Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 1 Numéro Spécial Hypersensibilité 2010 PROPHYLAXIEInfos Informations pratiques sur la prévention en hygiène bucco-dentaire John Spencer – Hypersensibilité dentinaire: présentation de patients et point de vue de dentistes sur sa prise en charge Mark Wolff – Solution contre l’hypersensibilité dentinaire pour vous et vos patients Raffaella Docimo – Efficacité d’un traitement à domicile basé sur la technologie Pro-ArginTM – Données cliniques Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 2 Mentions légales /Sommaire / Éditorial Éditorial Éditeur (Responsable en vertu du droit de presse): GABA Laboratoires 60 avenue de l’Europe · 92270 Bois-Colombes Directeur Affaires Scientifiques: Marianne Le Reste Directeur Marketing: Marie-Agnès Richard PR & Communication: Dr Stefan Hartwig Cher Confrère, Au nom de GABA Laboratoires, je suis heureuse de vous présenter ce numéro spécial de notre magazine professionnel «PROPHYLAXIE Infos». Conception: eye-con Medienagentur Lechenicher Str. 29 · 50374 Erftstadt · Allemagne Ce numéro est consacré à l’hypersensibilité dentinaire et à la nouvelle technologie Pro-Argin™ de Colgate (distribuée en France par les Laboratoires GABA), dont la capacité à soulager instantanément et durablement l’hypersensibilité dentinaire a été démontrée. Cette nouvelle technologie exclusive a été intégrée dans deux nouveaux produits. L’opinion des auteurs ne reflète pas nécessairement celle de l’éditeur. La reproduction et la publication d’extraits sont autorisées sous réserve de citation de la source. Comment la technologie Pro-Argin™ bloque-t-elle la douleur? L’arginine provoque l’obturation des canalicules dentinaires, ce qui empêche la transmission des stimuli à l’origine de la douleur. Cette obturation reste intacte, même après une exposition aux acides. Sommaire Hypersensibilité dentinaire: présentation de patients et point de vue de dentistes sur sa prise en charge Prof John Spencer, Adélaïde, Australie 3 Prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire dans la pratique dentaire omnipratique Prof Nicola X. West, Bristol, Royaume Uni 7 Traitement des patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire dans un cabinet dentaire Prof Birgitta Söder, Huddinge, Suède 12 Qualité de vie liée à la santé orale chez les patients présentant des collets denudés et hypersensibles Dr Katrin Bekes, Halle, Allemagne Prof Christian Hirsch, Leipzig, Allemagne 14 Une solution contre l’hypersensibilité dentinaire pour vous et vos patients Prof Mark S. Wolff, New York, USA 17 Pâte à polir désensibilisante professionnelle utilisant la technologie Pro-Argin™ de Colgate® Dr Kaj Stoltze, Copenhagen, Danemark 19 Informations récentes sur la réduction de l’hypersensibilité dentinaire Prof Raffaella Docimo, Rome, Italie 21 La pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Relief (Pro-Apaisant™ en France) permet d’apporter à vos patients un soulagement immédiat et durable de l’hypersensibilité dentinaire en une seule application réalisée au cabinet dentaire. Elle peut être appliquée avant ou après des actes dentaires, comme le nettoyage et le détartrage; elle rend les actes dentaires plus confortables et moins stressants pour vous et vos patients. Le deuxième produit désensibilisant doté de la technologie Pro-Argin™ est le dentifrice Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ conçu pour l’hygiène quotidienne des dents sensibles; il permet de soulager durablement l’hypersensibilité dentinaire. Il s’agit du premier dentifrice dont la capacité à apporter un soulagement immédiat de l’hypersensibilité dentinaire a été démontrée dans le cadre d’études cliniques; il suffit d’appliquer directement le produit sur la dent sensible avec le bout du doigt et de masser doucement pendant une minute. La technologie Pro-Argin™ a fait l’objet de nombreuses études; ses effets bénéfiques sur la santé bucco-dentaire ont été scientifiquement et cliniquement prouvés. Outre les articles publiés dans ce numéro de la revue PROPHYLAXIE Infos, l’on peut citer trois autres numéros spéciaux de revues scientifiques: deux numéros du Journal of Clinical Dentistry (2009 XX N 2 et 2009 XX N 4) et un numéro de l’American Journal of Dentistry (2009, Vol. 22, numéro spécial A). Nous espérons que vous trouverez cette dernière édition utile et intéressante; nous vous encourageons à nous faire part de votre avis. Bien cordialement, Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ avec la technologie Pro-Argin™ 24 Dr Marianne Le Reste Directeur Affaires Scientifiques GABA France 02 Numéro Spécial 2010 PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 3 Numéro Spécial Hypersensibilité Hypersensibilité dentinaire: présentation de patients et point de vue de dentistes sur sa prise en charge Prof John Spencer, School of Dentistry, University of Adelaide, Australie En Australie, environ un patient sur 10 consultant un généraliste souffre d’hypersensibilité dentinaire. L’hypersensibilité dentinaire est accompagnée de douleur et d’anxiété; son impact social est étonnamment important par rapport aux autres diagnostics dentaires. Les facteurs prédisposants et déclencheurs, ainsi que la biologie sous-jacente du mécanisme douloureux associé à l’hypersensibilité dentinaire pris en compte par les dentistes australiens, expliquent les différentes stratégies de prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire. Les attentes quant aux résultats du traitement entrent également en jeu dans l’explication de ces différentes stratégies. Ces points de vue peuvent être utilisés pour décrire la thèse dominante de prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire, qui à son tour définit le contexte dans lequel toute nouvelle approche ou tout nouvel agent thérapeutique sera évalué par les dentistes avant d’être adopté. Introduction La santé bucco-dentaire des adultes connaît une époque de transition. L’idée selon laquelle la plupart des individus perdraient la majorité de leurs dents au cours de leur existence n’a plus cours; aujourd’hui, il est admis au contraire, qu’ils conserveront la majorité de leurs dents. Cette transition épidémiologique est associée à certaines conséquences paradoxales. La plupart des dents que l’on arrive aujourd’hui à conserver ont eu de nombreuses caries et/ou des antécédents de maladie parodontale. Ces dents sont également sujettes à de nouveaux problèmes, la plupart étant des maladies dégénératives chroniques. Parmi ces affections, l’on peut citer l’attrition, l’abrasion, les fractures et fissures cuspiennes de la couronne ou de la racine. Paradoxalement, cette situation est à l’origine d’un nouveau fardeau de maladies et d’affections et potentiellement d’un accroissement de symptômes comme la douleur et des sensations désagréables qui aboutissent à des consultations chez le dentiste. L’hypersensibilité dentinaire est l’une des causes possibles de tels symptômes. L’hypersensibilité dentinaire se caractérise par une douleur brève et aiguë émanant de la dentine exposée en réaction à des stimuli de nature thermique, tactile, liée à l’évaporation, osmotique ou chimique, que l’on ne peut imputer à aucune autre forme de défaut ou de pathologie dentaire (Canadian Advisory Board on Dentine Hypersensitivity 2003). Il est probable que la prévalence de l’hypersensibilité dentinaire augmentera du fait de la transition épidémiologique vers la conservation des dents. Les dentistes seront de plus en plus souvent confrontés à ce type de diagnostic, ainsi qu’à la prise en charge de ce trouble. PROPHYLAXIEInfos La sensibilisation des dentistes à l’hypersensibilité dentinaire par leurs patients et les différentes stratégies de prise en charge façonneront leur implication dans ce domaine de la dentisterie. Cet article a pour objectifs (1) de documenter la prévalence, l’étendue et l’impact de l’hypersensibilité dentinaire chez les patients de dentistes en Australie, (2) de définir, à partir de l’avis de ces dentistes, les facteurs prédisposants, les déclencheurs et la biologie sous-jacente du mécanisme douloureux associé à l’hypersensibilité dentinaire et (3) de donner l’avis de ces dentistes sur la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire dans leurs cabinets et par leurs patients à domicile. Prévalence, étendue et impact de l’hypersensibilité dentinaire La prévalence de l’hypersensibilité dentinaire varie selon les articles. Cette variation semble résulter des différentes méthodologies utilisées pour documenter la prévalence. Les études ne portent pas toutes sur la même population (population/groupes de patients d’hôpital universitaire, de clinique ou de cabinet privé), le mode d’identification des cas n’est pas identique (symptômes spontanément signalés/tests biomécaniques de tous les participants avec une gamme de stimuli), les participants sont d’âge et de sexe différents. Néanmoins, la prévalence de l’hypersensibilité dentinaire obtenue dans les cabinets privés où le signalement spontané des symptômes par les patients donne lieu à un diagnostic différentiel reflète le mieux la réalité pour la plupart des dentistes australiens. En Australie, deux études distinctes ont porté sur la prévalence de l’hypersensibilité dentinaire chez les patients de dentistes. Dans la première étude réalisée en 2001-02, un échantillon aléatoire de dentistes de la région sud de l’Australie a enregistré le principal diagnostic de problèmes dentaires de leurs patients un jour donné et ont transmis un questionnaire à chaque patient concernant la nature, la gravité et la durée des symptômes (Brennan & Spencer 2004). L’hypersensibilité dentinaire était le principal diagnostic de 3,5 % des patients. Le critère de diagnostic principal explique le niveau inférieur de la prévalence par rapport au chiffre généralement donné dans la littérature, à savoir 15 %, avec une plage de 10–30 % (Bartold 2006; West 2000). Dans la seconde étude, un échantillon aléatoire de dentistes australiens, membres de l’association «Australian Dental Association», ont été interrogés en 2006–07. Ces dentistes ont consigné le nombre de patients reçus au cours d’une semaine de travail, ainsi que les détails de tous les patients souffrant d’hyperNuméro Spécial 2010 30 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 4 Numéro Spécial Hypersensibilité sensibilité dentinaire, qu’il s’agisse ou non du diagnostic principal (Amarasena et al. en cours publication). Quelque 295 dentistes ont reçu 12.692 patients au cours de la semaine de référence; 1.149 patients (9,1%) présentaient une hypersensibilité dentinaire. Cette estimation de la prévalence est plus proche de la plage donnée par les autres études. Il est indispensable de comprendre que ces estimations reflètent un diagnostic effectué suite au rendez-vous de patients présentant des symptômes et non au cours d’un dépistage, par exemple en utilisant des facteurs de déclenchement comme l’air ou l’eau, de tous les patients ayant rendezvous au cours d’une journée ou d’une semaine. Dans la première étude réalisée dans la région Sud de l’Australie, tous les patients devaient remplir un questionnaire comprenant l’échelle européenne de qualité de vie (Euro QOL 5D +) ou EQ 5D+. L’échelle EQ-5D+ évalue six domaines de la santé (mobilité, soins de soi, activités usuelles, douleur/inconfort, anxiété et dépression) sur une échelle en trois points, pas de problème, problèmes modérés ou problèmes sévères. Les patients devaient indiquer si leur affection dentaire principale diagnostiquée était à l’origine des problèmes dans chacun des six domaines, ainsi que la gravité et la durée de ces problèmes. Les patients dont le principal diagnostic était l’hypersensibilité dentinaire ont indiqué une durée des symptômes de 21 semaines. 55 % de ces patients ont signalé une douleur ou un inconfort pendant 21 % du temps. Une anxiété a été signalée par 27 % de ces patients, présente pendant 28 % du temps. Aucun des patients dont le diagnostic principal était l’hypersensibilité dentaire n’a fait état d’impact dans d’autres domaines. Le fait que l’hypersensibilité dentinaire n’a pas d’impact dans d’autres domaines montre que cette affection n’a pas d’influence notable sur la «santé» des patients. Cette étude a, en revanche, permis de classer l’impact de l’hypersensibilité dentinaire par rapport à l’impact d’autres diagnostics principaux. Ces résultats sont présentés dans le tableau 1. Si la durée moyenne des symptômes associés à l’hypersensibilité dentinaire était courte, les prévalences de la douleur/inconfort et de l’anxiété étaient élevées, ces deux impacts étant présents pendant un pourcentage non négligeable du temps. Il est possible de donner une mesure synthétique de l’impact total de chaque diagnostic principal sur l’individu grâce à l’évaluation complète EQ 5D+. On calcule ainsi le poids de l’incapacité. Ce chiffre montre que l’hypersensibilité dentinaire se situe au troisième rang pour le poids de l’incapacité, ce qui montre que sa présence génère moins de problèmes pour les patients que la pulpite, une affection similaire aux caries, mais plus que la plupart des autres diagnostics principaux (Brennan & Spencer 2004). Un diagnostic d’hypersensibilité dentinaire réalisé suite au signalement de symptômes concerne environ un patient sur dix consultant un dentiste. L’hypersensibilité dentinaire est associée à une prévalence élevée de douleur et d’anxiété, présentes pendant un pourcentage non négligeable du temps sur plusieurs semaines; l’impact cumulé sur le bien-être des patients est élevé. Domaines de l’état de santé* Douleur/inconfort Anxiété Diagnostic principal Durée des symptômes (semaines) Prévalence % temps Prévalence % temps Poids de l’incapacité obtenu par EuroQol 5D+ Classement du poids de l’incapacité Caries 81 38 42 19 34 0,044 2 Fracture dentaire 27 35 28 18 20 0,014 7 Problème dentaire 66 38 33 22 34 0,026 4 Échec de restauration 15 27 29 10 23 0,019 6 Maladie parodontale 49 35 32 32 28 0,023 5 Pulpite 31 63 46 22 41 0,069 1 Usure 69 40 9 30 33 0,011 8 Hypersensibilité dentinaire 21 55 21 27 28 0,040 3 Esthétique 118 27 5 9 5 0,002 9 Tableau 1: Comparaison entre l’impact de l’hypersensibilité dentinaire et celui des autres principaux diagnostics sur l’état de santé et l’incapacité 04 Numéro Spécial 2010 PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 5 Numéro Spécial Hypersensibilité Points de vue sur les facteurs prédisposants, les déclencheurs et les mécanismes de la douleur Dans une étude australienne plus récente sur l’hypersensibilité dentinaire réalisée auprès des cabinets privés, des dentistes ont été invités à répondre à différentes questions sur les facteurs prédisposants (Tableau 2), les déclencheurs et le mécanisme de la douleur associés à l’hypersensibilité dentinaire. Facteurs considérés comme absolument ou probablement importants % Abrasion 96,0 Récession gingival 92,9 Érosion 90,6 Attrition 73,4 Blanchiment des dents 70,4 Chirurgie parodontale 66,4 Accumulation de plaque 53,3 Traitement de restauration 49,5 Tableau 2: Facteurs prédisposants de l’hypersensibilité dentinaire Tous les facteurs inclus dans des questions fermées ont été identifiés comme facteurs prédisposants dans la littérature. Les dentistes ont indiqué l’importance relative de l’ensemble des facteurs répertoriés. L’abrasion, la récession gingivale, l’érosion, l’attrition et le blanchiment des dents ont été les facteurs les plus souvent identifiés comme facteurs prédisposants absolument ou probablement importants. L’abrasion et la récession gingivale sont associés au brossage des dents et à l’utilisation de dentifrice abrasif. Ces deux affections montrent les effets pervers d’un excès de zèle en matière d’hygiène bucco-dentaire. Si l’on ajoute l’utilisation de produits de blanchiment dentaire, trois des cinq principaux facteurs prédisposants sont associés à une utilisation inadéquate de produits d’hygiène bucco-dentaire. L’érosion peut être due à de nombreux facteurs, certains associés à des habitudes alimentaires, mais d’autres masquant des affections médicales. L’érosion et l’attrition sont fréquemment associées. Des facteurs iatrogènes, comme la chirurgie parodontale et les traitements restauratifs, ont été moins souvent cités comme facteurs prédisposants importants de l’hypersensibilité dentinaire. Le tableau 3 indique les déclencheurs et stimuli de l’hypersensibilité dentinaire cités par les dentistes. Il s’agit des déclencheurs les plus souvent cités par leurs patients. L’air et le froid ont été cités comme stimuli très fréquents ou fréquents de l’hypersensibilité dentinaire. Les liquides ou aliments acides et le toucher, par exemple le brossage des dents, sont des déclencheurs PROPHYLAXIEInfos ou des stimuli cités par un faible pourcentage de dentistes. Le chaud a été moins souvent cité comme stimulus de l’hypersensibilité dentinaire. Declencheur % cité très souvent ou souvent Froid 96,4 Air 86,4 Acide 52,5 Toucher 50,8 Chaud 26,6 Tableau 3: Déclencheurs de l’hypersensibilité dentinaire Plus de 80 % des dentistes pensent que l’écoulement de fluide dans les canalicules dentinaires est à l’origine de l’influx nerveux et de la douleur ou de l’inconfort. Certains dentistes indiquent que la stimulation directe de processus odontoblastiques dans la dentine exposée est un mécanisme de la douleur en cas d’hypersensibilité dentinaire. Ce dernier mécanisme possède une explication sous-jacente, mais les preuves manquent encore. Quel que soit le mécanisme de la douleur, l’exposition des canalicules dentinaires due à l’action continue de facteurs prédisposants et la présence de déclencheurs ont défini le contexte de la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire. La prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire Les dentistes australiens ayant participé à l’enquête la plus récente ont également été invités à indiquer l’importance d’un éventail de stratégies de prise en charge. Ces informations montrent le caractère conventionnel de la prise en charge courante de l’hypersensibilité dentinaire par les dentistes. L’opinion des dentistes sur le mode de prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire influence leur réceptivité à des produits nouveaux ou innovants susceptibles d’être utilisés pour contrôler l’hypersensibilité dentinaire. Stratégie % cité comme très souvent ou souvent utilisé Agents désensibilisants pour utilisation à domicile 89,4 Modification des facteurs prédisposants 89,8 Restauration superficielle 42,9 Application de vernis fluoré 49,8 Application d’agents désensibilisants 39,7 Traitement endodontique 1,9 Chirurgie parodontale 2,2 Tableau 4: Utilisation déclarée des différentes stratégies de prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire Numéro Spécial 2010 50 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 6 Numéro Spécial Hypersensibilité Comme le montre le tableau 4, certaines stratégies ont été moins souvent citées par les dentistes comme très souvent ou souvent utilisées pour la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire. Le pourcentage le plus élevé de dentistes a cité la modification des facteurs prédisposants. Si l’on se reporte à nouveau au tableau 2, on peut voir que la plupart des facteurs prédisposants ne sont pas réversibles. L’abrasion et la récession gingivale sont irréversibles, ces deux affections ne pouvant être guéries. Elles peuvent être, en revanche, corrigées par des interventions, mais pas dans l’esprit de modifier les facteurs prédisposants. L’association de ces facteurs prédisposants avec les techniques de brossage et l’utilisation de dentifrice abrasif, doit être rappelée. L’intervention sur les facteurs prédisposants ou leurs antécédents comportementaux constitue probablement une condition préalable nécessaire à la réussite de la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire. Des stratégies complémentaires peuvent être ensuite mises en œuvre. La stratégie complémentaire la plus souvent citée est l’introduction d’agents désensibilisants pour un usage à domicile. Cette stratégie s’appuie sur des pratiques de soins bucco-dentaires existantes, comme l’utilisation de dentifrice. La littérature scientifique indique qu’une pratique de soin à domicile fréquemment utilisée peut avoir un effet cumulatif sur la plupart des cas d’hypersensibilité dentinaire, et évite le recours à la consultation répétée d’un professionnel avec les coûts qu’elle engendre. Les dentistes veulent sans doute dire que le comportement dentaire sous-jacent de l’abrasion et de la récession gingivale, doit être modifié. Différentes techniques de brossage des dents doivent être présentées afin d’éviter la progression de l’abrasion ou de ralentir sa progression. On peut appliquer le même raisonnement au comportement ou aux affections à l’origine de l’érosion et de l’attrition. Le groupe des trois interventions professionnelles figurant dans le tableau 4 a été moins souvent cité par les dentistes. Il s’agit de la restauration superficielle, de l’application de vernis fluoré et de l’application «professionnelle» d’agents désensibilisants. Moins de la moitié des dentistes australiens ont déclaré utiliser ces interventions professionnelles très souvent ou souvent. Le traitement endodontique et la chirurgie parodontale ont été très rarement cités comme interventions souvent utilisées. Seule une petite minorité de dentistes ont indiqué une persistance des symptômes. La plupart des dentistes ont indiqué avoir réussi à obtenir un certain niveau de soulagement, généralement immédiat et durable (Tableau 5). Le désir de modifier les facteurs prédisposants est un point de départ rationnel pour la prise en charge de toute affection bucco-dentaire. Exemple de stratégie de prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire Auto-évaluation Signes Tests Symptômes Facteurs prédisposants Stimuli: froid, air Diagnostic Déclencheurs Autres causes possibles Agents désensibilisants pour utilisation à domicile Intervention professionnelle avec agents désensibilisants Numéro Spécial 2010 Stratégie de prise en charge Amélioration des facteurs prédisposants Autres interventions professionnelles, par ex. restauration Suivi, évaluation 06 Autre diagnostic Méthodes de brossage et conseils diététiques Guérison PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 7 Numéro Spécial Hypersensibilité Résultat % cité très souvent ou souvent Persistance des symptômes 6,1 Certain soulagement 72,5 Soulagement immédiat 58,4 Soulagement durable 60,8 Tableau 5: Résultat de la stratégie de prise en charge Stratégie de prise en charge Les points de vue des dentistes australiens constituent la base pour la description de leurs stratégies de prise en charge actuelle de l’hypersensibilité dentinaire. Les symptômes spontanément signalés par les patients et les déclencheurs sont souvent le point de départ de la prise en compte de l’hypersensibilité dentinaire. Un dépistage de routine est moins souvent pratiqué. Le signalement spontané est suivi d’un examen qui prend en compte simultanément l’existence de facteurs prédisposants ou d’autres causes des symptômes. L’existence des premiers et l’absence de ces derniers donnent lieu à un diagnostic différentiel de l’hypersensibilité dentinaire. Des tests, comme un stimulus par le froid ou l’air, permettent de confirmer le diagnostic. La stratégie de prise en charge commence par la volonté d’améliorer les facteurs prédisposants. En pratique, il s’agit de techniques de brossage des dents et de conseils diététiques qui modifient le risque d’une prédisposition continue. S’ensuit généralement des conseils d’utilisation d’agents désensibilisants à domicile comme traitement complémentaire. Cette stratégie concerne généralement les cas les plus sévères ou a pour objectif l’obtention d’un soulagement initial élevé. Le résultat des soins professionnels et personnels à domicile doit être évalué dans le cadre d’un suivi qui peut être intégré au protocole thérapeutique, être un simple rappel ou un soin d’entretien continu. L’objectif est la guérison, accompagnée d’un soulagement de la douleur raisonnable et durable. Dans le cas contraire, la stratégie de prise en charge doit être revue et réévaluée. Des interventions professionnelles plus invasives sont rarement nécessaires. L’illustration de la stratégie de prise en charge (page ci-contre) définit le contexte dans lequel tout nouvel agent désensibilisant sera évalué et intégré à la pratique dentaire de routine. Lorsque l’efficacité, voire la supériorité d’un nouvel agent, justifie son utilisation, il faut que celle-ci soit en adéquation avec la stratégie de prise en charge déjà en place dans la pratique dentaire australienne. Prof John Spencer Australian Research Centre for Population Oral Health School of Dentistry · The University of Adelaide South Australia · 5005 Adelaide · Australie PROPHYLAXIEInfos Prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire dans la pratique dentaire omnipratique Prof. Nicola X. West, Bristol Dental Hospital and School, Royaume Uni Introduction L’hypersensibilité dentinaire est une affection buccodentaire douloureuse courante qui touche de nombreux individus. L’incidence varie entre 3 et 57 %, les patients souffrant de maladie parodontale étant plus touchés (incidence > 78 %). Pour certains, cette affection est peu gênante; dans ce cas, elle provoque une douleur brève et aiguë de quelques secondes. Il suffit parfois de protéger les dents avec la langue ou de se brosser les dents à l’eau tiède plutôt qu’à l’eau froide pour remédier à ce problème. Le patient, qui connaît les déclencheurs de la douleur, met en place des mécanismes d’adaptation nécessaires. Pour d’autres patients, en revanche, la douleur peut être très handicapante et perturber leur qualité de vie. Pour la plupart des patients, néanmoins, l’hypersensibilité dentinaire reste un problème mineur (Gillam et al. 2002a; Clayton et al. 2002). Lorsqu’un patient se rend chez son dentiste et lui fait part d’une hypersensibilité des dents, le chirurgien-dentiste doit lui prodiguer des conseils et lui proposer un traitement. Si le patient ne mentionne pas la douleur ressentie du fait de cette hypersensibilité, le dentiste ne peut lui apporter l’aide nécessaire et le patient doit «faire avec» cet inconfort. Un dépistage de la récession gingivale, de l’usure dentaire ou de l’hypersensibilité dentinaire n’est pas toujours effectué par les dentistes au Royaume Uni. Caractéristiques de l’hypersensibilité dentinaire Définition L’hypersensibilité dentinaire se caractérise par une douleur brève et aiguë émanant de la dentine exposée en réaction à des stimuli de nature thermique, liée à l’évaporation, tactile, osmotique ou chimique, et que l’on ne peut imputer à aucune autre forme de défaut ou de pathologie dentaire (Dowell & Addy 1983) (Fig. 1). Fig. 1: Dent présentant une récession gingivale et une hypersensibilité dentinaire Numéro Spécial 2010 70 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 8 Numéro Spécial Hypersensibilité Cette définition a été modifiée en 2002 lorsque le «Canadian Advisory Board» a suggéré d’utiliser le terme maladie à la place du terme pathologie, suggestion pertinente pour la plupart des cliniciens. Le diagnostic s’effectue donc par élimination, c’est un diagnostic différentiel. Il est essentiel d’exclure toute autre affection à laquelle les symptômes de sensibilité pourraient être associés. Parmi ces affections, l’on peut citer les dents fissurées, les caries, les problèmes liés aux restaurations, le blanchiment vital et la douleur faciale atypique. Parfois, l’hypersensibilité dentinaire peut se manifester par une douleur sourde et pulsatile qui peut durer plusieurs heures, jours, voire semaines (Dowell & Addy 1983). Différentes fibres nerveuses seraient responsables de cette douleur, mais il pourrait s’agir de pulpite plutôt que d’hypersensibilité dentinaire, ce qui nécessite dans ce cas un traitement spécifique. Aucune étude n’a jusqu’à présent établi un lien entre l’histologie pulpaire et les symptômes cliniques de l’hypersensibilité dentinaire. D’un point de vue macroscopique, la dentine est identique, qu’elle soit ou non sensible. Incidence et prévalence Comme indiqué précédemment, la prévalence de l’hypersensibilité dentinaire varie de 3 à 57 % (Graf & Galasse 1977; Flynn et al. 1985; Orchardson & Collins 1987; Irwin & McCusker 1997; Lui et al. 1998; Murray & Roberts 1994; Rees 2000), dans différents groupes, le chiffre de 15 % étant le plus souvent obtenu dans les études cliniques sur des dentures saines (Fischer et al. 1992); la prévalence est supérieure à 78 % pour les patients souffrant de maladie parodontale (Chabanski et al. 1997). En étudiant les données de plus près, on peut faire plusieurs observations. Les études présentent de nombreuses différences, ce qui influence les statistiques. Les données peuvent être recueillies à l’aide d’un questionnaire rempli par le patient (Irwin & McCusker 1997; Murray & Roberts 1994; Chabanski et al. 1996; Gillam et al. 1999; Clayton et al. 2002) ou par un chirurgien-dentiste lors du rendez-vous avec un patient. La douleur décrite par l’individu peut être due ou non à l’hypersensibilité dentinaire, ce qui ne peut être vérifié que par une évaluation clinique. En revanche, si l’individu est un patient régulier, la précision de l’incidence d’hypersensibilité dentinaire est bien supérieure. Au Royaume Uni, environ 40 % de la population ne consulte pas régulièrement de dentiste (Nutall et al. 2001). Le patient peut subir un test clinique ou remplir un questionnaire (Graf & Galasse 1977; Flynn et al. 1985; Orchardson & Collins 1987; Rees 2000). Dans ce dernier cas, on obtient un profil des symptômes actuels, mais l’historique de l’hypersensibilité dentinaire n’est pas pris en compte: si elle est de nature épisodique, elle peut ne pas être visible le jour du rendez-vous. Si l’étude est réalisée dans une clinique dentaire, alors il y a des chances que l’examen soit effectué dans le service de parodontologie, où l’incidence d’hypersensibilité dentinaire est plus élevée que dans les autres services du fait de la nature des patients adressés à ce service (Lui et al. 1998; Gillam et al. 2002). 08 Numéro Spécial 2010 Ce contexte a une influence directe sur le résultat clinique enregistré pour le patient et donne des chiffres d’incidence plus élevés. De même, une étude réalisée dans des cabinets dentaires généralistes donnerait une incidence différente de celle obtenue dans des cabinets de parodontie ou dans des cliniques privées/NHS, la prévention étant la priorité dans les cabinets dentaires omnipratiques. En outre, la sensibilité à la maladie parodontale varie selon les pays, les Asiatiques étant plus touchés par la maladie parodontale et l’hypersensibilité dentinaire associée (Lui et al. 1998; Gillam et al. 1999a). La répartition par âge constitue un autre facteur déterminant. En effet, les patients plus âgés et/ou très motivés dans leur hygiène bucco-dentaire présentent une sensibilité plus élevée que les patients irréguliers (Claydon et al. 2009, communication personnelle). Dans certaines études précédentes, il est difficile d’expliquer certains paramètres pour montrer la différence d’incidence, mais les résultats d’une étude donnée doivent être évalués en tenant compte de ces éléments pour déterminer l’incidence pour la population dans son ensemble. Les dents le plus souvent touchées par l’hypersensibilité dentinaire sont les canines et les prémolaires définitives (Orchardson & Collins 1987), sans doute du fait de la technique de brossage (Addy et al. 1987); les sites de ces dents les plus fréquemment affectés se situent dans la région cervicale, bien qu’une exposition occlusale et palatine de la dentine soit aujourd’hui fréquente chez les jeunes adultes, s’ils sont sujets aux problèmes d’érosion (Jaeggi & Lussi 2006) (Fig. 2). Fig. 2: Denture présentant une usure buccale des dents et une hypersensibilité dentinaire Les symptômes de cette affection douloureuse peuvent apparaître à tout âge, mais la majorité des individus ont entre 20 et 40 ans, la prévalence présentant un pic à la fin de la troisième décennie (Graf & Galasse 1977). Les femmes sont plus souvent touchées que les hommes et à un âge moyen plus faible (Flynn et al. 1985; Addy et al. 1987), sans doute du fait de leurs séances d’hygiène bucco-dentaire plus longues et plus fréquentes. La baisse de la prévalence après 40 ans peut être due à la présence de dentine secondaire et réparatrice. Différents professionnels dentaires font également état d’une différence de prévalence de l’hypersensibilité dentinaire chez leurs patients: le taux communiqué par les hygiénistes dentaires étant deux fois plus élevé que celui des dentistes (Canadian Advisory Board 2002). PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 9 Numéro Spécial Hypersensibilité Explication de la nature et des mécanismes de la douleur La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle (Alexander 2000). Cette définition met en évidence certains des problèmes posés par le traitement des affections douloureuses. La réponse et le seuil de tolérance à la douleur varient d’un individu à l’autre; la nature hautement subjective de l’hypersensibilité dentinaire complique considérablement son évaluation objective. La théorie la plus largement acceptée pour expliquer le mécanisme de la douleur dans l’hypersensibilité dentinaire repose sur la théorie hydrodynamique, élaborée initialement par Gysi (1900) et confirmée par Brännström (1963); cette douleur résulterait du déplacement du fluide contenu dans les canalicules dentinaires. L’affection est épisodique en raison de la perméabilité ou de l’obturation des canalicules dentinaires. Si le canalicule est partiellement ou totalement obturé, les symptômes douloureux diminuent. Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans ce scénario, comme le brossage des dents avec un dentifrice éliminant ou protégeant la «smear layer», les ingrédients du dentifrice obturant ou au contraire exposant les canalicules. Certains détergents entrant dans la composition des dentifrices, comme le laurylsulfate de sodium (West et al. 1998; Parkinson et al. 2007), ou les acides alimentaires (Absi et al. 1992) éliminent rapidement cette «smear layer» recouvrant les canalicules dentinaires. Prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire Pour la prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire, trois domaines doivent être évalués et traités afin de réduire les symptômes et soulager la douleur. ÉTAPE 1: Confirmation du diagnostic Plusieurs affections dentaires peuvent donner lieu à des symptômes douloureux similaires à ceux accompagnant l’hypersensibilité dentinaire. La première étape du protocole thérapeutique consiste à établir un diagnostic différentiel en éliminant les affections suivantes: W Absence de soins pendant les restaurations entraînant une occlusion traumatique des dents. W Sillon palato-gingival et autres invaginations et défauts de l’émail. W Blanchiment vital des dents. Fig. 3: Dent présentant une fissure Ce large éventail d’affections peut donner lieu à des symptômes douloureux similaires à ceux de l’hypersensibilité dentinaire, d’où l’incertitude du diagnostic clinique. En règle générale, lorsque la douleur ne concerne qu’une seule dent, il s’agit rarement d’hypersensibilité dentinaire. Il faut également savoir que l’hypersensibilité dentinaire est épisodique du fait de l’équilibre dynamique de la surface dentinaire qui entraîne une alternance de perméabilité et d’obturation des canalicules dentinaires. L’examen clinique en vue du diagnostic de l’hypersensibilité dentinaire doit comprendre des évaluations objectives, comme les stimuli mécaniques/tactiles qui consistent notamment à passer une sonde sur la zone d’exposition dentinaire (Fig. 4), et les stimuli de nature thermique et liés à l’évaporation, comme un jet d’air froid produit par la triple seringue (Fig. 5). Ce stimulus produit, en cas d’hypersensibilité dentinaire, une douleur aiguë pendant l’application du stimulus. Certains individus ne répondent pas à tous les types de stimulus, Fig. 4: Sonde sur la zone d’exposition de la dentine W Présence de fissures, souvent sur des dents ayant subi des restaurations importantes (Fig. 3). W Restaurations fracturées, mauvais positionnement de tenons dentinaires, creusement des marges de restauration. W Réponse pulpaire à des caries et à un traitement de restauration. W Dents ébréchées provoquant une exposition de la dentine. W Positionnement incorrect d’adhésifs dentinaires entraînant une nano-fuite. Fig. 5: Stimuli thermiques et liés à l’évaporation, comme un jet d’air froid envoyé par la triple seringue dentaire W Application inappropriée de différents médicaments pendant la préparation du fond de cavité. PROPHYLAXIEInfos Numéro Spécial 2010 90 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 10 Numéro Spécial Hypersensibilité mais la plupart répondent au stimulus lié à l’évaporation. Des radios peuvent être nécessaires en cas de suspicion de maladie parodontale ou autre. L’hypersensibilité dentinaire touche généralement des patients ayant une excellente hygiène bucco-dentaire; les brossages fréquents et énergiques entraînent une perte d’émail ou un traumatisme gingival et donc une exposition de la dentine (Fig. 6). Elle concerne également des patients ayant une moins bonne hygiène dentaire, dont l’inflammation parodontale progressive a donné lieu à une récession gingivale et à une exposition de la dentine (Fig. 7). Chez la plupart des patients, la dentine exposée est très visible, mais il suffit d’une zone limitée présentant une légère récession. Si la douleur persiste après le diagnostic et le traitement de toutes les autres pathologies, le diagnostic d’hypersensibilité dentinaire peut être confirmé et le traitement de deuxième intention peut être mis en place. Fig. 6: Bouche saine présentant une hypersensibilité dentinaire Fig. 7: Bouche présentant une maladie parodontale et une hypersensibilité dentinaire ÉTAPE 2: Modification de l’étiologie et du comportement L’étiologie de l’hypersensibilité dentinaire comprend deux composants. 1: la dentine doit être exposée (processus de localisation de la lésion) et 2. les canalicules doivent être largement ouverts et visibles sur toute leur longueur (processus de formation de la lésion). 10 Numéro Spécial 2010 Étiologie: Localisation de la lésion De nombreux jeunes adultes présentent une exposition de la dentine, due à une perte de cément et/ou d’émail, mais l’expérience clinique indique que certains seulement souffrent d’hypersensibilité dentinaire (Addy et al. 1987). Tout processus provoquant une exposition de la dentine, comme l’érosion et/ou la récession gingivale, et l’ouverture des canalicules (perte de la «smear layer» qui obture normalement les canalicules de la dentine exposée) peut en théorie provoquer une sensibilité dentaire, ce qui semble indiquer une étiologie multifactorielle. L’impact de l’abrasion due à la brosse à dents, avec ou sans dentifrice, sur la perte de surface dentaire a été étudié. Une brosse à dents seule n’a pas d’effet mesurable sur l’émail et un effet minime sur la dentine si l’on effectue deux brossages par jour. Des dentifrices peu abrasifs n’ont qu’un effet limité sur la perte de tissu dur en cas de brossage biquotidien (Addy 2008). En revanche, de nombreux patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire se brossent trop souvent les dents, jusqu’à cinq fois par jour (West 1995); Gillam et al. (2002a) ont montré que 70,6 % des individus se brossaient les dents plus de deux fois par jour. Pour ces patients, des conseils doivent être prodigués et l’utilisation d’un dentifrice à faible pouvoir abrasif doit être recommandée. De plus, ces personnes préfèrent généralement utiliser une brosse à dents dure qu’ils changent une fois par mois (West 1995). La perte d’émail est principalement un processus d’érosion (dû à l’exposition à des acides intrinsèques et extrinsèques), mais peut être exacerbée par l’abrasion, l’attrition ou l’abfraction. On observe une lésion cervicale avec exposition de la dentine due à une perte d’émail chez les individus sujets à l’érosion et utilisant une technique de brossage inadaptée avec des dentifrices très abrasifs. On ne connaît pas le temps exact qu’il faudrait entre l’exposition aux acides et le brossage (effet abrasif), mais pour être prudent, il doit être d’au moins une demi-heure. Les études in vitro montrent que la formation d’une pellicule acquise salivaire est d’environ une heure sur l’émail et probablement moins d’une heure sur la dentine (Wetton et al. 2006) pour assurer une protection efficace contre l’érosion. Les phénomènes érosifs précédant l’action de la musculature buccale ne doivent pas être sous-estimés. Une étude in situ (Gregg et al. 2004) a montré que même la nature abrasive de la surface linguale sur le tissu dur ramolli pouvait provoquer une perte superficielle. Étiologie: Formation de la lésion La formation d’une lésion implique qu’un nombre important de canalicules dentinaires soient largement ouverts. La dentine serait recouverte d’une «smear layer» ou les canalicules obturés par des dépôts de phosphate de calcium provenant de la salive ou des dentifrices. Des composants physiques et chimiques peuvent éliminer ces couches protectrices, favorisant ainsi les actions érosives et abrasives. PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 11 Numéro Spécial Hypersensibilité Comportement: mesures de prévention en matière de prévention Une revue de littérature montre que la consommation de boissons sucrées depuis un très jeune âge joue un rôle important sur l’usure dentaire (Zero & Lussi 2000). Il est difficile d’identifier les sujets présentant un risque élevé d’érosion. Il est donc important pour les chirurgiens-dentistes de mettre en place des mesures de prévention et de diagnostiquer les premiers signes d’usure dentaire. La mise en œuvre de protocoles thérapeutiques est parfois nécessaire pour certains patients. Une hypersensibilité dentinaire légère peut être le seul signe du développement d’une usure dentaire. L’épaisseur de l’émail au niveau cervical est plus faible, ainsi une perte de quelques microns seulement suffit à provoquer une exposition de la dentine. L’érosion et l’abrasion ont un rôle important dans l’étiologie de l’hypersensibilité dentinaire. Des facteurs environnementaux influencent également les symptômes douloureux, comme le temps froid en hiver dans les pays tempérés ou le début de la saison des pluies dans les pays tropicaux, qui sont associés à une augmentation des cas d’hypersensibilité dentinaire. Les dentistes doivent identifier les facteurs de risque d’hypersensibilité dentinaire du patient et prodiguer des conseils en conséquence. Les facteurs suivants doivent être pris en compte: W Les facteurs étiologiques sont à modifier afin de protéger et de recouvrir la surface dentinaire pour réduire les symptômes douloureux (maintien de la «smear layer»). W Les antécédents alimentaires afin de vérifier la fréquence de l’apport acide et antécédents médicaux détaillés afin d’identifier les problèmes de reflux gastro-oesophagien. La fréquence de consommation de boissons érosives et l’intervalle entre les consommations doivent être déterminés. Il convient de prévoir une durée suffisante à la reconstitution de la pellicule salivaire acquise et au durcissement de la surface ramollie par les acides. Les aliments et les boissons acides consommés le soir doivent être évités, de même que la production de bulles ou de mousse pendant la nuit. La consommation de boissons neutres ou basiques sans sucre peut être envisagée (chewing-gum sans sucre, par exemple). W Les facteurs favorisant la récession gingivale doivent être contrôlés (techniques d’hygiène bucco-dentaires inadaptées, piercing linguaux). L’utilisation biquotidienne d’un dentifrice peu abrasif est conseillée. ÉTAPE 3: Stratégies thérapeutiques Les chirurgiens-dentistes traitent souvent l’hypersensibilité dentinaire en fonction de l’efficacité du traitement précédent, plutôt qu’en fonction des facteurs étiologiques et de prédisposition propres à chaque patient. PROPHYLAXIEInfos Compte tenu de la nature multifactorielle de cette affection, le succès de la prise en charge n’est pas assuré si l’étiologie spécifique n’est pas prise en compte. De nombreux produits sont proposés pour une utilisation professionnelle et à domicile. Aucun de ces produits n’a une efficacité supérieure aux autres. Le traitement de l’hypersensibilité dentinaire comprend deux approches différentes. 1: modification ou blocage de la réponse nerveuse pulpaire, ou 2. altération du mouvement du fluide intracanaliculaire. Le traitement de l’hypersensibilité dentinaire peut être administré au cabinet dentaire par un dentiste ou à domicile par le patient, selon la gravité, l’étendue et la persistance de la douleur et les préférences du patient. Le chirurgien-dentiste peut essayer plusieurs thérapeutiques avant de trouver le traitement efficace et adapté du fait de la variabilité des étiologies. Les traitements les moins invasifs sont généralement conseillés en première intention; en cas d’échec, les traitements réalisés par le dentiste peuvent être envisagés. La plupart des cas d’hypersensibilité dentinaire sont associés à une récession gingivale ou à une érosion dentaire, la thérapeutique doit aussi prendre en compte ces facteurs prédisposants et ne pas se limiter à l’hypersensibilité dentinaire. Une large gamme de produits est proposée pour un traitement à domicile. Il s’agit de produits simples d’utilisation et peu chers, conseillées en traitement de première intention (Canadian Advisory Board 2003). Il convient d’encourager les patients à utiliser régulièrement un produit désensibilisant pour soulager les symptômes. Le traitement des symptômes d’hypersensibilité dentinaire est complexe, frustrant et fastidieux pour le chirurgien-dentiste, comme pour le patient. Une étude de Gilliam et al. (2002b) montre que les dentistes et les hygiénistes dentaires ont une estimation très différente de la sensibilité chez une même population. La plupart des dentistes pensent qu’ils ne disposent pas des produits nécessaires pour traiter efficacement l’hypersensibilité dentinaire (Gillam et al. 2002). Comme la majorité de la population garde ses dents plus longtemps (Nuttal et al. 2001), il est probable qu’un nombre croissant d’individus présenteront une usure dentaire, une maladie parodontale et une hypersensibilité dentinaire associée. Les dentistes doivent pouvoir prendre en charge les cas d’hypersensibilité dentinaire de façon efficace et rentable afin de répondre aux besoins de leurs patients en matière de soins bucco-dentaires. La stratégie de prise en charge proposée dans cet article permet d’obtenir un résultat clinique fiable et positif pour le patient, comme pour le dentiste. Prof Nicola X. West Clinical Trials Unit · Dept. of Oral and Dental Science Bristol Dental Hospital and School Lower Maudlin Street · Bristol BS1 2LY · Royaume Uni Numéro Spécial 2010 11 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 12 Numéro Spécial Hypersensibilité Traitement des patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire dans un cabinet dentaire – Un défi pour le dentiste Prof Birgitta Söder, Karolinska Institute, Huddinge, Suède Hypersensibilité dentinaire L’hypersensibilité dentinaire est souvent évoquée par les patients aux dentistes. Elle est due à l’exposition de la dentine et à l’ouverture des canalicules à la surface dentinaire (Kim & Karastathis 2009). Il s’agit d’une douleur émanant de la dentine exposée, brève et aiguë, apparaissant en présence de stimuli externes, de nature thermique, chimique, liée à l’évaporation, tactile ou osmotique (Dowell & Addy 1983; Dowell et al. 1985; Orchardson & Collins 1987). Pour certains patients atteints d’hypersensibilité dentinaire, la douleur est épisodique et modérément gênante; pour d’autres, en revanche, la douleur est beaucoup plus aiguë et peut provoquer une gêne importante. Chez les patients présentant une hypersensibilité dentinaire sévère, la douleur peut durer plusieurs heures ou plusieurs jours, perturber la vie quotidienne et les activités et provoquer un inconfort et un trouble émotif. La plupart des patients ne cherchent pas de traitement pour désensibiliser leurs dents car ils ne considèrent pas l’hypersensibilité dentinaire comme un problème de santé bucco-dentaire important. Ils redoutent plus les caries ou autres maladies dentaires. Les patients ignorent parfois qu’il existe des traitements pour soulager l’hypersensibilité dentinaire. Pour certains patients, l’hypersensibilité dentinaire perturbe leurs habitudes quotidiennes: ils évitent certains aliments, les boissons très chaudes ou très froides; l’hygiène bucco-dentaire, comme le brossage des dents, est effectuée avec réticence car douloureuse. Ces symptômes sont très importants pour les patients atteints d’hypersensibilité dentinaire et ont une incidence importante sur leur qualité de vie (Bekes et al. 2009). Parmi les facteurs favorisant l’hypersensibilité dentinaire, l’on peut citer l’abrasion, l’abfraction, l’érosion, la chirurgie parodontale, la malfonction occlusale, l’attrition, le détartrage, le surfaçage radiculaire, ou le blanchiment vital des dents. Ces facteurs donnent presque tous lieu à une récession gingivale et à une perte d’émail, principales causes d’hypersensibilité dentinaire. Diagnostic De nombreuses affections bucco-dentaires sont accompagnées de symptômes similaires à ceux de l’hypersensibilité dentinaire. Il est donc essentiel que le dentiste ait conscience que l’hypersensibilité dentinaire est un diagnostic d’exclusion (Kim & Karasthatis 2009; Dowell & Addy 1983; West 2008; Olsson & Lindhe 1991; Hallmon & Harrel 2004). Les affections, comme les fissures , les caries dentaires, les pulpites, les problèmes de restauration nécessitent un traitement complètement différent de celui de l’hypersensibilité dentinaire. Pour établir un diagnostic d’hypersensibilité dentinaire, des critères cliniques et radiographiques spécifiques doivent être remplis. 12 Numéro Spécial 2010 Le principal critère clinique à prendre en compte pour établir un diagnostic d’hypersensibilité dentinaire est la sensibilité à un stimulus externe et l’existence manifeste d’exposition dentinaire à l’emplacement de la douleur. Il convient d’exclure simultanément les caries dentaires, les fractures/fissures, les problèmes de restauration, ainsi que les affections abrasives ou érosives. En outre, le patient doit avertir le dentiste de tout trouble alimentaire et lui faire part de ses habitudes alimentaires. Les profondeurs au sondage, les récessions gingivales et les zones sensibles indiquées par le patient doivent être notées et surveillées avec attention puisqu’elles serviront de référence pour contrôler la progression de l’affection. Dans la pratique dentaire, on utilise généralement un stimulus d’air froid et un stimulus tactile au moyen d’une sonde pour déterminer l’étendue et la gravité de l’hypersensibilité dentinaire. La réaction du patient aux stimuli doit être consignée avec précision. Traitement de l’hypersensibilité dentinaire Quelle que soit l’étiologie, le problème d’hypersensibilité dentinaire doit être résolu afin d’améliorer le confort bucco-dentaire et la qualité de vie du patient. Plusieurs principes actifs peuvent favoriser le contrôle de l’hypersensibilité dentinaire et soulager l’inconfort associé à cette affection; certains peuvent être utilisés par le patient à domicile, d’autres doivent être appliqués par le professionnel dentaire dans son cabinet. L’hypersensibilité dentinaire résulte de l’exposition de la dentine dans la zone coronaire ou radiculaire de la dent. Les mesures de prévention doivent donc cibler principalement la réduction du risque d’exposition de la dentine due à une perte d’émail (ex. par érosion), ou la perte de cément due à la récession gingivale (par ex. à un brossage des dents trop énergique) chez un patient ne présentant aucune affection buccodentaire, ni aucune maladie, ni traitement parodontal. La prise en charge de l’hypersensibilité dentinaire requiert l’identification de sa cause, ainsi que des facteurs de risque. Si le diagnostic confirme une hypersensibilité dentinaire et l’absence de toute maladie sous-jacente ou problème structurel, le patient doit décrire ses habitudes, notamment les pratiques d’hygiène bucco-dentaire utilisées, la consommation d’aliments acides, l’application de fluor, d’agents désensibilisants, etc. Le traitement de l’hypersensibilité dentinaire est complexe pour le professionnel dentaire du fait de la difficulté à mesurer la réponse douloureuse. La perception de la douleur varie d’un patient à l’autre; c’est pourquoi il est difficile de quantifier précisement l’hypersensibilité dentinaire. Parmi les différentes thérapeutiques, l’on peut citer l’application d’agents désensibilisants à domicile et l’application d’agents désensibilisants au cabinet dentaire. Deux types de traitement sont utilisés pour l’hypersensi- PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 13 Numéro Spécial Hypersensibilité bilité dentinaire: l’altération du mouvement du fluide intracaniculaire et la modification ou le blocage de la réponse nerveuse pulpaire (Markowitz et al. 1999; Uchida et al. 1980). Le traitement peut être invasif ou non invasif. Parmi les traitements invasifs, on peut citer la chirurgie gingivale, l’application de résines ou une pulpectomie. Le traitement au laser est également utilisé pour l’hypersensibilité dentinaire; cette pratique est peu documentée dans la littérature scientifique (Markowitz et al. 1999; Uchida et al. 1980). Agents désensibilisants appliqués à domicile Les agents désensibilisants appliqués par le patient sont recommandés en cas d’hypersensibilité dentinaire légère; il s’agit généralement d’une application biquotidienne d’un dentifrice pour dents sensibles. Ces agents sont efficaces, sans danger, non invasifs, simples à utiliser et applicables à domicile. Le traitement à domicile consiste toujours à utiliser des dentifrices et/ou des bains de bouche spécifiques; il s’agit de loin de la méthode la plus simple. Une large gamme de produits sont proposés pour le traitement ambulatoire de l’hypersensibilité dentinaire. Parmi les ingrédients actifs utilisés, l’on peut citer les sels de potassium, de strontium, d’oxalate et de fluorure, que l’on retrouve dans des dentifrices, des gels et des bains de bouche. Des ingrédients contenus dans les dentifrices tels que les agents abrasifs comme la silice ou des agents actifs sont proposés pour obturer les canalicules (Gilette & van House 1980; Markowitz 1991; Absi et al. 1987; Bevenius et al. 1994; Herrera et al. 2002). Le mode d’action du dentifrice peut être l’occlusion des canalicules ou l’endormissement du nerf. Il semblerait que le fluorure provoque un blocage mécanique des canalicules ou que le fluorure labile présent dans la matrice organique de la dentine bloque la transmission des stimuli. Quel que soit le mode d’action du traitement ambulatoire, les patients doivent être informés que seule une utilisation quotidienne et de longue durée permet de contrôler l’hypersensibilité et que le temps nécessaire pour réduire la sensibilité est variable (Kim & Karasthatis 1981; West 2008; Bekes et al. 2009; Gilette & van House 1980). Agents désensibilisants appliqués par un professionnel L’hypersensibilité dentinaire modérée à sévère doit être traitée par un chirurgien-dentiste. Avant de commencer un traitement de désensibilisation, les dépôts durs et mous doivent être éliminés de la surface de la dent. Parmi les agents appliqués par le dentiste, l’on peut citer les vernis et les précipités, les résines contenant de l’HEMA (2-hydroxyéthyle méthacrylate) et d’autres agents polymérisants. En cas de perte de la structure cervicale de la dent, une restauration avec un verre-ionomère ou une résine composite est nécessaire pour contrôler l’hypersensibilité dentinaire. Les traitements effectués au cabinet dentaire sont généralement réservés aux patients ayant reçu des conseils de prévention et déjà utilisé un traitement ambulatoire s’étant révélé insuffisant (Kim & Karasthatis 1981; Orchardson & Collins 1987; Jensen 1964; Absi et al. 1987; Trowbridge & Silver 1990). PROPHYLAXIEInfos Stratégies de prévention du chirurgien-dentiste Les mesures de prévention doivent avoir pour objectif de réduire le risque d’exposition de la dentine, qui résulte d’une érosion dentaire ou d’une récession gingivale, généralement due à la technique de brossage inadaptée en l’absence de maladie ou de traitement parodontal. Directives de prévention: W La prévention doit avoir pour objectif la réduction des risques des facteurs étiologiques de l’hypersensibilité dentinaire. W Des conseils réguliers en matière de brossage des dents et d’utilisation de produits d’hygiène bucco-dentaire doivent être prodigués. W Un dépistage de la maladie parodontale est une condition préalable aux examens dentaires. W Un traitement parodontal doit être envisagé, si nécessaire, et suivi d’une maintenance faisant l’objet d’un suivi régulier. W Les patients doivent être encouragés à limiter la fréquence de consommation de boissons sucrées acides et à éviter le brossage des dents immédiatement après l’ingestion d’aliments acides. W Un bilan alimentaire sur trois jours non consécutifs doit être établi et consigné dans le dossier médical en cas de suspicion d’érosion extrinsèque. W Le port de gouttières pendant la nuit peut être envisagé pour limiter l’usure due à des habitudes fonctionnelles. Synthèse La comparaison de l’hypersensibilité dentinaire avec d’autres affections buccales permet de mettre en perspective l’impact de l’hypersensibilité dentinaire sur la santé bucco-dentaire. L’impact de la douleur buccodentaire, quel que soit son emplacement, sur la santé bucco-dentaire du patient peut être considérable. La qualité de vie des patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire sévère peut être perturbée. Les problèmes parafonctionnels et la détresse psychologique résultant principalement de la douleur associée à l’hypersensibilité dentinaire permettent de mesurer l’impact de l’hypersensibilité dentinaire sur la qualité de vie, ainsi que sur la santé bucco-dentaire du patient. Pour qu’un traitement soit efficace, il convient d’établir un diagnostic précis, puis de mettre en place un traitement à domicile ou au cabinet dentaire. Le problème pour le chirurgien-dentiste réside dans la nature multifactorielle de l’hypersensibilité dentinaire. En outre, la sévérité de l’affection déterminée par le témoignage du patient peut être inexacte. Une liste de directives de prévention permettrait au chirurgien-dentiste de résoudre plus efficacement ce problème. Prof Birgitta Söder Dept. of Dental Medicine · Division of Periodontology Karolinska Institute Box 4064 · 14104 Huddinge · Suède Numéro Spécial 2010 13 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 14 Numéro Spécial Hypersensibilité Qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire chez les patients présentant des collets dentaires dénudés et hypersensibles Dr Katrin Bekes, Martin-Luther-University Halle-Wittenberg, Allemagne; Prof Christian Hirsch, University of Leipzig, Allemagne L’hypersensibilité dentaire est un motif fréquent de consultation au cabinet dentaire. La perte objective des tissus durs de la dent n’est pas toujours un indicateur fiable de l’importance de l’inconfort ressenti. Cette importance ne peut être quantifiée que si tous les facteurs compromettant la qualité de vie, du fait de l’hypersensibilité dentaire, sont pris en compte. Cet article passe en revue les éléments ayant un impact sur la qualité de vie liée à la santé buccodentaire (QVLSD) identifiés dans le cadre d’une enquête représentative auprès des cabinets dentaires allemands. Qu’est-ce que la qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire? Au cours des dernières années, le terme «qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire» a été largement utilisé. La qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire correspond à la qualité de vie liée à la santé pour ce qui est des aspects concernant la cavité buccale (Fig. 1). La QVLSD décrit la perception de la santé bucco-dentaire pour tenter de mettre à jour son côté subjectif. En montrant comment les patients évaluent leur propre santé et les mesures thérapeutiques, la QVLSD donne des informations essentielles, complémentaires des indications cliniques des pathologies bucco-dentaires (par exemple, indices carieux ou indices parodontaux) (Robinson 2003; John 2004). questions adaptées. Depuis le début des années 90, différents auteurs ont élaboré des outils sous forme de questionnaires pour mesurer l’état de santé bucco-dentaire et la qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire. Le profil OHIP (Oral Health Impact Profile) est le protocole le plus largement utilisé ayant fait l’objet d’une validation méthodologique. Cet outil a été mis au point par Slade et Spencer sous forme d’un questionnaire comprenant 49 questions (Spencer 1994). Le questionnaire est divisé en sept sous-sections, la limitation fonctionnelle (neuf items), la douleur physique (neuf items), l’inconfort psychologique (cinq items), l’incapacité physique (neuf items), l’incapacité psychologique (six items), l’incapacité sociale (cinq items) et le handicap (six items). Le protocole, bien adapté aux investigations cliniques (Awad 2000), a été utilisé dans le cadre de nombreuses études cliniques et a été traduit en plusieurs langues, notamment en chinois (Wong 2002), en hongrois (Szentpetery 2006), en espagnol (Lopez 2006), en suédois (Hagglin 2007), en arabe (Al-Jundi 2007), en japonais (Yamazaki 2007) et en néerlandais (van der Meulen 2008). L’absence d’outil en allemand, comparable au niveau international, a donné lieu à l’élaboration d’une version allemande du questionnaire OHIP (OHIP-G) (John 2002). L’OHIP-G comprend les 49 items de la version originale en anglais, plus quatre items supplémentaires spécifiques à la population allemande. L’OHIP-G est utilisable pour les patients de plus de 16 ans; il permet de déterminer la QVLSD des germanophones. Le questionnaire comprend des questions posées de la façon suivante: «Avez-vous eu du Facteurs mal à mâcher des aliments du fait de problèmes Qualité de vie individuels avec vos dents ou vos prothèses au cours du Qualité de vie mois écoulé?» Plusieurs réponses sont proposées: «jamais» (0), «rarement» (1), «de temps liée la santé Facteurs envien temps» (2), «souvent» (3), «très souvent» (4). ronnementaux Qualité de vie liée Ce mode de réponse permet d’évaluer le proà la santé buccoblème en soi et sa gravité. Un score cumulé dentaire (QVLSD) compris entre 0 et 196 pour les 49 questions comprenant chacune 4 niveaux de notation donne une bonne image de l’impact sur la QVLSD. Un Fig. 1: La QVLSD s’inscrit dans le cadre de la qualité de vie score de «0» indique l’absence de tout problème lié à la globale (d’après John et al. 2003). santé bucco-dentaire. Des scores plus élevés révèlent un impact significatif sur la QVLSD. Le score de 196 corresLa QVLSD est une structure multidimensionelle qui pond à l’impact maximum sur la QVLSD, tous les pron’est pas exploitable directement, mais par l’intermédiaiblèmes étant rencontrés très souvent. Un tableau des re de différents indicateurs relatifs à des aspects indivivaleurs standard, représentatif des différentes populaduels. Pour comprendre ce type de structure, les persontions est fourni; il permet de comparer et d’évaluer le nes cibles, à savoir les patients, doivent répondre à des score du patient. 14 Numéro Spécial 2010 PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 15 Numéro Spécial Hypersensibilité Comment les pathologies buccodentaires affectent-elles la QVLSD des individus? Des estimations de la QVLSD associée aux différentes pathologies dentaires, orales et orthodontiques ont été publiées dans la littérature. Parmi ces pathologies, l’on peut citer la perte dentaire résultant de caries et de maladies parodontales (Strauss 1993), les altérations de la muqueuse buccale et le syndrome dit de la bouche brûlante (Larsson 2004; Lopez-Jornet 2009), les anomalies orthodontiques (de Oliveira 2004; Bernabe 2008) ou les fentes labiales, mandibulaires ou la palatoschisis (Sinko 2005). Plusieurs études ont été réalisées en Allemagne, portant, par exemple, sur des patients se plaignant de douleurs buccofaciales (John 2007), conséquences de maladies buccales infantiles (Hirsch 2000) ou des patients portant des prothèses totales (John 2004). Les résultats montrent que les maladies de la cavité buccale, des dents ou des prothèses ont une importance psychosociale significative pour une grande partie de la population. Ce résultat souligne non seulement l’effet positif sur les aspects fonctionnels, comme la mastication d’aliments et la communication, mais également l’impact sur l’aspect extérieur, le sourire et le rire, ainsi que sur le sens du bien-être et la confiance en soi, comme l’indique la population étudiée. La santé bucco-dentaire a une influence non négligeable sur l’état de santé global. Quel est l’impact de collets dénudés et hypersensibles sur la QVLSD? L’hypersensibilité dentinaire cervicale a pris une importance croissante en dentisterie au cours des dernières années du fait du nombre croissant d’adultes présentant cette affection (Fig. 2). La prévalence de l’hypersensibilité dentinaire dans la population adulte est comprise entre 4 et 57 % (Orchardson 2006), mais des valeurs plus extrêmes de 60 à 98 % ont été obtenues chez des patients atteints de lésions parodontales (Chabanski 1997). Une enquête nationale réalisée en Allemagne (2001) montre que 39 % des personnes interrogées se plaignent d’hypersensibilité dentaire (John 2003). L’hypersensibilité dentinaire se caractérise par une douleur brève et aiguë en réaction à des stimuli (tactiles, thermiques, osmotiques ou d’évaporation) (Dababneh 1999). Les patients se plaignent de différentes causes d’inconfort, comme une douleur déclenchée par la consommation d’aliments et de boissons chauds ou froids (café, crème glacée), le brossage des dents ou parfois même la respiration. Dans la plupart des cas, la sensation douloureuse disparaît rapidement et totalement après élimination du stimulus. Les patients décrivent différents niveaux de douleur, d’un léger inconfort à une douleur massive. Le degré d’inconfort dépend également de la perception individuelle de la douleur, de la tolérance à la douleur, ainsi que de facteurs émotionnels et physiques (McGrath 1986). Du point de vue des patients, la gêne dans la réalisation des activités quotidiennes joue un rôle important et affecte leur qualité de vie (Locker 1988). L’hypersensibilité dentinaire est multicausale. La douleur est déclenchée directement sur la dentine exposée, non recouverte d’émail, de cément ou de gencive et non protégée des stimuli externes par des moyens de restauration. La perte d’émail peut être due à l’érosion, à l’attrition, à l’abrasion ou à une combinaison de ces différents facteurs. L’exposition de la dentine survient de préférence dans la zone du collet car la couche d’émail y est particulièrement fine et le cément radiculaire plus fin est sensible à l’abrasion; souvent, le recouvrement du collet par du tissu dentaire dur est naturellement absent. En outre, l’exposition de la surface radiculaire peut être due à la récession gingivale, à une hygiène bucco-dentaire inadéquate, à un traitement parodontal (détartrage, surfaçage du cément radiculaire), ainsi qu’à un traumatisme chronique consécutif aux habitudes (Dowell 1983). Elle entraîne automatiquement l’exposition et l’ouverture des canalicules dentinaires. L’exposition de la surface dentinaire avec des canalicules ouverts est une condition préalable au développement d’hypersensibilité dentinaire (Brännström 1986). La sensation douloureuse est probablement déclenchée par le déplacement de fluide dans les canalicules dentinaires (Brännström 1986). L’évaluation de la QVLSD des patients consultant un dentiste pour obtenir un traitement pour une hypersensibilité des collets ont été étudiées dans une étude multicentrique (Bekes 2009). 724 adultes participants (âge moyen 42,8 ± 13,0 ans, 76,9 % femmes) présentant des collets hypersensibles ayant consulté dans 163 cabinets dentaires ont été présélectionnés pour cette étude. 667 sujets (92,1%) ne portaient pas de prothèses; parmi ces patients, 656 ont remis un ensemble complet de données. Ces sujets ont été inclus dans l’étude. Fig. 2: Les collets exposés réagissent fortement aux stimuli externes. PROPHYLAXIEInfos Les patients ont été interrogés sur leur QVLSD au cours de la première séance au cabinet dentaire. Leur QVLSD a été consignée dans la version allemande du profil OHIP-G. Les données ont été comparées à un ensemble de données de 1541 personnes obtenues dans le cadre d’une enquête sur la population globale allemande (John 2003). L’évaluation des questionnaires montre que les patients présentant des collets hypersensibles ont une QVLSD moins bonne que la population générale (Fig. 3). Numéro Spécial 2010 15 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 16 Score cumulé OHIP-G49 Numéro Spécial Hypersensibilité 100 Population globale Patients Fig. 3: Différences de la QVLSD entre les patients présentant une hypersensibilité des collets et la population globale 50 0 Conclusions Les patients ayant participé à l’étude ont présenté une valeur OHIP moyenne de 34,5 points (± 22,6) contre 12,22 points (± 18,4) en moyenne pour les sujets de la population globale. Cette différence de 22,3 est statistiquement significative. Les patients présentant des collets hypersensibles font état d’une altération de la QVLSD trois fois plus importante que la population globale. Les cinq questions ayant obtenu le score le plus élevé concernent les «dents sensibles» (n = 272; 50,7 %), «des débris alimentaires collant à la surface dentaire» (n = 134; 25,5 %), «une gêne pour manger certains aliments» (n = 90; 16,8 %), «une anxiété associée aux problèmes dentaires» (n = 88; 16,4 %) et «des gencives douloureuses» (n = 83; 15,5 %). La demande d’études scientifiques portant sur l’impact des pathologies bucco-dentaires sur la qualité de vie est forte. Le concept de QVLSD permet d’associer l’état bucco-dentaire à l’état général du patient. Ce faisant, on obtient une évaluation plus complète des pathologies bucco-dentaires. La prise en compte des effets combinés aux résultats cliniques est un puissant outil permettant d’avoir un aperçu spécifique au patient. Ces données offrent un complément utile aux paramètres cliniques. L’hypersensibilité des collets est un problème fréquent chez les adultes de tous âges. Les dents réagissent à des stimuli froids, chauds, sucrés ou mécaniques. Les patients se plaignent le plus souvent de l’impact significatif de cette affection. Le questionnaire a établi pour la première fois l’impact significatif de l’hypersensibilité dentinaire sur la qualité de vie globale des patients. La portée de cet effet est comparable à celle des autres maladies et affections buccodentaires, comme le dysfonctionnement crânio-mandibulaire. Presqu’aucune différence n’a été observée entre les sexes. Bien que la différence entre les sexes d’une moyenne de 2,8 points soit statistiquement significative (p = 0,0003), elle a été considérée comme négligeable. Parmi le groupe de patients, les femmes ont manifestement plus de problèmes d’hypersensibilité dentinaire que les hommes, contrairement à la situation dans la population globale, où les hommes présentent des scores OHIP plus élevés que les femmes. En outre, une différence significative entre la population globale et le groupe de patients a été établie, indépendamment de l’âge (Fig. 4). 40 36,0 Fig. 4: Score cumulé OHIP-G 33,1 Différences de la QVLSD entre les patients présentant une hypersensibilité des collets et la population globale en fonction du groupe d’âges 30 20 14,3 10,7 10 0 < 40 ans + 40 ans Population globale 16 Numéro Spécial 2010 < 40 ans + 40 ans Patients Dr Katrin Bekes Martin-Luther-University Halle-Wittenberg University School of Dental Medicine Dept. of Operative Dentistry and Periodontology Dept. of Pediatric Dentistry Harz 42a · 06108 Halle · Allemagne PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 17 Numéro Spécial Hypersensibilité Une solution contre l’hypersensibilité dentinaire pour vous et vos patients: intérêt de la technologie Pro-Argin™ Prof Mark S. Wolff; Morey J. Gendler, Scott W. Podell, Clinical Assistant Professors; New York University, College of Dentistry, USA L’hypersensibilité dentinaire est une pathologie qui affecte un nombre significatif de patients, entre 8 et 35 % de la population (Chabanski et al. 1997). La définition du terme hypersensibilité dentinaire actuellement en vigueur a été établie à partir de la conception et de la réalisation d’essais cliniques (Holland et al. 1997); «l’hypersensibilité dentinaire se caractérise par une douleur brève et aiguë émanant de la dentine exposée en réaction à des stimuli de nature thermique, liée à l’évaporation, tactile osmotique ou chimique et que l’on ne peut imputer à aucune autre forme de défaut ou de pathologie dentaire.» L’hypersensibilité dentinaire est une affection différente de la sensibilité résultant d’autres affections cliniques, comme les dents fissurées, la fracture de restauration, les caries dentaires ou la microfissure. Gysi (1900) a été le premier à suggérer que la douleur associée à l’hypersensibilité dentinaire serait due au fluide pulpaire. Selon la «théorie hydrodynamique de la douleur dentinaire» (Brännström 1963), le déplacement de fluide depuis et vers les canalicules dentinaires serait à l’origine de la douleur. Le canalicule doit être exposé et doit rester perméable, même lorsqu’il est exposé à la salive et à d’autres éléments de l’environnement buccal pour que la sensibilité se produise (Brännström et al. 1967). Les dents sensibles présentent un grand nombre de canalicules nettement plus ouverts que ceux des dents non sensibles (Absi et al. 1987). On ne sait pas pourquoi certains canalicules restent perméables chez certains patients et entraînent une sensibilité contrairement aux autres. Il existe une corrélation nettement négative entre l’accumulation de plaque dentaire et l’existence d’une sensibilité, ce qui semble indiquer que l’hypersensibilité dentinaire ne serait pas liée à l’accumulation de plaque (Addy et al. 1987). Lors de nombreuses observations cliniques, les patients atteints d’hypersensibilité dentinaire ont souvent des dents exceptionnellement propres. Dans la plaque, l’importance de la production d’acide, la chute du pH et sa durée associée au métabolisme des hydrates de carbone par les bactéries, sont régulés de façon significative par la salive et les composants salivaires (Kleinberg 1970). Ce processus de production acide provoquerait la déminéralisation de la structure dentaire (émail et dentine) observée dans les caries. L’accumulation de plaque et la production acide consécutive ne semblent pas être la voie du développement de l’hypersensibilité dentinaire. L’hypersensibilité dentinaire semble fonctionner selon un autre mécanisme. Il semblerait que l’ouverture des canalicules soit due à l’incapacité de la salive à produire une pellicule calcifiée, à l’érosion due à une alimentation acide ou à des médicaments ou à l’abrasion due, par exemple, au brossage des dents (Brännström 1992). L’étiologie de l’hypersensibilité dentinaire est un processus multifactoriel dont la PROPHYLAXIEInfos première étape est la perte d’émail cervical due à une combinaison d’abrasion et d’érosion (Addy & Pearce 1994) et/ou de récession du tissu parodontal, résultant en l’exposition de la dentine superficielle radiculaire (Addy 2002). La perte de tissu parodontal peut être le résultat d’une abrasion, comme le brossage des dents (Volpe et al. 1975), ou d’un traitement parodontal, comme le surfaçage du cément radiculaire ou la chirurgie. L’érosion de l’émail est une dissolution chimique et une perte superficielle de la substance dentaire dure par des agents acides en l’absence de plaque dentaire (Hannig et al. 2003). L’érosion acide, d’origine intrinsèque et extrinsèque, serait l’une des causes de l’hypersensibilité dentinaire. La perte réelle de tissu pourrait être accélérée par l’abrasion physique (Addy 2002). Les acides citriques et maléiques se trouvent dans les fruits, les jus de fruits et les boissons sucrées à des concentrations comprises entre 0 et 3 %. L’acide phosphorique se trouve dans plusieurs produits de consommation courante, en particulier les boissons au cola, à une concentration comprise entre 0 et 1% (West et al. 2001). Ces acides ont la capacité de ramollir et de dissoudre la dentine et l’émail, ce qui entraîne une perte de calcium à la surface de la dent. Une évaluation de l’effet du pH et du temps sur le ramollissement de la surface dentinaire montre que la dentine se ramollit avec le temps à un pH relativement élevé (6,0 –6,2) (Vanuspong et al. 2002). Si l’on manque de données épidémiologiques, des essais cliniques in situ, in vitro et cliniques ont mis en évidence l’érosion acide extrinsèque de l’émail (Zero & Lussi 2000). Les produits d’hygiène bucco-dentaire et les médicaments contenant de l’acide, comme l’acide acétylsalicylique (aspirine), seraient impliqués dans le développement de l’érosion dentinaire (Hellwig & Lussi 2006). Il est peu probable que la déminéralisation due aux acides, mise en évidence dans l’émail, affecte également la dentine, mais à degré sans doute différent. La fréquence de consommation, le mode de consommation (par ex., aspiration avec une paille), la durée de consommation et le moment de consommation ont un impact sur le degré de l’érosion entraînant l’exposition des canalicules dentinaires. L’abrasion de la surface dentinaire ramollie due à un brossage des dents excessif semble accélérer ce processus. Le brossage des dents seul, sans le ramollissement érosif de la dentine et l’utilisation de dentifrice, perturbent peu la «smear layer» (Absi et al. 1992). Bien que les dentifrices aient la capacité d’abraser la surface dentinaire de façon significative, on peut considérer que les dentifrices ont peu d’effet sur l’émail et des effets cliniquement non significatifs sur la dentine (Hunter & West 2000). La perte la plus importante de dentine est observée lorsque le brossage des dents (même sans dentifrice) est effectué immédiatement après une attaque acide érosive Numéro Spécial 2010 17 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 18 Numéro Spécial Hypersensibilité (Absi et al. 1992). C’est pourquoi il est déconseillé de se brosser les dents juste après avoir consommé des aliments acides. De nombreux patients, mais pas tous, présentant une exposition dentinaire, développent une hypersensibilité secondaire à des agents érosifs et abrasifs. Il ne semble pas que la plaque/pellicule/biofilm dentaire joue un rôle significatif dans la prévention de la déminéralisation et la promotion de la reminéralisation. En réponse aux acides alimentaires, le pH baisse et la solubilisation de la surface dentinaire peut augmenter si la surface radiculaire présente peu ou pas de plaque, cette dernière contenant du phosphate de calcium déjà soluble et protecteur (Kleinberg et al. 1994). Un brossage des dents abrasif pourrait aggraver la perte dentinaire et l’élimination de la plaque protectrice, bien qu’à ce jour, peu d’études aient été réalisées sur l’influence de la pellicule à la surface dentinaire en matière d’érosion dentinaire. Dans une étude in vitro, une certaine résistance à l’attaque acide semble avoir été acquise par le biofilm après moins d’une heure d’accumulation (Wetton et al. 2006). Cependant, comme dans les caries dentaires, le biofilm généré par la salive pourrait aider à la médiation des événements à la surface dentaire. Rôle de la salive dans l’hypersensibilité dentinaire On sait que la salive possède de nombreuses propriétés assurant la prévention de la déminéralisation et même la promotion de la reminéralisation. Ces propriétés sont, entre autres, l’effet tampon des acides utilisant le bicarbonate, les protéines salivaires et le phosphate de calcium (Kleinberg 1970) et la dilution et l’élimination d’agents érosifs. La couche de biofilm riche en protéines ou pellicule salivaire a une épaisseur comprise entre 20 et 500 nm (selon l’emplacement) dans les deux premières heures d’exposition à la salive; elle résiste à l’élimination par une brosse à dents (sans dentifrice) et aux forces masticatoires. La capacité du biofilm minimal à neutraliser l’attaque acide, ainsi qu’à amorcer et à favoriser la reminéralisation de la surface dentinaire, semble être une étape essentielle pour savoir si un canalicule reste perméable même en cas de perte de tissu dentinaire. L’impact de la salive sur ces événements a donné lieu à une série d’études aboutissant au développement de la technologie Pro Argin™. La présence ou l’absence de canalicules dentinaires perméables aide à prévoir si la dentine est hypersensible aux stimuli externes. L’étude sur le rôle de la salive dans la reminéralisation des canalicules exposés s’est orientée dans trois directions. L’impact le plus manifeste de la salive sur la calcification de la surface dentaire s’observe par la concentration libre de calcium et de phosphate salivaires qui se combinent naturellement pour créer un complexe mature de phosphate de calcium appelé tartre. On trouve souvent le tartre dentaire sur les dents antérieures inférieures. Cette région est rarement signalée par les patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire. La formation de tartre commence lorsque le pH de la salive augmente et la salive devient saturée en calcium et en phosphate. L’explication la plus courante de l’augmentation du pH 18 Numéro Spécial 2010 dans un environnement de plaque acide est la présence de bicarbonate salivaire résultant de l’augmentation du pH dans la plaque. Un composé, la précipitine salivaire, agrégat de protéine d’hydrate de carbone, de phosphate et de calcium (Chatterjee & Kleinberg 1979; Kleinberg et al. 1994) est produite par la salive et déposée dans la plaque et à la surface de la dent lorsque le pH dépasse le niveau neutre. La précipitine salivaire sert de réservoir de calcium et de phosphate pour la minéralisation. Il existerait également des processus autres que ce mécanisme du bicarbonate salivaire seul dans la neutralisation de l’acide (Wijeyeweera & Kleinberg 1989). Kleinberg a démontré que l’arginine et les petits peptides d’arginine étaient responsables d’une augmentation du pH. Ces résultats créent les conditions requises à une série d’expériences sur la combinaison idéale d’arginine et de calcium pour développer une précipitation contrôlée ou obturation dans les canalicules dentinaires. Des expériences ont été menées pour déterminer la combinaison idéale de ces composants en déterminant leur capacité à obturer les canalicules dentinaires. Une technique expérimentale appelée conductance hydraulique (Greenhill & Pashley 1981), dans laquelle le fluide est forcé dans la dentine et les produits sont appliqués pour déterminer leur capacité à obturer le canalicule perméable. Outre l’observation de la capacité à créer un bouchon par conductance hydraulique, des micrographies électroniques à balayage (MEB) ont été prises pour observer l’obturation. En dépit de la farine de pierre ponce créée qui s’est révélée être une obturation sur la MEB, aucune baisse de l’écoulement de fluide n’a été observée. Le bicarbonate d’arginine seul, le carbonate de calcium seul et le bicarbonate de sodium/carbonate de calcium ont peu d’effet sur la réduction de l’écoulement de fluide et sur l’obturation des canalicules sur les MEB. Une seule application de la combinaison bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium a permis de faire baisser rapidement l’écoulement de fluide et d’obturer les canalicules sur la MEB. À la fin des années 1990, un nouveau produit reminéralisant à base de calcium a été mis au point; son efficacité désensibilisante sous forme de dentifrice ou de pâte prophylactique a été démontrée. Ce produit était un composé de bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium incorporé dans différents véhicules d’administration pour favoriser la minéralisation. Le mécanisme d’action du composé est décrit comme suit: «le composé de bicarbonate d’arginine hautement soluble entoure ou est entouré de particules d’un composé de carbonate de calcium peu soluble, les qualités adhésives de cette composition formant un bouchon de pâte qui remplit le canalicule dentinaire et adhère à ses parois. L’alcalinité du bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium fait réagir les ions calcium et phosphate du fluide dentinaire pour rendre le bouchon chimiquement contigu aux parois dentinaires …» (Kleinberg 2002). La longévité clinique de cette obturation a été démontrée dans un essai clinique après un seul traitement prophylactique avec une pâte contenant du bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium. 60 % des dents sont restés totalement asymptomatiques à l’air et 77,4 % totalement asymptomatiques aux stimuli tactiles. Parmi les dents n’étant pas devenues totalement asymp- PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 19 Numéro Spécial Hypersensibilité tomatiques par le traitement unique, la plupart ont obtenu une nette amélioration des symptômes (Wolff & Kleinberg 2003, observations non publiées). Des essais cliniques portant sur une application biquotidienne à domicile de dentifrice contenant du bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium ont permis d’obtenir des résultats similaires. Confirmation des premiers résultats En 2009, deux études in vivo ont été publiées; elles étaient sensiblement similaires aux études in vivo non publiées de Wolff et Kleinberg. La première étude portait sur l’efficacité d’une pâte prophylactique contenant 8 % d’arginine dans une base de carbonate de calcium/silice par rapport à une pâte prophylactique à base de pierre ponce (Schiff et al. 2009). Cette étude a confirmé les premiers résultats démontrant l’efficacité d’une seule application de pâte prophylactique à réduire rapidement la sensibilité tactile et à l’air. Cette baisse de la sensibilité reste significative pendant 28 jours. La seconde étude comparant une pâte contenant de l’arginine, du carbonate de calcium et 1.450 ppm de fluorure à une pâte contenant du fluorure a permis d’observer une baisse rapide de la sensibilité (deux semaines) tactile et à l’air (Ayad et al. 2009). Comme pour les études précédentes, la baisse de la sensibilité s’est maintenue pendant les huit semaines de l’étude. Ces deux études et les deux études initiales ont permis de mettre au point un protocole thérapeutique pour les patients présentant une sensibilité dentaire, constitué d’un seul traitement prophylactique avec la pâte Colgate® Sensitive Pro-Relief (Pro-Apaisant™ en France) et permettant d’obtenir une baisse rapide et durable de l’hypersensibilité dentinaire. La persistance de la baisse de la sensibilité est obtenue en poursuivant la prophylaxie avec le dentifrice Colgate® Sensitive Pro-Relief (ProApaisant™ en France). Conclusion L’hypersensibilité dentinaire a une étiologie et une pathogénie différentes de celles des caries dentaires. L’apparition d’une hypersensibilité dentinaire est étroitement liée à une érosion acide dentinaire et à une abrasion, mais la salive semble avoir un rôle significatif dans le maintien des canalicules exposés. La nature protectrice et reminéralisante du biofilm/pellicule dentaire semble similaire en cas d’hypersensibilité dentinaire et de caries. Les premières études cliniques et de laboratoire ont montré l’efficacité d’un composé de bicarbonate d’arginine/carbonate de calcium, initialement appelé Sensistat ®, à obturer les canalicules; ce composé est aujourd’hui à la base de la technologie Pro-Argin™ de Colgate®. Il permet d’obtenir une baisse sensible et durable de l’hypersensibilité dentinaire. Prof Mark S. Wolff Dept. of Cariology and Comprehensive Care NYU College of Dentistry (MC 9480) 345 East 24th Street · New York, NY 10010, USA PROPHYLAXIEInfos Pâte à polir désensibilisante professionnelle utilisant la technologie Pro-Argin™ de Colgate® – Étude test sur le produit utilisé au cabinet dentaire – Danemark, Norvège et Suède Dr Kaj Stoltze, University of Copenhagen, Danemark Introduction Le traitement de l’hypersensibilité dentinaire par les professionnels dentaires consiste généralement à recommander l’utilisation de dentifrices désensibilisants ou à appliquer au cabinet dentaire des traitements destinés à obturer les canalicules dentinaires ou à réduire leur ouverture; grâce à la formation d’un précipité insoluble à l’entrée des canalicules dentinaires, on obtient un soulagement instantané de la douleur, contrairement à la plupart des dentifrices désensibilisants dont l’efficacité ne se manifeste qu’après au moins deux semaines de traitement. C’est pourquoi les produits professionnels d’obturation des canalicules ont été utilisés pour améliorer le confort des patients pendant les actes réalisés au cabinet dentaire, comme le détartrage et le polissage. Colgate a mis au point un nouveau produit simple à utiliser, la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Relief (Pro-Apaisant™ en France). Ce produit obture et scelle les canalicules dentinaires ouverts, ce qui procure un soulagement immédiat de la douleur liée à la sensibilité dentinaire lorsqu’il est utilisé avant ou après le détartrage (Schiff 2009; Hamlin 2009). L’étude réalisée auprès de praticiens présentée dans cet article a été conçue pour déterminer la capacité de la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ (CSPA-PPD) à procurer un soulagement immédiat de la douleur sur les dents hypersensibles dans des conditions réelles et sur des patients réels. Conditions de l’essai L’étude a été réalisée dans 33 cabinets dentaires au Danemark (18 cabinets, 110 patients), en Norvège (7 cabinets, 52 patients) et en Suède (8 cabinets, 47 patients). Les dentistes ou hygiénistes dentaires participants ont été invités à tester CSPA-PPD sur des patients souffrant d’hypersensibilité dentinaire. Avant l’application du produit, des tests d’hypersensibilité dentinaire ont été effectués sur les dents à l’aide de la méthode du jet d’air. Chaque dent et sa surface radiculaire ont été exposées à un jet d’air froid, les dents voisines étant protégées par les doigts du dentiste. Les patients ont été invités à classer leur perception de la douleur après stimulation par jet d’air dans les catégories «aucune», «légère», «modérée» ou «sévère». Cette classification a été traduite en score de douleur dentaire de 0, 1, 2 et 3 et consignée sur des feuilles de notation. CSPA-PPD a ensuite été appliqué par polissage en une application de 3 secondes avec une cupule en caoutchouc répétée une fois. Les dents ont ensuite été de nou- Numéro Spécial 2010 19 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 20 Numéro Spécial Hypersensibilité veau testées avec le jet d’air; les patients ont été invités à évaluer l’intensité de la douleur ressentie à l’aide de la même classification que précédemment. Les dents ont ensuite subi un détartrage et un surfaçage radiculaire; au terme du soin dentaire, les patients ont été interrogés sur le ressenti du traitement par rapport à leur expérience passée. Les différentes réponses possibles étaient «identique», «moins désagréable» ou «beaucoup moins désagréable». La gestion et l’évaluation des données ont été réalisées avec le système SAS (SAS Institute Inc. Raleigh, North Carolina, États-Unis). L’analyse statistique a été effectuée en utilisant le score de douleur dentaire comme unité d’observation. Un test du chi-2 a été utilisé pour évaluer l’effet du traitement sur la sensibilité dentaire. En revanche, comme plusieurs dents d’un même patient ont été incluses dans l’analyse, un manque théorique d’indépendance ne peut être exclu. Le nombre réel de dents hypersensibles testées par patient était compris entre 1 et 12. Pour prendre en compte cet élément, la valeur moyenne du score de douleur de toutes les dents pour le même patient a été calculée comme variable de résultat et appelée douleur du patient. L’unité d’observation est donc le patient. Un modèle linéaire généralisé (MLG) a été utilisé pour évaluer la signification statistique de la différence de douleur du patient avant et après le traitement. Résultats et discussion 10 patients ayant des données manquantes ont été exclus de l’analyse statistique; 199 patients pour un total de 893 dents hypersensibles ont donc été analysés à partir des enregistrements effectués par 33 professionnels dentaires. Les patients examinés dans les cabinets dentaires danois et norvégiens avant le traitement ont présenté un score de douleur du patient plus élevé que les patients suédois (p < 0,003). Cette observation peut être simplement due à des différences mineures et sans importance clinique dans la composition des groupes de patients. Après le traitement, en revanche, aucune différence statistique de la variable douleur du patient n’a été observée. % 60 après application avant application 436 50 404 40 30 333 233 20 156 174 10 0 50 0 1 2 Score de douleur dentaire 3 Fig. 1: Répartition de la perception douloureuse des 893 dents avant (rouge) et après (bleu) application de la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro Apaisantf™ (chi-2: 163,6, df: 6, p < 0,0001). 20 Numéro Spécial 2010 Après l’application du CSPA-PPD, une baisse significative du score de douleur dentaire attribué à un stimulus par jet d’air a été observée (p < 0,0001, voir Fig. 1). Au total, 610 dents sur 893, soit 68,3 %, étaient moins sensibles après l’application de CSPA-PPD. En ce qui concerne la douleur du patient, une baisse significative de 51,8 % (la valeur moyenne passant de 2,22 à 1,07) de la douleur subjective des patients a été observée (p < 0,0001). Le tableau 1 illustre le regroupement de la douleur du patient avant le traitement dans les catégories légère (= 1), modérée (1 < et = 2) et sévère (> 2), puis dans des groupes selon l’efficacité de l’application de CSPA-PPD à réduire ou non la douleur du patient. Aucune augmentation de la douleur du patient n’a été observée après le traitement. Score «Douleur patient» avant traitement Nombre de patients présentant un changement de la «Douleur patient» après le traitement Baisse Augmentation légère 2 (14,3 %) 12 (85,7 %) modérée 59 (65,6 %) 31 (34,4 %) sévère 88 (92,6 %) 7 (7,4 %) Tableau 1: Nombre de patients (n = 199) présentant un changement de la douleur subjective après application de la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ (chi-2: 47,4, df: 2, p < 0,0001). Le test du chi-2 indique une répartition nettement différente de l’effet selon le degré de douleur avant traitement. L’effet de soulagement de la douleur procuré par l’application de CSPA-PPD est en effet nettement plus élevé lorsque la douleur subjective avant traitement était élevée (p < 0,0001). Cette différence observée entre les catégories de douleur peut être due aux difficultés pour détecter de petits changements de perception à un niveau où la douleur est déjà légère. 28 patients ayant des données manquantes ont été exclus de l’analyse comparant l’inconfort dû au détartrage/surfaçage à l’expérience précédente. Sur les 171 patients restants, 130 (76 %) ont indiqué avoir ressenti un inconfort moindre pendant le détartrage/surfaçage par rapport aux expériences antérieures grâce au traitement par la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™. Dans cette évaluation réalisée auprès des praticiens, la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive ProApaisant™ a permis d’obtenir une réduction rapide cliniquement et statistiquement significative (p < 0,0001) de l’hypersensibilité dentinaire. Le traitement par CSPA-PPD a donné lieu à un soulagement immédiat pour 68,3 % des dents testées. L’effet bénéfique était nettement plus significatif pour les dents les plus sensibles avant le traitement. L’étude montre enfin que 76 % des patients ont trouvé que le détartrage/surfaçage était plus confortable après le prétraitement par la pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™. Dr Kaj Stoltze Dept. of Periodontology · School of Dentistry University of Copenhagen Nørre Allé 20 · 2200 Copenhagen · Danemark PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 21 Numéro Spécial Hypersensibilité Informations récentes sur la réduction de l’hypersensibilité dentinaire – un nouveau dentifrice contenant 8 % d’arginine, du carbonate de calcium et du fluor est plus efficace que les produits contenant 2 % d’ions potassium Prof Raffaella Docimo, University of Rome at Tor Vergata, Rome, Italie L’efficacité d’une nouvelle approche de la réduction de l’hypersensibilité dentinaire a été démontrée dans le cadre de deux études cliniques de huit semaines. L’effet sur la diminution de la douleur du dentifrice Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ contenant la technologie Pro-Argin™ (8 % d’arginine et carbonate de calcium) et du fluorure a été comparé à celui de deux dentifrices contenant différents sels de potassium (KCl et KNO3). Les résultats montrent que le dentifrice Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ procure une baisse nettement supérieure d’un point de vue statistique, de l’hypersensibilité dentinaire par rapport aux dentifrices contenant des ions potassium comme agent désensibilisant. Introduction L’hypersensibilité dentinaire est une douleur brève et aiguë que l’on ne peut imputer à aucune autre forme de défaut ou de pathologie dentaire, mais uniquement à la dentine exposée. L’hypersensibilité dentinaire est une affection prévalente dans les populations adultes (15 – 20 %), les 20 – 50 ans étant les plus touchés (Cummins 2009). Seuls des canalicules dentinaires ouverts et exposés donnent lieu à une douleur brève et aiguë en réaction à des stimuli de nature thermique (température froide), mécanique (brosse à dents), osmotique (sucré/salé) ou liée à l’évaporation (jet d’air) (Markowitz & Pashley 2008). La principale cause de l’hypersensibilité dentinaire est l’exposition de canalicules dentinaires ouverts résultant d’une récession gingivale. L’incidence de l’hypersensibilité dentinaire peut évoluer en fonction de l’alimentation (Cummins 2009) et augmenter avec le temps du fait de l’allongement de la durée de vie et de la conservation plus longue de la denture (Docimo 2009a). (Berman 1985; Dowell & Addy 1983). La théorie hydrodynamique, la plus souvent admise (Gysi 1900), explique l’apparition de la douleur soudaine en supposant que le fluide dans les canalicules dentinaires est mis en mouvement par le stimulus externe. Les stimuli non toxiques à la surface de la dent, comme le jet d’air ou un stimulus thermique, provoquent un déplacement du fluide dans les canalicules dentinaires, ce qui excite les nanorécepteurs pulpaires et provoque une brève douleur aiguë. Différentes stratégies thérapeutiques ont été utilisées pour le traitement de l’hypersensibilité dentinaire, notamment l’utilisation quotidienne à domicile de produits et l’application au cabinet dentaire de vernis (ou résines) d’obturation; toutes ont en commun un même objectif: soulager le patient. Les produits les plus utilisés à domicile sont les dentifrices désensibilisants, qui sont généralement composés de sels de potassium, comme le nitrate de potassium, le citrate de potassium ou le chlorure de potassium. Les ions potassium auraient un effet dépolarisant sur les nerfs et interviendraient donc dans la conduction nerveuse. La dépolarisation provoque l’engourdissement du nerf, qui devient moins sensible aux stimuli externes (Kim 1986); on obtient ainsi une diminution de la douleur. Il s’avère que l’hygiène bucco-dentaire globale peut être gênée par l’inconfort résultant de l’hypersensibilité dentinaire, ce qui donne lieu à une accumulation de plaque dentaire et peut accroître le risque de formation de caries, d’inflammation gingivale et de problèmes parodontaux généraux (Carranza 1996). Il faut donc que les dentistes considèrent l’hypersensibilité dentinaire comme une affection importante qui peut également perturber la qualité de vie du patient (Bekes 2008). On peut également traiter l’hypersensibilité dentinaire en réduisant le diamètre des canalicules dentinaires ou en bouchant ces derniers. Cette technique repose sur l’idée toute simple que plus les canalicules dentinaires sont étroits, plus la quantité de fluide pouvant être déplacée par un stimulus externe est réduite, selon la théorie hydrodynamique; on obtient ainsi une baisse de la réponse nerveuse. Il est généralement admis qu’une obturation complète et solide des canalicules constitue la méthode de traitement la plus efficace pour obtenir un soulagement instantané et durable de l’hypersensibilité dentinaire. Les substances capables de recouvrir les surfaces dentinaires exposées, en plus d’obturer et de sceller les canalicules dentinaires ouverts, permettent également de renforcer la dentine et de la rendre moins sensible aux facteurs prédisposants, tout en réduisant simultanément l’hypersensibilité dentinaire (Cummins 2009). Plusieurs théories ont été proposées pour clarifier le mécanisme de la douleur subjective chez les patients atteints d’hypersensibilité dentinaire, notamment la théorie du prolongement odontoblastique, la théorie du récepteur dentinaire et la théorie hydrodynamique Le rétrécissement et l’obturation des canalicules dentinaires peuvent être obtenus par l’application d’une couche de vernis obturateur sur la dentine exposée et/ou par l’utilisation d’agents topiques qui forment des précipités insolubles aux entrées du cana- PROPHYLAXIEInfos Numéro Spécial 2010 21 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 22 Numéro Spécial Hypersensibilité licule. L’arginine est un acide aminé naturel de la salive humaine; combinée avec le carbonate de calcium, il obture physiquement les canalicules dentinaires ouverts (Kleinberg I 2002). Ce concept a été utilisé par Colgate-Palmolive pour mettre au point Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™, un dentifrice contenant la technologie Pro-Argin™ (comprenant 8 % d’arginine et du carbonate de calcium) et 1.450 ppm de fluorure sous forme de monofluorophosphate de sodium. L’efficacité et le mécanisme d’obturation de cette technologie ont déjà été démontrés dans une série d’articles publiés dans deux numéros spéciaux du Journal of Clinical Dentistry (2009). L’objectif de cet article est de faire la synthèse de deux études cliniques récentes (Docimo 2009a & Docimo 2009b), qui ont comparé l’efficacité de Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ à celle de deux dentifrices commercialisés indiqués pour prendre en charge le problème d’hypersensibilité dentinaire par une technique différente. La combinaison de la technologie Pro-Argin™ et du fluorure a notamment été comparée à des dentifrices désensibilisants contenant des ions potassium. Conditions de l’essai Les deux études étaient en double aveugle; aucun des examinateurs ou des sujets n’était informé du dentifrice utilisé par un individu donné. Les sujets ont également reçu une brosse à dents souple et ont été invités à se brosser les dents deux fois par jour (le matin et le soir) pendant une minute à chaque fois. Après l’évaluation à la situation de référence, les sujets ont été de nouveau examinés après deux*, quatre et huit semaines d’utilisation du dentifrice test ou des dentifrices témoins positifs. À chaque repère temporel, les sujets ont subi un examen minutieux des tissus buccaux durs et mous, puis une évaluation de leur hypersensibilité dentinaire à l’aide de stimuli tactiles (sonde Yeaple (Clark GE 1990)) et par jet d’air (Schiff 1994). Pour plus d’informations sur l’essai, consultez Docimo 2009 et Docimo 2009b. ss = statistiquement significatif à p < 0,05 Score moyen au jet d’air Schiff Tous les sujets étaient âgés de 18 à 70 ans, présentaient un état général satisfaisant et aucun antécédent d’allergies ou d’intolérance aux ingrédients de produits dentaires. À la situation de référence, les sujets devaient présenter au moins deux dents hypersensibles antérieures aux molaires avec érosion/abrasion cervicale ou récession gingivale et un score au stimulus d’hypersensibilité tactile de 10 à 3 50 g de force (sonde Yeaple), ainsi qu’un score au stimulus par jet d’air de 2 ou 3 (échelle de sensibilité à l’air froid de Schiff). 2,5 Les sujets devaient être disponibles pendant les huit semaines de durée de ces 2 études, randomisées, monocentriques, en groupes parallèles, en double aveugle, et stratifiées. 1,5 Les sujets sélectionnés dans les deux études ont été stratifiés selon les scores de sensibilité tactile et au jet d’air au point de référence et affectés de façon aléatoire au sein des strates à l’un des traitements étudiés suivants: dans la première étude, un groupe a reçu le nouveau dentifrice (dentifrice test) contenant la technologie Pro-Argin™ et 1.450 ppm de fluorure, l’autre groupe le dentifrice Sensodyne Total Care F (contrôle 1) contenant 2 % d’ions potassium sous forme de chlorure de potassium. Dans la seconde étude, avec un différent groupe de patients, un groupe a reçu le dentifrice test et l’autre, le dentifrice Sensodyne Total Care Gentle Whitening (contrôle 2) contenant 2 % d’ions potassium sous forme de nitrate de potassium. Tous les groupes ont reçu des instructions identiques; la méthodologie était la même pour les sujets des deux essais cliniques. Les dents utilisées comme points d’appui pour les prothèses partielles ou les 1 dents présentant des restaurations importantes ou défectueuses, des caries, des fractures, une mobilité excessive ou une 0,5 pathologie pulpaire suspectée ont été exclues. Les sujets portant des appareils 0 orthodontiques, plusieurs incisives avec une couronne ou une facette prothétique, des tumeurs des tissus buccaux mous ou durs, une maladie parodontale modérée ou avancée ou plusieurs lésions carieuses ont été exclus. Les sujets étaient également exclus s’ils étaient sous traitement médicamenteux, notamment sous analgésiques susceptibles de masquer la perception de la douleur, s’ils avaient utilisé des désensibilisants commercialisés dans les trois mois précédant les études et s’ils participaient à un autre essai clinique; les femmes enceintes ont également été exclues. 22 Numéro Spécial 2010 ss ss ss ss ss Situation de référence s2 + Cntrl 1 s4 Test 1 Test 2 ss s8 + Cntrl 2 Fig. 1: Scores de sensibilité au jet d’air PROPHYLAXIEInfos Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 23 Numéro Spécial Hypersensibilité Résultats et discussion Les scores moyens de stimuli tactiles et par jet d’air par rapport à la situation de référence dans les deux études et la sensibilité aux deux stimuli a baissé dans tous les groupes de traitement pendant les huit semaines des études (Fig.1– 2). Les deux essais cliniques ont donné des résultats très similaires pour le dentifrice test, contenant la technologie Pro-Argin™ et du fluorure et les dentifrices contrôles positifs, contenant 2 % d’ions potassium, sous forme de nitrate de potassium ou de chlorure de potassium, et du fluorure. Les résultats des deux essais cliniques montrent que le dentifrice contenant la technologie Pro-Argin™ et du fluorure est nettement plus efficace que les dentifrices contrôles positifs contenant des ions potassium et du fluorure. L’application du produit contenant la technologie Pro-Argin™ a permis d’obtenir une baisse plus rapide de la sensibilité que les dentifrices contrôles positifs contenant des ions 50 Score tactile moyen (g) 45 ss = statistiquement significatif à p < 0,05 ss ss 40 35 ss 30 ss 25 20 15 10 potassium. Il est manifeste que pour parvenir à la même baisse de l’hypersensibilité dentinaire, il a fallu nettement plus de temps avec les contrôles positifs qu’avec le produit test. L’action apparemment plus rapide du dentifrice contenant la technologie ProArgin™ et du fluorure est sans doute due à la formation directe d’une couche riche en calcium qui facilite l’obturation et le scellement des canalicules dentinaires ouverts. Synthèse Les résultats des deux essais cliniques en doubleaveugle, d’une durée de 8 semaines, réalisés à Rome sur différents groupes de volontaires ont montré que le dentifrice test, contenant la technologie Pro-Argin™ et du fluorure, apportait une baisse statistiquement significative de l’hypersensibilité dentinaire après seulement deux semaines de brossage et que l’effet bénéfique se maintenait pendant 8 semaines. L’importance de l’effet bénéfique procuré par le dentifrice test était nettement supérieure à celle des dentifrices classiques désensibilisants à ss ss base de potassium, qui ont permis également d’obtenir des baisses de la sensibilité par rapport à la situation de référence. Ces essais cliniques montrent que les deux techniques sont capables de réduire l’hypersensibilité dentinaire, mais que le brossage avec un dentifrice contenant la technologie Pro-Argin™ et du fluorure permet d’obtenir un résultat plus rapide et plus durable. Cette différence peut être due aux mécanismes d’action différents des dentifrices test et contrôles positifs. 5 0 Situation de référence s2 Cntrl 1 s4 Test 1 Test 2 s8 Cntrl 2 Prof Raffaella Docimo University of Rome at Tor Vergata Dept. of Odonto Stomatology (Cattedra di Pedodonzia) Rome · Italie Fig. 2: Scores de sensibilité tactile * Dans l’une des deux études, une mesure a également été réalisée après 1 semaine de traitement (Docimo 2009b). PROPHYLAXIEInfos Numéro Spécial 2010 23 Pro-Argin_France_2010.qxp 29.07.2010 8:58 Uhr Seite 24 Numéro Spécial Hypersensibilité Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ avec la technologie Pro-Argin™ Contient de l’arginine et du calcium La recherche montre que l’arginine, acide aminé naturellement présent dans la salive, confère des effets bénéfiques protecteurs pour la santé bucco-dentaire (Kleinberg 1999; 2002). Colgate a utilisé ces connaissances et ajouté de l’arginine à des produits de soins bucco-dentaires afin d’apporter son effet bénéfique avéré sur la sensibilité. Comment la technologie Pro-Argin™ bloque-t-elle la douleur? L’arginine provoque l’obturation des canalicules dentinaires et empêche la transmission des stimuli à l’origine de la douleur. Cette obturation reste intacte, même après une exposition aux acides. Les canalicules sont scellés *. * Illustrations réalisées à partir de photographies MEB (microscopie électronique à balayage) Comment la technologie Pro-Argin™ obturet-elle les canalicules? Les dernières recherches montrent que l’arginine, chargé positivement à un pH physiologique, se lie à la surface dentinaire chargée néga- L’arginine pénètre dans les canalicules dentinaires et favorise leur obturation.* tivement. Cette action facilite l’attraction du calcium sur la surface dentinaire pour former une couche minérale riche en calcium, qui obture les canalicules dentinaires. La pâte de polissage désensibilisante Pro-Apaisant™ 24 20 15 10 5 0 après application 4 semaines Pâte à polir désensibilisante Colgate® Sensitive Pro-Apaisant™ Numéro Spécial 2010 3 2,5 Baisse de la sensibilité 25 Scores de sensibilité au jet d’air 30 Baisse de la sensibilité Scores de sensibilité aux stimuli tactiles réduit de façon significative (p < 0,05) l’hypersensibilité dentinaire induite par des stimuli tactiles et par jet d’air (Schiff et al. 2009) 2 1,5 1 0,5 0 après application 4 semaines Témoin négatif: pâte prophylactique sans fluorure PROPHYLAXIEInfos