Marcel LECOUFLE “100 ans d`orchidées”

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L’ORCHIDOPHILE
connaître, cultiver et protéger les orchidées
Marcel LECOUFLE
“100 ans d'orchidées”
L’Orchidophile 199 - Décembre 2013 - 44 (4)
n° 199 - 2013
Vol. 44 (4)
www.sfo-asso.com
SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE
SOMMAIRE
L'ORCHIDOPHILE n° 199 - 2013 - vol. 44 (4)
Présidents d’honneur
† Georges MOREL (1970-1972) – Marcel LECOUFLE – (1972-1981) – † Dr Jean CAMARD (1981-1982)
† Dr Maurice GRINFEDER (1986-1995) – † Roger BARBIER (1995-1998) – Janine BOURNÉRIAS (1998-2002)
Alain JOUY (2002-2008)
Composition du Bureau
Président :
Vice-présidents :
Pierre LAURENCHET
Jean-Michel HERVOUET
Secrétaire générale :
Agnès MÉTIVIER
Secrétaire général adjoint: Jean-Pierre AMARDEILH
Trésorier :
Robert BORDES
Rédacteur de L’Orchidophile :
David LAFARGE
Responsable des expositions :
Michel LE ROY
Relations extérieures :
Charlotte DUPONT
Protection :
Pascal DESCOURVIÈRES
Recherche de financements : Philippe FELDMANN
Commission des voyages : Jean-Michel HERVOUET
Composition du Conseil d’Administration
Jean-Pierre AMARDEILH, Agnès ARTIGES, Pierre AUTHIER, Alain BENOÎT, Jean-Marie BERGEROT, Robert BORDES,
Michel DÉMARES, Pascal DESCOURVIÈRES, Charlotte DUPONT, Philippe FELDMANN, Alain GÉVAUDAN, Vincent GILLET,
Jean-Claude GOORIS, Jean HÉRAULT, Jean-Michel HERVOUET, Alain JOUY, Jean-Claude LACHARPAGNE, David LAFARGE,
Pierre LAURENCHET, Michel LE ROY, Georgette LECARPENTIER, Jean-Michel MATHÉ, Agnès MÉTIVIER, Michel NICOLE,
Daniel PRAT, Michel SERET, Ofélia TÉQUI, Jacqueline VAQUETTE.
Bibliothécaire : Michel GIRAUD
Associations régionales, Groupements et Sections
349
SFO AQUITAINE (24-33-40-47-64) – Président: Bernard GERBAUD,
16 rue Georges Brassens, 24 700 MONTPON-MÉNESTÉ[email protected] - http://sfoaquitaine.jimdo.com/
SFO AUVERGNE (03-15-23-43-58 et 63) – Présidente : Chantal
RIBOULET, 39 rue du Chorigier, 63122 CEYRAT – [email protected] http://www.sfo-auvergne.org/
SFO SECTION BOURGOGNE (21-58-71-89) V. GILLET, 11 rue de
Belle-Vue, 21121 FONTAINE-LÈS-DIJON – [email protected]
SFO CENTRE LOIRE (18-28-36-37-41 et 45) – Président : Charles
DOUCHET, 681 route d'Arian, 41 250 FONTAINES-EN-SOLOGNE [email protected] - http://sfocl.free.fr/
SFO ÎLE-DE-FRANCE (75-77-92-93-94) Président : Alain BENOÎT, 33
rue des Maraîchers, 75 020 PARIS - [email protected] www.sfo-idf.com/
SFO LANGUEDOC (12-30-34 et 48) – Président : Francis
DABONNEVILLE, 903 Chemin Pied du Bon Dieu, 30 000 NÎMES [email protected] - http://perso.orange.fr/michel.nicole/
SFO LORRAINE-ALSACE (54-55-57-67-68 et 88) – Président :
Monique G UESNE , 6 rue de l’Echo, 54370 MAIXE - monique.
[email protected]
SFO NORD (02-59-60-62 et 80) – Président : Frédéric DEBRUILLE, 18
boulevard Louise Michel, 59 490 SOMAIN - debruillef@
307
319
339
ORCHIDÉES EXOTIQUES
Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum
longicalcar (Bosser) Senghas
Pascal SAUVÊTRE –––––––––––––––––––––––––– 297
Le rempotage des anguloas
Dr Henry OAKELEY –––––––––––––––––––––––– 307
Dixième voyage à Madagascar : Ambondrombe, le pic
Boby, le pic Ivohibe et le corridor de Vondrozo
Jean-Claude GUÉRIN et Jean-Michel HERVOUET 319
Récit d’un voyage en Malaisie
Carsten HAMMER ––––––––––––––––––––––––– 335
Orchidées des Andes
Fabien BROSSE –––––––––––––––––––––––––––– 349
Cattleya elongata Barb. Rodr. (fiche de culture)
Jean-Pierre LE PABIC ––––––––––––––––––––––– 371
wanadoo.fr - http://www.orchid-nord.com
SFO NORMANDIE (14-27-61 et 76) – Présidente : Georgette
L ECARPENTIER , 15 rue Beaudouin, 27 700 LES ANDELYS [email protected] - http://sfo-normandie.fr
SFO PACA (04-05-06-13-83 et 84) – Président : Pierre-Michel BLAIS,
Les Douvelles, route de Salernes, 83 570 ENTRECASTEAUX [email protected] - http://sfoprovence-alpescotedazur.jimdo.com/
SFO POITOU-CHARENTES ET VENDÉE (16-17-79-85 et 86) Président : Jean-Claude G UÉRIN , 45 Grand’ Rue, 79 200 LA
PEYRATTE – [email protected] - http://www.
orchidee-poitou-charentes.org/
SFO PYRÉNÉES EST (09-11-31-66) – Présidente : Roselyne BUSCAIL,
12 Allée des Argelats, 66 180 VILLENEUVE DE LA RAHO [email protected]
SFO RHÔNE-ALPES (01-07-26-38-42-69-73 et 74) – Président :
Michel S ÉRET , 11 chemin du Poirier, 74170 SAINT-GERVAIS [email protected] - http://sfo.rhonealpes.free.fr/
SFO STRASBOURG – AROS – Président : Brigitte REDONNET, 12 bis
Le Canal, 67 120 WOLXHEIM - [email protected] - http://aros.
asso.fr/home.php
Sociétés adhérentes et correspondantes
ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LE JUGEMENT D’ORCHIDÉES (AFJO)
Président : Albert FALCINELLI – [email protected] 1 rue du bastion Montmorency, 11 370 LEUCATE - www.afjo.org
ASSOCIATION PIXIFLORE
Présidente : Caroline LAHMEK - [email protected] - 11 rue Pierre Curie, 94 120 FONTENAY-SOUS-BOIS –
http://www.pixiflore.com
GROUPEMENT MIDI-PYRÉNÉES DES AMATEURS D’ORCHIDÉES (GMPAO)
Présidente : Denise ROUCOULE – [email protected] - 37 rue de l’Autan blanc, 31 214 L’UNION –
http://www.gmpao.org
ORCHIDÉES ET PLANTES EXOTIQUES D’AQUITAINE (OPEA)
Présidente : Christiane MERLO – [email protected] - Maison des Associations, 33520 BRUGES –
http://opea.free.fr
SOCIÉTÉ MÉDITERRANÉENNE D’ORCHIDOLOGIE
Président : Roland MARTIN – 04 250 LA MOTTE DU CAIRE
SOCIÉTÉ ORCHIDÉES LOIRE OCEAN (SOLO)
http://www.orchidees-loire-ocean.fr
ORCHIDÉES D’EUROPE
311
Orchisauvage.fr dans la dernière ligne droite
Philippe FELDMANN ––––––––––––––––––––––– 305
Certificat d’inscription à la Commission Paritaire n° 0912G86986
Prépresse : QUETZAL, 28 rue des Cailloux, F-92110 Clichy-la-Garenne, 01 47 30 24 48. Imprimé en France.
© SFO – Paris – Dépôt légal décembre 2013 – ISSN : 0750-0386
ORCHIDÉES D’EUROPE (suite)
Description de deux nouveaux hybrides d'Ophrys en
Aveyron
André SOULIÉ & Romieg SOCA ––––––––––––––––– 311
Dernières découvertes et observations en France
Gil SCAPPATICCI –––––––––––––––––––––––––––– 339
SOCIÉTÉ FRANÇAISE
D’ORCHIDOPHILIE
Association sans but lucratif
régie par la loi du 1er juillet 1901
Agréée par le Ministère de l’Écologie
et du Développement durable
Adhérente à :
– l’EOC (European Orchid Council) ;
– la FFSN (Fédération Française des
Sociétés de Sciences Naturelles) ;
– la SNHF (Société Nationale
d’Horticulture de France).
Siège social: 17, quai de la Seine,
75019 PARIS,
Tél. 01 40 37 36 46 (répondeur)
[email protected]
www.sfo-asso.com
Quatre numéros par an
Directeur de la publication
Pierre LAURENCHET
Rédacteur
David LAFARGE
COIN DES ARTISTES
Les tableaux d’Henriette LECOUFLE
Marcel LECOUFLE & Nicole BORDES –––––––––––– 301
EN SAVOIR PLUS
• Les bienfaits de la lumière chez Orchis purpurea
• Les Dactylorhiza du groupe majalis en Grande-Bretagne :
une nouvelle approche…
• Platanthera bifolia var. kuenkelei en Sardaigne
Pierre AUTHIER–––––––––––––––––––––––––––––– 363
ORCHIDÉE-CLIC
• Orchidées nature
• Exposition virtuelle d'orchidées tropicales
Philippe DURBIN––––––––––––––––––––––––––––– 373
VIE DE LA SOCIÉTÉ ET INFORMATIONS
Informations –––––––––––––––––––––––– 290, 292, 296, 366
Notes de lecture ––––––––––––––––––––––––––––––––––296
Vient de paraître –––––––––––––––––––––––––––––378, 379
Comité de rédaction
Jean-Pierre AMARDEILH
Pierre AUTHIER
Nicole BORDES
Pascal DESCOURVIÈRES
Jean-Michel HERVOUET
Hélène RODRIGUEZ
EXPOSITIONS ET MANIFESTATIONS
L’écho des expositions –––––––––––––––––––––––––––– 357
Calendrier
Michel LE ROY ––––––––––––––––––––––––––––––– 375
Photographie de première
de couverture :
Dendrobium amabile, une espèce
longtemps considérée comme disparue dans la nature et maintenue en
culture dans les établissements Marcel
LECOUFLE (Photo D. LAFARGE).
La préparation de L’Orchidophile, la rédaction des articles
et leur illustration (cartes, photographies, dessins…) sont
entièrement assurées par des bénévoles.
Les articles publiés engagent exclusivement la responsabilité de leurs auteurs.
Les insertions publicitaires n’engagent pas la responsabilité de la rédaction.
La rédaction est libre d’accepter, d’amender ou de refuser
les manuscrits qui lui sont proposés. Elle peut être amenée
à remplacer ou supprimer les clichés ou illustrations de qualité insuffisante.
La reproduction partielle ou totale des articles publiés dans
L’Orchidophile n’est autorisée que sous réserve de l’accord
préalable des auteurs et de la rédaction.
289
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
INFOS
COLLOQUE SFO, BLOIS 2014
La SFO organise son 16e colloque à Blois, à la Halle aux
Grains, avec le soutien de la Société botanique de France, les
1er et 2 mars 2014. Nous vous
attendons nombreux à ce rendez-vous des orchidophiles.
Une exposition d'orchidées
aura lieu en même temps. Le
thème majeur du colloque qui
porte sur « Quel avenir pour les orchidées dans leur
milieu ? » concerne la plupart des travaux menés sur
les orchidées. Les informations pour les inscriptions
au colloque sont données sur le site de la SFO
http://www.sfo-asso.com, toute personne intéressée peut
s’y inscrire. Le programme prévisionnel des communications est également disponible sur le site.
Vous pourrez y échanger vos découvertes et vos idées.
BIENVENUE !
On entend trop souvent parler de fermetures de
producteurs, alors toutes nos félicitations à nos amis
Dimitri BONTE et Vincent OGER, que vous avez peutêtre déjà rencontrés chez Marcel LECOUFLE, pour le
lancement de leur nouvel établissement de production-vente d’orchidées, inauguré le 14 septembre à
Brunoy (91), Les Orchidées du Val d’Yerres.
Nous leur souhaitons tout le succès qu’ils méritent.
http://www.lesorchideesduvaldyerres.fr.
SITE PARTICIPATIF
La SFO a lancé, depuis déjà plusieurs mois, des démarches pour la création d’un site internet participatif de collecte et de partage de données naturalistes
dédié aux orchidées de France métropolitaine. Nous
comptons maintenant sur tous les orchidophiles
amoureux des sorties sur le terrain pour alimenter
la base de données du site Orchisauvage.fr et ainsi
faire avancer les connaissances de l’orchidoflore
française. Notre collègue Philippe FELDMANN, responsable de ce projet pour la SFO, se tient, avec les
membres du comité assurant son lancement, à la disposition des volontaires pour expliquer la marche à
suivre. Vous trouverez plus d’explications sur ce projet dans ce numéro en page 305.
290
21E CONFÉRENCE MONDIALE
La Conférence qui aura
lieu à Johannesburg
(Afrique du Sud) en septembre 2014 se précise.
La liste des conférenciers
est aujourd’hui connue
et disponible sur le site internet dédié à la conférence. Un seul intervenant francophone au programme : le rédacteur de notre revue. David LAFARGE
y fera une présentation sur le genre Phalaenopsis et
sa culture. Encore une preuve de l’image de sérieux
et du dynamisme de notre Société à l’international.
Tenez-vous informés des dernières nouvelles de la
conférence sur www.woc21.org.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Dans notre numéro 197, Varia AGUSTIN décrivait une
nouvelle espèce dans le genre Trichosma. La légende
de la figure 1 indique des lobes latéraux falciformes
triangulaires, érigés et aigus. Pascal DESCOURVIÈRES
nous fait remarquer que la photographie laisse penser que les lobes latéraux du labelle sont plutôt arrondis. Malheureusement, le décès brutal de l’auteur
ne nous permet pas d’approfondir cette question
avec lui.
APPEL
Appel aux bonnes volontés et aux petites mains.
Notre Société fonctionne uniquement grâce au bénévolat de ses membres actifs. Nous manquons actuellement de mains et de bonnes volontés, que ce
soit pour la gestion des affaires courantes et des
stocks d’ouvrages de notre siège ou pour l’organisation et la présence lors des expositions. Agnès MÉTIVIER et Michel LE ROY comptent donc sur vous pour
venir les aider. Toutes nos activités se déroulent dans
la bonne humeur et la convivialité. Sans vous, notre
Société ne pourra pas continuer à se développer et
proposer de nouvelles activités ou services. Si le siège
est situé à Paris, nos amis provinciaux sont les bienvenus également ! Adressez vos propositions de service au secrétariat de la SFO, qui transmettra aux
personnes concernées ([email protected]).
Heureuse
année 2014
Dactylorhiza fuchsii,
photographié sur la presqu'île
de Crozon en juillet 2013 (Photo
L. MONTEL).
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
INFOS
COURS DE BOTANIQUE
Attention ! Le cours de botanique de la SFO est reporté à la prochaine rentrée (début novembre 2014
- mars 2015). En effet, notre collègue Pierre AUTHIER,
qui en assure l’essentiel, sera absent de la région parisienne une grande partie du temps, entre novembre 2013 et mars 2014…
Nos excuses aux collègues déjà inscrits… mais ce
n’est que partie remise : patience donc et à novembre 2014 pour partager ensemble le plaisir de mieux
connaître les fleurs. Les personnes a priori intéressées par ces cours (dans une année donc) sont priées
cependant de contacter la SFO dès que possible, sans
engagement de leur part, pour prévoir le type de salle
nécessaire.
Rappelons que ces cours se déroulent le samedi de
10 h 00 à 16 h 30 environ (avec pause déjeuner évidemment), à Paris et ce durant 6-8 samedis, entre les
mois de novembre et mars. Pour ces 35 heures environ, il sera demandé au total la modique somme de
30 euros par personne (financement des photocopies distribuées, plus bénéfice minuscule pour la
SFO)… Voir L’Orchidophile 198, page 254.
Contacts : [email protected] ou encore authier.pierre
@wanadoo.fr
292
TRISTE DISPARITION
Robert LAVIGNE (1925-2013) s’est éteint le 18 septembre après plusieurs années de souffrances physiques
et morales. Trésorier-adjoint de 1987 à 2008, il faisait
partie de ces bénévoles qui consacrèrent la majeure
partie de leur temps aux activités de la SFO : expositions (préparation et tenue des stands), voyages,
cartographie (il a rempli des centaines de fiches à lecture optique)… à l’époque où tout se faisait sans l’informatique. Il fut surtout le principal artisan (avec son
fils Jean-Pierre trop tôt disparu) de l’aménagement
du local parisien du 17 quai de la Seine. Nous n’oublierons pas tout ce que la SFO lui doit.
NOUVEAUX TARIFS
Le Conseil d’Administration de notre Société a décidé,
le 5 octobre 2013, de relever de 2 € les tarifs d’adhésion. Le tarif de l’abonnement reste, lui, inchangé pour
l’année à venir. Vous retrouverez la nouvelle tarification en fin de bulletin. Pensez à renouveler rapidement
votre adhésion/abonnement, cela facilite grandement la gestion pour notre équipe administrative toujours dévouée. Pour les professionnels souhaitant diffuser de la publicité, des tarifs ont également été aménagés. Contactez la Rédaction pour obtenir les détails.
L’éditorial
Par Pierre Laurenchet
Marcel LECOUFLE vient de souffler ses 100 bougies
Il y a un siècle, Madame Henriette LECOUFLE née VACHEROT donnait naissance à un garçon,
il fut prénommé Marcel. Certains naissent dans les choux, vous êtes né, cher Marcel, dans les
orchidées et cette fleur ne va plus vous quitter.
A
u sortir de la seconde guerre mondiale vous créez votre propre société, les établissements Marcel LECOUFLE, suivant en cela la voie
tracée par votre père Maurice
Étienne LECOUFLE, sorti major de l’école supérieure d’horticulture de Versailles. La construction de huit serres, bientôt complétée par un laboratoire vous permettra de produire de la
plante en pot et de la fleur coupée. 30 000 fécondations d’orchidées dont 200 hybrides enregistrés dans la Sander’s List sortiront de vos
établissements. À partir des travaux du Français
George MOREL, vous avez été un des précurseurs
de la culture de méristèmes. Mais votre passion pour la botanique vous a conduit à la culture d’autres plantes. Citons quelques familles
et genres cultivés dans vos serres : Aracées, Broméliacées, Caladium, plantes carnivores, Hoya,
Tillandsia etc.
La découverte des plantes « in situ » vous a permis de parfaire vos connaissances. Voyageur infatigable, vous avez traversé les océans à la recherche de nouvelles espèces, Amérique du
Sud, Afrique, avec une prédilection particulière
pour Madagascar. Chaque voyage était l’occasion
de rapporter une moisson de photographies qui
faisaient l’émerveillement des membres de la SFO
lors des projections au FIAP et tout particulièrement les projections en relief.
Vous avez toujours cherché à transmettre votre
savoir à travers les nombreuses manifestations
auxquelles vous avez apporté votre concours :
expositions, congrès mondiaux, conférences à
Durban en Afrique du Sud, à Medellin en Colombie, Londres, Bangkok, Tokyo et tant d’au-
tres, sans oublier la publication d’ouvrages illustrés par vos photographies :
1956 - Orchidées par Marcel LECOUFLE et
Henri ROSE, éditeur Maison Rustique, 75 005
Paris.
1981 - Orchidées exotiques par Marcel LECOUFLE, éditeur Maison Rustique, 75 005 Paris.
1989 - Plantes carnivores comment les choisir
et les cultiver par Marcel LECOUFLE, éditeur
Bordas, 75 013 Paris.
2004 - Le traité des orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières
2005 - Orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières.
2006 - Fabuleuses orchidées par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières.
2006 - Plantes carnivores par Marcel LECOUFLE, éditeur Artémis, 63 400 Chamalières.
2011 - Les Orchidées de Madagascar par Jean
BOSSER et Marcel LECOUFLE, éditeur Biotope,
34 140 Mèze.
Et ce n’est pas fini puisque vous avez en préparation un ouvrage sur les Broméliacées, en collaboration avec Albert ROGUENANT.
Pour compléter cette liste, nous avons répertorié au moins 55 articles publiés dans notre bulletin « L’Orchidophile », « Orchids » (AOS) et
« Orchid Review » (RHS).
Il est difficile de vouloir résumer un siècle consacré à l’Orchidée, mais tout le monde de l’orchidophilie française et hors de l’hexagone sait
combien vous vous êtes dépensé pour faire
connaître, aimer et protéger cette fleur magnifique qui sait garder une aura de mystère et
d’exotisme.
293
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Vous êtes un membre fondateur et Président
d’Honneur de la SFO. Aussi elle tient à vous exprimer, à travers ce bulletin, toute sa reconnaissance.
su garder un esprit d’ouverture et une disponibilité d’écoute qui vous ont permis d’être un
des grands de l’orchidée exotique, reconnu et
salué sur tous les continents.
Malgré les vicissitudes de la vie qui ne vous ont
pas épargné, guidé par votre passion, vous avez
Pierre LAURENCHET
Président de la SFO
Un mot du Rédacteur
N
ontron (Dordogne) - Boissy-SaintLéger. Six heures. Six heures, c’est le
temps qu’il m’a fallu, à quinze ans,
pour me rendre pour la première
fois à Boissy-Saint-Léger pour admirer la fabuleuse collection d’orchidées de Marcel LECOUFLE. Pour le tout jeune orchidophile encore
inexpérimenté que j’étais alors (inexpérimenté,
je continue de l’être), c’est un moment qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire.
Comment ne pas s’émerveiller à la découverte
d’un lieu aussi emblématique et qui tient ses
promesses ?
À l’époque, toutes les chapelles étaient accessibles librement au public, y compris les serres
de production « du haut » qui seront par la
suite fermées après les intempéries qui les
avaient rendues dangereuses (et des vols commis par certains visiteurs peu scrupuleux). Plusieurs heures m’ont été nécessaires pour
simplement faire un tour complet des lieux. Jamais, dans ma toute jeune vie d’orchidophile, je
n’avais imaginé une telle accumulation de
plantes, toutes plus désirables les unes que les
autres. D’ailleurs, pendant les six jours passés à
l’époque à Paris, je suis retourné cinq fois à
Boissy, ne me lassant pas d’admirer les différents spécimens présentés.
Je pense aujourd’hui, plusieurs années après,
que ma passion pour les orchidées est née de
trois événements principaux : un cadeau tout
d’abord, un Oncidium « pluie d’or » accompagné du hors-série de l’Ami des Jardins consacré
aux orchidées ; la découverte des orchidées indigènes dans le jardin Limodore en Dordogne
294
avec Ingrid VON RAMIN et, enfin, cette première
visite des établissements Marcel LECOUFLE à
Boissy-Saint-Léger. Depuis, l’Oncidium n’a pas
survécu, mais les orchidées de Limodore sont
toujours prospères, les serres de Marcel ont
fermé leurs portes mais ma passion a grandi,
m’amenant aujourd’hui à avoir la chance de
participer à l’aventure de L’Orchidophile ou à
d’autres projets de la SFO.
Pour moi, Marcel LECOUFLE représentera toujours l’exemple même de l’orchidophile. Un
passionné qui va toujours plus loin dans sa soif
de découvertes tout en restant humble face à
l’immensité de cette famille végétale si particulière. Auteur de très nombreux ouvrages, photographe chevronné, cultivateur exceptionnel,
explorateur… On ne compte plus les compétences de Monsieur LECOUFLE, comme on l’appelait dans ses serres de Boissy.
Au fil des années, j’ai arrêté de tenir le compte
de mes visites, des discussions avec Marcel, Geneviève, Vincent, Dimitri ou Charles. Une
équipe compétente, composée avant tout par
des passionnés ne comptant pas leur temps
pour partager leur enthousiasme et leurs astuces de culture. Cependant, c’est toujours avec
une certaine émotion que j’ai poussé la porte
d’entrée, attendant à chaque fois de découvrir
une orchidée que je n’avais jamais pu observer
en fleurs. J’ai rarement été déçu !
La maladie qui a emporté Geneviève a précipité
la fermeture de l’établissement en novembre
2011. Résidant à l’époque à Paris, je n’ai pas hésité une seconde lorsqu’on m’a proposé de
« donner un coup de main » pour les derniers
Marcel LECOUFLE souffle 100 bougies
jours d’ouverture. Il s’agissait de vendre le plus
de plantes avant la coupure du chauffage des
serres, pour sauver le plus grand nombre de
spécimens possible. La vision des grandes serres
largement vidées, des allées finalement larges
(quand les plantes ne les envahissaient plus), les
serres de production, celles « du haut » vides
elles aussi, la décoration de la boutique en cours
de démontage… La fin d’une époque se déroulant sous mes yeux. Difficile, dans ces conditions, de ne pas ressentir une certaine tristesse
pour la fin d’une telle aventure humaine et orchidophile.
Depuis, j’ai eu d’autres contacts avec « Monsieur LECOUFLE » et à chaque fois, je suis impressionné par sa très grande vivacité d’esprit
et la somme colossale de projets qu’il a en tête !
Il est rare qu’il n’évoque pas la rédaction d’un
ouvrage supplémentaire, ajoutant encore à sa
foisonnante bibliographie. Malgré toutes les
épreuves qu’il a pu traverser, il regarde vers
l’avenir, éternel jeune homme passionné par les
orchidées.
Alors, Monsieur LECOUFLE, permettez-moi
aujourd’hui de vous appeler simplement Marcel pour vous souhaiter chaleureusement un
heureux anniversaire avec un peu de retard et
vous remercier pour tout ce que vous avez
apporté aux orchidophiles français et à la SFO.
Cent ans d’une vie dédiée à l’orchidophilie, cela
ne pouvait pas passer inaperçu et par conséquent, ce numéro vous est dédié, avec des
articles se rapportant à votre famille ou aux
plantes que vous avez cultivées, mais aussi des
compte-rendus de voyages, rendant hommage
à votre vie d’explorateur.
David LAFARGE
Rédacteur en chef
de L’Orchidophile
295
L’Orchidophile 198, Septembre 2013 (3)
NOTES DE LECTURE
Berichte aus den Arbeitskreisen Heimische Orchideen 29(2) 2012 (publié 2013)
Berichte aus den Arbeitskreisen
Heimische Orchideen, 30(1) 2013
Outre la description
d’Ophrys mammosa
subsp. parviflora Kreutz
& H. Heitz, un taxon à
petites fleurs trouvé en
Epire et en Macédoine,
dans le Nord de la Grèce
(C.A.J. KREUTZ), la typification d’Orchis durandii
(W. ECCARIUS), les récits
des découvertes de nombreux Epipactis pontica
dans le Land autrichien de Styrie (D. JAKELY et
H. KÖNIGHOFER) et de Ophrys araneola en Bavière,
où il est nouveau pour le nord de la Franconie
(A. RIECHELMANN), on pourra aussi découvrir
dans ce fascicule les présentations d’orchidées
ukrainiennes de Crimée observées en 2011 et
2012 (W. HAHN), d’un voyage fait à Ibiza (Baléares) en 2012 (A. RIECHELMANN), des espèces
Autrichiennes du genre Orchis (N. GRIEBL),
ainsi que celle des caractéristiques des semences
des espèces d’orchidées de la République
autonome des Komis, en Russie d’Europe
(I. KIRILLOVA).
Dans ce petit opuscule, W.
HAHN et al., nous présentent Orchis purpurea (l’orchidée de l’année 2013),
H. PRESSER nous montre
les orchidées qu’il a pu
observer en Sicile à Noël
2012 (Barlia robertiana et
Ophrys forestieri), et H.
WEYLAND nous fait découvrir les pollinisateurs respectifs d’Ophrys parvimaculata et d’Ophrys untchjii (à savoir, respectivement, Eucera nigrescens et Eucera clypeata ;
observations faites en Istrie d’où est aussi signalé
pour la première fois Corallorhiza trifida). Par ailleurs, R. FELDMANN et L. FINKE révèlent leurs études
des parties souterraines de certaines orchidées de
Thuringe (Allemagne), et W. HEINRICH propose
un recensement d’articles relatifs à l’écologie et à
la dynamique de populations d’orchidées indigènes (environ 330 références concernant près de
80 taxons).
Olivier GERBAUD
[email protected]
INFOS
ou en appartement ! Nous cherchons également des
auteurs pour des compte-rendus d’expositions, simNous cherchons de nouveaux auteurs. En plus des ples visiteurs ou organisateurs, c’est l’occasion de
bonnes volontés nécessaires pour faire tourner l’as- faire connaître votre association locale.
sociation, la revue est également demandeuse de
plumes ! Si notre stock d’articles concernant les orHORS-SÉRIE N° 2
chidées exotiques est actuellement assez confortable, nous manquons d’auteurs pour nos orchidées Notre Comité de Rédaction a décidé de publier un
indigènes. Passez outre votre angoisse de la page nouvel opus hors-série qui paraîtra au printemps
2015. Le thème retenu, après le Cypripedioideae, est le
blanche et proposez-nous vos articles.
Tous les sujets relatifs aux orchidées nous intéressent, genre Cattleya et les genres alliés. En effet, ce groupe
qu’ils soient destinés à des orchidophiles avertis ou de plante a été l’objet de profonds remaniements
aux débutants. Aucune raison, donc, d’avoir des taxinomiques et nous souhaitons offrir à nos lecteurs
complexes. Parlez-nous d’un genre ou d’une espèce une remise à jour de leurs connaissances sur ces
en particulier ou bien racontez-nous votre dernière plantes très souvent présentes dans les collections
sortie sur le terrain ou vos astuces de culture en serre d’amateurs.
CHERCHONS AUTEURS
296
Une orchidée en voie d’extinction :
Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas
Pascal SAUVÊTRE*
SAUVÊTRE P., 2013.- A highly endangered orchid species: Angraecum longicalcar (Bosser) Senghas.
L’Orchidophile 199: 297-300.
Dans le cadre du centenaire de Marcel LECOUFLE, Pascal SAUVÊTRE, qui travaille à la
conservation de la collection d’orchidées du Sénat, relate l’histoire d’une plante
importante dans la collection et pour notre grand orchidophile. Angraecum longicalcar
est une espèce menacée dans la nature, à Madagascar et des efforts sont faits pour la
préserver en culture, efforts dont Marcel LECOUFLE est l’un des pionniers.
Résumé.– La collection d’orchidées du Jardin du Luxembourg, qui entoure le Sénat, à Paris, est l’une des
plus importantes en France. Cette structure publique conserve certaines espèces devenues très rares
dans la nature, dans le but de les multiplier et de conserver ce patrimoine génétique inestimable. Les
échanges avec d’autres collections publiques ou privées sont nombreux, notamment avec les établissements Marcel LECOUFLE. C’est donc de l’une des espèces mise en culture et multipliée par Marcel LECOUFLE dont l’auteur nous parle dans cet article.
Mots clés.– Angraecum longicalcar ; Angraecum ; Marcel LECOUFLE ; Sénat ; Jardin du Luxembourg; collection d’orchidées ; conservation.
Abstract.– The orchid collection of the Jardin du Luxembourg, next to the french Senate in Paris, is one
of the most important in France. This public collection conserves some highly endangered species in the
wild, with the main goal to multiply them and to preserve this priceless genetic diverstiy. The collection
has exchanges programs with other public or private collections around the world, among which Lecoufle’s
orchid nurseries. In this article, the author describes Angraecum longicalcar, introduced in cultivation and
reproduced by Marcel LECOUFLE, who’s honoured in this issue, dedicated to his centenary..
Key words.– Angraecum longicalcar; Angraecum; Marcel LECOUFLE; Jardin du Luxembourg orchid collection: conservation.
Introduction
Le Jardin du Luxembourg a entretenu pendant plus de soixante ans une relation privilégiée avec l’entreprise horticole de Marcel
LECOUFLE ; de nombreux échanges furent organisés, que ce soit majoritairement des orchidées
ou d’autres plantes tropicales tels les bégonias,
Broméliacées, Anthuriums et Caladiums.
L’intérêt de Marcel LECOUFLE pour les orchidées malgaches est ancien. Il fut pendant longtemps le seul à les collectionner et les cultiver.
Son souci de participer à la préservation de
cette flore particulière a été continuel. La présence d’un laboratoire in vitro au sein de son
entreprise a permis la multiplication de ces or-
chidées ; il y avait ainsi, 144 Angraecum longicalcar en culture courant 1996.
Le Jardin du Luxembourg possède depuis
fort longtemps des spécimens de la région des
Mascareignes ; on peut citer Angraecum eburneum de La Réunion dès 1860. Il était logique
que les deux collections se retrouvent sur cet
objectif commun. Cependant dans le cas de
notre Angraecum longicalcar, l’acquisition ne
fut pas réalisée directement avec Marcel LECOUFLE mais ultérieurement avec le Muséum de
Paris. Quoi qu’il en soit, ces échanges entre collections ex situ ne poursuivent qu’un seul
but honorable : la connaissance et la sauvegarde
des espèces menacées dans leur milieu naturel.
297
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 1.– Angraecum longicalcar dans la serre de
collection, Jardin du Luxembourg, (Photo P. SAUVÊTRE,
copyright Jardin du Luxembourg-Sénat).
Origine et historique
Angraecum longicalcar a été découvert en 1963
près du lac Itasy situé à environ 75 km à l’ouestsud-ouest d’Antananarivo, au centre de Madagascar, par un pharmacien, M. GEFFRAY. Des spécimens ont été prélevés et certains expédiés en
France. Par la suite, le médecin militaire JeanPierre PEYROT a envoyé des graines à Marcel LECOUFLE afin d’assurer la multiplication et la commercialisation de cette espèce remarquable.
C’est l’agronome et botaniste Jean BOSSER,
de l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (Orstom) à Madagascar, qui
a décrit cette orchidée dans le bulletin botanique du Muséum de Paris, Adansonia, en
1965, en la nommant Angraecum eburneum
subsp. superbum var. longicalcar. BOSSER avait
alors écrit que « cette variété se distingue essentiellement de la sous-espèce par un port plus
trapu, et des fleurs à très long éperon. La longueur
de l’éperon atteint 30-40 cm alors que dans la
298
sous-espèce elle ne dépasse pas 6-8 cm ». Le nom
« longicalcar » employé pour cette variété signifie « long éperon » et effectivement aucune
autre espèce d’orchidées connue à ce jour ne
possède une telle pièce florale.
En 1986, le botaniste allemand Karlheinz
SENGHAS a élevé cette variété au rang d’espèce à
part entière dans la publication Die Orchidee.
Dans la nature, cette orchidée est épiphyte
ou lithophyte, vivant à une altitude de 1 000
mètres et plus, poussant au milieu d’une végétation xérophytique. Elle fleurit habituellement
en février.
Malheureusement depuis sa découverte, les
prélèvements abusifs pour satisfaire les collectionneurs puis les feux de brousse pour l’agriculture locale ont amené cette espèce au bord
de l’extinction. De nos jours, il n’y a plus aucun
spécimen autour du lac Itasy. Cependant, il
reste encore quelques individus, un peu plus
d’une centaine, sur le plateau rocailleux
d’Itremo, situé à environ 170 km au sud du
massif volcanique d’Itasy.
La situation de cette orchidée est délicate ; la
population est très faible et incidemment les
fruits se font rares. Il semble logique que le papillon pollinisateur soit lui-même victime de la
régression de cet Angraecum et des pratiques
agricoles.
L’International Union for Conservation of Nature (IUCN) a classé cette orchidée « en danger
critique », c’est-à-dire quasiment au bord de l’extinction dans la nature. Les Royal Botanic Gardens de Kew ont lancé un programme de réintroduction de l’espèce avec la collaboration du
Jardin botanique de Tzimbazaza à Antananarivo.
Ainsi quelques dizaines d’individus issus de culture in vitro ont été réimplantées en 2010.
Le spécimen du Jardin du Luxembourg
Dans la collection du Jardin du Luxembourg
Angraecum longicalcar est une orchidée parmi
les plus spectaculaires. Le grand développement
de la plante et son abondante floraison attirent
tout de suite le regard du visiteur.
Cette plante provient du Muséum de Paris
suite à un don en février 1990. Elle avait été auparavant offerte au Jardin botanique par
Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum longicalcar
Marcel LECOUFLE en 1964. Cette plante est ainsi
un des premiers spécimens cultivés en France,
provenant du site originel de la découverte.
Après plus de vingt années de culture au sein
de la collection d’orchidées du Jardin du Luxembourg, la plante mesure 1,45 mètre de hauteur.
La tige est dressée, forte et épaisse mais néanmoins assurée par un solide tuteur. Les feuilles
se répartissent, opposées, de part et d’autre de
cette tige. Elles sont rubanées, condupliquées, coriaces, avec un apex asymétrique et mesurent au
moins 80 centimètres de long pour 8,5 centimètres de large. Les inflorescences se développent
en fin d’été ou début d’automne. Elles sont dressées ou horizontales, mesurant de 80 centimètres à presque un mètre de longueur et portent
de neuf à onze fleurs. Les fleurs non résupinées
sont remarquables. Les pièces florales sont
épaisses ; les sépales et pétales vert clair mesurent
un peu plus de quatre centimètres de longueur
et le labelle blanc, cinq centimètres de largeur.
La pièce la plus étonnante est sans conteste l’éperon nectarifère qui mesure jusqu’à 35 centimètres de longueur pour ce spécimen.
Les fleurs sont odorantes toute la journée
mais de manière plus accentuée la nuit. C’est
une senteur plutôt agréable, difficile à bien définir, assez douce et un peu grasse, faisant penser à quelque fruit exotique mais aussi à l’odeur
de la cire de bougie. La longévité des fleurs est
de huit à dix semaines.
Ce spécimen avait été montré lors d’une exposition d’orchidées à Nancy, en novembre 2004.
Le jury de l’Association Francophone pour le Jugement d’Orchidées lui avait décerné le 1er prix
dans la catégorie « meilleures espèces ».
Multiplication au Jardin du Luxembourg
Nous nous sommes fixés pour tâche prioritaire la multiplication de cette orchidée emblématique. Trois plantes ont déjà été obtenues par
division en 2008 mais cela n’est pas suffisant.
Nous essayons surtout de produire des graines.
Une autopollinisation en 2012 a été réussie
mais malheureusement sans suite au laboratoire ; les graines devaient être stériles.
Cette année 2013, nous avons pu polliniser
notre spécimen avec un géniteur extérieur à la
Fig. 2.– Angraecum longicalcar dans la serre de collection, Jardin du Luxembourg,
(Photo P. SAUVÊTRE, copyright Jardin du Luxembourg-Sénat).
299
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 5.– Angraecum longicalcar in
situ probablement au bord du lac
Itasy, peu après la découverte de
M. GEFFRAY (Photo anonyme, archives Jardin du Luxembourg-Sénat).
Fig. 3, 4.– Angraecum longicalcar dans la serre de
collection, Jardin du Luxembourg, (Photo P. SAUVÊTRE,
copyright Jardin du Luxembourg-Sénat).
collection ; un spécimen âgé d’une quarantaine
d’années provenant des serres de Philippe
LECOUFLE. Nous voici dans l’attente des fruits.
Dans la perspective du succès de futurs
semis, les plantules produites seront réparties
entre différents jardins botaniques français et
étrangers, notamment celui de Kew, en Angleterre, qui nous en a fait la demande.
Quel avenir pour cette espèce?
En dehors du maintien de cette orchidée
dans quelques collections dispersées à travers le
monde, quel peut-être l’avenir pour une telle
orchidée dans la nature ?
Malgré une réelle volonté des instances internationales pour préserver le patrimoine végétal malgache que peut-on espérer sans une
implication des populations locales ?
Des actions en ce sens sont en cours grâce au
Kew Madagascar Conservation Centre
(KMCC) installé en 2003. On peut citer notamment le village de Mahavanona du district
d’Ambatofinandrahana qui participe dès 2007
à la préservation du massif d’Itremo. Depuis
2010, les habitants sont impliqués dans le
processus de réintroduction d’Angraecum
longicalcar et prennent soin des jeunes plantes
issues d’in vitro. Enfin, cette année 2013 a vu la
300
création officielle d’une aire protégée du « Massif d’Itremo » d’une superficie de 244,75 km2 et
cogérée par 8 Communautés de base (Coba) et
par le KMCC.
Ainsi l’espoir de sauvegarder la biodiversité,
que ce soit à Madagascar ou ailleurs, passe obligatoirement par l’accompagnement du développement des communes rurales. Il s’avère
indispensable de favoriser des pratiques culturales plus respectueuses de l’environnement.
On comprendra aussi dans ce cas précis le
rôle prépondérant des collections ex situ, privées ou publiques, en tant que « réserves génétiques ». Le Jardin du Luxembourg poursuit
modestement ce noble objectif, en continuité
de Marcel LECOUFLE et du Muséum de Paris.
BIBLIOGRAPHIE
BOSSER J., 1965.– Angraecum eburneum Bory
subsp. superbum (Thou.) H. Perr. var. longicalcar
var. nov. Adansonia, sér. 2, 5 : 408.
BOSSER J. & LECOUFLE M., 2011.– Les Orchidées de
Madagascar. Biotope Éditions, 196 p.
CRIBB P.J. & HERMANS J., 2009.– Field guide to the
Orchids of Madagascar. Kew Publishing, 456 p.
LECOUFLE M., 1996-1997.– Les Orchidées de Madagascar et leur culture. Hommes et Plantes. Revue
du CCVS (20) : 21-28.
RAJAOVELONA L. & RAHANTAMALALA J., 2010.– Sauver
l’orchidée : Angraecum longicalcar ! Songadina
(7) : 3.
*Pascal SAUVÊTRE
[email protected]
LE COIN DES ARTISTES
Les tableaux d’Henriette Lecoufle
Sur la base d’informations fournies par Marcel LECOUFLE,
portrait de l’artiste par Nicole BORDES*
LECOUFLE M., BORDES N., 2013.- Henriette LECOUFLE, orchids in art. L’Orchidophile 199: 301-304.
Pour ce numéro, « Le Coin des Artistes » prend une forme particulière, avec la
présentation de plusieurs tableaux peints par Henriette LECOUFLE, la mère de Marcel et
Maurice. Pas de représentation botanique ici, mais le point de vue d’une artiste sur les fleurs
qui l’entouraient et qu’elle aimait. Les cinq tableaux présentés ont été aimablement fournis
et commentés par Marcel LECOUFLE à la demande de Nicole BORDES, responsable de cette
rubrique et de Pierre LAURENCHET, président de notre Société. Nous n’avons pas souhaité, ici,
faire une description détaillée des plantes, comme nous le faisons habituellement. C’est donc
un petit « catalogue » des œuvres d’Henriette LECOUFLE qui vous est proposé, avec des
commentaires succincts sur les plantes représentées.
Henriette LECOUFLE a participé à plusieurs
expositions dans différentes galeries. En 1953,
une exposition de ses œuvres récentes a été organisée par la galerie Jean de RUAZ, à Paris
(Fig. 1). Parmi les nombreux visiteurs, il faut
noter la présence de la Duchesse de WINDSOR,
qui avait fait l’honneur de sa visite à l’artiste.
Les tableaux d’Henriette LECOUFLE s’inscrivent
dans l’école française à la suite des Impressionnistes, avec une touche caractéristique de la
peinture de cette époque.
Paphiopedilum delenatii (Fig. 2) présenté en
deux plantes fleuries, les hampes portant une
ou deux fleurs. Originaire du Tonkin, ce taxon
a été introduit en culture par le fleuriste Municipal d’Auteuil. Cette espèce longtemps très rare
a maintenant été redécouverte au Vietnam en
plusieurs variétés. La collection LECOUFLE a
longtemps conservé les seuls exemplaires
connus, qui sont les pied-mères de nombreux
hybrides à fleurs roses ou rouges. Paphiopedilum delenatii est bien connu des orchidophiles,
il est encore aujourd’hui le parent de la majorité des hybrides de Paphiopedilum roses. Depuis sa redécouverte, le taxon est à nouveau
Fig. 1.– Affiche de l’exposition.
301
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 2.– Deux plantes fleuries, originaires du Tonkin,
de Paphiopedilum delenatii.
Fig. 3.– Renantanda Titan (Renanthera imschootiana
x Vanda sanderiana) à gauche
et Renanthera imschootiana à droite.
302
menacé par l’exploitation abusive des forêts,
mais aussi le pillage systématique des stations
par des braconniers peu scrupuleux, impatients
de satisfaire la demande des collectionneurs occidentaux ou japonais en particulier. Encore un
exemple de ce que nous pouvons faire, comme
collectionneurs, pour limiter la disparition des
espèces dans la nature. De nombreuses plantes
sont disponibles dans le commerce et sont
issues de programmes de reproduction
artificielle. Elles se cultivent beaucoup plus facilement et ne mettent pas en danger les populations locales.
Le second tableau reproduit ici représente
Renantanda Titan (Renanthera imschootiana x
Vanda sanderiana) (Fig. 3) pour la hampe florale de gauche et le Renanthera imschootiana
(rouge) pour la hampe de droite. Ce tableau fait
apparaître le travail d’obtention qui a été mené
par la famille LECOUFLE au cours des années. On
voit bien que les fleurs de l’hybride sont plus
grandes et plus « pleines » que celles du parent
représenté. D’un autre côté, la couleur rouge est
apportée sur la base de Vanda (Euanthe)
Fig. 4.– Vase de Chine garni de grappes
de phalaenopsis blancs et roses et de
Vanda coerulea (au centre).
Les tableaux d’Henriette LECOUFLE
sanderiana. Ce tableau est un bon exemple du
travail d’Henriette LECOUFLE, qui a toujours
cherché à représenter des aspects particuliers et
emblématiques du travail des établissements
LECOUFLE tout en laissant libre cours à sa créativité artistique.
Notre troisième œuvre d’Henriette LECOUFLE représente un vase de Chine haut de 70 cm,
garni de grappes coupées de phalaenopsis
Henriette LECOUFLE (1888-1956). A suivi
les cours de l’école communale des filles de
Boissy-Saint-Léger jusqu’au Certificat d’Études.
Son écriture était remarquablement belle et elle
avait des dons pour le dessin. En 1912 elle
épouse Maurice-Étienne LECOUFLE (diplômé
major de l’École Normale d’Horticulture de Versailles en 1906), il meurt « au champ d’honneur » le 31 août 1914. Elle haïssait le mot
« veuve » mais ne s’est jamais remariée. Durant la Grande Guerre, elle s’est occupée de
ses deux fils mais aussi des cultures d’orchidées, avec son père Henri VACHEROT et sa
mère ; puis à ses heures libres, sa distraction
fut la peinture. Ses réalisations les plus anciennes, de 1920 à 1940, étaient en aqua-
blancs et roses et de Vanda coerulea bleu foncé
au centre (Fig. 4). De tels bouquets agrémentaient probablement très souvent les tables du
domicile familial et étaient l’occasion pour H.
LECOUFLE de s’adonner à sa passion pour la
peinture. Ce tableau est aussi la preuve que les
bouquets de phalaenopsis ou de vandas n’ont
pas fait leur apparition dans les années 1990,
mais bien plus tôt. L’attrait des orchidées
relle, plusieurs ont été éditées dans les Revues
Horticoles de l’époque. Elle a pratiqué cet art
avec Madame VÉRON, parente des CARDINET,
à Boissy. Vers 1930 sa rencontre avec Monsieur de MONTHOLON lui a ouvert la voie de la
peinture à l’huile. Ses toiles étaient de tailles
variées, depuis les contre-plaqués insérés
dans des boîtes portatives, fort utiles pour voyager, jusqu’aux tableaux qui pouvaient atteindre
1,50 ou 2 mètres. Elle s’est exercée dans ce
genre de peinture avec son style particulier
jusqu’en 1956. Ses œuvres ont été présentées
dans de nombreuses expositions.
*Nicole BORDES
[email protected]
303
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 5.– Composition florale de Miltonia (Miltoniopsis) et de quelques dendrobiums
à fleurs pourpres très sombres.
avec le tableau précédent ou avec cette
présentation florale de fleurs coupées
connues sous le nom de Miltonia (à
l’époque) ou Miloniopsis (maintenant)
et de quelques dendrobiums à fleurs
pourpre très foncé (Fig. 5). L’influence
des impressionnistes est ici très nette,
avec un travail sur la lumière et la couleur beaucoup plus que sur la forme.
Henriette LECOUFLE, cependant,
n’était pas sans ignorer la composition
des planches botaniques des XVIIIe et
XIXe siècles. Cette présentation de Laeliocattleya hybrides, mauve clair à
Fig. 6.– Laeliocattleyas hybrides et deux fleurs de Brassocatfoncé et deux fleurs de teinte cuivrée
tleya (à gauche) au labelle frangé.
(alors rares et recherchées) et, à gauche,
de deux fleurs de Brassocattleya (labelle
comme fleurs coupées ne s’est depuis lors ja- frangé) mauve pâle en est la preuve (Fig. 6). Le
mais démenti.
travail sur la couleur est ici tout à fait remarLes bouquets ont été un sujet important quable, laissant apparaître la grande variété de
dans l’œuvre d’Henriette LECOUFLE, que ce soit teintes pouvant exister chez les orchidées.
304
Orchisauvage.fr dans la
dernière ligne droite
Le site participatif de collecte et de partage de données naturalistes
sur les orchidées de France métropolitaine est en phase de test
Philippe FELDMANN*
Membre du Bureau de la SFO et coordinateur du GAdPro,
groupe d’administration provisoire du site orchisauvage.fr
Faisant suite à plusieurs années d’analyses et de réflexions sous l’égide de la commission
scientifique de la SFO et après un printemps et un été 2013 de développement intense, le
site en ligne Orchisauvage.fr est en phase de tests pour ajuster les derniers réglages avant
d’être ouvert à tous.
Sur le modèle développé par Biolovision,
notamment pour les vertébrés (oiseaux, mais
aussi mammifères, reptiles et amphibiens),
animé en France par le réseau Visionature de
sites régionaux mis en place par la LPO (Ligue
pour la Protection des Oiseaux), le site
Orchisauvage.fr utilise les outils Internet pour
faciliter la collecte et le partage d’observations.
Il présente l’originalité par rapport aux autres
sites existants de s’appliquer pour la première
fois à des plantes mais aussi sur la totalité du
territoire national en ne laissant donc aucun
vide pour fournir des observations, une des limites identifiées par nos prédécesseurs « animalistes ».
Chaque observateur pourra facilement saisir
la localisation de ses observations grâce à un
outil cartographique intégré, sans avoir besoin
de maîtriser de technique particulière autre que
pointer une localisation avec une souris, et saisir les espèces en choisissant le nom valide proposé par la SFO mais aussi avec la possibilité
d’utiliser la plupart des synonymes utilisés par
le passé ou aujourd’hui, permettant ainsi aux
non spécialistes de la nomenclature de contribuer. En effet le site Orchisauvage.fr ne sera pas
un lieu de débats taxinomiques, dont l’intensité est un secret des orchidophiles…
Il sera possible d’ajouter des informations
sur le stade de floraison, les effectifs ou toute
autre remarque si souhaité. La structure de la
base de données est d’ores et déjà prévue pour
permettre, à terme, de saisir des observations à
propos des nombreux hybrides existants chez
les orchidées européennes qu’ils aient été « baptisés » ou pas.
Mais une des principales qualités du système
est la transparence et le respect de l’observateur
qui sera libre de filtrer ou pas ses observations
et pourra à tout moment les importer sous
forme de fichiers informatiques à différents formats dont certains permettent une ouverture
305
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
UN PARTAGE D’INFORMATIONS
Orchisauvage est un site collaboratif de
partage de données d’orchidées de France
métropolitaine coordonné par la Société
Française d’Orchidophilie (SFO). Son principal objectif est le partage d’informations
à des fins de connaissances (notamment de
recherches) et de conservation. Des précautions sont donc prises pour assurer la sécurité des espèces et des milieux. Si vous
voulez participer activement à la connaissance et au recensement d'espèces d'orchidées, inscrivez-vous en cliquant sur
« J'aimerais participer » ! L'équipe d’Orchisauvage vous souhaite une bonne navigation et reste à votre disposition pour toutes
vos questions ou remarques !
N’oubliez pas également de cocher la case
pour participer au financement du site et de
son entretien à hauteur de 2 €. Vous trouverez cette nouvelle ligne dans le bulletin
de renouvellement d’adhésion.
instantanée sur une carte avec la localisation
des observations. Les visiteurs pourront également voir les observations faites par les autres
contributeurs au cours des quinze derniers
jours, voire sans limite de temps si ce sont des
observateurs réguliers, toutefois avec une précision actuellement limitée à la commune. Des
restitutions cartographiques de la présence de
chaque espèce sur une carte de France sont disponibles avec la même précision que sur l’atlas
national édité par la SFO.
Une attention prioritaire a été portée sur la
sécurité afin de préserver les espèces et leurs
milieux, notamment grâce déjà à la précision
des restitutions qui est limitée. Ainsi certaines
observations d’espèces sont systématiquement
protégées, donc non visibles par les tiers, par
exemple en ce qui concerne la rare et fragile Malaxis des marais (Hammarbya paludosa). Des informations sont déjà disponibles pour chaque
espèce sur le statut de protection nationale ou
régionale et les risques d’extinction (statut sur
la liste rouge nationale, ou régionale quand elle
existe) et d’autres pourront être ajoutées.
Un autre point important concerne la qualité des données avec une validation par un comité qui sera mis en place en rassemblant les
compétences nécessaires, notamment basé sur
le réseau des cartographes et orchidophiles de
la SFO.
Enfin, un code de conduite sur les conditions d’utilisation du site, traitant notamment
des questions d’utilisation des données et une
charte de l’orchidophile seront fournis afin de
permettre un fonctionnement efficace, respectueux des orchidées mais aussi des participants
qui pourront choisir la diffusion qu’ils autoriseront à leurs données. En effet, celles-ci pourront avoir un intérêt, notamment pour la SFO
et les SFO régionales, mais aussi pour des gestionnaires d’aires protégées ou pour les autorités environnementales, pour des questions de
connaissances, de sauvegarde et de protection
des orchidées, points sur lesquels la SFO est
particulièrement vigilante et indépendante
d’ailleurs de toute pression, ce site étant mis en
place en totalité sur ses fonds propres.
De nombreux autres aspects pourraient être
présentés mais, place à la découverte par
chacun. En attendant l’ouverture à tous de l’accès, voici une capture d’écran du site et, en encadré, le texte d’accueil. Rendez-vous, bientôt
sur www.orchisauvage.fr pour découvrir le site
et ses futurs développements.
*Philippe FELDMANN
[email protected]
306
Le rempotage des anguloas
Dr Henry OAKELEY*
OAKELEY H., 2013.- Repotting anguloas. L’Orchidophile 199: 307-310.
Le Docteur Henry OAKELEY est un spécialiste mondialement reconnu du genre Anguloa et
des genres alliés Lycaste, Sudamerlycaste et Ida. Pour L’Orchidophile, il a accepté de nous
parler d’un aspect important de la culture de ces plantes, le substrat et le contenant à choisir.
Fig. 1.– Cette plante atteint les bords du pot et doit
être rempotée (Photo H. OAKELEY).
Fig. 2.– Un pot rempli de racines
(Photo H. OAKELEY).
Résumé.– Présentation des besoins des espèces
du genre Anguloa pour le rempotage. Les questions de choix du contenant aussi bien que de
préparation du substrat sont évoquées.
Mots clés.– Orchidées ; culture ; substrat ; Anguloa.
Abstract.– How to repot anguloas? In this paper,
problems of pot size and volume, as well as compost composition are addressed.
Key words.– Orchids; cultivation; compost;
Anguloa.
La joie du rempotage des anguloas… Aucun
Anguloa de taille à fleurir qui se respecte ne se
plaira dans un pot de moins de 20 cm de diamètre, généralement 30 cm (Figures 1 à 3). Un
de mes Anguloa uniflora, plus que respectable,
est aujourd’hui dans un pot de 85 cm de diamètre, qui contient l’équivalent d’une demipoubelle de compost pour accueillir ses
quarante pseudobulbes. Il est peut-être un peu
au large, mais il s’en accommodera. Ma mère a
307
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 3.– Le rempotage amènera la nouvelle pousse
au centre du pot (Photo H. OAKELEY).
Fig. 4.– Le bonheur de découvrir les embryons de
pousses et hampes florales au début du mois de
mars (Photo H. OAKELEY).
d’ailleurs fait cette même remarque en m’offrant
un costume de soirée pour mon quinzième anniversaire et aujourd’hui, cinquante-six ans plus
tard, j’ai fait agrandir le pantalon de 5 cm à la
ceinture et la veste doublement boutonnée est
devenue simplement boutonnée. Les jambes ont
été raccourcies au cours de ma quarantaine,
puisque j’ai considéré que ma croissance était
probablement terminée !
Revenons-en à notre imposant Anguloa. J’ai
importé cette plante il y a une quinzaine d’années, et il s’agit en fait de la plante réintroduite
en culture par Manolo ARIAS au Pérou après
200 ans de « disparition » supposée. Au printemps, le moment où les pseudobulbes trapus,
sombres, presque noirs, dépourvus de feuilles
depuis deux mois émettent soudain de nouvelles pousses (larges et triangulaires), entourées des petites pointes qui deviendront des
hampes florales, est l’une de mes plus grandes
joies chaque année (Fig. 4).
Ils rédémarrent tous leur végétation au
même moment : Ang. virginalis, Ang. clowesii,
Ang. hohenlohii, Ang. cliftonii le miniature Ang.
dubia mais aussi toutes les autres espèces et hybrides. Seront-ils tous en fleurs à temps pour
l’exposition de Chelsea en juin ? On ne peut que
l’espérer. Je n’ai pas arrosé Ang. uniflora depuis
Noël et la pelote de racines était alors une masse
solide autour et à travers la perlite et la sphaigne
du substrat. Il est temps de rempoter (nous
sommes fin février/début mars) pour que les
nouvelles pousses s’installent dans le nouveau
compost.
Fig. 5.– Anguloa uniflora rempoté dans un contenant de 85 cm de diamètre (Photo H. OAKELEY).
308
Rempotage des anguloas
Fig. 6.– Lors du rempotage, attention aux fragiles
racines de certains genres. Il ne faut jamais les
laisser sécher. Installez-les dans du compost neuf et
humide dès que possible, sans quoi elles sècheront
et mourront (Photo H. OAKELEY).
Première étape : le monstre doit être retourné, tapoté et secoué pour le dégager du pot
initial. Deuxième étape : le nouveau contenant
étant beaucoup trop profond (c’est souvent le
cas des pots de grand diamètre), des pots plus
petits sont posés renversés au fond pour combler l’espace superflu. Troisième étape : la masse
de racines est placée au centre du pot sur les
contenants retournés et l’espace vide est comblé avec du compost. L’ensemble doit peser environ 50 kg lorsqu’il est sec, et je suppose que
j’aurai besoin d’aide pour le déplacer à nouveau
après arrosage (Fig. 5).
Je prépare moi-même mon substrat avec une
part de perlite pour une part de sphagnum de
Nouvelle-Zélande dans une bétonnière (il faut
ajouter beaucoup d’eau, sans quoi la production
de poussière est désastreuse). Le rempotage annuel de mes 700 lycastes occupe deux personnes
à plein temps pendant six semaines, mais j’arrive à me sortir seul des anguloas en un peu
moins de deux semaines. J’espère que les nouveaux pseudobulbes d’Ang. clowesii et Ang.
hohenlohii ainsi que ceux de la plupart des hybrides atteindront la taille d’une bouteille de vin
(sans le col). Il n’en va pas toujours ainsi. Anguloa brevilabris peut avoir des bulbes de la
taille de mon poing. Pour assurer une bonne
croissance tout au long de l’année, j’ajoute au
substrat un engrais solide à dissolution lente et
parfois un peu de terre de bruyère. S’il n’y a
Fig. 7.– Une plante importée racines nues auxquelles
il manque les poils absorbants (eau et sels
minéraux). La nouvelle pousse va souffrir et il faudra
plusieurs années à la plante pour se remettre
(Photo H. OAKELEY).
qu’un seul pseudobulbe actif, je laisse au moins
trois pseudobulbes dormants et j’élimine le
reste, toujours en faisant des paires de bulbes
anciens. Le vieux compost qui entoure les racines de la partie la plus ancienne de la plante
est totalement éliminé, mais celui qui est au niveau de la partie active de la plante est laissé en
place, pour ne pas déranger le front de croissance de la plante. Le plus vieux pseudobulbe
conservé est placé contre le bord du pot, avec le
plus récent en centre, ce qui laisse assez de place
à la plante pour deux années de croissance. Les
plantes avec plusieurs bulbes actifs doivent être
rempotées dans des pots assez grands pour ménager de la place pour deux années de croissance de chaque côté (Figures 6 & 7).
Les plus vieux bulbes sont empotés par
paires et certains repartiront dans les deux
309
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 8.– Des paires d’anciens pseudobulbes en plein
redémarrage (Photo H. OAKELEY).
Fig. 9.– Un jeune keiki apparaît au point d’abscission de la feuille au sommet d’un pseudobulbe d’Anguloa directement mis en pot pour permettre au keiki
de s’enraciner directement (Photo H. OAKELEY).
310
années qui suivent. Si la nouvelle pousse apparaît au sommet d’un bulbe, je rempote avec le
sommet de l’ancien bulbe juste sous la surface
du substrat pour que les racines de la nouvelle
pousse s’enfoncent directement dans le compost. Si les pousses apparaissent simultanément
à la base et au sommet des pseudobulbes, je les
place allongés sur le compost, mais je ne sépare
jamais les pousses avant qu’elles soient bien établies (Figures 8 & 9).
L’arrosage et la fertilisation commencent
alors sérieusement. Le compost ne sera jamais
laissé sec pendant les dix mois à venir. Il faut
seulement souhaiter que la période de repos au
sec, de fin décembre à début mars, ait suffisamment stimulé les plantes pour assurer une
floraison abondante, l’objectif principal du
moment étant d’obtenir les pseudobulbes les
plus vigoureux possibles et de larges feuilles
(100 x 30 cm) pour une floraison encore plus
belle et prolifique l’année suivante !
* Henry OAKELEY
[email protected]
Description de deux nouveaux hybrides
d'Ophrys en Aveyron
André SOULIÉ* et Romieg SOCA**
SOULIÉ A. & SOCA R., 2013.- Description of two new hybrids in the genus Ophrys
from Aveyron (Southern France). L’Orchidophile 199 : 311-318.
Le nom donné à l'espèce « ophrys de l’Aveyron » reflète bien l’exiguïté de l’aire de distri-
bution de la plante au moment de sa description en 1983, et il s'avère aujourd’hui, comme
pour tant d'autres espèces, inadéquat, quand cet « endémisme » de l’Aveyron a cessé de l'être
à la découverte de sa présence en Espagne en juin 1996 (HERMOSILLA & SABANDO 1996, 1998).
Nous présentons ici les hybrides déjà connus qu’elle produit avec les Ophrys syntopiques ainsi
que la description de deux nouveaux hybrides.
Résumé.– Localisation et identification de deux
nouveaux hybrides d'Ophrys aveyronensis.
Ophrys aveyronensis est une espèce très localisée en France, comme en Espagne. Toutefois ce
taxon s’hybride facilement avec de nombreux
Ophrys syntopiques.
Mots clés.– Orchidaceae ; Ophrys aveyronensis,
O. insectifera, O. santonica ; hybrides.
Abstract.– Description of two new hybrids of
Ophrys in Aveyron. Localization and identification
of two new hybrids of Ophrys aveyronensis.
Ophrys aveyronensis is a very localised species
in France and in Spain. However this taxon hybridizes easily with many syntopic Ophrys.
Key words.– Orchidaceae; Ophrys aveyronensis,
O. insectifera, O. santonica; hybrids.
Historique
Ce n’est qu’en 1983 que J.J. WOOD a individualisé l’ophrys de l’Aveyron comme sous-espèce
d’Ophrys sphegodes Mill. Auparavant, sa présence
était bien sûr connue de tous les botanistes herborisant dans sa région de répartition en France.
L’abbé COSTE le signalait comme étant Ophrys
fuciflora. En 1960, R. VIROT & G. AYMONIN le signalaient comme Ophrys arachnitiformis.
Localisation et écologie
En France O. aveyronensis est une plante de
pelouse calcaire xérophile à Buxus sempervirens
et Juniperus communis à l’étage des chênaies
claires thermophiles dans les vallées abritées du
bord sud-ouest du Causse du Larzac. L’aire de
répartition a une longueur de 45 km et une largeur de 6 à 12 km. Les orchidées associées
sont : Aceras anthropophorum, Anacamptis pyramidalis, Cephalanthera damasonium, C. longifolia, Dactylorhiza sambucina, Gymnadenia
conopsea, Himantoglossum hircinum, Limodorum
abortivum, Listera ovata, Ophrys apifera, O. aymoninii, O. funerea, O. insectifera, O. litigiosa,
O. lutea, O. passionis, O. scolopax, Orchis mascula,
O. militaris, O. morio, O. purpurea, O. simia,
O. ustulata et Platanthera bifolia. L’ophrys de
l’Aveyron y fleurit de la fin mai à la mi-juin, mais
on peut trouver des plantes en fleur jusqu’à
mi-juillet. L’altitude se situe entre (400) 450 m
et 750 (850) m. La liste des Ophrys syntopiques, ci-dessus, ouvre bien des espérances aux
chasseurs d’hybrides.
Les hybrides connus et leur localisation
Sept hybrides d’Ophrys, ayant pour un des parents Ophrys aveyronensis, ont été décrits de 1987
à 2005 (VAN LOOKEN 1987, 1989 ; HERMOSILLA &
SOCA 1999 ; LEWIN 2000 ; HERMOSILLA 2001 ;
SOCA 2005). Quatre l’ont été de France et trois
d’Espagne. Nous les présentons, ainsi qu’un autre non décrit, dans l’ordre chronologique de leur
description :
O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O.
scolopax Cav. (Ophrys ×bernardii Looken,
L’Orchidophile 18 (75) : 1211-1212. 1987).
311
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 1.– O. aveyronensis × O. scolopax. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon.
30 mai 2003 (Photo R. SOCA).
Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Romede-Cernon, 580 m 25.V.1986.
Autres lieux connus : Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le Bassy. 704 m ; Gallia,
Aveyron, Saint-Affrique, Les Escourbious.
625 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique,
Puech Alt. 615 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Coulon. 580 m ; Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Lebrou. 600 m ;
Gallia, Aveyron, Saint-Rome-de-Tarn, Puech
Grignou. 630 m ; Hispania, La Rioja, Ezcaray,
825 m ; Hispania, Burgos, Villasana de Mena,
bajo el Alto de Ro, cruce a Ventades, 550 m ;
Hispania, Burgos, El Cabrio, 750-800 m ;
Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad
de Montija, Bercedo, 660 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija,
Bercedo, 760 m. En Espagne le parent « scolopax » n’est ni O. scolopax s. str. ni le « scolopax » des Causses aveyronnais, il s’agit d’un
taxon à fleurs trois fois plus grandes et à floraison très tardive (Figures 1 et 2).
312
Fig. 2.– O. aveyronensis × O. scolopax. España.
Castilla y León. Burgos. Bercedo. 5 juin 2008
(Photo R. SOCA).
Iconographie : van LOOKEN 1987 : 1 212 ;
HERMOSILLA & SABANDO 1998 : 154 ; HERMOSILLA & SOCA 1999: 34 ; SOUCHE 2008 : 111.
O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O.
passionis Sennen [Ophrys ×costei Looken,
L’Orchidophile 20 (86) : 84-85. 1989].
Locus classicus : Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, 830 m 22.V.1988.
Autres lieux connus : Gallia, Aveyron, Cornus, Le Cabanis. 740 m ; Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le Bassy. 642 m ;
Gallia, Aveyron, Lapanouse-de-Cernon, Le
Bassy. 685 m ; Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, Le Bassy. 704 m ; Hispania, La
Rioja, Ezcaray, 825 m ; Hispania, La Rioja,
Valgañon, 990 m ; Hispania, Castilla y León,
Burgos, Fresneda de la Sierra Tirón, Alto de
Pradilla. 1 235 m (Fig. 3).
Iconographie : van LOOKEN 1989 : 85 ; HERMOSILLA & SABANDO 1998 : 154 ; SOUCHE
2008 : 113.
Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron
O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge × O.
exaltata Ten. subsp. castellana (Devillers & Devillers-Tersch.) Soca (Ophrys ×ayusoi C.E. Hermos. & Soca, Caesiana 13 : 35. 1999).
Locus classicus : Hispania, provincia Burgos,
prope Portillo el Cabrio, VN6471, 750 m.
23.V.1999.
Autre lieu connu : Hispania, Castilla y León,
Burgos, Merindad de Montija, El Cabrio.
700 m (Fig. 4).
Iconographie : HERMOSILLA & SOCA 1999 :
36 ; SOUCHE 2008 : 114.
Fig. 3.– O. aveyronensis × O. passionis. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon.
12 mai 2010 (Photo A. SOULIÉ).
O. aranifera Huds. × O. aveyronensis (J.J.
Wood) P. Delforge (Ophrys ×ezcaraiensis C.E.
Hermos. & Soca, Caesiana 13 : 36. 1999) (Fig. 5).
Locus classicus : Hispania, provincia La
Rioja, Ezcaray, 825 m. 24.V.1999.
Autres lieux connus : Hispania, Castilla y
León, Burgos, Merindad de Montija, Bercedo. 780 m ; Hispania, Castilla y León, Burgos, Merindad de Montija, El Cabrio. 700 m ;
Hispania, Castilla y León, Burgos, Fresneda
de la Sierra Tirón, Alto de Pradilla. 1 000 m.
Fig. 4.– O. aveyronensis × O. exaltata castellana.
España. Castilla y León. Burgos. Villasante. 23 mai
1999. (Photo R. SOCA).
Fig. 5.– O. aranifera × O. aveyronensis. España.
La Rioja. Valgañon. 2 juin 2008
(Photo R. SOCA).
313
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 6.– O. apifera × O. aveyronensis. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Saint-Affrique.
4 juin 2004 (Photo R. SOCA).
Fig. 7.– O. aveyronensis × O. ficalhoana. España.
La Rioja. Valgañon. 2 juin 2008
(Photo R. SOCA).
Iconographie : HERMOSILLA 2001: 57 ; SOUCHE 2008 : 112.
O. apifera Huds. × O. aveyronensis (J.J.Wood)
P. Delforge [Ophrys ×corvey-bironii J.-M. Lewin,
L’Orchidophile 31 (140) : 18. 2000].
Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Tiergues, 615 m. 23.V.1999 (Fig. 6).
Iconographie : LEWIN 2000 : 18 ; SOUCHE
2008 : 110.
O. aveyronensis × O. ficalhoana (Ophrys
×caballeroi C.E.Hermos., Estud. Mus. Cienc.
Nat. Alava 16 : 54. 2001).
Locus classicus : Hispania, provincia de la
Rioja, Ezcaray. VM9886, 825 m, 2.VI.2000.
Autre lieu connu : Hispania, La Rioja, Valgañon, 990 m (Fig. 7).
Iconographie : HERMOSILLA 2001: 57 ;
SOUCHE 2008 : 254.
Ophrys aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge ×
Ophrys funerea Viv. (Ophrys ×souliei Soca, Caesiana 24 : 21. 2005).
314
Fig. 8.– O. aveyronensis × O. funerea. France. MidiPyrénées. Aveyron. Saint-Affrique. 22 mai 2010.
(Photo R. SOCA).
Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron
Fig. 9.– O. aveyronensis × O. litigiosa. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Lapanouse-de-Cernon.
24 mai 2004 (Photo A. SOULIÉ).
O. insectifera que nous n’avons pas retrouvé
malgré de nombreuses prospections. C’est au
cours d’une promenade organisée le 19 mai
2007 au nord de Saint-Affrique par l’un de nous
(AS) pour faire découvrir les orchidées locales,
et en particulier l’ophrys de l’Aveyron, à
plusieurs amis de la région parisienne que fut
découvert l’hybride d’Ophrys aveyronensis et
d’O. insectifera. À l’ombre des chênes dans une
clairière, il y avait huit pieds d’O. aveyronensis
et dix pieds d’O. insectifera. Au milieu de cette
population trônait un pied élancé de leur hybride portant 2 fleurs ouvertes et 3 boutons.
L’hybride existe encore en 2012. Le 22 mai 2009,
deux autres individus de cet hybride furent découverts à quelque 500 mètres de là par JeanPierre DELMAS, orchidophile de Millau.
C’est avec plaisir que nous dédions cet hybride à Isabelle COLIN-TOCQUAINE pour la récompenser de cette belle découverte.
Ophrys ×colin-tocainae Soulié & Soca, hyb.
nat. nov. (O. aveyronensis (J.J. Wood) P.
Delforge × O. insectifera L.) (Fig. 10).
Locus classicus : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique, Puech Coulon. Alt. 582 m. UTM 31T
DJ 94/71. 25.V.2006 (Fig. 8).
Iconographie : SOUCHE 2005 : 21, 22, 23 ;
SOUCHE 2008 : 115.
O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O.
litigiosa E.G.Camus
Lieux connus : Gallia, Aveyron, Lapanousede-Cernon, Le Bassy, 800 m (Souche 1998,
Hermosilla & Soca, 1999) ; Gallia, Aveyron,
Saint-Affrique, Crassous, 620 m. (Souche
1998) ; Gallia, Aveyron, Saint-Rome-deCernon, lieu-dit Nouzet, 450 m (Soulié
24.V.2004) (Fig. 9).
Iconographie : HERMOSILLA & SOCA 1999 : 34.
Description de deux nouveaux hybrides
O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge ×
O. insectifera L.
Hans, Gerlind et Rüdiger KOHLMÜLLER (Erlangen) nous avaient indiqué la présence en
1988 au sud-ouest de Crassous (Gallia, Aveyron,
Saint-Affrique) de l’hybride O. aveyronensis ×
Fig. 10.– O. aveyronensis × O. insectifera. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Saint-Affrique. 22 mai
2010 (Photo R. SOCA).
315
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Descriptio : planta 28 cm alta ; folia basalia : 3,
folia : 4, in quibus bracteiformes : 1 ; flores : 2,
gemma floralis : 3 ; sepala viridia roseo suffuso
cum nervura viride in centro ; petala fusca
rubra, plana cum parallelibus marginibus ; labellum trilobum, pilis marginibus, bruneum
fuscum cum lato limbato sufflavo ; macula rectangula in labelli centro sita, brunea pallida
quam labellum clariora, clariora angusta marginea cincta ; labelli appendix minima, distincte
lacinia includum ; pseudo-oculi nigricans ; cava
stigmatica latiora quam alta ; moles polliniferae
luteae ; thecae aurantiacae. Floret : fine majo
mense.
Terra typica : Gallia, Aveyron, Saint-Affrique,
Les Clapeirous. Alt. 620 m.
Holotypus hic designatus : 28.V.2012. Leg
André Soulié in herb. MPU. sub n° RS.2012.
510.
Étymologie : ex nomine Isabelle Colin-Tocquaine hybrida dicitur.
Iconographie : in hoc op. : fig. 10.
Description : plante élancée haute de 28 cm ; 3
feuilles étalées et 1 bractéiforme sur la tige ; 2
fleurs et 3 boutons ; sépales vert suffusé de rose
à nervure centrale verte ; pétales brun rougeâtre, à bords presque parallèles ; labelle trilobé,
pileux vers l’extérieur, brun foncé avec large
marge brun jaunâtre ; macule centrale rectangulaire, brun clair, bordée d’un liseré plus clair ;
appendice minuscule inséré dans une grande
échancrure ; pseudo-yeux noirâtres ; cavité stigmatique plus large que haute ; masses polliniques jaunes ; loges de l’anthère orangées.
Étymologie : en hommage à son inventeur : Isabelle Colin-Tocquaine.
Écologie : clairière dans chênaie de Quercus pubescens Willd. avec Buxus sempervirens L., sur
substrat calcaire.
O. aveyronensis (J.J. Wood) P. Delforge ×
O. santonica J.M. Mathé & Melki.
Le 10 juin 2009 lors d’une promenade en
compagnie de Sylviane et Michel JÉGOU sur le
Plateau du Guillaumard dans l’espoir de voir
en début de floraison une belle station
d’Ophrys santonica.
316
Fig. 11.– O. aveyronensis × O. santonica. France.
Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 19 juin 2012
(Photo R. SOCA).
Avant de monter sur la partie la plus haute
du plateau, nous prospectons les lieux à l’ombre sous les vieux chênes. Ces endroits plus frais
sont propices à l’épanouissement des derniers
Ophrys aveyronensis. Effectivement à peine arrivés nous trouvons quelques pieds d’O. aveyronensis et Sylviane JÉGOU découvre aussitôt un
hybride entre O. aveyronensis et O. santonica
(Fig. 11). Nous avons revu cet hybride chaque
année, il existe encore en 2012. Ce bel hybride
présente des caractères intermédiaires des deux
parents présumés. À l’Ophrys de l’Aveyron il
emprunte la macule diffuse et à l’Ophrys des
santons un labelle allongé avec des gibbosités
ainsi qu’un appendice très développé (Figures
12 à 14). En 2012, sur la partie la plus haute du
plateau, nous avons vu d’autres hybrides sur le
lieu même où pour la première fois le 17 juillet
1988 l’un de nous (RS) a découvert O. santonica. Le plateau du Guillaumard est d’une richesse faunistique et floristique remarquable.
Pour l’inciter à persévérer dans ses recherches, nous dédions cet hybride à Sylviane
JÉGOU qui l’a découvert.
Deux nouveaux hybrides d'Ophrys en Aveyron
Ophrys ×jegouae Soulié & Soca, hyb. nat. nov.
(O. aveyronensis (J.J.Wood) P. Delforge × O.
santonica J.M. Mathé & Melki.)
Descriptio : planta 19 cm alta ; folia basalia : 4 ;
flores : 5 ; sepala roseis cum nervura viride in centro ; petala triangulata elongata, roseo rubicunda, aurantiaca margine cincta ; labellum
trilobum, valde convexum, triangulatum elongatum, castaneum, brunneum pilosum cinctum ;
macula divissima dilutaque ; faecea ; labelli
appendix lata, triangulata, flavo viride, protinus
spectans ; pseudo-oculi obscures virides ; cava
stigmatica alta quam lata ; moles polliniferae luteae. Floret : junio mense.
Terra typica : Gallia, Aveyron, Cornus, La
Bastide-des-Fonts, Serre de l’Oun. Alt. 740 m.
Holotypus hic designatus : 19.VI.2012. Leg
André Soulié & Romieg Soca in herb. MPU. sub
n° RS.2012.520.
Étymologie : ex nomine Sylviane JÉGOU hybrida dicitur.
Iconographie : in hoc op. : fig. 11 & 12.
Description : plante haute de 19 cm ; 4 feuilles,
dont une engainant la tige ; 5 fleurs ; sépales
roses à nervure centrale verte ; pétales triangulaires allongés, rose-rouge bordés d’orange ;
labelle trilobé, fortement convexe, triangulaire
12
allongé, brun foncé, avec un fort épaulement,
forte pilosité brune sur les bords ainsi qu’audessus de l’appendice ; macule formée de dessins complexes, très divisée et diluée occupant
les deux tiers du labelle à partir de sa base, liede-vin ; appendice grand, triangulaire, vert jaunâtre, dirigé vers l’avant ; pseudo-yeux vert
sombre ; cavité stigmatique basse et large ; pollinies jaunes.
Étymologie : en hommage à son inventeur
Sylviane JÉGOU.
Écologie : clairière dans chênaie de Quercus
pubescens Willd. avec Buxus sempervirens L., sur
substrat calcaire dolomitique.
Lieux connus : Gallia, Aveyron, Cornus, Serre
de l’Oun. 732 m ; Gallia, Aveyron, Cornus, Serre
de l’Oun. 751 m.
Conclusion
Aujourd’hui, ce sont neuf hybrides, ayant pour
un des parents Ophrys aveyronensis, qui ont été
décrits. D’autres hybrides sont possibles en
France, notamment avec O. aymoninii et O. lutea, et en Espagne avec O. riojana. L’Aveyron et
ses Causses n’ont pas fini de nous surprendre. Par
la richesse de sa flore générale et orchidéenne en
particulier cette région reste toujours aussi attrayante pour les naturalistes. L’espoir de nouvelles découvertes y est toujours d’actualité.
13
14
Fig. 12.– O. aveyronensis x O. santonica. Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 21 juin 2009 (Photo R. SOCA).
Fig. 13.– O. aveyronensis. España. Castilla y León. Burgos. Bercedo. 5 juin 2008. (Photo R. SOCA).
Fig. 14.– O. aveyronensis. France. Midi-Pyrénées. Aveyron. Cornus. 10 juin 2008. (Photo A. SOULIÉ).
317
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
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[email protected]
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**Romieg SOCA,
7 Route des Cévennes
F-34 380 Saint-Martin-de-Londres
Dixième voyage à Madagascar :
Ambondrombe, le pic Boby, le pic Ivohibe
et le corridor de Vondrozo
Jean-Claude GUÉRIN* et Jean-Michel HERVOUET**
GUÉRIN J.-C. & HERVOUET J.-M., 2013.- 10th field trip to Madagascar : Ambondrombe, Boby’s pike, Ivohibe
pike and Vondrozo corridor. L’Orchidophile 199 : 319-334.
Une arrivée médiatisée. Un an après les événements dramatiques de février 2009 et le
renversement de Marc RAVALOMANANA, la tension est redescendue d’un cran à Madagascar
mais l’incertitude politique demeure, entraînant troubles et crise économique et
environnementale. Notre objectif de cette année est multiple : tout d’abord revoir
l’Ambondrombe que nous avions trouvé si riche l’année précédente, puis retourner sur le
massif de l’Andringitra, et plus précisément faire l’ascension de son point culminant, le pic
Boby, pour y découvrir, enfin, le fameux et endémique Disa andringitrana. Le programme
prévoit ensuite l’exploration du pic Ivohibe et du corridor de Vondrozo, ce qui suppose de
réussir à relier Ihosy, situé sur la nationale 7, à Farafangana sur la côte est, en empruntant
les 270 km de la nationale 27, réputée infranchissable pendant la saison des pluies.
Résumé.– Compte-rendu du dixième voyage de
la SFO à Madagascar, du 9 au 27 janvier 2010,
avec un retour sur l’Ambondrombe, une ascension du pic Boby dans l’Andringitra, une visite
du pic Ivohibe et du corridor de Vondrozo, ainsi
que des réserves de Ranomafana et Angavokely. Disa brevicornis (Lindl.) Bolus, connu
d’Afrique du Sud, est reconnu à l’Ambondrombe. Une nouvelle station de Cryptopus dissectus (Bosser) Bosser est trouvée dans le
corridor de Vondrozo. Une nouvelle espèce de
Bulbophyllum, de la section Elasmatopus, est
repérée à Ranomafana.
Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ;
Madagascar.
Abstract.– Report on the 10th SFO field trip in
Madagascar, from January 9 to 27 t h 2010,
consisting of climbs to Ambondrombe and then
Boby peak in Andringitra massif, of a visit to
Ivohibe peak and the Vondrozo corridor, and
the reserves of Ranomafana and Angavokely.
Disa brevicornis (Lindl.) Bolus, formerly known
from South-Africa, is found on Ambondrombe.
A new location of Cryptopus dissectus (Bosser)
Bosser is discovered in the Vondrozo corridor.
A new species of Bulbophyllum, of section
Elasmatopus, is reported in Ranomafana.
Key words.– Orchids; Orchidaceae; Madagascar.
Fig. 1.– Tananarive, réunion de lancement d’une
société malgache d’orchidophilie, 9 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
Très tôt le matin du 9 janvier 2010, nous
sommes trois à l’arrivée à l’aéroport d’Ivato, JeanClaude GUÉRIN, Jean-Michel HERVOUET et Marc
MOREL, et nous retrouvons au gîte de l’agence
Amy Travel deux compagnons de la Réunion arrivés la veille : Christian MARTIN et Dominique
ROY. Au gîte, situé tout près de l’aéroport, c’est
le branle-bas de combat : la première réunion de
lancement d’une Société Malgache d’Orchidophilie est prévue dans l’après-midi (Fig. 1).
319
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Des participants prestigieux sont annoncés :
Agence Nationale de Gestion des Aires Protégées
(ANGAP, une ONG aujourd’hui appelée « Madagascar National Parks »), office du tourisme,
horticulteurs, parti écologiste, direction forestière,
voyagistes et représentants d’associations locales.
La presse et la télévision malgache (TVM) sont
attendues et l’événement est annoncé à la radio
depuis plusieurs jours, c’est d’ailleurs ainsi que
certains de nos amis ont appris notre arrivée! Nos
collègues réunionnais représentent l’ADEFA
(Association de Défense de la Forêt d’Ambodiriana), gestionnaire de la réserve d’Ambodiriana
avec qui la SFO collabore. Un des objectifs
principaux de la future société est la protection
des sites. La constitution d’un réseau local permettra aussi un suivi cartographique des orchidées de Madagascar. À l’issue d’une studieuse
réunion, Chantal ANDRIANARIVO, chef de la cellule recherche et biodiversité à Madagascar National Parks, est pressentie comme future présidente de l’association, un gage d’indépendance et de sérieux. Viviane, directrice de
l’agence Amy Travel, a tout prévu et bientôt de
charmantes hôtesses s’affairent autour d’un
buffet. Toute l’assemblée sort ensuite pour une
photo de groupe et nous sommes interviewés par
Haja RATSIMBAZAFY, le journaliste vedette de
TVM. Le reportage sera retransmis plusieurs fois
dans les journaux télévisés du lendemain.
Retour sur la montagne des morts
Après cette arrivée en fanfare, il nous faut dès
le lendemain faire route vers le sud en suivant la
RN7. Notre guide Sylvain RAZAFIMANDIMBY
nous a rejoints. Après deux heures de route avec
nos deux véhicules tout-terrain, Antsirabe est
déjà derrière nous. Sur les bas-côtés défilent de
vieilles connaissances : Cynorkis fastigiata, C. angustipetala, C. flexuosa, Satyrium trinerve,
S. amoenum, Eulophia plantaginea, toutes espèces visibles aussi plus tard en saison, mais
voici quelques curieuses hampes jaunes dispersées dans l’herbe et qui sont le prétexte d’un petit arrêt : les Eulophia rutenbergiana sont en
fleur, en mars ils seront fanés. Vingt kilomètres
plus loin la ville d’Ambositra est beaucoup plus
calme que lors de notre dernier passage et nous
320
pouvons y déjeuner. Quelques kilomètres encore après Ambositra et c’est la petite gorge rocheuse que nous connaissons bien, Ankazomivady, où nous retrouvons Liparis microcharis,
Cynorkis graminea, Polystachya fusiformis, et
P. cultriformis. Le trajet du jour s’achève à
Fianarantsoa où nous passons la nuit.
Au petit matin nous sommes rejoints par
Lucien FALINIAINA et Fanny RAKOTOARIVELO,
chercheurs du Laboratoire de biologie et évolution des plantes vasculaires (Faculté des
Sciences de Tananarive). Lucien est spécialiste
des Cynorkis et Fanny est étudiante en thèse
avec le Professeur Thierry PAILLER (Université de
la Réunion), elle étudie les Jumellea de l’Océan
Indien. Ils ont leur propre véhicule mais nous
nous retrouverons au sommet de l’Ambondrombe et nos chemins se croiseront à nouveau
sur l’Andringitra. Pour l’instant nous rejoignons d’abord Ambalavao, où Sylvain et les
chauffeurs Njato et Jean-Claude s’affairent pour
Fig. 2.– Liparis anthericoides, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Dixième voyage à Madagascar
préparer notre séjour dans l’Ambondrombe. Quand tout est prêt,
nous partons pour une quarantaine
de kilomètres sur la piste d’Ambohimahamasina. Dans ce village
nous retrouvons Germain RASAOLO,
le directeur du collège de Sahabe
qui nous avait accueillis chez lui l’an
passé. Il nous confirme que les trois
dictionnaires envoyés depuis Paris
sont arrivés à bon port, un miracle
de la poste. Seule sa lettre de remerciements s’est perdue en route.
Nous le verrons plus longuement à
Fig. 3.– Bulbophyllum alexandrae, Ambondrombe, 12 janvier
notre retour de l’Ambondrombe
2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
mais pour l’heure il nous faut répartir les bagages et recruter des
Au petit jour, après un solide petit-déjeuner,
porteurs. La marche commence par une visite
chez Pierre RAMOMA, le gardien de la tradition, nous sommes prêts pour l’ascension. La forêt est
l’ombiasy. Afin de respecter le rituel de la mon- propice aux épiphytes, après seulement quelques
tagne des morts, comme l’an passé, son fils va pas nous tombons en arrêt devant Angraecum linous accompagner avec un coq pour le sacrifice nearifolium, une plante extrême dans toutes ses
aux ancêtres. Autour du rocher de la première parties, avec ses feuilles de 11 cm de long et de
cérémonie nous observons Satyrium trinerve, moins d’un millimètre de diamètre, son labelle
Cynorkis graminea, C. gibbosa. Après les psal- très concave dressé vers le haut et terminé en
modies de Pierre RAMOMA, nous pouvons nous pointe, ses grands sépales filiformes et son épeélancer dans la pente. À l’entrée dans la forêt ron de 10 cm. Pendues à de longues tiges fines,
nous constatons qu’il y a moins de fleurs qu’en les fleurs semblent flotter dans les airs. Parmi les
mars mais nous notons tout de même une nou- vieilles connaissances, nous notons en passant
veauté, Polystachya rhodochila, avec ses fleurs A. acutipetalum et A. multiflorum. Un superbe
jaunes au labelle teinté de rouge. Vers 1 500 m Angraecum au labelle blanc de 30 mm de long
d’altitude, nous arrivons en fin d’après-midi présente des pétales et des sépales orange : espèce
au camp de base d’Andranombazaha qu’on ap- nouvelle ? Non ! Simplement un Angraecum
pelle aussi le camp des Français, qui furent à dryadum en fin de floraison, qui commence à
l’origine du lieu en 1921. Nous y camperons changer de couleur. Posée sur un tronc moussu
deux nuits de suite, ce qui nous laissera une et horizontal, la petite fleur unique de Angraegrande journée pour aller explorer le sommet cum lecomtei vient compléter le festival et arbore
de l’Ambondrombe, juste entrevu l’année pré- un éperon trop grand pour elle, 12 cm. Quelque
cédente. Près d’un ruisseau, une magnifique 200 m de dénivelée plus haut, la forêt laisse la
touffe de Liparis anthericoides, installée sur une place à une végétation plus basse, avec Angraebranche tombée au sol, n’a pas résisté au besoin cum setipes et nous changeons enfin de genre avec
de combustible du cuisinier mais peut être pho- Polystachya oreocharis et son épi dense de fleurs
tographiée à l’aise (Fig. 2). Autour des tentes, la roses, et l’étonnant Bulbophyllum alexandrae, au
présence de Angraecum pingue et Aeranthes ae- labelle cilié, étrange système pileux à l’abri sous
mula est relevée. Une pluie fine et la brume des sépales latéraux soudés, qui attire certais’installent mais il y a un abri pour manger, nement quelque pollinisateur (Fig. 3). Nous archacun regagne ensuite son sac de couchage à la rivons au point où une partie de l’équipe avait
lumière des lampes frontales.
fait demi-tour l’année dernière, là où se situaient
321
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 4.– Cynorkis muscicola, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 6.– Angraecum urschianum,
Ambondrombe, 12 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 5.– Jumellea maxilarioides, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Beclardia macrostachya, Cynorkis disperidoides et
C. tenuicalcar. Surprise, ces Cynorkis ne sont pas
encore visibles, mais nous en trouvons presque
au même endroit deux autres espèces, C. muscicola (Fig. 4) et C. mellitula. Il est fort probable
que les types de C. disperidoides et C. muscicola
proviennent de cette station car leurs types au
jardin botanique de Tananarive portent les numéros 4627 et 4627 bis et la même mention: « forêt à mousses, alt. 1 800 m, Ambondrombe ». Ils
ont sans doute été collectés par Pierre BOITEAU,
avant 1942. C. mellitula a pour sa part été récolté
plus au nord, à Manjakatompo, dans le massif
de l’Ankaratra. Le labelle est blanc piqueté de violet, l’éperon est court et de la même couleur verte
322
que l’ovaire. Pour compléter le tableau de cette riche station, nous notons encore Polystachya rosellata et
Jumellea maxillarioides, aux pièces florales très
coriaces (Fig. 5). En nous frayant un passage dans
les broussailles, nous arrivons dans une zone un
peu plus ouverte avec des affleurements rocheux
marqués par des cairns. Nous sommes au point
le plus haut atteint par Jean-Michel et Chantal
l’année dernière. Nos collègues de l’Université de
Tananarive nous rattrapent après une nuit au village. Fanny récolte des Jumellea ibityana qui sont
nombreux et pas encore fleuris, mais il y a bien
d’autres choses à admirer. Angraecum urschianum ressemble beaucoup à A. lecomtei, même petite fleur blanche et même long éperon, mais les
feuilles sont beaucoup plus petites (Fig. 6).
Une autre orchidée angraécoïde attire notre
Dixième voyage à Madagascar
Fig. 7.– Angraécoïde inconnu, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
reusement personne n’en prélève
d’échantillon, il est vrai que nous
n’en trouvons en tout et pour tout
que deux exemplaires. Nouveau
mystère avec Eulophiella galbana,
sur des arbres aux branches torturées
ancrés sur les rochers. Nous l’identifierons de retour en France mais sur
place nous n’avons même pas une
idée du genre ! Enfin nous arrivons
à une trouvaille majeure dans la
prairie autour de la zone de rochers : un Disa inconnu (Figures 8 &
9) ! Il n’est pas très difficile de s’en
rendre compte, il n’y en a que quatre à Madagascar et nous les connais-
Fig. 8.– Disa brevicornis, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 9.– Disa brevicornis, Ambondrombe,
12 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
attention : à nouveau fleur blanche très petite,
mais éperon ne dépassant pas la fleur, très petites feuilles, ce serait d’après Johan HERMANS une
nouvelle espèce de Jumellea (Fig. 7). Malheu-
sons tous, sauf le Disa andringitrana pour lequel
nous sommes venus cette année en janvier.
Nous imaginons donc tout naturellement qu’il
s’agit de lui et que ce Disa n’est par conséquent
323
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
pas endémique de l’Andringitra, mais présent
aussi à l’Ambondrombe. C’est une déduction intéressante, mais… complètement fausse ! Nous
le comprendrons quelques jours plus tard en découvrant l’authentique D. andringitrana. De retour en France, nous réaliserons que nous avons
en fait trouvé un nouveau Disa encore non signalé : Disa brevicornis, connu d’Afrique du
Sud, Malawi et Zimbabwe, quoiqu’un certain
mystère plane encore. En effet, le livre « Wild orchids of Southern Africa » paru en 1982 signale
pour cette espèce, sous le nom Monadenia brevicornis Lindley, la présence à Madagascar. La
mention a disparu du plus récent : « Orchids of
Southern Africa », paru en 1999. Nous avons
consulté H.P. LINDER, co-auteur des deux ouvrages et il nous a affirmé que la première indication était une erreur ! Cette erreur avait peutêtre malgré tout un fond de vérité. Quoi qu’il en
soit c’est une belle découverte de la SFO, qui appelle d’ailleurs une autre observation : la proximité de cette espèce avec Disa borbonica de la
Réunion, dont les fleurs s’ouvrent moins, mais
qui présente avec D. brevicornis des similarités
troublantes. Toutes ces découvertes s’ajoutent aux
deux nouveaux Benthamia de l’année dernière,
trouvés dans le même secteur, mais contrairement à ce que nous pensions alors, nous ne
sommes pas au point culminant. Le guide local
nous invite, alors que la pluie devient gênante,
à poursuivre notre chemin dans les écharpes de
brouillard et les éricoïdes jusqu’au « vrai »
sommet où une stèle de pierres amassées fut
construite vers 1921 par des militaires français.
En 1936 le lieu est reconnu comme point géodésique d’où partent les sources de trois rivières
importantes de la région. Dans un petit pré en
pente quoique très marécageux, on relève la présence d’un Aeranthes sp. et sur un tapis de droseras et d’utriculaires, les premiers Tylostigma foliosum et Benthamia cinnabarina commencent
à fleurir. La descente est engagée et nous regagnons le campement pour une deuxième nuit
tout aussi humide. Le lendemain nous rentrons
par un autre sentier sur lequel nous trouvons Polystachya humbertii et Disperis similis. Nous
voici revenus à l’école de Germain, toujours sous
la pluie. Autour d’un apéritif protocolaire, le mo324
ment est venu de lui remettre un lot de fournitures scolaires ainsi que des livres illustrés pour
initier les élèves à l’environnement et à la biodiversité. Ce n’est qu’une goutte d’eau et il y aurait bien d’autres besoins à couvrir. Nous promettons d’envoyer des dictionnaires d’anglais
(qui arriveront à nouveau sans problème par la
poste !) et de trouver des lampes solaires qui permettront aux enseignants de préparer leurs
cours le soir.
L’Andringitra et Disa andringitrana
De retour à Ambalavao, Sylvain prépare
notre prochaine étape dans l’Andringitra, où
nous arrivons en fin d’après-midi. Nous nous
installons comme l’an passé au gîte Trano gasy.
Napoléon, notre guide de l’année dernière,
nous accueille chaleureusement. Il est superbe
et rayonnant dans sa combinaison de ski, sans
doute offerte par un randonneur, mais il se déclare trop vieux pour nous accompagner. Notre
nouveau et jeune guide s’appelle Martin, il est
très désireux de se former aux orchidées. Au
lever du soleil, les formalités administratives
étant réglées, nous pouvons partir pour une
marche de six heures dans ce magnifique parc
de 32 000 hectares jusqu’au campement d’Andriampotsy situé vers 2 000 m d’altitude sur le
plateau d’Andohariana au pied du pic Boby. Ce
sommet est le point culminant (2 670 m) du
vieux massif granitique datant du Cambrien
que constitue la chaîne montagneuse de l’Andringitra (Fig. 10). Dès l’entrée dans le parc, les
premières orchidées de prairies apparaissent :
Cynorchis angustipetala, Eulophia rutenbergiana
(Fig. 11), Satyrium trinerve. Plus haut les derniers arbres laissent la place aux éricacées mais
portent quelques épiphytes : Polystachya cultriformis est le Polystachya malgache le plus facile
à identifier, c’est le seul avec une feuille unique,
malgré l’existence d’un Polystachya monophylla
qui en a en fait le plus souvent deux. Aerangis
articulata est très abondant avec ses grandes
hampes pendantes de fleurs blanches, d’une
rare élégance. Oberonia disticha est l’une des orchidées malgaches les plus répandues, sa floraison dans le pays s’étend sur neuf mois et elle
possède deux noms vernaculaires : fontsilahin-
Dixième voyage à Madagascar
Fig. 10.– Massif de l’Andringitra, 14 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 11.– Eulophia rutenbergiana, 14 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 12.– Eulophia hians, 14 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
janahary (construit avec les mots palmier, mâle
et Dieu) et ahipisabato (herbe accrochée à la
pierre, quoiqu’elle soit plutôt épiphyte). Plus
haut, les magnifiques Cynorkis gigas sont en
début de floraison, ainsi que les Benthamia rostrata. Aux alentours des deux célèbres chutes de
Riambavy et de Riandahy, le sol humide est
propice au Cynorkis graminea, C. saxicola,
Disperis similis, Liparis imerinensis. À partir de
2 000 m, nous arrivons sur le plateau dans les
prairies de haute montagne avec Habenaria
simplex, Benthamia glaberrima, Cynorkis pa-
pillosa, le Disa bleu : Disa buchenaviana. Eulophia hians, terrestre, est une plante connue
aussi d’Afrique du Sud (Fig. 12). Elle est très
abondante ici, nous trouvons même une forme
à fleurs blanches. Elle s’appelle localement tongolomboalavo (oignon à rat) et servirait à soigner les brûlures causées par l’eau bouillante.
Nous sommes régulièrement arrosés par des
averses, un gué est devenu infranchissable et
nous devons remonter en rive droite d’un torrent furieux en direction du camp de base du
pic Boby. Quand le camp est en vue nous
325
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
sommes toujours du mauvais côté
et il faut se résoudre à une traversée
scabreuse en sautant sur des
plaques d’herbe inondées et instables. Les tentes sont montées à côté
de l’abri en pierre où est préparé le
dîner. Les premières parois du pic
Boby dominent le lieu. Nous
sommes venus plusieurs fois ici,
sans jamais pouvoir aller plus haut
par manque de temps, laissant donc
à regret le Disa andringitrana qui
n’est présent qu’aux alentours du
sommet.
Aux premières lueurs du jour du
Fig. 13.– Liparis densa, 15 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
15 janvier, une très (trop !) grande
journée nous attend. Le sentier s’élève à flanc
de falaise sur des rochers presque nus. Dès les
premiers pas dans la montée, nous remarquons
les Jumellea confusa, J. ibityana et les spectaculaires Aerangis ellisii qui s’agrippent aux rochers. Cynorkis saxicola, ainsi que C. bathiei,
s’installent dans les moindres plages de pelouses humides et sont ici nombreux et bien en
fleurs, nous n’en n’avions vu lors d’autres
voyages que des spécimens en fin de floraison.
Des touffes de Liparis poussent sur des dalles
rocheuses nues suintantes (Fig. 13), il s’agit de
L. densa, qui a été collecté pour la première fois
en ces lieux par PERRIER DE LA BÂTHIE, en janvier 1922. Il avait collecté en même temps C. alborubra, que nous retrouvons aussi (Fig. 15) et
avait noté pour ce dernier : « fleurs blanches à
labelle piqueté de rouge ». Il y a déjà de nombreux Benthamia monophylla et quelques Tylostigma foliosum, tous déjà vus l’année
dernière. Au milieu de la montée nous découvrons enfin le Disa andringitrana, avec peu
d’exemplaires mais en bon état floral (Fig. 14).
Nous comprenons à ce moment-là qu’il est
bien différent du Disa vu à l’Ambondrombe.
Nous pouvons continuer l’ascension dans la
fraîcheur d’une fine brume qui nous prive
d’une vue panoramique. Tout en appréciant
l’air vivifiant du sommet nous versons par terre
quelques gouttes de rhum, comme le veut la
Fig. 14.– Disa andringitrana, 15 janvier 2010
coutume. Le pic est dédié à Boby, chien de
(Photo J.-M. HERVOUET).
Henri HUMBERT, qui aurait devancé le maître à
326
Dixième voyage à Madagascar
Fig. 15.– Cynorkis alborubra, 15 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
l’arrivée en 1923. Le vrai nom de ce deuxième
point culminant de l’île est Imarivolanitra, qui
signifie « près du ciel ». Dans un paysage lunaire, la descente est amorcée pour finalement
repasser au camp de base. Nous essuyons de
fréquentes averses, ce qui nous inquiète pour
les porteurs partis vers le prochain campement
avec nos sacs. La journée se poursuit avec la
longue traversée du plateau d’Andohariana,
cette prairie de haute montagne de 3 000 ha
doucement ondulée et peu altérée par l’activité
humaine, sinon par un crâne de zébu sur une
stèle, site sacré ou limite d’aire traditionnelle,
rare témoignage culturel de ces lieux alpestres,
avec un Eulophia rutenbergiana tout près. Tout
en marchant, nous retrouvons Disa buchenaviana, Benthamia glaberrima, Jumellea maxillaroïdes, Cynorkis saxicola. Tout à coup la pente
s’accentue, nous avons une vue plongeante sur
la vallée que nous devons rejoindre par le sentier de Morarano, 300 m plus bas. La température augmente au fur et à mesure de la descente.
Dans ce paysage qui se modifie, un palmier endémique (Ravenea glauca) s’est constitué un
territoire. Sur une dalle rocheuse et alors que
nous apercevons en contrebas la rivière et le
camp, une belle colonie d’Angraecum sororium
bien fleurie s’est installée. Un premier torrent,
un peu délicat à traverser, s’annonce. Ça
passe mais Sylvain en sera quitte pour
laisser partir une chaussure ! Tout au
fond de la vallée, le campement d’Antaranomby est en vue. Quelques Disa incarnata et Eulophia rutenbergiana
retiennent notre attention mais une dernière épreuve nous attend. La rivière
Morarano, dont le nom signifie pourtant « eau lente », est en crue à la suite
des lourdes pluies de l’après-midi. Il faut
chercher un passage pour rejoindre le
campement. Avant nous les porteurs ont
déjà connu des difficultés, nos sacs sont
trempés et ils ont failli laisser filer dans
le courant les poulets prévus pour le ravitaillement. Finalement poulets, porteurs et orchidophiles se retrouvent
épuisés mais sains et saufs au campement, après onze heures de marche.
C’est la fin de l’après-midi, après quelques instants de pause, nous trouvons encore quelques
ressources pour prospecter aux alentours dans
la prairie : Eulophia rutenbergiana, E. hians,
E. plantaginea, Habenaria simplex et Cynorkis
graminea sont disséminés dans les herbes. Un
Angraecum en fin de floraison sur les branches
des arbres au dessus de la rivière restera mystérieux et indéterminé à ce jour.
Après un dîner copieux et un sommeil réparateur, la marche reprend au petit matin pour
un décrassage de trois heures seulement, le
temps de retrouver les voitures au village de
Namoly dans la vallée. Nous apercevons les derniers Cynorkis gigas et Disa incarnata de l’Andringitra. Sans perdre de temps, nos véhicules
nous conduisent sur la RN 7 jusqu’à Ihosy. La
ville est jumelée avec Royan, située à 8 000 km
comme l’indique le panneau en centre ville.
Nous apprécions notre dernière nuit à l’hôtel
avant de nous lancer sur la terrible nationale 27
en direction de la côte est. M. Farjon RATRIMOSON, propriétaire du Zahamotel et président du
Lions club local, nous prévient qu’il est impossible de passer. Il cite le cas de clients partis en
moto et revenus le soir même dans un état
d’épuisement extrême. Nous espérons au
moins atteindre, à mi-chemin, Ivohibe.
327
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Le pic d’Ivohibe et le roi des Bara
requins
La piste est au début très roulante, dans un
paysage de savane arbustive où subsistent très
localement quelques rares baobabs (Adansonia
fony) et nous arrivons à Ivohibe, une paisible
petite bourgade, dans l’après-midi. Aucun autre véhicule n’a été vu de toute la matinée. Tout
de suite, nous partons rencontrer les services
administratifs pour obtenir l’autorisation d’accéder à la réserve spéciale d’Ivohibe. L’autorisation est acquise à condition de respecter le pouvoir traditionnel et de rendre visite au roi des
Bara-Antsantsa. C’est donc en délégation, accompagnés d’un guide et munis d’une bouteille de rhum que nous nous rendons dans un
petit village proche de Ivohibe, où réside cet
important personnage. Nous sommes introduits dans une grande case où la reine et une
partie du village s’entassent déjà en attendant
l’arrivée du souverain. Il entre enfin, vêtu d’un
splendide manteau pourpre et d’un chapeau
assorti, en forme de mitre. Après une allocution
introductive où nous apprenons qu’il est né le
15 août 1930 et qu’il a été autrefois reçu à Rome
par le pape Paul VI, il commence une cérémonie destinée à nous concilier les esprits du pic
Ivohibe. Le roi des Bara requins, car telle est la
signification du mot antsantsa, s’avère d’un naturel débonnaire et facétieux (Fig. 16). Il distribue ostensiblement autour de lui l’argent que
nous avons apporté pour le village et n’en garde
rien. La cérémonie s’achève par une aspersion
des murs avec notre rhum, opération qui laisse
la bouteille suffisamment pleine pour que chacun dans l’assistance puisse goûter à ce breuvage
apprécié des esprits. Les enfants surexcités par
la visite des « vazaha » entonnent un chant devant leur école et hurlent de joie quand ils se
voient et s’entendent sur un petit appareil photo
numérique.
Le lendemain matin, c’est le départ pour une
longue marche d’approche vers le pic d’Ivohibe. Nous arrivons en fin de matinée sur les
lieux de prospection. Dans cette réserve protégée, il n’y a même pas de chemin. Une tentative
d’ascension dans une végétation herbeuse mêlée de fougères et de broussailles épaisses nous
conduit vers une falaise abrupte difficile à escalader. Les orchidées sont rares, voire absentes.
Jean-Michel tente d’aller plus loin avec deux
guides et trouve sur son chemin Disperis similis et Bulbophyllum ankaizinense. Après une
heure supplémentaire d’efforts la véritable ascension n’est pas encore commencée, il faut renoncer. L’autre partie du groupe retourne au
campement et relève sous un rocher la présence
d’un Oeceoclades en feuilles, confirmant bien
que nous sommes dans la partie sèche de la réserve. Nous repartons sur une piste qui nous
mène au centre de la forêt. Un groupe de musiciens survient, ils vont faire la fête à Sakaroa,
un village inaccessible par la route et
situé derrière la falaise sur le versant
est de la montagne, certainement
plus humide et plus propice aux orchidées. Cette tentative d’exploration du pic Ivohibe se solde donc
par un échec, une meilleure approche des lieux est nécessaire.
Après une nuit sur place et un peu
de pluie, nous rentrons à Ivohibe.
Fig. 16.– Avec le roi des Bara-antsantsa dans l’Ivohibe,
17 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
328
Le corridor de Vondrozo
Le voyage vers l’est sur la RN 27
continue, le temps est clément, la
piste… encore praticable. Quelque
3 km après le petit village de Maropaika, les véhicules débouchent sur
Dixième voyage à Madagascar
une prairie humide fleurie en orange ! C’est notre première découverte de Platycoryne pervillei
(Fig. 17) avec une centaine de pieds mêlés à
quelques Cynorkis graminea. Cette espèce était
connue seulement de l’ouest du pays, dans la région de Mahajanga.
Vers Bemandresy, nous abordons la limite
ouest de la forêt dite de transition, malheureusement bien morcelée. Le corridor forestier qui
va du parc de Ranomafana aux parcs de l’Andringitra et de l’Ivohibe s’étend sur 180 km de
longueur et sur 5 à 15 km de largeur. Ce corridor dit « de Vondrozo » n’est plus que la relique
fortement mitée d’une immense forêt de
moyenne altitude qui séparait jadis les zones côtières de l’est des Hauts-Plateaux du centre de
l’Île. En 2003 le programme GELOSE a été mis
en œuvre pour protéger ce territoire où trois
ethnies se côtoient avec des traditions bien différenciées : les Betsileo pratiquent surtout une
agriculture de rizières alors que les Tanala sont
Fig. 17.– Platycoryne pervillei, Couloir de Vondroso,
19 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
Fig. 18.– Cryptopus dissectus, Couloir de Vondroso,
19 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
des adeptes de l’agriculture traditionnelle par
brûlis, le tavy. Les Bara quant à eux, toujours
avec le tavy, entretiennent des pâturages pour
l’élevage des zébus. Il s’y ajoute une exploitation
forestière guidée par les profits immédiats, qui
laisse planer de fortes menaces sur le corridor.
L’incertitude sur le reste de la route ne nous
permet pas de nous attarder beaucoup, pourtant l’arrêt pique-nique révèle une étonnante
richesse, dès lors qu’on s’approche de la lisière
de la forêt. Nous trouvons au sol en sous-bois
Disperis hildebrandtii, une première pour nous,
une espèce qui n’est pas rare à Mayotte. Cryptopus dissectus, toujours au sol, possède un labelle et des pétales très curieusement découpés
(Fig. 18). Cette espèce fut d’abord considérée
par Jean BOSSER en 1965 comme une sous-espèce de Cryptopus elatus, connue à la Réunion
et à l’île Maurice. Quinze ans plus tard il l’établit comme espèce à part entière et endémique
de Madagascar, elle est en effet beaucoup moins
robuste et à fleurs plus petites, les pièces florales
ne dépassant pas 15 mm contre 30 mm pour C.
elatus. Nous tenons là une trouvaille car on
pensait cette plante disparue à l’état sauvage. Le
type trouvé par le docteur PEYROT provient de
Fort-Carnot, qui est situé un peu à l’est de
329
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
l’Ambondrombe. Sur une branche d’arbre à
hauteur d’homme, Angraecum didieri est prêt
pour la photo et n’avait encore jamais été observé dans cette région. Avant de descendre vers
Vondrozo, un arrêt sur une corniche s’impose
pour observer le couloir forestier et deviner à
l’horizon l’Andringitra. Au cours de la descente,
la piste devient plus boueuse et est parsemée
d’énormes flaques de profondeurs inconnues.
La pluie commence et l’ambiance devient plus
tendue. En milieu d’après-midi le véhicule de
tête reste plongé dans une grande mare de boue.
Faire hurler le moteur ne fait que projeter partout de la glaise et creuser le trou. Pousser et
tirer semblent une tâche désespérée. Njato
tard mais les fondrières suivantes s’avèrent négociables, d’autant plus que nous sommes
maintenant en descente. À la nuit tombante,
notre arrivée à Vondrozo fait sensation et provoque un attroupement. Nous bénéficions
d’une nuit au sec dans le local du WWF, à l’exception de Jean-Michel qui préfère planter sa
tente dehors pour éviter les ronflements. Il
s’aperçoit au plus fort de la nuit qu’il est au milieu d’un ruisseau qu’une pluie fine et continue
alimente par une gouttière et son duvet rend au
matin plusieurs litres d’eau. Le soleil à peine
levé, nouveau départ vers l’est et la côte, malheureusement nous sommes mal aiguillés dans
le village et le premier 4 x 4 dérape dangereusement vers une rizière avant de
s’immobiliser, une roue en contrebas du chemin (Fig. 19). À nouveau
il faut le tracter en arrière pour l’extirper de ce faux pas. Atteindronsnous Farafangana ? Les plus
pessimistes des habitants de Vondrozo affirment que plus loin les
ponts sont effondrés. La progression continue néanmoins, nous
laissant le loisir de voir quelques
Aeranthes grandiflora accrochés
dans les arbres en bordure de route,
souvent des manguiers. Petit à petit,
l’habitat se densifie, nous laissant
Fig. 19.– Sortie de piste à Vondroso, 17 janvier 2010
(Photo J.-M. HERVOUET).
entendre que le plus dur est fait et
que la côte se rapproche. Les faudéclare que si nous restons plantés là, il n’y aura bourgs de Farafangana sont atteints en début
pas de secours avant trois semaines. Nous réus- d’après-midi, au grand soulagement de tous. La
sissons finalement à désembourber le premier journée s’achèvera plus calmement par la visite
4 x 4 en le tirant en arrière avec le second. Il de la réserve de Manombo, gérée par le « Durnous faut ensuite une heure d’efforts pour bou- rell Wildlife Conservation Trust » et, cruelle décher le trou avec des pierres et des branches, en ception, curieusement vide de la moindre
embauchant pour l’occasion l’unique passant orchidée en fleurs. Le lendemain matin, nous
qui se présente pendant l’opération. Enfin remontons la côte orientale. L’arrivée à ManaNjato prend un élan formidable et fonce sur kara, aujourd’hui jumelée avec Parthenay (79),
l’obstacle, la voiture marque une pause inquié- nous fait passer de l’aventure au tourisme avec
tante au fond du trou, mais finit par s’arracher une balade nonchalante en pirogue sur le canal
de sa gangue dans les applaudissements. Le se- des Pangalanes, en passant devant le village côcond 4 x 4 reste à son tour coincé, il sera déli- tier d’Andranodaro où La Rochefortaise a été
vré par le premier véhicule. La démonstration jadis une entreprise réputée pour son activité
est faite de la nécessité de s’aventurer sur les artisanale dans le traitement et le commerce des
pistes difficiles avec deux voitures. Il est déjà peaux de zébus avec le port de Rochefort. Nous
330
Dixième voyage à Madagascar
ferons une halte aux monuments des fusillés,
rappelant les heures sombres de l’époque coloniale. Nous terminerons notre balade fluviale
en accostant à l’annexe de l’hôtel Vanille pour
un déjeuner de langoustes : baignade et relâche
pour l’après-midi !
Le chemin de fer Manakara Fianarantsoa
Très tôt le lendemain matin, une autre forme
d’aventure nous attend. Nous rejoignons la gare
pour prendre le train en direction de Fianarantsoa. Sur une voie assez étroite et avec une
motrice datant de 1936, notre convoi serpente
dans la végétation en s’arrêtant de village en village. Chaque halte provoque une bousculade et
un attroupement de vendeurs de beignets, de
fruits et de légumes. À chaque départ des enfants téméraires s’accrochent aux wagons avant
de sauter un peu plus loin. Nous sommes aux
premières loges pour observer la vie quotidienne des champs, active et colorée. Au terme
d’une journée de lent défilement, nous descendons à Tolongoina où les véhicules nous attendent. 70 km de piste nous emmènent ensuite
au fond de la vallée de l’Ikongo, encore réputée
il y a trente ans pour ses forêts. Depuis tout a
disparu, il ne reste plus que les Tanala, les habitants de la forêt. Dans le village subsiste une
maison royale inoccupée depuis la disparition
du dernier roi local. La forêt ? Si vous voulez la
voir, il faut continuer à marcher quelques
heures vers la montagne, nous dit-on. Trop tard
pour nous, nous devons quitter les lieux dès le
lendemain matin. Au réveil, nous rencontrons
un homme qui s’apprête à partir, chargé d’un
sac de café sur la tête : en marchant bien, il sera
le soir même à Ambohimahamasina après avoir
parcouru le massif de l’Ambondrombe qui est
le versant opposé à l’Ikongo. Ce parcours mérite d’être étudié pour un prochain voyage !
De retour à Tolongoina nous continuons
sur la piste d’Ifanadiana. Au détour d’un virage, Christian repère des Cymbidiella falcigera
en fleurs sur des palmiers (Raphia ruffa), leur
hôte exclusif. Malgré un fossé profond et une
rizière nous approchons des palmiers où nous
apercevons de nombreuses « guêpes noires »
très affairées dans les inflorescences.
Malgré une recherche bibliographique,
nous n’avons pas trouvé le pollinisateur de
C. falcigera mais la littérature mentionne que
d’autres espèces du genre Cymbidiella sont
pollinisées par des guêpes. Encore un peu de
Fig. 20.– Bulbophyllum sect. elasmatopus sp. nov., Ranomafana, 24 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
331
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
piste jusqu’à Ifanadiana et nous retrouvons la
route goudronnée qui nous conduit au Parc National de Ranomafana, rendez-vous incontournable dans cette forêt pluviale au relief accidenté,
avec ses magnifiques cascades. Signe annonciateur, Eulophia plantaginea et Bulbophyllum occultum sont déjà aperçus, non loin de notre lieu
de villégiature, le Setam lodge. La journée suivante est consacrée à parcourir des sentiers déjà
visités à des périodes différentes. De toute évidence, la saison est à peine commencée en janvier et nous trouvons beaucoup moins d’espèces
qu’en mars. Sur le circuit Sahamalaotra, nous
trouvons seulement Angraecum acutiflorum et
Bulbophyllum longiflorum. Nous aurons plus de
chance sur la piste d’Andranofady avec : Lemurella pallidiflora, Aeranthes aemula, Bulbophyllum boiteauii, B. sandrangatense, Polystachya
rosellata. Bulbophyllum sciaphile est repéré sur
un tronc. Récolté dans la région de Tananarive
et nommé par Jean BOSSER, nous l’avions trouvé,
et d’ailleurs mal identifié, au sommet du Marojejy en 2005. Un Bulbophyllum de la section elasmatopus reste sans nom et va s’avérer,
renseignements pris auprès du spécialiste Gunter FISCHER, une espèce nouvelle (Fig. 20).
Angavokely
Nous quittons Ranomafana par la route 45
en direction de Fianarantsoa pour nous arrêter
en dehors du parc, 500 m avant le kilomètre 13
sous une ligne à haute tension, afin de prospecter une zone boisée dans laquelle nous trouvons Polystachya rosea et Bulbophyllum imerinense, aux fleurs non résupinées d’un blanc
crème et dont le labelle porte une frange de cils
blancs sur tout son pourtour. Nous arrivons
ensuite dans les environs de Fianarantsoa, au
Lac hôtel pour une halte nocturne. Au petit
matin, de nouveau sur la RN7, nous entamons
notre retour vers la capitale. Nous nous arrêtons
brièvement plusieurs fois sur les bords de route
pour revoir quelques orchidées jusqu’à la station bien connue d’Ankazomivady, 33 km avant
Ambositra. Nous y observons : Disa incarnata,
Cynorkis graminea, C. stolonifera. Face au rocher, de l’autre côté de la route, dans la forêt,
nous remarquons la présence d’Oeonia rosea et
332
d’une belle station de Calanthe repens. Suite au
déjeuner à Ambositra, un dernier arrêt au col
des Tapias ne nous révèle que la présence de Cynorkis flexuosa. Antananarivo s’approche, nous
voici de retour au gîte d’Amy Travel.
Le jour de repos qui suit va être consacré à la
visite de l’herbier du jardin de Tsimbazaza. Les
planches d’orchidées sont nombreuses mais
peu exploitables pour la détermination des espèces. Malheureusement, nous ne retrouverons
pas le type de Cynorkis ambondrombensis déposé par le fondateur de l’herbier, Pierre BOITEAU. L’après-midi est dédié à la visite d’une
collection d’orchidées chez Alfred RAZAFINDRATSIRA, horticulteur agréé qui était présent à
notre réunion chez Amy Travel. Le lendemain
est consacré à une visite d’Angavokely, lieu devenu incontournable pour les orchidologues
car la liste des espèces y atteint 150. Le séjour se
termine ainsi en beauté, avec dans la petite
prairie sommitale de splendides Angraecum sororium en pleine floraison (Fig. 21), en sousbois l’étonnant Cynorkis uniflora (Fig. 22), et
pour finir la forme jaune de Cynorkis gibbosa.
Fig. 21.– Angraecum sororium, Angavokely,
27 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
REMERCIEMENTS
À Blandine ANDRIAMBOLOLONIVO, de l’agence Comptoir de Madagascar, pour son aide patiente et
constante dans la préparation de nos voyages. À
Johan HERMANS (jardins botaniques royaux de Kew),
Dixième voyage à Madagascar
Fig. 22.– Cynorkis uniflora, Angavokely, 27 janvier 2010 (Photo J.-M. HERVOUET).
pour ses conseils et informations fort utiles dans la détermination des plantes. À Gunter FISCHER (Université
de Salzbourg), dans l’attente impatiente d’un ouvrage
sur les Bulbophyllums de Madagascar. À Njato
RAJAONARISOA, Jean-Claude RAKOTONDRASOA, nos
chauffeurs intrépides, à Viviane, Béatrice, Edmond et
toute l’équipe de l’agence Amy travel pour leur accueil
fidèle et amical et leur professionnalisme.
BIBLIOGRAPHIE
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chids of Madagascar. Kew publishing. Royal Botanic Gardens, Kew. 456 p.
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II).– Flore de Madagascar, 49e famille : Orchidées.
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STEWART J., HERMANS J. & CAMPBELL B., 2006.–
Angraecoid Orchids. Ed. Timber Press, Portland.
431 p.
333
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
* Jean-Claude GUÉRIN
45 Grande rue
F-79200 La Peyratte
[email protected]
Liste alphabétique des orchidées
observées:
Sites : Ambondrombe (AMB), Andringitra
(AND), Angavokely (ANG), Ankazomivady
(ANK), Pic Ivohibe (IVO), Ranomafana (RAN),
Tolongoina (TOL), corridor de Vondrozo (VON).
Aerangis articulata (Rchb.f.) Schltr. (AMD),
Aerangis citrata (Thouars) Schltr. (AMB), Aerangis
ellisii (B.S. Williams) Schltr. (AND), Aeranthes
aemula Schltr. (AMB, RAN), Aeranthes grandiflora
Lindl. (VON), Aeranthes sp. 1 (AMB), Angraecum
acutipetalum Schltr. (AMB, RAN, ANG), Angraecum didieri (Baill. ex Finet) Schltr. (VON), Angraecum dryadum Schltr. (AMB), Angraecum
lecomtei H. Perrier (AMB), Angraecum linearifolium Garay (AMB), Angraecum multiflorum
Thouars (AMB), Angraecum pingue Frapp. (AMB),
Angraecum setipes Schltr. (AMB), Angraecum
sororium Schltr. (AND), Angraecum sp. 1 (AND),
Angraecum urschianum Toill.-Gen. & Bosser
(AMB), Beclardia macrostachya (Thouars) A.
Rich. (AMB), Benthamia cinnabarina (Rolfe) H.
Perrier (AMB), Benthamia glaberrima (Ridl.) H.
Perrier (AMD), Benthamia monophylla Schltr.
(AND), Benthamia rostrata Schltr. (AMD), Bulbophyllum aff. multiflorum (RAN), Bulbophyllum
aff. rubrigemmum (VON), Bulbophyllum alexandrae Schltr. (AMB), Bulbophyllum ankaizinense
(Jum. & H. Perrier) Schltr. (IVO), Bulbophyllum
baronii Ridl. (AMB), Bulbophyllum boiteaui H. Perrier (RAN), Bulbophyllum discilabium H. Perrier (RAN), Bulbophyllum imerinense Schltr. (RAN),
Bulbophyllum longiflorum Thouars (RAN), Bulbophyllum occultum Thouars (RAN), Bulbophyllum sect. elasmatopus sp. nov. (RAN), Bulbophyllum sandrangatense Bosser (RAN), Bulbophyllum
sciaphile Bosser (RAN), Bulbophyllum subclavatum Schltr. (AMB), Calanthe repens Schltr.
(ANK), Cryptopus dissectus (Bosser) Bosser
(VON), Cymbidiella falcigera (Rchb.f.) Garay
(TOL), Cynorkis alborubra Schltr. (AND), Cynorkis
angustipetala Ridl. (AND, ANG), Cynorkis baronii
Rolfe (AND, ANG), Cynorkis bathiei Schltr.
(AND), Cynorkis cardiophylla Schltr. (AND),
334
**Jean-Michel HERVOUET
61 rue du Lieutenant Ricard
F-78400 Chatou
[email protected]
Cynorkis fastigiata Thouars (VON, TOL), Cynorkis
flexuosa Lindl. (AND, IVO), Cynorkis gibbosa Ridl.
(ANK, AMB, AND, ANG), Cynorkis gigas (AND),
Cynorkis graminea (Thouars) Schltr. (AMB, AND,
VON, ANG), Cynorkis jumelleana Schltr. (AND),
Cynorkis lilacina Ridl. (AND, ANK, ANG),
Cynorkis mellitula Toill.-Gen. & Bosser (AMB),
Cynorkis muscicola Bosser (AMB), Cynorkis papillosa (Ridl.) Summerh. (AND), Cynorkis saxicola Schltr. (AND), Cynorkis stolonifera (Schltr.)
Schltr. (ANK), Cynorkis uniflora Lindl. (ANG),
Disa andringitrana Schltr. (AND), Disa brevicornis (Lindl.) Bolus (AMB), Disa buchenaviana
Kraenzl. (AMD), Disa incarnata Lindl. (AND),
Disperis hildebrandtii Rchb.f. (VON), Disperis similis Schltr. (AMB, AND, IVO, ANG), Eulophia hians var. nutans (Sond.) S. Thomas (AND), Eulophia plantaginea (Thouars) Rolfe (AND, VON,
TOL, RAN), Eulophia rutenbergiana Kraenzl.
(AND), Eulophiella galbana (Ridl.) Bosser &
Morat (AMB), Habenaria alta Ridl. (ANG),
Habenaria ambositrana Schltr. (AND), Habenaria simplex Kraenzl. (AND), Jumellea confusa
(Schltr.) Schltr. (AMD, AND), Jumellea ibityana
Schltr. (AMB), Jumellea maxillarioides (Ridl.)
Schltr. (AMB, AND), Jumellea sp. 1 (AMB),
Lemurella pallidiflora Bosser (RAN), Liparis
anthericoides H. Perrier (AMB), Liparis densa
Schltr. (AND), Liparis imerinensis Schltr. (AMD,
AND, ANG), Liparis sp. 1 (RAN), Oberonia disticha (Lam.) Schltr. (AMB, IVO, RAN, ANG),
Platycoryne pervillei Rchb.f. (VON), Polystachya
cultriformis (Thouars) Spreng. (ANK, AND, IVO,
RAN, ANG), Polystachya fusiformis (Thouars)
Lindl. (ANK), Polystachya mauritiana Spreng.
(AMB), Polystachya humbertii H. Perrier (AMB),
Polystachya monophylla Schltr. (AMB), Polystachya oreocharis Schltr. (AMB), Polystachya
rhodochila Schltr. (AMB), Polystachya rosea Ridl.
(RAN), Polystachya rosellata Ridl. (AMB, RAN),
Polystachya virescens Ridl. (ANK), Satyrium
amoenum (Thouars) A. Rich. (ANK, AND),
Satyrium trinerve Lindl. (AMB, AND), Tylostigma foliosum Schltr. (AMB, AND)
Récit d’un voyage en Malaisie
Carsten HAMMER*
HAMMER C., 2013.- A field trip in peninsular Malaysia. L’Orchidophile 199: 335-338.
Après le récit de son expérience de culture d’orchidées terrestres dans son jardin (L’Orchidophile n° 197), Carsten HAMMER nous fait partager le récit de l’un de ses voyages à la
découverte des orchidées. C’est en Malaisie qu’il a choisi d’aller.
Résumé.– Récit succinct d’un voyage en solitaire,
organisé sur place, en Malaisie, à la découverte de
la péninsule et de ses orchidées.
Mots clés.– Malaisie; Gunung Beremban ; Coelogyne; Dendrobium ; Bulbophyllum.
Abstract.– Short brief of an up-to-go field trip to
peninsular Malaysia, seeking for orchids.
Key words.– Malaysia; Gunung Beremba; Coelogyne; Dendrobium; Bulbophyllum.
Au départ, j’avais pensé retourner en Équateur pour un deuxième voyage. Pour diverses
raisons, cette destination n’a finalement pas pu
être retenue. Mon ami orchidophile, Werner
FREITAG, m’a ensuite convaincu d’entreprendre
un périple en Malaisie. Ayant participé au
WOC de Shah Alam (près de Kuala Lumpur),
en 2002, j’avais déjà une petite idée de la façon
de me rendre dans ce pays et des modes de déplacement sur place.
Après quelques recherches sur internet, j’ai
donc simplement réservé mes vols et l’hôtel pour
la première nuit, décidant d’organiser la suite du
voyage une fois sur place. Nombreux sont mes
amis et connaissances, qui m’ont alors demandé:
« Quoi? Tu veux organiser ça tout seul? Il n’y a pas
de risques d’attraper quelque chose ? ». Mais rien
n’a pu me retenir, j’étais fermement décidé à partir seul dans ce pays rêvé d’orchidophile !
Le 4 février 2007, j’embarquai donc sur un vol
Emirates Airlines pour Kuala Lumpur, via Dubaï. Après la première nuit, j’ai commencé par
la visite du jardin d’orchidées de la capitale malaise (Figures 1 & 2). Dans ce lieu, sont d’abord
présentes des orchidées hybrides, vandas, ascocendas… Il y a bien une boutique dans ce jardin, mais les espèces botaniques sont rares.
Fig. 1.– L’entrée du jardin d’orchidées de
Kuala Lumpur (Photo C. HAMMER).
Fig. 2.– Hybride de Vanda (Aranda), jardin
d’orchidées de Kuala Lumpur (Photo C. HAMMER).
335
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 3.– Le bateau qui me permet de rejoindre Kuala
Tahan (Photo. C. HAMMER).
J’ai ensuite réservé, dans une petite agence de
voyages, une expédition dans le parc national de
Taman Negar, laquelle débutait dès le lendemain.
Rendez-vous était donc donné à 5 h 00 du matin à l’agence pour un départ en bus, trois
heures de trajet jusqu’à la première étape, Kuala
Tembeling. Dès cette halte, je pouvais voir les premiers dendrobiums accrochés aux arbres, malheureusement hors de leur période de floraison.
Après une pause déjeuner, le voyage continua par bateau sur le fleuve Sungai Pahang
(Fig. 3), qui traverse une dense forêt tropicale,
pour rejoindre Kuala Tahan en me prenant
pour un explorateur aventurier découvrant
flore et faune (Fig. 4). À peine arrivé dans le
complexe hôtelier, je me renseignai pour organiser une visite des alentours pendant les jours
suivants. De nombreuses options m’étaient offertes, mais je tenais vraiment à entreprendre
cette expédition par moi-même.
Fig. 6.– Restaurants flottants à Kuala Tahan
(Photo C. HAMMER).
Fig. 4, 5.– Une araignée non identifiée et le Canopy
Walk (Photo C. HAMMER).
336
Le jour suivant, j’empruntai un passage
aménagé dans les arbres, le Canopy Walk
(Fig. 5), qui permet de profiter plus facilement
des différents épiphytes. Cette promenade se
situe à moins d’une demi-heure de mon hôtel,
mais, avec les températures élevées (supérieures
à 30 °C) et l’humidité atmosphérique très forte,
j’étais trempé de sueur avant même d’arriver !
Le Canopy Walk est une attraction payante
(mais très bon marché) qui présente un réel intérêt pour l’amateur de plantes tropicales. Les
restaurants flottants offrent ensuite un profond
dépaysement au voyageur (Fig. 6).
Récit d’un voyage en Malaisie
leuse, et j’en ai profité le temps d’une pause
avant de prendre le chemin du retour. De toute
la durée de cette randonnée, je n’ai pas croisé
une seule personne !
Deux jours plus tard, c’est à nouveau par bateau jusqu’à Kuala Tembeling puis en bus, à travers les Cameron Highlands jusqu’à Tanah Rata,
mon étape suivante. Le nombre de camions
transportant du bois exotique que l’on croise
en chemin ne rend pas optimiste pour l’avenir
de la forêt tropicale.
Une fois au cœur des Cameron Highlands, dès
Fig. 7.– Bulbophyllum sp. (Photo C. HAMMER).
mon arrivée, j’ai entrepris une courte promenade.
J’ai ensuite poussé à pied jusqu’à Bukit In- Encore une fois, de nombreuses orchidées sont
dah. Normalement, deux heures suffisent pour présentes sur les troncs et les branches d’arbres,
cette expédition, mais il faut souvent escalader mais cette fois beaucoup trop en hauteur pour
des arbres tombés au sol, et le chemin est très réussir des photos satisfaisantes. Quand j’ai esaccidenté, toujours en pente. Les troncs qui sayé de m’approcher plus près, je suis malheujonchent le sol sont le support de nombreuses reusement passé à travers un sol qui me semblait
orchidées. J’ai pu observer plusieurs orchidées, pourtant solide, et je me suis foulé le genou. Cependant, cela ne m’a pas empêché de
partir pour une nouvelle randonnée
en solitaire dès le lendemain, en direction de Gunung Beremban. Le
chemin est d’abord celui de ma
promenade de la veille avant de bifurquer sur une autre piste. C’est à
cet endroit que je rencontre mes premiers Arundina graminifolia, et ils
sont en fleurs (Fig. 8) !
L’agréable promenade du départ
se transforme rapidement en ce qui
pourrait ressembler à l’enfer à l’état
pur. On grimpe par un chemin exFig. 8.– Arundina graminifolia, vers Gunung Beremban
trêmement abrupt, coupé par de
(Photo C. HAMMER).
nombreux arbres tombés au sol.
Même si mon genou était douloutoutes défleuries, parmi lesquelles de nombreux reux, il me fallait examiner quelques-uns de ces
dendrobiums, et ce que j’ai pu imaginer être des arbres, sur lesquels j’ai trouvé quelques coelocoelogynes, impossibles à identifier sans fleurs. gynes (Fig. 9), erias, dendrobiums, bulbophylAvant d’atteindre le sommet, il faut encore es- lums, etc. Plus loin, toujours en montant, on tracalader un dernier kilomètre parmi les rochers, verse une forêt moussue où poussent de nomsur lesquels on trouve, de tous côtés, des bul- breuses orchidées. Arrivé au sommet, la vue est
bophyllums (Fig. 7) qui étalent leurs racines encore une fois fantastique (Fig. 10). Après
sur la roche, parmi les mousses. Encore une une courte pause, je reprends ma route en desfois, les plantes sont toutes en boutons ou en fin cendant par l’autre versant, tout aussi escarpé que
de floraison, décidément, la chance n’est pas celui emprunté pour l’ascension. Au cours de ma
avec moi. La vue depuis le sommet est merveil- randonnée, je n’ai croisé que deux collègues
337
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 9.– Coelogyne sp. (aff. cuprea), sur la route de Gunung Berembban (Photo C. HAMMER).
australiens, qui ont d’ailleurs rebroussé chemin
d’eux-mêmes en entendant ce qui les attendait.
Après sept heures de marche, j’étais de retour à
Tanah Rata, où j’ai pu organiser et réserver l’expédition pour les jours suivants depuis un cybercafé.
Sur le chemin entre Tanah Rata et Penang
(effectué en bus encore une fois), on traverse
des plantations de palmiers à huile et d’hévéas,
cultivés pour la production du latex. Juste avant
d’arriver à Penang, je repère plusieurs varans
dans les fossés le long de la route. Apparemment, ces animaux avaient trouvé une quelconque denrée comestible !
Penang ne devait être qu’une étape avant de
décoller pour l’archipel des Langkawi, mais en
raison des fêtes du Nouvel An chinois, l’île de
Langkawi était totalement saturée. Du coup, après
un court temps de réflexion, je décidai de visi-
Fig.10.– Vue depuis le sommet du Gunung
Beremban (Photo C. HAMMER).
ter le jardin botanique de Penang et d’organiser
mon retour à Kuala Lumpur. Le voyage ne
m’aura pas permis de visiter tout ce que j’avais
prévu, mais cela ne change rien aux fantastiques
impressions et souvenirs que j’en ai ramenés !
*Carsten HAMMER
Im Bornstück 5 - D-65529 Waldems
[email protected]
338
Dernières découvertes
et observations en France
compilées par Gil SCAPPATICCI*
SCAPPPATICCI G., 2013.- Latest discoveries and observations in France in 2012.
L’Orchidophile 199: 339-348.
À la suite du premier article paru dans l’Orchidophile qui résumait les découvertes et ob-
servations 2011, voici celles de la saison 2012. Ce texte comporte des passages d’articles reproduits
tels quels, sans qu’ils soient mis entre guillemets et sans les noms des découvreurs, afin d’en
faciliter la lecture, mais les sources sont toujours citées pour chaque région. En 2012, dans presque
toutes les régions, les premières floraisons ont commencé précocement, puis le gel tardif a anéanti
les plantes de la deuxième vague. Les espèces tardives ont, par contre bien prospéré. Je remercie tous ceux qui ont participé et particulièrement O. GERBAUD pour la relecture. Pour l’année en cours, je vous invite à me communiquer vos découvertes dès maintenant.
AQUITAINE
L’année 2012 en Aquitaine, comme dans de
nombreuses régions, a été tronquée par des
changements de température de grande amplitude
(de +30 °C fin mars à -5 °C au 22 avril) et la sécheresse de l’hiver. Pas de découverte notable de
nouveau taxon ou de nouvelle station, mais une
kyrielle de lusus et autres bizarreries.
En Dordogne, le classique Ophrys apifera var.
trollii ; en limite Charente, un O. apifera var. friburgensis (plus rare) ; en Gironde, un O. sphegodes à quatre gynostèmes, un à labelle sépalisé
et un autre, à l’inverse, avec des pétales supérieurs
labellisés (Fig. 1); en Périgord, encore un O. sphegodes, cette fois avec un fleuron comportant un
magma de cinq labelles et gynostèmes et le
deuxième fleuron identique, mais avec quatre labelles et gynostèmes.
Mais également des lusus plus classiques : Serapias lingua, Cephalanthera longifolia, Ophrys
sulcata (Fig. 2) et O. scolopax, tous à doubles labelles; un autre, non identifié avec certitude, mais
qui semble être un Orchis mascula, dont les fleurons sont restés fermés et les éperons atrophiés,
réduit à un simple moignon.
Informateurs : B. GERBEAU (auteur du texte),
O. CABANNE.
Fig. 1.– Ophrys sphegodes à pétales labellisés.
(Gironde). 11 mai 2012. (Photo O. CABANNE).
339
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
mais en juin 2012, trente pieds d’E.
muelleri sont découverts, et E. microphylla (un pied) est retrouvé
après plusieurs années d’absence.
Cantal : une nouvelle station
d’Epipogium aphyllum (six pieds) a
été vue en juillet 2012 dans la haute
vallée du Siniq.
Fig. 2.– Ophrys sulcata, lusus. 9 mai 2012, (Photo B. GERBEAU).
Haute-Loire: quelques spécimens de Dactylorhyza sambucina
jaune, avec une grande macule rouge
(f. chusae C.E. Hermos), sont observés depuis plusieurs années à
Saint-Front, en Haute-Loire (Fig. 3).
AUVERGNE
Allier : en juin 2011, la 54e espèce d’orchidée en Auvergne s’est enfin dévoilée. Epipactis
atrorubens, qui avait déjà été signalé dans l’Allier et le Puy-de-Dôme, mais qui n’avait jamais
été vu par des membres de la SFO, a été trouvé
sur les coteaux d’Elbreuil. Sur le même site,
Puy-de-Dôme: Epipactis rhodanensis a été
découvert à l’INRA de Crouel (12 pieds) sur une
friche fauchée de temps en temps et au parc du
Cérey, à Riom. Avec 300 individus, cette station
est la plus importante d’Auvergne. Sur le Puy du
Charbonnier, à Blanzat, la présence de Cepha-
Fig. 3.– Dactylorhyza sambucina f. chusae.
Saint-Front (Haute-Loire) (Photo P. CALMELS).
Fig. 4.– Ophrys apifera var. bicolor. (Côte-d’Or).
9 juin 2012. (Photo V. GILLET).
340
Dernières découvertes et observations en France
lanthera rubra, signalée depuis longtemps, a été
confirmée par quelques pieds.
Informateurs : J. DAUGE, J.-L. GRATIEN, Ch. RIBOULET. J.-J. GUILLAUMIN, P. CALMELS, J. KOENIG,
Conservatoire des espaces naturels d’Auvergne.
Source : L’Orchis Arverne n° 13, printemps 2012
et n° 14, hiver 2012.
BOURGOGNE
Côte-d’Or : en 2012, pour la première fois
en dix ans, le cartographe n’a pas vu un seul pied
fleuri d’Himantoglossum hircinum, espèce pourtant très commune. Découverte de quelques
belles nouvelles stations d’espèces rares, protégées ou patrimoniales pour la région : une cinquantaine de pieds fleuris d’Epipactis microphylla
à Reuille-Vergy (troisième station pour le département), une belle station riche de plus de 300
pieds d’Ophrys apifera, dont la variété bicolor
(Fig. 4), à Châtellenot, trois pieds fleuris d’Epipactis leptochila (troisième station pour le dé-
Fig. 5.– Neotinea ustulata subsp. estivalis. (Côted’Or). 8 juillet 2012. (Photo V. GILLET).
partement) à Plombières-les-Dijon, une cinquième station de Neotinea ustulata subsp. aestivalis (quatre pieds fleuris) à Crépey (Fig. 5), et
deux stations d’Epipactis purpurata (quatre
étaient connues) à Nolay.
Informateurs : R. BOSSU, V. GILLET (auteur).
LANGUEDOC (AVEYRON, GARD,
HÉRAULT ET LOZÈRE)
Aveyron: on notera deux nouvelles stations
d’Ophrys picta, à La Pézade et à La Frayssinède,
après celle de Saint-Georges-de-Luzençon en
2010, ce qui confirme sa présence en Aveyron.
Une première découverte d’Ophrys speculum,
au nord de Rodez et nouvelle observation
d’Epipactis helleborine var. minor en forêt domaniale d’Aubrac.
Gard : le froid tardif a décimé les colonies
d’orchidées jusqu’en mai. Une espèce nouvelle
pour le département, Limodorum trabutianum
Fig. 6.– Limodorum trabutianum. Marguerittes
(Gard), 5 mai 2012 (Photo F. DABONNEVILLE).
341
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
(Fig. 6), a tout de même été trouvée à Marguerittes et les épipactis ont été abondants, notamment E. exilis en plusieurs stations près du
col du Mas de l’Ayre, où a été vu également un
hybride Anacamptis coriophora subsp. coriophora × A. morio.
Hérault: la douceur a permis à quelques espèces de débuter leur floraison bien plus tôt que
de coutume : le 25 décembre 2011 pour Ophrys
lupercalis, avant fin janvier pour O. aranifera
subsp. massiliensis (= O. massiliensis) et
Himantoglossum robertianum. Le froid a ensuite affecté de nombreux Ophrys précoces. Le
rare hybride Anacamptis palustris × A. coriophora subsp. fragrans (Fig. 7) a été observé au
Grand Travers (La Grande-Motte).
Fig. 7.– Anacamptis palustris × A. coriophora subsp.
fragrans. Mauguio (Hérault), 2 juin 2009
(Photo F. DABONNEVILLE).
Lozère: l’année a été bonne pour Epipactis
palustris (1 000 pieds à Quézac), mais décevante
(63 individus seulement contre 150 en 2011)
pour Hammarbya paludosa (Fig. 8).
Informateurs : J.-Ph. ANGLADE, Ch. BERNARD,
F. BONNET, Ph. FELDMANN, M. LOHR, M. NICOLE,
Parc National des Cévennes, A. SOULIÉ, G. et Z.
VIOLET.
Source : Bulletin SFO Languedoc n° 10 - janvier 2013.
Normandie : deux nouvelles stations ont
été trouvées pour Spiranthes spiralis, une espèce
encore récemment considérée comme absente
du département de l’Eure ; à Évreux, où plusieurs centaines de pieds sont sur un site menacé car voué à la construction d’habitations,
et à Jouy-sur-Eure. La station d’Évreux est particulièrement remarquable, car c’est sans doute
celle qui abrite le plus grand nombre d’individus dans la région.
Fig. 8.– Hammarbya paludosa. Lac Charpal
(Lozère), 31 aout 2013 (Photo F. DABONNEVILLE).
342
Informateurs : G. LECARPENTIER, I. COLIN-TOCQUAINE, Conservatoire des Sites Naturels de
Haute-Normandie.
Source : Bulletin de la SFO Normandie n° 9
(2012).
Dernières découvertes et observations en France
PROVENCE-ALPES CÔTE-D’AZUR
Alpes-de-Haute-Provence : un pied
d’Ophrys splendida a été découvert au Revestdes-Brousses ; c’est une nouvelle espèce pour les
Alpes-de-Haute-Provence. L’hybride inter-générique ×Dactylodenia raetica (Dactylorhiza cruenta
× Gymnadenia conopsea) a été observé à MéolansRevel dans une prairie humide à 1 600 m d’altitude (Fig. 9). Plusieurs pieds d’Epipactis atrorubens × E. distans on été observés à Selonnet, près
d’une belle station d’Herminium monorchis.
Alpes-Maritimes: une dizaine d’Ophrys bertolonii f. chlorantha a été observée à Eze, dans une
station qui comprend de très nombreux pieds
d’O. bertolonii (= O. aurelia), saratoi (= O. drumana) et O. vetula. Ophrys ligustica (= O. majellensis) a été observé (sous la pluie !) à
Châteauneuf-Grasse sur des terrasses où il se
Fig. 9.– ×Dactylodenia raetica (Dactylorhiza cruenta
× Gymnadenia conopsea). Méolans-Revel.(AlpesMaritimes), 1er juillet 2012 (Photo P.-M. BLAIS).
Fig. 10.– Pseudorchis albida subsp. tricuspis.
Crots (Hautes-Alpes), 24 juin 2012
(Photo P.-M. BLAIS).
Hautes-Alpes : l’hybride Dactylorhiza ×
stenostachys (traunsteineri × incarnata) a été
observé à Réallon dans une prairie humide.
Quelques pieds de Pseudorchis albida subsp. tricuspis (Fig. 10) ont été observés à Crots dans un
sous-bois clair à Corallorhiza trifida et Cypripedium calceolus. Quelques pieds d’Epipactis fageticola ont été découverts près d’Embrun, en
ripisylve d’un petit torrent, une nouvelle espèce
pour les Hautes-Alpes. La SFO PACA participe
maintient depuis plus de dix ans. Les sorties sur
le terrain ont confirmé la présence d’Ophrys
druentica à Gréolières (850 m d’altitude) et à
Saorge (700 m), ainsi que de Platanthera algeriensis dans la Roya avec une nouvelle station découverte (trois stations connues à ce jour).
au Plan Régional d’Action concernant l’unique
station PACA de Liparis loeselii située près
d’Embrun.
Bouches-du-Rhône: les hybrides d’Ophrys
forestieri avec O. massiliensis d’une part et O. passionis d’autre part (O. × sancti-cyrensis) ont été
343
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
observés à Marseille dans le massif des Calanques,
ainsi que de nouvelles stations d’Ophrys virescens. Plusieurs pieds d’Ophrys ×perrinii (O.
passionis × O. provincialis) ont été observés à
Châteauneuf-les-Martigues, ainsi qu’une très
grosse population de lusus d’Ophrys passionis hémilabellisés à Martigues. Ophrys corbariensis, découvert dans plusieurs stations des Alpilles et
confirmé par l’un des descripteurs, est une
nouvelle espèce pour la région. Epipactis distans
a aussi été trouvé, dans la Forêt de Cadarache,
nouvelle espèce pour le département.
Var: il y a eu 45 nouvelles stations d’Orchidées recensées pour le département en 2012.
Parmi elles, deux nouvelles stations d’Ophrys
speculum, ce qui porte le total pour cette espèce
à onze stations. Ophrys aranifera (= O. sphegodes) a été découvert dans plusieurs stations
du Haut Var, nouvelle espèce pour le département. Un nouvel hybride Ophrys incubacea
O. ×scolopax (O. ×llenasii) a été découvert au
Cannet-des-Maures (Fig. 11). Mentionnons
aussi une nouvelle station de l’Ophrys du
groupe fuciflora tardif dit « du Mont des Oiseaux » découverte à la Crau, ce qui porte le
nombre total de stations à treize. Gymnadenia
Fig. 11.– Ophrys incubacea × O. scolopax.
Le-Cannet-des-Maures (Var), 25 avril 2012
(Photo P.-M. BLAIS).
344
densiflora a été découvert à Châteauvieux en limite de département, en bordure de ruisseau,
nouvelle espèce pour le département.
Vaucluse: Ophrys fuciflora subsp. souchei et
son hybride avec O. apifera ont été observés en
grand nombre à Sainte-Cécile-les-Vignes.
Conclusion
Le nombre d’espèces pour la région PACA
s’élève à 120 à la fin 2012, et nous avons par département : 93 espèces pour le Var, 90 pour les
Alpes-Maritimes, 86 pour les Alpes-de-HauteProvence, 74 pour le Vaucluse, 73 pour les
Hautes-Alpes et 72 pour les Bouches-du-Rhône.
Informateurs : P.-M. BLAIS (auteur du texte),
R. et Y. FASSINO, R. FOUCHER, B. GINESY, J. GRANJON, M. & D. HAMARD, M.-C. LEREY, Y. MORVANT, M. & A. PINAUD.
POITOU-CHARENTES ET VENDÉE
En Poitou-Charentes et Vendée, les floraisons ont été aussi très précoces. Ainsi, en Vendée, on a vu Anacamptis morio en fleurs le
2 janvier et « l’Ophrys précoce des Olonnes » le
8. A. morio a commencé à fleurir également en
janvier en Saintonge (Charente-Maritime). La
sécheresse a ensuite gravement affecté les floraisons, notamment celles d’Orchis purpurea,
d’Ophrys araneola et O. lutea. Deux localisations d’O. lutea nouvelles ont tout de même été
trouvées, l’une sur l’île de Noirmoutier (un
pied, le premier de Vendée) et l’autre au Douhet (Charente-Maritime). Ophrys occidentalis a
été découvert et identifié sur plusieurs petites
stations par des membres de la SFO Auvergne
en séjour à Saint-Georges-d’Oléron (secteurs
de Chaucre et de Saint-Pierre), en CharenteMaritime, ce qui est une nouveauté pour la région, où l’espèce est bien loin des plus proches
stations d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées.
Les pluies abondantes ont ensuite permis aux
espèces tardives de bien se développer, telle
une station nouvelle d’Epipactis palustris de plus
de 1 000 pieds à Dirac (Charente). À ChâteauGaillard (communes de Juicq et d’Annepont), sur
Dernières découvertes et observations en France
des stations débroussaillées récemment par la
SFO-PCV, Gymnadenia odoratissima (sept pieds)
est une nouveauté également très intéressante,
tout comme un hybride Dactylorhiza fuchsii ×
Gymnadenia conopsea (Fig. 12), trouvé dans le
même secteur, à Saint-Savinien (CharenteMaritime). Les Ophrys tardifs, O. argensonensis et O. santonica (Fig. 13), sont également apparus en nombre pour la première fois depuis
plusieurs années, et leur hybride a été revu. Il fera
l’objet d’une prochaine description.
Informateurs : J.-M. MATHÉ, P. BERNARD, M. BRUN,
J. CHARREAU, J. DAUGE, B. & P. DELAUNAY, D. DUIGOU, P. FANTIN, F. FERREOL, P. FOUQUET, S. FOURNIER, J.-C. GUÉRIN, C. GUIBOT, J.-J. GUILLAUMIN,
J.-C. JUDE, P. LAVOUÉ, A. MERLET, D. PETIT, C. &
J.-C. QUERRÉ, D. SUAREZ, E. VAN KALMTHOUT, Y.
WILCOX, D. WOLF, P. YÉSOU, C. YOU.
Source : Bulletin 2012 de la SFO Poitou-Charentes et Vendée, L’Orchis Arverne n° 14, hiver
2012.
Fig. 12.– Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia
conopsea. Saint-Savinien (Charente-Maritime)
(Photo D. PETIT).
Fig. 13.– Ophrys santonica f. chlorantha, Saint-Loup
(Charente-Maritime), 8 juillet 2012 (Photo D. PETIT).
RHÔNE-ALPES
Ain : de nouvelles stations ont été trouvées
pour des espèces rares ou protégées : Anacamptis coriophora subsp. fragrans, Liparis
loeselii, dont les stations sont peut-être plus
nombreuses que l’on ne pense, Epipactis
distans, Epipactis leptochila, Gymnadenia odoratissima.
Ardèche: aux Vans, il a été vu un hybride
encore jamais observé en Rhône-Alpes : Ophrys
araneola × O. scolopax (Fig. 14). À Gluiras, on
a trouvé un pied d’Anacamptis coriophora
subsp. coriophora hypochrome, forme qui semble d’une grande rareté et qui n’avait jamais été
signalée en Rhône-Alpes (voir aussi Drôme).
Lors d’une prospection pour Epipactis fibri, à
La Voulte, dans une peupleraie plantée, a été
trouvée une belle station d’Epipactis comportant une grande quantité d’E. helleborine et d’E.
rhodanensis, dix pieds d’E. fibri, quelques-uns
d’E. fageticola, ainsi que de nombreux hybrides
E. fibri × E. helleborine et E. helleborine × E. rhodanensis.
345
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
ter le premier Dactylodenia du département : Dactylorhiza fuchsii ×
Gymnadenia rhellicani.
Isère: on a trouvé sur le site de la
centrale nucléaire de Saint-AlbanSaint-Maurice un pied de Serapias vomeracea, troisième donnée pour
l’Isère. Une centaine de pieds de Dactylorhiza traunsteineri à Frontenas.
Plusieurs découvertes dans le Massif
de Chartreuse, côté Isérois: Orchis ovalis (plus de 50 pieds à Saint-Pierre-deChartreuse); sous le col du Granier,
côté Chapareillan une trentaine de
Fig. 14.– Ophrys araneola × O. scolopax. Les Vans (Ardèche),
10 avril 2011 (Photo A. GÉVAUDAN).
Dactylorhiza fuchsii subsp. psychrophila, et Epipogium aphyllum à SaintDrôme: il n’y a quasiment pas eu d’orchidées Pierre-d’Entremont, ainsi que Orchis spitzelii à
précoces cette année à cause du fort gel de février. Saint-Pierre-de-Chartreuse, dont c’est la seule donLa saison a donc commencé en avril. Encore deux née connue dans le massif. On a confirmé une
découvertes pour Serapias vomeracea, à Barbières nouvelle et belle station d’Ophrys gresivaudanica,
et à Rochefort-Samson, sous les monts du Ma- plus de 50 pieds, à Saint-Maximin. Enfin, le rare
tin. La belle station d’Anacamptis coriophora Gymnadenia austriaca var. iberica a été trouvé à
subsp. coriophora de Donzère a été revisitée. Saint-Baudille-et-Pipet.
Parmi plus de 200 pieds en pleine floraison, se
Rhône : Himantoglossum robertianum
trouvait un individu hypochrome, ce qui en fait
un deuxième en Rhône-Alpes avec celui de confirme son implantation dans le département :
l’Ardèche. Sur cette même station, on a dé- dès les premiers jours de janvier, un pied a été
nombré plus de 1 000 individus d’Ophrys fuci- vu entièrement fleuri à Ternay ; mais toutes les
flora subsp. montiliensis, récemment décrit. À plantes précoces ont ensuite souffert du fort gel
Beaumont-Monteux, sur une terrasse alluviale tardif, et peu d’individus ont fleuri. On avait obde l’Isère, une centaine de pieds d’Anacamptis co- servé en 2010 et 2011, un pied dans une pelouse
riophora subsp. fragrans ont été trouvés. Cette de résidence dans Villeurbanne, mais il a aussi
sous-espèce était quasiment inconnue de la gelé cette année. Un autre a été trouvé à Meyzieu,
Drôme, puisqu’un seul pied avait été vu en bordure du parc de Miribel-Jonage. Découjusqu’alors, à Rochefort-Samson. Encore une dé- verte d’un pied d’Epipactis rhodanensis sans chlocouverte d’Epipactis rares ou peu courants : rophylle, près du Rhône (Fig. 15). C’est une
une belle station d’Epipactis fageticola, riche de forme très rare, qui n’avait pas été vue jusqu’à
28 pieds, dans un secteur où il n’avait pas encore présent dans le département. On pensait avoir
été observé, à Montbrison-sur-le-Lez. Deux vu en 2011 à Solaize, sur l’île de la table ronde,
pieds d’Epipactis rhodanensis, également in- Ophrys splendida ; la plante a refleuri en 2012 fin
connu ici, étaient présents avec E. microphylla et avril et l’identification de cette espèce est confirE. tremolsii, ainsi qu’un hybride Epipactis rho- mée. Cette année, Cephalanthera rubra et
danensis × E. tremolsii. Au col de Valouse (Va- Epipactis fageticola, s’ajoutent au patrimoine de
louse), on a identifié une population d’Ophrys ce site, ainsi que l’hybride E. helleborine ×
gresivaudanica riche de plus de 50 pieds, qui est E. rhodanensis et un pied d’E. helleborine sans
donc la plus abondante de la Drôme pour cette chlorophylle. Un des hybrides E. helleborine ×
espèce. Enfin, à Lus-la-Croix-Haute, on doit no- E. fibri de l’île de la Chèvre a été revu. C’était la
346
Dernières découvertes et observations en France
puis, nous avons appris cette année, la découverte
déjà ancienne, d’une trentaine de pieds d’Orchis
pallens dans le Rhône, à Chaussan, dans une zone
très froide des monts du Lyonnais. Historiquement, il n’y avait que deux pieds connus, tous
deux dans le Mont-d’Or lyonnais.
seule plante de floraison intermédiaire sur le site.
Elle a été prélevée (seulement la partie aérienne), et cet hybride a été décrit dans le bulletin de la SFO RA n° 26 de novembre 2012. Et
Savoie : on a découvert un nouveau pied de
l’hybride Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia
conopsea à Villarodin près de Modane (Fig. 16),
côtoyant une quinzaine de pieds d’Epipactis
rhodanensis. Pseudorchis albida × Gymnadenia sp.
(G. rhellicani ou plus probablement G. cenisia)
a été trouvé à Bellecombe, au-dessus de Termignon (photo). Ce très rare hybride (dans ce cas
avec G. rhellicani) n’était connu jusqu’à présent,
en France, que dans le Massif du Mont-Blanc à
Vallorcine, et au Lac Fourchu, en Isère. D’autres
observations ont été rapportées, dans le Parc
Fig. 16.– Dactylorhiza fuchsii × Gymnadenia
conopsea. Villarodin La Norma (Savoie), 14 juillet
2012 (Photo I. COLIN-TOCQUAINE).
Fig. 17.– Dactylorhiza incarnata × D. ochroleuca.
Perrignier (Haute-Savoie), 4 juin 2012
(Photo J.-F. CHRISTIANS).
Fig. 15.– Epipactis rhodanensis, forme sans chlorophylle. Lyon (Rhône), 26 juin 2012 (J.-F. CHRISTIANS).
347
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
National de la Vanoise : de nouvelles stations
d’Orchis ovalis à Termignon, au Lac de Bellecombe, et à Bonneval-sur-Arc ; plusieurs pieds
de Dactylorhiza fuchsii subsp. fuchsii × Gymnadenia conopsea et/ou odoratissima à Aussois et à
Villarodin-Bourget. Enfin, sous le Col du Glandon, un hybride Dactylorhiza fuchsii subsp.
psychrophila x Gymnadenia conopsea, et au Col
de la Croix de Fer, un exemplaire de Gymnadenia corneliana jaune.
Haute-Savoie : on a observé, en compagnie
des espèces parentales, à Perrignier, un pied de
l’hybride Dactylorhiza incarnata × D. ochroleuca
(Fig. 17), encore jamais signalé en France.
Informateurs : J.-L. AMIET, P. BADIN, J.-L. BARON, L. & A. BART, L. BERGER, J. BRY, J.F. CHRISTIANS, G. CIANFARANI, T. DURET, I. &
G. COLIN-TOCQUAINE, T. DELAHAYE, A. DIARD,
P. DURBIN, L. FRANCON, V. GAGET, E. GAILLARD,
O. GERBAUD, A. GÉVAUDAN, N. GORIUS, G. LAMAURT, F. LOPEZ, P. MATHIOT, A. MAURIN, J.M. MOINGEON, J. MONTBARBON, A. MORIN, Ch.
& B. NALLET, G. PAPUGA, P. PERRIMBERT, A. PINGET, P. PRESSON, G. REYNAUD, S. ROLANDEZ,
F. SCANZI, Ch. & G. SCAPPATICCI, M. SÉRET, J.F. TISSERAND, A. TRONEL, E. VÉLA.
Source : Bulletin SFO Rhône-Alpes n° 26 –
novembre 2012.
*Gil SCAPPATICCI
1 674 Les Rouvières
F-26220 Dieulefit
348
Orchidées des Andes
Fabien BROSSE*
Toutes les illustrations sont de l’auteur
BROSSE F, 2013.- Orchids of the Andes. L’Orchidophile 199: 349-356.
Onze mois, onze mois à parcourir l'ensemble du continent américain, du Brésil au Qué-
bec, en passant par ces deux bouts du monde : la Terre de Feu et l'Alaska. Au retour nous partagerons, Audrey et moi, cette aventure avec plus de 400 élèves, du CP à la cinquième, dans
le but de les sensibiliser à la protection d'une ressource vitale aujourd'hui menacée, l'eau.
Résumé.– Récit d’un périple de onze mois en Amérique du Sud, au Chili, en Bolivie et au Pérou. Les
paysages et les orchidées rencontrées en chemin
sont décrits. Au total 15 espèces sont illustrées.
Mots clés.– Orchidées ; Orchidaceae ; Andes, Chili,
Pérou, Bolivie.
Abstract.– Travelogue of a 11-month trip in South
America, namely in Chile, Bolivia and Peru. Landscapes and the orchids found along the way are
described. As a whole 15 species are illustrated.
Key words.– Orchids; Orchidaceae; Andes, Chile,
Peru, Bolivia.
Introduction
Nous parcourrons ainsi 65 000 kilomètres en
quête de cet or bleu, si mal réparti et surtout si
mal géré… Nous irons, tout au long des quinze
pays traversés, de découvertes en découvertes, qui
nous feront passer de l’émerveillement à la colère, du dégoût à la joie, de la tristesse à la compassion, mais toujours avec cette même envie de
découvrir ces cultures, ces habitants, ces paysages
et cette nature splendide qui nous réserveront
tant de surprises. Naturalistes à nos heures
perdues et orchidophiles en herbe, nous nous
Fig. 1.– Parc National de Torres del Paine.
349
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
régalerons devant ces centaines d’orchidées, de la jungle amazonienne
aux prairies balayées par les vents patagons, des forêts humides des Andes
aux hauts sommets andins, des forêts millénaires de l’Ouest Américain
jusqu’au fin fond de l’Alaska. Nous
vous proposons dans cet article de
découvrir ou redécouvrir une petite
vingtaine d’orchidées croisées au
détour des chemins de la plus longue
chaîne continentale au monde : la
Cordillère des Andes.
Torres del Paine - Patagonie –
Chili
Nous découvrons notre premier
paradis orchidophile là où ne nous
l’attendons pas… au parc national
de Torres del Paine, en Patagonie
chilienne (Fig. 1). Nous sommes fin
janvier 2007 et les trois mois d’été
tirent à leur fin. Le vent souffle très
fort sous ces latitudes, mais n’empêche pas une dizaine d’espèces
d’orchidées de recouvrir une partie
de ces prairies alpines. Une seule
solution pour ces orchidées terrestres : rester près du sol. Toutes ces
espèces présentent un labelle soit
poilu, soit comportant de nombreuses callosités, favorisant certainement l’atterrissage et le maintien
de leurs hôtes pollinisateurs. Sans
aucun doute la plus belle d’entre
elles et notre premier coup de cœur
du voyage, Chloraea magellanica
Hooker fil. (Fig. 2) forme des stations denses de plusieurs dizaines
d’individus ne dépassant pas 15 cm
de hauteur. Les tiges sont relativement robustes pour supporter en
moyenne trois grosses fleurs, de
5 cm environ.
Les prairies situées entre 300 et
700 mètres au-dessus du niveau de
la mer, à l’aplomb d’imposantes
tours de granite recouvert d’ardoise
350
Fig. 2.– Chloraea magellanica.
Fig. 3.– Chloraea chica.
Fig. 4.– Gavilea lutea.
Orchidées des Andes
comportant une vingtaine de fleurs d’un jaune
éclatant. La seconde, encore plus frêle, Codonorchis lessonii (D’Urv.) Lindl. (Fig. 5), ne possède qu’une seule fleur par tige. Cette dernière,
de près de 20 cm de haut, ne mesure pas plus
d’un millimètre de diamètre. Elle porte malgré
sa blancheur immaculée et pour des raisons qui
nous sont inconnues, le doux nom anglais de
« dog orchid », soit orchidée des chiens.
Fig. 5.– Codonorchis lessonii.
noire (massif des Cuernos), recèlent d’autres espèces, certes moins impressionnantes, tels que
Chloraea chica Speg. & Kraenzl. (Fig. 3) ou encore Gavilea araucana (Phil.) M.N. Correa. Par
endroits, les milieux ouverts laissent place à des
forêts claires de « lengas » ou hêtres blancs (Nothofagus pumilio). Quasiment entièrement recouverts de mousses et lichens, ces sous-bois lumineux abritent deux belles orchidées, toujours terrestres. Les arbres leur offrent un abri
au vent, leur permettant d’étaler leur frêle silhouette. La plus grande des deux, Gavilea lutea
(Comm. ex Pers.) M.N. Correa (Fig. 4), présente
une inflorescence en grappe de près de 30 cm,
Route de la Mort - Yungas - Bolivie
Cap au nord, nous avons quitté la Patagonie
depuis près de deux mois, avons remonté la cordillère en slalomant entre le Chili et l’Argentine,
visité sans aucun doute l’un des plus beaux endroits de la planète avec le Sud Lipez bolivien,
avant de rejoindre le nord de la Bolivie. Nous
sommes début avril, nous avons momentanément laissé de côté la fraîcheur de l’altiplano, qui laisse peu de place aux orchidées, pour
la chaleur humide et suffocante du plus grand
bassin hydrographique du monde : l’Amazonie.
Tristement célèbre pour avoir longtemps été la
route la plus dangereuse du monde, autrefois
seule voix d’accès entre la capitale la Paz et les
contreforts amazoniens, greniers du pays, la fameuse route de la mort (Fig. 6) est moins
connue pour son extraordinaire richesse biologique. Cette région, transition entre les hauts plateaux andins, culminant à plus de 6 000 mètres
Fig. 6.– Route de la mort en Bolivie.
351
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 7.– Sobralia violacea.
Fig. 8.– Oncidium epidendroides.
Fig. 9.– Epidendrum macrocarpum.
352
et l’Amazonie, présente un paysage
découpé de milliers de vallées encaissées, dont les flancs sont recouverts d’une végétation tropicale
dense de type forêt humide de versants.
Arrosée par les pluies diluviennes
qui s’abattent sur ces régions en
saison chaude et en raison du brouillard quasi permanent, la végétation
tropicale a trouvé ici refuge, offrant
un véritable paradis aux orchidées.
Orchidées tropicales dans toute leur
splendeur, les toutes dernières
Sobralia violacea Linden ex Lindl.
(Fig. 7) en fleurs nous rappellent que
toutes les espèces commercialisées
dans le monde ne poussent pas uniquement dans les serres hollandaises. Mesurant plus d’un mètre de
hauteur, ces Sobralia ne possèdent
qu’une seule fleur d’une dizaine de
centimètres. Elles recouvrent par
centaines les talus ouverts (certainement sous l’action de l’Homme)
et se partagent avec les hautes graminées les quelques espaces que les
fougères arborescentes daignent leur
laisser. Cette forêt humide regorge
avant tout d’hélophytes qui, entre
broméliacées et orchidacées, se disputent la moindre branche. Tantôt
terrestres, tantôt épiphytes, comme
Oncidium epidendroides (Kunth)
Beer (Fig. 8), les Epidendrum font
preuve d’une variabilité chromatique remarquable, allant du jaune au
rouge, en passant par toutes les
teintes de rose et d’orange. La plupart des fleurs d’Epidendrum de
cette région ne dépassent que très rarement les 2 ou 3 cm, à l’exception
de cet Epidendrum macrocarpum
Rich. (Fig. 9), dont les tépales atteignent 5 cm. Quelques pieds parsèment les talus minéraux, n’hésitant
pas à étaler leur système racinaire sur
les rochers.
Orchidées des Andes
Fig. 10.– Machu Picchu.
Machu Picchu - Pérou
Un nouveau mois vient de s’écouler depuis
la Bolivie. Nous sommes début mai et nous
continuons notre remontée infernale par le fameux lac Titicaca, frontière entre la Bolivie et
le Pérou, vers Cuzco, capitale Inca, avant de rejoindre le joyau de cet ancien empire : le Machu
Picchu. Éminemment touristique, il est connu
dans le monde entier pour ses ruines superbement conservées (Fig. 10), mais un peu
moins pour son cadre naturel remarquable
l’ayant protégé de la folie destructrice des
conquistadors. La cité perdue des Incas ne fut
en effet redécouverte qu’au début du XXe siècle, sur son piton rocheux granitique surplombant de plusieurs centaines de mètres le Rio
Urubamba. Les vallées abruptes sont recouvertes d’une forêt humide comparable à celle
des Yungas, bien que légèrement moins dense
en raison de l’altitude (2 400 m), expliquant la
présence moins importante d’épiphytes. Les
cinq espèces décrites ci-dessous sont toutes terrestres et ont toutes été trouvées sur le site luimême. Leur présence naturelle ne fait que peu
Fig. 11.– L’auteur et Sobralia dichotoma.
353
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
13
14
Fig. 12.– Pleurothallis sp.
Fig. 13.– Epidendrum secundum.
12
de doute, même si l’intervention des Hommes
depuis plusieurs millénaires a certainement
joué un rôle dans le maintien de ces espèces. Les
orchidées de toutes sortes s’en donnent à cœur
joie, allant de la plus minuscule à une des plus
grandes orchidées de la planète : la Sobralia dichotoma Ruiz & Pav. (Fig. 11). Atteignant parfois trois mètres, cette orchidée battant tous les
records possède une dizaine de fleurs (de près
de 10 cm chacune). Elle forme ainsi d’imposants massifs pouvant comporter plusieurs dizaines d’individus trouvant refuge entre les
immenses blocs de granite. Ses feuilles raides
lui permettent de résister à l’appétit vorace des
alpagas entretenant le site. À l’inverse un Pleurothallis sp. (Fig. 12) se montre beaucoup plus
discret. Il présente de très longues inflorescences (jusqu’à 30 cm) possédant chacune une
cinquantaine de minuscules fleurs dépassant
difficilement les 3 mm. Egalement extrêmement courants sur le site, les Epidendrum
secundum Jacq. (Fig. 13), recouvrent de leurs
354
Fig. 14.– Phragmipedium caudatum.
Fig. 15.– Masdevallia veitchiana.
Orchidées des Andes
grappes multicolores la plupart des
milieux pionniers, allant même
jusqu’à coloniser les quelques toits
récemment reconstruits. Beaucoup
plus rare, Phragmipedium caudatum (Lindl.) Rolfe (Fig. 14), cousin
de nos Cypripedium, est parfaitement reconnaissable à son labelle
en forme de sabot. La longueur du
labelle avoisine 5 cm alors que les
autres pétales, légèrement « froissés » et torsadés peuvent atteindre
10 à 15 cm.
Nous terminerons cette partie
consacrée à ce site magique par le
second coup de cœur de ce voyage.
Ayant croisé certaines espèces de
Masdevallia de petite taille en Amazonie équatorienne, Masdevallia veitchiana Rchb. f.
(Fig. 15) est sans le moindre doute la plus majestueuse représentante de ce genre regroupant
plus de 350 espèces, réparties du sud des Andes
jusqu’au Mexique. Espèce principalement rudérale, elle se développe au sein des légères dépressions creusées au sommet d’immenses
blocs, ainsi qu’entre les marches rejoignant les
cultures en terrasses, la rendant ainsi quasiment
inaccessible. Rare sur le site, elle peut parfois
former des petites populations de 5 à 10 individus. La fleur de Masdevallia veitchiana (une
seule par pied) est tout à fait particulière car les
deux pétales orangés, ainsi que le labelle violacé
sont atrophiés (entre 2 et 3 mm) alors que les
sépales, soudés et variant entre le rose et
l’orange, mesurent plus de 10 cm.
Huaraz - Cordillère Blanche - Pérou
Nous restons au Pérou pour cette dernière
étape d’orchidées andines. Nous voici à environ 1 000 km au nord du Machu Picchu. Nous
avons à nouveau troqué la chaleur étouffante
contre la fraîcheur des hauts plateaux andins.
Nous voici plus précisément au pied d’une des
plus hautes et somptueuses cordillères de cette
chaîne andine : la Cordillère Blanche. Ses pics
recouverts de plusieurs dizaines de mètres de
glace culminent à près de 7 000 m d’altitude
(Fig. 16). À ses pieds, la végétation se compose
Fig. 16.– La Cordillère Blanche.
de maigres prairies, devenant de plus en plus
riches au fur et à mesure que l’on s’approche
des fonds de vallée. La végétation atteint alors
son paroxysme en bordure des torrents glaciaires. Une atmosphère toujours humide, en
raison du brouillard matinal et des embruns,
crée, à près de 3 000 mètres d’altitude, une ripisylve digne d’une forêt tropicale. Les broméliacées recouvrent les arbres tordus et rabougris.
Les orchidées, elles, n’ont pas encore colonisé
la strate arborée. Elles se cantonnent au sol
gorgé d’eau et aux blocs rocheux. Elles sont les
seules plantes en fleurs à cette période de l’année. Il nous faudra l’aide d’orchidophiles avérés
pour déterminer trois espèces, aux allures
quelque peu originales.
La première, une Pterichis silvestris Schltr.
(Fig. 17), présente des inflorescences denses
comportant une vingtaine de fleurs. Chacune
possède des sépales poilus sur la face extérieure
mais surtout la particularité d’être inversée. Le
labelle est en effet tourné vers le haut. La seconde, Cranichis ciliata Kunth (Fig. 18), tire
également son nom de ses pétales fortement ciliés sur la face extérieure. Elle présente la même
particularité que la précédente avec le labelle
orienté vers le haut. Nous conclurons cet
aperçu des orchidées péruviennes et cet article
par cette orchidée à l’allure peu ordinaire :
Gomphichis valida Rchb. f. (Fig. 19) qui possède
à son tour des sépales et pétales très fortement
355
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
17
18
19
ciliés et le labelle renversé. Elle présente une inflorescence extrêmement dense de plusieurs
centaines de fleurs (une dizaine par « étage »),
en haut d’une tige pouvant atteindre 50 cm.
Nous aurions aimé vous présenter la centaine
d’espèces que nous avons découvert tout au
long de ces 65 000 km. Nous vous invitons pour
cela à visiter nos sites web : les rubriques orchidées (de France et exotiques) sur le site
www.photosnature.net ou la rubrique « Carnets
de voyage » à l’adresse suivante http://
seauxs.free.fr (sans www). Nous tenons également à rappeler la fragilité de ces espèces, et
plus globalement de l’ensemble de ces écosystèmes. Des photographies sont bien plus dura-
Fig. 17.– Pterichis silvestris.
Fig. 18.– Cranichis ciliata.
Fig. 19.– Gomphichis valida.
bles qu’un triste bouquet, surtout lorsqu’on sait
que 28 ha de forêt sont détruits par minute
dans le monde, réduisant un peu plus chaque
jour les chances de survie de ces espèces.
REMERCIEMENTS
Nous voudrions remercier Jean, Claude et Goretti de
la SFO Auvergne et Gilberto du « Centro de Investigacion de Orquideas de los Andes » pour leur participation et leur aide pour la détermination des espèces.
* Fabien BROSSE
Association Solidarité-Eau-Scolarité et SFO Auvergne
[email protected]
356
L’ÉCHO DES EXPOSITIONS
Comme pour le numéro précédent, les membres de la SFO relatent les expositions auxquelles
ils ont eu le plaisir d’assister ou de participer. Encore une fois, des plantes extraordinaires ont
été au cœur de l’enthousiasme de nos adhérents et la passion et le dévouement des organisateurs ont permis de mettre en valeur nos plantes préférées. N’hésitez pas à contacter la rédaction si vous souhaitez faire partager vos impressions avec nos lecteurs
([email protected]).
Connue et reconnue, la 24e édition de
l’exposition de l’Abbaye de Vaucelles
Chaque année, les orchidophiles de toute la
France, mais aussi de la Belgique toute proche
ou d’autres pays se donnent rendez-vous dans
le Nord, dans le village de Les-Rues-des-Vignes,
qui abrite un bijou d’architecture, l’Abbaye de
Vaucelles (Fig. 1). Il s’agit de la plus grande église
cistercienne d’Europe. En effet, la place ne
manque pas, puisqu’elle est aussi vaste que
Notre-Dame de Paris !
Dans ce cadre exceptionnel, les organisateurs
réunissent chaque année, depuis 24 ans déjà, au
mois de mars, certains des meilleurs producteurs
et vendeurs d’orchidées venus du monde entier
pour présenter leurs plus belles plantes.
Pour cette édition, le thème retenu était
« rêve d’orchidées ». Tous les exposants (dont la
SFO) ont donc cherché à mettre en valeur la féerie et laissé libre cours à leur imagination parfois débordante pour montrer leurs plantes.
Les exposants sont encore une fois nombreux,
probablement plus que pour n’importe quelle autre exposition en France. Il y avait Aldo Ciampitiello (Belgique, spécialiste des terrestres rustiques), AM Orchidées (France), AsendorferOrchideenzucht (Allemagne), Ching Hua Orchids (Taïwan), Didier Balhoul (France), Floralia
(Brésil), Lücke Orchideen (Allemagne), L’Amazone (Belgique), La Canopée (France), La Cour
des Orchidées (France), Alfredo Riboni (Italie),
Ryanne Orchidée (France) et Orchideeën Wubben (Pays-Bas).
En plus de ces professionnels, plusieurs associations ont également exposé des plantes et
présenté leurs activités : AFCPO, Club des or-
Fig. 1.– L’un des stands de l’exposition, mis en
valeur par l’écrin des voûtes de l’Abbaye
(Photo D. LAFARGE).
chidophiles wallons, Club Vlaamse Orchideeën
Vriend, Orchidée 59 et… SFO bien sûr ! Le
stand, installé et animé principalement par
notre ami Michel LE ROY, sera d’ailleurs l’un
des centres d’attraction du grand public avec la
projection, directement sur la pierre blanche de
l’Abbaye, d’un diaporama sur la culture des
phalaenopsis. Chaque association a son stand
d’exposition avec des plantes d’amateurs ou de
la documentation présentée.
Enfin, la liste des exposants est complétée par
des stands « autour des orchidées » tels que les
Bijoux Lavault, DVD Diffusion, l’Atelier créatif
de Mariec, la Rose de Bavay et les bulbes Alkemade, ce qui enchantera particulièrement les orchidophiles qui sont également jardiniers ou collectionneurs !
Parmi les plantes présentées, de très beaux
spécimens sont exposés, notamment un Cymbidium madidum (Fig. 2) de très honorable dimension (La Cour des Orchidées), ou encore
357
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Coelogyne cristata (Fig. 3), énorme boule de
fleurs blanches qui occupent largement l’espace
d’un stand (La Canopée). D’autres plantes attirent également l’attention, comme ce Paphiopedilum delenatii f. vinicolor (Asendorfer) à la
coloration intense et remarquable (Fig. 4), accompagné de nombreux taxons botaniques ou
hybrides d’orchidées à sabot parfois très rares
ou, sur un autre stand (Lücke), Cattleya intermedia f. alba, rarement vu avec autant de fleurs
dans une exposition française !
Fig. 2.– Cymbidium madidum (Photo D. LAFARGE).
Fig. 4.– Paphiopedilum delenatii f. vinicolor
(Photo D. LAFARGE).
Fig. 3.– Coelogyne cristata (Photo D. LAFARGE).
358
La neige, abondante, a perturbé assez fortement l’organisation de l’édition 2013. L’accès
n’était pas toujours facile, avec des congères de
près de deux mètres autour des étroites routes
qui mènent à l’abbaye. Pourtant, les cars de passionnés auront réussi à se frayer un chemin et
les visiteurs étaient malgré tout au rendezvous, ce qui confirme que les orchidophiles sont
souvent prêts à braver tous les obstacles pour assouvir leur soif de nouveauté !
En plus de l’exposition, des conférences et des
cours de culture sont prévus tout au long des cinq
jours de la manifestation. En effet, c’est l’une des
particularités de cet événement, l’ouverture au
public a lieu le jeudi et la fermeture n’intervient
Écho des expositions
que le lundi, ce qui laisse tout le loisir aux visiteurs d’organiser leur emploi du temps et de trouver un moment pour visiter l’exposition. Revenons aux conférences, donc. Elles ont traité de
nombreux sujets relatifs aux orchidées (initiation à la culture, orchidées de Crète, cours de culture, le genre Pleione…) ou à d’autres activités
annexes souvent pratiquées ou appréciées des orchidophiles (culture des tillandsias, cours d’Ikebana…). Plus prosaïquement, tout est prévu, avec
de quoi se rafraîchir ou se restaurer sur place.
En résumé, une exposition incontournable du
paysage orchidophile francophone, bien installée et toujours renouvelée, avec des producteurs
invités qui alternent d’une année à l’autre, ce qui
permet aux collectionneurs de toujours trouver
leur bonheur et découvrir de nouvelles sources
de plantes ! Longue vie à l’exposition de l’Abbaye
de Vaucelles, pour, au moins, les 24 prochaines
années !
l’accueil des visiteurs sur le site de Wisley, à proximité de Londres. Conséquence de cette nouveauté, l’exposition est limitée à deux jours, le
vendredi et le samedi, puisqu’il faut démonter le
dimanche et libérer les lieux pour le lundi matin.
Malgré tout, les plus pressés pourront profiter en
avant-première des fleurs dès le jeudi soir,
moyennant un ticket d’entrée plus onéreux (£ 12
au lieu de £ 8 pour les autres jours).
Nos amis anglais ne font pas les choses à moitié et la vaste halle abrite de nombreux producteurs, associations ou autres exposants, venant
des quatre coins de la planète et qui seront notés par les juges. Pour les médailles d’or : Burnham (UK), Helen & David Millner (UK), Mc
Bean’s (UK), Orchid Society of Great Britain
(UK) (Fig. 6), Vacherot & Lecoufle (France) et
Writhlington School Orchid Project (UK) se disputent les faveurs du jury. Catégorie suivante, des
médailles de vermeil sont attribuées à Chantelle
David LAFARGE
[email protected]
Emblématique s’il en est, l’exposition de
la RHS à Londres
Chaque année, la RHS, organisation nationale à l’aura très importante, organise, par l’intermédiaire de son comité pour les orchidées,
une grande exposition en plein cœur de Londres, à quelques pas de Buckingham Palace. Ce
lieu est le siège de la RHS, dans le quartier de
Chelsea. Deux lieux distincts sont mobilisés. Le
premier, le Lindley Hall, abrite l’exposition d’art
botanique, tradition très importante à la RHS,
qui immortalise notamment toutes les plantes
primées par ses juges sous la forme d’aquarelles. Le second, le Lawrence Hall, est plus moderne avec son style Art Déco, construit dans les
années 1920. Nouveauté dans cet espace pour
cette année, un mur d’escalade et un filet qui
protège les voûtes de béton (!) ont fait leur apparition (Fig. 5). En effet, la RHS, pour développer de nouveaux projets, a cédé les droits
d’utilisation de cette grande halle à l’école voisine pour 99 ans, pour une somme conséquente
(18 millions de livres) qui permettra notamment à la société britannique d’améliorer
Fig. 5.– Le Lawrence Hall à l’ouverture de
l’exposition (Photo D. LAFARGE).
359
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
6
360
7
Fig. 6.– Un Ophrys (non identifié)
présenté sur le stand de l’Orchid Society
of Great Britain (Photo D. LAFARGE).
Fig. 7.– Dendrobium thyrsiflorum, élu
meilleure plante de l’exposition
(Photo D. LAFARGE).
Fig. 8.– Dendrobium loddigesii
(Photo D. LAFARGE).
8
Écho des expositions
Orchids (Taïwan + UK), Equatorial
se verront décerner le prix de meilPlants (UK), Heritage Orchids
leure plante de l’exposition pour
(UK), Lea Valley Orchid Soun Dendrobium thyrsiflorum
ciety (UK), Ratcliffe Or(Fig. 7) et le prix du meilchids (UK). Les médailles
leur spécimen ira à Coed’argent récompensent
logyne cristata f. alba.
Joseph Wu (Taïwan),
D’autres plantes mériKJ Orchids (Danetaient aussi le coup
mark),
Laurence
d’œil, comme cette
Hobbs Orchids (UK),
énorme potée couPazuzu Extreme Flora
verte de fleurs de Den(Allemagne), Roellke
drobium loddiggesii
Orchideenzucht (Alle(Fig. 8).
magne), Ryanne OrchiPour notre petit
dée (France) et l’Université
groupe français, il est
du Kent (UK). Les médailles
l’heure de faire une pause
de bronze viennent ensuite enou… de refaire le tour des stands
Fig. 9.– Cadetia chionantha,
courager Akerne Orchids (Bel- récompensé pour la qualité de pour dénicher la rareté qu’on
gique), Ecuagenera (Equateur), sa culture (Photo D. LAFARGE). rapportera en France ! Il faut égaLaneside Hardy Orchid Nursery
lement penser à manger un peu,
(UK) et Nudlinger Orchideenlanous sommes invités par la RHS
den (Allemagne). Dernier producteur présent,
mais qui n’aura pas de récompense, Orquideas
del Valle (Colombie) clôture cette liste exhaustive des vingt-trois exposants directement liés aux
orchidées. Pour compléter le tout, les Bijoux Lavault, l’Orchid Review et un atelier d’art floral occupent le reste de l’espace disponible.
Lors de cette édition, un groupe de juges français, participant à l’École de Juges d’Orchidées
de la SNHF ont été exceptionnellement invités
à suivre le jugement de la RHS. Tôt le vendredi
matin (le rendez-vous était donné à 7 h 15 sur
place), ce sont les stands qui sont examinés. En
regardant rapidement la liste précédente, on se
rend bien compte que les Français ne sont pas
les seuls à faire preuve d’un peu de chauvinisme
et que nos amis anglais (principalement), donnent facilement leur préférence à leurs compatriotes. Notons tout de même que Philippe LECOUFLE, avec son stand d’exposition qui est
également un stand de vente, a remporté les prix
du meilleur stand et du stand le plus créatif.
Après le passage en revue des stands, ce sont
les plantes d’exposition qui sont discutées et
Fig. 10.– Cattleya x dolosa. Cette plante a reçu un
notées. Les deux prix les plus prestigieux recertificat de mérite (AM/RHS) lors du jugement.
viendront à l’école de Writhlington, dont les
(Photo D. LAFARGE).
élèves cultivent de fantastiques spécimens. Ils
361
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
sont venus exposer, sans
compter la Fondation Éric
YOUNG, qui a transporté
plusieurs plantes ou
hampes florales (pour les
paphiopedilums, seules les
hampes sont apportées,
puisqu’il faudrait se soumettre à la convention
CITES pour transporter
les plantes entières de Jersey à Londres !). Le jugement de la RHS est unique
au monde. En effet, il s’agit
d’une discussion entre les
juges, qui décident ensuite
de proposer les plantes
pour une récompense et
votent à main levée, mais
aucune note n’est attribuée et il n’y a pas vraiment de grille permettant
d’objectiver les critères,
comme c’est habituellement le cas pour les autres
formes de jugement. Seules
quelques plantes seront
primées lors de cette session. Quelques-unes sont
présentées ici avec la récompense correspondante
dans la légende (Figures 9
& 10). Le jugement est sévère. Que dire, par exemple, de ce magnifique Paphiopedilum emersonii qui
Fig. 11.– Paphiopedilum emersonii. Cette plante n’a pas recueilli
suffisamment de suffrages pour remporter une récompense (Photo D. LAFARGE).
n’a récolté aucune distinction (Fig. 11) ?
à déguster des sandwiches typiquement anUne expérience que chaque participant de noglais. Une expérience gustative longtemps re- tre groupe a appréciée et qui a été complétée,
doutée, mais qui sera finalement globalement très pour ceux qui le pouvaient, par la visite des colappréciée.
lections de Kew Gardens le samedi après-midi,
L’après-midi, il faut se remettre au travail. mais c’est une autre histoire. Un beau week-end
Après l’exposition, ce sont les plantes proposées orchidophile outre-Manche, à renouveler l’anau jugement sur table qu’il faut détailler et étu- née prochaine !
dier. Une trentaine de plantes ont été soumises
au jugement, que ce soit par des amateurs proDavid LAFARGE
[email protected]
fitant de l’occasion ou par les professionnels qui
362
EN SAVOIR PLUS
Pierre AUTHIER*
Les bienfaits de la lumière chez Orchis purpurea
Source de la documentation : JACQUEMYN H., BRYS R. & JONGEJANS E. 2010.– Seed limitation restricts
population growth in shaded populations of a perennial woodland orchid. Ecology, 91(1): 119-129.
La démographie et certaines caractéristiques
biologiques de l’Orchis purpurea Huds. (Fig. 1)
ont été suivies chez six populations de cette espèce croissant en Belgique, dans deux types
d’habitat différents : l’un ombragé (trois populations) et l’autre en clairière exposée à la lumière (trois populations également). Les
principaux résultats de ces travaux peuvent être
présentés comme suit : (i) les populations étudiées ont été « suivies » durant sept années (de
2002 à 2008) et chaque individu observé, y
compris les jeunes germinations, a été cartographié au centimètre près… bref du travail sérieux… (ii) le nombre d’individus constituant
ces différentes populations a augmenté dans
tous les cas mais nettement plus chez les populations croissant dans les stations ensoleillées
que chez celles croissant en biotopes ombragés
(iii) de même, la production de fleurs et surtout de fruits est plus importante en milieux lumineux qu’en milieux ombragés. C’est ainsi
que les plantes des milieux lumineux produisent en moyenne 42,6 fleurs par inflorescence
contre seulement 34,5 chez les plantes des biotopes ombragés. De même les premières produisent (toujours en moyenne) environ deux
fois plus de fruits que les secondes ! (iv) l’espérance de vie d’un individu est plus longue en
milieu lumineux (65,89 années) qu’en milieu
ombragé (44,09 années). Notons que ces durées
de vie « possibles », particulièrement élevées,
ont été pour nous une véritable surprise : nous
n’imaginions pas une telle espérance vitale
pour ces plantes herbacées, robustes certes,
mais somme toute assez petites ! (v) En revanche, les pourcentages de germination en
milieux ouverts (clairières) sont toujours plus
faibles qu’en milieux fermés (à l’ombre) (vi) les
auteurs peuvent conclure (libre traduction)
(p. 119) : « Nos résultats indiquent que la lumière
est un facteur important qui affecte la dynamique
des populations de l’Orchis purpurea, en déterminant, au moins en partie, la production des
fleurs et des fruits… ». Plus de détails dans le
travail des auteurs.
Fig. 1.– Orchis purpurea. Vers Konitsa (Épire,
Grèce). 24 avril 2010 (Photo D. GASNIER).
363
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Les Dactylorhiza du groupe majalis en Grande-Bretagne :
une nouvelle approche…
Source de la documentation : HEDRÉN M.,NORDSTRÖM S.& BATEMAN R.M. 2011.– Plastid and nuclear DNA marker data support the recognition of four tetraploid marsh orchids (Dactylorhiza majalis s.l., Orchidaceae) in Britain and Ireland, but require their recircumscription. Botanical Journal of the Linnnean Society, 104: 107-128.
Une étude des D. majalis (Rchb.) P.F. Hunt &
Summerh. sensu lato de Grande-Bretagne et d’Irlande a été effectuée, à l’aide de marqueurs ADN
nucléaires et chloroplastiques, par les chercheurs bien connus cités dans la référence ci-dessus. Les principales informations tirées de ce travail peuvent être présentées comme suit : (i) ces
taxons sont tous tétraploïdes (2n = 4x = 80) (ii)
ils peuvent être répartis en quatre sous-espèces
(ou espèces précisent les auteurs, qui choisissent
cependant le statut de sous-espèces) :
• D. majalis subsp. praetermissa (Druce) D. Moresby, Moore & Soó [en y incluant la var. junialis (Vermeulen) Shengas, une simple forme
plus violacée du fait de sa richesse en anthocyanes] ;
• D. majalis subsp. purpurella (T. Stephenson &
T.A. Stephenson) D. Moresby, Moore & Soó ;
• D. majalis subsp. occidentalis (Pugsley) P.D. Sell
[en y incluant la forme ou variété pâle, pauvre en anthocyanes, var. kerryensis (Wilmottt)
R.M. Bateman & Denholm] ;
• D. majalis ssp. traunstenerioides (Pugsley)
R.M. Bateman & Denholm
(iii) concernant D. majalis subsp. ebudensis
(Wief. ex R.M. Bateman & Denholm) M.R.
Lowe, un taxon endémique des îles Hébrides, il
ressemble fortement, du point de vue génétique,
à la subsp. traunstenerioides et doit donc lui être
intégré (iv) les plantes déterminées jusqu’alors D.
lapponica (Hartm.) Soó, très rares en GrandeBretagne et ultra-protégées, se sont révélées
n’être « que » des formes riches en anthocyanes
de la ssp. traunstenerioides ! Ceci en dit long sur
la nécessité d’une bonne taxinomie pour une politique de protection fiable et efficace! (v) D. majalis subsp. cambrensis (R.H. Roberts) R.H. Roberts
[=D. majalis var. cambrensis (R.H. Roberts) H.A.
Pedersen] n’est qu’une forme ou une variété à rapporter à la subsp. purpurella (vi) globalement, selon
364
Fig. 2.– Dactylorhiza majalis subsp. praetermissa
Cormicy, Marne (France). Juin 2012
(Photo J.-P. AMARDEILH).
les auteurs, la richesse du contenu en anthocyanes
(= la couleur des fleurs) comme critère taxonomique, a été surévaluée (vii) de même pour la
forme des feuilles, puisque les auteurs proposent
d’intégrer au sein de la subsp. praetermissa des
formes à feuilles inhabituellement étroites (viii)
les subsp. transteinerioides et subsp. praetermissa
seraient de « vieux » polyploïdes dérivés d’individus provenant du continent et appartenant au
même complexe de l’O. majalis sensu lato tandis
que les deux autres sous-espèces (subsp. purpurella et subsp. occidentalis) seraient au contraire
des polyploïdes récents formés vraisemblablement
après la dernière glaciation (dite Weichsélienne).
Plus de détails dans le travail des auteurs.
Platanthera bifolia var. kuenkelei en Sardaigne
Source de la documentation : PAVARESE G. et al. 2011.– Where do Sardinian orchids come from : a putative
African origin for the insular population of Platanthera bifolia var. kuenkelei? Botanical Journal of the Linnnean Society, 167: 466-475.
Platanthera bifolia (Custer) Rchb. var. kuenkelei (H. Baumann) P. Delforge, un taxon initialement décrit par le botaniste allemand H.
BAUMANN au rang d’espèce autonome (=
P. kuenkelei H. Baumann), était connu seulement d’Algérie et de Tunisie mais il vient d’être
découvert en Sardaigne.
Les travaux de PAVARESE et al. concernant
cette nouveauté pour la grande île de la Méditerranée peuvent être présentés comme suit :
Cinq espèces ou taxons de Platanthera se
rencontrent dans le Bassin méditerranéen aujourd’hui, les deux premiers largement répandus, les suivants nettement moins répandus :
Fig. 3.– Platanthera kuenkelei subsp. kuenkelei
var. sardoa, plante entière, Sardaigne
(Photo Franco SOTGIU).
(a) P. chlorantha Cust. ex Rchb. (b) P. bifolia (L.)
L.C.M. Rich. (c) P. algeriensis Batt. & Trab. (Espagne, Algérie, Maroc, Sardaigne ; cette espèce
était la seule que l’on pensait jusqu’alors être
présente en Sardaigne (d) P. bifolia var. kuenkelei (H. Baumann) P. Delforge (Algérie, Tunisie
et, désormais Sardaigne) et enfin (e) P. holmboei L. Lindb. (Chypre, Turquie et Palestine) ;
Récemment (2007) une nouvelle population
de Platanthera a été découverte en Sardaigne et
rapportée initialement à P. bifolia s. str. mais une
étude morphologique plus précise a permis de
la rapporter à la var. kuenkelei ; une comparaison de l’ADN de ces individus avec celui d’in-
Fig. 4.– Platanthera kuenkelei subsp. kuenkelei var. sardoa,
détail de l’inflorescence, noter la position des pollinies en
forme de V. Sardaigne (Photo Franco SOTGIU).
365
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
dividus récoltés en Italie continentale (P. bifolia
s. str.) et d’individus récoltés en Tunisie (P. bifolia var. kuenkelei) a été effectuée et a montré
que les plantes de Sardaigne partageaient les
mêmes marqueurs génétiques que ceux des
plantes tunisiennes, ce qui confirme les résultats
des dernières observations morphologiques ;
Ainsi donc, un nouveau taxon a été découvert
en Sardaigne et il provient, selon toute vraisemblance, d’une colonisation en provenance de
l’Afrique du Nord (Tunisie) ;
Une semblable proximité génétique (et donc
une histoire similaire) vient d’être mise en évidence entre les Ophrys fusca s.l. de Sardaigne et
ceux de Tunisie (résultats non encore publiés) ;
Il s’agit là, vraisemblablement, d’un cas de dispersion à grande distance (« DLD »), une capacité
que possèdent les graines si petites et si légères
des orchidées ;
Divers arguments, non développés ici, laissent
penser qu’un tel phénomène n’est intervenu,
pour l’orchidée, qu’une seule fois et ceci à une
époque assez ancienne (la date reste à préciser) ;
De tels cas de DLD ont dû intervenir à différents moments de l’histoire de l’île pour d’autres plantes et expliquent donc l’origine d’une
partie de sa flore… Voilà du travail en perspective pour les orchidologues et les botanistes en
général, s’ils s’arment des outils de la biologie moléculaire moderne… Plus de détails dans le travail des auteurs.
N.B. P. bifolia var kuenkelei diffère essentiellement de
P. bifolia s.s. par ses feuilles plus grandes, sa taille plus
élevée et son inflorescence plus longue et plus lâche.
D’autre part, ce taxon décrit au rang d’espèce, Platanthera kuenkelei Baumann (1981) a fait l’objet d’une
étude (LORENZ et al., 2012), démontrant que les
plantes de Sardaigne différaient morphologiquement de celles d’Afrique du Nord. En effet, leurs pollinies sont divergentes en forme de « V » et ces plantes
ont donc été décrites au rang de variété : Platanthera
kuenkelei subsp. kuenkelei var. sardoa R. Lorenz,
Akhalkatsi, H. Baumann, Cortis, Cogoni & Scrugli.
(2012).
SOURCES
AMARDEILH J.-P., 2013.– Communications personnelles.
BAUMANN H., 1981.– Platanthera kuenkelei H. Baumann spec. nov.- eine neue endemische Art aus Nordafrika.- Mitt. Bl. Arbeitskr. Heim. Orch. Baden-Wurtt.
13(1) : 116-130.
LORENZ R., AKHALKATSI M., BAUMANN H., CORTIS P.,
COGONI A. & SCRUGLI A., 2012.– Platanthera kunkelei
s.l. auf Sardinien und in Georgien, eine für Europa
neue Art - ein Beitrag zu ihrer Taxonomie. J. Eur. Orch.
44(1) : 3 -62.
REMERCIEMENTS
À Jean-Pierre AMARDEILH, Daniel GASNIER et Franco SOTGIU
pour les illustrations fournies. Merci aussi à Jean-Pierre
AMARDEILH pour la relecture attentive des textes et les
améliorations et compléments d’information apportés.
* Pierre AUTHIER
[email protected]
HORS-SÉRIE CYPRIPEDIOIDEAE
Notre numéro hors-série consacré aux sabots de Vénus est toujours disponible à la vente, au tarif de 23 €
pour nos adhérents et 25 € pour les non-adhérents. Avec 136 pages en couleur au format A4, de très nombreuses illustrations et des auteurs du monde entier, c’est une compilation indispensable pour les amateurs
de sabots en tous genres ! Vous pouvez commander cet opus à l’aide du bon de commande inclus dans ce
numéro ou bien sur notre site Internet (www.sfo-asso.com).
Nous remercions par ailleurs tous les lecteurs qui nous ont adressé de chaleureux messages de félicitations
pour ce premier numéro spécial et qui nous encouragent à produire un nouveau volume exceptionnel dans
le futur.
366
La serre semi-enterrée
Jean-François ROUSSELOT*
ROUSSELOT J.-F., 2013.- Underground greenhouses. L’Orchidophile 199: 367-370.
Jean-François ROUSSELOT est le créateur de l’entreprise Undergreen Concept, qui propose
de vous accompagner tout au long de la création et de l’aménagement de votre serre semienterrée. Dans ce bref publi-communiqué, il expose les points forts de son concept.
Revisitant le principe déjà bien connu de la serre semi-enterrée, Jean-François ROUSSELOT
a développé un projet innovant qui permet de cultiver les orchidées dans un cadre
esthétique et économe en énergie. Vous trouverez par ailleurs les coordonnées de son
entreprise dans la publicité qui paraît depuis déjà quelques numéros dans notre revue.
La serre semi-enterrée (Fig. 1) est une véritable innovation. Comme une serre traditionnelle, elle vous permet de cultiver des plantes
tropicales ou même d’élever des espèces animales exotiques tout au long de l’année. La particularité du concept que nous avons développé
est de s’intégrer totalement à votre environnement paysagé. Isolée sur votre terrain ou rattachée à votre maison, elle ajoute une valeur
esthétique à votre jardin.
La création de ce type de serre a été menée
suite à une réflexion sur l’économie d’énergie,
le design, l’intégration dans le paysage, et son
utilité même durant les périodes estivales. Dans
un premier temps, diminuer les pertes de chaleur et créer une isolation des plus performantes et naturelles. Dans un second temps
éviter de « poser » une serre classique coûteuse
en chauffage, sans isolation ni charme au milieu d’un espace naturel.
La serre semi-enterrée est entre autre inspirée des antiques constructions islandaises : les
maisons sont protégées du vent et du froid par
des murs en terre ou complètement enterrés, excepté la façade avant. Le but est de profiter du
sol, une ressource calorifique gratuite dont
l’isolation est reconnue. La serre est ainsi enfermée dans un élément des plus isolants: la terre.
Une isolation optimale
En enterrant directement une partie de la
serre dans le sol, vous bénéficiez d’une isolation
naturelle. L’hiver, les déperditions de chaleur
sont moindres (bonne inertie) et la température de la serre diminue lentement, même sans
chauffage. L’été, vous maintenez une certaine
fraîcheur grâce à la partie ombragée qui est recouverte de terre et évitez que vos plantes soient
trop exposées aux rayons du soleil.
Une construction sur mesure
La mise en place d’une serre nécessite tout
d’abord une étude de votre terrain pour déterminer la meilleure orientation et bénéficier
d’un maximum de soleil en hiver. Le concept
semi-enterré permet de poser la partie vitrée de
la serre à ras du sol et de profiter des premiers
rayons du soleil rasants.
Le gros œuvre de la serre est en blocs de
béton, comme une construction traditionnelle.
La structure interne peut être en bois traité (lasuré ou peint selon les teintes de votre choix)
ou en PVC. Les parties vitrées sont en double
vitrage pour favoriser encore une fois l’isolation et la surface du toit en polycarbonate pour
éviter l’effet loupe qui brûle les plantes en été.
La finition extérieure est un bardage en bois lasuré ou peint selon vos envies. Grâce à ce
concept, tout est réalisable. Vous imaginez votre
serre à votre image, à la forme et aux dimensions qui vous conviennent, tout en l’intégrant
le plus harmonieusement possible à votre terrain. Toutes les réalisations sont uniques et sur
mesures.
367
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Selon vos habitudes et vos envies, vous pouvez aussi adapter ce concept de serre hors du
sol. En faisant appel à un professionnel, vous
créez ensemble votre serre idéale et l’adaptez
vos à besoins.
Une serre paysagée
Le principal atout de la serre paysagée est
d’ajouter une valeur décorative à votre jardin
et de s’intégrer parfaitement à votre environnement. Qu’elle soit isolée sur votre terrain ou
attenante à votre maison ou à votre garage, la
serre se fond entièrement dans le paysage. Pour
l’agrémenter, nous privilégions des matériaux
locaux qui correspondent au style de votre maison (pierres locales, pierres sèches, bois…).
Vous pouvez ainsi imaginer un parement en
pierre qui s’accordera à votre façade (Fig. 2).
Un équipement adapté
Pour agrémenter votre serre et l’adapter à
vos besoins, certaines installations peuvent se
rajouter sur simple demande. Un récupérateur
d’eau de pluie peut vous faire réaliser quelques
économies. Un système de brumisation programmable peut vous
aider dans la culture
des plantes tropicales.
Le bâti étant en matériaux rigides tout est
possible en termes
d’aménagement intérieur (installation d’un
bassin, d’un mur végétal, de systèmes de suspension ou encore
d’étagères fixées au mur…) (Figures 3 & 4).
2
Fig .1.– La serre semi-enterrée intégrée au
paysage du jardin (Photo J.-F. ROUSSELOT).
Fig. 2.– Un exemple des revêtements possibles
utilisés en bardage ou parement (bois lasuré,
pierres sèches) (Photo J.-F. ROUSSELOT).
Fig. 3.– Un aménagement très structuré pour
la culture des orchidées ou autres végétaux
(Photo J.-F. ROUSSELOT).
368
1
La serre semi-enterrée
3
369
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Fig. 4.– Un autre exemple, ici beaucoup plus « naturel » qui ne demande
qu’à devenir un véritable écosystème (Photo J.-F. ROUSSELOT).
Zoom sur la culture des orchidées
La culture de plantes comme les orchidées, les
agrumes ou les espèces tropicales nécessite un
complément de chaleur pour les journées sans
soleil ou les nuits d’hiver. Dans ce cas, l’installation d’une pompe à chaleur réversible présente
de nombreux avantages : elle vous permet de réchauffer la serre en hiver et de la rafraîchir en été
et elle assure une ventilation indispensable
pour éviter les moisissures. De plus, cette solution reste économique car grâce à l’isolation optimale de la serre, le chauffage devient inutile dès
les premiers rayons du soleil. Son fonctionnement
est géré automatiquement. L’installation est dimensionnée en fonction de la région, de l’orientation et du volume de la serre.
Pour éviter les trop grosses montées en température lors des mois d’été la toiture de la serre
est recouverte d’une bâche PVC blanche ayant
pour but de tamiser les rayons du soleil sans
supprimer la luminosité.
Afin de renouveler l’air ambiant, des extracteurs sont installés (type VMC autonome).
Conclusion
L’autre but de ce type de serre est de créer un
espace de nature à part entière, développement
d’espèces animales (grenouilles, rainettes, lézards) et d’espèces végétales (mousses, fougères). La serre vit et évolue dans le temps,
comme un écosystème unique.
*Jean-François ROUSSELOT
www.undergreen-concept.com
370
FICHE DE CULTURE
Cattleya elongata
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
FICHE DE CULTURE
Cattleya elongata Barb.Rodr.
Fiche et photographie de Jean-Pierre LE PABIC
[email protected]
PLACE DANS LA CLASSIFICATION
Le genre Cattleya appartient à la sous-famille des
Epidendroideae, tribu des Epidendreae et sous-tribu
des Laeliineae.
La description initiale de Cattleya elongata été effectuée par João BARBOSA RODRIGUES (1842-1909) dans
l’une de ses publications les plus importantes, Genera et species orchidearum novarum (1877), à partir
de plantes qu’il aurait collectées au mois de mars
1876 dans les forêts du Carangola, province du Minais Gerais (Brésil). Cette zone ne se situe toutefois
pas dans le périmètre de distribution actuel de l’espèce. Cattleya elongata a par la suite été introduit vivant dans les collections européennes par M. CLAES,
collecteur de l’Horticulture Internationale de
Bruxelles. Les plantes, collectées dans l’état du Pernanbuco furent envoyées à LINDEN et décrites à nouveau par LINDEN et ROLFE dans le Gardener’s
Chronicle en 1892 sous le nom de Cattleya alexandrae. Rolfe corrigea plus tard cette erreur dans Orchid review en 1894 où il accepta le nom de Cattleya
elongata.
LA PLANTE
Cattleya elongata est une plante compacte, les pseudobulbes étant très proches les uns des autres. Pratiquement cylindriques, d’une longueur de 25 à 70 cm,
d’un diamètre de 1,5 à 3 cm ils sont surmontés de
deux à trois feuilles elliptiques très coriaces, longues
de 8 à 20 cm et larges de 5 à 10 cm. Entre deux et
neuf fleurs s’épanouissent en automne sur une
hampe de 35 à 60 cm qui émerge d’une bractée
longue de 13 à 15 cm. Leur envergure se situe autour
de 12 cm. Le labelle est rose tandis que la couleur des
autres segments est intermédiaire entre bordeaux et
marron.
DISTRIBUTION
Cattleya elongata pousse essentiellement sur des sols
rocheux et ensoleillés, à des altitudes comprises entre
250 et 850 m. Il peut aussi pousser en épiphyte sur les
branches basses des quelques arbres des alentours.
On le trouve exclusivement au Brésil dans les états
de Bahia (à l’ouest), de Minas Gerais (au nord) et de
Pernanbuco.
372
CLIMAT
Comme il apparaît dans le tableau ci-dessous
(source : World Climate Guide - www.worldclimateguide.co.uk) qui indique les relevés météorologiques
de la ville de Lençois, Bahia, Brésil, située à une altitude de 400 m, les températures diurnes comme les
températures nocturnes restent pratiquement
constantes toute l’année. Pour tenir compte de la faible inertie thermique du sol et de la végétation basse
des stations où pousse Cattleya elongata, il convient
d’augmenter sensiblement les températures diurnes
et de diminuer les températures nocturnes. Dans la
littérature, les chiffres de 39 °C le jour et 14 °C la nuit
sont couramment cités.
Les précipitations sont assez fortes durant l’été austral et modérées pendant l’hiver.
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
A
B
C
D
30,0
30,0
30,0
29,0
28,0
26,0
26,0
27,0
29,0
30,0
30,0
30,0
19,0
19,0
19,0
19,0
18,0
16,0
16,0
16,0
16,0
18,0
18,0
19,0
11,0
11,0
11,0
10,0
10,0
10,0
10,0
11,0
13,0
12,0
12,0
11,0
129
120
133
105
52
47
39
23
27
65
154
160
A = Moyenne des maximums (en degrés Celsius)
B = Moyenne des minimums (en degrés Celsius)
C = Écart journalier (en degrés Celsius)
D = Précipitations (en mm/mois)
CULTURE
Malgré les conditions climatiques assez marquées
que supporte Cattleya elongata dans la nature, sa culture ne présente pas de difficulté. Il faut simplement
lui choisir un emplacement ensoleillé dans la serre
qui lui procurera en été les variations de températures qu’il connaît dans son milieu naturel. Il est peu
sensible aux maladies et peut être arrosé toute l’année. Dans ces conditions, il fleurit tous les ans.
(*) Pour plus de détails, voir le Manuel de Culture publié
par la SFO.
ORCHIDÉE-CLIC
En Argentine comme en France, la passion des orchidées tropicales ou indigènes se retrouve
sur le Net. Si vous avez créé un site sur les orchidées ou si vous connaissez des sites de référence,
n'hésitez pas à en faire part à l'auteur de la rubrique par messagerie. Bonne lecture et bon surf!
Philippe DURBIN*
Orchidées nature
www.elisajeanluc.fr/orchidees_nature
(site en français et en anglais)
Si vous avez aimé l'article « Côte Ouest, de la
Californie à l'état de Washington » paru dans le
numéro précédent de l'Orchidophile, ne manquez pas d'aller voir ou revoir "Orchidées Nature", le site de ses auteurs : Élisabeth et Jean-Luc
ROUX. Partage des connaissances, des souvenirs
et de la passion pour la nature, cela résume bien
la philosophie de ce site de navigation facile et
doté d'un style simple et efficace.
Pas moins de 35 genres sont répertoriés,
auxquels on accède au moyen d'une liste alphabétique qui ouvre le choix sur des monographies des espèces observées par les auteurs.
Ainsi le genre Cypripedium, par exemple, comprend une fiche sur C. calceolus mais aussi sur
cinq autres espèces américaines observées lors
des voyages d'Élisabeth et Jean-Luc. Pourvues
d'une illustration abondante avec des clichés de
qualité, mettant bien en valeur la délicatesse de
certaines espèces en particulier nord-américaines, ces fiches sont utilement complétées d'une
description brève, de la date de floraison et d'une
jolie carte de répartition du taxon décrit. On notera aussi une carte planétaire de la répartition
de chaque genre, qui révèle la vision mondiale
des auteurs quant aux orchidées sauvages.
La rubrique « Voyages » offre des reportages
courts mais riches en images sur des séjours hors
de France avec, en en-tête, des photos de paysages
qui mettent immédiatement le visiteur dans l'ambiance. C'est là que vous retrouverez les comptes
rendus des excursions sur le continent nord-américain, Canada, côtes Est et Ouest, mais aussi des
visites de contrées méditerranéennes comme la
Grèce et la Sardaigne et leurs ophrys spectaculaires, ou d'Europe centrale comme les Dolomites
autrichiennes et leurs nigritelles multicolores. La
rubrique intitulée « Régions » est consacrée à la
description de sites à orchidées du sud de la
France et d'Espagne, avec des clichés de fleurs,
orchidacées ou autre, agrémentés de superbes
photos de paysages. À voir absolument le parc
de Bardenas Reales avec ses vautours et ses fragiles orchidées sauvages dans un décor aussi désertique que fantastique !
Le site Orchidées Nature est une réelle invitation au voyage, de jolies fleurs dans de beaux
paysages, que faut-il ajouter de plus pour une
balade orchidophile agréable, qu'elle soit virtuelle ou bien réelle ?
373
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Exposición virtual de orquídeas
Exposition virtuelle d'orchidées tropicales
(site en espagnol et en anglais)
http://orquideas-katia.com/orquideas-expovirtual/
Une exposition qui dure depuis 10 ans !
Voilà ce que propose Katia SEAGULL depuis sa
lointaine Argentine. Un site dont la navigation
est un peu compliquée mais la visite en vaut la
peine. En voici le mode d'emploi : il faut cliquer
sur un des langages proposés en bas de la page
d'accueil puis, tout en bas de la page de bienvenue qui s'ouvre, cliquer encore sur « Salones » ou
bien « Show Rooms ». Une page de menu se présente alors, avec un choix de genres parfois subdivisé selon le pays d'origine. Un clic sur l'une
de ces cases ouvre un autre menu, permettant de
choisir l'année d'évaluation du jury, et là, après
avoir franchi ce labyrinthe virtuel, vous pouvez
enfin découvrir les photos des plantes candidates.
Comme il est expliqué dans la page de bienvenue, ces photographies sont envoyées par
d'autres collectionneurs dans le but de les soumettre à l'évaluation du jury, ce concours est
permanent et ouvert à la planète
entière ! Le jury est international
et renouvelé chaque année, sa
composition est indiquée dans
une des sections du site. Les photographies gagnantes et primées
du concours sont regroupées
dans un chapitre spécial appelé
« Salon dorado » ou « Winners
room ». Dans ces pages tout en or,
le résultat de chaque évaluation
est consultable. À l'image du gagnant de la période 2010-2011,
une très élégante Brassavola cucullata d'une blancheur diaphane, les plantes lauréates sont
réellement superbes comme par
exemple, et entre beaucoup d'autres, le Cycnoches hybride « wine delight », d'un rouge très
profond, qui est arrivé en tête de sa catégorie. Je
vous laisse découvrir les autres beautés primées.
N'oubliez pas les quelques photographies
d'habitats ou de plantes dans leur décor naturel, qui font aussi partie des clichés distingués
par le jury, plusieurs de ces floraisons sont exceptionnelles. Enfin, la case « videos » permet
d'accéder à un très beau diaporama disponible
au téléchargement. Malgré une certaine complexité, inhérente à sa richesse, ce site propose
des fleurs superbes au simple visiteur et un enjeu passionnant pour les participants au
concours.
Peut-être tenterez-vous d'envoyer des photographies de votre propre collection d'orchidées
tropicales et, qui sait, d’atteindre une place au
salon d'or ?
Philippe DURBIN
[email protected]
374
EXPOSITIONS ET MANIFESTATIONS
Michel LE ROY
N
otre bulletin est ouvert à l’annonce de toutes les expositions, manifestations, portes ouvertes, etc. concernant les orchidées. Malgré nos recherches intensives, il se peut que nous n’ayons pas connaissance de
certains événements. Pour éviter cela, envoyez vos informations, plaquettes ou dépliants publicitaires à SFO,
17 quai de la Seine, 75 019 Paris, à l’attention de Michel LE ROY. L’École de Juges d’Orchidées (voir l’Orchidophile n° 187) se tient à la disposition des organisateurs pour organiser, gratuitement, un concours d’orchidées lors des expositions. Pour plus de renseignements, envoyer un mail à [email protected] Présentation
alphabétique par département.
CHARENTE MARITIME (17)
LOIRET (45)
Pons. La Société Française
Orléans. Rendez-vous maintenant traditionnel dans
d’Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée organise son
deuxième salon les 22 et 23 février, salle Roger Renaud à
Pons (17). Lors de cette manifestation vous pourrez rencontrer
des exposants, découvrir les
orchidées de la région ainsi que
des orchidées exotiques à travers un diaporama et des expositions, assister à des
séances de rempotage, etc. De 10 h 00 à 19 h 00. Entrée 3 €, gratuit pour les moins de 12 ans.
Plus de renseignements : http://www.orchidee-poitoucharentes.org
la Serre aux Papillons du Parc Floral de la Source du
samedi 8 au dimanche 16 février, de 10 h 00 à 18 h 00.
Entrées du parc et de l’exposition gratuites.
Plus de renseignements: www.parcfloraldelasource.com
GARD (30)
Vergèze. Le 13e Salon des Or-
chidées de Vergèze, sur le thème
« Les Orchidées font leur cinéma », se déroulera les vendredi 31 janvier (14 h 00 18 h 00), samedi 1 er et dimanche 2 février (10 h 00 18 h 00). Cette manifestation
organisée par Orchidée Languedoc se tiendra dans la salle Vergèze-Espace. Entrée
4 €, gratuit pour les moins de 12 ans.
Plus de renseignements : www.orchidoc.fr
LOIR-ET-CHER (41)
Blois. La Société Française d’Orchidophilie organise
le 16e Colloque sur le thème « Quel avenir pour les orchidées dans leur milieu naturel ? » les 1er et 2 mars. Une
exposition internationale d’orchidées sera organisée
conjointement avec le colloque. La Halle aux Grains, de
10 h 00 à 19 h 00. Entrée de l’exposition 5 €. Pour les
inscriptions au Colloque, reportez-vous au texte publié
dans ce numéro et au site Internet de la SFO.
Plus de renseignements : http://sfocl.free.fr
NORD (59)
Abbaye de Vaucelles. La 24e exposition internatio-
nale d’orchidées se déroulera du 13 au 17 mars. Le
thème retenu est : « Reine d’Orchidées ». Des producteurs français et internationaux présenteront leurs produits dans le merveilleux décor de l’abbaye. Jeudi
13 mars 2014 de 14 h 00 à 19 h 00 et du vendredi 14
au lundi 17 mars de 10 h 00 à 19 h 00.
Avec la participation de la SFO.
Plus de renseignements : http://www.abbayedevau
celles.com/expositions.php?article=pardates&expo=8
PAS-DE-CALAIS (62)
Merlimont. Forte du succès des années passées, l’As-
sociation Merlimont Passion, en partenariat avec la
Municipalité, organise le 5e Salon des Orchidées les
19, 20 et 21 avril.
Plus de renseignements : http://merlimontpassion.over
-blog.com
HAUTS-DE-SEINE (92)
Bourg-la-Reine. L’Association
Orchidée 75 et la Ville de Bourgla-Reine proposent la 3e édition
de leur exposition et vous invitent
à découvrir l’infinie variété de
cette famille de plantes. 14, 15
et 16 mars, de 10 h 00 à
18h00. Entrée 3€. Espace « Les
Colonnes » 51 boulevard du
Maréchal Joffre, 92 340 Bourgla-Reine.
Plus de renseignements : http://www.orchidee75.fr
VAL-DE-MARNE (94)
Boissy-Saint-Léger. Philippe et Françoise LECOUFLE
375
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
vous invitent à découvrir la 12e édition de la Crèche
Exotique dans un décor chatoyant et coloré de fleurs
d’orchidées. 29 rue de Valenton, 94 470 Boissy-SaintLéger, du 5 décembre 2013 au 4 janvier 2014, de
10 h 00 à 19 h 00, sauf le jour de Noël et le jour de
l’An. Ouverture exceptionnelle les dimanches 8, 15,
22 et 29 décembre. Entrée libre.
Plus de renseignements : http://www.lorchidee.fr
Et encore, pas (trop) loin de la France…
ALLEMAGNE
Bad Salzuflen. L’Association
des amis des Orchidées de Westphalie Orientale (Orchideenfreunde Ostwestfalen-Lippe e.V.),
membre de la DOG (Deutsche Orchideen-gesellschaft) organise du
27 février au 2 mars une exposition d’orchidées. Horaire : 9 h 00
à 18 h 00. Entrée : adultes 7 €, enfants et étudiants : 3 €. Lieu : parc
thermal (Kurpark), Bad Salzuflen.
Plus de renseignements : http://www.oowl.de/Auss
tellung.htm
Munich. La section de Munich
- Sud Bavière de la DOG organise le Marché des Orchidées du
14 au 16 mars. Vendredi 14 et
samedi 15 de 9 h 00 à 18 h 00,
et de 9 h 00 à 16 h 00 le
dimanche 16. Hotel-Restaurant
Heide-Volm, Bahnhofstraße 51,
82 152 Planegg.
Plus de renseignements :
http://www.orchidee-muen chen.de
Dresde. Une exposition regroupant nombre d’exposants
d’Europe, Asie, Amérique du Sud
et Australie se tiendra à Dresde du
27 au 30 mars. Lieu : Messe
Dresden, Messering 6, 01 067
Dresde.
Plus de renseignements :
www.messe-dresden.de
AUTRICHE
Vienne. Exposition interna-
tionale d’Orchidées et de Tillandsias organisée par la Société
d’Orchidophilie de Vienne
(Wiener Orchideengesellschaft).
Jardin des Plantes de la ville de
Vienne (Blumengärten der Stadt)
376
Wien-Hirschstetten. Quadenstra e, 15 1 220 Wien. Du
15 au 23 février, de 9 h 00 à 17 h 00.
Plus de renseignements : www.orchideen-wien.at
ITALIE
Monte Porzio Catone. La « Città delle Orchidee » or-
ganise la 19e Mostra Internazionale Orchidee du 4 au
6 avril.
Plus de renseignements : www.comune.monteporzio
catone.rm.it
ROYAUME-UNI
Londres. Organisée par la Royal Horticultural Soci-
ety (RHS), une grande exposition d’orchidées et d’art
botanique (London Orchid Show and Botanical Art
Show) se déroulera les 11 et 12 avril au Lawrence Hall,
Westminster, Londres.
Plus de renseignements : http://www.rhs.org.uk/
Shows-Events /RHS-London-Flower-Shows/RHS-orchidshow
Et encore, un peu plus loin de la
France…
AFRIQUE DU SUD
Johannesburg. 21e World Orchid Conference du 10
au 14 septembre au Sandton Convention Centre.
Plus de renseignements : http://www.woc21.org
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
VIENT DE PARAÎTRE
Orchids of the French Guiana par Darius L. SZLACHETKO,
Yvonne VEYRET, Joanna MYTNIK-EJSMONT, Magdalena SAWICKA,
Piotr RUTKOWSKI et Przemyslaw BARANOW.
Éditeur : A.R.G. Gantner Verlag K.G. Texte en anglais, 409 pp. plus photos,
1 200 pages au total - 2012. Prix environ 180 €. Distributeur : Koeltz Scientific
Books, P.O. Box 1360, D-61453 Königstein/Germany.
En vente dans les librairies spécialisées.
La Guyane est le seul département français situé
en Amérique du Sud. Le
territoire couvre une superficie de 91 000 km2,
recouvert à 90 % par de
la forêt. De cette superficie forestière 95,5 % sont
constitués par de la forêt
primaire. Alors que la
plupart des forêts tropicales et de leurs écosystèmes sont en danger d’extermination, la Guyane française peut se prévaloir
du plus faible taux de déforestation (le plus bas de
l’Amérique du Sud), avec seulement une perte de
2,6 % de forêt tropicale dans les quinze dernières
années. Les auteurs nous présentent donc un ouvrage qui bénéficie d’une flore qui a peu changé et
qui offre un domaine intéressant pour la recherche
sur la diversité biologique. Nos six auteurs nous
présentent une étude de la flore orchidophile basée sur quelques voyages de Darius L. SZLACHETKO
en terrain guyanais entre 1997 et 1999. Mais cette
étude représente également un travail très important effectué avec du matériel d’herbiers. Le nombre total de spécimens secs étudiés étant d’environ
4 500 planches. Ces spécimens d’herbiers ont été
prêtés ou examinés dans de nombreux établissements. Après une présentation du territoire qui
prend en compte la géomorphologie et ses particularités (zones littorales, forêts de mangrove,
terres de basses altitudes, zones de montagneuses,
inselbergs etc…), l’hydrologie est étudiée ainsi
que le climat et la flore générale. Les auteurs nous
proposent ensuite des clés de détermination pour
les familles, sous-familles et genres présents sur le
378
territoire de l’étude. Viennent ensuite la présentation des espèces avec clés et descriptions taxinomiques, informations écologiques, les localisations précises pour chaque espèce ainsi que la liste
des échantillons représentatifs, sans oublier la synonymie. Particulièrement précieux sont les dessins au trait qui accompagnent chaque espèce.
D’une grande précision, ils détaillent soigneusement les caractères morphologiques essentiels et
nécessaires pour une bonne détermination.
Comme dans tout bon travail les descriptions se
terminent avec des références bibliographiques et
un index des noms scientifiques. Après cette première partie, qui occupe 409 pages, le volume
nous offre, en deuxième partie, des photographies
(souvent plusieurs) de chaque espèce, accompagnées de celles de quelques planches d’herbiers.
Pour donner un exemple, l’illustration du Phragmipedium lindleyanum comporte six clichés différents de la fleur et trois de planches d’herbiers.
L’ensemble texte et photographies offre ainsi un
ouvrage très bien documenté mais aussi un livre
très volumineux. L’ensemble pèse 2,6 kg, ce qui en
fait un travail qui restera, à jamais, dans nos bibliothèques. La Guyane française avec sa grande
diversité orchidologique (mais pas seulement), est
le département français le mieux doté en nombre
d’espèces, mais certainement le moins bien connu.
Combien de belles surprises restent encore à découvrir ? La Guyane bénéficie également d’un faible taux de population, puisqu’il n’excède pas deux
habitants au kilomètre carré, avec un territoire
pratiquement vierge et difficilement pénétrable.
Cela durera-t-il ?
Michel GIRAUD
[email protected]
VIENT DE PARAÎTRE
379
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
BULLETIN D'ADHÉSION
réservé aux nouveaux adhérents
à adresser avec le règlement à : SFO service abonnements
17 quai de la Seine, 75019 PARIS
www.sfo-asso.com
ÉCRIRE EN CARACTÈRES D'IMPRIMERIE
RENSEIGNEMENTS CONCERNANT L’ADHÉRENT ET/OU L’ABONNÉ
|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|
M. Mme Mlle (1) :
Prénom : |……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|……|
Adresse
Bât., résidence
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Rue ………………………………………………………………|
Lieu-dit…………………………………………………………|
Ville………………………………………………………………|
Renseignements facultatifs
Téléphone :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel
Date de naissance :
:
.....................................
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession .......................................
Obligatoire pour les moins de 25 ans
ANCIEN MEMBRE DE LA SFO
Oui Non MEMBRES ASSOCIÉS ÉVENTUELS
M. Mme Mlle (2) : |………………………………………………| Prénom(s): |…………………………|
Adresse : |………………………………………………………|……|……|……|…… |…………………………|
|……………………………………….….…….…….…….……………|……|……|……|…… |…………………………|
Si vous êtes d’accord pour que nous communiquions votre adresse à des mairies,
associations… qui désirent mener avec nous des actions, cochez la case ci-contre: Si vous souhaitez être rattaché(e) à l’association régionale qui couvre votre département,
merci de cocher la case ci-contre :
Mon département n’est pas couvert par une des associations locales de la SFO ou je
préfère être rattaché(e) à une autre association, dans ce cas j’indique laquelle
(voir 3e de couverture ou liste jointe) : ……………………………………………………
ATTENTION, vous ne pouvez être affilié(e) qu’à une seule association locale.
Si vous êtes intéressés par d’autres groupements et SFO locales, vous pouvez contacter directement les présidents.
Intérêts particuliers
Orchidées d'Europe
Orchidées exotiques
Botanique
Culture en appartement
Culture en serre
Photographie
Dessin
Activités régionales
Animation d’expos
(1) Rayer les mentions inutiles - (2) Si l’adresse est différente du membre actif
380
COTISATIONS ET ABONNEMENTS
TARIFS VALABLES À PARTIR DU 1ER JANVIER 2014
COTISATION À LA SFO ET ABONNEMENT À L’ORCHIDOPHILE
(4 numéros par an)
COTISATION
ABONNEMENT
TOTAL
ADHÉRENT
18,00 €
35,00 €
53,00 €
BIENFAITEUR
30,00 €
35,00 €
65,00 €
MEMBRE ASSOCIÉ
9,00 €
sans
9,00 €
JEUNE (< 25 ans) + étudiants*
9,00 €
26,00 €
35,00 €
sans
53,00 €
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* Jeunes de moins de 25 ans et étudiants, fournir un justificatif (année de naissance et/ou
carte d’étudiant).
Je soutiens orchisauvage.fr en réglant une cotisation facultative de 2 euros
POUR VOS PAIEMENTS DE L’ÉTRANGER
• Par chèques tirés sur une banque française ou par carte bancaire VISA ou MASTERCARD, appliquez le tarif métropole.
• Pas de chèques tirés sur une banque étrangère, sinon ajouter 15,00 €
• Pour les DOM, TOM et pays hors Europe, le supplément expédition est obligatoire.
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CATÉGORIE
TARIF
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Adhérent + abonnement
Bienfaiteur simple *
Bienfaiteur + abonnement
Membre associé
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Jeune (< 25 ans) + abonnement
Abonnement seul
Cotisation Orchisauvage.fr
18,00 €
53,00 €
30,00 €
65,00 €
9,00 €
9,00 €
35,00 €
53,00 €
2,00 €
Règlement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €
Espèces
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Carte bancaire : Visa ou Mastercard
SUPPLÉMENT/PORT
1
2
3
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8,00 €
13,00 €
5,00 €
8,00 €
13,00 €
5,00 €
5,00 €
8,00 €
8,00 €
13,00 €
13,00 €
TOTAL
1) Port étranger - 2) Port DOM 3) Port TOM * Sans abonnement
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Prénom : ..........................................
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Montant
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381
L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
Le
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ADRESSE DE LIVRAISON :
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D É S I G N AT I O N
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M O N TA N T T T C
Commande de l’étranger : – sans frais par CB
– en cas de paiement par chèque,
ajouter obligatoirement 15 € (frais)
Eurochèques non acceptés
P o u r l ’ é t r a n g e r M O N TA N T T T C : . . . . . . . . . . . . . . . .
France ou étranger : paiement sans frais par carte bleue VISA et Mastercard.
Nom : ..........................
Prénom : .........................................
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N° de carte :
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N° CV x 2* :
*3 derniers chiffres situés au dos de la carte, sur la bande réservée à la signature.
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situées au verso (règlement joint à cette commande)
chèque
CB
382
S I G N AT U R E
VENTE DES PUBLICATIONS SFO
Par correspondance (frais d’envoi compris)
Retrouvez toutes les publications sur
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ANCIENS NUMÉROS DE « L’ORCHIDOPHILE »
1) au numéro
du n° 1 au n° 50
du n° 51 au n° 100
du n° 101 au n° 159
du n° 160 au n° 190
n°191 et +
Prix adhérents
2,00 €
3,00 €
4,00 €
5,00 €
12,50 €
Non adhérents
2,50 €
3,50 €
4,50 €
5,50 €
13,50 €
2) pour une année
Année 1970
Années 1971 à 1983
Années 1984 à 2011
Année 2012
3,00 €
11,00 €
14,00 €
51,00 €
3,50 €
13,00 €
16,00 €
55,00 €
Prix adhérents
Non adhérents
23,00 €
25,00 €
Cartes postales
Lot de 4 cartes doubles
5 « Sabot de Vénus »
La série de 10 cartes exotiques
3,50 €
3,10 €
5,80 €
4,00 €
3,40 €
6,10 €
Colloques
15e colloque (Montpellier 2009)
14e colloque (Paris 1999)
13e colloque (Grenoble 1995)
45,00 €
20,00 €
15,00 €
50,00 €
22,00 €
17,00 €
Orchidées d’Europe
Atlas des orchidées d'Indre et Loire
Atlas des orchidées sauvages de Haute-Normandie
Hybrides Nigritelles/Pseudorchis
Orchidées du Maroc
Une répartition des orchidées sauvages de France
14,00 €
10,00 €
10,00 €
5,00 €
5,00 €
17,50 €
12,00 €
12,00 €
5,00 €
6,00 €
4,50 €
5,50 €
10,70 €
10,00 €
4,00 €
6,00 €
12,30 €
14,00 €
4,00 €
8,00 €
AUTRES PUBLICATIONS
Hors-série de L’Orchidophile
Cypripedioideae – Sabots de Vénus (2013)
Cartographies à l’unité
Départements : 1, 8, 10, 11, 12, 15, 31, 32, 44, 51,
52, 55, 58, 67 & 68, 69, 82
Généralités
Manuel de culture
Glossaire botanique illustré
Synopsis des orchidées européennes
Une histoire de l'Orchidologie française
Les n° 13, 35, 39, 45, 50, 69, 110, 135, 153 de l’Orchidophiles sont épuisés, les articles sont à
télécharger sur le site de la SFO -> Nos publications -> L’Orchidophile -> Index (entrer le numéro dans
« votre recherche » (adhérents uniquement).
383
384
TARIF DES PUBLICATIONS DISPONIBLES AU SIÈGE DE LA SFO
L'Atlas des orchidées de France : pour des raisons techniques, le tarif donné ne correspond pas au tarif réel. Il suffit d'ajouter les frais de port pour en connaître le prix pour chaque
catégorie. Exemple : le prix adhérent est de 40 € port compris pour la France et a été décomposé de la façon suivante : 35,00 € + 5 € = 40 €. Prix non adhérent 40 € + 5 € = 45 €
Si achat par correspondance, il convient d’ajouter les frais d’expédition et de nous adresser par courrier votre
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L’Orchidophile 199, Décembre 2013 (4)
SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ORCHIDOPHILIE
SOMMAIRE
L'ORCHIDOPHILE n° 199 - 2013 - vol. 44 (4)
Présidents d’honneur
† Georges MOREL (1970-1972) – Marcel LECOUFLE – (1972-1981) – † Dr Jean CAMARD (1981-1982)
† Dr Maurice GRINFEDER (1986-1995) – † Roger BARBIER (1995-1998) – Janine BOURNÉRIAS (1998-2002)
Alain JOUY (2002-2008)
Composition du Bureau
Président :
Vice-présidents :
Pierre LAURENCHET
Jean-Michel HERVOUET
Secrétaire générale :
Agnès MÉTIVIER
Secrétaire général adjoint: Jean-Pierre AMARDEILH
Trésorier :
Robert BORDES
Rédacteur de L’Orchidophile :
David LAFARGE
Responsable des expositions :
Michel LE ROY
Relations extérieures :
Charlotte DUPONT
Protection :
Pascal DESCOURVIÈRES
Recherche de financements : Philippe FELDMANN
Commission des voyages : Jean-Michel HERVOUET
Composition du Conseil d’Administration
Jean-Pierre AMARDEILH, Agnès ARTIGES, Pierre AUTHIER, Alain BENOÎT, Jean-Marie BERGEROT, Robert BORDES,
Michel DÉMARES, Pascal DESCOURVIÈRES, Charlotte DUPONT, Philippe FELDMANN, Alain GÉVAUDAN, Vincent GILLET,
Jean-Claude GOORIS, Jean HÉRAULT, Jean-Michel HERVOUET, Alain JOUY, Jean-Claude LACHARPAGNE, David LAFARGE,
Pierre LAURENCHET, Michel LE ROY, Georgette LECARPENTIER, Jean-Michel MATHÉ, Agnès MÉTIVIER, Michel NICOLE,
Daniel PRAT, Michel SERET, Ofélia TÉQUI, Jacqueline VAQUETTE.
Bibliothécaire : Michel GIRAUD
Associations régionales, Groupements et Sections
349
SFO AQUITAINE (24-33-40-47-64) – Président: Bernard GERBAUD,
16 rue Georges Brassens, 24 700 MONTPON-MÉNESTÉ[email protected] - http://sfoaquitaine.jimdo.com/
SFO AUVERGNE (03-15-23-43-58 et 63) – Présidente : Chantal
RIBOULET, 39 rue du Chorigier, 63122 CEYRAT – [email protected] http://www.sfo-auvergne.org/
SFO SECTION BOURGOGNE (21-58-71-89) V. GILLET, 11 rue de
Belle-Vue, 21121 FONTAINE-LÈS-DIJON – [email protected]
SFO CENTRE LOIRE (18-28-36-37-41 et 45) – Président : Charles
DOUCHET, 681 route d'Arian, 41 250 FONTAINES-EN-SOLOGNE [email protected] - http://sfocl.free.fr/
SFO ÎLE-DE-FRANCE (75-77-92-93-94) Président : Alain BENOÎT, 33
rue des Maraîchers, 75 020 PARIS - [email protected] www.sfo-idf.com/
SFO LANGUEDOC (12-30-34 et 48) – Président : Francis
DABONNEVILLE, 903 Chemin Pied du Bon Dieu, 30 000 NÎMES [email protected] - http://perso.orange.fr/michel.nicole/
SFO LORRAINE-ALSACE (54-55-57-67-68 et 88) – Président :
Monique G UESNE , 6 rue de l’Echo, 54370 MAIXE - monique.
[email protected]
SFO NORD (02-59-60-62 et 80) – Président : Frédéric DEBRUILLE, 18
boulevard Louise Michel, 59 490 SOMAIN - debruillef@
307
319
339
ORCHIDÉES EXOTIQUES
Une orchidée en voie d’extinction : Angraecum
longicalcar (Bosser) Senghas
Pascal SAUVÊTRE –––––––––––––––––––––––––– 297
Le rempotage des anguloas
Dr Henry OAKELEY –––––––––––––––––––––––– 307
Dixième voyage à Madagascar : Ambondrombe, le pic
Boby, le pic Ivohibe et le corridor de Vondrozo
Jean-Claude GUÉRIN et Jean-Michel HERVOUET 319
Récit d’un voyage en Malaisie
Carsten HAMMER ––––––––––––––––––––––––– 335
Orchidées des Andes
Fabien BROSSE –––––––––––––––––––––––––––– 349
Cattleya elongata Barb. Rodr. (fiche de culture)
Jean-Pierre LE PABIC ––––––––––––––––––––––– 371
wanadoo.fr - http://www.orchid-nord.com
SFO NORMANDIE (14-27-61 et 76) – Présidente : Georgette
L ECARPENTIER , 15 rue Beaudouin, 27 700 LES ANDELYS [email protected] - http://sfo-normandie.fr
SFO PACA (04-05-06-13-83 et 84) – Président : Pierre-Michel BLAIS,
Les Douvelles, route de Salernes, 83 570 ENTRECASTEAUX [email protected] - http://sfoprovence-alpescotedazur.jimdo.com/
SFO POITOU-CHARENTES ET VENDÉE (16-17-79-85 et 86) Président : Jean-Claude G UÉRIN , 45 Grand’ Rue, 79 200 LA
PEYRATTE – [email protected] - http://www.
orchidee-poitou-charentes.org/
SFO PYRÉNÉES EST (09-11-31-66) – Présidente : Roselyne BUSCAIL,
12 Allée des Argelats, 66 180 VILLENEUVE DE LA RAHO [email protected]
SFO RHÔNE-ALPES (01-07-26-38-42-69-73 et 74) – Président :
Michel S ÉRET , 11 chemin du Poirier, 74170 SAINT-GERVAIS [email protected] - http://sfo.rhonealpes.free.fr/
SFO STRASBOURG – AROS – Président : Brigitte REDONNET, 12 bis
Le Canal, 67 120 WOLXHEIM - [email protected] - http://aros.
asso.fr/home.php
Sociétés adhérentes et correspondantes
ASSOCIATION FRANCOPHONE POUR LE JUGEMENT D’ORCHIDÉES (AFJO)
Président : Albert FALCINELLI – [email protected] 1 rue du bastion Montmorency, 11 370 LEUCATE - www.afjo.org
ASSOCIATION PIXIFLORE
Présidente : Caroline LAHMEK - [email protected] - 11 rue Pierre Curie, 94 120 FONTENAY-SOUS-BOIS –
http://www.pixiflore.com
GROUPEMENT MIDI-PYRÉNÉES DES AMATEURS D’ORCHIDÉES (GMPAO)
Présidente : Denise ROUCOULE – [email protected] - 37 rue de l’Autan blanc, 31 214 L’UNION –
http://www.gmpao.org
ORCHIDÉES ET PLANTES EXOTIQUES D’AQUITAINE (OPEA)
Présidente : Christiane MERLO – [email protected] - Maison des Associations, 33520 BRUGES –
http://opea.free.fr
SOCIÉTÉ MÉDITERRANÉENNE D’ORCHIDOLOGIE
Président : Roland MARTIN – 04 250 LA MOTTE DU CAIRE
SOCIÉTÉ ORCHIDÉES LOIRE OCEAN (SOLO)
http://www.orchidees-loire-ocean.fr
ORCHIDÉES D’EUROPE
311
Orchisauvage.fr dans la dernière ligne droite
Philippe FELDMANN ––––––––––––––––––––––– 305
Certificat d’inscription à la Commission Paritaire n° 0912G86986
Prépresse : QUETZAL, 28 rue des Cailloux, F-92110 Clichy-la-Garenne, 01 47 30 24 48. Imprimé en France.
© SFO – Paris – Dépôt légal décembre 2013 – ISSN : 0750-0386
L’ORCHIDOPHILE
connaître, cultiver et protéger les orchidées
Marcel LECOUFLE
“100 ans d'orchidées”
L’Orchidophile 199 - Décembre 2013 - 44 (4)
n° 199 - 2013
Vol. 44 (4)
www.sfo-asso.com
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