L’ORCHIDOPHILE connaître, cultiver et protéger les orchidées Marcel LECOUFLE “100 ans d'orchidées” L’Orchidophile 199 - Décembre 2013 - 44 (4) n° 199 - 2013 Vol. 44 (4) www.sfo-asso.com SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE SOMMAIRE L'ORCHIDOPHILE n° 199 - 2013 - vol. 44 (4) Présidents d’honneur † Georges MOREL (1970-1972) – Marcel LECOUFLE – (1972-1981) – † Dr Jean CAMARD (1981-1982) † Dr Maurice GRINFEDER (1986-1995) – † Roger BARBIER (1995-1998) – Janine BOURNÉRIAS (1998-2002) Alain JOUY (2002-2008) Composition du Bureau Président : Vice-présidents : Pierre LAURENCHET Jean-Michel HERVOUET Secrétaire générale : Agnès MÉTIVIER Secrétaire général adjoint: Jean-Pierre AMARDEILH Trésorier : Robert BORDES Rédacteur de L’Orchidophile : David LAFARGE Responsable des expositions : Michel LE ROY Relations extérieures : Charlotte DUPONT Protection : Pascal DESCOURVIÈRES Recherche de financements : Philippe FELDMANN Commission des voyages : Jean-Michel HERVOUET Composition du Conseil d’Administration Jean-Pierre AMARDEILH, Agnès ARTIGES, Pierre AUTHIER, Alain BENOÎT, Jean-Marie BERGEROT, Robert BORDES, Michel DÉMARES, Pascal DESCOURVIÈRES, Charlotte DUPONT, Philippe FELDMANN, Alain GÉVAUDAN, Vincent GILLET, Jean-Claude GOORIS, Jean HÉRAULT, Jean-Michel HERVOUET, Alain JOUY, Jean-Claude LACHARPAGNE, David LAFARGE, Pierre LAURENCHET, Michel LE ROY, Georgette LECARPENTIER, Jean-Michel MATHÉ, Agnès MÉTIVIER, Michel NICOLE, Daniel PRAT, Michel SERET, Ofélia TÉQUI, Jacqueline VAQUETTE. Bibliothécaire : Michel GIRAUD Associations régionales, Groupements et Sections 349 SFO AQUITAINE (24-33-40-47-64) – Président: Bernard GERBAUD, 16 rue Georges Brassens, 24 700 MONTPON-MÉNESTÉ[email protected] - http://sfoaquitaine.jimdo.com/ SFO AUVERGNE (03-15-23-43-58 et 63) – Présidente : Chantal RIBOULET, 39 rue du Chorigier, 63122 CEYRAT – [email protected] http://www.sfo-auvergne.org/ SFO SECTION BOURGOGNE (21-58-71-89) V. GILLET, 11 rue de Belle-Vue, 21121 FONTAINE-LÈS-DIJON – [email protected] SFO CENTRE LOIRE (18-28-36-37-41 et 45) – Président : Charles DOUCHET, 681 route d'Arian, 41 250 FONTAINES-EN-SOLOGNE [email protected] - http://sfocl.free.fr/ SFO ÎLE-DE-FRANCE (75-77-92-93-94) Président : Alain BENOÎT, 33 rue des Maraîchers, 75 020 PARIS - [email protected] www.sfo-idf.com/ SFO LANGUEDOC (12-30-34 et 48) – Président : Francis DABONNEVILLE, 903 Chemin Pied du Bon Dieu, 30 000 NÎMES [email protected] - http://perso.orange.fr/michel.nicole/ SFO LORRAINE-ALSACE (54-55-57-67-68 et 88) – Président : Monique G UESNE , 6 rue de l’Echo, 54370 MAIXE - monique. [email protected] SFO NORD (02-59-60-62 et 80) – Président : Frédéric DEBRUILLE, 18 boulevard Louise Michel, 59 490 SOMAIN - debruillef@ 307 319 339 ORCHIDÉES EXOTIQUES Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas Pascal SAUVÊTRE –––––––––––––––––––––––––– 297 Le rempotage des anguloas Dr Henry OAKELEY –––––––––––––––––––––––– 307 Dixième voyage à Madagascar : Ambondrombe, le pic Boby, le pic Ivohibe et le corridor de Vondrozo Jean-Claude GUÉRIN et Jean-Michel HERVOUET 319 Récit d’un voyage en Malaisie Carsten HAMMER ––––––––––––––––––––––––– 335 Orchidées des Andes Fabien BROSSE –––––––––––––––––––––––––––– 349 Cattleya elongata Barb. Rodr. (fiche de culture) Jean-Pierre LE PABIC ––––––––––––––––––––––– 371 wanadoo.fr - http://www.orchid-nord.com SFO NORMANDIE (14-27-61 et 76) – Présidente : Georgette L ECARPENTIER , 15 rue Beaudouin, 27 700 LES ANDELYS [email protected] - http://sfo-normandie.fr SFO PACA (04-05-06-13-83 et 84) – Président : Pierre-Michel BLAIS, Les Douvelles, route de Salernes, 83 570 ENTRECASTEAUX [email protected] - http://sfoprovence-alpescotedazur.jimdo.com/ SFO POITOU-CHARENTES ET VENDÉE (16-17-79-85 et 86) Président : Jean-Claude G UÉRIN , 45 Grand’ Rue, 79 200 LA PEYRATTE – [email protected] - http://www. orchidee-poitou-charentes.org/ SFO PYRÉNÉES EST (09-11-31-66) – Présidente : Roselyne BUSCAIL, 12 Allée des Argelats, 66 180 VILLENEUVE DE LA RAHO [email protected] SFO RHÔNE-ALPES (01-07-26-38-42-69-73 et 74) – Président : Michel S ÉRET , 11 chemin du Poirier, 74170 SAINT-GERVAIS [email protected] - http://sfo.rhonealpes.free.fr/ SFO STRASBOURG – AROS – Président : Brigitte REDONNET, 12 bis Le Canal, 67 120 WOLXHEIM - [email protected] - http://aros. asso.fr/home.php Sociétés adhérentes et correspondantes ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LE JUGEMENT D’ORCHIDÉES (AFJO) Président : Albert FALCINELLI – [email protected] 1 rue du bastion Montmorency, 11 370 LEUCATE - www.afjo.org ASSOCIATION PIXIFLORE Présidente : Caroline LAHMEK - [email protected] - 11 rue Pierre Curie, 94 120 FONTENAY-SOUS-BOIS – http://www.pixiflore.com GROUPEMENT MIDI-PYRÉNÉES DES AMATEURS D’ORCHIDÉES (GMPAO) Présidente : Denise ROUCOULE – [email protected] - 37 rue de l’Autan blanc, 31 214 L’UNION – http://www.gmpao.org ORCHIDÉES ET PLANTES EXOTIQUES D’AQUITAINE (OPEA) Présidente : Christiane MERLO – [email protected] - Maison des Associations, 33520 BRUGES – http://opea.free.fr SOCIÉTÉ MÉDITERRANÉENNE D’ORCHIDOLOGIE Président : Roland MARTIN – 04 250 LA MOTTE DU CAIRE SOCIÉTÉ ORCHIDÉES LOIRE OCEAN (SOLO) http://www.orchidees-loire-ocean.fr ORCHIDÉES D’EUROPE 311 Orchisauvage.fr dans la dernière ligne droite Philippe FELDMANN ––––––––––––––––––––––– 305 Certificat d’inscription à la Commission Paritaire n° 0912G86986 Prépresse : QUETZAL, 28 rue des Cailloux, F-92110 Clichy-la-Garenne, 01 47 30 24 48. Imprimé en France. © SFO – Paris – Dépôt légal décembre 2013 – ISSN : 0750-0386 ORCHIDÉES D’EUROPE (suite) Description de deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron André SOULIÉ & Romieg SOCA ––––––––––––––––– 311 Dernières découvertes et observations en France Gil SCAPPATICCI –––––––––––––––––––––––––––– 339 SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE Association sans but lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901 Agréée par le Ministère de l’Écologie et du Développement durable Adhérente à : – l’EOC (European Orchid Council) ; – la FFSN (Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles) ; – la SNHF (Société Nationale d’Horticulture de France). Siège social: 17, quai de la Seine, 75019 PARIS, Tél. 01 40 37 36 46 (répondeur) [email protected] www.sfo-asso.com Quatre numéros par an Directeur de la publication Pierre LAURENCHET Rédacteur David LAFARGE COIN DES ARTISTES Les tableaux d’Henriette LECOUFLE Marcel LECOUFLE & Nicole BORDES –––––––––––– 301 EN SAVOIR PLUS • Les bienfaits de la lumière chez Orchis purpurea • Les Dactylorhiza du groupe majalis en Grande-Bretagne : une nouvelle approche… • Platanthera bifolia var. kuenkelei en Sardaigne Pierre AUTHIER–––––––––––––––––––––––––––––– 363 ORCHIDÉE-CLIC • Orchidées nature • Exposition virtuelle d'orchidées tropicales Philippe DURBIN––––––––––––––––––––––––––––– 373 VIE DE LA SOCIÉTÉ ET INFORMATIONS Informations –––––––––––––––––––––––– 290, 292, 296, 366 Notes de lecture ––––––––––––––––––––––––––––––––––296 Vient de paraître –––––––––––––––––––––––––––––378, 379 Comité de rédaction Jean-Pierre AMARDEILH Pierre AUTHIER Nicole BORDES Pascal DESCOURVIÈRES Jean-Michel HERVOUET Hélène RODRIGUEZ EXPOSITIONS ET MANIFESTATIONS L’écho des expositions –––––––––––––––––––––––––––– 357 Calendrier Michel LE ROY ––––––––––––––––––––––––––––––– 375 Photographie de première de couverture : Dendrobium amabile, une espèce longtemps considérée comme disparue dans la nature et maintenue en culture dans les établissements Marcel LECOUFLE (Photo D. LAFARGE). La préparation de L’Orchidophile, la rédaction des articles et leur illustration (cartes, photographies, dessins…) sont entièrement assurées par des bénévoles. Les articles publiés engagent exclusivement la responsabilité de leurs auteurs. Les insertions publicitaires n’engagent pas la responsabilité de la rédaction. La rédaction est libre d’accepter, d’amender ou de refuser les manuscrits qui lui sont proposés. Elle peut être amenée à remplacer ou supprimer les clichés ou illustrations de qualité insuffisante. La reproduction partielle ou totale des articles publiés dans L’Orchidophile n’est autorisée que sous réserve de l’accord préalable des auteurs et de la rédaction. 289 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) INFOS COLLOQUE SFO, BLOIS 2014 La SFO organise son 16e colloque à Blois, à la Halle aux Grains, avec le soutien de la Société botanique de France, les 1er et 2 mars 2014. Nous vous attendons nombreux à ce rendez-vous des orchidophiles. Une exposition d'orchidées aura lieu en même temps. Le thème majeur du colloque qui porte sur « Quel avenir pour les orchidées dans leur milieu ? » concerne la plupart des travaux menés sur les orchidées. Les informations pour les inscriptions au colloque sont données sur le site de la SFO http://www.sfo-asso.com, toute personne intéressée peut s’y inscrire. Le programme prévisionnel des communications est également disponible sur le site. Vous pourrez y échanger vos découvertes et vos idées. BIENVENUE ! On entend trop souvent parler de fermetures de producteurs, alors toutes nos félicitations à nos amis Dimitri BONTE et Vincent OGER, que vous avez peutêtre déjà rencontrés chez Marcel LECOUFLE, pour le lancement de leur nouvel établissement de production-vente d’orchidées, inauguré le 14 septembre à Brunoy (91), Les Orchidées du Val d’Yerres. Nous leur souhaitons tout le succès qu’ils méritent. http://www.lesorchideesduvaldyerres.fr. SITE PARTICIPATIF La SFO a lancé, depuis déjà plusieurs mois, des démarches pour la création d’un site internet participatif de collecte et de partage de données naturalistes dédié aux orchidées de France métropolitaine. Nous comptons maintenant sur tous les orchidophiles amoureux des sorties sur le terrain pour alimenter la base de données du site Orchisauvage.fr et ainsi faire avancer les connaissances de l’orchidoflore française. Notre collègue Philippe FELDMANN, responsable de ce projet pour la SFO, se tient, avec les membres du comité assurant son lancement, à la disposition des volontaires pour expliquer la marche à suivre. Vous trouverez plus d’explications sur ce projet dans ce numéro en page 305. 290 21E CONFÉRENCE MONDIALE La Conférence qui aura lieu à Johannesburg (Afrique du Sud) en septembre 2014 se précise. La liste des conférenciers est aujourd’hui connue et disponible sur le site internet dédié à la conférence. Un seul intervenant francophone au programme : le rédacteur de notre revue. David LAFARGE y fera une présentation sur le genre Phalaenopsis et sa culture. Encore une preuve de l’image de sérieux et du dynamisme de notre Société à l’international. Tenez-vous informés des dernières nouvelles de la conférence sur www.woc21.org. COMPLÉMENT D’INFORMATION Dans notre numéro 197, Varia AGUSTIN décrivait une nouvelle espèce dans le genre Trichosma. La légende de la figure 1 indique des lobes latéraux falciformes triangulaires, érigés et aigus. Pascal DESCOURVIÈRES nous fait remarquer que la photographie laisse penser que les lobes latéraux du labelle sont plutôt arrondis. Malheureusement, le décès brutal de l’auteur ne nous permet pas d’approfondir cette question avec lui. APPEL Appel aux bonnes volontés et aux petites mains. Notre Société fonctionne uniquement grâce au bénévolat de ses membres actifs. Nous manquons actuellement de mains et de bonnes volontés, que ce soit pour la gestion des affaires courantes et des stocks d’ouvrages de notre siège ou pour l’organisation et la présence lors des expositions. Agnès MÉTIVIER et Michel LE ROY comptent donc sur vous pour venir les aider. Toutes nos activités se déroulent dans la bonne humeur et la convivialité. Sans vous, notre Société ne pourra pas continuer à se développer et proposer de nouvelles activités ou services. Si le siège est situé à Paris, nos amis provinciaux sont les bienvenus également ! Adressez vos propositions de service au secrétariat de la SFO, qui transmettra aux personnes concernées ([email protected]). Heureuse année 2014 Dactylorhiza fuchsii, photographié sur la presqu'île de Crozon en juillet 2013 (Photo L. MONTEL). L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) INFOS COURS DE BOTANIQUE Attention ! Le cours de botanique de la SFO est reporté à la prochaine rentrée (début novembre 2014 - mars 2015). En effet, notre collègue Pierre AUTHIER, qui en assure l’essentiel, sera absent de la région parisienne une grande partie du temps, entre novembre 2013 et mars 2014… Nos excuses aux collègues déjà inscrits… mais ce n’est que partie remise : patience donc et à novembre 2014 pour partager ensemble le plaisir de mieux connaître les fleurs. Les personnes a priori intéressées par ces cours (dans une année donc) sont priées cependant de contacter la SFO dès que possible, sans engagement de leur part, pour prévoir le type de salle nécessaire. Rappelons que ces cours se déroulent le samedi de 10 h 00 à 16 h 30 environ (avec pause déjeuner évidemment), à Paris et ce durant 6-8 samedis, entre les mois de novembre et mars. Pour ces 35 heures environ, il sera demandé au total la modique somme de 30 euros par personne (financement des photocopies distribuées, plus bénéfice minuscule pour la SFO)… Voir L’Orchidophile 198, page 254. Contacts : [email protected] ou encore authier.pierre @wanadoo.fr 292 TRISTE DISPARITION Robert LAVIGNE (1925-2013) s’est éteint le 18 septembre après plusieurs années de souffrances physiques et morales. Trésorier-adjoint de 1987 à 2008, il faisait partie de ces bénévoles qui consacrèrent la majeure partie de leur temps aux activités de la SFO : expositions (préparation et tenue des stands), voyages, cartographie (il a rempli des centaines de fiches à lecture optique)… à l’époque où tout se faisait sans l’informatique. Il fut surtout le principal artisan (avec son fils Jean-Pierre trop tôt disparu) de l’aménagement du local parisien du 17 quai de la Seine. Nous n’oublierons pas tout ce que la SFO lui doit. NOUVEAUX TARIFS Le Conseil d’Administration de notre Société a décidé, le 5 octobre 2013, de relever de 2 € les tarifs d’adhésion. Le tarif de l’abonnement reste, lui, inchangé pour l’année à venir. Vous retrouverez la nouvelle tarification en fin de bulletin. Pensez à renouveler rapidement votre adhésion/abonnement, cela facilite grandement la gestion pour notre équipe administrative toujours dévouée. Pour les professionnels souhaitant diffuser de la publicité, des tarifs ont également été aménagés. Contactez la Rédaction pour obtenir les détails. L’éditorial Par Pierre Laurenchet Marcel LECOUFLE vient de souffler ses 100 bougies Il y a un siècle, Madame Henriette LECOUFLE née VACHEROT donnait naissance à un garçon, il fut prénommé Marcel. Certains naissent dans les choux, vous êtes né, cher Marcel, dans les orchidées et cette fleur ne va plus vous quitter. A u sortir de la seconde guerre mondiale vous créez votre propre société, les établissements Marcel LECOUFLE, suivant en cela la voie tracée par votre père Maurice Étienne LECOUFLE, sorti major de l’école supérieure d’horticulture de Versailles. La construction de huit serres, bientôt complétée par un laboratoire vous permettra de produire de la plante en pot et de la fleur coupée. 30 000 fécondations d’orchidées dont 200 hybrides enregistrés dans la Sander’s List sortiront de vos établissements. À partir des travaux du Français George MOREL, vous avez été un des précurseurs de la culture de méristèmes. Mais votre passion pour la botanique vous a conduit à la culture d’autres plantes. Citons quelques familles et genres cultivés dans vos serres : Aracées, Broméliacées, Caladium, plantes carnivores, Hoya, Tillandsia etc. La découverte des plantes « in situ » vous a permis de parfaire vos connaissances. Voyageur infatigable, vous avez traversé les océans à la recherche de nouvelles espèces, Amérique du Sud, Afrique, avec une prédilection particulière pour Madagascar. Chaque voyage était l’occasion de rapporter une moisson de photographies qui faisaient l’émerveillement des membres de la SFO lors des projections au FIAP et tout particulièrement les projections en relief. Vous avez toujours cherché à transmettre votre savoir à travers les nombreuses manifestations auxquelles vous avez apporté votre concours : expositions, congrès mondiaux, conférences à Durban en Afrique du Sud, à Medellin en Colombie, Londres, Bangkok, Tokyo et tant d’au- tres, sans oublier la publication d’ouvrages illustrés par vos photographies : 1956 - Orchidées par Marcel LECOUFLE et Henri ROSE, éditeur Maison Rustique, 75 005 Paris. 1981 - Orchidées exotiques par Marcel LECOUFLE, éditeur Maison Rustique, 75 005 Paris. 1989 - Plantes carnivores comment les choisir et les cultiver par Marcel LECOUFLE, éditeur Bordas, 75 013 Paris. 2004 - Le traité des orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières 2005 - Orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières. 2006 - Fabuleuses orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières. 2006 - Plantes carnivores par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières. 2011 - Les Orchidées de Madagascar par Jean BOSSER et Marcel LECOUFLE, éditeur Biotope, 34 140 Mèze. Et ce n’est pas fini puisque vous avez en préparation un ouvrage sur les Broméliacées, en collaboration avec Albert ROGUENANT. Pour compléter cette liste, nous avons répertorié au moins 55 articles publiés dans notre bulletin « L’Orchidophile », « Orchids » (AOS) et « Orchid Review » (RHS). Il est difficile de vouloir résumer un siècle consacré à l’Orchidée, mais tout le monde de l’orchidophilie française et hors de l’hexagone sait combien vous vous êtes dépensé pour faire connaître, aimer et protéger cette fleur magnifique qui sait garder une aura de mystère et d’exotisme. 293 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Vous êtes un membre fondateur et Président d’Honneur de la SFO. Aussi elle tient à vous exprimer, à travers ce bulletin, toute sa reconnaissance. su garder un esprit d’ouverture et une disponibilité d’écoute qui vous ont permis d’être un des grands de l’orchidée exotique, reconnu et salué sur tous les continents. Malgré les vicissitudes de la vie qui ne vous ont pas épargné, guidé par votre passion, vous avez Pierre LAURENCHET Président de la SFO Un mot du Rédacteur N ontron (Dordogne) - Boissy-SaintLéger. Six heures. Six heures, c’est le temps qu’il m’a fallu, à quinze ans, pour me rendre pour la première fois à Boissy-Saint-Léger pour admirer la fabuleuse collection d’orchidées de Marcel LECOUFLE. Pour le tout jeune orchidophile encore inexpérimenté que j’étais alors (inexpérimenté, je continue de l’être), c’est un moment qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire. Comment ne pas s’émerveiller à la découverte d’un lieu aussi emblématique et qui tient ses promesses ? À l’époque, toutes les chapelles étaient accessibles librement au public, y compris les serres de production « du haut » qui seront par la suite fermées après les intempéries qui les avaient rendues dangereuses (et des vols commis par certains visiteurs peu scrupuleux). Plusieurs heures m’ont été nécessaires pour simplement faire un tour complet des lieux. Jamais, dans ma toute jeune vie d’orchidophile, je n’avais imaginé une telle accumulation de plantes, toutes plus désirables les unes que les autres. D’ailleurs, pendant les six jours passés à l’époque à Paris, je suis retourné cinq fois à Boissy, ne me lassant pas d’admirer les différents spécimens présentés. Je pense aujourd’hui, plusieurs années après, que ma passion pour les orchidées est née de trois événements principaux : un cadeau tout d’abord, un Oncidium « pluie d’or » accompagné du hors-série de l’Ami des Jardins consacré aux orchidées ; la découverte des orchidées indigènes dans le jardin Limodore en Dordogne 294 avec Ingrid VON RAMIN et, enfin, cette première visite des établissements Marcel LECOUFLE à Boissy-Saint-Léger. Depuis, l’Oncidium n’a pas survécu, mais les orchidées de Limodore sont toujours prospères, les serres de Marcel ont fermé leurs portes mais ma passion a grandi, m’amenant aujourd’hui à avoir la chance de participer à l’aventure de L’Orchidophile ou à d’autres projets de la SFO. Pour moi, Marcel LECOUFLE représentera toujours l’exemple même de l’orchidophile. Un passionné qui va toujours plus loin dans sa soif de découvertes tout en restant humble face à l’immensité de cette famille végétale si particulière. Auteur de très nombreux ouvrages, photographe chevronné, cultivateur exceptionnel, explorateur… On ne compte plus les compétences de Monsieur LECOUFLE, comme on l’appelait dans ses serres de Boissy. Au fil des années, j’ai arrêté de tenir le compte de mes visites, des discussions avec Marcel, Geneviève, Vincent, Dimitri ou Charles. Une équipe compétente, composée avant tout par des passionnés ne comptant pas leur temps pour partager leur enthousiasme et leurs astuces de culture. Cependant, c’est toujours avec une certaine émotion que j’ai poussé la porte d’entrée, attendant à chaque fois de découvrir une orchidée que je n’avais jamais pu observer en fleurs. J’ai rarement été déçu ! La maladie qui a emporté Geneviève a précipité la fermeture de l’établissement en novembre 2011. Résidant à l’époque à Paris, je n’ai pas hésité une seconde lorsqu’on m’a proposé de « donner un coup de main » pour les derniers Marcel LECOUFLE souffle 100 bougies jours d’ouverture. Il s’agissait de vendre le plus de plantes avant la coupure du chauffage des serres, pour sauver le plus grand nombre de spécimens possible. La vision des grandes serres largement vidées, des allées finalement larges (quand les plantes ne les envahissaient plus), les serres de production, celles « du haut » vides elles aussi, la décoration de la boutique en cours de démontage… La fin d’une époque se déroulant sous mes yeux. Difficile, dans ces conditions, de ne pas ressentir une certaine tristesse pour la fin d’une telle aventure humaine et orchidophile. Depuis, j’ai eu d’autres contacts avec « Monsieur LECOUFLE » et à chaque fois, je suis impressionné par sa très grande vivacité d’esprit et la somme colossale de projets qu’il a en tête ! Il est rare qu’il n’évoque pas la rédaction d’un ouvrage supplémentaire, ajoutant encore à sa foisonnante bibliographie. Malgré toutes les épreuves qu’il a pu traverser, il regarde vers l’avenir, éternel jeune homme passionné par les orchidées. Alors, Monsieur LECOUFLE, permettez-moi aujourd’hui de vous appeler simplement Marcel pour vous souhaiter chaleureusement un heureux anniversaire avec un peu de retard et vous remercier pour tout ce que vous avez apporté aux orchidophiles français et à la SFO. Cent ans d’une vie dédiée à l’orchidophilie, cela ne pouvait pas passer inaperçu et par conséquent, ce numéro vous est dédié, avec des articles se rapportant à votre famille ou aux plantes que vous avez cultivées, mais aussi des compte-rendus de voyages, rendant hommage à votre vie d’explorateur. David LAFARGE Rédacteur en chef de L’Orchidophile 295 L’Orchidophile 198, Septembre 2013 (3) NOTES DE LECTURE Berichte aus den Arbeitskreisen Heimische Orchideen 29(2) 2012 (publié 2013) Berichte aus den Arbeitskreisen Heimische Orchideen, 30(1) 2013 Outre la description d’Ophrys mammosa subsp. parviflora Kreutz & H. Heitz, un taxon à petites fleurs trouvé en Epire et en Macédoine, dans le Nord de la Grèce (C.A.J. KREUTZ), la typification d’Orchis durandii (W. ECCARIUS), les récits des découvertes de nombreux Epipactis pontica dans le Land autrichien de Styrie (D. JAKELY et H. KÖNIGHOFER) et de Ophrys araneola en Bavière, où il est nouveau pour le nord de la Franconie (A. RIECHELMANN), on pourra aussi découvrir dans ce fascicule les présentations d’orchidées ukrainiennes de Crimée observées en 2011 et 2012 (W. HAHN), d’un voyage fait à Ibiza (Baléares) en 2012 (A. RIECHELMANN), des espèces Autrichiennes du genre Orchis (N. GRIEBL), ainsi que celle des caractéristiques des semences des espèces d’orchidées de la République autonome des Komis, en Russie d’Europe (I. KIRILLOVA). Dans ce petit opuscule, W. HAHN et al., nous présentent Orchis purpurea (l’orchidée de l’année 2013), H. PRESSER nous montre les orchidées qu’il a pu observer en Sicile à Noël 2012 (Barlia robertiana et Ophrys forestieri), et H. WEYLAND nous fait découvrir les pollinisateurs respectifs d’Ophrys parvimaculata et d’Ophrys untchjii (à savoir, respectivement, Eucera nigrescens et Eucera clypeata ; observations faites en Istrie d’où est aussi signalé pour la première fois Corallorhiza trifida). Par ailleurs, R. FELDMANN et L. FINKE révèlent leurs études des parties souterraines de certaines orchidées de Thuringe (Allemagne), et W. HEINRICH propose un recensement d’articles relatifs à l’écologie et à la dynamique de populations d’orchidées indigènes (environ 330 références concernant près de 80 taxons). Olivier GERBAUD [email protected] INFOS ou en appartement ! Nous cherchons également des auteurs pour des compte-rendus d’expositions, simNous cherchons de nouveaux auteurs. En plus des ples visiteurs ou organisateurs, c’est l’occasion de bonnes volontés nécessaires pour faire tourner l’as- faire connaître votre association locale. sociation, la revue est également demandeuse de plumes ! Si notre stock d’articles concernant les orHORS-SÉRIE N° 2 chidées exotiques est actuellement assez confortable, nous manquons d’auteurs pour nos orchidées Notre Comité de Rédaction a décidé de publier un indigènes. Passez outre votre angoisse de la page nouvel opus hors-série qui paraîtra au printemps 2015. Le thème retenu, après le Cypripedioideae, est le blanche et proposez-nous vos articles. Tous les sujets relatifs aux orchidées nous intéressent, genre Cattleya et les genres alliés. En effet, ce groupe qu’ils soient destinés à des orchidophiles avertis ou de plante a été l’objet de profonds remaniements aux débutants. Aucune raison, donc, d’avoir des taxinomiques et nous souhaitons offrir à nos lecteurs complexes. Parlez-nous d’un genre ou d’une espèce une remise à jour de leurs connaissances sur ces en particulier ou bien racontez-nous votre dernière plantes très souvent présentes dans les collections sortie sur le terrain ou vos astuces de culture en serre d’amateurs. CHERCHONS AUTEURS 296 Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas Pascal SAUVÊTRE* SAUVÊTRE P., 2013.- A highly endangered orchid species: Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas. L’Orchidophile 199: 297-300. Dans le cadre du centenaire de Marcel LECOUFLE, Pascal SAUVÊTRE, qui travaille à la conservation de la collection d’orchidées du Sénat, relate l’histoire d’une plante importante dans la collection et pour notre grand orchidophile. Angraecum longicalcar est une espèce menacée dans la nature, à Madagascar et des efforts sont faits pour la préserver en culture, efforts dont Marcel LECOUFLE est l’un des pionniers. Résumé.– La collection d’orchidées du Jardin du Luxembourg, qui entoure le Sénat, à Paris, est l’une des plus importantes en France. Cette structure publique conserve certaines espèces devenues très rares dans la nature, dans le but de les multiplier et de conserver ce patrimoine génétique inestimable. Les échanges avec d’autres collections publiques ou privées sont nombreux, notamment avec les établissements Marcel LECOUFLE. C’est donc de l’une des espèces mise en culture et multipliée par Marcel LECOUFLE dont l’auteur nous parle dans cet article. Mots clés.– Angraecum longicalcar ; Angraecum ; Marcel LECOUFLE ; Sénat ; Jardin du Luxembourg; collection d’orchidées ; conservation. Abstract.– The orchid collection of the Jardin du Luxembourg, next to the french Senate in Paris, is one of the most important in France. This public collection conserves some highly endangered species in the wild, with the main goal to multiply them and to preserve this priceless genetic diverstiy. The collection has exchanges programs with other public or private collections around the world, among which Lecoufle’s orchid nurseries. In this article, the author describes Angraecum longicalcar, introduced in cultivation and reproduced by Marcel LECOUFLE, who’s honoured in this issue, dedicated to his centenary.. Key words.– Angraecum longicalcar; Angraecum; Marcel LECOUFLE; Jardin du Luxembourg orchid collection: conservation. Introduction Le Jardin du Luxembourg a entretenu pendant plus de soixante ans une relation privilégiée avec l’entreprise horticole de Marcel LECOUFLE ; de nombreux échanges furent organisés, que ce soit majoritairement des orchidées ou d’autres plantes tropicales tels les bégonias, Broméliacées, Anthuriums et Caladiums. L’intérêt de Marcel LECOUFLE pour les orchidées malgaches est ancien. Il fut pendant longtemps le seul à les collectionner et les cultiver. Son souci de participer à la préservation de cette flore particulière a été continuel. La présence d’un laboratoire in vitro au sein de son entreprise a permis la multiplication de ces or- chidées ; il y avait ainsi, 144 Angraecum longicalcar en culture courant 1996. Le Jardin du Luxembourg possède depuis fort longtemps des spécimens de la région des Mascareignes ; on peut citer Angraecum eburneum de La Réunion dès 1860. Il était logique que les deux collections se retrouvent sur cet objectif commun. Cependant dans le cas de notre Angraecum longicalcar, l’acquisition ne fut pas réalisée directement avec Marcel LECOUFLE mais ultérieurement avec le Muséum de Paris. Quoi qu’il en soit, ces échanges entre collections ex situ ne poursuivent qu’un seul but honorable : la connaissance et la sauvegarde des espèces menacées dans leur milieu naturel. 297 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 1.– Angraecum longicalcar dans la serre de collection, Jardin du Luxembourg, (Photo P. SAUVÊTRE, copyright Jardin du Luxembourg-Sénat). Origine et historique Angraecum longicalcar a été découvert en 1963 près du lac Itasy situé à environ 75 km à l’ouestsud-ouest d’Antananarivo, au centre de Madagascar, par un pharmacien, M. GEFFRAY. Des spécimens ont été prélevés et certains expédiés en France. Par la suite, le médecin militaire JeanPierre PEYROT a envoyé des graines à Marcel LECOUFLE afin d’assurer la multiplication et la commercialisation de cette espèce remarquable. C’est l’agronome et botaniste Jean BOSSER, de l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (Orstom) à Madagascar, qui a décrit cette orchidée dans le bulletin botanique du Muséum de Paris, Adansonia, en 1965, en la nommant Angraecum eburneum subsp. superbum var. longicalcar. BOSSER avait alors écrit que « cette variété se distingue essentiellement de la sous-espèce par un port plus trapu, et des fleurs à très long éperon. La longueur de l’éperon atteint 30-40 cm alors que dans la 298 sous-espèce elle ne dépasse pas 6-8 cm ». Le nom « longicalcar » employé pour cette variété signifie « long éperon » et effectivement aucune autre espèce d’orchidées connue à ce jour ne possède une telle pièce florale. En 1986, le botaniste allemand Karlheinz SENGHAS a élevé cette variété au rang d’espèce à part entière dans la publication Die Orchidee. Dans la nature, cette orchidée est épiphyte ou lithophyte, vivant à une altitude de 1 000 mètres et plus, poussant au milieu d’une végétation xérophytique. Elle fleurit habituellement en février. Malheureusement depuis sa découverte, les prélèvements abusifs pour satisfaire les collectionneurs puis les feux de brousse pour l’agriculture locale ont amené cette espèce au bord de l’extinction. De nos jours, il n’y a plus aucun spécimen autour du lac Itasy. Cependant, il reste encore quelques individus, un peu plus d’une centaine, sur le plateau rocailleux d’Itremo, situé à environ 170 km au sud du massif volcanique d’Itasy. La situation de cette orchidée est délicate ; la population est très faible et incidemment les fruits se font rares. Il semble logique que le papillon pollinisateur soit lui-même victime de la régression de cet Angraecum et des pratiques agricoles. L’International Union for Conservation of Nature (IUCN) a classé cette orchidée « en danger critique », c’est-à-dire quasiment au bord de l’extinction dans la nature. Les Royal Botanic Gardens de Kew ont lancé un programme de réintroduction de l’espèce avec la collaboration du Jardin botanique de Tzimbazaza à Antananarivo. Ainsi quelques dizaines d’individus issus de culture in vitro ont été réimplantées en 2010. Le spécimen du Jardin du Luxembourg Dans la collection du Jardin du Luxembourg Angraecum longicalcar est une orchidée parmi les plus spectaculaires. Le grand développement de la plante et son abondante floraison attirent tout de suite le regard du visiteur. Cette plante provient du Muséum de Paris suite à un don en février 1990. Elle avait été auparavant offerte au Jardin botanique par Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum longicalcar Marcel LECOUFLE en 1964. Cette plante est ainsi un des premiers spécimens cultivés en France, provenant du site originel de la découverte. Après plus de vingt années de culture au sein de la collection d’orchidées du Jardin du Luxembourg, la plante mesure 1,45 mètre de hauteur. La tige est dressée, forte et épaisse mais néanmoins assurée par un solide tuteur. Les feuilles se répartissent, opposées, de part et d’autre de cette tige. Elles sont rubanées, condupliquées, coriaces, avec un apex asymétrique et mesurent au moins 80 centimètres de long pour 8,5 centimètres de large. Les inflorescences se développent en fin d’été ou début d’automne. Elles sont dressées ou horizontales, mesurant de 80 centimètres à presque un mètre de longueur et portent de neuf à onze fleurs. Les fleurs non résupinées sont remarquables. Les pièces florales sont épaisses ; les sépales et pétales vert clair mesurent un peu plus de quatre centimètres de longueur et le labelle blanc, cinq centimètres de largeur. La pièce la plus étonnante est sans conteste l’éperon nectarifère qui mesure jusqu’à 35 centimètres de longueur pour ce spécimen. Les fleurs sont odorantes toute la journée mais de manière plus accentuée la nuit. C’est une senteur plutôt agréable, difficile à bien définir, assez douce et un peu grasse, faisant penser à quelque fruit exotique mais aussi à l’odeur de la cire de bougie. La longévité des fleurs est de huit à dix semaines. Ce spécimen avait été montré lors d’une exposition d’orchidées à Nancy, en novembre 2004. Le jury de l’Association Francophone pour le Jugement d’Orchidées lui avait décerné le 1er prix dans la catégorie « meilleures espèces ». Multiplication au Jardin du Luxembourg Nous nous sommes fixés pour tâche prioritaire la multiplication de cette orchidée emblématique. Trois plantes ont déjà été obtenues par division en 2008 mais cela n’est pas suffisant. Nous essayons surtout de produire des graines. Une autopollinisation en 2012 a été réussie mais malheureusement sans suite au laboratoire ; les graines devaient être stériles. Cette année 2013, nous avons pu polliniser notre spécimen avec un géniteur extérieur à la Fig. 2.– Angraecum longicalcar dans la serre de collection, Jardin du Luxembourg, (Photo P. SAUVÊTRE, copyright Jardin du Luxembourg-Sénat). 299 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 5.– Angraecum longicalcar in situ probablement au bord du lac Itasy, peu après la découverte de M. GEFFRAY (Photo anonyme, archives Jardin du Luxembourg-Sénat). Fig. 3, 4.– Angraecum longicalcar dans la serre de collection, Jardin du Luxembourg, (Photo P. SAUVÊTRE, copyright Jardin du Luxembourg-Sénat). collection ; un spécimen âgé d’une quarantaine d’années provenant des serres de Philippe LECOUFLE. Nous voici dans l’attente des fruits. Dans la perspective du succès de futurs semis, les plantules produites seront réparties entre différents jardins botaniques français et étrangers, notamment celui de Kew, en Angleterre, qui nous en a fait la demande. Quel avenir pour cette espèce? En dehors du maintien de cette orchidée dans quelques collections dispersées à travers le monde, quel peut-être l’avenir pour une telle orchidée dans la nature ? Malgré une réelle volonté des instances internationales pour préserver le patrimoine végétal malgache que peut-on espérer sans une implication des populations locales ? Des actions en ce sens sont en cours grâce au Kew Madagascar Conservation Centre (KMCC) installé en 2003. On peut citer notamment le village de Mahavanona du district d’Ambatofinandrahana qui participe dès 2007 à la préservation du massif d’Itremo. Depuis 2010, les habitants sont impliqués dans le processus de réintroduction d’Angraecum longicalcar et prennent soin des jeunes plantes issues d’in vitro. Enfin, cette année 2013 a vu la 300 création officielle d’une aire protégée du « Massif d’Itremo » d’une superficie de 244,75 km2 et cogérée par 8 Communautés de base (Coba) et par le KMCC. Ainsi l’espoir de sauvegarder la biodiversité, que ce soit à Madagascar ou ailleurs, passe obligatoirement par l’accompagnement du développement des communes rurales. Il s’avère indispensable de favoriser des pratiques culturales plus respectueuses de l’environnement. On comprendra aussi dans ce cas précis le rôle prépondérant des collections ex situ, privées ou publiques, en tant que « réserves génétiques ». Le Jardin du Luxembourg poursuit modestement ce noble objectif, en continuité de Marcel LECOUFLE et du Muséum de Paris. BIBLIOGRAPHIE BOSSER J., 1965.– Angraecum eburneum Bory subsp. superbum (Thou.) H. Perr. var. longicalcar var. nov. Adansonia, sér. 2, 5 : 408. BOSSER J. & LECOUFLE M., 2011.– Les Orchidées de Madagascar. Biotope Éditions, 196 p. CRIBB P.J. & HERMANS J., 2009.– Field guide to the Orchids of Madagascar. Kew Publishing, 456 p. LECOUFLE M., 1996-1997.– Les Orchidées de Madagascar et leur culture. Hommes et Plantes. Revue du CCVS (20) : 21-28. RAJAOVELONA L. & RAHANTAMALALA J., 2010.– Sauver l’orchidée : Angraecum longicalcar ! Songadina (7) : 3. *Pascal SAUVÊTRE [email protected] LE COIN DES ARTISTES Les tableaux d’Henriette Lecoufle Sur la base d’informations fournies par Marcel LECOUFLE, portrait de l’artiste par Nicole BORDES* LECOUFLE M., BORDES N., 2013.- Henriette LECOUFLE, orchids in art. L’Orchidophile 199: 301-304. Pour ce numéro, « Le Coin des Artistes » prend une forme particulière, avec la présentation de plusieurs tableaux peints par Henriette LECOUFLE, la mère de Marcel et Maurice. Pas de représentation botanique ici, mais le point de vue d’une artiste sur les fleurs qui l’entouraient et qu’elle aimait. Les cinq tableaux présentés ont été aimablement fournis et commentés par Marcel LECOUFLE à la demande de Nicole BORDES, responsable de cette rubrique et de Pierre LAURENCHET, président de notre Société. Nous n’avons pas souhaité, ici, faire une description détaillée des plantes, comme nous le faisons habituellement. C’est donc un petit « catalogue » des œuvres d’Henriette LECOUFLE qui vous est proposé, avec des commentaires succincts sur les plantes représentées. Henriette LECOUFLE a participé à plusieurs expositions dans différentes galeries. En 1953, une exposition de ses œuvres récentes a été organisée par la galerie Jean de RUAZ, à Paris (Fig. 1). Parmi les nombreux visiteurs, il faut noter la présence de la Duchesse de WINDSOR, qui avait fait l’honneur de sa visite à l’artiste. Les tableaux d’Henriette LECOUFLE s’inscrivent dans l’école française à la suite des Impressionnistes, avec une touche caractéristique de la peinture de cette époque. Paphiopedilum delenatii (Fig. 2) présenté en deux plantes fleuries, les hampes portant une ou deux fleurs. Originaire du Tonkin, ce taxon a été introduit en culture par le fleuriste Municipal d’Auteuil. Cette espèce longtemps très rare a maintenant été redécouverte au Vietnam en plusieurs variétés. La collection LECOUFLE a longtemps conservé les seuls exemplaires connus, qui sont les pied-mères de nombreux hybrides à fleurs roses ou rouges. Paphiopedilum delenatii est bien connu des orchidophiles, il est encore aujourd’hui le parent de la majorité des hybrides de Paphiopedilum roses. Depuis sa redécouverte, le taxon est à nouveau Fig. 1.– Affiche de l’exposition. 301 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 2.– Deux plantes fleuries, originaires du Tonkin, de Paphiopedilum delenatii. Fig. 3.– Renantanda Titan (Renanthera imschootiana x Vanda sanderiana) à gauche et Renanthera imschootiana à droite. 302 menacé par l’exploitation abusive des forêts, mais aussi le pillage systématique des stations par des braconniers peu scrupuleux, impatients de satisfaire la demande des collectionneurs occidentaux ou japonais en particulier. Encore un exemple de ce que nous pouvons faire, comme collectionneurs, pour limiter la disparition des espèces dans la nature. De nombreuses plantes sont disponibles dans le commerce et sont issues de programmes de reproduction artificielle. Elles se cultivent beaucoup plus facilement et ne mettent pas en danger les populations locales. Le second tableau reproduit ici représente Renantanda Titan (Renanthera imschootiana x Vanda sanderiana) (Fig. 3) pour la hampe florale de gauche et le Renanthera imschootiana (rouge) pour la hampe de droite. Ce tableau fait apparaître le travail d’obtention qui a été mené par la famille LECOUFLE au cours des années. On voit bien que les fleurs de l’hybride sont plus grandes et plus « pleines » que celles du parent représenté. D’un autre côté, la couleur rouge est apportée sur la base de Vanda (Euanthe) Fig. 4.– Vase de Chine garni de grappes de phalaenopsis blancs et roses et de Vanda coerulea (au centre). Les tableaux d’Henriette LECOUFLE sanderiana. Ce tableau est un bon exemple du travail d’Henriette LECOUFLE, qui a toujours cherché à représenter des aspects particuliers et emblématiques du travail des établissements LECOUFLE tout en laissant libre cours à sa créativité artistique. Notre troisième œuvre d’Henriette LECOUFLE représente un vase de Chine haut de 70 cm, garni de grappes coupées de phalaenopsis Henriette LECOUFLE (1888-1956). A suivi les cours de l’école communale des filles de Boissy-Saint-Léger jusqu’au Certificat d’Études. Son écriture était remarquablement belle et elle avait des dons pour le dessin. En 1912 elle épouse Maurice-Étienne LECOUFLE (diplômé major de l’École Normale d’Horticulture de Versailles en 1906), il meurt « au champ d’honneur » le 31 août 1914. Elle haïssait le mot « veuve » mais ne s’est jamais remariée. Durant la Grande Guerre, elle s’est occupée de ses deux fils mais aussi des cultures d’orchidées, avec son père Henri VACHEROT et sa mère ; puis à ses heures libres, sa distraction fut la peinture. Ses réalisations les plus anciennes, de 1920 à 1940, étaient en aqua- blancs et roses et de Vanda coerulea bleu foncé au centre (Fig. 4). De tels bouquets agrémentaient probablement très souvent les tables du domicile familial et étaient l’occasion pour H. LECOUFLE de s’adonner à sa passion pour la peinture. Ce tableau est aussi la preuve que les bouquets de phalaenopsis ou de vandas n’ont pas fait leur apparition dans les années 1990, mais bien plus tôt. L’attrait des orchidées relle, plusieurs ont été éditées dans les Revues Horticoles de l’époque. Elle a pratiqué cet art avec Madame VÉRON, parente des CARDINET, à Boissy. Vers 1930 sa rencontre avec Monsieur de MONTHOLON lui a ouvert la voie de la peinture à l’huile. Ses toiles étaient de tailles variées, depuis les contre-plaqués insérés dans des boîtes portatives, fort utiles pour voyager, jusqu’aux tableaux qui pouvaient atteindre 1,50 ou 2 mètres. Elle s’est exercée dans ce genre de peinture avec son style particulier jusqu’en 1956. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions. *Nicole BORDES [email protected] 303 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 5.– Composition florale de Miltonia (Miltoniopsis) et de quelques dendrobiums à fleurs pourpres très sombres. avec le tableau précédent ou avec cette présentation florale de fleurs coupées connues sous le nom de Miltonia (à l’époque) ou Miloniopsis (maintenant) et de quelques dendrobiums à fleurs pourpre très foncé (Fig. 5). L’influence des impressionnistes est ici très nette, avec un travail sur la lumière et la couleur beaucoup plus que sur la forme. Henriette LECOUFLE, cependant, n’était pas sans ignorer la composition des planches botaniques des XVIIIe et XIXe siècles. Cette présentation de Laeliocattleya hybrides, mauve clair à Fig. 6.– Laeliocattleyas hybrides et deux fleurs de Brassocatfoncé et deux fleurs de teinte cuivrée tleya (à gauche) au labelle frangé. (alors rares et recherchées) et, à gauche, de deux fleurs de Brassocattleya (labelle comme fleurs coupées ne s’est depuis lors ja- frangé) mauve pâle en est la preuve (Fig. 6). Le mais démenti. travail sur la couleur est ici tout à fait remarLes bouquets ont été un sujet important quable, laissant apparaître la grande variété de dans l’œuvre d’Henriette LECOUFLE, que ce soit teintes pouvant exister chez les orchidées. 304 Orchisauvage.fr dans la dernière ligne droite Le site participatif de collecte et de partage de données naturalistes sur les orchidées de France métropolitaine est en phase de test Philippe FELDMANN* Membre du Bureau de la SFO et coordinateur du GAdPro, groupe d’administration provisoire du site orchisauvage.fr Faisant suite à plusieurs années d’analyses et de réflexions sous l’égide de la commission scientifique de la SFO et après un printemps et un été 2013 de développement intense, le site en ligne Orchisauvage.fr est en phase de tests pour ajuster les derniers réglages avant d’être ouvert à tous. Sur le modèle développé par Biolovision, notamment pour les vertébrés (oiseaux, mais aussi mammifères, reptiles et amphibiens), animé en France par le réseau Visionature de sites régionaux mis en place par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), le site Orchisauvage.fr utilise les outils Internet pour faciliter la collecte et le partage d’observations. Il présente l’originalité par rapport aux autres sites existants de s’appliquer pour la première fois à des plantes mais aussi sur la totalité du territoire national en ne laissant donc aucun vide pour fournir des observations, une des limites identifiées par nos prédécesseurs « animalistes ». Chaque observateur pourra facilement saisir la localisation de ses observations grâce à un outil cartographique intégré, sans avoir besoin de maîtriser de technique particulière autre que pointer une localisation avec une souris, et saisir les espèces en choisissant le nom valide proposé par la SFO mais aussi avec la possibilité d’utiliser la plupart des synonymes utilisés par le passé ou aujourd’hui, permettant ainsi aux non spécialistes de la nomenclature de contribuer. En effet le site Orchisauvage.fr ne sera pas un lieu de débats taxinomiques, dont l’intensité est un secret des orchidophiles… Il sera possible d’ajouter des informations sur le stade de floraison, les effectifs ou toute autre remarque si souhaité. La structure de la base de données est d’ores et déjà prévue pour permettre, à terme, de saisir des observations à propos des nombreux hybrides existants chez les orchidées européennes qu’ils aient été « baptisés » ou pas. Mais une des principales qualités du système est la transparence et le respect de l’observateur qui sera libre de filtrer ou pas ses observations et pourra à tout moment les importer sous forme de fichiers informatiques à différents formats dont certains permettent une ouverture 305 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) UN PARTAGE D’INFORMATIONS Orchisauvage est un site collaboratif de partage de données d’orchidées de France métropolitaine coordonné par la Société Française d’Orchidophilie (SFO). Son principal objectif est le partage d’informations à des fins de connaissances (notamment de recherches) et de conservation. Des précautions sont donc prises pour assurer la sécurité des espèces et des milieux. Si vous voulez participer activement à la connaissance et au recensement d'espèces d'orchidées, inscrivez-vous en cliquant sur « J'aimerais participer » ! L'équipe d’Orchisauvage vous souhaite une bonne navigation et reste à votre disposition pour toutes vos questions ou remarques ! N’oubliez pas également de cocher la case pour participer au financement du site et de son entretien à hauteur de 2 €. Vous trouverez cette nouvelle ligne dans le bulletin de renouvellement d’adhésion. instantanée sur une carte avec la localisation des observations. Les visiteurs pourront également voir les observations faites par les autres contributeurs au cours des quinze derniers jours, voire sans limite de temps si ce sont des observateurs réguliers, toutefois avec une précision actuellement limitée à la commune. Des restitutions cartographiques de la présence de chaque espèce sur une carte de France sont disponibles avec la même précision que sur l’atlas national édité par la SFO. Une attention prioritaire a été portée sur la sécurité afin de préserver les espèces et leurs milieux, notamment grâce déjà à la précision des restitutions qui est limitée. Ainsi certaines observations d’espèces sont systématiquement protégées, donc non visibles par les tiers, par exemple en ce qui concerne la rare et fragile Malaxis des marais (Hammarbya paludosa). Des informations sont déjà disponibles pour chaque espèce sur le statut de protection nationale ou régionale et les risques d’extinction (statut sur la liste rouge nationale, ou régionale quand elle existe) et d’autres pourront être ajoutées. Un autre point important concerne la qualité des données avec une validation par un comité qui sera mis en place en rassemblant les compétences nécessaires, notamment basé sur le réseau des cartographes et orchidophiles de la SFO. Enfin, un code de conduite sur les conditions d’utilisation du site, traitant notamment des questions d’utilisation des données et une charte de l’orchidophile seront fournis afin de permettre un fonctionnement efficace, respectueux des orchidées mais aussi des participants qui pourront choisir la diffusion qu’ils autoriseront à leurs données. En effet, celles-ci pourront avoir un intérêt, notamment pour la SFO et les SFO régionales, mais aussi pour des gestionnaires d’aires protégées ou pour les autorités environnementales, pour des questions de connaissances, de sauvegarde et de protection des orchidées, points sur lesquels la SFO est particulièrement vigilante et indépendante d’ailleurs de toute pression, ce site étant mis en place en totalité sur ses fonds propres. De nombreux autres aspects pourraient être présentés mais, place à la découverte par chacun. En attendant l’ouverture à tous de l’accès, voici une capture d’écran du site et, en encadré, le texte d’accueil. Rendez-vous, bientôt sur www.orchisauvage.fr pour découvrir le site et ses futurs développements. *Philippe FELDMANN [email protected] 306 Le rempotage des anguloas Dr Henry OAKELEY* OAKELEY H., 2013.- Repotting anguloas. L’Orchidophile 199: 307-310. Le Docteur Henry OAKELEY est un spécialiste mondialement reconnu du genre Anguloa et des genres alliés Lycaste, Sudamerlycaste et Ida. Pour L’Orchidophile, il a accepté de nous parler d’un aspect important de la culture de ces plantes, le substrat et le contenant à choisir. Fig. 1.– Cette plante atteint les bords du pot et doit être rempotée (Photo H. OAKELEY). Fig. 2.– Un pot rempli de racines (Photo H. OAKELEY). Résumé.– Présentation des besoins des espèces du genre Anguloa pour le rempotage. Les questions de choix du contenant aussi bien que de préparation du substrat sont évoquées. Mots clés.– Orchidées ; culture ; substrat ; Anguloa. Abstract.– How to repot anguloas? In this paper, problems of pot size and volume, as well as compost composition are addressed. Key words.– Orchids; cultivation; compost; Anguloa. La joie du rempotage des anguloas… Aucun Anguloa de taille à fleurir qui se respecte ne se plaira dans un pot de moins de 20 cm de diamètre, généralement 30 cm (Figures 1 à 3). Un de mes Anguloa uniflora, plus que respectable, est aujourd’hui dans un pot de 85 cm de diamètre, qui contient l’équivalent d’une demipoubelle de compost pour accueillir ses quarante pseudobulbes. Il est peut-être un peu au large, mais il s’en accommodera. Ma mère a 307 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 3.– Le rempotage amènera la nouvelle pousse au centre du pot (Photo H. OAKELEY). Fig. 4.– Le bonheur de découvrir les embryons de pousses et hampes florales au début du mois de mars (Photo H. OAKELEY). d’ailleurs fait cette même remarque en m’offrant un costume de soirée pour mon quinzième anniversaire et aujourd’hui, cinquante-six ans plus tard, j’ai fait agrandir le pantalon de 5 cm à la ceinture et la veste doublement boutonnée est devenue simplement boutonnée. Les jambes ont été raccourcies au cours de ma quarantaine, puisque j’ai considéré que ma croissance était probablement terminée ! Revenons-en à notre imposant Anguloa. J’ai importé cette plante il y a une quinzaine d’années, et il s’agit en fait de la plante réintroduite en culture par Manolo ARIAS au Pérou après 200 ans de « disparition » supposée. Au printemps, le moment où les pseudobulbes trapus, sombres, presque noirs, dépourvus de feuilles depuis deux mois émettent soudain de nouvelles pousses (larges et triangulaires), entourées des petites pointes qui deviendront des hampes florales, est l’une de mes plus grandes joies chaque année (Fig. 4). Ils rédémarrent tous leur végétation au même moment : Ang. virginalis, Ang. clowesii, Ang. hohenlohii, Ang. cliftonii le miniature Ang. dubia mais aussi toutes les autres espèces et hybrides. Seront-ils tous en fleurs à temps pour l’exposition de Chelsea en juin ? On ne peut que l’espérer. Je n’ai pas arrosé Ang. uniflora depuis Noël et la pelote de racines était alors une masse solide autour et à travers la perlite et la sphaigne du substrat. Il est temps de rempoter (nous sommes fin février/début mars) pour que les nouvelles pousses s’installent dans le nouveau compost. Fig. 5.– Anguloa uniflora rempoté dans un contenant de 85 cm de diamètre (Photo H. OAKELEY). 308 Rempotage des anguloas Fig. 6.– Lors du rempotage, attention aux fragiles racines de certains genres. Il ne faut jamais les laisser sécher. Installez-les dans du compost neuf et humide dès que possible, sans quoi elles sècheront et mourront (Photo H. OAKELEY). Première étape : le monstre doit être retourné, tapoté et secoué pour le dégager du pot initial. Deuxième étape : le nouveau contenant étant beaucoup trop profond (c’est souvent le cas des pots de grand diamètre), des pots plus petits sont posés renversés au fond pour combler l’espace superflu. Troisième étape : la masse de racines est placée au centre du pot sur les contenants retournés et l’espace vide est comblé avec du compost. L’ensemble doit peser environ 50 kg lorsqu’il est sec, et je suppose que j’aurai besoin d’aide pour le déplacer à nouveau après arrosage (Fig. 5). Je prépare moi-même mon substrat avec une part de perlite pour une part de sphagnum de Nouvelle-Zélande dans une bétonnière (il faut ajouter beaucoup d’eau, sans quoi la production de poussière est désastreuse). Le rempotage annuel de mes 700 lycastes occupe deux personnes à plein temps pendant six semaines, mais j’arrive à me sortir seul des anguloas en un peu moins de deux semaines. J’espère que les nouveaux pseudobulbes d’Ang. clowesii et Ang. hohenlohii ainsi que ceux de la plupart des hybrides atteindront la taille d’une bouteille de vin (sans le col). Il n’en va pas toujours ainsi. Anguloa brevilabris peut avoir des bulbes de la taille de mon poing. Pour assurer une bonne croissance tout au long de l’année, j’ajoute au substrat un engrais solide à dissolution lente et parfois un peu de terre de bruyère. S’il n’y a Fig. 7.– Une plante importée racines nues auxquelles il manque les poils absorbants (eau et sels minéraux). La nouvelle pousse va souffrir et il faudra plusieurs années à la plante pour se remettre (Photo H. OAKELEY). qu’un seul pseudobulbe actif, je laisse au moins trois pseudobulbes dormants et j’élimine le reste, toujours en faisant des paires de bulbes anciens. Le vieux compost qui entoure les racines de la partie la plus ancienne de la plante est totalement éliminé, mais celui qui est au niveau de la partie active de la plante est laissé en place, pour ne pas déranger le front de croissance de la plante. Le plus vieux pseudobulbe conservé est placé contre le bord du pot, avec le plus récent en centre, ce qui laisse assez de place à la plante pour deux années de croissance. Les plantes avec plusieurs bulbes actifs doivent être rempotées dans des pots assez grands pour ménager de la place pour deux années de croissance de chaque côté (Figures 6 & 7). Les plus vieux bulbes sont empotés par paires et certains repartiront dans les deux 309 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 8.– Des paires d’anciens pseudobulbes en plein redémarrage (Photo H. OAKELEY). Fig. 9.– Un jeune keiki apparaît au point d’abscission de la feuille au sommet d’un pseudobulbe d’Anguloa directement mis en pot pour permettre au keiki de s’enraciner directement (Photo H. OAKELEY). 310 années qui suivent. Si la nouvelle pousse apparaît au sommet d’un bulbe, je rempote avec le sommet de l’ancien bulbe juste sous la surface du substrat pour que les racines de la nouvelle pousse s’enfoncent directement dans le compost. Si les pousses apparaissent simultanément à la base et au sommet des pseudobulbes, je les place allongés sur le compost, mais je ne sépare jamais les pousses avant qu’elles soient bien établies (Figures 8 & 9). L’arrosage et la fertilisation commencent alors sérieusement. Le compost ne sera jamais laissé sec pendant les dix mois à venir. Il faut seulement souhaiter que la période de repos au sec, de fin décembre à début mars, ait suffisamment stimulé les plantes pour assurer une floraison abondante, l’objectif principal du moment étant d’obtenir les pseudobulbes les plus vigoureux possibles et de larges feuilles (100 x 30 cm) pour une floraison encore plus belle et prolifique l’année suivante ! * Henry OAKELEY [email protected] Description de deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron André SOULIÉ* et Romieg SOCA** SOULIÉ A. & SOCA R., 2013.- Description of two new hybrids in the genus Ophrys from Aveyron (Southern France). L’Orchidophile 199 : 311-318. Le nom donné à l'espèce « ophrys de l’Aveyron » reflète bien l’exiguïté de l’aire de distri- bution de la plante au moment de sa description en 1983, et il s'avère aujourd’hui, comme pour tant d'autres espèces, inadéquat, quand cet « endémisme » de l’Aveyron a cessé de l'être à la découverte de sa présence en Espagne en juin 1996 (HERMOSILLA & SABANDO 1996, 1998). Nous présentons ici les hybrides déjà connus qu’elle produit avec les Ophrys syntopiques ainsi que la description de deux nouveaux hybrides. Résumé.– Localisation et identification de deux nouveaux hybrides d'Ophrys aveyronensis. Ophrys aveyronensis est une espèce très localisée en France, comme en Espagne. Toutefois ce taxon s’hybride facilement avec de nombreux Ophrys syntopiques. Mots clés.– Orchidaceae ; Ophrys aveyronensis, O. insectifera, O. santonica ; hybrides. Abstract.– Description of two new hybrids of Ophrys in Aveyron. Localization and identification of two new hybrids of Ophrys aveyronensis. Ophrys aveyronensis is a very localised species in France and in Spain. However this taxon hybridizes easily with many syntopic Ophrys. Key words.– Orchidaceae; Ophrys aveyronensis, O. insectifera, O. santonica; hybrids. Historique Ce n’est qu’en 1983 que J.J. WOOD a individualisé l’ophrys de l’Aveyron comme sous-espèce d’Ophrys sphegodes Mill. Auparavant, sa présence était bien sûr connue de tous les botanistes herborisant dans sa région de répartition en France. L’abbé COSTE le signalait comme étant Ophrys fuciflora. En 1960, R. VIROT & G. AYMONIN le signalaient comme Ophrys arachnitiformis. Localisation et écologie En France O. aveyronensis est une plante de pelouse calcaire xérophile à Buxus sempervirens et Juniperus communis à l’étage des chênaies claires thermophiles dans les vallées abritées du bord sud-ouest du Causse du Larzac. L’aire de répartition a une longueur de 45 km et une largeur de 6 à 12 km. Les orchidées associées sont : Aceras anthropophorum, Anacamptis pyramidalis, Cephalanthera damasonium, C. longifolia, Dactylorhiza sambucina, Gymnadenia conopsea, Himantoglossum hircinum, Limodorum abortivum, Listera ovata, Ophrys apifera, O. aymoninii, O. funerea, O. insectifera, O. litigiosa, O. lutea, O. passionis, O. scolopax, Orchis mascula, O. militaris, O. morio, O. purpurea, O. simia, O. ustulata et Platanthera bifolia. L’ophrys de l’Aveyron y fleurit de la fin mai à la mi-juin, mais on peut trouver des plantes en fleur jusqu’à mi-juillet. L’altitude se situe entre (400) 450 m et 750 (850) m. La liste des Ophrys syntopiques, ci-dessus, ouvre bien des espérances aux chasseurs d’hybrides. Les hybrides connus et leur localisation Sept hybrides d’Ophrys, ayant pour un des parents Ophrys aveyronensis, ont été décrits de 1987 à 2005 (VAN LOOKEN 1987, 1989 ; HERMOSILLA & SOCA 1999 ; LEWIN 2000 ; HERMOSILLA 2001 ; SOCA 2005). Quatre l’ont été de France et trois d’Espagne. Nous les présentons, ainsi qu’un autre non décrit, dans l’ordre chronologique de leur description : O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O. scolopax Cav. (Ophrys ×bernardii Looken, L’Orchidophile 18 (75) : 1211-1212. 1987). 311 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 1.– O. aveyronensis × O. scolopax. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon. 30 mai 2003 (Photo R. SOCA). Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Romede-Cernon, 580 m 25.V.1986. Autres lieux connus : Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le Bassy. 704 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Les Escourbious. 625 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Alt. 615 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Coulon. 580 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Lebrou. 600 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Rome-de-Tarn, Puech Grignou. 630 m ; Hispania, La Rioja, Ezcaray, 825 m ; Hispania, Burgos, Villasana de Mena, bajo el Alto de Ro, cruce a Ventades, 550 m ; Hispania, Burgos, El Cabrio, 750-800 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, Bercedo, 660 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, Bercedo, 760 m. En Espagne le parent « scolopax » n’est ni O. scolopax s. str. ni le « scolopax » des Causses aveyronnais, il s’agit d’un taxon à fleurs trois fois plus grandes et à floraison très tardive (Figures 1 et 2). 312 Fig. 2.– O. aveyronensis × O. scolopax. España. Castilla y León. Burgos. Bercedo. 5 juin 2008 (Photo R. SOCA). Iconographie : van LOOKEN 1987 : 1 212 ; HERMOSILLA & SABANDO 1998 : 154 ; HERMOSILLA & SOCA 1999: 34 ; SOUCHE 2008 : 111. O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O. passionis Sennen [Ophrys ×costei Looken, L’Orchidophile 20 (86) : 84-85. 1989]. Locus classicus : Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, 830 m 22.V.1988. Autres lieux connus : Gallia, Aveyron, Cornus, Le Cabanis. 740 m ; Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le Bassy. 642 m ; Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le Bassy. 685 m ; Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, Le Bassy. 704 m ; Hispania, La Rioja, Ezcaray, 825 m ; Hispania, La Rioja, Valgañon, 990 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Fresneda de la Sierra Tirón, Alto de Pradilla. 1 235 m (Fig. 3). Iconographie : van LOOKEN 1989 : 85 ; HERMOSILLA & SABANDO 1998 : 154 ; SOUCHE 2008 : 113. Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O. exaltata Ten. subsp. castellana (Devillers & Devillers-Tersch.) Soca (Ophrys ×ayusoi C.E. Hermos. & Soca, Caesiana 13 : 35. 1999). Locus classicus : Hispania, provincia Burgos, prope Portillo el Cabrio, VN6471, 750 m. 23.V.1999. Autre lieu connu : Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, El Cabrio. 700 m (Fig. 4). Iconographie : HERMOSILLA & SOCA 1999 : 36 ; SOUCHE 2008 : 114. Fig. 3.– O. aveyronensis × O. passionis. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon. 12 mai 2010 (Photo A. SOULIÉ). O. aranifera Huds. × O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge (Ophrys ×ezcaraiensis C.E. Hermos. & Soca, Caesiana 13 : 36. 1999) (Fig. 5). Locus classicus : Hispania, provincia La Rioja, Ezcaray, 825 m. 24.V.1999. Autres lieux connus : Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, Bercedo. 780 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, El Cabrio. 700 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Fresneda de la Sierra Tirón, Alto de Pradilla. 1 000 m. Fig. 4.– O. aveyronensis × O. exaltata castellana. España. Castilla y León. Burgos. Villasante. 23 mai 1999. (Photo R. SOCA). Fig. 5.– O. aranifera × O. aveyronensis. España. La Rioja. Valgañon. 2 juin 2008 (Photo R. SOCA). 313 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 6.– O. apifera × O. aveyronensis. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Saint-Affrique. 4 juin 2004 (Photo R. SOCA). Fig. 7.– O. aveyronensis × O. ficalhoana. España. La Rioja. Valgañon. 2 juin 2008 (Photo R. SOCA). Iconographie : HERMOSILLA 2001: 57 ; SOUCHE 2008 : 112. O. apifera Huds. × O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge [Ophrys ×corvey-bironii J.-M. Lewin, L’Orchidophile 31 (140) : 18. 2000]. Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Tiergues, 615 m. 23.V.1999 (Fig. 6). Iconographie : LEWIN 2000 : 18 ; SOUCHE 2008 : 110. O. aveyronensis × O. ficalhoana (Ophrys ×caballeroi C.E.Hermos., Estud. Mus. Cienc. Nat. Alava 16 : 54. 2001). Locus classicus : Hispania, provincia de la Rioja, Ezcaray. VM9886, 825 m, 2.VI.2000. Autre lieu connu : Hispania, La Rioja, Valgañon, 990 m (Fig. 7). Iconographie : HERMOSILLA 2001: 57 ; SOUCHE 2008 : 254. Ophrys aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × Ophrys funerea Viv. (Ophrys ×souliei Soca, Caesiana 24 : 21. 2005). 314 Fig. 8.– O. aveyronensis × O. funerea. France. MidiPyrénées. Aveyron. Saint-Affrique. 22 mai 2010. (Photo R. SOCA). Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron Fig. 9.– O. aveyronensis × O. litigiosa. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon. 24 mai 2004 (Photo A. SOULIÉ). O. insectifera que nous n’avons pas retrouvé malgré de nombreuses prospections. C’est au cours d’une promenade organisée le 19 mai 2007 au nord de Saint-Affrique par l’un de nous (AS) pour faire découvrir les orchidées locales, et en particulier l’ophrys de l’Aveyron, à plusieurs amis de la région parisienne que fut découvert l’hybride d’Ophrys aveyronensis et d’O. insectifera. À l’ombre des chênes dans une clairière, il y avait huit pieds d’O. aveyronensis et dix pieds d’O. insectifera. Au milieu de cette population trônait un pied élancé de leur hybride portant 2 fleurs ouvertes et 3 boutons. L’hybride existe encore en 2012. Le 22 mai 2009, deux autres individus de cet hybride furent découverts à quelque 500 mètres de là par JeanPierre DELMAS, orchidophile de Millau. C’est avec plaisir que nous dédions cet hybride à Isabelle COLIN-TOCQUAINE pour la récompenser de cette belle découverte. Ophrys ×colin-tocainae Soulié & Soca, hyb. nat. nov. (O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O. insectifera L.) (Fig. 10). Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Coulon. Alt. 582 m. UTM 31T DJ 94/71. 25.V.2006 (Fig. 8). Iconographie : SOUCHE 2005 : 21, 22, 23 ; SOUCHE 2008 : 115. O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O. litigiosa E.G.Camus Lieux connus : Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, Le Bassy, 800 m (Souche 1998, Hermosilla & Soca, 1999) ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Crassous, 620 m. (Souche 1998) ; Gallia, Aveyron, Saint-Rome-deCernon, lieu-dit Nouzet, 450 m (Soulié 24.V.2004) (Fig. 9). Iconographie : HERMOSILLA & SOCA 1999 : 34. Description de deux nouveaux hybrides O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O. insectifera L. Hans, Gerlind et Rüdiger KOHLMÜLLER (Erlangen) nous avaient indiqué la présence en 1988 au sud-ouest de Crassous (Gallia, Aveyron, Saint-Affrique) de l’hybride O. aveyronensis × Fig. 10.– O. aveyronensis × O. insectifera. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Saint-Affrique. 22 mai 2010 (Photo R. SOCA). 315 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Descriptio : planta 28 cm alta ; folia basalia : 3, folia : 4, in quibus bracteiformes : 1 ; flores : 2, gemma floralis : 3 ; sepala viridia roseo suffuso cum nervura viride in centro ; petala fusca rubra, plana cum parallelibus marginibus ; labellum trilobum, pilis marginibus, bruneum fuscum cum lato limbato sufflavo ; macula rectangula in labelli centro sita, brunea pallida quam labellum clariora, clariora angusta marginea cincta ; labelli appendix minima, distincte lacinia includum ; pseudo-oculi nigricans ; cava stigmatica latiora quam alta ; moles polliniferae luteae ; thecae aurantiacae. Floret : fine majo mense. Terra typica : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Les Clapeirous. Alt. 620 m. Holotypus hic designatus : 28.V.2012. Leg André Soulié in herb. MPU. sub n° RS.2012. 510. Étymologie : ex nomine Isabelle Colin-Tocquaine hybrida dicitur. Iconographie : in hoc op. : fig. 10. Description : plante élancée haute de 28 cm ; 3 feuilles étalées et 1 bractéiforme sur la tige ; 2 fleurs et 3 boutons ; sépales vert suffusé de rose à nervure centrale verte ; pétales brun rougeâtre, à bords presque parallèles ; labelle trilobé, pileux vers l’extérieur, brun foncé avec large marge brun jaunâtre ; macule centrale rectangulaire, brun clair, bordée d’un liseré plus clair ; appendice minuscule inséré dans une grande échancrure ; pseudo-yeux noirâtres ; cavité stigmatique plus large que haute ; masses polliniques jaunes ; loges de l’anthère orangées. Étymologie : en hommage à son inventeur : Isabelle Colin-Tocquaine. Écologie : clairière dans chênaie de Quercus pubescens Willd. avec Buxus sempervirens L., sur substrat calcaire. O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O. santonica J.M. Mathé & Melki. Le 10 juin 2009 lors d’une promenade en compagnie de Sylviane et Michel JÉGOU sur le Plateau du Guillaumard dans l’espoir de voir en début de floraison une belle station d’Ophrys santonica. 316 Fig. 11.– O. aveyronensis × O. santonica. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 19 juin 2012 (Photo R. SOCA). Avant de monter sur la partie la plus haute du plateau, nous prospectons les lieux à l’ombre sous les vieux chênes. Ces endroits plus frais sont propices à l’épanouissement des derniers Ophrys aveyronensis. Effectivement à peine arrivés nous trouvons quelques pieds d’O. aveyronensis et Sylviane JÉGOU découvre aussitôt un hybride entre O. aveyronensis et O. santonica (Fig. 11). Nous avons revu cet hybride chaque année, il existe encore en 2012. Ce bel hybride présente des caractères intermédiaires des deux parents présumés. À l’Ophrys de l’Aveyron il emprunte la macule diffuse et à l’Ophrys des santons un labelle allongé avec des gibbosités ainsi qu’un appendice très développé (Figures 12 à 14). En 2012, sur la partie la plus haute du plateau, nous avons vu d’autres hybrides sur le lieu même où pour la première fois le 17 juillet 1988 l’un de nous (RS) a découvert O. santonica. Le plateau du Guillaumard est d’une richesse faunistique et floristique remarquable. Pour l’inciter à persévérer dans ses recherches, nous dédions cet hybride à Sylviane JÉGOU qui l’a découvert. Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron Ophrys ×jegouae Soulié & Soca, hyb. nat. nov. (O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O. santonica J.M. Mathé & Melki.) Descriptio : planta 19 cm alta ; folia basalia : 4 ; flores : 5 ; sepala roseis cum nervura viride in centro ; petala triangulata elongata, roseo rubicunda, aurantiaca margine cincta ; labellum trilobum, valde convexum, triangulatum elongatum, castaneum, brunneum pilosum cinctum ; macula divissima dilutaque ; faecea ; labelli appendix lata, triangulata, flavo viride, protinus spectans ; pseudo-oculi obscures virides ; cava stigmatica alta quam lata ; moles polliniferae luteae. Floret : junio mense. Terra typica : Gallia, Aveyron, Cornus, La Bastide-des-Fonts, Serre de l’Oun. Alt. 740 m. Holotypus hic designatus : 19.VI.2012. Leg André Soulié & Romieg Soca in herb. MPU. sub n° RS.2012.520. Étymologie : ex nomine Sylviane JÉGOU hybrida dicitur. Iconographie : in hoc op. : fig. 11 & 12. Description : plante haute de 19 cm ; 4 feuilles, dont une engainant la tige ; 5 fleurs ; sépales roses à nervure centrale verte ; pétales triangulaires allongés, rose-rouge bordés d’orange ; labelle trilobé, fortement convexe, triangulaire 12 allongé, brun foncé, avec un fort épaulement, forte pilosité brune sur les bords ainsi qu’audessus de l’appendice ; macule formée de dessins complexes, très divisée et diluée occupant les deux tiers du labelle à partir de sa base, liede-vin ; appendice grand, triangulaire, vert jaunâtre, dirigé vers l’avant ; pseudo-yeux vert sombre ; cavité stigmatique basse et large ; pollinies jaunes. Étymologie : en hommage à son inventeur Sylviane JÉGOU. Écologie : clairière dans chênaie de Quercus pubescens Willd. avec Buxus sempervirens L., sur substrat calcaire dolomitique. Lieux connus : Gallia, Aveyron, Cornus, Serre de l’Oun. 732 m ; Gallia, Aveyron, Cornus, Serre de l’Oun. 751 m. Conclusion Aujourd’hui, ce sont neuf hybrides, ayant pour un des parents Ophrys aveyronensis, qui ont été décrits. D’autres hybrides sont possibles en France, notamment avec O. aymoninii et O. lutea, et en Espagne avec O. riojana. L’Aveyron et ses Causses n’ont pas fini de nous surprendre. Par la richesse de sa flore générale et orchidéenne en particulier cette région reste toujours aussi attrayante pour les naturalistes. L’espoir de nouvelles découvertes y est toujours d’actualité. 13 14 Fig. 12.– O. aveyronensis x O. santonica. Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 21 juin 2009 (Photo R. SOCA). Fig. 13.– O. aveyronensis. España. Castilla y León. Burgos. Bercedo. 5 juin 2008. (Photo R. SOCA). Fig. 14.– O. aveyronensis. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 10 juin 2008. (Photo A. SOULIÉ). 317 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) BIBLIOGRAPHIE ASEGINOLAZA C., GOMEZ D., LIZAUR X., MONTSERRAT G., MORANTE G., SALAVE RRIA M., URIBE ECHEBARRIA P.M. & ALEJANDRE J.A., 1984.– Catálogo floristico de Álava, Vizcaya y Guipúzcoa. Ed. Gobierno Vasco. Vitoria Gasteiz. BENITO AYUSO J., ALEJANDRE SÀENZ J.A. & ARIZALETA URARTE J.A., 1999.– Aproximación al catálogo de las orquídeas de La Rioja (España). Estud. Mus. Cienc. Nat. de Alava 14 : 19-64. BENITO AYUSO J., HERMOSILLA C.E. & SOCA R., 2001.– Ophrys xbodegomii (Ophrys passionis x Ophrys tenthredinifera) Nuevo híbrido de la Península Ibérica. Estud. Mus. Cienc. Nat. de Alava 16 : 89-92. BERNARD C., 1978.– Orchidées de l’Aveyron. L’Orchidophile (9) 34 : 1140-1154. BERNARD C., 1996.– Flore des Causses. Hautes terres, gorges, vallées et vallons (Aveyron, Lozère, Hérault et Gard). Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest Nouvelle Série. Numéro Spécial : 14 : 1-705. 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Herbiers consultés : herbier de l’abbé COSTE (MPU), Herbarium Romieg SOCA (MPU). **Romieg SOCA, 7 Route des Cévennes F-34 380 Saint-Martin-de-Londres Dixième voyage à Madagascar : Ambondrombe, le pic Boby, le pic Ivohibe et le corridor de Vondrozo Jean-Claude GUÉRIN* et Jean-Michel HERVOUET** GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2013.- 10th field trip to Madagascar : Ambondrombe, Boby’s pike, Ivohibe pike and Vondrozo corridor. L’Orchidophile 199 : 319-334. Une arrivée médiatisée. Un an après les événements dramatiques de février 2009 et le renversement de Marc RAVALOMANANA, la tension est redescendue d’un cran à Madagascar mais l’incertitude politique demeure, entraînant troubles et crise économique et environnementale. Notre objectif de cette année est multiple : tout d’abord revoir l’Ambondrombe que nous avions trouvé si riche l’année précédente, puis retourner sur le massif de l’Andringitra, et plus précisément faire l’ascension de son point culminant, le pic Boby, pour y découvrir, enfin, le fameux et endémique Disa andringitrana. Le programme prévoit ensuite l’exploration du pic Ivohibe et du corridor de Vondrozo, ce qui suppose de réussir à relier Ihosy, situé sur la nationale 7, à Farafangana sur la côte est, en empruntant les 270 km de la nationale 27, réputée infranchissable pendant la saison des pluies. Résumé.– Compte-rendu du dixième voyage de la SFO à Madagascar, du 9 au 27 janvier 2010, avec un retour sur l’Ambondrombe, une ascension du pic Boby dans l’Andringitra, une visite du pic Ivohibe et du corridor de Vondrozo, ainsi que des réserves de Ranomafana et Angavokely. Disa brevicornis (Lindl.) Bolus, connu d’Afrique du Sud, est reconnu à l’Ambondrombe. Une nouvelle station de Cryptopus dissectus (Bosser) Bosser est trouvée dans le corridor de Vondrozo. Une nouvelle espèce de Bulbophyllum, de la section Elasmatopus, est repérée à Ranomafana. Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Madagascar. Abstract.– Report on the 10th SFO field trip in Madagascar, from January 9 to 27 t h 2010, consisting of climbs to Ambondrombe and then Boby peak in Andringitra massif, of a visit to Ivohibe peak and the Vondrozo corridor, and the reserves of Ranomafana and Angavokely. Disa brevicornis (Lindl.) Bolus, formerly known from South-Africa, is found on Ambondrombe. A new location of Cryptopus dissectus (Bosser) Bosser is discovered in the Vondrozo corridor. A new species of Bulbophyllum, of section Elasmatopus, is reported in Ranomafana. Key words.– Orchids; Orchidaceae; Madagascar. Fig. 1.– Tananarive, réunion de lancement d’une société malgache d’orchidophilie, 9 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Très tôt le matin du 9 janvier 2010, nous sommes trois à l’arrivée à l’aéroport d’Ivato, JeanClaude GUÉRIN, Jean-Michel HERVOUET et Marc MOREL, et nous retrouvons au gîte de l’agence Amy Travel deux compagnons de la Réunion arrivés la veille : Christian MARTIN et Dominique ROY. Au gîte, situé tout près de l’aéroport, c’est le branle-bas de combat : la première réunion de lancement d’une Société Malgache d’Orchidophilie est prévue dans l’après-midi (Fig. 1). 319 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Des participants prestigieux sont annoncés : Agence Nationale de Gestion des Aires Protégées (ANGAP, une ONG aujourd’hui appelée « Madagascar National Parks »), office du tourisme, horticulteurs, parti écologiste, direction forestière, voyagistes et représentants d’associations locales. La presse et la télévision malgache (TVM) sont attendues et l’événement est annoncé à la radio depuis plusieurs jours, c’est d’ailleurs ainsi que certains de nos amis ont appris notre arrivée! Nos collègues réunionnais représentent l’ADEFA (Association de Défense de la Forêt d’Ambodiriana), gestionnaire de la réserve d’Ambodiriana avec qui la SFO collabore. Un des objectifs principaux de la future société est la protection des sites. La constitution d’un réseau local permettra aussi un suivi cartographique des orchidées de Madagascar. À l’issue d’une studieuse réunion, Chantal ANDRIANARIVO, chef de la cellule recherche et biodiversité à Madagascar National Parks, est pressentie comme future présidente de l’association, un gage d’indépendance et de sérieux. Viviane, directrice de l’agence Amy Travel, a tout prévu et bientôt de charmantes hôtesses s’affairent autour d’un buffet. Toute l’assemblée sort ensuite pour une photo de groupe et nous sommes interviewés par Haja RATSIMBAZAFY, le journaliste vedette de TVM. Le reportage sera retransmis plusieurs fois dans les journaux télévisés du lendemain. Retour sur la montagne des morts Après cette arrivée en fanfare, il nous faut dès le lendemain faire route vers le sud en suivant la RN7. Notre guide Sylvain RAZAFIMANDIMBY nous a rejoints. Après deux heures de route avec nos deux véhicules tout-terrain, Antsirabe est déjà derrière nous. Sur les bas-côtés défilent de vieilles connaissances : Cynorkis fastigiata, C. angustipetala, C. flexuosa, Satyrium trinerve, S. amoenum, Eulophia plantaginea, toutes espèces visibles aussi plus tard en saison, mais voici quelques curieuses hampes jaunes dispersées dans l’herbe et qui sont le prétexte d’un petit arrêt : les Eulophia rutenbergiana sont en fleur, en mars ils seront fanés. Vingt kilomètres plus loin la ville d’Ambositra est beaucoup plus calme que lors de notre dernier passage et nous 320 pouvons y déjeuner. Quelques kilomètres encore après Ambositra et c’est la petite gorge rocheuse que nous connaissons bien, Ankazomivady, où nous retrouvons Liparis microcharis, Cynorkis graminea, Polystachya fusiformis, et P. cultriformis. Le trajet du jour s’achève à Fianarantsoa où nous passons la nuit. Au petit matin nous sommes rejoints par Lucien FALINIAINA et Fanny RAKOTOARIVELO, chercheurs du Laboratoire de biologie et évolution des plantes vasculaires (Faculté des Sciences de Tananarive). Lucien est spécialiste des Cynorkis et Fanny est étudiante en thèse avec le Professeur Thierry PAILLER (Université de la Réunion), elle étudie les Jumellea de l’Océan Indien. Ils ont leur propre véhicule mais nous nous retrouverons au sommet de l’Ambondrombe et nos chemins se croiseront à nouveau sur l’Andringitra. Pour l’instant nous rejoignons d’abord Ambalavao, où Sylvain et les chauffeurs Njato et Jean-Claude s’affairent pour Fig. 2.– Liparis anthericoides, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Dixième voyage à Madagascar préparer notre séjour dans l’Ambondrombe. Quand tout est prêt, nous partons pour une quarantaine de kilomètres sur la piste d’Ambohimahamasina. Dans ce village nous retrouvons Germain RASAOLO, le directeur du collège de Sahabe qui nous avait accueillis chez lui l’an passé. Il nous confirme que les trois dictionnaires envoyés depuis Paris sont arrivés à bon port, un miracle de la poste. Seule sa lettre de remerciements s’est perdue en route. Nous le verrons plus longuement à Fig. 3.– Bulbophyllum alexandrae, Ambondrombe, 12 janvier notre retour de l’Ambondrombe 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). mais pour l’heure il nous faut répartir les bagages et recruter des Au petit jour, après un solide petit-déjeuner, porteurs. La marche commence par une visite chez Pierre RAMOMA, le gardien de la tradition, nous sommes prêts pour l’ascension. La forêt est l’ombiasy. Afin de respecter le rituel de la mon- propice aux épiphytes, après seulement quelques tagne des morts, comme l’an passé, son fils va pas nous tombons en arrêt devant Angraecum linous accompagner avec un coq pour le sacrifice nearifolium, une plante extrême dans toutes ses aux ancêtres. Autour du rocher de la première parties, avec ses feuilles de 11 cm de long et de cérémonie nous observons Satyrium trinerve, moins d’un millimètre de diamètre, son labelle Cynorkis graminea, C. gibbosa. Après les psal- très concave dressé vers le haut et terminé en modies de Pierre RAMOMA, nous pouvons nous pointe, ses grands sépales filiformes et son épeélancer dans la pente. À l’entrée dans la forêt ron de 10 cm. Pendues à de longues tiges fines, nous constatons qu’il y a moins de fleurs qu’en les fleurs semblent flotter dans les airs. Parmi les mars mais nous notons tout de même une nou- vieilles connaissances, nous notons en passant veauté, Polystachya rhodochila, avec ses fleurs A. acutipetalum et A. multiflorum. Un superbe jaunes au labelle teinté de rouge. Vers 1 500 m Angraecum au labelle blanc de 30 mm de long d’altitude, nous arrivons en fin d’après-midi présente des pétales et des sépales orange : espèce au camp de base d’Andranombazaha qu’on ap- nouvelle ? Non ! Simplement un Angraecum pelle aussi le camp des Français, qui furent à dryadum en fin de floraison, qui commence à l’origine du lieu en 1921. Nous y camperons changer de couleur. Posée sur un tronc moussu deux nuits de suite, ce qui nous laissera une et horizontal, la petite fleur unique de Angraegrande journée pour aller explorer le sommet cum lecomtei vient compléter le festival et arbore de l’Ambondrombe, juste entrevu l’année pré- un éperon trop grand pour elle, 12 cm. Quelque cédente. Près d’un ruisseau, une magnifique 200 m de dénivelée plus haut, la forêt laisse la touffe de Liparis anthericoides, installée sur une place à une végétation plus basse, avec Angraebranche tombée au sol, n’a pas résisté au besoin cum setipes et nous changeons enfin de genre avec de combustible du cuisinier mais peut être pho- Polystachya oreocharis et son épi dense de fleurs tographiée à l’aise (Fig. 2). Autour des tentes, la roses, et l’étonnant Bulbophyllum alexandrae, au présence de Angraecum pingue et Aeranthes ae- labelle cilié, étrange système pileux à l’abri sous mula est relevée. Une pluie fine et la brume des sépales latéraux soudés, qui attire certais’installent mais il y a un abri pour manger, nement quelque pollinisateur (Fig. 3). Nous archacun regagne ensuite son sac de couchage à la rivons au point où une partie de l’équipe avait lumière des lampes frontales. fait demi-tour l’année dernière, là où se situaient 321 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 4.– Cynorkis muscicola, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 6.– Angraecum urschianum, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 5.– Jumellea maxilarioides, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Beclardia macrostachya, Cynorkis disperidoides et C. tenuicalcar. Surprise, ces Cynorkis ne sont pas encore visibles, mais nous en trouvons presque au même endroit deux autres espèces, C. muscicola (Fig. 4) et C. mellitula. Il est fort probable que les types de C. disperidoides et C. muscicola proviennent de cette station car leurs types au jardin botanique de Tananarive portent les numéros 4627 et 4627 bis et la même mention: « forêt à mousses, alt. 1 800 m, Ambondrombe ». Ils ont sans doute été collectés par Pierre BOITEAU, avant 1942. C. mellitula a pour sa part été récolté plus au nord, à Manjakatompo, dans le massif de l’Ankaratra. Le labelle est blanc piqueté de violet, l’éperon est court et de la même couleur verte 322 que l’ovaire. Pour compléter le tableau de cette riche station, nous notons encore Polystachya rosellata et Jumellea maxillarioides, aux pièces florales très coriaces (Fig. 5). En nous frayant un passage dans les broussailles, nous arrivons dans une zone un peu plus ouverte avec des affleurements rocheux marqués par des cairns. Nous sommes au point le plus haut atteint par Jean-Michel et Chantal l’année dernière. Nos collègues de l’Université de Tananarive nous rattrapent après une nuit au village. Fanny récolte des Jumellea ibityana qui sont nombreux et pas encore fleuris, mais il y a bien d’autres choses à admirer. Angraecum urschianum ressemble beaucoup à A. lecomtei, même petite fleur blanche et même long éperon, mais les feuilles sont beaucoup plus petites (Fig. 6). Une autre orchidée angraécoïde attire notre Dixième voyage à Madagascar Fig. 7.– Angraécoïde inconnu, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). reusement personne n’en prélève d’échantillon, il est vrai que nous n’en trouvons en tout et pour tout que deux exemplaires. Nouveau mystère avec Eulophiella galbana, sur des arbres aux branches torturées ancrés sur les rochers. Nous l’identifierons de retour en France mais sur place nous n’avons même pas une idée du genre ! Enfin nous arrivons à une trouvaille majeure dans la prairie autour de la zone de rochers : un Disa inconnu (Figures 8 & 9) ! Il n’est pas très difficile de s’en rendre compte, il n’y en a que quatre à Madagascar et nous les connais- Fig. 8.– Disa brevicornis, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 9.– Disa brevicornis, Ambondrombe, 12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). attention : à nouveau fleur blanche très petite, mais éperon ne dépassant pas la fleur, très petites feuilles, ce serait d’après Johan HERMANS une nouvelle espèce de Jumellea (Fig. 7). Malheu- sons tous, sauf le Disa andringitrana pour lequel nous sommes venus cette année en janvier. Nous imaginons donc tout naturellement qu’il s’agit de lui et que ce Disa n’est par conséquent 323 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) pas endémique de l’Andringitra, mais présent aussi à l’Ambondrombe. C’est une déduction intéressante, mais… complètement fausse ! Nous le comprendrons quelques jours plus tard en découvrant l’authentique D. andringitrana. De retour en France, nous réaliserons que nous avons en fait trouvé un nouveau Disa encore non signalé : Disa brevicornis, connu d’Afrique du Sud, Malawi et Zimbabwe, quoiqu’un certain mystère plane encore. En effet, le livre « Wild orchids of Southern Africa » paru en 1982 signale pour cette espèce, sous le nom Monadenia brevicornis Lindley, la présence à Madagascar. La mention a disparu du plus récent : « Orchids of Southern Africa », paru en 1999. Nous avons consulté H.P. LINDER, co-auteur des deux ouvrages et il nous a affirmé que la première indication était une erreur ! Cette erreur avait peutêtre malgré tout un fond de vérité. Quoi qu’il en soit c’est une belle découverte de la SFO, qui appelle d’ailleurs une autre observation : la proximité de cette espèce avec Disa borbonica de la Réunion, dont les fleurs s’ouvrent moins, mais qui présente avec D. brevicornis des similarités troublantes. Toutes ces découvertes s’ajoutent aux deux nouveaux Benthamia de l’année dernière, trouvés dans le même secteur, mais contrairement à ce que nous pensions alors, nous ne sommes pas au point culminant. Le guide local nous invite, alors que la pluie devient gênante, à poursuivre notre chemin dans les écharpes de brouillard et les éricoïdes jusqu’au « vrai » sommet où une stèle de pierres amassées fut construite vers 1921 par des militaires français. En 1936 le lieu est reconnu comme point géodésique d’où partent les sources de trois rivières importantes de la région. Dans un petit pré en pente quoique très marécageux, on relève la présence d’un Aeranthes sp. et sur un tapis de droseras et d’utriculaires, les premiers Tylostigma foliosum et Benthamia cinnabarina commencent à fleurir. La descente est engagée et nous regagnons le campement pour une deuxième nuit tout aussi humide. Le lendemain nous rentrons par un autre sentier sur lequel nous trouvons Polystachya humbertii et Disperis similis. Nous voici revenus à l’école de Germain, toujours sous la pluie. Autour d’un apéritif protocolaire, le mo324 ment est venu de lui remettre un lot de fournitures scolaires ainsi que des livres illustrés pour initier les élèves à l’environnement et à la biodiversité. Ce n’est qu’une goutte d’eau et il y aurait bien d’autres besoins à couvrir. Nous promettons d’envoyer des dictionnaires d’anglais (qui arriveront à nouveau sans problème par la poste !) et de trouver des lampes solaires qui permettront aux enseignants de préparer leurs cours le soir. L’Andringitra et Disa andringitrana De retour à Ambalavao, Sylvain prépare notre prochaine étape dans l’Andringitra, où nous arrivons en fin d’après-midi. Nous nous installons comme l’an passé au gîte Trano gasy. Napoléon, notre guide de l’année dernière, nous accueille chaleureusement. Il est superbe et rayonnant dans sa combinaison de ski, sans doute offerte par un randonneur, mais il se déclare trop vieux pour nous accompagner. Notre nouveau et jeune guide s’appelle Martin, il est très désireux de se former aux orchidées. Au lever du soleil, les formalités administratives étant réglées, nous pouvons partir pour une marche de six heures dans ce magnifique parc de 32 000 hectares jusqu’au campement d’Andriampotsy situé vers 2 000 m d’altitude sur le plateau d’Andohariana au pied du pic Boby. Ce sommet est le point culminant (2 670 m) du vieux massif granitique datant du Cambrien que constitue la chaîne montagneuse de l’Andringitra (Fig. 10). Dès l’entrée dans le parc, les premières orchidées de prairies apparaissent : Cynorchis angustipetala, Eulophia rutenbergiana (Fig. 11), Satyrium trinerve. Plus haut les derniers arbres laissent la place aux éricacées mais portent quelques épiphytes : Polystachya cultriformis est le Polystachya malgache le plus facile à identifier, c’est le seul avec une feuille unique, malgré l’existence d’un Polystachya monophylla qui en a en fait le plus souvent deux. Aerangis articulata est très abondant avec ses grandes hampes pendantes de fleurs blanches, d’une rare élégance. Oberonia disticha est l’une des orchidées malgaches les plus répandues, sa floraison dans le pays s’étend sur neuf mois et elle possède deux noms vernaculaires : fontsilahin- Dixième voyage à Madagascar Fig. 10.– Massif de l’Andringitra, 14 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 11.– Eulophia rutenbergiana, 14 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 12.– Eulophia hians, 14 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). janahary (construit avec les mots palmier, mâle et Dieu) et ahipisabato (herbe accrochée à la pierre, quoiqu’elle soit plutôt épiphyte). Plus haut, les magnifiques Cynorkis gigas sont en début de floraison, ainsi que les Benthamia rostrata. Aux alentours des deux célèbres chutes de Riambavy et de Riandahy, le sol humide est propice au Cynorkis graminea, C. saxicola, Disperis similis, Liparis imerinensis. À partir de 2 000 m, nous arrivons sur le plateau dans les prairies de haute montagne avec Habenaria simplex, Benthamia glaberrima, Cynorkis pa- pillosa, le Disa bleu : Disa buchenaviana. Eulophia hians, terrestre, est une plante connue aussi d’Afrique du Sud (Fig. 12). Elle est très abondante ici, nous trouvons même une forme à fleurs blanches. Elle s’appelle localement tongolomboalavo (oignon à rat) et servirait à soigner les brûlures causées par l’eau bouillante. Nous sommes régulièrement arrosés par des averses, un gué est devenu infranchissable et nous devons remonter en rive droite d’un torrent furieux en direction du camp de base du pic Boby. Quand le camp est en vue nous 325 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) sommes toujours du mauvais côté et il faut se résoudre à une traversée scabreuse en sautant sur des plaques d’herbe inondées et instables. Les tentes sont montées à côté de l’abri en pierre où est préparé le dîner. Les premières parois du pic Boby dominent le lieu. Nous sommes venus plusieurs fois ici, sans jamais pouvoir aller plus haut par manque de temps, laissant donc à regret le Disa andringitrana qui n’est présent qu’aux alentours du sommet. Aux premières lueurs du jour du Fig. 13.– Liparis densa, 15 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). 15 janvier, une très (trop !) grande journée nous attend. Le sentier s’élève à flanc de falaise sur des rochers presque nus. Dès les premiers pas dans la montée, nous remarquons les Jumellea confusa, J. ibityana et les spectaculaires Aerangis ellisii qui s’agrippent aux rochers. Cynorkis saxicola, ainsi que C. bathiei, s’installent dans les moindres plages de pelouses humides et sont ici nombreux et bien en fleurs, nous n’en n’avions vu lors d’autres voyages que des spécimens en fin de floraison. Des touffes de Liparis poussent sur des dalles rocheuses nues suintantes (Fig. 13), il s’agit de L. densa, qui a été collecté pour la première fois en ces lieux par PERRIER DE LA BÂTHIE, en janvier 1922. Il avait collecté en même temps C. alborubra, que nous retrouvons aussi (Fig. 15) et avait noté pour ce dernier : « fleurs blanches à labelle piqueté de rouge ». Il y a déjà de nombreux Benthamia monophylla et quelques Tylostigma foliosum, tous déjà vus l’année dernière. Au milieu de la montée nous découvrons enfin le Disa andringitrana, avec peu d’exemplaires mais en bon état floral (Fig. 14). Nous comprenons à ce moment-là qu’il est bien différent du Disa vu à l’Ambondrombe. Nous pouvons continuer l’ascension dans la fraîcheur d’une fine brume qui nous prive d’une vue panoramique. Tout en appréciant l’air vivifiant du sommet nous versons par terre quelques gouttes de rhum, comme le veut la Fig. 14.– Disa andringitrana, 15 janvier 2010 coutume. Le pic est dédié à Boby, chien de (Photo J.-M. HERVOUET). Henri HUMBERT, qui aurait devancé le maître à 326 Dixième voyage à Madagascar Fig. 15.– Cynorkis alborubra, 15 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). l’arrivée en 1923. Le vrai nom de ce deuxième point culminant de l’île est Imarivolanitra, qui signifie « près du ciel ». Dans un paysage lunaire, la descente est amorcée pour finalement repasser au camp de base. Nous essuyons de fréquentes averses, ce qui nous inquiète pour les porteurs partis vers le prochain campement avec nos sacs. La journée se poursuit avec la longue traversée du plateau d’Andohariana, cette prairie de haute montagne de 3 000 ha doucement ondulée et peu altérée par l’activité humaine, sinon par un crâne de zébu sur une stèle, site sacré ou limite d’aire traditionnelle, rare témoignage culturel de ces lieux alpestres, avec un Eulophia rutenbergiana tout près. Tout en marchant, nous retrouvons Disa buchenaviana, Benthamia glaberrima, Jumellea maxillaroïdes, Cynorkis saxicola. Tout à coup la pente s’accentue, nous avons une vue plongeante sur la vallée que nous devons rejoindre par le sentier de Morarano, 300 m plus bas. La température augmente au fur et à mesure de la descente. Dans ce paysage qui se modifie, un palmier endémique (Ravenea glauca) s’est constitué un territoire. Sur une dalle rocheuse et alors que nous apercevons en contrebas la rivière et le camp, une belle colonie d’Angraecum sororium bien fleurie s’est installée. Un premier torrent, un peu délicat à traverser, s’annonce. Ça passe mais Sylvain en sera quitte pour laisser partir une chaussure ! Tout au fond de la vallée, le campement d’Antaranomby est en vue. Quelques Disa incarnata et Eulophia rutenbergiana retiennent notre attention mais une dernière épreuve nous attend. La rivière Morarano, dont le nom signifie pourtant « eau lente », est en crue à la suite des lourdes pluies de l’après-midi. Il faut chercher un passage pour rejoindre le campement. Avant nous les porteurs ont déjà connu des difficultés, nos sacs sont trempés et ils ont failli laisser filer dans le courant les poulets prévus pour le ravitaillement. Finalement poulets, porteurs et orchidophiles se retrouvent épuisés mais sains et saufs au campement, après onze heures de marche. C’est la fin de l’après-midi, après quelques instants de pause, nous trouvons encore quelques ressources pour prospecter aux alentours dans la prairie : Eulophia rutenbergiana, E. hians, E. plantaginea, Habenaria simplex et Cynorkis graminea sont disséminés dans les herbes. Un Angraecum en fin de floraison sur les branches des arbres au dessus de la rivière restera mystérieux et indéterminé à ce jour. Après un dîner copieux et un sommeil réparateur, la marche reprend au petit matin pour un décrassage de trois heures seulement, le temps de retrouver les voitures au village de Namoly dans la vallée. Nous apercevons les derniers Cynorkis gigas et Disa incarnata de l’Andringitra. Sans perdre de temps, nos véhicules nous conduisent sur la RN 7 jusqu’à Ihosy. La ville est jumelée avec Royan, située à 8 000 km comme l’indique le panneau en centre ville. Nous apprécions notre dernière nuit à l’hôtel avant de nous lancer sur la terrible nationale 27 en direction de la côte est. M. Farjon RATRIMOSON, propriétaire du Zahamotel et président du Lions club local, nous prévient qu’il est impossible de passer. Il cite le cas de clients partis en moto et revenus le soir même dans un état d’épuisement extrême. Nous espérons au moins atteindre, à mi-chemin, Ivohibe. 327 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Le pic d’Ivohibe et le roi des Bara requins La piste est au début très roulante, dans un paysage de savane arbustive où subsistent très localement quelques rares baobabs (Adansonia fony) et nous arrivons à Ivohibe, une paisible petite bourgade, dans l’après-midi. Aucun autre véhicule n’a été vu de toute la matinée. Tout de suite, nous partons rencontrer les services administratifs pour obtenir l’autorisation d’accéder à la réserve spéciale d’Ivohibe. L’autorisation est acquise à condition de respecter le pouvoir traditionnel et de rendre visite au roi des Bara-Antsantsa. C’est donc en délégation, accompagnés d’un guide et munis d’une bouteille de rhum que nous nous rendons dans un petit village proche de Ivohibe, où réside cet important personnage. Nous sommes introduits dans une grande case où la reine et une partie du village s’entassent déjà en attendant l’arrivée du souverain. Il entre enfin, vêtu d’un splendide manteau pourpre et d’un chapeau assorti, en forme de mitre. Après une allocution introductive où nous apprenons qu’il est né le 15 août 1930 et qu’il a été autrefois reçu à Rome par le pape Paul VI, il commence une cérémonie destinée à nous concilier les esprits du pic Ivohibe. Le roi des Bara requins, car telle est la signification du mot antsantsa, s’avère d’un naturel débonnaire et facétieux (Fig. 16). Il distribue ostensiblement autour de lui l’argent que nous avons apporté pour le village et n’en garde rien. La cérémonie s’achève par une aspersion des murs avec notre rhum, opération qui laisse la bouteille suffisamment pleine pour que chacun dans l’assistance puisse goûter à ce breuvage apprécié des esprits. Les enfants surexcités par la visite des « vazaha » entonnent un chant devant leur école et hurlent de joie quand ils se voient et s’entendent sur un petit appareil photo numérique. Le lendemain matin, c’est le départ pour une longue marche d’approche vers le pic d’Ivohibe. Nous arrivons en fin de matinée sur les lieux de prospection. Dans cette réserve protégée, il n’y a même pas de chemin. Une tentative d’ascension dans une végétation herbeuse mêlée de fougères et de broussailles épaisses nous conduit vers une falaise abrupte difficile à escalader. Les orchidées sont rares, voire absentes. Jean-Michel tente d’aller plus loin avec deux guides et trouve sur son chemin Disperis similis et Bulbophyllum ankaizinense. Après une heure supplémentaire d’efforts la véritable ascension n’est pas encore commencée, il faut renoncer. L’autre partie du groupe retourne au campement et relève sous un rocher la présence d’un Oeceoclades en feuilles, confirmant bien que nous sommes dans la partie sèche de la réserve. Nous repartons sur une piste qui nous mène au centre de la forêt. Un groupe de musiciens survient, ils vont faire la fête à Sakaroa, un village inaccessible par la route et situé derrière la falaise sur le versant est de la montagne, certainement plus humide et plus propice aux orchidées. Cette tentative d’exploration du pic Ivohibe se solde donc par un échec, une meilleure approche des lieux est nécessaire. Après une nuit sur place et un peu de pluie, nous rentrons à Ivohibe. Fig. 16.– Avec le roi des Bara-antsantsa dans l’Ivohibe, 17 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). 328 Le corridor de Vondrozo Le voyage vers l’est sur la RN 27 continue, le temps est clément, la piste… encore praticable. Quelque 3 km après le petit village de Maropaika, les véhicules débouchent sur Dixième voyage à Madagascar une prairie humide fleurie en orange ! C’est notre première découverte de Platycoryne pervillei (Fig. 17) avec une centaine de pieds mêlés à quelques Cynorkis graminea. Cette espèce était connue seulement de l’ouest du pays, dans la région de Mahajanga. Vers Bemandresy, nous abordons la limite ouest de la forêt dite de transition, malheureusement bien morcelée. Le corridor forestier qui va du parc de Ranomafana aux parcs de l’Andringitra et de l’Ivohibe s’étend sur 180 km de longueur et sur 5 à 15 km de largeur. Ce corridor dit « de Vondrozo » n’est plus que la relique fortement mitée d’une immense forêt de moyenne altitude qui séparait jadis les zones côtières de l’est des Hauts-Plateaux du centre de l’Île. En 2003 le programme GELOSE a été mis en œuvre pour protéger ce territoire où trois ethnies se côtoient avec des traditions bien différenciées : les Betsileo pratiquent surtout une agriculture de rizières alors que les Tanala sont Fig. 17.– Platycoryne pervillei, Couloir de Vondroso, 19 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). Fig. 18.– Cryptopus dissectus, Couloir de Vondroso, 19 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). des adeptes de l’agriculture traditionnelle par brûlis, le tavy. Les Bara quant à eux, toujours avec le tavy, entretiennent des pâturages pour l’élevage des zébus. Il s’y ajoute une exploitation forestière guidée par les profits immédiats, qui laisse planer de fortes menaces sur le corridor. L’incertitude sur le reste de la route ne nous permet pas de nous attarder beaucoup, pourtant l’arrêt pique-nique révèle une étonnante richesse, dès lors qu’on s’approche de la lisière de la forêt. Nous trouvons au sol en sous-bois Disperis hildebrandtii, une première pour nous, une espèce qui n’est pas rare à Mayotte. Cryptopus dissectus, toujours au sol, possède un labelle et des pétales très curieusement découpés (Fig. 18). Cette espèce fut d’abord considérée par Jean BOSSER en 1965 comme une sous-espèce de Cryptopus elatus, connue à la Réunion et à l’île Maurice. Quinze ans plus tard il l’établit comme espèce à part entière et endémique de Madagascar, elle est en effet beaucoup moins robuste et à fleurs plus petites, les pièces florales ne dépassant pas 15 mm contre 30 mm pour C. elatus. Nous tenons là une trouvaille car on pensait cette plante disparue à l’état sauvage. Le type trouvé par le docteur PEYROT provient de Fort-Carnot, qui est situé un peu à l’est de 329 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) l’Ambondrombe. Sur une branche d’arbre à hauteur d’homme, Angraecum didieri est prêt pour la photo et n’avait encore jamais été observé dans cette région. Avant de descendre vers Vondrozo, un arrêt sur une corniche s’impose pour observer le couloir forestier et deviner à l’horizon l’Andringitra. Au cours de la descente, la piste devient plus boueuse et est parsemée d’énormes flaques de profondeurs inconnues. La pluie commence et l’ambiance devient plus tendue. En milieu d’après-midi le véhicule de tête reste plongé dans une grande mare de boue. Faire hurler le moteur ne fait que projeter partout de la glaise et creuser le trou. Pousser et tirer semblent une tâche désespérée. Njato tard mais les fondrières suivantes s’avèrent négociables, d’autant plus que nous sommes maintenant en descente. À la nuit tombante, notre arrivée à Vondrozo fait sensation et provoque un attroupement. Nous bénéficions d’une nuit au sec dans le local du WWF, à l’exception de Jean-Michel qui préfère planter sa tente dehors pour éviter les ronflements. Il s’aperçoit au plus fort de la nuit qu’il est au milieu d’un ruisseau qu’une pluie fine et continue alimente par une gouttière et son duvet rend au matin plusieurs litres d’eau. Le soleil à peine levé, nouveau départ vers l’est et la côte, malheureusement nous sommes mal aiguillés dans le village et le premier 4 x 4 dérape dangereusement vers une rizière avant de s’immobiliser, une roue en contrebas du chemin (Fig. 19). À nouveau il faut le tracter en arrière pour l’extirper de ce faux pas. Atteindronsnous Farafangana ? Les plus pessimistes des habitants de Vondrozo affirment que plus loin les ponts sont effondrés. La progression continue néanmoins, nous laissant le loisir de voir quelques Aeranthes grandiflora accrochés dans les arbres en bordure de route, souvent des manguiers. Petit à petit, l’habitat se densifie, nous laissant Fig. 19.– Sortie de piste à Vondroso, 17 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). entendre que le plus dur est fait et que la côte se rapproche. Les faudéclare que si nous restons plantés là, il n’y aura bourgs de Farafangana sont atteints en début pas de secours avant trois semaines. Nous réus- d’après-midi, au grand soulagement de tous. La sissons finalement à désembourber le premier journée s’achèvera plus calmement par la visite 4 x 4 en le tirant en arrière avec le second. Il de la réserve de Manombo, gérée par le « Durnous faut ensuite une heure d’efforts pour bou- rell Wildlife Conservation Trust » et, cruelle décher le trou avec des pierres et des branches, en ception, curieusement vide de la moindre embauchant pour l’occasion l’unique passant orchidée en fleurs. Le lendemain matin, nous qui se présente pendant l’opération. Enfin remontons la côte orientale. L’arrivée à ManaNjato prend un élan formidable et fonce sur kara, aujourd’hui jumelée avec Parthenay (79), l’obstacle, la voiture marque une pause inquié- nous fait passer de l’aventure au tourisme avec tante au fond du trou, mais finit par s’arracher une balade nonchalante en pirogue sur le canal de sa gangue dans les applaudissements. Le se- des Pangalanes, en passant devant le village côcond 4 x 4 reste à son tour coincé, il sera déli- tier d’Andranodaro où La Rochefortaise a été vré par le premier véhicule. La démonstration jadis une entreprise réputée pour son activité est faite de la nécessité de s’aventurer sur les artisanale dans le traitement et le commerce des pistes difficiles avec deux voitures. Il est déjà peaux de zébus avec le port de Rochefort. Nous 330 Dixième voyage à Madagascar ferons une halte aux monuments des fusillés, rappelant les heures sombres de l’époque coloniale. Nous terminerons notre balade fluviale en accostant à l’annexe de l’hôtel Vanille pour un déjeuner de langoustes : baignade et relâche pour l’après-midi ! Le chemin de fer Manakara Fianarantsoa Très tôt le lendemain matin, une autre forme d’aventure nous attend. Nous rejoignons la gare pour prendre le train en direction de Fianarantsoa. Sur une voie assez étroite et avec une motrice datant de 1936, notre convoi serpente dans la végétation en s’arrêtant de village en village. Chaque halte provoque une bousculade et un attroupement de vendeurs de beignets, de fruits et de légumes. À chaque départ des enfants téméraires s’accrochent aux wagons avant de sauter un peu plus loin. Nous sommes aux premières loges pour observer la vie quotidienne des champs, active et colorée. Au terme d’une journée de lent défilement, nous descendons à Tolongoina où les véhicules nous attendent. 70 km de piste nous emmènent ensuite au fond de la vallée de l’Ikongo, encore réputée il y a trente ans pour ses forêts. Depuis tout a disparu, il ne reste plus que les Tanala, les habitants de la forêt. Dans le village subsiste une maison royale inoccupée depuis la disparition du dernier roi local. La forêt ? Si vous voulez la voir, il faut continuer à marcher quelques heures vers la montagne, nous dit-on. Trop tard pour nous, nous devons quitter les lieux dès le lendemain matin. Au réveil, nous rencontrons un homme qui s’apprête à partir, chargé d’un sac de café sur la tête : en marchant bien, il sera le soir même à Ambohimahamasina après avoir parcouru le massif de l’Ambondrombe qui est le versant opposé à l’Ikongo. Ce parcours mérite d’être étudié pour un prochain voyage ! De retour à Tolongoina nous continuons sur la piste d’Ifanadiana. Au détour d’un virage, Christian repère des Cymbidiella falcigera en fleurs sur des palmiers (Raphia ruffa), leur hôte exclusif. Malgré un fossé profond et une rizière nous approchons des palmiers où nous apercevons de nombreuses « guêpes noires » très affairées dans les inflorescences. Malgré une recherche bibliographique, nous n’avons pas trouvé le pollinisateur de C. falcigera mais la littérature mentionne que d’autres espèces du genre Cymbidiella sont pollinisées par des guêpes. Encore un peu de Fig. 20.– Bulbophyllum sect. elasmatopus sp. nov., Ranomafana, 24 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). 331 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) piste jusqu’à Ifanadiana et nous retrouvons la route goudronnée qui nous conduit au Parc National de Ranomafana, rendez-vous incontournable dans cette forêt pluviale au relief accidenté, avec ses magnifiques cascades. Signe annonciateur, Eulophia plantaginea et Bulbophyllum occultum sont déjà aperçus, non loin de notre lieu de villégiature, le Setam lodge. La journée suivante est consacrée à parcourir des sentiers déjà visités à des périodes différentes. De toute évidence, la saison est à peine commencée en janvier et nous trouvons beaucoup moins d’espèces qu’en mars. Sur le circuit Sahamalaotra, nous trouvons seulement Angraecum acutiflorum et Bulbophyllum longiflorum. Nous aurons plus de chance sur la piste d’Andranofady avec : Lemurella pallidiflora, Aeranthes aemula, Bulbophyllum boiteauii, B. sandrangatense, Polystachya rosellata. Bulbophyllum sciaphile est repéré sur un tronc. Récolté dans la région de Tananarive et nommé par Jean BOSSER, nous l’avions trouvé, et d’ailleurs mal identifié, au sommet du Marojejy en 2005. Un Bulbophyllum de la section elasmatopus reste sans nom et va s’avérer, renseignements pris auprès du spécialiste Gunter FISCHER, une espèce nouvelle (Fig. 20). Angavokely Nous quittons Ranomafana par la route 45 en direction de Fianarantsoa pour nous arrêter en dehors du parc, 500 m avant le kilomètre 13 sous une ligne à haute tension, afin de prospecter une zone boisée dans laquelle nous trouvons Polystachya rosea et Bulbophyllum imerinense, aux fleurs non résupinées d’un blanc crème et dont le labelle porte une frange de cils blancs sur tout son pourtour. Nous arrivons ensuite dans les environs de Fianarantsoa, au Lac hôtel pour une halte nocturne. Au petit matin, de nouveau sur la RN7, nous entamons notre retour vers la capitale. Nous nous arrêtons brièvement plusieurs fois sur les bords de route pour revoir quelques orchidées jusqu’à la station bien connue d’Ankazomivady, 33 km avant Ambositra. Nous y observons : Disa incarnata, Cynorkis graminea, C. stolonifera. Face au rocher, de l’autre côté de la route, dans la forêt, nous remarquons la présence d’Oeonia rosea et 332 d’une belle station de Calanthe repens. Suite au déjeuner à Ambositra, un dernier arrêt au col des Tapias ne nous révèle que la présence de Cynorkis flexuosa. Antananarivo s’approche, nous voici de retour au gîte d’Amy Travel. Le jour de repos qui suit va être consacré à la visite de l’herbier du jardin de Tsimbazaza. Les planches d’orchidées sont nombreuses mais peu exploitables pour la détermination des espèces. Malheureusement, nous ne retrouverons pas le type de Cynorkis ambondrombensis déposé par le fondateur de l’herbier, Pierre BOITEAU. L’après-midi est dédié à la visite d’une collection d’orchidées chez Alfred RAZAFINDRATSIRA, horticulteur agréé qui était présent à notre réunion chez Amy Travel. Le lendemain est consacré à une visite d’Angavokely, lieu devenu incontournable pour les orchidologues car la liste des espèces y atteint 150. Le séjour se termine ainsi en beauté, avec dans la petite prairie sommitale de splendides Angraecum sororium en pleine floraison (Fig. 21), en sousbois l’étonnant Cynorkis uniflora (Fig. 22), et pour finir la forme jaune de Cynorkis gibbosa. Fig. 21.– Angraecum sororium, Angavokely, 27 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). REMERCIEMENTS À Blandine ANDRIAMBOLOLONIVO, de l’agence Comptoir de Madagascar, pour son aide patiente et constante dans la préparation de nos voyages. À Johan HERMANS (jardins botaniques royaux de Kew), Dixième voyage à Madagascar Fig. 22.– Cynorkis uniflora, Angavokely, 27 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET). pour ses conseils et informations fort utiles dans la détermination des plantes. À Gunter FISCHER (Université de Salzbourg), dans l’attente impatiente d’un ouvrage sur les Bulbophyllums de Madagascar. À Njato RAJAONARISOA, Jean-Claude RAKOTONDRASOA, nos chauffeurs intrépides, à Viviane, Béatrice, Edmond et toute l’équipe de l’agence Amy travel pour leur accueil fidèle et amical et leur professionnalisme. BIBLIOGRAPHIE CRIBB P. & HERMANS J., 2009.– Field guide to the or- chids of Madagascar. Kew publishing. Royal Botanic Gardens, Kew. 456 p. DU PETIT-THOUARS A., 1822.– Histoire particulière des plantes orchidées recueillies sur les trois îles australes d’Afrique. Réimpression de Earl M. Coleman, Stanfordville, New York 1979. 110 p. DU PUY D., CRIBB P., BOSSER J. & HERMANS J. ET C., 1999.– The Orchids of Madagascar. Kew Publishing. Royal Botanic Gardens, Kew. 376 p., 48 planches en couleur. GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2007.– L’ascension du Marojejy à Madagascar. L’Orchidophile 174 : 165-177. GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2008.– Huitième voyage à Madagascar. L’Orchidophile 179 : 245259. GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2011.– Neuvième voyage à Madagascar, Ambondrombe, la montagne des morts. L’Orchidophile 189 : 87-101. GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2011.– Neuvième voyage à Madagascar, Ambondrombe, la montagne des morts. L’Orchidophile 190 : 171-179. HERMANS J. et C., DU PUY D., CRIBB P. & BOSSER J., 2007.– Orchids of Madagascar. Kew publishing. Royal Botanic Gardens, Kew. 398 p., 64 planches en couleur, 29 dessins. HERVOUET C. et J.-M., 2001.– Voyage de la SFO à Madagascar. L’Orchidophile 148 : 155-170. HERVOUET J.-M., 2003.– Deux semaines troublées à Madagascar. L’Orchidophile 159 : 253-265. KOECHLIN J., GUILLAUMET J.L. & MORAT P., 1997.– Flore et Végétation de Madagascar. Ed. ARG Gantner Verlag - Vaduz. 687 p. LINDER H.P. & KURZWEIL H., 1999.– Orchids of Southern Africa. A.A. Balkema publishers, Rotterdam. 492 p. PERRIER DE LA BÂTHIE H., 1939 (tome I) & 1941 (tome II).– Flore de Madagascar, 49e famille : Orchidées. Réimpression de Margaret M. Ilgenfritz, Monroe, Michigan 1980. 477 p. (tome I) et 387 p. (tome II). SCHATZ G.E., 2001.– Flore Générique des Arbres de Madagascar. Ed. Royal Botanic Gardens & Missouri Botanical Garden, Kew. 503 p. STEWART J., LINDER H.P., SCHELPE E.A. & HALL A.V., 1982.– Wild orchids of Southern Africa. Macmillan South Africa, Johannesburg. 307 p. STEWART J., HERMANS J. & CAMPBELL B., 2006.– Angraecoid Orchids. Ed. Timber Press, Portland. 431 p. 333 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) * Jean-Claude GUÉRIN 45 Grande rue F-79200 La Peyratte [email protected] Liste alphabétique des orchidées observées: Sites : Ambondrombe (AMB), Andringitra (AND), Angavokely (ANG), Ankazomivady (ANK), Pic Ivohibe (IVO), Ranomafana (RAN), Tolongoina (TOL), corridor de Vondrozo (VON). Aerangis articulata (Rchb.f.) Schltr. (AMD), Aerangis citrata (Thouars) Schltr. (AMB), Aerangis ellisii (B.S. Williams) Schltr. (AND), Aeranthes aemula Schltr. (AMB, RAN), Aeranthes grandiflora Lindl. (VON), Aeranthes sp. 1 (AMB), Angraecum acutipetalum Schltr. (AMB, RAN, ANG), Angraecum didieri (Baill. ex Finet) Schltr. (VON), Angraecum dryadum Schltr. (AMB), Angraecum lecomtei H. Perrier (AMB), Angraecum linearifolium Garay (AMB), Angraecum multiflorum Thouars (AMB), Angraecum pingue Frapp. (AMB), Angraecum setipes Schltr. (AMB), Angraecum sororium Schltr. (AND), Angraecum sp. 1 (AND), Angraecum urschianum Toill.-Gen. & Bosser (AMB), Beclardia macrostachya (Thouars) A. Rich. (AMB), Benthamia cinnabarina (Rolfe) H. Perrier (AMB), Benthamia glaberrima (Ridl.) H. Perrier (AMD), Benthamia monophylla Schltr. (AND), Benthamia rostrata Schltr. (AMD), Bulbophyllum aff. multiflorum (RAN), Bulbophyllum aff. rubrigemmum (VON), Bulbophyllum alexandrae Schltr. (AMB), Bulbophyllum ankaizinense (Jum. & H. Perrier) Schltr. (IVO), Bulbophyllum baronii Ridl. (AMB), Bulbophyllum boiteaui H. Perrier (RAN), Bulbophyllum discilabium H. Perrier (RAN), Bulbophyllum imerinense Schltr. (RAN), Bulbophyllum longiflorum Thouars (RAN), Bulbophyllum occultum Thouars (RAN), Bulbophyllum sect. elasmatopus sp. nov. (RAN), Bulbophyllum sandrangatense Bosser (RAN), Bulbophyllum sciaphile Bosser (RAN), Bulbophyllum subclavatum Schltr. (AMB), Calanthe repens Schltr. (ANK), Cryptopus dissectus (Bosser) Bosser (VON), Cymbidiella falcigera (Rchb.f.) Garay (TOL), Cynorkis alborubra Schltr. (AND), Cynorkis angustipetala Ridl. (AND, ANG), Cynorkis baronii Rolfe (AND, ANG), Cynorkis bathiei Schltr. (AND), Cynorkis cardiophylla Schltr. (AND), 334 **Jean-Michel HERVOUET 61 rue du Lieutenant Ricard F-78400 Chatou [email protected] Cynorkis fastigiata Thouars (VON, TOL), Cynorkis flexuosa Lindl. (AND, IVO), Cynorkis gibbosa Ridl. (ANK, AMB, AND, ANG), Cynorkis gigas (AND), Cynorkis graminea (Thouars) Schltr. (AMB, AND, VON, ANG), Cynorkis jumelleana Schltr. (AND), Cynorkis lilacina Ridl. (AND, ANK, ANG), Cynorkis mellitula Toill.-Gen. & Bosser (AMB), Cynorkis muscicola Bosser (AMB), Cynorkis papillosa (Ridl.) Summerh. (AND), Cynorkis saxicola Schltr. (AND), Cynorkis stolonifera (Schltr.) Schltr. (ANK), Cynorkis uniflora Lindl. (ANG), Disa andringitrana Schltr. (AND), Disa brevicornis (Lindl.) Bolus (AMB), Disa buchenaviana Kraenzl. (AMD), Disa incarnata Lindl. (AND), Disperis hildebrandtii Rchb.f. (VON), Disperis similis Schltr. (AMB, AND, IVO, ANG), Eulophia hians var. nutans (Sond.) S. Thomas (AND), Eulophia plantaginea (Thouars) Rolfe (AND, VON, TOL, RAN), Eulophia rutenbergiana Kraenzl. (AND), Eulophiella galbana (Ridl.) Bosser & Morat (AMB), Habenaria alta Ridl. (ANG), Habenaria ambositrana Schltr. (AND), Habenaria simplex Kraenzl. (AND), Jumellea confusa (Schltr.) Schltr. (AMD, AND), Jumellea ibityana Schltr. (AMB), Jumellea maxillarioides (Ridl.) Schltr. (AMB, AND), Jumellea sp. 1 (AMB), Lemurella pallidiflora Bosser (RAN), Liparis anthericoides H. Perrier (AMB), Liparis densa Schltr. (AND), Liparis imerinensis Schltr. (AMD, AND, ANG), Liparis sp. 1 (RAN), Oberonia disticha (Lam.) Schltr. (AMB, IVO, RAN, ANG), Platycoryne pervillei Rchb.f. (VON), Polystachya cultriformis (Thouars) Spreng. (ANK, AND, IVO, RAN, ANG), Polystachya fusiformis (Thouars) Lindl. (ANK), Polystachya mauritiana Spreng. (AMB), Polystachya humbertii H. Perrier (AMB), Polystachya monophylla Schltr. (AMB), Polystachya oreocharis Schltr. (AMB), Polystachya rhodochila Schltr. (AMB), Polystachya rosea Ridl. (RAN), Polystachya rosellata Ridl. (AMB, RAN), Polystachya virescens Ridl. (ANK), Satyrium amoenum (Thouars) A. Rich. (ANK, AND), Satyrium trinerve Lindl. (AMB, AND), Tylostigma foliosum Schltr. (AMB, AND) Récit d’un voyage en Malaisie Carsten HAMMER* HAMMER C., 2013.- A field trip in peninsular Malaysia. L’Orchidophile 199: 335-338. Après le récit de son expérience de culture d’orchidées terrestres dans son jardin (L’Orchidophile n° 197), Carsten HAMMER nous fait partager le récit de l’un de ses voyages à la découverte des orchidées. C’est en Malaisie qu’il a choisi d’aller. Résumé.– Récit succinct d’un voyage en solitaire, organisé sur place, en Malaisie, à la découverte de la péninsule et de ses orchidées. Mots clés.– Malaisie; Gunung Beremban ; Coelogyne; Dendrobium ; Bulbophyllum. Abstract.– Short brief of an up-to-go field trip to peninsular Malaysia, seeking for orchids. Key words.– Malaysia; Gunung Beremba; Coelogyne; Dendrobium; Bulbophyllum. Au départ, j’avais pensé retourner en Équateur pour un deuxième voyage. Pour diverses raisons, cette destination n’a finalement pas pu être retenue. Mon ami orchidophile, Werner FREITAG, m’a ensuite convaincu d’entreprendre un périple en Malaisie. Ayant participé au WOC de Shah Alam (près de Kuala Lumpur), en 2002, j’avais déjà une petite idée de la façon de me rendre dans ce pays et des modes de déplacement sur place. Après quelques recherches sur internet, j’ai donc simplement réservé mes vols et l’hôtel pour la première nuit, décidant d’organiser la suite du voyage une fois sur place. Nombreux sont mes amis et connaissances, qui m’ont alors demandé: « Quoi? Tu veux organiser ça tout seul? Il n’y a pas de risques d’attraper quelque chose ? ». Mais rien n’a pu me retenir, j’étais fermement décidé à partir seul dans ce pays rêvé d’orchidophile ! Le 4 février 2007, j’embarquai donc sur un vol Emirates Airlines pour Kuala Lumpur, via Dubaï. Après la première nuit, j’ai commencé par la visite du jardin d’orchidées de la capitale malaise (Figures 1 & 2). Dans ce lieu, sont d’abord présentes des orchidées hybrides, vandas, ascocendas… Il y a bien une boutique dans ce jardin, mais les espèces botaniques sont rares. Fig. 1.– L’entrée du jardin d’orchidées de Kuala Lumpur (Photo C. HAMMER). Fig. 2.– Hybride de Vanda (Aranda), jardin d’orchidées de Kuala Lumpur (Photo C. HAMMER). 335 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 3.– Le bateau qui me permet de rejoindre Kuala Tahan (Photo. C. HAMMER). J’ai ensuite réservé, dans une petite agence de voyages, une expédition dans le parc national de Taman Negar, laquelle débutait dès le lendemain. Rendez-vous était donc donné à 5 h 00 du matin à l’agence pour un départ en bus, trois heures de trajet jusqu’à la première étape, Kuala Tembeling. Dès cette halte, je pouvais voir les premiers dendrobiums accrochés aux arbres, malheureusement hors de leur période de floraison. Après une pause déjeuner, le voyage continua par bateau sur le fleuve Sungai Pahang (Fig. 3), qui traverse une dense forêt tropicale, pour rejoindre Kuala Tahan en me prenant pour un explorateur aventurier découvrant flore et faune (Fig. 4). À peine arrivé dans le complexe hôtelier, je me renseignai pour organiser une visite des alentours pendant les jours suivants. De nombreuses options m’étaient offertes, mais je tenais vraiment à entreprendre cette expédition par moi-même. Fig. 6.– Restaurants flottants à Kuala Tahan (Photo C. HAMMER). Fig. 4, 5.– Une araignée non identifiée et le Canopy Walk (Photo C. HAMMER). 336 Le jour suivant, j’empruntai un passage aménagé dans les arbres, le Canopy Walk (Fig. 5), qui permet de profiter plus facilement des différents épiphytes. Cette promenade se situe à moins d’une demi-heure de mon hôtel, mais, avec les températures élevées (supérieures à 30 °C) et l’humidité atmosphérique très forte, j’étais trempé de sueur avant même d’arriver ! Le Canopy Walk est une attraction payante (mais très bon marché) qui présente un réel intérêt pour l’amateur de plantes tropicales. Les restaurants flottants offrent ensuite un profond dépaysement au voyageur (Fig. 6). Récit d’un voyage en Malaisie leuse, et j’en ai profité le temps d’une pause avant de prendre le chemin du retour. De toute la durée de cette randonnée, je n’ai pas croisé une seule personne ! Deux jours plus tard, c’est à nouveau par bateau jusqu’à Kuala Tembeling puis en bus, à travers les Cameron Highlands jusqu’à Tanah Rata, mon étape suivante. Le nombre de camions transportant du bois exotique que l’on croise en chemin ne rend pas optimiste pour l’avenir de la forêt tropicale. Une fois au cœur des Cameron Highlands, dès Fig. 7.– Bulbophyllum sp. (Photo C. HAMMER). mon arrivée, j’ai entrepris une courte promenade. J’ai ensuite poussé à pied jusqu’à Bukit In- Encore une fois, de nombreuses orchidées sont dah. Normalement, deux heures suffisent pour présentes sur les troncs et les branches d’arbres, cette expédition, mais il faut souvent escalader mais cette fois beaucoup trop en hauteur pour des arbres tombés au sol, et le chemin est très réussir des photos satisfaisantes. Quand j’ai esaccidenté, toujours en pente. Les troncs qui sayé de m’approcher plus près, je suis malheujonchent le sol sont le support de nombreuses reusement passé à travers un sol qui me semblait orchidées. J’ai pu observer plusieurs orchidées, pourtant solide, et je me suis foulé le genou. Cependant, cela ne m’a pas empêché de partir pour une nouvelle randonnée en solitaire dès le lendemain, en direction de Gunung Beremban. Le chemin est d’abord celui de ma promenade de la veille avant de bifurquer sur une autre piste. C’est à cet endroit que je rencontre mes premiers Arundina graminifolia, et ils sont en fleurs (Fig. 8) ! L’agréable promenade du départ se transforme rapidement en ce qui pourrait ressembler à l’enfer à l’état pur. On grimpe par un chemin exFig. 8.– Arundina graminifolia, vers Gunung Beremban trêmement abrupt, coupé par de (Photo C. HAMMER). nombreux arbres tombés au sol. Même si mon genou était douloutoutes défleuries, parmi lesquelles de nombreux reux, il me fallait examiner quelques-uns de ces dendrobiums, et ce que j’ai pu imaginer être des arbres, sur lesquels j’ai trouvé quelques coelocoelogynes, impossibles à identifier sans fleurs. gynes (Fig. 9), erias, dendrobiums, bulbophylAvant d’atteindre le sommet, il faut encore es- lums, etc. Plus loin, toujours en montant, on tracalader un dernier kilomètre parmi les rochers, verse une forêt moussue où poussent de nomsur lesquels on trouve, de tous côtés, des bul- breuses orchidées. Arrivé au sommet, la vue est bophyllums (Fig. 7) qui étalent leurs racines encore une fois fantastique (Fig. 10). Après sur la roche, parmi les mousses. Encore une une courte pause, je reprends ma route en desfois, les plantes sont toutes en boutons ou en fin cendant par l’autre versant, tout aussi escarpé que de floraison, décidément, la chance n’est pas celui emprunté pour l’ascension. Au cours de ma avec moi. La vue depuis le sommet est merveil- randonnée, je n’ai croisé que deux collègues 337 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 9.– Coelogyne sp. (aff. cuprea), sur la route de Gunung Berembban (Photo C. HAMMER). australiens, qui ont d’ailleurs rebroussé chemin d’eux-mêmes en entendant ce qui les attendait. Après sept heures de marche, j’étais de retour à Tanah Rata, où j’ai pu organiser et réserver l’expédition pour les jours suivants depuis un cybercafé. Sur le chemin entre Tanah Rata et Penang (effectué en bus encore une fois), on traverse des plantations de palmiers à huile et d’hévéas, cultivés pour la production du latex. Juste avant d’arriver à Penang, je repère plusieurs varans dans les fossés le long de la route. Apparemment, ces animaux avaient trouvé une quelconque denrée comestible ! Penang ne devait être qu’une étape avant de décoller pour l’archipel des Langkawi, mais en raison des fêtes du Nouvel An chinois, l’île de Langkawi était totalement saturée. Du coup, après un court temps de réflexion, je décidai de visi- Fig.10.– Vue depuis le sommet du Gunung Beremban (Photo C. HAMMER). ter le jardin botanique de Penang et d’organiser mon retour à Kuala Lumpur. Le voyage ne m’aura pas permis de visiter tout ce que j’avais prévu, mais cela ne change rien aux fantastiques impressions et souvenirs que j’en ai ramenés ! *Carsten HAMMER Im Bornstück 5 - D-65529 Waldems [email protected] 338 Dernières découvertes et observations en France compilées par Gil SCAPPATICCI* SCAPPPATICCI G., 2013.- Latest discoveries and observations in France in 2012. L’Orchidophile 199: 339-348. À la suite du premier article paru dans l’Orchidophile qui résumait les découvertes et ob- servations 2011, voici celles de la saison 2012. Ce texte comporte des passages d’articles reproduits tels quels, sans qu’ils soient mis entre guillemets et sans les noms des découvreurs, afin d’en faciliter la lecture, mais les sources sont toujours citées pour chaque région. En 2012, dans presque toutes les régions, les premières floraisons ont commencé précocement, puis le gel tardif a anéanti les plantes de la deuxième vague. Les espèces tardives ont, par contre bien prospéré. Je remercie tous ceux qui ont participé et particulièrement O. GERBAUD pour la relecture. Pour l’année en cours, je vous invite à me communiquer vos découvertes dès maintenant. AQUITAINE L’année 2012 en Aquitaine, comme dans de nombreuses régions, a été tronquée par des changements de température de grande amplitude (de +30 °C fin mars à -5 °C au 22 avril) et la sécheresse de l’hiver. Pas de découverte notable de nouveau taxon ou de nouvelle station, mais une kyrielle de lusus et autres bizarreries. En Dordogne, le classique Ophrys apifera var. trollii ; en limite Charente, un O. apifera var. friburgensis (plus rare) ; en Gironde, un O. sphegodes à quatre gynostèmes, un à labelle sépalisé et un autre, à l’inverse, avec des pétales supérieurs labellisés (Fig. 1); en Périgord, encore un O. sphegodes, cette fois avec un fleuron comportant un magma de cinq labelles et gynostèmes et le deuxième fleuron identique, mais avec quatre labelles et gynostèmes. Mais également des lusus plus classiques : Serapias lingua, Cephalanthera longifolia, Ophrys sulcata (Fig. 2) et O. scolopax, tous à doubles labelles; un autre, non identifié avec certitude, mais qui semble être un Orchis mascula, dont les fleurons sont restés fermés et les éperons atrophiés, réduit à un simple moignon. Informateurs : B. GERBEAU (auteur du texte), O. CABANNE. Fig. 1.– Ophrys sphegodes à pétales labellisés. (Gironde). 11 mai 2012. (Photo O. CABANNE). 339 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) mais en juin 2012, trente pieds d’E. muelleri sont découverts, et E. microphylla (un pied) est retrouvé après plusieurs années d’absence. Cantal : une nouvelle station d’Epipogium aphyllum (six pieds) a été vue en juillet 2012 dans la haute vallée du Siniq. Fig. 2.– Ophrys sulcata, lusus. 9 mai 2012, (Photo B. GERBEAU). Haute-Loire: quelques spécimens de Dactylorhyza sambucina jaune, avec une grande macule rouge (f. chusae C.E. Hermos), sont observés depuis plusieurs années à Saint-Front, en Haute-Loire (Fig. 3). AUVERGNE Allier : en juin 2011, la 54e espèce d’orchidée en Auvergne s’est enfin dévoilée. Epipactis atrorubens, qui avait déjà été signalé dans l’Allier et le Puy-de-Dôme, mais qui n’avait jamais été vu par des membres de la SFO, a été trouvé sur les coteaux d’Elbreuil. Sur le même site, Puy-de-Dôme: Epipactis rhodanensis a été découvert à l’INRA de Crouel (12 pieds) sur une friche fauchée de temps en temps et au parc du Cérey, à Riom. Avec 300 individus, cette station est la plus importante d’Auvergne. Sur le Puy du Charbonnier, à Blanzat, la présence de Cepha- Fig. 3.– Dactylorhyza sambucina f. chusae. Saint-Front (Haute-Loire) (Photo P. CALMELS). Fig. 4.– Ophrys apifera var. bicolor. (Côte-d’Or). 9 juin 2012. (Photo V. GILLET). 340 Dernières découvertes et observations en France lanthera rubra, signalée depuis longtemps, a été confirmée par quelques pieds. Informateurs : J. DAUGE, J.-L. GRATIEN, Ch. RIBOULET. J.-J. GUILLAUMIN, P. CALMELS, J. KOENIG, Conservatoire des espaces naturels d’Auvergne. Source : L’Orchis Arverne n° 13, printemps 2012 et n° 14, hiver 2012. BOURGOGNE Côte-d’Or : en 2012, pour la première fois en dix ans, le cartographe n’a pas vu un seul pied fleuri d’Himantoglossum hircinum, espèce pourtant très commune. Découverte de quelques belles nouvelles stations d’espèces rares, protégées ou patrimoniales pour la région : une cinquantaine de pieds fleuris d’Epipactis microphylla à Reuille-Vergy (troisième station pour le département), une belle station riche de plus de 300 pieds d’Ophrys apifera, dont la variété bicolor (Fig. 4), à Châtellenot, trois pieds fleuris d’Epipactis leptochila (troisième station pour le dé- Fig. 5.– Neotinea ustulata subsp. estivalis. (Côted’Or). 8 juillet 2012. (Photo V. GILLET). partement) à Plombières-les-Dijon, une cinquième station de Neotinea ustulata subsp. aestivalis (quatre pieds fleuris) à Crépey (Fig. 5), et deux stations d’Epipactis purpurata (quatre étaient connues) à Nolay. Informateurs : R. BOSSU, V. GILLET (auteur). LANGUEDOC (AVEYRON, GARD, HÉRAULT ET LOZÈRE) Aveyron: on notera deux nouvelles stations d’Ophrys picta, à La Pézade et à La Frayssinède, après celle de Saint-Georges-de-Luzençon en 2010, ce qui confirme sa présence en Aveyron. Une première découverte d’Ophrys speculum, au nord de Rodez et nouvelle observation d’Epipactis helleborine var. minor en forêt domaniale d’Aubrac. Gard : le froid tardif a décimé les colonies d’orchidées jusqu’en mai. Une espèce nouvelle pour le département, Limodorum trabutianum Fig. 6.– Limodorum trabutianum. Marguerittes (Gard), 5 mai 2012 (Photo F. DABONNEVILLE). 341 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) (Fig. 6), a tout de même été trouvée à Marguerittes et les épipactis ont été abondants, notamment E. exilis en plusieurs stations près du col du Mas de l’Ayre, où a été vu également un hybride Anacamptis coriophora subsp. coriophora × A. morio. Hérault: la douceur a permis à quelques espèces de débuter leur floraison bien plus tôt que de coutume : le 25 décembre 2011 pour Ophrys lupercalis, avant fin janvier pour O. aranifera subsp. massiliensis (= O. massiliensis) et Himantoglossum robertianum. Le froid a ensuite affecté de nombreux Ophrys précoces. Le rare hybride Anacamptis palustris × A. coriophora subsp. fragrans (Fig. 7) a été observé au Grand Travers (La Grande-Motte). Fig. 7.– Anacamptis palustris × A. coriophora subsp. fragrans. Mauguio (Hérault), 2 juin 2009 (Photo F. DABONNEVILLE). Lozère: l’année a été bonne pour Epipactis palustris (1 000 pieds à Quézac), mais décevante (63 individus seulement contre 150 en 2011) pour Hammarbya paludosa (Fig. 8). Informateurs : J.-Ph. ANGLADE, Ch. BERNARD, F. BONNET, Ph. FELDMANN, M. LOHR, M. NICOLE, Parc National des Cévennes, A. SOULIÉ, G. et Z. VIOLET. Source : Bulletin SFO Languedoc n° 10 - janvier 2013. Normandie : deux nouvelles stations ont été trouvées pour Spiranthes spiralis, une espèce encore récemment considérée comme absente du département de l’Eure ; à Évreux, où plusieurs centaines de pieds sont sur un site menacé car voué à la construction d’habitations, et à Jouy-sur-Eure. La station d’Évreux est particulièrement remarquable, car c’est sans doute celle qui abrite le plus grand nombre d’individus dans la région. Fig. 8.– Hammarbya paludosa. Lac Charpal (Lozère), 31 aout 2013 (Photo F. DABONNEVILLE). 342 Informateurs : G. LECARPENTIER, I. COLIN-TOCQUAINE, Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie. Source : Bulletin de la SFO Normandie n° 9 (2012). Dernières découvertes et observations en France PROVENCE-ALPES CÔTE-D’AZUR Alpes-de-Haute-Provence : un pied d’Ophrys splendida a été découvert au Revestdes-Brousses ; c’est une nouvelle espèce pour les Alpes-de-Haute-Provence. L’hybride inter-générique ×Dactylodenia raetica (Dactylorhiza cruenta × Gymnadenia conopsea) a été observé à MéolansRevel dans une prairie humide à 1 600 m d’altitude (Fig. 9). Plusieurs pieds d’Epipactis atrorubens × E. distans on été observés à Selonnet, près d’une belle station d’Herminium monorchis. Alpes-Maritimes: une dizaine d’Ophrys bertolonii f. chlorantha a été observée à Eze, dans une station qui comprend de très nombreux pieds d’O. bertolonii (= O. aurelia), saratoi (= O. drumana) et O. vetula. Ophrys ligustica (= O. majellensis) a été observé (sous la pluie !) à Châteauneuf-Grasse sur des terrasses où il se Fig. 9.– ×Dactylodenia raetica (Dactylorhiza cruenta × Gymnadenia conopsea). Méolans-Revel.(AlpesMaritimes), 1er juillet 2012 (Photo P.-M. BLAIS). Fig. 10.– Pseudorchis albida subsp. tricuspis. Crots (Hautes-Alpes), 24 juin 2012 (Photo P.-M. BLAIS). Hautes-Alpes : l’hybride Dactylorhiza × stenostachys (traunsteineri × incarnata) a été observé à Réallon dans une prairie humide. Quelques pieds de Pseudorchis albida subsp. tricuspis (Fig. 10) ont été observés à Crots dans un sous-bois clair à Corallorhiza trifida et Cypripedium calceolus. Quelques pieds d’Epipactis fageticola ont été découverts près d’Embrun, en ripisylve d’un petit torrent, une nouvelle espèce pour les Hautes-Alpes. La SFO PACA participe maintient depuis plus de dix ans. Les sorties sur le terrain ont confirmé la présence d’Ophrys druentica à Gréolières (850 m d’altitude) et à Saorge (700 m), ainsi que de Platanthera algeriensis dans la Roya avec une nouvelle station découverte (trois stations connues à ce jour). au Plan Régional d’Action concernant l’unique station PACA de Liparis loeselii située près d’Embrun. Bouches-du-Rhône: les hybrides d’Ophrys forestieri avec O. massiliensis d’une part et O. passionis d’autre part (O. × sancti-cyrensis) ont été 343 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) observés à Marseille dans le massif des Calanques, ainsi que de nouvelles stations d’Ophrys virescens. Plusieurs pieds d’Ophrys ×perrinii (O. passionis × O. provincialis) ont été observés à Châteauneuf-les-Martigues, ainsi qu’une très grosse population de lusus d’Ophrys passionis hémilabellisés à Martigues. Ophrys corbariensis, découvert dans plusieurs stations des Alpilles et confirmé par l’un des descripteurs, est une nouvelle espèce pour la région. Epipactis distans a aussi été trouvé, dans la Forêt de Cadarache, nouvelle espèce pour le département. Var: il y a eu 45 nouvelles stations d’Orchidées recensées pour le département en 2012. Parmi elles, deux nouvelles stations d’Ophrys speculum, ce qui porte le total pour cette espèce à onze stations. Ophrys aranifera (= O. sphegodes) a été découvert dans plusieurs stations du Haut Var, nouvelle espèce pour le département. Un nouvel hybride Ophrys incubacea O. ×scolopax (O. ×llenasii) a été découvert au Cannet-des-Maures (Fig. 11). Mentionnons aussi une nouvelle station de l’Ophrys du groupe fuciflora tardif dit « du Mont des Oiseaux » découverte à la Crau, ce qui porte le nombre total de stations à treize. Gymnadenia Fig. 11.– Ophrys incubacea × O. scolopax. Le-Cannet-des-Maures (Var), 25 avril 2012 (Photo P.-M. BLAIS). 344 densiflora a été découvert à Châteauvieux en limite de département, en bordure de ruisseau, nouvelle espèce pour le département. Vaucluse: Ophrys fuciflora subsp. souchei et son hybride avec O. apifera ont été observés en grand nombre à Sainte-Cécile-les-Vignes. Conclusion Le nombre d’espèces pour la région PACA s’élève à 120 à la fin 2012, et nous avons par département : 93 espèces pour le Var, 90 pour les Alpes-Maritimes, 86 pour les Alpes-de-HauteProvence, 74 pour le Vaucluse, 73 pour les Hautes-Alpes et 72 pour les Bouches-du-Rhône. Informateurs : P.-M. BLAIS (auteur du texte), R. et Y. FASSINO, R. FOUCHER, B. GINESY, J. GRANJON, M. & D. HAMARD, M.-C. LEREY, Y. MORVANT, M. & A. PINAUD. POITOU-CHARENTES ET VENDÉE En Poitou-Charentes et Vendée, les floraisons ont été aussi très précoces. Ainsi, en Vendée, on a vu Anacamptis morio en fleurs le 2 janvier et « l’Ophrys précoce des Olonnes » le 8. A. morio a commencé à fleurir également en janvier en Saintonge (Charente-Maritime). La sécheresse a ensuite gravement affecté les floraisons, notamment celles d’Orchis purpurea, d’Ophrys araneola et O. lutea. Deux localisations d’O. lutea nouvelles ont tout de même été trouvées, l’une sur l’île de Noirmoutier (un pied, le premier de Vendée) et l’autre au Douhet (Charente-Maritime). Ophrys occidentalis a été découvert et identifié sur plusieurs petites stations par des membres de la SFO Auvergne en séjour à Saint-Georges-d’Oléron (secteurs de Chaucre et de Saint-Pierre), en CharenteMaritime, ce qui est une nouveauté pour la région, où l’espèce est bien loin des plus proches stations d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées. Les pluies abondantes ont ensuite permis aux espèces tardives de bien se développer, telle une station nouvelle d’Epipactis palustris de plus de 1 000 pieds à Dirac (Charente). À ChâteauGaillard (communes de Juicq et d’Annepont), sur Dernières découvertes et observations en France des stations débroussaillées récemment par la SFO-PCV, Gymnadenia odoratissima (sept pieds) est une nouveauté également très intéressante, tout comme un hybride Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia conopsea (Fig. 12), trouvé dans le même secteur, à Saint-Savinien (CharenteMaritime). Les Ophrys tardifs, O. argensonensis et O. santonica (Fig. 13), sont également apparus en nombre pour la première fois depuis plusieurs années, et leur hybride a été revu. Il fera l’objet d’une prochaine description. Informateurs : J.-M. MATHÉ, P. BERNARD, M. BRUN, J. CHARREAU, J. DAUGE, B. & P. DELAUNAY, D. DUIGOU, P. FANTIN, F. FERREOL, P. FOUQUET, S. FOURNIER, J.-C. GUÉRIN, C. GUIBOT, J.-J. GUILLAUMIN, J.-C. JUDE, P. LAVOUÉ, A. MERLET, D. PETIT, C. & J.-C. QUERRÉ, D. SUAREZ, E. VAN KALMTHOUT, Y. WILCOX, D. WOLF, P. YÉSOU, C. YOU. Source : Bulletin 2012 de la SFO Poitou-Charentes et Vendée, L’Orchis Arverne n° 14, hiver 2012. Fig. 12.– Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia conopsea. Saint-Savinien (Charente-Maritime) (Photo D. PETIT). Fig. 13.– Ophrys santonica f. chlorantha, Saint-Loup (Charente-Maritime), 8 juillet 2012 (Photo D. PETIT). RHÔNE-ALPES Ain : de nouvelles stations ont été trouvées pour des espèces rares ou protégées : Anacamptis coriophora subsp. fragrans, Liparis loeselii, dont les stations sont peut-être plus nombreuses que l’on ne pense, Epipactis distans, Epipactis leptochila, Gymnadenia odoratissima. Ardèche: aux Vans, il a été vu un hybride encore jamais observé en Rhône-Alpes : Ophrys araneola × O. scolopax (Fig. 14). À Gluiras, on a trouvé un pied d’Anacamptis coriophora subsp. coriophora hypochrome, forme qui semble d’une grande rareté et qui n’avait jamais été signalée en Rhône-Alpes (voir aussi Drôme). Lors d’une prospection pour Epipactis fibri, à La Voulte, dans une peupleraie plantée, a été trouvée une belle station d’Epipactis comportant une grande quantité d’E. helleborine et d’E. rhodanensis, dix pieds d’E. fibri, quelques-uns d’E. fageticola, ainsi que de nombreux hybrides E. fibri × E. helleborine et E. helleborine × E. rhodanensis. 345 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) ter le premier Dactylodenia du département : Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia rhellicani. Isère: on a trouvé sur le site de la centrale nucléaire de Saint-AlbanSaint-Maurice un pied de Serapias vomeracea, troisième donnée pour l’Isère. Une centaine de pieds de Dactylorhiza traunsteineri à Frontenas. Plusieurs découvertes dans le Massif de Chartreuse, côté Isérois: Orchis ovalis (plus de 50 pieds à Saint-Pierre-deChartreuse); sous le col du Granier, côté Chapareillan une trentaine de Fig. 14.– Ophrys araneola × O. scolopax. Les Vans (Ardèche), 10 avril 2011 (Photo A. GÉVAUDAN). Dactylorhiza fuchsii subsp. psychrophila, et Epipogium aphyllum à SaintDrôme: il n’y a quasiment pas eu d’orchidées Pierre-d’Entremont, ainsi que Orchis spitzelii à précoces cette année à cause du fort gel de février. Saint-Pierre-de-Chartreuse, dont c’est la seule donLa saison a donc commencé en avril. Encore deux née connue dans le massif. On a confirmé une découvertes pour Serapias vomeracea, à Barbières nouvelle et belle station d’Ophrys gresivaudanica, et à Rochefort-Samson, sous les monts du Ma- plus de 50 pieds, à Saint-Maximin. Enfin, le rare tin. La belle station d’Anacamptis coriophora Gymnadenia austriaca var. iberica a été trouvé à subsp. coriophora de Donzère a été revisitée. Saint-Baudille-et-Pipet. Parmi plus de 200 pieds en pleine floraison, se Rhône : Himantoglossum robertianum trouvait un individu hypochrome, ce qui en fait un deuxième en Rhône-Alpes avec celui de confirme son implantation dans le département : l’Ardèche. Sur cette même station, on a dé- dès les premiers jours de janvier, un pied a été nombré plus de 1 000 individus d’Ophrys fuci- vu entièrement fleuri à Ternay ; mais toutes les flora subsp. montiliensis, récemment décrit. À plantes précoces ont ensuite souffert du fort gel Beaumont-Monteux, sur une terrasse alluviale tardif, et peu d’individus ont fleuri. On avait obde l’Isère, une centaine de pieds d’Anacamptis co- servé en 2010 et 2011, un pied dans une pelouse riophora subsp. fragrans ont été trouvés. Cette de résidence dans Villeurbanne, mais il a aussi sous-espèce était quasiment inconnue de la gelé cette année. Un autre a été trouvé à Meyzieu, Drôme, puisqu’un seul pied avait été vu en bordure du parc de Miribel-Jonage. Découjusqu’alors, à Rochefort-Samson. Encore une dé- verte d’un pied d’Epipactis rhodanensis sans chlocouverte d’Epipactis rares ou peu courants : rophylle, près du Rhône (Fig. 15). C’est une une belle station d’Epipactis fageticola, riche de forme très rare, qui n’avait pas été vue jusqu’à 28 pieds, dans un secteur où il n’avait pas encore présent dans le département. On pensait avoir été observé, à Montbrison-sur-le-Lez. Deux vu en 2011 à Solaize, sur l’île de la table ronde, pieds d’Epipactis rhodanensis, également in- Ophrys splendida ; la plante a refleuri en 2012 fin connu ici, étaient présents avec E. microphylla et avril et l’identification de cette espèce est confirE. tremolsii, ainsi qu’un hybride Epipactis rho- mée. Cette année, Cephalanthera rubra et danensis × E. tremolsii. Au col de Valouse (Va- Epipactis fageticola, s’ajoutent au patrimoine de louse), on a identifié une population d’Ophrys ce site, ainsi que l’hybride E. helleborine × gresivaudanica riche de plus de 50 pieds, qui est E. rhodanensis et un pied d’E. helleborine sans donc la plus abondante de la Drôme pour cette chlorophylle. Un des hybrides E. helleborine × espèce. Enfin, à Lus-la-Croix-Haute, on doit no- E. fibri de l’île de la Chèvre a été revu. C’était la 346 Dernières découvertes et observations en France puis, nous avons appris cette année, la découverte déjà ancienne, d’une trentaine de pieds d’Orchis pallens dans le Rhône, à Chaussan, dans une zone très froide des monts du Lyonnais. Historiquement, il n’y avait que deux pieds connus, tous deux dans le Mont-d’Or lyonnais. seule plante de floraison intermédiaire sur le site. Elle a été prélevée (seulement la partie aérienne), et cet hybride a été décrit dans le bulletin de la SFO RA n° 26 de novembre 2012. Et Savoie : on a découvert un nouveau pied de l’hybride Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia conopsea à Villarodin près de Modane (Fig. 16), côtoyant une quinzaine de pieds d’Epipactis rhodanensis. Pseudorchis albida × Gymnadenia sp. (G. rhellicani ou plus probablement G. cenisia) a été trouvé à Bellecombe, au-dessus de Termignon (photo). Ce très rare hybride (dans ce cas avec G. rhellicani) n’était connu jusqu’à présent, en France, que dans le Massif du Mont-Blanc à Vallorcine, et au Lac Fourchu, en Isère. D’autres observations ont été rapportées, dans le Parc Fig. 16.– Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia conopsea. Villarodin La Norma (Savoie), 14 juillet 2012 (Photo I. COLIN-TOCQUAINE). Fig. 17.– Dactylorhiza incarnata × D. ochroleuca. Perrignier (Haute-Savoie), 4 juin 2012 (Photo J.-F. CHRISTIANS). Fig. 15.– Epipactis rhodanensis, forme sans chlorophylle. Lyon (Rhône), 26 juin 2012 (J.-F. CHRISTIANS). 347 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) National de la Vanoise : de nouvelles stations d’Orchis ovalis à Termignon, au Lac de Bellecombe, et à Bonneval-sur-Arc ; plusieurs pieds de Dactylorhiza fuchsii subsp. fuchsii × Gymnadenia conopsea et/ou odoratissima à Aussois et à Villarodin-Bourget. Enfin, sous le Col du Glandon, un hybride Dactylorhiza fuchsii subsp. psychrophila x Gymnadenia conopsea, et au Col de la Croix de Fer, un exemplaire de Gymnadenia corneliana jaune. Haute-Savoie : on a observé, en compagnie des espèces parentales, à Perrignier, un pied de l’hybride Dactylorhiza incarnata × D. ochroleuca (Fig. 17), encore jamais signalé en France. Informateurs : J.-L. AMIET, P. BADIN, J.-L. BARON, L. & A. BART, L. BERGER, J. BRY, J.F. CHRISTIANS, G. CIANFARANI, T. DURET, I. & G. COLIN-TOCQUAINE, T. DELAHAYE, A. DIARD, P. DURBIN, L. FRANCON, V. GAGET, E. GAILLARD, O. GERBAUD, A. GÉVAUDAN, N. GORIUS, G. LAMAURT, F. LOPEZ, P. MATHIOT, A. MAURIN, J.M. MOINGEON, J. MONTBARBON, A. MORIN, Ch. & B. NALLET, G. PAPUGA, P. PERRIMBERT, A. PINGET, P. PRESSON, G. REYNAUD, S. ROLANDEZ, F. SCANZI, Ch. & G. SCAPPATICCI, M. SÉRET, J.F. TISSERAND, A. TRONEL, E. VÉLA. Source : Bulletin SFO Rhône-Alpes n° 26 – novembre 2012. *Gil SCAPPATICCI 1 674 Les Rouvières F-26220 Dieulefit 348 Orchidées des Andes Fabien BROSSE* Toutes les illustrations sont de l’auteur BROSSE F, 2013.- Orchids of the Andes. L’Orchidophile 199: 349-356. Onze mois, onze mois à parcourir l'ensemble du continent américain, du Brésil au Qué- bec, en passant par ces deux bouts du monde : la Terre de Feu et l'Alaska. Au retour nous partagerons, Audrey et moi, cette aventure avec plus de 400 élèves, du CP à la cinquième, dans le but de les sensibiliser à la protection d'une ressource vitale aujourd'hui menacée, l'eau. Résumé.– Récit d’un périple de onze mois en Amérique du Sud, au Chili, en Bolivie et au Pérou. Les paysages et les orchidées rencontrées en chemin sont décrits. Au total 15 espèces sont illustrées. Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Andes, Chili, Pérou, Bolivie. Abstract.– Travelogue of a 11-month trip in South America, namely in Chile, Bolivia and Peru. Landscapes and the orchids found along the way are described. As a whole 15 species are illustrated. Key words.– Orchids; Orchidaceae; Andes, Chile, Peru, Bolivia. Introduction Nous parcourrons ainsi 65 000 kilomètres en quête de cet or bleu, si mal réparti et surtout si mal géré… Nous irons, tout au long des quinze pays traversés, de découvertes en découvertes, qui nous feront passer de l’émerveillement à la colère, du dégoût à la joie, de la tristesse à la compassion, mais toujours avec cette même envie de découvrir ces cultures, ces habitants, ces paysages et cette nature splendide qui nous réserveront tant de surprises. Naturalistes à nos heures perdues et orchidophiles en herbe, nous nous Fig. 1.– Parc National de Torres del Paine. 349 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) régalerons devant ces centaines d’orchidées, de la jungle amazonienne aux prairies balayées par les vents patagons, des forêts humides des Andes aux hauts sommets andins, des forêts millénaires de l’Ouest Américain jusqu’au fin fond de l’Alaska. Nous vous proposons dans cet article de découvrir ou redécouvrir une petite vingtaine d’orchidées croisées au détour des chemins de la plus longue chaîne continentale au monde : la Cordillère des Andes. Torres del Paine - Patagonie – Chili Nous découvrons notre premier paradis orchidophile là où ne nous l’attendons pas… au parc national de Torres del Paine, en Patagonie chilienne (Fig. 1). Nous sommes fin janvier 2007 et les trois mois d’été tirent à leur fin. Le vent souffle très fort sous ces latitudes, mais n’empêche pas une dizaine d’espèces d’orchidées de recouvrir une partie de ces prairies alpines. Une seule solution pour ces orchidées terrestres : rester près du sol. Toutes ces espèces présentent un labelle soit poilu, soit comportant de nombreuses callosités, favorisant certainement l’atterrissage et le maintien de leurs hôtes pollinisateurs. Sans aucun doute la plus belle d’entre elles et notre premier coup de cœur du voyage, Chloraea magellanica Hooker fil. (Fig. 2) forme des stations denses de plusieurs dizaines d’individus ne dépassant pas 15 cm de hauteur. Les tiges sont relativement robustes pour supporter en moyenne trois grosses fleurs, de 5 cm environ. Les prairies situées entre 300 et 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, à l’aplomb d’imposantes tours de granite recouvert d’ardoise 350 Fig. 2.– Chloraea magellanica. Fig. 3.– Chloraea chica. Fig. 4.– Gavilea lutea. Orchidées des Andes comportant une vingtaine de fleurs d’un jaune éclatant. La seconde, encore plus frêle, Codonorchis lessonii (D’Urv.) Lindl. (Fig. 5), ne possède qu’une seule fleur par tige. Cette dernière, de près de 20 cm de haut, ne mesure pas plus d’un millimètre de diamètre. Elle porte malgré sa blancheur immaculée et pour des raisons qui nous sont inconnues, le doux nom anglais de « dog orchid », soit orchidée des chiens. Fig. 5.– Codonorchis lessonii. noire (massif des Cuernos), recèlent d’autres espèces, certes moins impressionnantes, tels que Chloraea chica Speg. & Kraenzl. (Fig. 3) ou encore Gavilea araucana (Phil.) M.N. Correa. Par endroits, les milieux ouverts laissent place à des forêts claires de « lengas » ou hêtres blancs (Nothofagus pumilio). Quasiment entièrement recouverts de mousses et lichens, ces sous-bois lumineux abritent deux belles orchidées, toujours terrestres. Les arbres leur offrent un abri au vent, leur permettant d’étaler leur frêle silhouette. La plus grande des deux, Gavilea lutea (Comm. ex Pers.) M.N. Correa (Fig. 4), présente une inflorescence en grappe de près de 30 cm, Route de la Mort - Yungas - Bolivie Cap au nord, nous avons quitté la Patagonie depuis près de deux mois, avons remonté la cordillère en slalomant entre le Chili et l’Argentine, visité sans aucun doute l’un des plus beaux endroits de la planète avec le Sud Lipez bolivien, avant de rejoindre le nord de la Bolivie. Nous sommes début avril, nous avons momentanément laissé de côté la fraîcheur de l’altiplano, qui laisse peu de place aux orchidées, pour la chaleur humide et suffocante du plus grand bassin hydrographique du monde : l’Amazonie. Tristement célèbre pour avoir longtemps été la route la plus dangereuse du monde, autrefois seule voix d’accès entre la capitale la Paz et les contreforts amazoniens, greniers du pays, la fameuse route de la mort (Fig. 6) est moins connue pour son extraordinaire richesse biologique. Cette région, transition entre les hauts plateaux andins, culminant à plus de 6 000 mètres Fig. 6.– Route de la mort en Bolivie. 351 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 7.– Sobralia violacea. Fig. 8.– Oncidium epidendroides. Fig. 9.– Epidendrum macrocarpum. 352 et l’Amazonie, présente un paysage découpé de milliers de vallées encaissées, dont les flancs sont recouverts d’une végétation tropicale dense de type forêt humide de versants. Arrosée par les pluies diluviennes qui s’abattent sur ces régions en saison chaude et en raison du brouillard quasi permanent, la végétation tropicale a trouvé ici refuge, offrant un véritable paradis aux orchidées. Orchidées tropicales dans toute leur splendeur, les toutes dernières Sobralia violacea Linden ex Lindl. (Fig. 7) en fleurs nous rappellent que toutes les espèces commercialisées dans le monde ne poussent pas uniquement dans les serres hollandaises. Mesurant plus d’un mètre de hauteur, ces Sobralia ne possèdent qu’une seule fleur d’une dizaine de centimètres. Elles recouvrent par centaines les talus ouverts (certainement sous l’action de l’Homme) et se partagent avec les hautes graminées les quelques espaces que les fougères arborescentes daignent leur laisser. Cette forêt humide regorge avant tout d’hélophytes qui, entre broméliacées et orchidacées, se disputent la moindre branche. Tantôt terrestres, tantôt épiphytes, comme Oncidium epidendroides (Kunth) Beer (Fig. 8), les Epidendrum font preuve d’une variabilité chromatique remarquable, allant du jaune au rouge, en passant par toutes les teintes de rose et d’orange. La plupart des fleurs d’Epidendrum de cette région ne dépassent que très rarement les 2 ou 3 cm, à l’exception de cet Epidendrum macrocarpum Rich. (Fig. 9), dont les tépales atteignent 5 cm. Quelques pieds parsèment les talus minéraux, n’hésitant pas à étaler leur système racinaire sur les rochers. Orchidées des Andes Fig. 10.– Machu Picchu. Machu Picchu - Pérou Un nouveau mois vient de s’écouler depuis la Bolivie. Nous sommes début mai et nous continuons notre remontée infernale par le fameux lac Titicaca, frontière entre la Bolivie et le Pérou, vers Cuzco, capitale Inca, avant de rejoindre le joyau de cet ancien empire : le Machu Picchu. Éminemment touristique, il est connu dans le monde entier pour ses ruines superbement conservées (Fig. 10), mais un peu moins pour son cadre naturel remarquable l’ayant protégé de la folie destructrice des conquistadors. La cité perdue des Incas ne fut en effet redécouverte qu’au début du XXe siècle, sur son piton rocheux granitique surplombant de plusieurs centaines de mètres le Rio Urubamba. Les vallées abruptes sont recouvertes d’une forêt humide comparable à celle des Yungas, bien que légèrement moins dense en raison de l’altitude (2 400 m), expliquant la présence moins importante d’épiphytes. Les cinq espèces décrites ci-dessous sont toutes terrestres et ont toutes été trouvées sur le site luimême. Leur présence naturelle ne fait que peu Fig. 11.– L’auteur et Sobralia dichotoma. 353 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) 13 14 Fig. 12.– Pleurothallis sp. Fig. 13.– Epidendrum secundum. 12 de doute, même si l’intervention des Hommes depuis plusieurs millénaires a certainement joué un rôle dans le maintien de ces espèces. Les orchidées de toutes sortes s’en donnent à cœur joie, allant de la plus minuscule à une des plus grandes orchidées de la planète : la Sobralia dichotoma Ruiz & Pav. (Fig. 11). Atteignant parfois trois mètres, cette orchidée battant tous les records possède une dizaine de fleurs (de près de 10 cm chacune). Elle forme ainsi d’imposants massifs pouvant comporter plusieurs dizaines d’individus trouvant refuge entre les immenses blocs de granite. Ses feuilles raides lui permettent de résister à l’appétit vorace des alpagas entretenant le site. À l’inverse un Pleurothallis sp. (Fig. 12) se montre beaucoup plus discret. Il présente de très longues inflorescences (jusqu’à 30 cm) possédant chacune une cinquantaine de minuscules fleurs dépassant difficilement les 3 mm. Egalement extrêmement courants sur le site, les Epidendrum secundum Jacq. (Fig. 13), recouvrent de leurs 354 Fig. 14.– Phragmipedium caudatum. Fig. 15.– Masdevallia veitchiana. Orchidées des Andes grappes multicolores la plupart des milieux pionniers, allant même jusqu’à coloniser les quelques toits récemment reconstruits. Beaucoup plus rare, Phragmipedium caudatum (Lindl.) Rolfe (Fig. 14), cousin de nos Cypripedium, est parfaitement reconnaissable à son labelle en forme de sabot. La longueur du labelle avoisine 5 cm alors que les autres pétales, légèrement « froissés » et torsadés peuvent atteindre 10 à 15 cm. Nous terminerons cette partie consacrée à ce site magique par le second coup de cœur de ce voyage. Ayant croisé certaines espèces de Masdevallia de petite taille en Amazonie équatorienne, Masdevallia veitchiana Rchb. f. (Fig. 15) est sans le moindre doute la plus majestueuse représentante de ce genre regroupant plus de 350 espèces, réparties du sud des Andes jusqu’au Mexique. Espèce principalement rudérale, elle se développe au sein des légères dépressions creusées au sommet d’immenses blocs, ainsi qu’entre les marches rejoignant les cultures en terrasses, la rendant ainsi quasiment inaccessible. Rare sur le site, elle peut parfois former des petites populations de 5 à 10 individus. La fleur de Masdevallia veitchiana (une seule par pied) est tout à fait particulière car les deux pétales orangés, ainsi que le labelle violacé sont atrophiés (entre 2 et 3 mm) alors que les sépales, soudés et variant entre le rose et l’orange, mesurent plus de 10 cm. Huaraz - Cordillère Blanche - Pérou Nous restons au Pérou pour cette dernière étape d’orchidées andines. Nous voici à environ 1 000 km au nord du Machu Picchu. Nous avons à nouveau troqué la chaleur étouffante contre la fraîcheur des hauts plateaux andins. Nous voici plus précisément au pied d’une des plus hautes et somptueuses cordillères de cette chaîne andine : la Cordillère Blanche. Ses pics recouverts de plusieurs dizaines de mètres de glace culminent à près de 7 000 m d’altitude (Fig. 16). À ses pieds, la végétation se compose Fig. 16.– La Cordillère Blanche. de maigres prairies, devenant de plus en plus riches au fur et à mesure que l’on s’approche des fonds de vallée. La végétation atteint alors son paroxysme en bordure des torrents glaciaires. Une atmosphère toujours humide, en raison du brouillard matinal et des embruns, crée, à près de 3 000 mètres d’altitude, une ripisylve digne d’une forêt tropicale. Les broméliacées recouvrent les arbres tordus et rabougris. Les orchidées, elles, n’ont pas encore colonisé la strate arborée. Elles se cantonnent au sol gorgé d’eau et aux blocs rocheux. Elles sont les seules plantes en fleurs à cette période de l’année. Il nous faudra l’aide d’orchidophiles avérés pour déterminer trois espèces, aux allures quelque peu originales. La première, une Pterichis silvestris Schltr. (Fig. 17), présente des inflorescences denses comportant une vingtaine de fleurs. Chacune possède des sépales poilus sur la face extérieure mais surtout la particularité d’être inversée. Le labelle est en effet tourné vers le haut. La seconde, Cranichis ciliata Kunth (Fig. 18), tire également son nom de ses pétales fortement ciliés sur la face extérieure. Elle présente la même particularité que la précédente avec le labelle orienté vers le haut. Nous conclurons cet aperçu des orchidées péruviennes et cet article par cette orchidée à l’allure peu ordinaire : Gomphichis valida Rchb. f. (Fig. 19) qui possède à son tour des sépales et pétales très fortement 355 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) 17 18 19 ciliés et le labelle renversé. Elle présente une inflorescence extrêmement dense de plusieurs centaines de fleurs (une dizaine par « étage »), en haut d’une tige pouvant atteindre 50 cm. Nous aurions aimé vous présenter la centaine d’espèces que nous avons découvert tout au long de ces 65 000 km. Nous vous invitons pour cela à visiter nos sites web : les rubriques orchidées (de France et exotiques) sur le site www.photosnature.net ou la rubrique « Carnets de voyage » à l’adresse suivante http:// seauxs.free.fr (sans www). Nous tenons également à rappeler la fragilité de ces espèces, et plus globalement de l’ensemble de ces écosystèmes. Des photographies sont bien plus dura- Fig. 17.– Pterichis silvestris. Fig. 18.– Cranichis ciliata. Fig. 19.– Gomphichis valida. bles qu’un triste bouquet, surtout lorsqu’on sait que 28 ha de forêt sont détruits par minute dans le monde, réduisant un peu plus chaque jour les chances de survie de ces espèces. REMERCIEMENTS Nous voudrions remercier Jean, Claude et Goretti de la SFO Auvergne et Gilberto du « Centro de Investigacion de Orquideas de los Andes » pour leur participation et leur aide pour la détermination des espèces. * Fabien BROSSE Association Solidarité-Eau-Scolarité et SFO Auvergne [email protected] 356 L’ÉCHO DES EXPOSITIONS Comme pour le numéro précédent, les membres de la SFO relatent les expositions auxquelles ils ont eu le plaisir d’assister ou de participer. Encore une fois, des plantes extraordinaires ont été au cœur de l’enthousiasme de nos adhérents et la passion et le dévouement des organisateurs ont permis de mettre en valeur nos plantes préférées. N’hésitez pas à contacter la rédaction si vous souhaitez faire partager vos impressions avec nos lecteurs ([email protected]). Connue et reconnue, la 24e édition de l’exposition de l’Abbaye de Vaucelles Chaque année, les orchidophiles de toute la France, mais aussi de la Belgique toute proche ou d’autres pays se donnent rendez-vous dans le Nord, dans le village de Les-Rues-des-Vignes, qui abrite un bijou d’architecture, l’Abbaye de Vaucelles (Fig. 1). Il s’agit de la plus grande église cistercienne d’Europe. En effet, la place ne manque pas, puisqu’elle est aussi vaste que Notre-Dame de Paris ! Dans ce cadre exceptionnel, les organisateurs réunissent chaque année, depuis 24 ans déjà, au mois de mars, certains des meilleurs producteurs et vendeurs d’orchidées venus du monde entier pour présenter leurs plus belles plantes. Pour cette édition, le thème retenu était « rêve d’orchidées ». Tous les exposants (dont la SFO) ont donc cherché à mettre en valeur la féerie et laissé libre cours à leur imagination parfois débordante pour montrer leurs plantes. Les exposants sont encore une fois nombreux, probablement plus que pour n’importe quelle autre exposition en France. Il y avait Aldo Ciampitiello (Belgique, spécialiste des terrestres rustiques), AM Orchidées (France), AsendorferOrchideenzucht (Allemagne), Ching Hua Orchids (Taïwan), Didier Balhoul (France), Floralia (Brésil), Lücke Orchideen (Allemagne), L’Amazone (Belgique), La Canopée (France), La Cour des Orchidées (France), Alfredo Riboni (Italie), Ryanne Orchidée (France) et Orchideeën Wubben (Pays-Bas). En plus de ces professionnels, plusieurs associations ont également exposé des plantes et présenté leurs activités : AFCPO, Club des or- Fig. 1.– L’un des stands de l’exposition, mis en valeur par l’écrin des voûtes de l’Abbaye (Photo D. LAFARGE). chidophiles wallons, Club Vlaamse Orchideeën Vriend, Orchidée 59 et… SFO bien sûr ! Le stand, installé et animé principalement par notre ami Michel LE ROY, sera d’ailleurs l’un des centres d’attraction du grand public avec la projection, directement sur la pierre blanche de l’Abbaye, d’un diaporama sur la culture des phalaenopsis. Chaque association a son stand d’exposition avec des plantes d’amateurs ou de la documentation présentée. Enfin, la liste des exposants est complétée par des stands « autour des orchidées » tels que les Bijoux Lavault, DVD Diffusion, l’Atelier créatif de Mariec, la Rose de Bavay et les bulbes Alkemade, ce qui enchantera particulièrement les orchidophiles qui sont également jardiniers ou collectionneurs ! Parmi les plantes présentées, de très beaux spécimens sont exposés, notamment un Cymbidium madidum (Fig. 2) de très honorable dimension (La Cour des Orchidées), ou encore 357 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Coelogyne cristata (Fig. 3), énorme boule de fleurs blanches qui occupent largement l’espace d’un stand (La Canopée). D’autres plantes attirent également l’attention, comme ce Paphiopedilum delenatii f. vinicolor (Asendorfer) à la coloration intense et remarquable (Fig. 4), accompagné de nombreux taxons botaniques ou hybrides d’orchidées à sabot parfois très rares ou, sur un autre stand (Lücke), Cattleya intermedia f. alba, rarement vu avec autant de fleurs dans une exposition française ! Fig. 2.– Cymbidium madidum (Photo D. LAFARGE). Fig. 4.– Paphiopedilum delenatii f. vinicolor (Photo D. LAFARGE). Fig. 3.– Coelogyne cristata (Photo D. LAFARGE). 358 La neige, abondante, a perturbé assez fortement l’organisation de l’édition 2013. L’accès n’était pas toujours facile, avec des congères de près de deux mètres autour des étroites routes qui mènent à l’abbaye. Pourtant, les cars de passionnés auront réussi à se frayer un chemin et les visiteurs étaient malgré tout au rendezvous, ce qui confirme que les orchidophiles sont souvent prêts à braver tous les obstacles pour assouvir leur soif de nouveauté ! En plus de l’exposition, des conférences et des cours de culture sont prévus tout au long des cinq jours de la manifestation. En effet, c’est l’une des particularités de cet événement, l’ouverture au public a lieu le jeudi et la fermeture n’intervient Écho des expositions que le lundi, ce qui laisse tout le loisir aux visiteurs d’organiser leur emploi du temps et de trouver un moment pour visiter l’exposition. Revenons aux conférences, donc. Elles ont traité de nombreux sujets relatifs aux orchidées (initiation à la culture, orchidées de Crète, cours de culture, le genre Pleione…) ou à d’autres activités annexes souvent pratiquées ou appréciées des orchidophiles (culture des tillandsias, cours d’Ikebana…). Plus prosaïquement, tout est prévu, avec de quoi se rafraîchir ou se restaurer sur place. En résumé, une exposition incontournable du paysage orchidophile francophone, bien installée et toujours renouvelée, avec des producteurs invités qui alternent d’une année à l’autre, ce qui permet aux collectionneurs de toujours trouver leur bonheur et découvrir de nouvelles sources de plantes ! Longue vie à l’exposition de l’Abbaye de Vaucelles, pour, au moins, les 24 prochaines années ! l’accueil des visiteurs sur le site de Wisley, à proximité de Londres. Conséquence de cette nouveauté, l’exposition est limitée à deux jours, le vendredi et le samedi, puisqu’il faut démonter le dimanche et libérer les lieux pour le lundi matin. Malgré tout, les plus pressés pourront profiter en avant-première des fleurs dès le jeudi soir, moyennant un ticket d’entrée plus onéreux (£ 12 au lieu de £ 8 pour les autres jours). Nos amis anglais ne font pas les choses à moitié et la vaste halle abrite de nombreux producteurs, associations ou autres exposants, venant des quatre coins de la planète et qui seront notés par les juges. Pour les médailles d’or : Burnham (UK), Helen & David Millner (UK), Mc Bean’s (UK), Orchid Society of Great Britain (UK) (Fig. 6), Vacherot & Lecoufle (France) et Writhlington School Orchid Project (UK) se disputent les faveurs du jury. Catégorie suivante, des médailles de vermeil sont attribuées à Chantelle David LAFARGE [email protected] Emblématique s’il en est, l’exposition de la RHS à Londres Chaque année, la RHS, organisation nationale à l’aura très importante, organise, par l’intermédiaire de son comité pour les orchidées, une grande exposition en plein cœur de Londres, à quelques pas de Buckingham Palace. Ce lieu est le siège de la RHS, dans le quartier de Chelsea. Deux lieux distincts sont mobilisés. Le premier, le Lindley Hall, abrite l’exposition d’art botanique, tradition très importante à la RHS, qui immortalise notamment toutes les plantes primées par ses juges sous la forme d’aquarelles. Le second, le Lawrence Hall, est plus moderne avec son style Art Déco, construit dans les années 1920. Nouveauté dans cet espace pour cette année, un mur d’escalade et un filet qui protège les voûtes de béton (!) ont fait leur apparition (Fig. 5). En effet, la RHS, pour développer de nouveaux projets, a cédé les droits d’utilisation de cette grande halle à l’école voisine pour 99 ans, pour une somme conséquente (18 millions de livres) qui permettra notamment à la société britannique d’améliorer Fig. 5.– Le Lawrence Hall à l’ouverture de l’exposition (Photo D. LAFARGE). 359 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) 6 360 7 Fig. 6.– Un Ophrys (non identifié) présenté sur le stand de l’Orchid Society of Great Britain (Photo D. LAFARGE). Fig. 7.– Dendrobium thyrsiflorum, élu meilleure plante de l’exposition (Photo D. LAFARGE). Fig. 8.– Dendrobium loddigesii (Photo D. LAFARGE). 8 Écho des expositions Orchids (Taïwan + UK), Equatorial se verront décerner le prix de meilPlants (UK), Heritage Orchids leure plante de l’exposition pour (UK), Lea Valley Orchid Soun Dendrobium thyrsiflorum ciety (UK), Ratcliffe Or(Fig. 7) et le prix du meilchids (UK). Les médailles leur spécimen ira à Coed’argent récompensent logyne cristata f. alba. Joseph Wu (Taïwan), D’autres plantes mériKJ Orchids (Danetaient aussi le coup mark), Laurence d’œil, comme cette Hobbs Orchids (UK), énorme potée couPazuzu Extreme Flora verte de fleurs de Den(Allemagne), Roellke drobium loddiggesii Orchideenzucht (Alle(Fig. 8). magne), Ryanne OrchiPour notre petit dée (France) et l’Université groupe français, il est du Kent (UK). Les médailles l’heure de faire une pause de bronze viennent ensuite enou… de refaire le tour des stands Fig. 9.– Cadetia chionantha, courager Akerne Orchids (Bel- récompensé pour la qualité de pour dénicher la rareté qu’on gique), Ecuagenera (Equateur), sa culture (Photo D. LAFARGE). rapportera en France ! Il faut égaLaneside Hardy Orchid Nursery lement penser à manger un peu, (UK) et Nudlinger Orchideenlanous sommes invités par la RHS den (Allemagne). Dernier producteur présent, mais qui n’aura pas de récompense, Orquideas del Valle (Colombie) clôture cette liste exhaustive des vingt-trois exposants directement liés aux orchidées. Pour compléter le tout, les Bijoux Lavault, l’Orchid Review et un atelier d’art floral occupent le reste de l’espace disponible. Lors de cette édition, un groupe de juges français, participant à l’École de Juges d’Orchidées de la SNHF ont été exceptionnellement invités à suivre le jugement de la RHS. Tôt le vendredi matin (le rendez-vous était donné à 7 h 15 sur place), ce sont les stands qui sont examinés. En regardant rapidement la liste précédente, on se rend bien compte que les Français ne sont pas les seuls à faire preuve d’un peu de chauvinisme et que nos amis anglais (principalement), donnent facilement leur préférence à leurs compatriotes. Notons tout de même que Philippe LECOUFLE, avec son stand d’exposition qui est également un stand de vente, a remporté les prix du meilleur stand et du stand le plus créatif. Après le passage en revue des stands, ce sont les plantes d’exposition qui sont discutées et Fig. 10.– Cattleya x dolosa. Cette plante a reçu un notées. Les deux prix les plus prestigieux recertificat de mérite (AM/RHS) lors du jugement. viendront à l’école de Writhlington, dont les (Photo D. LAFARGE). élèves cultivent de fantastiques spécimens. Ils 361 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) sont venus exposer, sans compter la Fondation Éric YOUNG, qui a transporté plusieurs plantes ou hampes florales (pour les paphiopedilums, seules les hampes sont apportées, puisqu’il faudrait se soumettre à la convention CITES pour transporter les plantes entières de Jersey à Londres !). Le jugement de la RHS est unique au monde. En effet, il s’agit d’une discussion entre les juges, qui décident ensuite de proposer les plantes pour une récompense et votent à main levée, mais aucune note n’est attribuée et il n’y a pas vraiment de grille permettant d’objectiver les critères, comme c’est habituellement le cas pour les autres formes de jugement. Seules quelques plantes seront primées lors de cette session. Quelques-unes sont présentées ici avec la récompense correspondante dans la légende (Figures 9 & 10). Le jugement est sévère. Que dire, par exemple, de ce magnifique Paphiopedilum emersonii qui Fig. 11.– Paphiopedilum emersonii. Cette plante n’a pas recueilli suffisamment de suffrages pour remporter une récompense (Photo D. LAFARGE). n’a récolté aucune distinction (Fig. 11) ? à déguster des sandwiches typiquement anUne expérience que chaque participant de noglais. Une expérience gustative longtemps re- tre groupe a appréciée et qui a été complétée, doutée, mais qui sera finalement globalement très pour ceux qui le pouvaient, par la visite des colappréciée. lections de Kew Gardens le samedi après-midi, L’après-midi, il faut se remettre au travail. mais c’est une autre histoire. Un beau week-end Après l’exposition, ce sont les plantes proposées orchidophile outre-Manche, à renouveler l’anau jugement sur table qu’il faut détailler et étu- née prochaine ! dier. Une trentaine de plantes ont été soumises au jugement, que ce soit par des amateurs proDavid LAFARGE [email protected] fitant de l’occasion ou par les professionnels qui 362 EN SAVOIR PLUS Pierre AUTHIER* Les bienfaits de la lumière chez Orchis purpurea Source de la documentation : JACQUEMYN H., BRYS R. & JONGEJANS E. 2010.– Seed limitation restricts population growth in shaded populations of a perennial woodland orchid. Ecology, 91(1): 119-129. La démographie et certaines caractéristiques biologiques de l’Orchis purpurea Huds. (Fig. 1) ont été suivies chez six populations de cette espèce croissant en Belgique, dans deux types d’habitat différents : l’un ombragé (trois populations) et l’autre en clairière exposée à la lumière (trois populations également). Les principaux résultats de ces travaux peuvent être présentés comme suit : (i) les populations étudiées ont été « suivies » durant sept années (de 2002 à 2008) et chaque individu observé, y compris les jeunes germinations, a été cartographié au centimètre près… bref du travail sérieux… (ii) le nombre d’individus constituant ces différentes populations a augmenté dans tous les cas mais nettement plus chez les populations croissant dans les stations ensoleillées que chez celles croissant en biotopes ombragés (iii) de même, la production de fleurs et surtout de fruits est plus importante en milieux lumineux qu’en milieux ombragés. C’est ainsi que les plantes des milieux lumineux produisent en moyenne 42,6 fleurs par inflorescence contre seulement 34,5 chez les plantes des biotopes ombragés. De même les premières produisent (toujours en moyenne) environ deux fois plus de fruits que les secondes ! (iv) l’espérance de vie d’un individu est plus longue en milieu lumineux (65,89 années) qu’en milieu ombragé (44,09 années). Notons que ces durées de vie « possibles », particulièrement élevées, ont été pour nous une véritable surprise : nous n’imaginions pas une telle espérance vitale pour ces plantes herbacées, robustes certes, mais somme toute assez petites ! (v) En revanche, les pourcentages de germination en milieux ouverts (clairières) sont toujours plus faibles qu’en milieux fermés (à l’ombre) (vi) les auteurs peuvent conclure (libre traduction) (p. 119) : « Nos résultats indiquent que la lumière est un facteur important qui affecte la dynamique des populations de l’Orchis purpurea, en déterminant, au moins en partie, la production des fleurs et des fruits… ». Plus de détails dans le travail des auteurs. Fig. 1.– Orchis purpurea. Vers Konitsa (Épire, Grèce). 24 avril 2010 (Photo D. GASNIER). 363 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Les Dactylorhiza du groupe majalis en Grande-Bretagne : une nouvelle approche… Source de la documentation : HEDRÉN M.,NORDSTRÖM S.& BATEMAN R.M. 2011.– Plastid and nuclear DNA marker data support the recognition of four tetraploid marsh orchids (Dactylorhiza majalis s.l., Orchidaceae) in Britain and Ireland, but require their recircumscription. Botanical Journal of the Linnnean Society, 104: 107-128. Une étude des D. majalis (Rchb.) P.F. Hunt & Summerh. sensu lato de Grande-Bretagne et d’Irlande a été effectuée, à l’aide de marqueurs ADN nucléaires et chloroplastiques, par les chercheurs bien connus cités dans la référence ci-dessus. Les principales informations tirées de ce travail peuvent être présentées comme suit : (i) ces taxons sont tous tétraploïdes (2n = 4x = 80) (ii) ils peuvent être répartis en quatre sous-espèces (ou espèces précisent les auteurs, qui choisissent cependant le statut de sous-espèces) : • D. majalis subsp. praetermissa (Druce) D. Moresby, Moore & Soó [en y incluant la var. junialis (Vermeulen) Shengas, une simple forme plus violacée du fait de sa richesse en anthocyanes] ; • D. majalis subsp. purpurella (T. Stephenson & T.A. Stephenson) D. Moresby, Moore & Soó ; • D. majalis subsp. occidentalis (Pugsley) P.D. Sell [en y incluant la forme ou variété pâle, pauvre en anthocyanes, var. kerryensis (Wilmottt) R.M. Bateman & Denholm] ; • D. majalis ssp. traunstenerioides (Pugsley) R.M. Bateman & Denholm (iii) concernant D. majalis subsp. ebudensis (Wief. ex R.M. Bateman & Denholm) M.R. Lowe, un taxon endémique des îles Hébrides, il ressemble fortement, du point de vue génétique, à la subsp. traunstenerioides et doit donc lui être intégré (iv) les plantes déterminées jusqu’alors D. lapponica (Hartm.) Soó, très rares en GrandeBretagne et ultra-protégées, se sont révélées n’être « que » des formes riches en anthocyanes de la ssp. traunstenerioides ! Ceci en dit long sur la nécessité d’une bonne taxinomie pour une politique de protection fiable et efficace! (v) D. majalis subsp. cambrensis (R.H. Roberts) R.H. Roberts [=D. majalis var. cambrensis (R.H. Roberts) H.A. Pedersen] n’est qu’une forme ou une variété à rapporter à la subsp. purpurella (vi) globalement, selon 364 Fig. 2.– Dactylorhiza majalis subsp. praetermissa Cormicy, Marne (France). Juin 2012 (Photo J.-P. AMARDEILH). les auteurs, la richesse du contenu en anthocyanes (= la couleur des fleurs) comme critère taxonomique, a été surévaluée (vii) de même pour la forme des feuilles, puisque les auteurs proposent d’intégrer au sein de la subsp. praetermissa des formes à feuilles inhabituellement étroites (viii) les subsp. transteinerioides et subsp. praetermissa seraient de « vieux » polyploïdes dérivés d’individus provenant du continent et appartenant au même complexe de l’O. majalis sensu lato tandis que les deux autres sous-espèces (subsp. purpurella et subsp. occidentalis) seraient au contraire des polyploïdes récents formés vraisemblablement après la dernière glaciation (dite Weichsélienne). Plus de détails dans le travail des auteurs. Platanthera bifolia var. kuenkelei en Sardaigne Source de la documentation : PAVARESE G. et al. 2011.– Where do Sardinian orchids come from : a putative African origin for the insular population of Platanthera bifolia var. kuenkelei? Botanical Journal of the Linnnean Society, 167: 466-475. Platanthera bifolia (Custer) Rchb. var. kuenkelei (H. Baumann) P. Delforge, un taxon initialement décrit par le botaniste allemand H. BAUMANN au rang d’espèce autonome (= P. kuenkelei H. Baumann), était connu seulement d’Algérie et de Tunisie mais il vient d’être découvert en Sardaigne. Les travaux de PAVARESE et al. concernant cette nouveauté pour la grande île de la Méditerranée peuvent être présentés comme suit : Cinq espèces ou taxons de Platanthera se rencontrent dans le Bassin méditerranéen aujourd’hui, les deux premiers largement répandus, les suivants nettement moins répandus : Fig. 3.– Platanthera kuenkelei subsp. kuenkelei var. sardoa, plante entière, Sardaigne (Photo Franco SOTGIU). (a) P. chlorantha Cust. ex Rchb. (b) P. bifolia (L.) L.C.M. Rich. (c) P. algeriensis Batt. & Trab. (Espagne, Algérie, Maroc, Sardaigne ; cette espèce était la seule que l’on pensait jusqu’alors être présente en Sardaigne (d) P. bifolia var. kuenkelei (H. Baumann) P. Delforge (Algérie, Tunisie et, désormais Sardaigne) et enfin (e) P. holmboei L. Lindb. (Chypre, Turquie et Palestine) ; Récemment (2007) une nouvelle population de Platanthera a été découverte en Sardaigne et rapportée initialement à P. bifolia s. str. mais une étude morphologique plus précise a permis de la rapporter à la var. kuenkelei ; une comparaison de l’ADN de ces individus avec celui d’in- Fig. 4.– Platanthera kuenkelei subsp. kuenkelei var. sardoa, détail de l’inflorescence, noter la position des pollinies en forme de V. Sardaigne (Photo Franco SOTGIU). 365 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) dividus récoltés en Italie continentale (P. bifolia s. str.) et d’individus récoltés en Tunisie (P. bifolia var. kuenkelei) a été effectuée et a montré que les plantes de Sardaigne partageaient les mêmes marqueurs génétiques que ceux des plantes tunisiennes, ce qui confirme les résultats des dernières observations morphologiques ; Ainsi donc, un nouveau taxon a été découvert en Sardaigne et il provient, selon toute vraisemblance, d’une colonisation en provenance de l’Afrique du Nord (Tunisie) ; Une semblable proximité génétique (et donc une histoire similaire) vient d’être mise en évidence entre les Ophrys fusca s.l. de Sardaigne et ceux de Tunisie (résultats non encore publiés) ; Il s’agit là, vraisemblablement, d’un cas de dispersion à grande distance (« DLD »), une capacité que possèdent les graines si petites et si légères des orchidées ; Divers arguments, non développés ici, laissent penser qu’un tel phénomène n’est intervenu, pour l’orchidée, qu’une seule fois et ceci à une époque assez ancienne (la date reste à préciser) ; De tels cas de DLD ont dû intervenir à différents moments de l’histoire de l’île pour d’autres plantes et expliquent donc l’origine d’une partie de sa flore… Voilà du travail en perspective pour les orchidologues et les botanistes en général, s’ils s’arment des outils de la biologie moléculaire moderne… Plus de détails dans le travail des auteurs. N.B. P. bifolia var kuenkelei diffère essentiellement de P. bifolia s.s. par ses feuilles plus grandes, sa taille plus élevée et son inflorescence plus longue et plus lâche. D’autre part, ce taxon décrit au rang d’espèce, Platanthera kuenkelei Baumann (1981) a fait l’objet d’une étude (LORENZ et al., 2012), démontrant que les plantes de Sardaigne différaient morphologiquement de celles d’Afrique du Nord. En effet, leurs pollinies sont divergentes en forme de « V » et ces plantes ont donc été décrites au rang de variété : Platanthera kuenkelei subsp. kuenkelei var. sardoa R. Lorenz, Akhalkatsi, H. Baumann, Cortis, Cogoni & Scrugli. (2012). SOURCES AMARDEILH J.-P., 2013.– Communications personnelles. BAUMANN H., 1981.– Platanthera kuenkelei H. Baumann spec. nov.- eine neue endemische Art aus Nordafrika.- Mitt. Bl. Arbeitskr. Heim. Orch. Baden-Wurtt. 13(1) : 116-130. LORENZ R., AKHALKATSI M., BAUMANN H., CORTIS P., COGONI A. & SCRUGLI A., 2012.– Platanthera kunkelei s.l. auf Sardinien und in Georgien, eine für Europa neue Art - ein Beitrag zu ihrer Taxonomie. J. Eur. Orch. 44(1) : 3 -62. REMERCIEMENTS À Jean-Pierre AMARDEILH, Daniel GASNIER et Franco SOTGIU pour les illustrations fournies. Merci aussi à Jean-Pierre AMARDEILH pour la relecture attentive des textes et les améliorations et compléments d’information apportés. * Pierre AUTHIER [email protected] HORS-SÉRIE CYPRIPEDIOIDEAE Notre numéro hors-série consacré aux sabots de Vénus est toujours disponible à la vente, au tarif de 23 € pour nos adhérents et 25 € pour les non-adhérents. Avec 136 pages en couleur au format A4, de très nombreuses illustrations et des auteurs du monde entier, c’est une compilation indispensable pour les amateurs de sabots en tous genres ! Vous pouvez commander cet opus à l’aide du bon de commande inclus dans ce numéro ou bien sur notre site Internet (www.sfo-asso.com). Nous remercions par ailleurs tous les lecteurs qui nous ont adressé de chaleureux messages de félicitations pour ce premier numéro spécial et qui nous encouragent à produire un nouveau volume exceptionnel dans le futur. 366 La serre semi-enterrée Jean-François ROUSSELOT* ROUSSELOT J.-F., 2013.- Underground greenhouses. L’Orchidophile 199: 367-370. Jean-François ROUSSELOT est le créateur de l’entreprise Undergreen Concept, qui propose de vous accompagner tout au long de la création et de l’aménagement de votre serre semienterrée. Dans ce bref publi-communiqué, il expose les points forts de son concept. Revisitant le principe déjà bien connu de la serre semi-enterrée, Jean-François ROUSSELOT a développé un projet innovant qui permet de cultiver les orchidées dans un cadre esthétique et économe en énergie. Vous trouverez par ailleurs les coordonnées de son entreprise dans la publicité qui paraît depuis déjà quelques numéros dans notre revue. La serre semi-enterrée (Fig. 1) est une véritable innovation. Comme une serre traditionnelle, elle vous permet de cultiver des plantes tropicales ou même d’élever des espèces animales exotiques tout au long de l’année. La particularité du concept que nous avons développé est de s’intégrer totalement à votre environnement paysagé. Isolée sur votre terrain ou rattachée à votre maison, elle ajoute une valeur esthétique à votre jardin. La création de ce type de serre a été menée suite à une réflexion sur l’économie d’énergie, le design, l’intégration dans le paysage, et son utilité même durant les périodes estivales. Dans un premier temps, diminuer les pertes de chaleur et créer une isolation des plus performantes et naturelles. Dans un second temps éviter de « poser » une serre classique coûteuse en chauffage, sans isolation ni charme au milieu d’un espace naturel. La serre semi-enterrée est entre autre inspirée des antiques constructions islandaises : les maisons sont protégées du vent et du froid par des murs en terre ou complètement enterrés, excepté la façade avant. Le but est de profiter du sol, une ressource calorifique gratuite dont l’isolation est reconnue. La serre est ainsi enfermée dans un élément des plus isolants: la terre. Une isolation optimale En enterrant directement une partie de la serre dans le sol, vous bénéficiez d’une isolation naturelle. L’hiver, les déperditions de chaleur sont moindres (bonne inertie) et la température de la serre diminue lentement, même sans chauffage. L’été, vous maintenez une certaine fraîcheur grâce à la partie ombragée qui est recouverte de terre et évitez que vos plantes soient trop exposées aux rayons du soleil. Une construction sur mesure La mise en place d’une serre nécessite tout d’abord une étude de votre terrain pour déterminer la meilleure orientation et bénéficier d’un maximum de soleil en hiver. Le concept semi-enterré permet de poser la partie vitrée de la serre à ras du sol et de profiter des premiers rayons du soleil rasants. Le gros œuvre de la serre est en blocs de béton, comme une construction traditionnelle. La structure interne peut être en bois traité (lasuré ou peint selon les teintes de votre choix) ou en PVC. Les parties vitrées sont en double vitrage pour favoriser encore une fois l’isolation et la surface du toit en polycarbonate pour éviter l’effet loupe qui brûle les plantes en été. La finition extérieure est un bardage en bois lasuré ou peint selon vos envies. Grâce à ce concept, tout est réalisable. Vous imaginez votre serre à votre image, à la forme et aux dimensions qui vous conviennent, tout en l’intégrant le plus harmonieusement possible à votre terrain. Toutes les réalisations sont uniques et sur mesures. 367 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Selon vos habitudes et vos envies, vous pouvez aussi adapter ce concept de serre hors du sol. En faisant appel à un professionnel, vous créez ensemble votre serre idéale et l’adaptez vos à besoins. Une serre paysagée Le principal atout de la serre paysagée est d’ajouter une valeur décorative à votre jardin et de s’intégrer parfaitement à votre environnement. Qu’elle soit isolée sur votre terrain ou attenante à votre maison ou à votre garage, la serre se fond entièrement dans le paysage. Pour l’agrémenter, nous privilégions des matériaux locaux qui correspondent au style de votre maison (pierres locales, pierres sèches, bois…). Vous pouvez ainsi imaginer un parement en pierre qui s’accordera à votre façade (Fig. 2). Un équipement adapté Pour agrémenter votre serre et l’adapter à vos besoins, certaines installations peuvent se rajouter sur simple demande. Un récupérateur d’eau de pluie peut vous faire réaliser quelques économies. Un système de brumisation programmable peut vous aider dans la culture des plantes tropicales. Le bâti étant en matériaux rigides tout est possible en termes d’aménagement intérieur (installation d’un bassin, d’un mur végétal, de systèmes de suspension ou encore d’étagères fixées au mur…) (Figures 3 & 4). 2 Fig .1.– La serre semi-enterrée intégrée au paysage du jardin (Photo J.-F. ROUSSELOT). Fig. 2.– Un exemple des revêtements possibles utilisés en bardage ou parement (bois lasuré, pierres sèches) (Photo J.-F. ROUSSELOT). Fig. 3.– Un aménagement très structuré pour la culture des orchidées ou autres végétaux (Photo J.-F. ROUSSELOT). 368 1 La serre semi-enterrée 3 369 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Fig. 4.– Un autre exemple, ici beaucoup plus « naturel » qui ne demande qu’à devenir un véritable écosystème (Photo J.-F. ROUSSELOT). Zoom sur la culture des orchidées La culture de plantes comme les orchidées, les agrumes ou les espèces tropicales nécessite un complément de chaleur pour les journées sans soleil ou les nuits d’hiver. Dans ce cas, l’installation d’une pompe à chaleur réversible présente de nombreux avantages : elle vous permet de réchauffer la serre en hiver et de la rafraîchir en été et elle assure une ventilation indispensable pour éviter les moisissures. De plus, cette solution reste économique car grâce à l’isolation optimale de la serre, le chauffage devient inutile dès les premiers rayons du soleil. Son fonctionnement est géré automatiquement. L’installation est dimensionnée en fonction de la région, de l’orientation et du volume de la serre. Pour éviter les trop grosses montées en température lors des mois d’été la toiture de la serre est recouverte d’une bâche PVC blanche ayant pour but de tamiser les rayons du soleil sans supprimer la luminosité. Afin de renouveler l’air ambiant, des extracteurs sont installés (type VMC autonome). Conclusion L’autre but de ce type de serre est de créer un espace de nature à part entière, développement d’espèces animales (grenouilles, rainettes, lézards) et d’espèces végétales (mousses, fougères). La serre vit et évolue dans le temps, comme un écosystème unique. *Jean-François ROUSSELOT www.undergreen-concept.com 370 FICHE DE CULTURE Cattleya elongata L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) FICHE DE CULTURE Cattleya elongata Barb.Rodr. Fiche et photographie de Jean-Pierre LE PABIC [email protected] PLACE DANS LA CLASSIFICATION Le genre Cattleya appartient à la sous-famille des Epidendroideae, tribu des Epidendreae et sous-tribu des Laeliineae. La description initiale de Cattleya elongata été effectuée par João BARBOSA RODRIGUES (1842-1909) dans l’une de ses publications les plus importantes, Genera et species orchidearum novarum (1877), à partir de plantes qu’il aurait collectées au mois de mars 1876 dans les forêts du Carangola, province du Minais Gerais (Brésil). Cette zone ne se situe toutefois pas dans le périmètre de distribution actuel de l’espèce. Cattleya elongata a par la suite été introduit vivant dans les collections européennes par M. CLAES, collecteur de l’Horticulture Internationale de Bruxelles. Les plantes, collectées dans l’état du Pernanbuco furent envoyées à LINDEN et décrites à nouveau par LINDEN et ROLFE dans le Gardener’s Chronicle en 1892 sous le nom de Cattleya alexandrae. Rolfe corrigea plus tard cette erreur dans Orchid review en 1894 où il accepta le nom de Cattleya elongata. LA PLANTE Cattleya elongata est une plante compacte, les pseudobulbes étant très proches les uns des autres. Pratiquement cylindriques, d’une longueur de 25 à 70 cm, d’un diamètre de 1,5 à 3 cm ils sont surmontés de deux à trois feuilles elliptiques très coriaces, longues de 8 à 20 cm et larges de 5 à 10 cm. Entre deux et neuf fleurs s’épanouissent en automne sur une hampe de 35 à 60 cm qui émerge d’une bractée longue de 13 à 15 cm. Leur envergure se situe autour de 12 cm. Le labelle est rose tandis que la couleur des autres segments est intermédiaire entre bordeaux et marron. DISTRIBUTION Cattleya elongata pousse essentiellement sur des sols rocheux et ensoleillés, à des altitudes comprises entre 250 et 850 m. Il peut aussi pousser en épiphyte sur les branches basses des quelques arbres des alentours. On le trouve exclusivement au Brésil dans les états de Bahia (à l’ouest), de Minas Gerais (au nord) et de Pernanbuco. 372 CLIMAT Comme il apparaît dans le tableau ci-dessous (source : World Climate Guide - www.worldclimateguide.co.uk) qui indique les relevés météorologiques de la ville de Lençois, Bahia, Brésil, située à une altitude de 400 m, les températures diurnes comme les températures nocturnes restent pratiquement constantes toute l’année. Pour tenir compte de la faible inertie thermique du sol et de la végétation basse des stations où pousse Cattleya elongata, il convient d’augmenter sensiblement les températures diurnes et de diminuer les températures nocturnes. Dans la littérature, les chiffres de 39 °C le jour et 14 °C la nuit sont couramment cités. Les précipitations sont assez fortes durant l’été austral et modérées pendant l’hiver. Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre A B C D 30,0 30,0 30,0 29,0 28,0 26,0 26,0 27,0 29,0 30,0 30,0 30,0 19,0 19,0 19,0 19,0 18,0 16,0 16,0 16,0 16,0 18,0 18,0 19,0 11,0 11,0 11,0 10,0 10,0 10,0 10,0 11,0 13,0 12,0 12,0 11,0 129 120 133 105 52 47 39 23 27 65 154 160 A = Moyenne des maximums (en degrés Celsius) B = Moyenne des minimums (en degrés Celsius) C = Écart journalier (en degrés Celsius) D = Précipitations (en mm/mois) CULTURE Malgré les conditions climatiques assez marquées que supporte Cattleya elongata dans la nature, sa culture ne présente pas de difficulté. Il faut simplement lui choisir un emplacement ensoleillé dans la serre qui lui procurera en été les variations de températures qu’il connaît dans son milieu naturel. Il est peu sensible aux maladies et peut être arrosé toute l’année. Dans ces conditions, il fleurit tous les ans. (*) Pour plus de détails, voir le Manuel de Culture publié par la SFO. ORCHIDÉE-CLIC En Argentine comme en France, la passion des orchidées tropicales ou indigènes se retrouve sur le Net. Si vous avez créé un site sur les orchidées ou si vous connaissez des sites de référence, n'hésitez pas à en faire part à l'auteur de la rubrique par messagerie. Bonne lecture et bon surf! Philippe DURBIN* Orchidées nature www.elisajeanluc.fr/orchidees_nature (site en français et en anglais) Si vous avez aimé l'article « Côte Ouest, de la Californie à l'état de Washington » paru dans le numéro précédent de l'Orchidophile, ne manquez pas d'aller voir ou revoir "Orchidées Nature", le site de ses auteurs : Élisabeth et Jean-Luc ROUX. Partage des connaissances, des souvenirs et de la passion pour la nature, cela résume bien la philosophie de ce site de navigation facile et doté d'un style simple et efficace. Pas moins de 35 genres sont répertoriés, auxquels on accède au moyen d'une liste alphabétique qui ouvre le choix sur des monographies des espèces observées par les auteurs. Ainsi le genre Cypripedium, par exemple, comprend une fiche sur C. calceolus mais aussi sur cinq autres espèces américaines observées lors des voyages d'Élisabeth et Jean-Luc. Pourvues d'une illustration abondante avec des clichés de qualité, mettant bien en valeur la délicatesse de certaines espèces en particulier nord-américaines, ces fiches sont utilement complétées d'une description brève, de la date de floraison et d'une jolie carte de répartition du taxon décrit. On notera aussi une carte planétaire de la répartition de chaque genre, qui révèle la vision mondiale des auteurs quant aux orchidées sauvages. La rubrique « Voyages » offre des reportages courts mais riches en images sur des séjours hors de France avec, en en-tête, des photos de paysages qui mettent immédiatement le visiteur dans l'ambiance. C'est là que vous retrouverez les comptes rendus des excursions sur le continent nord-américain, Canada, côtes Est et Ouest, mais aussi des visites de contrées méditerranéennes comme la Grèce et la Sardaigne et leurs ophrys spectaculaires, ou d'Europe centrale comme les Dolomites autrichiennes et leurs nigritelles multicolores. La rubrique intitulée « Régions » est consacrée à la description de sites à orchidées du sud de la France et d'Espagne, avec des clichés de fleurs, orchidacées ou autre, agrémentés de superbes photos de paysages. À voir absolument le parc de Bardenas Reales avec ses vautours et ses fragiles orchidées sauvages dans un décor aussi désertique que fantastique ! Le site Orchidées Nature est une réelle invitation au voyage, de jolies fleurs dans de beaux paysages, que faut-il ajouter de plus pour une balade orchidophile agréable, qu'elle soit virtuelle ou bien réelle ? 373 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Exposición virtual de orquídeas Exposition virtuelle d'orchidées tropicales (site en espagnol et en anglais) http://orquideas-katia.com/orquideas-expovirtual/ Une exposition qui dure depuis 10 ans ! Voilà ce que propose Katia SEAGULL depuis sa lointaine Argentine. Un site dont la navigation est un peu compliquée mais la visite en vaut la peine. En voici le mode d'emploi : il faut cliquer sur un des langages proposés en bas de la page d'accueil puis, tout en bas de la page de bienvenue qui s'ouvre, cliquer encore sur « Salones » ou bien « Show Rooms ». Une page de menu se présente alors, avec un choix de genres parfois subdivisé selon le pays d'origine. Un clic sur l'une de ces cases ouvre un autre menu, permettant de choisir l'année d'évaluation du jury, et là, après avoir franchi ce labyrinthe virtuel, vous pouvez enfin découvrir les photos des plantes candidates. Comme il est expliqué dans la page de bienvenue, ces photographies sont envoyées par d'autres collectionneurs dans le but de les soumettre à l'évaluation du jury, ce concours est permanent et ouvert à la planète entière ! Le jury est international et renouvelé chaque année, sa composition est indiquée dans une des sections du site. Les photographies gagnantes et primées du concours sont regroupées dans un chapitre spécial appelé « Salon dorado » ou « Winners room ». Dans ces pages tout en or, le résultat de chaque évaluation est consultable. À l'image du gagnant de la période 2010-2011, une très élégante Brassavola cucullata d'une blancheur diaphane, les plantes lauréates sont réellement superbes comme par exemple, et entre beaucoup d'autres, le Cycnoches hybride « wine delight », d'un rouge très profond, qui est arrivé en tête de sa catégorie. Je vous laisse découvrir les autres beautés primées. N'oubliez pas les quelques photographies d'habitats ou de plantes dans leur décor naturel, qui font aussi partie des clichés distingués par le jury, plusieurs de ces floraisons sont exceptionnelles. Enfin, la case « videos » permet d'accéder à un très beau diaporama disponible au téléchargement. Malgré une certaine complexité, inhérente à sa richesse, ce site propose des fleurs superbes au simple visiteur et un enjeu passionnant pour les participants au concours. Peut-être tenterez-vous d'envoyer des photographies de votre propre collection d'orchidées tropicales et, qui sait, d’atteindre une place au salon d'or ? Philippe DURBIN [email protected] 374 EXPOSITIONS ET MANIFESTATIONS Michel LE ROY N otre bulletin est ouvert à l’annonce de toutes les expositions, manifestations, portes ouvertes, etc. concernant les orchidées. Malgré nos recherches intensives, il se peut que nous n’ayons pas connaissance de certains événements. Pour éviter cela, envoyez vos informations, plaquettes ou dépliants publicitaires à SFO, 17 quai de la Seine, 75 019 Paris, à l’attention de Michel LE ROY. L’École de Juges d’Orchidées (voir l’Orchidophile n° 187) se tient à la disposition des organisateurs pour organiser, gratuitement, un concours d’orchidées lors des expositions. Pour plus de renseignements, envoyer un mail à [email protected] Présentation alphabétique par département. CHARENTE MARITIME (17) LOIRET (45) Pons. La Société Française Orléans. Rendez-vous maintenant traditionnel dans d’Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée organise son deuxième salon les 22 et 23 février, salle Roger Renaud à Pons (17). Lors de cette manifestation vous pourrez rencontrer des exposants, découvrir les orchidées de la région ainsi que des orchidées exotiques à travers un diaporama et des expositions, assister à des séances de rempotage, etc. De 10 h 00 à 19 h 00. Entrée 3 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Plus de renseignements : http://www.orchidee-poitoucharentes.org la Serre aux Papillons du Parc Floral de la Source du samedi 8 au dimanche 16 février, de 10 h 00 à 18 h 00. Entrées du parc et de l’exposition gratuites. Plus de renseignements: www.parcfloraldelasource.com GARD (30) Vergèze. Le 13e Salon des Or- chidées de Vergèze, sur le thème « Les Orchidées font leur cinéma », se déroulera les vendredi 31 janvier (14 h 00 18 h 00), samedi 1 er et dimanche 2 février (10 h 00 18 h 00). Cette manifestation organisée par Orchidée Languedoc se tiendra dans la salle Vergèze-Espace. Entrée 4 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Plus de renseignements : www.orchidoc.fr LOIR-ET-CHER (41) Blois. La Société Française d’Orchidophilie organise le 16e Colloque sur le thème « Quel avenir pour les orchidées dans leur milieu naturel ? » les 1er et 2 mars. Une exposition internationale d’orchidées sera organisée conjointement avec le colloque. La Halle aux Grains, de 10 h 00 à 19 h 00. Entrée de l’exposition 5 €. Pour les inscriptions au Colloque, reportez-vous au texte publié dans ce numéro et au site Internet de la SFO. Plus de renseignements : http://sfocl.free.fr NORD (59) Abbaye de Vaucelles. La 24e exposition internatio- nale d’orchidées se déroulera du 13 au 17 mars. Le thème retenu est : « Reine d’Orchidées ». Des producteurs français et internationaux présenteront leurs produits dans le merveilleux décor de l’abbaye. Jeudi 13 mars 2014 de 14 h 00 à 19 h 00 et du vendredi 14 au lundi 17 mars de 10 h 00 à 19 h 00. Avec la participation de la SFO. Plus de renseignements : http://www.abbayedevau celles.com/expositions.php?article=pardates&expo=8 PAS-DE-CALAIS (62) Merlimont. Forte du succès des années passées, l’As- sociation Merlimont Passion, en partenariat avec la Municipalité, organise le 5e Salon des Orchidées les 19, 20 et 21 avril. Plus de renseignements : http://merlimontpassion.over -blog.com HAUTS-DE-SEINE (92) Bourg-la-Reine. L’Association Orchidée 75 et la Ville de Bourgla-Reine proposent la 3e édition de leur exposition et vous invitent à découvrir l’infinie variété de cette famille de plantes. 14, 15 et 16 mars, de 10 h 00 à 18h00. Entrée 3€. Espace « Les Colonnes » 51 boulevard du Maréchal Joffre, 92 340 Bourgla-Reine. Plus de renseignements : http://www.orchidee75.fr VAL-DE-MARNE (94) Boissy-Saint-Léger. Philippe et Françoise LECOUFLE 375 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) vous invitent à découvrir la 12e édition de la Crèche Exotique dans un décor chatoyant et coloré de fleurs d’orchidées. 29 rue de Valenton, 94 470 Boissy-SaintLéger, du 5 décembre 2013 au 4 janvier 2014, de 10 h 00 à 19 h 00, sauf le jour de Noël et le jour de l’An. Ouverture exceptionnelle les dimanches 8, 15, 22 et 29 décembre. Entrée libre. Plus de renseignements : http://www.lorchidee.fr Et encore, pas (trop) loin de la France… ALLEMAGNE Bad Salzuflen. L’Association des amis des Orchidées de Westphalie Orientale (Orchideenfreunde Ostwestfalen-Lippe e.V.), membre de la DOG (Deutsche Orchideen-gesellschaft) organise du 27 février au 2 mars une exposition d’orchidées. Horaire : 9 h 00 à 18 h 00. Entrée : adultes 7 €, enfants et étudiants : 3 €. Lieu : parc thermal (Kurpark), Bad Salzuflen. Plus de renseignements : http://www.oowl.de/Auss tellung.htm Munich. La section de Munich - Sud Bavière de la DOG organise le Marché des Orchidées du 14 au 16 mars. Vendredi 14 et samedi 15 de 9 h 00 à 18 h 00, et de 9 h 00 à 16 h 00 le dimanche 16. Hotel-Restaurant Heide-Volm, Bahnhofstraße 51, 82 152 Planegg. Plus de renseignements : http://www.orchidee-muen chen.de Dresde. Une exposition regroupant nombre d’exposants d’Europe, Asie, Amérique du Sud et Australie se tiendra à Dresde du 27 au 30 mars. Lieu : Messe Dresden, Messering 6, 01 067 Dresde. Plus de renseignements : www.messe-dresden.de AUTRICHE Vienne. Exposition interna- tionale d’Orchidées et de Tillandsias organisée par la Société d’Orchidophilie de Vienne (Wiener Orchideengesellschaft). Jardin des Plantes de la ville de Vienne (Blumengärten der Stadt) 376 Wien-Hirschstetten. Quadenstra e, 15 1 220 Wien. Du 15 au 23 février, de 9 h 00 à 17 h 00. Plus de renseignements : www.orchideen-wien.at ITALIE Monte Porzio Catone. La « Città delle Orchidee » or- ganise la 19e Mostra Internazionale Orchidee du 4 au 6 avril. Plus de renseignements : www.comune.monteporzio catone.rm.it ROYAUME-UNI Londres. Organisée par la Royal Horticultural Soci- ety (RHS), une grande exposition d’orchidées et d’art botanique (London Orchid Show and Botanical Art Show) se déroulera les 11 et 12 avril au Lawrence Hall, Westminster, Londres. Plus de renseignements : http://www.rhs.org.uk/ Shows-Events /RHS-London-Flower-Shows/RHS-orchidshow Et encore, un peu plus loin de la France… AFRIQUE DU SUD Johannesburg. 21e World Orchid Conference du 10 au 14 septembre au Sandton Convention Centre. Plus de renseignements : http://www.woc21.org L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) VIENT DE PARAÎTRE Orchids of the French Guiana par Darius L. SZLACHETKO, Yvonne VEYRET, Joanna MYTNIK-EJSMONT, Magdalena SAWICKA, Piotr RUTKOWSKI et Przemyslaw BARANOW. Éditeur : A.R.G. Gantner Verlag K.G. Texte en anglais, 409 pp. plus photos, 1 200 pages au total - 2012. Prix environ 180 €. Distributeur : Koeltz Scientific Books, P.O. Box 1360, D-61453 Königstein/Germany. En vente dans les librairies spécialisées. La Guyane est le seul département français situé en Amérique du Sud. Le territoire couvre une superficie de 91 000 km2, recouvert à 90 % par de la forêt. De cette superficie forestière 95,5 % sont constitués par de la forêt primaire. Alors que la plupart des forêts tropicales et de leurs écosystèmes sont en danger d’extermination, la Guyane française peut se prévaloir du plus faible taux de déforestation (le plus bas de l’Amérique du Sud), avec seulement une perte de 2,6 % de forêt tropicale dans les quinze dernières années. Les auteurs nous présentent donc un ouvrage qui bénéficie d’une flore qui a peu changé et qui offre un domaine intéressant pour la recherche sur la diversité biologique. Nos six auteurs nous présentent une étude de la flore orchidophile basée sur quelques voyages de Darius L. SZLACHETKO en terrain guyanais entre 1997 et 1999. Mais cette étude représente également un travail très important effectué avec du matériel d’herbiers. Le nombre total de spécimens secs étudiés étant d’environ 4 500 planches. Ces spécimens d’herbiers ont été prêtés ou examinés dans de nombreux établissements. Après une présentation du territoire qui prend en compte la géomorphologie et ses particularités (zones littorales, forêts de mangrove, terres de basses altitudes, zones de montagneuses, inselbergs etc…), l’hydrologie est étudiée ainsi que le climat et la flore générale. Les auteurs nous proposent ensuite des clés de détermination pour les familles, sous-familles et genres présents sur le 378 territoire de l’étude. Viennent ensuite la présentation des espèces avec clés et descriptions taxinomiques, informations écologiques, les localisations précises pour chaque espèce ainsi que la liste des échantillons représentatifs, sans oublier la synonymie. Particulièrement précieux sont les dessins au trait qui accompagnent chaque espèce. D’une grande précision, ils détaillent soigneusement les caractères morphologiques essentiels et nécessaires pour une bonne détermination. Comme dans tout bon travail les descriptions se terminent avec des références bibliographiques et un index des noms scientifiques. Après cette première partie, qui occupe 409 pages, le volume nous offre, en deuxième partie, des photographies (souvent plusieurs) de chaque espèce, accompagnées de celles de quelques planches d’herbiers. Pour donner un exemple, l’illustration du Phragmipedium lindleyanum comporte six clichés différents de la fleur et trois de planches d’herbiers. L’ensemble texte et photographies offre ainsi un ouvrage très bien documenté mais aussi un livre très volumineux. L’ensemble pèse 2,6 kg, ce qui en fait un travail qui restera, à jamais, dans nos bibliothèques. La Guyane française avec sa grande diversité orchidologique (mais pas seulement), est le département français le mieux doté en nombre d’espèces, mais certainement le moins bien connu. Combien de belles surprises restent encore à découvrir ? La Guyane bénéficie également d’un faible taux de population, puisqu’il n’excède pas deux habitants au kilomètre carré, avec un territoire pratiquement vierge et difficilement pénétrable. Cela durera-t-il ? Michel GIRAUD [email protected] VIENT DE PARAÎTRE 379 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) BULLETIN D'ADHÉSION réservé aux nouveaux adhérents à adresser avec le règlement à : SFO service abonnements 17 quai de la Seine, 75019 PARIS www.sfo-asso.com ÉCRIRE EN CARACTÈRES D'IMPRIMERIE RENSEIGNEMENTS CONCERNANT L’ADHÉRENT ET/OU L’ABONNÉ |……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……| M. Mme Mlle (1) : Prénom : |……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……| Adresse Bât., résidence ………………………… …………………………………………………… Code postal………………………………… Pays …………………………………………… Rue ………………………………………………………………| Lieu-dit…………………………………………………………| Ville………………………………………………………………| Renseignements facultatifs Téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel Date de naissance : : ..................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession ....................................... Obligatoire pour les moins de 25 ans ANCIEN MEMBRE DE LA SFO Oui Non MEMBRES ASSOCIÉS ÉVENTUELS M. Mme Mlle (2) : |………………………………………………| Prénom(s): |…………………………| Adresse : |………………………………………………………|……|……|……|…… |…………………………| |……………………………………….….…….…….…….……………|……|……|……|…… |…………………………| Si vous êtes d’accord pour que nous communiquions votre adresse à des mairies, associations… qui désirent mener avec nous des actions, cochez la case ci-contre: Si vous souhaitez être rattaché(e) à l’association régionale qui couvre votre département, merci de cocher la case ci-contre : Mon département n’est pas couvert par une des associations locales de la SFO ou je préfère être rattaché(e) à une autre association, dans ce cas j’indique laquelle (voir 3e de couverture ou liste jointe) : …………………………………………………… ATTENTION, vous ne pouvez être affilié(e) qu’à une seule association locale. Si vous êtes intéressés par d’autres groupements et SFO locales, vous pouvez contacter directement les présidents. Intérêts particuliers Orchidées d'Europe Orchidées exotiques Botanique Culture en appartement Culture en serre Photographie Dessin Activités régionales Animation d’expos (1) Rayer les mentions inutiles - (2) Si l’adresse est différente du membre actif 380 COTISATIONS ET ABONNEMENTS TARIFS VALABLES À PARTIR DU 1ER JANVIER 2014 COTISATION À LA SFO ET ABONNEMENT À L’ORCHIDOPHILE (4 numéros par an) COTISATION ABONNEMENT TOTAL ADHÉRENT 18,00 € 35,00 € 53,00 € BIENFAITEUR 30,00 € 35,00 € 65,00 € MEMBRE ASSOCIÉ 9,00 € sans 9,00 € JEUNE (< 25 ans) + étudiants* 9,00 € 26,00 € 35,00 € sans 53,00 € 53,00 € ABONNEMENT SEUL * Jeunes de moins de 25 ans et étudiants, fournir un justificatif (année de naissance et/ou carte d’étudiant). Je soutiens orchisauvage.fr en réglant une cotisation facultative de 2 euros POUR VOS PAIEMENTS DE L’ÉTRANGER • Par chèques tirés sur une banque française ou par carte bancaire VISA ou MASTERCARD, appliquez le tarif métropole. • Pas de chèques tirés sur une banque étrangère, sinon ajouter 15,00 € • Pour les DOM, TOM et pays hors Europe, le supplément expédition est obligatoire. FICHE DE PAIEMENT, À COMPLÉTER OBLIGATOIREMENT CATÉGORIE TARIF Adhérent simple* Adhérent + abonnement Bienfaiteur simple * Bienfaiteur + abonnement Membre associé Jeune (< 25 ans) simple* Jeune (< 25 ans) + abonnement Abonnement seul Cotisation Orchisauvage.fr 18,00 € 53,00 € 30,00 € 65,00 € 9,00 € 9,00 € 35,00 € 53,00 € 2,00 € Règlement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . € Espèces Chèque à l'ordre de la SFO. Carte bancaire : Visa ou Mastercard SUPPLÉMENT/PORT 1 2 3 5,00 € 8,00 € 13,00 € 5,00 € 8,00 € 13,00 € 5,00 € 5,00 € 8,00 € 8,00 € 13,00 € 13,00 € TOTAL 1) Port étranger - 2) Port DOM 3) Port TOM * Sans abonnement signature Nom : .............................................. Prénom : .......................................... Expire fin N° de carte : N° CV x 2*: Montant / *3 derniers chiffres situés au dos de la carte, sur la bande réservée à la signature. 381 L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) Le COMMANDE DE LIBRAIRIE OU DE MATÉRIEL À LA SFO Adhérent n° . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Non adhérent Les commandes sont à adresser à : SFO Commandes – 17, quai de la Seine, 75019 PARIS NOM – PRÉNOM : ............................................................................................ ADRESSE DE LIVRAISON : .............................................................................. ........................................................................................................................ CODE POSTAL : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . TÉLÉPHONE D É S I G N AT I O N QUANTITÉ : ................................. P R I X U N I T. TTC P R I X T O TA L M O N TA N T T T C Commande de l’étranger : – sans frais par CB – en cas de paiement par chèque, ajouter obligatoirement 15 € (frais) Eurochèques non acceptés P o u r l ’ é t r a n g e r M O N TA N T T T C : . . . . . . . . . . . . . . . . France ou étranger : paiement sans frais par carte bleue VISA et Mastercard. Nom : .......................... Prénom : ......................................... expire fin N° de carte : / N° CV x 2* : *3 derniers chiffres situés au dos de la carte, sur la bande réservée à la signature. Envoi Franco de Port uniquement pour les publications situées au verso (règlement joint à cette commande) chèque CB 382 S I G N AT U R E VENTE DES PUBLICATIONS SFO Par correspondance (frais d’envoi compris) Retrouvez toutes les publications sur sfo-asso.com > nos publications > publications disponibles à la SFO ANCIENS NUMÉROS DE « L’ORCHIDOPHILE » 1) au numéro du n° 1 au n° 50 du n° 51 au n° 100 du n° 101 au n° 159 du n° 160 au n° 190 n°191 et + Prix adhérents 2,00 € 3,00 € 4,00 € 5,00 € 12,50 € Non adhérents 2,50 € 3,50 € 4,50 € 5,50 € 13,50 € 2) pour une année Année 1970 Années 1971 à 1983 Années 1984 à 2011 Année 2012 3,00 € 11,00 € 14,00 € 51,00 € 3,50 € 13,00 € 16,00 € 55,00 € Prix adhérents Non adhérents 23,00 € 25,00 € Cartes postales Lot de 4 cartes doubles 5 « Sabot de Vénus » La série de 10 cartes exotiques 3,50 € 3,10 € 5,80 € 4,00 € 3,40 € 6,10 € Colloques 15e colloque (Montpellier 2009) 14e colloque (Paris 1999) 13e colloque (Grenoble 1995) 45,00 € 20,00 € 15,00 € 50,00 € 22,00 € 17,00 € Orchidées d’Europe Atlas des orchidées d'Indre et Loire Atlas des orchidées sauvages de Haute-Normandie Hybrides Nigritelles/Pseudorchis Orchidées du Maroc Une répartition des orchidées sauvages de France 14,00 € 10,00 € 10,00 € 5,00 € 5,00 € 17,50 € 12,00 € 12,00 € 5,00 € 6,00 € 4,50 € 5,50 € 10,70 € 10,00 € 4,00 € 6,00 € 12,30 € 14,00 € 4,00 € 8,00 € AUTRES PUBLICATIONS Hors-série de L’Orchidophile Cypripedioideae – Sabots de Vénus (2013) Cartographies à l’unité Départements : 1, 8, 10, 11, 12, 15, 31, 32, 44, 51, 52, 55, 58, 67 & 68, 69, 82 Généralités Manuel de culture Glossaire botanique illustré Synopsis des orchidées européennes Une histoire de l'Orchidologie française Les n° 13, 35, 39, 45, 50, 69, 110, 135, 153 de l’Orchidophiles sont épuisés, les articles sont à télécharger sur le site de la SFO -> Nos publications -> L’Orchidophile -> Index (entrer le numéro dans « votre recherche » (adhérents uniquement). 383 384 TARIF DES PUBLICATIONS DISPONIBLES AU SIÈGE DE LA SFO L'Atlas des orchidées de France : pour des raisons techniques, le tarif donné ne correspond pas au tarif réel. Il suffit d'ajouter les frais de port pour en connaître le prix pour chaque catégorie. Exemple : le prix adhérent est de 40 € port compris pour la France et a été décomposé de la façon suivante : 35,00 € + 5 € = 40 €. Prix non adhérent 40 € + 5 € = 45 € Si achat par correspondance, il convient d’ajouter les frais d’expédition et de nous adresser par courrier votre commande en utilisant le bon de commande de librairie L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4) SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE SOMMAIRE L'ORCHIDOPHILE n° 199 - 2013 - vol. 44 (4) Présidents d’honneur † Georges MOREL (1970-1972) – Marcel LECOUFLE – (1972-1981) – † Dr Jean CAMARD (1981-1982) † Dr Maurice GRINFEDER (1986-1995) – † Roger BARBIER (1995-1998) – Janine BOURNÉRIAS (1998-2002) Alain JOUY (2002-2008) Composition du Bureau Président : Vice-présidents : Pierre LAURENCHET Jean-Michel HERVOUET Secrétaire générale : Agnès MÉTIVIER Secrétaire général adjoint: Jean-Pierre AMARDEILH Trésorier : Robert BORDES Rédacteur de L’Orchidophile : David LAFARGE Responsable des expositions : Michel LE ROY Relations extérieures : Charlotte DUPONT Protection : Pascal DESCOURVIÈRES Recherche de financements : Philippe FELDMANN Commission des voyages : Jean-Michel HERVOUET Composition du Conseil d’Administration Jean-Pierre AMARDEILH, Agnès ARTIGES, Pierre AUTHIER, Alain BENOÎT, Jean-Marie BERGEROT, Robert BORDES, Michel DÉMARES, Pascal DESCOURVIÈRES, Charlotte DUPONT, Philippe FELDMANN, Alain GÉVAUDAN, Vincent GILLET, Jean-Claude GOORIS, Jean HÉRAULT, Jean-Michel HERVOUET, Alain JOUY, Jean-Claude LACHARPAGNE, David LAFARGE, Pierre LAURENCHET, Michel LE ROY, Georgette LECARPENTIER, Jean-Michel MATHÉ, Agnès MÉTIVIER, Michel NICOLE, Daniel PRAT, Michel SERET, Ofélia TÉQUI, Jacqueline VAQUETTE. Bibliothécaire : Michel GIRAUD Associations régionales, Groupements et Sections 349 SFO AQUITAINE (24-33-40-47-64) – Président: Bernard GERBAUD, 16 rue Georges Brassens, 24 700 MONTPON-MÉNESTÉ[email protected] - http://sfoaquitaine.jimdo.com/ SFO AUVERGNE (03-15-23-43-58 et 63) – Présidente : Chantal RIBOULET, 39 rue du Chorigier, 63122 CEYRAT – [email protected] http://www.sfo-auvergne.org/ SFO SECTION BOURGOGNE (21-58-71-89) V. GILLET, 11 rue de Belle-Vue, 21121 FONTAINE-LÈS-DIJON – [email protected] SFO CENTRE LOIRE (18-28-36-37-41 et 45) – Président : Charles DOUCHET, 681 route d'Arian, 41 250 FONTAINES-EN-SOLOGNE [email protected] - http://sfocl.free.fr/ SFO ÎLE-DE-FRANCE (75-77-92-93-94) Président : Alain BENOÎT, 33 rue des Maraîchers, 75 020 PARIS - [email protected] www.sfo-idf.com/ SFO LANGUEDOC (12-30-34 et 48) – Président : Francis DABONNEVILLE, 903 Chemin Pied du Bon Dieu, 30 000 NÎMES [email protected] - http://perso.orange.fr/michel.nicole/ SFO LORRAINE-ALSACE (54-55-57-67-68 et 88) – Président : Monique G UESNE , 6 rue de l’Echo, 54370 MAIXE - monique. [email protected] SFO NORD (02-59-60-62 et 80) – Président : Frédéric DEBRUILLE, 18 boulevard Louise Michel, 59 490 SOMAIN - debruillef@ 307 319 339 ORCHIDÉES EXOTIQUES Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas Pascal SAUVÊTRE –––––––––––––––––––––––––– 297 Le rempotage des anguloas Dr Henry OAKELEY –––––––––––––––––––––––– 307 Dixième voyage à Madagascar : Ambondrombe, le pic Boby, le pic Ivohibe et le corridor de Vondrozo Jean-Claude GUÉRIN et Jean-Michel HERVOUET 319 Récit d’un voyage en Malaisie Carsten HAMMER ––––––––––––––––––––––––– 335 Orchidées des Andes Fabien BROSSE –––––––––––––––––––––––––––– 349 Cattleya elongata Barb. Rodr. (fiche de culture) Jean-Pierre LE PABIC ––––––––––––––––––––––– 371 wanadoo.fr - http://www.orchid-nord.com SFO NORMANDIE (14-27-61 et 76) – Présidente : Georgette L ECARPENTIER , 15 rue Beaudouin, 27 700 LES ANDELYS [email protected] - http://sfo-normandie.fr SFO PACA (04-05-06-13-83 et 84) – Président : Pierre-Michel BLAIS, Les Douvelles, route de Salernes, 83 570 ENTRECASTEAUX [email protected] - http://sfoprovence-alpescotedazur.jimdo.com/ SFO POITOU-CHARENTES ET VENDÉE (16-17-79-85 et 86) Président : Jean-Claude G UÉRIN , 45 Grand’ Rue, 79 200 LA PEYRATTE – [email protected] - http://www. orchidee-poitou-charentes.org/ SFO PYRÉNÉES EST (09-11-31-66) – Présidente : Roselyne BUSCAIL, 12 Allée des Argelats, 66 180 VILLENEUVE DE LA RAHO [email protected] SFO RHÔNE-ALPES (01-07-26-38-42-69-73 et 74) – Président : Michel S ÉRET , 11 chemin du Poirier, 74170 SAINT-GERVAIS [email protected] - http://sfo.rhonealpes.free.fr/ SFO STRASBOURG – AROS – Président : Brigitte REDONNET, 12 bis Le Canal, 67 120 WOLXHEIM - [email protected] - http://aros. asso.fr/home.php Sociétés adhérentes et correspondantes ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LE JUGEMENT D’ORCHIDÉES (AFJO) Président : Albert FALCINELLI – [email protected] 1 rue du bastion Montmorency, 11 370 LEUCATE - www.afjo.org ASSOCIATION PIXIFLORE Présidente : Caroline LAHMEK - [email protected] - 11 rue Pierre Curie, 94 120 FONTENAY-SOUS-BOIS – http://www.pixiflore.com GROUPEMENT MIDI-PYRÉNÉES DES AMATEURS D’ORCHIDÉES (GMPAO) Présidente : Denise ROUCOULE – [email protected] - 37 rue de l’Autan blanc, 31 214 L’UNION – http://www.gmpao.org ORCHIDÉES ET PLANTES EXOTIQUES D’AQUITAINE (OPEA) Présidente : Christiane MERLO – [email protected] - Maison des Associations, 33520 BRUGES – http://opea.free.fr SOCIÉTÉ MÉDITERRANÉENNE D’ORCHIDOLOGIE Président : Roland MARTIN – 04 250 LA MOTTE DU CAIRE SOCIÉTÉ ORCHIDÉES LOIRE OCEAN (SOLO) http://www.orchidees-loire-ocean.fr ORCHIDÉES D’EUROPE 311 Orchisauvage.fr dans la dernière ligne droite Philippe FELDMANN ––––––––––––––––––––––– 305 Certificat d’inscription à la Commission Paritaire n° 0912G86986 Prépresse : QUETZAL, 28 rue des Cailloux, F-92110 Clichy-la-Garenne, 01 47 30 24 48. Imprimé en France. © SFO – Paris – Dépôt légal décembre 2013 – ISSN : 0750-0386 L’ORCHIDOPHILE connaître, cultiver et protéger les orchidées Marcel LECOUFLE “100 ans d'orchidées” L’Orchidophile 199 - Décembre 2013 - 44 (4) n° 199 - 2013 Vol. 44 (4) www.sfo-asso.com