L’imposture économique Steve Keen Les éditions de l’atelier octobre 2014 - 528 pages Notes de lecture déc 2014 par RS Steve Keen est australien, professeur d’économie et de finance, spécialiste de la modélisation macroéconomique monétaire, professeur à l’Université de Kingston à Londres . Préface de Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS. Son but : déconstruction de la théorie conventionnelle, à savoir « la néo-économie ». Voir également le document de Jean Gadrey (ancien professeur d’économie à la fac de Lille) et l’interview de St Keen du journal la Croix (IMPOSTURE ECONOMIQUE J Gadrey - la Croix 9-01-15) « À la différence de Jean Tirole (prix d’économie en mémoire d’Alfred Nobel en 2014), Steve Keen fait partie des rares économistes qui ont vu la crise de 2007 arriver. Aujourd'hui, il nous fournit un cadre alternatif cohérent pour la comprendre et pour comprendre également pourquoi nous n'avons rien fait en vue de prévenir le prochain krach financier ». (extrait de la Newsletter des Éditions de l’Atelier 23/10/14) « Il y a aura certainement un avant et un après. » « Un essai décapant qui s'attaque aux fondements théoriques de la "science" économique. L’effort d’intelligence et de pédagogie fait par Keen est à la hauteur de l’ambition du livre – démystifier la théorie économique. » ( Adrien de Tricornot, journaliste au Monde) La théorie économique est arrivée au moment du passage du féodalisme au capitalisme. L’ordre n’avait plus besoin du pouvoir du Gouvernement, d’où « l’apparition » de la « main invisible du marché » d’Adam Smith (fin XVIII ème). Celui-ci publie en 1776 « De la richesse des nations ». C’est probablement la première théorie économique sur la division du travail, le marché, la monnaie, la nature de la richesse, le « prix des marchandises en travail », les salaires, les profits et l’accumulation du capital. Il développe aussi l’idée d’un ordre naturel, le « système de liberté naturelle », résultant de l’intérêt individuel se résolvant en intérêt général par le jeu de la libre entreprise, de la libre concurrence et de la liberté des échanges. Peut être considéré comme le document fondateur de la théorie classique en économie, voire du libéralisme économique. Théorie néoclassique : le meilleur résultat social s’obtient lorsque chacun se concentre sur son Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c intérêt personnel. Avec comme postulat : l’équilibre est un point essentiel de l’ordre social de marché. L’ouvrage de Steve KEEN entend déconstruire la théorie de la néo-économie par à l’observation des phénomènes. « Selon les fondements de la théorie de Smith : le modèle macroéconomique d'équilibre général postule notamment la rationalité parfaite des individus, une information complète des prix, une connaissance commune de la nature des biens, l'absence d'incertitude radicale, dont la réunion posée comme naturelle forme les conditions d'une concurrence parfaite, ce qui ne se vérifie pas dans la réalité. » (F. Viale, conseil scientifique d’ATTAC) Le concept d’équilibre nécessite qu’offre = demande, dans tous les cas de figures. D’où l’impossibilité de l’idée de crise. La théorie de l’équilibre ne tient pas, car si c’est envisageable à l’échelle d’un individu parfaitement rationnel, il n’est pas possible de faire la somme des comportements des individus d’une collectivité. Malgré tous les faits qui la contredisent (erreur de prévision, incohérence de la théorie, Grande dépression, Grande récession) la discipline ne montre aucune tendance à l’auto réforme. Aujourd’hui, la formation économique se rapproche plus de l’endoctrinement. A partir du moment où une chose est enseignée, elle est réputée exacte ! L’économie devrait être un défi intellectuel stimulant et excitant, mais l’économie Page 1 « mainstream » (dominante) a fait tout ce qu’elle a pu pour devenir inintéressante. Grandes lignes du modèle néoclassique : - Pas d’intervention de l’état (c’est LE problème), - Liberté totale des marchés, - Fin des politiques contra-cycliques (pas d’intervention de l’Etat), - Pilotage de l’économie par les taux d’intérêt et le contrôle de l’inflation. Les théoriciens de l’économie sont face à la difficulté de passer d’un individu à une société. La théorie néo-économie est « micro économique », c'est-à-dire que l’on considère que les comportements individuels, par définition rationnels (alors que la satisfaction d’un individu est éminemment personnelle et subjective), peuvent être additionnés, tout simplement. Comme les économistes sont incapables de prouver cette affirmation, ils convoquent deux conditions complètement irréelles : - Tous les individus doivent avoir les mêmes goûts (clones). - Les goûts ne doivent pas changer (un seul bien est produit) Preuve par l’absurde, que la main invisible n’existe pas. L’analyse du comportement humain est totalement ignorée. Les économistes aiment les marchés en concurrence parfaite. Selon cette théorie, la « perfection » correspond au meilleur bien être au moindre coût. Définition de la Concurrence parfaite : « c’est une multitude d’entreprises qui maximisent leur profit en s’ignorant totalement les unes les autres. Elles sont guidées par le prix de marché. Toutes les entreprises sont supposées produire la même chose donc pas de fidélité du consommateur. Les entreprises ne peuvent pas influencer le prix de marché. Le prix de marché est une donnée intangible. » Pour les néo-classiques, dans une situation de concurrence, il ne faut pas qu’une entreprise, du fait de sa taille soit un quasi monopole. Une entreprise ne doit pas avoir de « pouvoir de marché » (« price taker »). Concepts totalement hors réalité. Les hommes d’affaire et les industriels rejettent les conditions de marché « concurrentiel parfait » : 95 % des managers font des choix qui Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c ne se conforment pas au modèle standard des manuels. Cela confirme que les néo-économistes ignorent, généralement, les processus de production. Comme J.Galbraith l’a remarqué à propos des néo économistes : « l'incitation à blâmer tout ce qui pousse les salaires à la hausse peut être résumée par les propositions jumelles selon lesquelles le pauvre ne travaille pas suffisamment dur car il est trop payé, et le riche ne travaille pas assez dur car il est trop peu payé. » Le travail : marchandise ou non ? Pour les néo-économistes, le travail est une marchandise comme une autre. Offre et demande de travail : marchandise inversée : Marché « normal » le consommateur achète une offre (un produit) l’entrepreneur achète une demande (un travail) Marchandises ordinaires : la demande est déterminée par les coûts de production et les goûts des individus. La demande de travail est déterminée par les entrepreneurs. L'offre de travail est déterminée par les individusconsommateurs. La demande reflète les décisions d'embauche des entreprises afin de produire un bien pour le vendre ; l'offre reflète les décisions des travailleurs sur la durée du travail à fournir, sur la base de leurs préférences pour le revenu ou le loisir. (Pour les économistes, tout ce qui n’est pas travail est loisir) Il y a souvent confusion entre offre et demande de travail. La peine du travail doit être compensée par le plaisir du salaire… Un travailleur peut choisir ( ?!) de travailler moins longtemps : gagner moins pour avoir plus de loisir. Question limite : comment profiter de temps libre sans revenu ? Réponse : par le sommeil ! Les néo-classiques supposent que les travailleurs disposent de revenus alternatifs. Pour que le choix devienne réalité, il y un besoin à satisfaire : avoir un capital, c'est-à-dire ses propres moyens de production. La majorité des salariés n’a pas ce choix. Page 2 Le travail n’est pas une option mais une nécessité. Alternative : travailler ou mourir (« boxe ou crève »). Une méthode qui marche sur la tête L’économie voudrait être une science comme la physique ou les mathématiques. Elle souffre d’un complexe : celui d’être une pré-science, comme l’astronomie avant Copernic ou Galilée, avec une parodie de logique et d’anti empirisme. Pour Milton Friedman, les hypothèses ne comptent pas : hypothèses d’exclusion, essentielles, heuristiques (art d’inventer). « Les hypothèses irréalistes sont la marque d’une bonne hypothèse (sic !), plus une théorie est significative, plus ses hypothèses sont irréalistes (re-sic !) ». Les sciences physiques se remettent souvent en cause, pas les sciences économiques, à l’exception de la révolution keynésienne. Pourquoi l’économie est-elle rétive au changement ? Parce que c’est une idéologie. Au XIXème siècle, on observe une dépression économique tous les 20 ans. Cycle de base : les conditions de travail s’améliore puis se dégradent, idem pour les prix, d’où la poussée du socialisme avec l’équilibre comme objectif : c’est l’économie néo-classique. 3ème millénaire : pas de système concurrent au capitalisme, aucune contrainte, il n’a donc pas besoin de montrer sa supériorité. « Si vous croyez qu'un système de marché libre est naturellement conduit vers l'équilibre, et que l'équilibre assure le plus grand bien-être possible pour le plus grand nombre, alors, ipso facto, vous croyez aussi que tout système autre qu’un système de marché complètement libre produit du déséquilibre et réduit le bien-être. Vous vous opposerez alors à une législation sur le minimum salarial et au versement d'aides sociales, car cela conduirait au déséquilibre sur le marché du travail. Vous vous opposerez au contrôle des prix, car il causerait du déséquilibre sur le marché des produits. Vous défendrez la fourniture privée des services tels que l'éducation, la santé et peut-être même la police, car les gouvernements, non contrôlés par la discipline de l'offre et de la demande, produisent soit trop, soit pas assez, et facturent trop ou trop peu les services. Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c En fait, les seules politiques que vous soutiendrez sont celles qui rendent le monde réel plus conforme à celui de vos modèles économiques. Ainsi, vous soutiendrez les lois anti-monopoles, car 1a théorie affirme que les monopoles sont mauvais. Vous appuierez peutêtre les lois anti-syndicats, car, selon la théorie, les négociations collectives déforment les résultats du marché du travail. » (page 211) La théorie néo classique est statique, le temps n’intervient pas. Principe de l’équilibre : l’offre égale la demande. Question : comment passe-t-on d’un équilibre à un autre ? « Un état statique est imaginaire. Toutes les sociétés réelles sont dynamiques » (JB.Clark). « On ne peut ignorer les états transitoires de l’économie » et « A terme nous serons tous morts » (Keynes). Il faut prendre en compte le taux de variation des variables. Une économie en mouvement est normalement croissante : elle est variable. Steve Keen fait appel aux travaux météorologiques (discipline extrêmement complexe) de Lorentz (cf « le battement d’aile du papillon ») pour montrer l’inanité de la théorie économique néoclassique. Les idées de Keynes ont été « purgées » de manière très efficace, ses défenseurs ont été ostracisés, censurés, sortis des programme d’enseignement et des publications. Keynes n’a pas oser ou voulu aller au bout de sa pensée trop proche de la théorie de Marx. C’était la période (1945-46) où Staline était très puissant et au moment de l’éclosion du Maccarthisme. Dette, crédit, inflation, déflation Des néo-économistes proposent « Une autorité centrale bienveillante ! ». Bien que les économistes néoclassiques soient normalement des opposants véhéments à la redistribution du revenu par l'Etat - tout, expliquent-ils, doit être décidé par le marché -, leur propre théorie de la demande et de l’offre ne fonctionne que si une « autorité centrale bienveillante » redistribue le revenu. En fait, les politiques (pro-cycliques *) fondées sur cette idée de la dette aggravent la déflation car elles font diminuer le niveau général des prix, Page 3 et augmentent ainsi le fardeau de la dette qui pèse sur la société. Ce qui est réellement nécessaire, ce ne sont pas des salaires plus faibles, mais des niveaux de dette plus faibles - et paradoxalement, on peut réaliser cela en augmentant les salaires. Un coup de pouce aux salaires monétaires durant une dépression peut causer de l'inflation bien plus efficacement que « la planche à billets », et cette inflation peut réduire le fardeau réel de la dette (politique contra-cyclique*). La théorie microéconomique conventionnelle ne possède pas, elle-même, de fondements solides. Et les choses empirent quand on porte son attention sur les problèmes de l'autre « facteur de production » à savoir le capital. Crédit = promesse de futur cet élément fondamental de confiance pour le capitalisme implique un certain optimisme. Quand on a peur, on n’investi pas. Le crédit ne repose pas sur des biens existants : caractéristique essentielle d’une économie en expansion (Schumpeter). Posséder de la monnaie totalement liquide est un signe de méfiance vis-à-vis du marché. Le niveau de production et de l’emploi est déterminé par : - l’investissement, - la propension à thésauriser, - la politique monétaire, - l’état de confiance, - la propension à consommer, - les facteurs sociaux. L’investissement joue sur l’emploi, c’est un déterminant clé du niveau de production. En général, l’observation montre que chômage et inflation sont inversement corrélés : quand l’un baisse l’autre augmente. Robert Lucas (prix Nobel !) conteste ce fait, aucune intervention (de la puissance publique) ne peut réduire le chômage, d’où l’invention du concept de « taux naturel de chômage » qui ignore les observations statistiques, « montée du chômage = augmentation « du loisir ! » Les néo-économistes cultive le « Déni de l’incertitude », toujours pas d’équilibre. Refus des politiques contra cycliques . L'une de ses prédictions était que l'augmentation de l'offre de monnaie causerait de l’inflation. Dans un modèle sans « anticipations rationnelles Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c », si le gouvernement augmente l'offre de monnaie afin de réduire le chômage, il y aura un décalage entre le moment où l'offre de monnaie augmente et le moment où de l'inflation sera générée. Entre-temps, l'augmentation de l'offre de monnaie aura l'effet désiré par le gouvernement d'une augmentation de l'activité économique - et donc de réduction du chômage. C'est la conclusion à laquelle mène l'hypothèse d'anticipations adaptatives de Friedman, conduisant au résultat indésirable - du point de vue des économistes néoclassiques - d'un gouvernement capable de réduire le taux de chômage en dessous du chômage d'équilibre, via une politique d'accélération permanente de l'inflation. Le modèle prototype des cycles réels fonctionne de la manière suivante : « il y a un ménage Unique et immortel – un consommateur représentatif qui obtient un salaire pour son offre de travail. II est également propriétaire de l'unique entreprise, définie comme « price taker » (celui qui est maitre du prix), de telle manière qu’il reçoit le revenu net de l'entreprise. Le ménage prend le taux de salaire présent et futur, ainsi que les dividendes présents et futurs, comme donnés et formule un plan optimal d’épargne-consommation (et invariablement d'épargne-travail) à horizon infini. [...] L'entreprise anticipe les mêmes prix et maximise le profit réel en employant du travail, en louant du capital et en produisant et vendant sa production. » (Robert Solow) L’hypothèse de l’efficience des marchés ne s’applique pas dans un univers où les investisseurs diffèrent dans leurs anticipations, où le futur est incertain et le crédit rationné. C’est pourtant un article de foi dans les universités. Le marché boursier est gouverné non par l’analyse dépassionnée, mais par l’euphorie, la peur, l’incertitude et le doute. Selon Keynes, le marché ressemble au jeu des chaises musicales. L’essentiel du jeu consiste à trouver ce que pense la majorité des joueurs (cf le concours de beauté de Keynes). Il vaut mieux perdre comme tout le monde (panurgisme). Dans le monde des traders, chacun épie l’autre. Surgissement bulle ou crise : Page 4 Pain quotidien des macro-économistes : boom, déclin, inflation, déflation, chômage. boom économique, pyramide de Ponzi *. La Grande Récession a montré l’impéritie de la néo-économie laquelle déclarait qu’une crise était impossible. Rappel de l’argumentation néoclassique : pas de crédit, toujours à l’équilibre donc dépression impossible. Les marchés financiers induisent des prix d’actifs faux (cf la crise de la tulipe de Hollande et de toutes les bulles suivantes). Transformation des prêts prudents en projets spéculatifs, eux mêmes transformés en pyramide de Ponzi. Les financiers se retrouvent avec des actifs invendables, c’est le krach. La période des années 1990 fut relativement stable. Elle fut appelé « « la Grande Modération ». La « Grande Modération » (1990-2000 environ), par opposition à la Grande Dépression (de 1929) et à la Grande Récession (à partir de 2007), fut une période durant laquelle le modèle néo économique a semblé fonctionner correctement. Devant une telle stabilité, les financiers, banquiers et investisseurs, pour améliorer leurs profits, ont eu tendance à augmenter leur prise de risque et réduire les organes de contrôle. Méprise sur la Grande dépression et la Grande récession. Mécanisme de déclenchement d’une bulle (crise d’un secteur de marché, ex : Internet) ou d’une crise (tous les secteurs du marché, ex : 1929, 2007) : C’est une histoire de ratio dette/fonds propres. Cycle : Au début les banquiers et les entrepreneurs sont très prudents, les risques semblent faibles, - - Du coup, les uns et les autres sont tentés de faire baisser la prime de risque, D’où une baisse de la prudence, Il s’ensuit un phénomène cumulatif fondement d’une expansion folle de l’économie, Puis survient la chute. Ratio dette/fonds propres de plus en plus élevé, les liquidités chutent, le crédit augment. Période d’ « économie euphorique ». Préteurs et emprunteurs sont confiants dans l’avenir. Réduction des fonds propres et croissance des taux d’intérêt : pas de contrôle des autorités du Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c condition d’euphorie : Solutions : déflation des actifs, inflation des prix courants. Observation ratio dette privée/PIB (indicateur de crise potentielle). Selon H.Minsky (disciple de Keynes, école de Chicago) « puisqu’une crise majeur est arrivée, il peut y en avoir d’autre(s) », rejette totalement la néo-économie. Impact de la dette sur l’économie capitaliste : niveau de la dette, taux de variation de la dette, accélération du taux de variation de la dette par rapport au PIB. Une bulle constitue le carburant de la prospérité, séduisante mais imaginaire de la décennie précédent la crise. Les banques améliorent leurs profits en augmentant la dette. Leur meilleur moyen, c’est le développement à « la Ponzi » (avant 1929 et 2007). La crise de 2007 est celle des financiers et des ménages. L’économie mondiale ne peut retrouver de la croissance qu’en réduisant substantiellement la dette, ce qui est très long. Une autre solution consiste en son rééchelonnement, en jouant sur l’inflation.. Prêts accordés pour consommer ou investir sont sous contrôle. Pour les prêts spéculatifs sur le prix des actifs, on est en plein Ponzi, ces demandes ne devraient pas être honorées. La technique actuelle qui laisse ces dettes pourries perdurer est inique. Le principal obstacle est politique, la principale force politique au sein de l’OCDE est la finance. Pourquoi la finance déstabilise l’économie. Un grand nombre des chercheurs les plus fameux de l'économie académique américaine ont vécu au croisement entre l'académie, le gouvernement et les milieux d’affaires, la finance en particulier. Bien qu'effectivement à des années-lumière du monde réel, leurs théories ont fourni un écran de fumée derrière lequel ont pris place une concentration sans précédent de la richesse et du pouvoir économique. Pourtant, elles sont Page 5 devenues des outils utiles pour les riches financiers, même si elles sont inutiles - et en fait largement nocives - pour le capitalisme lui-même, voire les populations. La crise de 29 a été précédée des « roaring twenties » (les « années folles » en France) Deux semaines avant le 28 octobre 1929, Irving Fisher prédit une hausse continue : « le prix des actions a atteint un haut niveau permanent ». Qualification pour le moins douteuse de « l’efficience » des marchés. Efficience = fixation du prix des actifs sur la base des gains futurs avec 3 hypothèses : - anticipations identiques pour tous les investisseurs des perspectives futures de toutes les entreprises, - anticipation identiques toujours correctes, - tous les investisseurs ont un accès égal et illimité au crédit. (base de la théorie des marchés efficients). Fisher, malgré ses pronostics, fut ruiné et est devenu indigent, malgré son « magot » de plusieurs millions de $ ce qui à l’époque était une très grand fortune ! Avant la crise et sa ruine, Fisher déclarait « la marché doit être soldé à tout instant et les dettes doivent être payées » est foulé aux pieds par Fisher lui-même : le marché n’est jamais à l’équilibre et les dettes peuvent ne pas être remboursées. Entrent en jeu des forces dynamiques : un niveau de dette excessif est l’ingrédient crucial pour un effondrement. Eté 2007 : La Crise suit la Grand modération Philippe Cotis (économiste en chef à l’OCDE) déclare en mai 2007, la situation est la meilleure depuis bien des années : les prévisions sont optimistes. Et pourtant, chute libre du marché des actifs, effondrement (Leehman Brothers), chômage, déflation, panique. Appel au keynésianisme, à l’Etat ! Personne ne l’a vu venir, sauf quelques analystesprévisionnistes tels que Peter Schiff, Nouriel Roubini et Steve Keen,… qui ont tiré la sonnette d’alarme en vain dès 2005. En Australie en déc. 2005 le ratio dette/PIB était 15 fois celui de 1960 et idem aux USA. Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c Les points qui auraient dû être pris en compte : - Différence entre actifs financiers et actifs réels - Flux de crédit pour les richesses réelles et financières - Croissance de la dette par rapport à la croissance de la richesse du secteur financier - Description des relations entre économie réelle et la finance. En économie néoclassique, le système financier est un lubrifiant du système, théoriquement sans influence sur lui. Une supposition : l’économie réelle est une machine qui retourne toujours dans un état de croissance stable sans effet indésirable. Ce qui dénote une inculture de l’histoire de l’économie consécutive à la suppression des cours d’histoire économique et de la pensée économique. Et pourtant que de crises depuis le XIXème siècle. Ben Bernanke (président de la Réserve fédérale des États-Unis de 2005 à 2014, conseiller du Pdt Obama) a beaucoup étudié la Grande dépression : « la comprendre est le St Graal de la macroéconomie ». Arrivé à la tête de la FED, il n’a pas tenu compte de ce qu’il savait. Selon des études néo-classiques, la Grande dépression n’aurai pas dû arriver. Traitement de la crise de 2007 par B Bernanke : faire tourner la planche à billet à destination des banques. B.Bernanke croit que le modèle néoclassique est substantiellement correct. Même une crise financière ne peut ébranler cette croyance. Aux Etats Unis, B.Bernanke a donné l’argent aux banques, en Australie, c’est allé aux consommateurs, avec un résultat bien plus efficacement. Pour B.Bernanke, si déflation, faire marcher la planche à billet, injection de liquidité dans le circuit en achetant des actifs ou avec des prêts à taux très faibles. Très utilisé par B.Bernanke en 2008 : la base monétaire a été multipliée par 2 en 5 mois. Le multiplicateur monétaire (1$ prêté à une banque génère 8$ dans l’économie réelle (en théorie)). Comme les banques ont gardé une grande partie des $, la relance n’a pas eu lieu ! Mythe du multiplicateur monétaire : croire que la banque doit avoir du dépôt pour prêter. En Page 6 réalité, la banque prête, ce qui lui procure un dépôt (et de la réserve). Si il y a besoin de nouvelles réserves, et que la banque centrale refuse, la banque de détail se débrouille avec ce qu’elle a par une opération de « crédit crunch » (restriction de crédit). En réalité, le multiplicateur, c’est le ratio monnaie-crédit créé par les banques privées sur la quantité de monnaie ou fiduciaire créée par la Banque centrale. En 2009, mauvais choix d’Obama, de B.Bernanke et autres conseillers néo-classiques d’avoir mis beaucoup de monnaie dans les banques plutôt que dans le public consommateur. Obama s’est fait rouler par les « experts ». La clé pour se prémunir des dépressions : prévenir l’explosion du ratio dette privée/PIB. (il ne faut pas qu’un effondrement de la dette entraine une dépression) La cause : dette privée des banques. Mieux vaut prévenir la déflation que tenter de la guérir, toujours très difficile. A la source de toute richesse il y a toujours un travail d’extraction, de récolte,… de marchandises. « La distribution des revenus est le reflet du pouvoir relatif des différentes classes sociales. » La distribution salaire/profit est un phénomène social. Les économistes néoclassiques ne comprennent pas l’économie néoclassique ! Nécessité d’hommes politiques capables de défier le système financier. REMETTRE LES BANQUES A LEUR PLACE. Les néo-classiques ont bâtit, au XIXème, une théorie économique basée sur l’équilibre, donc statique, ils ont mis de côté la monnaie, le futur et son incertitude. Ils ont introduit l’ « agent représentatif » (le « clone ») Ils ont postulé qu’il ne pouvait pas y avoir de crise, telles la Grande Dépression ou la Grande Récession. Abandonnent le réductionnisme : les Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c phénomènes ne sont pas prévisibles à partir d’individu isolé. Keynes n’a pas pu convaincre les néoéconomistes sur l’importance de la monnaie. La monnaie ne doit pas être une marchandise mais un objet sans valeur intrinsèque (Augusto Gazziani) Le paiement en monnaie implique trois agents : le payeur, le payé, le banquier (celui qui imprime les billets) C’est le rejet du troc. Les banques gèrent et honorent les promesses de paiement. Les banques et les entreprises ne peuvent être agrégées dans un même secteur. Il y a trois classes dans le système capitaliste : le capitaliste, le salarié, le banquier. Opérations monétaires élémentaires : - Le secteur bancaire prête aux entreprises, - Les banques paient des intérêts sur les dépôts en cours, - Les entreprises aient des intérêts sur leurs prêts, - Les entreprises embauchent des travailleurs, - Les travailleurs et les banquiers consomment la production des entreprises, - Les entreprises remboursent les prêts. Plan de sauvetage : - Faire repartir l’économie suite à un « crédit crunch » : donner aux banques. - ou - Relancer l’activité économique en donnant directement aux consommateurs qui ne vont pas thésauriser. (consommateurs = entreprises, salariés, assistés) Les banques gagnent de l’argent en créant de la monnaie (Ponzi n’est pas loin) Différence entre théorie de la valeur de Marx et la théorie de la valeur travail. Question de base : la valeur c’est quoi ? et quelle entité la produit ? Valeur d’usage (utilité), valeur d’échange (effort de production) La valeur d’usage d’une chaise, c’est de pouvoir s’y asseoir. Dans la Richesse des nations, A Smith estime que le travail est source de valeur. Détermination du prix par les coûts de production, déterminée par le demande. Le concept de valeur est essentiel. Le travail n’est pas la seule composante de la valeur, Page 7 Le travail n’est pas la seule composante du prix, du surplus, du profit. Le travail et les marchandises sont les deux sources de la richesse, de la valeur, du prix, de la plus value, du profit. La politique contra-cyclique est un type particulier de politique économique. Elle consiste à stimuler l'économie lorsque celle-ci tend à ralentir, et à la freiner lorsqu'elle s'emballe. (exemple : injecter de la monnaie là où elle va être immédiatement utilisée, donc vers les Imposture économique- Notes de lecture (RS) -c consommateurs de bout de chaine, au risque d’inflation). La politique pro-cyclique, tend à accentuer les fluctuations de l'activité économique. Par exemple, lors d'une phase de reprise de la croissance économique, la politique économique consistera à se servir du budget pour diminuer les impôts sur l'ensemble des agents économiques. Un système de Ponzi (ou pyramide de ) est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. (du nom de Ch Ponzi, Boston 1920) Page 8