Conseils d’experts Droit CATASTROPHES ENVIRONNEMENTALEs : QUEL EST LE RÔLE DES DIFFÉRENTS PALIERS DE GOUVERNEMENT ? La tragédie de Lac-Mégantic, survenue dans la nuit du 6 juillet 2013, a secoué le Québec tout entier, tant par l’ampleur des pertes humaines et matérielles qu’elle a causées que par la catastrophe environnementale qui en a résulté. Plus de 5 500 000 litres de pétrole furent brûlés ou déversés dans l’environnement. De cette quantité, près de 100 000 litres ont atteint la rivière Chaudière, contaminant ainsi tout le plan d’eau de même que les berges et municipalités en aval de cette rivière. PAR Christine Duchaine Présidente Sodavex [email protected] Jean-Philippe Therriault stagiaire Sodavex [email protected] P lus récemment, un déversement de 450 000 litres de mazout lourd est survenu à Sept-Îles dont une partie a atteint la Baie. Au même moment, nous apprenions qu’environ 1 000 litres d’huile et d’eau huileuse contaminées par des biphényles polychlorés (BPC) avaient été déversés sur un terrain à Pointe-Claire. Tous ces événements ont fait la une des médias et ont semé l’inquiétude chez les résidents. Lors de tels événements, il n’est pas rare de voir les divers paliers de gouvernement, tant au niveau municipal, provincial que fédéral, s’impliquer afin de gérer la situation. La question de départager leurs rôles respectifs se pose alors avec acuité. Qui fait quoi ? Lors de déversements accidentels de contaminants dans l’environnement, le gouvernement provincial agit en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement et de ses règlements. Ainsi, le Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (le « MDDEFP ») intervient en première ligne par l’entremise d’UrgenceEnvironnement pour minimiser les conséquences environnementales. L’équipe d’intervention du ministère peut encadrer ou prendre en charge les travaux visant à contenir la contamination et à récupérer les contaminants. Le MDDEFP a aussi le pouvoir d’émettre des ordonnances pour contraindre les responsables du déversement à procéder à la décontamination ou à en assumer les coûts, ainsi que des sanctions pénales ou administratives au pollueur et à ses administrateurs. Le gouvernement fédéral, quant à lui, intervient en vertu de la Loi sur les pêches, la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, la Loi sur les transports au Canada ou la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses ainsi que leurs règlements. Le fédéral ayant une juridiction exclusive pour tout ce qui touche le transport ferroviaire, les pêches et la protection des eaux navigables, son pouvoir d’intervention demeure large. Les municipalités pour leur part sont généralement impliquées lors de catastrophes afin de venir en aide aux citoyens et de fournir les services d’urgence. Une coordination et des normes de sécurité déficientes Le manque de concertation entre les différents paliers gouvernementaux lors de ces événements et les lacunes dans la communication avec la population ont été flagrants, mettant clairement en évidence qu’il n’est pas suffisant de prévoir des outils normatifs, Premières en affaires encore faut-il qu’ils soient utilisés de façon adéquate et complémentaire pour s’avérer efficaces. Les différents paliers de gouvernement devront s’interroger sérieusement quant à leur implication respective dans le cadre de l’élaboration de plans d’interventions pour les situations d’urgences environnementales, et ce, afin d’éviter le cafouillage et porter immédiatement secours aux victimes. Il va sans dire que la communication d’informations en temps opportun constitue un élément essentiel à la réussite des interventions. Il est également ressorti que les normes de sécurité en matière de transport de matières dangereuses et les garanties financières y associées devront être revues et resserrées, afin de réduire les risques que de tels événements se reproduisent et éviter que les contribuables paient la note. Ce n’est malheureusement qu’au moment où surviennent de telles catastrophes que nous réalisons le réel impact que peuvent avoir sur nous, en tant que société, les décisions des gouvernements en matière de normes de sécurité, de protection de l’environnement, ainsi que de plans de contingence. Espérons que les événements récents inciteront nos élus à se doter des outils appropriés pour être en mesure à réagir promptement en cas de désastres environnementaux. 49