, le plus grand malheur de l’histoire allemande, a été arrachée la canine
de la Réforme, pour ce qui est du social. Restèrent le
commerce et le cynisme. La Courage – ceci est dit pour
aider la représentation théâtrale – reconnaît de concert
avec ses amis et ses hôtes, et à peu près tout le monde,
l’essence purement mercantile de la guerre : c’est précisément ce qui l’attire. Elle croit à la guerre jusqu’au
bout. Pas une fois elle ne comprend que pour se tailler son morceau dans la guerre, il faut avoir une
grande paire de ciseaux. Les spectateurs s’attendent,
dans les catastrophes, certes à tort, à ce que ceux qui
en ont été affectés en apprennent quelque chose.
Aussi longtemps que la masse est l’objet de la politique, elle ne peut considérer ce qui lui arrive comme
une expérience, mais seulement comme un destin ;
elle apprend aussi peu de la catastrophe que le
cobaye apprend sur la biologie. Il n’incombe pas à
l’écrivain de théâtre d’ouvrir à la fin les yeux à la
Courage – elle s’avise de quelque chose, vers le milieu
de la pièce, à la fin de la scène 6, et de nouveau ne
voit plus –, ce à quoi il tient, c’est que le spectateur
voie.
B. B., Mère Courage et ses enfants, notes, L’Arche Éditeur
10
ENTRETIEN
AVEC UN JEUNE SPECTATEUR
Certains ont dit qu’à la fin la pièce n’est pas tout à fait juste, parce qu’elle se termine sur le
fait que la cantinière, en dépit des malheurs qu’elle a eus, n’a rien appris.
L’ÉCRIVAIN DE THÉÂTRE : Regarde autour de toi, il y a assez de gens auxquels la guerre a apporté le malheur.
Combien d’entre eux ont-ils appris quelque chose ? Je veux dire : appris eux-mêmes, sans aide, comme la
Courage le devrait ?
LE SPECTATEUR : Tu veux dire que tu entends simplement montrer la vérité ?
L’ÉCRIVAIN DE THÉÂTRE : Oui, la guerre de Trente Ans est l’une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attiré sur l’Europe. Et dans le capitalisme, pour l’isolé, que la guerre ne soit pas nécessaire, c’est
monstrueusement difficile, car dans le capitalisme, elle est nécessaire, c’est-à-dire pour le capitalisme. Ce
système économique repose sur la lutte de tous contre tous, des grands contre les grands, des grands contre
les petits, des petits contre les petits. Il faudrait donc déjà reconnaître que le capitalisme est un malheur,
pour reconnaitre que la guerre apportant le malheur est mauvaise, c’est-à-dire inutile.
LE SPECTATEUR :
B. B., Mère Courage et ses enfants, notes, L’Arche Éditeur
11
FORME ÉPIQUE /
FORME DRAMATIQUE DU THÉÂTRE
Repères, Théorie du drame moderne, Peter Szondi,
LA FORME DRAMATIQUE DU THÉÂTRE
Incarne, une action
Implique le spectateur dans
une action scénique et
Épuise son activité
Lui fait avoir des sentiments
Lui fournit une expérience
Affective
Le spectateur est plongé
dans une action
On opère avec la suggestion
Les impressions sont conservées telles quelles
Le spectateur est à l’intérieur, il participe
ÉDITIONS L’ÂGE DE L’HOMME, LAUSANNE,
1983
LA FORME ÉPIQUE DU THÉÂTRE
Elle raconte
Fait du spectateur
un observateur, mais
Éveille son activité
L’oblige à des décisions
Lui fournit des connaissances
Le spectateur est placé
devant elle
On opère avec les arguments
Les impressions sont poussées jusqu’à devenir des
connaissances
Le spectateur est placé devant, il étudie
L’homme est supposé connu
L’homme immuable
L’homme est l’objet de l’enquête L’homme qui se transforme
et transforme
Intérêt passionné pour le Déroulement
Intérêt passionné pour le dénouement
Une scène pour la suivante
Croissance organique
Chaque scène pour soi Montage
Progression sinueuse
Facit saltis
Le monde tel qu’il devient
Les contraintes de l’homme
Ses motifs
L’être social détermine la Pensée
12
LE THÉÂTRE ÉPIQUE
SELON BERTOLT BRECHT
in Écrits, Bertolt Brecht, pp 260-261, L’ARCHE
ÉDITEUR, PARIS
LE SPECTATEUR DU THÉÂTRE DRAMATIQUE DIT :
LE SPECTATEUR DU THÉÂTRE ÉPIQUE DIT :
Oui, cela, je l’ai éprouvé, moi aussi.
- C’est ainsi que je suis.
- C’est une chose bien naturelle.
- Il en sera toujours ainsi.
Je n’aurais jamais imaginé une chose pareille.
- On n’a pas le droit d’agir ainsi.
- Voilà qui est insolite, c’est à n’en pas croire ses yeux.
- Il faut que cela cesse.
- La douleur de cet être me bouleverse parce qu’il n’y
a pas d’issue pour lui.
- C’est là du grand art : tout se comprend tout seul.
- Je pleure avec celui qui pleure, je ris avec celui qui rit.
- La douleur de cet être me bouleverse parce qu’il y
aurait tout de même une issue pour lui.
- C’est là du grand art: rien ne se comprend tout seul.
- Je ris de celui qui pleure, je pleure sur celui qui rit.
13
14
BERTOLT BRECHT
Esquisse d’une biographie Bertolt Brecht par Geneviève Serreau, L’ARCHE
ÉDITEUR
sur la liste noire des Nazis, il est contraint de fuir, se
réfugie en Suisse, passe à Paris, à Copenhague, en
Suède, à Londres, en Finlande.
À Paris en 1937, il met en scène quelques Scène de
la vie hitlérienne et Les Fusils de la Mère Carrar (en
allemand). En 1941, après un bref séjour à Moscou,
il se rend aux U.S.A. et se fixe en Californie.
En Amérique, il retrouve un grand nombre d’intellectuels allemands réfugiés et attend impatiemment, sept
années durant, le moment de regagner sa patrie. Il
continue d’écrire au rythme environ de deux pièces
par an, mais elles sont peu jouées sur des scènes
professionnelles et ne rencontrent qu’un succès
médiocre – même La vie de Galilée adaptée et jouée
par Charles Laughton. Grâce à Eric Bentley qui
traduit et monte plusieurs de ses pièces dans des
théâtres universitaires, Brecht conquiert une certaine partie de la jeunesse intellectuelle aux U.S.A.
En 1947, il subit à Washington un interrogatoire devant
la commission des « activités anti-américaines ». Il
quitte les U.S.A. en décembre de cette même année
et attend de longs mois à Zurich que les forces d’occupation occidentales l’autorisent à rentrer chez lui.
D’une mère originaire de la Forêt Noire et d’un père
bavarois, Bertolt Brecht naît à Augsbourg en 1898.
Son père appartient à la bourgeoisie protestante
d’Augsbourg, et donne à son fils une bonne éducation dans le sens le plus conventionnel de ce mot. Il
suit l’école primaire, puis le lycée, passe son bachot
et entre à l’université de Munich à 18 ans pour y suivre
les cours de médecine. Nous sommes en 1916. Deux
ans plus tard Brecht est enrôlé comme infirmier dans
un hôpital de l’arrière. C’est pour les blessés qu’il
compose ses premières chansons de révolte ; il les
chante lui-même en s’accompagnant à la guitare.
Pour finir il gagne Berlin-Est où il fonde, en 1949, avec
sa femme l’actrice Helene Weigel, le groupe théâtral
« Berliner Ensemble ». D’abord hébergé au Deutsches
Theater, il est installé depuis 1954 au Schiffbauerdamm Theater. Brecht met lui-même en scène ses
pièces : Mère Courage, Puntila (1949), La Mère, Lucullus (1951), Les Fusils de la Mère Carrar (1952), Le
Cercle de craie caucasien (1954). Entouré d’une
solide équipe de techniciens, de musiciens, de
décorateurs, il forme des acteurs et de jeunes metteurs en scène à qui il confie la régie de certains
spectacles. La réputation de Brecht ne cesse de
croître en Allemagne et dans le monde entier.
Après la guerre, il retourne à Munich où il retrouve ses
amis : le poète Becher, le peintre Caspar Neher, etc. Il
écrit ses premiers poèmes, dont La légende du soldat
mort qui fait scandale dans un cabaret de Munich. Il
écrit Baal, sa première pièce, à 20 ans. Il reçoit en
1922 le prix Kleist pour sa troisième pièce : Tambours
dans la nuit, et, deux ans plus tard, fait sa première
mise en scène au Kammerspiel de Munich avec La
Vie d’Edouard II, adaptée par lui de Marlowe. Il décide
d’aller vivre à Berlin. Il abandonne l’attitude anarchique et cynique qui caractérise l’immédiate aprèsguerre pour adhérer au marxisme. Il écrit Homme pour
homme, monte Baal et travaille en collaboration avec
Reinhardt et Piscator. Jusqu’en 1933, date où il est
tenu de s’exiler, Brecht écrit quatorze pièces qu’il
monte lui-même bien souvent, sur différentes scènes
d’Allemagne, et dont plusieurs font scandale. Inscrit
Surmené, Brecht songe à se reposer, à abandonner
quelque peu ses activités de metteur en scène pour
se remettre à écrire. Le 10 août 1956, il répète une dernière fois La vie de Galilée avec le Berliner Ensemble.
Quelques jours plus tard, le 14 août, il meurt d’un
infarctus dans la nuit.
15
BERTOLT BRECHT
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
n 10 février:
Naissance à Augsbourg, Bavière,
dans une famille bourgeoise
et catholique.
n Premier Congrès du P.O.S.D.R.
(Parti Ouvrier Social-Démocrate de
Russie) à Minsk.
n Lénine fonde le Parti social ouvrier.
n Construction d'une flotte de guerre
allemande.
n Zola : J'accuse.
n Il écrit son premier texte,
Les Sermons domestiques,
publié dans un quotidien.
n Attentat à Sarajevo de l'archiduc
héritier du trône.
n Ultimatum autrichien à la Serbie.
n Guerre austro-serbe.
n Guerre germano-russe.
n Guerre franco-allemande.
n Invasion de la Belgique.
n Guerre anglo-allemande.
n Blocus économique de l'Allemagne
par l'Angleterre et la France.
n Entrée en guerre de la Turquie.
n Ouverture du canal de Panama.
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Fauré : Pelléas et Mélisande.
n Huysmans : La Cathédrale.
n Lugné-Poe : première expérience
de théâtre au cirque (Mesure pour
mesure au Nouveau Cirque à
Paris).
n Hauptmann: Le Voiturier Henschel.
n Pierre et Marie Curie : le radium.
1898
1914
n Obtention de son baccalauréat.
n Il entreprend des études de
philosophie dans sa ville natale,
puis il va à Munich et se tourne
vers la médecine.
n L'Allemagne décide la guerre sousmarine sans restriction.
n Rupture des relations diplomatiques germano-américaines.
n Abdication du tsar de Russie. Les
Bolcheviks prennent le pouvoir.
n Mutinerie dans la flotte allemande.
n Ministère Clemenceau.
n Entrée en guerre des États-Unis.
n Mutinerie dans l'armée française.
n Bolcheviks demandent l'armistice.
n Valéry : La Jeune Parque.
n Duhamel : La Vie des martyrs.
n Il est mobilisé et prend part
au conflit mondial en qualité
d’infirmier.
n Écriture de Baal. (Il y invente
le personnage de Galgei, qui
deviendra par la suite Galy Gay
dans Homme pour homme)
n Grèves générales à Vienne
et à Berlin.
n Offensives allemandes
sur la Somme et la Flandre.
n Rupture des négociations
germano-russes.
n Armistice Bulgare.
n Armistice de Rethondes.
n Les Bolcheviks envahissent les
pays baltes.
n Rutherford :
l'atome.
n Écriture, entre Augsbourg
et Munich, de Tambours dans
la nuit (Trommeln in der Nacht),
inspiré par le mouvement
spartakiste (mouvement socialiste
puis communiste allemand,
dirigé Rosa Luxembourg).
Premier succès.
n Proclamation de la République
en Irlande : guerre civile.
n Iinstauration de la « République
des Conseils » par les Bolcheviks
en Hongrie.
n Signature du Traité de Versailles.
n Promulgation de la Constitution
de Weimar.
n Les Allemands évacuent les pays
baltes.
n Giraudoux : Elpénor.
n Gide : La Symphonie pastorale.
n Écriture de Dans la jungle
des villes (Im Dickicht der Städte),
dernière œuvre de jeunesse
où l’influence de Rimbaud
est manifeste.
n Harding :
président des États-Unis.
n Ultimatum des alliés à l'Allemagne
sur ses dettes de guerre.
n Mort de Pierre 1er de Serbie.
n Famine en Russie.
n Gide : Si le grain ne meurt.
1917
1918
1919
1921
désintégration
de
BERTOLT BRECHT
n Ministère Poincaré en France.
n Fin du protectorat anglais sur
l'Égypte.
n Staline : secrétaire
du Parti communiste soviétique.
n Grève générale en Italie, Mussolini
prend le pouvoir.
n Mauriac : Le Baiser aux lépreux.
n J. Joyce : Ulysses.
n Martin Du Gard : Les Thibault.
n Rejoint, avec l’actrice Hélène Weigel,
le Deutsches Theater de Max
Reinhardt à Berlin où Elisabeth
Hauptmann devient sa maîtresse et
son “nègre”. Ses premières œuvres,
marquées par le nihilisme et l’anarchisme, y sont montées. En plus de
ses œuvres sociales, à coloration marxiste grandissante, il développe sa
théorie de “théâtre épique”. Se base
sur l’œuvre de Christopher Marlowe
pour écrire La vie d’Edouard II
d’Angleterre.
n Mort de Lénine.
n Cabinet Mac Donald en
Angleterre : 1er ministère travailliste.
n En France élection du Cartel
des Gauches. Ministère Herriot.
n La France reconnaît
l’Union soviétique.
n Valéry : Eupalinos.
n Romains : Knock.
n Th. Mann :
La Montagne magique.
n Eisenstein :
Le Cuirassé Potemkine.
n Écriture d’Homme pour homme
(Mann ist Mann).
n Instaure une nouvelle esthétique
pour inciter le spectateur
à la réflexion.
n Ministère Painlevé en France.
n Création des SS en Allemagne.
n Pacte de Locarno.
n Traité sovieto-japonais.
n Suffrage universel institué
au Japon.
n Fondation du Cartel avec Jouvet,
Dullin, Baty, Pitoëff.
n Ballanchine devient chorégraphe
des ballets russes.
n Première exposition de peintures
surréalistes, rue Bonaparte.
n Suis l’enseignement de Karl Kosh,
théoricien marxiste et membre
communiste du Reichstag.
n Première version d’Homme pour
homme, transposée en Inde sous
l’impulsion de Rudyard Kipling.
n Première représentation
simultanée d’Homme pour
Homme au Landestheater
de Darmstadt et au Schauspielhaus
de Düsseldorf.
n Ministère Poincaré.
n Mussolini prend le pouvoir en
Italie.
n Traité de non-agression germanosoviétique.
n L’Allemagne est admise à la SDN.
n Baty : Le Masque et l’Encensoir,
introduction à une esthétique du
théâtre. Bloud et Gay
n Ravel/Colette : L’Enfant et les
Sortilèges.
n Max Ernst : première exposition de
ses œuvres à la Galerie Van Leer à
Paris.
n Membre dirigeant d’un groupe
de théâtre prolétarien, fondé par
Erwin Picastor.
n Il fait la connaissance du compositeur Kurt Weill.
n Première version publiée
d’Homme pour Homme
aux éditions Propyläen, Berlin.
n Fin du contrôle allié en Allemagne.
n Éxécution de Sacco et Vanzetti
aux États-unis.
n Trotski exclu du parti en URSS.
n Collectivisation de l’agriculture
en URSS.
n Antonin Artaud et Roger Vitrac
fondent le Théâtre Alfred Jarry et
montent “le Songe”
de Strindberg.
n Stravinski/Cocteau : Œdipus Rex.
n Aragon, Eluard, Breton adhèrent
au PCF.
n Lindbergh traverse l’Atlantique en
avion.
n Avec Kurt Weill, ils font une
réinterprétation de L’Opéra des
gueux de John Gay, œuvre du 18e
siècle: L’Opéra de quat’sous (Die
Dreigroschenoper), livret de
B. Brecht d’après J. Gay, partition
de K. Weill d’après Pepusch.
Ce sera l’un des plus grands
succès théâtraux de la République
de Weimar, le Theater am
Schiffsbauerdamm est désormais
à sa disposition.
n Pacte Briand-Kellog mettant
la guerre hors la loi.
n Lois sur les assurances sociales
obligatoires en France.
n Massacres de Juifs en Palestine.
n Hoover : président des États-Unis.
n Grande-Bretagne :
droit de vote étendu aux femmes.
n Giraudoux : Siegfried (mis en
scène par Jouvet à la Comédie
des Champs-Élysées).
n Murnau : Nosferatu le vampire.
n Serge Lifar à l’Opéra.
1925
1926
1927
1928
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Il reçoit le prix Kleist pour les trois
pièces expressionnistes Baal,
Tambours et Dans la jungle
des villes, qui seront toutes créées
dans la foulée.
1922
1924
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
BERTOLT BRECHT
1929
1930
1931
1933
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Mariage avec Hélène Weigel. Suite
n Création de l’État du Vatican.
au jeudi noir, il opère des modifications n Ministère Briand.
sur le texte d’Homme pour
n Jeudi noir : effondrement
homme. Élaboration de Pièces
de Wall Street.
didactiques, (Lehrstücke) qui ont
pour but une tentative unique
et particulière d’insérer les pensées
philosophiques et politiques marxistes
dans son œuvre comme éléments
esthétiques et dramatiques.
L’Importance d’être d’accord,
présentée au festival de Baden-Baden.
n
n
n
n
n Grandeur et décadence
de la ville de Mahagonny
(Das Badener Lehrstücke
von Einverständnis). En annexe,
il formule théoriquement sa théorie
du Théâtre épique, esthétique
nouvelle initiée l’année précédente,
et continue son écriture de
Lehrstückes : Sainte Jeanne
des abattoirs, Celui qui dit oui,
celui qui dit non, La Décision et
L’exception et La Règle.
n Campagne de boycott
des produits anglais en Inde.
n Arrestation de Gandhi.
n Arrêt total de l’immigration
aux États-Unis.
n Élections en Allemagne :
le parti nazi devient le second
parti allemand.
n Cocteau : La Voix humaine.
n Buñuel : L’Âge d’or.
n Ouverture du Théâtre Pigalle.
n La Mère (Die Mutter).
n Nouveau remaniement
d’Homme pour homme.
Première représentation de la
version de 1931 au Staatliches
Schauspielhaus de Berlin.
n Ministère Laval.
n Accords Gandhi-Lord Irwin
sur la fin de la désobéissance
civile en Inde.
n Crise financière sur toute
l’Europe.
n Le Japon s’empare
de la Mandchourie.
n Exposition coloniale à Paris.
n Giraudoux : Judith.
n Guitry : Franz Hals
ou l’admiration.
n Pagnol : Fanny.
n Fondation de la Fédération du
Théâtre ouvrier français.
n Arrivée au pouvoir des nazis:
interdiction et autodafés
de ses œuvres jugées progressistes, retrait de sa nationalité.
Brecht décide de s’exiler. Il passe
par Prague, Vienne et Zurich
et s’établit à Svendborg en
Scandinavie. Il va écrire une grande
partie de son œuvre pendant
cette période.
n Têtes rondes et têtes pointues
n Incendie du Reichstag.
n Daladier : président du Conseil.
n Hitler chancelier d’Allemagne,
puis obtient les pleins pouvoirs.
n Roosevelt : message du New Deal.
n Ouverture du camp de Dachau.
n Les États-Unis reconnaissent
l’URSS.
n Abrogation de la prohibition
aux États-Unis.
n Antonin Artaud : Le Théâtre de
la cruauté.
n Mort de Gemier.
n Brecht se rend à New York pour
la première américaine de La Mère.
n Rétablissement du service militaire en Allemagne.
n L’armée italienne envahit l’Éthiopie.
n Lois antisémites de Nuremberg.
n Traités d’assistance mutuelle
franco-soviétique et soviéto-tchécoslovaque.
n Giraudoux : La Guerre de Troie
n’aura pas lieu.
n Jean-Louis Barrault : Autour
d’une mère (premier spectacle).
n Les Fusils de la mère Carrar
(Gewehre der Frau Carrar).
n Mère Courage et ses enfants
(Mutter Courage und ihre Kinder).
n Bombardement de Guernica
par l’aviation allemande.
n Démission de Blum auquel
le sénat a refusé les pleins
pouvoirs financiers.
n Les armées japonaises occupent
Pékin.
n L’Italie quitte la SDN.
n Giraudoux : Electre
n Anouilh : Le Voyageur sans
bagages.
n Cocteau : Les Chevaliers de la
Table Ronde.
n Jean Zay fait transformer le
Théâtre du Trocadéro en salle
du Palais de Chaillot.
Giraudoux : Amphitryon 38.
Achard : Jean de la Lune.
Pagnol : Marius.
Mort de Diaghilev.
(Die Rundköpfe und die Spitzköpfe).
1935
1937
BERTOLT BRECHT
1938
n Anschluss : annexion de l’Autriche
au Reich.
n Fin du font Populaire.
n Gouvernement Daladier.
n Législation antisémite en Italie.
n Hitler exige le retour des Sudètes
à l’Allemagne.
n Cocteau : Les Parents terribles.
n Baty : Dulcuné.
n Honegger/Lifar : Cantique des
Cantiques Opéra-Ballet.
n Artaud : Le théâtre
et son double.
n Le Procès de Lucullus
(Das Verhör des Lucullus).
n Les franquistes s’emparent
de Barcelone.
n Hitler réclame le retour de Dantzig
et du Corridor à l’Allemagne.
n Pacte de non-agression germanosoviétique.
n Déclaration de guerre de la GB
et de la France à l’Allemagne.
n Invasion soviétique de la Pologne.
n La Poznanie est annexée
à l’Allemagne.
n L’URSS est exclue de la SDN.
n Giraudoux : Ondine.
n Invasion du Danemark par l’Axe.
n Brecht et sa femme se réfugient
en Suède puis en Finlande.
n Formation du cabinet P. Reynaud.
n Offensive générale allemande.
n L’Italie déclare la guerre à la GB
et à la France.
n Entrée des troupes allemandes
à Paris.
n Gouvernement Pétain à Vichy.
n Appel du 18 Juin par de Gaulle.
n Loi sur le statut des juifs
en France.
n Hitler décide l’invasion de l’URSS.
n Laval : renvoyé du gvt et arrêté.
n Cocteau : Les Montres sacrés.
n Anouilh : Léocadia.
n Après leur errance scandinave, ils
élisent domicile à New York.
n Maître Puntila et son valet Matti
(Herr Puntila und sein Knecht Matti).
n La Résistible Ascension d’Arturo
Ui (Der aufhaltsame Aufstieg
des Arturo Ui).
n Création à Zurich
de Mère Courage,
version sans chansons.
n Charte de l’Atlantique entre
Roosevelt et Churchill.
n Attaque japonaise à PearlHarbour.
n L’Allemagne et l’Italie déclarent
la guerre aux États-Unis.
n Début de la contre-offensive
soviétique.
n Jouvet quitte Paris.
n Dullin dirige le Théâtre de la Cité
(ex Sarah Bernhardt).
n Comme beaucoup d’écrivains en
exil, il va vivre à Hollywood
et travailler pour le cinéma,
notamment sur une adaptation
de La vie de Galilé
avec Charles Laughton.
n Les Visions de Simone Machard
(Die Gesichte des Simone
Machard).
n Port de l’étoile jaune imposé
aux juifs de la zone occupée.
n Occupation de la zone libre
par l’armée allemande.
n Bataille de Stanlingrad.
n Mobilisation des Lorrains et des
Alsaciens dans l’armée allemande.
n Camus : L’Étranger.
n Schweik dans la Seconde
Guerre mondiale (Schweyk im
zweiten Weltkrieg).
n Capitulation allemande
à Stalingrad.
n Instauration du service
de travail obligatoire en France.
n Staline devient Maréchal
de l’URSS.
n Capitulation germano-italienne
en Tunisie.
n Capitulation de l’Italie qui déclare
la guerre à l’Allemagne.
n Sartre : Les Mouches.
n Giraudoux :
Sodome et Gomorrhe.
n Mort d’André Antoine.
1940
1942
1943
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Grand-peur et misère du IIIe Reich
(Furcht und Elend des Dritten Reiches).
n La vie de Galilée
(Leben des Galilei).
n La Bonne âme du Sichuan
(Der gute Mensch von Sezuan).
n Nouvelle édition
d’Homme pour homme, version
de 1931 encore modifiée
dans le 1er volume
des œuvres complètes,
éditions Malik, Londres.
1939
1941
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
BERTOLT BRECHT
n Le Cercle de craie caucasien
(Der kaukasische Kreidekreis).
1948
1949
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Conférence de Yalta.
n Mort de Roosevelt, Truman pdt.
n Organisation de L’ONU.
n Pétain se constitue prisonnier.
n Execution de Mussolini.
n Suicide d’Hitler.
n Capitulation sans condition du
IIIe Reich à Reims et à Berlin.
n Bombe atomique sur Hiroshima
et Nagasaki.
n Le Japon demande l’armistice.
n Gouvernement de Gaulle.
n Camus : Caligula.
n Giraudoux : La Folle de Chaillot
n Vilar met en scène La Danse de
mort de Strindberg
n Mort de Paul Valery et de Bela
Bartók.
n Adoption du Plan Monnet.
n Vincent Auriol : président de la
République.
n Plan Marshall.
n Exodus : 5000 juifs clandestins
partent pour la Palestine.
n Indépendance de l’Inde
et du Pakistan.
n Grèves violentes en France.
n Plan de partage de la Palestine
par l’ONU.
n Genet : Les Bonnes.
n Camus : La Peste.
n Gide reçoit le Prix Nobel.
n 1er Festival d’Avignon :
Vilar monte Richard II.
n Jean-louis Barrault met en scène
Le Procès.
n Petit Organon pour le théâtre.
Dans cette œuvre, Brecht
va exprimer sa théorie du Théâtre
épique et de la distanciation,
thèmes qu’il avait déjà abordés
dans ses Lehrstückes.
n Assassinat de Gandhi.
n Terrorisme arabe et juif
en Palestine.
n Création de l’OECE.
n Proclammation de l’Etat d’Israël,
reconnu par les États-unis
et l’URSS.
n Début du blocus de Berlin.
n Truman réélu président
des États-unis.
n Suicide d’Antonin Artaud
n Sartre : Les Mains sales
n Vian :
J’irai cracher sur vos tombes
n Claudel : Partage de midi
n Brecht obtient la nationalité
autrichienne, s’installe à Berlin Est
et fonde avec Hélène Weigel le
“Berliner Ensemble”, leur troupe
officielle, installée au Deutches
Theater.
n Les Jours de la Commune
(Die Tage der Commune).
n Signature du Traité
de l’Atlantique Nord.
n Israël admis à l’ONU.
n Les soviétiques lèvent le blocus
de Berlin.
n Promulgation de la loi fondamentale de la RFA.
n Mao : président de la République
populaire chinoise.
n Proclamation de la RDA.
n
n
n
n
n La Dialectique au théâtre, Essai.
n Fondation du FLN en Algérie.
n Retour au pouvoir de Churchill.
n Emeutes anti-françaises
à Casablanca.
n Ionesco : La Leçon.
n Sartre : Le Diable et le Bon Dieu
n Vilar au TNP.
n Mort de Gide, Jouvet
et de Ludmilla Pitoëff.
n Nouveau remaniement
d’Homme pour homme, édition
de la version de 1953 dans
le volume 2 des Premières pièces,
éditions Suhrkamp, Berlin/ouest.
n Mort de Staline.
n Démission de David Ben-Gourion
en Israël.
n René Coty : président
de la République Française.
n Intervention de l’armée soviétique
en RDA et à Berlin-Est.
n Beckett : En attendant Godot.
n Ionesco : Victimes du devoir.
n Claudel : Christophe Colomb.
n Giraudoux : Pour Lucrèce.
n Mort de Colette, Bernstein,
Prokofiev, Dufy.
n Découverte des manuscrits
esséniens de la mer morte.
1945
1947
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
n Antigone.
n En octobre, dans une Amérique
où le Maccarthysme bat son plein,
il comparait devant la “Commission
des activités anti-américaines”
à cause de ses idées marxistes.
Il va décider son retour en Europe.
Il transite par la Suisse,
les autorités alliées lui refusant
son entrée en Allemagne de l’ouest.
Claudel : Le Pain dur.
Genet : Haute surveillance.
Pitoëff : Notre théâtre.
Mort de Dullin, de Copeau.
1951
1953
BERTOLT BRECHT
1954
LETTRES, SCIENCES, ARTS
n Turandot, ou le congrès des
blanchisseurs (Turandot oder der
Kongress der Weisswäscher).
n Brecht reçoit le prix Staline
et entreprend da publication
de ses œuvres complètes.
n Le Berliner Ensemble présente
Mère Courage de Brecht
au Premier festival international
de Paris (ex-Théâtre de la Ville).
n Campagne contre la misère
lancée par l’abbé Pierre.
n Gouvernement Pierre MendèsFrance.
n Accords de Genève : Armistice
en Indochine et partage
du Viêt-nam.
n Autonomie interne de la Tunisie.
n Vague d’attentats en Algérie.
n Fin du Mac Carthisme.
n Dernière édition de la version
de 1953 dans le volume 2
des Pièces, éditions Aufbau,
Berlin/DDR.
n L’Égypte interdit le canal de Suez
aux navires israëliens.
n Chute du gouvernement
Mendes-France : gouvernement
Edgar Faure.
n Apartheid
n Churchill quitte le pouvoir.
n Attaque du FLN contre des centres européens du Constantinois.
n Indépendance du Cambodge
n Fin du protectorat sur le Maroc.
n Ionesco :
Jacques ou la soumission.
n Beckett : Nouvelles et textes
pour rien.
n Mort de Claudel, Honneger
et Einstein.
n Voyage à Milan pour voir la mise
en scène de L’Opéra de
quat’sous par Giorgio Strehler.
n 14 août, Brecht meurt à Munich.
Sa femme continuera à diriger
le Berliner Ensemble.
n Gouvernement Guy Mollet.
n Indépendance du Maroc
et de la Tunisie.
n Programme de révolution
algérienne du FLN.
n Insurrection de Budapest.
n L’armée soviétique est
en Hongrie.
n Seconde guerre israëlo-égyptienne.
n Eisenhower élu président
des États-Unis.
n Genet : Les Bonnes.
n Ionesco : L’Impromptu
de l’Alma.
n Mort d’Utrillo.
1955
1956
EVÉNEMENTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES
LA MUSIQUE DE SCÈNE
DE PAUL DESSAU
Extrait de Histoire de la musique occidentale, Brigitte et Jean Massin,
FAYARD
« Le plus exclusivement « brechtien » des compositeurs de Brecht est sans
doute Paul Dessau (1894-1979), qui se plaisait à reconnaître comment, grâce au
dramaturge, il avait pu définir enfin clairement son art et sa conscience politique. Après avoir fait une carrière de direction dans l’Allemagne de Weimar
(Hambourg, Cologne, Mayence, Berlin) et un début comme compositeur de
musique de film, il s’était frotté au sérialisme grâce à Leibowitz, rencontré à
Paris en 1933, et fit la connaissance de Brecht aux USA en 1942. Il compose la
partition musicale d’une des plus belles pièces de Brecht, Mère Courage
(1946), ainsi que celle de deux autres pièces (Le Cercle de craie caucasien,
1954 ; Maître Puntila, 1966). Marxiste convaincu, il s’installe à Berlin-Est après la
guerre et cherche à transposer ses convictions politiques sur son champ d’action professionnel. Comme chez Eisler, la musique doit pour lui « provoquer »
et mettre les sens en éveil ; elle ne doit ni prendre le pas sur le texte, ni lui être
bêtement soumise, mais doit en revanche « interpréter » le réel et aider le spectateur à prendre position. »
22
PARCOURS D’ACTEURS
CARMEN-MAJA ANTONI, en 1956, fait ses débuts à la
télévision pour enfants, elle a 11 ans. En 1962, elle
entre à l’École du Film de Babelsberg. En 1964, au
théâtre, elle joue Groucha dans Le Cercle de craie
caucasien. Elle est couronnée comédienne de l’année 1975 pour son interprétation d’Eva dans Maître
Puntila et son valet Matti, au Berliner Ensemble, où
elle est engagée en 1977. Elle y a plus de cinquante
rôles à son actif, dont la Chen Té de La Bonne Âme
du Sé Tchouan, ou Lucy de L’Opéra de quat’sous.
Sous la direction de Claus Peymann, elle joue Mère
Courage depuis 2005.
Sa présence dans des productions télévisées et des
séries policières contribue à son succès populaire. Elle
enseigne à la Ernst-Busch Schule, l’école de comédie
et de mise en scène la plus réputée d’Allemagne.
MANFRED KARGE a été engagé au Berliner Ensemble par
Helene Weigel en 1963 à l’âge de 25 ans, tout comme
son ami Matthias Langhoff. Immédiatement, ils y réalisent ensemble Petit Mahagonny, puis Le Commerce
de pain et inventent une nouvelle façon de lire et de
porter Brecht à la scène. Après le Berliner Ensemble,
pendant vingt ans, leurs noms semblent inséparables, à la Volksbühne avec Benno Besson et Heiner
Müller, puis aux côtés de Claus Peymann au Schauspielhaus Bochum où ils signent leur dernière mise
en scène commune en 1984. Manfred Karge accompagne alors Claus Peymann au Burgtheater à Vienne,
puis revient avec lui au Berliner Ensemble.
En France, depuis 1972, Manfred Karge est bien
connu des amateurs de théâtre, comme metteur en
scène : Le Commerce de pain, La Bataille, Le Prince
de Hombourg… ; comme acteur : Woyzeck au Festival d’Avignon… Et comme auteur dramatique: Marief
Guittier, depuis vingt-cinq ans, dirigée par Michel
Raskine, joue Jacke wie Hose/Max Gericke…
Aujourd’hui au Berliner Ensemble, il met en scène
Schweyk dans la Seconde Guerre mondiale ou Les
Dialogues d’exilés de Bertolt Brecht, et interprète de
grands rôles comme celui de Mauler dans Sainte
Jeanne des abattoirs.
CLAUDIA BURCKHARDT est née en 1953 à Berne. Après
ses études au Conservatoire de musique et de théâtre
de Berne, elle joue aux théâtres de Bochum, de Cologne et de Stuttgart. Elle est membre du Berliner
Ensemble depuis 2011.
RAPHAEL DWINGER est né en 1986 à Munich. Formé à la
Folkwang-Schule, à Bochum, il est engagé au Berliner Ensemble en 2013 où il joue le Templier dans
Nathan le Sage de Lessing et vient de participer à la
création par Claus Peymann du Procès de Kafka.
MICHAEL KINKEL est né en 1950 à Leipzig. Après un apprentissage de serrurier, il fait ses études de comédien à l’École supérieure Ernst Busch de Berlin. De
1974 à 1983, il joue au Landestheater de Halle. Puis,
pendant quelques années, il travaille au cabaret,
avant d’être engagé au théâtre de Meiningen. Depuis
2000, il est membre du Berliner Ensemble.
URSULA HÖPFNER-TABORI est originaire de Hanovre où,
de 1967 à 1971, elle se forme à la danse. Elle entre aux
ballets Kresnik à Brême, puis au théâtre de Hanovre.
Compagne de travail et de vie de George Tabori, elle
est associée à la plupart de ses aventures théâtrales.
Claus Peymann l’engage d’abord au Burgtheater à
Vienne puis, en 1999, au Berliner Ensemble.
GUDRUN RITTER, née en 1936 à Marienberg, a fait ses
classes de comédie à l’École supérieure de théâtre
de Leipzig. Elle a joué pendant de longues années
à Berlin au Deutsches Theater et au Berliner Ensemble
et collaboré à de nombreux films et productions de
télévision.
ROMAN KAMINSKI est né en 1951 à Dresde. Après un
apprentissagede typographe, il fait ses études de
comédien à l’École supérieure Ernst Busch de Berlin.
Il débute au Deutsches Theater, à Berlin, puis il joue
au Burgtheater, à Vienne. Avec Claus Peymann, en
1999, il entre au Berliner Ensemble.
23
MICHAEL ROTHMANN, comédien amateur à Erfurt depuis
l’âge de 14 ans, a été formé à la Ernst-Busch Schule.
Engagé en 2000 au Berliner Ensemble, il y a déjà
tenu plus de 40 rôles, sous la direction de Peter Stein
dans Wallenstein de Schiller, de Robert Wilson dans
Léonce et Léna de Büchner, de George Tabori dans
En attendant Godot de Beckett et de Claus Peymann
dans Richard II de Shakespeare.
MARKO SCHMIDT, né en 1977 à Prenzlau, fait ses études
de comédien à l’École supérieure de théâtre Ernst
Busch à Berlin. Depuis 2003, il est membre du Berliner
Ensemble.
MARTIN SCHNEIDER, né en 1959, fait ses études à l’École supérieure de musique et de théâtre de Hanovre.
Il a joué, entre autres lieux, au Landestheater de Tübingen, au Städtische Bühnen de Nuremberg, au Théâtre
de Bâle et au Schauspielhaus de Düsseldorf. Depuis
2006, il est membre du Berliner Ensemble.
VEIT SCHUBERT est né en 1960 à Pirna. Après une formation de comédien, il joue pendant trois ans au
Staatstheater de Schwerin. Depuis 1989, il est membre du Berliner Ensemble. Depuis 1997, il enseigne
à l’École supérieure de théâtre Ernst Busch.
KARLA SENGTELLER est née à Brême en 1990. Formée
à l’université des Arts de Berlin, elle est engagée en
2013 au Berliner Ensemble où, sous la direction de
Jutta Ferbers, elle joue dans Lait noir de l’aube - Le poète Paul Celan. Elle a commencé à reprendre divers
rôles du répertoire, dans La Cruche cassée d’Heinrich
von Kleist, dans L’Éveil du printemps de Frank Wedekind et dans Mère Courage.
MARTIN SEIFERT, élève de la Ernst-Busch Schule de 1971
à 1974, est comédien permanent du Berliner Ensemble
depuis 1978. Il a joué dans La Résistible Ascension
d’Arturo Ui, mis en scène par Heiner Müller et présenté au TNP de Villeurbanne et au Théâtre de la
Ville de Paris.
AXEL WERNER, né en 1945 à Berlin, quitte l’école en
cours de scolarité et, pendant trois ans, travaille comme
boulanger. Il débute au théâtre comme machiniste,
joue de petits rôles et finit par faire des études de
comédien à la Staatliche Schauspielschule de Berlin.
Il joue à Senftenberg, Magdebourg, Schwerin, puis
à Berlin, d’abord à la Volksbühne et, depuis 1988,
au Berliner Ensemble.
24
CLAUS PEYMANN
metteur en scène & intendant général
Le nom de Claus Peymann est inséparable de très
grandes dates de la mise en scène et de l’écriture
dramatique de langue allemande : le 8 juin 1966, par
exemple, date à laquelle il entre dans l’histoire du
théâtre, à l’âge de 29 ans, en créant Outrage au public,
la toute première « pièce parlée » de Peter Handke
au Theater am Turm de Francfortsur- le-Main.
© Peter Sierigk
Du même Peter Handke, La Chevauchée sur le lac de
Constance marque sa brève participation à la fondation de la Schaubühne am Halleschen Ufer à Berlin
en 1971. Puis ce fut, au Schauspielhaus de Hambourg,
la création des Hypochondres, la première pièce de
Botho Strauss, et Une fête pour Boris, la première
pièce de Thomas Bernhard.
Depuis lors, c’est-à-dire depuis le début des années
1970, où qu’il fût, Claus Peymann apporta à Thomas
Bernhard les moyens de production dont il disposait, son énergie, son talent de metteur en scène et
les meilleurs interprètes de langue allemande pour
assurer la première publique d’une douzaine de
pièces. Il assura ainsi la naissance au public de l’œuvre de Thomas Bernhard, mais aussi celle de Peter
Handke, d’Elfriede Jelinek, de Peter Turrini, de Franz
Xaver Kroetz, de Christoph Ransmayr…
Intendant général du Württembergisches Staatstheater
de Stuttgart de 1974 à 1979, du Schauspielhaus de
Bochum de 1979 à 1986, du Burgtheater de Vienne
de 1986 à 1999 et maintenant du Berliner Ensemble,
ses spectacles ont été présentés aux festivals de
Téhéran et de Tokyo, au Shakespeare Festival de Stratford, à la Biennale de Venise, au Bitef de Belgrade
et au Holland Festival.
À vingt reprises, ils ont figuré dans la très rigoureuse
sélection du Theatertreffen de Berlin. L’Odéon-Théâtre
de l’Europe l’invita à donner la première représentation en France d’une pièce rare de Heinrich von Kleist,
La Bataille d’Arminius, car son engagement radical
aux côtés des poètes dramatiques contemporains
ne l’a jamais détourné des classiques européens, en
particulier Shakespeare, Kleist, Schiller et Goethe.
Récemment, il a monté une version théâtrale du Procès
de Kafka.
Depuis qu’il dirige le Berliner Ensemble, le répertoire
est constitué à parts égales d’œuvres classiques et
de pièces de dramaturges contemporains allemands.
Trente-six spectacles sont actuellement à l’affiche
dans cinq lieux, signés par Claus Peymann et une
douzaine de metteurs en scène invités, notamment
Robert Wilson, Peter Stein, Peter Zadek, Luc Bondy,
Thomas Langhoff, Manfred Karge…
JUTTA FERBERS
dramaturge
Née en 1957 à Cologne, Jutta Ferbers est engagée
en tant que dramaturge d’abord à Landshut puis, à
partir de 1983, au Schauspielhaus de Bochum que
dirige alors Claus Peymann. En 1986, elle accompagne Claus Peymann et Hermann Beil à Vienne. Elle y
participe notamment à la production de Richard III de
Shakespeare, de Place des héros de Thomas Bernhard,
ainsi qu’à la création des pièces de Peter Handke,
L’Heure où nous ne savions rien l’un de l’autre. Outre
sa collaboration permanente avec Claus Peymann,
elle travaille également avec les metteurs en scène
Ruth Berghaus, Achim Freyer, Leander Haußmann,
Hans Neuenfels, Tamás Ascher, Peter Zadek, George
Tabori et Robert Wilson. Depuis 1999, elle est dramaturge et membre de la direction du Berliner Ensemble. Elle y met en scène des pièces de Peter
Handke, Kurt Tucholsky, Jean Anouilh, et des
soirées Wilhelm Busch, Frank Wedekind, Heinrich
Heine et Paul Celan.
25
26
ET LE REQUIN, IL A DES DENTS…
Depuis sa première apparition sur la scène du Berliner Ensemble en 1963 sur le ring d’un Petit Mahagonny
où il jouait Joe-Loup de l’Alaska, Manfred Karge a mis en scène dix-sept pièces de Brecht dont il a interprété
– et chanté – quelques-unes des grands rôles, il a exploré les recoins secrets des œuvres fragmentaires, il
s’est construit son répertoire de comédien-chanteur…
Pour cette tournée d’automne du Berliner Ensemble à Paris, Manfred Karge a passé en revue les œuvres dramatiques de Brecht pour y cueillir au passage des songs, des poèmes, des ballades, des chœurs, et tracer avec
le concours de neuf comédiens-chanteurs et quatre musiciens un parcours théâtral, lyrique et musical : de la
prime jeunesse à l’âge mûr, de la rébellion à l’engagement, de la complainte populaire à la marche militante,
du plus connu – La Complainte de Mackie ou Le Chant des Canons… au plus secret – La Ballade de la comtesse et du garde forestier que chantent les femmes du domaine de Puntila ou la petite Chanson du Père
Josèphe dans Les Jours de la Commune. Ce programme comporte quelques airs majeurs extraits de pièces fort
peu jouées en France comme Têtes rondes et têtes pointues ou Schweyk dans la Seconde Guerre mondiale. Manfred
Karge sera lui-même en scène en compagnie d’Alain Libolt qui conduira en français cette revue sur des airs
de Kurt Weill, Paul Dessau, Hanns Eisler, Hans Dieter Hosalla, Tobias Schwencke…
n La Condamnation de Lucullus /
Claudia Burckhardt, Ursula Höpfner-Tabori,
Karla Sengteller, Katharina Susewind,
Roman Kaminski, Manfred Karge,
Michael Rothmann, Martin Schneider,
Veit Schubert, Jörg Thieme
& Alain Libolt
AVEC
PAUL DESSAU / TOBIAS SCHWENCKE
Le Grand Lucullus est mort
n Têtes rondes et têtes pointues / HANNS EISLER
De l’action vivifiante de l’argent
La Chanson de la prostitution
Ah, comme je souhaitais que ne finisse jamais
mon enfance
n La Résistible Ascension d’Arturo Ui /
Tobias Schwencke PIANO
Silke Eberhard SAXOPHONE, CLARINETTE
Cathrin Pfeifer ACCORDÉON
Jo Bauer PERCUSSIONS
HANS DIETER HOSALLA
La Chanson du coup de peinture
n Mère Courage et ses enfants / PAUL DESSAU
La Chanson de la femme et du soldat
La Chanson de la fraternisation
n La Bonne Âme du Sé-Tchouan
Manfred Karge
Bertolt Brecht, Kurt Weill, Paul Dessau,
Hanns Eisler, Hans Dieter Hosalla
DIRECTION MUSICALE Tobias Schwencke
COSTUMES Wicke Naujoks
CONCEPTION & MISE EN SCÈNE
MUSIQUES DE
PAUL DESSAU / TOBIAS SCHWENCKE
La Chanson de la vulnérabilité des Dieux et des Bons
n Maître Puntila et son valet Matti / PAUL DESSAU
La Chanson du forestier et de la belle comtesse
n Dialogues d’exilés
Les hommes, voilà ce qui fait échouer toutes
les grandes idées
n Schweyk dans la Seconde Guerre mondiale /
PROGRAMME
n Baal / BERTOLT BRECHT
Choral de l’homme Baal
n Un homme est un homme
Monsieur Brecht l’affirme…
n L’Enfant d’éléphant / TOBIAS SCHWENCKE
Ah, ce qu’on s’amusait en Ouganda
n Mahagonny / KURT WEILL
Havannas Lied
n L’Opéra de quat’sous / KURT WEILL
Complainte de Mackie Messer
Chant des canons
La fiancée du pirate ou le rêve d’une fille de cuisine
n Happy End / KURT WEILL
Ball de Bill à Bilbao
n La Mère / HANNS EISLER
Ils ont des lois et des décrets…
HANNS EISLER
La Chanson de la femme du soldat nazi
Le Miserere allemand
La Chanson de la Moldau
n Le Cercle de craie caucasien / PAUL DESSAU
Toi que j’aime, toi que j’aime…
n Les Jours de la Commune / HANNS EISLER
Aucun ou bien tous
La Chanson de l’extra
Jour de Pâques à Bal-sur-Seine
& Happy End / KURT WEILL
La Chanson de Surabaya Johnny
27
28
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
ŒUVRES THÉÂTRALES
• Brecht, Bertolt, Gesammelte Werke, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1967.
• Brecht, Bertolt, Werke. Grosse kommentierte Berliner und Frankfurter Ausgabe,
Suhrkamp Verlag et l’Aufbau Verlag, 1988.
• Brecht, Bertolt, Théâtre complet, Paris, L’Arche Éditeur, 1975-1979.
• Brecht, Bertolt, Fatzer, fragment, montage de Heiner Müller, Paris, L’Arche Éditeur, 1989.
POÈMES
• Brecht, Bertolt, Poèmes, Paris, L’Arche Éditeur, 9 volumes.
ÉCRITS THÉORIQUES ET CRITIQUES
• Brecht, Bertolt, Écrits sur le théâtre, Paris, L’Arche Editeur, 1972 et 1979 (2e édition), 2 volumes.
ÉTUDES CRITIQUES PORTANT SUR L’ENSEMBLE DE L’ŒUVRE
• Benjamin, Walter, Essais sur Bertolt Brecht, Paris, Maspero, 1969
• Dort, Bernard, Lecture de Brecht, Paris, Seuil, 1960.
• Szondi, Peter, Théorie du drame moderne, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1983, p. 97-103.
• Bertolt Brecht, I et Il, sous la direction de B. Dort et J.F. Peyret, Cahiers de l’Herne, n° 35/1 et 35/2,
l’Herne, Paris, 1979-1982.
REVUES
• La Nouvelle critique 1970. Entretiens avec Bernard Sobel et Jacques Rosner, page 89.
• Le destin de Brecht, du brechtisme et du Berliner Ensemble par Jean Jourdheuil.
Théâtre Public N°195 Théâtre et politique : la crise tombe-t-elle du ciel ? mars 2010
29
Téléchargement